• Vivre et lutter dans un monde toxique. #Violence_environnementale et #santé à l’âge du #pétrole

    Pour en finir avec les success stories pétrolières, voici une histoire des territoires sacrifiés à la transformation des #hydrocarbures. Elle éclaire, à partir de sources nouvelles, les #dégâts et les #luttes pour la santé au XXe siècle, du #Japon au #Canada, parmi les travailleurs et travailleuses des enclaves industrielles italiennes (#Tarento, #Sardaigne, #Sicile), auprès des pêcheurs et des paysans des « #Trente_Ravageuses » (la zone de #Fos / l’étang de# Berre, le bassin gazier de #Lacq), ou encore au sein des Premières Nations américaines et des minorités frappées par les #inégalités_environnementales en #Louisiane.
    Ces différents espaces nous racontent une histoire commune : celle de populations délégitimées, dont les plaintes sont systématiquement disqualifiées, car perçues comme non scientifiques. Cependant, elles sont parvenues à mobiliser et à produire des savoirs pour contester les stratégies entrepreneuriales menaçant leurs #lieux_de_vie. Ce livre expose ainsi la #tension_sociale qui règne entre défense des #milieux_de_vie et #profits économiques, entre santé et #emploi, entre logiques de subsistance et logiques de #pétrolisation.
    Un ouvrage d’une saisissante actualité à l’heure de la désindustrialisation des #territoires_pétroliers, des #conflits sur la #décarbonation des sociétés contemporaines, et alors que le désastre de #Lubrizol a réactivé les interrogations sur les effets sanitaires des dérivés pétroliers.

    https://www.seuil.com/ouvrage/vivre-et-lutter-dans-un-monde-toxique-collectif/9782021516081

    #peuples_autochtones #pollution #toxicité #livre

    • Ces territoires sacrifiés au pétrole

      La société du pétrole sur laquelle s’est bâtie notre prospérité ne s’est pas faite sans sacrifices. Gwenola Le Naour et Renaud Bécot, co-directeurs d’un ouvrage sur ce sujet, lèvent le voile sur les dégâts causés par cette « pétrolisation » du monde, en France et à l’étranger.

      Si le pétrole et ses produits ont permis l’émergence de notre mode de vie actuel, l’activité des raffineries et autres usines de la pétrochimie a abîmé les écosystèmes et les paysages et a des effets de long terme sur la santé humaine. Dans le livre qu’ils ont coordonné, Vivre et lutter dans un monde toxique (Seuil, septembre 2023), Gwénola Le Naour et Renaud Bécot lèvent le voile sur les dégâts causés par cette « pétrolisation » du monde, selon leurs propres mots. Ils ont réuni plusieurs études de cas dans des territoires en France et à l’étranger pour le démontrer. Un constat d’autant plus actuel que la société des hydrocarbures est loin d’être révolue : la consommation de pétrole a atteint un record absolu en 2023, avec plus de 100 millions de barils par jour en moyenne.

      À la base de votre ouvrage, il y a ce que vous appelez « la pétrolisation du monde ». Que recouvre ce terme ?
      Gwenola Le Naour1. Dans les années 1960, s’est développée l’idée que le pétrole était une énergie formidable, rendant possible la fabrication de produits tels que le plastique, les textiles synthétiques, les peintures, les cosmétiques, les pesticides, qui ont révolutionné nos modes de vie et décuplé les rendements agricoles. La pétrolisation désigne cette mutation de nos systèmes énergétiques pendant laquelle les hydrocarbures se sont imposés partout sur la planète et ont littéralement métamorphosé nos territoires physiques et mentaux.

      L’arrivée du pétrole et de ses dérivés nous est le plus souvent présentée comme une épopée, une success story. On a mis de côté la face sombre de cette pétrolisation, avec ses territoires sacrifiés comme Fos-sur-Mer, qui abrite depuis 1965 une immense raffinerie représentant aujourd’hui 10 % de la capacité de raffinage de l’Hexagone, ou Tarente, dans le sud de l’Italie, où se côtoient une raffinerie, une usine pétrochimique, un port commercial, une décharge industrielle et la plus grande aciérie d’Europe.

      Comment des territoires entiers ont-ils pu être ainsi abandonnés au pétrole ?
      Renaud Bécot2. L’industrie du pétrole et des hydrocarbures n’est pas une industrie comme les autres. Les sociétés pétrolières ont été largement accompagnées par les États. Comme pour le nucléaire, l’histoire de l’industrie pétrolière est étroitement liée à l’histoire des stratégies énergétiques des États et à la manière dont ils se représentent leur indépendance énergétique. L’État a soutenu activement ces installations destinées à produire de la croissance et des richesses. Pour autant, ces industries ne se sont pas implantées sans résistance, malgré les discours de « progrès » qui les accompagnaient.

      Des luttes ont donc eu lieu dès l’installation de ces complexes ?
      G. L. N. Dès le début, les populations locales, mais aussi certains élus, ont compris l’impact que ces complexes gigantesques allaient avoir sur leur environnement. Ces mobilisations ont échoué à Fos-sur-Mer ou au sud de Lyon, où l’installation de la raffinerie de Feyzin et de tout le complexe pétrochimique (le fameux « couloir de la chimie ») a fait disparaître les bras morts du Rhône et des terres agricoles... Quelques-unes ont cependant abouti : un autre projet de raffinerie, envisagé un temps dans le Beaujolais, a dû être abandonné. Il est en revanche plus difficile de lutter une fois que ces complexes sont installés, car l’implantation de ce type d’infrastructures est presque irréversible : le coût d’une dépollution en cas de fermeture est gigantesque et sans garantie de résultat

      Les habitants qui vivent à côté de ces installations finissent ainsi par s’en accommoder… En partie parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, et aussi parce que les industriels se sont efforcés dès les années 1960-1970 et jusqu’à aujourd’hui de se conduire en « bons voisins ». Ils négocient leur présence en finançant par exemple des infrastructures culturelles et/ou sportives. Sans oublier l’éternel dilemme entre les emplois apportés par ces industries et les nuisances qu’elles génèrent. Dans le livre, nous avons qualifié ces arrangements à l’échelle des districts pétrochimiques de « compromis fordistes territorialisés ».

      Que recouvre ce terme de compromis ?
      R. B. En échange de l’accaparement de terres par l’industrie et du cortège de nuisances qui l’accompagne, les collectivités locales obtiennent des contreparties qui correspondent à une redistribution partielle des bénéfices de l’industrie. Cette redistribution peut être régulière (via la taxe professionnelle versée aux communes jusqu’en 2010, notamment), ou exceptionnelle, après un accident par exemple. Ainsi, en 1989, après une pollution spectaculaire qui marque les habitants vivant près de Lubrizol en Normandie, l’entreprise a versé 100 000 francs à la municipalité du Petit-Quevilly pour qu’elle plante quatre-vingts arbres dans la ville...

      Mais ce type de compromis a également été très favorable aux industries en leur offrant par exemple des allégements fiscaux de long terme, comme en Sicile près de Syracuse où se situe l’un des plus grands sites chimiques et pétrochimiques qui emploie plus de 7 000 personnes, voire une totale exonération fiscale comme en Louisiane, sur les rives du Mississippi. Des années 1950 aux années 1980, pas moins de 5 000 entreprises sur le sol américain – majoritairement pétrochimiques, pétrolières, métallurgiques ainsi que des sociétés gazières – ont demandé à bénéficier de ces exonérations, parmi lesquelles les sociétés les plus rentables du pays telles que DuPont, Shell Oil ou Exxon...

      Ces pratiques, qui se sont développées surtout lors des phases d’expansion de la pétrochimie, rendent plus difficile le retrait de ces industries polluantes. Les territoires continuent de penser qu’ils en tirent un bénéfice, même si cela est de moins en moins vrai.

      On entend souvent dire, concernant l’industrie pétrolière comme le nucléaire d’ailleurs, que les accidents sont rares et qu’on ne peut les utiliser pour remettre en cause toute une industrie… Est-ce vraiment le cas ?
      G. L. N. On se souvient des accidents de type explosions comme celle de la raffinerie de Feyzin, qui fit 18 morts en 1966, ou celle d’un stock de nitrates d’ammonium de l’usine d’engrais AZF à Toulouse en 2001, qui provoqua la mort de 31 personnes – car ils sont rares. Mais si l’on globalise sur toute la chaîne des hydrocarbures, les incidents et les accidents – y compris graves ou mortels pour les salariés – sont en réalité fréquents, même si on en entend rarement parler au-delà de la presse locale (fuites, explosions, incendies…). Sans oublier le cortège des nuisances liées au fonctionnement quotidien de ces industries, telles que la pollution de l’air ou de l’eau, et leurs conséquences sur la santé.

      Pour qualifier les méfaits des industries pétrochimiques, sur la santé notamment, vous parlez de « violence lente ». Pouvez-vous expliquer le choix de cette expression ?
      G. L. N. Cette expression, créée par l’auteur nord-américain Rob Nixon, caractérise une violence graduelle, disséminée dans le temps, caractéristique de l’économie fossile. Cette violence est également inégalitaire car elle touche prioritairement des populations déjà vulnérables : je pense notamment aux populations noires américaines de Louisiane dont les générations précédentes étaient esclaves dans les plantations…

      Au-delà de cet exemple particulièrement frappant, il est fréquent que ces industries s’installent près de zones populaires ou touchées par la précarité. On a tendance à dire que nous respirons tous le même air pollué, or ce n’est pas vrai. Certains respirent un air plus pollué que d’autres. Et ceux qui habitent sur les territoires dévolus aux hydrocarbures ont une qualité de vie bien inférieure à ceux qui sont épargnés par la présence de ces industries.

      Depuis quand la nocivité de ces industries est-elle documentée ?
      G. L. N. Longtemps, les seules mesures de toxicité dont on a disposé étaient produites par les industriels eux-mêmes, sur la base des seuils fixés par la réglementation. Pourtant, de l’aveu même de ceux qui la pratiquent, la toxicologie est une science très imparfaite : les effets cocktails ne sont pas recherchés par la toxicologie réglementaire, pas plus que ceux des expositions répétées à faibles doses sur le temps long. De plus, fixer des seuils est à double tranchant : on peut invoquer les analyses toxicologiques pour protéger les populations, l’environnement, ou les utiliser pour continuer à produire et à exposer les gens, les animaux, la nature à ces matières dangereuses. Ainsi, ces seuils peuvent être alternativement présentés comme des seuils de toxicité, ou comme des seuils de tolérance… Ce faisant, la toxicologie produit de l’imperceptibilité.

      R. B. Des études alternatives ont cependant commencé à émerger, avec des méthodologies originales. Au Canada, sur les territoires des Premières Nations en Ontario, au Saskatchewan précisément, une étude participative a été menée au cours de la décennie 2010 grâce à un partenariat inédit entre un collectif de journalistes d’investigation et un groupe de chercheurs. En distribuant très largement des kits de mesure, peu coûteux et faciles d’utilisation, elle a permis de démontrer que les populations étaient exposées aux sulfures d’hydrogène, un gaz toxique qui pénètre par les voies respiratoires. Grâce à cette démarche participative, des changements de règlementation et une meilleure surveillance des pollutions ont été obtenus. Il s’agit d’une réelle victoire qui change la vie des gens, même si l’industrie n’a pas été déplacée.

      Qu’en est-il des effets sur la santé de tous ces polluants ? Sont-ils documentés ?
      G. L. N. En France, les seuls travaux menés à ce jour l’ont été autour du gisement de gaz naturel de Lacq, exploité de 1957 à 2013 dans les Pyrénées. Une première étude, conduite en 2002 par l’université, concluait à un surrisque de cancer. Deux autres études ont été lancées plus récemment : une étude de mortalité dévoilée en 2021, qui montre une plus forte prévalence des décès par cancer, et une étude de morbidité toujours en cours. À Fos-sur-Mer, l’étude « Fos Epseal », conduite entre 2015 et 20223, s’est basée sur les problèmes de santé déclarés par les habitants. Ses résultats révèlent que près des deux-tiers des habitants souffrent d’au moins une maladie chronique – asthme, diabète –, ainsi que d’un syndrome nez-gorge irrités toute l’année qui n’avait jamais été identifié jusque-là.

      R. B. Ce que soulignent les collectifs qui évoquent des problèmes de santé liés à l’industrie pétrochimique – maladies chroniques de la sphère ORL, diabètes, cancers, notamment pédiatriques, etc. –, c’est la difficulté de prouver un lien de corrélation entre ces maladies et telle ou telle exposition toxique.

      L’épidémiologie conventionnelle ne le permet pas, en tout cas, car elle travaille à des échelles larges, sur de grands nombres, et est mal adaptée à un déploiement sur de plus petits territoires. C’est pourquoi les collectifs militants et les scientifiques qui travaillent avec eux doivent faire preuve d’inventivité, en faisant parfois appel aux sciences humaines et sociales, avec des sociologues qui vont recueillir des témoignages et trajectoires d’exposition, des historiens qui vont documenter l’histoire des lieux de production…

      Cela suppose aussi la mise au point de technologies, d’outils qui permettent de mesurer comment et quand les gens sont exposés. Cela nécessite enfin une coopération de longue haleine entre chercheurs de plusieurs disciplines, militants et populations. Car l’objectif est d’établir de nouveaux protocoles pour mieux documenter les atteintes à la santé et à l’environnement avec la participation active de celles et ceux qui vivent ces expositions dans leurs chairs.

      https://lejournal.cnrs.fr/articles/ces-territoires-sacrifies-au-petrole

  • Épidémiologie populaire
    https://cabrioles.substack.com/p/21-avril-2023-epidemiologie-populaire

    L’histoire coloniale et patriarcale de l’épidémiologie dominante, de même que les liens entre le mouvement eugéniste et les fondateurs de la statistique, commencent à être bien connus et documentés. Certaines maisons d’édition, surfant sur les inquiètudes pandémiques, en ont même fait des titres raccoleurs. Beaucoup moins connue en revanche est l’existence d’une histoire longue et riche des épidémiologies populaires. L’histoire des vainqueurs, même quand il s’agit de leurs méfaits, a une fois de plus écrasé celle des vaincu·es et de la créativité qui leur est propre. Source : Cabrioles

    • L’épidémiologie est une science populaire | Paul Richards

      Lorsque, à la mi-2014, la menace d’une épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest s’est profilée, on a réclamé à cor et à cri des solutions technologiques avancées, allant des vaccins et des médicaments aux robots infirmiers. Pourtant, l’épidémie n’a pas été réduite grâce à des traitements biomédicaux ou à des machines remplaçant l’action humaine, mais grâce à une meilleure compréhension de ce qui était nécessaire pour éliminer les risques d’interactions corporelles contagieuses.

