• Recep Tayyip Erdoğan promet à #Giorgia_Meloni de réduire les flux de migrants

    La Première ministre italienne Giorgia Meloni a été accueillie par le président turc Recep Tayyip Erdoğan à Istanbul dimanche (21 janvier). Une rencontre qui semble avoir servi à jeter les bases d’un #accord futur entre l’Italie et la Turquie visant à réduire l’arrivée de migrants en provenance de la #Libye.

    Au cours de la conversation, qui a duré plus de deux heures, les deux dirigeants ont discuté du renforcement de la coopération en matière d’immigration, la collaboration mise en place l’année dernière ayant permis de réduire de 56 % les flux irréguliers le long du corridor entre l’Italie et la Turquie.

    Le voyage de Mme Meloni est l’occasion de « confirmer la nature stratégique du partenariat, au niveau bilatéral, au sein de l’OTAN et au sein du bassin méditerranéen » avec la Turquie, ont déclaré des sources diplomatiques italiennes.

    La coopération dans ce domaine, expliquent ces mêmes sources, sera de plus en plus étroite, y compris en ce qui concerne la Libye, sujet sur lequel les ministères des Affaires étrangères des deux pays ont l’intention de se mettre d’accord prochainement.

    Mme Meloni, qui a pris la présidence du G7 le 1er janvier, a remercié M. Erdoğan pour ses efforts de médiation diplomatique entre l’Ukraine et la Russie, et en particulier pour la réactivation de l’initiative relative aux céréales de la mer Noire, qui vise à débloquer l’expédition de céréales à partir des ports ukrainiens, après que la Russie n’a pas renouvelé l’accord en juillet dernier.

    Sécurité et commerce avec l’Afrique

    Compte tenu du prochain sommet Italie-Afrique qui se tiendra à Rome, le développement et la sécurité sur le continent africain ont été l’un des sujets abordés. Pour l’instant, le président turc ne devrait pas assister au sommet organisé par Mme Meloni, qui s’efforce de promouvoir le dénommé « #plan_Mattei_pour_l’Afrique », basé sur une approche « non prédatrice » de bénéfice mutuel pour l’Afrique et l’Europe, principalement dans le domaine de l’#énergie.

    Selon des sources italiennes, les #échanges_commerciaux entre l’Italie et la Turquie ont dépassé les 25 milliards d’euros et se rapprochent de l’objectif commun d’au moins 30 milliards d’euros d’ici à 2030. Les opportunités économiques pour les entreprises italiennes ont également été examinées au cours de la réunion, en particulier dans le secteur de la #défense.

    Toutefois, en ce qui concerne le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, auquel Mme Meloni s’est toujours opposée avant de devenir Première ministre, il semble qu’il n’y ait eu qu’un « échange d’idées ».

    Dans un discours prononcé en avril 2021, la présidente du parti Fratelli d’Italia a demandé que le statut de la Turquie en tant que pays candidat à l’adhésion à l’UE soit définitivement révoqué.

    « Ces dernières années, M. Erdoğan a intensifié l’involution de la Turquie dans une direction islamiste, réduisant les espaces de liberté […] Nous ne pouvons pas accepter que la Turquie finance l’islam politique en Europe », avait déclaré Mme Meloni dans un discours adressé à Mario Draghi, Premier ministre de l’époque.

    https://www.euractiv.fr/section/immigration/news/recep-tayyip-erdogan-promet-a-giorgia-meloni-de-reduire-les-flux-de-migrant

    #Italie #externalisation #asile #migrations #réfugiés #Recep_Erdogan

  • Nos chats sont-ils des terreurs écologiques ?

    “Les chats sont une #catastrophe pour la #biodiversité. Les chiens sont une catastrophe pour le climat” a affirmé le 13 décembre, sur TF1, le chercheur médiatique #François_Gemenne, ancien membre du GIEC et enseignant à Science Po Paris. En disant cela, il a admis lui-même aborder un sujet sensible, susceptible de déclencher la colère des téléspectateurs. Et cela n’a pas loupé : la séquence a été largement commentée sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens – y compris d’autres écologistes – rappelant qu’il y avait beaucoup à faire, par exemple s’en prendre aux grands bourgeois et leur train de vie délirant, avant de s’intéresser à l’impact de nos chats et de nos chiens sur la biodiversité et le #climat. Oui mais ne serions-nous pas des défenseurs de la planète en carton-pâte si nous ne considérions pas honnêtement la #responsabilité des animaux les plus populaires et les plus mignons sur ce qu’il nous arrive ?

    1 – La destruction de la biodiversité a plusieurs causes

    Quand on pense à l’écologie, on pense d’abord au sujet du réchauffement climatique dû à l’impact des activités humaines carbonés. Mais il y a d’autres sujets à prendre en compte parmi lesquels la baisse très rapide de la biodiversité (quantité d’espèces différentes sur la planète). Elle est en chute libre car de nombreux êtres vivants disparaissent du fait de la transformation, par les activités humaines, de leur environnement. C’est pourquoi on parle d’une “#sixième_extinction_de_masse” : une grande partie des espèces qui peuplent la terre pourrait disparaître prochainement. Selon l’Office Français de la Biodiversité, un établissement public créé récemment pour promouvoir la sauvegarde de ces espèces, 68 % des populations de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans. Et rien qu’en 15 ans, 30% des oiseaux des champs ont disparu, ainsi que 38% des chauves-souris. Si jamais on s’en fout royalement de ces animaux, on peut se rappeler que tout est lié et que ces disparitions ont des conséquences sur nos vies, car chacune de ces espèces jouent un rôle au sein d’un #écosystème, et que certaines peuvent ensuite prendre le dessus et devenir envahissantes…

    La France a un rôle particulier à jouer car elle est le 6e pays du monde à héberger des espèces menacées. Qu’est-ce qui, chez nous, contribue à cette #extinction_de_masse ? Comme partout, le #changement_climatique joue un rôle important en déstabilisant la vie et la reproduction de nombre d’espèces. Ensuite, la pollution de l’air, de l’eau et du sol est considérée par l’ONG WWF comme la première cause de perte de biodiversité dans le monde. On peut également citer la transformation de l’usage des #sols, avec le développement de l’agriculture intensive et l’étalement urbain : le premier transforme la végétation, par exemple en détruisant les #haies pour augmenter les surfaces cultivables par des engins de plus en plus gros, ce qui dégomme des lieux de vie pour nombres d’espèces, en particulier les insectes et les rongeurs, dont la disparition affecte ensuite les oiseaux.

    Il faut aussi mentionner la surexploitation des animaux, via la #pêche_intensive mais aussi la #chasse, bien que sur cette dernière activité, le débat fasse rage dans le cas de la France : les défenseurs de la chasse estiment qu’elle contribue à préserver la biodiversité, puisque les chasseurs “régulent” certaines espèces potentiellement envahissantes et relâchent dans la nature des animaux qu’ils élèvent le reste de l’année. Les lobbies de chasseurs dépensent beaucoup d’argent et de temps pour imposer cette réalité dans le débat public, allant jusqu’à dire que les chasseurs sont “les premiers écologistes de France”, mais les faits sont têtus : seuls 10% des oiseaux relâchés par leurs soins survivent car ils sont désorientés, incapables de se nourrir correctement et pas autonome. Quiconque vit en zone rurale connaît le spectacle navrant de ces faisans et autres bécasses qui errent au bord des routes, attirés par la présence humaine, en quête de nourriture… Quant à la “régulation” des #espèces_invasives, il semble que cela soit en grande partie une légende urbaine : “La grande majorité des animaux tués à la chasse, approximativement 90 ou 95 % n’ont pas besoin d’être régulés” explique le biologiste Pierre Rigaud au Média Vert.

    2 – Les espèces invasives, produits du #capitalisme mondialisé

    Mais dans la liste des causes de la baisse de la biodiversité, il faut mentionner l’impact très important des espèces invasives introduites par l’homme dans la nature – on arrive à nos chatons. Dans son dernier rapport, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, qui représente 130 gouvernements et publie des rapports réguliers) établit que la “présence cumulative d’#espèces_exotiques s’est accrue de 40% depuis 1980, et est associée à l’intensification des échange commerciaux ainsi qu’à la dynamique et aux tendances démographiques”. Parce que la “#mondialisation” est passée par là, ou, pour le dire clairement, que la #colonisation et la mise sous régime capitaliste du monde entier a eu lieu au cours du XXe siècle, des espèces circulent d’un continent à l’autre et parviennent dans des endroits où elles commettent de gros dégâts sur les espèces endémiques (“endémique” : qui vit dans un lieu donné. S’oppose à “exotique”).

    Le cas du #frelon_asiatique est très symptomatique : cette espèce a débarqué en France, vraisemblablement dans un conteneur venu de Chine, il y a 20 ans et nuit depuis largement à la biodiversité, notamment aux abeilles. 2004, c’est le début de l’intensification des #échanges_commerciaux avec l’Asie du fait de la délocalisation de toute une partie de la production industrielle en Chine, au grand bonheur des entreprises européennes et de leurs profits. Au passage, ils nous ont ramené le frelon.

    Mais nos animaux préférés seraient aussi en cause : les chats sont des mangeurs d’#oiseaux et ont effectivement, comme le dit François Gemenne, une part de responsabilité dans la baisse de la biodiversité… Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’ils provoquent autant de mortalité en France et en Belgique que… nos #fenêtres, contre lesquelles les oiseaux se cognent et meurent… Selon le Muséum d’Histoire Naturelle, interrogé par France Info, les chats ne sont pas les principaux responsables de la disparition des oiseaux car ”Leur raréfaction tient avant tout à la disparition des #insectes et la perte d’habitat. Le chat représente toutefois une pression supplémentaire importante sur une population fragilisée.” Ce serait en #ville et sur les #îles que l’impact des chats serait important, et non dans les campagnes, où il est “un prédateur parmi d’autres”.

    3 – Accuser les chats pour préserver les capitalistes ?

    Lorsque l’on regarde les principaux facteurs de chute de la biodiversité dans le monde, on constate que tout à avoir des décisions humaines. Quel type d’#agriculture développons-nous ? Comment construisons-nous nos villes ? A quelle fréquence faisons-nous circuler les marchandises et les animaux entre les différentes parties du monde ? Quelles activités polluantes décidons-nous de réduire et lesquelles nous choisissons de garder ? On est donc très loin d’une simple équation scientifique : face à un problème comme la sixième extinction de masse, ce sont des décisions collectives potentiellement très conflictuelles que nous devons prendre. Qui arrête son activité ? Qui la poursuit ? Qui va continuer à gagner de l’argent ? Qui va devoir perdre une activité très rentable ?

    Puisque le pouvoir, en France comme dans le monde, appartient aux défenseurs du capitalisme, la décision est pour l’instant la suivante : ce qui génère du profit doit continuer à pouvoir générer plus de profit. L’#agriculture_intensive doit donc continuer et se développer. C’est pourquoi, depuis 50 ans, 70% des haies et des #bocages, refuges de biodiversité, ont disparu, et le phénomène s’accélère. Car les lobbies de l’#agriculture_industrielle ont sévi et, encore récemment, ont obtenu de pouvoir continuer leur jeu de massacre. La #pollution des sols et de l’air ? Elle continue. Le #glyphosate, cet #herbicide qui dégomme les insectes et rend les animaux malades, a été autorisé pour 10 années de plus par l’Union Européenne, pour continuer à produire davantage sur le plan agricole, une production qui sera en grande partie exportée et qui contribuera au grand jeu des profits de l’#agroalimentaire

    Les villes et les villages peuvent continuer de s’étendre et c’est flagrant en zone rurale : puisque le marché du logement est dérégulé et qu’il est plus profitable de construire sur terrain nu que de réhabiliter de l’ancien dans les centre-bourgs, les périphéries des petites villes s’étendent tandis que les centres se meurent… L’#étalement_urbain, qui fait reculer la biodiversité, s’étend sous la pression du #marché_immobilier. Là encore, c’est un choix en faveur du capitalisme et au détriment de la biodiversité… Et inutile de parler du réchauffement climatique : la COP 28, dont la délégation française comprenait Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, s’est soldée par un “accord pitoyable”, pour reprendre les mots de Clément Sénéchal, spécialiste du climat, dans Politis. Mais François Gemenne, lui, s’en est réjoui avec enthousiasme.

