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  • L’OGM est dans le pré - Isabelle Paré - 24 Mai 2019 - Le devoir(Canada)
    https://www.ledevoir.com/societe/environnement/555114/l-ogm-est-dans-le-pre

    Près de 25 ans après l’introduction des premières cultures OGM au Canada, les plantes trans-géniques règnent en maîtres dans les champs. Or, l’histoire démontre que leur dispersion dans l’environnement n’est pas sans risque pour tout le secteur agricole.

    Dans son coin du Lac-Saint-Jean, le producteur de grains biologiques Guillaume Dallaire, de la ferme Tournevent, est un des rares producteurs de canola biologique au Québec, encore suffisamment isolé pour pouvoir produire une récolte sans traces d’OGM.

    « On a été cherché nos grains dans un coin reculé de l’Ouest. Les variétés traditionnelles de la région ont été contaminées par le pollen qui se diffuse très facilement par le vent ou les insectes. Il faut s’éloigner de plusieurs kilomètres pour cultiver, se concentrer dans des zones forestières », explique ce producteur, le seul à opérer une huilerie de canola bio au Québec.

    Comme le village gaulois encerclé par l’armée romaine, les producteurs bio sont de plus en plus isolés au sein d’une mer de maïs, de soja et de canola transgéniques, et à risque de perdre leur certification en cas de contamination.

    Selon un rapport du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB), la contamination par des cultures génétiquement modifiées (GM) a rendu presque impossible celles d’espèces non GM dans certaines régions.

    En Saskatchewan, en sept ans, la presque totalité des cultures de canola naturelles a été contaminée par pollinisation croisée. En raison de son fin pollen transporté par le vent, les insectes et les animaux, le canola GM pose un risque accru de contamination.

    Encerclés
    Ici, de petits producteurs comme Guillaume Dallaire essaient tant bien que mal de résister à cette invasion.

    « On aimerait faire plus, car la demande pour le bio est là, mais il existe peu d’espaces libres de cultures GM. La contamination, c’est notre préoccupation constante. C’est le futur de notre huilerie qui est en jeu », soutient ce dernier.

    En 2016, pas moins de 90 % du canola cultivé au Québec était génétiquement modifié, ainsi que 84 % du maïs-grain et 64 % du soja, selon des chiffres du gouvernement.

    La superficie destinée aux cultures GM au Québec est cinq fois plus grande que dans l’Europe tout entière, affirme Guillaume Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM, un organisme qui milite pour un suivi plus serré des OGM au Canada.

    Entre 2000 et 2018, la superficie des terres dédiées à la culture du maïs GM a triplé, et celle dévolue à la culture du soja GM a été multipliée par 10, totalisant 600 000 hectares de terres au Québec.

    D’un champ à l’autre
    Le maïs GM pose aussi un risque particulièrement élevé pour les producteurs de grains non GM ou bios, compte tenu de la volatilité de son pollen. « C’est difficile de m’isoler de mes voisins qui ont des cultures GM. Il faut des brise-vent, des bandes tampons d’autres plantes le long de mes champs », explique le producteur de grains bios Pierre Labonté.

    La contamination génétique menace non seulement les récoltes bios, mais aussi les semenciers, qui voient parfois leurs lots contaminés lors du stockage dans des silos ou lors du transport.
    Selon La Terre de chez nous, 50 % des échantillons non OGM testés en Montérégie par des producteurs bios contenait plus de 0,5 % d’OGM, alors que de 5 à 10 % en contenaient plus de 1 %. Un seuil suffisant pour « être déclassé » de la certification bio, ajoute M. Labonté, président du Syndicat des producteurs de grains biologiques du Québec.

    Ces producteurs doivent redoubler de prudence et faire analyser leurs semences avant les semis pour éviter l’introduction inopinée d’intrus GM dans leurs terres. Sinon, c’est toute leur production qui pourrait être vendue à un prix deux à trois fois inférieur.

    Aucun seuil de « traces d’OGM » à ne pas dépasser n’a été établi pour maintenir la certification bio, mais tous s’accordent pour dire que ces traces ne doivent pas excéder la barre de 0,9 %.

    « Quand on vend notre soja au Japon ou en Corée pour la consommation humaine, ils sont très exigeants. C’est l’acheteur qui a le dernier mot », affirme Pierre Labonté.

    Malgré la hausse de la demande pour les grains bios, la production demeure limitée par l’omniprésence des cultures GM sur le territoire, dit-il. « On n’est que 300 au Québec. On n’a pas un gros poids pour forcer les autres producteurs à faire attention à la contamination. Tout ce qu’on peut faire, c’est se protéger », dit-il.

    Un enjeu d’avenir
    Pour l’organisme Vigilance OGM, c’est toute la filière des cultures GM qu’il faudrait surveiller de plus près. Des lacunes survenues au fil des ans ont mené à de lourdes pertes, notamment pour les producteurs de lin canadiens qui ont perdu dans les années 2000, après une contamination, une part de leurs débouchés en Europe, où la culture de grains GM est interdite.

    L’approbation récente de la luzerne GM par le Canada, une vivace qui n’aurait plus besoin d’être plantée chaque année, fait aussi craindre le pire.

    « Ça veut dire une perte d’autonomie importante pour les producteurs qui cultivent leur propre luzerne pour nourrir leurs bêtes, croit M. Rehn. Sans compter le risque d’introduction dans la chaîne alimentaire, et celui que la luzerne naturelle finisse par être éradiquée. »

    #ogm #agriculture #monsanto #alimentation #semences #agrobusiness #santé #quelle_agriculture_pour_demain_ #environnement #multinationales #nature_/_ecologie #europe #agrochimie #génétique #agro-industrie #contamination

  • En Algérie, le « carré féministe » essaye de s’imposer dans la marche
    4 avril 2019 Par Sabrina Kassa
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040419/en-algerie-le-carre-feministe-essaye-de-s-imposer-dans-la-marche

    Depuis trois semaines, des voix féministes cherchent à se faire entendre en Algérie, considérant que le changement « du système » passe aussi par une reconnaissance des droits des femmes. Malgré les réactions hostiles qu’il suscite, un « carré féministe » descendra dans la rue vendredi pour revendiquer « l’égalité ».

    Alger (Algérie), de notre envoyée spéciale.- Comme chaque vendredi matin, depuis le 22 février, Alger se prépare à aller manifester. L’hélicoptère tourne en rond au-dessus de la Grande Poste, les vendeurs de drapeaux s’installent rue Didouche-Mourad et, devant les magasins restés fermés, des bouteilles d’eau sont en libre accès.

    En cette matinée du vendredi 29 mars, les premiers manifestants commencent à affluer, mais la foule ne sera au rendez-vous qu’en début d’après-midi, après la grande prière.

    Alors que la ville est encore calme, des féministes algériennes et tunisiennes discutent chez l’écrivaine et militante, Wassyla Tamzaly. « En Tunisie, on est dans la déprime, c’est la contre-révolution. On est venues ici pour s’enivrer du sang nouveau de la rue. Si l’Algérie réussit, ça sauvera tout le Maghreb », ose espérer la sémillante Khadija Chérif, ex-présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD).

    Autour de la table, il y a aussi la comédienne Adila Bendimerad, non pas pour son engagement féministe, mais parce qu’elle est une des figures féminines du mouvement à Alger depuis qu’elle organise des rassemblements avec des artistes, ouverts au public, chaque lundi après-midi, devant le Théâtre national algérien. La réunion commence par son témoignage.

    « Le 22 février, j’ai marché jusqu’à la place du 1er-Mai. C’était formidable, c’était comme un accouchement. Nous n’étions pas beaucoup de femmes, il y avait seulement des artistes, des militantes et des féministes. Je suis partie de Belcourt. Dans les petites ruelles, c’était mystérieux, les gens marchaient sans se parler. Ils n’avaient pas le look de manifestants. Et là, juste après un virage, comme par miracle, j’ai découvert une marée humaine silencieuse. On s’est mis à marcher sans se parler, ni se regarder. On n’avait pas l’habitude de manifester ensemble. J’étais avec une amie, au milieu de cette marée. Les femmes étaient à leur balcon, en pyjama. »

    « Le 1er mars, nous étions plus nombreuses, mais ce n’était pas encore massif. En revanche, avec mes amies, nous avons massivement communiqué sur les réseaux sociaux. C’était un petit mensonge pour susciter le désir et pour que les hommes se disent : “Moi aussi je veux voir ma femme, mes sœurs et mes filles dans la marche.” Et puis le 8 mars est arrivé, les femmes sont descendues massivement, et encore plus le 14. Les gars des stades n’aiment généralement pas les youyous, mais là ils en redemandaient. Et maintenant nous sommes devenues indispensables… »

    À ce moment-là de son récit, elle est coupée net par Fadila Boumendjel Chitour du réseau algérien Wassila, un collectif né en 2000 pour défendre l’égalité et dénoncer les violences faites aux femmes : « Je te trouve bien optimiste ! Il ne faut pas confondre les icônes et la réalité. Depuis toujours, quand on cherche le consensus, il y a deux sujets qui posent problème : le culte et les femmes. Ce ne sera pas facile d’intégrer la question de l’égalité dans le mouvement… »

    Les autres féministes l’approuvent et regrettent que les revendications sur le Code de la famille ne soient apparues que le 8 mars. Seule Adila Bendimerad persiste dans son optimisme : « Ce mouvement répare les femmes. Elles sont dehors, ça va nous permettre de recruter pour la cause ensuite. »

    Forte de son expérience tunisienne, Yosra Fraous, l’actuelle présidente de l’ATFD, revient à la charge : « Le peuple, ça dure un temps, après on redevient une population avec des femmes, des LGBTI, des pauvres… C’est maintenant qu’il faut travailler les liens entre les dominés. Sinon la déception risque d’être forte. Les femmes vont dire : “Vous nous avez utilisées pour aller dans le rue, et maintenant vous nous laissez tomber.” Il faut revendiquer nos droits tout de suite. »

    Une posture qu’approuve entièrement Nadia Ait Zaï du Ciddef, le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme, qui a fait du combat pour l’égalité dans l’héritage une de ses obsessions, depuis les années 1990.

    « On doit surtout se mettre d’accord sur notre projet et ne pas s’arrêter à des droits formels, outre le Code de la famille [qui inscrit dans la loi que les femmes sont des mineures à vie et que l’époux est le seul détenteur de l’autorité parentale], c’est la pratique du pouvoir qui pose problème. Le régime l’a monopolisé et a utilisé les hommes pour tout verrouiller. Et en même temps, il a communiqué sur les droits des femmes. Aussi les gens du peuple pensent que Bouteflika nous a tout donné alors qu’il n’a cédé que des miettes. Pour beaucoup d’hommes, notre liberté les gêne. Ils se sentent atteints dans leur dignité. »

    Des féministes tunisiennes et algériennes réunies chez Wassyla Tamzali, le vendredi 29 mars, avant la sixième grande marche. © SK Des féministes tunisiennes et algériennes réunies chez Wassyla Tamzali, le vendredi 29 mars, avant la sixième grande marche. © SK

    Wassyla Tamzali enchaîne : « Les gens qui habitent à l’étranger me demandent souvent si les islamistes sont en embuscade et s’ils risquent de rafler la mise. Il faut comprendre que le mouvement islamiste a été étêté [– été quoi ? demande Adila Bendimerad]. Oui, le pouvoir a coupé leurs têtes, mais il a repris leurs idées. Mon souci, c’est qu’aujourd’hui, ceux qui se disent révolutionnaires ont complètement intégré le statut actuel de la femme. »

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    « Quant aux femmes, elles aussi, elles sont très nombreuses à l’avoir accepté, par commodité, pour survivre. Il faut accepter l’idée qu’une partie de la population va évoluer doucement et que cela va nécessiter un travail en profondeur sur les mentalités. Et de notre côté, nous devons faire évoluer notre discours pour allier nos revendications sur les droits des femmes à ceux sur la justice sociale. »

    Il est midi, c’est l’heure de rejoindre la manifestation, les Tunisiennes sortent leur drapeau, les Algériennes le leur. La rue Didouche-Mourad est déjà bondée. De nombreux manifestants arrêtent la délégation tunisienne pour être pris en photo avec elle.
    L’histoire d’un corps à corps dans le carré féministe

    Direction le très contesté « carré féministe », installé devant le portail de la Faculté centrale, au bas de la rue Didouche-Mourad.

    Ce « carré » n’est pas une expression spontanée, il résulte de l’initiative de nombreuses féministes aguerries, parmi lesquelles, entre autres, Fatma Oussedik, Fatma Boufenik, dont la déclaration du 16 mars a été reproduite sur le blog Mediapart de Jean-Marc B. C’est la deuxième fois que ces féministes manifestent le vendredi, et elles suscitent déjà des discussions enflammées sur les réseaux sociaux.

    Celles qui tiennent « le carré » sont jeunes, étudiantes pour la plupart et sont considérées comme « radicales » parce qu’elles ont décidé de manifester pour la fin du régime, et aussi, pour l’égalité (moussawat) entre les hommes et les femmes.

    Quand la délégation menée par Wassyla Tamzali arrive devant la Faculté centrale, la rue est déjà compacte. On entend crier « Silmiya, silmiya… » (« pacifique »). Mais cette fois-ci, le mot d’ordre du mouvement, répété avec force, n’est pas adressé aux forces de l’ordre, mais par des manifestants qui veulent faire descendre la tension.

    Les féministes du « carré » viennent tout juste de s’installer et d’accrocher leurs banderoles (aidées en cela par des jeunes hommes) sur les grilles du portail de la Faculté et déjà les voilà engagées dans des discussions houleuses.

    Trois types de réactions s’expriment. Il y a ceux qui disent calmement : « Ce n’est pas le moment ! Nous sommes là pour faire dégager le système, pas pour revendiquer des droits particuliers. » Sur le même registre, mais sur un ton plus agressif, certains leur demandent de partir. « Vous n’avez rien à faire là, c’est de la provocation, vous êtes en train de diviser le mouvement, ce n’est pas un problème que l’on peut régler maintenant. »

    Et puis il y a ceux, en rage, qui leur hurlent dessus (les femmes hurlent aussi) pour les déloger de force en les aspergeant d’eau, et en les bousculant. Très rapidement, des garçons grimpent à la grille pour décrocher leur banderole, où le mot « moussawat » (égalité) est écrit.

    Les féministes dorénavant regroupées devant le portail crient à l’unisson « Djezair, horia, dimocratia » (Algérie, liberté, démocratie). Face à elles, les hommes hurlent dans leur direction : « FLN dégage ». Elles répliquent, en reprenant le même message « FLN dégage, FLN dégage », en agitant les bras dans leur direction.

    La tension monte. Il n’est plus question de message, mais d’un corps à corps où l’enjeu consiste à ne pas céder l’espace. Un garçon grimpe sur la grille pour remettre leur banderole. Un autre arrive, hilare, avec un cachir (symbole de la trahison) attaché au bout d’une perche, pour les humilier.

    À ce moment-là, plusieurs hommes, restés près des féministes pour les protéger, leur demandent de s’engager dans la marche. « Partez, s’il vous plaît, sinon on va être obligés de se battre… » Le carré féministe décide de marcher, il aura tenu un plus d’une heure devant la Faculté.

    Discussions houleuses dans le carré féministe, le vendredi 29 mars. © SK Discussions houleuses dans le carré féministe, le vendredi 29 mars. © SK

    Wassyla Tamzaly et les autres féministes tunisiennes sont déjà parties. Seule Adila Bendimerad suit la marche pendant près d’une heure. « Je n’avais pas prévu de manifester avec elles. Ce n’est pas ma manière de faire, je préfère m’imposer mine de rien, sans revendiquer pour ne pas braquer les hommes récalcitrants. Mais quoi que l’on pense de leur démarche, ce n’est pas normal qu’elles se fassent agresser. Elles sont contre le système elles aussi… »

    Elle reconnaît aussi avoir eu peur. « Ce qui s’est passé est le signe d’une violence latente. Cela révèle là où l’on en est. Dans la mêlée, un type m’a dit : “Mais si la femme a des droits, comment je vais faire pour me marier.” C’est déprimant. Je me sens un peu trahie… »

    Le « carré féministe » défile dans la marche du 29 mars, rue Didouche-Mourad, à Alger. © SK Le « carré féministe » défile dans la marche du 29 mars, rue Didouche-Mourad, à Alger. © SK

    Le féminisme en délibération

    En fin de journée, alors que la manifestation touche à sa fin, Adila Bendimerad et Fadila Boumendjel Chitour du réseau algérien Wassila rejoignent les jeunes femmes du « carré » dans leur local, à 500 mètres de la place Audin, sur la route menant à la présidence (la Mouradia).

    Elles ont prévu de faire un Facebook live le lendemain pour expliquer ce qui s’est passé et rappeler leur démarche et leurs revendications. Elles chantent pour se donner du courage et s’installent en cercle autour d’une petite table pour écrire leur communication.

    Elles sont interrompues par les gaz lacrymogènes qui montent de la rue, où un face-à-face entre des manifestants jetant des pierres et des policiers s’est déroulé durant 20 minutes, montre en main, des premières pierres des manifestants à la charge des policiers, jusqu’au nettoyage des rues par les comités de quartier en gilets oranges. Les jeunes femmes suivent tout cela derrière leurs fenêtres, téléphones en main, pour filmer la scène.

    Cinq minutes plus tard, une fois l’émotion retombée, elles reprennent avec calme et discipline leur réunion, non mixte, en vue d’écrire ensemble un communiqué.

    C’est un pur moment de délibération collective, à l’image de ce qui se passe un peu partout à Alger, dans les rues, les parcs et les places publiques.

    Tous les sujets sont sur la table, même celui de la pertinence du maintien du carré féministe. « Il faut absolument que la semaine prochaine nous soyons plus nombreuses pour que personne ne puisse remettre en cause notre légitimité », insiste Intissar Bendjabellah, une étudiante de Constantine. L’ensemble de l’assemblée approuve. Fadila Boumendjel Chitour les rassure : « La chose positive, c’est que nous avons créé le débat, entre les hommes aussi. C’est ça aussi l’intérêt du carré féministe. »

    Et en effet, le lendemain, tout le monde parle, dans les réseaux sociaux, la presse nationale, internationale et les espaces publics de ce qui s’est passé avec les féministes, celle du « carré », mais aussi de l’intervention d’un autre groupe de jeunes femmes qui ont collé des affiches dans la rue pour dénoncer le Code de la famille. En confondant souvent les deux initiatives.

    Prise de parole sur la Constitution, lors du troisième débat organisé par Nabni, le samedi 30 mars, au parc de la Liberté. © SK Prise de parole sur la Constitution, lors du troisième débat organisé par Nabni, le samedi 30 mars, au parc de la Liberté. © SK
    En marge du troisième débat organisé par Nabni (lire le compte rendu de l’acte II), au parc de la Liberté, sur les avantages et les inconvénients de s’appuyer sur la Constitution pour réfléchir à la transition, une discussion s’engage sur le carré féministe avec Hakim Ouhadj, 37 ans, venu avec Yasmine, son épouse, et Tarik, son frère. Tous condamnent les agressions subies par les féministes, mais Hakim considère que la démarche est « maladroite » :

    « Nous sommes à un tournant historique, dit Hakim. Le peuple se reparle, les jeunes s’intéressent à la politique partout dans le pays. Il y a toutes sortes de sujets en débat, dans la justice, les syndicats des grandes entreprises, etc. Aujourd’hui, incroyable, il y avait même un rassemblement contre la souffrance animale devant la Grande Poste. Mais le vendredi, c’est particulier, nous sommes tous unis autour d’un même objectif : faire dégager le système. Aussi, il n’y a pas de place pour les revendications particulières. Et puis, le sujet est tellement énorme, qu’il vaut mieux en reparler quand on aura fait sauter ce régime. Maintenant c’est trop tôt. »

    « Il faut se rendre compte que, moi par exemple, je ne peux même pas faire les papiers de mon fils », intervient Yasmine qui, à la différence de son mari, précise qu’elle se « passionne depuis peu pour la Constitution et les discours politiques ».

    « Oui, bien sûr, reprend Hakim, sans parler du fait que les femmes ne peuvent pas sortir dans la rue comme elles veulent, fumer une cigarette en public… Et je n’ai même pas parlé de la question de l’héritage. Mais voilà, dans la société actuelle, la proportion est de 80 % de conservateurs pour 20 % de progressistes. Il va falloir prendre le temps, expliquer tout ça dans le détail, l’histoire de cette domination des hommes, les conséquences du Code de la famille… Si on fait le forcing, les islamistes vont se sentir offensés dans leur chair et ça va tout bloquer. Il va falloir dix à quinze ans pour installer la démocratie, et délier les langues… »

    Yasmine soupire quand on glisse que quinze ans, c’est long…

    « Bon, oui, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, c’est vrai, c’est dégueulasse d’être une femme en Algérie ! », lance Hakim.

    « Je pense que ça prendra moins de temps, glisse Tarik. Une fois que nous aurons engagé la transition, chacun va revendiquer ses droits. Il faut juste que l’on reste unis jusqu’au départ du système. »

    Si la plupart des féministes et beaucoup de « femmes du peuple », selon Intissar Bendjabellah du carré féministe, ont apporté leur soutien, il y a aussi des militantes qui considèrent le sujet « nuisible ».

    Thiziri Dehbia Maames, engagée de longue date dans différents collectifs politiques, ne cache pas son agacement : « Tout le monde aujourd’hui veut parler des femmes ! C’est énervant. Moi, ça ne m’intéresse pas de parler du Code de la famille, en ce moment. Je défends une ligne politique, je veux que le hirak reste uni pour faire dégager le régime. Tous les sujets sociétaux, corporatistes et identitaires n’ont pas lieu d’être aujourd’hui. En plus, on a adopté la mixité dans le mouvement, il est de fait progressiste. »

    « Un carré féministe est pour moi complètement rétrograde dans ce contexte. Il faut arrêter maintenant ! Cela dit, il n’y a aucune raison de les agresser, moi j’irai leur parler vendredi prochain, car par l’intermédiaire des réseaux sociaux, c’est impossible, chacun se renvoie des caricatures. D’habitude, c’est moi qui passe pour la féministe de service. Aujourd’hui, je me fais traiter d’antiféministe, c’est le comble ! »
    Les agressions et les menaces se multiplient

    Mais loin des espaces organisés, les féministes qui s’engagent dans ce combat s’exposent désormais à une violence inouïe.

    Le mardi 2 avril, Sonia Gassemi s’est fait bousculer pendant la manifestation des étudiants à Alger parce qu’elle tenait une pancarte où on pouvait lire : « On ne peut pas libérer le pays tant que les femmes ne sont pas libérées. » Puis, elle a été de nouveau chahutée, lors du quatrième débat devant le Théâtre national, organisé par Adila Bendimerad, en fin de journée.

    La comédienne a dû élever la voix (« la première fois de ma vie », explique-t-elle, troublée) pour exiger que l’assistance laisse parler Sonia Gassemi.

    Post Facebook de Sonia Gassemi, mercredi 3 avril. © DR Post Facebook de Sonia Gassemi, mercredi 3 avril. © DR

    Plus inquiétant encore, le mercredi 3 avril, en fin de journée, un Algérien basé à Londres a appelé dans une vidéo sur Facebook à attaquer à l’acide les féministes qui manifestent. « Les filles de “Houriyati” [ma liberté, allusion aux féministes], si vous venez vendredi, coller des affiches, hurler sur les gens, et dire que vous cherchez la liberté de la femme, l’acide va vous manger ! », a-t-il menacé.

    Une pétition internationale a aussitôt été lancée en vue de porter plainte. L’homme s’est alors fendu d’une nouvelle vidéo pour s’excuser. D’autres menaces de ce type se sont ensuite multipliées.

    Adila Bendimerad a écrit ce message sur Facebook, jeudi 4, à midi :

    Facebook de la comédienne Adila Bendimerad, jeudi 4 avril. © DR
    À la veille du septième vendredi de marche du 5 avril, le carré féministe veut toujours aller manifester. Mais « nous avons peur ! », reconnaît Intissar Bendjabellah.

    #femmes #féminisme #lutte #violence_masculine

  • #Canada Les plus grands utilisateurs des banques alimentaires sont les enfants et les célibataires La Presse canadienne à Mississauga - 5 Février 2019 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/societe/sante/547143/les-constats-des-banques-alimentaires-canadiennes-ciblent-enfants-et-celib

    Les enfants totalisent 35,2 % des personnes ayant recours aux banques alimentaires au Canada alors qu’ils ne représentent que 20 % de la population selon le recensement de 2016 publié par Statistique Canada.

    Ce constat troublant figure en manchette du bilan 2018 que dresse l’organisme Banques alimentaires Canada.


    Photo : Marie-France Coallier Archives Le Devoir. Les enfants totalisent 35,2 % des personnes ayant recours aux banques alimentaires alors qu’ils ne représentent que 20 % de la population.

    Ce pourcentage est presque identique au Québec, mais il est particulièrement élevé en Saskatchewan (43,5 %), dans les trois territoires (43,3 %), au Manitoba (42,6 %) et en Alberta (38,5 %).

    En mars 2018, les banques alimentaires canadiennes ont enregistré 1,1 million de visites. Près de 357 000 d’entre elles ont été faites par des résidents du Québec.

    Une autre anomalie révélée par le rapport révèle qu’un peu plus de 19 % des utilisateurs des banques alimentaires proviennent de familles monoparentales qui ne représentent pourtant que 10 % des ménages canadiens.

    D’autre part, au Canada, 45 % des personnes qui utilisent les banques alimentaires proviennent de ménages d’une seule personne.

    Banques alimentaires Canada impute la gravité de la situation dans les trois territoires au phénomène de l’insécurité alimentaire qui, dans le seul Nunavut, touchait 46,8 pour cent des ménages en 2014, d’après Statistique Canada. D’ailleurs, l’une des quatre recommandations dressées par les auteurs du rapport suggère aux élus de s’attaquer au fléau de l’insécurité alimentaire dans les régions du nord canadien.

    Les auteurs réclament aussi plus de leadership du gouvernement du Canada dans le dossier du revenu de base pour tous les Canadiens. Ils proposent aussi une aide à la création de services abordables d’apprentissage et de garde des jeunes enfants au pays.

    Enfin, ils espèrent un soutien accru aux adultes célibataires à faible revenu.

    #pauvreté #enfants #faim #Banque_alimentaire #Célibataire #Célibataires #banques_alimentaires

  • Dozens of indigenous women forcibly sterilised in Canada, ...
    http://news.trust.org/item/20181123160226-zt1ay

    Dozens of indigenous women were forcibly sterilised by Canadian health authorities, including as recently as in 2017, said the lawyer leading a class-action lawsuit against the government.

    Alisa Lombard was speaking on Thursday after appearing in Geneva at the U.N. Committee against Torture during hearings into Canada’s human rights record.

    More than 90 indigenous women in the western province of Saskatchewan contacted lawyers to join the lawsuit over forced sterilisation, said Lombard of Maurice Law, the indigenous-run firm spearheading the case.

    “This practice needs to stop,” she told the Thomson Reuters Foundation, adding that she knew of cases in 2009, 2011 and 2017.

    “If it happened then and nothing was done to prevent it, I don’t see why it wouldn’t be happening now,” Lombard said.

    A government spokeswoman said officials were still gathering information on the issue, and could not say with certainty that the practice had stopped.

    The U.N. committee will publish its findings on December 7.

    #canada #stérilisations_forcées #peuples_premiers #suprématie_blanche #racisme #femmes

  • SK to dissolve sex slave foundation | World news | The Guardian

    https://www.theguardian.com/world/2018/nov/21/anger-in-japan-as-south-korea-dissolves-comfort-women-foundation

    South Korea has announced it will dissolve a Japanese-funded foundation to support former victims of wartime sexual slavery, sparking outrage in Tokyo and marking the latest deterioration between the two countries.

    #corée #japon #viols #viols_de_guerre
    Japan’s prime minister, Shinzo Abe, said the move risked damaging relations and foreign minister Taro Kono called the decision “unacceptable”.

  • #Moose_Jaw_tunnels reveal dark tales of Canada’s past

    One of the strangest stories in 20th-century Canadian history is coming to light thanks to excavations under the streets of Moose Jaw.

    For more than 75 years, city officials denied rumours of a network of tunnels located under this sleepy city, once one of the wildest frontier towns in the Canadian West.

    Now part of the network has been restored and is open to tourists. Promoted as The Tunnels of Little Chicago, the underground maze has become the city’s most popular tourist attraction, with more than 100,000 visitors to date.

    Local researchers have interviewed many of the city’s senior citizens to get at the long-hidden truth.

    “All of the accounts agreed on the main points,” said Penny Eberle, who has been closely involved in the restoration project.

    Eberle says work on the tunnels began in about 1908 after several Chinese railway workers were savagely beaten at the CPR railyards by whites who believed the Chinese were taking their jobs.

    This was the time when Western Canada was gripped by hysteria about the “yellow peril,” and Ottawa imposed its infamous head tax on Chinese would-be immigrants.

    Terrified and unable to pay the head tax, the Chinese workers literally went underground, digging secret tunnels where they could hide until the situation improved.

    Evidence suggests the tunnels were used for many years. The railway workers managed to bring women to live with them and even raised children in rat-infested darkness.

    Access to the tunnels was gained from the basements of buildings owned by legal Chinese immigrants. The underground residents would do work for above-ground laundries and restaurants and would obtain food and other supplies in payment.

    Because the tunnels were built adjacent to heated basements, they were livable in winter.

    The tunnels acquired a whole new purpose in the 1920s, when the United States and much of Canada embarked on Prohibition.

    As a major CPR terminus linked to the United States by the Soo Line, Moose Jaw was ideally situated to become a bootlegging hub. The city’s remote location also made it a good place to escape U.S. police.

    Moose Jaw became something of a gangsters’ resort, with regular visitors from the Chicago mob.

    “They came to lay in the sun,” says Laurence (Moon) Mullin, an 89-year-old Moose Jaw resident, who worked as a messenger in the tunnels as an 11-year-old boy.

    It didn’t hurt that the entire local police force, including Chief Walter Johnson, was in cahoots with the bootleggers. Local historians say Johnson ran Moose Jaw like a personal fiefdom for 20 years, and even the mayor dared not interfere.

    Mullin liked the bootleggers who frequently paid five cents rather than four, the official price, for the newspapers he sold on a downtown corner.

    The tunnels were used for gambling, prostitution and warehousing illegal booze. Mullin says one tunnel went right under the CPR station and opened into a shed in the rail yards. It was possible to load and unload rail cars without any risk of being seen by unfriendly eyes.

    Mullin says that Chief Johnson would occasionally stop by his newspaper stand. As Johnson paid his nickel he would whisper into Mullin’s ear: “There’s going to be a big storm tonight.”

    Mullin knew what those words meant: an imminent raid by Allen Hawkes of the Saskatchewan Liquor Commission, who did not share Johnson’s tolerant attitudes.

    The boy would rush to a hidden door under the Exchange Cafe, give a secret knock, run down a tunnel to a second door, and knock again. There he would be admitted to a room full of gamblers.

    “The smoke was so thick you could have cut it with a sharp knife and brought it out in squares,” he says, chuckling. “But everyone seemed quite comfortable.”

    Some say the bootleggers strong-armed the Chinese to take over the tunnels, but Mullin denies this. He says the Chinese and bootleggers worked together.

    There are anecdotes about Al Capone himself. Moose Jaw resident Nancy Gray has written that her late father Bill Beamish, a barber, was called to the tunnels several times to cut Capone’s hair.

    Mullin says he never saw Capone but did meet Diamond Jim Brady, whom he describes as Capone’s right-hand man.

    He says Brady was always impeccably dressed in a grey suit and liked to show off the gun he wore under his armpit; the diamonds embedded in his front teeth sparkled when he smiled.

    Mullin says he and the other messenger boys got 20 cents for every errand. The gangsters didn’t allow them to touch booze but taught them how to play poker.

    “The best teachers I had in this world were those men that weren’t supposed to be any good.”

    The boys held Brady in special awe: “He’d always tell us to stay on the straight and narrow. He had eyes just like a reptile and when he looked at you he almost paralysed you. I think he was absolutely fearless.”

    Mullin says some rotgut whisky was made in Saskatchewan but all the good stuff came from the Bronfman distillery in Montreal.

    As recently as the 1970s local officials denied the existence of the tunnels, but the denials became difficult to maintain when part of Main Street collapsed, leaving an unsuspecting motorist planted in a deep hole.

    “I always said some day a truck is going to break through, and it did,” Mullin says. Guided tours of the tunnels begin daily at the Souvenir Shop, 108 Main St. N. in downtown Moose Jaw. Tours last 45 minutes and cost $7 for adults. Senior, student and child rates, as well as group rates, also offered. Wheelchair access not available. Information: (306) 693-5261

    https://www.theglobeandmail.com/life/moose-jaw-tunnels-reveal-dark-tales-of-canadas-past/article4158935
    #migrations #chinois #Canada #souterrain #sous-terre #histoire #tunnels #tourisme #dark_tourism

  • Canada : La Santé publique s’inquiète des pressions du privé sur la distribution du cannabis Fabien Deglise
    - 2 Novembre 2018 - Le Devoir

    https://www.ledevoir.com/societe/540388/la-sante-publique-s-inquiete-des-pressions-du-prive-sur-la-distribution-du

    Alors que le nouveau gouvernement de François Legault s’apprête à rouvrir d’ici la fin de l’année la loi encadrant le cannabis, l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) s’inquiète des pressions qu’exercent plusieurs producteurs pour éroder le monopole étatique de distribution en place au Québec et s’assurer que le secteur privé trouve, comme dans d’autres provinces canadiennes, une place dans la distribution de cette substance.

    « Les intérêts économiques des producteurs qui doivent répondre à leurs actionnaires ne sont pas compatibles avec l’esprit de la loi actuelle qui cherche avant tout à prévenir la consommation et à protéger la santé des gens, dit Émilie Dansereau-Trahan, de l’ASPQ. Depuis le début des discussions sur la légalisation, les acteurs de la santé publique martèlent qu’il ne faut pas de liens directs entre le producteur et le consommateur. Et il ne faudrait pas que ça change. »


    Depuis plus d’un an pourtant, le producteur de cannabis Aurora, un des fournisseurs de la Société québécoise du cannabis (SQDC), embauche un lobbyiste à Québec pour faire avancer la cause d’une privatisation de la distribution auprès des élus chargés de construire le cadre légal autour du cannabis récréatif. Son mandat est actif jusqu’à la fin de décembre et vise à « encourager le commerce en ligne de cannabis sans intermédiaire pour assurer des prix compétitifs », indiquent les informations inscrites au registre des lobbyistes.

    Hexo, premier fournisseur de cannabis de la SQDC, a également cherché à défendre cette position dans la dernière année en présentant « au gouvernement les avantages à caractère économique, de santé et de sécurité publique associés au modèle coopératif et de distribution privée ». L’entreprise dit toutefois avoir récemment changé son fusil d’épaule. « Nous n’avons plus d’intérêt à avoir des discussions sur la vente privée au Québec, a avoué au Devoir Isabelle Robillard, porte-parole de l’entreprise. Nous sommes fiers de notre statut de fournisseur privilégié [de la SQDC]. Nous travaillons avec le gouvernement selon la loi qui a été établie. »

    En accédant au pouvoir, le gouvernement Legault s’est engagé à réécrire la loi sur le cannabis au Québec afin de faire passer l’âge légal des consommateurs de 18 à 21 ans, mais également pour étendre les lieux où la consommation de cette substance va être interdite. Entre autres. Le dossier est porté par le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.

    Dans le cadre réglementaire sur le cannabis présenté par la Coalition avenir Québec en septembre 2017, le parti disait préférer un modèle public de distribution et d’exploitation des points de vente au Québec. « Nous insistons sur le fait que la consommation ne doit pas avoir comme objectif de générer plus de revenus », a indiqué cette semaine Ewan Sauves, porte-parole du gouvernement.

    Depuis le 17 octobre dernier, le secteur privé est actif dans la distribution du cannabis dans les provinces centrales, soit en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, où des commerces non gérés par l’État ont désormais pignon sur rue. Le Manitoba reste toutefois la seule province qui autorise la vente directe de cannabis récréatif, sans intermédiaire, entre le producteur et le consommateur.

    #cannabis #privatisation

    Le crime organisé aurait ses entrées
    Des producteurs de cannabis ont reçu le feu vert de Santé Canada malgré des liens avec le crime organisé, a révélé jeudi l’émission Enquête. Les enquêtes menées sur ces compagnies par Santé Canada et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avant de leur délivrer un permis de production se sont limitées aux têtes dirigeantes. Les investisseurs et les sociétés mères qui les détiennent sont passés sous le radar. Santé Canada s’est défendue en disant n’avoir « aucune preuve » d’une quelconque infiltration du crime organisé parmi l’un des 130 producteurs agréés par le gouvernement fédéral depuis 2013. La GRC a invoqué de son côté le manque de ressources, notamment lorsqu’il est question d’investisseurs basés dans des paradis fiscaux. « Si jamais les corps policiers nous disent qu’ils ont besoin de plus de ressources, c’est sûr que c’est quelque chose que nous allons évaluer », a commenté la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor. Elle a assuré que les enquêtes de l’agence et de la police fédérales sont « très exhaustives », refusant de commenter directement les allégations de Radio-Canada. Guillaume Lepage

    #mafia #multinationales

    • Le texte ? On peu le demander gentiment, le texte en clair ?

      Les abus du Canada sont incroyables et trop bien cachés. Envers la terre, envers le territoire, envers les habitants déjà. Un pays pareil, tant vanté par le commun, aucun paywall ne peut se justifier face à la denonciation de ses exactions. Si ?!

      J’dis ça, en l’air.

    • Tout à fait..., Simon Roger partage sûrement cet avis.

      Au Canada, troisième réserve pétrolière mondiale, le poison de l’or noir de l’Alberta
      Par Simon Roger

      Publié le 06 Septembre 2018
      Contaminations (5/7). La province canadienne est souillée et défigurée par l’exploitation des sables bitumineux, qui empoisonne les fleuves, les lacs et les populations amérindiennes.

      A la sortie du long virage qui laisse entrevoir les premiers chalets de Fort Chipewyan, un panneau invite tout individu témoin d’un crime à contacter la cellule téléphonique mise à disposition par la police.

      La localité de 900 âmes du nord de l’Alberta, accessible par la route seulement quelques semaines par an, lorsque le froid est si mordant qu’il fige le lit des rivières en une glace suffisamment épaisse pour laisser circuler les véhicules, n’a pourtant pas le profil d’une cité de la peur. Ses habitants sont d’ailleurs bien incapables de se remémorer le moindre acte criminel commis ces dernières années dans le village peuplé de Premières Nations Mikisew Cree et Athabasca Chipewyan, deux groupes amérindiens parmi les cinquante composantes autochtones du Canada.

      La population de « Fort Chip », pourtant, débute la journée avec la boule au ventre, redoutant de tomber malade et inquiète pour l’avenir du lac dont la rive méridionale domine le panorama. Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie de cette ligne d’horizon d’un blanc infini : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.

      D’une superficie de près de 8 000 km2, le lac est de loin la plus grande retenue d’eau d’Alberta et de l’Etat voisin du Saskatchewan. Il est aussi la principale source de subsistance pour les populations amérindiennes, habituées depuis toujours à pêcher le grand brochet et le doré jaune dans l’Athabasca, à traquer le caribou, l’élan ou le bison dans les forêts alentour et à récolter des baies dans la nature environnante. Un mode de vie ancestral qui semble de moins en moins compatible avec une autre histoire albertaine, débutée celle-là vers la fin des années 1960, celle de l’extraction du pétrole issu des sables bitumineux.

      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. »
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » .
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Quand les entreprises minières ont commencé à déverser leurs eaux usées dans la rivière Athabasca, qui se jette dans le lac, elles ont contaminé le poisson. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » « Jusqu’où irons-nous, nous, les êtres humains, dans la destruction de toute chose ? », s’interroge le vieil homme avant de confier avoir perdu une quinzaine de membres de sa famille, victimes de cancers. Les rejets industriels qui affectent l’air, l’eau et le sol en seraient la cause.

      Infirmière au centre de santé, Jane Lepine recense de plus en plus de cas de cancers de l’estomac, du poumon ou du foie, de diabètes, de pathologies neurodégénératives, « parmi la population adulte, mais également chez les enfants de Fort Chipewyan ». « Cet endroit est une décharge publique de substances contaminantes, se désole l’infirmière, pour qui la prévalence de ces maladies ne peut être dissociée des émissions des activités pétrolières. Malheureusement, on manque de données sanitaires qui confirmeraient nos craintes. » Ce n’est pourtant pas faute d’avoir alerté l’autorité de santé de la province, Health Alberta, et son équivalent fédéral, Health Canada, qui a compétence pour agir dans les réserves indiennes dont fait partie le territoire de Fort Chipewyan.

      « Se faire soigner coûte très cher ici »
      Mais jusqu’à présent, les questions de la population locale n’ont reçu que des réponses très parcellaires. Cette quête de vérité obsède aussi John O’Connor. Ce médecin irlandais est arrivé au Canada il y a trente ans pour y remplacer un collègue européen ; il a fini par s’installer à demeure à Fort McMurray, la grande agglomération du nord de l’Alberta.

      Depuis 2000, lorsque plusieurs familles lui ont demandé d’y assurer quelques consultations hebdomadaires, le praticien s’intéresse au sort du village. « Je suivais déjà d’autres populations indiennes, mais pas Fort Chip, qui a la particularité d’être une communauté très isolée et condamnée à vivre en autosuffisance, explique John O’Connor. La route hivernale n’est ouverte que deux mois par an. Le reste du temps, il faut prendre l’avion pour aller se faire soigner à Fort McMurray, mais ça coûte très cher. »

      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan.
      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan. .
      Au gré de ses allers et venues, le médecin accumule les témoignages. « Les discussions tournaient beaucoup autour des changements de l’environnement, comme la raréfaction du nombre d’oiseaux, la mauvaise qualité de la viande issue de la chasse, les difformités constatées sur certains poissons… avec une préoccupation centrale, la qualité de l’eau du lac, décrit le praticien. J’ai observé ensuite des pathologies que je n’aurais jamais pensé identifier parmi une population d’un millier de personnes, par exemple plusieurs cas de cancers des voies biliaires, une maladie qui touche en temps normal un individu sur 100 000. » Il en informe les chefs des Premières Nations, interroge ses collègues médecins à Fort McMurray puis interpelle, en 2005, les autorités de santé. Sans réponse de ces dernières.

      Ce mutisme prendra fin après la diffusion par la télévision nationale canadienne CBC, quelques mois plus tard, d’un sujet relayant les questionnements de John O’Connor. Contraint de réagir à l’écho médiatique du reportage, Health Canada dépêche trois médecins sur place en mars 2006.

      Devant les journalistes qui couvrent la visite au centre de santé de Fort Chipewyan, l’un des représentants de l’agence fédérale boit un verre d’eau du robinet : preuve est faite que l’eau est parfaitement potable ! Aucune mesure sanitaire ne s’impose, concluent les trois experts avant de rejoindre leur avion en esquivant les questions de l’auditoire.

      « Taux de cancers plus élevés de 29 % »
      Les autorités de santé s’intéressent en revanche de près au docteur un peu trop suspicieux. Une procédure de radiation pour « mauvais comportement » dans le dossier de Fort Chip est ouverte contre John O’Connor par le collège des médecins et chirurgiens d’Alberta. La procédure ne s’éteindra qu’en novembre 2009, grâce à l’intervention d’un avocat et des habitants qui lancent une pétition pour soutenir leur médecin.

      Au même moment, fin 2009, sont rendues publiques les conclusions d’un rapport de l’Alberta Cancer Board sur l’incidence des cancers à Fort Chipewyan entre 1995 et 2006. Le document confirme l’augmentation de plusieurs types de pathologies (cancer des voies biliaires, du sang, du système lymphatique) et exige des études complémentaires afin d’en préciser les causes et d’évaluer l’état de santé général de la population. Une demande, là encore, classée sans suite.

      George Poitras est un ancien chef de la communauté indienne Mikisew Cree de Fort Chipewyan. « C’est David contre Goliath. Tout le delta est contaminé. Moins de 1 % des terres exploitées par les compagnies pétrolières ont été restaurées en cinquante ans. » SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Ces taux de cancers 29 % plus élevés que la moyenne sont-ils de cause héréditaire, liés au mode de vie ou d’origine environnementale ? Nous avons plus que jamais besoin d’une étude impartiale, complète et rigoureuse pour répondre à cette question », insiste John O’Connor. Au centre de santé, on répond poliment que les informations – logiquement publiques – ne sont pas disponibles.

      « En 2017, plus de vingt personnes sont mortes à Fort Chip, presque toutes d’un cancer. C’est devenu une chose normale », relève Warren Simpson. A 48 ans, cet ancien salarié de plusieurs entreprises de sables bitumineux, qui fait face lui-même à son deuxième cancer, admet que peu de ses concitoyens osent pointer du doigt les industries. « C’est compliqué de scier la branche sur laquelle on est assis. »

      Ici comme partout ailleurs en Alberta, le pétrole règne en maître. Sur la route du cimetière de Fort Chipewyan se dresse un lycée. Il a été construit grâce aux subsides de la compagnie Shell Albian, comme le signale un panneau placé bien en évidence. Un peu plus loin sur la même chaussée apparaît un vaste complexe sportif, avec son terrain de hockey et sa piscine. Ces équipements ont été financés par le premier groupe pétrolier canadien, Syncrude, dont le logo orne la façade du bâtiment devant lequel se rangent, en fin d’après-midi, les pick-up qui laissent tourner leur moteur pour résister aux températures glaciales.

      « Notre industrie est le plus gros employeur de personnes autochtones au Canada, avance Terry Abel, vice-président de l’Association des producteurs de pétrole du Canada (CAPP en anglais). Au cours des dernières années, l’industrie bitumineuse a participé pour 4 milliards de dollars canadiens [2,5 milliards d’euros] au chiffre d’affaires des entreprises autochtones. Aucun autre secteur ne réalise un volume d’affaires équivalent avec elles », assène le dirigeant au siège de la CAPP, dans le quartier des affaires de Calgary, la capitale économique de l’Alberta.

      Des sables bitumineux faciles d’accès
      Le Canada possède la troisième réserve pétrolière de la planète, derrière le Venezuela et l’Arabie saoudite. Plus de 95 % de cet or noir imprègne les sables bitumineux, l’hydrocarbure non conventionnel composé de sable, de bitume et d’eau (80 % à 85 % de silice et d’argile pour environ 10 % de bitume).

      Selon les projections du Centre de recherches internationales associant Sciences Po et le CNRS (CERI), l’exploitation des sables bitumineux devrait apporter, au cours des vingt prochaines années, 200 milliards de dollars par an à l’économie canadienne. Seule la Russie pourrait se prévaloir d’une telle manne, mais ses gisements bitumineux, localisés en Sibérie, sont à des latitudes trop extrêmes pour envisager une activité rentable.

      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray.
      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray. .
      Les sables d’Alberta, en revanche, sont faciles d’accès. Autour de Fort McMurray, le bitume affleure à moins de 70 mètres de profondeur : il est extractible à l’aide de pelles géantes. Dans les deux autres gisements de la province, plus profonds, Peace River et Cold Lake, les compagnies recourent à la technique dite « in situ » : elles forent des puits et y injectent de la vapeur d’eau pour liquéfier le bitume, aspiré ensuite vers la surface. Ensemble, ces trois gisements couvrent une zone exploitable de 142 000 km2, plus vaste que la superficie de l’Angleterre, qui fit du Canada un dominion de la Couronne britannique en 1867.

      A cette époque, Fort Chipewyan était le haut lieu du commerce de fourrure de la région. Fondé en 1788 par la Compagnie du Nord-Ouest, le plus vieux comptoir de l’Alberta vivait au rythme des saisons de trappe et des campagnes de pêche sur le lac. Une existence à laquelle les doyens des communautés indiennes ont pu goûter, avant que l’industrialisation ne vienne rompre cet équilibre.

      « Quand j’étais enfant, on pouvait boire l’eau du lac, parfaitement limpide, et la forêt autour de Fort Chip était d’un vert profond, se remémore Ed Marten, conseiller au centre de santé local. Aujourd’hui, l’eau est couleur chocolat et la végétation est flétrie. »

      A la suite de la mise en route des premières installations minières en 1973, « des trappeurs sont tombés malades après avoir bu l’eau des rivières environnantes. On a vu arriver, venant du Sud, des fumées et des cendres des installations de Syncrude. On se disait que quelque chose ne tournait pas rond », retrace le Mikisew Cree de 65 ans, atteint d’un cancer à l’estomac, comme sa mère, morte en 2017.

      « Rejets durables »
      La génération d’Ed Marten a connu aussi le départ forcé pour le pensionnat catholique, « coupé des miens, de ma langue et de ma culture ». Ce passé douloureux est perceptible dans d’autres communautés indiennes, comme à Fort Smith, à 200 kilomètres plus au nord.

      Un panneau routier y signale le passage de la frontière avec la province voisine des Territoires du Nord-Ouest, mais rien ne distingue la localité de 2 500 habitants de sa cousine albertaine. Même quadrillage urbain, mêmes habitations colorées, même concentration humaine autour des points cardinaux de la vie dans le Grand Nord que représentent les stations-service et les épiceries.

      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing.
      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing. .
      François Paulette, un des chefs de la communauté Smith’s Landing, a préféré s’installer à la lisière de la forêt bordée par l’Athabasca. Dans cette zone où la rivière est agitée de puissants rapides, l’eau reste libre de glace au plus fort de l’hiver. « Un peu plus loin, on trouve un autre cours d’eau, Dog River, sur le plateau canadien, indique-t-il d’un geste ample. Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau. »

      « Mais il fut un temps [au début des années 1960] où le gouvernement décida de nous expulser de nos terres, prétextant que notre manière de vivre était en voie d’extinction, poursuit le chef de la communauté Déné, retiré à ses parents à l’âge de 6 ans pour l’école paroissiale. Quant à l’eau, il faudrait être naïf ou stupide d’espérer ne pas être touché par l’industrialisation. Les usines de pâte à papier, et après elles les compagnies de sables bitumineux, ont consommé beaucoup d’eau et rejeté beaucoup de déchets dans la rivière. »

      Le « traité no 8 », le texte qui régit depuis 1899 les rapports entre les communautés du nord de l’Alberta et la Couronne d’Angleterre, accorde aux populations indiennes un droit inaliénable de chasse et de pêche. Que vaut cet engagement sur des étendues de terres et d’eau souillées par les activités humaines ?, interpelle François Paulette.

      La région de Fort Smith n’a pourtant pas de pétrole, pas plus que celle de Fort Chip. Mais elles sont toutes deux irriguées par le réseau hydrographique de l’Athabasca. C’est par cette veine immense et ses affluents que les infrastructures pétrolières installées à plus de 200 km en amont diffusent leur poison liquide.

      « Le programme de suivi de la qualité de l’eau mis en place par le gouvernement d’Alberta n’est pas adapté aux risques des activités industrielles, soutient l’hydrogéologue canadien Gilles Wendling. On n’étudie pas, par exemple, les effets cumulatifs de ces rejets durables. » C’est l’une des revendications de l’association Keepers of the Water Athabasca (« Gardiens de l’eau de l’Athabasca »), qui tente de mesurer les impacts hydrographiques de l’exploitation des sables bitumineux, très consommatrice d’eau. L’ONG créée en 2006 recourt à l’expertise de chercheurs indépendants comme Gilles Wendling. « On en avait assez de la propagande des industriels et des agences gouvernementales de régulation, explique Jule Asterisk, l’une des porte-parole de Keeper. Les résistances sont très fortes lorsqu’on se penche sur ce sujet. »

      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor.
      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Sujet de tension entre la société civile, les autorités et les industriels, la question de l’eau n’épargne pas la sphère académique d’Edmonton, la capitale administrative de la province. Dans les bâtiments de briques rouges qui donnent à l’université d’Alberta un petit air de campus anglais, une étude alimente particulièrement la controverse, celle du professeur David Schindler. Connu pour avoir identifié, dans les années 1970-1980, les pluies acides comme vecteur de la mortalité des poissons des Grands Lacs, le biologiste a publié en 2010 la première étude d’importance sur la rivière Athabasca et ses affluents. Son équipe a retrouvé dans l’eau treize types de métaux lourds attribués à l’industrie des sables bitumineux, parmi lesquels du mercure, du nickel, du plomb, du thallium, de l’uranium et de l’arsenic.

      « Les concentrations de métaux lourds sont toutes très basses, en amont comme en aval des installations de sables bitumineux, et elles n’ont pas varié depuis des décennies », affirme de son côté William Shotyk, titulaire de la chaire d’agriculture et d’environnement de l’université d’Alberta, à partir de mesures collectées en 2016. Pour ce géologue, fier de faire visiter le laboratoire ultramoderne construit grâce aux fonds d’Alberta Innovates, l’agence de recherche financée par la province et le secteur pétrolier, « on retrouve les mêmes valeurs de contaminants que celles que l’on peut observer au nord de la Norvège, dans la région la mieux préservée d’Europe ! »

      « Risque extrême »
      « Soutenir qu’une industrie qui brûle de fortes quantités de pétrole et utilise des solvants chimiques en grand nombre ne génère pas de pollution n’est tout simplement pas crédible, rétorque le biologiste, aujourd’hui retraité. La question n’est pas de savoir si la pollution est avérée ou non, mais jusqu’à quel point elle affecte la biosphère. »

      Six mois après l’étude de David Schindler, un autre rapport scientifique a corroboré ses résultats, les experts de la Société royale du Canada ont notamment relevé le haut niveau de toxicité « chronique » des eaux rejetées par l’industrie dans ses bassins de décantation. Un an plus tard, la presse albertaine rendait public un document confidentiel du ministère de l’environnement qui qualifiait la contamination de la rivière Athabasca de « sujet de première importance ».

      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. »
      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. » .
      Masqués par la neige abondante de l’hiver, ces lacs artificiels vérolent peu à peu le paysage du nord de l’Alberta. Après un demi-siècle d’activité pétrolière, ils contiennent, en volume cumulé, 1 300 milliards de litres d’eau polluée, et pourraient nécessiter 50 milliards de dollars de frais d’assainissement, selon les calculs de Pembina. L’institut canadien spécialisé dans l’énergie a alerté à plusieurs reprises sur les fuites de certains bassins remplis de déchets industriels. « C’est un risque extrême sur le plan environnemental, confirme Simon Dyer, le directeur de Pembina à Edmonton, d’autant que le gouvernement d’Alberta continue d’exempter les entreprises de nettoyer ces bassins, comme la réglementation les y oblige. » En 2008, Syncrude avait été condamné à une amende de 3 millions de dollars à la suite de la mort de 1 600 canards qui s’étaient posés sur l’un des bassins de la compagnie pétrolière.

      La forêt boréale porte elle aussi les stigmates de cette addiction à l’or noir. Depuis la route bosselée et glissante qui relie Fort Chipewyan à Fort McMurray, l’agglomération de 75 000 habitants développée pour et par l’industrie bitumineuse, les futaies d’épinettes, de sapins, de mélèzes et de peupliers font apparaître d’impressionnantes trouées. Certaines sont dues aux feux de forêts qui embrasent régulièrement l’Ouest canadien pendant l’été. Mais les clairières résultent aussi des coupes dictées par les compagnies extractives.

      Cette déforestation n’est pas sans effets sur la biodiversité animale. Le caribou figure au premier rang des espèces les plus menacées. « En coupant les arbres, on crée des corridors qui permettent aux prédateurs comme le loup d’accéder plus facilement aux hordes de caribous », déjà fragilisés par le réchauffement climatique, explique Simon Dyer. Dans certaines régions de l’Alberta, leur population a décliné de 80 % depuis les années 2000, note l’Institut Pembina.

      Regroupé dans le parc national Wood Buffalo, le plus grand troupeau du monde de bisons des bois en liberté pourrait être la prochaine victime collatérale de l’industrie pétrolière. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1983, cette aire naturelle n’est qu’à 30 km d’un énorme projet d’exploitation de sables bitumineux porté par le consortium sino-canadien Teck Resources. Cette mine à ciel ouvert, d’une superficie de 290 km2, permettrait d’extraire 260 000 barils de pétrole par jour pendant plus de quarante ans.

      « Sentiment de honte »
      Teck assure que le projet n’affectera pas l’« intégrité » du parc. Les conclusions de l’entreprise, relayées par l’agence canadienne d’évaluation environnementale, ne convainquent pas les communautés riveraines, qui ont alerté l’Unesco. Dans leur rapport de mission, les experts onusiens estiment que le Canada manque à ses devoirs de protection et demandent aux autorités de mettre en œuvre d’ici à la fin 2018 les dix-sept recommandations énumérées dans leur synthèse.

      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Le gouvernement refuse de choisir entre croissance économique et exigence environnementale, analyse Becky Kostka, et les petites communautés indiennes du Nord ne pèsent pas face aux besoins énergétiques des grandes villes du sud de la province, Edmonton et Calgary. » La responsable des terres et des ressources de la Première Nation de Fort Smith, qui n’est pas d’ascendance indienne, dénonce aussi un problème de mentalité : « La plupart des Canadiens ignorent le sort des Premières Nations ou alors ils éprouvent un sentiment de honte face aux missions catholiques qui les ont colonisées par le passé. »

      Avec l’expansion de l’activité bitumineuse, la colonisation prend un autre visage en Alberta, celui d’hommes blancs célibataires, originaires des quatre coins du Canada et parfois même des Etats-Unis ou d’Europe, tous aimantés par « Fort McMoney » (le surnom de Fort McMurray) et sa ceinture d’usines fumantes et crépitantes. Car en dépit des variations du prix du pétrole, les sables bitumineux restent le meilleur filon pour amasser des dollars.

      Souvent installée dans des baraquements à la sortie de la ville, cette population uniforme écume à la nuit tombée les bars de la ville. Entre deux pintes de bière, Brad et ses collègues natifs d’Ontario ou du Nouveau-Brunswick, à l’autre bout du pays, partagent la même motivation. Opérateurs pour Syncrude, ils gagnent 150 000 dollars par an, « cinq fois plus que ce que l’on pourrait toucher dans nos provinces d’origine », précise Brad. « L’eau n’est pas polluée et le Canada est bien moins émetteur de gaz à effet de serre qu’un pays comme la Chine », ajoute son ami Daven.

      « Il faut stopper cette industrie sale »
      De toute façon, « les sables bitumineux, c’est comme la politique, mieux vaut ne pas aborder le sujet si vous voulez conserver vos amis, ironise Denis Roy, électricien pendant quarante ans à Fort McMurray. Bien sûr que l’industrie pétrolière contamine la région, confie le retraité, mais personne ne veut perdre son boulot. »

      Selon les prévisions de la CAPP, la production de pétrole brut (issu des sables bitumineux de l’Ouest canadien) devrait passer de 2,3 millions de barils par jour en 2015 à 4,8 millions en 2030. « Tant que la demande mondiale de pétrole sera forte, l’industrie canadienne des sables pétrolifères souhaitera y répondre », commente sobrement Terry Abel, le numéro deux des producteurs de pétrole.

      De Calgary à Fort Chipewyan, 900 km plus au nord, personne n’envisage la fin prochaine de l’exploitation des gisements bitumineux. « On a besoin l’un de l’autre, résume Archie Waguam, le chef des Mikisew Cree de Fort Chip, à propos des compagnies pétrolières. Et puis, si c’est nécessaire, on peut sortir un carton rouge et bloquer un projet trop nocif pour l’environnement. » Mais le leader indien préfère sortir son carnet de chèques et faire prospérer les affaires des siens. En décembre 2017, les Mikisew Cree et la Première Nation de Fort McKay ont conclu une participation de 49 % dans un parc de stockage du pétrolier Suncor d’un montant historique de 500 millions de dollars.

      Le tableau blanc sur lequel Archie Waguam a griffonné les priorités de sa communauté pour les cinq ans à venir fait apparaître le développement économique en tête de liste, et la santé en cinquième position. Les permis d’exploitation accordés aux compagnies pétrolières assurent aux Premières Nations des revenus de plusieurs millions de dollars chaque année. « On a plusieurs joint-ventures avec les pétroliers et on développe nos propres affaires. On vient par exemple de lancer la construction d’un hôtel de luxe à Fort McMurray », se vante le responsable.

      Si les montants de ces tractations demeurent confidentiels, l’existence de négociations entre populations locales et secteur privé est connue de tous. « Qu’est-ce qui est préférable, poursuivre une entreprise pour atteinte à l’environnement et prendre le risque de perdre devant la justice, ou négocier directement avec elle des compensations financières ? », argumente Melody Lepine, qui défend les intérêts des Mikisew Cree auprès de l’industrie.

      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.
      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Parmi les habitants de Fort Chip, tout le monde ne goûte pas le pragmatisme des élus indiens. « L’argent est l’autre fléau qui mine notre communauté », s’inquiète le guide et trappeur Robert Grandjambe, qui dénonce pêle-mêle la corruption de certains chefs et les enveloppes de 350 dollars distribuées par les compagnies pétrolières, selon plusieurs témoins, aux participants à leurs réunions publiques.

      « C’est l’argent qui mène le monde aujourd’hui, constate aussi Alice Rigney, la responsable du centre local pour les jeunes. Mon père a vécu quatre-vingt-dix ans, il n’avait que ce qu’il pêchait dans le lac et ce qu’il trouvait dans la nature, mais il est mort heureux. Il faut stopper cette industrie sale qui contamine l’eau et pollue la planète. » « Personne n’ignore aujourd’hui que les énergies fossiles aggravent l’état de la planète, et pourtant elles continuent de se développer, note l’ancien chef des Mikisew Cree de Fort Chipewyan, George Poitras. C’est comme si quelqu’un vous frappait et que vous lui répondiez : ne t’arrête pas, continue de frapper. »

      Contaminations : sept reportages dans des zones souillées à tout jamais
      Depuis dix mois, Le Monde s’est associé au photographe Samuel Bollendorff pour explorer et rendre compte d’une réalité à peine imaginable. Des zones entières du globe, des villes, des forêts, des lacs, des océans, sont devenues impropres au développement humain, souillées à tout jamais, peut-être le prélude à notre monde de demain. Ces territoires se situent majoritairement dans les pays qui ont vu naître l’industrialisation.

      Sept journalistes se sont succédé d’Anniston aux États-Unis à Dzerjinsk en Russie, de Fort Chipewayn au Canada, à Regencia au Brésil, de Fukushima au Japon à « la terre des feux » à côté de Naples, jusqu’au grand gyre du Pacifique. Ils ont enquêté sur ces millions de kilomètres carrés contaminés aux produits chimiques, aux hydrocarbures, à la radioactivité. Et ont découvert des paysages dévastés ainsi que des populations rongées par un mal invisible, le lent poison qui s’est infiltré dans leur environnement, avec l’assentiment des autorités. Leurs reportages ont été rassemblés dans une série baptisée « Contaminations », que nous publions du 1er au 8 septembre en sept volets.

      Au premier abord, dans les images, tout semble paisible, harmonieux, rassurant : une mer calme, une forêt éclairée par une lumière douce… Mais derrière cette séduction apparente, la réalité est toxique. Car la contamination est bien souvent invisible à l’œil nu. Et c’est tout l’intérêt de cette démarche photographique : elle donne l’illusion de la beauté bucolique à l’endroit même où la nature est empoisonnée. Le travail photographique de Samuel Bollendorff est aussi exposé à Visa pour l’image, le festival international du photojournalisme à Perpignan, du 1er au 16 septembre.

  • Un article de « Science » sur l’extermination des mammifères depuis 125 000 ans
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1039

    La revue Science publie dans son numéro du 20 avril 2018 une étude de quatre chercheurs américains démontrant le massacre des grands mammifères par les chasseurs-cueilleurs de l’"Age d’Abondance" depuis 125 000 ans. Il semble qu’il n’y a jamais eu de « bons sauvages ». La philanthropie va devenir de plus en plus difficile à défendre. A lire en anglais dans le document ci-dessous.

    #Service_compris

    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/science_20_avril_18.pdf

  • L’ultime enquête de Jan Kuciak, journaliste assassiné en #Slovaquie
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280218/l-ultime-enquete-de-jan-kuciak-journaliste-assassine-en-slovaquie

    Un mémorial pour le journaliste slovaque assassiné Jan Kuciak. © Aktuality.sk Le jeune journaliste d’investigation slovaque Jan Kuciak et sa fiancée ont été assassinés le 25 février. Avant sa mort, il travaillait sur la ’Ndrangheta italienne, l’un des groupes criminels les plus puissants au monde, et son infiltration en Slovaquie. Mediapart publie en sa mémoire les bribes de cette enquête intitulée « La mannequin, la #mafia et les meurtriers », désormais à jamais inachevée.

    #International #Corruption #Italie #trafic_de_drogue #‘Ndrangheta

  • Slovakian journalism’s darkest day – POLITICO
    https://www.politico.eu/article/jan-kuciak-gorilla-slovakia-journalist-dead-darkest-day

    Even during the turbulent and lawless decade that followed the end of communism in 1989, no reporter was ever killed in Slovakia. Beaten and threatened, yes — on multiple occasions. But never executed with a single bullet to the heart or head, as befell Slovak journalist Ján Kuciak and his fiancée Martina Kušnírova in their home late last week.

    Ján, 27, was a talented investigative journalist whose focus was politically-related fraud. We first came into contact in 2012, as he was finishing his bachelor’s degree in journalism at a university in Nitra, about an hour from Bratislava. I had just been fired from my job with a business weekly and was being very publicly sued for my reporting on the Gorilla file, a high-level #corruption story dating back to 2006.
    […]
    In the past year our roles reversed: I moved to Canada, and it was he who made crucial progress on another story we had both independently been pursuing, the fraudulent payment of EU transfer funds to Italian nationals resident in Slovakia and with alleged ties to the ‘Ndrangheta, the organized crime group from Calabria.
    […]
    As every journalist knows, the most dangerous part of the job always arrives just before publication, when the subject of your exposé knows you are working on him and has a brief window of time to avoid being accused by name. No one knows, at this moment, if this calculation was in fact behind Ján and Martina’s murder. But Slovak organized crime has never killed reporters, even in the bad old days. Whereas Italy’s mafia gangs have shown no such compunctions.

    Slovak police chief Tibor Gašpar has said Ján’s murder is probably related to his work.

    #Slovaquie #Ndrangheta

    • Ils en parlent ici aussi : https://humanite.fr/slovaquie-un-journaliste-dinvestigation-abattu-son-domicile-651114

      Jan Kuciak, journaliste de 27 ans, a été abattu dans sa maison, à Velka Maca, en Slovaquie. Sa compagne, Martina Kusnirova, a également été tuée. Notre confrère travaillait pour le média en ligne Aktuality.sk, où il suivait de près les affaires importantes qui concernaient la fraude fiscale. En septembre, Jan Kuciak avait déposé plainte contre un homme d’affaires sur lequel il enquêtait, Marian Kocner, qui l’aurait menacé. « Cela fait quarante-quatre jours que j’ai porté plainte contre MK pour menaces. Et pourtant, mon cas n’a probablement jamais encore été examiné », s’était plaint cet automne le reporter. « Si la mort du journaliste était liée à son travail, il s’agirait d’une attaque sans précédent contre la liberté de la presse et la démocratie », a réagi hier le premier ministre slovaque Robert Fico. C’est le deuxième journaliste tué dans l’Union européenne en moins d’un an. En octobre, la blogueuse Daphne Caruana Galizia, qui enquêtait sur des affaires de corruption dans son pays, Malte, avait été assassinée. G.D.S.
      Gaël De Santis

    • Il s’appelait Ján Kuciak, et il avait 27 ans. Journaliste travaillant pour le site Aktuality .sk, il a été abattu ce week-end – et sa compagne aussi – de plusieurs balles.

      L’événement s’est déroulé à Veľká Mača, à 50 kilomètres de Bratislava, la capitale de la Slovaquie. La disparition du journaliste d’investigation a été confirmée par le ministère de l’intérieur au journal Dennik N, lundi 26 février au matin. « Ján Kuciak s’était spécialisé dans les enquêtes portant sur des affaires de fraude fiscale à grande échelle. Son dernier article portait d’ailleurs sur les activités de Marián Kočner, un entrepreneur slovaque controversé en raison de ses liens avec plusieurs responsables politiques », indique Reporters sans frontières, qui exhorte les autorités du pays à faire « toute la lumière sur cette affaire ».

      « C’est la cinquième fois en dix ans qu’un journaliste est assassiné dans l’Union européenne. Le meurtre de Ján Kuciak survient après celui de la journaliste d’investigation et blogueuse maltaise Daphne Caruana Galizia le 16 octobre 2017, le massacre des sept journalistes de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 à Paris, l’assassinat du journaliste grec Socratis Guiolias, abattu à l’arme automatique devant son domicile en 2010 et celui du Croate Ivo Pukanic, tué dans l’explosion de sa voiture devant les bureaux de son journal en 2008 », précise l’organisation de défense des journalistes.

      Théophile Kouamouo

      https://www.lemediatv.fr/articles/un-journaliste-d-investigation-tue-en-slovaquie-rsf-reagit

      #Liberté_de_la_presse

  • Du « pot » plutôt que des tomates _ Le Devoir - Marie Vastel - 19 décembre 2017 *
    http://www.ledevoir.com/politique/canada/515801/agroalimentaire-du-pot-plutot-que-des-tomates

    Les Serres Bertrand seront converties pour produire du cannabis
    Le producteur de tomates Les Serres Bertrand se recycle… dans le cannabis. L’entreprise québécoise s’associe au producteur de marijuana Canopy Growth pour faire pousser 60 tonnes de cannabis par année dans ses serres de Mirabel.
     
    Stéphane Bertrand a hésité lorsque Canopy Growth l’a approché en août dernier.
     
    « La première décision, c’était non », admet-il au Devoir, en raison de « préjugés » à l’endroit des producteurs de marijuana. Mais le patron des Serres Bertrand est tout de même allé rendre visite à Canopy Growth, un gros joueur ontarien de l’industrie de la marijuana médicale. Les appréhensions de Stéphane Bertrand ont été apaisées.
     
    « Ce n’est pas des Joe Bleau [n’importe qui]. C’est des professionnels. Et on est revenus avec une image totalement différente », raconte le président des Serres Bertrand.

    Sa compagnie souhaite donc se joindre à Canopy Growth pour créer la coentreprise Vert Cannabis, qui ferait pousser de la marijuana sur les 700 000 pieds carrés de terres de la serre de Mirabel. À terme, la production atteindrait 60 tonnes de cannabis par année, pour un chiffre d’affaires annuel de 100 millions, prédit Adam Greenblatt de Canopy Growth.
     
    La demande de permis a été présentée lundi à Santé Canada, qui octroie les permis de production de marijuana médicale en attendant la légalisation de la marijuana récréative. Les partenaires de Vert Cannabis visent les deux marchés, lorsque le second sera légalisé.
     
    Stéphane Bertrand y voit une occasion d’affaires. « Il y a une niche qui se présente à moi. […] Je devrais être, au Québec, le joueur majeur en ce moment. »
     
    La part du lion
    Le Québec ne compte que deux autres producteurs approuvés par le gouvernement fédéral pour l’instant : Hydropothecary, à Gatineau, et Aurora, qui a obtenu un permis de production pour son usine de Pointe-Claire fin octobre.
     
    La récolte des Serres Bertrand et de Canopy Growth serait destinée d’abord et avant tout au Québec, assure Adam Greenblatt.
     
    « Nous ciblons tous les marchés du cannabis au Québec. La part du lion qu’on fera pousser dans cette serre-là est destinée au marché québécois. C’est clair qu’il y a un manque de producteurs homologués ici, et beaucoup d’inquiétudes par rapport à l’alimentation du marché [lorsque la marijuana récréative sera légalisée]. Donc on se positionne pour être des leaders dans tous les marchés du cannabis, y compris au Québec. »
     
    Stéphane Bertrand ne délaisse pas pour autant entièrement la production de tomates du Québec. Sa serre de Mirabel en produisait, de même que des concombres et des poivrons, mais sa nouvelle serre de 100 000 pieds carrés à Lanoraie continuera de faire pousser des tomates roses.
     
    « Ce n’est pas de gaieté de coeur qu’on a dit “c’est fini” après 27 ans de production », a confié le patron. Mais Canopy Growth a cogné à sa porte, au moment où il trouvait déjà difficile de rivaliser avec les producteurs mexicains qui vendent leurs caisses de tomates à bas prix, explique-t-il.
     
    Production timide au Québec
    Le Québec ne représente qu’une petite part de la production de marijuana au pays. Seuls deux permis de production de cannabis ont été approuvés pour la province, sur 221 demandes présentées au fédéral, selon des données récentes de Santé Canada.

    L’Ontario compte 44 permis approuvés sur un total de 664 demandes, tandis que, pour la Colombie-Britannique, 18 permis ont été octroyés sur un total de 527 demandes. C’est dans ces deux dernières provinces que le plus grand nombre de permis ont été délivrés.
     
    Suivent l’Alberta et la Saskatchewan, avec quatre permis chacune, puis le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et le Québec, avec deux permis par province. L’Île-du-Prince-Édouard en compte un seul.
     
    Au Québec, 22 permis ont été refusés, mais 197 autres demandes étaient toujours à l’étude il y a dix jours.

    « La rapidité avec laquelle l’autorisation est accordée dépend beaucoup de l’état de préparation du demandeur », a expliqué Santé Canada au Devoir, puisque les antécédents judiciaires des employés sont vérifiés, tout comme les futurs sites de production.
     
    « Plusieurs demandeurs du Québec ont des installations complètes et Santé Canada prévoit que d’autres producteurs recevront des autorisations au cours des prochains mois », a fait valoir le ministère.

    6,2 milliards - C’était la valeur (en dollars) du marché noir du cannabis au Canada en 2015, selon une nouvelle étude de Statistique Canada. L’étude estime que le marché du cannabis atteignait la moitié ou les deux tiers de la taille du marché de la bière, dont la valeur était de 9,2 milliards. L’agence fédérale calcule aussi qu’il peut équivaloir à entre 70 et 90 % des 7 milliards du marché du vin.  La Presse Canadienne.

    #Canada #Canabis #marijuana #Quebec #Importation #Commerce

    



     

  • Les détenus canadiens ne mangent pas à leur faim 1 novembre 2017 - Hélène Buzzetti

    L’enquêteur correctionnel juge que de petites portions risquent d’engendrer de gros problèmes de sécurité

    « Le fait de jouer avec la nourriture de personnes affamées et frustrées peut avoir des conséquences néfastes involontaires », écrit l’enquêteur correctionnel Ivan Zinger.
    http://www.ledevoir.com/politique/canada/511776/gastronomie-carcerale
    Les prisonniers fédéraux ont faim. C’est du moins la conclusion à laquelle arrive l’enquêteur correctionnel du Canada, qui montre du doigt la refonte des cuisines carcérales effectuée sous le régime conservateur de Stephen Harper. La centralisation de la préparation des repas a certes réduit le coût des portions, mais celles-ci sont également réduites, moins soutenantes et moins goûteuses.

    L’insatisfaction a tellement augmenté qu’elle a conduit, dans le cas le plus extrême, à une émeute mortelle en Saskatchewan.


    Le Service correctionnel du Canada (SCC) a mis progressivement en place, dans le cadre du plan de réduction du déficit du précédent gouvernement, un système de « cuisson refroidissement » . La nourriture consommée dans l’établissement n’est plus préparée sur place par les détenus eux-mêmes. Elle est plutôt apprêtée, jusqu’à deux semaines d’avance, dans des cuisines centralisées régionales, puis congelée et distribuée dans les établissements qui la réchaufferont. Le coût quotidien de la nourriture fournie à chaque détenu ne doit pas dépasser 5,41 $.
     
    Chaque détenu reçoit un total de 2600 calories par jour, ce qui correspond, selon le Guide alimentaire du Canada, à l’apport recommandé pour un homme peu actif de 31 à 50 ans. L’apport recommandé pour les hommes de 18 à 30 ans varie plutôt de 2450 à 3300 calories, selon leur niveau d’activité. Or la moyenne d’âge dans les prisons canadiennes est de 37 ans, et les hommes de moins de 30 ans composent « la majeure partie de la population », selon l’enquêteur correctionnel.
     
    Résultat : le niveau de tension a augmenté dans les établissements. « Le fait de jouer avec la nourriture de personnes affamées et frustrées peut avoir des conséquences néfastes involontaires », écrit l’enquêteur correctionnel Ivan Zinger, qui signe ici son premier rapport annuel depuis sa nomination en janvier.
     
    « La nourriture […] est essentielle à la santé et à la sécurité dans le milieu carcéral. » Elle a été, écrit-il, « un des facteurs » qui ont fait éclater l’émeute au pénitencier de la Saskatchewan en décembre 2016. Cette émeute avait duré trois heures et demie et s’était soldée par la mort d’un détenu. Les prisonniers se plaignaient de la taille des portions de nourriture et du trop faible apport en protéines.
     
    De manière plus générale, note l’enquêteur, cette réforme a entraîné « des centaines de plaintes et a créé de la tension dans tous les pénitenciers ». Le Service correctionnel estime que la transformation a généré des économies de 6,4 millions de dollars.
     
    En Grande-Bretagne, note M. Zinger, son homologue a conclu que la mauvaise qualité de la nourriture servie et la petitesse des portions pourraient « servir de catalyseur d’agressions et de dissidences ». M. Zinger recommande au SCC de mener une étude pour comparer le prix des portions et leur taille avant et après le changement. La réforme est pleinement en vigueur depuis environ deux ans, indique-t-on.
     
    Port-Cartier fait exception  
    Le pénitencier à sécurité maximale de Port-Cartier, sur la Côte-Nord, est exempté de cette réforme culinaire, comme quelques autres établissements trop isolés. Or, note l’enquêteur, la prison a réussi à respecter le budget alloué par prisonnier tout en fournissant une nourriture plus appréciée. On y cuisine le pain et les muffins, par exemple. Selon les témoignages entendus, des prisonniers refuseraient de se faire transférer vers des établissements à sécurité intermédiaire afin de ne pas être soumis au nouveau régime.
     
    « C’est un peu renversant, quand on sait les restrictions à la liberté qui existent dans un pénitencier à sécurité maximale, que les détenus préfèrent rester dans cet environnement plutôt que de bénéficier de moins de restrictions simplement à cause de la nourriture », a lancé M. Zinger en conférence de presse.
     
    Cette centralisation culinaire a aussi affecté négativement la formation professionnelle des prisonniers en réduisant le nombre d’emplois disponibles (entre 300 et 400 emplois de moins, selon le bureau de l’enquêteur) et la qualité de ceux-ci.
     
    « Ce sont de grandes marmites et les détenus ne font qu’y déverser des contenants avec des codes barres, des aliments pré-pesés. Ils font tout bouillir. Que ce soit poulet, boeuf, porc, tout est bouilli pendant 45 minutes ou une heure et demie. Au fond des marmites, il y a un gros boyau qui déverse le liquide dans des sacs de plastique avec des codes barres. […] Ce genre de travail requiert très peu d’habiletés ou de compétences comparativement au système d’avant ou comme à Port-Cartier, où on pense même à introduire un programme de formation professionnelle de cuisinier. »

    #faim #prison #rétention #carcéral #Canada #détenus #cuisson_refroidissement #beurk #alimentation

  • Canada indigenous women were coerced into sterilisations, lawsuit says | World news | The Guardian

    https://www.theguardian.com/world/2017/oct/27/canada-indigenous-women-sterilisation-lawsuit

    Two indigenous women in Canada have filed a class action lawsuit over allegations that they were coerced into undergoing sterilisation at a Saskatchewan hospital. The suit was launched after health authorities in the province admitted that several women had come forward with similar claims.

    The legal challenge, which still needs to be certified by a judge, centres on the idea of proper and informed consent – and whether this was obtained before the womenwere sterilised.

    #nations_premières #canada #droit_des_femmes #stérilisation #viols #violence_faites_aux_femmes

  • Mégère internationales,

    En faisant mes recherches sur les Mégères je me rend compte qu’il y a un peu de diversité dans l’histoire de cette insulte misogyne.
    Mégère en français viens de Megera, une des 3 Erinyes ou furies en latin.
    En Anglais, mégère se dit « Shrew » qui veut dire musaraigne. Il semblerait que la musaraigne puisse crier très fort.
    https://www.youtube.com/watch?v=8Sp6PJ34oxc


    Il y a aussi Vixen qui viens de renarde
    https://en.wiktionary.org/wiki/vixen#English

    En Allemand j’ai trouvé Hausdrachen c’est à dire littéralement « dragon de maison » mais aussi Spitzmaus qui veut dire musaraigne.

    En Espagnole j’ai vu le film « Musarañas » qui me fait présumé que c’est comme en anglais et en allemand. http://www.imdb.com/title/tt3417756

    En néerlandais je trouve spitsmuis qui est encore la musaraigne.

    La mégère française commence à faire exception, même si j’aime bien les musaraignes, la mégère et la hausdrachen ont la mâchoire plus redoutable.
    Dans la mégère apprivoisée il y a plusieurs répliques qui insistent sur l’aspect inoffensif des musaraignes, et se moque de la peur des hommes vis à vis de ces petites bêtes, avec la mégère ca fonctionne moins bien ce genre de blagues.

    edit - Je suis pas sur qu’il y ai autant de musaraignes que ca, c’est probablement que le babelfish de gogol passe par l’anglais et donc par la musaraigne. Si par exemple je cherche le turc à partir de Mégère ca me répond musaraigne en turc, mais si je passe par vixen, ca me propose cadaloz, dişi tilki et huysuz kadın en plus de renarde.

    Je suis bien tenté de t’appeler à la rescousse @simplicissimus mais seulement si ca t’amuse. Je me demande comment on dit mégère en mongol par exemple. Apparement c’est souvent des insultes animalisé alors j’imagine un truc tel que chèvre enragé. le babelfish me répond musaraigne ...

    #mégèrisme #vocabulaire #sexisme #misogynie

    Edit / Bilan :

    Pour les créatures surnaturelles :

    Mégère on la trouve en Grèce (μέγαιρα - mégaira), au Brésil (Megera) et en France.

    Il y a une diablesse (čertice) en Slovène

    La trollesse est Dannoise Trold et Norvegienne Troll

    La Scorpie roumaine est une créature scorpioïde qui peu avoir plusieurs têtes, cracher du feux par les narines et avoir un sang miraculeux.

    Les dragonnes , ou femmes dragon se trouvent en Allemagne Hausdrachen qui veux dire « dragon de maison » et en Mongolie avec луу (lou, ou long) .

    Pour les animaux :
    La musaraigne se trouve en Angleterre avec Shrew et en Espagnol Musarañas
    La femelle scorpion en Roumanie car Scorpie veut aussi dire scorpion.
    La renarde , Vixen en Anglais, äkäpussi en finnois
    La tigresse est chinoise 母老虎, Mǔ lǎohǔ , et arabe النمر alnamar
    La femelle corbeau se trouve en Russe карга kargá et en Allemagne avec la Rabenmutter , mère corbeau.
    La jument est japonnaise 馬 et Coréenne 말
    –-----
    Ensuite il y a les adjectifs, ou caractères, comportement.

    Féroce = Fierecilla en Espagne, Fera en Portugais
    Sauvage = feréstega en Catalan
    Capricieuse = наравістай (naravistaj) en Biélorusse
    Insoumise = Widerspenstigen en Allemand
    Acariatre = Bisbetica en Italien
    Folle = Feeks en Néerlandais et en Frison
    Obstinée = строптивой (stroptivoy) en Russe
    Furieuse, coléreuse = горопад (goropad) en Serbe
    Têtue = норовливої en Ukrainien
    Grognon = Hırçın Kız en Turc
    Maléfique = zlé ženy en Slovaque
    Débridée = Անսանձ (Ansandz) en Arménien
    Rebelle = سرکش en Farsi et הסורר (sorer) en Hébreux

    Et enfin les mégères sont de la pisse en Bulgare опърничавата (opŭrnichavata)

    • Pour le mongol, le concept existe probablement mais n’a pas de raison de faire référence à une figure de la mythologie grecque. Éventuellement, le mot aurait pu être importé en passant par le russe qui a pas mal influencé le vocabulaire pendant les 70 ans de régime soviétique.

      Une autre façon de chercher dans les autres langues est d’explorer les propositions faites par WP dans la marge. C’est (un peu) indépendant de gg:translate.

      On y trouve, par exemple, que #Mégère n’a pas d’entrée dans WP[fr] mais renvoie aux Erinyes.

      La version russe connait le sens figuratif (femme méchante (grincheuse, acariâtre,…) et querelleuse) mais ne lui associe pas directement de traduction. Dans les propositions alternatives (en bas, en dessous des cadres de saisie du texte et de traduction) pour le russe, gg:translate propose
      • un mot russe kargá (карга, avec accent tonique sur le deuxième a) qui viendrait du mot turc signifiant corbeau et dont la traduction « française » est hag (vieille sorcière)
      • on trouve aussi ved’ma, (ведьма) sorcière

      WP[zh] (chinois) idem et donne une périphrase pour femme féroce

      note que WP[en] (repris en russe) donne la signification du mot grec : la jalouse.

      En espagnol, effectivement gg:translate propose musaraña en premier choix, provenant clairement du passage par l’anglais comme tu l’indiques. Mais il ne faut pas hésiter à cliquer sur la proposition pour voir les autres possibilités ; on trouve ainsi fierecilla, dont on peut ensuite vérifier que c’est ce mot qui est utilisé pour la traduction du titre de la pièce de Shakespeare The taming of the Shrew, la Fierecilla domada. Diminutif de fiera, féroce (adj.) ou animal, bête féroce (nom).

    • (Pêche) Filet qui ressemble aux folles et qui est principalement employé pour prendre les poissons nommés mulets.

      Ah la drague, les morues, un exemple étonnant en effet ^^

      L’origine de l’indo-européen via marteau et meule me fait pensé au marteau des sorcières mais il ne doit pas y avoir de rapport.

      Je vais fouillé à partir de tes indications. L’origine Russe et chinoise m’interesse beaucoup et je vais allé voire le japonnais aussi.

      L’idée de férocité animal me semble assez commune, avec des versions plus inoffensive (la musaraigne c’est quant même pas la pire terreur du règne animal) mais je me doute que l’origine grec du myth de mégère est assez localisé culturellement. La métaphore animal semble plus rependu, et pour le corbeau, ca me rappel la Rabenmutter. cf #corbeau #corbeaux et https://seenthis.net/messages/582382
      Pour le moment au niveau zoologique il y a en ordre de férocité ; la dragonne, la renarde, la mère corbeau, et la musaraigne. La mégère étant une divinité elle est hors catégorie et je met la dragonne parceque ca peut très bien être une T-rex.

      @fsoulabaille pour mulier et mégère l’un viens du latin et l’autre du grec et il me semble pas que les romains aient conservé le nom de Megera, Alecto et Tisiphone pour leurs furies. Je pense que c’est un hasard si il y a plusieurs sons en commun. Mais peut être qu’il à été gardé en français à cause de l’homophonie avec mulier.

    • A partir du titre de sheakspear et de wikipédia j’ai en arabe :

      ترويض النمرة

      et la traduction me dit : النمر = tigresse

      En Catalan :
      La feréstega domada
      le traducteur me dit feréstega = sauvage

      En Allemand :

      Der Widerspenstigen Zähmung

      la traduction dit indisciplinée.

    • Pour le mongol, je tombe sur des ressources que je ne connaissais pas

      • https://fr.glosbe.com/fr/mn/mégère
      qui propose beaucoup de choses, pas toutes pertinentes, je repère
      – янхан (yankhan) prostituée (avec une jolie palette de back translations : garce,morue,putain,pute,rosse,roulure,salope)
      – луу (lou, ou long), dragon

      • un dictionnaire mongol en ligne https://mongoltoli.mn/search.php?opt=1&word=янхан
      très utile pour vérifier les traductions douteuses de gg:translate

    • La machine me dit indisciplinée mais ca semble être la même idée.

      En Italien :

      La bisbetica domata

      bisbetica : acariâtre
      –—
      En Néerlandais :

      De feeks wordt getemd

      feeks wordt : devenir fou
      –—
      En portugais il y a des nuances :

      The Taming of the Shrew (publicada em português como A Megera Domada, no Brasil, e A Fera Amansada, em Portugal)

      Le Brésil utilise Megera et Fera ca me dit : la Bête, avec fera qui fait pensé à féroce, c’est peut être la bête féroce, plus que la bête tout court.
      –---
      En japonnais (edit en fait c’etait du chinois ^^, voire plus bas) :

      馴悍記

      ici la traduction est pas claire les kanji ensemble donnent la perplexité, un par un ca fait 馴=vicieux 悍=sans peur 記= record .... la perplexité c’est le mot ^^

      –—
      En Biélorussie

      Утаймаванне наравістай

      наравістай : capricieuse
      –—
      En bulgare c’est scatologique

      Укротяване на опърничавата

      ca me dit apprivoisé la merde... tout un programme !
      et quant je met

      опърничавата

      là c’est la pisse. Ca à l’air poétique le bulgare ^^

    • En Russe :

      Укрощение строптивой

      строптивой ca fait obstinée.
      –---
      En Serbe :

      Укроћена горопад

      c’est « les petits poids ruinés ».... très mystérieux le Serbe.

      –—

      En Ukrainien :

      Приборкання норовливої

      норовливої = têtue
      –—

      En Danois :

      Trold kan tæmmes

      Trold c’est la Troll

      –—
      En Frison (je connaissait pas le Frison)

      De Fekke Nuet

      et google n’a pas l’air très fort non plus en Frison parcequ’il sais pas ce qu’est une Fekke
      –—

      En Magyar (ca me dit Hongrois dans google)

      A makrancos hölgy

      hölgy ca veut dire dame. Là je sais pas comment le prendre. Est-ce qu’en Magyar dame et mégère c’est pareil ?
      –—
      En Sumoi - Finnois :

      Kuinka äkäpussi kesytetään

      äkäpussi c’est la renarde, comme la Vixen anglaise.
      –—
      Là je trouve ce language = svenska mais je sais pas comment le traduire et la détection de langue me dit que c’est du français, ce qui me semble douteux :

      Så tuktas en argbigga

      Je verrais plus tard
      –—
      En Norvégien on retrouve la troll

      Troll kan temmes

      –---
      En turc le titre n’est pas traduit en totalité

      Hırçın Kız

      C’est la fille grognon.
      –---

      En Polonais :

      Poskromienie złośnicy

      złośnicy ca me dit musaraigne, mais gogol image ne me montre aucune musaraigne si je fait une recherche d’image avec złośnicy - złośnicy ca me montre des photos de la pièce de théatre.

      –---

    • une mégère moderne :
      « Il fallait du courage, à l’aube de l’Occupation allemande, pour prendre la parole en plein Paris, rue Daguerre, et crier que le nazisme et la politique de collaboration étaient intolérables. Lise London a eu ce courage. Il lui a coûté cher : une condamnation à mort certaine et, finalement, la déportation. »

    • Merci @fsoulabaille
      #historicisation

      Pour revenir au grec et à Στρίγγλας, c’est assez élastique, ca va de « vrai salope » à « garce » en passant par « sorcière ». Megera semble existé dans le grec contemporain mais n’est pas utilisé pour Shakespeare.

      –---
      En Slovaque :

      Zkrocení zlé ženy

      zlé ženy = femme maléfique
      –---
      En Roumain ca me donne pas grand chose.

      Îmblânzirea scorpiei

      Îmblânzirea ca veut dire apprivoisé, mais scorpiei ca fait pensé à scorpion mais je dit ca au pif.
      –---
      Là c’est du slovène mais la traduction robotique est perdu.

      Skrotenie čertice

      edit : Vu les images trouvé par @simplicissimus čertice à l’air de vouloir dire diablesse.
      –---
      Là c’est du Slovaque :

      Ukročena trmoglavka

      Ca donne le crabe corrompu. Cool la crabesse et belle image de casse-noisette ^^
      –---

      En Arménien (dit donc c’est joli d’arménien ! ) :

      Անսանձ կնոջ սանձահարումը

      Անսանձ կնոջ = femme célibataire
      Անսանձ = débridée
      L’image est assez claire surtout quant on sais ce qu’est la bride et son histoire !!! https://seenthis.net/messages/394240
      En Arménien, Mariage = bride au moins c’est claire.

      –—
      Le géorgien c’est une merveille graphique !

      ჭირვეულის მორჯულება

      Par contre la traduction est étrange.
      ensemble ca fait « Lutte contre les pauvres » comme la politique de Macron
      ჭირვეულის = Les nécessiteux
      მორჯულება = Dureté

      –----

      En Farsi :

      رام کردن زن سرکش

      Le problème de la dame c’est d’être voyante. Il faut pas grand chose pour devenir une mégère persane.
      –—

      En Hébreux :

      אילוף הסוררת

      הסוררת ca me donne « Shrew » c’est à dire pas grand chose. La recherche d’image contiens des photos de la pièce de théatre, des brides de mégères, quelques femens et femmes à moustache.

      edit info donné par @simplicissimus : (sans la première et la dernière lettre, sorer) : rebelle, indiscipliné

      –---
      En Bengali :

      দ্য টেইমিং অফ দ্য শ্রু

      দ্য শ্রু me dit Shrew-musaraigne
      dans la recherche d’image je tombe sur une photo de #Malala_Yousafzai !

      –----

    • le roumain te donne bien un nouvel animal : c’est bien le scorpion.
      https://ro.wiktionary.org/wiki/scorpie

      3ème sens : épithète injurieux adressé à une mauvaise femme

      le deuxième sens décrit le scorpion des légendes, qui a beaucoup d’attributs du dragon occidental (du feu lui sort des narines et son sang a des propriétés miraculeuses) mais il aurait plusieurs têtes…

      (în basme) ființă cu însușiri supranaturale, închipuită de obicei ca un monstru feminin cu mai multe capete, care scoate flăcări pe nări și al cărei sânge ar avea însușiri miraculoase.

    • Merci @simplicissimus c’est super gentil de m’aidé :)
      Pour la Scorpie Roumaine j’adore, ca doit trouvé son origine chez Selket, une déesse scorpion à tête de femme.


      Et les américains en ont fait un roi

      –—
      čertice je dirais diablesse vu les images. Ca se rapproche de Mégère et ca manquait au tableau. Mais c’est en quelle langue čertice je m’y perd un peu ^^

    • Pour le chinois et le japonnais je me suis mélangé.

      En chinois (mandarin je pense)

      馴悍記

      Ca donne Shrew et les images des photos de la pièce. Le mot chinois pour mégère doit étre différent de la traduction de la pièce. Vu que les chinois ont des dragons, je pencherait pour une dragonne mais la traduction de mégère en chinois me dit « Pōfù » "泼妇"
      Et les images me donnent cette capture de Crazy Kung-Fu, de Stephen Chow


      Mais « Pōfù » "泼妇" retraduit ca donne "bitch"et ca à l’aire d’être « femme qui éclabousse » ce qui est quant même assez fun.
      La version chinoise de mimi cracra me laisse songeuse.

      –----
      Pour le Japonnais je suis surprise de voire que le titre est en Hiragana et non en Katakanas.

      じゃじゃ馬ならし

      馬ならし ca me dit cheval, et ゃ馬ならし ca veux dire équitation.
      –---
      Enfin le Coréen,

      말괄량이 길들이기

      à l’air proche du japonnais, 말 veux dire cheval mais pour 말괄량이 gogol me dit « tomboy »

    • ouh, je m’y perds moi aussi !

      Je ne vois pas bien d’où sort ton « crabe corrompu ».

      termoglav, c’est du slovène (Slovenščina dans la marge de WP, code de langue et donc code WP : sl, code de pays : si)

      • čertice, c’est du slovaque, et ça veut dire diable (Slovenčina, dans la marge, code de langue : sk, code du pays : sk)

      (en plus, à plusieurs endroits les drapeaux de ces 2 pays, très ressemblants, sont intervertis…)

    • j’ai du découpé le mot n’importe comment dans le traducteur car mon slovène est pas très bon ^^
      Tant pis pour la crabe corrompu j’ai une scorpionne à plusieurs têtes crachant du feu je vais pas me plaindre :) ce bestiaire de mégères est chouette. Merci pour ta précieuse contribution tout ceci va beaucoup me servir.

    • en chinois 馴悍 (les 2 premiers caractères) signifient apprivoiser (tame, dans la traduction « française » de gg)

      et, tjs, dans gg, si tu mets les 3 caractères 馴悍記 (Xún hàn jì), il traduit tantôt par The taming of the Shrew, tantôt par apprivoiser la musaraigne (quand il y a d’autres caractères sur la ligne suivante).

      Très étrange. Ce n’est pas la première fois que le traducteur a un comportement qui semble erratique (bien que reproductible…)

    • Toujours en chinois, quand tu cherches à traduire mégère, il te propose, en effet pôfù, mais aussi 4 autres possibilités. En les parcourant, tu fais apparaître une info-bulle qui fait la rétro traduction (pas commode de faire une copie d’écran) et j’obtiens dans l’ordre :
      – bitch (que tu as aussi obtenu)
      – shrews
      – des musaraignes
      – Mother Tiger
      – la salope

      Mother Tiger (母老虎, Mǔ lǎohǔ, tigresse !) me paraît prometteur :-)

    • Gagné !
      http://www.linguee.com/chinese-english/translation/母老虎.html

      tigress
      less common :
      vixen · (fig.) fierce woman

      entre aussi (enfin !) en scène la renarde. Ça m’étonnait que tes recherches ne t’aient pas conduite à cet animal…

      https://fr.wiktionary.org/wiki/renarde
      (d’ailleurs, quand tu suis le lien pour l’anglais, vixen, le deuxième sens de celui-ci est … mégère, on retombe sur nos pieds !)

    • Ca manque de langues africaines, et pour l’Océanie je n’ai rien non plus. Sans les facilités de wikipédia ca deviens assez compliqué.

      J’imagine qu’il doit y avoir quelques hyènes quant même (j’espère), bien que je sache que pendant longtemps les hyènes était prise pour une race sans femelles à cause de leurs clitoris qu’on confond facilement avec un penis
      Je viens de voire que le clitoris de hyène tacheté comporte aussi le conduit urinaire ce qui aide pas à le différencié des mâles.
      Sur wikipédia il n’y a aucune source par rapport à cette affirmation et les indigènes de l’ère de réparation géographique des hyènes tachetés c’est très très vague

      Cela a longtemps occasionné parmi les populations indigènes des croyances selon lesquelles il n’y aurait pas de femelles chez les hyènes.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Hyaenidae

      En même temps allé voire si une hyène est une fille ou un garçon à part au moment de l’accouchement c’est pas facile facile. Et si tu tue une hyène qui attend des petits, tu as une bête avec un genre de penis et un uterus. Dans le meilleur des cas on pense à un hermaphrodite.


      ci dessus,
      abb.1) les organes mâles
      abb.2) les organes femelle

    • Mais si la vixen je l’ai depuis le début @simplicissimus et la renarde je l’ai retrouvé plusieurs fois. Je vais voire et je te dit.

      Je l’ai en Sumoi et en Anglais la renarde :

      En Sumoi - Finnois :

      Kuinka äkäpussi kesytetään
      traduire avec Google

      äkäpussi c’est la renarde, comme la Vixen anglaise.

      Et d’ailleurs elle me fait pensé à un Yokai ou Kami Shinto de renarde blanche métamorphe dont je me rappel plus le nom. Je reviens avec elle.

      edit ; c’est Inari et elle n’est pas toujours femelle.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Inari_(divinit%C3%A9_japonaise)

      Divinité protectrice des prostituées et des pompiers, Inari est vénéré également pour sa fertilité, pour la naissance et pour l’annonce de certains dangers. Cependant, Inari est aussi redouté par les hommes, car il peut les ensorceler et même les posséder en prenant l’apparence de moines bouddhistes ou de jeunes femmes séduisantes.

      Aujourd’hui, la notion originelle de fertilité agraire est associée à d’autres secteurs de l’économie tel que le commerce et plus récemment la pêche.

      Ambivalente, bénéfique ou maléfique, parfois mâle souvent femelle, Inari est essentiellement complexe. En effet, il y aurait autant de cultes dédiés à Inari que de pratiquants, chacun construisant sa propre image d’Inari et élaborant son propre culte. Selon Karen Smyers, on assiste à une version personnalisée et individualisée du culte dédié à Inari. Divinité liminale entre l’homme et les animaux, et entre l’homme et le divin, le culte à Inari serait l’une des métaphores de la société japonaise : une unité de façade et une hétérogénéité de fait.

    • Bilan :
      Pour les créatures surnaturelles :

      Mégère on la trouve en Grèce (μέγαιρα - mégaira), au Brésil (Megera) et en France.

      Il y a une diablesse (čertice) en Slovène

      La trollesse est Dannoise Trold et Norvegienne Troll

      La Scorpie roumaine est une créature scorpioïde qui peu avoir plusieurs têtes, cracher du feux par les narines et avoir un sang miraculeux.

      Les dragonnes , ou femmes dragon se trouvent en Allemagne Hausdrachen qui veux dire « dragon de maison » et en Mongolie avec луу (lou, ou long) .

      Pour les animaux :
      La musaraigne se trouve en Angleterre avec Shrew et en Espagnol Musarañas
      La femelle scorpion en Roumanie car Scorpie veut aussi dire scorpion.
      La renarde , Vixen en Anglais, äkäpussi en finnois
      La tigresse est chinoise 母老虎, Mǔ lǎohǔ , et arabe النمر alnamar
      La femelle corbeau se trouve en Russe карга kargá et en Allemagne avec la Rabenmutter , mère corbeau.
      La jument est japonnaise 馬 et Coréenne 말
      –-----
      Ensuite il y a les adjectifs, ou caractères, comportement.

      Féroce = Fierecilla en Espagne, Fera en Portugais
      Sauvage = feréstega en Catalan
      Capricieuse = наравістай (naravistaj) en Biélorusse
      Insoumise = Widerspenstigen en Allemand
      Acariatre = Bisbetica en Italien
      Folle = Feeks en Néerlandais et en Frison
      Obstinée = строптивой (stroptivoy) en Russe
      Furieuse, coléreuse = горопад (goropad) en Serbe
      Têtue = норовливої en Ukrainien
      Grognon = Hırçın Kız en Turc
      Maléfique = zlé ženy en Slovaque
      Débridée = Անսանձ (Ansandz) en Arménien
      Rebelle = سرکش en Farsi et הסורר (sorer) en Hébreux

      Et enfin les mégères sont de la pisse en Bulgare опърничавата (opŭrnichavata)

  • Le gouvernement du Québec décrète une loi « spéciale » qui criminalise la #grève dans la construction
    http://www.wsws.org/fr/articles/2017/mai2017/lois-m31.shtml
    Et bientôt, le rétablissement de la peine de mort pour les syndicalistes ?

    Le gouvernement libéral du Québec a demandé une séance de l’Assemblée législative lundi afin de criminaliser la grève de six jours parmi les 175 000 travailleurs de la construction.

    Le projet de loi « spéciale » antigrève du gouvernement, qui a officiellement été adopté mardi par le Parlement, menace les travailleurs de sanctions sévères s’ils ne se présentent pas au travail aujourd’hui, à l’heure de commencement habituel de leur quart de #travail.

    La loi 142 rend aussi illégal tout ralentissement de travail ou « toute diminution ou altération » des « activités normales » des travailleurs. Sous la menace de sanction légale, les responsables syndicaux doivent dire publiquement à leurs membres d’obéir à la loi et le prouver par écrit au ministère du Travail dans un affidavit.

    Avant même que les travailleurs de la construction n’abandonnent leur poste de travail la semaine dernière, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a montré clairement que son gouvernement criminaliserait la grève. Lundi, la ministre du Travail, Dominique Vien et le président du Conseil du Trésor, