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« … en deçà d’un monde qui ne sait plus nourrir que son propre cancer, retrouver les chances inconnues de la fureur » (André Breton)

  • Défense des terroristes (Barta, Lutte de classe, nº25 (23 février 1944)
    https://www.marxists.org/francais/barta/1944/02/ldc25_022344.htm

    24 « terroristes » sélectionnés viennent d’être livrés à la publicité par la #Gestapo, pour dégoûter de l’armée clandestine qui lutte contre l’impérialisme allemand, la « bonne société » et les petits-bourgeois conformistes. Regardez-les, disent les scribes de la Gestapo, ces faces « rusées et cruelles » de Juifs, de Polonais, d’Italiens, d’Espagnols communistes : ces gens prétendent juger du destin de la France !

    Certes, d’après les prostitués de la presse bourgeoise ce sont les #Doriot et les Goering aux faces bouffies, et tous les engraissés du régime de terreur bourgeois qui doivent décider du sort de la France...

    Regardons-les bien, travailleurs : ces visages que le photographe et les commentaires des affiches veulent nous empêcher de voir sont des visages d’opprimés, des visages de travailleurs : ils sont notre propre visage. Comment ces têtes d’opprimés et d’exploités de plusieurs pays qui luttent à mort contre le régime capitaliste d’exploitation et de misère, ne feraient-elles pas écumer de rage les bourgeois gavés au marché noir et vautrés dans les bras de prostituées qu’ils entretiennent avec le sang et la sueur des ouvriers ?

    Regardons-les bien, camarades, ces têtes énergiques de jeunes qui bravent à leur « procès » les canailles galonnées chargées de les faire fusiller : leur courage doit servir d’exemple à tous les jeunes, à notre époque de guerres impérialistes et de guerres civiles.

    « Ils ont des dizaines de crimes sur la conscience », profèrent leurs bourreaux, experts dans l’assassinat de milliers d’hommes en un seul jour, en une seule bataille...

    « Ils ont suivi l’école du crime », clament les professeurs qui enseignent l’"art" de la tuerie à des milliers de jeunes de 16 ans arrachés à leurs familles contre leur gré...

    « Ils ne sont pas la France », affirment les tortionnaires du peuple français qui n’ont pas assez de leur milice, de leur police, de leur garde-mobile, des bandes fascistes et des troupes d’occupation spéciales pour venir à bout des dizaines de milliers de réfractaires à la déportation et au travail pour la guerre impérialiste, et qui se gardent bien de publier les listes des jeunes gens qu’ils abattent par dizaines tous les jours.

    « Ce sont des bandits », écrivent les journaux à solde, en exposant certains cas particulièrement suspects. Mais si l’activité de véritables bandits, parmi lesquels il ne faut pas oublier des bandits de la milice, de Doriot et de Déat, se poursuit impunément, n’est-ce pas là le résultat de l’anarchie croissante dans laquelle le capitalisme et la guerre ont jeté la société ?

    LA CLASSE OUVRIERE EST RESOLUMENT POUR CEUX QUI ONT PRIS LES ARMES CONTRE LES BOURREAUX FRANCAIS ET ALLEMANDS QUI MARTYRISENT LES PEUPLES ; ELLE ACCUEILLE AVEC MEPRIS LES MANŒUVRES DE DIVERSION DE LA BOURGEOISIE.

    Mais la classe ouvrière est inquiète ; elle ne comprend pas pourquoi des militants qui autrefois combattaient sans compromis la bourgeoisie de tous les pays, mènent actuellement leur lutte sous le drapeau tricolore et au bénéfice des armées de Washington, de Londres et d’Alger. Les ouvriers savent qu’ils n’ont rien à attendre d’une victoire d’armées capitalistes qui ne feraient que relever les armées allemandes dans leur rôle de gardes-chiourme pour maintenir le capitalisme. Ils savent que Roosevelt en Amérique et Churchill en Angleterre prennent contre la classe ouvrière les mêmes mesures que Hitler en Allemagne.

    LE PROLETARIAT CHERCHE DES MILITANTS ET UN PARTI QUI LUTTENT DIRECTEMENT POUR SES INTERETS, pour son relèvement économique et culturel, pour ses conquêtes de juin 1936, conquêtes qui sont également odieuses et qui rencontreraient la même résistance de la part de tout gouvernement capitaliste, totalitaire ou parlementaire.

    Servir la classe ouvrière, c’est lutter pour les Etats-Unis socialistes d’Europe, pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile pour le socialisme. Lutter pour le triomphe de soi-disant démocraties sur le fascisme, c’est renouveler la trahison de 1914 quand les partis socialistes de l’Entente se mirent du côté de leur bourgeoisie sous prétexte de vaincre le militarisme.

    De même que la grande majorité des ouvriers socialistes comprirent la trahison de leurs chefs et passèrent à la IIIème Internationale de Lénine et de #Trotsky pour accomplir leur devoir de classe, de même la grande majorité des ouvriers communistes doit cesser de s’accrocher aux restes pourris de ce qui fut autrefois la IIIème Internationale pour lutter avec les militants de la IVème Internationale, PARTI MONDIAL DE LA REVOLUTION SOCIALISTE.

    Les militants combattants du PC restés fidèles à leur classe doivent se convaincre que le réveil de la classe ouvrière, par l’activité croissante de ses éléments les plus avancés et l’assaut de celle-ci contre le régime capitaliste, n’ont rien de commun avec la lutte sous le commandement des officiers réactionnaires de De Gaulle.

    La IVème Internationale appelle les meilleurs militants de la classe ouvrière à serrer leurs rangs autour du drapeau rouge communiste, qui triomphera envers et contre tous de la barbarie capitaliste et de la guerre !

    #Missak_Manouchian #Manouchian #PCF #résistance

    • Manouchian au Panthéon : morts d’hier et combines politiques d’aujourd’hui
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/06/21/manouchian-au-pantheon-morts-dhier-et-combines-politiques-da

      Le 18 juin, lors du traditionnel et obligatoire discours présidentiel sur la #Résistance, #de_Gaulle, l’#unité_nationale et l’habituel fatras tricolore, Macron a annoncé l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au #Panthéon.

      Ainsi, au milieu d’une campagne permanente contre les immigrés, les sans-papiers, les étrangers, après l’envoi de la police contre les travailleurs qui se battent pour leurs droits, après les litanies injurieuses contre « l’ultra gauche », le geste de Macron se voudrait dirigé vers sa gauche, en offrant à deux ouvriers communistes, arméniens arrivés clandestinement en France, une place aux côtés des grands hommes méritant la « reconnaissance de la patrie ». Cela ne concerne évidemment pas leur engagement communiste dans la lutte de classe des années 1930, mais le fait d’avoir été sous l’#Occupation les organisateurs des #FTP-MOI, les groupes armés issus du secteur Main-d’œuvre immigrée du PCF d’avant-guerre. Missak Manouchian et 23 de ses camarades, espagnols, italiens, juifs, arméniens, furent pour cela arrêtés et fusillés au mont Valérien en février 1944.

      Après la tragédie de 1944 vient la comédie politique d’aujourd’hui, soigneusement calibrée, du petit intérêt immédiat jusqu’à la préparation de sombres lendemains. Ce geste en direction de la gauche, et singulièrement du PCF, qui milite depuis longtemps pour la panthéonisation de Manouchian, veut démontrer la largeur d’esprit de Macron, son attachement au roman national, version de Gaulle-Jean Moulin-Résistance. Il lui fallait bien cela pour faire pendant à la quasi-réhabilitation du maréchal Pétain opérée en 2018. Cette célébration participe aussi du constant effort étatique et politique pour installer l’idée de l’unité nationale. Il s’agit, comme en toute circonstance, de persuader les travailleurs que, nés ici ou ailleurs, ils doivent être prêts à mourir pour la mère patrie, c’est-à-dire pour ses banquiers et ses industriels.

      L’opération politique n’est pas nouvelle et toute l’histoire de Missak Manouchian et des militants communistes entrés dans le combat contre le nazisme et l’État de Pétain en fut une tragique illustration. Leur courage et, pour beaucoup, le sacrifice de leur vie furent mis au service d’une bien mauvaise cause. Le PCF suivait depuis juin 1941 une politique d’union sacrée derrière de Gaulle, Roosevelt et Staline. Il s’agissait de vaincre l’Allemagne sans risquer de provoquer de crise révolutionnaire, comme celle commencée lors de la Première Guerre mondiale ou comme celle qui s’annonçait dès 1943, en Italie. Toute idée de lutte de classe devait donc être abandonnée au profit de l’unité nationale derrière la bourgeoisie. Personne ne peut savoir ce que Manouchian et ses camarades pensaient de l’abandon par le PC de tout internationalisme, de toute perspective révolutionnaire et de son alignement derrière un général réactionnaire. Quoi qu’il en soit, la direction stalinienne les envoya à la mort pour se faire admettre par les autres partis de la Résistance comme un parti « combattant pour la France ». Cette politique purement nationaliste allait contribuer à réinstaller après la guerre la république en tant que régime « démocratique » de la bourgeoisie capitaliste. C’est cette politique qui est aujourd’hui honorée par Macron, les médias unanimes et les héritiers revendiqués, à tort ou à raison, du #PCF de l’époque.

      Missak et Mélinée #Manouchian et leurs camarades, militants ouvriers abusés par les staliniens, combattants assassinés par les fascistes, internationalistes transformés malgré eux en icones nationales, avaient eu suffisamment de courage et de foi dans l’avenir pour offrir leur vie dans la lutte contre l’oppression. Cela les place hors d’atteinte des combinaisons minables d’un Macron et de l’exploitation de leur image par un PCF qui ne sait plus depuis longtemps ce que le mot #communisme signifie.

  • Comment assurer la survie de l’humanité ? Malthusianisme, écologie... ou contrôle conscient sur toutes les activités économiques ? (Lutte de Classe n°20 - juin 1974)

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1972-1977-bilingue/article/malthusianisme-ecologie-ou

    [...] Alors, croissance ou pas croissance, tel n’est pas le choix qui se pose à l’humanité de façon quantitative. Mais le choix réel est, ou bien croissance contrôlée, entièrement et consciemment déterminée par la société en fonction de tous les aspects de l’intérêt humain, ou bien croissance anarchique, entrecoupée d’ailleurs - et les écologistes sont silencieux là-dessus, pourtant, cela aussi fait partie de l’économie capitaliste - d’arrêts catastrophiques, de destructions brutales ou de périodes de stagnation et de malthusianisme dans certains domaines.

    Il en est de même de la croissance démographique. Les socialistes révolutionnaires sont les adversaires d’une limitation malthusienne et autoritaire - par contrainte pure, ou par contrainte financière, peu importe - des naissances. Cela dit, il est stupide d’en conclure, par des arguments arithmétiques, qu’en l’an X - très bientôt - il y aura plus d’hommes sur la planète que de mètres carrés. Dans les pays développés, les naissances se limitent sans que l’on ait besoin de les limiter ; à plus forte raison, la question de la limitation autoritaire ne se posera-t-elle pas dans une société pleinement maîtresse d’elle-même.

    Alors, le problème est donc là. Il est indispensable que la société dirige et contrôle sa propre croissance, qu’elle la mette à son service. Avant tout, cela suppose le bouleversement des rapports sociaux, la suppression de l’exploitation comme de la propriété privée capitaliste, de la course au profit. Cela suppose une révolution politique prolétarienne que les écologistes refusent en fait.

  • La bourgeoisie, l’environnement et la croissance (LO, 20 juin 1972)

    Des évidences, malheureusement, toujours largement ignorées aujourd’hui...

    [...] Tant que la pollution ne touchait que les exploités, dans leurs banlieues ouvrières lointaines, on n’en parlait pas tant. Mais aujourd’hui, même avec leur argent, les bourgeois ont de plus en plus de mal à s’en prémunir. Ils commencent à s’apercevoir que la nature n’est pas un réservoir inépuisable que l’on peut piller librement sous prétexte qu’il n’a pas de valeur marchande et que c’est l’existence même du globe qui est mise en cause en même temps d’ailleurs que leur système économique et social.

    Malheureusement, il est impensable que les classes dirigeantes acceptent de limiter volontairement leur production. Ce serait leur demander de se suicider. Ce serait pour chaque capitaliste accepter de renoncer continuellement à soutenir la concurrence de ses adversaires. Ce serait renoncer à des profits qui lui sont non seulement utiles mais indispensables pour survivre. Des accords sont, bien entendu, possibles entre trusts et ils sont même fréquents. Mais ils restent toujours fragiles et provisoires et il n’est pas question qu’ils se généralisent et se consolident au point d’en arriver à une organisation internationale durable de l’#économie.

    […] En réalité, ce qui est en question, c’est la croissance anarchique, la #croissance_capitaliste. Le monde actuel est bien loin de crever sous ses richesses. Il est encore bien trop pauvre même s’il est vrai qu’une organisation rationnelle de l’économie et de la vie devrait sans doute limiter telle ou telle production pour éviter la dégradation du milieu naturel, dans l’ensemble il n’y a pas assez de nourriture, pas assez de logements, pas assez d’un peu de tout et il faudrait au contraire développer ces productions. Mais cela ne doit nullement entraîner obligatoirement une croissance parallèle de la pollution.

    D’où vient, en effet, aujourd’hui, l’essentiel de la #pollution ? En agriculture, par exemple, de l’emploi de pesticides, produits chimiques anti-parasites qui finissent par empoisonner la nature. Mais il est parfaitement possible de les remplacer par des moyens biologiques, qui, il est vrai, sont à la fois plus coûteux pour l’utilisateur et moins « rentables » pour le fabricant. De même, l’essentiel de la pollution des mers vient du rejet au large d’hydrocarbures résiduels par des pétroliers qui veulent augmenter leur vitesse de rotation là encore, la suppression de cette source de pollution est techniquement des plus simples. Le seul obstacle est que les compagnies pétrolières n’entendent pas rogner sur leurs profits.