    Le consensus des dirigeants du monde entier est donc le suivant : il ne faut donner aucune véritable contrainte aux marchés qui prospèrent sur la destruction des espèces vivantes sur cette planète. Et en France, puissance agricole, ce constat est encore plus flagrant.

    Alors, que nous reste-t-il ? Les #décisions_individuelles. Ce pis-aller de l’#écologie_bourgeoise qui consiste finalement à dire : “bon, on a tranché, on ne va pas toucher au train-train du capitalisme qui nous plaît tant mais par contre on va vous demander à vous, citoyens, de faire des efforts pour la planète”. Mais attention : sans trop mentionner la consommation de #viande, le seul “#petit_geste” qui a un impact très significatif parce que la consommation de viande est en moyenne la troisième source d’émission carbone des Français (avant l’avion). Les industriels de la viande veillent au grain et ne veulent surtout pas qu’on se penche là-dessus.

    Parler des animaux domestiques s’inscrit dans cette veine-là. Bien sûr que, dans l’absolu, les chats et les chiens ont un impact sur la biodiversité et sur le climat. Car tout a un #impact. Mais d’une part cet impact reste marginal et d’autre part il est non systémique. Certes, le capitalisme a trouvé un bon filon pour faire du profit sur le dos de nos amours pour ces animaux qui apportent de la joie et du bonheur chez de nombreuses personnes, il suffit d’entrer dans une animalerie pour cela : la diversité des aliments, des jouets, des accessoires, le tout dans des couleurs chatoyantes pour appâter le maître bien plus que le chien… Mais lorsque l’on parle des chats qui mangent des oiseaux, on ne parle pas du capitalisme. Pire, on en profite pour masquer l’impact bien plus significatif de certaines activités. Les chasseurs, qui dépensent de lourds moyens pour influencer le débat public et ne reculent devant aucun argument ne s’y sont pas trompés : #Willy_Schraen, le président de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a tenté d’orienter, en 2020, l’attention du public sur l’impact des chats, qu’il accuse, ironie du sort, de trop chasser et qu’il a appelé à piéger. Aucune solidarité dans la profession !

    4 – Sortir du discours écolo bourgeois : un mode d’emploi

    Les chats sont bel et bien des chasseurs mais il existe des solutions pour limiter leur impact sur la biodiversité : stériliser le plus souvent possible pour éviter leur prolifération, les faire sortir uniquement à certaines heures de la journée ou… jouer davantage avec eux durant la journée. Pas sûr que les mêmes solutions fonctionnent pour réduire l’impact de la FNSEA, de TotalEnergies, de Lactalis, de la CMA CGM et de tous les milliardaires français : le patrimoine de 63 d’entre eux, en France, émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population française.

    Pour amuser vos petites boules de poils, la rédaction de Frustration recommande l’arbre à chat. Pour amuser vos petits milliardaires on recommande la visite de l’épave du Titanic dans un sous-marin peu étanche

    Comment utiliser efficacement son temps d’antenne quand on est un scientifique médiatique comme #François_Gemenne ? On peut se faire mousser en se payant un petit bad buzz par la #culpabilisation des individus possédant un chat. Ou bien on peut prioriser les sujets, étant entendu que dans l’absolu, oui, toutes les activités humaines polluent et ont un impact sur la biodiversité. Comment procéder ?

    - Aller du plus systémique au moins systémique : critiquer le capitalisme (ou ses sous-catégories : marché immobilier, #agro-industrie, industrie pétrolière etc.), qui conduit les entreprises et les individus à chercher la production permanente et l’exploitation permanente dans un monde aux ressources finies, plutôt que les chats, qui se contentent de vivre et de paresser sans chercher à performer ou faire preuve de leur respect de la “valeur travail”.
    - Aller du plus impactant au moins impactant : oui, la nourriture des chiens pollue, mais l’industrie de la viande dans le monde est une bombe climatique. Mais peut-être est-il moins gênant de vexer Frolic et Royal Canin que Fleury Michon et Fabien Roussel ?
    – Aller du plus superflu au moins superflu : dans l’ordre, commencer à interdire les yachts et les vols en jet privé avant de s’en prendre à la voiture individuelle serait une bonne chose. Sans quoi, personne ne comprend la demande d’un effort à forte conséquence sur son mode de vie quand, pour d’autres, ce sont les loisirs qui seraient visés.

    Ensuite, puisqu’il faut trancher, que ces choix se fassent démocratiquement. Pour préserver la biodiversité, préfère-t-on interdire la chasse ou limiter le nombre de chats par personne ? Veut-on sortir du modèle agricole productiviste orienté vers la production de viande ou interdire les chiens ? Et si on rappelait au passage que les #animaux_de_compagnie sont parfois la seule famille des personnes seules et fragilisées, notamment parmi les personnes pauvres, et qu’ils fournissent des services à la population, non quantifiable sur le plan financier ?

    Bref, préférez-vous en finir avec les chatons ou avec la bourgeoisie ? De notre côté, la réponse est toute trouvée.

    https://www.frustrationmagazine.fr/chats-ecologie

    #chats #chat #écologie #animaux_domestiques #industrie_agro-alimentaire #priorité #à_lire

  • C’est marrant, toutes ces bougnoulettes qui geignent, et tous ces araboeux qui font les malins, pas un pour faire un film « Et ta sœur ? elle bat le beur » Ensuite ça ira se plaindre qu’ils ont un problème de #racisme et d’#intolérance... Pauvres bichons #mdr / Regardez vous en face, et si le bled vous manque, personne ne vous retient. #culture #échanges #diplomatie #politique L’Europe se passera du Maghreb, les Chinois n’attendent que ça.

  • Dopo? Una nuova guerra fredda
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Ucraina/Dopo-Una-nuova-guerra-fredda-216757

    Ci sarà un dopo anche in questo drammatico conflitto causato dell’aggressione della Russia all’Ucraina. E, per Paolo Bergamaschi, ex funzionario del Parlamento europeo, sarà caratterizzato da una nuova e duratura divisione in Europa

  • Deux années de crise Covid n’ont pas découragé la mobilité des étudiants africains
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/15/deux-annees-de-crise-covid-n-ont-pas-decourage-la-mobilite-des-etudiants-afr

    Deux années de crise Covid n’ont pas découragé la mobilité des étudiants africains. Le continent a un taux de mobilité deux fois plus élevé que la moyenne mondiale et sa population étudiante augmente rapidement.
    Les étudiants africains ont la bougeotte et deux ans de crise du Covid-19 n’ont pas étanché leur soif de mobilité. Que ce soit en dehors du continent ou à l’intérieur, le nombre de jeunes qui partent loin pour se former n’a cessé de progresser, atteignant en 2022 près de 550 000 sur une mobilité globale de 5,6 millions. Aujourd’hui, un étudiant « sortant » sur dix est africain et le taux de mobilité continentale est deux fois plus élevé que la moyenne mondiale. Passés les premiers mois de pandémie où les étudiants ont partout été assignés à résidence, collés à leur écran d’ordinateur, les départs ont repris au gré des réouvertures des frontières, des universités et de la vaccination. La France, de très loin la destination numéro un des jeunes Africains puisqu’elle en accueille un tiers, a vu une hausse moyenne de 16,5 % des « entrants » en 2021, selon les chiffres de Campus France.
    Le choix des universités françaises de privilégier un retour rapide aux cours en présentiel et sans jauge a joué en leur faveur. « Les cours en visio ont bien fonctionné pour moi à Cotonou, mais ça n’a évidemment pas la même saveur qu’être dans une grande université étrangère », témoigne Djimmy Djiffa, Béninois, en master 2 de gestion du patrimoine Erasmus +, revenu à Saint-Etienne (Loire) en septembre 2021.« Le rebond est bien là et l’appétence des jeunes aussi », confirme Laure Coudret-Laut, directrice de l’agence Erasmus + France. Ce programme européen de mobilité étudiante à l’international prévoit un budget 2021-2027 en hausse, à 2,2 milliards d’euros, pour lequel l’Afrique se taille la part du lion avec 40 % destinés aux échanges avec l’Europe et, nouveauté, un volet dédié à la formation professionnelle. « Notre ambition est de construire avec les Etats africains tout un écosystème pour former des techniciens de très bon niveau en partant des besoins réels du continent », explique Mme Coudret-Laut.
    Après la France, les Etats-Unis et le Royaune-Uni/ Les Etats-Unis, deuxième pays d’accueil des étudiants africains, annoncent, eux, une augmentation de 10,5 % par rapport à 2019, selon les chiffres de l’Institute of International Education. Un regain qui s’explique en partie par le retour, début 2021, d’une administration démocrate à la tête du pays après des années Trump qui avaient largement découragé, voire entravé, la présence des jeunes Africains avec moult tracasseries administratives.
    Quant au Royaume-Uni, troisième destination, le Home Office a vu le nombre de visas accordés en septembre 2021 grimper en flèche, porté notamment par les étudiants nigérians, champions de la mobilité, qui ont été presque cinq fois plus nombreux à s’inscrire dans le supérieur qu’en 2019.Ces hausses s’expliquent notamment par les fermetures totales ou partielles des universités d’autres pays privilégiés par les étudiants du continent comme la Malaisie, l’Arabie saoudite et la Turquie, respectivement 4e, 5e et 7e pays d’accueil.Enfin, la Chine, premier partenaire économique du continent, a développé une offre d’éducation supérieure de plus en plus courue par les jeunes Africains. Même si leur nombre exact est difficile à établir en raison de l’opacité des autorités chinoises – qui avancent le chiffre de 60 000 étudiants −, il n’en reste pas moins vrai qu’ils ont aussi été priés de rentrer chez eux, Pékin ayant même annoncé le prolongement des fermetures au-delà de début 2022.
    Des décisions qui ont obligé les jeunes à reporter leur projet de mobilité sur d’autres pays, y compris sur leur propre continent. « Pour ne pas avoir de rupture d’études à cause du Covid, beaucoup se sont tournés vers le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie », explique le Malien Mamadou Keïta, qui préside la Cellule pour le développement (CPD), une association d’aide aux étudiants maliens installée en France.De fait, un tiers de la mobilité étudiante africaine a lieu sur le continent lui-même. Les échanges Afrique-Afrique concernent au bas mot 180 000 jeunes chaque année, selon l’Unesco, et sûrement davantage, compte tenu du fait que des poids lourds démographiques tels que l’Egypte, l’Ethiopie et l’Angola communiquent peu de données.L’Afrique du Sud, qui a reçu plus de 41 000 continentaux en 2019, et le Maroc, dont l’attractivité a triplé en moins de dix ans, sont les chouchous des étudiants, les deux pays ayant de surcroît choisi de garder ouverts leurs établissements en 2020. Viennent ensuite le Sénégal, le Ghana, le Cameroun, l’Algérie, l’Ouganda, le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Tunisie, le Niger, le Burkina Faso, Madagascar et le Rwanda.
    Lire aussi Article réservé à nos abonnés « Investir dans la jeunesse est crucial pour l’avenir économique et politique de l’Afrique »
    « Les confinements ont provoqué des ruptures de scolarité, mais c’est surtout la crise économique qui s’en est suivie qui a fragilisé les étudiants mobiles sur le continent, car ils dépendent de bourses, explique la Nigérienne Fati N’Zi-Hassane, cheffe de division du Développement du capital humain de l’AUDA-Nepad, l’agence de développement de l’Union africaine (UA). Le retour sur les bancs de l’université s’est fait, mais il est difficile de dire combien sont restés sur le carreau. »
    Une comptabilité compliquée par la désorganisation qu’a engendrée la crise sanitaire. Etudiants boursiers coincés dans leur pays d’accueil, renvoyés chez eux ou même obligés d’abandonner leur cursus par manque de moyens… « On a vu toutes sortes de situations singulières, explique le Congolais Yamungu Along Boniface, vice-président du bureau intérimaire de l’African Student and Alumni Forum (ASAF) chargé de la mobilité. Les étudiants se sont démenés pour mettre à profit ces longs mois, notamment grâce à Internet, mais 2020 est une année perdue et les bourses n’ont pas toujours pu être prorogées en 2021. Les échanges ont repris avec vaccins et tests PCR et 2022 s’annonce bien, mais nos gouvernements continuent de nous imposer de fortes contraintes de déplacement alors qu’ici, le Covid n’est plus un sujet. »Les jeunes s’impatientent d’autant plus que le virus, qui circule en Afrique autant qu’ailleurs, tue beaucoup moins, notamment en raison de la jeunesse de la population, dont plus de 70 % ont moins de 30 ans. Une vitalité démographique qui a presque fait doubler le nombre d’étudiants en quinze ans et devrait encore multiplier par deux d’ici à 2030 les 15 millions d’inscrits à l’université, selon les prévisions de l’UA.
    Cérémonie de remise des diplômes à l’Université de Kampala, en mai 2021. L’Ouganda est l’une des destinations privilégiées des étudiants africains en mobilité sur leur propre continent.
    Pour relever ce défi majeur, l’institution panafricaine a annoncé fin 2021 la création, en partenariat avec l’Unesco, d’un organisme continental visant à harmoniser les diplômes et à accélérer l’émergence « d’une communauté de l’enseignement supérieur connectée garantissant un accès abordable aux études ». « La mobilité est en hausse, a indiqué Stefania Giannini, numéro deux de l’agence onusienne dans un communiqué conjoint avec l’UA. Les pôles d’enseignement du continent deviennent les destinations préférées des jeunes Africains. Pour s’adapter, il faut en priorité créer des systèmes inclusifs de qualité certifiée. » C’est dans ce but que, dès 2012, cinq Universités panafricaines régionales (PAU) ont ouvert, sur le modèle de l’Université panafricaine Senghor d’Alexandrie créée en 1989, au Cameroun, au Kenya, au Nigeria, en Algérie et en Afrique du Sud avec un objectif de croissance de 10 % par an.
    Le continent s’organise pour faciliter les échanges et les partenariats académiques fleurissent tous azimuts : baptisés Afridi, Mounaf, Capitum ou encore Ramsess, ces plates-formes relient des écoles de Dakar à Antananarivo et de Fès à Pietersburg, en Afrique du Sud, avec l’appui de fonds privés et européens. L’UE, qui vient de fêter les dix ans de son programme de mobilité « IntraAfrique », a développé un réseau qui implique désormais 79 établissements de 25 pays africains. Sans compter les partenariats binationaux à rayonnement régional tels que le Campus franco-sénégalais, le Campus France Côte d’Ivoire, l’Université française d’Egypte et enfin l’ouverture, en 2019, de l’Université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (UFTAM). « Le Covid, on va vivre avec, conclut Djimmy Djiffa, qui a fait son master 1 à Alexandrie et se prépare à partir au Portugal, en Roumanie puis en Italie en 2022 et 2023. Mais la jeunesse africaine doit découvrir toutes les possibilités qui s’offrent à elle et qu’elle méconnaît, notamment sur son propre continent. »

    #Covid-19#migration#migrant#afrique#sante#pandemie#etudiant#mobilite#echangesacademiques#circulation#cursus

  • Place des femmes dans la société assyrienne de l’#antiquité : en #Mésopotamie s’est développée une société dont les fondements reposent sur les #échanges_marchands, la #capitalisation, et l’apparition de l’#usure pratiquée par des banquiers. Pour assurer leurs prospérités et surtout celle de leurs proches, certaines femmes sont devenues des #femmes_d'affaires.

    #Archéologie : à la rencontre des premières femmes d’affaires, en Mésopotamie
    https://theconversation.com/archeologie-a-la-rencontre-des-premieres-femmes-daffaires-en-mesopo

    « Kulumaya t’apporte 9 étoffes, Iddin-Suen t’apporte 3 étoffes […] Pourquoi m’écris-tu à chaque fois : “ Les étoffes que tu m’envoies ne sont pas bonnes ? ” Qui donc vit dans ta maison et déprécie mes étoffes lorsqu’elles arrivent ? Pourtant, je fais de mon mieux pour fabriquer et t’envoyer régulièrement des étoffes afin qu’à chaque voyage, en retour, je dispose d’au moins 10 sicles (82,5 g) d’argent pour gérer ta maison. »

    Cette lettre, envoyée par Lamassî à son époux Pûshu-kên, a été découverte dans la maison de ce dernier lors des fouilles du site de Kültepe (non loin de Kayseri, Turquie), l’antique Kanesh, une ville prospère au XIXe siècle av. J.-C.

    https://vimeo.com/558945596

  • Notes anthropologiques (LXI)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-LXI

    Signe des temps, les historiens s’intéressent désormais à l’activité des échanges qu’ils tentent de saisir sous le concept, légèrement éculé, d’économie, obéissant en cela à l’idéologie ambiante. Ils ouvrent ainsi tout un pan de notre histoire qui était jusqu’à maintenant mal connu : l’activité des échanges aux époques reculées. Afin d’appréhender les différentes formes prises par les échanges et d’en marquer l’évolution, ils se réfèrent volontiers à Karl Polanyi qui, dans ses livres comme La Grande Transformation ou La Subsistance de l’homme, a distingué trois formes d’échange, les échanges fondés sur la réciprocité, ceux qui reposent sur la répartition-distribution et enfin les échanges marchands liés à la politique. Dans son dernier livre intitulé Histoire des peuples d’Amérique, Carmen Bernand évoque, elle aussi, Polanyi avant de faire une synthèse heureuse de nos connaissances concernant l’échange, en convoquant des anthropologues comme Marcel Mauss ou Maurice Godelier :

    « Les principes qui fondent ce qu’on appelle des “économies primitives”, à savoir la réciprocité, la redistribution et la circulation des biens, obéissent à des règles particulières. Certains aspects nous sont connus parce que nous disposons de documents écrits et d’une bonne ethnographie de terrain qui nous aide à saisir la dimension symbolique des choses. La réciprocité se fonde sur une obligation (morale, religieuse, statutaire) alors que, dans l’économie de marché, le paiement selon des règles fixées déchargerait l’acquéreur de toute obligation (Polanyi, 1965, p. 243-270). Les descriptions regorgent d’exemples de cette “obligation” faite au partenaire de recevoir et de rendre. Toute rupture de cette règle entraîne une succession d’infortunes. D’une façon générale, les choses ne sont pas inertes ; une fois “données”, elles gardent quelque chose du donateur. Précisons encore qu’il y a des objets qui ne sont jamais donnés parce qu’ils sont “incomparables” » (p. 68).

    Dans les notes anthropologiques, je me suis intéressé, de mon côté, aux échanges et aux différents modes pris par cette activité, j’ai tenté, pour ma part, de faire ressortir le lien qui unit le pouvoir à l’activité marchande (et, inversement, l’activité marchande au pouvoir). (...)

    #anthropologie #histoire #échanges #argent #aliénation #État #Karl_Polanyi #Carmen_Bernand #Pierre_Clastres #Jean-Paul_Demoule

  • Notes anthropologiques (LVII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-LVII

    Le commerce et le sacré

    Dans les emporia, ces comptoirs dédiés au commerce maritime en Méditerranée dans l’Antiquité, les archéologues ont découvert des vestiges de temples avec de nombreux ex-voto dédiés à la divinité. Les emporia sont installés dans des endroits stratégiques entre l’arrière-pays et la mer : il s’y concentre une intense activité commerciale, surtout à la fin du VIIe siècle avant notre ère. Ainsi le nom d’une richissime famille marchande d’Égine, les Sostratos, pourrait se retrouver dans des dédicaces à Apollon ou à Aphrodite à différentes époques et dans différents lieux de cet espace méditerranéen consacré au commerce. On a retrouvé les initiales S O qui pourraient être celles de Sostratos dans une dédicace à Aphrodite gravée sur un plat à Naucratis, comptoir marchand sur le delta du Nil. À Gravisca, autre site, cette fois sur la côte tyrrhénienne à proximité de Tarquinia, les archéologues ont mis au jour une ancre marine avec cette dédicace sur la barre transversale : « J’appartiens à Apollon d’Égine, Sostratos m’a fait… » L’offrande n’était pas isolée. Une dizaine d’autres jas d’ancre, sans inscription toutefois, ont été découverts dans le même sanctuaire. Enfin, on retrouve une dédicace à Apollon d’Égine dans le delta du Pô par un certain Sostratos.

    La religion avec ses temples et ses inscriptions votives est bien présente dans ces lieux entièrement voués au commerce. À Égine, dans la cité et dans l’île face à l’Attique, toute l’activité des citoyens semble bien orientée et dictée par le commerce maritime et lointain et les échanges marchands (...)

    #religion #commerce #échanges #sacré #Grèce_ancienne #Moyen_Âge #État #idéologie #Staline #Poutine #Xi_Jinping #Mexique #don #résistance #zapatistes

  • La santé mentale est un enjeu crucial des migrations contemporaines

    Si la migration est source d’espoirs liés à la découverte de nouveaux horizons, de nouveaux contextes sociaux et de nouvelles perspectives économiques, elle est également à des degrés divers un moment de rupture sociale et identitaire qui n’est pas sans conséquence sur la santé mentale.

    #Abdelmalek_Sayad, l’un des sociologues des migrations les plus influents de ces dernières décennies, a défini la condition du migrant comme étant suspendu entre deux mondes parallèles. #Sayad nous dit que le migrant est doublement absent, à son lieu d’origine et son lieu d’arrivée.

    Il est, en tant qu’émigrant, projeté dans une condition faite de perspectives et, très souvent, d’illusions qui l’éloignent de son lieu d’origine. Mais le migrant est tout aussi absent dans sa #condition ^_d’immigré, dans les processus d’#adaptation à un contexte nouveau et souvent hostile, source de nombreuses #souffrances.

    Quelles sont les conséquences de cette #double_absence et plus largement de cette transition de vie dans la santé mentale des migrants ?

    Migrer implique une perte de #capital_social

    Migrer, c’est quitter un #univers_social pour un autre. Les #contacts, les #échanges et les #relations_interpersonnelles qui soutiennent chacun de nous sont perturbés, fragmentés ou même rompus durant cette transition.

    Si pour certains la migration implique un renforcement du capital social (ou économique), dans la plupart des cas elle mène à une perte de capital social. Dans un entretien mené en 2015, un demandeur d’asile afghan souligne cette #rupture_sociale et la difficulté de maintenir des liens avec son pays d’origine :

    « C’est très difficile de quitter son pays parce que ce n’est pas seulement ta terre que tu quittes, mais toute ta vie, ta famille. J’ai des contacts avec ma famille de temps en temps, mais c’est difficile parce que les talibans détruisent souvent les lignes de téléphone, et donc, c’est difficile de les joindre. »

    Pour contrer ou éviter cette perte de capital social, de nombreux #réseaux_transnationaux et organisations d’immigrants dans les pays d’accueil sont créés et jouent dans la vie des migrants un rôle primordial.

