Recriweb

« … en deçà d’un monde qui ne sait plus nourrir que son propre cancer, retrouver les chances inconnues de la fureur » (André Breton)

  • Surréalisme : mouvement superficiellement révolutionnaire et profondément réactionnaire, par Victor Serge (Carnets. 1936-1947, Éd. Agone, p. 156-159)

    2 janvier 1942. — Socialement conditionné à un degré désespérant. Une évasion (ou rébellion) entièrement manquée. (Les grandes évasions-rébellions qui ont donné des réussites : nihilisme russe des années 1860-1880, #marxisme, anarchisme ; découvertes intellectuelles fécondées par des fermentations de masses. Rôle du nombre, c’est-à-dire de l’ambiance sociale. L’évasion n’est possible que si se crée, en opposition avec la société, au sein de celle-ci, un milieu assez ample et vivant.)

    Définition : poésie et peinture de l’automatisme psychologique, afin de libérer les facultés d’expression de la raison et de toutes contraintes et de leur permettre d’atteindre ou de révéler ainsi une réalité plus profonde, plus vraie, plus originale que celle qui est organisée par la raison.

    Deux éléments en ceci : une révolte contre la raison abâtardie (bon sens, sens commun, sens bourgeois, abdication de l’effort intellectuel, conformismes) d’une époque de décadence, France saignée et enrichie du lendemain de la Première Guerre mondiale, bourgeoisie triomphante mais usée. En ce sens le mouvement peut être considéré comme révolutionnaire dans l’immédiat parce qu’il conduit à des prises de position contre ce qui règne (Henri Michaux : Je contre, très fort).

    Mais au-delà de la raison abâtardie du moment, sa critique vise l’intellect en soi (en soi, termes impropres, l’intellectuel est toujours socialement conditionné), plus exactement l’intelligence rationnelle qui a a bâti la science et la philosophie et prend l’essor avec la méthode expérimentale (Bacon, Descartes) à l’époque de la révolution industrielle, donc à partir de 1760. Vision objective du monde, irréligieuse ; formation d’une conscience claire qui se sent puissante, prodigieux levier révolutionnaire, puisque l’homme se découvre enfin lui-même, l’individualisme surmonté. Raideur, dureté, limites naturelles de la pensée claire à chaque moment de l’histoire de là ses retours sur elle-même, l’intérêt qu’elle porte à la pensée obscure, découverte du subconscient, intuition, religion, etc. ; ces retours féconds appuyés par les tendances sociales réactionnaires qui exploitent l’esprit religieux et la tradition l’inertie psychologique. Aspects révolutionnaires de la dialectique bergsonienne et sa tendance générale réactionnaire. Il reste que la conscience est essentiellement claire, d’autant plus riche peut-être qu’elle se nourrit mieux - avec maîtrise des éléments profonds de la vie, qui sont obscurs, plongeant au-delà, loin de la conscience.

    L’attitude négative des #surréalistes à l’égard de l’esprit scientifique rigoureux (ne peut être que rigoureux : objectivité incompatible avec complaisance), leur manque de culture scientifique (ignorance du marxisme, freudisme superficiel, André Breton ignore Pavlov, études de l’astrologie - A. B. et Pierre Mabille* sans connaissance de l’astronomie, intérêt pour la magie sans connaissance de la sociologie, de l’ethnologie et de l’histoire des religions) témoignent d’une débilité, recul devant l’effort sérieux, attrait de l’effet facile, plaisir de l’effervescence intellectuelle ; de là captivité intérieure… Bohème intellectuelle effervescente, relativement riche par rapport à la pensée académique sclérosée débile et inconsistante par rapport à la pensée révolutionnaire. De là, attrait de la pacotille : exploitation facile du bizarre, de la folie, du paradoxe (riches, certes, et révélateurs, mais qui requièrent plus d’attention réelle et de connaissance objective).

    Mouvement superficiellement révolutionnaire et profondément réactionnaire.

    Enrichissant dans la littérature et la peinture (ceci à considérer à part : crise des arts plastiques dans la décadence de la civilisation bourgeoise) par rapprochements nouveaux, audaces, appel à des moyens destructeurs de conventions, coups de sonde dans l’inconnu, rupture (beaucoup trop locale) avec l’inertie mentale.

    Contrepartie écrasante : vu l’impossibilité d’une rupture réelle par ces moyens médiocres et dans ce milieu bohème, chutes dans le sexualisme facile, le procédé, le charlatanisme même, le révolutionnarisme qui n’est que recherche du scandale (snobisme). Rien de ceci n’exclut la sincérité d’hommes appartenant à à une société où la sincérité est superficielle. « L’écriture automatique » et ses trucs : l’écrivain trichant avec lui-même. Consiste souvent à donner les brouillons pour des œuvres ; laisser-aller, contentement de soi-même, impuissance créatrice. Manière d’écrire d’A.B. : travail acharné, armé de dictionnaires pour recherche de mots rares ou d’associations imprévues, effort très rationnel tendant à donner l’impression d’un automatisme et n’arrivant qu’à l’ésotérique.

    Truquages littéraires, Jacqueline me disant : « Vous avez ’La chanteuse chantait...’ Le mot propre n’est pas : la poésie, j’aurais mis : "La chanteuse dormait... »› Du gongorisme à la plus plate littérature ornementale, la ligne de la recherche a été celle-ci : orner la réalité, dédaigner l’expression directe de la réalité. Est-ce Voltaire : « Ne dites pas : "la lune", dites : "l’astre des nuits..." ?

    Mauvaise qualité de la rébellion surréaliste : I. Strictement littéraire, n’est pas sortie des cafés de Paris et des revues - 2. A recherché l’effet choquant scandale, publicité , non l’effet révolutionnaire utile, libérateur : 3. Ne visait qu’un public sélectionné souvent riche (peinture bien vendue), #NRF ; - 4. Nature indigente des prises de position intérieures : plus de volonté de mépriser pour se grandir soi-même que de comprendre et d’apprécier ; stylisation pour se maintenir en dépit d’une certaine incohérence.

    À propos de l’enquête surréaliste « Le suicide est-il une solution ? », j’avais bien raison d’écrire dans #Littérature_et_révolution (1930) que les prolétaires et les révolutionnaires pensent à conquérir le monde, à bien se battre et non à la solution du suicide, qui est celle de jeunes bourgeois ou petits-bourgeois inadaptés ou désespérés. (Tout autre chose, le suicide des révolutionnaires qui peut être une solution ; rien de commun entre #Jacques_Rigaut — lord Patchogue — et A.A. Joffé, Marie Joffé, Evguenia Bosch, Paul et Laura Lafargue - c’est la ligne de la vie qui définit la valeur du point final.)

