• Alors que nombre de morts dépasse le million, les gouvernements abandonnent les efforts pour contenir la #pandémie - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2020/10/01/pers-o01.html
    https://www.wsws.org/asset/a884929e-672c-4d99-8a62-fefb7b388f36?rendition=image1280

    Des raisons de classe bien précises ont produit ce silence. Dans sa dernière interview avec Laura Ingraham, Atlas n’avait qu’un slogan : « Ouvrez les #écoles ! »

    Mais c’est exactement là ce que font les gouverneurs Démocrates, les maires et les assemblées législatives des États. La ville de New York, le plus grand district scolaire du pays, avec plus d’un million d’élèves, a repris l’enseignement en classe mardi pour les enfants de l’école primaire, les classes supérieures devant rouvrir jeudi.

    L’effort de réouverture des écoles est mené par le maire Démocrate « progressiste » de la ville, Bill de Blasio, et le gouverneur Démocrate, Andrew Cuomo.

    La réouverture des écoles entraîne une #recrudescence majeure de la pandémie chez les enfants d’âge scolaire dans tout le pays, qui représentent désormais 10 pour cent des cas de COVID-19, contre 2 pour cent en avril.

    Le caractère bipartisan de la campagne qui vise à rouvrir les écoles et à forcer les enseignants à reprendre le travail est tout à fait conforme à la réponse à la pandémie, qui se base uniquement sur les intérêts financiers de la classe dirigeante.

  • Germans embrace fresh air to ward off #coronavirus | Germany | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2020/sep/30/germans-embrace-fresh-air-to-ward-off-coronavirus

    Schools, which have increasingly been viewed as a testing ground for how society can learn to live with the disease, have long since adopted the practice. A recent gathering* of the ministers of education for Germany’s 16 states was dedicated to how to air a classroom. Five experts, from fluid mechanics to indoor air hygienists and aerodynamicists, reinforced the importance of airing a room every 15 to 20 minutes, for five minutes in spring and autumn, and three minutes in winter.

    * KMK-Expertengespräch Lüften in Schulräumen: Richtiges und regelmäßiges Lüften bleibt A und O / Bundesumweltamt erarbeitet Handreichung für alle Schulen
    https://www.kmk.org/presse/pressearchiv/mitteilung/kmk-expertengespraech-lueften-in-schulraeumen-richtiges-und-regelmaessiges-luef

    #écoles #aération #ventilation #sars-cov2 #covid-19 #Allemagne

  • L’artiste Paolo Cirio affiche des visages de policiers dans Paris pour dénoncer la reconnaissance faciale.
    https://information.tv5monde.com/info/l-artiste-paolo-cirio-affiche-des-visages-de-policiers-dans-pa

    Paolo Cirio — pour son dernier projet nommé Capture — a créé une base de données contenant 4000 visages de policiers français pour les identifier avec une technologie de reconnaissance faciale, via sa plateforme https://capture-police.com. Ce jeudi premier octobre 2020, l’artiste effectue donc une performance de « street art » en dévoilant une partie des portraits des officiers de police tirés de sa plateforme, affichés un peu partout dans la capitale française.

    J’ai choisi le mot Capture parce qu’il est court et qu’il résume bien le concept qu’il y a derrière la reconnaissance faciale. Particulièrement lorsque cette technologie est utilisée par la police. Ils l’utilisent pour capturer des criminels, des manifestants, pour les attraper, donc les capturer grâce à des logiciels et des caméras.

    Quand vous capturez un visage avec un appareil photo vous faites la même chose que ce que fait la police qui tente de capturer quelqu’un. C’est comme ça que m’est venue l’idée de ce projet Capture, en utilisant des photos de visages de policiers, des visages que j’ai capturés moi aussi, sur le Net.

    Tout le monde doit être inquiet par l’émergence de cette technologie qui va permettre la surveillance de masse, les analyses des comportements, des émotions des gens dans la rue, comme en Chine.

    J’ai en fait renversé le procédé de la reconnaissance faciale en l’utilisant contre ceux qui normalement l’utilisent contre des citoyens, c’est-à-dire les policiers. Je veux démontrer que cette technologie est très puissante et qu’elle peut être utilisée par des activistes, des citoyens, mais aussi par des criminels ou des terroristes, et ce, contre la police.

    Cela peut ressembler à une grosse provocation, mais en fait, cela peut-être aussi pris comme une manière de protéger la police en leur montrant les dangers de cette technologie. En fait, j’aimerais que les policiers signent eux aussi la pétition pour bannir la reconnaissance faciale en Europe.

    • Synergie-Officiers @PoliceSynergie
      https://twitter.com/PoliceSynergie/status/1312024085447180290

      Merci à ⁦@GDarmanin⁩ pour la promptitude de sa réaction et sa fermeté pour défendre les #policiers et leurs familles. Son intervention a permis de déprogrammer une entreprise criminogène sous couvert d’une démarche artistique. #Police # Jesoutienslapolice #BlueLivesMatter

      Le Fresnoy déprogramme :

      Des fafs tous les jours sur les chaînes info et dans la presse, des lois et décrets liberticides, racistes et anti pauvres comme si il en pleuvait, et des débats" sur la « cancel culture » et la longueur des vêtements des scolarisées.

      #police #reconnaissance_faciale #censure #école_d'art #exposition #culture #art

    • #fuite suite aux menaces
      https://www.mediapart.fr/journal/france/131020/un-artiste-menace-apres-avoir-voulu-diffuser-des-visages-de-policiers

      "« Je ne me sens plus en sécurité dans ce pays », lâche, amer, l’artiste et hacktiviste Paolo Cirio qui a quitté précipitamment la France la semaine dernière après avoir reçu plusieurs menaces par mails. L’exposition de son œuvre Capture venait d’être annulée, dans laquelle il entendait dénoncer les dangers de la reconnaissance faciale en exposant des visages de policiers trouvés sur internet.

      Pour réaliser son projet, Paolo Cirio avait « collecté 1 000 images publiques de policiers, dans des photos prises durant des manifestations en France, et les avaient soumises à un logiciel de reconnaissance faciale », explique l’artiste sur son site. Ce procédé lui a permis de récupérer 4 000 visages de policiers. Ceux-ci devaient être exposés, sous forme d’une fresque, dans le cadre de l’exposition Panorama 22. Les Sentinelles, qui s’ouvre jeudi 15 octobre au studio national des arts contemporains Le Fresnoy de Tourcoing.

      Le jour de la mise en ligne de la présentation de son projet, le jeudi 1er octobre, Paulo Cirio avait également mené une action dans les rues de Paris y affichant certains des portraits de policiers. L’opération était accompagnée de la mise en place d’un site internet, capture-police.com, répertoriant les photos et invitant les internautes à identifier les agents qu’ils pourraient reconnaître, ainsi que d’une pétition appelant à l’interdiction de la reconnaissance faciale.

      « La police appelle à l’utilisation de la reconnaissance faciale sur les manifestants, les minorités et les civils, alors qu’elle se rend non identifiable lors d’affrontements publics, poursuit le site internet de l’artiste. Dans le projet Capture, la reconnaissance faciale se retourne contre les mêmes autorités publiques et forces de l’ordre qui cherchent à en justifier la nécessité. »

      Mais les choses ne se sont pas passées comme Paolo Cirio l’avait prévu. Immédiatement après sa mise en ligne, le projet de l’artiste provoque une levée de boucliers. « Ça a été très vite », raconte-t-il à Mediapart. Il y eut tout d’abord les réactions indignées de syndicats de policiers – « seulement une heure après avoir publié mon projet », se souvient Paolo Cirio – qui en appellent à leur ministre de tutelle, Gérald Darmanin. Celui-ci, qui se trouve être par ailleurs ancien maire de Tourcoing, ville où se situe le studio Le Fresnoy, réagit quelques heures plus tard.

      « Insupportable mise au pilori de femmes et d’hommes qui risquent leur vie pour nous protéger, écrit le ministre de l’intérieur sur Twitter. Je demande la déprogrammation de l’“exposition” et le retrait des photos de son site, sous peine de saisir les juridictions compétentes. »

      Dès le lendemain, Le Fresnoy annule effectivement l’exposition de Paolo Cirio. « Nous ne pouvons en aucun cas adhérer à une démarche qui associe l’œuvre en question à une plateforme numérique où l’artiste invite à identifier et à désigner nommément des policiers, dont les photographies ont été préalablement diffusées sur internet », écrit le studio dans un communiqué en date du vendredi 2 octobre et largement diffusé sur les réseaux sociaux par des syndicats de policiers. « Par cette démarche qui a changé la nature de l’intervention du Fresnoy, l’artiste a violé les engagements qu’il avait pris de ne rien faire de tel devant les responsables du Fresnoy, et la direction de la Condition publique, ce qui nous a profondément choqués », poursuit-il.

      Parallèlement, Paolo Cirio reçoit sur sa boîte mails des messages d’insultes et d’autres plus inquiétants. « J’ai reçu de nombreux messages, dont certains très violents disant par exemple qu’ils me surveillaient ou qu’ils me trouveraient », raconte-t-il. Aucune menace de mort directe, mais des pressions et des insinuations assez précises pour le décider à retirer son site internet, qui a depuis été remplacé par la pétition.

      Et pour le convaincre de quitter le territoire français. « Je suis parti car je ne me sens plus en sécurité, explique Paolo Cirio. Je venais deux, trois fois en France par an. J’ai même donné des cours au Fresnoy. Mais pour l’instant, je pense que je ne reviendrai pas. »
      "

  • Réouverture des #écoles | Le maire de #New_York désavoué par un puissant #syndicat
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2020-09-27/reouverture-des-ecoles/le-maire-de-new-york-desavoue-par-un-puissant-syndicat.php

    [...]

    Seul parmi les maires des grandes villes américaines, le maire démocrate de New York s’est engagé cet été à ce que les écoles publiques new-yorkaises rouvrent leurs portes aux familles qui ne veulent pas d’un enseignement 100 % en ligne, afin d’assurer entre un et trois jours d’enseignement en présentiel par semaine.

    Enseignement jugé indispensable pour les enfants des milieux défavorisés, souvent livrés à eux-mêmes face aux cours en ligne.

    Mais à en croire le CSA [le syndicat en question], MM. de Blasio et [son aide pour les affaires scolaires] Carranza, qui négocient aussi avec un puissant syndicat d’enseignants, ont été incapables de prévoir suffisamment d’enseignants pour assurer, simultanément, enseignement en ligne et en présentiel.

    Si M. de Blasio a promis récemment l’embauche de quelque 4500 enseignants supplémentaires, il en manquerait encore 1200 pour la réouverture des écoles élémentaires attendue ce mardi, et plus encore pour la réouverture des collèges et écoles secondaires, prévue au 1er octobre, selon le syndicat.