    Quant à la prétendue pénurie prochaine de matières premières et de sources d’énergie, elle n’a de sens que relatif car on peut toujours trouver des produits et procédés de substitution. Ils existent déjà : l’énergie atomique, par exemple. Ce n’est qu’une question, là encore, de coût problème qui prendra bien moins d’importance dans une société de besoins que dans notre actuelle société de
    profit.

    Le massacre de la nature n’est nullement une fatalité inhérente à l’industrie moderne, comme on voudrait nous le présenter. Dans une autre organisation sociale que la nôtre, des mesures techniques simples et déjà bien connues pourraient le plus souvent en venir à bout.

    Les socialistes véritables n’ont jamais cru à l’#idéologie de la croissance ni à la capacité du #système_capitaliste d’arriver a une harmonie quelconque. Nous savons que ce système est anarchique par sa nature même et mènera immanquablement l’humanité aux pires catastrophes. Pour nous, la #croissance n’a jamais été qu’un épisode entre deux crises, de même que la paix, sous ce système, n’est qu’un intervalle entre deux guerres. Nous sommes convaincus que si ce système se prolonge encore longtemps, ils nous mènera non à une vie meilleure mais à une rechute dans la barbarie.

    C’est pour cela que nous sommes socialistes. Pour nous, le socialisme n’est pas un simple souhait d’une société meilleure, mais une nécessité absolue. Nous sommes convaincus que si l’humanité veut survivre elle doit prendre en main collectivement toutes les richesses de la terre et organiser l’économie suivant un plan tenant compte de tous les besoins, y compris celui de protéger le milieu naturel, et de tous les problèmes et ne cherchant pas uniquement à économiser le travail humain. Mais un tel plan exige la suppression de la #propriété_privée_des_moyens_de_production qui entraine actuellement la production anarchique de nombreuses entreprises et qui empêche tout contrôle réel de qui que ce soit sur l’ensemble de l’économie. Un tel plan exige même la suppression des Etats nationaux et des frontières, institutions d’un autre âge qui rendent utopiques ne serait-ce que la lutte contre une pollution des mers et des airs ne connaissant pas de frontières. Un tel plan exige, en un mot, le #socialisme international.

    #archiveLO #écologie #capitalisme

  • À nos soeurs et nos frères de classe | Dernier éditorial de LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/nos-soeurs-et-nos-freres-de-classe-717975.html

    Mercredi dernier, un bateau transportant des centaines de personnes tentant de rallier l’Europe a fait naufrage au large de la Grèce. Combien d’enfants, de femmes et d’hommes y ont laissé la vie ? 500, 600 comme le font craindre les photos du bateau surchargé ?

    Le plus révoltant est que toutes les personnes à bord auraient pu être sauvées. L’embarcation avait été repérée par l’agence Frontex et les garde-côtes grecs étaient sur les lieux. Essayèrent-ils de repousser le bateau en haute mer, comme le dénoncent des rescapés ? Tout est possible car la politique criminelle de l’Union européenne pousse à ce genre d’ignominie. 

    Nous ne connaîtrons pas l’identité de tous les disparus. Mais une chose est certaine : parmi les victimes, on ne trouvera ni fils ni de femme de millionnaire ou de roi du pétrole. Eux ont tous les papiers nécessaires et les moyens de prendre l’avion pour voyager où ils le désirent.

    Les migrants de ce navire étaient destinés à faire partie du monde du travail. Ils ont tous été forcés de trouver une manière de gagner leur pain et d’assurer un avenir à leurs enfants. C’est précisément parce qu’ils ne le pouvaient plus qu’ils se sont retrouvés sur ce cercueil flottant, et c’est ce que ferait n’importe quel travailleur d’ici, dans la même situation.

    Fuir la misère n’est pas un crime ! La liberté de circulation devrait être un droit élémentaire de tout être humain. Il faut l’affirmer haut et fort contre les gouvernants de l’Union européenne qui mènent une véritable guerre contre les migrants. Et il faut le crier contre tous les démagogues qui font de l’immigration un épouvantail.

    Il n’existe aucune loi, dans aucun pays du monde, garantissant aux femmes et aux hommes dépourvus du moindre capital de gagner leur vie dignement. C’est vrai, même dans un pays riche et développé comme la France. La loi qui s’impose est celle de la jungle capitaliste qui ne laisse aux exploités d’autre choix que de trimer pour avoir le droit de vivre. C’est ce qu’il faut combattre.

    Les travailleurs ne se protègeront pas en se barricadant contre d’autres travailleurs, plus pauvres qu’eux. Le problème est de lutter ensemble contre la misère créée par l’exploitation et l’impérialisme.

    Combattre la classe capitaliste qui prospère en appauvrissant l’écrasante majorité de l’humanité ne peut venir que des exploités quand ils se révolteront ici, en Afrique, au Moyen-Orient et ailleurs, contre toute la barbarie charriée par le capitalisme.

    Ce n’est pas une vue de l’esprit. Partout où il y a des travailleurs, il y a des résistances, des tentatives d’organisation et des luttes. À l’échelle du monde, il y a, régulièrement, de grandes révoltes susceptibles de renverser les régimes les plus dictatoriaux. Et il y a, en permanence, des luttes partielles et locales de travailleurs, parce que la résignation n’est jamais éternelle.

    Que ces luttes se mènent sur le port de Dakar ou d’Abidjan, dans une mine du Congo ou d’Afrique du Sud, dans une usine en Turquie ou en France, on retrouve partout le même type de revendications concernant les salaires et les conditions de travail. Parce que, d’un bout à l’autre de la planète, la condition ouvrière nous livre à la même rapacité patronale, à l’arbitraire du marché et aux aléas de la guerre économique.

    Et il s’agit souvent des mêmes exploiteurs car le grand patronat, lui, ne connaît pas de frontières : il sévit à l’échelle du monde. Multinationales de l’automobile, du pétrole, de l’agroalimentaire, de la construction, de la surveillance… nombreux sont les exemples de frères ou de cousins exploités par la même entreprise, l’un sur le continent africain, l’autre sur le continent européen.

    Ici, en France, toutes les grandes grèves mélangent des travailleurs originaires des quatre coins du monde. Et certaines luttes marquantes de ces dernières années, comme les grèves des femmes de ménage des grands hôtels, ont été le fait de travailleuses immigrées.

    Alors, quelles que soient l’origine, la culture, la nationalité et les croyances des uns ou des autres, quel que soit le pays où nous vivons, nous sommes tous attachés à la même chaine : celle du grand capital qui nous exploite, détruit la planète et fomente des guerres. La seule façon de briser cette chaîne est de propager la conscience qu’on appartient au même camp et que l’on doit s’unir contre la classe capitaliste et ses laquais politiques.