    Disais à Marseille : « Une découverte intéressante, dans le domaine de l’art, faite dans les plus mauvaises conditions, dans les cafés de Paris et l’atmosphère déliquescente du lendemain de la Première Guerre mondiale. »

    #surréalisme #Victor_Serge #André_Breton #écriture_automatique

  • Volker Braun, “Grande pirogue en souffrance”, par Jean Renaud
    https://www.poesibao.fr/volker-braun-grande-pirogue-en-souffrance-lu-par-jean-renaud
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/08/03/braun-grande-pirogue-souffrance
    http://editionsbardane.org/livres/grande-pirogue-en-souffrance

    Mais ce que cite principalement ce livre, et qui le constitue, c’est la parole, authentique ou imaginée (difficile de savoir, d’être sûr) de ceux que l’entreprise coloniale a mis face à face. D’un côté, celle des colonisateurs, militaires ou commerçants, brutale, arrogante, atroce : “enfants / Qu’ils sont et qu’ils resteront” ; ils “poussent l’audace / Jusqu’à se défendre ! Cela m’a mis en rage” ; “Les habitants du lieu / Vivaient pour ainsi dire de leur oisiveté[…] Ils ne se souciaient que d’eux-mêmes. / Cet état de choses était déplorable.” De l’autre, celle des insulaires, à la fois fière et désespérée : “Nous écrivions à même le vent et sur le sable. / Nous allions tête haute” ; “Quand on m’eut fait violence / Derrière les latrines / Et àmes sœurs de même […] / Nous étions / Vouées à la mort.”

    On est tenté, et on vient de le faire, de garder de ce livre telles phrases fortes, dénonciations éclatantes de la violence coloniale. Mais ce qui retient le plus, ce sont sans doute, hors de ces formules, ces nombreux passages à l’écriture sèche, étroite, dépourvue d’émotion explicite, où l’on peut reconnaître la manière des objectivistes américains, en particulier celle de Reznikoff dans Testimony. Par exemple, côté allemand : “En onze jours 350 fusiliers marins / Ont éliminé sur env. six kilomètres carrés / Cinq villages et le bourg principal, avec tous les ustensiles / Et nasses, des canoés à n’en plus finir dont certains / De plus de 30 pieds de long, afin de leur ôter / Tous les moyens de fuir…” Ou, côté insulaires : “Les survivants avaient encore construit cet unique / Bateau, mais en raison du recul de la / Population n’avaient jamais pu lui trouver / D’équipage. Il n’a donc jamais été utilisé parce qu’on / N’en avait pas l’usage et que personne n’a réussi à le mettre à l’eau. A la suite de quoi il est / Resté sur la plage.

    Extrait :

    IV
    Nous fîmes route avec la canonnière
    HYENE et la corvette CAROLA pour punir
    Ces rebelles et de nos obus avons mis
    Leurs huttes en feu. Et tous ces messieurs s’étant
    Réfugiés dans la brousse, nous avons pris pied
    Sur la côte et avons fait du petit bois de leurs bateaux,
    Rien que grands canots tenant la mer, sculptés
    Et peints, ce qui nous étonna. Ils étaient aussi
    Nécessaires à leur vie que les plantations de palmiers
    Et arbres à pain que nous dévastâmes
    De semblable façon de telle sorte que ces
    Sauvages n’aient plus rien pour vivre. La moitié
    Estait déjà occise et les autres
    Furent poussés à la mer. Voilà ce que j’ai vu.
    (pages 15 et 17-18)

    #Allemagne #Papouasie #colonialisme #Luf

  • Coup d’État au #Gabon : Eramet, la filiale de TotalEnergies et Maurel & Prom plongent en Bourse

    Les investisseurs s’inquiètent des intérêts détenus par ces sociétés dans le pays d’Afrique centrale où un coup d’État est en cours. […]

    TotalEnergies Gabon, filiale de TotalEnergies dans le pays d’Afrique centrale, a, pour sa part, plongé de 26 %. […]

    La Première ministre française, Élisabeth Borne, a déclaré, ce mercredi matin, que la France suivait « avec la plus grande attention » les événements en cours au Gabon.

    https://www.aa.com.tr/fr/afrique/coup-d-%C3%A9tat-au-gabon-eramet-la-filiale-de-totalenergies-et-maurel-prom-plongent-en-bourse-/2979013

    #impérialisme

  • Gauche : marcher séparément, trahir ensemble | Le Journal Lutte Ouvrière
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/08/30/gauche-marcher-separement-trahir-ensemble_726279.html

    Les universités d’été des partis de gauche ont été dominées par la question qui préoccupe les états-majors, les élections européennes. Elles ne seront pourtant qu’une étape en vue de la préparation de l’échéance présidentielle de 2027.

    Se présenter séparément à ces élections, en juin 2024, comme le PCF et les Verts l’ont annoncé, permet d’exister en vue de négocier un éventuel ralliement à l’étape suivante. LFI, en ce moment le plus important électoralement, veut une liste commune des partis de gauche pour préparer une candidature unique, très probablement celle de Mélenchon, à la présidentielle de 2027. Ségolène Royal, ex-ministre et dirigeante PS, ex-candidate à la présidentielle, ex-représentante aux Pôles et on en oublie, a trouvé le moyen de faire parler d’elle en se déclarant « disponible » pour conduire une liste unique de la gauche. Les calculs de ces politiciens ne valent toutefois que s’ils trouvent des électeurs…

    Quels que soient leurs intérêts d’appareils ou de personne, quel que soit même leur programme politique, tous spéculent sur le sentiment, maintes fois entendu, qu’il faut que la gauche s’unisse pour se débarrasser de Macron et pour éviter l’arrivée au pouvoir de Le Pen. Mais c’est ce mirage d’un bon gouvernement de gauche, ses trahisons une fois au pouvoir, qui ont conduit à l’explosion de l’abstention politique dans la classe ouvrière, au déplacement général de l’opinion vers la droite, à la montée de Le Pen. Il n’y a pas de remède électoral à cette dégradation sociale et morale, il n’y a pas de combinaison politicienne ou d’unité miraculeuse. Il n’y a que l’activité patiente et quotidienne des militants de la classe ouvrière pour lui donner conscience de sa force et de sa capacité à renverser l’ordre social. C’est sur cette base-là seulement que l’unité des travailleurs peut constituer une perspective réelle.

  • De l’indépendance à nos jours… Le Gabon en quinze dates
    https://rfi.my/9tE2
    par Tirthankar Chanda

    Indépendant depuis 63 ans et sous le joug d’une dynastie kleptocrate depuis 1967, le Gabon vient d’entrer dans une nouvelle ère de turbulences. L’histoire du Gabon indépendant en quinze dates-clés.

    Alors que le régime d’Ali Bongo au #Gabon fait face à son tour à un coup d’Etat, dont on ignore encore l’issue, l’association Survie, spécialisée sur la #Françafrique, appelle la France à la plus stricte neutralité et en particulier à s’abstenir de tout interventionnisme militaire.
    https://survie.org/pays/gabon/article/au-gabon-la-france-doit-rester-en-retrait-et-ses-militaires-ne-doivent-pas

    au suivant ...
    https://survie.org/publications/videos/article/cameroun-40-ans-au-pouvoir-de-biya-40-ans-de-francafrique

    Au #Cameroun, Paul Biya a pris le pouvoir il y a 40 ans avec le soutien de la France de François Mitterrand, et ne l’a jamais lâché depuis. Alors que son régime incarne la Françafrique jusqu’à la caricature et que les violations des droits humains sont récurrentes sous son règne, #Emmanuel_Macron lui a rendu visite en juillet. La guerre que la France a menée contre les indépendantistes dans les années 1950 et 1960 a certes été évoquée, en annonçant la création d’une commission d’historiens à ce sujet, mais en escamotant une autre guerre, celle qui ravage les deux régions anglophones du pays depuis cinq ans - sans que Paris suspende pour autant sa coopération militaire étroite avec l’armée camerounaise.

    https://www.youtube.com/watch?v=AE2VdX-U55Y

  • Climat : quels moyens devant la catastrophe ?
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/08/30/climat-quels-moyens-devant-la-catastrophe_726301.html

    Devant l’accumulation des catastrophes climatiques, incendies géants au Canada, à Hawaï, en Grèce et dans tout le bassin méditerranéen, inondations terrifiantes de l’Asie à la Californie, pics de chaleur inédits un peu partout, l’évidence du changement climatique s’impose.