    [...]

    Malgré un taux de contamination désormais contenu à 1 % dans la capitale financière américaine, la rentrée en présentiel a déjà été reportée deux fois.

    Et les familles des quelque 1,1 million d’élèves des écoles publiques sont de plus en plus nombreuses à avoir renoncé à renvoyer leurs #enfants physiquement à l’école cet automne, se rabattant sur l’enseignement 100 % en ligne, qui a commencé mi-septembre.

    Seules les écoles maternelles offrent pour l’instant un enseignement en partie présentiel aux familles.

    #etats-unis #covid-19

  • #Debbie_Cameron : Quelles leçons de vie reçoivent les filles à l’école ?
    https://tradfem.wordpress.com/2020/09/22/lecons-de-vie

    En classe, les garçons parlent du corps des filles et de ce qu’ils « leur feraient », lancent des gémissements sexués féminins aux enseignantes et aux filles, demandent aux filles de la classe si une photo particulière les représente, si elles se sont fait raser la vulve, à quoi elle ressemble (Témoignage d’une enseignante du secondaire)

    Certains des garçons font des commentaires sur beaucoup de filles de nos années et les filles doivent simplement faire la sourde oreille parce que personne ne pense que c’est un problème (Étudiante)

    Dans les écoles secondaires, l’utilisation d’un langage sexiste et misogyne n’est plus, si tant est qu’elle ne l’ait jamais été, une activité réciproque et égalitaire : il s’agit en grande majorité de garçons qui ciblent les filles avec des commentaires ouvertement sexuels. Et l’effet sur les filles n’est pas négligeable. Selon l’organisation Girl Guiding UK, qui mène une enquête annuelle auprès d’un échantillon de filles âgées de 11 à 16 ans, la crainte d’attirer ces commentaires de la part des garçons fait que de nombreuses filles hésitent à attirer l’attention sur elles ; environ un quart d’entre elles déclarent essayer de garder le silence en classe. Même si la plupart des filles se refusent à cette autocensure, pourquoi devrait-on s’attendre à ce qu’une fille (ou même n’importe qui) doive passer plus de 30 heures par semaine dans un environnement où la violence verbale est un phénomène quotidien ? Au-delà de ses effets sur l’éducation scolaire des filles, quelles leçons de vie cette expérience leur enseigne-t-elle ?

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://public-api.wordpress.com/bar/?stat=groovemails-events&bin=wpcom_email_click&redirect_to=htt
    #éducation_sexiste #violences_masculines #école

  • Quand le corona frappe à la porte de mon école, y a t-il un pilote sur le paddle ? - Paris-luttes.info
    https://paris-luttes.info/quand-le-corona-frappe-a-la-porte-14316

    École et gestion de la COVID-19 : témoignage d’un.e professeur.e des écoles sur la (non)gestion de la crise sanitaire par l’institution.

    Lundi 7 septembre

    Ça fait même pas une semaine que nous sommes rentré.es.

    Je remarque qu’il y a pas mal d’élèves absent.es dans les classes. C’est vrai qu’à force d’aérer les classes et de vivre dans les courants d’air on peut finir par choper un rhume puisque les rhumes existent encore.

    Le coronavirus quand je suis avec les élèves j’oublie complètement que ça existe. Parfois j’oublie tellement que je ne fais pas attention et après je flippe car je vis avec deux autres personnes dans un appart plutôt petit et que parmi ces 2 personnes une est fragile. Je ne voudrais donc pas ramener le corona à la maison.

    Mardi 8 septembre

    11h30 Un.e parent d’élèves vient à l’école chercher ses enfants, ille vient d’avoir les résultats aux tests passés la veille et c’est positif... (comme quoi ce mot n’a pas toujours une bonne connotation !)

    Que fait-on ? Notre premier réflexe est évidemment de se dire que nous allons prévenir les familles des élèves qui, parce que dans la même classe, sont cas contacts.

    Mais il paraît qu’on n’a pas le droit !

    Après-midi Nous recevons un mail hallucinant. Il provient de l’inspection :

    Là j’avoue que ce qui me fait paniquer ce ne sont pas les cas positifs mais des formules hallucinantes telles que « il s’avère que des cas "positifs" ne le sont finalement pas ! ». C’est limite complotiste. Mais surtout ce qui me fait partir en vrille c’est qu’on nous demande de ne pas prévenir des familles et donc de ne pas laisser le choix aux parents de nos élèves (parmi lesquels il y a peut-être des personnes à risque) de prendre des mesures d’autoprotection. Je tente de contester, mais je me fais copieusement envoyer chier.

    Bon, heureusement que dans l’école nous ne sommes pas très obéissant.es et l’ordre ne sera pas respecté à la lettre ! Mais quand même il le sera en partie. Certain.es ont peur que si illes en parlent cela fasse fermer leur classe et ne veulent pas revivre le confinement. Irrationnel car la décision de fermer sera d’évidence indépendante de la communication, mais le confinement du printemps dernier a laissé des traces indélébiles. En tous cas cette nuit là nous avons été plusieurs à mal dormir.

    Mercredi 9 septembre

    On attend des news de l’ARS puisque c’est ce qui nous permettra de pouvoir officiellement en parler aux familles. Pour les collègues qui ont les cas positifs dans leur classe c’est long. Plusieurs vivent mal le fait de ne pas avoir le droit de dire aux parents que sans doute la classe va fermer, que leur enfant est cas contact. On est plusieurs à remplir le registre santé et sécurité au travail pour alerter sur le fait que l’ordre donné hier de ne pas dire la vérité nous plonge dans l’angoisse ainsi que pour signaler qu’on a des masques pourris (c’est même l’ARS qui le dit) et que les infos sur des élèves malades que nous avons eu en classe ne nous sont parfois pas transmises ce qui nous empêche de mettre en place des mesures de protection dans notre vie personnelle.

    L’après-midi est passé à l’école à préparer des enveloppes pour les familles à mettre tout en place pour assurer la fameuse continuité pédagogique dont Blanquer se gargarise sur notre dos.

    18h00 La décision de l’ARS tombe : les classes ferment et les cas contacts doivent être testé.es dans les 7 jours. Ça en fait beaucoup des cas contacts en fait ! Les collègues appellent chaque famille en se sentant mal de ne le faire que si tard alors que depuis la veille on était quasi sûr.es que ça allait fermer.

    Jeudi 10 septembre

    Des collègues cas contact des élèves positif.ves ont été oublié.es ! Il y en a deux qui passent la matinée enfermé.es dans leur petite salle en attendant les consignes d’en haut et l’un.e est averti.e par nous qu’ille est en fait cas contact et qu’ille doit rester chez lui.

    On nous donne une lettre à distribuer aux élèves de l’école qui ne sont pas cas contact pour informer leurs familles. C’est une lettre de l’ARS, un peu compliquée si on ne maîtrise pas le français. Nous la traduisons en anglais car plusieurs familles de notre école maîtrisent cette langue. Mauvaise initiative nous dit on de là-haut : seule l’ARS peut traduire sa lettre, nous avons interdiction de donner la traduction faite par nous même aux parents allophones. Vu que des informations importantes sont données dans la lettre, je trouve ça bien embêtant mais bon comme je passe déjà pour quelqu’un.e super pénible et que ce n’est pas toujours confortable, pour cette fois je n’insiste pas plus que ça. J’ai honte de le dire mais je passe même dans des classes décoller dans des cahiers les mots en anglais que j’avais distribués.

    • C’est parti ! - Question de classe(s), 17/09/2020
      https://www.questionsdeclasses.org/?C-est-parti

      L’année scolaire avait superbement commencé. Je ne sais plus si je peux parler de « rentrée joyeuse », cette formule tôt capturée cette année par Blanquer...
      Mes élèves, vingt CM2 de cette école au Nord de Paris, étaient tout enthousiastes, mettaient du cœur à l’ouvrage, s’engouffraient dans l’installation de cette nouvelle classe coopérative et... tout à coup, patatras !

      Semaine 3.
      Lundi, 9h. La directrice fait irruption au beau milieu du « Quoi de Neuf ? », m’isole dans le couloir : la petite Iliana manque à l’appel car son père a reçu un résultat de test positif au COVID dans le week-end, sa mère est malade et toute la famille se fait tester.

      Sidération.
      Je suis dans le couloir, les élèves m’attendent, seuls, dans la salle de classe. « Pour le moment, on ne fait rien, on ne prévient personne, on attend. Mais, toi, si j’ai un conseil, pense à toi et protège-toi. » (paroles de directrice)
      Ce jour-là, je resterai à l’école, auprès des élèves et de nos projets encore si fragiles mais tellement plein d’espoirs et de vie, la journée entière, comme si de rien n’était pour les enfants.

      Cogitations.
      Si le résultat du papa est arrivé ce week-end, c’est qu’il a été passé la semaine dernière. Le virus a pu circuler dans la classe, tout au long de cette deuxième semaine. Et dans la cour ? Et dans la salle des maitre.sse.s ? Et quand nous sommes allés à la piscine mercredi avec les autres CM2 ? Et à la cantine où les élèves sont à touche-touche au libre service ? Et quand je corrige la pile complète des cahiers de la classe ? Le papier ne se désinfecte pas... Ce soir-là, par « chance », j’ai mon rendez-vous de contrôle. Écoutant mon récit de la situation, l’oncologue grimpe aux rideaux ; je ressors de là avec un arrêt de travail d’une semaine pour commencer, au cas où. Et pourtant, j’ai résisté à cette idée...

      Au cas où la mise en quatorzaine immédiate de la classe ne serait pas ordonnée.
      Au cas où je n’obtiendrais pas de suite une autorisation spéciale d’absence.
      Au cas où les résultats de mon test tardaient à arriver.
      RER, tempête sous mon crâne...
      Demain, je ne vais pas à l’école. Et pourtant j’ai des cahiers d’élèves avec moi ; à corriger. Demain, les collectes de notre sortie libre nous attendront sur le tableau. Demain, les élèves seront orphelins de mes promesses d’émancipation.
      Colère, désarroi, déception.
      En rentrant, au téléphone, je demande à la directrice de l’école de renvoyer au maximum mes élèves chez eux le lendemain matin. Il est 21 heures. J’insiste : ne faut-il pas prévenir les familles ? On va créer un cluster. Pour la première fois de ma vie d’instite, parfois malade, parfois maman, je croise les doigts pour qu’aucun.e remplaçant.e ne soit disponible pour la classe le lendemain. J’écris à l’IEN ; mon inquiétude. Je ne dors pas beaucoup. La nuit me taraude. Symptômes ? Pas symptômes ? Je ne sais plus, mon corps ne sait plus. En juillet, j’étais sur la liste des personnes vulnérables. Juste avant septembre, nous sommes très nombreux à en être sortis. C’est quoi les symptômes, déjà ? Un traitement me donne régulièrement des bouffées de chaleur...
      Et si là c’était la fièvre ? Je suis sujette aux angines, surtout quand le désarroi me gagne... Et si là c’était LE symptôme ?

      Mardi, 6h15. C’est l’heure. Je me lève quand même, même si je ne vais pas à l’école.
      Je trouve un mail réponse de l’IEN : en attendant le retour du test de l’élève, RAS ; des masques de type ffp2 sont disponibles dans son bureau, il faut venir les chercher munie d’un certificat médical ; elle me redonne la liste des personnes vulnérables, que je connais tristement par cœur...

      Allez travailler !
      Je m’en fiche, je ne vais pas à l’école ; moi, je vais me faire tester. Durant les trois heures passées à attendre devant la mairie pour me faire tester, j’agite tout : la cellule médicale du rectorat (poil dans la main), l’ARS (c’est la directrice qui doit prévenir et pas moi), la directrice (elle ne sait plus où donner de la tête). On finit par apprendre que le test de l’élève de ma classe est positif. La directrice met immédiatement en branle le protocole mais... on nous dit qu’on doit attendre la décision de l’ARS validée par le rectorat pour décider ou non de confiner la classe... plusieurs jours...
      Quant à moi, je finis par passer le test et déclarer que j’ai des symptômes pour tenter d’accélérer l’arrivée du résultat (délai prévu : sept jours !!).
      A côté, une petite fille d’une autre école du quartier pleure de douleur devant le test. Les élèves sont nombreux ce matin-là. Les enseignants de cette école sont venus aussi. Une longue file d’attente ne désemplit jamais. Trois cents à quatre cents personnes attendent, en permanence, à longueur de journée.

      #école #covid-19

  • Covid : Oui à la responsabilité individuelle, non à la culpabilisation constante - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/09/21/covid-oui-a-la-responsabilite-individuelle-non-a-la-culpabilisation-const

    Les trous dans la raquette de la protection, ce sont les enfants. Nous avons bataillé pour demander le port du masque à l’école, entre autres mesures (embauches d’enseignants, possibilité d’enseignement à distance…), non pas parce que nous sommes des monstres hors-sol désireux de punir les jeunes et de freiner leur développement, mais parce que les enfants de moins de 10 ans peuvent être contaminés et contaminants, qu’ils soient symptomatiques ou asymptomatiques. L’OMS et l’Unicef recommandent le port du masque dès 6 ans dans les régions de circulation virale. Mais en France, on reste bloqué sur une étude mise en avant par la Société française de pédiatrie affirmant que les enfants ne sont pas contaminants pour les adultes, à partir d’observations réalisées… pendant le confinement, à un moment où les écoles étaient fermées.

    […]

    Le déni prolongé d’une grande part de la communauté scientifique et des politiques quant à la contamination par aérosolisation fait que même si aujourd’hui son existence est enfin admise, beaucoup de gens n’ont toujours pas compris de quoi il s’agit, et n’osent pas le demander pour ne pas passer pour des cons.

  • #Covid-19 : le gouvernement français impose la rentrée des classes sans mesure de précaution - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2020/09/15/rntr-s15.html

    Afin d’imposer un redémarrage sans restriction aucune de l’économie, le gouvernement français abandonne les mesures de précaution prises sur la rentrée des classes.

    Ce que signifiera cette politique est sorti au grand jour en Espagne, où la deuxième vague européenne de Covid-19 est la plus avancée. La première ministre régionale de droite de Madrid, Isabel Ayuso, a déclaré : « Il est probable que pratiquement tous les enfants, d’une manière ou d’une autre, seront infectés par le #coronavirus ». C’est effectivement ce qui attend les enfants en Espagne et dans toute l’Europe et leurs familles si la classe ouvrière ne s’oppose pas à la politique de retour forcé à l’#école.

    Pour la rentrée scolaire de septembre en France, l’enseignement à distance est abandonné ; tous les enfants doivent être présents dans des classes surchargées. Ce ne sont plus les professeurs qui se déplacent comme lors de la réouverture partielle des établissements en juin, mais les élèves en foule dans les couloirs. Le phénomène de « brassage des classes », que le ministère déclarait vouloir éviter, serait ainsi très important. Pour les cours de langues et dans d’autres matières thématiques, les enfants sont regroupés entre plusieurs classes.

    Pour les bus scolaires, les récréations et les cantines, le « brassage » est aussi la règle. Tout se passe comme avant le confinement avec quelques aménagements, quand c’est possible. Une explosion de l’épidémie se prépare en milieu scolaire, avec pour seule protection la barrière des masques, et à partir du collège seulement. Toutefois, les masques sont peu efficaces en cas de distanciation sociale insuffisante.

  • Le coût humain de la réouverture des #écoles : six enseignants morts aux États-Unis au cours du mois dernier - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2020/09/16/scho-s16.html

    En raison de la réouverture généralisée des écoles de la maternelle à la terminale aux États-Unis, au moins six enseignants sont morts du #COVID-19 au cours du mois dernier, ce qui porte le nombre de décès parmi les éducateurs à au moins 210 depuis le début de la pandémie. Tous ces #décès étaient absolument inutiles et sont le résultat direct des politiques criminelles menées par les politiciens démocrates et républicains à tous les niveaux dans le but de protéger les profits de l’oligarchie financière.

    Les enregistrements récemment divulgués d’entretiens téléphoniques entre le président américain Donald Trump et le journaliste principal du Washington Post Bob Woodward ont montré clairement que l’administration Trump était pleinement consciente du danger massif et mortel que représentait le COVID-19 dès le mois de janvier. La Maison-Blanche, les partis des grandes entreprises et les médias ont conspiré pour minimiser la menace de COVID-19 et essayer d’habituer la population aux décès de masse.

    Une grande partie des décès d’éducateurs proviennent de la ville de New York, un épicentre antérieur du virus, où au moins 31 enseignants et 44 membres du personnel sont morts du COVID-19, principalement en mars et en avril. Soulignant le fait que la conspiration contre la classe ouvrière continue aujourd’hui, le maire de New York, Bill de Blasio, est de connivence avec le syndicat « United Federation of Teachers » pour rouvrir les écoles du plus grand district scolaire du pays, dans le but de forcer 1,1 million d’élèves à retourner en classe afin de créer un précédent pour les districts dirigés par les démocrates dans tout le pays qui ont commencé avec l’enseignement en ligne.

    Les six décès signalés liés à la réouverture d’écoles marquent le début de ce qui deviendra un déluge de reportages de ce type, sauf intervention indépendante des éducateurs, des parents et des élèves pour forcer la fermeture des écoles. Le Comité de sécurité des enseignants de la base se bat pour organiser l’immense opposition à ces réouvertures d’écoles meurtrières, en aidant à former des comités en Floride, au Texas, au Michigan et à New York.

  • Le gouvernement espagnol exige la réouverture des #écoles alors que les décès liés au #COVID-19 augmentent - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2020/09/12/espa-s12.html

    La décision politiquement criminelle du gouvernement espagnol de rouvrir les écoles au milieu d’une vague massive d’infections au COVID-19 entraînera d’innombrables décès inutiles. Les deux partis au pouvoir, le parti « populiste de gauche » Podemos et le Parti socialiste social-démocrate (PSOE), agissent dans une totale indifférence pour la santé et la vie de millions d’enseignants, d’enfants et de leurs familles.

    L’Espagne reste l’épicentre de la résurgence du coronavirus en Europe occidentale. Le week-end dernier, le pays a franchi une étape sombre, passant le seuil d’un demi-million d’infections après avoir enregistré 26.560 nouveaux cas entre vendredi et dimanche. Le total officiel est maintenant de 543.379. Vendredi a également vu 184 nouveaux décès, le plus grand nombre de décès quotidiens depuis la fin du mois de mai. Alors que le bilan truqué officiel est de 29.516 morts, les analyses des principaux journaux indiquent qu’au moins 45.000 personnes sont décédées du virus en Espagne.

  • Une place à soi

    – Madame… on a besoin de votre aide.

    Cela a commencé comme ça. Un petit groupe de six filles, à la fin d’un cours. J’ai mon sac prêt pour aller remplir ma bouteille d’eau et chercher un café, dans les dix minutes de récréation qu’il reste. Je leur dis avec un sourire que, s’il s’agit d’astuces pour leur devoir de physique-chimie, c’est pas gagné mais que je ferai mon maximum. Elles sourient. Trois autres filles, déjà parties dans le couloir, reviennent dans la salle.

    L’une d’elle regarde ses camarades et commence à m’expliquer en choisissant bien ses mots. Depuis plusieurs semaines, certaines d’entre elles subissent des « remarques ». Des « moqueries ». Des « blagues ». J’écoute, hoche la tête. Vous avez vu comme cela va vite ? Elles ont 14 ans au mieux et elles ont déjà si bien intégré comment, dans le langage, édulcorer la réalité. Car ceux qui ont subi « blagues », « moqueries » et « remarques » savent de quelle réalité ces mots sont lourds.

    Mais l’élève porte-parole tourne autour du pot : je lui dit que j’ai besoin d’exemples concrets pour comprendre ce dont il s’agit, ce qui se joue ici, et surtout clarifier ce qu’elles ne savent pas ou n’osent pas, plutôt, nommer. Elles dansent d’un pied sur l’autre, hésitent, l’une d’entre elles réajuste son sac sur l’épaule et se tournant vers la porte esquisse un « Nan mais c’est rien Madame, et puis vous n’avez pas le temps ».

    Je pose mon sac et ma bouteille.

    Je pose mes clefs de salle.

    Je pose ma voix.

    – J’ai tout mon temps. Et vous aussi.

    Alors, une des élèves me tend son téléphone : les captures d’écran de conversation sur une plateforme de chat, et me dit « Et encore, là, c’est rien. Remontez… ». « Là, c’est rien » : rien que ces mots, cette manière de minimiser ce qu’elle pense être suffisamment problématique pour en parler à une prof, est un indice : elle a déjà accepté que dans sa vie, elle devrait passer outre les micro-agressions, les accepter comme incontournables et les faire passer d’un geste de la main. Parce que « dans la vie, il faut avancer » et qu’« il y a des choses plus graves ». Nier les blessures, les contourner, les cloisonner, cliver. Tout simplement. Elles savent déjà faire.