    N’oublions jamais que notre seul ennemi est la grande bourgeoisie qui domine le monde.

    Contre les politiciens qui se servent de l’immigration pour faire diversion et masquer leur servilité vis-à-vis des plus riches, unissons-nous ! Contre le patronat avide de trouver des bras à exploiter, unissons-nous pour défendre nos intérêts de travailleurs !

  • Pourquoi Le Capital de Marx est-il toujours d’actualité?

    interview de David Harvey - 24 janvier 2023

    https://www.contretemps.eu/capital-marx-actualite-entretien-david-harvey

    Le géographe marxiste David Harvey s’est entretenu avec Daniel Denvir pour le podcast The Dig de Jacobin Radio, à propos des forces créatrices et destructrices du capital, du dérèglement climatique et des raisons pour lesquelles il vaut toujours la peine de se battre contre le capitalisme.

    Il explique pourquoi Le Capital de Karl Marx reste un ouvrage essentiel pour comprendre et vaincre le capitalisme et ses horreurs. Plus d’un siècle et demi s’est écoulé depuis que Karl Marx a publié le premier volume du Capital. Il s’agit d’un ouvrage massif et intimidant, que de nombreux·ses lecteurs·rices pourraient être tenté·es d’ignorer. Selon David Harvey, ce serait assurément une erreur.

    Harvey enseigne Le Capital depuis des décennies. Ses cours sur les trois volumes du livre sont très populaires et disponibles gratuitement en ligne [ http://davidharvey.org/reading-capital ] ; ils ont été suivis par des millions de personnes à travers le monde et ont servi de base à ses livres d’accompagnement des volumes I et II. Le dernier livre de Harvey, Marx, Capital, and the Madness of Economic Reason, accompagne de manière plus synthétique les trois volumes. Il y traite de l’irrationalité fondamentale du système capitaliste.

    • A ce propos : L’actualité du marxisme :

      [...] Trotsky constatait en 1939, dans Le Marxisme et notre époque, qu’ «  en dépit des derniers triomphes du génie de la technique, les forces productives matérielles ont cessé de croître. Le symptôme le plus clair de ce déclin est la stagnation mondiale qui règne dans l’industrie du bâtiment, par suite de l’arrêt des investissements dans les principales branches de l’économie. Les capitalistes ne sont plus en état de croire à l’avenir de leur propre système.  »

      Alors que la bourgeoisie s’était engagée dans le fascisme ou le New Deal et s’apprêtait à plonger l’humanité dans une nouvelle guerre, Trotsky concluait  : «  Des réformes partielles et des rafistolages ne serviront à rien. Le développement historique est arrivé à l’une de ces étapes décisive, où, seule, l’intervention directe des masses est capable de balayer les obstacles réactionnaires et de poser les fondements d’un nouveau régime. L’abolition de la propriété privée des moyens de production est la condition première d’une économie planifiée, c’est-à-dire de l’intervention de la raison dans le domaine des relations humaines, d’abord à l’échelle nationale, puis, par la suite, à l’échelle mondiale.  »

      Quelques mois après que ces lignes étaient écrites, le monde sombrait dans le cataclysme de la Deuxième Guerre mondiale. Ayant échappé à la révolution prolétarienne au lendemain de cette guerre, le système capitaliste connut quelques années de reprise, qui semblaient contredire les prévisions de Trotsky.

      Mais on constate aujourd’hui qu’il ne s’agissait que d’une rémission et que le capitalisme conduit l’humanité vers l’abîme.

      Jamais pourtant dans l’histoire, l’humanité n’a eu autant de moyens à sa disposition pour faire face aux nécessités de sa vie collective. C’est la division de l’humanité en classes sociales aux intérêts opposés qui l’empêche de maîtriser sa vie collective.

      Jamais n’a été aussi énorme le décalage entre une humanité capable d’explorer les confins de l’espace et une société se consumant en même temps dans des guerres entre pays, entre nations, entre ethnies, entre villages.

      Jamais la mondialisation capitaliste n’a autant lié les hommes dans un destin commun. Mais jamais non plus l’humanité n’a été aussi morcelée.

      Jamais l’humanité n’a eu autant de moyens matériels et culturels pour vaincre définitivement les multiples formes de préjugés, de mysticismes hérités de siècles de division de la société en classes et d’oppression. Mais jamais les religions, les mysticismes n’ont connu un retour aussi fracassant dans la vie sociale.

      Quelle expression plus écœurante de la putréfaction de la société capitaliste que l’attraction mortifère du terrorisme islamiste sur une fraction de la jeunesse  ?

      Jamais, en somme, les conditions matérielles et techniques pour une société humaine unifiée dans un tout fraternel à l’échelle de la planète n’ont été aussi favorables. Jamais, en même temps, elles n’ont semblé aussi lointaines.

      Le grand apport du marxisme au mouvement ouvrier n’a pas été seulement la dénonciation du capitalisme et le constat qu’il a cessé de faire avancer l’humanité. Son grand apport a été de donner les moyens de briser les chaînes  : «  Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, mais ce qui importe c’est de le transformer  », disait Marx dès 1845.

      Le marxisme ne s’est pas contenté de voir dans cette classe alors nouvelle qu’était le prolétariat moderne une classe souffrante. Il y a reconnu la classe sociale capable de renverser le capitalisme.

      Marx, Engels et leur génération voyaient la fin du capitalisme plus proche. Ils avaient l’optimisme des révolutionnaires.

      L’histoire en général et celle du mouvement ouvrier en particulier, avec leurs formidables pas en avant mais aussi leurs reculs catastrophiques, ont fait que le capitalisme se survit bien plus longtemps que ce qu’espéraient Marx, Engels et leurs camarades.

      Il a survécu bien plus longtemps même que ne l’espérait Trotsky près d’un siècle plus tard lorsqu’il constatait que le capitalisme était incapable de faire progresser les forces productives.

      L’humanité a connu depuis Marx un grand nombre de crises économiques, d’innombrables formes d’oppression, d’innombrables formes de régimes autoritaires, d’innombrables guerres locales, et deux guerres mondiales.

      Jusqu’à présent c’est surtout par la négative que l’histoire a confirmé les analyses de Marx. Mais le prolétariat, dans lequel Marx voyait la force sociale capable de changer l’avenir de l’humanité, n’est pas une construction de l’esprit, fût-elle d’un génie de l’envergure de Marx. C’est une réalité sociale. Les robots n’ont pas remplacé le prolétariat. Et, malgré les possibilités croissantes offertes par la science et la technique, la société est celle des êtres humains.

      Le prolétariat, la classe des exploités, est bien plus diversifié aujourd’hui qu’au temps de Marx et même qu’au temps de Lénine et de la révolution russe. La bourgeoisie a appris à jouer de cette diversité, à opposer les unes aux autres les différentes catégories de travailleurs salariés, à combattre la conscience de classe et l’émergence d’organisations, nationales et internationales, qui incarnent cette conscience. Mais la classe ouvrière est bien plus nombreuse que dans le passé et présente partout sur la planète.