    À titre d’exemple, la migration italienne d’après-guerre s’est caractérisée par une forte structuration en #communautés. Ils ont créé d’importants organisations et réseaux, notamment des organisations politiques et syndicales, des centres catholiques et culturels, dont certains sont encore actifs dans les pays de la #diaspora italienne.

    L’#environnement_social et la manière dont les sociétés d’arrivée vont accueillir et inclure les migrants, vont être donc des éléments clés dans la #résilience de ces populations face aux défis posés par leur trajectoire de vie et par leur #parcours_migratoire. Les migrants peuvent en effet rencontrer des situations qui mettent en danger leur #santé physique et mentale dans leur lieu d’origine, pendant leur transit et à leur destination finale.

    Cela est particulièrement vrai pour les migrants forcés qui sont souvent confrontés à des expériences de #détention, de #violence et d’#exploitation susceptibles de provoquer des #troubles_post-traumatiques, dépressifs et anxieux. C’est le cas des centaines de milliers de réfugiés qui fuient les #conflits_armés depuis 2015, principalement dans les régions de la Syrie et de l’Afrique subsaharienne.

    Ces migrants subissent des #violences tout au long de leur parcours, y compris la violence des lois de l’asile dans nos sociétés.

    L’environnement social est une des clés de la santé mentale

    Dans son document d’orientation « Mental health promotion and mental health care in refugees and migrants », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique l’#intégration_sociale comme l’un des domaines d’intervention les plus importants pour combattre les problèmes de santé mentale dans les populations migrantes.

    Pour l’OMS, la lutte contre l’#isolement et la promotion de l’#intégration sont des facteurs clés, tout comme les interventions visant à faciliter le relations entre les migrants et les services de soins, et à améliorer les pratiques et les traitements cliniques.

    Cependant, l’appartenance à des réseaux dans un environnement social donné est une condition essentielle pour le bien-être mental de l’individu, mais elle n’est pas suffisante.

    Le philosophe allemand #Axel_Honneth souligne notamment que la #confiance_en_soi, l’#estime_de_soi et la capacité à s’ouvrir à la société trouvent leurs origines dans le concept de #reconnaissance. Chaque individu est mu par le besoin que son environnement social et la société, dans laquelle il ou elle vit, valorisent ses #identités et lui accordent une place comme #sujet_de_droit.

    Les identités des migrants doivent être reconnues par la société

    À cet égard, se construire de nouvelles identités sociales et maintenir une #continuité_identitaire entre l’avant et l’après-migration permet aux migrants de diminuer les risques de #détresse_psychologique.

    https://www.youtube.com/watch?v=oNC4C4OqomI&feature=emb_logo

    Être discriminé, exclu ou ostracisé du fait de ses appartenances et son identité affecte profondément la santé mentale. En réaction à ce sentiment d’#exclusion ou de #discrimination, maintenir une estime de soi positive et un #équilibre_psychosocial passe souvent parla prise de distance par rapport à la société discriminante et le #repli vers d’autres groupes plus soutenants.

    La #reconnaissance_juridique, un élément central

    Or ce principe de reconnaissance s’articule tant au niveau de la sphère sociale qu’au niveau juridique. Dans les sociétés d’accueil, les migrants doivent être reconnus comme porteurs de droits civils, sociaux et politiques.

    Au-delà des enjeux pragmatiques liés à l’accès à des services, à une protection ou au #marché_de_l’emploi, l’obtention de droits et d’un #statut_juridique permet de retrouver une forme de contrôle sur la poursuite de sa vie.

    Certaines catégories de migrants vivant soit en procédure pour faire reconnaître leurs droits, comme les demandeurs d’asile, soit en situation irrégulière, comme les « #sans-papiers », doivent souvent faire face à des situations psychologiquement compliquées.

    À cet égard, les sans-papiers sont presque totalement exclus, privés de leurs #droits_fondamentaux et criminalisés par la justice. Les demandeurs d’asile sont quant à eux souvent pris dans la #bureaucratie du système d’accueil durant des périodes déraisonnablement longues, vivant dans des conditions psychologiques difficiles et parfois dans un profond #isolement_social. Cela est bien exprimé par un jeune migrant kenyan que nous avions interviewé en 2018 dans une structure d’accueil belge :

    « Je suis arrivé quand ils ont ouvert le [centre d’accueil], et je suis toujours là ! Cela fait presque trois ans maintenant ! Ma première demande a été rejetée et maintenant, si c’est un “non”, je vais devoir quitter le territoire. […] Tous ces jours, les mois d’attente, pour quoi faire ? Pour rien avoir ? Pour devenir un sans-papiers ? Je vais devenir fou, je préfère me tuer. »

    Être dans l’#attente d’une décision sur son statut ou être dénié de droits plonge l’individu dans l’#insécurité et dans une situation où toute #projection est rendue compliquée, voire impossible.

    Nous avons souligné ailleurs que la lourdeur des procédures et le sentiment de #déshumanisation dans l’examen des demandes d’asile causent d’importantes #frustrations chez les migrants, et peuvent avoir un impact sur leur #bien-être et leur santé mentale.

    La migration est un moment de nombreuses #ruptures sociales et identitaires face auxquelles les individus vont (ré)agir et mobiliser les ressources disponibles dans leur environnement. Donner, alimenter et construire ces ressources autour et avec les migrants les plus vulnérables constitue dès lors un enjeu de #santé_publique.

    https://theconversation.com/la-sante-mentale-est-un-enjeu-crucial-des-migrations-contemporaines

    #santé_mentale #asile #migrations #réfugiés

    ping @_kg_ @isskein @karine4

  • La Grande Transformation (X)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-X

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    Écrit en 1944, le livre de Karl Polanyi La Grande Transformation présente les conditions sociales qui ont abouti à la crise de 1929 et à la Deuxième Guerre mondiale. C’est un livre touffu et il n’est pas toujours aisé de suivre dans leur développement les analyses auxquelles se livre l’auteur. Toutefois le point de vue qui est le sien et qui oppose la société au marché est d’un immense intérêt si nous cherchons, comme Archimède, un point d’appui théorique pour comprendre ce que fait le monde. « Aucune économie de marché séparée de la sphère du politique n’est possible », écrit Karl Polanyi. Ce lien entre l’État et l’activité marchande est sans doute apparu dès le départ avec la formation de l’État, comme j’ai été amené à le constater à travers notre histoire depuis la plus haute antiquité. D’après l’auteur ce serait l’émancipation du marché et des marchands de cette vigilance constante et attentive de l’État et les mesures inadéquates prises par celui-ci qui auraient amené la grande crise et la Deuxième Guerre mondiale. Cette séparation entre la société et le marché est marquée par une opposition d’intérêts : les fins poursuivies ne sont pas les mêmes, le marché tire vers l’intérêt particulier, il a pour but le gain et le profit, la société a pour fin le vivre ensemble. L’État tente donc de limiter les dégâts sociaux du marché par différentes mesures qui ont pour but de le contrôler et d’éviter sa brutale intrusion, aux conséquences désastreuses, dans la société. (...)

    #Karl_Polanyi #État #marché #société #échanges #don #usages #savoir-vivre

    • Un bon paquet de punchlines pour mettre en perspective les observations trop faciles. #urbanisme #ville #densité #pauvreté #échanges #covid

      A propos de l’Ile de France :

      La majorité des Franciliens disent avoir bien vécu le confinement (IAU 2020) ; il ne faut donc pas s’attendre à des mouvements d’ampleur, d’autant que ceux qui l’ont mal vécu (pour cause de logements suroccupés ou par obligation de se rendre à ses risques au travail en transport collectif ont de faibles capacités de choix résidentiel. Toutefois, les enquêtes post-Covid montrent qu’une partie minoritaire souhaite changer : pour des appartements avec patios ou terrasse ; pour le périurbain ; pour des villes moyennes. C’est en ligne avec des attentes antérieures à l’épidémie (Obsoco 2017 ; Forum Vies mobiles 2018).

      Enfin, vélo et télétravail sortent renforcés de cette période inédite, alors que les transports collectifs ont été durablement fragilisés. Ils font face à une grève sans précédent, celle de la clientèle. Si un modèle multimodal s’impose (par exemple deux jours en télétravail, un jour en visite de clientèle en voiture, deux jours en transport collectif), les abonnements de type Pass Navigo perdront de leur pertinence.

      Questions vives pour l’urbanisme

      Le travail de l’urbaniste consiste à rechercher un équilibre entre la prise en compte du réel, les désirs des citadins et le souci d’éviter que la somme des intérêts individuels ne conduise à des externalités négatives pour la collectivité. Si l’on admet que le confinement a transformé les aspirations des citadins – ou mis au jour leurs aspirations latentes –, l’urbaniste vivra dans un monde en partie nouveau.

  • La Grande Transformation (VI)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-VI

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    L’argent est la représentation de l’idée d’échange, il la matérialise en quelque sorte. Il est à la fois l’idée d’échange et le moyen par lequel l’échange se réalise (la monnaie d’échange). Dans notre société l’idée de l’échange est au départ de toute l’opération comme représentation et elle déclenche tout le mouvement de la pensée jusqu’à sa conclusion : l’échange réalisé. Nous retrouvons l’argent à toutes les étapes de l’opération : au départ, c’est le capital financier ; au cours du mouvement de la pensée, de la production d’un bien à échanger — ce que j’appellerai, à la suite de Hegel, la suppression du travail en vue de l’objet à produire —, c’est l’argent comme investissement, et cet investissement prend généralement la forme de la dette ; à la fin du processus nous retrouvons l’argent comme monnaie universelle d’échange : des marchandises contre de l’argent. Tout au long de l’opération nous trouvons le marchand et les banques. Le rôle des banques consiste principalement à prêter de l’argent en vue de la production d’un bien qui entrera dans la ronde des échanges. Elles sont les dépositaires du capital, de l’argent qu’elles vont investir sous forme de prêt (et de dette) à l’entrepreneur — du petit entrepreneur, au patron d’usine, et à l’État — et cet argent est garanti par l’État, par cette connivence implicite qui lie l’État aux marchands et aux banques ; enfin ce sont encore les banques qui récupèrent sous forme de remboursement de la dette avec intérêt les sommes qu’elles avaient investies dans la production d’une marchandise et de son échange avec toutes les autres marchandises. (...)

    #Karl_Polanyi #marché #échanges #État #banques #dette #christianisme #aliénation #Mexique #zapatistes

  • La Grande Transformation (IV)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-IV

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    Dans la représentation indo-européenne de la société, la troisième fonction ne comprend au tout début que les éleveurs et les agriculteurs, ce n’est qu’au cours du temps que les marchands vont s’infiltrer et s’immiscer dans cette dernière catégorie de la population, qui comprendra alors les marchands, les paysans et les artisans. L’importance des marchands est alors pleinement reconnue. Leur fonction sociale s’ajoute à celle des prêtres et à celle des guerriers. Les marchands forment désormais une classe sociale comme les brahmanes et comme les ksatriya (les guerriers et les princes). C’est intéressant car cette dernière fonction, productrice de richesses, comprend les marchands chargés de l’échange de biens et ceux qui produisent les biens à échanger. La production de biens (la richesse) par les paysans et les artisans passe chez les nobles par l’intermédiaire des marchands, et les nobles se chargent d’offrir ces biens à d’autres nobles de manière ostentatoire. Cette représentation de la réalité ne cherche pas à être une critique de la réalité, elle dit seulement ce qui est, elle est une représentation mentale qui se veut conforme à la réalité et qui donne la clé du réel ; c’est bien, ainsi que le signale Georges Dumézil : une idéologie offrant les cadres mentaux et catégoriels qui permettent de saisir et de comprendre la réalité, d’appréhender le monde tel qu’il s’est constitué suite à la domination indo-européenne et tel qu’il s’impose à la conscience des sages, qui sont les « intellectuels » de ces temps. (...)

