person:avant

  • Choisir et après | Dimitri Merchie
    http://www.acsr.be/production/choisir-et-apres

    En 2010, un an après la nais­sance de mon deuxième enfant, je me suis fait vasec­to­mi­ser. Comme mon frère avant moi et notre père avant nous, mais sans concer­ta­tion. Une coïn­ci­dence. Et un sujet de conver­sa­tion comme un autre, si bien qu’à défaut de faire des petits, j’ai fait un émule. Dans ses pas, j’ai retrou­vé des ques­tions, j’en ai décou­vert d’autres, autour d’un choix de vie posé un jour en toute bonne foi, mais pas en toute connais­sance de cause. Durée : 42 min. Source : Atelier de création sonore radiophonique

    http://www.stoc.be/phono_acsr/2019_Choisir_et_après_MERCHIE.mp3

  • Israël vote pour l’apartheid (Gidéon Levy)
    Gideon Levy 7 avril 2019 | Haaretz | Traduction SM pour l’Agence Média Palestine
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2019/04/09/gideon-levy-israel-vote-pour-lapartheid

    L’élection de mardi entraînera à coup sûr un résultat : une centaine de membres de la prochaine Knesset seront des partisans de l’apartheid. Ce fait est sans précédent dans les États démocratiques. Cent législateurs sur 120, une majorité archi-absolue qui soutient la continuation de la situation actuelle, à savoir l’apartheid.

    Avec une majorité pareille, il sera possible pour la prochaine Knesset de déclarer officiellement Israël comme État d’apartheid. Face à un tel soutien à l’apartheid et compte tenu du caractère durable de l’occupation, aucune propagande ne pourra réfuter cette vérité toute simple : presque tous les Israéliens souhaitent que l’apartheid continue. Leur culot – ce qu’on appelle chutzpahen yiddish – atteignant des sommets, ils qualifient cela de démocratie, alors même que plus de 4 millions de personnes qui vivent près d’eux et sous leur domination n’ont pas le droit de voter pour cette élection. (...)

  • #Yémen : de l’école au cimetière, les petits boulots des #enfants de la #guerre - La République des Pyrénées.fr
    http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2019/03/24/yemen-de-l-ecole-au-cimetiere-les-petits-boulots-des-enfants

    D’après l’Organisation internationale du travail, le Yémen est le pays où le travail des enfants est le plus répandu dans le monde arabe.

    Et, avec le chaos de la guerre, les enfants sont les plus exposés, des filles étant mariées avant 15 ans et des garçons recrutés comme #enfants_soldats.

    En novembre 2018, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a qualifié le Yémen d’"#enfer sur terre" pour les enfants, 80% des mineurs ayant besoin d’aide.

  • Violences sur les Champs-Elysées : « J’ai fait comme les autres, je n’ai pas réfléchi », Yann Bouchez
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/19/violences-sur-les-champs-elysees-j-ai-fait-comme-les-autres-je-n-ai-pas-refl

    Une cinquantaine des personnes interpellées samedi à Paris ont comparu lundi devant le tribunal.

    L’écart est saisissant. Samedi 16 mars, lors de l’acte XVIII des « #gilets_jaunes », les images de violences sur les Champs-Elysées ont tourné en boucle, montrant tour à tour commerces incendiés, vitrines éventrées et magasins pillés. Mais dans la salle d’audience 6.01 du tribunal de grande instance de Paris, personne, parmi la première poignée de prévenus à comparaître, lundi 18 mars, ne présente le profil du pilleur, de l’incendiaire ou du casseur rompu aux débordements.

    Il y a d’abord Clément, jeune paysagiste intérimaire, au buste aussi fin que ses dreadlocks sont épaisses, poursuivi pour avoir, près de la place de la Concorde, jeté une bouteille de bière en direction des forces de l’ordre, sans faire de blessé. Six mois de prison avec sursis. Raphaël, apiculteur de 32 ans, a été interpellé en fin d’après-midi, avec un sac contenant une veste Morgan et un jogging Nike, encore avec leurs antivols. Trois mois avec sursis. Cyprien, lycéen de 19 ans, reconnaît, lui, avoir fait un doigt d’honneur aux forces de l’ordre avant d’être arrêté puis avoir donné, dans le fourgon, un coup de pied à une policière. Six mois de sursis. Vincent, 21 ans, « street medic », a été retrouvé, avenue Foch, avec deux morceaux de marbre et de bitume dans ses poches. Des « souvenirs », se défend-il. Quatre mois ferme, avec mandat de dépôt.

    A Loïc, 29 ans, il est bien reproché d’avoir débuté un incendie, vers 22 heures. Mais il s’agissait d’un début de feu de poubelle, près de la place de la République, et l’homme, éméché, a très vite été maîtrisé. « On a une dichotomie énorme entre ceux qu’on a vus à la télévision ce samedi et les dossiers de personnes qui sont devant vous », résume l’avocat de Clément. Sur les quelque 250 gardés à vue du week-end à Paris, en marge des manifestations des « gilets jaunes », une grosse cinquantaine ont été présentés lundi en comparution immédiate.

    « C’est raisonner comme une pioche »

    Devant Corentin, sixième prévenu dans la salle 6.01, la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, le reconnaît sans détour : « Il y a ceux qui cassent tout et pour l’instant on ne les a pas vus. » Mais elle ajoute : « Et puis il y a ceux qui ramassent et qui cautionnent, quelque part. » Aux yeux de la magistrate, le jeune homme de 22 ans, venu de Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or), en fait partie. Corentin est arrivé à Paris samedi matin, à 8 heures, « pour manifester pacifiquement ». Il a été interpellé, en fin de journée, vers l’Arc de triomphe, avec des vêtements de chez Zara et Hugo Boss, deux enseignes pillées quelques heures plus tôt. Le sac Okaïdi avec les cadeaux pour enfants était à lui par contre : après vérification, les policiers ont pu établir que le jeune homme les avait bien achetés pour une amie.

    Pour le reste, Corentin dit avoir trouvé les vêtements dans la rue. « Je ne serais jamais rentré dans le magasin, assure-t-il. Je me suis dit : “C’est perdu dans tous les cas pour le commerçant.” » « Ce n’est pas un raisonnement ça, c’est raisonner comme une pioche », gronde la présidente. Le procureur, Sébastien Hauger, insiste : « Receler des vêtements issus de pillages (…), c’est donner raison à ceux qui ont défoncé les Champs-Elysées, samedi. » Trois mois de prison avec sursis, et un an d’interdiction de paraître à Paris. « Je pense que la vie en Bourgogne est bien plus agréable », estime le procureur.

    Vies cabossées

    De sa vie pourtant, Corentin, comme tant de manifestants qui défilent à la barre depuis quatre mois, n’a presque pas parlé. Il a juste écouté la présidente en lire les grandes étapes. Le placement en famille d’accueil à 10 ans, la fin de la scolarité à 16 ans. Le travail, très tôt, dans les vignes et à l’usine. Combien gagne-t-il, d’ailleurs ? « Mille trois cents euros les meilleurs mois. » Elle indique une mention à son casier judiciaire pour usage de stupéfiants et tente un conseil, en répétant dans un sourire le nom de « Nuits-Saint-Georges » : « Vous prenez du cannabis ? Le rouge, c’est mieux. Raisonnablement. »

    Face au défilé de ces vies cabossées dans l’enceinte du tribunal, l’humour paraît souvent déplacé. « Ben, c’est pas bien gai », résume d’ailleurs à haute voix Isabelle Prévost-Desprez au moment d’évoquer la vie de Bryan, venu de l’Eure. Une mère alcoolique décédée. Une vieille dépendance au cannabis. A 26 ans, Bryan, la carrure solide, reconnaît avoir lancé « une ou deux pierres » sur des forces de l’ordre, samedi. « J’ai fait comme les autres, je n’ai pas réfléchi, je me suis fait engrener », tente-t-il d’expliquer. Mais c’est son parcours qui interpelle les juges. De 2011 à 2018, Bryan a travaillé dans l’armée. Il a fait partie des patrouilles, dans Paris, après les attentats de Charlie Hebdo. « On a fait plus de 300 jours de “Vigipirate”, j’ai même eu une médaille », raconte-t-il.
    « Vous ne voyez pas le problème ?, demande la présidente.
    – Si.
    – C’est quand même sidérant…
    – Je regrette.
    – On vous croit. Il y a eu beaucoup de regrets aujourd’hui. Un peu comme si vous redescendiez d’un trip. »
    Dix mois de prison ferme, sans mandat de dépôt. Bryan a pu repartir chez lui, où il doit terminer un travail d’intérêt général lié à son problème de drogue.

    • Je trouve super importants tous les comptes-rendus de procès. C’est le seul moyen de démontrer par le réel (et hélas le sordide de révéler impudiquement sa vie, son orgine) que les « casseurs » c’est ... ta soeur, ton voisin, ta collègue.
      Y’a aussi ce thread très complet : https://twitter.com/Salome_L/status/1107618884213972992
      avec cette réponse aussi qu’elle fait à une personne qui la questionne :

      De source de judiciaire pas plus d’une dizaine d’étrangers dans les personnes interpelées samedi. Je n’ai personnellement assisté à aucun jugement hier et ne peut vous dire s’il y en a eu dans les autres chambres correctionnelles.

      https://twitter.com/Salome_L/status/1107853188026249219

    • Gilets jaunes : prison ferme pour trois jeunes interpellés samedi, Faits divers|Louise Colcombet
      http://www.leparisien.fr/faits-divers/gilets-jaunes-prison-ferme-pour-trois-jeunes-interpelles-samedi-19-03-201

      Les comparutions immédiates se sont poursuivies ce mardi pour juger des suspects impliqués dans les violences de samedi à Paris.
      « Je suis entré dans le magasin, c’est une erreur de ma part. Toute l’après-midi, j’ai vu des personnes prendre beaucoup de choses, alors je me suis dit que j’allais tenter ma chance… », admet, l’air penaud, le prévenu. Il a 21 ans, un casier vierge, et une carrière toute tracée à la SNCF, pour laquelle il étudie en alternance.

      Interpellé samedi devant la boutique du PSG, pillée comme tant d’autres sur les Champs Elysées lors de l’acte 18 des Gilets jaunes, il était jugé ce mardi après-midi en comparution immédiate au tribunal de grande instance de Paris pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradation » ainsi que pour « vol » et « rébellion ». Sur lui, les policiers ont retrouvé trois maillots du club parisien, floqués aux noms de MBappé, Di Maria et Neymar… Ce qu’il reconnaît, tout en niant la rébellion.
      Le jeune homme vit chez sa mère

      « Avez-vous tenté de vous débattre ? » l’interroge le tribunal. « J’ai essayé d’enlever la main du policier… après, je suis tombé ». Il affirme avoir alors reçu trois coups de matraque, avant de finir à l’hôpital. Bilan : traumatisme crânien, plaie au crâne.
      Le jeune homme, non politisé, qui vit chez sa mère dans les Yvelines, explique d’une voix timide être venu à l’acte 18, non pas pour manifester, mais « pour voir ». « Pour voir quoi ? s’agace le président du tribunal. Pour voir les techniques de guérilla urbaine, pour voir les policiers recevoir des projectiles sur la tête ? » Le prévenu, inaudible et déstabilisé, marmonne dans sa barbe. « Et pourquoi être resté sur les Champs Elysées alors que les violences et les dégradations avaient lieu ? Vous n’étiez pas là pour prêter main-forte aux forces de l’ordre, tout de même… ? » le tance encore le président avant que la procureure ne réclame à son encontre six mois de prison ferme.

      « Etre au coeur de l’action »
      « Trois maillots du PSG, c’est vrai que c’est considérable », ironise d’emblée Me Pierre-François Rousseau, son avocat, plaidant un « moment d’égarement », et « l’absence de matériel pour blesser ou dégrader ». « Il a 21 ans, il veut se rendre compte, être au cœur de l’action au lieu de regarder cela sur BFMTV, comme beaucoup de ceux qui sont montés sur les barricades en 1968 ! », poursuit le pénaliste, jugeant les réquisitions excessives. En vain. Le frêle jeune homme est reconnu coupable de l’ensemble des faits, et écope de six mois de prison, dont trois avec sursis.

      Une fermeté qui se poursuit alors que pénètrent dans le box Mehdi et Charles, deux copains âgés de 20 ans et 19 ans. Le premier, habitué du mouvement, avait convié son ami, novice et peu politisé, venu spécialement de Toulouse (Haute-Garonne) « parce que c’était la dernière manifestation des Gilets jaunes ». Tous deux ont été arrêtés vers 16 heures samedi alors qu’ils tentaient de retourner sur les Champs Elysées après avoir avalé un casse-croûte. Bloqués par un cordon de CRS au milieu d’autres manifestants, ils racontent avoir été pris en tenaille et avoir vu fondre sur eux des policiers en civil venus de l’arrière… sans d’abord les identifier comme tels.

      « Votre carrière dans la police, c’est mal parti... »
      « Je me suis agité parce qu’au début j’ai cru que c’était des Blacks blocs, ils étaient en noir », se défend Charles, poursuivi comme son acolyte pour rébellion mais aussi violences - une bouteille de bière qu’il conteste avoir lancée -, « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradation » et recel d’une chemise Hugo Boss retrouvée dans son sac. Charles affirme « ne pas être d’accord total avec les Gilets jaunes », encore moins avec les casseurs. « J’en ai vu incendier des plantes synthétiques, je leur ai dit que c’était complètement con ! », plaide-t-il. Quant à la chemise, il comptait l’enfiler pour sortir le soir même. « Je l’ai achetée il y a trois mois pour passer les tests pour devenir ADS (adjoint de sécurité, NDLR) ». « Pour votre carrière dans la police nationale, c’est un peu mal parti… », lui fait remarquer un juge assesseur.
      Issu d’une famille aisée et engagée politiquement, étudiant en école de commerce, Mehdi, lui, assume son implication dans le mouvement des Gilets Jaunes. D’une voix posée, le jeune homme raconte avoir été sensible au manque de moyens des hôpitaux, alors que son père - décédé il y a un mois - était gravement malade. « Je suis jeune, c’est important de participer aux mouvements sociaux pour espérer un avenir meilleur », détaille-t-il. Problème : son gilet fluorescent a été retrouvé dans un sac qui contenait aussi des lunettes de piscine, un masque de paintball, des fumigènes et des gants coqués. Il portait aussi deux épaisseurs de vêtements, de quoi lui permettre de se changer pour se fondre dans la masse en cas d’exactions, soupçonne le tribunal. Lui assure avoir seulement voulu « se protéger ». « Ce n’est pas un matériel de protection, mais d’agression » ! tonne la procureure, fustigeant des jeunes « venus chercher le frisson de l’émeute » et réclamant pour le duo huit mois de prison dont deux fermes.

      Enfermement immédiat

      « Abasourdi », Me Pierre-François Rousseau rappelle que les policiers eux-mêmes ont estimé que Charles et Mehdi ne faisaient partie d’aucun groupe. « Comme disait Renaud, Je suis une bande de jeune à moi tout seul », se moque-t-il, avant de souligner la fragilité des procès-verbaux rédigés à chaud par des policiers débordés. « Vous n’avez pas parole d’Évangile d’un côté, et des petits jeunes qui disent n’importe quoi de l’autre ! », poursuit-il, revenant notamment sur le profil de Charles, apprenti policier à l’avenir désormais compromis. « Mais regardez son pull… Il a un pull avec des fleurs, on n’est pas face à un Black bloc ! », lance-t-il encore. Le jeune homme, relaxé pour l’affaire de la chemise, est finalement condamné à six mois de prison dont deux ferme. Son ami Mehdi à huit mois, dont deux fermes, avec mandat de dépôt, synonyme d’enfermement immédiat.

  • Ces hommes qui meurent - Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2019/01/04/ces-hommes-meurent

    Hier j’ai posté un thread sur twitter sur les féminicides ; j’y expliquais que les hommes qui tuent leur compagne sont en général vierges d’autres crimes comparables. Les hommes violents avec leur compagne ne sont pas pour l’immense majorité, violents avec d’autres hommes. Sans surprise, des hommes sont venus me balancer des statistiques sur les homicides – comme si je pouvais les ignorer – pour m’expliquer que les hommes tuent avant tout d’autres hommes, chose que je n’avais évidemment jamais contestée et qui n’était pas le propos de mon thread.
    Je suis comme toujours allée jeter un œil sur leur TL ; aucune évocation, à aucun moment d’un quelconque engagement face à ce sujet. Les chiffres sur les hommes qui sont tués ont juste été utilisés pour tenter de desservir mon propos (ce qui n’est pas grave), et de minorer le nombre de femmes tuées par leur conjoint (ce qui l’est bien davantage).
    j’ai de plus en plus tendance – parce que je suis concernée par les deux sujets d’ailleurs – à comparer ce genre de rhétorique à la rhétorique négationniste. Ces hommes n’en ont rien à foutre des hommes assassinés, des hommes qui se suicident sauf si cela peut leur permettre de tenter de faire taire une féministe qui parle de la souffrance des femmes. C’est quand même assez fascinant de haïr à ce point les femmes que de nier qu’elles sont, parfois, tuées par un homme.
    Mon père s’est suicidé. Cela a fait 20 ans cette année ; cela a été un anniversaire compliqué. Même si cela n’explique évidemment pas tout et qu’il y a des raisons singulière et individuelles à son acte, j’ai depuis longtemps une très claire vision de ce que cela peut être d’être un homme et des contraintes viriles. J’évoquais le négationnisme parce que mon père était également un ancien déporté et, sans surprise, 50 ans de syndrome de stress post traumatique non traité car « un homme ca ne va pas chez le psy » ont pu participer à son suicide.
    Je suis donc, tant humainement qu’intellectuellement, scandalisée et peinée pour tout dire par les méthodes de ces hommes. Pensent-ils sérieusement que les militantes féministes ignorent les statistiques ? pensent-ils qu’elles ne connaissent pas le coût de la virilité ?

    #masculinisme #négationnisme #sexisme #misogynie #antisémitisme #suicide #virilité

  • Carlos Ghosn : nouvelles questions autour de 7 millions de primes et salaire
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/carlos-ghosn-nouvelles-questions-autour-de-7-millions-de-primes-et-salaire

    Selon nos confrères des Echos, le PDG de Renault aurait touché cette somme de Nissan Mitsubishi BV entre la création de cette structure en juin 2017 et son arrestation en novembre dernier.

    Carlos Ghosn est détenu au Japon depuis le 19 novembre dernieret inculpé depuis le 10 décembre pour avoir minoré ses revenus entre 2010 et 2015 dans les rapports financiers que Nissan remettait aux autorités boursières, ainsi que pour des minorations de revenus de 2016 à 2018.

    Selon le parquet de Tokyo et Nissan, de nouvelles malversations concernant le patron franco-brésilien pourraient être prochainement révélées. Selon « Les Echos », cela pourrait notamment concerner la structure Nissan Mitsubishi BV (NMBV). Celle-ci avait été fondée en juin 2017 aux Pays-Bas par Nissan et Mitsubishi, associés depuis peu, afin de pouvoir attribuer des primes aux employés et aux managers des deux groupes ayant le mieux exploité les synergies entre les deux entreprises.

    Il était convenu dès la création de NMBV qu’aucun de ses trois directeurs - Carlos Ghosn, Hiroto Saikawa, de Nissan et Osamu Masuko, de Mitsubishi - ne pourrait bénéficier de ces bonus.

    Mais quelques moins plus tard, dès février 2018, le patron du groupe signait avec le secrétariat de la structure un contrat de salarié le rendant éligible à ce système de rémunération.

    Conclu avec l’un de ses lieutenants à la tête de ce secrétariat, le « contrat » ne fut jamais révélé aux autres directeurs. Après cette signature, Carlos Ghosn aurait reçu un bonus d’embauche de 1,46 million d’euros puis un salaire annuel de 5,82 millions d’euros, dont un prépaiement du premier trimestre 2019 destiné à lui éviter une hausse d’impôt. Il aurait aussi perçu 498.000 euros de versements non justifiés. Au total, Carlos Ghosn, qui n’a assisté qu’à une seule réunion de la société en août 2018, aurait touché 7 millions d’euros de Nissan Mitsubishi BV entre la création de l’entreprise et son arrestation en novembre.

    Outre son ancien président et son ancien adjoint, Greg Kelly, de Nissan a semble-t-il élargi son enquête à d’autres cadres de l’entreprise proches de Carlos Ghosn. C’est notamment le cas de José Munoz, auquel il avait confié la gestion des activités aux Etats-Unis puis du département performance du groupe. Cet ancien cadre du groupe, qui pourrait détenir des informations qu’il n’a jusqu’alors pas voulu partager, a officiellement démissionné vendredi 11 janvier.

    Vendredi dernier 11 janvier, Carlos Ghosn a de nouveau été mis en examen, mais pas été arrêté une quatrième fois. Cela a permis à ses avocats de déposer dans la soirée une demande de libération sous caution, sur laquelle un juge de la cour de Tokyo doit consulter le procureur avant de décider seul mardi ou mercredi prochain.

    Le parquet, qui ne pourra s’opposer à cette décision du juge, devrait émettre un avis défavorable à une sortie de prison de celui qui reste aujourd’hui le patron de Renault, et contre lequel il continue d’accumuler de nouvelles charges potentielles.

  • Start-ups et proxénétisme : la mutation néo-libérale de l’industrie du sexe | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2018/12/28/start-ups-et-proxenetisme-la-mutation-neo-liberale-de-l

    Concrètement – et sur la base du fait que deux Allemands sur trois ont acheté du sexe – cela signifie que les femmes allemandes doivent accepter le fait que leur partenaire visite des prostituées. Elles devront aussi accepter que leur fils, quand il aura 15 ans, sera probablement amené dans un bordel par ses copains. Elles ne doivent pas s’offusquer si leur mari donne ses rendez-vous d’affaires dans un bordel. Elles devront se résigner au risque d’attraper une MST si leur conjoint a eu des rapports sexuels non-protégés avec une prostituée avant d’avoir de rapports sexuels avec elles. Sans parler de la perte de confiance et de la grande détresse psychologique qu’entraîne pour ces « Schattenfrauen » (femmes de l’ombre) le fait de savoir que leur mari est client de la prostitution (22). Les femmes allemandes savent aussi qu’elles ne doivent pas aller dans certains quartiers, sous peine d’être harcelées comme si elles étaient elles-mêmes des prostituées. Elles doivent s’habituer au fait que, si elles se rendent avec des amies dans un bar, elles seront la cible d’un harcèlement sexuel insistant de la part des hommes présents – comportement qui est considéré socialement inacceptable en Suède. D’une façon générale, le comportement des hommes envers toutes les femmes est affecté si la prostitution et la pornographie sont socialement légitimées et omniprésentes. Comme en témoigne le fait qu’actuellement, presque toutes les jeunes femmes sexuellement actives se sont vu demander par un ou plusieurs partenaires de performer un acte sexuel proposé dans le porno. La prostitution et le porno représentant les femmes comme des objets sexuels achetables et vendables par les hommes à volonté et selon leur plaisir, leur validation sociale renforce inévitablement la misogynie et le mépris des femmes qui sont le ciment du patriarcat.

    Impressionnant de découvrir que 2/3 des allemands sont des putiers qui violent contre de l’argent pour leur petit confort narcissiques.

    #proxénétisme #prostitution #sexisme #capitalisme #racisme #néo-colonialisme #pédosexualité #esclavage #hommerie #violence_masculine #violences_sexuelles

    • Et combien pour faire taire les syndicats ?
      –----
      « Paradis pour les uns, pas un radis pour les autres. » lu au dos d’un gilet jaune

    • https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/plans-sociaux/ford-annonce-un-plan-social-apres-avoir-ecarte-l-offre-de-reprise-pour-

      https://npa2009.org/communique/ford-blanquefort-meme-pas-mort

      Mais le scandale c’est sans doute aussi des pouvoirs publics (État, collectivités locales) qui ont déversé des millions d’euros d’argent public à Ford depuis son installation en 1974, sont aujourd’hui dépassés et condamnés à déplorer une décision qui révèle leur impuissance.

      Jour de victoire
      par Sorj Chalandon

      -- Ne fermez pas la fenêtre, s’il vous plaît.

      J’avais dit ça comme ça, doucement, un simple murmure. Mais Svetlana m’a foudroyé. L’infirmière, c’était elle. Elle avait tous les droits sur cette pièce et le malade qui l’occupait. Le nombre d’oreillers, leur position sous sa tête, la couverture en plus, le couvre-lit en moins, c’était elle. Cette chambre d’agonie était devenue la sienne. Elle décidait du jour et de la nuit. Elle qui allumait le plafonnier ou la lampe de chevet. Elle qui s’emparait de la chaleur ou du silence. Elle qui avait confisqué la télécommande de la télévision.

      -- Il y a trop de bruit dans la rue, a protesté Svetlana.

      -- Il n’y en a pas assez, j’ai souri.

      Cela faisait dix ans que la vieille Moldave s’occupait de mon père. Il l’aimait bien, elle le supportait. Elle s’en débrouillait, comme la tante d’un parent arrivé à son crépuscule.

      Elle et moi, c’était autre chose. J’étais le fils en trop. L’écervelé. L’inconscient qui servait un verre de blanc frais au mourant. Celui qui lui tendait une cigarette pour une seule bouffée. J’étais l’empêcheur de mourir tranquille. Qui ouvrait les rideaux quand le soleil le réclamait. Qui remontait l’hiver avec une boule de neige pour qu’il y frotte ses lèvres de vieil enfant. Qui lui parlait de l’usine, encore et encore, même lorsqu’il fermait les yeux.

      -- Vous le fatiguez, Henry !

      -- Je le distrais, Svetlana.

      Depuis le début de soirée, la ville chavirait sous la Coupe du monde de football. Bonheur, joie, liesse. À la radio, à la télé, les journalistes puisaient dans leur dictionnaire pour trouver un mot plus haut que l’autre. De Bordeaux à Lyon, de Paris à Clermont-Ferrand, de Bayonne au plus petit bourg de Mayenne, les familles étaient dans les rues. Les boulevards chantaient, les chemins de campagne, les balcons bourgeois, les cités, les terrasses, les bords de mer, les villages de montagne. Une joie bruyante, insouciante, de klaxons de voitures, de rires de femmes, de cris d’hommes et de hurlements enfantins.

      -- Je veux qu’il écoute ça, j’ai dit.

      Elle a lâché la poignée de la fenêtre. Et puis haussé les épaules avant de quitter la pièce.

      Je me suis assis sur le lit, penché sur mon père. Il fermait les yeux, respirait faiblement.

      -- Tu entends ?

      La ville devenue folle.

      Il a hoché la tête. Son maigre sourire.

      Ce matin, je lui ai dit que l’usine vivrait. Que le gouvernement avait été ferme et que Ford renonçait à quitter le site.

      -- Ferme ? Ferme comment ?, a demandé mon père.

      Je me suis rapproché de son oreille. Il avait les yeux fermés, alors j’ai fermé les miens. Deux aveugles lumineux. Et je lui ai raconté. Ce qu’il voulait croire, ce que j’aurais aimé entendre. Ford avait décidé de lancer la nouvelle boîte de vitesses chez nous, à Blanquefort.

      -- La 8F-MID ?

      Il a souri, les yeux clos.

      Il connaissait. Il ne connaissait que ça. Enfant, il ne me racontait ni les princes ni les chevaliers, mais la mécanique. Son héros s’appelait Henri Depasse, importateur exclusif de Ford en France. C’est lui, en 1913, au 63 de la rue Fondaudège, qui avait ouvert le premier atelier de montage français de la Ford T. Francis, mon grand-père, avait travaillé pour Depasse boulevard Albert-Ier. Avec trois copains d’atelier, ils avaient même fait le chemin de Paris, jusqu’au stand 21 du Salon de l’automobile, pour voir la Ford T, leur « bordelaise », souriant aux bourgeois qui n’osaient approcher le diamant.

      -- Henry ?

      Je me suis rapproché.

      Mon père m’avait donné tout à la fois les prénoms de Ford et de Depasse.

      -- Ils ont trouvé l’argent ?

      Il avait ouvert les yeux. Déjà, son regard était ailleurs.

      -- L’argent pour quoi ?

      -- La comptabilité…

      J’ai souri à mon tour. Il parlait de la compatibilité des chaînes. Passer de la boîte 6F35 à la nouvelle technologie. Des millions d’euros.

      -- Oui, bien sûr. Tout a été réglé.

      Il me regardait.

      -- Je crois même qu’on va pouvoir continuer la 6F15. Les syndicats ont parlé de cent cinquante mille unités pour l’Europe.

      Il a levé une main, à peine. Sa paume détachée du drap. Il me regardait toujours.

      -- Mais c’est sûr ? C’est certain ? L’usine est sauvée ?

      Je me suis levé, j’ai ouvert les fenêtres plus encore.

      -- Tu n’entends pas ?

      La France fêtait le sauvetage de mon usine. C’est ce que je lui avais dit. Et l’honneur de mon grand-père, ouvrier chez Depasse. De mon père, mécanicien auto à l’âge de 17 ans. L’honneur de son fils, entré à Blanquefort en 1974, un an après son inauguration par Jacques Chaban-Delmas et Henry Ford II. L’honneur des huit cent soixante-deux salariés en lutte qui seront bientôt rejoints par deux mille autres, comme dans les années 2000. L’honneur du grand parking qui va être de nouveau plein à craquer. L’honneur de tous les gars au pied de la chaîne de montage, l’honneur des compagnons des zones de production, de montage, du traitement thermique. L’honneur des régleurs, des contrôleurs, du service achat des matières premières. L’honneur de tous ceux qui croient que le travail est le lieu de la dignité. L’honneur de nos aînés, qui montraient leur badge Ford pour rassurer le banquier. L’honneur de ceux qui croyaient l’ovale bleu un talisman à vie, sans savoir que Henry Ford avait dit : « Les hommes travaillent pour deux raisons : le salaire et la peur de perdre leur emploi. »

      L’honneur des femmes et des hommes qui ont refusé le salaire de la peur.

      -- J’entends, a murmuré mon père.

      Il savourait les cris, les chants, les sifflets, les pétards.

      Une corne de brume l’a fait sursauter. Il a chuchoté. Mon front contre le sien.