    Comme s’imposent l’évidence de sa cause principale, l’activité industrielle et commerciale incontrôlée, et la gravité de ses conséquences pour l’humanité tout entière.

    Les quelques centaines de grandes entreprises qui dominent l’industrie, l’agriculture, les transports et le commerce et les quelques milliers de familles qui les détiennent sont les premières responsables de cette catastrophe car elles sont les héritières et les bénéficiaires de l’organisation sociale qui en est la cause. Elles ne tolèrent pourtant que des changements marginaux dans leurs activités et encore, à condition que les frais en soient assumés par la collectivité et que cela conduise à une augmentation de leurs bénéfices.

    Par exemple, les armateurs veulent bien être aidés pour changer de carburant, mais personne, et surtout pas eux, ne se pose la question de l’utilité sociale de transporter autour de la terre des centaines de millions de conteneurs. De même, les capitalistes de l’automobile acceptent d’être payés pour passer à l’électrique, sans aucune garantie sur le climat d’ailleurs, alors que c’est évidemment l’idée même du transport individuel généralisé qui est aberrante. Quant aux groupes pétroliers et gaziers, ils acceptent d’une main les subventions aux énergies renouvelables en continuant de l’autre à forer partout où ils sentent l’odeur du dollar.

    Après 28 COP (Conférence internationale de lutte contre le dérèglement climatique) ayant accouché de 28 souriceaux mort-nés, la prétendue communauté internationale a montré son incapacité totale à combattre le changement climatique. Quant aux gouvernements, aux appareils d’État des pays riches, quelle que soit leur nuance politique, ils ne font et ne feront rien contre les intérêts de firmes capitalistes avec lesquelles, chacun dans son pays, ils sont étroitement liés.

    De Biden à Macron, la défense de la planète consiste en un catalogue de mesures ridicules, d’impôts supplémentaires pour les travailleurs et de subventions nouvelles pour le patronat. Ce n’est pas par incapacité politique, car ils sont tout à fait capables de volonté lorsqu’il s’agit de trouver des centaines de milliards pour les budgets militaires, de faire la guerre ou d’imposer leurs lois aux pauvres. C’est par incapacité sociale, car tenter d’enrayer la crise climatique ne peut se faire que contre le capital, contre son organisation sociale et donc contre la classe dominante, en chair et en os

  • Peter Sloterdijk considère la seconde bataille d’Ypres, en avril-mai 1915, comme l’ouverture d’un temps (qui ne s’est plus refermé) de guerre atmosphérique, un temps qui fait du climat l’objet des principaux conflits. Car la cible n’est plus directement le corps des soldats, mais leur environnement : les conditions qui permettent à l’organisme de se maintenir en vie, chacun devenant potentiellement « victime de son seul besoin de respirer ». La recherche s’est vite penchée sur le perfectionnement des appareils de protection respiratoire, parfois inspirés de ceux des mines. À la suite de quoi s’est développée toute une climatologie guerrière, jusqu’au paroxysme avec le Zyklon B des chambres à gaz et la bombe atomique.

    (Marielle Macé, Respire, août 2023)

    La pollution de l’air, première menace pour la santé humaine https://www.liberation.fr/environnement/pollution/la-pollution-de-lair-premiere-menace-pour-la-sante-humaine-20230829_XYQI4

  • L’Ultra-trail du Mont-Blanc asphyxie la vallée de Chamonix
    https://reporterre.net/L-Ultra-trail-du-Mont-Blanc-asphyxie-la-vallee-de-Chamonix

    Le rendez-vous mondial du trail, l’UTMB Mont-Blanc, se tient à Chamonix. Dans la vallée, déjà asphyxiée par le tourisme de masse, on s’élève contre cette « course au pognon ». Certains coureurs s’indignent eux aussi.

    Des tonnelles se dressent en centre-ville, des banderoles à l’effigie de marques de sport flottent dans la vallée et des maillots floqués « UTMB » habillent de nombreux badauds. Chamonix accueille la vingtième édition de l’Ultra-trail du Mont-Blanc jusqu’au 3 septembre [1]. Un évènement titanesque qui rassemble plus de 100 000 personnes dont environ 10 000 coureurs et 20 000 accompagnants.

    L’évènement débute lundi 28 août avec huit courses étalées sur la semaine mais l’épreuve reine, l’UTMB 100M, s’élancera le 1er septembre depuis Chamonix. 171 kilomètres, 10 000 mètres de dénivelé positifs, un tour du Mont-Blanc avec trois pays traversés et des points de vue à couper le souffle. Les quelque 2 300 coureurs tirés au sort ou sélectionnés pour cette course réalisent un rêve. « C’est le trail le plus important du monde et le plus médiatisé. C’est là qu’il faut être performant », dit Andy Symonds, un coureur anglais qui est arrivé onzième de l’UTMB l’an passé. « C’est une course emblématique », confirme le coureur français Xavier Thévenard qui a remporté trois fois l’UTMB, « les glaciers, la diversité des paysages, le Mont-Blanc, tout est incroyable ».

    « Nous ne sommes pas des partisans de la décroissance »

    Cette renommée vaut à l’UTMB le statut de finale mondiale du trail avec 118 nationalités représentées. Des coureurs et des spectateurs du monde entier se bousculent pour venir dans la vallée de Chamonix durant l’évènement impliquant de nombreux déplacements. En 2019, l’organisation de la course avait mandaté WWF pour réaliser un bilan carbone de la semaine. En prenant en compte uniquement les coureurs et leurs accompagnants, WWF a estimé que l’empreinte carbone s’élevait à 11 610 tonnes équivalent CO2 pour l’édition 2019. Un chiffre catastrophique, principalement dû aux déplacements en avion et qui équivalent au bilan d’un Grand Prix de Formule 1.

  • Rentrée : Macron prépare les prochains coups de bâton | éditorial de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/rentree-macron-prepare-les-prochains-coups-de-baton-726236.html

    Alors que la période des vacances se termine, marquée par les épisodes de canicule, les urgences fermées, la flambée des prix et les menaces de guerre, le gouvernement se met en ordre de bataille pour la rentrée.

    Fier d’avoir imposé sa réforme en nous volant deux années de retraite, Macron prépare les prochains coups de bâton. Ils viseront tout le monde parmi les classes populaires.

    Sous prétexte que la dette de l’État atteint les 3000 milliards d’euros, le gouvernement s’apprête à tailler dans les dépenses dites sociales, RSA, Sécurité sociale ou indemnités chômage.