    #Karl_Polanyi #Georges_Dumézil #échanges #cosmovision #domestication #Cangaceiros #aliénation #Mexique #exploitation #festins #ripaille #Grèce #Renaissance #Bruegel #ivresse #coronavirus

  • La Grande Transformation (III)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-III

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    Dans son livre La Grande Transformation, Karl Polanyi nous dit que la motivation profonde de l’homme reste sociale, hier, dans les sociétés primitives, comme aujourd’hui dans le monde contemporain. Dans la société originelle, cette motivation était seulement plus visible dans la mesure où le marché (qui repose sur la recherche du profit) ne venait pas encore troubler notre perception de l’homme et de la société. Dans la société primitive, « tous les échanges s’effectuent comme des dons gratuits dont on attend qu’ils soient payés de retour, quoique pas nécessairement par le même individu — procédure minutieusement articulées et parfaitement préservées grâce à des méthodes élaborées de publicité, à des rites magiques et à la création des “dualités” (dualities) qui lient les groupes par des obligations mutuelles — et cela devrait par soi-même expliquer l’absence de gain, ou même de celle d’une richesse qui ne soit pas seulement constituée d’objets qui accroissent traditionnellement le prestige social ».

    Dans ces observations sur le fonctionnement des sociétés originelles, l’auteur fait bien la distinction entre le don lié à la conscience sociale et le prestige lié au paraître (et cela devrait par soi-même expliquer l’absence de gain, ou même de celle d’une richesse qui ne soit pas seulement constituée d’objets qui accroissent traditionnellement le prestige social). Il rejoint ainsi les conclusions auxquelles j’étais arrivé lors de mes derniers commentaires. L’activité marchande a un rapport, d’une part, avec l’intérêt particulier, le souci du gain, et, d’autre part, avec le paraître qui accroît le prestige social. (...)

    #Karl_Polanyi #échanges #paraître #prestige #profit #aliénation #État #tribut #travail #argent

  • La Grande Transformation (II)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-II

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    De l’eau a coulé sous les ponts de Paris et le sanglier et la marguerite restent désormais figés par quelques maléfices dans leur extériorité, nous ne saisissons plus le sanglier ou la marguerite comme des êtres poursuivant leur idée, comme des êtres animés par une pensée. Nous ne saisissons plus l’idée qui se cache sous sa représentation, derrière le sanglier ou derrière la marguerite. Sans doute parce que la pensée qui nous anime n’est plus véritablement la nôtre, qu’elle nous est devenue extérieure et pour ainsi dire, étrangère. Avec l’argent, elle n’est plus, pour nous, qu’une apparence, du moins c’est bien ainsi qu’elle se manifeste : elle se trouve réduite à son apparence, figée dans son apparence, dans sa représentation qui est à la fois matérielle et mentale.

    L’idée de l’échange et sa représentation sous une forme matérielle (ou capital) se trouve à l’origine de l’échange et par suite de la vie sociale. La représentation de l’idée se trouve à l’origine de la pensée. La représentation de l’idée ou l’idée dans une tête (ce que j’ai appelé le capital), le capital, se trouve à l’origine de la vie sociale. Sur ce plan, Karl Polanyi réduit la notion de capital à ce qu’elle représente aujourd’hui, le capital financier, et l’échange à ce que nous connaissons comme échange, à l’échange marchand. Cela revient à critiquer l’idée, l’idée de l’échange, qui se trouve au commencement de la vie sociale en fonction de l’idée de l’échange telle qu’elle s’impose de nos jours. (...)

    #Karl_Polanyi #échanges #capital #marché #État #origine #Luc_de_Heusch #aliénation #économie #argent #apparence

  • La Grande Transformation (I)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-I

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    Je commence un ensemble d’articles qui se rapportent à une lecture critique du livre de Karl Polanyi intitulé La Grande Transformation. Ce livre me semble d’une grande actualité ainsi que la perspective proposée par l’auteur qui oppose la société au marché. Une « grande transformation » de la vie sociale paraissait imminente à l’époque (1944) où le livre a été écrit. Elle a bien eu lieu mais pas dans le sens qu’espérait l’auteur, la victoire de la société sur le marché. La société n’a pas pris le dessus, c’est tout le contraire qui s’est passé : la mainmise du marché sur la société. L’intuition de l’auteur était bonne : après la deuxième guerre mondiale, la situation était critique et le monde pouvait basculer d’un côté comme de l’autre. La société pouvait réagir et s’opposer à la pénétration désastreuse du marché en son sein ; cette réaction attendue de la société ne s’est pas faite et elle s’est trouvée envahie par des intérêts privés qui lui sont contraires. L’opposition établie par Karl Polanyi entre société et marché me paraît particulièrement appropriée pour tenter de comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons et qui nous est donnée de vivre. Les éléments proposés à notre réflexion par l’auteur restent, sur bien des plans, pertinents pour comprendre notre époque et saisir les conditions d’une éventuelle grande transformation. (...)

    #anthropologie #économie #Karl_Polanyi #argent #aliénation #capital #échanges #État

  • Les foyers de « morts mystérieuses » se multiplient dans le nord du Nigeria
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/05/13/les-foyers-de-morts-mysterieuses-se-multiplient-dans-le-nord-du-nigeria_6039

    Canot, la grande capitale du nord du pays est le centre névralgique de toute la bande sahélienne du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec quelque 215 millions d’habitants. Dans cette région, les taux d’extrême pauvreté (1,25 dollar par jour, selon les critères de la Banque mondiale) frôlent 90 % de la population dans certains Etats comme Sokoto ou Jigawa, selon les derniers chiffres officiels. Les échanges commerciaux entre la population sont très importants d’Etat en Etat. « Lorsque Kano éternue, c’est tout le Nord qui attrape la grippe », résume le docteur Ibrahim Musa, médecin de la région. D’autre part, des milliers d’enfants des rues ont été renvoyés par camions dans leur village au début du confinement, faisant craindre qu’ils aient pu disséminer le coronavirus à travers tous les Etats voisins. L’arrivée du nouveau coronavirus ajoute donc un autre défi majeur pour les services de santé à genoux, au-delà du point de rupture, en manque de matériel et de personnel. « Nous ne pouvons pas nier le fait que le Covid-19 fait des ravages à Kano et dans la région, mais les autres épidémies qui ont précédé cette pandémie rajoutent encore des complications à gérer cette crise », explique de son côté M. Musa. En effet, cette période de l’année, d’avril à juin, est habituellement la plus chaude et la plus propice à la propagation des maladies prévalentes dans cette région comme le choléra, la typhoïde, la méningite ou la rougeole… « Nous sommes déjà confrontés à de multiples épidémies, ce qui explique que le nombre de décès qui dépasse l’entendement », explique à l’AFP Sadiq Wali, professeur de médecine à Kano.

    #Covid-19#Nigeria#Kano#circulations#coronavirus#échanges#commerce#densité-population#dissémination#enfants-des-rues#pratiques-funéraires#migrant#migration#système-santé#pauvreté#méningite#choléra#typhoïde

  • La pandémie de coronavirus fait peser un risque de crise alimentaire mondiale, alertent l’ONU et l’OMC

    « Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation », provoquant elle-même « une pénurie sur le marché mondial », déclarent dans un rare communiqué commun le Chinois Qu Dongyu, qui dirige l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur-général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Brésilien Roberto Azevedo, dirigeant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

    https://www.latribune.fr/economie/international/la-pandemie-de-coronavirus-fait-peser-un-risque-de-crise-alimentaire-mondi

    #Coronavirus #alimentation #pénurie #échanges-mondiaux #FAO #OMS

  • Notes anthropologiques (XLIX)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XLIX

    Traité sur l’apparence (IV)
    Idéologie et cosmovision

    Le pouvoir se conçoit comme l’exercice contraignant d’une volonté, celle d’une minorité sur le plus grand nombre, en fin de compte, sur la société ; l’État est la forme prise par cette séparation à l’intérieur d’une société entre une classe sociale (que j’ai définie comme la classe de la pensée) et la population saisie dans sa dimension sociale, réduite le plus souvent à produire des biens (une richesse) qui seront ensuite échangés par ceux qui se trouvent au centre de l’activité sociale (les marchands). L’activité marchande a envahi à un tel point notre vie qu’elle constitue la seule expérience que nous ayons de l’échange. Le commerce de marchandises (le marché) en étant l’unique expérience que nous avons de la vie sociale a profondément modifié et modelé notre vision du monde. Déjà avec Karl Polanyi, l’idée de l’échange n’avait plus qu’une seule signification, celle d’échange marchand. De nos jours, pour les historiens et les anthropologues (comme Testart), le mot échange n’a plus qu’un sens unique. Les autres formes d’échange se trouvent à tel point subordonnées à l’échange marchand qu’elles sont reléguées dans les marges de la conscience pour y disparaître comme un bateau faisant naufrage. La victoire du point de vue du marchand sur d’autres points de vue ? La victoire du marché sur la société est totale. (...)

    #anthropologie #échanges #apparence #non-être #cosmovision #idéologie #Polanyi #van_Gogh #Artaud #Descola #Castaneda #Mexique #Oaxaca #Dumézil

  • Notes anthropologiques (XLVIII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XLVIII

    Traité sur l’apparence (IV)
    Cosmovision et activité marchande

    Dans un livre consacré à la « naissance de la Grèce », les auteurs font état de la découverte de petits objets provenant de Tirynthe et d’autres sites égéens qui se sont révélés être des poids, « réglés par un système proche-oriental ». Voici donc la notion de mesure qui s’infiltre dans les échanges entre les humains au troisième millénaire avant J.-C. « Les poids les plus anciens du monde égéen datent du bronze ancien et indiquent des liens étroits avec l’aire levantine et le Proche-Orient en général. » Et Julien Zurbach de préciser : « Les poids et mesures, éléments fondamentaux de toute société, sont un indice extrêmement fin et précis des relations d’échange… » Considérer que les poids et mesures sont des éléments fondamentaux de toute société et qu’ils sont un indice précis des relations d’échange a de quoi nous surprendre. Une telle vue met à la trappe sans autre forme de procès tous les échanges qui reposent sur le don, et où il n’est question ni de poids ni de mesures. Une telle idée qui consiste à ne prendre en considération que les échanges marchands peut bien paraître saugrenue. Cependant je pourrais me trouver en accord avec les historiens qui s’intéressent par vocation à ce qu’ils nomment civilisation et il est fort possible que ce qu’ils conçoivent comme étant « la » civilisation commence par l’échange marchand. (...)

    #anthropologie #échanges #don #mesures #valeur #civilisation #société #marchandises #obligation #Jean-Paul_Demoule #cauris #État #nature #culture #Hegel #inégalité #Marx

    • @ktche pas la première fois mais dans ce texte Georges Lapierre s’inscrit en faux contre une des bases de Marx qu’utilise la critique de la valeur (c’est répété dans de nombreux textes) comme quoi celle-ci est calculée (par les capitalistes) sur le temps social nécessaire pour la fabriquer (modulo l’état technologique du moment).

      Un exemple dans une note là

      Les économistes, qui sont seulement les thuriféraires des marchands, entrent dans leur jeu pour présenter le monde de l’activité marchande comme un monde objectif pour ainsi dire naturel et qui ne peut en aucune manière être critiqué. Ils se sont cassé la tête pour déterminer objectivement la valeur d’échange d’une marchandise, faire en sorte qu’elle ne soit plus rattachée à la subjectivité des uns et des autres, en l’occurrence à celle des marchands ; Karl Marx, par exemple, la rattache au temps de travail social nécessaire pour produire une marchandise, ce qui ne voulait rien dire du temps de Karl Marx quand le prix d’une paire de godillots changeait d’un pays à l’autre et qui, de nos jours, ne veut toujours rien dire quand le prix d’une même paire de baskets varie, elle aussi, considérablement d’un pays à l’autre alors que cette paire est produite dans le même pays du tiers monde . En fait, c’est seulement le marchand, et lui seul, qui décide de la valeur d’une paire de godillots ou de baskets en fonction de critères qui lui sont propres et dont l’origine remonte aux spéculations boursières.