      -- On en parle à la télé ?

      J’ai allumé le poste. Je redoutais le retour de Svetlana. J’ai mis une chaîne de sport, la première, n’importe laquelle. Les Champs-Élysées étaient embrasés. Des dizaines de milliers, bras levés, sourires victorieux, une France d’avant les tourments.

      Mon père a ouvert les yeux. À peine. J’avais coupé le son. Il a observé l’écran, la liesse, cet enfant en gros plan, sur des épaules adultes. Le visage de papa était douloureux. J’ai éteint la télévision. Il boudait. Je connaissais bien ce visage. Il avait cette même moue, lorsque j’étais enfant et que je n’arrivais pas à répéter les mots savants qu’il m’apprenait.

      -- Trains épicycloïdaux, c’est pas compliqué quand même !

      Comme son père avant lui, il m’avait élevé à la Ford T.

      -- L’ancêtre des boîtes automatiques !

      Son royaume était un monde de leviers, de pédales, de sangles de commande. Ses joyaux s’appelaient Consul, Zodiac, Zephyr, mais aucun d’entre nous n’a jamais pu s’offrir une voiture née de notre travail. « On trime pour les rupins », disait mon père.

      Ni amer, ni triste, ni en colère de rien. Ford était son travail, pas son loisir.

      Il avait refermé les yeux. Il boudait. Ses lèvres mortes retombées.

      -- Ça va, papa ?

      Vague haussement d’épaules. Sa voix, épuisée d’âge et de tabac.

      -- Il n’y a pas de drapeau rouge. Pas de banderoles syndicales. Ils se croient où ? À un match de foot ?

      Je lui ai caressé les cheveux. Ça, c’était Paris. Ils sont comme ça, à Paris. Dommage qu’il ne puisse se lever, venir jusqu’à la fenêtre, parce que chez nous, place Pey-Berland, il n’y avait que ça, des drapeaux rouges. De la joie ouvrière. De la fierté, de la dignité, de la beauté.

      Il a ouvert les yeux une dernière fois.

      -- Alors on a gagné, mon fils ?

      Je lui ai pris la main.

      -- On a gagné, papa.

      Et puis il s’est rendormi, le sourire aux lèvres.

      Lorsque Svetlana est arrivée, je prenais mon sac. Elle avait les yeux mauvais.

      -- Vous ne me l’avez pas fatigué, j’espère !

      Je l’ai embrassée sur la joue. Un geste comme ça, furtif, inhabituel. Le baiser d’un papillon. Elle a haussé les épaules en faisant du vent avec les mains. Je crois bien qu’elle a ri.

      Je suis sorti dans la foule. Les joues étaient peintes en tricolore, des gamins portaient des maillots aux couleurs de l’équipe de France. La ville dansait et chantait la victoire jusqu’au vertige. Alors voilà, j’ai plongé au milieu de cette joie qui n’était plus la mienne. J’ai marché jusqu’à la cathédrale, j’ai ouvert mon sac et enfilé le maillot blanc des copains de Ford sur ma chemise, « Luttons tous ensemble pour sauver les emplois ».

      Et puis je suis monté sur le socle de la statue de Chaban, poing levé.

      Un enfant m’a imité, sa mère avec lui.

      Puis un homme qui passait.

      Et puis un jeune.

      Et puis un autre…

      Sorj Chalandon
      Journaliste et écrivain. Ce texte est extrait du livre collectif Ford Blanquefort même pas mort !, publié aux éditions Libertalia (Montreuil, 2018) sous la direction de Béatrice Walylo et Philippe Poutou, en soutien à la lutte des ouvriers de l’usine automobile Ford de Blanquefort. Les droits d’auteur seront reversés à l’Association de défense des emplois Ford.

  • DÉMISSION par Badia Benjelloun - 29 Novembre 2018 - Librairie Tropiques
    http://www.librairie-tropiques.fr/2018/11/demission.html

     

    La présentation de la Programmation pluriannuelle de l’énergie a été l’occasion pour le président Macron de mécontenter à la fois les #escrologistes et les protestataires de la France d’en bas pour désigner en une périphrase gentillette, ceux qui n’en peuvent plus de vivre avec un découvert bancaire souvent dès la moitié du mois. Autrement dit, les prolétaires, ceux que leurs salaires ne nourrissent plus. L’insuffisance des ressources concerne deux Français sur cinq qui sont contraints de payer entre 8 à 16% le #crédit http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/jackpot-pour-les-banques-12-07-2016-5960487.php à très court terme que constitue l’autorisation de ‘découvert’ aux particuliers. Les banques engrangent ainsi un bénéfice de plusieurs milliards d’euros annuels extorqués justement aux plus ‘démunis’.

    Le report à l’échéance de 2035 de la réduction à 50% de la part du nucléaire au lieu de 2025 comme prévu dans la programmation antérieure s’additionne aux incertitudes sur les filières alternatives aux énergies polluantes. De quoi indisposer la petite fraction de la population sérieusement préoccupée de dégradations irréversibles des conditions de vie sur la planète. L’ensemble des observateurs a pu noter l’absurdité de la proposition technocratique de la mise en place d’un Haut Conseil sur le climat, il existe déjà pléthore de commissions et de comité pour cela. Ce dit Conseil aurait la charge d’évaluer l’impact des réformes et mesures environnementales décidées par le gouvernement, c’est-à-dire de mesurer si les prochaines taxes seront acceptables, ce que devraient savoir les fonctionnaires préposés au budget ainsi que les députés censés représenter le peuple. Faire dépendre l’avenir des prochaines centrales nucléaires type #EPR de la réussite du site de Flamanville, le réacteur devait démarrer en 2012 puis 2016 et maintenant 2020, devrait laisser présager de leur abandon. Le prototype est très coûteux, plus de trois fois le coût initial il a été mal budgétisé et de nombreuses malfaçons l’ont retardé, #Bouygues en particulier y a mal encadré des #travailleurs_détachés et des non déclarés.

    Le verbiage inconsistant mouliné à l’adresse des Gilets jaunes a ben sûr raté sa cible. La taxe sur le diesel n’a été que le godet de plus qui a fait déborder la piscine. Elle pénalise surtout le travailleur pauvre pour qui la voiture est une extension nécessaire de son être de travailleur. Elle n’allait pas alimenter des programmes de transition énergétique mais plutôt permettre à la province française de l’#union_européenne de respecter les limites imposées du déficit budgétaire. En décidant de supprimer l’#ISF, l’État s’est privé d’une rentrée fiscale de près de 5 milliards http://www.perdre-la-raison.com/2017/10/suppression-de-lisf-enfumage-de-bercy.html d’euros. La cohérence aurait été d’adopter comme l’ont fait les Usa une imposition universelle, où qu’il vive un citoyen étasunien doit envoyer une déclaration de revenus au pays. La rigueur aurait dû imposer une lutte efficace contre l’évasion fiscale, 3500 ménages https://www.marianne.net/economie/suppression-de-l-isf-quelques-arguments-pour-ne-pas-avaler-la-soupe-de-mac français cachent plus de 140 milliards dans les #paradis_fiscaux.

    Une solution écologique honnête aurait été de renforcer les #transports_publics, les améliorer et non de supprimer des lignes ‘peu rentables’ comme cela s’est pratiqué ces vingt dernières années. Cet abandon du service public, les transports en commun en sont un, au même titre que l’enseignement (et non pas l’éducation) et la santé, a été dicté justement par l’Union européenne et son dogme de concurrence non faussée.
     
    https://www.youtube.com/watch?v=fXY_fw9C01w


     
    Les Gilets jaunes à défaut d’avoir un programme politique ou économique précis ont en revanche un slogan dépourvu d’ambiguïté ‘#Macron, #démission’. Ils ne semblent pas vouloir déposer les armes ni raccrocher leur gilet. Le cynisme du personnel mis au pouvoir par des manœuvres de ‘communicants’ a eu raison de la crédulité des plus crétins d’entre eux. Les difficultés des retraités, des travailleurs précaires et des temps partiels forcés sont concrètes. Elles ne sont plus solubles dans les traitements psychoactifs des troubles de l’humeur et des dépressions ni supportées par des addictions. Elles s’épanchent dans la rébellion et l’espoir qu’elle aboutisse.

    La culture catholique (et ouvrière) de ce pays est incompatible avec l’acceptation de la grâce et de l’élection de certains par le Seigneur comme c’est le cas chez toutes les variantes du protestantisme. Elle est à même de contester les inégalités et les injustices. Quand #Jésus a voulu chasser les marchands du Temple, il voulait le rachat certes des péchés mais surtout des dettes de ses coreligionnaires. La Maison de Dieu était à la fois une boucherie (sacrifice des bêtes organisé par des ministres à fonction héréditaire) mais aussi un lieu de prélèvement d‘une dîme religieuse et sans doute aussi une banque. C’est ce qu’a montré Michael Hudson dans son dernier ouvrage ‘Efface leur dette’ fondé sur le travail d’archéologues spécialisés dans l’Age de bronze en Mésopotamie.

    Ce Mouvement macronien n’est structuré sur rien d’autre qu’une direction, celle de ce capitalisme embourbé dans des dettes de toute nature qui asservissent soit par l’exploitation de leur travail, soit par leur exclusion du travail la majorité.

    Incapable de percevoir que ce système est depuis longtemps en ééquilibre métastable, il se montre décontenancé par le rappel de cette réalité. Son talent, rapprocher par des négociations un vendeur et un acheteur de gros secteurs de l’économie, pouvait s’exercer sans aucun risque sinon celui d’empocher de grosses commissions une fois réalisée la transaction. Il ne peut en faire un capitaine par gros temps quand les atteintes des droits des travailleurs ne sont plus endiguées dans des défilés normalisés les samedi ensoleillés entre République et Nation.

    La diversion tentée vers la voie trop souvent empruntée de cellules terroristes découvertes et désamorcées n’a pas fait recette. Elle a vite été étouffée sous l’avalanche des déclarations d’un Sinistre de l’intérieur qui ne voyait sur les Champs Elysées que séditieux et extrême droite nauséabonde.
     
    Lundi, on apprenait l’arrestation de #Benoît_Quennedey, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/11/26/01016-20181126ARTFIG00322-un-haut-fonctionnaire-du-senat-interpelle-pour-de un haut fonctionnaire du Sénat, suspecté d’espionner pour le compte d’une puissance étrangère. Cet énarque, d’une érudition rare, est en charge du patrimoine et des jardins au palais du Luxembourg, fonction qui ne l’expose pas à accéder à des informations ‘sensibles’. La transmission de plans de palais ou de jardins à la Corée du Nord ne risquerait pas de mettre en danger la sécurité de l’Etat français. Car Benoît Quennedey est en effet président de l’association d’amitié franco-coréenne qui a connu trois présidents avant lui, toutes personnalités honorables et d’obédience politique différente. Quennedey appartient depuis longtemps au parti des Radicaux de gauche qui n’a pas pour vocation d’entreprendre une révolution bolchevik. Les entrefilets que la presse dominante a consacrés à cette interpellation sont plutôt prudents. Circonspects, ils n’excluent pas l’hypothèse que lui soit simplement reprochée son admiration pour un pays ‘totalitaire’ dans lequel il a voyagé plusieurs fois, comme tous les membres de cette association. On sait qu’à son arrivée à l’Elysée, Macron a voulu refonder les renseignements et s’est attaché une unité anti-terroriste mise sous son contrôle direct. Il est difficile de comprendre la teneur politique de cette garde à vue (loufoque et tragique) pour suspicion de crime très grave de haute trahison.

    Diversion médiatique offerte par la #DGSI quand la rue conteste avec une ampleur inattendue le chef de l’Etat.
    Mise à distance (désaveu ou critique discrète) de Trump qui a procédé à un rapprochement spectaculaire avec la République populaire et démocratique de Corée du Nord quand celle-ci a montré sa capacité à se protéger grâce à son programme balistique intercontinental ?
La France est le deuxième pays à ne pas avoir de représentation diplomatique avec la RPDCN après l’Estonie.

    Complaisance vis-à-vis du Japon liée à l’arrestation et la détention humiliante de #Carlos_Ghosn, toujours patron en théorie de #Renault ? Le rachat de titres Renault en 2015 par le ministre de l’économie Macron avait permis de réduire à zéro https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/emmanuel-macron-a-l-origine-de-la-guerre-entre-renault-et-nissan- les voix #Nissan dans le Conseil d’administration gros actionnaire de Renault en raison de l’application de la loi Florange.

    S’agit-il d’installer et de conforter un climat de répression de toute opposition réelle ou seulement probable, supposée ou à peine soupçonnée ? Dans la droite ligne de la mise en examen de Fillion et des perquisitions à l’encontre de la France Insoumise dans un contexte de régime d’exception institué depuis l’état d’urgence après les attentats de 2015. Les 5000 perquisitions ordonnées dans la foulée de supposés radicalisés fichés S n’avaient abouti à quasiment aucune mise en détention. L’arrestation d’innocents sans motif sérieux est le premier pas qui conduit à la perte de la personne juridique. La non protection par la loi du commun induit une insécurité et constitue l’arbitraire. Le régime de l’arbitraire est l’argument constitutif du totalitarisme qui se définit par la destruction, ici subtile, de l’opposition et par la détention d’innocents qui ignorent leur délit et la nature de leur peine.

    Quennedey serait alors victime d’une de ses raisons ou d’une combinaison de certaines d’entre elles. Peut-être l’est-il d’une raison plus triviale, une bourde potache de la DGSI ?

    Pour chacun de ces raisons, les #Giletsjaunes auraient raison de continuer à scander leur slogan. Démission. En Tunisie et en Egypte, les mêmes sans gilets criaient ‘Dégage !’.
    A peine un an et demi après l’élimination de rivaux qui n’étaient pas assez déterminés à prendre le pouvoir, confortablement installés dans une position d’éternels opposants, Macron avec moins 25% d’approbation de son public, lassé de son mépris, est sinon démissionnaire, d’ores et déjà démis.
     
    Badia Benjelloun.

     
    1. http://www.lefigaro.fr/societes/2018/11/27/20005-20181127ARTFIG00004-emmanuel-macron-devoile-le-futur-de-la-politique-
    2. http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/jackpot-pour-les-banques-12-07-2016-5960487.php
    3. http://www.perdre-la-raison.com/2017/10/suppression-de-lisf-enfumage-de-bercy.html
    4. https://www.marianne.net/economie/suppression-de-l-isf-quelques-arguments-pour-ne-pas-avaler-la-soupe-de-mac
    5. https://www.marianne.net/economie/les-3-520-menages-les-plus-riches-de-france-planquent-140-milliards-d-euro
    6. https://en.wikipedia.org/wiki/Michael_Hudson_(economist)
    7. https://www.amazon.com/Forgive-Them-Their-Debts-Foreclosure/dp/3981826027
    8. Un haut fonctionnaire du Sénat interpellé pour des soupçons d’espionnage
    9. https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/27/un-haut-fonctionnaire-du-senat-soupconne-d-espionnage-au-profit-de-la-coree-
    10. http://www.lefigaro.fr/international/2017/09/06/01003-20170906ARTFIG00181-quelles-relations-la-france-entretient-elle-avec-
    11. https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/emmanuel-macron-a-l-origine-de-la-guerre-entre-renault-et-nissan-

  • Le sérail en perte de vitesse ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/26/le-serail-en-perte-de-vitesse

    C’est clair désormais que les « décideurs » (sur lesquels personne n’arrive à mettre un nom ou un visage) sont en pleine panique alors que l’échéance de la prochaine élection présidentielle n’est plus très lointaine, à peine quelques mois.

    Devant la plus que probable incapacité de Bouteflika à se représenter pour une cinquième mandature, compte tenu de la dégradation continue de son état de santé, comme l’ont montré les dernières images de la télévision publique, on ne sait plus dans les cercles décisionnels quelle attitude adopter pour combler le vide sidéral que l’actuel Président va laisser aux héritiers du système si l’hypothèse de son retrait se confirme officiellement.

    Si, jusque-là, la consigne était de gagner du temps pour mieux se préparer à toutes les éventualités contraignantes pour le régime, il semble que l’évidence d’une solution intermédiaire s’avère plus que jamais impérative et ne laisse surtout plus de marge pour les improvisations, même si elle a du mal à se dessiner.

    Dans cette optique, ceux qui ont pignon dans les arcanes du Pouvoir n’hésitent plus à admettre aujourd’hui qu’il n’existe aucun plan B pour surmonter sans trop de dégâts cette défection qui ne figurait dans aucune perspective à moyen terme.

    Et c’est précisément ce manque d’anticipation pouvant prendre les « décideurs » au dépourvu qui pose problème, alors que tout paraissait bien ficelé pour amener Bouteflika à se succéder à lui-même, soit comme candidat ultra favori pour une cinquième mi-temps électorale, imaginée comme une simple formalité, soit comme postulant incontournable de la « continuité » promu à un plébiscite de la famille révolutionnaire pour poursuivre son œuvre.

    C’est donc l’homme de la nouvelle situation ainsi créée qui manque le plus et qui apparemment reste difficile à faire émerger, alors qu’une véritable course contre la montre a été engagée pour se prémunir contre les mauvaises surprises. Qui serait capable de prendre la relève d’un Président érigé au rang de « messie » qui a régné sans partage pendant vingt ans sur le pays et auquel on a tressé des lauriers hors du commun ne correspondant nullement à ses résultats ?

    La question n’est pas simple. Elle est cruciale en ce qu’elle doit associer dans sa forme, comme dans son contenu, tous les paramètres d’influence pour permettre au régime de survivre à lui-même, tout en donnant l’illusion d’un changement.

    Devant l’effarante image de désertification du personnel politique inspirée par Bouteflika, il ne faut pas être grand clerc pour faire l’amer constat que les candidats potentiels en mesure de lui succéder avec une réelle capacité de diriger le pays ne courent pas les rues. En théorie, il a fait le « nettoyage » à tous les paliers de la vie politique et associative pour instaurer la… paralysie participative, et ce n’est pas l’opposition qui soutiendra le contraire.

    Car, l’une des missions parmi les plus sensibles que Bouteflika s’est particulièrement appliqué à réaliser en y mettant toute la force de son autoritarisme, a été de réduire le champ du multipartisme à néant pour mieux neutraliser les leaders d’opinion à forte personnalité et empêcher ainsi qu’une sérieuse et rigoureuse concurrence soit portée à la politique unilatérale prônée par le système.

    Il est évident que le Président, avant sa maladie, avait engagé l’essentiel de son énergie à couper toutes les têtes qui risquaient de lui faire de l’ombre. En parfait Zaïm n’admettant aucune rivalité, il a voulu ainsi tracer la route de son destin en restant le seul maître du jeu.

    En quatre mandats successifs, l’activité politique centrale du pays a été orientée vers le monopole des deux partis du pouvoir, le FLN et le RND, ne laissant que l’alibi d’exister à une opposition autour de laquelle toutes les voies d’émancipation ont été soigneusement verrouillées.

    Ceci pour dire que sur un terrain aussi miné, les partis d’opposition, notamment ceux de la mouvance démocratique, éprouvent toutes les difficultés à faire sortir de leurs rangs un postulant ayant le profil et l’envergure pour remporter l’élection présidentielle, alors que, théoriquement, c’est de leur unique mouvement que pourrait intervenir le basculement du régime autocratique que nous vivons vers le régime républicain dont a besoin le pays. Cette politique de vouloir stériliser l’opposition n’est pas fortuite.

    Elle commande de faire place nette à l’action du régime et donc de lui offrir les conditions idoines pour se régénérer en puisant dans son propre vivier le personnel politique ou l’élite de substitution. A partir de ce postulat, il est aisé de penser que le futur Président sera encore, sauf miracle, issu du sérail.

    On le présentera comme l’homme de la transition, mais ce sera forcément le représentant du clan dominant qui n’ose pas imaginer un instant que les affaires du pays puissent être contrôlées sans lui. On saisit toute l’amplitude de l’engrenage dans lequel nous a mis le régime de Bouteflika, lequel, même partant, pèse de tout son poids sur l’avenir du pays.

    Un avenir sombre, qui va encore différer les espoirs d’une authentique démocratie. Si à un moment le nom du frère du Président a circulé pour prétendre à la succession par voie filiale, cette option a vite été étouffée dans l’œuf, car trop grosse pour être crédible. Il y a encore le nom du vice-ministre de la Défense, qui a, lui aussi, été cité dans les possibles solutions de substitution, une sorte de rescousse à la Sissi, en Egypte, mais là encore rien de probable n’est apparu pour rendre imaginable une telle version.

    Entre les deux « propositions », les poids lourds du sérail ne se bousculent pas au portillon, même si le candidat du « consensus » généralement estampillé par l’Armée est toujours le dernier à être révélé avant le départ de la course pour maintenir entier le suspense. Il reste les spéculations d’usage sur les postulants sponsorisés et les inévitables lièvres.

    A ce titre, beaucoup croient que le Premier ministre, qui a longtemps joué dans l’antichambre, voit s’offrir à lui une chance exceptionnelle de réaliser enfin son rêve en l’absence de Bouteflika, contre lequel il a juré de ne jamais se présenter.

    Une élection sans ce dernier est une opportunité qui ne se renouvellera pas pour Ouyahia, comme l’a compris d’ailleurs Ziari, l’ancien président de l’APN, aux yeux de qui ce dernier passe pour être le plus indiqué pour assurer la continuité du régime. Faux, semble lui rétorquer le ministre de la Justice qui, pour se faire entendre, n’a pas trouvé meilleur argument que de descendre en flèche la « notoriété » de son responsable hiérarchique.

    La guerre au sommet pour l’après- Bouteflika est ouvertement déclarée. Elle ne fait que commencer en instaurant un climat de panique, dont les premières secousses sont ressenties au sein du vieux parti qui perd ainsi un agitateur de premier ordre, en l’occurrence son SG. Ce sont des signes qui renseignent sur l’affolement d’un sérail en perte d’imagination.                                                    https://www.elwatan.com/edition/culture/le-serail-en-perte-de-vitesse-22-11-2018

  • Libération.fr – 220 femmes : tuées par leur conjoint, ignorées par la société
    https://www.liberation.fr/apps/2017/06/220-femmes-tuees-conjoints-ignorees-societe

    Ils sont les grands oubliés des violences conjugales, mais y sont directement confrontés. Ces trois dernières années, d’après les calculs de Libération, 51 enfants mineurs (et huit enfants majeurs) étaient présents lors du meurtre de leur mère par celui qui était, le plus souvent, leur père. Onze d’entre eux ont perdu la vie en même temps que leur mère. La délégation aux victimes du ministère de l’Intérieur confirme cette exposition des plus jeunes à la violence conjugale : d’après ses chiffres, en 2015, 36 enfants ont été tués en France dans le cadre des violences dans le couple, dont 11 enfants tués par leur père en même temps que leur mère. 68 enfants, souvent en bas âge, étaient présents au domicile au moment des faits, dont 13 témoins directs du meurtre. Dans d’autres cas, c’est l’enfant qui retrouve le corps inanimé ou agonisant de sa mère, par exemple en rentrant de l’école. Il peut aussi assister au suicide de son père, ainsi qu’à l’intervention des secours et de la police et à l’arrestation de son père. Autant de scènes traumatisantes pour les enfants à l’issue desquelles ils deviennent orphelins d’un parent, voire des deux, et voient leur structure familiale définitivement explosée. Les professionnels sont unanimes : la présence des enfants n’est pas un frein pour l’auteur. L’enfant est même souvent l’élément déclencheur de la violence, explique Karen Sadlier, docteure en psychologie clinique qui a notamment écrit l’Enfant face à la violence dans le couple (Dunod) : « Les trois quarts des passages à l’acte violents dans le couple sont liés à la question de l’éducation des enfants : savoir quand il doit prendre son bain, s’il a fait ses devoirs, s’il a fini son assiette… » énumère-t-elle, tandis que l’enfant, de son côté, peut être pris dans un « conflit de loyauté », se sentant partagé entre ses deux parents.

    • « Je l’aimais tant, que pour la garder, je l’ai tuée ». Un peu comme dans la chanson Requiem pour un fou de Johnny Hallyday, la presse a souvent tendance à avoir recours au champ lexical de la folie quand elle traite d’un homicide conjugal. Ces actes de violence apparaissent souvent présentés comme incompréhensibles, insensés, et dû, forcément, au « coup de folie » (L’indépendant, 20 août 2014) d’un homme « rongé par la jalousie » (Le Progrès, 13 janvier 2016). L’« impensable folie d’un père », titre ainsi le Parisien après le meurtre d’une femme et de ses trois enfants en 2014 dans le Nord, La personnalité jalouse du meurtrier - voire de la victime - est souvent mise en avant, les médias évoquant de manière fréquente un « meurtre sur fond de jalousie », ou une « femme tuée par jalousie ». Si l’on en croit la presse, l’excès d’amour tue. A la lecture de ce genre d’articles, le lecteur n’a pas le sentiment d’être face à un récit décrivant un phénomène de société, mais à un fait divers isolé. On donne l’impression que rien de tout cela n’était prévisible ou évitable.

      Article du journal Le Parisien daté du 23 octobre 2015.

      Les paroles de la police ou des avocats alimentent aussi cette idée, et sont ensuite retranscrites telles quelles dans les pages du journal. « Rien ne laissait présager que cela pouvait arriver », commente ainsi un commissaire dans L’Indépendant en 2016. « On n’est pas dans le cadre de violences conjugales » affirme même le gradé à propos de l’affaire (une femme tuée par son mari). « La jalousie à l’origine du drame », peut-on lire là encore dans le titre. Les proches, eux, voient souvent dans le geste fatal du conjoint violent un acte romantique, une preuve ultime d’amour. « J’ai l’impression qu’il a voulu protéger sa famille », justifie par exemple la sœur d’un auteur. L’homme, âgé de 26 ans, a égorgé sa femme et ses deux enfants de 10 mois et 6 ans. « Quand un homme a un chagrin d’amour, il est capable de tout », défend un voisin dans une autre affaire, survenue en Guadeloupe en 2015. Souvent, les membres de la famille ou les amis justifient l’acte par l’impossibilité supposée pour l’auteur de vivre sans sa compagne, et d’accepter la rupture. « Il ne se voyait pas vivre sans elle, c’était un couple très uni », commente un proche après le meurtre d’une femme puis le suicide de son mari à Pornichet. « Il ne pouvait tout simplement pas imaginer vivre sans elle », lit-on à la fin d’un papier de l’Est Républicain, dans lequel un proche réagit au meurtre d’une quinquagénaire par son compagnon, qui s’est ensuite suicidé. Là encore, l’homme « n’aurait pas supporté l’idée de la voir partir ».
      Insister sur la personnalité du suspect, un « homme bien »

      Le geste semble d’autant plus incompréhensible que l’auteur est souvent présenté comme un homme bien sous tous rapports, qui n’avait rien à se reprocher, et qui formait avec sa compagne un « couple sans histoire ». Les commentaires sont souvent élogieux : « c’est un garçon serviable, le locataire modèle », vante le voisin d’un homme accusé d’avoir poignardé à mort sa compagne à Auch en 2016. A propos d’un homme ayant tué son épouse et sa fille avec son fusil de chasse avant de se suicider la même année, dans la Vienne cette fois, la Nouvelle république décrit un « ex-gardien de château sans histoire, ancien combattant plusieurs fois décoré, chasseur émérite ».

      Les antécédents judiciaires de l’auteur sont également souvent occultés ou minimisés. « Il était quasiment inconnu de la justice » détaille ainsi la Voix du Nord à propos d’un infirmier qui a tué trois personnes dont son ex lors d’un réveillon près d’Arras, avant de préciser que le casier judiciaire de l’auteur portait « une seule mention pour violence conjugale dans le cadre d’un divorce en 2013 ». « Il était le premier à rendre service. Il était très correct et cordial », affirme le voisin d’un sexagénaire qui a tué son ex-compagne avant de se suicider dans l’Orne en 2016. L’homme avait pourtant déjà été placé en garde à vue pour menace de mort envers la victime. Les articles, souvent rédigés dans l’urgence après les faits, ne sont pas forcément fidèles à la personnalité de l’auteur, aucune enquête n’ayant encore eu lieu. En août 2014, un retraité tue son épouse à coup de hache près de Rennes, après 56 ans de vie commune. Ouest France décrit alors l’auteur comme « un homme rigoureux et travailleur, avec qui tout le monde avait des relations courtoises ». Lors de son procès, l’homme est pourtant dépeint comme « un tyran domestique », à la « détermination monstrueuse ».

      Plus la victime est d’un milieu social favorisé, plus l’on parle d’un notable, plus la presse se montre prudente et a tendance à dresser un portrait flatteur du meurtrier présumé, quitte à occulter totalement sa victime. Le Parisien relaie ainsi le témoignage d’un maire, incrédule après le meurtre d’une épouse par son mari qui s’est ensuite suicidé, un « drame » d’autant plus incompréhensible que le couple habitait un « beau pavillon avec de belles tourelles ».

      Un fait divers survenu en 2015 à Paris est particulièrement éloquent. Le meurtrier, Charles Lüthi, était secrétaire général de l’Automobile Club de France, un club très sélect - et interdit aux femmes. Lui et son épouse Marie-France vivaient dans le cossu XVIe arrondissement. Le dimanche 7 juin, on retrouve le corps de Marie-France Lüthi, le corps criblé de coups de couteau, dans l’appartement familial, ainsi que celui de son époux, défenestré du huitième étage de leur appartement - un témoin racontera très rapidement qu’il a vu l’homme sauter. Dans les principaux articles de presse sur le sujet, on assiste à un effacement de la victime, au profit du meurtrier. On remarque aussi une curieuse formulation dans l’AFP, reprise par plusieurs médias : « Le secrétaire général de l’Automobile club de France défenestré, sa femme poignardée ». Ce titre laisse entendre que nous serions face à un double meurtre commis par une tierce personne, alors même que l’enquête s’est très vite orientée sur l’hypothèse du meurtre de l’épouse par son mari, suivie de son suicide. Plusieurs articles gomment aussi la personne de Marie-France Lüthi pour se concentrer uniquement sur la mort du prestigieux époux, comme le prouve ce délicat communiqué de l’Automobile Club de France, qui ferait presque croire à un accident arrivé au seul époux : « Le président Robert Panhard, tous les membres et le personnel de l’Automobile Club de France, très peinés d’apprendre le grand malheur qui vient d’affecter la famille Lüthi, tiennent à saluer la mémoire de Charles Lüthi, secrétaire général de l’ACF, qui vient de décéder à son domicile dans des circonstances personnelles tragiques. » Le JDD rapporte de son côté les propos d’un ami du meurtrier, abasourdi, et en fait le titre même de l’article : « Je n’arrive pas à imaginer Charly un couteau à la main ».