    Je lis les phrases échangées entre plusieurs garçons et filles de la classe. Les répliques de ces dernières ne laissent aucun doute : « Mais oh comment tu parles ! », « Tu te crois où ? », « Mais on parle pas du physique des gens, ça va pas ? », et autres « Tu lui parles pas comme ça ! » et « Non je ne crois pas que c’était une blague ! ».

    – J’admire votre solidarité.

    Ancrer le collectif. Car il est ô combien nécessaire, et encore plus à 14 ans.

    La conversation navigue entre cours, devoirs, clips musicaux et blagues. Celles-ci émanent de tous, mais les blagues proférées par les garçons reviennent toujours aux capacités supposées des filles et à leur physique, cela n’y coupe pas. On sent une mélodie bien connue, un automatisme. Et les filles réagissent à chaque fois, la destinatrice puis les autres accourues à son secours, car les « remarques pour rire » d’un garçon sont appuyées par les « Haha ! » des autres venus confirmer le propos, et surtout, surtout, face aux réactions outrées des filles, pour minimiser le contenu et son impact. Edulcorer donc, voire se moquer de la réaction outrée. Toute cette mécanique bien huilée de la vanne balancée « comme ça », de la bande de copains qui rapplique quand la vanne va un peu trop loin avec comme mission plus ou moins inconsciente de minimiser l’insulte et de faire passer les filles légitimement en colère et demandant des excuses pour des pisse-froid. En un mot : des hystériques [j’emploie évidemment ce mot lourdement connoté à dessein].

    Je lis des « blagues » dirigées vers l’une ou l’autre, mentionnant leurs formes, seins et fesses, devenues objets dont on peut deviser publiquement, et reliées à leur intelligence et à leur réussite. J’écoute aussi les cours où les filles refusent d’aller au tableau parce que ce simple déplacement expose, EXPOSE !, le corps au regard du groupe de garçons gouailleurs de la classe qui en feront des gorges chaudes ensuite.

    Je réfléchis.

    Des ados. Des ados qui jouent aux petits mecs, des ados que j’affectionne et dont je sais qu’un par un ils seraient les premiers à dire que, tout ça, « ça ne se fait pas ». Il n’en reste pas moins que le nombre les a fait se sentir suffisamment en sécurité pour instaurer cette domination, palpable dans la crainte, la peur, évoquée par les filles. Peur qui se traduit par le coup de grâce final : « Non, mais on ne va quand même pas en parler au principal… Nan mais c’est pas si grave, on va s’en sortir, et puis… il y aurait des conséquences ! ».

    Elles ont 14 ans et on en est déjà là.

    Impressionnant, n’est-ce pas ?

    Alors je leur explique ce qui va se passer, parce que désormais ma responsabilité est engagée : alerter la direction de l’établissement qui réagira je le sais, le professeur principal et l’équipe. Et ça, ce n’est pas négociable. Mais aussi les informer, leur transmettre des astuces et des techniques pour recadrer rapidement ce type de situations et se protéger : je n’y suis pas du tout formée, j’ai seulement lu, écouté et vécu et en gros, j’y vais au feeling. Comme d’habitude dans ce métier.

    Leur apprendre à conserver des traces, et à en laisser en mettant les garants du respect du règlement, du droit, de la loi face à leur responsabilité et en leur demandant des comptes. Leur apprendre à ne transiger sur rien et les renforcer dans le sentiment d’être dans leur droit. Ne pas s’investir d’un sentiment de culpabilité inopportun et désigner clairement les responsables sans sourciller : « Il l’a dit ? il l’a écrit ? Il est assez grand pour formuler ça, c’est donc qu’il est assez grand pour en assumer les conséquences ».

    Je les laisse parler entre elles. Je les laisse éprouver leur solidarité et leur complémentarité, je les laisse apprendre à se protéger les unes les autres.

    Pendant ce temps, je regarde ma salle.

    Moi, à mon échelle, qu’est-ce que ce que je peux faire concrètement ? Ce sont des élèves que je connais bien, et je sais que le discours moralisateur sera un blabla de plus sans impact. Quels leviers infimes puis-je faire fonctionner pour que, au moins dans mes cours, un équilibre soit rétabli, que la domination et le sentiment d’impunité à l’exercer disparaissent… qu’est-ce que je peux pirater dans nos habitudes pour que…

    Les chaises, les tables, les murs, je revois un cours se dérouler et…

    J’ai dit aux filles de sortir et que dès le lendemain, j’allais modifier quelques petites choses. Minimes. Des détails. Sans en dire plus, je leur ai seulement demandé d’observer attentivement.

    J’ai commencé ce fameux cours par déplacer, comme je le fais régulièrement pour les travaux de groupes ou l’équilibre de la classe, des élèves. Telle fille par là, tel garçon par ici. Je fais surtout bien en sorte de ne rien laisser paraître de mon intention. Durant l’année, le plan de classe a évolué : totalement libre au début, je le recompose au gré de la participation, des bavardages ou des explosions. Et avec cette classe, au fur et à mesure des mois, une configuration qui désormais me saute aux yeux s’était mise en place involontairement : toutes les places périphériques sont occupées par les garçons, sur les côtés et au fond de la classe, c’est-à-dire avec un mur qui rassure et permet une assise stable. Les filles, elles, sont au centre : sans assise, sans appui, exposées de toutes part. Sous le regard de. Et ça, il en va de ma responsabilité : voir la classe comme un agrégat de personnes aux compétences variées, aux degrés de bavardage divers, et comme un système de dominations possibles. Au final, en peu de changements, j’arrive à un plan de classe tout à fait inédit : les filles en périphérie, encadrant les garçons assis au centre.

    Le cours commence et avec lui, je m’impose une nouvelle technique de calcul mental : 2 = 1. C’est une classe dont, dès le début de l’année, j’avais perçu qu’il me faudrait être attentive aux rapports de forces car composée aux deux tiers de garçons, et donc nécessairement le déficit de filles crée un déséquilibre à un âge de différenciation forte. Les garçons de cette classe sont dynamiques, prennent la parole sans attendre qu’on la leur donne, assez souvent à bon escient ; les filles, excellentes pour la plupart, ont une posture très scolaire parce qu’elles jouent parfaitement le jeu des codes scolaires et sociaux. Elles attendent d’obtenir la parole, elles se laissent couper la parole, elles se rebiffent peu.

    Donc, comme elles composent un tiers de classe, temporairement l’intervention d’un garçon impliquera deux interventions de filles. Sans le dire, et sans céder. Mains levées ou pas, chaque intervention compte et je persiste en relançant les filles : « Une idée ? », « Tu peux continuer sur la proposition de ta camarade ? ». Et elles s’en donnent à cœur joie, et tous profite des analyses pertinentes souvent dites à voix fluette.

    A la fin de ce cours, une atmosphère étrange flottait dans la classe. Les garçons à l’habitude exubérants, continuant de bavarder bien après la sonnerie en petit groupe au fond de ma salle, sont gênés. L’inconfort est palpable : il s’est passé un truc mais ils ne savent pas quoi. Les filles, elles, se regardent les unes les autres. Trois d’entre elles ont un large sourire.

    Elles ont compris. Elles n’ont pas besoin de dominer.

    Elles sont puissantes.

    Une semaine plus tard, au détour d’un chapitre, j’ai diffusé une vidéo sur le harcèlement de rue. Les garçons étaient scandalisés et dénonçaient les réflexions faites aux femmes dans la rue, sur leur morphologie, leurs vêtements, leur sexualité supposée. Ils étaient réellement sincères, mais à quel point se conformaient-ils au discours qu’ils savent attendu à l’école, à quel point avaient-ils compris comme on peut, facilement, basculer dans l’esprit de meute ? A une de leur question, savoir si on le vivait toutes, je leur ai raconté qu’à partir de leur âge, aller au tableau avait impliqué de me lever en tirant mon T-shirt le plus bas possible sur des jeans larges pour que mes formes soient imperceptibles. Que j’avais tellement bien intégré les réflexions sur les autres filles et sur moi que j’avais exclu vêtements moulants et robes. Qu’il m’avait fallu 20 ans pour m’en remettre et oser en porter, parce que désormais capable de faire front face à un mec dont les jambes écartées prennent deux places dans le métro, ou un autre qui ne change pas de trajectoire sur un trottoir parce que l’espace public est masculin. Eux qui me voyaient chaque jour en robe, dont un regard contient plus (je crois) d’autorité qu’une grande gueulante, ont ouvert de grands yeux.

    Ce groupe d’ados grandira et progresser sans aucun doute possible, chacun à son rythme. Je ne les fragiliserai pas en leur faisant subir une autre domination, mais je contribuerai à déstabiliser toutes ces certitudes qui s’installent si rapidement dans une classe : la certitude qu’avoir « de bonnes notes » c’est être « meilleur », la certitude qui, parce que l’on a un pénis, enjoint de croire que tout est dû et acceptable, la certitude qu’un système qui vous fait intégrer que vous êtes vulnérable parce que femme est légitime et ne peut être piraté.

    Et ces filles ? Elles ont fait du bruit. Elles ont pris de la place. Elles ont parlé fort et elles ont coupé la parole, elles ont fait des captures d’écran, elles sont montées au créneau, elles ont osé parler aux adultes et demandé de l’aide. Elles ont fait ce pas, gigantesque, à recommencer chaque fois et toujours aussi gigantesque, de surseoir au sentiment de honte, au sentiment de culpabilité et d’EXPOSER le problème et son auteur.

    Il faut beaucoup de courage pour cela.

    Elles sont admirables.

    http://www.chouyosworld.com/2020/07/23/une-place-a-soi

    #responsabilité #harcèlement #corps #école #filles #femmes #moqueries #mots #domination #impunité #configuration_de_la_classe #agencement #plan_de_classe #centre #périphérie #géographie #tour_de_parole #classe #déstabilisation #espace #honte #silence #culpabilité #éducation #sexisme #spatialité

    La partie sur l’#agencement de la classe :

    J’ai commencé ce fameux cours par déplacer, comme je le fais régulièrement pour les travaux de groupes ou l’équilibre de la classe, des élèves. Telle fille par là, tel garçon par ici. Je fais surtout bien en sorte de ne rien laisser paraître de mon intention. Durant l’année, le plan de classe a évolué : totalement libre au début, je le recompose au gré de la participation, des bavardages ou des explosions. Et avec cette classe, au fur et à mesure des mois, une configuration qui désormais me saute aux yeux s’était mise en place involontairement : toutes les places périphériques sont occupées par les garçons, sur les côtés et au fond de la classe, c’est-à-dire avec un mur qui rassure et permet une assise stable. Les filles, elles, sont au centre : sans assise, sans appui, exposées de toutes part. Sous le regard de. Et ça, il en va de ma responsabilité : voir la classe comme un agrégat de personnes aux compétences variées, aux degrés de bavardage divers, et comme un système de dominations possibles. Au final, en peu de changements, j’arrive à un plan de classe tout à fait inédit : les filles en périphérie, encadrant les garçons assis au centre.