      La lutte de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat se mène à une échelle bien plus vaste que dans des périodes du passé où le prolétariat posait sa candidature à la direction de la société.

      Dans un grand nombre de pays où le prolétariat industriel est jeune et son sort misérable, de la Chine au Bangladesh, la lutte de classe prend des formes aussi massives et aussi virulentes que lors de l’émergence du prolétariat moderne en Europe occidentale.

      Mais elle est incessante également dans les grands pays industriels, fût-ce sous la forme de ces réactions quotidiennes que les travailleurs savent opposer dans les entreprises à l’aggravation de l’exploitation et aux multiples manifestations de l’arbitraire patronal.

      Les idées de lutte de classe sont susceptibles de tomber sur un terrain aussi fertile qu’au temps de Marx ou de Lénine, tout simplement parce qu’elles correspondent à une réalité que les travailleurs vivent tous les jours. Encore faut-il les exprimer et transmettre le vaste capital politique accumulé par le marxisme révolutionnaire, tiré des luttes de générations de travailleurs  !

      C’est le rôle qui devrait être celui des organisations communistes révolutionnaires, leur raison d’être afin que chaque lutte importante de la classe ouvrière bénéficie des expériences des luttes précédentes.

      C’est justement le fond du problème de nos jours. Ce que Trotsky exprimait en affirmant, dans le Programme de Transition  : «  La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat.  »

      Ce qui unissait les générations des communistes révolutionnaires, de Marx à Trotsky en passant par Lénine, Rosa Luxemburg et tant d’autres, c’est la conviction qu’une fois débarrassée des chaînes du capitalisme, l’humanité reprendrait sa marche en avant, mais aussi la conviction que la seule force sociale capable de cette transformation historique fondamentale est le prolétariat.

      Le marxisme a toujours été et reste aujourd’hui la seule façon scientifique de comprendre le fonctionnement de la société et de ses ressorts. La seule aussi qui non seulement permet d’appréhender le monde, mais aussi de le transformer. Il reste le seul humanisme de notre époque.

      «  Il appartient aux générations à venir de renouer avec les traditions du communisme révolutionnaire, avec ses combats du passé, avec ses expériences. Partout, se pose le problème de reconstruire des partis communistes révolutionnaires, et c’est en cela que cette question se confond avec la renaissance d’une Internationale communiste révolutionnaire  », avons-nous ainsi résumé les tâches de notre génération de révolutionnaires lors de notre congrès de mars dernier.

      «  Personne ne peut prédire comment, à travers quel cheminement, les idées communistes révolutionnaires pourront retrouver le chemin de la classe ouvrière, classe sociale à laquelle elles étaient destinées au temps de Marx puis de Lénine et Trotsky et qui aujourd’hui encore est la seule qui peut, en s’emparant de ces idées, les transformer en une explosion sociale capable d’emporter le capitalisme  ».

      La nécessité demeure la même depuis que Trotsky a écrit le Programme de Transition. Nos tâches en découlent.

      1er novembre 2016

      https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2016/12/18/le-monde-capitaliste-en-crise_73418.html

    • Marx dit que nous devons faire quelque chose à ce sujet. Mais, ce faisant, nous ne devons pas devenir nostalgiques et dire « nous voulons revenir au féodalisme » ou « nous voulons vivre de la terre ». Nous devons penser à un avenir progressiste, en utilisant toutes les technologies dont nous disposons, mais en les utilisant dans un but social plutôt que d’accroître la richesse et le pouvoir dans des mains de plus en plus rares.

      […]

      DAVID HARVEY : Je suis venu aux États-Unis en 1969, et je suis allé à Baltimore. Il y avait là une énorme usine sidérurgique qui employait environ trente-sept mille personnes. En 1990, l’aciérie produisait toujours la même quantité d’acier, mais employait environ cinq mille personnes. Aujourd’hui, l’aciérie a pratiquement disparu. Le fait est que, dans l’industrie manufacturière, l’automatisation a fait disparaître des emplois en masse, partout, très rapidement. La gauche a passé beaucoup de temps à essayer de défendre ces emplois et a mené un combat d’arrière-garde contre l’automatisation.

      C’était une mauvaise stratégie pour plusieurs raisons. L’automatisation arrivait de toute façon, et vous alliez perdre. Deuxièmement, je ne vois pas pourquoi la gauche devrait être absolument opposée à l’automatisation. La position de Marx, dans la mesure où il en avait une, serait que nous devrions utiliser cette intelligence artificielle et cette automatisation, mais nous devrions le faire de manière à alléger la charge de travail.

      La gauche devrait travailler sur une politique dans laquelle nous disons « nous accueillons l’intelligence artificielle et l’automatisation, mais elles devraient nous donner beaucoup plus de temps libre ». L’une des grandes choses que Marx suggère est que le temps libre est l’une des choses les plus émancipatrices que nous puissions avoir. Il a une belle phrase : le domaine de la liberté commence lorsque le domaine de la nécessité est laissé derrière. Imaginez un monde dans lequel les nécessités pourraient être prises en charge. Un ou deux jours par semaine à travailler, et le reste du temps est du temps libre.

      Maintenant, nous avons toutes ces innovations permettant d’économiser du travail dans le processus de travail, et aussi dans le ménage. Mais si vous demandez aux gens, est-ce que vous avez plus de temps libre qu’avant ? La réponse est, « non, j’ai moins de temps libre. » Nous devons organiser tout cela pour que nous ayons réellement le plus de temps libre possible, pour que le mercredi à partir de dix-sept heures, vous puissiez aller faire ce que vous voulez. C’est le genre d’imagination d’une société que Marx a en tête. C’est une évidence.

      #David_Harvey #progressisme #techno-béat #automatisation

    • A lire notamment chez Libertalia :

      https://www.editionslibertalia.com/catalogue/la-petite-litteraire/jack-london-le-talon-de-fer-poche

      (8,50 € — 496 pages)

      Ce livre est aussi disponible en grand format complété d’un cahier couleur.
      https://www.editionslibertalia.com/catalogue/hors-collection/jack-london-le-talon-de-fer

      « Quelques secondes plus tard, l’avant-garde de la colonne est passée devant nous. Ce n’était pas, à proprement parler, une colonne… C’était la populace qui déferlait dans la rue comme un fleuve de boue. C’était le peuple de l’abîme, enragé par la gnôle et les mauvais traitements, qui s’était enfin dressé d’un bloc et poussait son rugissement, assoiffé du sang de ses maîtres. »

      Le Talon de fer (The Iron Heel, 1908) appartient au patrimoine littéraire mondial. Francis Lacassin le désignait comme un « classique de la révolte ». Dans ce récit d’anticipation publié durant la période la plus créative de sa vie (soit juste avant Martin Eden), Jack London imagine la société future : révolte ouvrière, grève générale et… impitoyable répression.
      Roman socialiste à thèse, récit d’amour (la narratrice Avis Everhard relate la geste de son compagnon Ernest Everhard, un double de Jack London), ce texte a été lu comme une préfiguration de la société capitaliste poussée à sa forme extrême : le fascisme.

      Cette édition propose une nouvelle traduction intégrale, un important appareil critique ainsi qu’un cahier iconographique reproduisant plusieurs pages du manuscrit original.

  • Il y a 120 ans, quand la CGT était révolutionnaire
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/il-y-a-120-ans-quand-la-cgt-etait #archiveLO (19 juin 2015) #mouvement_ouvrier #socialisme #communisme #CGT #syndicalisme

    – Le mouvement ouvrier à la veille de la fondation de la CGT
    – Du congrès de Limoges (1895) à celui de Montpellier (1902)
    – Le 1er mai 1906 et la #charte_d'Amiens
    – La montée de la combativité ouvrière et la lutte contre les réformistes
    – De l’antimilitarisme à la faillite d’août 1914
    – Après 1917, la lutte pour un parti communiste révolutionnaire
    – Un syndicat intégré à l’Etat, mais pas tout à fait comme les autres

  • Le Front populaire : de la duperie au mythe | Analyse de Lutte Ouvrière #arcjiveLO (19 juin 2016)
    http://mensuel.lutte-ouvriere.org//2016/06/26/le-front-populaire-de-la-duperie-au-mythe_68931.html

    La célébration des 80 ans du Front populaire est l’occasion pour les partis de gauche, en particulier le PCF, de tenter de donner des couleurs plus chatoyantes à leur électoralisme stérile. Alors qu’ils ont largement contribué à faire élire Hollande en 2012, sans l’ombre d’une hésitation et sans exprimer la moindre mise en garde, ils utilisent cette commémoration pour recycler le mythe d’un bon gouvernement de la gauche unie qui aurait apporté des progrès aux classes populaires afin, espèrent-ils, de vendre leur marchandise frelatée à l’horizon 2017 [...].

  • Les vieilles recettes de Mauroy et Mitterrand | #archiveLO (19 juin 1982)

    – Réajustement monétaire : palliatifs pour un système en folie
    – Les avatars du marché monétaire
    – Quand la droite trouve encore le moyen de faire la leçon au gouvernement

    – Austérité, blocage des salaires : un gouvernement de gauche pour faire la politique de la droite

  • Réindustrialisation, relocalisations : des milliards pour le patronat
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/06/14/reindustrialisation-relocalisations-des-milliards-pour-le-pa

    Il n’est de jour sans que Macron ne mette en scène une nouvelle initiative pour réindustrialiser la France, relocaliser la production, afin de garantir la #souveraineté_économique.

    #Batteries_électriques, médicaments, intelligence artificielle, puces électroniques, aéronautique, tous les secteurs y passent.

    Après tant d’autres politiciens, Macron reprend l’idée que l’industrie est partie s’installer dans des pays à bas coût de main-d’œuvre, supprimant des emplois par millions. Et en effet, entre 1980 et 2010, selon l’Insee, plus de 2 millions d’emplois ont disparu dans l’industrie en France, et d’abord des emplois d’ouvriers. Les emplois créés l’ont été bien davantage dans les services, l’informatique, le commerce, l’aide à la personne que dans l’industrie.

    Cette évolution résulte, d’une part, d’une augmentation de la productivité et de l’exploitation dans les usines, nombreuses, restées en France, mais où moins d’ouvriers peuvent produire plus d’automobiles ou de polymères. Elle résulte aussi, d’autre part, du choix des patrons des grands groupes de sous-traiter la production ou de délocaliser leurs usines en Europe de l’Est, en Asie ou ailleurs. Ainsi Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel dans les années 2 000, s’était fait remarquer en proclamant qu’il fallait « des entreprises sans usines ». Durant ces années de relative désindustrialisation, les patrons ont trouvé le soutien de l’État pour adapter les lois, supprimer des droits de douane, déréglementer le commerce international et réduire le coût des transports.

    Aujourd’hui, la #réindustrialisation et la relocalisation sont les nouveaux prétextes pour dérouler le tapis rouge aux entreprises : prendre en charge l’essentiel de leurs investissements, leur fournir une main-d’œuvre qualifiée, augmenter la flexibilité du travail, faciliter les licenciements économiques, supprimer leurs impôts… Ainsi Macron a-t-il promis 1,5 milliard d’aides directes de l’État au fabricant de batteries taïwanais Prologium pour qu’il s’installe dans le Nord. Le groupe #STMicroelectronics va toucher 2,9 milliards d’euros d’aides pour construire sa nouvelle usine de semi-conducteurs près de Grenoble.

    Évidemment, les milliards sont versés au nom de la #création_d’emplois. Mais si tous ces emplois sont réellement créés, ce qui reste à vérifier, ils seront chèrement payés par les travailleurs. Ainsi, chacun des 1 000 emplois annoncés chez ST coûterait près de 3 millions d’euros d’argent public. Ces dizaines de milliards versés à des groupes richissimes, enrichissant leurs actionnaires privés, manqueront aux hôpitaux, aux écoles et à tant d’autres infrastructures utiles à la société. Ils viendront augmenter la dette publique, dont le remboursement se paie toujours par de nouveaux sacrifices pour les classes populaires.

    La #relocalisation de l’industrie et l’objectif de la #souveraineté économique sont deux nouvelles mamelles destinées à nourrir la bourgeoisie. Les travailleurs n’ont certainement rien à attendre de cette réindustrialisation.

  • Premier de corvée - Regarder le documentaire complet | https://www.arte.tv/fr/videos/107817-000-A/premier-de-corvee

    Premier de corvée

    Malgré deux emplois dans la restauration et la livraison, la vie hors des radars d’un travailleur clandestin malien. Un documentaire qui raconte par l’exemple les luttes des #sans-papiers en #France, estimés à près de 700 000, pour de meilleures conditions d’existence.

    Depuis son arrivée en France en 2018, Makan cumule deux boulots : plongeur dans une brasserie chic près des Champs-Élysées et livreur à vélo. Solitaire et sacrifiée, la vie de ce Malien de 35 ans est tout entière dédiée au travail, qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille restée au pays, une femme et des enfants qu’il n’a pas vus depuis bientôt quatre ans. « On n’est pas venu ici pour prendre des photos de la tour Eiffel. On est venu ici pour bosser. Ta famille est dans la merde, toi aussi t’es dans la merde », confie-t-il.

    Comme des centaines de milliers d’autres personnes en France, cantonnées aux marges de la société alors qu’ils font tourner des pans entiers de l’#économie, Makan est sans-papiers. Il espère sortir de la #clandestinité et, en attendant, « reste dans [son] coin », effectuant avec courage ces métiers ingrats que seule une main-d’oeuvre précaire accepte désormais. « Si les #immigrés ne se présentaient pas, je ne sais pas qui prendrait leur place », reconnaît sans ciller sa cheffe de cuisine.

    En attendant, Makan se demande pourquoi sa vie reste si difficile en France, « le pays des #droits »...

    Existences invisibles

    Entre spleen et courage, le documentaire suit le quotidien d’un travailleur sans-papiers dans sa quête de régularisation, précieux sésame qui lui permettrait de se rendre dans son pays natal pour revoir ses proches qui subsistent grâce à son sacrifice. Aidé notamment par des militants syndicaux de la CGT, Makan, qui tente de sortir de l’ornière administrative où il s’est enlisé, a rejoint la lutte de ceux qui se mettent en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail. Mettant en lumière ces « premiers de corvées » condamnés à mener des existences invisibles (ils seraient près de 700 000 en France), ce film révèle sans misérabilisme le vécu intime de l’exil, de la clandestinité et de l’abnégation.

  • Berlusconi : une carrière au sein de la bourgeoisie | Brève de Lutte Ouvrière
    https://www.lutte-ouvriere.org/breves/berlusconi-une-carriere-au-sein-de-la-bourgeoisie-706528.html

    Capitaliste véreux, politicien réactionnaire, corrompu, patron d’une presse aux ordres, misogyne, raciste, anti-ouvrier, souteneur de prostituées... Berlusconi était à l’image de l’ordre capitaliste qu’il a servi et dont il a profité.

    Il mérite les hommages qui lui arrivent, d’Italie et d’ailleurs, du monde bourgeois ; et la haine des travailleurs italiens, qui n’ont aucune raison de le regretter, bien au contraire !

    • Berlusconi : les hommages du système à l’une de ses plus belles crapules
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/06/14/berlusconi-les-hommages-du-systeme-lune-de-ses-plus-belles-c

      [...] En 2001, le retour de Berlusconi au pouvoir fut encore précédé et préparé par les gouvernements de centre gauche, qui menèrent eux-mêmes la politique du grand capital, à coups de privatisations et d’attaques antiouvrières contre les retraites et de mesures précarisant le marché du travail.

      Le seul argument d’un centre-gauche, que rien ne distinguait plus, sur le plan de la politique antiouvrière, du pôle de droite qu’incarnait #Berlusconi, devint la personnalité de ce dernier. Mais les dirigeants des partis de gauche, qui dénonçaient la démagogie du milliardaire, sa mainmise sur les médias ou son utilisation du pouvoir politique pour privilégier ses affaires, étaient de moins en moins crédibles, tant ils en avaient été complices, et même acteurs directs. Le « grand homme » que les politiciens de tout bord et leurs valets médiatiques pleurent était bien à l’image de leur société et d’une république bourgeoise corrompue, affairiste, cynique et méprisante à l’égard des plus pauvres. Cela juge tout ce monde politique et médiatique, à plat ventre devant les capitalistes.

  • Nos priorités vitales et leurs diversions nauséabondes | Dernier édito de LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/nos-priorites-vitales-et-leurs-diversions-nauseabondes-705046.html

    Une fois le poste de télé ou de radio éteint, une fois les réseaux sociaux fermés, qu’est-ce qui nous préoccupe en tant que travailleuses et travailleurs ?

    C’est de remplir notre caddie et de regarder combien il reste sur notre compte en banque pour payer toutes les factures. C’est le souci de conserver son emploi et son salaire, et de tenir bon malgré les pressions des chefs, des journées harassantes et l’usure physique et morale. Ce sont des problèmes de voiture ou de train pour aller travailler. C’est de jongler entre un rendez-vous chez le médecin et la garde des enfants.

    Ces préoccupations ont été mises au centre de l’actualité grâce à la mobilisation sur les retraites lors de laquelle les travailleurs ont pris la parole et exprimé une colère saine : le refus de se sacrifier sur l’autel des profits ; le rejet de cette politique consistant à rogner sur les salaires, sur les retraites, les écoles et les hôpitaux, quand ça déborde pour les grands actionnaires et les plus fortunés.

    Mais depuis que les grèves et les manifestations n’occupent plus le terrain politique, le gouvernement et les démagogues de tout poil ont le champ libre pour faire diversion. Et, pour masquer les responsabilités du grand patronat dans l’explosion des prix, les bas salaires et la dégradation de la société, ces démagogues dénoncent… l’immigration bien sûr !

    Chassant sur les terres de la droite et de l’extrême droite, Macron et Darmanin ont donc lancé un énième projet de loi sur l’immigration. Depuis lors, Ciotti, Le Pen, Zemmour, Maréchal-Le Pen surenchérissent dans les idées plus crasseuses pour restreindre le droit d’asile et les droits des immigrés.

    Édouard Philippe, ancien Premier ministre, et candidat à la succession de Macron, a coiffé tout le monde sur le poteau en remettant en cause l’accord de 1968 avec l’Algérie et le droit au regroupement familial. Les esclavagistes qui déniaient à leurs esclaves le droit d’être soignés ou de vivre avec leur famille n’auraient rien à y redire !

    C’est dans ce contexte nauséabond qu’est survenue l’attaque effroyable d’enfants sur une aire de jeux à Annecy par un réfugié syrien. Ce drame a aussitôt été exploité par la droite et l’extrême droite pour livrer à la vindicte populaire les réfugiés et les musulmans, même si le tueur, certainement déséquilibré, se dit chrétien !

    Tout sert de prétexte pour mettre l’immigration au centre du débat politicien. C’est un piège pour les travailleurs. C’est une diversion et une façon de diviser et d’affaiblir le monde du travail. 

    La crise économique, le délitement des services utiles à la population, la dégradation des quartiers pauvres gangrénés par les réseaux de drogue, les incivilités et l’insécurité provoquent des réactions de repli et de rejet de l’autre. C’est ce terreau que les démagogues exploitent pour faire des immigrés des boucs émissaires.

    Ne tombons pas dans le piège de la division, pendant que les capitalistes nous font les poches en nous exploitant et en faisant flamber les prix !

    En nous mobilisant contre les 64 ans, que l’on soit du privé ou du public, français ou immigré, nous avons fait la démonstration de notre unité. Cela doit rester notre boussole car le grand patronat nous fera d’autant plus reculer qu’une partie des travailleurs aura moins de droits.

    L’immigration est inséparable de la condition ouvrière car le pain n’est garanti nulle part à celui qui doit gagner sa vie. Celui-ci est forcé d’aller là où il trouve à s’employer. Le patronat en profite pour cantonner les travailleurs immigrés aux travaux les plus durs, les plus précaires et les plus mal payés.

    Ce ne sont pas nos camarades algériens, tunisiens, roumains ou d’Afrique noire qui coûtent à la société. Leurs muscles et leurs cerveaux la font fonctionner partout, dans les usines, sur les chantiers, dans les Ehpad et les hôpitaux.