      La pollution intérieure au croisement de la toxicologie et de l’épidémiologie populaire | Michelle Murphy

      Face à l’échec de la toxicologie et aux accusations d’hystérie, de quels moyens disposaient les travailleuses désireuses de faire valoir la présence et la nature des expositions chimiques au vingtième siècle ? Les femmes des classes populaires et à faibles revenus, et non les réformatrices de la classe moyenne, ont été les principales praticiennes de l’#épidémiologie populaire. Et bien qu’elle ait été rendue possible, dans un certain sens, par la vulgarisation du calcul des risques, l’#épidémiologie_populaire offrait une alternative au format extrêmement ciblé et technique des études médicales. Les outils et les pratiques de l’épidémiologie populaire étaient peu coûteux et facilement disponibles dans la vie quotidienne.

      Compter les personnes infectées : une épidémiologie opportuniste | Act Up Paris

      Quand il s’agit de la mort possible de dizaines de milliers de personnes, toute politique responsable ne devrait tenir compte que des hypothèses les plus hautes et les plus sombres. Quitte même à les surestimer pour un temps. On ne fait pas de moyennes avec des vies humaines, on se détermine en fonction du pire, parce que sous-estimer un danger est autrement dangereux que le surestimer.

      Avec Rob Wallace, faire l’épidémiologie du désastre capitaliste | Eamon Whalen

      Pour Rob Wallace, suivre l’argent a changé sa conception de ce qu’est un foyer de maladie. Si nous accordons autant d’attention aux entités qui financent la déforestation et les méthodes agricoles hautement pathogènes qu’à la zone de l’épidémie, nous devrions également considérer les centres financiers internationaux tels que Londres, Hong Kong et New York comme des épicentres viraux.

      Approches théoriques et conceptuelles pour une épidémiologie féministe | Denisse Guerrero Márquez

      Il est essentiel de reprendre l’approche des déterminations sociales des processus de santé-maladie sous un angle féministe afin d’affronter l’approche dominante utilisée dans le contexte néolibéral, qui privilégie une vision partielle et individualisée des problèmes sociaux. Une étape centrale de cette approche est la problématisation des sciences biomédicales elles-mêmes, qui considèrent le corps comme une matière fragmentée, et la revalorisation des expériences des personnes qui vivent, ressentent, incarnent et affrontent les maladies. Les sciences ne sont pas neutres, c’est pourquoi les épistémologies féministes insistent sur la nécessité politique de collectiviser les connaissances et de construire à partir de là les stratégies nécessaires à un monde plus juste.

      La statistique, outil de pouvoir ou de libération ? | Luc Boltanski, Alain Desrosières

      De fait, Marx et Engels utilisaient largement les statistiques des manufactures de leur époque pour analyser et critiquer le capitalisme.

      Les leçons de la favela de Maré | Nathalia Passarinho

      Comment par l’auto-organisation une favela de 140 000 habitants a réduit les décès Covid de 90% alors que Rio vivait une tragédie.

      Nous devons créer notre propre CDC populaire | People’s CDC

      Nous sommes des épidémiologistes et des médecins, des artistes et des biologistes. Nous sommes des enfants, des parents et des grands-parents. Nous vivons avec le #Covid_long et la perte d’êtres chers. Nous nous sommes réunis autour d’une même colère contre le mépris de notre gouvernement pour ses responsabilités sociales et de santé publique. Bien que beaucoup d’entre nous viennent de se rencontrer, nous héritons de centaines d’années de traditions de résistance.

      Comment et pourquoi les patient·es ont créé la notion de COVID Long | Elisa Perego, Felicity Callard

      Les contributions des patient·es et des profanes ont souvent été ignorées ou méconnues par les acteurs conventionnels, ce qui a intensifié la souffrance des patient·es et les inégalités sociales. Nous devons tirer les leçons de ces épisodes et veiller à ce que les contributions des patient·es à la pandémie de coronavirus soient pleinement reconnues et intégrées dans l’élaboration des politiques.

      #covid-19 #AutodéfenseSanitaire

  • BA.2.75 - 1 : Covid-19 : le pic de la septième vague semble avoir été franchi en France

    « On observe un ralentissement progressif du nombre de nouveaux cas depuis plusieurs jours, commente Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’Ecole des hautes études en santé publique à Rennes. Ce ralentissement survient par ailleurs avec un décalage d’une semaine avec le début des vacances scolaires ; or on sait que les vacances ont plutôt un effet de freinage sur la dynamique de l’épidémie. » Le revers de cet avantage conféré par les vacances est qu’elles ont tendance à perturber les indicateurs, la population adoptant d’autres comportements. Davantage de déplacements, moins de recours aux tests et donc un regard sur l’épidémie un peu biaisé, ce qui doit inciter à la prudence.

    (...) Les contaminations restent très élevées », avec toujours plus de 123 300 cas par jour, (...) avec toujours plus de 123 300 cas par jour, (...) même si le pic des contaminations semble franchi, c’est encore loin d’être le cas pour les hospitalisations, qui répercutent les effets de la baisse en général avec dix à quinze jours de décalage. « Ce pic des hospitalisations sera une vraie confirmation du reflux de la vague, puisque c’est un indicateur qui n’est pas perturbé par la problématique de dépistage »

    Les admissions à l’hôpital continuent toujours à grimper à vive allure, près de 1 500 par jour, avec une augmentation de 27 % par rapport à la semaine précédente. Même tendance du côté des admissions en soins critiques (132 par jour, +32 % en une semaine). Le profil des personnes en service de réanimation, lui, ne varie pas : ce sont les 80-89 ans les plus concernés. Les mêmes qui s’avèrent les plus vulnérables face aux vagues de très forte chaleur qui risquent de rythmer l’été.
    Malgré tout, seuls 28,5 % des 60-79 ans et 37,1 % des plus de 80 ans ainsi que 44,1 % des résidents en Ehpad qui y sont éligibles ont reçu leur seconde dose de rappel (...)

    Une amplitude que personne n’avait anticipée, malgré les exemples sud-africains puis portugais, où les sous-variants BA.4 et BA.5, nouveaux cousins de la grande famille Omicron, se sont imposés dès le mois de mai. (...)
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/07/14/covid-19-le-pic-de-la-septieme-vague-semble-etre-atteint_6134825_3244.html

    #prévention #santé_publique #covid-19 #épidémiologie

    • Une amplitude que personne n’avait anticipée : LOL. Merde à la fin.

      Sinon, je ne peux hélas que confirmer l’indifférence générale ; ce matin, chez le marchand de fruits et légumes blindé de vieux. Trois masques : un salarié, un autre client et moi seul FFP2.

    • pourquoi BA.2.75.1 ? me semblait que c’était BA.4-ou-5 qui servissait ; si c’est pas lui/eux, autant on est pas du tout au max des contaminations, et la vague est juste en train d’apurer le compte BA.2.75, et en même temps de faire monter BA.5 ?

    • BA4 et 5 c’est en ce moment, et BA2.75 c’est le potentiel suivant.

      Et continuer à écrire « personne n’avait anticipée » est de la pure propagande réthorique. Evidemment que personne n’avait anticipé l’amplitude exacte que ça allait atteindre. Mais de nombreuses voix avaient prévenu qu’une nouvelle vague allait avoir lieu, à la façon des précédentes.

      L’intérêt de faire travailler ce cabinet américain qui a tant défrayé la chronique, c’est d’être certain de bénéficier des mêmes outils que la plupart des autres pays occidentaux. D’où sur Twitter les mêmes réactions outrées des soignants dans tous les pays occidentaux qui en ont ras le bol des rassuristes nationaux qui tiennent les mêmes discours dans tous les pays. Et dans tous ces pays, ces rassuristes sont rémunérés, qui en décorations, qui en contrats de consultants, qui en postes bien rémunérés.

      Il serait bon que les « Conseils de Défense » français fassent un de ces jours l’objet d’une demande de publication auprès de la CADA ou équivalent pour ce type d’institution.

    • Le thème du « pic » annoncé dans le journal semble être un des éléments de langage du moment :
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/07/15/episode-caniculaire-en-france-un-pic-attendu-entre-dimanche-et-mardi-le-deta

      Episode caniculaire en France : un pic attendu entre dimanche et mardi, le détail des prévisions

      J’ai l’impression que le « pic » permet d’avoir une vision de l’avenir : ça permet de prévoir l’événement maximal, et ensuite on est dans la période de retour à la normale, tout va bien. Ouf, le pic est passé, on est toujours vivants.

      Alors que l’idée que nous allons désormais devoir vivre avec le Covid, comme nous vivons avec le VIH, et que nous allons subir le dérèglement climatique de manière continue et en aggravation continue pour au moins des décennies, c’est beaucoup moins enthousiasmant que ce pic que nous allons passer ou que nous venons de passer.

  • La Macronie récompense ses héros. Aujourd’hui, le ministère de la santé décore la présidente de la société française de pédiatrie.

    Décret du 13 juillet 2022 portant promotion et nomination dans l’ordre national de la Légion d’honneur
    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046045274

    Ministère de la santé et de la prévention
    Au grade de chevalier

    […]

    Mme Gras-Le Guen, née Gras (Christèle, Florence, Jacqueline), professeur des universités-praticien hospitalier, cheffe du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques d’un centre hospitalier universitaire ; 31 ans de services.

  • L’humeur de la planète sondée grâce aux réseaux sociaux
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/04/26/l-humeur-de-la-planete-sondee-grace-aux-reseaux-sociaux_6123724_1650684.html

    L’humeur de la planète sondée grâce aux réseaux sociaux
    Une vaste étude, portant sur l’état affectif de 11 millions de personnes dans 100 pays pendant le premier confinement, illustre l’émergence de sciences sociales dites computationnelles, aux fondements épistémologiques encore fragiles.
    Par Laure Belot
    Publié le 26 avril 2022 à 12h00 - Mis à jour le 26 avril 2022 à 12h00