    Mais cette dette n’est pas la nôtre. Si l’État a emprunté 700 milliards d’euros supplémentaires en cinq ans, ce n’est pas pour protéger la population. C’est pour permettre aux groupes de l’énergie de vendre l’électricité ou l’essence au prix fort. C’est pour permettre aux Dassault, Thalès et autres marchands d’armes de s’enrichir avec la guerre en Ukraine. C’est pour garantir les intérêts des capitalistes français face à leurs concurrents américains ou chinois.

    Il n’y a pas à accepter que les malades payent 50 centimes supplémentaires sur chaque boite de médicaments, que les arrêts maladie soient traqués et les chômeurs moins indemnisés pour que les banquiers, les industriels de la pharmacie, de l’énergie ou de l’armement continuent à se gaver !

    Bruno Le Maire se vante d’avoir baissé les impôts de production des entreprises de 10 milliards d’euros et s’engage à les supprimer d’ici 2027. Mais les industriels en réclament toujours plus ! Et comme toujours, c’est à nous de payer la facture. Ainsi les communes, coincées entre la hausse des coûts et le baisse de leurs dotations, augmentent la taxe foncière. Et d’autres taxes sont en préparation.

    Elles s’ajouteront à la hausse des prix de l’alimentaire et de l’énergie. Ministres et économistes promettaient une baisse de l’inflation dans l’été. Maintenant, ils l’annoncent pour l’automne... Non seulement ils n’en savent rien, mais ils cherchent à camoufler que les industriels et la grande distribution font monter les prix pour s’assurer des profits toujours plus grands. Cette inflation est une forme d’impôt prélevé par la bourgeoisie sur l’ensemble des classes populaires.

    Depuis le 1er août, s’applique la dernière réforme de l’assurance-chômage. Elle réduit de 25 % la durée de l’indemnisation et durcit les conditions pour obtenir des droits au chômage. Elle est conçue pour obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quel salaire. Mais Macron veut en rajouter une couche et reparle d’une réforme du marché du travail « pour produire plus en travaillant davantage » !

    Les jeunes des classes populaires sont les premiers visés. Tous les prétextes sont bons pour les pousser à travailler de plus en plus tôt. L’apprentissage a explosé avec plus de 800 000 jeunes dont le maigre salaire est entièrement pris en charge par l’État. La réforme des lycées professionnels vise à augmenter les temps de stages en entreprise au détriment de la culture générale et à adapter « l’offre à la demande », c’est-à-dire les métiers enseignés aux besoins immédiats des entreprises.

    Si Macron prétend faire de l’Éducation son domaine réservé, ce n’est pas pour offrir une éducation de qualité à la jeunesse des quartiers pauvres. C’est pour la mettre au pas ! Pour l’embrigader derrière les valeurs militaires, il a déjà instauré le Service national universel. En déplorant que 20 % d’enfants ne sachent pas lire ou écrire en sixième ou qu’il y ait trop d’échecs à l’université, il prépare le terrain pour envoyer ces jeunes-là à l’armée ou se faire exploiter au plus vite à l’usine.

    En annonçant « la restauration de l’autorité à l’école », en sommant les enseignants d’être « les gardiens des valeurs républicaines », de contrôler les idées et même les vêtements des élèves, il drague avant tout les électeurs d’extrême droite. Ses coups de menton ne rajoutent aucun moyen, aucun personnel à l’école et sont bien incapables de proposer un avenir digne à la jeunesse ouvrière.

    Le gouvernement ne se prépare pas seulement à nous faire trimer plus, à réduire notre accès aux soins, à nous priver de l’essentiel avec des salaires qui ne suivent pas la hausse des prix. Il prépare de plus en plus ouvertement la guerre générale que la crise de l’économie capitaliste et les rivalités entre les grandes puissances rendent inéluctable. C’est l’un des objectifs de la mise au pas des travailleurs et de la jeunesse. Cet engrenage dépasse la petite personne de Macron ou de ses concurrents qui s’agitent sur la scène. La seule voie pour l’enrayer est que les travailleurs renversent ce système capitaliste dément.

  • J’ai testé l’appli Exodus Privacy
    Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’avais envie de savoir ce qu’il en était.

    A comme Arte ou ATInternet

    Le scan effectué sur mon téléphone par Exodus retourne ses résultats par ordre alphabétique. Ainsi, j’ai en premier lieu découvert que l’appli d’Arte (le média franco-allemand de service public) contenait six traqueurs différents. Parmi eux, celui émis par une grosse firme appelée Nielsen, qui promet de « révéler le sentiment du consommateur face à sa situation financière, d’en explorer le comportement et l’impact sur les dépenses, et son évolution dans le temps » (traduit de l’anglais).

    #surveillance #marketing #arte #vie_privee #privacy #services_publics #tracking

  • Les migrants et les vacanciers à la montagne

    Médecin à #Montgenèvre (05), j’assure la #permanence_médicale, pour les locaux, les #touristes de passage, mais également pour les #urgences_vitales. L’’hôpital est à 25 minutes (Briançon). J’assiste depuis quelques quelques années aux tentatives de passages de migrants de l’#Italie vers la #France, prêts à prendre tous les risques pour essayer de rejoindre des proches dans un pays européen.

    Durant cette saison estivale, il est étrange de voir cohabiter des touristes randonneurs/vététistes etc. et de plus en plus de migrants cherchant leur salut en fuyant leur pays, certainement pas par plaisir, mais pour de multiples raisons que vous connaissez mieux que moi.
    Lors de mes déplacements, je rencontre donc des touristes en balade et des migrants cherchant leur salut loin de chez eux.
    Cohabitation étrange, anachronique, et de plus en plus fréquente...
    La période est propice, les températures sont clémentes, le nombre de tentatives de passages est donc conséquent.
    Je rencontre également des gens en uniforme, PAF ou gendarmerie, en véhicules 4x4 l’été, en quad l’hiver, cherchant probablement à les intercepter.
    Ces migrants en quête d’un refuge se heurtent (après certainement beaucoup plus de déboires lors de leur long périple, sans cesse renouvelé) à cette #traque qui me choque, devant ces personnes potentiellement en danger.
    La présence des gendarmes incitent les migrants à s’éloigner du parcours le plus simple et à s’égarer vers les crêtes de la station ou dans la forêt avec un risque majoré.

    Début août, j’ai été appelé par le centre 15 pour les premiers soins auprès d’une femme migrante prête à accoucher durant sa marche trans-frontalière, nous avons pu nous en occuper, entourés par l’équipe du Samu arrivée en renfort, et des gendarmes sur les lieux... avant le Samu...
    Début août, un jeune migrant a été retrouvé décédé en haut des pistes de VTT/SKI.

    Comme lors des hivers précédents, ces personnes sont davantage mises en danger et se blessent voire se tuent (il y a des précédents les dernières années), en essayant de passer malgré tout.