      Article du journal Le Figaro daté 7 juin 2016.

      On ne saura pas grand chose non plus de Christelle Delval, épouse de Frédéric Delval, figure locale d’Anglet, au Pays basque. Son époux est accusé de l’avoir tué, elle et leurs deux filles, en juin 2016, avant de se suicider. Sud Ouest rend hommage dans plusieurs articles à un « homme complexe et torturé », « qui pouvait se montrer attachant avec un désir quasi obsessionnel de justice ».

      Ce mécanisme n’est pas nouveau. Déjà, en 1980, dans le cas de Louis Althusser, dont il fut question plus haut, la personnalité publique du philosophe, figure intellectuelle marquante des Trente Glorieuses, semblait compter davantage dans le récit du meurtre que celle de la victime. Dans le premier numéro de la revue Perspectives critiques, un autre philosophe, André Comte-Sponville, assumait ainsi son absence d’empathie pour Hélène Rytmann, l’épouse de Louis Althusser : « L’annonce du meurtre, le 16 novembre 1980, nous bouleversa tous, élèves et amis, même si notre compassion, il faut le dire, allait davantage à lui qu’à son épouse. C’était injuste et compréhensible. Il était notre maître ; nous ne la connaissions presque pas. Puis mourir est le lot commun. La folie, non. L’homicide, non. L’enfermement, non. »

      Dans un texte publié sur le site Les mots sont importants, le professeur de science politique François Dupuis-Déri écrit : « Althusser a donc été l’objet de bien des théorisations quant à son profil et ses motivations psychologiques, y compris par des personnes qui ne l’ont jamais rencontré et qui n’ont jamais pu consulter son dossier médical ». Et d’expliquer qu’un processus « similaire » a été à l’œuvre dans le cas du terroriste qui a tué 14 femmes à l’École polytechnique de Montréal en 1989. Un massacre à l’évidence antiféministe (le meurtrier l’a dit à plusieurs reprises pendant la prise d’otages, et on a retrouvé sur lui une liste de femmes à abattre). Cependant, la grille de lecture de cet attentat, que ce soit par la presse ou par les autorités locales (la Ville de Montréal, par exemple) fut d’abord psychologique. Pour la sociologue Mélissa Blais, « les comparaisons des différents crimes commis spécifiquement contre les femmes et les analyses cherchant à trouver des explications dans les rapports sociaux sont mises de côté ou se trouvent submergées par les commentaires […] dans le domaine de la psychologie ».
      Minorer les faits ou mal les qualifier

      Un « couple retrouvé mort », « un couple tué par balles », « deux morts par balles » : à la lecture de ces titres, rien n’indique que l’on a affaire à un homicide conjugal - formulation quasiment absente des médias - suivi d’un suicide de l’auteur. Comme pour le cas du couple Lüthi évoqué plus haut, ce type de titres, qui laissent penser qu’il s’agit d’un double meurtre, commis par un tiers, est fréquent. Il faut parfois lire plusieurs lignes pour comprendre qu’une femme a en fait été tuée par son compagnon, qui s’est ensuite donné la mort. Certaines militantes féministes épinglent régulièrement sur les réseaux sociaux les médias qui, avec ces titres trompeurs, qui participent à « minimiser les violences patriarcales ». Les homicides conjugaux ne sont pas les seuls concernés : la presse a tendance à minorer toutes les formes de violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, souvent en les qualifiant de manière erronée. Ce qui relève de la tentative d’agression sexuelle doublée de coups et blessures deviendra par exemple de la séduction dans les colonnes du journal Paris Normandie, qui titrait encore récemment le récit d’une audience d’un « l’apprenti séducteur condamné ».

      Autre exemple, également relevé par le Tumblr Les mots tuent (« compilation d’articles pour dénoncer le traitement journalistique des violences faites aux femmes »), un article du Berry Républicain consacré à « Pascal de Vierzon ». « Que voulez-vous, c’est l’amour vache », commente le journaliste, qui s’amuse : « On picole, on rigole chez Pascal… Enfin, on rigole… Faut pas trop le chatouiller non plus, le Vierzonnais. Il a des fusils non déclarés plein les pognes, des cartouches en haut de l’armoire et le poignet souple pour la détente. Toutefois, il ne chasse ni le garenne, ni la poule d’eau. Mais, avec sa poulette régulière, il n’est pas très tendre. »

      Alors qu’elles ne reposent sur aucun fondement juridique, les expressions « drame conjugal », « drame de la séparation », ou « crime passionnel » reviennent également régulièrement sous la plume des journalistes. Nous avons recensé plus d’une cinquantaine d’utilisation du mot « drame » - le plus souvent « drame passionnel » ou « drame conjugal » - sur les 220 cas traités par la presse entre 2014 et 2016. « Ces affaires [...] suscitent le sentiment que la mort violente est un des risques naturels, objectifs, d’une rupture d’initiative féminine, et que personne n’y peut rien », écrivait Libération en 2004 lors d’un recensement du nombre de femmes tuées par leur conjoint.
      Culpabiliser la victime

      « Il aurait fallu qu’elle parte. Qu’elle quitte ce foyer où la violence écrasait tous les mots. Elle en avait eu l’occasion l’année dernière quand son concubin a été incarcéré pour avoir exercé sur elle des violences conjugales mais elle ne l’a pas fait. C’était à l’été 2013 : Carole Stepien avait été sérieusement blessée par son concubin, elle avait dû être hospitalisée pendant plusieurs jours... mais n’avait pas porté plainte. Comme deux ans auparavant, en mars 2011, Jean-Noël Hannebicque avait été rattrapé par la justice et condamné. On avait alors entrevu une porte de sortie pour sa concubine mais elle l’a toujours ignorée ». Ainsi, un article de La Voix du Nord relatant l’histoire de Carole Stepien, 47 ans, assassinée en 2015 près de Douai par son conjoint, insiste lourdement sur le fait que si la victime était partie, on n’en serait pas là. Alors même que la question de l’emprise psychologique se pose dans de nombreux cas, alors même que les choses ne sont pas si simples, alors même que le plus important n’est pas qu’une femme aurait dû ou non quitter le foyer conjugal afin de ne pas mourir, mais sans doute qu’elle ne soit pas tuée en premier lieu.

      « Mais bon sang, pourquoi n’est-elle pas partie ? », semble se dire le rédacteur de l’article. Culpabiliser la victime, même après sa mort : le procédé n’est pas rare. Lorsque ce n’est pas la coupable léthargie de la victime qui est évoquée, on s’interroge : après tout, si elle avait répondu favorablement aux avances du meurtrier, si elle n’avait pas voulu le quitter, peut-être tout cela ne serait-il pas arrivé. « Amoureux éconduit, il écrase son ex-copine », ont ainsi titré plusieurs médias dont le Figaro après le meurtre d’une jeune fille de 17 ans à Marseille en 2014, renversée volontairement en voiture par son ex-petit ami. Elle l’avait quitté quelques jours plus tôt. Si elle ne l’avait pas « éconduit », que se serait-il passé ? Et quel sens revêt le mot « éconduire », sachant que dans la bouche de certains rédacteurs d’articles de faits divers, il correspond à « repousser une tentative de viol ou d’agression sexuelle » ? « Le criminel est excusé en raison du caractère imprévisible de son acte, mais, de plus, la contribution de la victime à la genèse du crime est fréquemment invoquée », écrit Marie-France Hirigoyen dans Femmes sous emprise.

      La femme, pourtant victime, est aussi tenue, après sa mort, pour responsable du sort de son conjoint violent. « Une femme décédée. Un homme derrière les barreaux. Une véritable catastrophe humaine », s’émeut ainsi dans la République du Centre le maire d’une commune du Loiret théâtre d’un homicide conjugal. Dans Midi Libre, un avocat insiste sur la souffrance de son client, accusé d’avoir tué sa petite amie de 20 ans à Nîmes, en 2016 : « Il craignait qu’elle le trompe et avait une véritable passion pour cette jeune fille. Aujourd’hui, il y a deux familles brisées », déplore l’avocat, avant de décrire le suspect comme « totalement anéanti ».
      Former les journalistes dans les écoles et les rédactions

      Comment les médias sont-ils sensibilisés à ces questions ? En 2014, le collectif de femmes journalistes Prenons la une* publiait une tribune intitulée « Le crime passionnel n’existe pas », rappelant que l’Espagne a adopté dès 2001 une charte de bonnes pratiques médiatiques pour évoquer les violences faites aux femmes. Si les écoles de journalisme ont également un rôle à jouer, elles sont rares à intégrer la question des violences faites aux femmes, par exemple lors de leurs sessions sur le journalisme judiciaire. Et de manière générale, les violences de genre ou les inégalités femmes-hommes sont assez peu abordées.

      Dans les Côtes-d’Armor, l’IUT de Lannion est l’une des rares écoles de journalisme françaises à évoquer le traitement des inégalités femmes-hommes dans ses cours. Sandy Montanola, responsable pédagogique du DUT journalisme, fait en sorte que les étudiants réalisent des dossiers sur une thématique différente chaque année. « Cette année, ils ont travaillé sur "la violence gynécologique". Nous insistons sur le fait que les mots sont porteurs de sens et surtout symbolisent les luttes discursives portées par des acteurs ou des mouvements sociaux. Ainsi, certains termes permettent d’invisibiliser des acteurs, de rejeter la faute sur d’autres etc. Notre objectif est d’amener les étudiants à comprendre le mécanisme pour ensuite être en mesure de l’appliquer sur l’ensemble des thèmes. » Elle poursuit : « Les étudiants ont des cours sur les stéréotypes et des interventions de chercheurs sur le thème des assignations (de genre, classe, âge) et sur les mouvements sociaux (histoire du féminisme, des sexualités, des luttes, les violences symboliques). En licence professionnelle, nous leur demandons d’identifier leurs représentations sociales pour anticiper par exemple, l’effet dominant/dominé dans les interviews, mais également le choix du sexe des interviewés, les désignations... ». Il y a quelques années, le collectif Prenons la Une avait proposé à la Conférence nationale des écoles de journalisme (qui regroupe 14 écoles) afin de leur proposer des interventions sur ce thème - sans succès.

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      « Mais bon sang, pourquoi n’est-elle pas partie ? »
      quant elles partent le juge donne la garde partagé des enfants à leurs tortionnaires parcequ’il ne faut pas séparé les enfants de leur tortionnaire. Les impôts l’obligent à être en contacte avec leur tortionnaire car c’est lui qui reçoit et détiens les avis d’imposition sans lequel aucune démarche administrative n’est possible. Enfin la plus part des femmes assassinée par leur conjoint, l’on été parce qu’elles essayait de partir.

    • @mad_meg, il me semble que « l’abandon de domicile » est toujours puni par la loi. J’ai une amie qui en a fait les frais il y a 25 ans, le père lui tapait dessus et la violait, coquard sur l’œil elle part se réfugier chez des potes et dépose une main courante, mais ça ne suffit pas car le père a obtenu la garde de l’enfant devant le juge (ça a été super dur pour elle de se défendre car elle parlait mal le français).
      Elle m’a raconté cette histoire longtemps après, en pleurant, le père était mon frère.

  • Toutes les femmes victimes de violences psychologiques doivent être protégées
    La Cimade
    https://blogs.mediapart.fr/la-cimade/blog/231118/toutes-les-femmes-victimes-de-violences-psychologiques-doivent-etre-

    Madame L est allée au commissariat pour porter plainte contre son mari. Elle décrit l’emprise et l’isolement dans lesquels il l’a plongée. D’après le policier elle n’est pas réellement victime : son conjoint ne la frappe pas et elle n’a pas de preuve. Il n’enregistre qu’une main courante. Suite à une saisine du procureur, Madame L est auditionnée puis reçue aux unités médico-judiciaires. Le psychiatre évalue les violences psychologiques à 10 jours d’incapacité totale de travail.

    Dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, La Cimade rappelle qu’une personne victime de violences a le droit de porter plainte, d’être entendue et d’être reçue aux unités médico-judiciaires.
    Quand la préfecture refuse un titre de séjour au mépris des violences subies

    La préfecture a refusé de renouveler le titre de séjour de Madame B considérant qu’elle n’était pas victime de violences conjugales. Elle a pourtant indiqué à la police être victime de violences psychologiques et séquestrée chez elle. Il faudra attendre deux ans la décision de la cour administrative pour qu’elle puisse finalement bénéficier du renouvellement de sa carte de séjour sur le fondement des violences conjugales.

    Dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, La Cimade rappelle que dans la loi, les « violences conjugales » ne se limitent pas limiter aux seules violences physiques.
    Les préfectures et les preuves abusives demandées

    L’agent au guichet prévient Madame D qu’en raison d’un trop grand nombre de femmes se disant victimes pour avoir un titre de séjour, la préfecture n’agira que sur présentation d’une ordonnance de protection ou d’une condamnation pénale du conjoint. Madame D attend depuis plus de 12 mois que la préfecture reconnaisse que la rupture de la vie commune est due aux violences et renouvelle le titre.

    Dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, La Cimade exige de mettre fin à la suspicion généralisée des préfectures. La protection passe aussi par la délivrance ou le renouvellement de son titre de séjour.
    La nécessaire formation des préfectures, de la police et de la gendarmerie

    Extraits d’une procédure : « À la suite de la plainte que vous avez déposée le 19 mai 2017, dans laquelle vous dénonciez des faits de viol et de violences… J’ai été conduit à classer sans suite cette procédure. En effet, le mis en cause a été entendu et conteste les faits dénoncés… Ce classement ne signifie pas que vous n’avez été victime d’aucun fait, mais qu’en l’état, les éléments recueillis ne permettent pas de justifier des poursuites pénales… »

    Dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, La Cimade demande que les plaintes pour des infractions liées aux violences soient mieux traitées et rappelle la nécessité de formation des préfectures, de la police et de la gendarmerie.

    La Cimade a fait des appels dans les commissariats et gendarmeries de 22 départements de métropole et d’outre-mer les 13 et 14 novembre 2018.

    Résultat : dans 84% des cas, une personne victime de violences conjugales peut porter plainte. Mais dans 20% des réponses, c’est plus compliqué s’il n’y a pas de coups car il s’agit « simplement » de violences psychologiques. 15% proposent de faire plutôt une main courante ou verront sur place en fonction de la situation. 3 commissariats ont d’ailleurs indiqué que les violences psychologiques ne constituaient pas une infraction pénale. Selon le code de procédure pénale, la police judiciaire est pourtant « tenue de recevoir les plaintes déposées par les victimes d’infractions à la loi pénale ».

    Si 70 policiers et gendarmes ont indiqué qu’il n’était pas nécessaire de voir un médecin avant, 37 expliquent que c’est obligatoire pour porter plainte et 15 agents conseillent d’aller voir un médecin en expliquant que « c’est mieux pour le dossier ». La loi française n’exige pourtant pas de venir déposer plainte muni préalablement d’un certificat médical.

    Si 59% estiment qu’une personne étrangère peut porter plainte, les personnes hésitent lorsque la personne victime de violences est sans papier. 16 agents de police indiquent qu’il y a des risques à venir porter plainte et 7 autres policiers ou gendarmes expliquent que la personne sera interpellée et expulsée.

    20% des commissariats et gendarmeries contactés semblent avoir une bonne maîtrise du sujet et orientent les victimes correctement.

    #police #misogynie #racisme #violophilie #acab

  • Pour ma sortie de l’hôpital, pas très mobile, sur béquilles, ne pouvant pas sortir de chez moi, luttant pas mal à la fois contre la douleur après le choc opératoire orthopédique et une certaine forme d’anxiété post anesthésie, mes enfants ont été très gentils avec moi, notamment les grands. Jusqu’à mon gendre, que je ne connais pas bien, et qui a eu la gentillesse de me créer un compte à un service de vidéo à la demande grâce auquel je pourrais regarder autant de films que je veux.

    Je n’ai pas la télévision. Je ne peux pas dire que je ne l’ai jamais eue, mais les quelques fois où je l’ai eue, cela n’a pas duré très longtemps et ce n’était jamais de mon fait, je peux donc dire que les rares fois où j’ai eu la télévision c’était de manière indirecte. Et chaque fois quelques réflexes assez sains de ma part ont fait que je l’ai regardée très peu et de biais.

    Et du coup sans aucune culture télévisuelle, pour singer Grégoire Bouillier dans Le Dossier M. ,la télévision, pour moi, s’est arrêtée dans les années septante, avec la fin de Zorro et l’avénement de Dallas, sans toile de fond télévisuelle donc, j’ai été dans un très grand embarras pour ce qui est de renseigner utilement mon profil pour ce service de video à la demande. Rien que pour le choix de l’image de profil cela n’a pas été simple, puisque m’ont été présentées des centaines de petites vignettes à l’effigie de toutes sortes de personnages auxquels j’ai vraiment peiné à m’identifier, j’ai fini par choisir celui d’un gros animal gris qui a l’air un peu triste, c’était ce qu’il y avait de plus ressemblant.

    Ensuite il a fallu que je choisisse trois films préférés. J’ai cherché La Grande Illusion de Jean Renoir, Nostlaghia d’Andreï Tarkovsky et La Dolce Vita de Federico Fellini, mais force est de constater que cela ne faisait pas partie des choix proposés au contraire de quelques centaines de films dont je n’avais jamais entendu parler. J’ai fini par en prendre trois par défaut et complètement au hasard, notamment un parce qu’il y avait un avion de chasse sur l’affiche et j’aime bien les avions (mon papa était pilote).

    Et à partir de là j’ai décidé de me laisser entièrement faire, de me soumettre à la logique da l’algorithme.

    Après deux semaines d’un ou deux films par jour et de quelques épisodes de séries butinés en suivant les recommandations de l’algorithme, je pense qu’il est temps de faire la liste de toutes les choses dont je suis désormais persuadé. Au plus profond de moi.

    Quand une personne est filmée en train de dire au revoir à ses enfants avant de monter dans sa voiture, une fois sur deux cette dernière explose. Ce qui est très triste. Pour les enfants en question, qui deviennent soit, des terroristes plus tard, soit, au contraire, des spécialistes du déminage.

    Conviction #1

    Le terrorisme, surtout celui islamiste, est le seul vrai cancer de notre société. C’est un cancer prioritaire. Et il ne semble pas y avoir de lien entre la géopolitique, la politique, l’économie, l’écologie et le terrorisme. Pour s’attaquer au terrorisme, il n’existe qu’un seul moyen l’usage de la force contre la force.

    Conviction #2

    Les pays occidentaux ont tous une règle d’or, on ne négocie JAMAIS avec les terroristes, c’est souvent répété, cela doit avoir son importance.

    Conviction #3

    Il ne faut pas généraliser, il existe de très bons Musulmans, de véritables savants qui sont capables de réciter toutes sortes de sourates qui arrivent à point nommé en contradiction des messagers de la haine qui, eux, ont lu le Coran à l’envers, enfin vous voyez ce que je veux dire (je dis cela parce que des fois on voit des Occidentaux qui trouvent un exemplaire du Coran, souvent dans le voisinage d’explosifs et de munitions, à croire que les Islamistes n’ont qu’un seul livre dans leur bibliothèque dans laquelle, par ailleurs, ils et elles rangent leur arsenal, et ces Occidentaux qui n’ont pas l’air d’être au courant qu’ils ou elles le regardent à l’envers par rapport à son sens de lecture original).

    Conviction #4

    Par bonheur des hommes et des femmes au courage immense et à la tête de moyens techniques considérables et sophistiqués ne comptent pas leurs heures pour ce qui est de poursuivre les terroristes. Nous allons le voir on est vraiment dans le sacrifice personnel.

    Conviction #5

    Sans les caméras de surveillance omniprésentes dans des villes comme Londres ou New York, on serait foutu et toutes et tous tués par des terroristes, surtout des kamikazes, qui souvent ne sont que des lâches et qui n’ont pas toujours le courage de se suicider, en fait.

    Conviction #6

    Les hommes et les femmes, mais surtout les hommes, qui risquent tous les jours leurs vies pour que nous on puisse continuer de se bâfrer au barbecue en continuant de roter des bibines en marge de matchs de baseball entre copains, sans craindre qu’à tout moment, nous soyons les victimes d’attaques terroristes absolument dévastatrices, ces hommes et ces femmes donc ne dorment presque jamais et sacrifient leur vie privée dans les grandes largeurs mais ces hommes sont souvent mariés à des femmes qui comprennent qu’un tel devoir passe avant toutes choses et que leurs maris font cela pour le bien du pays et il n’y a pas de plus grands enjeux que le bien du pays et la sécurité nationale. Ce sont aussi elles les héroïnes de la sécurité nationale. Et plus tard les enfants nés de telles unions reprendront le flambeau. Bon sang ne saurait mentir. Surtout si l’un de ces parents est mort dans la lutte antiterroriste, a fortiori dans l’explosion de sa voiture piégée un matin en partant au travail.

    Conviction #7

    Parfois des agents, des policiers, des militaires, bref des personnes qui luttent contre le terrorisme se sacrifient pour éviter des massacres, le plus souvent ces héros qui font le sacrifice ultime sont noirs. Leurs enfants reçoivent alors un drapeau américain plié en triangle. Ce qui est une très belle récompense, ces enfants, souvent des garçons, consolent courageusement leur mère, qui, elle, une femme, pleure comme une madeleine. Faut dire aussi, c’est un peu triste. Mais elles finissent par comprendre la nécessité de ce sacrifice et même elles en conçoivent une grande fierté. Elles ne se remarient jamais.

    Conviction #8

    Ce n’est pas de gaité de coeur que les forces de l’ordre sont parfois contraintes à recourir à la violence et à la torture pour tenter d’extraire in extremis des informations qui vont sauver des centaines, parfois des milliers, de personnes innocentes et c’est tellement pas de gaité de coeur qu’en général de telles scènes de torture sont super bien filmées pour bien montrer que c’est nécessaire. A vrai dire dans les films pas une scène de torture qui ne vienne apporter une information cruciale, ce qui équivaut à dire : la torture cela marche. Ici je glisse une remarque qui ne concerne pas totalement le terrorisme, mais quand ce sont des Nazis de la Seconde guerre mondiale (parce que j’ai aussi regardé deux films dont l’action était située pendant l’occupation) qui torturent des résistants, la torture alors ne fonctionne pas à tous les coups, sauf auprès des plus faibles, des lâches qui n’étaient sans doute pas de vrais résistants, qui finissent par donner les noms de grands chefs de la résistance, qui, sans cette traitrise, ne seraient jamais tombés.

    Conviction #9

    De même lors des interrogatoires d’éventuels complices de terrorisme les enquêteurs et enquêtrices font souvent des propositions de marché avec les personnes qu’elles interrogent et elles respectent TOUJOURS leur parole, c’est à ce genre de choses que l’on voit que ce sont des personnes d’une droiture exceptionnelle parce qu’elles parviennent toujours à surmonter leurs préjugés, mais c’est quand même souvent qu’ensuite les complices de terrorisme déçoivent et trahissent cette confiance et cette droiture, parce qu’on ne peut vraiment pas leur faire confiance. Et le plus souvent quand ces personnes rejoignent inexorablement les forces du mal, au cours d’actions dangereuses les personnes de l’antiterrorisme les tuent dans des cas probants d’autodéfense. Comme ça c’est réglé. Ces terroristes et ces complices ont eu leur chance mais n’ont JAMAIS su en profiter.

    Conviction #10

    Les forces de l’ordre ne sont jamais racistes. Il arrive que certaines personnes des forces de l’ordre aient des préjugés raciaux mais c’est souvent facilement explicable parce qu’en fait le neveu de la belle soeur d’un collègue de leur jardinier faisait partie des victimes de nine eleven, mais par la suite leur partenaire, leur binôme qu’ils et elles n’ont pas choisi, parfois issu de l’immigration récente, arrive à leur montrer qu’il faut surmonter de telles douleurs. Et ils et elles y arrivent très bien. Et à la fin c’est souvent accolades et embrassades à tout va. C’est assez viril et chaleureux, de cette sorte d’accolade américaine dite Hug dans laquelle le fracas des tapes dans le dos est tel qu’il couvre tout potentiel érotique dans le rapprochement des deux corps.

    Conviction #11

    Dans les hommes et les femmes politiques, il y a deux sortes de personnalités, les manipulatrices dont on finit TOUJOURS par découvrir qu’ils et elles ont trempé dans toutes sortes de combines qui les ont enrichies et souvent en mettant la vie des forces de l’ordre et des forces militaires en danger, tout ça pour leurs intérêts personnels (ce qui est quand même très mal), et d’autres qui ont plus des profils d’underdogs et qui finissent TOUJOURS par triompher en dépit d’un parcours jonché d’embûches dont ils et elles se relèvent TOUJOURS. Et à la fin ce sont elles et eux qui sont élus et tout redevient normal et pacifié.

    Conviction #12

    Bien souvent le grand public n’a pas la plus petite idée des épouvantables menaces qui pèsent sur lui à tout moment, périls qui sont heureusement évités in extremis par les forces de l’ordre qui sont toujours là au bon moment, qui sont des héros, ce que l’on sait rarement, et qui ne demandent rien de plus pour de tels actes de bravoure, que des salaires modestes et de pouvoir humer l’air de la ville en paix un vendredi soir et savoir, au plus profond d’eux et d’elles-mêmes, que si ce n’est que rires, fêtes et insouciance autour d’elles et eux, c’est grâce à ce travail de l’ombre qui n’a pas d’autre reconnaissance. Mais cela leur suffit amplement.

    Conviction #13

    En fait tous les peuples sont amis, c’est juste quelques tarés, notamment islamistes, qui font régner la terreur parce qu’ils et elles voudraient qu’on soit tous religieux de la même manière, la leur, mais heureusement, Dieu merci, il y a des hommes et des femmes d’exception qui veillent sur nous.

    Conviction #14

    La vidéosurveillance c’est très important, ça permet de surveiller les terroristes avant qu’ils et elles n’aient le temps de perpétrer un attentat, ou, si les terroristes parviennent quand même à faire exploser leur bombe ou que sais-je, ça permet de reconstituer la manière dont ils et elles ont procédé et de retrouver leurs complices. La vidéosurveillance est au coeur de tout, sans elle aucun espoir. Les professionnels de la vidéosurveillance savent tout de suite qui est qui sur les images, les personnes comme vous et moi qui ne font rien de mal, et qui n’ont rien à cacher, et les terroristes, à vrai dire les personnes derrière les écrans de vidéo surveillance sont tellement débonnaires que des fois elles voient de petits larcins en direct mais comme elles ont d’autres chats à fouetter, elles ferment gentiment les yeux sur ces délits mineurs, presque elles feraient des compilations de ces petits délits pour les fêtes de fin d’année dans le service, c’est vraiment vous dire que la vidéo surveillance c’est pour les terroristes. Qui sont ultra-minoritaires.

    Conviction #15

    Il arrive parfois, malgré tout, que certaines choses se superposent à la vidéo surveillance ou que les forces de l’ordre mal renseignées commettent des erreurs et arrêtent momentanément des personnes qui ne sont pas du tout impliquées dans le terrorisme, de telles erreurs sont toujours très vite corrigées et les forces de l’ordre admettent volontiers leurs erreurs et produisent des excuses sincères qui sont bien comprises et bien acceptées, surtout quand on explique à ces personnes arrêtées par erreur qu’il y avait des enjeux de sécurité nationale et on s’excuse, ne vous excusez pas vous ne pouviez pas savoir.

    Conviction #16

    Grâce à une technologie d’extrême pointe, les services antiterroristes parviennent à faire survoler n’importe quel endroit de la planète instantanément avec des satellites et des drônes qui leur permettent systématiquement de déterminer qui est qui qui dit quoi à qui et qui qui donne quoi à qui etc… La technologie de pointe en question est tellement puissante qu’elle ne semble jamais sujette à la moindre défaillance et semble produire des temps de réponse prodigieusement instantanés et exempte de tout décalage horaire, le contribuable en a pour son argent question technologie et moyens techniques.

    Conviction #17

    Quand un ou une responsable entre dans une réunion, dès qu’il ou elle enfonce rageusement une touche de la télécommande du vidéo projecteur, on tombe pile sur la bonne image, le bon enregistrement, la bonne photocopie du bon document. La technologie est notre meilleure amie. Et les personnes de l’antiterrorisme qui l’utilisent n’ont généralement qu’une seule commande à taper sur leur clavier pour faire apparaitre à l’écran suspects et preuves.

    Conviction #18

    Les personnels des différentes agences qui luttent contre le terrorisme ont souvent des scrupules à propos de la manière dont elles obtiennent des informations, notamment grâce à la technologie, il y a des tas de contraintes juridiques qui sont suivies à la lettre et, seulement de temps en temps, quand vraiment il s’agit de sauver des centaines de vies, alors il arrive que l’on enfreigne de telles limitations juridiques, mais par la suite on se rend bien compte que c’était un mal nécessaire et que de toute manière tout le monde n’a rien à cacher donc c’est un moindre mal.

    Conviction #19

    Les hommes et les femmes politiques qui sont en première ligne de la sécurité nationale n’ont pas nécessairement d’ambition politique, ce serait mal les connaitre et les juger, leur première préoccupation c’est de servir le pays et ses habitants.

    Conviction #20

    Toutes les différentes agences anti terroristes travaillent main dans la main et parviennent parfaitement à mettre de côté leurs éventuels différends quand il s’agit de lutte contre le terrorisme, il y a même parfois des rencontres étonnantes entre les personnels de ces différentes agences qui peuvent aller jusqu’à l’amour charnel.

    Conviction #21

    A la Maison Blanche personne ne dort plus de trois heures par nuit. Et quand le président des Etats-Unis recommande à ses aides de rentrer chez eux pour aller faire une bonne nuit de sommeil parce que la journée de demain est porteuse de nouveaux défis, en général il est déjà bien plus de minuit. C’est aussi cela servir.

    Conviction #22

    Quand un ou une agente spéciale s’approche d’un ordinateur, il ou elle n’a généralement pas besoin ni de le démarrer ni de se connecter, encore moins de lancer le programme dont il ou elle a besoin, direct il ou telle tape les termes de sa recherche et en général le temps de réponse est instantané et souvent s’affiche automatiquement sur un grand écran où ses supérieurs peuvent constater qu’il ou elle trouve beaucoup plus souvent qu’il ou elle ne cherche.

    Conviction #23

    A vrai dire les personnes qui travaillent à l’antiterrorisme cherchent peu et trouvent rapidement. Ils sont très forts. Ils ne se trompent presque jamais. Et quand ils sont dans l’erreur, c’est seulement momentané, et quand ils et elles finissent par recoller les morceaux du puzzle alors Gare !

    Conviction #24

    Les rapports que le président des Etats-Unis entretient avec les autres dirigeants sont systématiquement cordiaux et pondérés sauf quand les dirigeants de petits pays insignifiants commencent à casser un peu les couilles du président et alors le ton monte et le président des Etats-Unis menace de l’usage de la force en faisant par ailleurs état d’un truc que ses services secrets ont découvert récemment et c’est la déconfiture du dirigeant du petit pays insignifiant, il faut voir sa tête.

    Conviction #25

    Pour travailler à la Maison-Blanche, il est recommandé aux femmes d’avoir de jolies jambes et de belles poitrines. Quand une femme a plus de cinquante ans elle est impérativement première ministre d’un autre pays. Elle n’est alors plus tenue d’avoir de jolies jambes et ou une belle poitrine.

    Conviction #26

    Les enquêtes de l’antiterrorisme vont à toute allure, une autopsie peut ne prendre d’une petite heure, une analyse balistique est en général instantanée, de même que d’éplucher des relevés bancaires d’un magnat de la drogue, il faut dire avec les moyens techniques qu’on leur alloue c’est un peu normal non ? Et c’est même pour cela qu’on les leur alloue, c’est pour le bien et la sécurité de toutes et tous.

    Conviction #27

    Les terroristes islamistes ont vu, et étudié dans le détail, The Mandchourian Candidate de John Frankheimer donc quand ils rendent de prisonniers et des otages, on n’est jamais trop prudents pour ce qui est de les surveiller étroitement parce qu’il y a de grandes chances pour qu’ils soient devenus des terroristes islamisées eux-mêmes.

    Conviction #28

    On peut TOUJOURS se fier à des agents du Mossad.

    Conviction #29

    Il arrive parfois que des agents et des agents de l’antiterrorisme outrepassent leurs droits, notamment dans la surveillance de quidams, ils et elles en ont parfaitement conscience, mais ils et elles suivent des intuitions imparables et voient des postes que personne n’avaient vues avant elles et eux, et même ils et elles jouent souvent leur carrière dans de telles enfreintes de la loi, mais par la suite on trouve toujours un juge ou que sais-je pour reprendre la situation et lui donner des allures légales.

    Conviction #30

    Quand une agence ou un agent de l’antiterrorisme est tellement pris par le travail qu’il ou elle en arrive à manquer l’anniversaire d’un neveu ou d’une nièce adorées, il ou elle trouve toujours le moyen de se faire pardonner auprès de l’enfant et de ses parents, avec les parents c’est facile il suffit d’invoquer le devoir et la sécurité nationale.

    Parallèlement à toutes mes convictions nouvelles en matière de terrorisme j’ai également appris que le soleil ne se couchait jamais dans le monde de l’antiterrorisme, il n’y a pas de décalage horaire très marquant entre le Moyen Orient et les Etats-Unis d’Amérique (pas même à l’intérieur même des Etats-Unis), que les rues de New York et d’autres grandes villes avaient été interdites d’accès aux personnes obèses, aux vieilles personnes et aux personnes vagabondes, qui quand elles apparaissent sont le plus souvent des agents sous couverture, que dans un film qui traite de terrorisme plus historique, en décembre 1975, à Vienne en Autriche, il y avait encore des feuilles aux arbres, que pour les besoins d’un scénario, des jeux olympiques pouvaient avoir lieu, à tout moment, et là au feuillage vert printemps des arbres, on peut penser que désormais les JO d’été ont lieu en avril. Il est également possible de copier le contenu d’un disque dur ou d’un serveur en une poignée de secondes sur des cartes mémoires ultra compactes, sont bien équipés les gus.

    Bref ça file un peu les jetons tout de même ce terrorisme, surtout celui islamiste mais bon on est quand même bien protégés, par des gars et des filles qui sont prêtes à se sacrifier pour nous et qui peuvent s’appuyer sur des caméras de surveillance un peu partout, ce serait même bien d’en mettre davantage.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

    • @aude_v J’ai mis un moment avant de comprendre ta question, je présume que tu parles d’une série qui s’intitule 24 heures chrono . Je n’ai pas regardé une série entière, d’ailleurs je ne suis pas sûr d’avoir regardé un épisode de quelques séries que ce soit en entier, j’ai butiné pour ce qui est des séries qui est un format qui me convient mal. Les films en revanche je les ai tous, presque tous, regardés en entier pour mieux forger mes nouvelles convictions.

    • @philippe_de_jonckheere , ton texte m’a rappelé celui ci :

      https://lundi.am/Mieux-comprendre-la-police-avec-Engrenages

      Engrenages est une série policière française. A chaque saison la même équipe d’enquêteurs va résoudre un meurtre. A chaque fois la victime était en lien avec un milieu différent. A la saison 4, ce fut celui des « jeunes autonomes ». Le portrait qu’en fit cette série fut terrifiant.

      Ce texte, dans un style lundimatin, partait de cette saison pour en tirer quelques réflexions sur la police.

    • @parpaing

      Je n’avais pas vu passer ce texte sur Lundimatin ou alors j’avais du juger hâtivement que je n’en tirerais pas bénéfice parce que cela parlait de la télévision, domaine dans lequel je n’ai donc aucune connaissance et ne souhaite pas en acquérir. Mais oui, bien sûr, nous parlons bien de la même chose.

      Et tu vois il faut croire que je suis constant sur cette ligne parce que ton commentaire m’a rappelé ces deux passages de Raffut

      … mais le téléphone a sonné, j’ai pensé que ce serait la mère d’Émile qui me rappellerait, ça va vous suivez toujours ? Mais non, il s’agissait du gardien de police qui me disait que la garde à vue de l’agresseur de votre fils va être prolongée de vingt-quatre heures, d’une part parce que les témoignages sont non concordants sur les causes du différend, mais aussi parce que le procureur de la République, quand on y pense, procureur de la République, ça en impose salement, on imagine facilement quelque patriarche à barbe blanche et fort coffre tonnant des rodomontades contre les impétrants, poursuivant de tirades quasi en alexandrins des aigrefins au ban de la société bien gardée, et la bonne morale avec elle, par pareil cerbère, bref le procureur de la République demande que votre fils soit présenté dans un institut médicolégal pour être examiné par un médecin légiste. Alors là autant vous le dire tout de suite j’ai beau ne pas être particulièrement spectateur d’une part de la télévision, je n’ai pas la télévision, ni, d’autre part, de films policiers, genre que je déteste, sur le sujet j’ai même des vues assez tranchées, j’aimerais en effet qu’on m’explique, une mauvaise fois pour toutes, comment il se fait que l’on dépense, que l’on ait dépensé, des hectomètres de pellicule de cinéma tout à la gloire de l’action policière, et pour ainsi dire pas du tout, peut-être quelques centimètres de-ci de-là, pour les éboueurs, dont l’action est à mon sens plus urgente, quotidienne, leurs rares grèves nous le rappellent chaque fois, que celle plus ponctuelle et exceptionnelle de la police, mais je m’emporte, il n’empêche, nul n’entend la phrase pour que votre fils soit examiné par un médecin légiste sans imaginer votre fils allongé sur une paillasse, le ventre ouvert et froid, un médecin légiste poussiéreux, c’est le même acteur que pour le procureur de la République, mais mal rasé et légèrement grimé, le médecin légiste poussiéreux, donc, notant scrupuleusement le poids de chaque organe pour mieux se prononcer sur les causes de la mort de votre fils tout en statuant que par ailleurs, de toute façon, il était condamné par une leucémie qui n’avait pas encore été décelée, quand on n’a pas la télévision et qu’on ne la regarde pas, voire jamais, on la regarde encore trop.

      Et

      Et que les deux nuits que Youssef avait passées au commissariat aient été, pour l’avocat, la première, l’occasion d’une bonne soirée télévision, la chaîne Arte entamait un cycle consacré au cinéaste Otto Preminger, avec ce soir-là donc, Autopsie d’un meurtre avec James Stewart et la musique de Duke Ellington, c’était le lm préféré de tous les avocats et celui de Youssef ne dérogeait pas à la règle, et la deuxième, d’un dîner, le mardi soir donc, chez des amis, lui est avocat aussi et elle, organisatrice de séminaires dans le monde des a aires, oui, un mardi on s’excuse mais avec l’emploi du temps de ces mes- sieurs on ne va pas reporter le dîner aux calendes grecques, là aussi le cinéma, surtout lui, nous o re une très vaste palette des tranches de vie que l’on prête aux avocats, notamment une vie sociale riche et intense en même temps que simultanée à des a aires complexes, nécessairement complexes, qu’ils ont à traiter et qui peuplent leur esprit jusqu’à un encombrement qui les empêche de pro ter pleinement de cette vie sociale enviable seulement en apparence. Décidément on ferait bien de s’interroger sur cette propension du cinéma de fiction à brosser d’aimables tableaux d’une certaine catégorie sociale, en plus d’un cinéma tout acquis aux œuvres policières.

  • En Israël, la culture est prise entre deux feux
    Pierre Sorgue, Le Monde, le 16 novembre 2018
    https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/11/16/en-israel-la-culture-est-prise-entre-deux-feux_5384505_4497186.html

    Lana Del Rey, Brian Eno, Peter Gabriel ou Arcade Fire… L’appel au boycott d’Israël pour dénoncer le sort des Palestiniens rencontre de plus en plus d’écho chez les artistes. Un dilemme pour le monde de la culture israélien.

    A trois heures du matin, The Block est à bloc. Le plus célèbre club électro de Tel-Aviv, enfoui sous le béton de la gare routière centrale, reçoit Carl Craig, ponte de la techno de Detroit (Michigan) aux Etats-Unis.

    La foule ondule, saute, tressaute au rythme des basses, dans le brouillard bleu que découpent les faisceaux de projecteurs épileptiques.

    BDS pour Boycott, désinvestissement, sanctions

    Yaron Trax, le maître des lieux, s’est glissé entre les danseurs pour s’assurer des bons réglages de sa sono analogique, réputée l’une des meilleures du monde. Le quadragénaire aux airs adolescents est aux anges parmi ces jeunes gens dont beaucoup sont venus au club comme ils étaient à la plage, en short et tee-shirt. Celui que porte Yaron ce soir-là reproduit les briques et la typographie reconnaissable entre toutes : Pink Floyd, The Wall. Lorsqu’on lui fait remarquer, il sourit comme un enfant contrit : « C’est un tee-shirt formidable et l’album l’est aussi. Quel dommage que Roger Waters soit devenu aussi décevant… »

    Car le musicien britannique, ex-membre de Pink Floyd, est le spectre qui hante la scène israélienne et dérange l’intelligentsia de gauche, celui qui empêche la bulle libérale et hédoniste qu’est Tel-Aviv de flotter innocemment à cinquante kilomètres du mouroir à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza.

    Depuis des années, Roger Waters offre sa voix aux militants internationaux du BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions), mouvement né en 2005 de la société civile palestinienne, un an après que la Cour internationale de justice a jugé illégal le mur de séparation construit entre Israël et les territoires occupés.

    Il prône les pressions sur l’État d’Israël pour parvenir à ce que n’ont jamais obtenu des décennies de guerre, de résolutions de l’ONU et de vains processus de paix pendant lesquels le nombre des colons n’a cessé de croître (500 000 aujourd’hui) : la fin de l’occupation des territoires, la pleine égalité pour les citoyens palestiniens d’Israël, le droit au retour des réfugiés chassés de leurs terres.

    La scène musicale comme estrade politique

    Il suffit de voir les gratte-ciel bleutés qui poussent à Tel-Aviv pour s’en convaincre : le boycott économique n’a que peu d’effets. La « start-up nation » se porte bien, ses relations commerciales et diplomatiques n’ont cessé de se développer avec l’Afrique, l’Inde, la Chine, voire certains pays arabes. En ce mois d’octobre encore estival, les plages sont noires de monde, les ruelles de la vieille ville de Jérusalem, pleines de visiteurs : le pays aura accueilli plus de 4 millions de touristes à la fin de l’année, soit 46 % de plus qu’en 2016.

    Au-delà du portefeuille, le BDS s’attaque aussi aux cœurs et aux têtes. Il appelle au boycott culturel et académique, comme celui qui s’exerçait sur l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid. Et celui-là trouve, ces derniers mois, un écho bien supérieur. Depuis longtemps, la scène musicale sert d’estrade politique. D’un côté, Roger Waters, Peter Gabriel, Brian Eno, Elvis Costello, Lauryn Hill (The Fugees), Arcade Fire et d’autres ont annoncé qu’ils ne joueront plus en Israël tant qu’ils ne pourront en accepter la politique.

    De l’autre, Nick Cave, Radiohead, Paul McCartney, Alicia Keys, parmi beaucoup, sont venus au nom du dialogue et du refus de se voir dicter leur conduite. Mais, récemment, deux chanteuses moins politisées et plus populaires parmi les adolescents ont suivi le mouvement : en décembre, Lorde, la jeune rockeuse néo-zélandaise, annulait son concert après avoir été « alertée » par une lettre ouverte signée de deux fans – l’une Juive, l’autre Palestinienne –, puis en septembre, après de nombreux appels dont celui de Roger Waters, Lana Del Rey faisait faux bond. Parce qu’elle ne pourrait pas se produire également dans les territoires palestiniens, dit-elle, elle renonçait à jouer au festival Meteor qui devait être une sorte de Coachella version kibboutznik, dans le nord d’Israël.

    Un « tsunami d’annulations »

    Après le refus, en avril, de l’actrice Natalie Portman de recevoir le Genesis Prize (considéré comme un « Nobel » israélien) pour exprimer son désaccord avec le gouvernement Nétanyahou et les violences commises à Gaza, après la défection de l’équipe d’Argentine de Lionel Messi qui, en juin, a annulé une rencontre amicale avec celle d’Israël à la suite de pressions internationales (de menaces, dit-on du côté israélien), le retrait de Lana Del Rey fut une autre secousse médiatique.

    « Une belle surprise qui aidera peut-être les jeunes à se poser des questions sur une politique insoutenable dans les territoires occupés, mais aussi en Israël, où les Palestiniens, qui représentent 20 % de la population, sont victimes d’une cinquantaine de lois discriminatoires, à commencer par le logement et la terre », explique Kobi Snitz, chercheur en neurobiologie au Weizmann Institute et cofondateur de Boycott from Within (« boycott de l’intérieur »), qui rassemble une poignée de militants suffisamment téméraires pour affronter les torrents de haine qu’ils suscitent au sein du pouvoir, des médias et sur les réseaux sociaux.

    Dans la foulée de Lana Del Rey, quatorze artistes, dont plusieurs DJ, ont décliné l’invitation du festival. Des dizaines d’autres ont exprimé leur soutien au boycott sur les réseaux sociaux. Yaron Trax commence à se faire du souci pour « la capitale du clubbing » qu’est Tel-Aviv. Idit Frenkel, qui officie souvent derrière les platines de The Block, a signé un long article dans le quotidien israélien Haaretz, pour évoquer le « tsunami d’annulations ». Le titre de la tribune était emprunté aux paroles d’une chanson de Don McLean, American Pie (1971) : « The day the music died » [« le jour où la musique est morte »].

    Le boycott la laisse amère : « On peut comprendre ceux qui veulent lutter de manière non violente contre les morts de Gaza, le développement des colonies ou la décision de Trump d’installer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Mais ne pas venir, c’est punir ceux qui essaient de changer les choses, y compris dans la minuscule scène underground qu’abhorrent les nationalistes et les religieux du gouvernement. »

    Si certaines figures de l’électro, comme l’Américano-Chilien Nicolas Jaar ou les Français d’Acid Arab, viennent encore en Israël, ils ne jouent plus à Tel-Aviv mais à Haïfa, au Kabareet, tenu et animé par Jazar Crew, un collectif d’artistes palestiniens. Haïfa, la cité portuaire qui soigne sa réputation de tolérance et de coexistence entre Juifs et Arabes…

    Une forme d’apartheid ?

    Attablé dans un café du centre-ville, Ayez Fadel, 31 ans, l’un des fondateurs et DJ de Jazar Crew, connaît l’antienne par cœur : « Mais même ici, grandir en étant palestinien, c’est éprouver la discrimination. Les écoles publiques arabes moins dotées que les établissements juifs, les boîtes de nuit où l’on te demande ton “Hoger”, le livret militaire que tu n’as pas [la majorité des Arabes citoyens d’Israël n’effectuent pas leur service militaire], la langue… Une nouvelle loi fait de l’hébreu la seule langue officielle, elle dit aussi que le pays est “l’Etat-nation du peuple juif”, alors que je suis un Palestinien vivant ici par la force de l’histoire, que mes impôts servent à protéger les colonies juives et à financer une armée qui a tué 44 enfants palestiniens ces trois derniers mois… Parler d’apartheid ne me paraît pas exagéré. »

    Ayez Fadel comprend le boycott et revendique la dimension politique de Jazar Crew : « Une manière de sensibiliser les jeunes. Nous n’avons plus honte d’être palestiniens, nous sommes éduqués et confiants. Et nous ne cessons de répéter que nos positions ne sont pas contre les Juifs mais contre ce régime. » Le jeune homme se dit prêt à collaborer avec Yaron Trax, qui l’a appelé pour que The Block et Kabareet « organisent quelque chose ensemble ». Mais, précise-t-il, « à condition qu’il fasse une déclaration claire sur l’occupation des territoires et les droits des Palestiniens ».

    Les turbulences qui agitent le microcosme underground reflètent assez bien le désarroi du monde de la culture devant ces appels au boycott. « En ce moment, pas un dîner sans qu’on en parle », reconnaît la responsable d’une galerie d’art installée aux franges de Florentine, ancien quartier d’entrepôts et d’ateliers de Tel-Aviv devenu le préféré des artistes et des bobos. Comme beaucoup d’opposants à l’occupation, elle refuse d’acheter les produits des colonies – certaines se sont spécialisées dans l’agriculture et l’élevage bio – ou le vin venu du Golan. « Mais le BDS culturel, dit-elle, frappe ce qui reste de l’élite de gauche, celle que Nétanyahou et son gouvernement détestent. Si on la muselle, on n’entendra plus que les voix des plus réactionnaires… »

    C’est aussi ce que pense Avi Pitchon, écrivain, critique et commissaire d’expositions : « Le boycott culturel réduit le débat à une polarisation extrême entre les activistes et le gouvernement, il déshumanise et nourrit la paranoïa, ce “nous” contre “eux” dont joue un régime de moins en moins démocratique. Ce tout ou rien est un piège, quoi que disent les créateurs ils seront perdants. Alors, ils préfèrent laisser parler leur art… »

    C’est peut-être pour cela que chercher à les rencontrer pour évoquer la question relève de la chasse au dahu. Groupe pop connu pour ses textes radicaux, écrivain loué comme l’une des « grandes voix morales » du pays, cinéastes, producteurs de concerts, responsables de théâtre, de centre d’art contemporain… tous se disent trop occupés. D’autres se ravisent après avoir parlé et demandent à n’être plus cités.

    Pnina Blayer, la directrice artistique du Festival international du film de Haïfa qui s’est déroulé fin septembre sans les « grands noms » invités, exige les questions par courriel et adresse des réponses aussi sèches que le fleuve Jourdain surexploité : selon elle, la situation dans la bande Gaza et la guerre en Syrie sont les motifs des absences, dont aucune n’a été motivée par le BDS, qui n’aura découragé qu’un film marocain, et si Agnès Varda, à qui le festival rendait hommage, n’est pas venue, ce n’est pas pour des raisons politiques.

    Il faut comprendre sa prudence : pendant que le festival est soumis aux pressions de l’étranger, sa propre ministre de la culture, la très droitière Miri Regev, demande à celui des finances de lui couper les vivres pour avoir accueilli deux films israéliens qui « sapent les valeurs et symboles » de l’Etat (l’un d’eux raconte l’histoire d’un metteur en scène palestinien qui monte une pièce narrant un amour entre une Juive et un Arabe…).

    Le projet de loi « Loyauté dans la culture »

    La même ministre se démène pour l’adoption d’un projet de loi « Loyauté dans la culture » qui veut supprimer les fonds à toute organisation déniant « Israël comme un Etat juif et démocratique » ou qui ferait du jour de l’indépendance celui de la Nakba, la « catastrophe » que vécurent 700 000 Palestiniens expulsés en 1948.

    Le monde de la culture a manifesté le 27 octobre contre ce texte, de nombreux cinéastes israéliens, comme Amos Gitaï ou Ari Folman, sont parmi les signataires d’une tribune parue lundi 12 novembre dans Le Monde pour demander le retrait du texte. En attendant, des députés ont également proposé de punir de sept ans de prison tout appel au boycott et l’entrée du pays est déjà interdite à tout étranger qui soutient activement le BDS.

    Car, pour le gouvernement, c’est la guerre. Au vingt-neuvième étage d’une tour de Bnei Brak, dans la banlieue de Tel-Aviv, une trentaine de personnes travaillent au sein de la National Task Force for Countering Delegitimization (« force d’intervention contre la délégitimisation »), qui dépend du ministère des affaires étrangères.

    « Nous révélons les relations entre le BDS et des organisations terroristes comme le Hamas ou le Front populaire de libération de la Palestine ; comment, sous couvert de droits de l’homme, il s’attaque à la légitimité d’Israël ; comment il bombarde les artistes par des cyberattaques menées par des robots. Nous travaillons avec des centaines d’organisations pro-israéliennes en leur offrant articles, vidéos et autres outils pour affronter les arguments du BDS », résume Tzahi Gavrieli, le directeur.

    Le bureau a lancé la plate-forme 4il sur Internet, Facebook et Twitter : des images de jolies filles montrent la diversité du pays, des vidéos soulignent la réussite de certains « Arabes israéliens ». Des posts saluent la criminalisation du boycott en France (en 2015, la justice a confirmé la condamnation de militants ayant appelé au boycott des produits israéliens) ou en Allemagne (le BDS a été jugé antisémite par l’Office fédéral de la protection de la constitution de Berlin).

    Un post du 23 octobre relaie le rapport de Human Rights Watch sur la torture pratiquée par le Hamas et l’Autorité palestinienne en demandant si la communauté internationale va exercer sur eux les mêmes pressions que sur Israël… Des messages vantent le concours Eurovision de la chanson de mai prochain : avec ses 186 millions de téléspectateurs, la manifestation est une vitrine que le gouvernement ne veut pas voir entachée, malgré l’appel au boycott lancé par 140 artistes internationaux.

    L’« instrumentalisation » du monde de la culture ?

    La lutte contre le BDS est aussi l’affaire d’Adam Shay au sein du Jerusalem Center for Public Affairs, un think tank niché dans un quartier tranquille de la ville sainte. Il « scrute » les militants locaux, conseille les promoteurs de spectacles, essaie de convaincre des artistes ciblés que ce qu’on leur raconte est un tissu de mensonges et qu’ils ne regretteront pas de venir.

    « David Guetta était là la semaine dernière », se réjouit le jeune homme avant de confier qu’il cherchait à faire venir Rachid Taha, peu avant sa mort, en septembre : « Cela aurait été un gros truc » (vu les relations qui liaient le rockeur français à Brian Eno, très impliqué dans le BDS, on imagine mal une réponse positive).

    C’est cette « instrumentalisation » du monde de la culture qui, aux yeux des militants du BDS, justifie les appels au boycott de ceux dont les travaux ou les voyages sont financés par le gouvernement. Ils aident, disent-ils, le pays à soigner son image de démocratie favorable à la liberté d’expression. Les artistes se retrouvent coincés entre le marteau du gouvernement, qui tient (et serre) les cordons de la bourse, et l’enclume des pressions internationales.

    « À l’étranger, nous sommes considérés par certains comme des collaborateurs ; ici, comme des traîtres. Mais l’argent du ministère est aussi celui de mes impôts. Si la solution est de dire non, où va-t-il aller et qui va dire ce que l’on dit ? », demande Hillel Kogan, danseur et chorégraphe de la célèbre compagnie Batsheva, qui dut affronter cet été quelques militants pro-BDS à Montpellier et à Toulouse alors que, invité de la très diplomatique saison « France-Israël », il s’apprêtait, avec le Palestinien d’Israël Adi Boutros, à interpréter sa pièce We Love Arabs.

    Certains dans le pays ont regretté que l’écrivain David Grossman, considéré comme une « conscience » par le camp de la paix, se laisse « enrôler » par le pouvoir en acceptant le prix Israël de littérature 2018 des mains du ministre de l’éducation ou, en 2017, lorsqu’il accompagne à New York une pièce tirée de l’un de ses romans et adaptée par deux troupes israéliennes qui s’étaient produites dans les colonies (ce que l’auteur désapprouve). Ce, sous les yeux de la ministre de la culture qui avait fait le voyage. « Une manière de résister au BDS qui est une nouvelle forme d’antisémitisme », avait dit Miri Regev ce jour-là.

    Car c’est l’argument massue des contempteurs du BDS. Le mouvement a beau condamner racisme et antisémitisme, le public hétéroclite qu’il mobilise laisse parfois suinter des attaques haineuses, voire négationnistes. Dans le petit théâtre de Jérusalem où il travaille avec de jeunes comédiens juifs et arabes, Arik Eshet se souvient du festival de théâtre d’Édimbourg de 2014, lorsque des militants « agressifs » avaient fait annuler son spectacle : « Tu entends des gens crier qu’Israël ne devrait pas exister. C’est traumatisant… »

    La nécessaire mobilisation de la société civile

    Roger Waters est systématiquement accusé d’infamie. Du coup, Gideon Levy, le journaliste de Haaretz qui se démène inlassablement pour évoquer le sort des Palestiniens, ne cesse de défendre le chanteur. « J’ai passé de longues nuits à discuter avec lui, rien ne lui est plus étranger que les sentiments antisémites, ces accusations sont intolérables », assène-t-il dans le salon de sa maison, dont un mur est orné d’une vieille publicité ensoleillée où est inscrit : « Visit Palestine ».

    Un BDS efficace, ajoute-t-il, serait le seul moyen d’en finir avec les bains de sang : « Le changement ne viendra pas de l’intérieur d’Israël, la vie est trop bonne ici. Or les Etats-Unis soutiennent le pays et l’Europe est une plaisanterie : le seul espoir est la mobilisation de la société civile. La gauche sioniste appelle depuis des lustres à deux Etats mais n’a rien fait pour ça, nous devons en payer le prix. La criminalisation du BDS est un scandale : pourquoi serait-il légitime de boycotter l’Iran et pas Israël ? »

    En les réduisant au rang de producteurs de « biens culturels » ou d’instruments du soft power d’un Etat dont ils n’approuvent pas la politique, le BDS interroge les artistes de manière inconfortable sur leurs responsabilités de créateurs et de citoyens au cœur d’une opinion publique au mieux indifférente, au pis de plus en plus xénophobe. Et dans les conversations un nom revient souvent, comme s’ils étaient orphelins d’une figure capable d’indignation, de « courage », disent certains.

    « Il nous manque un penseur comme Leibowitz », glisse le photographe Miki Kratsman, l’un des fondateurs de l’ONG Breaking the Silence qui recueille les témoignages des soldats sur les exactions auxquelles les contraint l’occupation. C’est aussi ce que dit Zeev Tene, un vieux rockeur dont Ari Folman utilisa une chanson pour son film Valse avec Bachir et qui, depuis deux ans, part, le 6 juin, date anniversaire de la guerre des Six-Jours, le long du mur de séparation avec quelques musiciens et un camion en guise d’estrade pour jouer devant une banderole qui proclame « Make Israel small again ».

    Yeshayahu Leibowitz, mort en 1994, grand penseur et moraliste, religieux convaincu et sioniste affirmé, fut un critique féroce de l’occupation qui « détruit la moralité du conquérant ». Outré par la torture, il alla jusqu’à employer le terme de « judéo-nazis »… Or, constate l’historien « post-sioniste » Shlomo Sand, qui fait lui aussi référence à Leibowitz, « je n’ai pas vu l’Université se mettre en grève lorsqu’une succursale a été ouverte dans la colonie d’Ariel. Je n’ai entendu aucune de nos voix de la gauche sioniste prôner l’objection de conscience dans les territoires ou soutenir les refuzniks [qui refusent de servir dans l’armée]. Le BDS les met devant leurs contradictions… »

    Mais le malaise, explique-t-il, vient aussi du fait que, « en posant le droit au retour des réfugiés, le BDS questionne les conditions mêmes de la naissance d’Israël dans un pays encore hanté par la Shoah. Ce droit au retour ne peut être ignoré, mais il faut être honnête : on ne pourra pas accueillir 5 millions de réfugiés. Je soutiens le BDS à condition qu’il ne mette pas en danger l’existence d’Israël. »

    Une situation parfois absurde

    L’historien déplore aussi la « stupidité » de certains appels au boycott culturel. Les musiciens d’Apo and the Apostles, un Arménien de Jérusalem et trois Palestiniens de Bethléem, partagent sûrement son avis. Lorsque ces talentueux garçons qui mêlent leur folk-rock à des nuances orientales doivent se produire dans un festival de musique alternative arabe à Tel-Aviv, le BDS décrète que ce n’est pas acceptable parce qu’ils ne sont pas des « Palestiniens de 48 », ceux restés en Israël…

    Shady Srour aussi a quelques remarques à faire sur les censeurs du BDS : cinéaste palestinien de Nazareth, il a tourné un très joli film dans sa ville natale, Holy Air, où comment un homme essaie de s’en sortir en vendant de l’« air saint » aux touristes venus sur les traces de Jésus. C’est drôle, féministe, sexy, acide, « beckettien », plus grave lorsque les rêves sont empêchés par le seul fait de n’être pas un citoyen comme les autres.

    Mais le BDS ne rit pas : il a demandé son retrait d’un festival du film israélien à Londres, puis du Festival des cinémas arabes de l’Institut du monde arabe, à Paris, qui a congédié le réalisateur d’un bref courrier. « Je suis palestinien, mon père fut l’un de ceux chassés vers le Liban. Me boycotter, c’est m’empêcher d’affirmer mon propre récit face à celui des Israéliens. Le BDS vient chez moi pour me couper la langue… Aucun financement arabe ne m’est accordé parce que j’ai un passeport israélien, où est-ce que je trouve l’argent ? » On comprend que son film soit teinté de tristesse et d’absurde.

    #Palestine #Culture #Apartheid #BDS #Boycott_culturel

  • Bloc-notes de liens lus ou survolés ou que j’ai envie de lire / écouter parce qu’ils semblent analyser ou déconstruire le mouvement "Gilets Jaunes" du 17 novembre sans tomber pour autant dans un dédain anti-beaufs ou une lutte classes-pauvres vs classes-moyennes, etc.


    Si vous en repérez aussi, ou si une autre compile (sur cette base filtrante) existe, je suis preneuse ;)

    "Chantage vert, colère noire, gilets jaunes" : https://dijoncter.info/?chantage-vert-colere-noire-gilets-jaunes-671

    Entretien avec deux gilets jaunes bretons : « pas de politique ni de syndicats » : https://radioparleur.net/2018/11/16/entretien-gilets-jaunes-bretons

    Un k-way noir chez les gilets jaune, l’histoire d’un vilain petit canard. : https://paris-luttes.info/un-k-way-noir-chez-les-gilets-11047

    Gilets jaunes et écolos, pas le même maillot, mais la même récupération : https://rebellyon.info/L-ecologie-est-t-elle-un-concept-ethere-19782

    Sur le 17 novembre – Les révolutionnaires ne font pas la révolution : https://web.archive.org/web/20200813174527/https://nantes.indymedia.org/articles/43595

    À propos de la manif du 17 novembre  : https://diacritik.com/2018/11/15/a-propos-de-la-manif-du-17-novembre

    C’est jaune, c’est moche et ça peut vous pourrir la vie… : https://defensecollective.noblogs.org/post/2018/11/14/cest-jaune-cest-moche-et-ca-peut-vous-pourrir-la-vie

    17 novembre – Les 8 gilets incontournables Lequel porteras-tu ? : https://rouendanslarue.net/17-novembre-les-8-gilets-incontournables

    Gilets jaunes : en voiture ! Notes sur le 17 novembre : https://rouendanslarue.net/gilets-jaunes-en-voiture-notes-sur-le-17-novembre

    Mouvement du 17 novembre - Que faire ?  : https://nantes.indymedia.org/articles/43450

    Pourquoi il faut parler d’écologie le 17 novembre. : https://nantes.indymedia.org/articles/43520

    Éléments de la Commission Nationale Ecologie du NPA sur la mobilisation du 17 novembre : http://npa29.unblog.fr/2018/11/14/carburant-et-taxtes-npa

    Prix des carburants : des contradictions sociales surmontables : https://www.alternatives-economiques.fr/prix-carburants-contradictions-sociales-surmontables/00086912

    Les petits-commerçants « étouffés par les taxes » : le mouvement Poujade : https://paris-luttes.info/le-mouvement-poujade-11039

    L’idéologie sociale de la bagnole : https://infokiosques.net/lire.php?id_article=346

    ++ Livres :
    Nathalie Quintane "Que faire des classes moyennes ?"
    Alain Accardo "Le Petit Bourgeois-Gentilhomme".

    #mouvement_social #recuperation #poujadisme #colere_populaire #giletsjaunes #gilets_jaunes #gilets #jaunes #17novembre #17novembre2018 #la_revolution_mais_pas_trop mais aussi la force des #medias_Libres #mediaslibres et #automedias

    • Des gouts découlent heurts !

      Des goûts et des couleurs avec Michel Pastoureau (5/5) Le jaune France Culture
      https://www.franceculture.fr/emissions/hors-champs/des-gouts-et-des-couleurs-avec-michel-pastoureau-le-jaune-et-lor-55

      Le #jaune serait donc la couleur la moins appréciée ? Alors que l’ensemble des aux autres couleurs de base ont toutes un double symbolisme, le jaune est la seule à n’avoir gardé que l’aspect négatif.

      Des goûts et des couleurs …, on peut discuter à l’infini, et tout le monde reconnaît la force de la subjectivité dans ces domaines. Mais saviez-vous que les couleurs ont une histoire culturelle, politique et psychique ? Imaginiez-vous qu’il existe des couleurs qui nous font chaud au cœur et d autres qui nous font peur et ce, par delà les latitudes et les origines religieuses ? Toute cette semaine « Hors-champs » tente de faire la cartographie amoureuse des couleurs grâce à un historien amoureux des ours, des emblèmes héraldiques et de … certaines couleurs.

      Comme toujours avec des archives et des chansons, balade dans l’histoire de la peinture, des mentalités et de nous mêmes...

    • https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10155665502096960&set=a.49908841959&type=3&theater

      J’avais un oncle il s’appelait Gaby. Je l’aimais bien. Il était gazier. J’étais gauchiste. Il avait un grand poster de JM Lepen dans son garage. On buvait des bières en réparant des bagnoles. Passons. Des années plus tard, j’avais fait un grand papier dans Libé pour expliquer comment le FN et Lepen arrivait à monter la tête de types bien comme Gaby. Deux pages. July (Serge) le patron m’avait félicité genre : « Enfin un journaliste qui ne les prend pas avec des pincettes ». Pourquoi je parle de Gaby et pourquoi je pense à lui en ce moment ? A cause des gilets jaunes. Gaby bossait à Gaz de France (son cousin, mon pater, bossait à EDF). Ils bossaient 7 jours sur 7 sans trop compter. Il y avait les lignes à réparer, les tuyaux à aligner. La chaleur des pauvres à assurer. Ils étaient fonctionnaires. On partait en vacances dans les tentes bleues de la CCAS. Passons. Pourquoi j’en viens à évoquer ce passé vermoulu ? Le gilet jaune… L’injustice fiscale. La plupart des éditorialistes et des politiques n’y comprennent que dalle à cette colère. Emmanuel Macron et son armée de républicains en marche ont compris eux. Et ils commencent à flipper. A passer des consignes. A jouer de la carotte et du bâton. Vu d’ici, c’est pitoyable. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de ce mouvement basique et populaire, si la stratégie du pouvoir va fonctionner, mais cette colère n’a rien à voir avec le réchauffement climatique et très peu avec le diesel. Les gens à l’origine du gilet jaune le disent depuis le début. Ils en ont assez d’être pris pour des pigeons, des vaches à traire, des décérébrés du bulbe, des sans honneur. Ils veulent se révolter. Il se révoltent. Gaby bossait à Gaz de France donc. Il y a usé sa santé. Il est parti en retraite sans se douter qu’on allait vendre Gaz de France à Suez en 2007. Quand je dis vendre, je déconne. Offrir serait plus adéquat. Une histoire de prédateurs et d’hommes politiques très compromis. Sarkozy, Hollande Villepin, Royale, Coppé, Longuet… Tous vont oeuvrer avec des responsabilités diverses à cette prédation consentie. Je ne vais pas développer ici (lisez notre livre, « les prédateurs » en vente partout). Tonton Gaby casse sa pipe. GDF devient Engie. Méthode Suez, extrême capitalisme. On pressure et on défiscalise à mort. Non seulement, se chauffer devient un luxe mais Engie, avec la bénédiction des politiques, Macron de chez Rothschild en tête, envoie ses bénéfices au Luxembourg (27 milliards en 2015, passez l’info à Google). L’État français se prive de 2 milliards d’impôts. Alors que nous, cochons de payeurs, on raque. On raque. Et on regarde passer les trains et les prédateurs qui se goinfrent. Et on ne doit rien dire. Et on doit – sous prétexte de réchauffement climatique, sous prétexte de récupération politique- fermer sa gueule. Ben non. Ce qui se prépare ici, c’est une Jacquerie. Le message est clair et éminemment politique. Les pauvres en ont marre d’avoir froid, de jouer du crédit le 15 du mois, de faire des demi pleins. Alors qu’à la télé, ils entendent chaque jour se raconter une histoire qui n’est plus la leur. Alors que leur président déroule le tapis rouge à ceux qui ne paient pas d’impôts, Frère, Desmarais, Bolloré, Arnault… Ceux qui font croire qu’ils nous sont indispensables, qu’ils sont des premiers de cordées. Foutaise. Demain, avec le fantôme de Gaby je serai gilet jaune à donf.
      Les beaufs et les cols blancs de Saint Germain n’ont rien compris, ce n’est pas un mouvement marqué à droite. Ni vraiment à gauche. C’est punk. No future dans ce monde-là

      #Denis_Robert
      https://seenthis.net/messages/736344

    • Les « gilets jaunes », ou la révolte de la France des ronds-points

      Jean-Laurent Cassely

      http://www.slate.fr/story/169626/blocage-17-novembre-gilets-jaunes-revolte-ronds-points-france-peripherique-die

      « Nous allons nous rejoindre sur un parking de centre commercial à Sens », témoigne encore le créateur d’un groupe Facebook local appelant au blocage. Dans le territoire marqué par l’étalement urbain, le rond-point devient l’équivalent logistique et symbolique du rôle joué par la place dans les mouvements de protestation de centre-ville, dont l’expression française fut la tenue, place de la République à Paris, du rassemblement Nuit Debout. La place conserve, à gauche, une connotation politique forte, comme en témoignent encore récemment le cas de l’aménagement du quartier de La Plaine à Marseille, ou le mouvement politique lancé par Raphaël Glucksmann, baptisé « Place publique ».

      À l’opposé de cette culture politique, en tout cas assez loin de ses habitudes, l’automobile devient le langage de la protestation des mouvements périphériques. Si les unes et les uns se réunissent en grappes humaines, forment des assemblées et des cortèges, nourrissant une culture politique marquée par les grands mouvements sociaux, les luttes passées qui peuplent l’imaginaire collectif du « peuple de gauche » et un idéal de démocratie directe et participative, les autres, dans un rapport au corps et à l’espace différent, forment des « opérations escargot » et autres figures chorégraphiques d’un grand ballet motorisé qui se danse depuis l’intérieur de son habitacle. C’est par le « périph » que les manifestants ont prévu de rouler (et non de marcher) sur Paris. C’est aussi sur le périphérique des grandes villes que se sont réunis plusieurs groupes locaux pour préparer la journée du 17 novembre.

    • De la France périphérique à la France des marges : comment rendre leur juste place aux territoires urbains marginalisés ?

      https://urbs.hypotheses.org/411

      Samuel Depraz, enseignant-chercheur, géographie, Université Jean Moulin Lyon 3, UMR Environnement, Villes et Sociétés

      La France périphérique, ou la paresse intellectuelle de la dichotomie

      C’est, d’abord, une lecture simpliste qui nie ce qui fait l’essence même de la géographie, c’est-à-dire l’attention à la nuance et à la diversité des territoires. « Décrire la terre », c’est être sensible aux différences et à la pluralité des mondes sociaux. Ainsi, dans les périphéries, les situations de pauvreté ne sont jamais identiques d’un espace à l’autre, et on trouvera tantôt de la pauvreté monétaire, tantôt de la précarité matérielle, parfois aussi un déclassement social et un isolement des personnes. La pauvreté, c’est aussi un rapport social défavorable, souvent entretenu par des politiques publiques défaillantes. Le tout se recoupe souvent, mais pas toujours : on rappelle ainsi les dimensions – complexes – de la pauvreté, au sens de Serge Paugam (2005) ; ceci nécessite une lecture plus détaillée des territoires, comme le propose par exemple Catherine Sélimanovski dans son analyse de « la frontière de la pauvreté » (2008) ou encore l’analyse de Raymonde Séchet sur la relation entre espaces et pauvreté (1996). Et l’idée de périphérie, souvent réduite à sa dimension économique, s’appréhende également par de multiples autres outils : mobilités et transports, flux migratoires, modes de vie alternatifs et contestation sociale ou électorale – sans que l’on puisse raisonnablement combiner tous ces indicateurs thématiques, au risque de produire des corrélations hasardeuses et des indices agrégés absurdes.

    • Le thread d’un journaliste-photographe avec des portraits de vraies tronches de vies jaunes :

      [THREAD] Quelques réflexions à propos des #giletsjaunes. Hier, je ne me suis pas mêlé à mes confrères journalistes pour « couvrir » cette journée du #17novembre2018. Faire des images de cette journée était tout à fait respectable. Mais je m’interroge sur le sens de ces images. Je m’explique. L’action de ces #giletsjaunes échappe aux politiques et marque une défiance à l’égard des médias. Le gilet jaune est devenu un symbole mais un symbole réducteur sur le sens de ce mouvement. Il symbolise la voiture et les carburants. Or, la colère va bien au-delà...

      https://twitter.com/VinceJarousseau/status/1064157135150465026

    • La vie en jaune
      http://www.dedefensa.org/article/la-vie-en-jaune

      18 novembre 2018 – Hier, j’avais très mal au dos, attaque pernicieuse et violente à la fois d’une sciatique irréfragable, une du grand âge.... Alors, j’ai sacrifié pas mal de mon temps sur un fauteuil à dossier très droit et, avec peu de courage pour lire, j’ai laissé aller l’“étrange lucarne”. Il n’était question que de cette “journée en jaune”

      Je me fixe sur le “centre de crise” de la chaîne, Arlette Chabot aux commandes, conduisant un talk-show permanent avec deux vieilles badernes de ma génération, dont l’incurablement pontifiant d’Orcival, de Valeurs Actuelles, avec en arrière-plan les reportages constants sur les divers points stratégiques choisis comme références de cette “journée en jaune”.

      Vers la fin de l’après-midi, l’habituel “tour de France” des correspondants était ramené aux points (...)

      repéré sur https://seenthis.net/messages/736556

    • À qui appartient la mort d’une femme, qui a le droit de l’arracher à l’anecdote d’un accident ? | Slate.fr
      http://www.slate.fr/story/170049/chantal-mazet-gilets-jaunes-morte-savoie-17-novembre

      Elle n’a pas trouvé la force, explique-t-elle, de prendre la route, ni d’annoncer à sa fille que sa grand-mère était morte ; elle a trouvé un « soutien moral » chez les gilets jaunes et ses « amis de l’instant ». Et sa maman, « décédée SUR LE MOUVEMENT », « APPROUVE DONC NOTRE ACTION !!!! ». Ces capitales et ces points d’exclamation sont le cri de l’heure. Ils ne disent pas seulement une souffrance, mais ce que cette souffrance construit politiquement.

      Vers une heure du matin, Alexandrine Mazet, ajoutait ceci, dans le désordre de la nuit : « Qu’ils aillent tous se faire tater les castaner de rugy macreux & co !!echec du rassemblement ??? échec de votre tentative de manipulation !!!VOUS NOUS AVEZ POUSSÉS DANS NOS RETRANCHEMENTS ! VOUS SEMEZ LA DISCORDE AU SEIN MÊME DU PEUPLE FRANÇAIS !VOUS ÊTES LA CAUSE DE CE RASSEMBLEMENT ! DONC DE CAUSE À EFFET VOUS ÊTES RESPONSABLES !!! ».

    • https://soundcloud.com/user-898678423/entretien-avec-deux-gilets-jaunes-bretons-pas-de-politique-ni-de-syndica

      Qui sont les anonymes qui appellent aux blocages samedi 17 novembre et se réclament du peuple ? Loin d’être limitée à la hausse du diesel, leur colère est celle d’une France moyenne, éloignée des métropoles et de la participation politique, et qui croit aux vertus révolutionnaires de Facebook. Rencontre avec deux porte-paroles bretons d’un groupe de gilets jaunes en colère.

      source : radioparleur.net 2nd lien cité par @val_k

    • https://twitter.com/LaMulatresse_/status/1064195118813650945

      Je viens de la case en dessous du prolétaire moyen,

      Le prix de l’essence nous concerne pas vu qu’on a pas de voiture, nous on se tape le bus et les trains dont tout le monde se fout totalement

      Les gilets jaunes = les gens qui nous méprisent le plus. On est des profiteurs et on vole leurs travail de merde sous payé selon eux. Donc si j’ai envie de dire que ce sont de gros beaufs racistes et sexiste personne ne m’en empêchera.

    • À la cour du président des riches, on s’interroge. Qui sont ces gueux sous nos fenêtres ? Pourquoi ces brailleries et ce grabuge alors que nous faisons tout pour leur bien ? Du côté des experts médiatiques et des voyantes ultra-lucides, on se demande quelles sont ces gens-là, des beaufs racistes et violents ou juste des ploucs avec leurs bagnoles qui puent ? Des fachos ou des fachés ? Faut-il les lécher ou les lyncher ?

      Selon les sondages, ils ont la faveur de l’opinion, donc ils ont nos faveurs [1]. Il sera toujours temps de les lâcher ; une bavure, une violence et on les repeint en rouge brun. Mais avant tout, la question est : qui est derrière ça ? Qui ? Le FBI, la Russie ? L’extrême droite ? Le lobby du pétrole ? De la bagnole ? Les Chinois qui fabriquent les gilets jaunes ?

      Et non, les amis, celui qui est derrière ça, c’est Macron lui-même, le Robin des Bois à l’envers, celui qui prend aux pauvres pour donner aux riches. C’est lui qui est à l’origine de tout ça, au départ, la violence, c’est lui. Lui et son monde. La violence de l’injustice et de l’arrogance, c’est eux. Sauf que les gueux ont fini par se lasser. Abusés, humiliés, invisibles et tondus jusqu’à l’os, la goutte d’eau a allumé l’étincelle. Alors que règnent la résignation et le repli, voilà qu’ils se lancent de partout, en jaune, depuis le plus profond du pays. Surprise générale devant ce grand cahier de doléances. Près de 300 000 ce samedi à travers l’hexagone.

      Bon mais, c’est bien joli, spontané, auto-organisé, mais sans structure organisée, vous croyez que ça peut marcher ? On sait en tout cas qu’avec les partis et les syndicats organisés, pour la loi Travail et pour les cheminots, la victoire n’a pas vraiment été au rendez-vous. Alors ? C’est vrai, pas de drapeaux rouges avec les gilets jaunes. Pas de République, ni de Bastille, on fonce tout droit sur l’Élysée en repassant par où la foule était massée lors des funérailles de Johnny. Un hasard, sans doute. Et partout, dans le pays, les ronds-points, les péages, les parkings de supermarchés. D’autres espaces, d’autres lieux de lien.

      La suite ? Un coup d’épée dans l’eau ou la prise de la Bastille ? Un défoulement sans suite ou un mouvement de fond ? Bien sûr, la droite racole à fond et l’extrême droite est à la manœuvre, normal, bien sûr la gauche doit soutenir et porter cet étonnant élan. Oui, un élan aussi étonnant, c’est pas si souvent. Samedi, vers l’Élysée, entre grenades et lacrymos, notre reporter Dillah Teibi a rencontré quelques-unes et quelques-uns de ces gueux.

      Daniel Mermet

      https://seenthis.net/messages/736858

    • Les gilets jaunes à l’épreuve des agressions racistes et homophobes

      https://rouendanslarue.net/les-gilets-jaunes-a-l-epreuve-des-agressions-racistes-et-homophobes

      L’expression terrifiante du sexisme, du racisme et de l’homophobie. Des humiliations, des agressions et parfois des lynchages d’une violence à vomir comme à Saint-Quentin où une femme a été forcée de retirer son voile, ou encore à Bourg-en-Bresse où un couple homosexuel a été attaqué. Précisons que dans le premier cas d’autres gilets jaunes ont tenté d’aider et de protéger cette femme avant d’être pris à partie à leur tour.

      Les organisateurs-administrateurs de page facebook condamnent et se désolidarisent de tels actes, à Saint-Quentin mais aussi à Cognac où c’est une femme noire qui s’est fait agresser. On peut supposer qu’ils sont réellement choqués par de tels gestes. Ils sentent bien aussi, comme beaucoup, que même si ces faits sont minoritaires et qu’ils ne sont pas publiquement assumés (au contraire, les administrateurs suppriment régulièrement les propos racistes sur les pages Facebook), ils fragilisent cette mobilisation en la montrant sous son pire aspect – dont se repaissent évidemment les médias.

      En effet, ce ne sont pas les prétendus casseurs ou les éléments extérieurs qui sont une menace pour ce mouvement. Mais tous ceux qui sont prêts à agresser d’autres personnes pour des motifs racistes, sexistes et/ou homophobes. Nous continuons de penser, avec d’autres (Nantes Révoltée, LaMeute et Dijoncter notamment) que ce mouvement mérite notre attention et que cette lutte est légitime. Les affects racistes et homophobes, s’ils sont bien présents, ne sont ni hégémoniques ni le moteur de cette colère – comme c’était le cas par exemple dans la manif pour tous. Sinon il faudrait effectivement la déserter sur le champ.

    • affordance.info : Les gilets jaunes et la plateforme bleue.
      https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/gilets-jaunes-facebook-bleu.html
      https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3a15778200d-pi

      Gilets Jaunes et plateforme bleue.

      Du point de vue qui est le mien sur ce blog, à savoir l’observation des phénomènes culturels et sociétaux liés au numérique, l’opération gilets jaunes est un exemple de plus de la manière dont Facebook en particulier, « les réseaux sociaux » et internet en général, ont « facilité l’organisation des révolutions sociales mais en ont compromis la victoire » comme l’expliquait Zeynep Tufekci il y a déjà 4 ans.

      Le journaliste Jules Darmanin a publié sur Twitter ce qui me semble être, avec celle de Zeynep ci-dessus, l’autre analyse la plus pertinente de ce mouvement de mobilisation en ligne :

      « Les gilets jaunes se sont constitués grâce aux groupes facebook, il est donc logique qu’ils finissent comme des groupes facebook : mal modérés, pourris par des éléments toxiques et remplis de gens qui ont des visions différentes pour le même groupe. »

      Gilets Jaunes et Nuit Debout.

      Cette mobilisation sans réelle revendication claire, semblant ne reposer sur aucune base syndicale ou politique, sans leader ou porte-parolat identifiable (à part Jacline Mouraud ...) est un peu à la France des déclassés ce que le mouvement Nuit Debout avait été à la France des jeunes sur-diplômés. En tout cas du point de vue de la réception médiatique et sociologique du phénomène.

      Personne n’a encore bien sûr conduit d’analyse sur la composante sociologique des gilets jaunes à l’image de ce qui avait pu être fait pour le mouvement Nuit Debout mais il apparaît clair, tant dans le traitement médiatique que dans les ressentis exprimés sur les réseaux sociaux, qu’il y a autant de « beaufs, connards, racistes » dans les gilets jaunes pour les uns qu’il pouvait y avoir de « bobos, gauchos, droitdelhommistes » dans Nuit Debout pour les autres.

    • Merci pour les liens vers l’analyse de #Olivier_Ertzscheid, @unagi, c’est une des personnes qui me fait le plus réfléchir actuellement. Un autre est #André_Gunthert, avec cette excellente analyse de l’image sociale, comme souvent, autour des dessins assez minables de #Xavier_Gorce :

      A l’instar de nombreux éditorialistes, le mouvement des gilets jaunes a inspiré à Gorce une incompréhension et une raillerie mordante. L’épithète d’« abrutis » franchit un seuil de virulence rarement observé dans la presse des classes favorisées

      Il aura suffi du soutien empressé de Marine Le Pen pour effacer la substance du symptôme manifesté par la jacquerie : celui de la paupérisation qui atteint les classes moyennes françaises comme elle a envahi celles des Etats-Unis, portée par les politiques de transfert des ressources vers les plus riches.

      Faut-il aider des pauvres de droite (selon la lecture opportunément politique de leur apolitisme) ? Allons donc ! Il suffit de les insulter.

      « On n’a pas fini de se moquer des pauvres » : http://imagesociale.fr/6717

    • J’étais en train de le lire, @unagi (càd de faire un enregistrement pour @karacole ) mais ce passage m’a vraiment fait bloquer (je mets en gras la partie) :

      L’effondrement de leur foyer, celui de leurs fins de mois, celui de leur niveau de vie, de leurs sorties au restaurant, de leurs cadeaux à leurs enfants, celui de leur quotidien à chaque fois amputé de ces quelques euros qui te maintiennent dans une forme de dignité et d’attention à l’autre et à des causes qui te dépassent, mais qui, lorsqu’ils viennent à manquer, t’enferment dans les plus grégaires de tes instincts, dans les plus vaines de tes colères .

      Je suis très mal à l’aise avec cette partie parce que je la trouve glissante : ce n’est pas perdre des euros qui te fait basculer, c’est paniquer, c’est perdre espoir, c’est se sentir menacé, mais surement pas quelques euros ou même la pauvreté, et c’est la que le glissement est dangereux, même si je ne crois pas que l’auteur pense que les pauvres ne sont pas dignes, je crois qu’il aurait été judicieux de le formuler autrement... Du coup, comme je n’ai pas pu m’empêcher de commenter, j’hésite à mettre en ligne l’enregistrement ... :/ P’t’être que je vais faire une sélection et en mettre en ligne plusieurs en même temps.

    • Gilets jaunes : Le soulèvement de la France d’en-bas
      https://lvsl.fr/gilets-jaunes-le-soulevement-de-la-france-den-bas

      Le mouvement des gilets jaunes se résumerait-il à une « grogne » des Français moyens, qui regardent Auto-Moto et Téléfoot le week-end en attendant le retour de la saison des barbecues ? C’est l’image qu’en donne la majorité des médias et des commentateurs politiques. Cette « grogne » n’est en réalité que la partie émergée d’un iceberg : celui d’une crise profonde qui fracture la société et le territoire français.

    • « Depuis samedi, nous nous sentons un peu moins seuls et un peu plus heureux »

      Avant même que nous agissions, la plupart des médias et de nombreux politiciens nous on décrit comme des gros balourds anti-écologiques qui voulaient préserver le droit à polluer tranquille. Sur quelle planète pensent-ils que nous vivons ? Contrairement à eux, nous avons les pieds sur terre. Non, nous ne réclamons pas le droit à polluer chaque jour un peu plus une planète déjà bien mal en point. Ce que nous refusons c’est ce chantage dégueulasse qui consiste à faire peser sur nos épaules la responsabilité du carnage écologique et son coût. Si la planète est dans cet état, si on n’est même pas certains que nos petits enfants y survivront, c’est pas parce que nous utilisons notre voiture pour aller au boulot mais parce que des entreprises, des dirigeants et des hommes politiques ont jugé pendant des années qu’il fallait mieux faire tourner l’économie à toute blinde plutôt que de se préoccuper des animaux qui disparaissent, de notre santé, de notre avenir.

      https://lundi.am/Depuis-samedi-nous-nous-sentons-un-peu-moins-seuls-et-un-peu-plus-heureux

    • @val_k Je comprends ton questionnement, « et à des causes qui te dépassent » est aussi sujet à interprétations. Il me semble le passage est batit sur une illusion et sur l’absence de connaissance de ce qu’est être pauvre, vraiment pauvre. Si ton enregistrement donne à débattre, ou non, je pense que c’est intéressant de le partager et que tu en exprimes les limites.

    • S’il y a plus de 300 000 fachos actifs dans l’hexagone il est grand temps de prendre son passeport et de quitter le pays. Mais tel n’est pas le cas !

      UNITÉ DE CEUX QUI COMPTENT EN CENTIMES

      CONTRE CEUX QUI COMPTENT EN MILLIARDS

      Ce qui ne passe plus c’est l’injustice, l’incohérence et l’hypocrisie.

      Car la réalité de l’année 2018 est celle-ci : Frais bancaires : +13%, Carburant : +12%, PV stationnement : +130%, Assurances : +3 à 5%, Mutuelle : +5%, Timbres poste : +10%, Carte grise : +15%, Tabac : +10%, Abonnement bus : +3%, Péage routier : +1,3%, Gaz : +7%, Forfait hospitalier : +15%, Abonnement vélib : +30%, Contrôle technique automobile : +23%, Cantine scolaire : +1 à 3%, Fioul domestique : +36%, Électricité : +17%, CSG : +21,7%....

      Quant aux retraites, c’est -1,7% et le smic : +1,2%, tandis que les salaires stagnent globalement.

      http://www.rennes-info.org/Gilets-jaunes-Syndicalement

    • Gilets jaunes : on y va ? Expansive.info
      https://expansive.info/Gilets-jaunes-on-y-va-1282

      Dresser un profil ethnique et générationnel de ce mouvement en moins d’une journée en dit long sur les capacités intellectuelles omniscientes de l’intelligenstia radicalisée pour laquelle ces initiatives sont soit directement pilotées par l’#extrême-droite, soit réactionnaires par essence donc essentiellement le terreau sur lequel l’extrême droite va se renforcer. Étant données les positions qui relèvent d’un marxisme orthodoxe éculé pour lequel le seul vrai sujet révolutionnaire est le prolétariat industriel (et la seule vraie lutte celle liée à la production ou au travail), ou pour les plus "post-modernes" le sous-prolétariat « racisé » qu’on ne cesse d’opposer aux "blancs privilégiés", il semble effectivement que ce mouvement soit du pain béni pour l’extrême droite à laquelle nous laissons, par notre mépris et distance, tout un #espace_politique à prendre.

      « Gilets jaunes », un peuple qui vient  ? Patrick Cingolani
      https://www.liberation.fr/debats/2018/11/20/gilets-jaunes-un-peuple-qui-vient_1693139

      On aura beau dénoncer la dimension d’arriération du mouvement quant à l’enjeu écologique, c’est bien l’#égalité_sociale contre l’iniquité du traitement de faveur fait aux plus riches qui est l’objet central de cette contestation.

      Gilets jaunes : des signaux alarmants, selon les renseignements, #DCRI
      http://www.leparisien.fr/economie/gilets-jaunes-des-signaux-alarmants-selon-les-renseignements-20-11-2018-7

      Radicalisation des Gilets jaunes, convergence des luttes, ou effet d’aubaine ? Observateurs et analystes peinaient à y voir clair ce mardi soir sur l’évolution de ce mouvement hétérogène et non coordonné dont chacun s’accorde sur le caractère inédit.
      Une chose est sûre : pour le ministère de l’Intérieur, le #maintien_de_l’ordre est extrêmement compliqué à organiser...

    • peut-être que ce billet de @lieuxcommuns t’as échappé @val_k

      « Gilets jaunes » : la démocratie directe en germe ?
      Le mouvement populaire en cours, qu’il le sache ou non, défie toute l’organisation de la société et récolte un mé­pris officiel à la hauteur. Le surgissement de cette colère réveille des questions enfouies depuis si longtemps que leur simple formulation effraie. Pourtant la dégradation de la situation générale est telle qu’un choix s’impose entre le chaos qui s’avance et la reconquête, lente et laborieuse, d’une souveraineté véritablement collective.

      https://seenthis.net/messages/737319
      une analyse du collectif @lieuxcommuns en + de leur impeccable #revue_de_presse


      en bonus, leblogalupus.com trouvé sur leur site.
      https://leblogalupus.com/2018/11/19/les-revoltes-du-week-end

    • "Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire »
      http://lenumerozero.lautre.net/Les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-l-histoire

      Néanmoins, ces similitudes entre des luttes sociales de différentes époques masquent de profondes différences. Je vais m’y arrêter un moment car elles permettent de comprendre ce qui fait la spécificité du mouvement des gilets jaunes. La première différence avec les « jacqueries » médiévales tient au fait que la grande majorité des individus qui ont participé aux blocages de samedi dernier ne font pas partie des milieux les plus défavorisés de la société. Ils sont issus des milieux modestes et de la petite classe moyenne qui possèdent au moins une voiture. Alors que « la grande jacquerie » de 1358 fut un sursaut désespéré des gueux sur le point de mourir de faim, dans un contexte marqué par la guerre de Cent Ans et la peste noire.

      La deuxième différence, et c’est à mes yeux la plus importante, concerne la coordination de l’action. Comment des individus parviennent-ils à se lier entre eux pour participer à une lutte collective ? Voilà une question triviale, sans doute trop banale pour que les commentateurs la prennent au sérieux. Et pourtant elle est fondamentale. A ma connaissance, personne n’a insisté sur ce qui fait réellement la nouveauté des gilets jaunes : à savoir la dimension d’emblée nationale d’un mouvement spontané. Il s’agit en effet d’une protestation qui s’est développée simultanément sur tout le territoire français (y compris les DOM-TOM), mais avec des effectifs localement très faibles. Au total, la journée d’action a réuni moins de 300 000 personnes, ce qui est un score modeste comparé aux grandes manifestations populaires. Mais ce total est la somme des milliers d’actions groupusculaires réparties sur tout le territoire.

    • Gilets jaunes. Affrontements à Langueux : la rumeur [#DCRI / Parisien Libéré, ndc] de l’ultra-gauche démentie
      https://www.letelegramme.fr/france/affrontements-a-langueux-la-rumeur-de-l-ultra-gauche-dementie-21-11-201

      Les « casseurs » langueusiens n’ont aucun lien connu ou déclaré avec l’ultra-gauche. Ils n’expriment aucune accointance politique particulière, au-delà de leur intention de se frotter au système sans ménagement. Et c’est plutôt ce caractère nouveau d’une radicalité plutôt rurale, capable de se donner des moyens d’action (barre de fer, cocktails Molotov) dans une certaine improvisation, qui a fait tiquer les services de renseignement. Leur point commun : ils ont un casier. Mais là encore, pas de quoi en faire des caïds d’habitude. En témoignent les peines dont trois d’entre eux ont écopé, ce mercredi, devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc. Quatre mois ferme sans mandat de dépôt pour l’un. Des peines de 4 et 6 mois de sursis assorties d’une obligation de travaux d’intérêt général pour les deux autres.

      #punks

    • @vanderling méfiance avec l’article de blog mediapart que tu mets en lien... L’auteur est un abonné qui squatte allègrement les commentaires de pratiquement tous les articles. C’est un obsédé, il a un problème : il voit des totalitarismes partout, jusqu’à l’hallucination, et fait des amalgames absolument infects.

      D’ailleurs si tu lis « l’article » en question, en gros c’est : je copie/colle des bouts d’articles de mediapart et j’en fait mon beurre (insinuations, inférences foireuses, etc.). Pas vraiment une référence le gars...

    • Quand les « gilets jaunes » dérapent...
      https://www.cgtdouanes.fr/actu/article/propos-sur-la-douane-des-manifestants-gilets-jaunes-a-flixecourt
      Les douaniers en colère (et on les comprends)

      Dans un post abject sur Facebook et des vidéos qui circulent sur tous les médias ce jour, des manifestants appartenant au « mouvement » des gilets jaunes se félicitent d’avoir traqué des migrants dans la cuve d’un camion. Ils s’enorgueillissent même de faire « mieux que la douane et de pouvoir (y) postuler, CV et lettre de motivation ». D’autres propos, absolument ignobles, ne peuvent être repris ici.

      Forts de leurs convictions racistes, ils ont préféré appeler la gendarmerie plutôt qu’une association d’entraide pour les secourir. Dans cette vidéo, les protagonistes appellent à « un barbecue géant ». Tout ceci rappelle de bien tristes et peu glorieux événements de notre histoire…mais c’est surtout un appel clair à la haine raciale.
      Est-ce donc de ce monde là que nous voulons ? Un monde de haine, de bêtise, d’ignorance, de division…
      N’oublions jamais que le racisme est un délit.

    • http://mondialisme.org/spip.php?article2714

      Alors que l’extrême gauche (voire au-delà) se pâme devant les « gilets jaunes » (le jaune étant pourtant traditionnellement dans le mouvement ouvrier la couleur des briseurs de grève) quelques voix isolées se dressent devant le consensus médiato-politique comme celle du site « Ligne de crêtes » en avançant des arguments solides. On peut ne pas être d’accord avec tout ce que contient l’article ci-dessous, mais approuver l’essentiel : non à l’union sacrée des autonomes radicaux à Marine Le Pen, en passant par Dupont-Aignan, Laurent Wauquiez, Mélenchon, Lutte ouvrière, le NPA, Besancenot et les Identitaires !
      Celles et ceux qui dénoncent Trump et Bolsonaro ne voient pas que ce mouvement des gilets jaunes repose sur les mêmes bases sociales hétérogènes qui les ont portés au pouvoir, la même confusion idéologique (dans laquelle se reconnaissent l’extrême droite et l’extrême gauche, cette dernière ayant abandonné toute ligne de classe), les mêmes moyens (les réseaux sociaux où les fascistes masqués pratiquent le dévervelage depuis des années), le même programme (en réalité supprimer toutes les conquêtes sociales, résultat de luttes collectives, au nom d’une prétendue critique radicale de l’Etat et de la défense des droits des contribuables), les mêmes théories du complot (Macron et les « banques ») et les mêmes pulsions nationalistes et xénophobes.

      YC, Ni patrie ni frontières, 23 novembre 2018.

      https://www.lignes-de-cretes.org/de-la-difference-entre-boucher-une-artere-et-creer-un-coeur

    • Cela fait plus d’une semaine qu’a débuté le mouvement des « gilets jaunes ». Ce mouvement social prend une ampleur et des dimensions inédites en France depuis de nombreuses années. C’est un mouvement dans lequel il semble difficile de s’impliquer pour une grande partie des militants révolutionnaires, syndicaux, de gauche, écolos… Bien qu’avec les jours qui passent de plus en plus de personnes et de groupes s’y investissent.

      Exploités énervés est jusqu’à ce jour resté muet sur le sujet. Comme tant d’autres nous avons pu être surpris, mais suffisamment curieux pour aller voir. Nous sommes allés sur différents blocages à Alès et ce que nous avons vu, c’est des travailleurs, des chômeurs, des retraités, des lycéens… qui en ont marre de voir leur conditions d’existence se dégrader quotidiennement, de n’avoir aucun contrôle sur les décisions, tandis qu’une minorité s’enrichit toujours plus.

      Il est certain que ce mouvement est traversé de contradictions. Il porte en lui les contradictions du temps présent. Nous pensons que c’est dans l’échange, dans la lutte, que les dépassements pourront se produire.

      https://exploitesenerves.noblogs.org/gilets-jaunes-mobilisation
      https://exploitesenerves.noblogs.org
      https://www.youtube.com/watch?v=gJV1gy9LUBg

    • Incursion en France jaunie où la colère est nourrie et exploitée
      Un article très bien documenté et qui devient indispensable tant le déni se développe chez les « camarades » qui préfèrent tenter le zbeul plutôt que se retenir en pariant, une fois encore, sur le moindre mal. A lire sur Le blog de Sauvergardons bocage : https://blogs.mediapart.fr/sauvergardons-bocage/blog/211118/incursion-en-france-jaunie-ou-la-colere-est-nourrie-et-exploitee

      Réseaux sociaux et médias ont boosté les « gilets jaunes » comme aucune lutte ne l’a jamais été auparavant. Un peu d’investigation révèle à quel point l’extrémisme de droite est dans la place donc ancré dans ce mouvement qu’on respecte parce qu’il porte du déclassement ou par culpabilité ? Pourquoi nous en sommes là ?

    • Classes d’encadrement et prolétaires dans le « mouvement des gilets jaunes »
      https://agitationautonome.com/2018/11/25/classes-dencadrement-et-proletaires-dans-le-mouvement-des-gilets-

      La « colère populaire » qui se fait entendre est un funambule sur une ligne de crête. Tout dépendra de l’abnégation de certains blocages à perdurer dans leur essence, c’est-à-dire une négation de la politique comme pratique collective, syndicale ou autonome, et à leur préférer une horizontalité confuse débouchant sur un commun plus populiste et nationaliste type M5S (malgré de réelles dissemblances) qu’émancipateur. Si c’est cette optique qui l’emporte, le fait d’investir ces espaces donnera à ces derniers une respectabilité déviant toute critique. Alors, le « mouvement » cherchera à se trouver des leaders, tendant la joue à toute une partie du spectre politique parlementaire. A l’inverse, si l’ensemble des franges du « mouvement social » (en particulier syndicales) tentent de mobiliser et de charpenter ce mouvement des gilets jaunes sur des bases saines (notamment antiracistes, comme certaines Union Locales et Fédérations le tentent actuellement), il est fort probable qu’il y ait un intérêt stratégique dans certains espaces pour structurer la contestation sur des bases classistes (prolétariennes).

      Il s’agira de dépasser les objectifs antifiscaux éloignés de notre camp social pour se focaliser dans un premier temps sur les attaques actuelles de la bourgeoisie contre les travailleurs. Cela signifie la grève générale comme premier moyen de lutte.

      La revendication du droit à la mobilité, telle qu’elle, reste bien entendu encore prise au piège dans les filets de la reproduction négociée du capital, et nous ne savons qu’une chose : dans la phase politique actuelle, seules deux perspectives se dégagent. Celle du fascisme, ou celle du communisme.

    • Retour sur le parcours d’un agriculteur star devenu « gilet jaune »
      https://labogue.info/spip.php?article302

      Il n’est pas question ici d’analyser le mouvement des gilets jaunes mais il nous a semblé important de pointer du doigt ceux qui veulent se réapproprier un « mouvement #citoyen » en prenant le masque de la respectabilité.

      Focalisons-nous donc sur l’un des organisateurs autoproclamés des « gilets jaunes » à #Limoges : Christohe Lechevallier.

    • « Gilets jaunes », la nouvelle Jacquerie ?
      26/11/2018
      https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/gilets-jaunes-la-nouvelle-jacquerie

      Les Gilets Jaunes, une révolte populaire ? Une jacquerie 2.0 ?

      Après un week-end de mobilisation, et alors que les blocages se poursuivent aujourd’hui dans toute la France, tentative de clarification d’un mouvement et de ses revendications, avec le grand historien de l’immigration et de la classe ouvrière Gérard Noiriel , auteur d’Une Histoire populaire de la France (Agone, 2018).

      Directeur d’études à l’EHESS, il est aussi l’auteur de Le Creuset français. Histoire de l’immigration (Seuil, 1988) et de Qu’est ce qu’une Nation ? (Bayard, 2015).

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-26.11.2018-ITEMA_21902640-1.mp3?track=false

    • La création d’une « délégation » de huit gilets jaunes a été annoncée ce matin dans un communiqué.
      https://www.liberation.fr/checknews/2018/11/26/qui-a-choisi-les-huit-porte-parole-des-gilets-jaunes-que-veulent-ils_1694

      Vu la taille du morceau, très teinté brun, j’ai fais une publication spécifique de l’analyse complète de ces profils : https://seenthis.net/messages/738886

      et sinon, @mad_meg la video marche très bien si on clique sur le lien, je sais pas pourquoi la vignette déconne... et non, justement, ça n’est pas civitas, mais juste des braves gens...

    • Des gilets jaunes à ceux qui voient rouge
      https://agitationautonome.com/2018/11/22/des-gilets-jaunes-a-ceux-qui-voient-rouge

      La diversité des gilets jaunes selon les points de mobilisation a permis à tout un chacun d’y apposer son petit drapeau idéologique en ne retenant que ce qui l’arrange. Ainsi l’Action Française, le Bastion Social (ex-GUD), le Rassemblement National, Les Républicains mais aussi la France Insoumise, divers groupes trotskistes du NPA à Lutte Ouvrière, ou même des anarchistes partis répandre la bonne parole ont tous pu prétendre à la victoire et se galvaniser de la réussite toute relative de cette journée d’actions du 17 novembre – rappelons que 250 000 manifestants dans toute la France, c’est considéré comme une défaite lors d’une mobilisation syndicale, et encore ici ils ne font même pas grève.

      Quoi qu’en disent certains manifestants isolés exprimant leur ras-le-bol de façon désordonnée à des caméras en quête de déclarations choc, le mouvement s’est construit autour d’un discours poujadiste de protestation contre « les taxes » et « les impôts » qui « étouffent le peuple », ce qui est loin d’être un combat de classe (et contrairement à ce qui est avancé, près de 70 % de la hausse du prix vient des fluctuations du cours du pétrole et non pas d’une politique délibérée de l’Etat).

    • Deux sociologues dans les beaux quartiers avec les gilets jaunes
      https://www.humanite.fr/deux-sociologues-dans-les-beaux-quartiers-avec-les-gilets-jaunes-664163

      En ce samedi 24 novembre 2018, nous partons rejoindre le mouvement des gilets jaunes pour nous faire notre propre opinion. Nous pressentons que l’instrumentalisation de l’extrême droite est une manipulation de plus pour discréditer la colère des « gueux », pour reprendre une expression souvent employée par des manifestants qui se sentent dépouillés non seulement financièrement, mais jusque dans leur humanité même. Le mépris et l’arrogance d’Emmanuel Macron reviendront plus souvent dans les témoignages que nous avons recueillis que la hausse des taxes sur le carburant. Cette hausse est en réalité le déclencheur d’une colère beaucoup plus profonde, qui réunit les hommes et les femmes dans une révolte dont ils savent parler. Ils contestent la légitimité d’Emmanuel Macron à l’Élysée, son élection n’étant que le résultat du pouvoir de l’argent sur le monde politique : « Nous ne sommes pas dans une démocratie mais dans une dictature ! » « Nous allons faire en sorte que Macron ne puisse plus se présenter comme le chef du monde libre et de la démocratie. » « Plus rien n’est cohérent, on ne peut plus faire de projets. » Quant aux violences commises, notamment sur les Champs-Élysées, elles sont « la réponse à la violence de l’oppression que nous subissons chaque jour ».

      « C’est nous qui vous engraissons »
      Les gilets jaunes choisissent de manifester dans les beaux quartiers, de façon visible, avec ce jaune fluorescent comme symbole de leur chaleureuse détermination à renverser les rapports de forces, puisque « c’est nous qui vous engraissons : rendez-nous notre pognon ! », comme ils l’ont dit aux clients du restaurant de l’Avenue, à l’angle de la rue de Marignan et de l’avenue Montaigne, juste en face de chez Dior. La préfecture de police voulait les cantonner au Champ-de-Mars, qu’ils ont boudé tout au long de la journée au bénéfice des lieux de pouvoir, le plus près possible de l’Élysée.

      Pour nous deux, la confrontation entre les gilets jaunes et les clients chics de ce restaurant cher du 8e arrondissement a constitué un moment d’observation sociologique exceptionnel. Poussés par les gaz lacrymogènes, les bombes assourdissantes et les canons à eau, nous avons fui par la rue de Marignan avec le slogan repris en chœur : « Macron démission ! » Il est aux environs de 13 heures et la terrasse du restaurant de l’Avenue est pleine à craquer d’hommes et de femmes des beaux quartiers qui portent sur leur corps et leur tenue vestimentaire la douceur et la richesse d’une vie quotidienne embaumée par les pétales de roses. Les gilets jaunes encerclent la terrasse avec leur corps malmené par des conditions de vie difficiles, et ce fameux gilet jaune, symbole du prolétariat et des gagne-petit. Il n’y aura aucune violence physique mais les paroles seront franches dans cette confrontation de classe entre les premiers et les derniers de cordée. « Profitez-en, cela ne va pas durer », « Picolez car vous n’allez pas rire longtemps ! » Les femmes minces et élégantes et leurs maris en costume croisé se lèvent peu à peu pour se réfugier à l’intérieur du restaurant, « Ah bon ! alors on vous dérange ? » demande un gilet jaune. Qu’à cela ne tienne, les manifestants se collent aux baies vitrées et poursuivent leurs invectives de classe : « L’ISF pour les bourgeois ! », « Ils sont en train de bouffer notre pognon ! » C’en est trop, les clients du restaurant ferment alors les rideaux. « Ah ! vous ne voulez plus voir les gueux ? » Ceux-ci se sont peu à peu éloignés pour manifester toujours et encore leur colère.

      Colère de classe contre assurance de classe
      Nous avons été frappés par le calme des grands bourgeois et surtout par leur détermination à déjeuner dans ce restaurant, le lieu où ils avaient décidé de retrouver leurs amis et où ils avaient réservé leur table, dans un entre-soi qu’ils savaient au fond d’eux-mêmes garanti par les forces de l’ordre. Au point même que, vers 13 h 30, quelques clients faisaient la queue à l’extérieur en attendant de pouvoir bénéficier d’une table à l’intérieur. Ils ont affiché une assurance de classe qui ne doit pas présenter de faille, tant que leur vie n’est pas en danger.

      Nous avons été surpris par la reconnaissance de notre travail sur la violence des riches : « Vous avez mis des mots sur notre souffrance et tout ce que vous dites, c’est la vérité ! », « Vous êtes vraiment nos porte-voix ! » Nous avons fait des selfies, il y a eu des embrassades amicales, nous avons échangé et longuement discuté avec les personnes qui nous ont reconnus et abordés. Avant de partir pour le salon du livre de Radio France à la Maison de la radio dans le 16e arrondissement, nous avons rencontré un militant de la fédération CGT des dockers qui leur a conseillé « de rallier les gilets jaunes pour participer à ce mouvement », en disant qu’il « fallait savoir prendre le train en marche pour l’orienter et le soutenir dans ses aspects de confrontation entre les intérêts du capital et ceux du travail ».

      Notre témoignage sûrement incomplet ne se veut pas une analyse péremptoire de ce mouvement des gilets jaunes. Il s’agit plutôt d’attirer l’attention sur les processus de stigmatisation qui ont été mis en œuvre dès le départ afin de masquer une colère de classe en casse séditieuse d’extrême droite. Lorsque nous sommes arrivés à Radio France, la fouille de nos sacs à dos a révélé la présence de nos deux gilets jaunes, dont nous avons dû nous séparer le temps de nos dédicaces mais que nous avons récupérés à la sortie. Nous avons été accueillis par de nouveaux gilets jaunes nous annonçant leur volonté de s’en prendre aux médias publics. Ils avaient le projet d’occuper le lendemain, dimanche 25 novembre, l’esplanade devant France Télévisions.

      Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

    • Une compilation d’articles pour réfléchir autour de ce mouvement populaire ambivalent et clivant.

      Est-il possible de poser un angle de lutte de classe au sein de ce mouvement ?
      Y-a-t-il possibilité de diffuser au sein de ce mouvement des problématiques autour du genre ou des questions de racisme ?
      Comment ?
      Quels avantages le camp de l’émancipation peut-il tirer de ce moment ?
      Les fachos ont-ils déjà pris le contrôle ?
      Est-il possible de les isoler politiquement au sein du mouvement ?
      Doit-on abandonner tout espoir d’influer positivement sur le cours de ce mouvement ?
      Doit-on le combattre ?
      Comment ?

      https://bourrasque-info.org/home/chroot_ml/ml-brest/ml-brest/public_html/local/cache-vignettes/L271xH200/arton1261-1f408.jpg?1543018951
      https://bourrasque-info.org/spip.php?article1261

    • LE TEXTE que j’attendais : Gilets jaunes : questions pour ceux qui cherchent des alliances : https://carbureblog.com/2018/11/27/gilets-jaunes-questions-pour-ceux-qui-cherchent-des-alliances
      Lecture audio chez @karacole : https://archive.org/details/GiletsJaunes


      Merci @arnoferrat pour le repérage !

      /.../ Et qui va sortir gagnant de cette alliance ? Est-ce que la lutte des classes, c’est seulement entre le « peuple » et le pouvoir ? Est-ce que l’interclassisme ça n’est pas aussi une lutte des classes dans leurs alliances même ? Est-ce que le problème c’est Macron ? Est-ce qu’il faut « dégager Macron » et refaire des élections ? Et dans ce cas qui sera élu à sa place ? Est-ce que les quartiers populaires ont quelque chose à y gagner ? Est-ce que la France blanche-d’en-bas a quelque chose à y gagner ? Est-ce que les plus pauvres ont quelque chose à y gagner ? Pourquoi quand les quartiers manifestent leur colère il y a couvre-feu, alors que quand la France blanche-d’en-bas le fait elle est reçue dans les ministères ? Est-ce qu’on a jamais demandé aux émeutiers de 2005 de se choisir des représentants ? Est-ce qu’il y a seulement entre les quartiers et la France blanche-d’en-bas de l’incompréhension et de vagues préjugés hérités de la colonisation ? /.../

  • « On est en train de crever… » : des manifestants tentent d’interpeller Emmanuel Macron
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15259-on-est-en-train-de-crever-des-manifestants-tentent-d-interpeller-em

    Des manifestants ont essayé de parler au chef de l’État avant son rendez-vous avec Theresa May à Albert, dans la Somme, mais ils ont été repoussés avant l’arrivée des officiels.

    Ils sont une bonne trentaine à avoir réussi à approcher la place de la mairie d’Albert (Somme), avant l’arrivée d’Emmanuel Macron et de Theresa May, vendredi 9 novembre. Aux cris de "Macron démission", ils veulent faire entendre leur détresse. "Quand je fais des courses, j’ai peur que ma carte ne passe pas, qu’elle soit refusée. Je suis veuve. On nous a piqué la demi-part des impôts. On est en train de crever !", interpelle une dame.

    Manifestants chassés

    Le président de la République n’est même pas encore arrivé que les gendarmes repoussent les manifestants. Gilet jaune sur le dos, une (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Anne Sylvestre : « “Là où j’ai peur, j’irai !”, cette devise m’a guidée », entretien avec Annick Cojean
    https://www.lemonde.fr/la-matinale/article/2018/11/11/anne-sylvestre-la-ou-j-ai-peur-j-irai-cette-devise-m-a-guidee_5381944_486676

    https://www.youtube.com/watch?v=pXIKl35aEdQ

    Je ne serais pas arrivée là si... « Le Monde » interroge une personnalité en partant d’un moment décisif de son existence. Cette semaine, l’auteure-interpète confie toutes les remarques et humiliations qu’un nez jugé trop prononcé lui attira. Mais aussi toute la force que ces critiques lui donnèrent.

    Ses Fabulettes ont marqué des générations d’enfants. Mais la chanteuse, auteure et compositrice Anne Sylvestre, qui a fêté en 2017 ses 60 ans de scène et écrit, pour les grands, plus de 400 chansons poétiques et subtiles, est assurément l’une des figures les plus marquantes de la chanson française. Elle continue d’écrire et de chanter les préoccupations de notre époque.

    Je ne serais pas arrivée là si…

    Si je n’avais pas eu ce nez !

    Ce nez ? Je ne l’avais pas remarqué. Qu’a-t-il de particulier ?

    Il n’est pas petit, comme la mode l’exigeait à l’époque où j’ai commencé à chanter, il y a soixante ans. Il était alors interdit d’avoir un grand nez et vous n’avez pas idée du nombre de fois où l’on m’a conseillé de le faire refaire, sans même penser que cela aurait pu altérer ma voix en modifiant les résonateurs. « Vous seriez tellement plus mignonne ! Pour faire des photos, ce serait tellement mieux ! » Ah lala ! ce que j’ai pu entendre ! Je débarquais dans ce milieu sans rien savoir. Juste l’envie de chanter avec ma guitare. Et c’est ce nez qui, de façon inouïe, devenait un obstacle.

    Et vous vous êtes cabrée !

    Bien sûr ! J’ai réagi. Arrêtez de me parler de mon nez ! Ça suffit ! Qu’est-ce qu’il a ? Je ne vais pas le changer ! Pas question de me modeler ! Alors on a dit que j’avais un sale caractère. Que j’étais insolente. Simplement parce que je savais ce que je voulais… et ne voulais pas. Je me souviens de deux attachés de presse dans ma première maison de disque qui ne savaient que faire de cette grande fille à cheveux longs, nez fort et jupe plissée. J’aurais préféré chanter en pantalon, mais on m’avait dit que cela ferait mauvais genre. Ils ont fait passer l’idée aux journalistes que j’avais décidément très mauvais caractère. Quand on ne rentre pas dans le cadre…

    Vous l’avez ressenti comme une humiliation ?

    Sur le moment, j’ai été très meurtrie. Vous imaginez ? Un soir, dans un cabaret où je me produisais, un homme a dit très fort à sa compagne, entre deux de mes chansons : « Avec un nez comme ça, elle pourrait jouer Cyrano. » J’ai fondu en larmes. Ce n’est qu’une anecdote. J’avais déjà un caractère assez bien trempé. Mais mon premier directeur artistique, Jacques Canetti, qui m’a donné la grande liberté de chanter ce que je voulais, m’avait lui-même dit, à l’audition : « Vous faites de belles chansons, mais vous ne serez jamais interprète. » Ce à quoi j’avais répondu : « C’est ce qu’on verra ! »

    Au lieu d’être un frein, ce nez s’est donc révélé un moteur ?

    Eh bien oui. « Ah ! vous n’aimez pas mon nez ? Eh bien, vous allez voir ! Et vous n’allez pas m’empêcher d’avancer ! » Mais ce nez est sans doute le symbole d’autre chose. D’une différence, sans doute. D’une détermination à toute épreuve. Et d’une belle insolence. Car c’en était une d’oser monter sur scène si jeune, sans se ranger aux directives des producteurs et maisons de disques, en prétendant chanter ses propres chansons. Il y avait très peu de femmes auteures-interprètes, vous savez.

    Sur scène, dans vos premiers cabarets, étiez-vous à l’aise ?

    Oh non ! J’étais terrifiée. Mes genoux flageolaient. Défendre ses propres textes, c’est exposer aux autres ses tripes et son cœur. Et, les premiers soirs, je pleurais après avoir chanté mes trois chansons en début de spectacle. Je courais m’enfermer aux toilettes, désespérée à l’idée de n’être pas à la hauteur de ceux qui chantaient après moi. Je me promettais de ne plus revenir. Et le lendemain j’étais pourtant là.

    D’où venait la flamme ?

    J’avais envie.

    De quoi ?

    De chanter devant les gens. J’avais trouvé le mode d’expression qui me convenait : l’écriture de chansons. Je ne voyais pas ce que j’aurais pu faire d’autre. Prof de latin et de littérature, puisque j’avais étudié les lettres ? Non, impossible. Ecrire des chansons était ce qui me plaisait, malgré la terreur d’affronter le public. J’ai retrouvé sur un de mes cahiers de l’époque cette phrase qui pourrait être une devise : « Là où j’ai peur, j’irai. » Tout est dit. Mais il y a eu un long décalage entre mon engagement dans ce métier et l’acceptation de l’idée que des gens puissent apprécier mes textes et m’aimer. Il m’a fallu des années pour l’admettre. Je n’y croyais pas.

    Mais vous persistiez !

    Oui. Et en 1973, alors que je chantais depuis quinze ans, que j’avais eu bien des ennuis avec des maisons de disques et que j’étais devenue productrice indépendante, j’ai écrit la chanson Me v’là. « Pour avoir mon âme et ma peau/Fallait messieurs-dames, se lever tôt/Oui j’ai la peau dure, je vais mon allure/Parfois je me hâte, mais jamais à quatre pattes/Me v’là, me v’là, me v’là. » Cela voulait dire : il va falloir compter avec moi ! Sur scène, j’en avais même durci les paroles : « Ils voulaient mon âme et ma peau, ils n’ont pas eu ma flamme les salauds… » J’avançais, malgré l’adversité. D’ailleurs j’avais une revanche à prendre.
    https://www.youtube.com/watch?v=WcMUAeTYUUY

    Sur cette enfance si singulière ?

    Oui. Ma petite enfance fut heureuse et protégée. Mais après…

    Votre père, Albert Beugras, un des bras droits de Jacques Doriot, fut un collaborationniste qui s’est enfui en Allemagne en 1944 avant d’être arrêté en 1946. Que saviez-vous pendant la guerre ?

    J’avais 6 ans en 1940, 10 ans à la libération. C’est bien jeune ! Je savais que papa partait souvent le soir, et que maman pleurait. Mais un enfant ne cherche pas à explorer là où il se doute que ça fait mal. Et j’avais eu le temps d’aimer mon père avant qu’il ne disparaisse… Quand il est parti en Allemagne, une nuit, il a emmené mon frère Jean, qui avait 18 ans, parce qu’il avait peur qu’il paye pour lui. Nous, c’est-à-dire ma mère, ma petite sœur, mon autre frère, Paul, et moi, on est allés se cacher à Suresnes, dans le petit appartement de ma tante, abandonnant le nôtre et tout ce qu’il y avait dedans. Et puis on a appris que mon frère était mort dans un bombardement allié et que mon père était arrêté et emprisonné à Fresnes.

    Qu’avez-vous su de son procès, en 1948 ?

    Maman a voulu que j’y assiste. Et j’ai vu quelqu’un pointer mon père du doigt en disant : « Cet homme mérite la mort. Cent fois la mort. » A l’école, les élèves m’ont mise en quarantaine. Leurs parents leur ont interdit de me fréquenter. Alors, voyez-vous, dans cette histoire de nez – que j’ai d’ailleurs hérité de mon père – et cette volonté de revanche, il y a une résurgence de ce que j’ai pu éprouver à l’époque : « O.K., mon père est un traître. Mais je vous emmerde et je serai Prix d’excellence. » Et j’ai été Prix d’excellence.

    Mais que compreniez-vous, à l’époque, de la situation ?

    Je suis allée voir mon père en prison chaque semaine, pendant dix ans. Il écrivait des lettres. Mais je ne lui ai pas posé la moindre question. C’était déjà assez difficile… Je me souviens qu’un jour tous les enfants de notre quartier, à Suresnes, sont descendus au bois de Boulogne voir les soldats américains qui y avaient établi leur campement. Ils ont emmené la petite que j’étais alors. Tous les gosses étaient excités parce que les Américains distribuaient bonbons, chewing-gums, chocolats. Mais moi, j’ai refusé.

    Pourquoi ?

    Je n’y avais pas droit.

    Vous aviez de vous-même intégré cette idée ?

    Oui. J’avais grandi du mauvais côté. Et même le chagrin que j’éprouvais pour la perte de mon frère aîné, qui était mon dieu, semblait illégitime. Mais j’ai eu la chance d’être protégée de façon magnifique par des gens du quartier, comme par la directrice de mon école de dominicaines, qui était une sœur du Colonel Rémy, grand résistant, et qui elle-même avait été déportée.

    Lorsque votre père est rentré, avez-vous pu avoir de vraies conversations ?

    Non. Je n’ai pas davantage posé de questions. Je n’ai pas osé. Je commençais déjà à chanter et il est très vite venu me voir et me soutenir. D’ailleurs, un soir, au cabaret La Colombe, où m’avait introduite un copain de l’école de voile des Glénans, il a tout de suite bondi lorsque quelqu’un a fait une énième réflexion sur mon nez : « Il ne vous plaît pas, le nez de ma fille ? »

    Mais dans le métier vous gardiez le secret de votre identité ?

    Oui. C’était mon secret honteux. Et je vivais dans la crainte d’être démasquée. Quelle panique lorsque ma jeune sœur, Marie Chaix, a sorti un livre racontant son histoire en 1974 ! « Surtout ne dis pas que nous sommes sœurs », l’ai-je suppliée. Mais ça n’a bien sûr tenu qu’un temps. Et le moment de la révélation fut très très dur à encaisser. Ceux qui m’ont le plus soutenue furent mes amis juifs.

    En 1994, c’est pourtant vous qui prenez la plume pour évoquer l’amour impossible entre « Roméo et Judith », séparés par l’histoire opposée de leurs familles, l’une bourreau et l’autre persécutée.

    Je m’exprimais par la voix de Roméo : « J’ai souffert du mauvais côté/dans mon enfance dévastée (…) Sur moi la honte s’accumule/Le sang que je porte me brûle/Je ne peux me l’ôter du corps. » Bien sûr que l’histoire de ce père collabo me poursuit. Le sentiment de culpabilité ne s’efface pas ainsi. Un soir, lors d’un dîner, des amis juifs ont évoqué devant moi le grenier où ils s’étaient cachés, enfants, pendant l’Occupation. Je me suis sentie oppressée. Je suis vite rentrée chez moi. Il fallait que j’en parle. Je n’avais pas le choix. Et j’ai écrit Le P’tit Grenier. « Vous y grimpiez par une échelle/qu’on installait dans l’escalier/finis tous vos jeux de marelle/et vos parties de chat perché… » Le refrain était : « Moi, j’ai le cœur tout barbouillé quand vous parlez du p’tit grenier. » Vous n’imaginez pas la tension et l’émotion lorsque je l’ai chantée sur scène. C’était fou.

    https://www.youtube.com/watch?v=lojY3aUSX7g

    https://www.youtube.com/watch?v=IpvAlgP7hTU

    Vous avez écrit plus de 400 chansons, abordé tous les thèmes, raconté des dizaines d’histoires. Quels étaient vos sujets principaux d’inspiration ?

    La vie, les gens, l’amour, la maternité si essentielle pour moi, les tempêtes du cœur, la déshumanisation de la société, un mari parti à la guerre en Algérie, l’histoire d’amour tragique de Gabrielle Russier, les enfants qui nous pompent l’énergie, le désastre de l’Amoco-Cadiz, la beauté des cathédrales… J’ai beaucoup parlé de la situation des femmes parce que je connaissais bien le sujet. Et il y avait une sorte de désert puisque les paroliers étaient quasiment tous des hommes. J’ai eu l’instinct de combler le manque. Et puis cela me rendait furieuse de voir des vieux birbes parler par exemple du ventre des femmes ! C’est ainsi que j’ai écrit la chanson Non, tu n’as pas de nom sur le libre choix d’avorter ou pas.
    https://www.youtube.com/watch?v=e2cN4Us0GVk

    C’était audacieux. L’avortement était alors interdit.

    Je n’ai jamais été inquiétée, ni même interrompue. Je la chantais sur scène les yeux fermés. Mais, bien sûr, la chanson ne passait pas à la radio. Gisèle Halimi, plus tard, demandera à ce qu’on la diffuse lorsqu’elle était interviewée sur le sujet.

    Les mouvements féministes vous soutenaient-ils ?

    Il y avait beaucoup de sympathie, mais je n’ai jamais fait partie de groupes ou de mouvements. Je n’aime pas les défilés ni les manifestations. Ce n’est pas pour moi. En Mai 68, je suis partie à la campagne avec mes filles. Mon histoire personnelle faisait que je ne me sentais aucun droit de m’engager politiquement. Encore aujourd’hui je ressens un malaise lorsqu’on me demande de signer une pétition. J’avais compris, enfant, que la politique signifiait brûlure et je faisais un blocage. J’étais donc isolée, écrivant des chansons engagées et féministes comme Monsieur Jourdain écrivait de la prose. Sans le savoir. Mais s’il est une étiquette que je ne renierai jamais, c’est pourtant bien celle-là, même si elle m’a nui dans les médias, où le fait d’être taxée de « féministe de service », c’est-à-dire d’emmerdeuse, vous barrait les antennes.

    Le mouvement #metoo n’a-t-il pas inversé la situation ?

    Le flambeau a bien été repris. Il a sauté une génération. Mais comme cela a pris du temps ! Vous souvenez-vous de cette chanson que j’avais écrite après l’affaire DSK en réaction au fameux « Y a pas mort d’homme » de Jack Lang ? Elle s’appelait Juste une femme et fustigeait ce « petit monsieur, petit costard, petite bedaine, petite saleté dans le regard » qui ne voyait pas ce qu’il y avait de mal à « saloper » ou à « bafouer » une femme.

    https://www.youtube.com/watch?v=axgfSiobqn4

    A quoi sert une chanson ?

    Principalement à consoler les gens. A leur dire : vous n’êtes pas tout seuls. Je suis une sorte d’écrivain public. A moi de trouver les mots pour exprimer les troubles, peurs, douleurs, bonheurs, sentiments des autres. Mais comme c’est dur d’écrire !

    « Ecrire pour ne pas mourir », n’est-ce pas le titre d’une de vos plus belles chansons ?

    Figurez-vous qu’un jour, alors que je la chantais à La Cigale, j’ai eu un trou de mémoire extraordinaire. La phrase commençait par : « Que j’aie pris ma revanche ou bien trouvé refuge/Dans mes chansons, j’ai toujours voulu… » Et je me suis arrêtée net. J’ai voulu quoi, déjà ? Je n’en avais aucune idée. La salle a ri. Et, dans le public, quelqu’un m’a soufflé : « Exister ! » Oui, c’était bien cela. J’ai toujours voulu exister.

    https://www.youtube.com/watch?v=w7lHXwW2zOc

    #chanson #féminisme

  • La légitime défense, une « arme au service des dominants »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/071118/la-legitime-defense-une-arme-au-service-des-dominants

    Dans Légitime défense. Homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières (CNRS éditions, septembre 2018), Vanessa Codaccioni retrace l’évolution de cette notion, montrant comment l’État français a réussi, par une politique volontariste, à faire diminuer depuis les années 1990 ces homicides en légitime défense. L’historienne met également en garde contre la tentation, sur le modèle du Canada, d’étendre cette notion aux femmes battues qui tuent leur compagnon. Entretien.

    Vous décrivez un véritable Far West français dans les années 1980-1990. Comment expliquer cette multiplication des homicides présentés en légitime défense ?

    Vanessa Codaccioni : Il y a plusieurs raisons. La politisation de l’insécurité par le gouvernement, les médias ainsi que le marché de l’autodéfense va se conjuguer à la hausse des atteintes aux biens, qui débute dans les années 1950. Dans les années 1970, on atteint un pic de vols et cambriolages. De cette utilisation des chiffres du crime et de la peur du crime résulte une augmentation du sentiment d’insécurité de la population.

    Il y a une popularisation de la notion de légitime défense, qui était tombée en désuétude. Dans les archives du magistrat Étienne Bloch, fondateur du Syndicat de la magistrature, j’ai trouvé une petite note qui disait : « On ne parlait plus de la légitime défense et aujourd’hui on ne parle que de ça. » En 1978, une association nommée Légitime défense va médiatiser ce sujet, en appelant les citoyens à s’armer contre les délinquants, les voleurs, à leur tirer dessus, en leur promettant l’acquittement. Cette association fait croire qu’existe un droit à la légitime défense, ce qui est faux, et qu’en plus, il y a une impunité à tuer un supposé cambrioleur.

    Pourquoi la légitime défense n’est-elle pas un droit ?

    Historiquement, elle a toujours été considérée comme un droit. Si vous êtes attaqué, vous vous défendez, vous pouvez même tuer pour protéger votre vie. C’est un droit à l’autoconservation. Mais au Moyen Âge, une rupture se produit : on considère que ces actes de légitime défense sont assimilables à une forme de justice privée. Or la construction de l’État et d’une justice publique suppose l’éradication de cette justice privée. Les actes de légitime défense deviennent un crime excusé. Les juges vont vérifier qu’il y a bien eu légitime défense.

    C’est aussi un moyen pour le roi de disciplinariser les nobles. À partir du XVIe siècle, si un noble tue et se déclare en état de légitime défense, il doit demander le pardon du roi et des juges dans une cérémonie où il se met à genoux. On passe ainsi d’un droit à un crime excusable. Dans le premier code pénal de 1810, la légitime défense devient une cause d’irresponsabilité pénale, comme la folie. Si vous êtes reconnu en état de légitime défense, vous n’êtes pas jugé, vous êtes libre et n’allez même pas en prison.

    Un personnage relie votre précédent travail sur la justice d’exception et ce livre sur la légitime défense : François Romerio, ex-président de la Cour de sûreté de l’État et créateur de l’association Légitime défense.

    C’est un personnage incroyable. François Romerio est un juge de l’exception : un juge qui a toujours exercé des fonctions d’exception ou qui a toujours recherché la proximité avec les politiques. Cet ancien juge colonial a exercé en Indochine, où il mettait en œuvre une justice coloniale. Il était donc déjà habitué à des pratiques arbitraires. Il a été président des assises, puis de la Cour de sûreté de l’État de 1965 à 1975. Pendant dix ans, il a jugé les ennemis politiques : l’OAS [Organisation armée secrète], les manifestants de mai 1968, les maos de la Gauche prolétarienne, les premiers indépendantistes corses, basques, bretons. Et dans ses mémoires, François Romerio fait une distinction très claire entre les ennemis politiques et les droits-communs, pour lesquels il a une véritable aversion. Ce qui va se manifester dans la création de l’association Légitime défense, clairement dirigée contre ce qu’il appelle la « racaille » et la « vermine ».

    À la Cour de sûreté de l’État, avait-il une pratique aussi sévère ?

    Non, au contraire, il avait presque une forme d’admiration pour les ennemis politiques déférés devant ce tribunal d’exception [créé en 1963 et dissous en 1981 – ndlr]. Par exemple, il leur permettait de parler pendant des heures. Il acceptait que des militants du FLNC fassent de longues déclarations politiques. Les journalistes n’avaient jamais vu ça. En revanche, après son départ à la retraite, son discours devient extrêmement répressif. Il diffuse une idéologie sécuritaire très conservatrice. Il a un discours d’animalisation du délinquant : c’est un loup, c’est un chien, une bête sauvage. Et si c’est une bête, ce n’est donc pas un homme, on peut le tuer. Son discours est presque d’eugénisme : le délinquant ronge la société française. Il faut assainir la société, presque dans une perspective évolutionniste.

    Et, chose importante, François Romerio considérait que le délinquant n’est pas récupérable. Pour la droite et l’extrême droite, la criminalité ne peut s’expliquer par des facteurs sociaux – enfance difficile, parcours scolaire difficile, précarité – mais uniquement par l’égoïsme. C’est pour cela qu’il existe toujours un lien entre la légitime défense et la peine de mort. Vu que les délinquants ne sont pas récupérables, il faut les tuer par la peine de mort ou par la légitime défense. Quand on a commencé à évoquer l’abolition de la peine de mort, à la fin des années 1970, François Romerio a prévenu qu’il resterait la légitime défense, perçue comme un palliatif à cette abolition.

    Comment ce Far West se traduit-il dans les faits ?

    Entre 1978 et 1980, uniquement en termes de crimes sécuritaires, il y a 41 cambrioleurs ou voleurs supposés qui périssent dans le cadre de la légitime défense en France. La plupart sont des faux cas de légitime défense.

    Outre ces crimes sécuritaires, parmi les nombreux cas présentés comme des « affaires de légitime défense » par la presse, beaucoup sont en réalité, selon vous, des bavures policières et des « crimes racistes ». Comment l’expliquez-vous ?

    L’association Légitime défense naît d’un comité de soutien au brigadier de police Marchaudon qui, en 1977, a vidé son chargeur sur un jeune Algérien de 21 ans, Mustapha Boukhezer, qui rôdait autour d’un bureau de poste. En 1974, ce brigadier avait déjà tué un jeune Algérien de trois balles dans le dos, au métro Anvers. C’est un récidiviste.

    À partir des années 1970, les affaires de bavure policière sont beaucoup plus médiatisées. Les policiers ont toujours beaucoup tué, mais on parlait finalement peu de ces homicides. Pensez au silence qui a entouré le 17 octobre 1961. Mon hypothèse est qu’on en parle davantage parce que ces affaires sont dites « en légitime défense », qui est alors un sujet d’actualité.

    L’un des cas les plus connus est celui, en 1972, de Mohamed Diab, un chauffeur de poids lourd algérien tué d’une rafale de pistolet-mitrailleur par un sous-brigadier, au prétexte qu’il se serait rebellé dans le commissariat. Sauf que le sous-brigadier a dit, avant de le mitrailler : « Oui, je te tue, sale race, je te tue. » Le sous-brigadier ne sera jamais jugé, il bénéficiera d’une ordonnance de non-lieu. Il y a quelques rares procès de policiers, qui sont pour la plupart acquittés.

    Puis, parmi les homicides dits en légitime défense, il y a ce que j’appelle les homicides querelleurs. Ce sont des hommes qui se disputent, le beau-père et son ex-beau-fils, deux personnes en conflit dans une petite ville, et ça finit mal. Enfin, il y a énormément de crimes racistes qui sont justifiés par la légitime défense à partir de la fin des années 1970.

    Pour comprendre la légitime défense, vous vous intéressez au profil tant des auteurs que des victimes. Quel est-il ?

    Ceux qui tuent en état de légitime défense sont toujours des hommes. De 1978 au milieu des années 1990, il n’y a qu’un seul cas de femme, c’est l’affaire de la boulangère de Reims qui, en 1989, tue d’une balle dans la tête Ali Rafa parce qu’il aurait voulu voler des pains au chocolat. Le phénomène des femmes battues qui retournent la violence contre leur conjoint, à l’image de Jacqueline Sauvage, est extrêmement récent.

    Mon point de départ est de vouloir déconstruire cette idée selon laquelle la légitime défense est une arme pour les plus faibles. C’est le discours tenu historiquement par les juristes, les hommes politiques, les criminologues. Or, quand on regarde qui tue et qui est tué, on voit très bien que c’est l’inverse. La légitime défense est une arme au service des dominants, c’est-à-dire ceux qui ont toujours monopolisé la violence. Ce n’est qu’une disposition de plus qui permet aux détenteurs du monopole de la violence de tuer presque en impunité : des hommes qui ont des armes, des chasseurs, des policiers, des vigiles.

    Toujours des hommes d’âge mûr, blancs, qui exercent des professions qui peuvent leur attirer de la sympathie – commerçants, artisans, garagistes – ou dites respectables comme les policiers, les vigiles. Ce profil d’honnêtes gens leur sert au moment du procès. Ces hommes n’étaient pas prédestinés à tuer. Alors, s’ils sont des honnêtes gens, ce sont les personnes en face qui n’étaient pas des gens respectables. Cela joue en miroir contre ceux qui sont tués.

    Qui sont-ils ?

    Ce sont plutôt des jeunes en situation d’exclusion sociale, soit au chômage, soit exerçant des petits boulots précaires, souvent vivant en banlieue et souvent racisés, noirs ou arabes. Dans la période 1978-1990 sur laquelle j’ai travaillé, ce sont souvent des jeunes de banlieue issus de l’immigration maghrébine. La moyenne d’âge est de 22 ans. Certains sont très jeunes. Ce sont des « délinquants », des « racailles », donc, dans cette façon de penser, ils sont tuables, quel que soit leur âge. Il y a presque deux idéotypes opposés : les honnêtes gens ou les bons flics, et la racaille. Souvent, les personnes tuées avaient un passé de délinquance, étaient connues des services de police ou avaient un casier judiciaire. Et ça va justifier leur mort.

    De façon étonnante, vous racontez que l’association Légitime défense va militer pour faire passer ces procès du tribunal correctionnel aux assises.

    Les affaires de légitime défense sont des procès qui vont toujours être politisés. Il y a toujours un enjeu politique derrière : le droit de posséder des armes, de défendre sa vie, ses biens, son commerce, etc. Les affaires de légitime défense ont toujours été jugées au tribunal correctionnel, qu’il s’agisse de policiers ou de citoyens. Mais ce n’est pas la bonne juridiction pour politiser la légitime défense, car c’est un petit tribunal, qui ne permet pas de faire des grandes plaidoiries politiques, des grands défilés de témoins. Et les magistrats professionnels du tribunal correctionnel sont plutôt sévères envers les auteurs de légitime défense. Ils condamnent souvent symboliquement à du sursis ou à une peine d’amende pour signifier qu’il y a eu mort d’homme.

    Or le fait qu’un auteur d’homicide dit défensif soit condamné, même à du sursis, est inacceptable pour les avocats de Légitime défense. Ils vont demander que leurs clients soient passibles des assises, ce qui est du jamais-vu : des avocats qui demandent à aggraver la situation pénale de leurs clients. Ils disent : ce n’est pas un homicide involontaire puisque mon client avait vraiment l’intention de tirer sur cette personne. C’est très risqué, car les peines en cour d’assises peuvent être beaucoup plus lourdes. Mais c’est une stratégie payante : les jurys vont acquitter très majoritairement les tireurs.

    Au début des années 1980, l’État veut être de plus en plus sévère contre les auteurs de légitime défense en les traduisant devant les cours d’assises. Deux camps opposés, qui réclament l’un la limitation de la légitime défense, l’autre son extension, vont se retrouver sur la juridiction où les tireurs doivent être jugés, la cour d’assises.

    Comment les cours d’assises traitent-elles ces homicides ?

    Ma thèse est que la légitime défense impose aux jurés d’assises une problématique particulière. On passe de la question habituelle : « L’accusé est-il coupable ou innocent ? », à une autre question : « L’accusé a-t-il tiré en état de légitime défense ? ». Ce qui modifie complètement les questions des juges, la plaidoirie des avocats, la perception des jurés.

    Le juré d’assises va toujours s’identifier avec celui qui a tiré parce qu’il y a des proximités en termes de classe sociale et de vision du monde. Les jurés d’assises ont toujours été très sévères envers les atteintes aux biens. Dans une société où on martèle qu’il y a de l’insécurité, les jurés ont tendance à acquitter celui qui a tiré sur un voleur supposé, aperçu sur un toit, en train de s’enfuir dans leur jardin.

    Il y a cette croyance qu’on peut défendre ses biens par les armes, alors qu’en France l’atteinte aux biens a toujours été exclue des crimes de sang. On peut être excusé si on tue en état de légitime défense, quand on protège sa vie, mais pas quand on protège un bien, sauf si on entre chez vous la nuit ou qu’on essaie de vous voler avec une extrême violence.

    Le profil de la victime semble également déterminant. Qu’attend-on d’une bonne victime ?

    Les jurys d’assises ne jugent pas tant celui qui a tiré que celui qui a été tué. C’est le mort qui est en procès : avait-il une bonne vie ? Était-il un délinquant ? Était-il en train de commettre un crime ou un délit ? Dans ces procès, on assiste à une criminalisation post mortem de la personne tuée. Cela débouche souvent sur deux affirmations : soit « il l’a bien mérité », soit « il est responsable de son propre décès », s’il commettait un délit au moment où il a été tué. Par exemple, quand un voleur est tué, les avocats du tireur diront que ce sont les risques du métier.

    Les bonnes victimes de la légitime défense sont très rares. Il n’y a que trois configurations où les tireurs sont condamnés et où la famille de la victime peut obtenir justice. Premier cas, les jurés ne peuvent vraiment pas croire que la personne était en état de légitime défense parce qu’elle a inventé une menace ou a maquillé la scène du crime. Les jurés ne peuvent alors pas croire à sa peur.

    Deuxième cas, lorsque le tireur a un rapport problématique aux armes, est un fanatique des armes. C’est le cas du gardien de supermarché qui a tué Moussa Mezzogh, qui venait de dérober des blousons. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis. La police avait trouvé chez lui un arsenal.

    Le troisième cas, c’est lorsque le racisme est reconnu comme le mobile unique. Dans les crimes racistes, pour que la question du racisme apparaisse lors des audiences, il faut qu’il n’existe aucune autre possibilité. Pour que la thématique du racisme apparaisse, il faut que la personne tuée soit « blanche comme neige », si je peux me permettre l’expression : qu’elle n’ait aucun passé délinquant et ne fasse absolument rien au moment où elle est tuée.

    Les médias ont un rôle très important, car ils participent à l’idéologie de l’insécurité en mettant l’accent sur les faits divers. Et ils ont tendance à participer à la criminalisation post mortem de la victime. Soit ils ne parlent pas de la personne tuée, qui est invisibilisée, soit ils insistent sur sa mauvaise conduite.

    Aujourd’hui, hors quelques cas médiatisés comme celui du bijoutier de Nice, en 2013, les homicides en légitime défense ont diminué. Comment l’expliquer ?

    Il y a effectivement de moins en moins de cas de légitime défense mortels. Entre 2015 et 2017, il y a eu une cinquantaine de cas où l’argument de la légitime défense est avancé au procès, dont moins d’une dizaine mortels. Donc, moins de dix cas mortels en deux ans contre quarante cas mortels juste pour des cambriolages ou des vols en 1978 et 1980.

    Cela rentre dans un processus plus général de pacification des mœurs, mais aussi dans une politique volontariste de l’État français pour réduire la légitime défense. Il limite les ventes d’armes d’autodéfense les plus utilisées, notamment la carabine 22 long rifle. Dans les années 1980, on achetait ces armes à la FNAC, au BHV, sur catalogue à La Redoute, etc.

    Mais l’État ne pourra jamais limiter l’une des principales armes de légitime défense : le fusil de chasse. Les cas récents montrent que c’est ce fusil de chasse qui est utilisé dans les affaires mortelles dites de légitime défense.

    À partir de 1994, il inclut dans le code pénal des critères, issus de la jurisprudence, qui encadrent la légitime défense : l’immédiateté, la simultanéité, la proportionnalité et la nécessité d’avoir une menace réelle et non imaginaire. Et l’État impose ce qu’est une bonne autodéfense : appeler la police, ne pas garder d’argent chez soi, s’assurer contre le vol, ne pas ouvrir quand on frappe, être très méfiant. L’État français construit un sujet résilient, acteur de sa propre sécurité, qui développe des sentiments de suspicion envers autrui mais qui a confiance envers la police.

    Reste l’exception policière : les policiers ont eux, au contraire, connu ces deux dernières années une extension du champ de la légitime défense, au nom de la menace terroriste.

    La légitime défense policière s’analyse comme un dispositif d’exception qui, après les attentats du 13 novembre 2015 et après l’état d’urgence, est devenu permanent. J’ai découvert que la France avait déjà étendu la légitime défense pour les policiers à deux reprises, sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, en leur permettant d’utiliser plus facilement leurs armes. Ce sont les moments les plus répressifs de notre histoire récente, où on a inventé le plus de dispositifs d’exception et dans lesquels on va puiser des mesures aujourd’hui, dans le cadre de la lutte antiterroriste.
    Sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, on avait déjà aligné la légitime défense policière sur les règles d’ouverture du feu militaires, dans un cas, pour abattre plus facilement des résistants, dans l’autre, pour abattre des indépendantistes ou leurs soutiens. Mais après Vichy et après la guerre d’Algérie, on avait refermé cette parenthèse. La légitime défense policière était redevenue ordinaire.

    Après les attentats, au contraire, on a étendu par deux lois, en 2016 et 2017, la possibilité pour les policiers de tirer. C’était une très vieille revendication, à la fois des syndicats de policiers et de la droite et de l’extrême droite, au moins depuis le début des années 1980. Et tous les chefs d’État, gouvernements, tous les ministres de l’intérieur s’y étaient toujours opposés. Même Charles Pasqua, connu pour avoir couvert de graves bavures policières, était contre, car il disait que c’était trop dangereux. En 2015, dans le contexte traumatique post 13-Novembre et de l’état d’urgence où l’État a beaucoup demandé aux policiers, il a accédé à leurs revendications.

    Cela a-t-il eu un impact sur le nombre de personnes tuées par la police ?

    Je ne crois pas. Il y a eu 14 morts l’an dernier, or on sait que la police a tué plus de 450 personnes en 40 ans [de juillet 2017 à mai 2018, 14 personnes ont été tuées lors d’opérations policières, selon un recensement inédit de l’IGPN, qui ne comptabilisait pas ces morts auparavant – ndlr]. En revanche, il y a une augmentation exponentielle du nombre de tirs policiers. En 2017, la police a tiré 394 fois, soit une augmentation de 54,5 % par rapport à 2016. Il va falloir observer les effets de ces lois sur le temps long.

    Après les attentats à Londres de 2005, les officiers de Scotland Yard ont adopté la théorie du shooting to kill, qui vise à abattre le plus rapidement possible un potentiel terroriste avant qu’il ne déclenche une possible ceinture d’explosifs. Quelques semaines après l’adoption de cette doctrine, en juillet 2005, un électricien brésilien, Jean Charles de Menezes, a été tué de sept balles dans la tête, dans le métro londonien, par deux policiers qui l’avaient pris pour un suspect pakistanais. Cela a été considéré comme une affaire de légitime défense.

    Une nouvelle problématique s’est mise en place, qui est celle du « faire mourir le terrorisme ». Michel Foucault parlait des techniques du « faire mourir » et du « laisser vivre ». Aujourd’hui, il me semble que nous sommes dans une réflexion sur le « faire mourir les terroristes ». Comment les tuer ? À quel moment ? Cela répond à la militarisation de la police, qui fait suite à cette expression entendue partout après le 11 septembre 2001 : « On est en guerre. » Si nous sommes en guerre, alors la police doit pouvoir tuer, comme l’armée, et avoir une possibilité de tir plus étendue sans être inquiétée par la justice.

    Et chez nos voisins européens, comment cette législation sur la légitime défense évolue-t-elle ?

    C’est assez inquiétant. Nos voisins européens sont dans une démarche totalement différente de la nôtre sur la légitime défense citoyenne. Au début des années 2000, le Royaume-Uni a par exemple entamé une réflexion sur la possibilité d’étendre la légitime défense pour les particuliers, notamment quand il s’agit de cambriolage. En 2008, une loi a mis en place la légitime défense subjective, qui a toujours été refusée en France. C’est considérer que quelqu’un qui croyait honnêtement être en légitime défense ne sera pas inquiété par la justice. Celle-ci s’applique aussi aux policiers.

    Le pire à venir est en Italie. La Ligue du Nord a fait de la légitime défense un enjeu central de ses campagnes en politisant les affaires de vols, de cambriolages. En 2015, elle a réussi à la faire étendre. Et le ministre de l’intérieur Matteo Salvini, qui porte des tee-shirts en faveur de la légitime défense [comme ici, en mai 2017 – ndlr], défend des propositions de loi pour aller plus loin. Ce qui est très préoccupant, car il y a énormément d’armes en circulation en Italie, avec un fort lobby des armes. Et ce n’est pas un hasard si, depuis quelques mois, on assiste à une multiplication des fusillades racistes visant des Noirs.

    Sans parler de la République tchèque, qui dit qu’il faut s’armer contre les terroristes islamistes. Avec notre État centralisé très fort qui veut centraliser la violence, nous sommes un peu une exception par rapport à nos voisins.

    Aujourd’hui, certaines féministes revendiquent une extension de la légitime défense aux femmes battues, comme c’est déjà le cas au Canada, au vu notamment du cas de Jacqueline Sauvage, condamnée pour le meurtre de son mari. Cela vous semble-t-il souhaitable ?