    Ce billet a déjà été signalé sur seenthis, je le remets ici (car 3 fois vaut mieux que 2) et aussi parce que j’y ai ajouté des tags...
    https://seenthis.net/messages/872907
    https://seenthis.net/messages/868847

    ping @isskein

  • Greece: Refugee children only with negative Covid-19 test in schools

    Greece’ Education Ministry demands negative COVID-19 test refugee children in order to enroll them in school, even though there is no official epidemiological data to justify such a discriminating move.

    According to a circular issued by Deputy Education Minister Sofia Zacharaki, refugee and asylum-seeking children that want to attend primary education classes across the country will have to show a Covid-19 test with negative result. The test has to be carried out 72 hours before.

    The circular uploaded by newspaper documentonews stipulates that next to the international certificate of vaccination or prophylaxis, necessary to ensure the public health, registrations of minor applicants or minor children of applicants for international protection in school units will have to submit also “a COVID-19 test with negative result carried out 72 hours before enrollment.”

    Most likely, it is the parents that will carry the cost.

    Worth noting that domestic students are not required to submit a negative Covid-19 test in order to attend schools.

    Apart from the fact that a negative test is not a scientific-based panacea against coronavirus in the class-rooms, the Ministry decision raises serious questions regarding the issue of discrimination in a very sensitive area such as health and thus in times of pandemic.

    Main opposition party SYRIZA demanded the immediate withdrawal of this criterion and spoke of “inadmissible categorization of students which is not based on any scientific or epidemiological data.”

    https://www.keeptalkinggreece.com/2020/09/12/covid-19-test-refgugee-children

    #asile #migrations #réfugiés #éducation #école #test_covid #ségrégation #discriminations #covid-19 #coronavirus #enfants #enfance #Grèce

    ping @thomas_lacroix @luciebacon

  • Rentrée scolaire : prise de position de la société de virologie (Corona virus update). 6 août 2020
    https://inf-covid.blogspot.com/2020/08/rentree-scolaire-prise-de-position-de.html

    Des exemples de clusters de #SRAS-CoV-2 dans les #écoles en Israël et en Australie étayent le risque de flambée épidémique dans le secteur de l’éducation, en particulier en cas d’augmentation du taux global d’infection dans la population (15,16).

    L’une des dernières découvertes importantes concernant le SRAS-CoV-2, qui doit être prise en compte lors de l’ouverture de l’école, concerne la possibilité désormais reconnue de transmission par #aérosol, c’est-à-dire la transmission par l’air, en particulier à l’intérieur lorsque la circulation de l’air est insuffisante (17). Plus il y a de personnes dans un espace clos et plus le temps passé là-dedans est long, plus le risque de transmission est grand.

    En ce qui concerne l’ouverture des écoles à l’automne, cela signifie que des mesures supplémentaires doivent être prises pour y minimiser le risque de transmission. Cela comprend, par exemple, la réduction de la taille des classes en fonction du nombre de nouvelles infections, l’utilisation des ressources spatiales et la recherche de solutions pragmatiques pour améliorer l’échange d’air dans les bâtiments publics tels que les écoles. La mise en œuvre de mesures techniques pour assurer un renouvellement suffisant de l’air ambiant ne relève pas de la compétence de l’infectiologie. L’intégration d’une expertise technique est urgente. En ce qui concerne la classe, d’un point de vue virologique, de petits groupes fixes comprenant le personnel enseignant devraient être définis avec le moins de mélange possible des groupes au quotidien. Les cours pourraient être dispensés aussi souvent que possible en petits groupes à différents moments de la journée et de la semaine. Des solutions numériques combinant des unités d’enseignement en face à face et de travail à domicile pourraient offrir d’autres possibilités de soulager les capacités spatiales.

  • Barbara Stiegler : « Le virus risque de permettre au néolibéralisme de se réinventer »
    27 AOÛT 2020 PAR JOSEPH CONFAVREUX

    Dans son dernier livre, la philosophe Barbara Stiegler décrit son « basculement dans l’action » et propose des pistes pour se sortir des rets d’un #néolibéralisme dont le grand récit, forgé à partir d’une lecture tronquée de la révolution darwinienne, continue de nous entraver.

    Dans cette rentrée incertaine, l’exécutif tient le cap de politiques scolaires, économiques ou hospitalières inchangées par rapport aux dogmes antérieurs, montrant que la promesse de « réinvention » n’est guère qu’une reformulation de la mise en demeure permanente à « s’adapter ».

    Barbara Stiegler, professeure de philosophie à l’université Bordeaux-Montaigne, avait fait la généalogie de cette injonction dans son ouvrage publié l’an dernier chez Gallimard, intitulé « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique, et consacré aux liens originels et oubliés entre le néolibéralisme et la révolution darwinienne.

    Elle publie aujourd’hui chez Verdier un nouveau livre intitulé Du cap aux grèves. Récit d’une mobilisation. 17 novembre 2018-17 mars 2020 , dans lequel elle décrit, de l’irruption des « #gilets_jaunes » à la mobilisation pour les retraites, son « basculement dans l’action » et sa rupture avec des habitudes d’auteure et de chercheuse dont les « mains fines ne se compromettent ni dans les lourdes tâches du monde matériel, ni dans la dureté des luttes ». Elle propose notamment, pour lutter contre la poursuite du cap néolibéral, de « réinventer nos #grèves » et de « miniaturiser les #luttes ».

    Pour Mediapart, elle revient sur ces propositions, son itinéraire politique personnel, et analyse les ressources intellectuelles et historiques dont nous pouvons disposer pour contester les modes de gouvernement dans lesquels nous sommes pris.

    Le slogan de l’année 2020, « Il faut se réinventer », constitue-t-il une simple déclinaison de l’impératif politique dont vous avez fait la généalogie : « Il faut s’adapter » ?

    Ce qu’on entendait en boucle ces dernières années, à savoir « Adaptez-vous », a effectivement été relayé au pic de la crise sanitaire, par une injonction à se réinventer. On a ainsi inversé la charge puisqu’on a demandé aux victimes d’une certaine politique de se transcender. Mais en réalité, cette inversion des responsabilités sévit depuis très longtemps dans les services hospitaliers, les #universités ou les #écoles, c’est-à-dire dans tous ces lieux où l’on demande aux personnels de prendre #soin des personnes sans leur accorder les moyens nécessaires.

    Cela fait déjà longtemps qu’on demande aux #soignants d’être « créatifs », un terme essentiel dans le secteur managérial du soin fondé sur une rareté malthusienne assumée des ressources. « Se réinventer » veut dire ici faire plus avec moins. Ce qu’a révélé la crise sanitaire, c’est le caractère profondément injuste et destructeur de cette injonction, qui rejoint celle, plus générale et qui régit le champ social et politique depuis des décennies, à l’#adaptation et à la #compétition face à des ressources limitées.

    Dans votre dernier livre, vous racontez votre itinéraire politique et le passage entre la publication de votre ouvrage sur la généalogie du libéralisme à votre basculement dans l’action : qu’est-ce qui décide une spécialiste de Nietzsche, professeur de philosophie politique à Bordeaux, à endosser le gilet jaune en décembre 2018, et non seulement à soutenir le mouvement ?

    La politisation et le combat politique, c’est quelque chose que j’ai eu la chance de connaître dès ma naissance. Enfant, j’entendais des discussions sur tel ou tel retournement « au parti », à une époque où le Parti communiste dominait encore la vie politique. Mais tout cela s’est soldé pour moi, comme pour beaucoup d’autres, par une dépolitisation progressive. Beaucoup d’entre nous, progressivement découragés par l’échec des espérances révolutionnaires et écœurés par la mutation néolibérale des gauches de gouvernement, se sont détournés de l’engagement politique. Tous ces gens ne sont pas devenus pour autant apathiques ou indifférents, mais alors que, quelques décennies avant, ils se seraient sans doute inscrits dans des structures de partis, ils se sont retrouvés seuls et orphelins.

    Pour ma politisation personnelle, la première date importante a été 2009, un combat que j’ai mené dans mon université, à Bordeaux-Montaigne, contre la réforme de l’université engagée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais ce qui m’a gênée dans cette première expérience, c’est que nous étions isolés du reste de la société. C’est pour cela qu’en 2018, lorsque j’ai vu que les classes dites « populaires » étaient en train d’entrer dans l’espace public pour parler politique, il y a eu pour moi un véritable basculement.

    C’était quelque chose dont on nous disait que ce ne serait plus possible, qu’après l’échec du mouvement ouvrier, cela n’aurait plus jamais lieu. Devant cette irruption, j’ai endossé à mon tour un gilet jaune, avec tous les problèmes de légitimité que j’évoque dans mon récit, parce que pour la première fois, et depuis si longtemps, des gens qui ne se parlaient plus depuis des décennies allaient peut-être commencer à se reparler. Et c’est justement ce qui s’est ensuite esquissé dans les cortèges pour défendre les #retraites, l’#hôpital et l’#éducation.

    C’était bien sûr ténu et fragile, on n’a certes pas assisté à un vaste mouvement victorieux de convergence mais, mais c’était pour moi une grande différence avec 2009, ce fait que toutes sortes de personnes, issues de milieux culturels et sociaux profondément différents, aient été amenées à se réunir pour s’entendre, ou pour ne pas s’entendre.

    Toutefois, écrivez-vous avec distance, « en marchant dans les rues insurgées, je me dis que je cumule tous les marqueurs d’une fausse gilet jaune »…

    Oui, parce que les gilets jaunes ont surgi avec une série de revendications centrées sur les carburants et sur l’usage de la voiture dans les espaces ruraux et périurbains et ont d’abord été, de ce fait, très marqués géographiquement. Lorsqu’un mouvement social surgit dans l’espace public avec une très grande force, il fait peur à tout le monde, et même à ceux qui le font. Tout le monde se demande avec angoisse ce qui va se passer le lendemain.

    Une manière de conjurer cette peur est de donner une identité fixe à ce qui est en train de se construire, en vue d’enfermer ce qui advient dans quelque chose de rassurant. On a donc rapidement décrété que les gilets jaunes étaient des gens qui habitaient dans des lotissements, en périphérie, dépendants de la voiture, qui avaient joué le jeu de la mondialisation et de l’entrepreneuriat avant d’être déçus. Ce n’est certes pas mon mode de vie à moi. Et je ne nie pas les différences de classe. Mais il y a en réalité beaucoup plus de porosité. Distinguer les « vrais » gilets jaunes, qui seraient les artisans souffrant des fins de mois, des « faux » gilets jaunes qui seraient professeurs et membres de La France insoumise, c’est ridicule. Les gilets jaunes ne constituent pas une identité figée. Opérer une telle distinction vise à ce qu’il n’y ait pas de rencontre dans la lutte.