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    L’intelligence artificielle va-t-elle devenir un outil banal pour sonder de façon massive et en temps réel les citoyens ? De plus en plus de chercheurs s’y attellent. Ainsi, l’exceptionnelle situation pandémique de 2020, pendant laquelle plus de 4 milliards de personnes ont été confinées, a permis à une équipe pluridisciplinaire de scientifiques du MIT (Etats-Unis), de l’Académie des sciences de Pékin et du Max Planck Institute de Berlin de réaliser une étude inédite : suivre, à l’aide des réseaux sociaux Twitter et son équivalent chinois Weibo, l’état affectif de 11 millions de personnes de 100 pays sur cinq mois, du 1er janvier au 31 mai 2020.
    La publication qui en découle, « Preuve globale de l’altération des sentiments exprimés pendant la pandémie du Covid-19 » (Nature Human Behaviour, 17 mars), représente, mappemondes à l’appui, l’évolution du « bien-être » de ces populations, l’hypothèse étant que ce bien-être est corrélé à ce que l’on exprime en ligne : plus on se plaint, moins on se sent bien dans la vie, et vice-versa. Afin d’éviter la pollution de certaines campagnes politiques, les scientifiques se sont limités, pour constituer cette énorme base de données de 650 millions de messages géolocalisés et anonymisés, à ceux qui ne se référaient pas directement au Covid-19.
    Comme on pouvait s’y attendre, la baisse du moral est nette sur la période étudiée, accentuée notamment après le 11 mars, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la crise liée au Covid-19 relevait d’une pandémie. En moyenne, cette plongée est presque cinq fois plus importante en amplitude que le passage « d’un dimanche, journée habituellement la plus heureuse de la semaine, à un lundi », précise Nicolas Guetta-Jeanrenaud, un des auteurs, étudiant-chercheur au MIT. Des pays tels l’Australie, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Colombie ont été particulièrement affectés, bien plus que la Tunisie et la Grèce, par exemple. La France se situe dans la moyenne.
    Pour mesurer la capacité de récupération des populations face à ce fléau, les chercheurs ont identifié un indicateur fort disparate, le nombre de jours après lequel le moral revient à mi-parcours. Ce délai est d’à peine 1,2 jour pour les messages géolocalisés en Israël contre 14 en France et 29 en Turquie. Au terme des cinq mois étudiés, d’ailleurs, seuls 18 % des pays n’ont pas récupéré leur niveau de moral exprimé en janvier 2020, 35 % y sont tout juste et 46 % l’ont dépassé. « Ces résultats ne doivent pas être interprétés par la seule résilience émotionnelle des populations », commente l’étude. Dans cette période, où la perspective de trouver un vaccin était encore lointaine, « ces indicateurs reflètent tout autant la sévérité de la pandémie que les mesures de santé publique prises localement ».Enfin, ces économistes, sociologues et data scientists (statisticiens de la donnée) ont cherché à qualifier l’impact du premier confinement sur le moral. La forte hétérogénéité des résultats obtenus « a particulièrement surpris l’équipe, reconnaît Nicolas Guetta-Jeanrenaud. Nous n’avons pas trouvé de différences statistiquement significatives ». A l’échelle d’un pays, les citoyens ont donc exprimé des sentiments contradictoires, allant tout autant du gain de sécurité à la perte de liberté ou à la crainte de voir disparaître un emploi. Par contre, une tendance plus précise est apparue : plus un pays avait des citoyens qui se sentaient malheureux avant la période du Covid-19, plus les réactions au confinement étaient exacerbées.
    Les auteurs soulignent d’emblée les limites de l’étude. « Nous savons que tout le monde n’est pas sur Twitter et Weibo et que le bien-être des citoyens est un concept subjectif, qui ne possède pas de mesure standardisée, reconnaissent-ils. Nous savons également que ce type d’analyse, naissante, ne permet pas encore de faire le lien avec la santé mentale. » Pour autant, estiment-ils, de telles recherches peuvent apporter une aide complémentaire à la décision pour les puissances publiques.
    Au-delà même de ces résultats, que préfigure une telle recherche ? « Nous sommes au tout début d’une nouvelle discipline intitulée “computational social sciences”. Les sciences sociales sous stéroïdes, dopées par les données et les algorithmes », commente le pionnier français Guilhem Fouetillou, à la fois professeur-chercheur au Médialab de Sciences Po et fondateur de Linkfluence, une entreprise qui, depuis quinze ans, décrypte les tendances sur le Web et les réseaux sociaux pour des entreprises ou des institutions.
    Tenter d’analyser les données massives pour donner du sens à ce qui se trouve en ligne n’est pas une nouveauté. « Cela a été initié par des physiciens et sociologues tels Albert-Laszlo Barabasi et Duncan Watts, au tournant du XXIe siècle, pour modéliser le Web, se souvient Guilhem Fouetillou. Les sciences sociales ont essayé de s’en emparer pour avoir un discours sur la société, il y a une décennie. C’est maintenant que ce type d’analyse est technologiquement plus accessible. »Ainsi, les paroles en ligne de ces 11 millions de citoyens écrites posément ou sous le coup de l’émotion pendant ces cinq mois ont pu être analysées par une technique de traitement du langage naturel récente et en accès libre, le Bidirectional Encoder Representation from Transformers (BERT). Il s’agit d’« un réseau de neurones profonds, qui prend en compte la syntaxe globale de la phrase et pas seulement les occurrences de mots positifs ou négatifs », explique Nicolas Guetta-Jeanrenaud. Google a entraîné cette intelligence artificielle sur Wikipédia, entre autres, et l’a rendue publique en 2018. D’où la possibilité de travailler sur des messages en 65 langues. »
    Ce n’est pas tout. Outre la mise à disposition par Amazon, Google et Facebook de plates-formes de traitement, pour entraîner les algorithmes d’apprentissage supervisé (appelé aussi machine learning), certains Gafam proposent de stocker les données sur leur cloud et « même d’acheter du temps de calcul comme un service », précise Guilhem Fouetillou. Ces moyens nouveaux posent désormais à tout chercheur une question centrale, quand il veut manipuler des données : faut-il le faire si c’est faisable ? « Le risque est de pencher vers la quantophrénie [le gigantisme pour le gigantisme des données], poursuit Guilhem Fouetillou. Il y a quelques années, beaucoup d’études ont été réalisées par des data scientists qui ont multiplié les corrélations sans que l’interprétation apporte de la valeur ajoutée, faute de causalité. »En France, plusieurs nouveaux projets de recherche multidisciplinaires se dessinent. Ainsi, le mathématicien Pedro Ramaciotti Morales, chercheur au médialab de Sciences Po et au Learning Planet Institute (ex-CRI), s’apprête, explique-t-il, à diriger « une équipe spécialisée en modèles mathématiques, modèles sociaux et informatiques afin de mener des recherches à large échelle sur le comportement en ligne, les dynamiques d’opinion, la polarisation et les algorithmes de recommandation ». Il va aussi codiriger un projet financé par le McCourt Institute (fondé par Sciences Po et l’université de Georgetown à Washington), « destiné à produire de la recherche applicable à la gouvernance des technologies, dont les grandes plates-formes du Web, comme les Gafam, qui regroupent une partie considérable des dynamiques sociales et politiques ».Aujourd’hui encore, ajoute Guilhem Fouetillou, « tel un macroscope », les approches analytiques utilisées peuvent être parfois déformantes ou posséder des angles morts. « Nous savons bien décrire les données du Web social, mais nous ne savons pas encore en quoi elles décrivent ou non le monde, estime-t-il. Il nous faut construire un véritable cadre interprétatif de ces données. L’épistémologie de la donnée sociale n’est pas encore établie. »

    #Covid-19#migrant#migration#sante#epidemiologie#IA#santementale#pluridisciplinarité#recherche#confinement#emotion

  • Red Vegans against Green Peasants // New Socialist
    http://newsocialist.org.uk/red-vegans-against-green-peasants

    Calls to end animal agriculture and rewild much of the world are calls for the intensification of the exploitation of the rural by the urban, and the dispossession of peasants, small farmers, herders and nomads.

    #véganisme #marxisme #épidémiologie #écologie #rob_wallace #max_ajil #peasants

  • How imperialism, slavery, and war shaped epidemiology - The Lancet
    https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02216-9/abstract

    While Downs’ narrative focuses on the differences between the British and American epidemiological underpinnings, historians may question the divide he presents. Given that race and sanitary environments were intertwined in medical discussions even within British circles at the time, the differences between the two camps are perhaps overstated in his account.

    Nevertheless, Maladies of Empire is a powerful and timely reminder that the advancement of medical knowledge about infectious diseases could not have been possible without the suffering of people of colour.

    Not only does such a narrative shed light on the violent foundations of disease control interventions and public health initiatives, but it also implores us to address their inequities in the present. At a time when low-income and middle-income countries struggle for access to vaccines in the COVID-19 pandemic, such an endeavour could not be more urgent.

    #épidémiologie #impérialisme

    • Maladies of Empire. How Colonialism, Slavery, and War Transformed Medicine

      A sweeping global history that looks beyond European urban centers to show how slavery, colonialism, and war propelled the development of modern medicine.

      Most stories of medical progress come with ready-made heroes. John Snow traced the origins of London’s 1854 cholera outbreak to a water pump, leading to the birth of epidemiology. Florence Nightingale’s contributions to the care of soldiers in the Crimean War revolutionized medical hygiene, transforming hospitals from crucibles of infection to sanctuaries of recuperation. Yet histories of individual innovators ignore many key sources of medical knowledge, especially when it comes to the science of infectious disease.

      Reexamining the foundations of modern medicine, Jim Downs shows that the study of infectious disease depended crucially on the unrecognized contributions of nonconsenting subjects—conscripted soldiers, enslaved people, and subjects of empire. Plantations, slave ships, and battlefields were the laboratories in which physicians came to understand the spread of disease. Military doctors learned about the importance of air quality by monitoring Africans confined to the bottom of slave ships. Statisticians charted cholera outbreaks by surveilling Muslims in British-dominated territories returning from their annual pilgrimage. The field hospitals of the Crimean War and the U.S. Civil War were carefully observed experiments in disease transmission.

      The scientific knowledge derived from discarding and exploiting human life is now the basis of our ability to protect humanity from epidemics. Boldly argued and eye-opening, Maladies of Empire gives a full account of the true price of medical progress.

      https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674971721

      #esclavage #santé_publique #médecine #maladies_infectieuses
      #livre

      ping @cede

  • Lockdown oder Triage ?
    https://www.heise.de/tp/features/Lockdown-oder-Triage-6189729.html

    Voilä un texte qui explique le fonctionnement du triage de patients dans le contexte du lsystème médical allemand actuel. On peut en retenir deux affirmations principales :
    – D’abord le triage, le fait de refuser un tratement fait pour sauver sa vie à un patient est toujours la décision d’un médecin.. Il n’y a pas de loi qui lui imposerait des critères pour sa décision. Le triage est l’expression pure et simple du pouvoir de décision sur ma vie et ma mort d’un médecin particulier. Il n’y a rien d’abstrair ici.
    – Puis cette décision est prise dans un contexte où le pouvoir en place refuse de fournir assez de moyens pour sauver la vie de chaque patient.
    Autrement dit nous vivons sous un régime qui nous autorise uniquement ä vivre tant que nous sommes en assez bonne forme pour nous faire exploiter. Les malades sont sacrifiés et exterminés tout en servant de cobayes pour l’expérimentation médicale et comme ressource pour l’élaboration de statistiques qui dans l’ensemble ne constituent effectivement que la preuve de la suprématie du pouvoir médical..

    11.9.2021, von Christoph Jehle - Die Debatte zur Priorisierung der Covid- gegenüber den Nicht-Covid-Patienten und die Not: die Pflegekapazität

    Gebannt stellt man fest, dass die Zahl der Hospitalisierungen von Covid-Patienten gegen Ende des Sommers wieder zunimmt. Nachdem die Inzidenzen als Grundlage der Coronamaßnahmen von den Hospitalisierungsinzidenzen abgelöst wurden, hofft die Politik, zumindest etwas Zeit gewonnen zu haben. Der Preis dafür ist das Risiko, dass man die Auslastung der Krankenhäuser nicht mehr vorhersagen kann, weil erst die Fakten zählen.

    Die Hospitalisierungsinzidenz ist die aktuelle Messlatte für Maßnahmen zur Kontaktbeschränkung. Man hat damit die Beurteilung der aktuellen Situation auf der Zeitschiene nach hinten verlegt, in der Hoffnung, dass viele Geimpfte nicht oder nicht symptomatisch erkranken.

    Da die Anzahl der in der Region freien Krankenhausbetten künftig für die Entscheidung über regionale Kontaktbeschränkungen die relevante Größe darstellt, werden schlecht versorgte Gebiete auch schneller mit Maßnahmen bis zum Lockdown rechnen müssen. Die in der Vergangenheit geforderte Gleichbehandlung für alle Bundesländer wird dadurch von einer deutlich kleinteiligeren Differenzierung abgelöst. Berücksichtigt werden dabei alle für Covid-19-Patienten geeigneten Isolierstationen und nicht nur Intensivbetten.

    Die Intensivstationen könnten schnell wieder an ihre Belastungsgrenze kommen, bevor der Auslöser für Kontaktbeschränkungen erreicht werde, so die Befürchtung.

    Wann ist eine Intensivstation an der Grenze zur Maximalauslastung?

    Die Zahl der Intensivbetten ist keine Größe, die man ausreizen kann. Stephan Jakob, Chef der Intensivmedizin am Berner Inselspital, betont nachdrücklich, dass eine Intensivstation nie zu 100 Prozent ausgelastet werden darf. 70 Prozent aller Patienten in der Klinik kämen als Notfälle, für diese müsse man Kapazitäten freihalten.

    Die Auslastung einer Intensivstation dürfe bei maximal 75 Prozent liegen. Und diese Betten können nicht zu 100 Prozent für Corona-Patienten freigehalten werden, weil dadurch andere Intensivpatienten von der benötigten Versorgung ausgeschlossen würden. Die Intensivstation im Berner Inselspital sei derzeit mit 27 Patienten zu 95 Prozent belegt, so der Intensivmediziner vor ein paar Tagen. Davon seien sieben Covid-Patienten, alle ungeimpft.

    „Im Vergleich zu früheren Wellen sind die Patientinnen und Patienten sehr schwer krank. Drei von ihnen benötigen eine künstliche Lunge, viele leiden unter Multiorganversagen“, so Jakob gegenüber der Berner Zeitung.

    Die Pflegekapazität setzt die entscheidenden Grenzen

    Am Anfang der Corona-Pandemie war die technische Ausstattung mit Beatmungsgeräten und anderem technischen Equipment der wichtigste begrenzende Faktor bei der Kapazität zur Behandlung von Corona-Patienten. Die inzwischen erfolgte Aufrüstung und Erfahrung bei der Behandlung dieser Patientengruppe hat gezeigt, dass letztlich die Pflegekapazität die entscheidenden Grenzen setzt, da diese Gruppe einen erhöhten Pflegebedarf hat.

    Wenn jetzt die Ausbildung von mehr Pflegern gefordert wird, sollte man auch berücksichtigen, dass die Pflegeschüler in manchen Bundesländern noch immer teils dreistellige Summen pro Monat selbst bezahlen müssen. Wer schon eine Stelle als Pfleger hat, kann bei großen Kliniken eine kostenfreie berufsbegleitende Weiterbildung zum Intensivpfleger belegen.

    Für Pfleger anderer Einrichtungen schlägt diese Weiterbildung mit etwa 5.000 Euro zu Buche. Auch wenn die Bezahlung sich in der klinischen Pflege zuletzt deutlich verbessert hat, sind die Arbeitszeiten wenig familienfreundlich und die häufigen Wechselschichten gehen zulasten der eigenen Gesundheit.

    So werden die qualifizierten Pfleger schnell knapp. Das für die Intensivpflege qualifizierte Pflegepersonal müsste dann aus anderen Abteilungen abgezogen werden und die dortigen Kapazitäten reduzieren. Patienten mit anderen Vorfällen könnten somit nicht im üblichen Umfang behandelt werden. Was faktisch einer Triage zum Nachteil der Nicht-Corona-Patienten gleichkommt.

    Debatte über Priorisierung

    Unterstützt wurde die Priorisierung der Versorgung von Covid-Patienten auch über die sogenannten Freihaltepauschalen, die in der Praxis dafür gesorgt haben, dass andere Patienten nötige Untersuchungen und Eingriffe zu spät bekommen hätten. Eine gesellschaftliche Debatte über die Priorisierung der Covid- gegenüber den Nicht-Covid-Patienten hat bislang nicht stattgefunden und auch über die legitimen Interessen der solcherart zurückgestellten Patienten spricht kaum jemand.

    Jetzt aber zu behaupten, die Krankenhaus- und speziell die Intensivbetten seien nie knapp gewesen, ist eine bedauerliche Missinterpretation der vorhandenen Zahlen.
    Welche Entscheidungskriterien gelten bei einer Triage?

    Für einen Lockdown kann der Gesetzgeber klare Grenzwerte anhand von Inzidenzen oder Hospitalisierungsinzidenzen festlegen, diese veröffentlichen und auch die jeweils getroffenen Maßnahmen der Öffentlichkeit bekannt geben. Wenn er mit diesen Entscheidungen zu spät kommt und die Betten auf den Isolierstationen ihre Kapazitätsgrenze erreichen, ist der Gesetzgeber außen vor, denn für das Instrument der Triage gibt es aus systematischen Gründen keine gesetzlichen Vorgaben und auch keine Veröffentlichungspflicht.

    Der Gesetzgeber darf hierzu keine Festlegungen treffen und die Entscheidung, wer aufwendig kurativ und wer palliativ behandelt wird, haben die verantwortlichen Ärzte im jeweiligen Einzelfall zu treffen.