    En France, les femmes battues ne sont jamais reconnues en état de légitime défense, car deux critères leur font défaut quand elles tirent. Celui de la simultanéité : il faut que la femme tue son compagnon violent au moment même où elle est battue, ce qui est extrêmement rare. C’était le cas d’Alexandra Lange qui, en 2009, a poignardé son mari au moment où il l’étranglait. Elle a été acquittée en avril 2012. Mais souvent, les femmes les tuent après la séquence de violence conjugale, soit d’une balle dans le dos, soit dans leur sommeil. Et il y a celui de la proportionnalité : peut-on tirer sur quelqu’un qui vous a donné une gifle ?

    Le cas le plus ahurissant est celui de Fatiha Taoui, condamnée en mars 2018 à cinq ans de réclusion criminelle, dont trois ferme, aux assises de la Haute-Vienne. Elle a été battue pendant plusieurs années, son mari avait été condamné trois fois pour violences conjugales et harcèlement, il avait des injonctions à ne pas s’approcher du domicile. Il défonçait sa porte à coups de hache, il la menaçait de mort, elle et ses enfants. Un soir, il est arrivé avec un fusil de chasse chez elle et elle l’a tué. Les juges ont trouvé son discours incohérent, car elle a affirmé l’avoir abattu dans un corps à corps, alors qu’elle a utilisé un fusil long. C’est représentatif, car les femmes qui tuent leur conjoint ne sont quasiment jamais reconnues en état de légitime défense.

    Au Canada, en 1990, une législation a créé la légitime défense différée. Elle supprime ce critère de simultanéité. Un expert décide si la femme qui a tué est atteinte d’un syndrome de la femme battue (SFB). Ce qui est une manière aussi de pathologiser ces femmes, mais cela leur permet de pouvoir mobiliser la légitime défense comme les hommes. On considère qu’elles ont tellement été battues qu’elles ne sont plus en état de décider si c’est bien ou mal au moment où elles tirent.

    Est-ce transposable en France ?

    Je suis réservée parce que la légitime défense a été faite pour les hommes, ceux qui disposent des armes, qui monopolisent la violence, qui vont à la chasse, qui sont inscrits dans un club de sport de tir. Ne faut-il pas laisser la légitime défense aux hommes et imaginer autre chose ?

    En tout cas, il faut être extrêmement prudent dès qu’on parle d’extension de la légitime défense, pour deux raisons. En Angleterre, on a étendu la légitime défense citoyenne. Immédiatement, ça s’est appliqué aux policiers. En 2014, Christian Estrosi (LR) et Éric Ciotti (LR) avaient déposé une proposition de loi pour étendre la légitime défense pour les commerçants. Ils ont justifié cette extension en prenant l’exemple des femmes battues au Canada ! C’est-à-dire que les causes féministes peuvent être utilisées pour justifier la légitime défense des dominants et des hommes.

  • Neymar touche une prime mensuelle de 375.000 euros au PSG pour applaudir ses supporters
    https://www.lesoir.be/189024/article/2018-11-08/neymar-touche-une-prime-mensuelle-de-375000-euros-au-psg-pour-applaudir-ses

    On y apprend qu’au PSG, les joueurs reçoivent des bonus financiers pour différentes raisons, dont une qui interpelle particulièrement. Les Parisiens touchent en effet entre 33.000 et 375.000 euros de prime mensuelle s’ils saluent et remercient leurs supporters avant et après les rencontres du club. C’est évidemment le Brésilien Neymar, la star de cette équipe, qui toucherait le plus gros montant.

    Ça me ferait un peu chier, mais si c’est bien payé, moi aussi je peux aller saluer et remercier les supporters.

  • L’ONF utilise-t-il illégalement du glyphosate en forêt domaniale de Saint-Gobain dans l’Aisne ? Célia Mascre - 3 Novembre 2018 - France 3 Régions
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/aisne/laon/onf-utilise-t-elle-illegalement-du-glyphosate-foret-dom

    Ces derniers mois, de nombreux témoignages attestant de l’utilisation du glyphosate dans la forêt de Saint-Gobain (Aisne) par l’Office national des forêts (ONF), se multiplient. Est-ce avéré ? Est-ce légal ?

     ?
    La forêt domaniale de Saint-Gobain (Aisne), près de Laon, à l’automne 2018. / © William Church

    Le 2 octobre, l’ONF a annoncé via une note de service "qu’à compter de [cette] date, la gestion pratiquée par l’ONF exclut totalement toute prescription et tout usage du glyphosate dans les forêts publiques". 

Depuis plusieurs années, les associations de protection de l’environnement françaises tirent la sonnette d’alarme. Elles dénoncent une gestion des forêts industrialisée et non respectueuse de l’écosystème.

    La forêt domaniale de Saint-Gobain, dont 9 000 hectares sur 13 000 sont gérés par l’ONF, n’y échapperait pas. Située à moins de trente kilomètres du chef-lieu de l’Aisne et à deux heures en voiture de Paris, ce massif forestier est connu pour ses futaies de chênes et de hêtres qui se mêlent à d’autres feuillus : frênes, châtaigniers, érables, merisiers, tilleuls, ormes, saules, aulnes, etc.


    Une multiplication sans précédent des coupes à blanc sur des superficies de plus en plus importantes. / © William Church

    C’est en tout cas ce qu’affirment certains défenseurs de l’environnement comme William Church, président de l’association Une forêt et des Hommes. Depuis ses 5 ans, il explore le site et le connaît par cœur. Au printemps 2017, il dit avoir observé des épandages de glyphosate sur des parcelles proches de chemins très empruntés.

    Contactée, l’ONF confirme avoir utilisé du glyphosate à une seule reprise sur "une parcelle en travaux et donc interdite au public" et de manière "très précautionneuse, loin des cours d’eau". L’ONF précise qu’elle souhaite "quitter progressivement cette pratique" et que cette utilisation était "exceptionnelle".


    Des signes d’érosion des sols sur les coupes rases en pente. / © William Church

    Que dit la loi ?
    Ce n’est pas l’utilisation du glyphosate en soi qui pose problème. C’est plutôt le lieu où il est utilisé. En matière d’usages non agricoles, l’utilisation du glyphosate par les collectivités dans les espaces ouverts au public est interdite en France depuis le 1er janvier 2017. C’est sur ce point que la version des environnementalistes et de l’ONF se contredisent : l’ONF parle de parcelles interdites au public, tandis que les Amis de la forêt disent avoir constaté des épandages sur des parcelles proches de chemins très empruntés.


    Des arbres bien alignés, d’une même essence, d’un même âge. Un appauvrissement génétique, une uniformisation des paysages, une catastrophe pour la biodiversité. / © William Church

    "Ils reconnaissent une parcelle mais il y en a eu 4 ou 5", affirme William Church. « Les épandages n’ont pas été effectués sur des parcelles privées, c’est faux ! Ils ont été fait sur des parcelles en forêt domaniale, proche de chemins très empruntés par des promeneurs, des cyclistes et proche d’un parking menant à une route gravillonnée sur laquelle une association de personnes handicapées organise régulièrement des marches. Il s’agit de la parcelle longeant le chemin qui relie Saint-Gobain à Saint-Nicolas-aux-Bois et de la route du Mont Tortue. Au mois de mars 2017, on s’est rendu là-bas pour organiser le rallye des enfants comme tous les ans et on a découvert que tout était détruit »


    Première étape : le sous-bois est exploité ; ne restent que les semenciers. Mais la mise à nu brutale des sols, l’oxydation des éléments nutritifs empêchent la régénération naturelle. / © William Church

    Pourquoi utiliser du glyphosate ?
    Commercialisé sous diverses marques et substance de base des désherbants, le glyphosate est classé "cancérigène probable" depuis 2015 par l’Organisation mondiale de la santé.


    Donc, l’ONF a recours à une régénération artificielle coûteuse, avec des plants inadaptés au sol et au climat (plus de 50% d’échec)… Des arbres bien alignés. Et la ronce qui commence à proliférer. On laisse un « arbre remarquable » pour faire croire que l’on s’intéresse… / © William Church

    Produit uniquement par Monsanto dans un premier temps, sous le nom commercial de Roundup, il est depuis 2000 tombé dans le domaine public, et est désormais fabriqué et commercialisé par un grand nombre de sociétés.

    En forêt, il est surtout utilisé pour tuer les ronces, qui prolifèrent au printemps, période de végétation active. Elles empêchent les jeunes pousses de voir la lumière et donc de se développer, et rendent certains endroits inaccessibles. Deux à trois mois après le traitement, le feuillage du roncier se ternit nettement et prend un aspect fané des taches de l’ordre du centimètre, grises ou brunes, apparaissent irrégulièrement sur le limbe. Les feuilles et les tiges se dessèchent ensuite plus ou moins brutalement.


    Quelques années plus tard. Une seule essence, un même âge. / © William Church

    "Amener de la chimie dans un espace naturel, ça dépasse l’entendement. Niveau biodiversité, c’est une catastrophe", dénonce William Church. Les parcelles traitées au glyphosate se retrouvent totalement brûlées. Les "prédateurs" naturels des ronces sont les cervidés. "Les biches viennent manger les ronces à une période où elles sont en gestation. Les ronces traitées sont dangereuses pour les fœtus".

    Les conséquences d’un tel traitement sont diverses et cela pose problème d’autant que la forêt de Saint-Gobain est classée Natura 2000, un réseau qui rassemble des sites d’une grande valeur patrimoniale par leur faune et leur flore exceptionnelles, mais aussi PEFC (Programme for the endorsement of forest certification), qui certifie la plupart des forêts françaises.


    Bien alignés. Biodiversité anéantie… / © William Church

    Mis en place en 1999 par l’industrie du bois, le label PEFC est censé garantir une gestion éco-responsable des forêts. Cette certification cache en fait des pratiques peu recommandables en matière de protection de l’environnement, comme la gestion prétendument durable de forêts à l’aide de napalm et de neuro-toxiques. "La vérité, c’est que les pratiques forestières ont très peu évolué et que les pouvoirs publics ont préféré miser sur la certification plutôt que de renforcer la loi forestière", conclut Sylvain Angerand, de Une forêt et des Hommes .


    Quarante ans plus tard… Plus de sous-bois, pas d’étagement de la végétation, pas d’oiseau, pas de fleur, pas d’animaux. La forêt de demain : un désert. / © William Church

    Vers l’industrialisation de la gestion des forêts ?
    L’étape d’après, c’est ce qu’on appelle la coupe à blanc. Autrement dit l’abattage massif des arbres pour ensuite replanter en ligne. Une méthode peu en phase avec la nature pour les forestiers qui préféreraient une gestion sylvicole davantage personnalisée. "Avant, l’agent patrimonial de forêt connaissait chaque arbre, chaque végétal, chaque espèce, le moindre mètre carré de la forêt. On observait les arbres et on coupait ceux qui avaient atteint une certaine maturité. Avec les coupes à blanc, on fait disparaître notamment les espèces inféodées à une biodiversité particulière."


    Des routes créées sans études d’impact, ouvertes en permanence, non surveillées. Braconnage et tas d’ordures au cœur de la forêt. / © William Church

    Aujourd’hui, l’ONF favorise une gestion davantage automatisée, plus "efficace", avec moins d’humain. "Des engins de 40 tonnes débarquent peu importe le temps qu’il fait, ils font des dégâts considérables avec des ornières d’un mètre trente par temps de pluie… On détruit les sols. C’est une bombe à retardement écologique," dénonce William Church.


    Des sols ravagés. / © William Church

    Sur le sujet précis du glyphosate, le service régional de l’alimentation de la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (Draaf) des Hauts-de-France, évoque un sujet "très sensible" et refuse de faire un commentaire. Le responsable du service invite "les plaignants à contacter l’administration."

    Ce sera chose faite pour M. Church qui finalisait justement ce vendredi la création d’un collectif SOS Forêt Île-de-France, Hauts-de-France et Nord afin de mener des actions juridiques et pourquoi pas porter plainte.


    Une prolifération des ronces, preuve de la mauvaise gestion actuelle de la forêt. / © William Church

    #ONF #forêt #Saint-Gobain #massacre #forêts #environnement #biodiversité #bois #france #arbres #glyphosate #monsanto #roundup #agriculture #santé #herbicide #bayer #pollution #economie #france

    • La forêt se découpe en silence

      La découpe forestière et la découpe sociale sont intimement liées. Dans les forêts françaises comme ailleurs, le moteur de la rentabilité est à l’oeuvre. Pour l’Office national des Forêts (ONF), les arbres se font tronçonner au rythme des cours du bois mondialisés, avec la même brutalité que les droits sociaux.
       
      La forêt de #Mormal, dans l’Avesnois, est le plus vaste massif forestier du #Nord-Pas-de-Calais. Dévastée par les deux guerres mondiales (1), c’est une forêt encore fragile, mais vigoureuse, connue pour sa remarquable population de cerfs. Comme toutes les forêts domaniales (2), elle est gérée par l’Office National des Forêts (ONF). Cet organisme public est censé respecter un plan d’aménagement, soigneusement conçu pour garder un équilibre harmonieux entre l’abattage des arbres destinés à la vente et la régénération de la forêt, si possible naturelle. Le tout, en permettant au public d’y batifoler et aux chasseurs d’y réguler la population animale (et humaine, à l’occasion). Ça, ce sont les missions théoriques de l’ONF. En réalité, l’office piétine allégrement les objectifs qu’il s’est lui-même fixés et découpe ses forêts à tout-va. . . . .
      La suite : http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1021-la-foret-se-decoupe-en-silence

  • Lille : la carte secrète des Insoumis pour gagner les municipales Sylvain Marcelli - 2 Novembre 2018 - Médiacités
    https://www.mediacites.fr/lille/enquete-lille/2018/11/02/lille-la-carte-secrete-des-insoumis-pour-gagner-les-municipales

    Jean-Luc Mélenchon suscite la polémique mais il n’a rien perdu du soutien des militants de La France Insoumise, comme l’a montré son récent meeting à Lille. Dans le quartier de Moulins, ils testent la méthode Alinsky, venue des Etats-Unis, pour lutter contre la résignation des milieux populaires. Reportage.

    éthodique, étage après étage, il sonne à la porte de chaque appartement. T-shirt noir, veste en jean, croix autour du cou, François Schmitt est en mission, résidence Alsace à Moulins. Le militant de La France Insoumise (LFI) n’a pas de tracts à distribuer. « Je viens écouter ce que les gens ont à dire sur leur immeuble, sur leur quartier, sur la ville », explique-t-il avec un large sourire au locataire qui vient d’ouvrir, son bébé dans les bras. Le jeune papa lui demande de repasser un peu plus tard, quand sa compagne sera de retour. Deux portes plus loin, une vieille dame explique qu’elle ne « bouge plus » de chez elle. À l’étage du dessous, une quinqua dynamique confie qu’elle ne sent pas toujours en sécurité. « Quand on prend le premier métro pour aller travailler, parfois on a peur de ce qu’on va trouver », souffle-t-elle.

    Comme François, une dizaine de partisans de La France Insoumise sillonnent le quartier populaire de Moulins, calepins à la main, en ce samedi après-midi de juin. « Nous recueillons les problématiques des habitants avant de susciter éventuellement des actions collectives, explique Habib Haddou, éducateur spécialisé et co-animateur du groupe LFI de Moulins. Si dans une résidence, quinze habitants dénoncent l’insalubrité des lieux, nous pourrons les aider à monter une mobilisation contre le bailleur social. »
Parler aux résignés de la politique
Depuis juin dernier, des militants LFI expérimentent la « méthode Alinsky », un outil de mobilisation des quartiers populaires. Icône de la gauche américaine, le sociologue Saul Alinsky (1909-1972) a enquêté sur les gangs à Chicago et dans les prisons. Il . . .
    La suite de l’article hélas payante

    #Politique #Militantisme #Lille #lfi #fi

  • En Lettonie, la coalition sortante subit une déroute Ruptures - 08 octobre 2018
    https://ruptures-presse.fr/actu/lettonie-elections-concorde-otan-ue
    https://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-21-10-2018

    Les électeurs lettons étaient appelés à renouveler leurs députés le 6 octobre. Dans ce pays balte de 1,9 million d’habitants, 54% d’entre eux se sont déplacés, soit 4 points de moins qu’en 2014.

    Le gouvernement sortant s’est prévalu d’avoir fidèlement appliqué les réformes souhaitées par l’Union européenne (fiscalité, système de santé…), ce qui a contribué à accroître un mécontentement social latent, alors même que l’émigration, notamment de la jeunesse, reste forte, en particulier vers les pays anglo-saxons. Plusieurs scandales de corruption – dont celui qui a tout récemment impliqué le gouverneur de la Banque centrale – ont également marqué la campagne, dans une Lettonie parfois décrite comme « la capitale européenne du blanchiment ».

    Enfin, les discriminations, linguistiques mais aussi sociales, que subissent les personnes d’origine non lettone (40% de la population, notamment les russophones) demeurent des enjeux politiques majeurs.

    Pour le quatrième scrutin consécutif, c’est la formation cataloguée comme « pro-russe », Concorde (Saskana, traduit en anglais par Harmony), qui arrive en tête, avec 19,9% des suffrages (-3,1 points). Le fait nouveau est l’émergence d’un jeune parti, décrit comme populiste, KPV (« A qui appartient le pays ? »), qui rafle d’emblée la deuxième place, avec 14,2% des voix.

    Or le KPV, à la différence de tous les partis installés, n’a jamais exclu une alliance parlementaire avec Concorde. Jusqu’à présent, celle-ci, bien qu’en tête du choix des électeurs, a toujours été tenue à l’écart du pouvoir car elle est accusée d’être proche de Moscou.

    Concorde, historiquement ancrée dans la communauté russophone, attire également des Lettons « de souche » notamment du fait des mesures sociales qu’elle préconise
    En réalité, Concorde se veut un parti d’orientation sociale-démocrate. Certes historiquement ancrée dans la communauté russophone, elle attire également des Lettons « de souche » (dont certaines personnalités étaient candidates sur ses listes) notamment du fait des mesures sociales qu’elle préconise. Lors de cette campagne, Concorde avait notamment proposé de tailler dans le budget de la défense au profit des secteurs de l’éducation et du logement. Un casus belli pour les partis actuellement au pouvoir, qui mettent leur point d’honneur à atteindre, voire à dépasser, le niveau du budget militaire ordonné par l’OTAN.

    Cinq partis (dont trois principaux) étaient associés dans la coalition parlementaire sortante, menée par l’Union des Verts et des paysans (droite). Cette formation qui a toujours été partie prenante du pouvoir depuis 2002 s’effondre, passant de 19,5% à 9,9% des suffrages. Son alliée gouvernementale, l’Alliance nationale (AN) ne s’en sort guère mieux avec 11% des voix contre16,6% il y a quatre ans. L’AN est l’une des formations les plus ultra, notamment en matière de restrictions à l’utilisation de la langue russe. Quant au troisième partenaire de la coalition sortante, Nouvelle unité, il ne rassemble que 6,7%, contre… 21,9% en 2014.

    Outre le KPV, deux formations profitent de la déconfiture des partis au pouvoir : le Nouveau parti conservateur, qui passe de 0,7% à 13,6%, ainsi que la Nouvelle alliance libérale / FOR, récemment créée, avec 12% des voix. Il est vrai qu’en Lettonie, où n’existe pas vraiment de culture politique anciennement ancrée, les disparitions et recréations de partis se succèdent avec des frontières idéologiques souvent bien floues. L’opposition à la Russie et aux habitants russophones, la fidélité à l’OTAN et à l’UE, et les orientations libérales forment cependant un ciment commun aux partis gouvernementaux.

    « la ligne euro-atlantique constitue le cadre fondamental de notre action et je n’accepterai aucune exception à cette ligne » – le président letton
    C’est ce qui avait conduit le président de la République, issu de l’Union des Verts et des paysans, à avertir les électeurs avant le scrutin : « la ligne euro-atlantique constitue le cadre fondamental de notre action et je n’accepterai aucune exception à cette ligne ». Il lui revient désormais de désigner la personnalité qui devra former une future majorité au sein d’un Parlement éclaté en sept groupes parlementaires.

    Concorde et le KPV disposent ensemble de 39 sièges (24 et 15 respectivement), ce qui constitue l’alternative la plus logique au pouvoir actuel. Mais ce total est cependant insuffisant pour atteindre la majorité absolue au sein de l’Assemblée qui compte 100 députés.

    Le dirigeant de Concorde, qui est également maire de la capitale, Riga, a cependant averti qu’« aucune coalition stable et capable de gouverner n’est possible » sans sa formation. « Sinon, a-t-il poursuivi, vous pourriez avoir une coalition de xénophobes et de partisans des droits des homosexuels, et un tel gouvernement ne tiendrait pas plus de deux ou trois semaines », faisant référence aux Conservateurs et à la Nouvelle alliance libérale.

    Tout porte cependant à croire que les élites installées finiront par trouver une formule écartant une « coalition pro-Kremlin / populistes » qui constituerait selon elles une hérésie pour ce pays balte, dont les dirigeants sont depuis près de trente ans convaincus – ou feignent de l’être – que les troupes russes s’apprêtent à les envahir. Les mêmes continuent à témoigner d’une indulgence notable envers les nostalgiques de l’Allemagne nazie, nostalgiques qui ont pignon sur rue dans le pays.

    Il reste que les électeurs lettons, et pas seulement les russophones, viennent de leur infliger une gifle retentissante, notamment sur la base d’un mécontentement social grandissant. Mais du côté de Bruxelles, un seule chose compte : que la Lettonie ne vienne pas s’ajouter à la litanie des pays menacés par les « populistes »… https://ruptures-presse.fr/actu/suede-elections-lofven-akesson

    #Lettonie, #parlement, #députés, #élection, #election2018, #Saeimas, #résultats, #chiffres, #partis, #OTAN #NATO #ue #union_européenne #populisme

  • « Taylor Swift s’est lancée dans un combat anti-Trump avec une stratégie digne de Machiavel »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/10/12/taylor-swift-s-est-lancee-dans-un-combat-anti-trump-avec-une-strategie-digne

    L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis en 2016 l’a montré, la voix politique des artistes porte peu. Elle est même contre-productive. Tout Hollywood était contre lui ; le candidat honni s’en est délecté, il a moqué une Amérique des nantis, et il habite aujourd’hui à la Maison Blanche.


    Ce scénario stérile se profile à nouveau avant les élections de mi-mandat du 6 novembre. Mais voilà que surgit Taylor Swift ; la chanteuse pop s’est lancée, dimanche 7 octobre, dans un combat anti-Trump avec une stratégie digne de Machiavel ou de Clausewitz. Elle ne vise pas le chef, mais les troupes. Elle n’attaque pas frontalement, mais de biais. Et c’est inédit. Tout comme son profil.

    Déjà, on écoute Taylor Swift parce qu’elle a du coffre et des fantassins. A 28 ans, elle est au sommet de la pop américaine avec quarante millions de disques vendus. Le 9 octobre, elle a glané vingt-trois récompenses lors des American Music Awards – record de Whitney Houston battu. Elle affiche aussi 112 millions de suiveurs sur Instagram (le double de Donald Trump sur Twitter). Une belle force, qui n’est toutefois pas suffisante. D’autres stars de la pop, comme Rihanna ou Beyoncé, ont défié le président sans l’ébranler.

    Chaque mot est pesé

    Taylor Swift surprend surtout par son approche. Elle a posté un long message sur Instagram, calme, argumenté, malin. Chaque mot est pesé. Contrairement à une flopée de stars qui, avant l’élection présidentielle, ont traité Trump de brute, d’immonde, de porc ou de psychopathe, Taylor Swift, elle, ne l’insulte pas. Mieux, elle ne le cite pas. Elle ne convoque pas l’emphase ni l’indignation. Elle ne dit pas que voter contre Donald Trump va de soi – ça ne va pas de soi. Elle ne fait pas la leçon aux pauvres blancs depuis sa bulle privilégiée. Elle ne les fait pas culpabiliser.

    Elle ne se présente pas en musicienne, mais en habitante du Tennessee ; le portrait qui accompagne son texte est celui d’une jeune femme à la maison. Elle ne fait du vote à venir qu’un scrutin local. Elle ne mentionne aucun parti. Mais elle dit qu’elle est allée voir les positions de chaque candidat au Congrès sur des questions de société.

    S’inscrire sur les listes électorales

    A propos de Marsha Blackburn, qui vise le Sénat, et dont on devine qu’elle est proche de Donald Trump, elle constate ceci : cette candidate est contre l’égalité de rémunération entre hommes et femmes, contre une loi visant à protéger les femmes de la violence domestique et le viol, contre le mariage homo, pour les entreprises qui refusent tout service aux couples homosexuels, contre les Cassandre du changement climatique.

    Elle en tire cette conclusion : elle votera pour Phil Bredesen au Sénat et Jim Cooper à la Chambre des représentants (sans dire qu’ils sont démocrates). Puis elle s’adresse à ses fans : « S’il vous plaît, renseignez-vous sur les candidats qui se présentent dans votre Etat et votez pour ceux qui représentent le mieux vos valeurs. » Même s’ils sont imparfaits.

    Swift conclut son texte en appelant les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales via Internet. Elle explique même comment s’y prendre. Elle a fait la même chose, sans dire son choix, lors de la cérémonie des Awards.

    Trump prend des gants

    Le républicain Mike Huckabee est persuadé que cet appel n’aura aucun effet « à moins que nous autorisions les adolescentes de 13 ans à voter ». Une allusion au public jeune de la star.

    Or, dans les vingt-quatre heures qui ont suivi, 65 000 personnes se sont inscrites sur les listes électorales ; 250 000 en trois jours, soit jusqu’à leur clôture, le 9 octobre, dans quatorze Etats dont le Tennessee. C’est plus que les inscriptions durant les mois d’août et septembre.

    Est-ce un effet Swift ? Les observateurs sont prudents car les inscriptions s’accélèrent sur la fin, mais ils se disent troublés par une hausse « hors norme ». Surtout, ils pointent que les derniers inscrits sont massivement des jeunes de 18 à 29 ans – le public de Swift.

    C’est important quand on sait que les élections dans le Tennessee et ailleurs s’annoncent serrées. Donald Trump a compris que la charge est autrement plus sérieuse que les mots insultants dont il fut affublé. « Disons simplement qu’à présent j’aime la musique de Taylor 25 % de moins qu’avant », a réagi le président américain, qui apprécie la chanteuse tout en regrettant qu’elle soit mal informée.

    QUAND HOLLYWOOD NE S’ADRESSE QU’AUX CONVAINCUS, SWIFT PARLE AUX HÉSITANTS

    Donald Trump prend des gants en raison du profil de Taylor Swift et de celui de ses fans. Elle a débuté à Nashville, à 17 ans, dans la musique country, guitare sèche dans les mains et amours platoniques dans la voix. Les midinettes sont contentes, les parents aussi. L’Amérique blanche adore cette belle blonde proprette aux yeux bleus. Même quand elle prend un virage pop, en 2014, abandonnant sa guitare pour une robe à paillettes et du grand spectacle, ses paroles restent sages – sa famille, ses amis, ses boyfriends. Pas de provocation, pas de scandales, contrairement à tant d’autres.

    Combat féministe

    Surtout, en dix ans de carrière, elle a pris soin de ne pas parler de politique, sans doute parce qu’une grande partie de son public est très conservateur. Un épisode de 2009 la « droitise » un peu plus : alors qu’elle reçoit un prix, le rappeur Kanye West lui arrache le micro et fait l’apologie de Beyoncé. Selon le site Buzzfeed, le public américain analyse l’incident comme « un homme noir en colère terrorisant une femme blanche innocente ».

    Des sites d’extrême droite sont allés plus loin et ont vu en Taylor Swift une héroïne du suprématisme blanc et une « déesse aryenne ». Sans qu’elle réagisse. Elle ne bronche pas plus avant l’élection de Donald Trump, à rebours de tout le monde culturel.

    C’est par le combat féministe, depuis quelques mois, qu’elle sort du bois. Jusqu’à ce post retentissant sur Instagram. Depuis, nombre de voix hurlent à la trahison sur les réseaux sociaux, signe qu’elle a tapé juste. Quand Hollywood ne s’adresse qu’aux convaincus, Swift parle aux hésitants. Et c’est là où on ne les attend pas que les coups sont les plus rudes.

    • Cette évolution séculaire connaît actuellement un infléchissement, et ce n’est pas nécessairement celui que l’on croit, du moins celui que l’on montre. Les cortèges de tête des manifestations contre la loi travail (2016) sont en réalité bien moins violents que ne l’étaient les manifestations du XXe siècle, comme on tend à l’oublier. En revanche, l’arsenal répressif se durcit ces dernières années en France. Les forces de l’ordre en tenue antiémeute encadrent, menaçantes, le cortège. De nouvelles techniques s’imposent : la nasse où l’on enferme les manifestants, souvent dans un nuage de lacrymogène, la souricière en fin de trajet qui empêche les dispersions sereines. Des espaces jusque-là comme sacralisés s’ouvrent à la répression, tel les campus universitaires. Rennes-II a ainsi vu lundi sa première intervention des CRS - la presse régionale rapportant les applaudissements d’une partie des personnels mais taisant la stupeur réprobatrice de l’autre.

      Ces nouvelles techniques de maintien de l’ordre visent depuis le 1er mai 2016 indistinctement les Black Blocks et les manifestants pacifiques. Le seuil de tolérance à la violence manifestante et sa médiatisation semblent donc inversement proportionnels à sa réalité. La dénonciation de la répression et de la criminalisation du mouvement social se cantonne aux milieux militants.

      Tout cela n’est pas sans conséquence sur la forme et la fréquentation des cortèges. Premier effet, sans nul doute recherché, celui d’effrayer nombre de manifestants qui réfléchiront à deux fois pour prendre la rue et n’y viendront plus en famille. Sans compter que le droit de manifester est chaque fois plus rogné : il se perd dans les barrages filtrants des entrées de manif, se contient dans des trajets de plus en plus courts (on se souviendra du tour de l’Arsenal à Paris imposé en juin 2016), quand il n’est pas ouvertement contesté dans les discours politiques. On notera pour finir que la France fait figure d’exception en Europe où, notamment en Allemagne, le maintien de l’ordre repose sur le principe de la « désescalade ». Ses lignes directrices y sont donc le dialogue avec les manifestants, avant, pendant et après l’événement, et l’évitement de toute action répressive indiscriminée.