    Je vous passe les détails des conditions de passage de nos cols en hiver, et de l’état dans lequel ils sont recueillis au Refuge à Briançon, -Association Refuges Solidaires, située à Briançon (Hautes-Alpes - créé par des bénévoles et du mécénat, afin de ne plus laisser dehors des hommes, femmes et enfants qui arrivent d’Italie et traversent nos cols).
    Ce fameux Refuge, rare lieu d’accueil ou toutes les nationalités, tous les âges, familles et enfants voire bébés parfois, se retrouvent accueillis, abrités, réchauffés et nourris.
    Avant de pouvoir être assistés pour organiser la suite de leur voyage, une fois reposés, et soignés, grâce à la #PASS - #Permanence_d'Accès_aux_soins - service mis en place par l’hôpital et en accord avec l’#ARS, afin d’apporter des #soins médicaux grâce à du personnel de l’hôpital.
    Ce #refuge_solidaire peut accueillir à ma connaissance entre 65 et 80 personnes en danger ou abîmées, dans de bonnes conditions.
    Il est actuellement plein à craquer, dépasse ses capacités d’accueil avec + de 200 migrants actuellement hébergés.
    Seules 2/3 personnes salariées œuvrent au mieux pour coordonner cet accueil.
    Et des dizaines de bénévoles s’épuisent à aider pour les repas, organiser l’hébergement, soulager, réconforter, etc.
    La #promiscuité du fait du surnombre mène à l’épuisement et au « burn out » des meilleures volontés.
    La situation devient extrêmement tendue, avec une cohabitation de plusieurs nationalités qui devient très difficile.

    A côté de cela, je ne vois de la part des pouvoirs publics que de l’entêtement à vouloir bloquer le passage à la frontière, ce qui est peine perdue pour des gens en détresse qui ré-essaieront sans cesse (regardons ce qui se passe sur nos côtes, et le nombres de vies déjà perdues).
    Entêtement de ceux qui nous gouvernent à mettre des moyens démesurés pour contrôler, en mettant en place des centaines de gendarmes (avec la logistique et le coût que cela représente..)

    A l’échelle de la petite ville de Briançon, c’est inédit, et cette situation commence à perdurer, faute d’une vision et réorganisation globale de l’accueil, au niveau français et européen.
    L’hôpital souffre d’un défaut de moyens (surtout en personnel), et l’on voit débarquer des dizaines de cars de gendarmes arrivant en renfort, très (trop) régulièrement...
    Des dépenses démesurées, des moyens inadaptés, pour une situation qui ne va qu’empirer, faute de choix responsables, qui ne peuvent être endossés par nos bénévoles et ceux qui essaient d’apporter un peu d’humanité à ce que l’on vit actuellement.
    Je ne suis missionné par personne, je n’ai aucun conflit d’intérêt.
    Juste choqué et heurté en tant que citoyen et médecin par notre manière d’apporter assistance...
    Avec l’envie de témoigner.
    Pierre-Michel Depinoy
    Médecin généraliste
    Montgenèvre

    https://blogs.mediapart.fr/pierre-michel-depinoy/blog/170823/les-migrants-et-les-vacanciers-la-montagne
    #cohabitation #tourisme #migrations #asile #réfugiés #frontière #santé #blessures #témoignage #médecin #mise_en_danger

  • Pendant ce temps-là, en 2022, le G20 a versé plus de 1400 milliards de dollars de subventions aux combustibles fossiles
    https://up-magazine.info/planete/transition-energetique/118683-le-g20-a-verse-plus-de-1400-milliards-de-dollars-en-subventions

    L’argent public continue d’affluer à gros bouillons dans l’industrie des énergies fossiles. Les pays du G20 déversent des niveaux record de subventions et d’investissements dans le pétrole, le charbon et le gaz, s’asseyant allègrement sur l’accord pris à la Cop26 de Glasgow, il y a deux ans, les engageant à les éliminer progressivement. Le montant des fonds publics alloués aux énergies fossiles dans 20 des plus grandes économies du monde a atteint un record de 1400 milliards de dollars en 2022. L’addiction aux énergies fossiles et l’appât du profit rendent aveugle aux effets dévastateurs d’un climat déréglé et d’une biodiversité en cours d’effondrement...

  • Les forces du bullshit sont inépuisables. Preuve en est la dernière bouse de l’historien Roger Martelli intitulée « Pourquoi la gauche a perdu. Et comment elle peut gagner ».

    L’idéologue de la gauche de la gauche gouvernementale y clame son espoir de voir ses amis (ex ou apprentis ministres) (re)venir au gouvernement de la bourgeoisie et appelle ceux-ci, de tout son coeur, à renoncer une bonne pour toutes à ces luttes dont « la succession [...] ne semble servir en rien l’avancée de la gauche » et à se consacrer sans modération à « nourrir les alternatives » et construire « sans délai un pôle d’émancipation à vocation majoritaire ». Comprendre : faire preuve d’esprit de collaboration s’ils veulent avoir une chance d’être, au terme du prochain cirque électoral, consacrés domestiques en chef du capital français.

    La gauche a les intellectuels qu’elle mérite. Dans un des pires moments de son histoire, alors qu’elle semble avoir désormais renoncé à tout sauf à farcir les consciences de ses vieilles chimères débiles, qui mieux que Roger Martelli pouvait en exprimer la petitesse ?

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/08/23/l-historien-roger-martelli-appelle-les-gauches-a-construire-autrement_618628

  • Contre le capitalisme, fauteur de crises et de guerres | Édito LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/contre-le-capitalisme-fauteur-de-crises-et-de-guerres-726115.html

    L’été et les vacances n’effacent pas les problèmes qui s’accumulent au-dessus de nos têtes. Climat, crise, guerre : où que le regard se tourne, on a l’impression d’être dans un scénario de film catastrophe.

    Les drames s’enchaînent, des canicules aux incendies géants, qui ont fait des dizaines de victimes à Hawaï, un État du pays le plus riche du monde, les États-Unis. Au Canada comme en Espagne, des dizaines de milliers de personnes ont tout perdu et doivent fuir l’avancée des flammes. Ces catastrophes, qui se répètent et s’aggravent, illustrent l’impasse du capitalisme, incapable de résoudre les problèmes générés par l’anarchie destructrice de cette économie orientée par le profit privé.

    S’ajoutent les tensions guerrières qui montent partout dans le monde. Tout près de nous, la guerre en Ukraine, commencée il y a un an et demi, aurait fait au moins un demi-million de victimes. Aux exactions de Poutine répond la tentative de contre-offensive de Zelensky, qui prévient qu’elle durera sans doute des mois. Franchissant un nouveau pas dans l’intensification de la guerre, les puissances occidentales lui promettent des avions de combat. Pour elles, la guerre peut bien s’enliser et les morts s’additionner, tant que cela leur permet d’affronter Poutine sans payer elles-mêmes le prix du sang, tout en testant leur arsenal sur le terrain.

    En Afrique, dans la région du Sahel, où la population subit déjà les exactions des bandes armées djihadistes, la crise menace de s’aggraver après le putsch des généraux au Niger. Les dirigeants français et américains s’abritent derrière la CEDEAO, coalition d’États africains voisins, pour menacer d’une intervention militaire. Ces deux puissances sont prêtes à tout pour défendre les intérêts de leurs capitalistes, chacune avec son calendrier et en fonction de leurs rivalités.