    Dabei wird sich dann auch die Frage stellen, welche Bedeutung der Impfstatus des Patienten haben könnte. Die Zürcher Gesundheitsdirektorin Natalie Rickli hat sich mit ihrer Aussage - „Wer Impfgegner ist, der müsste eigentlich eine Patientenverfügung ausfüllen, worin er bestätigt, dass er im Fall einer Covid-Erkrankung keine Spital- und Intensivbehandlung will“ -, auch unter Schweizer Kollegen starken Widerspruch eingehandelt. Die Politik hat es vorgezogen, dieser Frage auszuweichen und fürs Erste die liberalen Coronamaßnahmen zurückzunehmen und vertritt nun eine härtere Gangart.

    Das Thema Triage hat übrigens nicht nur bei Intensivpflegeplätzen eine zunehmende Bedeutung bekommen, sondern auch bei der Zuteilung von Spenderorganen in der Transplantationsmedizin. Im Grund muss bei allen knappen Gütern die Entscheidung gefällt werden, welches Leben soll man retten.

    In der aktuellen Pandemiesituation hat sich deutlich gezeigt, dass unser Gesundheitssystem im Grunde ein „Krankheitssystem“ ist. Aus den Krankenkassen wurden trotz aller Namenskosmetik keine Gesundheitskassen, weil nur die Krankenheilung monetarisiert wird. Für ein echtes Gesundheitssystem müsste deutlich mehr Wert auf die Erhaltung der Gesundheit gelegt werden. Aber das ist ein eigenes Thema.

    #maladie #iatrocratie #pandémie #triage #covid-19 #corona #épidémiologie

  • Covid-19 : malgré la quarantaine, des passagers d’un vol international à l’origine de multiples chaînes de contamination – Réalités Biomédicales
    https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2021/03/22/covid-19-malgre-la-quarantaine-des-passagers-dun-vol-international-a-lorigin

    L’histoire se déroule en Nouvelle-Zélande, pays qui pratique une stratégie d’isolement et de mise en quatorzaine à ses frontières dans le but d’éliminer le coronavirus SARS-CoV-2. Le 18 septembre 2020, un cas de Covid-19 est identifié. Le patient est un des passagers d’un vol international en provenance d’Inde.À sa descente d’avion, cet homme (G) avait pourtant été soumis à une période de 14 jours d’isolement dans un hôtel de Christchurch et avait été testé négatif à deux reprises à un test PCR, en l’occurrence trois et douze jours après son arrivée. À la fin de la quatorzaine, le 11 septembre, il prend un vol intérieur pour se rendre à Auckland. C’est là, après qu’il ait présenté des symptômes, que l’on découvre qu’il est infecté par le SARS-CoV-2. Ce passager (G) fait partie d’un groupe de 149 ressortissants néo-zélandais, ou résidents permanents, de retour au pays le 27 août 2020. Il a voyagé à bord d’un Boeing 747 de New Delhi (Inde) à Christchurch (Nouvelle-Zélande) avec escale à Nadi aux îles Fidji.
    Cet homme n’est pas le seul passager du vol international à destination de Christchurch à avoir été testé positif pour le SARS-CoV-2. Au total, huit personnes sont dans ce cas, dont trois passagers ayant voyagé de New Delhi à Nadi à seulement deux rangées les uns des autres. Nous les désignerons par les lettres A, B et C. Tous les passagers ont observé une distanciation physique dans cet avion dont le taux d’occupation avoisinait 35 %, les passagers étant régulièrement espacés dans la cabine. Le voyageur C a été testé positif le 8 septembre 2020, deux jours après avoir présenté des symptômes, soit une dizaine de jours après son arrivée en Nouvelle-Zélande. Cette chronologie laisse donc à penser qu’il a été contaminé lors du vol d’Inde vers la Nouvelle-Zélande par le passager A ou le passager B. Ces derniers ont eux-mêmes pu être contaminés avant ou durant le vol. Tous les passagers étaient tenus de porter un masque durant le vol, l’équipage respectant les mesures barrières.À leur arrivée à Christchurch, les passagers ont été débarqués par groupes de dix afin de respecter la distanciation physique dans le terminal de l’aéroport. Chacun d’eux a alors reçu un masque chirurgical. Tous les passagers ont ensuite été transférés par autobus dans l’hôtel Crowne Plaza servant de centre d’isolement et de mise en quarantaine. Chaque chambre avait une salle de bain et ne possédait pas de balcon. Lorsque le passager C est détecté positif pour le SARS-CoV-2, cela fait douze jours qu’il est confiné dans sa chambre d’hôtel. Il est alors placé dans une section à part de l’établissement. Avant cela, sa chambre était mitoyenne de celle qu’occupaient un adulte et un enfant, également passagers du vol en provenance d’Inde et donc eux aussi maintenus en quarantaine. Ces deux personnes, baptisées D (adulte) et E (enfant), qui ont été testées négatives pour le SARS-CoV-2 à deux reprises, n’ont pas présenté de symptômes lorsqu’elles étaient encore dans l’établissement hôtelier. Un test PCR effectué sur chacune d’elles après leur quarantaine est cependant revenu positif. L’adulte et l’enfant ont probablement été infectés durant leur séjour à l’hôtel, estiment les auteurs de cette enquête épidémiologique publiée le 18 mars 2021 dans la revue en ligne Emerging Infectious Diseases.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#contamination#voyageaerien#circulation#frontiere#epidemiologie#confinement#quarantaine#depistage

  • Tous chasseurs cueilleurs !
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-08-juin-2019

    Quand la civilisation menace l’#environnement... retour à la chasse et la cueillette. Entretien avec James C. Scott autour de son livre "#HomoDomesticus, une histoire profonde des premiers Etats".

    On a tous en tête des souvenirs d’école sur les débuts de l’Histoire avec un grand H. Quelque part entre le Tigre et l’Euphrate il y a 10 000 ans, des chasseurs-cueilleurs se sont peu à peu sédentarisés en domestiquant les plantes et les animaux, inventant dans la foulée l’#agriculture, l’écriture et les premiers Etats. C’était l’aube de la #civilisation et le début de la marche forcée vers le #progrès.

    Cette histoire, #JamesScott, anthropologue anarchiste et professeur de sciences politiques, l’a enseignée pendant des années à ses élèves de l’Université de Yale. Mais les découvertes archéologiques dans l’actuel Irak des dernières années l’ont amené à réviser complètement ce « storytelling » du commencement des sociétés humaines, et par là même remettre en question notre rapport au monde dans son dernier livre : Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats (Ed. La Découverte).

    Alors même que climat et biodiversité sont aujourd’hui plus que jamais menacés par les activités humaines, James C. Scott propose de réévaluer l’intérêt des sociétés d’avant l’Etat et l’agriculture. Car ces chasseurs-cueilleurs semi-nomades ont longtemps résisté face aux civilisations agraires, basées sur les céréales et qui, en domestiquant le monde, se sont domestiqués eux-mêmes, en appauvrissant leur connaissance du monde.

    Un reportage de Giv Anquetil.
    Les liens

    James C. Scott : « Le monde des chasseurs-cueilleurs était un monde enchanté » (Le grand entretien) par Jean-Christophe Cavallin, Diakritik

    Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Réflexions sur l’effondrement, Corinne Morel Darleux, Editions Libertalia

    "Amador Rojas invite Karime Amaya" Chapiteau du Cirque Romanès - Paris 16, Paris. Prochaine séance le vendredi 14 juin à 20h.

    Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats, James C. Scott (Editions La Découverte)

    Eloge des chasseurs-cueilleurs, revue Books (mai 2019).

    HOMO DOMESTICUS - JAMES C. SCOTT Une Histoire profonde des premiers États [Fiche de lecture], Lundi matin

    Bibliographie de l’association Deep Green Resistance
    Programmation musicale

    "Mesopotamia"- B52’s

    "Cholera" - El Rego et ses commandos

    #podcast @cdb_77

    • Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États

      Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
      C’est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire #Homo_domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’#État antique comme étape cruciale de la « #civilisation » humaine.
      Ce faisant, il nous offre une véritable #écologie_politique des formes primitives d’#aménagement_du_territoire, de l’« #autodomestication » paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la #sédentarisation et des logiques de la #servitude et de la #guerre dans le monde antique.
      Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau appelait « l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».


      https://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232

      #James_Scott #livre #démographie #épidémiologie #évolution #humanité #histoire #inégalité #inégalités #Etat #écologie #anthropologie #ressources_pédagogiques #auto-domestication

    • Fiche de lecture: Homo Domesticus - James C. Scott

      Un fidèle lecteur de lundimatin nous a transmis cette fiche de lecture du dernier ouvrage de James C. Scott, (on peut la retrouver sur le blog de la bibliothèque fahrenheit) qui peut s’avérer utile au moment l’institution étatique semble si forte et fragile à la fois.
      « L’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres »
      À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands #récits_civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la #domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du #nomadisme ni engendré l’#agriculture_sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des #chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».
      Dans la continuité de #Pierre_Clastres et de #David_Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une anomalie et une contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      La première domestication, celle du #feu, est responsable de la première #concentration_de_population. La construction de niche de #biodiversité par le biais d’une #horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirable à l’intérieur d’un cercle restreint autour des #campements. La #cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de #digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des #céréales et des #légumineuses, à domestiquer des #chèvres, des #moutons, des #porcs, des #bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. Les premiers grands établissements sédentaires sont apparus en #zones_humides et non en milieu aride comme l’affirment les récits traditionnels, dans des plaines alluviales à la lisière de plusieurs écosystèmes (#Mésopotamie, #vallée_du_Nil, #fleuve_Indus, #baie_de_Hangzhou, #lac_Titicata, site de #Teotihuacan) reposant sur des modes de subsistance hautement diversifiés (sauvages, semi-apprivoisés et entièrement domestiqués) défiant toute forme de comptabilité centralisée. Des sous-groupes pouvaient se consacrer plus spécifiquement à une stratégie au sein d’un économie unifiée et des variations climatiques entraînaient mobilité et adaptation « technologique ». La #sécurité_alimentaire était donc incompatible avec une #spécialisation étroite sur une seule forme de #culture ou d’#élevage, requérant qui plus est un travail intensif. L’#agriculture_de_décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
      Les #plantes complètement domestiquées sont des « anomalies hyperspécialisées » puisque le cultivateur doit contre-sélectionner les traits sélectionnés à l’état sauvage (petite taille des graines, nombreux appendices, etc). De même les #animaux_domestiqués échappent à de nombreuses pressions sélectives (prédation, rivalité alimentaire ou sexuelle) tout en étant soumis à de nouvelles contraintes, par exemple leur moins grande réactivité aux stimuli externes va entraîner une évolution comportementale et provoquer la #sélection des plus dociles. On peut dire que l’espèce humaine elle-même a été domestiquée, enchaînée à un ensemble de routines. Les chasseurs-cueilleurs maîtrisaient une immense variété de techniques, basées sur une connaissance encyclopédique conservée dans la mémoire collective et transmise par #tradition_orale. « Une fois qu’#Homo_sapiens a franchi le Rubicon de l’agriculture, notre espèce s’est retrouvée prisonnière d’une austère discipline monacale rythmée essentiellement par le tic-tac contraignant de l’horloge génétique d’une poignée d’espèces cultivées. » James C. Scott considère la #révolution_néolithique récente comme « un cas de #déqualification massive », suscitant un #appauvrissement du #régime_alimentaire, une contraction de l’espace vital.
      Les humains se sont abstenus le plus longtemps possible de faire de l’agriculture et de l’élevage les pratiques de subsistance dominantes en raison des efforts qu’elles exigeaient. Ils ont peut-être été contraints d’essayer d’extraire plus de #ressources de leur environnement, au prix d’efforts plus intenses, à cause d’une pénurie de #gros_gibier.
      La population mondiale en 10 000 avant notre ère était sans doute de quatre millions de personnes. En 5 000, elle avait augmenté de cinq millions. Au cours des cinq mille ans qui suivront, elle sera multipliée par vingt pour atteindre cent millions. La stagnation démographique du #néolithique, contrastant avec le progrès apparent des #techniques_de_subsistance, permet de supposer que cette période fut la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité sur le plan épidémiologique. La sédentarisation créa des conditions de #concentration_démographique agissant comme de véritables « parcs d’engraissement » d’#agents_pathogènes affectant aussi bien les animaux, les plantes que les humains. Nombre de #maladies_infectieuses constituent un « #effet_civilisationnel » et un premier franchissement massif de la barrière des espèces par un groupe pathogènes.
      Le #régime_alimentaire_céréalier, déficient en #acides_gras essentiels, inhibe l’assimilation du #fer et affecte en premier lieu les #femmes. Malgré une #santé fragile, une #mortalité infantile et maternelle élevée par rapport aux chasseurs-cueilleurs, les agriculteurs sédentaires connaissaient des #taux_de_reproduction sans précédent, du fait de la combinaison d’une activité physique intense avec un régime riche en #glucides, provoquant une #puberté plus précoce, une #ovulation plus régulière et une #ménopause plus tardive.