    Ceux qui nous coûtent cher, ce sont les capitalistes, cette classe sociale archi-minoritaire qui exploite les travailleurs à l’échelle du monde et qui prospère en condamnant l’écrasante majorité à la pauvreté. C’est cette poignée de parasites qui conduit l’économie et toute la société dans le mur parce qu’elle est aveuglée par sa rapacité et sa guerre économique permanente.

    Dans le chaos de cette société, comme les Ukrainiens ou les Syriens, nous pouvons, nous aussi, être transformés du jour au lendemain en réfugiés !

    Alors, n’oublions jamais que notre seul ennemi est la grande bourgeoisie qui domine le monde. On ne peut la vaincre qu’avec la conscience de constituer, face à elle, une seule et même classe sociale qui n’a, comme le disait Karl Marx, rien à perdre que ses chaînes et un monde à gagner.

  • Pourquoi la climatisation est-elle si mauvaise pour l’environnement ? - Numerama
    https://www.numerama.com/sciences/401625-pourquoi-la-climatisation-est-elle-si-mauvaise-pour-lenvironnement.

    Pour comprendre pourquoi le fonctionnement d’un climatiseur n’est pas anodin pour l’environnement, on peut convoquer une étude menée par le CNRS et Météo France, et publiée en janvier 2012 dans la revue International Journal of Climatology. Les chercheurs s’y interrogeaient sur la manière dont la climatisation risque d’augmenter la température en ville, en prenant l’exemple de Paris.

    « L’une des conséquences des îlots de chaleur urbains en été est une utilisation accrue de la climatisation dans les zones urbanisées, qui, en refroidissant l’intérieur des bâtiments, libère de la chaleur résiduelle dans l’atmosphère », notent les auteurs dans le résumé de leur étude.

    Pour simuler les impacts potentiels de la climatisation sur la température en milieu urbain, les chercheurs ont imaginé plusieurs scénarios. L’un d’eux s’appuie, par exemple, sur un inventaire des tours de refroidissements (qui peuvent être sèches ou évaporatives) qui se trouvent au niveau de la Seine.

    Quant aux autres scénarios, ils cherchent à tester l’impact que pourraient avoir des dispositifs de climatisation plus conséquents dans la ville. « La comparaison entre ces scénarios impliquant un dégagement de chaleur dans la rue, et le scénario de base sans air conditionné a montré une augmentation systématique de la température de l’air dans la rue, et cette augmentation était plus importante la nuit que le jour », assurent les chercheurs du CNRS et de Météo France.

    En simulant les rejets thermiques actuels, les chercheurs ont constaté que la température de la rue augmentait de 0,5 ° C. Si la chaleur émise par les climatiseurs venait à être doublée, l’augmentation de la température serait de 2 ° C.

    « Ces résultats montrent à quel point l’utilisation de la climatisation peut faire augmenter la température de l’air à l’échelle d’une ville comme Paris, et l’importance d’adopter une approche spatialisée pour planifier raisonnablement le futur déploiement de l’air conditionné dans la ville », anticipe l’étude.

  • L’exploitation de l’homme par l’homme n’est pas une loi de la nature. Qu’il y ait des femmes et des hommes forcés de vendre leur force de travail et de se soumettre à un patron, à ses humeurs ou à ses carnets de commandes, n’est pas naturel. Que l’humanité soit divisée entre exploités et exploiteurs, entre pays riches et pays pauvres, est le produit de l’histoire, l’histoire de la lutte des classes.

    Cette lutte de classe est à mener aujourd’hui avec la conscience qu’il faudra, un jour, aller jusqu’au bout, jusqu’à notre émancipation totale, c’est-à-dire la fin de l’exploitation, le renversement de la domination de la bourgeoisie et de son système capitaliste

    Dire non à tous les reculs !
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/06/07/dire-non-tous-les-reculs_699577.html

  • Extraits des allocutions de Nathalie Arthaud (12 juin 2011) : L’alternance gauche-droite n’est qu’une duperie
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2011/06/15/extraits-des-allocutions-de-nathalie-arthaud-dimanche-12-jui

    Il ne suffit pas de s’indigner du capitalisme, il faut le renverser (13 juin 2011)
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2011/06/15/extraits-des-allocutions-de-nathalie-arthaud-lundi-13-juin_2

    Pour ce qui est des luttes et de la combativité du monde du travail, il y a toujours eu des hauts et des bas. Et en ce moment il y a plus de bas que de hauts, mais cela ne change rien à notre conviction.

    Comme les opprimés des sociétés qui nous ont précédés, les travailleurs sauront se débarrasser des chaînes de l’exploitation capitaliste. Et ils peuvent plus encore : ils peuvent construire une tout autre société, basée sur l’intérêt collectif. (...) Quand des luttes massives surviendront, il ne faudra pas que l’énergie des masses ouvrières soit gâchée. Les travailleurs se battront pour défendre leurs intérêts vitaux, mais ils devront aussi imposer des objectifs pour inverser durablement le rapport de forces entre la bourgeoisie et les travailleurs.

    Ces objectifs, nous devons les populariser dès aujourd’hui. (...) Puisque la classe capitaliste est incapable de mettre fin au chômage, oui, il faut lui imposer par la puissance du mouvement des masses l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ! (...)

    Face aux hausses de prix et à la chute du pouvoir d’achat qu’elles entraînent, il faut imposer l’indexation des salaires et des pensions sur les hausses de prix, c’est-à-dire l’échelle mobile des salaires et des pensions.

    Face aux exigences des banques de rembourser la dette avec les intérêts, il faut imposer l’expropriation des banquiers, l’unification de toutes les banques en une seule, mise sous le contrôle de la population.

    Et, par-dessus tout, pour empêcher que les patrons puissent préparer, parfois des années à l’avance, leurs mauvais coups contre les travailleurs, il faut lever le secret industriel et le secret bancaire et donner aux travailleurs, à la population, les moyens légaux de contrôler ce qui se passe dans les entreprises, (...).

    La classe capitaliste est une classe irresponsable, dangereuse pour toute la société. Le seul moyen de l’empêcher de nuire, c’est de soumettre sa gestion au contrôle de la population.

    Le courant communiste est faible au regard des nécessités politiques de cette période de crise du capitalisme. Mais, tant qu’il existe, il représente l’espoir. Le courant communiste n’a absolument pas la capacité de déclencher des mouvements de révolte amples et puissants. L’explosion sociale, c’est la classe capitaliste elle-même, ce sont ses serviteurs politiques au gouvernement qui finiront par la déclencher. La responsabilité des communistes révolutionnaires est que ces mouvements de révolte ne soient pas détournés sur de fausses voies. Et, en particulier, qu’ils ne soient pas détournés vers la voie stérile et dangereuse du repliement national, de l’hostilité envers d’autres peuples. À la contagion de la crise capitaliste, qui n’est pas arrêtée par des frontières, doit répondre la contagion révolutionnaire parmi les classes exploitées de tous les pays. Dans le combat contre le capitalisme, la seule véritable frontière, c’est celle qui sépare les exploiteurs capitalistes des classes exploitées.

    #archiveLO