    Macron prétend restaurer « l’État de droit au Niger ». Quel mensonge ! Ce qu’il ne supporte pas, c’est que les putschistes – sortis du même moule que le gouvernement corrompu qu’ils remplacent – fassent mine de lui tenir tête. Ces putschistes, qui aujourd’hui dénoncent l’impérialisme français, trouveront peut-être demain un accord avec lui ou avec son rival américain. Mais quels que soient les calculs et les intérêts des uns et des autres, la population nigérienne paie le prix fort. Elle est frappée par les sanctions économiques, qui entraînent flambée des prix et pénurie de nourriture et de médicaments. Pour la population de ce pays, parmi les plus pauvres du monde, c’est déjà une condamnation à mort.

    Partout, les puissances impérialistes tentent de mettre le monde en ordre de bataille derrière elles. Le 18 août, Biden a réuni les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud pour annoncer le renforcement de leur coopération militaire et affirmer que les trois pays formeront un bloc uni pour « la sécurité dans la région » face à la Chine et à la Corée du Nord. Les forces armées des États-Unis sont déjà présentes dans la zone, mais ces derniers rappellent ainsi aux populations du Japon et de la Corée du Sud qu’elles doivent se ranger derrière eux.

    En montrant ainsi leurs muscles, les impérialistes, États-Unis en tête, préparent le monde à une guerre générale pour mieux assurer leur domination sur la planète et endiguer la montée en puissance de la Chine. Le maintien de leur ordre mondial est à ce prix, la guerre économique débouchant sur la guerre tout court.

    C’est au nom de la défense de la liberté et des valeurs démocratiques qu’ils prétendent enrôler leurs populations, futures chairs à canon d’une guerre pour leurs intérêts. Ne marchons pas dans leurs mensonges !

    C’est ainsi que Macron justifie les 413 milliards de budget militaire. Le pays n’est pas sous les bombes, mais la facture est déjà présentée aux classes populaires. Pendant que les rois de l’économie de guerre, les Dassault, Thales et autres grands groupes, se frottent les mains et enregistrent des profits records, l’essentiel manque pour les quartiers populaires. Pas un sou ne doit servir à la sale guerre qu’ils préparent ! Réquisition des milliards des marchands de mort, pour répondre aux besoins de la population !

    Cet argent serait nécessaire, par exemple, pour le logement. L’incendie qui a fait trois morts dans une tour HLM de l’Ile-Saint-Denis, en banlieue parisienne, l’a cruellement rappelé. Sous le contrôle des travailleurs et des habitants, l’argent des profiteurs de guerre irait à la construction de millions de logements décents et abordables, pour éviter que d’autres familles meurent du mal logement.

    Nos intérêts de travailleurs sont à l’opposé de ceux de nos exploiteurs. Pour empêcher le monde de sombrer dans la barbarie, c’est contre leur domination qu’il faut partir en guerre !

  • Confronté à l’augmentation des dépenses de santé, le gouvernement cherche à faire des économies. Pour dégager autour de 1,5 milliard d’euros, il envisage notamment d’augmenter la somme à la charge des patients se procurant des médicaments ou bénéficiant d’un acte paramédical (chez le kiné, l’infirmier, etc.). La franchise, aujourd’hui de 50 centimes dans ces cas de figure pourrait doubler à 1 euro. Elle pourrait aussi concerner les « dispositifs médicaux », tels que les pansements, béquilles, etc.

    Aucun rapport, naturellement : l’enveloppe globale de la Loi de programmation militaire s’élève à 413 milliards d’euros. C’est 30 % de plus que la loi de programmation militaire pour 2019-2025, qui prévoyait un budget global de 295 milliards.

  • GRAIN | Les avocats de la colère
    https://grain.org/fr/article/6986-les-avocats-de-la-colere

    Les entreprises californiennes ont créé des filiales au Mexique et ont commencé à s’approvisionner directement auprès des producteurs, allant jusqu’à installer leurs propres usines de conditionnement dans le Michoacán[31]. Une étude estime qu’en 2005, Mission Produce, Calavo Growers, West Pak, Del Monte, Fresh Directions, et Chiquita concentraient 80 % des importations étasuniennes d’avocats du Mexique[32].

    Actuellement, l’état fédéral du Michoacán représente 75 % de la production nationale, suivi du Jalisco avec 10 % et de l’Edomex, avec 5%[33]. En 2019, on pouvait déjà voir comment l’agrobusiness d’exportation était l’acteur central du champ autour duquel se sont articulées les politiques publiques. S’ils ont réussi à rentabiliser cette entreprise, c’est en obéissant aux stratégies de domination de l’agro-industrie de l’avocat et à ses impacts sur le territoire, en particulier sur les modes de vie paysans et communautaires[34]. Le boom de l’avocat au Mexique dépend aujourd’hui de l’abattage de forêts entières et a souvent recours à des incendies ou à des coupes sauvages pour faire de la place à d’autres vergers d’avocats, engloutissant les ressources en eau de localités et de régions entières. Les coûts sociaux aussi sont extrêmement élevés.

    #agroalimentaire #mexique #usa #néolibéralisme #consommation #agriculture

  • Aqueduct | Using cutting-edge data to identify and evaluate water risks around the world
    https://www.wri.org/aqueduct?uniqueIdentifier=3DDB6081-677E-4357-A5C7-870C3EE3CB2A

    https://www.wri.org/applications/aqueduct/water-risk-atlas/#/?advanced=false&basemap=hydro&indicator=w_awr_def_tot_cat&lat=30&lng=-80&mapMod

    L’humanité souffre de plus en plus du manque d’eau. C’est ce qui ressort des travaux du #World_Resources_Institute (#WRI), qui vient de mettre à jour son #Atlas des risques liés à l’eau, nommé Aqueduct. Selon les nouvelles données du think tank américain, 25 pays sont actuellement exposés à un #stress_hydrique extrêmement élevé, soit le niveau le plus haut. Le stress hydrique correspond à une situation dans laquelle la demande en eau dépasse les #ressources disponibles. Le WRI classe un pays en risque extrêmement haut lorsque celui-ci utilise 80 % de tout l’or bleu dont il dispose, ce qui peut mener à des pénuries. Les pays dans ce cas abritent au total un quart de la population mondiale, soit 2 milliards de personnes, selon le think tank. « Le monde est confronté à une #crise_de_l’eau sans précédent, exacerbée par le changement climatique », alerte le WRI. Un avertissement d’actualité alors que plusieurs pays, dont la France, souffrent d’une canicule intense, qui aggrave la sécheresse. Si l’Hexagone n’est pas pour l’heure identifié par le WRI comme faisant partie des zones du monde les plus durement frappées, « plus de 86 communes » en connaissent un avant-goût et subissent actuellement des difficultés d’approvisionnement en eau potable, indiquait vendredi 18 août la secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité, Sarah El Haïry. Laquelle doit se rendre lundi dans l’Ain avec son collègue Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, pour présenter « la liste des quinze sites industriels pour lesquels les efforts en consommation d’eau sont les plus facilement réalisables dans un objectif de sobriété hydrique ». Histoire, peut-être, de ne pas suivre le chemin de la Belgique. Car notre voisin figure de façon surprenante parmi les huit pays, dont trois de l’Union européenne (avec Chypre et la Grèce), qui ont intégré le triste club de ceux classés en risque extrêmement haut par le WRI depuis la précédente version d’Aqueduct en 2019. « La demande industrielle, qui représente près de 90 % de tous les besoins en eau en Belgique, en est la principale cause », précise Samantha Kuzma, responsable des données d’Aqueduct. […]

    Un manque d’eau plus ponctuel, au moins un mois par an, concerne environ 4 milliards de personnes dans le monde actuellement. D’ici 2050, ce chiffre pourrait se rapprocher de 6 milliards, avertit le WRI. […]

    (Libération)

  • En Arabie Saoudite, les gardes-frontières auraient abattu des « centaines » de migrants éthiopiens https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/en-arabie-saoudite-les-gardes-frontieres-auraient-abattu-des-centaines-de

    https://youtu.be/f90vwqCYU1c?feature=shared

    Un #massacre « à l’abri du regard du reste du monde ». Les gardes-frontières saoudiens ont tué depuis l’an dernier des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe passant par sa frontière avec le Yémen, a dénoncé ce lundi 21 août l’ONG #Human_Rights_Watch (HRW). « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW.