      Les populations sédentaires cultivant des #céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « #complexe_proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plateforme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de #pouvoir et de #privilèges politiques. Un #impôt sur les céréales, sans doute pas inférieur au cinquième de la récolte, fournissait une rente aux élites. « L’État archaïque était comme les aléas climatiques : une menace supplémentaire plus qu’un bienfaiteur. » Seules les céréales peuvent servir de base à l’impôt, de part leur visibilité, leur divisibilité, leur « évaluabilité », leur « stockabilité », leur transportabilité et leur « rationabilité ». Au détour d’un note James C. Scott réfute l’hypothèse selon laquelle des élites bienveillantes ont créé l’État essentiellement pour défendre les #stocks_de_céréales et affirme au contraire que « l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ». La majeure partie du monde et de sa population a longtemps existé en dehors du périmètre des premiers États céréaliers qui n’occupaient que des niches écologiques étroites favorisant l’#agriculture_intensive, les #plaines_alluviales. Les populations non-céréalières n’étaient pas isolées et autarciques mais s’adonnaient à l’#échange et au #commerce entre elles.
      Nombre de #villes de #Basse_Mésopotamie du milieu du troisième millénaire avant notre ère, étaient entourées de murailles, indicateurs infaillibles de la présence d’une agriculture sédentaire et de stocks d’aliments. De même que les grandes #murailles en Chine, ces #murs d’enceinte étaient érigés autant dans un but défensif que dans le but de confiner les paysans contribuables et de les empêcher de se soustraire.
      L’apparition des premiers systèmes scripturaux coïncide avec l’émergence des premiers États. Comme l’expliquait #Proudhon, « être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ». L’#administration_étatique s’occupait de l’#inventaire des ressources disponibles, de #statistiques et de l’#uniformisation des #monnaies et des #unités_de_poids, de distance et de volume. En Mésopotamie l’#écriture a été utilisée à des fins de #comptabilité pendant cinq siècle avant de commencer à refléter les gloires civilisationnelles. Ces efforts de façonnage radical de la société ont entraîné la perte des États les plus ambitieux : la Troisième Dynastie d’#Ur (vers 2100 avant J.-C.) ne dura qu’à peine un siècle et la fameuse dynastie #Qin (221-206 avant J.-C.) seulement quinze ans. Les populations de la périphérie auraient rejeté l’usage de l’écriture, associée à l’État et à l’#impôt.

      La #paysannerie ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites non productrices et devait être contrainte par le biais de #travail_forcé (#corvées, réquisitions de céréales, #servitude pour dettes, #servage, #asservissement_collectif ou paiement d’un tribu, #esclavage). L’État devait respecter un équilibre entre maximisation de l’excédent et risque de provoquer un exode massif. Les premiers codes juridiques témoignent des efforts en vue de décourager et punir l’#immigration même si l’État archaïque n’avait pas les moyens d’empêcher un certain degré de déperdition démographique. Comme pour la sédentarité et la domestication des céréales, il n’a cependant fait que développer et consolider l’esclavage, pratiqué antérieurement par les peuples sans État. Égypte, Mésopotamie, Grèce, Sparte, Rome impériale, Chine, « sans esclavage, pas d’État. » L’asservissement des #prisonniers_de_guerre constituait un prélèvement sauvage de main d’œuvre immédiatement productive et compétente. Disposer d’un #prolétariat corvéable épargnait aux sujets les travaux les plus dégradants et prévenait les tensions insurrectionnelles tout en satisfaisant les ambitions militaires et monumentales.

      La disparition périodique de la plupart de ces entités politiques était « surdéterminée » en raison de leur dépendance à une seule récolte annuelle d’une ou deux céréales de base, de la concentration démographique qui rendait la population et le bétail vulnérables aux maladies infectieuses. La vaste expansion de la sphère commerciale eut pour effet d’étendre le domaine des maladies transmissibles. L’appétit dévorant de #bois des États archaïques pour le #chauffage, la cuisson et la #construction, est responsable de la #déforestation et de la #salinisation_des_sols. Des #conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la #main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États. Ce que l’histoire interprète comme un « effondrement » pouvait aussi être provoqué par une fuite des sujets de la région centrale et vécu comme une #émancipation. James C. Scott conteste le #préjugé selon lequel « la concentration de la population au cœur des centres étatiques constituerait une grande conquête de la civilisation, tandis que la décentralisation à travers des unités politiques de taille inférieure traduirait une rupture ou un échec de l’ordre politique ». De même, les « âges sombres » qui suivaient, peuvent être interprétés comme des moments de résistance, de retours à des #économies_mixtes, plus à même de composer avec son environnement, préservé des effets négatifs de la concentration et des fardeaux imposés par l’État.

      Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupait en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « #barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « #sauvages », impropres à servir de matière première à la #civilisation. La menace des barbares limitait la croissance des États et ceux-ci constituaient des cibles de pillages et de prélèvement de tribut. James C. Scott considère la période qui s’étend entre l’émergence initiale de l’État jusqu’à sa conquête de l’hégémonie sur les peuples sans État, comme une sorte d’ « âge d’or des barbares ». Les notions de #tribu ou de peuple sont des « #fictions_administratives » inventées en tant qu’instrument de #domination, pour désigner des #réfugiés politiques ou économiques ayant fuit vers la périphérie. « Avec le recul, on peut percevoir les relations entre les barbares et l’État comme une compétition pour le droit de s’approprier l’excédent du module sédentaire « céréales/main-d’œuvre ». » Si les chasseurs-cueilleurs itinérants grappillaient quelques miettes de la richesse étatique, de grandes confédérations politiques, notamment les peuples équestres, véritables « proto-États » ou « Empires fantômes » comme l’État itinérant de #Gengis_Kahn ou l’#Empire_Comanche, constituaient des concurrents redoutables. Les milices barbares, en reconstituant les réserves de main d’œuvre de l’État et en mettant leur savoir faire militaire au service de sa protection et de son expansion, ont creusé leur propre tombe.

      Dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une #anomalie et une #contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      https://lundi.am/HOMO-DOMESTICUS-Une-Histoire-profonde-des-premiers-Etats
      #historicisation

  • Face aux variants du Covid-19, l’UE veut encore davantage réduire les déplacements en Europe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/25/face-aux-variants-bruxelles-veut-encore-davantage-reduire-les-deplacements-e

    Restreindre encore la circulation en Europe mais éviter que les frontières se ferment, comme en mars 2020, aux débuts de la pandémie de Covid-19. C’est ce que la Commission recommande en espérant ainsi protéger le marché intérieur de l’embolie, malgré la propagation du virus, la progression de ses variants et la tentation de certains, à commencer par l’Allemagne, de s’isoler à nouveau. Lundi 25 janvier, l’exécutif communautaire a détaillé ses nouvelles préconisations, après celles que les Vingt-Sept avaient adoptées le 13 octobre. Bruxelles veut affiner ce qui est censé permettre aux Etats membres d’avoir une approche commune de la situation sanitaire, c’est-à-dire la définition de seuils à partir desquels une mesure peut être prise.
    Aujourd’hui, les pays européens compilent, chaque semaine et selon les mêmes critères, les statistiques qui leur permettent d’évaluer la diffusion du virus en fonction de son taux d’incidence. Et à partir desquelles l’ECDC (le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, chargé de la surveillance de l’épidémie) cartographie l’Union européenne en trois zones (verte, orange et rouge), dotant ainsi les Vingt-Sept d’une même base de données pour prendre leurs décisions.
    La Commission propose d’y ajouter une catégorie « rouge foncé », au-delà de 500 cas de Covid-19 pour 100 000 habitants sur quatorze jours, qui concernerait des régions situées dans « dix à vingt pays », dont l’Espagne, le Portugal, la France et l’Italie, explique le commissaire européen, Didier Reynders. Pour ces zones, Bruxelles « décourage fortement les déplacements non essentiels » et préconise que les personnes qui en viennent soient soumises à un test avant leur arrivée et à une quarantaine une fois à destination. De telles pratiques sont déjà très répandues quand il s’agit de passer d’un pays à l’autre en Europe, mais l’exécutif communautaire veut aller plus loin. Elles devraient aussi, juge-t-il, s’appliquer entre régions. Et surtout, ne pas se limiter, comme c’est souvent le cas, au tourisme et autres voyages non essentiels. Les déplacements essentiels (personnel de santé, personnes qui se déplacent pour des motifs familiaux et professionnels) devraient aussi y être soumis, même si une certaine souplesse peut être plaidée pour les transfrontaliers et les transporteurs routiers. Entre deux régions de la même couleur, aucun test ne devrait être imposé, ajoute la Commission. Les Vingt-Sept doivent maintenant se prononcer sur les recommandations de la Commission. « Elles vont dans le bon sens mais on pourrait les appliquer aux zones rouges. Pourquoi ajouter une zone rouge foncé, si ce n’est pour définir des “zones variant” ? », s’interroge un diplomate. Mais même si les Européens se mettent d’accord, rien ne les obligera à suivre ces nouvelles règles, car les frontières et la santé sont des compétences nationales. D’ailleurs, plus de trois mois après les avoir adoptées, ils ne se sont pas encore approprié les premières recommandations de la Commission. Certes, les Vingt-Sept se sont enfin entendus, après de longues discussions, sur une reconnaissance mutuelle de leurs tests, mais ils restent très jaloux de leur souveraineté. Selon les pays, la durée de la quarantaine varie de sept à quatorze jours, les tests demandés à l’entrée doivent avoir été réalisés entre vingt-quatre et soixante-douze heures plus tôt. Et même s’ils envoient tous leurs données épidémiologiques à l’ECDC chaque semaine, ils sont une infime minorité à se servir de cette carte pour déterminer leur action : quatre − l’Espagne, l’Allemagne, la Croatie et l’Irlande −, à en croire le site communautaire « Re-Open EU ». « Jusqu’ici, certains pays comme la France, le Portugal ou le Luxembourg n’imposaient aucune restriction et ne tenaient donc pas compte de cette carte », explique un diplomate, « il ne faut pas y voir une désobéissance civique généralisée ». Reste que la coordination n’est pas spontanée en Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#ue#sante#voyageessentiel#test#quarantaine#epidemiologie#cartographie#politique

  • China blocks WHO while Covid conspiracy theories fly - Asia Times
    https://asiatimes.com/2021/01/china-blocks-who-while-covid-conspiracy-theories-fly

    China has yet to explain why it delayed approval for a World Health Organization (WHO) team of experts to visit the country, significantly at a time when state media publish claims that the coronavirus pandemic started elsewhere.The WHO team’s members were supposed to arrive in Beijing this week and possibly make a field visit to Wuhan, where Covid-19 cases apparently first emerged a little more than a year ago and before the disease began its lethal global spread. The unexpected delays triggered today rare criticism from WHO Director-General Tedros Adhanom Ghebreyesus, who said he was “deeply disappointed” by the delay in issuing visas for the team.Ghebreyesus said that the 10-member group could not enter China for an epidemiological survey of the novel coronavirus, a key part of the WHO’s endeavor to ascertain the likely origins of the respiratory disease.
    He said the infectious disease experts, led by food safety and zoonotic diseases scientist Peter Ben Embarek, were still waiting for their visas to travel to China.
    Reports indicate Embarek made a sortie to the country in July and convinced Beijing to open its doors to WHO personnel to conduct a prognosis probe.
    At the beginning of last year Chinese authorities closed Wuhan after a ‘viral pneumonia of unknown origin’ was reported. This year, the city has recovered and people crowded together for a New Year’s countdown. Chinese Foreign Ministry spokeswoman Hua Chunying said on Tuesday in response to a media question that she had “no new information” on the WHO team’s trip and itinerary. Instead, Hua reiterated Beijing’s latest line, first purveyed by Foreign Minister Wang Yi, that “more signs and studies worldwide” had suggested Covid-19 could have “multiple sources” and that the pandemic had erupted globally across “multiple locations” since the second half of 2019.Hua said related surveys have indicated a much earlier emergence of the pathogen in many more places than previously thought. She also hoped other countries could make “joint efforts” with the WHO to trace Covid-19 to its source. “We hope scientists can uphold professionalism and truth to find [Covid-19] origins worldwide, and that other countries can cooperate with and assist [the WHO] like what we have been doing since day one,” claimed Hua.
    While several WHO officials and experts like Embarek were indeed allowed into China in 2020, Wuhan was glaringly and constantly missing on their Beijing-approved itineraries.It’s not clear yet that the delay in the WHO expert team’s arrival reflects a change in policy by Beijing. In December, the state-run nationalistic Global Times revealed a WHO “advance team” could go to Wuhan in January to inspect a wet market trading in exotic wildlife in the city that is believed to be a possible origin of the virus.
    The paper also cited WHO officials as saying that all team members from Japan, Qatar, Denmark, Russia and others would first be put in quarantine in Beijing for 14 days. It added that an “open, fair” WHO investigation would help debunk the “mudslinging, fake news and conspiracy theories about the ‘China virus’” being spread by some American politicians, not least outgoing US President Donald Trump.

    #Covid-19#migration#migrant#chine#oms#pandemie#expert#circulation#visas#epidemiologie#originevirus

  • How modelling Covid has changed the way we think about epidemics | Coronavirus | The Guardian
    http://www.theguardian.com/commentisfree/2021/jan/04/covid-model-epidemic-collaboration-experiment
    https://i.guim.co.uk/img/media/00c5902c5c83fcee36c7e405c0e81c7810b62697/0_448_6720_4032/master/6720.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Outbreak research should ideally be fast, reliable and publicly available. But the pressures of real-time Covid-19 analysis – which many academics have done in their spare time without dedicated funding – can force difficult choices. Should researchers prioritise updating scenarios for governments and health agencies, writing detailed papers describing their methods, or helping others adapt the models to answer different questions? These are not new problems, but the pandemic gave them new urgency. In the US, for example, the most comprehensive Covid-19 databases have been run by volunteers. The pandemic has flagged inefficient and unsustainable features of modelling and outbreak analysis, and illustrated that there is a clear need for change.
    Alongside coverage of specific modelling studies, mathematical concepts have also become part of everyday discussions. Whether talking about reproduction numbers, lags in data, or how vaccines might protect the non-vaccinated through “herd immunity”, journalists have started to think more deeply about epidemic dynamics. Prior to the outbreak, I never thought I’d end up fielding media requests to discuss a statistical parameter such as “K”, which quantifies the potential for super-spreading.Unfortunately, there have been challenges with coverage too. Some modelling results – particularly in the early stages of the pandemic – were widely misinterpreted, like the headlines in March suggesting half of the UK might have already been infected. Throughout summer and autumn, research groups also had to contend with media critics who misled the public with claims that the pandemic was over, dismissing warnings about the potential for a large second wave. Given the European epidemic waves to date, there can be little doubt that in the absence of control measures, Covid-19 would have been catastrophic for our health systems. Across the world, populations altered their behaviour in response to growing epidemics, but the extent of this unprecedented shift – and its effect on spread – was extremely hard to predict at the start of last year. Although infections such as Ebola and Sars have previously spurred behaviour change, Covid-19 triggered shutdowns of society on a scale unseen since the 1918 influenza pandemic.
    As well as modelling the spread of disease, researchers have had to track the dynamics of social behaviour. Because of modern digital footprints, they have been able to do this in more detail than ever, providing unique insights into how individuals and communities respond to outbreaks. These behavioural changes, whether driven by explicit government policies or local awareness of infection risk, have in turn had complex social, economic and health impacts. Untangling such effects will no doubt be the subject of research far into the future.Covid-19 has cemented a growing trend for research teams that work across multiple aspects of disease dynamics, from modelling and epidemiology to immunology and human behaviour. In the UK, researchers involved in modelling the disease have set up studies of social interactions and infection levels within communities, with these datasets then feeding back into new models.
    As well as interdisciplinary links, there have also been new international connections. Political responses to the pandemic have been country-specific, but throughout 2020, scientific insights – including datasets, modelling results and code – have been shared and built upon by teams across multiple continents. Past epidemics have brought mathematical tools to new audiences, but the scale of Covid-19 has resulted in epidemiological ideas being exchanged across disciplines and borders as never before. If sustained, such collaborations and networks could be hugely valuable in tackling other global epidemic challenges in future.The events of last year have altered the dynamics of many diseases, beyond Covid-19, as seen in the disappearance of certain seasonal infections or the disruption of vaccination programmes. Had the pandemic not happened, I would have spent much of 2020 abroad, setting up studies of influenza, Zika and dengue. When these projects eventually resume, will we see smaller outbreaks than before, or belated large epidemics? The pandemic has created a tragic “natural experiment”, a once-in-a-century jolt to disease ecosystems that could produce unexpected insights into immunity, social behaviour, seasonal effects and evolution. We’ve learned a lot about Covid-19 in the past 12 months, but there’s much more that modelling will help us discover in the coming years.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#epidemiologie#modelisation#interactionsociales#reseau#immunité#pandemie