    Décririez-vous votre itinéraire politique comme celui d’une radicalisation ?

    C’est un terme que je pourrais revendiquer, parce qu’il renvoie à la notion de racine, et par exemple à la proposition faite par le philosophe #John_Dewey de retourner aux racines de la démocratie pour contester le fonctionnement prétendument démocratique de nos sociétés et leur opposer une « démocratie radicale ». Mais cela ne caractérise pas ma propre évolution. Je ne suis pas plus radicale qu’avant dans mon approche des questions politiques. Je dirais plutôt que je suis dans une logique de mobilisation, après avoir été des années immobilisée dans mon bureau, sans bien savoir quoi faire. Ce qui est nouveau dans mon parcours, ce n’est pas la radicalité dans la réflexion, mais le passage à l’action.
    Pourquoi désignez-vous le surgissement des gilets jaunes comme une « #insurrection » et contre qui était-elle alors dirigée selon vous ?

    C’est un terme qui peut engager des débats terminologiques, historiques, comme le terme « révolution », et il est donc délicat de l’employer. Mais j’ai le sentiment qu’il s’est joué quelque chose de cet ordre. Je suis d’ailleurs convaincue que ce surgissement n’est peut-être pas fini, et qu’il a déjà entraîné d’autres choses : il a par exemple donné de la force et du courage au mouvement contre les retraites, de même qu’il a alimenté la révolte des soignants de terrain contre les politiques néolibérales qui détruisent le système sanitaire.

    La cible des gilets jaunes était le pouvoir politique, et en particulier le président de la République. Cela leur a été beaucoup reproché. Je pense au contraire que ce ciblage était parfaitement légitime. Ce qui est très intéressant dans ce mouvement social, c’est qu’il s’est brusquement imposé dans la sphère politique du pouvoir, en posant la question de sa légitimité pour gouverner.

    Alors que certains leur reprochaient de ne pas cibler en priorité le patronat ou le grand capital, on n’a pas suffisamment salué le caractère profondément politique de ce mouvement. C’est ce qui éclaire la focalisation de ses revendications sur les questions de démocratie, de prise de parole, de représentation et de participation, qui ont complètement défait les clichés du discours dominant sur les classes populaires, dont on disait qu’elles ne s’intéressaient pas à la politique, qu’elles n’étaient focalisées que sur leurs intérêts privés, ceux qui se jouent dans l’accès au logement, à l’emploi et au pouvoir d’achat.

    Tout en exprimant votre adhésion aux gilets jaunes, vous faites part d’un doute : « Plutôt que de se détruire lui-même, le pouvoir néolibéral en basculant dans la violence armée n’a-t-il pas eu raison des insurgés ? » Comment répondez-vous aujourd’hui à cette question ?

    Le néolibéralisme est un pouvoir dont le mode de manifestation privilégié n’est surtout pas la violence. Il s’agit plutôt, comme dit #Walter_Lippmann, l’un des inspirateurs américains du néolibéralisme, de fabriquer le #consentement de manière industrielle et d’obtenir l’adhésion des populations, par les médias de masse, par le cinéma, par l’éducation… Il ne s’agit pas de faire montre de manière coûteuse de la force du chef et de l’apparat du pouvoir.

    Le libéralisme fonctionne plutôt à la douceur, sur le modèle pastoral de celui qui guide son troupeau dans la bonne direction. La question du basculement dans la violence se pose donc nécessairement. En faisant usage de la violence, le néolibéralisme avoue-t-il sa défaite ou mute-t-il dans une autre forme de pouvoir, tout aussi efficace dans le contrôle des populations ?

    Vous rappelez que la bienveillance, qui est un des mots préférés du pouvoir actuel, vient du berger qui « veille bien » sur des moutons, et non sur des citoyens…

    Par ce terme, il s’agit en effet d’évacuer le conflit, le négatif, la critique. Un pouvoir néolibéral qui est obligé de passer à la violence armée – pensons aux agissements du préfet Lallement à Bordeaux puis à Paris –, avoue son propre échec. Dans d’autres types de pouvoir, au contraire, le fait de couper des têtes peut être une démonstration de force. C’est ce que Michel Foucault explique très bien pour distinguer les pouvoirs qui « marchent à la souveraineté » de la gouvernementalité libérale, qui essaie au contraire d’économiser la coercition, le déploiement de force et la démonstration coûteuse du pouvoir. D’où la question de savoir si le basculement du pouvoir en place dans la violence d’État signe le basculement dans un autre registre du pouvoir.

    À mon avis, il nous est très difficile de répondre, car juste après cette phase de répression, le virus est arrivé et a permis de redonner du crédit à la fonction du berger. En surface, on a à nouveau évacué la violence, mis en valeur le soin et la bienveillance et tenté de reprendre en main, de préférence dans la douceur, la totalité du troupeau – même si l’on ne doit pas oublier les violences cachées du confinement et le déchaînement de pulsions autoritaires chez les petits chefs.

    Au sommet de l’État, on a plutôt mis en scène la marginalisation du préfet Lallement, sommé de s’excuser en public pour la première fois de sa vie, après avoir fait la bêtise d’affirmer que ceux qui se « relâchaient » dans les parcs étaient ceux qui se retrouvaient intubés ensuite dans les services d’urgence. Ce processus démontre bien en quel sens le virus produit, pour le pouvoir en place, un véritable effet d’aubaine pour reprendre la main et se relégitimer.

    À partir du moment où le nouveau libéralisme théorisé par Walter Lippmann défend une réforme profonde de la société fondée sur une politique ambitieuse en matière d’éducation, de santé et d’environnement, en quoi se distingue-t-il de ce qu’on pourrait attendre d’une véritable social-démocratie ?

    La fabrication du consentement des populations ou des « masses », comme dit Lippmann, passe effectivement par des politiques de santé et d’éducation qui visent à transformer l’espèce humaine. Cette prise en main des populations dès l’enfance ne vise pas à plus de justice sociale, mais à donner aux hommes les compétences qu’on attend d’eux. La grande idée de Lippmann, qu’il prétend fonder sur sa lecture de #Darwin, est que le développement de l’espèce humaine a abouti à une culture où celle-ci n’était capable que de s’adapter à des situations stables, dans des entités géographiques closes.

    Or, pour lui, le sens de l’histoire est d’aller vers un monde totalement mondialisé même si les populations ne pourront pas toutes prendre des avions et des cargos. Ce qui signifie que les classes populaires seront assignées à rester dans leur territoire, tandis que les élites pourront se déplacer. Mais aussi qu’il faudra donner à tous des compétences en termes d’adaptabilité et de flexibilité à un monde entièrement mondialisé où les flux seront appelés à s’accélérer sans cesse. Tout cela deviendra le socle des politiques éducatives promues par l’Europe et par l’OCDE.

    Concernant la santé, l’idée est d’augmenter sans cesse les performances de l’espèce humaine, considérée comme handicapée par des biais psychiques, intellectuels, cognitifs, liés à sa lente histoire évolutive. Dans l’agenda de Lippmann, tout cela doit permettre de mettre en place une compétition générale qui permettra de dégager les meilleurs et d’aller vers le haut. Le confinement a parfaitement bien illustré cette conception néolibérale de l’éducation et de la mobilité : assignés à résidence, tous étaient en même temps sommés par les ministres de rester dans la course et de continuer à capitaliser des performances et des compétences.

    Loin d’apparaître comme une institution sociale et collective, l’école a été présentée comme une affaire entièrement privée, au service de la compétition entre individus, et entièrement soluble, à ce titre, dans l’e-learning et le télétravail. Il aura fallu la résistance des personnels, des familles, des élèves dits « décrocheurs » et des étudiants pour qu’on se souvienne du caractère nécessairement collectif de l’éducation scolaire et universitaire.

    Le néolibéralisme théorisé par Walter Lippmann est, à vous lire, irréductible à une « approche strictement économique du politique ». Cela oblige à se départir de l’idée que, pour vous citer, le « néolibéralisme serait conduit depuis les grandes entreprises et les places financières, avec leur logique de privatisation » et se réduirait à une doctrine économique, ou à une réduction du politique aux logiques économiques de la marchandisation. Si on veut comprendre aujourd’hui pourquoi le néolibéralisme s’est imposé, il faut revenir à la force de son grand récit, qui porte sur la vie elle-même, et non seulement sur l’économie ?

    Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, on est dans une période où, pour le dire comme Nietzsche, Dieu est mort. Les philosophies de l’Histoire ont pris un moment le relais, en cherchant à donner un sens à l’Histoire, qui ne serait pas la résurrection, mais peut être la révolution. C’est une des matrices du socialisme révolutionnaire qui est très puissant à cette époque. Mais aussi de ce qu’on appelle alors l’évolutionnisme, qu’on trouve notamment dans les écrits du sociologue britannique Herbert Spencer.

    À la fin du XIXe siècle, on découvre Darwin et on tente d’imaginer la fin de l’évolution du vivant. Un grand récit sur la vie va alors s’imposer, avec le darwinisme social. Sous l’influence de Spencer, la fin de l’Histoire apparaît alors un monde entièrement industrialisé et mondialisé auquel l’espèce humaine doit s’adapter, dans le cadre d’une division du travail parfaitement coordonnée et compétitive, qui fonctionnerait comme les rouages parfaitement ajustés d’une horloge.

    Cette vision du monde, qu’on pourrait croire obsolète, continue de nous hanter : il faut s’adapter, jouer le jeu de la mondialisation, accepter la sélection. Nous restons prisonniers de cette matrice téléologique qui trahit d’ailleurs Darwin, puisqu’il n’a jamais dit qu’il y aurait un but de l’#évolution. La leçon fondamentale de Darwin est précisément inverse : personne ne peut savoir à l’avance où va la vie. La vie va dans tous les sens et explore toute sorte de directions, et c’est accepter cela qui permet de la respecter.