    Des centaines de milliers d’#Ethiopiens travaillent en #Arabie_Saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. Le meurtre « généralisé et systématique » des #migrants éthiopiens pourrait même constituer un #crime_contre_l’humanité, estime l’ONG. « Nous parlons d’un minimum de 655 personnes, mais il est probable qu’il s’agisse de milliers », a déclaré Nadia Hardman à la BBC. « Ce que nous avons documenté, ce sont essentiellement des massacres, a-t-elle ajouté. Les gens ont décrit des sites qui ressemblent à des champs d’extermination avec des corps éparpillés sur les flancs des collines ».

    Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie Saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé. Les ONG accusent régulièrement Ryad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour « détourner l’attention » des graves violations des droits humains et la crise humanitaire au Yémen où l’armée saoudienne est impliquée.

    L’année dernière, des experts de l’ONU avaient déjà fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants » dans le sud de l’Arabie Saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les Houthis, des rebelles que les Saoudiens combattent depuis 2015 en soutien aux forces pro-gouvernementales.

    Pour en arriver à de telles conclusions, Human Right Watch s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de passer en Arabie Saoudite depuis le Yémen, des images satellite et des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ». Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ».

    Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW. « Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie (de balles) », témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courrait pour sauver nos propres vies ».

    Auprès de la BBC, plusieurs personnes qui ont tenté de passer la frontière en pleine nuit racontent les scènes d’horreurs. « Les tirs n’ont pas cessé, témoigne Mustafa Soufia Mohammed âgé 21 ans. Je n’ai même pas remarqué qu’on m’avait tiré dessus. Mais lorsque j’ai essayé de me lever et de marcher, une partie de ma jambe m’a échappé ». La jambe de Mustafa a ensuite dû être amputée sous le genou l’obligeant aujourd’hui à marcher avec des béquilles et une prothèse mal ajustée. Zahra [le prénom a été modifié par le média britannique] a, elle, eu tous les doigts d’une main arrachée à cause d’une pluie de balles.

    D’après l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies, plus de 200 000 personnes tentent chaque année ce voyage périlleux qui traverse la mer la Corne de l’Afrique jusqu’au Yémen, pour atteindre l’Arabie saoudite. HRW appelle Ryad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

    • Mort de l’économiste Daniel Cohen : un monde se clôt, par Julia Cagé – Libération
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/mort-de-leconomiste-daniel-cohen-un-monde-se-clot-par-julia-cage-20230821
      https://www.liberation.fr/resizer/1Helc5Wjkw_WrB3KTjfix6KjqVU=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1633x885:1643x895)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/PVC6TXCPEJBPJDWXVLIYRBZYDY.jpg
      Daniel Cohen en 2011.
      Sacha Goldman/Collection Christophe L. AFP

      Passeur d’idées enthousiaste, pédagogue exceptionnel, vulgarisateur hors pair… et fan de Leonard Cohen. L’élève Julia Cagé rend hommage à son mentor décédé le 20 août pour lequel l’économie n’avait rien de théorique, mais était fondamentalement politique.

      I’m Your Man. Combien sommes-nous à être entrés, perdus, dans le bureau de Daniel Cohen, atterrés à l’idée de ne savoir que faire de nos 20 ans, et à en être ressortis les yeux pleins d’étoiles, armés des sciences sociales et surtout d’un mentor qui ne nous ferait jamais défaut ?

      Daniel était un passeur d’idées – et d’enthousiasme. Il a formé et amené aux sciences économiques et sociales des générations entières d’étudiants (Philippe Askenazy, Maya Bacache, Esther Duflo, Pascaline Dupas, Camille Landais, Gabriel Zucman, etc. pour n’en citer que quelques-uns). Pédagogue hors pair, son enseignement fascinait, qu’il s’agisse d’une simple introduction à l’économie ou de systèmes d’équations beaucoup plus complexes qui font le délice des macro-économistes. Sous sa plume – et grâce à son énergie contagieuse – le bonheur de comprendre l’emportait. Pour Daniel, l’économie n’avait rien de théorique ; fondamentalement, elle était politique. Un moyen, parmi d’autres, d’éclairer les transformations du monde contemporain.

      Lecteur infatigable
      Prophète non égaré de nos temps modernes, et vulgarisateur hors pair, il a ainsi de l’un à l’autre de ses multiples livres su mettre à jour les limites du capitalisme contemporain, dénonçant – intellectuel engagé – l’explosion des inégalités entre nations comme à l’intérieur des pays riches. Dans son dernier livre, Homo numericus, il révélait ainsi sans ambages les dérives de la civilisation contemporaine, dévoilant les détournements d’une révolution numérique enfermant chaque jour un peu plus les individus dans des comportements contradictoires, imposés à eux par des algorithmes à vocation marchande. Une critique du capitalisme que l’on retrouvait déjà dans ses premiers ouvrages – dénonçant à l’époque les limites de la chaîne de montage avant d’aborder, parmi beaucoup d’autres, le débat sur la fin du travail –, ainsi que tout au long de ses explorations successives de la société postindustrielle (Trois leçons sur la société post-industrielle). Une œuvre cependant également optimiste car, si ces derniers ouvrages interrogeaient aussi la question du bonheur – la Prospérité du vice : une introduction (inquiète) à l’économie –, Daniel ne manquait jamais de rappeler que chaque révolution pouvait également être une formidable opportunité. La révolution numérique ne faisant pas ici exception.

      Lecteur infatigable, chacun de ses ouvrages représentait également une mine infinie d’informations, nourri du cinéma et de la fiction – il n’hésitait ainsi pas à introduire Homo numericus par une référence à la série Black Mirror – comme des sciences humaines et sociales et des travaux d’anthropologues (Gordon Childe, Claude Lévi-Strauss, Germaine Tillon), d’archéologues (Jacques Cauvin) ou de nombreux historiens (Paul Bairoch, Aldo Schiavone, etc.) qu’il avait un talent hors norme pour articuler. Et des travaux de ses contemporains qu’il n’oubliait jamais de valoriser. Homme de gauche aux engagements assumés, au cours des dernières années, il s’était également interrogé sur l’apparition de nouveaux clivages politiques, inquiet de la montée des populismes et du désenchantement démocratique – cf. les Origines du populisme : enquête sur un schisme politique et social. Et ne manquant jamais de prendre part au débat public, qu’il s’agisse de dénoncer la suppression de l’impôt sur la fortune ou l’injustice de la réforme des retraites.