  • Les dernières nouvelles du #SARS-COV-2 par le professeur Épaulard

    Trois questions au professeur Épaulard, spécialiste des maladies infectieuses au CHU Grenoble Alpes. Quelles sont les dernières avancées sur la connaissance du virus ? Où en est-on du développement des vaccins ? Quelles sont les perspectives de sortie de cette crise sanitaire ?

    https://onestensemble.univ-grenoble-alpes.fr/menu-principal/on-prend-de-la-h-auteur/les-scientifiques-prennent-la-parole-/les-dernieres-nouvelles-du-sars-cov-2-par-le-profe
    https://www.youtube.com/watch?v=m8XHQeWlOqA&feature=emb_logo


    #covid-19 #coronavirus #mutation #épidémiologie #vaccins #vaccination #protection #innocuité #efficacité #incertitude #vidéo #interview

  • Covid-19 : « De ma vie d’épidémiologiste, je n’avais jamais vu un tel engouement » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/14/covid-19-de-ma-vie-d-epidemiologiste-je-n-avais-jamais-vu-un-tel-engoueme

    Dans les enquêtes statistiques, il est rare que l’on demande aux participants de se piquer le bout du doigt pour en faire sortir une grosse goutte de sang. Mais pour l’étude Sapris-Sero, 88 232 personnes ont accepté de le faire. Elles ont déposé cinq taches sur les réactifs d’un buvard et renvoyé le tout par la poste.Accompli en mai et juin à l’issue du premier confinement, ce geste venait en accompagnement d’un questionnaire fouillé, établi en urgence par les chercheurs dès le 17 mars. Samedi, dans un donnant-donnant équitable, les résultats de Sapris-Sero ont été présentés en avant-première aux participants de l’enquête lors d’une conférence en ligne. EpiCov, la seconde grande étude épidémiologique sur le Covid, publiera ses résultats prochainement.Dans les deux enquêtes, le questionnaire est à peu près similaire, les tests sérologiques sont traités par la même équipe de l’Unité des virus émergents de Marseille, dirigée par Xavier de Lamballerie. Ce qui diffère, ce sont les participants. Pour EpiCov, un panel représentatif de la population a été réuni, dont les travailleurs de première ligne qui ont été lourdement atteints par le virus. Pour Sapris-Sero, ce sont les participants habituels de cinq grandes études de santé publique (E3N-E4N, Epipage, Elfe, NutriNet-Santé, Constances) menées sur des temps longs qui ont été sollicités

    #Covid-19#migrant#migration#france#enquete#statistiques#epidemiologie#inegalite#diversite#sante#conditionsociale

  • Covid-19 : comment une traque méthodique et intrusive a permis à la Corée du Sud de maîtriser le virus
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/08/covid-19-comment-une-traque-methodique-et-intrusive-a-permis-a-la-coree-du-s

    Le 12 janvier 2020, la Chine partage avec l’OMS le séquençage génétique du nouveau coronavirus (le SARS-CoV-2) qui fait rage à Wuhan. Deux semaines auparavant, un laboratoire de Canton avait établi sa proximité avec le SRAS. Le 19, une Chinoise de 35 ans atterrit à l’aéroport international d’Incheon, près de Séoul. Elle a une forte fièvre. Interrogée, elle dit avoir reçu une ordonnance pour un coup de froid dans un hôpital de Wuhan, où elle réside, avant de s’envoler. Elle est placée en quarantaine. Le 20 janvier, les autorités établissent qu’il s’agit du nouveau coronavirus, tout comme, quatre jours plus tard, pour un Sud-Coréen de 55 ans travaillant dans la capitale du Hubei, rentré pour un check-up.
    Séoul, le 20 novembre 2020. Le personnel médical mesure la température des habitants qi se présentetn au centre de santé communautaire du quartier de Seocho.Cette fois, pas de temps à perdre, malgré les célébrations du Nouvel An lunaire. Le 27 janvier au matin, les officiels du ministère de la santé convoquent les patrons des groupes sud-coréens commercialisant des tests biologiques à une réunion d’urgence dans une salle de conférence directement rattachée à la gare de Séoul, pour l’accès pratique. Ils ont identifié cinq entreprises ayant l’expérience pour développer au plus vite des produits fiables. (...) Mais le pays n’identifie plus aucun cas durant six jours consécutifs. Au point que le président, le progressiste Moon Jae-in, qui, en campagne, avait répété que le chef de l’Etat devait être une « tour de contrôle » en cas de catastrophe majeure, apparaît à une réunion le 13 février pour dire que le retour à la normale est la priorité. Il assure que le virus aura « disparu d’ici peu » et refuse de suspendre les connexions avec la Chine pour protéger les échanges commerciaux.Or, les contaminations reprennent aussitôt, menaçant au passage la crédibilité du président Moon, ex-avocat des droits humains, qui a porté à bout de bras le rapprochement avec la Corée du Nord et son dialogue avec le président américain Donald Trump. Le nombre de cas quotidien double pour atteindre 104 le 20 février, jour où est enregistré le premier mort après la découverte d’un foyer de contamination dans le sud du pays, à Daegu, autour d’une secte, l’Eglise du Nouveau monde de Jésus, dont des membres tentent de fonder une congrégation à Wuhan.
    L’heure de la mise à l’épreuve est venue, le pays passe en alerte rouge. Pour tester massivement tout en limitant les contacts, le médecin qui, en janvier, a traité le premier cas, Kim Jin-yong, suggère de réaliser les prélèvements sur les patients qui resteraient dans leurs voitures. Aussitôt sont déployées aux quatre coins du pays les premières stations de tests en « drive-in ». Le gouvernement ferme temporairement les écoles. Il impose le port du masque dans la rue et les transports publics, un attribut auquel la société coréenne s’est déjà habituée, tant avec les épidémies précédentes que du fait des épisodes de « poussière jaune », les vents de sable des étendues désertiques mongoles.
    Début mars, lorsque la demande de masques se tend, l’Etat organise la distribution, afin d’éviter les pénuries : un jour par semaine défini selon son année de naissance, le citoyen peut acheter deux masques à la pharmacie, au bureau de poste ou dans une supérette de quartier. Le gouvernement maintient un discours constant et des campagnes d’information sur la nécessité absolue du port du masque. « Ils ont porté ce message sur le masque très tôt, c’est une aide considérable. D’autres pays ne l’ont fait que plus tardivement, certains deux mois plus tard, constate Chun Jong-yoon, le fondateur de Seegene. Maintenant ils ont compris, mais c’est bien tard. »
    Comme ses voisins, la Corée du Sud met en place un isolement strict des malades. Dans les hôpitaux si leur situation est grave ou qu’ils sont âgés, et dans des centres spécialisés lorsque les symptômes sont faibles. Pas question de prendre le risque qu’ils contaminent leur voisinage. S
    Les cas contacts rapprochés doivent quant à eux respecter un rigoureux isolement à domicile, suivi sur une application et par des appels téléphoniques. Afin de bloquer les cas « importés », les personnes entrant sur le territoire se voient imposer une quatorzaine stricte, à leur domicile ou dans une chambre d’un des hôtels transformés en centres sanitaires, et doivent présenter chaque jour leur bulletin de santé, notamment leur température.Dans un de ces hôtels, dans le quartier commerçant de Myeong-dong à Séoul, les voyageurs conduits depuis l’aéroport sont accueillis par un personnel en combinaisons bactériologiques intégrales blanches. Un prélèvement PCR est réalisé, puis ils sont envoyés dans leur chambre, où un plateau-repas est déposé trois fois par jour devant leur porte. Ils doivent jeter leurs détritus, pulvérisés de désinfectant, dans un sac conçu pour les déchets médicaux.Dans les couloirs menant aux chambres, sont collés des avis : « Ne quittez jamais votre chambre. Veuillez retourner immédiatement dans votre chambre. » Les étrangers se dérobant à ce contrôle sont expulsés et risquent cinq ans d’interdiction de territoire, les Coréens risquent jusqu’à un an de prison. Davantage que la peur de la sanction policière toutefois, c’est la crainte d’être celui ou celle qui, par son relâchement, aura amené la contamination de sa communauté, qui semble être le moteur principal.

    #Covid-19#migrant#migration#coreedusud#chine#sante#epidemiologie#mesuresanitaire#voyageur#test#quarantaine#politiquesante#surveillanceepidemiologique

  • Contrôle de l’épidémie de Covid-19 : les leçons de la Nouvelle-Zélande – Réalités Biomédicales
    https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2020/10/28/controle-de-lepidemie-de-covid-19-les-lecons-de-la-nouvelle-zelande

    Les chercheurs ont comptabilisé le nombre de cas de Covid-19 confirmés et probables dans chacune de ces cinq phases sur la base de la date estimée de contamination, autrement dit en fonction de la période d’exposition au coronavirus, définie comme la période d’incubation avant l’apparition des symptômes (ou de la date de notification du cas lorsque les données concernant le début des symptômes n’était pas disponible).
    Les épidémiologistes ont classé le type de transmission du virus selon que celle-ci était intervenue en dehors de la famille, dans un contexte familial, que la source de l’infection était un cas importé (en rapport avec un voyageur international dans les 14 jours avant le début des symptômes) ou associé à un cas d’importation (lien épidémiologique avec un cas importé), ou encore un cas d’infection acquise localement (sans notion de voyage international dans les 14 jours et sans aucun lien avec un cas importé). Enfin, les cas ont été évalués selon la sévérité de la maladie (hospitalisation ou décès) et comparés à ceux des patients présentant une forme clinique peu sévère.Enfin, dans leur analyse concernant la performance des mesures prises, les épidémiologistes ont évalué le temps moyen qui s’était écoulé entre d’une part le début de la maladie et la notification du cas, et d’autre part l’isolement du patient et son éventuelle hospitalisation.
    L’ensemble des mesures rapidement entreprises et mises en place par les autorités néo-zélandaises a porté ses fruits. Fin avril, le temps écoulé entre le début des symptômes et la notification du cas correspondant a été raccourci, passant de 9,7 jours à 1,7 jours. De même, le délai de la mise en place de l’isolement est passé de 7,2 jours à -2,7 jours, ce qui signifie que ces personnes se sont isolées plus de deux jours avant de présenter des symptômes. La mise à l’écart très rapide de ces patients a réduit d’autant le risque de transmettre le virus.
    Au total, 1 503 cas de Covid-19 ont été détectés en Nouvelle-Zélande entre le 12 février et le 10 mai 2020. Parmi eux, on dénombre 1 153 cas confirmés en laboratoire (77 %) et 350 cas probables (23 %). Rapporté à la population du pays, cela représente une incidence cumulée d’environ 30 cas pour 100 000 habitants. Ces cas ont été détectés, en grande majorité, par le traçage. Seulement 95 personnes (6,3 %) ont été hospitalisées et 10 patients (0,7 %) ont été admis en réanimation. Au total, en Nouvelle-Zélande, 22 individus sont décédés, soit 1,5 % des malades.
    Au cours de la phase 2, les chercheurs estiment que le taux d’infection par million d’habitants et par jour a été de 8,5. Il a été réduit de 65 % lors de la phase 3 (correspondant à la première moitié du confinement), atteignant alors 3,2.Il ressort que la majorité des sources d’infection dans ce pays insulaire correspond à des cas d’importation, la proportion des cas importés ayant décliné au fur et à mesure de la phase 3. Au total, 1034 cas importés ou liés à un cas d’importation ont été comptabilisés, soit 69 % du total des cas.L’incidence de la Covid-19 a été la plus faible parmi les enfants. Parmi les 782 cas pédiatriques liés à 316 clusters familiaux, seuls 9 cas sont survenus chez des enfants de moins de 15 ans, qui étaient par ailleurs les premiers cas survenus au sein de la famille.
    Par ailleurs, globalement, on a dénombré un plus grand nombre de cas parmi les femmes (56 %), parmi les patients âgés de 20 à 34 ans (34 %), d’origine européenne (73 %), avec un statut socio-économique élevé.
    Parmi les cas associés à un cas d’importation, on a dénombré un grand nombre de patients d’origine européenne et Maori. Ces derniers ont notamment été largement touchés lors d’un grand foyer épidémique (cluster) survenu lors d’un mariage. Celui-ci a constitué l’événement de super-contamination le plus important du pays. Les cas de Covid-19 ont été détectés dans toutes les régions, notamment dans des zones touristiques et dans les points de départ des trois plus grands foyers épidémiques. La majorité des infections localement acquises (424, soit 67 % de cas) est survenue avant le confinement. Les dix flambées épidémiques les plus importantes ont touché toutes les générations.

    #Covid-19#migration#migrant#nouvellezelande#europe#maori#sante#epidemiologie#casimporte#incidence#cluster#politique#frontiere

  • Covid-19 : les circonstances de #contamination chez les Français restent mystérieuses, voici pourquoi | Le HuffPost, 16/10/2020
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/covid-19-les-circonstance-de-contamination-chez-les-francais-sont-enc

    (...) les lieux des #clusters identifiés suite à ce #traçage “ne peuvent en aucun cas être considérés comme représentatifs des lieux de contamination en général” , alerte Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à Santé Publique France. SPF le rappelle, les clusters ne servent qu’à analyser le niveau de “criticité des différents secteurs ”. En clair, de voir que dans un Ehpad, le risque de transmission et le risque de forme grave de Covid-19 sont plus élevés que dans les crèches. 

    “Il n’est pas surprenant de retrouver un nombre brut de clusters plus élevé dans les entreprises ou milieux scolaires, mais si vous le rapportez au nombre d’entreprises et d’établissements scolaires, la proportion par milieu sera beaucoup plus faible” , estime Patrick Rolland, coordonnateur interrégional chez Santé publique France, à l’origine du système de traçage des clusters développé par SPF.

    Enquête sur les contaminations

    De plus, le traçage de contact en général est à bout de souffle et débordé face à l’explosion des contaminations. Surtout, il n’est lui non plus pas très représentatif. On voit par exemple que seules 2,8 personnes-contacts sont identifiées par cas confirmé de Covid-19. En parallèle, 73% des personnes diagnostiquées positives par PCR n’étaient pas référencées comme cas contact. En clair, le traçage de contact passe à côté de 7 personnes sur 10.

    Pourquoi ? Les cas confirmés cachent-ils les personnes qu’elles ont pu voir dans le cadre privé ? Les contaminations sont elles majoritairement intraçables, car elles proviennent d’inconnus (transports en commun, lieux publics, bars et restaurants, etc.) ? Le système est-il simplement débordé ? Ici, impossible de le savoir, parce qu’encore une fois, nous ne savons pas comment les Français se contaminent. 

    “Les plateformes de traçage de contact ont pour vocation de contacter les personnes identifiées et ne peuvent pas enquêter sur les circonstances fines de contamination” , explique Daniel Lévy-Bruhl. Mais justement, SPF s’est associé à l’Institut Pasteur pour essayer d’en savoir plus.

    Une étude épidémiologique va bientôt démarrer sur un échantillon important de cas où on va investiguer les circonstances de contaminations ”, précise l’épidémiologiste. Si tout se passe bien, les résultats devraient être connus “dans les mois qui viennent”. À défaut de permettre de mieux gérer la deuxième vague, cela permettra peut-être de prévenir la troisième.

    #épidémiologie #enquête_épidémiologique #covid-19 #criminels #sans-vergogne #terrifiant

    • Clusters et chaînes de contamination, extrait de Corona virus update - Une traduction du podcast de Christian Drosten (NDR Info)
      https://inf-covid.blogspot.com/2020/10/allemagne-barrington-cluster-source.html
      Allemagne, Barrington, cluster-source, immunité, étude indienne, mutation D614G. Podcast #60 du 13 octobre 2020
      L’Allemagne va connaître la même évolution que le reste de l’Europe

      [...]
      La chose décisive est, et il faudrait vraiment le répéter encore et encore, car tout le monde ne l’a pas encore intégré, nous avons besoin de deux mesures combinées. Donc les règles AHA, c’est bien, mais je trouve cette formule presque un peu trop simple. Donc les règles AHA - distanciation, hygiène, masques grand public - c’est certainement une mesure généralement efficace et dont tout le monde se souvient. Et c’est bien. Mais nous avons besoin de quelque chose de plus, à savoir une mesure contre les clusters. C’est la règle de base pour ces maladies qui se propagent avec une sur-dispersion. Nous avons besoin de deux mesures à l’échelle de la société. La première est une mesure que tout le monde suit et qui n’a pas besoin d’être très intrusive, ni à être très efficace pour la propagation du virus. Elle doit être efficace à 20%. C’est certainement la combinaison de la distance, de l’hygiène et des masques. Quelque chose qui s’applique à tout le monde, qui s’applique dans toute la société, qui n’est pas drastique. Et puis, nous avons également besoin d’une mesure spécifique, qui prenne effet partout où des clusters apparaissent.

      Et c’est encore une faiblesse en Allemagne pour le moment, et aussi dans le système de reporting, et pas seulement en Allemagne. L’orientation spécifique de l’enregistrement des cas, l’enregistrement de l’activité infectieuse sur le cluster source, c’est-à-dire la question : Où avez-vous été infecté ? Nous sommes toujours très axés sur la poursuite des cas. En d’autres termes, nous demandons : ce patient qui a été infecté ici, qui aurait-il pu infecter, à la fois ces derniers jours, avec qui il était en contact, et aussi à l’avenir, il doit rester chez lui pour qu’il n’infecte plus personne.

      Mais le moment où nous remarquons cette infection est en fait un moment où la contagiosité est pratiquement terminée. Et les quelques personnes qu’il aurait pu infecter au cours des derniers jours ne sont pas à l’origine du processus d’infection, mais ce qui est vraiment à l’origine du processus d’infection, c’est le cluster source où il a contracté son infection. Car cette infection se propage par grappes. Même si les autorités sanitaires disent qu’il y a un processus d’infection de plus en plus diffus, on ne peut plus reconstituer les chaînes de contamination, alors ce n’est pas une description de la réalité de la propagation du virus, mais une description de l’impression qu’on a dans les services de santé car les gens ne peuvent pas dire où ils ont probablement été infectés il y a sept à dix jours.

      Nous avons cela avec d’autres rhumes également. Nous n’avons tout simplement pas cette mémoire. Nous ne pouvons pas nous souvenir dans quelles situations particulières, dangereuses, nous étions il y a sept à dix jours. Le problème, cependant, est que cette situation dangereuse dans laquelle nous avons été infectés il y a sept à dix jours est toujours là. Ce cluster couve toujours. Et sans que personne ne le sache, sans que les cas aient été signalés jusqu’à présent, nous avons ici un cluster source qui frémit. Nous sommes maintenant à ce moment où les remontées de chaînes deviennent de plus en plus difficiles, où les autorités sanitaires disent les unes après les autres : "Nous n’y arrivons plus, Bundeswehr, venez nous aider !" Nous voyons cela dans les médias maintenant. C’est maintenant le moment où cette méthode de travail sur les clusters source doit être mise en œuvre. Parce qu’en ce moment, d’après les statistiques, nous avons l’impression que cela vient des fêtes de famille, des ménages. Cela ne vient pas des situations de travail, des transports en commun, etc.

      Martini : D’aller au restaurant.

      Drosten : Exactement. Tous ces éléments ne figurent pas dans les statistiques des rapports pour le moment. Les autorités sanitaires disent que ce sont avant tout les situations privées, les fêtes de famille, la maison. Mais regardons maintenant de près ces statistiques de reporting. Et ce que nous constatons, c’est que plus de la moitié de toutes les nouvelles infection ne peuvent pas être résolues. [...] les chaînes de contamination reconstructibles sont minoritaires. [...] Les gens ne peuvent pas dire où ils se sont infectés. D’où cette proposition, que je fais depuis des semaines, que chaque citoyen tienne un journal des situations de cluster. Chaque soir, par exemple, vous pouvez écrire sur votre smartphone, dans votre bloc-notes ou sur n’importe quel morceau de papier, là où vous ne vous êtes pas sentis très à l’aise. Alors aujourd’hui, j’étais dans une situation où j’avais le sentiment qu’il y avait trop de monde, dans une pièce fermée, trop près les uns des autres, même si la plupart portaient des masques. En faisant cela, deux choses se produisent. Premièrement, [...] les gens pourraient se souvenir davantage et dire où ils ont été infectés. Les autorités sanitaires pourraient alors être en mesure d’identifier encore mieux les clusters source. Le suivi des cas serait amélioré. Le deuxième effet est que [chacun] réaliserait plus clairement qu’il se trouve régulièrement dans de telles situations et [qu’en y étant plus sensibilisé, il les évite à l’avenir].
      [Si je vais au restaurant] Est-ce que je m’en souviendrai dans dix jours ?

      Martini : Probablement pas.

      Drosten : Sérieusement. Donc si j’ai soudainement de la fièvre, [...] je dirais : « Je ne peux pas dire. » Ou je dirais aussi : « Eh bien, probablement à la maison, parce que mon conjoint a aussi de la fièvre. Donc, je me suis contaminé à la maison. » Mais je suis aussi allé manger avec mon conjoint, mais comme je ne l’ai pas noté, je ne m’en souviens pas. Je ne veux pas seulement me concentrer sur les restaurants. Il s’agit aussi d’autres situations, de situations quotidiennes, nombreuses dans le secteur du sport, dans le secteur des loisirs, mais aussi la vie professionnelle. Ces lacunes dans les listes seraient ainsi comblées. Par exemple dans la vie professionnelle, il y avait telle réunion [exceptionnelle], et il y avait 30 personnes dans la salle. Tous étaient assis à distance et portaient des masques. […] C’est quelque chose que nous pouvons tous faire. On ne peut pas simplement rester passifs et se dire que le département de la santé clarifiera tout ça si je tombe malade à un moment donné. [...]

      Martini : Cela voudrait dire que si nous notions ces contacts, nous serions un peu plus loin.

      Drosten : Alors nous serions certainement tous un peu plus impliqués. [...] Nous serions alors plus loin dans le processus de connaissance et d’évitement. Je pense que l’accent est mis ici sur l’évitement. Parce que les politiciens ne peuvent pas régler chaque petite situation de la vie quotidienne - de préférence séparément pour chaque Land- mais à un moment donné, la société doit passer à un mode de participation active.

      [...]
      Etude indienne sur les chaînes de contamination

      Martini : Si nous regardons de plus près une autre histoire qui nous intéresse encore et encore. En ce moment, il y a les vacances d’automne dans certains Länder, mais ensuite l’école reprend. Les chaînes de contamination. Nous en avons beaucoup parlé : les enfants sont-ils dangereux pour les générations plus âgées ? Oui ou non ? [...] Il y a maintenant des études qui examinent de plus près les modes de transmission. Une étude qui a évalué très précisément un ensemble de données en Inde. Qu’est-ce qui en est ressorti exactement ?

      Drosten : Oui, c’est aussi une étude [publiée] dans « Science ». C’est une étude intéressante car elle a été réalisée en Inde. Dans un pays où il n’est pas si facile de parvenir à un lockdown. [...] Il est donc probable que durant la période d’évaluation, qui était la première vague là-bas, nous aurons un aperçu de la propagation naturelle de ce virus […] L’étude a été menée dans l’Andhra Pradesh et le Tamil Nadu, deux États de l’Inde qui ont des systèmes de santé relativement bons, où la recherche des contacts a été effectuée avec beaucoup de personnel. Ici, bien sûr, à nouveau en fonction des symptômes. Autrement dit, si un cas survient dans un ménage, il s’agit du premier cas symptomatique. Ce qui s’est passé auparavant ne peut être dit. Mais lorsqu’un cas symptomatique survient, on a généralement tenté de tester tous les membres du ménage en laboratoire dans les 5 à 14 jours suivant le contact avec le cas index. De nombreux cas ont été examinés, du moins dans les statistiques. Il y a eu 263.000 cas index au Tamil Nadu et 172.000 dans l’Andhra Pradesh avec des infections principalement identifiées au Sras-2. Et ils avaient un total de plus de trois millions de contacts, dont chacun était inscrit sur des listes. Vous devez imaginer cela. Il s’agit d’un système de notification massif dans ces pays avec un grand nombre d’employés.

      L’étude s’est maintenant concentrée sur 575.000 contacts sur un total de près de 85.000 cas index, avec une documentation épidémiologique complète et des résultats de laboratoire. Un véritable chef-d’œuvre de l’épidémiologie de terrain [...] C’est juste intéressant ce qui en ressort. Par exemple, on peut souligner que le nombre de contacts par cas index (la première personne infectée) est de 7,3 en moyenne. C’est vraiment beaucoup, vous pouvez voir comment la société et les ménages y sont structurés différemment. Il s’agit d’une taille de ménage complètement différente de la nôtre. 0,2 % de tous les cas index avaient plus de 80 contacts. Ce sont de très grands cercles de contact qui ont été suivis ici. Il est également intéressant de souligner que dans le même temps, un peu plus de 70% de tous les cas index n’avaient aucun cas de contact positif dans la région. En d’autres termes, avec ces grands réseaux de contacts, chez 70% d’entre eux on n’a trouvé aucune infection dans les contacts. Cela souligne encore plus à quel point nous avons un effet de sur-dispersion avec cette maladie. À quel point, en Inde, cette maladie se propage en clusters, dans des événements de grande diffusion. Cela continuera d’être le cas en Allemagne. Cette maladie se propage par grappes, ce qui peut également être vu en Inde.

      Martini : Cela signifie que ce que nous pouvons apprendre ou voir pour nous de cette étude indienne est l’histoire du cluster. Faut-il vraiment accorder plus d’attention aux clusters ?

      Drosten : C’est certainement un message très important. Avec cette observation d’un processus d’infection peut-être plus naturel, incontrôlé, nous obtenons cette impression écrasante de la propagation par grappes. Et il y a aussi un contrôle interne intéressant dans les données. Dans cette situation, nous voyons un taux d’attaque secondaire de 11 %, c’est-à-dire combien sont infectés à partir d’un cas index confirmé. C’est la valeur que nous observons également dans nos contacts à haut risque, 15 minutes de contact en face à face. Et nous voyons 5 % pour des contacts à faible risque. Tout cela est très similaire aux nôtres. C’est pourquoi nous devons continuer à espérer que nous verrons également un comportement de propagation par clusters. C’est certainement l’un des messages les plus importants de cette étude. Et l’autre message très important est, tout simplement, que nous pouvons dire que la prévalence de cette maladie se situe principalement dans la même tranche d’âge. Donc, si vous regardez qui a infecté qui ici, [...] les groupes d’âge s’infectent les uns avec les autres parce qu’ils ont beaucoup de contacts sociaux les uns avec les autres.

      #épidémiologie_de_terrain #Great_Barrington_Déclaration

  • Covid-19 : « Cette enquête déconstruit certains discours sur la surexposition des immigrés »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/09/covid-19-cette-enquete-deconstruit-certains-discours-sur-la-surexposition-de

    Josiane Warszawski, coresponsable de l’enquête, a eu l’idée de lancer cette enquête en population générale.
    Ce croisement des approches, qu’a-t-il apporté ?
    F.H. : Il a permis de mettre en perspective les différents indicateurs, en sortant qui plus est des catégories habituelles. Savoir par exemple que 21 % des agents de nettoyage vivent en logement surpeuplé, on n’en avait aucune idée précise. On comprend alors tout de suite que ces personnes cumulent deux risques de contamination.
    N.B. : C’est aussi grâce à ce croisement que l’on a pu mettre en évidence le caractère cumulatif des facteurs de vulnérabilité. On comprend alors la place de la question des origines dans ce paysage. Les données épidémiologiques constatent un gradient spectaculaire entre les immigrés de première génération non européenne, leurs enfants, puis les immigrés européens et leurs enfants. C’est très frappant. Le risque, c’est d’essentialiser ces résultats. Mais, si l’on tient compte de la structure professionnelle, des revenus, des conditions de logement, qui sont ici documentés, il n’y a plus d’effet immigré. D’autant que l’enquête a montré qu’ils respectent autant que les autres les gestes barrières (masque, gel, distanciation physique), comme globalement les catégories populaires, d’ailleurs…
    F.H. : On sait depuis longtemps que les immigrés qui arrivent en France ont en réalité été sélectionnés : ce sont ceux qui sont en meilleure santé. Mais, au cours de leurs premières années ici, leur situation se dégrade et leur état de santé devient nettement inférieur à celui de la population d’accueil. Dans cette enquête aussi, ce sont ces conditions de vie qui expliquent les écarts, pas l’Homo arabicus, l’Homo ottomanius, ou que sais-je… Toute chose égale par ailleurs, le Covid ne fait pas la différence. Mais pour démontrer que l’origine ne joue pas, encore faut-il disposer de la variable de l’origine.
    La statistique publique le permet-elle ?
    F.H. : Oui, sous le régime de la dérogation. Normalement, on ne peut traiter aucune donnée personnelle qui permette d’identifier toute sorte d’appartenance : les origines, l’apparence ethno-raciale mais aussi l’orientation sexuelle, l’état de santé, les positions politiques. Mais nous travaillons tous sous le régime de la dérogation, et la CNIL les accorde en fonction de la finalité de l’enquête, de l’anonymat, de la taille de l’échantillon, des conditions de protection des données, du consentement des personnes

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#enquete#epidemiologie#demographie#inegalite#appartenanceethnique#race

  • Rio postpones world-famous carnival over Covid-19 - Asia Times
    https://asiatimes.com/2020/09/rio-postpones-world-famous-carnival-over-covid-19

    “We just can’t do it in February. The samba schools won’t have the time or financial and organizational resources to be ready,” he told journalists after a plenary meeting by the group’s directors. Rio’s carnival is an epidemiologist’s nightmare in a pandemic: an extended festival of tightly packed crowds dancing through the streets and flocking to the city’s iconic “Sambadrome” for massive parades featuring scantily clad dancers, small armies of drummers and all-night partying at close quarters. The event draws millions of tourists from around Brazil and the world to the beachside city each year.

    #Covid-19#migrant#migration#bresil#sante#tourisme#epidemiologie#carnaval

  • Cancers : l’incroyable aveuglement sur une hausse vertigineuse
    14 septembre 2020 / Celia Izoard (Revue Z)

    https://reporterre.net/Cancers-l-incroyable-aveuglement-sur-une-hausse-vertigineuse

    De nombreux types de cancers se multiplient très rapidement depuis deux décennies. Pourtant, l’information sur leur chiffre est lacunaire. Mais l’État ferme les yeux, et rejette la responsabilité sur les comportements individuels, plutôt que sur les polluants. (...)

  • How Zeynep Tufekci Keeps Getting the Big Things Right - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/08/23/business/media/how-zeynep-tufekci-keeps-getting-the-big-things-right.html?referringSource=

    Ms. Tufekci, a computer programmer who became a sociologist, sounded an early alarm on the need for protective masks. It wasn’t the first time she was right about something big.

    In recent years, many public voices have gotten the big things wrong — election forecasts, the effects of digital media on American politics, the risk of a pandemic. Ms. Tufekci, a 40-something who speaks a mile a minute with a light Turkish accent, has none of the trappings of the celebrity academic or the professional pundit. But long before she became perhaps the only good amateur epidemiologist, she had quietly made a habit of being right on the big things.

    In 2011, she went against the current to say the case for Twitter as a driver of broad social movements had been oversimplified. In 2012, she warned news media outlets that their coverage of school shootings could inspire more. In 2013, she argued that Facebook could fuel ethnic cleansing. In 2017, she warned that YouTube’s recommendation algorithm could be used as a tool of radicalization.

    And when it came to the pandemic, she sounded the alarm early while also fighting to keep parks and beaches open.

    “I’ve just been struck by how right she has been,” said Julia Marcus, an infectious disease epidemiologist at Harvard Medical School.

    I was curious to know how Ms. Tufekci had gotten so many things right in a confusing time, so we spoke last week over FaceTime. She told me she chalks up her habits of mind in part to a childhood she wouldn’t wish on anyone.

    Add those things to a skill at moving journalism and policy through a kind of inside game, and Ms. Tufekci has had a remarkable impact. But it began, she says, with growing up in an unhappy home in Istanbul. She said her alcoholic mother was liable to toss her into the street in the early hours of the morning. She found some solace in science fiction — Ursula K. Le Guin was a favorite — and in the optimistic, early internet.

    In the mid-1990s, still a teenager, she moved out. Soon she found a job nearby as a programmer for IBM. She was an office misfit, a casually dressed young woman among the suits, but she fell in love with the company’s internal bulletin board. She liked it that a colleague in Japan wouldn’t know her age or gender when she asked a technical question.

    She stumbled onto the wellspring of her career when she discovered an email list, the Zapatista Solidarity Network, centered on Indigenous activists in southern Mexico who had taken up arms against neoliberalism in general and land privatization imposed by the North American Free Trade Agreement in particular. For Ms. Tufekci, the network provided a community of digital friends and intellectual sparring partners.

    Je suis pleinement d’accord avec cette analyse. Le 1 janvier 1994, à San Cristobal de Las casas, un nouveau monde militant naissait. Nous en mangeons encore les fruits.

    Ms. Tufekci is the only person I’ve ever spoken with who believes that the modern age began with Zapatista Solidarity. For her, it was a first flicker of the “bottom-up globalization” that she sees as the shadow of capitalism’s glossy spread. She claims that her theory has nothing to do with how the movement affected her personally.

    While many American thinkers were wide-eyed about the revolutionary potential of social media, she developed a more complex view, one she expressed when she found herself sitting to the left of Teddy Goff, the digital director for President Obama’s re-election campaign, at a South by Southwest panel in Austin in 2012.

    Mr. Goff was enthusing about the campaign’s ability to send different messages to individual voters based on the digital data it had gathered about them. Ms. Tufekci quickly objected to the practice, saying that microtargeting would more likely be used to sow division.

    More than four years later, after Donald J. Trump won the 2016 election, Mr. Goff sent Ms. Tufekci a note saying she had been right.

    “At a time when everybody was being stupidly optimistic about the potential of the internet, she didn’t buy the hype,” he told me. “She was very prescient in seeing that there would be a deeper rot to the role of data-driven politics in our world.”

    That optimism is part of what got her into the literature of pandemics. Ms. Tufekci has taught epidemiology as a way to introduce her students to globalization and to make a point about human nature: Politicians and the news media often expect looting and crime when disaster strikes, as they did when Hurricane Katrina hit New Orleans in 2005. But the reality on the ground has more to do with communal acts of generosity and kindness, she believes.

    Public health officials seem to have had an ulterior motive when they told citizens that masks were useless: They were trying to stave off a run on protective gear that could have made it unavailable for the health care workers who needed it. Ms. Tufekci’s faith in human nature has led her to believe that the government should have trusted citizens enough to level with them, rather than jeopardize its credibility with recommendations it would later overturn.

    “They didn’t trust us to tell the truth on masks,” she said. “We think of society as this Hobbesian thing, as opposed to the reality where most people are very friendly, most people are prone to solidarity.”

    Now I find myself wondering: What is she right about now? And what are the rest of us wrong about?

    An area where she might be ahead of the pack is the effects of social media on society. It’s a debate she views as worryingly binary, detached from plausible solutions, with journalists homing in on the personal morality of tech heads like Mark Zuckerberg as they assume the role of mall cops for the platforms they cover.

    “The real question is not whether Zuck is doing what I like or not,” she said. “The real question is why he’s getting to decide what hate speech is.”

    She also suggested that we may get it wrong when we focus on individuals — on chief executives, on social media activists like her. The probable answer to a media environment that amplifies false reports and hate speech, she believes, is the return of functional governments, along with the birth of a new framework, however imperfect, that will hold the digital platforms responsible for what they host.

    #Zeynep_Tufekci #Portrait #Epidémiologie #Sociologie

  • Nouveau pathogène, vieille politique – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/nouveau-pathogene-vieille-politique

    Les citoyens de Hambourg croyaient en un gouvernement réduit, à la discipline budgétaire, et à la responsabilité individuelle pour la santé et le bien-être. Investir l’argent des contribuables dans un site de filtration semblait être une extravagance propre à menacer tant la santé fiscale de la ville que l’éthique qui en avait assuré la prospérité. Ces doctrines du laissez-faire ressemblaient à celles qui avaient amené la Grande-Bretagne à pratiquement ne pas intervenir lors des famines en Irlande et en Inde : les administrateurs coloniaux s’accrochaient à l’idée que la dette publique constituait un péché plus insigne que la famine à échelle de masse, et que les crève-la-faim ne pouvaient améliorer leur sort qu’à force d’autodiscipline dans le du labeur et de saine gestion de ressources limitées.

    Le second manquement des disciples de von Pettenkofer à Hambourg, surtout de l’officier médical en chef, le docteur Johann Kraus, fut le refus d’accepter les diagnostics de choléra et de faire une déclaration publique pendant ces journées critiques du mois d’août durant lesquelles le taux d’infection doublait chaque jour. Comme on le sait maintenant, les bacilles et les virus peuvent se multiplier exponentiellement. Le délai d’un seul jour peut faire la différence entre le contrôle ou non d’une épidémie.

    Pourquoi ne firent-ils pas cette déclaration ? On peut l’expliquer en partie par la rigidité intellectuelle de ces hommes de bonne réputation. L’autre partie de l’explication vient de l’intérêt matériel. L’économie de Hambourg et la prospérité de ses ploutocrates dépendaient du maintien de l’ouverture du port et de la circulation des bateaux. Des marchandises provenaient de l’Angleterre et des États-Unis. La plupart des exportations allemandes arrivaient par péniche ou par train pour être expédiées par bateau vers tous les continents ; la compagnie Hambourg-Amérique organisait régulièrement des départs pour New York, les ponts des bateaux chargés de migrants recherchant une vie meilleure sur les lointaines cotes de l’Atlantique.

    #santé #épidémiologie #histoire #sociologie

    • Moi j’ai écouté la RNE sur la « peste antonina » et la chute de l’empire romain. Quinze ans de pandémie !

      Documentos RNE - La peste antonina. Primera pandemia global - 19/06/20 - RTVE.es
      https://www.rtve.es/alacarta/audios/documentos-rne/documentos-rne-peste-antonina-primera-pandemia-global-19-06-20/5601891

      Al hilo de la epidemia del Covid-19, Documentos RNE recuerda la primera pandemia registrada en el mundo; fue en el año 165 de nuestra era, durante el Imperio Romano.

      El programa reconstruye el contexto histórico del llamado siglo Áureo de Roma, en el que se expandió aquella extraña enfermedad, identificada contemporáneamente como viruela. Se aborda, igualmente, los modos en que la sociedad romana la afrontó.

      Los testimonios de los especialistas y los testigos de la época, como Galeno, el médico que trató la peste antonina, dibujan el origen de una enfermedad que vino de la parte oriental del Imperio y sus devastadores efectos sobre una población inerme ante una dolencia de la que no sabían nada.

      El número de muertos pudo alcanzar los 10 millones, con movimientos de población que dejaron deshabitadas algunas zonas del Imperio. Las consecuencias alcanzaron a las cosechas, al comercio y a los fundamentos de la actividad económica. En los confines del Imperio, Roma se vio obligada a enrolar para sus legiones tropas mercenarias por las bajas causadas por la pandemia.

      La peste antonina, que toma el apellido de los dos emperadores romanos de la época, Lucio Vero y Marco Aurelio, pertenecientes a la dinastía homónima, fue combatida infructuosamente con sacrificios rituales a los dioses y remedios tradicionales, como la ingesta de vinagre, mostaza, tierra de Armenia, leche de la ciudad de Estabia o la orina de niño.

      La historiografía ha señalado las periódicas epidemias del Imperio Romano como uno de los factores de su dilatada decadencia, como hizo el historiador inglés Edward Gibbon, quien añadió, además, el desarrollo del cristianismo y la presión militar de los bárbaros del norte.

      En los últimos tiempos se han incorporado otros condicionantes, que aportan enfoques complementarios a las explicaciones sobre la desaparición del más imponente imperio de la Antigüedad, como la influencia del cambio climático, que aborda recientemente Kyle Harper en El fatal destino de Roma.

    • combattue sans succès par des sacrifices rituels aux dieux et des remèdes traditionnels, tels que la consommation de vinaigre, de moutarde, Terre arménienne, lait de la ville d’Estabia ou urine d’enfant.

      Je ne dois pas être le seul à avoir immédiatement repéré qu’il y a un traitement en particulier qu’ils n’ont pas essayé, hein, et ça n’étonnera personne… (le mépris de #bigus_pharmacus pour Massilia, déjà).