      Bon j’ai l’impression qu’il y a une confusion entre « comment Marx la définit » et « comment Marx dit que les capitalistes la définissent », mais reste cette critique sur la subjectivité, aussi bien avant que les capitalistes de maintenant, sur la valorisation d’une marchandise.

      Est-ce qu’il y a des textes expliquant les différentes approches ou critiquant cette approche subjective ?
      Sur certains points j’ai l’impression que les explications de Lapierre sont proches de la wertkritik et parfois je vois bien qu’il tient à se distinguer clairement des conceptions de Marx. Et je n’arrive pas à synthétiser clairement les convergences et divergences.

    • De l’extrait que tu cites ci-dessus, je mettrais rapidement en avant deux divergences avec l’approche de la critique de la valeur

      1) L’équivalence entre prix et valeur : le prix est l’expression phénoménale, dans la sphère de la circulation, de la valeur qui est entièrement déterminée dans la sphère de la production. La distinction opérée entre les deux par Marx est celle entre une catégorie substantielle et un phénomène, certes dérivé, mais dont les multiples autres déterminations contradictoires ne permettent pas de poser une équivalence valeur = prix. Cette équivalence est plutôt celle que font les économistes néo-classiques dits marginalistes, parce qu’ils réduisent la notion de survaleur à celle de profit, selon l’approche subjective qu’en a justement le marchand.

      2) L’analyse en terme de marchandise individuelle : si chaque marchandise « porte » les déterminations qui sont celles de la production marchande, il n’est pas possible d’en faire l’analyse à partir d’une simple partie. La production marchande est une totalité dans le sens où elle imprime sa marque (l’abstraction, l’indifférence au contenu) sur chaque marchandise, pas dans le sens où elle serait la somme des marchandises prises séparément. Encore une fois, c’est justement la vision subjective du marchand qui voit le tout comme la somme des parties qui médiatisent son rapport aux autres sujets de la production marchande, et non pas comme une propriété commune qui échappe à son appréhension.

  • L’UE veut multiplier les « #partenariats » avec les pays africains

    L’UE cherche à placer une série de « partenariats » de diverses thématiques politiques au cœur de sa #stratégie_UE-Afrique, qui sera officiellement lancée début mars, selon un document confidentiel.

    22 commissaires européens sur 27 doivent se retrouver jeudi à Addis Abeba en Ethiopie, pour le sommet de l’Union africaine. Le continent, dont la présidente de la commission a fait une priorité, doit faire l’objet d’une stratégie ad hoc. Dans une première version qu’Euractiv a pu consulter, la Commission assure qu’il faut « changer de discours et regarder l’Afrique sous l’angle de son devenir : la terre de la plus jeune population mondiale, la plus grande région commerciale depuis la création de l’OMC, un appétit pour l’intégration régionale, l’autonomisation des femmes, et tout ça créant d’immenses #opportunités_économiques. »

    L’ébauche de stratégie énonce aussi les domaines que l’UE couvrirait. Elle souhaite ainsi créer des partenariats pour la #croissance_durable et l’#emploi, pour une #transition_écologique, pour une #transformation_numérique, pour la #paix, la #sécurité, la #gouvernance et la #résilience, mais aussi pour la #migration et la #mobilité et enfin, le #multilatéralisme.

    L’accent mis sur les « partenariats » plutôt que sur le « #développement » y est clair. Il avait aussi marqué les premiers mois de la Commission #Von_der_Leyen.

    Le document de la Commission contient peu de substance sur les politiques mais montre la direction de la politique EU-Afrique dans l’un des documents clés donnant les orientations de la Commission « géopolitique » d’#Ursula_von_der_Leyen. Il devrait être dévoilé par l’exécutif le 4 mars sous la forme d’une communication, mais il est peu probable qu’il devienne une politique officielle avant le sommet UE/Union africaine en octobre à Bruxelles.

    Le processus d’ébauche de la #stratégie a débuté avec une réunion des ministres européens du Développement le 13 février dernier. Ces derniers doivent maintenant adopter des conclusions lors d’un Conseil Affaires étrangères en avril ou mai, puis lors du sommet européen des 18 et 19 juin.

    La #politique_africaine est aussi portée par le gouvernement finlandais, qui détient la présidence tournante de l’UE jusqu’en juillet.

    « La #Finlande prépare aussi sa propre stratégie pour l’Afrique. Les deux stratégies visent à renforcer un #partenariat_stratégique entre égaux entre l’UE et l’Afrique, et à stimuler leurs relations commerciales et politiques », commente la ministre finlandaise du Développement, Ville Skinnari.

    La stratégie se concentrera probablement sur les manières d’accroître les #opportunités_commerciales et l’#investissement entre les deux continents. Elle promet aussi davantage de soutien de l’UE pour l’accord établissant la #zone_de_libre-échange continentale africaine, qui entrera en vigueur plus tard dans l’année.

    Il risque néanmoins d’être éclipsé par les lentes tractations autour du successeur de l’#accord_de_Cotonou, qui couvre les relations politiques et commerciales entre l’UE et l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique. L’accord de Cotonou expire en mars et pour l’instant pas l’ombre d’un nouvel accord à l’horizon.

    L’exécutif européen assure qu’il est sur la bonne voie pour verser les 44 milliards d’euros d’investissements dans le #secteur_privé promis dans le cadre du #Plan_extérieur_d’investissement lancé par la Commission Juncker. Reste à savoir si la nouvelle « stratégie » comprendra de nouveaux investissements ou outils d’investissement.

    La note confidentielle souligne seulement que la Commission se concentrera sur « la mobilisation de tous les moyens : l’#engagement_politique, l’#aide_publique_au_développement, la #sécurité, la mobilisation des #ressources_domestiques, le secteur privé, etc. »

    L’UE est loin d’être le seul acteur international en lice pour développer davantage de relations économiques et politiques avec l’Afrique. Le #Royaume-Uni, l’#Inde, la #Turquie, la #Russie et la #France ont organisé ou organisent des conférences sur l’investissement axées sur l’Afrique en 2020.

    L’administration américaine de Donald Trump a également commencé à étoffer sa nouvelle offre de #commerce et d’investissement aux dirigeants africains.

    Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, s’est rendu au Sénégal, en Éthiopie et en Angola pour une tournée express du continent la semaine dernière. Il s’agissait de son premier voyage en Afrique subsaharienne depuis sa prise de fonction il y a deux ans.

    L’administration Trump a entamé des pourparlers sur un accord de libre-échange avec le #Kenya ce mois-ci. Selon elle, c’est le premier d’une série d’#accords_commerciaux_bilatéraux avec les nations africaines dans le cadre de sa nouvelle stratégie commerciale « #Prosper_Africa ».

    Dans le même temps, Washington veut que sa nouvelle #Société_internationale_financière_pour_le_développement rivalise avec les investissements chinois sur le continent africain.

    https://www.euractiv.fr/section/l-europe-dans-le-monde/news/partnerships-to-be-at-heart-of-eu-africa-strategy-leaked-paper-reveals
    #Afrique #accords #UE #EU #libre_échange #USA #Etats-Unis

    • A record number of College members travel to Addis Ababa for the 10th European Union-African Union Commission-to-Commission meeting

      The President of the European Commission, Ursula von der Leyen, travels tomorrow to Addis Ababa, Ethiopia, for the 10th Commission-to-Commission meeting between the European Union and the African Union, accompanied by 20 Commissioners and the EU High Representative for Foreign Affairs and Security Policy. Discussions will focus on key issues such as growth, jobs, green transition, digital, peace, security and governance, and mobility and migration.

      Before departing Brussels, President von der Leyen, said: “Europe and Africa are natural partners. We have a historic bond and we share many of today’s challenges. One of our main objectives is to turn the green and digital transformation of our economies into opportunities for our youth.”

      This 10th Commission-to-Commission meeting marks a record participation on the EU side, a testament of the priority relations which Africa represents for the new European Commission and its aspiration to take them to a new level.

      Besides High Representative/Vice-President of the Commission Josep Borrell, Vice-Presidents for the European Green Deal, Frans Timmermans, for a Europe fit for the Digital Age, Margrethe Vestager, for an Economy that works for people, Valdis Dombrovskis, for Inter-institutional Relations and Foresight, Maroš Šefčovič, for Values and Transparency, Věra Jourová, for Democracy and Demography, Dubravka Šuica, as well as Vice-President for Promoting our European way of life, Margaritis Schinas, will accompany the President.

      Commissioners for International Partnerships, Jutta Urpilainen, for Trade, Phil Hogan, for Innovation and Youth, Mariya Gabriel, for Jobs and Social Rights, Nicolas Schmit, for Economy, Paolo Gentiloni, for Agriculture, Janusz Wojciechowski, for Cohesion and Reforms, Elisa Ferreira, for Justice, Didier Reynders, for Equality, Helena Dalli, for Home Affairs, Ylva Johansson, for Crisis Management, Janez Lenarčič, as well as Commissioners for Transport, Adina Ioana Vălean, for Energy, Kadri Simson and for Environment, Oceans and Fisheries, Virginijus Sinkevičius, will also travel to Addis Ababa.

      The EU and the African Union (AU) will discuss how to take foward their cooperation to address key challenges both Europe and Africa are facing such as the need to promote sustainable growth and jobs, green transition, digital transformation, peace, security and good governance, mobility and migration.

      The meeting will also be an opportunity for the EU side to consult its African partners on the upcoming comprehensive Africa Strategy which President von der Leyen promised to deliver in her first 100 days in office and is due to be presented in early March.

      The presentation of this important document will kick-start a wider consultation process that will lead up to the EU-AU Ministerial meeting in May 2020 in Kigali, Rwanda, and the upcoming EU-AU Summit in October in Brussels, where both sides will agree a joint approach on shared priorities.

      Background

      The EU and the AU have progressively built a solid strategic and political partnership that is anchored on reciprocal commitments. This partnership is based on shared values and interests, enshrined in the Joint Africa-EU Strategy adopted in 2007 in the Summit in Lisbon.

      Political dialogue between the EU and the AU takes place regularly at different levels. Commission-to-Commission and ministerial meetings take place every year, whilst EU-AU Summits at Heads of State level are held every three years. At the 5th AU-EU Summit in 2017, African and European leaders identified economic opportunities for the youth, peace and security, mobility and migration and cooperation on governance as the strategic priorities for 2018-2020 and committed to tackle them jointly.

      The EU also presented in the Summit in 2017 in Abidjan, Côte d’Ivoire, its new External Investment Plan with the objective to create 10 million new jobs by 2023, in particular for women and young people. The Plan hopes to trigger €47 billion in public and private investments.

      In the last Commission-to-Commission meeting in May 2018 in Brussels, the EU and the AU signed a Memorandum of Understanding to reinforce their cooperation in the area of peace and security.

      The two Commissions are committed to being active players and driving forces to implement the EU-AU Partnership, which is today more relevant than ever in a fast evolving global environment.

      https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_20_317

    • Questions et réponses : vers une #stratégie_globale_avec_l'Afrique

      1. Pourquoi l’UE a-t-elle besoin d’une nouvelle #stratégie ?

      L’Afrique est le voisin le plus proche de l’Europe. En raison de l’histoire, de la proximité et des intérêts partagés, les liens qui unissent l’Afrique à l’Union européenne (UE) sont vastes et profonds. Il est temps de faire passer cette relation à un niveau supérieur.