      Macro-économiste réputé, ayant étudié en France où il enseigna tout au long de sa carrière (comme chargé de recherche au CNRS, puis à l’université de Nancy avant de rejoindre l’Ecole normale supérieure où il cofonda l’Ecole d’économie de Paris) tout en nourrissant ses réflexions de longs séjours aux Etats-Unis (Harvard, MIT), il a par ailleurs construit son parcours académique autour de ses travaux sur les crises de la dette souveraine, notamment en Amérique latine où, économiste tout à la fois pratique et savant – pour reprendre le titre de l’un de ses cours qui fit le bonheur de tant d’étudiants – il s’est porté au chevet de nombreux gouvernements. Avant de s’intéresser au cours des dernières années à la crise grecque et aux nécessaires réformes de l’union monétaire européenne.

      Grand professeur, infatigable passeur d’idées, Daniel était aussi un homme d’exception, un « gentleman » à l’image de Roger Federer, le tennisman qui le fascinait tant. Amoureux de Leonard Cohen, il savait comme lui ciseler les mots, talent que l’on retrouve dans les titres de chacun de ses ouvrages dans lesquels il ne manquait jamais de rendre hommage à l’autre de ses passions : Bob Dylan. « Times, They Are A-Changin. » Il faut dire que Daniel nous permettait de mieux comprendre ces nombreux bouleversements.

      To a teacher : merci pour tout Professeur.

    • On est bien d’accord @recriweb.

      A propos de pédagogie, Daniel Cohen rhabillé pour plusieurs hivers par Acrimed :

      https://www.acrimed.org/Paroles-d-expert-le-communisme-explique-aux-enfants

      Paroles d’expert : le communisme expliqué aux enfants

      L’émission « Les petits bateaux » sur France Inter propose à de jeunes auditeurs (6-12 ans) de poser par l’intermédiaire d’un répondeur des questions que l’animatrice, Noëlle Breham, s’occupe ensuite de soumettre à d’éminents spécialistes, qui s’efforcent de répondre de façon claire et adaptée à leur jeune âge. L’exercice, souvent réussi, est cependant difficile et impose inévitablement raccourcis et/ou simplifications. Mais il offre aussi l’occasion de voir la pédagogie se transformer en pure propagande, comme nous l’avions relevé déjà à deux reprises : quand un « expert », Alain Frèrejean, s’est chargé d’expliquer les inégalités Nord-Sud et un autre, Daniel Cohen, les raisons de payer à bas prix des gants fabriqués dans les pays pauvres [1].

      Or c’est encore Daniel Cohen [2] qui, le 21 janvier 2007, fut chargé de répondre à la question de Jean qui demandait « ce que c’est que le communisme ». On pouvait craindre le pire : on ne fut pas déçu...

  • Guatemala - Dans le département de Chiquimula, les cas de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans ont augmenté de 38,9 % en 2022

    La route caillouteuse monte en pente raide entre des collines pelées du sud-est du Guatemala, dans le département de Chiquimula. Victor Hugo Sosa, qui coordonne le projet humanitaire de l’ONG Oxfam, est concentré sur la conduite d’un pick-up 4 × 4. Il s’arrête pour laisser monter des femmes portant sur leurs épaules des bidons d’eau au bout de cordes. Dans cette région du « couloir sec », où le changement climatique est un terrible accélérateur de la pauvreté, les organisations humanitaires sont les seules à avoir des voitures. Les habitants maya chorti, eux, doivent aller chercher l’eau au premier ruisseau, à une heure de marche.

    Dans le village de Guareruche, les maisons en palme ont un toit de tôle pour récupérer l’eau de pluie dans des bassines. C’est le seul luxe chez Victoriano Suchite. Au centre de la pièce trône un fourneau en pierre et une unique casserole dans laquelle trempe du maïs. Ses cinq enfants et son épouse sont assis sur des briques. Une autre pièce abrite les hamacs et quelques vêtements. La famille est l’une des bénéficiaires du programme géré par Oxfam et financé par l’Union européenne, qui donne de l’argent (632 quetzals, soit 74 euros, tous les deux mois) sans contrepartie à 14 000 personnes au Guatemala.

    « Ces aides couvrent le déficit alimentaire entre mai et septembre. Pendant ces quelques mois, qu’on appelle la faim saisonnière, ces familles n’ont plus rien d’autre à manger que des tortillas [galettes de maïs] avec du sel », explique Victor Hugo Sosa. Dans la région, les cas de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans ont augmenté de 38,9 % en 2022.

    Le Guatemala détient le pire taux de malnutrition infantile du continent américain et le sixième au niveau mondial, selon le dernier rapport sur la dénutrition de l’Unicef, en 2019. Le ministère de la santé estime que 62 % des enfants indigènes en souffrent. Le manque de terres en est la cause principale : leurs ancêtres en ont été scrupuleusement dépossédés et ont été relégués dans les montagnes. « Dans l’histoire, les colons espagnols, puis l’élite, à l’indépendance, se sont emparés des meilleures terres, explique l’anthropologue Ricardo Saenz, directeur d’Oxfam Guatemala. Ensuite, les militaires : la lutte pour la terre a été une des causes de la guerre civile [1960-1996]. Aujourd’hui, 2 % de la population possède 62 % des terres cultivables, qu’ils louent bien souvent pour des plantations de palme, banane ou canne à sucre. Dans le “couloir sec”, les indigènes ont des lopins minuscules sur des sols pauvres et souvent sans eau. » […]

    (Le Monde)

  • Les pays restent-ils toujours à la même place ?

    https://visionscarto.net/danemark-mouvant
    par Jacob Høxbroe Jeppesen, Fondateur d’Atla.ai, Århus, Danemark

    On croit, à tort, que les contours de nos pays sont immuables... Mais la mer avance et les terres reculent.

  • Paul dans sa vie

    Film documentaire

    #paysan #terres #avant

    Extraits

    https://vimeo.com/ondemand/pauldanssavievf

    Année : 2004

    Réalisé par : Rémi Mauger
    FIPA d’Argent - FIPA 2005 Prix découverte Scam 2006

    Paul aura bientôt soixante-quinze ans. Il est vieux garçon, paysan, pêcheur et bedeau. Il vit dans une ferme d’un autre âge avec ses deux soeurs cadettes, célibataires elles aussi. Cette année, ils raccrochent, ’ça va faire un vide dans le paysage…’ Ce paysage est celui du cap de la Hague. L’air y est vif, les vents imprévisibles, le granit rugueux, l’horizon immense. Evidemment Paul est né ici. Il y mourra. Il s’y prépare. Non sans s’être acquitté de l’essentiel : transmettre son héritage.

  • Pour moi, la guerre n’a jamais cessé, je suis un soldat de la guerre invisible, la guerre de transition je vois de mes yeux se ramifier les galeries des sapes, je les vois se bourrer d’explosifs, je vois les parlements palabrer au-dessus dans l’ignorance de ça, je n’aurais qu’à prendre mes fiches de statistiques et un crayon pour déterminer quelle marge de temps nous sépare encore des explosions car les mines sont faites pour sauter et les mèches sont allumées. Ce monde aberrant n’a pas d’autre solution.

    (Les années sans pardon, Victor Serge, p. 81)