    La pensée de Walter Lippmann trahit non seulement Darwin, mais aussi, pour vous citer, « la #démocratie, car si le sens de l’histoire est déjà fixé, les peuples n’ont pas à en décider ni même à en débattre ». Sa pensée se fonde en effet sur une logique techno-scientifique d’organisation sociale prenant la forme d’une démocratie minimaliste et procédurale éclairée par des experts. Mais ces derniers ne sont pas seulement des économistes, mais aussi des psychologues ou des sociologues…

    Cette forme de démocratie, qui va dominer toute notre histoire contemporaine, est fondée sur l’idée que ce n’est pas le #démos qui a le pouvoir, mais qu’on exerce un pouvoir sur le démos à partir d’un savoir expert par rapport auquel la société n’a pas voix au chapitre. Cette démocratie d’experts, qui est aujourd’hui contestée partout dans le monde, ne repose pas seulement sur une science économique qui passe d’ailleurs son temps à exclure celles et ceux de la profession qui sont considérés comme hétérodoxes.

    Elle mobilise aussi les sciences de l’éducation, les psychologues, les sociologues qui sont sans cesse mis à contribution pour produire des discours d’accompagnement et favoriser, comme on dit dans le jargon des appels à projet qui structurent le monde de la recherche, « l’acceptabilité sociétale des innovations ». L’idée est que le démos, rétif au changement, doit être adapté à la mondialisation et à l’innovation par un discours d’accompagnement produit par les experts.

    Dans « Il faut s’adapter », vous restituez les débats qui ont opposé Walter Lippmann au philosophe pragmatiste américain John Dewey. Sa pensée peut-elle être un antidote au grand récit néolibéral qui nous traverse encore aujourd’hui ?

    Pour Dewey, il ne peut pas y avoir de démocratie avec des experts d’un côté et un peuple de l’autre. La question du savoir est donc un enjeu démocratique fondamental, ce que disaient d’ailleurs déjà les Grecs. À la logique verticale de Lippmann, il oppose ainsi une transformation sociale par l’intelligence collective et une participation active des publics.

    Pourtant, dans votre dernier livre, vous êtes assez vindicative vis-à-vis des processus participatifs de type Nuit debout qui vous paraissent être la marque d’un monde « où l’on expose les points de vue comme autant d’atomes qui se croisent et s’esquivent » ?

    Dewey nous dit qu’il n’y a pas de démocratie sans participation des publics et sans co-construction des savoirs. Mais une fois qu’on a dit cela, comment fait-on ? Il faut du temps partagé et des espaces communs de dispute et de délibération. On vit dans une époque qui détruit les places publiques et un rapport au temps partagé, où donc les conditions minimales d’exercice d’une véritable démocratie où les publics participent sont détruites.

    Face à cela, on assiste régulièrement à la tentative de reconstituer des agoras, que ce soit place de la République, dans certaines salles de mairie ou dans les amphithéâtres de nos universités. Mais il y a souvent tellement peu de réflexion, tant de naïveté ou tant d’indifférence sur les conditions mêmes de l’agora que cela échoue. Bien sûr que l’enjeu dans une AG, c’est de savoir qui prend la parole, et pendant combien de temps. Mais on ne peut pas trancher cela en disant simplement : « deux minutes chacun », car avec une telle règle, on se retrouve avec une myriade atomique de points de vue qui ne permettent de construire ni un discours commun, ni un conflit clairement lisible entre différents partis.

    Autre exemple : l’usage dans les AG est désormais de ne pas applaudir, mais de faire des moulinets avec les mains. Cette nouvelle règle, héritée de la crise du VIH et qui vise à annuler les effets de tribune et le pouvoir que peut conférer la parole, est intéressante, mais elle ne doit pas devenir un nouveau dogme. À force de suspecter toute forme de pouvoir collectif comme une domination, je crains que ce type de règles ne deviennent des machines à détruire le pouvoir politique et la possibilité même d’une quelconque puissance, confirmant finalement la juxtaposition des points de vue individuels et l’atomisation qui détruit les collectifs.

    Mais la pensée politique de Dewey ne manque-t-elle pas de conflictualité par rapport à la situation dans laquelle nous sommes ?

    Dewey est l’héritier de la philosophie de Hegel et a donc un rapport au conflit très important. Il juge que la politique commence quand il y a des problèmes et donc du conflit. Mais il cherche toujours à résoudre le conflit par l’accord, par le commun. Cela peut expliquer pourquoi il passe auprès de certains pour un philosophe du consensus, aisément récupérable par le discours du monde de l’entreprise, qui aime tant parler d’intelligence collective pour évacuer toute forme de conflictualité.

    Même si j’entends ces critiques, mon travail actuel cherche à montrer ce qui, dans le pragmatisme, résiste à cette récupération et pourquoi Dewey ouvre des chantiers de réflexion difficiles et longtemps délaissés par la philosophie politique, alors qu’ils sont pourtant incontournables si on veut encore croire à la démocratie.

    Comment se sortir du paradoxe que, pour vous citer, « tout le monde, ou presque, semble désormais décidé à tourner la page du récit néolibéral, qu’on accuse de détruire le contrat social tout en compromettant l’avenir », mais que ce consensus ne semble pas s’imposer comme a pu s’imposer le consensus de Washington ?

    Le néolibéralisme ressemble aujourd’hui à un animal préhistorique, mais dont on ne sait pas encore comment il pourrait entrer définitivement au musée. Pour moi, la gestion actuelle du virus risque de permettre au néolibéralisme de se réinventer pour regagner encore une ou plusieurs décennies.

    Ce virus nous a pris en pleine #mobilisation pour les retraites. Un mot dont votre dernier livre souligne l’importance politique…

    La retraite au sens plein ne se réduit pas à garantir une pension. C’est aussi l’expérience d’un autre #temps et d’un autre rythme que celui du travail productif. C’est de ce temps de la retraite dont se prévalent déjà, tout au long de l’histoire, ceux qui prient, mais aussi ceux qui éduquent et ceux qui soignent, et qui ne peuvent le faire que s’ils sont protégés de la pression des rythmes productifs. Tel fut pendant des siècles le sens de la clôture des institutions, qu’il s’agisse du cloître, de l’hôpital ou de l’école : celle de protéger le temps de l’étude, de la formation ou du soin de l’accélération des rythmes collectifs.

    Or, tandis que les sociétés anciennes faisaient de la retraite le privilège de quelques-uns, impossible sans le travail des esclaves puis des classes laborieuses, les sociétés contemporaines ont cherché à étendre à tous ce temps de la retraite, au sens de temps ralenti.

    Désormais, loin de permettre un temps de retraite et de protection, le monde de l’éducation et de la recherche et le monde de la santé sont désormais devenus les deux secteurs prioritaires désignés par le néolibéralisme pour fabriquer des populations adaptées à la compétition mondiale et à la course à l’innovation, où il faut « capitaliser des points », comme on le fait dans les jeux vidéo.

    Il serait nécessaire que la course à la compétition ne s’arrête jamais, de supprimer le droit de se retirer. Je ne suis pas hostile à toute forme de compétition – je suis moi-même partie prenante d’une certaine compétition académique, celle de la forme du concours par exemple –, mais ce ne peut être notre seul mode d’être au monde.

    Face au saccage de nos vies et de notre temps, vous faites une proposition singulière : « miniaturiser les luttes. » Pourquoi aurait-on une telle envie ?

    Cela peut paraître heurtant et décevant, car, quand on lutte, on a envie que ce soit fort et grand et que cela ait de grands effets, donc on n’a pas envie de se replier sur des échelles miniatures. Mais un des grands ressorts de l’échec est le découragement face à un objectif trop grand pour nous. Appeler, par exemple, les étudiants d’une salle de cours à attaquer le grand capital, c’est le plus souvent totalement démobilisateur et cela décrédibilise les militants qui portent ce discours. Il me paraît bien plus judicieux et davantage à notre portée de s’en prendre au président de l’université qui applique une mauvaise politique, ou aux collègues autour de nous, ou aux pulsions conservatrices ou de soumission qui sévissent en nous-mêmes, même si c’est, bien sûr beaucoup plus périlleux et difficile.

    Il peut y avoir bien plus d’ambition à transformer notre environnement proche et à s’engager dans des conflits politiques réels, là où l’on se trouve, plutôt que d’afficher des objectifs mondiaux inaccessibles, qui conduisent le plus souvent à ne rien faire du tout et à éviter la réalité des conflits qui se jouent ici et maintenant, dans nos universités, nos écoles ou nos hôpitaux.

    « Plutôt que de se donner un agenda mondial et de contempler lucidement la fin du monde, plutôt que de se soumettre à un agenda national pour affronter le verdict des urnes et retourner nous coucher découragés, il s’agit de dés-automatiser nos conduites », écrivez-vous. Mais est-ce que cette réforme de soi peut véritablement mener à un changement collectif quand ces conduites sont dépendantes d’infrastructures et de superstructures qui les dépassent ?

    Je pense nécessaire de partir de ce qu’on est en train de vivre nous-mêmes, sans attendre de programme universel ou même national. À l’université, je suis souvent frappée de voir des collègues appliquer dans leur travail les réformes générales de l’université qu’ils prétendent combattre : dans la manière dont ils évaluent les étudiants, dont ils conduisent leur politique doctorale, dont ils accompagnent et acceptent les réformes en cours. J’attends et j’espère moi aussi un mouvement national et mondial, structuré et puissant.

    Mais en attendant, on se doit de réfléchir à nos propres pratiques et de tenter de les modifier dans le bon sens, même si c’est l’un des combats les plus difficiles qui soient. Cela me semble le préalable indispensable à toute reconstruction politique de plus grande ampleur, et c’est malheureusement une étape que, le plus souvent, on se garde bien d’affronter. Or c’est pourtant là, peut-être plus encore qu’ailleurs, dans la transformation de nos institutions publiques d’enseignement, de recherche et de santé, que se jouent l’avenir ou la fin de nos démocraties.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/270820/le-virus-risque-de-permettre-au-neoliberalisme-de-se-reinventer?onglet=ful

  • Opinion | Want to buy schools time? Open the windows. - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/opinions/2020/08/27/want-buy-schools-time-open-windows

    For classrooms, we recommend aiming for five air changes per hour (that is, the full volume of air in the room is changed or cleaned every 12 minutes), but the perfect cannot be the enemy of the good. The massive costs of keeping kids out of school, the lower risk profile of kids, and universal mask-wearing and other risk-reduction strategies mean we shouldn’t set a bright line for keeping kids out of school. Four air changes per hour of dilution plus cleaning is good, five is excellent, and six is ideal.

    [...]

    Opening windows is not a panacea and doesn’t mean we should not pursue other strategies. Buildings with mechanical systems should be set to the maximum amount of outdoor air possible, and schools should increase filtration to a MERV 13 filter or better on recirculated air. School officials should also be measuring flow rates and doing what they can to increase how much outdoor air comes inside.

    If they can’t bring in enough outdoor air to hit the air-changes-per-hour target, they shouldn’t despair. There is always another way. Air cleaning through the use of portable air cleaners removes airborne viruses, providing four to six air changes on their own when sized correctly for the classroom.

    #écoles #sars-cov2 #aération #ventilation

  • LA POLITIQUE SCOLAIRE DE JEAN-MICHEL BLANQUER… Par Daniel Amedro – Moissac au Coeur
    http://moissacaucoeur.fr/2020/08/17/la-politique-scolaire-de-jean-michel-blanquer-par-daniel-amedro

    Sous prétexte de s’adapter à la diversité des élèves, des établissements vont revoir à la baisse les objectifs, proposer des démarches fondées sur le concret et insister sur les ‘’compétences non cognitives ‘’ (le sérieux, la ponctualité, le respect de l’autorité, etc.) tandis que d’autres établissements proposeront des projets ambitieux pour les héritiers. On fera tout cela au nom de ce qu’ils appellent « la diversité des intelligences »…

    Ce n’est donc pas seulement les enseignants qui seront choisis (cf. ce que j’ai dit il y a un instant sur ‘’le libre recrutement’’), mais les élèves aussi.

    Tel est le sens des critiques répétées de Blanquer contre l’égalitarisme. L’idée c’est que tous les élèves ne peuvent accéder aux mêmes savoirs. Il faut donc différencier l’offre éducative. Et laisser les élèves et les familles choisir l’établissement qui leur convient le mieux. A charge pour eux d’assumer, par la suite, la responsabilité de leurs (bons ou mauvais) choix.

    #école #classisme #politique_éducative

  • L’Education nationale sous le choc - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/08/26/l-education-nationale-sous-le-choc_1797689?xtor=rss-450

    Mais depuis la fin du confinement, la tendance s’accélère. Partout en France, on a vu se développer en lieu et place des activités proposées en temps normal par les personnels de l’Education nationale des dispositifs « 2S2C » (sport-santé-culture-civisme) mis en œuvre par le secteur privé, pour les demi-journées où les enfants n’étaient pas accueillis à l’école. Autrement dit, ce sont des associations ou des entreprises qui ont proposé aux enfants des activités sportives, culturelles ou sanitaires, sur le temps scolaire avec le soutien des autorités, locales et nationales. Et voilà comment le secteur privé, sans autre contrôle que celui des communes, parvient à s’installer dans la grande maison républicaine de l’Education nationale. Dans le même esprit, les entreprises privées qui proposent des certifications en langues étrangères sont désormais rémunérées par l’Etat pour faire passer des tests de langue, devenus obligatoires par la loi. Merci Patron !

    Et ce n’est pas tout : la chaîne de grande distribution Auchan, en partenariat avec l’éditeur Hatier, a reçu cet été le label de l’Education nationale « vacances apprenantes », cette idée de génie du ministre Blanquer pour pallier les cours manqués pendant le confinement. Des cours de maths comme produit d’appel pour attirer les familles dans les centres commerciaux, il fallait y penser ! On attend avec impatience le partenariat avec McDo pour soulager les familles des repas de cantine pris à la maison.

  • Circulaire de rentrée : continuité de l’état d’esprit et de la politique (Marc Bablet, Club de Mediapart)
    https://blogs.mediapart.fr/marc-bablet/blog/180720/circulaire-de-rentree-continuite-de-l-etat-d-esprit-et-de-la-politiq

    Une analyse qui peut paraître un peu technique mais présentant une analyse assez fine de la blanquérisation de l’Éducation Nationale à mi-mandat.

    La circulaire de rentrée pour septembre 2020 est une circulaire bien ordinaire qui dit la politique ministérielle et l’état d’esprit ministériel qui favorise actuellement le grand désordre du système éducatif d’état et le grand désarroi des professionnels de l’éducation.

    #éducation #politique_éducative

    • Philippe Champy : Vers une nouvelle guerre scolaire
      http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/08/30082019Article637027476234427248.aspx

      « Depuis les années 2000, une partie croissante des hauts technocrates de l’Education nationale s’est ralliée à l’agenda néo libéral. Le numérique et les neurosciences sont les deux piliers qui, par leur emprise, doivent servir à accentuer la pression sur les enseignants, à rogner leurs autonomies professionnelles et leurs pouvoirs d’action ». Ces quatre cavaliers de l’apocalypse pédagogique fondent particulièrement sur les enseignants depuis le retour de JM Blanquer rue de Grenelle. Dans un nouveau livre (Vers une nouvelle guerre scolaire, La Découverte), Philippe Champy met en lumière l’évolution de sa pensée politique et aussi les liens qui unissent la technostructure du ministère à une partie des neuroscientifiques et le petit noyau étatiste des acteurs du numérique. Au coeur de la tempête, l’édition scolaire, que connait bien Philippe Champy, étroitement liée aux acteurs de terrain, est en première ligne. L’enjeu de cette nouvelle guerre scolaire tient dans le mot liberté. Particulièrement la liberté pédagogique des enseignants , soumis aux pressions d’instructions de plus en plus tatillonnes, d’une évangélisation neuroscientifique et d’outils numériques qui vérifient et recadrent les pratiques, comme les évaluations nationales. L’Ecole de la confiance c’est celle de la mise sous contrôle.

  • #Coronavirus : l’#OMS et l’#Unicef plaident pour la réouverture des #écoles en #Afrique
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/08/21/coronavirus-l-oms-et-l-unicef-plaident-pour-la-reouverture-des-ecoles-en-afr

    « L’impact à long terme de la fermeture des écoles risque de nuire encore plus aux #enfants, à leur avenir et à leurs communautés », estime un responsable de l’Unicef.

  • • Ecole Nouvelle d’Antony
    http://www.weck.fr/2005/04/18/ecole-nouvelle-dantony

    Ecole Nouvelle d’Antony
    Quand j’ai mis mes filles à l’École Nouvelle d’Antony, pas mal d’amis, accrochés au mythe de l’école républicaine, m’ont demandé de manière un peu agressive « mais qu’est-ce qu’elle a de plus ton école ?! ».

    #photographie #école #pédagogie #antony

    • C’est aussi mon sentiment. Doublé d’une façon de détourner l’attention (comme avec les contaminations ayant eu lieu dans des « événements privés » montrées du doigt plus que les autres). Et aussi de recommencer à montrer ses muscles (puisque les flics peuvent maintenant punir les contrevenants).

      Autres lieux curieusement épargnés : les #bars et les #restaurants. Bien sûr qu’on ne peut pas boire ou manger avec un masque, mais dans ce cas ces lieux devraient être fermés. Qu’en pensez-vous ?

      Et aussi, si les masques sont obligatoires partout, pourquoi ne sont-ils pas fournis par l’État ?

      #coronavirus #masques #contradiction #rue #travail #école #flics #répression

      le #foutage_de_gueule continue

    • Le cul dans les ronces - Christian Lehmann
      https://www.liberation.fr/france/2020/08/17/le-cul-dans-les-ronces_1796988

      On n’a pas le cul sorti des ronces… Depuis le début de la pandémie, la population française est confrontée à des injonctions contradictoires entraînant chez les uns un état de sidération, chez d’autres des craintes irraisonnées, ou au contraire une défiance envers toute mesure officielle de sécurité sanitaire. « Fermez les écoles… mais allez voter », « ne mettez pas de masque… mettre un masque est obligatoire », « les masques sont réservés aux soignants… il n’y a pas de masques pour tous les soignants », « mettez un masque et gardez vos distances… laissez-moi prendre un bain de foule à visage découvert ».

      Et à chaque fois que l’épidémie progresse, des experts, très souvent responsables de la situation actuelle, viennent morigéner les Français, et les menacer de nouvelles restrictions, justifiées par leur « coupable relâchement ».

    • Sur un sujet proche :

      Ces contaminés sacrifiés sur l’autel de la rentabilité
      Olivier Bonnet, Plume de Presse, le 15 août 2020
      https://seenthis.net/messages/871847

      parmi les 609 clusters, les entreprises hors établissements de santé restent les types de collectivités les plus représentés (22%), avec le milieu familial élargi (plusieurs foyers) et les événements publics/privés rassemblant de manière temporaire des personnes (21%) et les établissements de santé (17%)

      On peut aussi arrondir et dire que c’est un tiers chaque...

    • Les masques sont obligatoires, mais pas fournis par l’Etat, et pour certain.es, ça fait un sacré budget. Le risque contreproductif est donc que, de plus en plus, les gens utilisent mal les masques (trop longtemps, les réutilisent, ne les lavent pas ou mal etc.). C’est ça aussi quand on manie la menace plutôt que la persuasion, on récolte la triche...

    • Le MEDEF te fait déjà savoir qu’il est inquiet… en mode #cétautomatique.

      Coronavirus | Masques obligatoires au travail : les employeurs inquiets
      https://www.lalsace.fr/sante/2020/08/18/masques-obligatoires-au-travail-les-employeurs-inquiets

      Le Medef s’inquiète en particulier d’un risque de « réactivation de la peur d’aller travailler » chez certains salariés. Fin mai, plus de la moitié des entreprises avaient réintégré l’ensemble de leurs salariés à leur poste de travail tandis que 41 % maintenaient encore des salariés en chômage partiel et 21 % en télétravail, d’après une enquête de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises).

      Au lieu du quasi-retour à la normale espéré, les entreprises craignent un alourdissement de leurs charges si le masque est rendu obligatoire. Fin mai, la CPME estimait à 100 euros par mois et par salarié le coût moyen des mesures de protection sanitaire (masques, renforcement des mesures d’hygiène, parois de séparation transparentes…).Près de neuf entreprises sur dix ne le répercutaient pas sur leurs clients.

    • Autres lieux curieusement épargnés : les #bars et les #restaurants. Bien sûr qu’on ne peut pas boire ou manger avec un masque, mais dans ce cas ces lieux devraient être fermés. Qu’en pensez-vous ?

      Je suis assez d’accord, même si je suis un assez grand consommateur de resto ou ptit-bar-concert. Et je trouve les lettres ouvertes des artistes ou milieu culturel assez contradictoires avec ce qu’on sait de la propagation en milieu fermé. Du genre « les restos ont le droit alors nous aussi on devrait ». Alors que ça devrait être « mais pourquoi les restos et bars ont encore le droit avec ce qu’on sait ». Ok chacun prêche pour sa chapelle et les gens sont pris à la gorge et risque de voir leur activité disparaitre donc je comprends que beaucoup fassent tout pour continuer à travailler, mais à côté c’est des milliers de morts ou de gens handicapés longtemps. (Mais je le répète, c’est « facile » de dire ça quand on bosse surtout à la maison et qu’on ne dépend pas d’un public en foule.)