      Pour les relations entre l’Afrique et l’UE, 2020 sera une année charnière pour concrétiser l’ambition de développer un #partenariat encore plus solide.

      Le nouvel #accord de partenariat entre l’UE et le groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique devrait être conclu et le prochain sommet UE-Union africaine aura lieu à Bruxelles en octobre 2020 en vue de définir un #programme_commun_de_partenariat.

      L’Afrique comme l’Europe sont confrontées à un nombre croissant de défis communs, notamment les effets du changement climatique et la transformation numérique.

      L’Europe doit donc coopérer avec l’Afrique pour relever avec elle les défis communs du 21e siècle. C’est la raison pour laquelle cette communication propose de nouvelles voies de coopération entre les deux continents qui visent à renforcer l’alliance stratégique de l’UE avec l’Afrique.

      2. Qu’y a-t-il de nouveau dans cette proposition de nouvelle stratégie ?

      La communication conjointe de la Commission et du haut représentant est une contribution à une nouvelle stratégie avec l’Afrique. Elle expose des idées pour intensifier la coopération dans tous les aspects du partenariat UE-Afrique. Elle propose un cadre global pour le futur partenariat afin de permettre aux deux parties d’atteindre leurs objectifs communs et de relever les défis mondiaux.

      En réponse aux nouvelles réalités changeantes, la proposition de stratégie met l’accent sur la #transition_écologique et la #transformation_numérique, qui constituent les principaux domaines cibles de la #coopération future.

      Surtout, l’UE insiste tout au long de la communication conjointe sur la nécessité de prendre pleinement en considération les #jeunes et les #femmes ainsi que leur potentiel en tant que vecteurs de changement. En répondant à leurs aspirations, nous déterminerons l’avenir du continent.

      La proposition de nouvelle stratégie constitue un point de départ pour faire passer le partenariat à un niveau supérieur fondé sur une compréhension claire de nos intérêts et responsabilités mutuels et respectifs. Elle vise à rendre compte de l’exhaustivité et de la maturité de notre relation, dans laquelle les intérêts et les valeurs des deux parties sont rassemblés pour promouvoir une coopération commune dans des domaines d’intérêt commun.

      Il s’agit notamment de développer un modèle de #croissance_verte, d’améliorer l’environnement des entreprises et le climat d’#investissement, d’encourager l’#éducation, la #recherche, l’#innovation et la création d’#emplois_décents grâce à des investissements durables, de maximiser les bienfaits de l’#intégration_économique_régionale et des #échanges_commerciaux, de lutter contre le #changement_climatique, de garantir l’accès à l’#énergie_durable, de protéger la #biodiversité et les #ressources_naturelles, ainsi que de promouvoir la #paix et la #sécurité, de garantir la bonne gestion de la #migration et de la #mobilité et d’œuvrer ensemble au renforcement d’un ordre multilatéral fondé sur des règles qui promeut les valeurs universelles, les #droits_de_l'homme, la #démocratie et l’égalité entre les hommes et les femmes. Une coopération renforcée sur les questions mondiales et multilatérales doit être au cœur de notre action commune.

      L’UE et ses États membres doivent adapter leur dialogue avec l’Afrique en veillant à ce que leur positionnement soit conforme à nos intérêts mutuels et accorder plus d’importance aux valeurs, aux principes clés et aux bonnes pratiques réglementaires, compte tenu de l’intérêt accru affiché par de nombreux acteurs pour le potentiel de l’Afrique.

      3. Quels sont les principaux défis et domaines de coopération à venir ?

      La stratégie recense cinq domaines clés de la future coopération approfondie entre l’Europe et l’Afrique.

      Il s’agit des domaines suivants : (1) transition écologique et accès à l’énergie, (2) transformation numérique, (3) croissance et emplois durables, (4) paix et #gouvernance, (5) migration et mobilité.

      Dans chacun de ces domaines, la proposition de nouvelle stratégie définit des moyens de réaliser des objectifs communs.

      En outre, le développement d’une coopération politique renforcée sur les questions mondiales et multilatérales sera au cœur de notre action commune.

      4. L’UE a-t-elle noué des contacts avec les parties prenantes pour élaborer cette stratégie ?

      La Commission et le haut représentant ont présenté aujourd’hui les premiers éléments de la stratégie. Des contacts préliminaires avaient eu lieu auparavant. Outre un dialogue interne avec les États membres de l’UE et les députés du Parlement européen ainsi que la société civile au niveau formel et informel, l’UE a noué des contacts avec des partenaires africains, notamment lors de la 10e rencontre de « Commission à Commission », qui s’est tenue le 27 février 2020 à Addis-Abeba.

      Les propositions s’inscrivent également dans le prolongement du programme arrêté d’un commun accord lors du sommet Union africaine-UE de 2017 à Abidjan et des récents échanges qui ont eu lieu au niveau politique.

      La communication conjointe de ce jour présente des propositions destinées à alimenter le dialogue en cours avec les États membres de l’UE, les partenaires africains, ainsi que le secteur privé, la société civile et les groupes de réflexion, et il sera donné suite à ces propositions dans la perspective du prochain sommet UE-Union africaine qui se tiendra à Bruxelles en octobre 2020.

      La réunion ministérielle Union africaine-UE qui se tiendra les 4 et 5 mai à Kigali sera une autre occasion de débattre en profondeur de la communication à un niveau plus formel avec la partie africaine.

      Le sommet UE-Union africaine d’octobre 2020 devrait être le point culminant au cours duquel nous espérons nous accorder sur une approche commune avec nos partenaires africains pour s’attaquer aux priorités communes, ce qui est notre objectif.

      5. La nouvelle stratégie va-t-elle remplacer la stratégie commune Afrique-UE définie en 2007 ?

      La stratégie commune Afrique-UE de 2007 a marqué une étape importante dans la relation entre l’UE et l’Afrique. Toutefois, à cette période, le monde était différent et la réalité de notre partenariat avec l’Afrique s’inscrivait dans un autre contexte mondial. En 2020, soit 13 ans plus tard, de nouvelles opportunités et de nouveaux défis se présentent, tels le changement climatique, la transformation numérique, les inégalités, les pressions démographiques et la gouvernance mondiale. L’Afrique est un continent en plein essor, qui a vu ces dernières années certains de ses pays afficher les taux de croissances les plus rapides au niveau mondial, et elle attire l’attention de plusieurs autres acteurs. Nous vivons dans un environnement mondial concurrentiel dans lequel les biens publics mondiaux sont menacés. Nous devons nous adapter à ces nouvelles réalités et renouveler notre partenariat avec l’Afrique.

      Aujourd’hui, l’UE propose les priorités envisageables pour ce nouveau partenariat. L’UE continuera de dialoguer avec les partenaires africains en vue de définir avec eux nos priorités stratégiques communes pour les années à venir.

      6. En quoi cette stratégie est-elle compatible avec les objectifs plus larges de la Commission européenne, tels que le pacte vert pour l’Europe et la priorité accordée au numérique ?

      La Commission européenne entend conduire la transition vers une planète saine et un nouveau monde numérique. Le dialogue de l’UE avec l’Afrique prend en compte ces ambitions dans ces deux domaines.

      Pour atteindre les objectifs de développement durable, l’UE et l’Afrique doivent choisir un avenir à faible intensité de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources et résilient face au changement climatique, conformément à l’accord de Paris.

      La Commission européenne est déterminée à faire de l’Europe le premier continent neutre sur le plan climatique au monde ; dans le cadre de son action extérieure, elle propose de coopérer avec l’Afrique afin de maximiser les bienfaits de la transition écologique et de réduire autant que possible les menaces pesant sur l’environnement. Cela englobera chaque aspect de l’économie circulaire et de chaînes de valeur et de systèmes alimentaires durables, à travers la promotion des énergies renouvelables, la réduction des émissions, la protection de la biodiversité et des écosystèmes et une progression vers des modèles d’urbanisation verts et durables.

      Les pays africains sont particulièrement vulnérables face au changement climatique, car celui-ci risque de compromettre les progrès en cours en matière de développement durable.

      De même, la Commission européenne s’est engagée à créer une Europe adaptée à l’ère numérique ; dans le cadre de son action extérieure, elle propose de coopérer avec l’Afrique afin de promouvoir et de valoriser la transformation numérique en Afrique et de garantir l’accès à des services numériques sûrs et abordables.

      Selon les estimations, une augmentation de 10 % de la couverture numérique pourrait augmenter le PIB de l’Afrique de plus de 1 %. Avec les investissements, les infrastructures et le cadre réglementaire appropriés, le passage au numérique a le pouvoir de transformer les économies et les sociétés en Afrique. En outre, l’interdépendance des deux continents sous-tend que le dialogue de l’UE avec l’Afrique est dicté tant par ses valeurs que par ses intérêts.

      7. Quels liens économiques existent entre l’Europe et l’Afrique ?

      L’UE est le principal partenaire de l’Afrique en matière d’échanges et d’investissements, et le principal soutien de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), avec la mobilisation prévue de 72,5 millions d’euros d’ici la fin de 2020.

      En 2018, le total des échanges de biens entre les 27 États membres de l’UE et l’Afrique s’élevait à 235 milliards d’euros, soit 32 % des échanges totaux de l’Afrique. À titre de comparaison, ce total s’élève à 125 milliards d’euros pour la Chine (17 %) et à 46 milliards d’euros pour les États-Unis (6 %).

      En 2017, le stock d’investissements directs étrangers des 27 États membres de l’UE en Afrique s’élevait à 222 milliards d’euros, soit plus de cinq fois les stocks des États-Unis (42 milliards d’euros) ou de la Chine (38 milliards d’euros).

      8. Quelle est l’ampleur de l’aide humanitaire et de l’aide au développement fournies par l’UE en Afrique ?

      L’UE et ses États membres sont le principal fournisseur d’aide publique au développement (APD) en faveur de l’Afrique. En 2018, l’UE et ses 27 États membres ont octroyé 19,6 milliards d’euros, soit 46 % du total reçu par l’Afrique.

      En outre, l’UE, conjointement avec ses États membres, est le principal donateur d’aide humanitaire en Afrique. Depuis 2014, la Commission européenne a elle-même alloué plus de 3,5 milliards d’euros à l’aide humanitaire déployée en Afrique.

      L’UE négocie actuellement son futur budget à long terme. Selon les propositions de la Commission européenne, le nouvel instrument de financement extérieur de l’UE pour la période 2021-2027 aura une portée mondiale, mais plus de 60 % des fonds disponibles profiteront à l’Afrique.

      9. Que fait l’UE pour stimuler les investissements et la création d’emplois en Afrique ?

      L’Afrique est un continent où les possibilités de croissance sont de plus en plus nombreuses, avec une main-d’œuvre jeune et innovante et des niveaux de croissance économique élevés. L’UE est le plus grand partenaire commercial et d’investissement de l’Afrique.

      Nous entendons coopérer avec l’Afrique afin de :

      – stimuler les échanges commerciaux et les investissements durables en Afrique ;

      – promouvoir des réformes qui améliorent l’environnement des entreprises et le climat d’investissement ;

      – améliorer l’accès à une éducation de qualité, aux compétences, à la recherche, à l’innovation, à la santé et aux droits sociaux ;

      – favoriser l’intégration économique régionale et continentale.

      Il est possible d’y parvenir en s’appuyant sur les travaux menés dans le cadre de l’Alliance Afrique-Europe pour un investissement et des emplois durables, lancée en 2018 dans le but de créer 10 millions d’emplois en cinq ans, de stimuler l’investissement et de promouvoir le développement durable. Avec le plan d’investissement extérieur de l’UE, qui est un élément clé de l’Alliance, l’UE a déjà alloué 4,6 milliards d’euros de fonds pour des financements mixtes et des garanties depuis 2018. Ces fonds devraient permettre de mobiliser 47 milliards d’euros d’investissements publics et privés. En outre, depuis 2018, l’UE a également fourni près de 1,4 milliard d’euros à l’Afrique pour qu’elle renforce l’environnement des entreprises et le climat d’investissement.

      L’UE propose de faire de l’Alliance un pilier central des relations économiques entre les deux continents.

      10. L’UE accordera-t-elle la priorité aux échanges commerciaux, aux investissements et à la croissance économique aux dépens des droits de l’homme ? Comment la stratégie va-t-elle promouvoir le respect des droits de l’homme ?

      Le respect des droits de l’homme demeure au cœur de la coopération au développement de l’UE et occupe donc une place fondamentale dans la proposition de nouvelle stratégie.

      Le respect des droits de l’homme universels - politiques, civils, économiques, sociaux ou culturels - restera une caractéristique essentielle de notre partenariat.

      Dans le cadre du partenariat pour la paix et la gouvernance, l’UE s’emploiera à unir ses forces à celles des partenaires africains afin de promouvoir le plein respect des droits de l’homme, en agissant à tous les niveaux. Par exemple, l’UE continuera de soutenir les défenseurs des droits de l’homme et les initiatives visant à renforcer les organisations de la société civile. Une approche plus stratégique et structurée des dialogues politiques sur les droits de l’homme menés avec les pays africains sera également adoptée, en complémentarité avec les consultations régulières avec les organisations régionales africaines et le dialogue bien établi sur les droits de l’homme entre l’UE et l’UA.

      Le développement, c’est-à-dire la croissance économique, ne peut être durable que s’il repose sur les fondements du respect des droits de l’homme.

      11. Que fait l’UE pour promouvoir la paix et la stabilité en Afrique ?

      La paix et la sécurité ne sont pas seulement un besoin fondamental pour tous, elles constituent également une condition préalable au développement économique et social.

      La paix, la sécurité, la bonne gouvernance et la prospérité économique en Afrique sont également essentielles pour la propre sécurité et prospérité de l’UE.

      L’UE est déjà active dans ce domaine en Afrique. Elle fournit actuellement des conseils et des formations à plus de 30 000 membres des personnels militaires, policiers et judiciaires africains dans le cadre de 10 missions relevant de la politique de sécurité et de défense commune. En outre, l’UE a fourni 3,5 milliards d’euros par l’intermédiaire de la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique depuis sa création en 2004, dont 2,4 milliards d’euros depuis 2014, afin de contribuer aux opérations militaires et de paix menées par l’Union africaine.

      Par ailleurs, plus d’un million de personnes en Afrique subsaharienne ont bénéficié depuis 2014 de programmes soutenus par l’UE en faveur de la consolidation de la paix après un conflit et de la prévention des conflits.

      Dans le cadre des propositions formulées dans la stratégie, l’UE adaptera et approfondira son soutien aux efforts de paix africains au moyen d’une coopération plus structurée et stratégique, en mettant particulièrement l’accent sur les régions connaissant les tensions et les vulnérabilités les plus fortes. L’UE propose de soutenir les capacités africaines en matière de défense et de sécurité, notamment au moyen de la facilité européenne pour la paix et de ses missions de la PSDC, et de se concentrer sur une approche intégrée des conflits et des crises, en agissant à tous les stades du cycle des conflits. Cela suppose de déployer des efforts de prévention, de résolution et de stabilisation au moyen d’actions bien ciblées sur le plan humanitaire, du développement, de la paix et de la sécurité.

      La résilience devrait en particulier être au cœur des efforts consentis par l’Afrique et l’UE pour faire face aux conflits et fragilités qui perdurent, sachant que la résilience, la paix, la sécurité et la gouvernance sont étroitement liées. L’UE propose, dans la stratégie, de soutenir les efforts déployés par nos partenaires africains pour s’attaquer à l’ensemble des défis et accroître leur résilience globale.

      12. Comment l’UE coopérera-t-elle avec l’Afrique en matière de migration et de mobilité ?

      L’évolution démographique, l’aspiration à bénéficier d’opportunités économiques, les conflits et crises actuels et l’impact du changement climatique auront pour conséquence que les niveaux de migration et de déplacement forcé continueront d’engendrer des défis et des opportunités aussi bien pour l’Europe que pour l’Afrique.

      La migration restera l’une des priorités de notre partenariat. Une migration et une mobilité bien maîtrisées peuvent avoir un effet positif sur les pays d’origine, de transit et de destination et profiter aux sociétés de nos deux continents.

      Depuis 2015, les pays de l’UE et les pays africains ont mis en place, dans le cadre du dialogue et de la coopération relevant des processus de La Valette, de Rabat et de Khartoum, une approche commune de la gestion des aspects extérieurs de la migration et de la mobilité, qui a démontré qu’ensemble nous pouvons sauver et protéger des vies, venir en aide aux personnes dans le besoin et démanteler le terrible modèle économique des passeurs et des trafiquants.

      L’UE coopérera avec l’Afrique sur une approche équilibrée, cohérente et globale de la migration et de la mobilité, guidée par les principes de solidarité, de partenariat et de responsabilité partagée et fondée sur le respect des droits de l’homme et du droit international. Tant les possibilités de migration légale que l’amélioration de la coopération en matière de retour et de réadmission feront l’objet des discussions sur l’approche à suivre.

      L’UE promeut le dialogue entre les continents sur la mobilité et la migration et continuera à renforcer la coopération trilatérale entre l’Union africaine, les Nations unies et l’UE.

      13. Comment les négociations avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique seront-elles prises en compte ?

      L’UE et le groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) devraient conclure un nouvel accord de partenariat pour remplacer l’accord de Cotonou, qui expirera à la fin de 2020. Le futur accord ACP-UE englobe un accord de base commun, ainsi que trois partenariats spécifiques adaptés à chaque région, dont un pour les relations de l’UE avec les pays d’Afrique subsaharienne qui sont parties au groupe des États ACP. Cela permettra de créer un nouveau cadre juridique pour les relations entre l’UE et les pays ACP.

      L’UE a également conclu des accords d’association distincts avec quatre pays d’Afrique du Nord.

      Les relations globales entre l’UE et l’UA sont définies par les sommets conjoints, qui ont lieu tous les trois ans, et par les réunions ministérielles régulières, qui donnent une direction politique à la relation entre les deux continents.

      https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/QANDA_20_375

  • Universités : une réforme radicale

    Le compte à rebours est déjà enclenché pour une réforme radicale de l’#enseignement_supérieur marocain.
    L’université marocaine veut changer de logiciel et carrément d’époque. C’est ce qui ressort, en tout cas, des promesses faites par la tutelle, rapporte le quotidien Aujourd’hui le Maroc du 10 février.
    Le compte à rebours a déjà été enclenché pour une réforme radicale de l’enseignement supérieur marocain. Il est tôt pour en juger la portée mais, sur le papier, les changements font réellement rêver avec l’objectif assumé et affiché de débarrasser les facultés marocaines du cliché « fabriques de chômeurs ».

    Dans les détails, l’entrée en vigueur de la nouvelle diplomation « Bachelor » dans les universités publiques doit s’accompagner de modifications pour le moins révolutionnaires afin d’attirer plus d’étudiants, notamment ceux issus des familles des classes moyennes et supérieures pour qui le choix d’établissements à accès régulé ou l’enseignement privé, le cas échéant, devient quasiment automatique depuis quelques années.

    La première nouveauté concerne la #flexibilité. Officiellement, le #Bachelor devra couronner un parcours de quatre années, mais certains étudiants auront le choix de le boucler bien avant. Dans ce sens, les responsables promettent que le diplôme pourra être obtenu au bout d’un parcours de trois années seulement, pour ceux qui le désirent et en ont la capacité.

    La deuxième nouveauté concerne la #modulation, puisque les étudiants auront le loisir de changer de spécialités et de composer eux-mêmes certaines matières ou modules en fonction de leurs besoins.

    La troisième modification sera relative à l’enseignement par #alternance qui fait officiellement son entrée dans l’enseignement supérieur public pour créer des passerelles plus importantes entre le monde du travail et la sphère académique. A cela s’ajoutent d’autres changements comme l’enseignement à distance et les universités électroniques pour permettre aux candidats de faire des études online.

    Le ministère compte également renforcer les programmes d’#échanges avec les universités étrangères, comme cela se fait dans l’enseignement privé, pour séduire plus d’étudiants. La tutelle veut également faire profiter les étudiants du public du programme des prêts bancaires pour financer leurs études à l’étranger. En parallèle, les responsables comptent aussi s’impliquer activement dans les choix des parcours des étudiants pour faire baisser le taux de déperdition. De même, il sera conseillé aux étudiants de s’inscrire dans des universités ou facultés proches de leur domicile. Les inscriptions dans d’autres établissements ne seront donc acceptées que sur présentation d’un motif valable.

    https://fr.le360.ma/economie/universites-une-reforme-radicale-208410
    #Maroc #réforme #université

  • Notes anthropologiques (XLI)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XLI

    Naissance de la religion (II)
    La fonction sociale du sacrifice

    « Á côté des rivalités et des conflits réels ou symboliques, une cohésion indéniable perdure entre groupes et individus d’influence grâce aux liens noués par des moyens multiples : les alliances matrimoniales et les rituels, qu’ils soient récurrents comme les banquets ou exceptionnels comme les funérailles. La cérémonie du banquet, en particulier, déjà profondément enracinée dans les coutumes des basileis homériques, conservent chez les aristoi du VIIe et VIe siècle sa fonction d’ostentation des richesses et du pouvoir. »

    Ces remarques de Maria Cecilia d’Ercole que je viens de lire dans la partie qui lui est réservée concernant la naissance de la cité apportent dans cet essai sur la fonction sociale du sacrifice, deux perspectives intéressantes : la première est le rapport qui existe entre la liturgie du sacrifice telle que la décrit Homère dans l’Odyssée et le banquet, qui va bientôt constituer un élément important de la vie sociale de la cité ; la seconde touche à l’ostentation des richesses et du pouvoir, à sa visibilité. (...)

    #anthropologie #religion #sacrifice #banquet #Grèce_ancienne #Odyssée #aristocratie #échanges #don #offrande #allégeance #domination #subordination #Mauss #Detienne

  • Notes anthropologiques (XL)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XL

    Naissance de la religion (I)
    La fonction sociale du sacrifice

    Pour l’immense majorité des historiens ou des sociologues, pour ne pas évoquer les archéologues et autres paléontologues, la religion apparaît avec l’homme : c’est l’esprit qui émane et dépasse la société proprement dite et avec lequel la société entretient une forme de communication, c’est la thèse mise en avant par Durkheim, par exemple. Loin de moi, l’idée de critiquer ce point de vue, je voudrais seulement dans les notes qui vont suivre émettre l’hypothèse que la religion commence avec le sacrifice et avec l’idée d’une dette contactée par cette même société vis-à-vis de son propre esprit, perçu alors comme esprit séparé. Tant que l’esprit social se trouvait immanent à la société, faisant corps avec elle, la question du sacrifice et de la dette ne se posait pas encore. Il est bien possible que la religion apparaisse avec cette séparation que met au jour le rituel du sacrifice.

    Mon point de départ est l’échange cérémoniel et j’avance que le sacrifice est un échange cérémoniel tronqué. L’autre, l’autre clan avec lequel j’échangeais des cadeaux, a disparu et à sa place s’est substitué un dieu. Et je me demande pourquoi ? (...)

    #anthropologie #religion #sacrifice #Grèce_ancienne #Odyssée #aristocratie #échanges #don #offrande #défi #réciprocité #allégeance #subordination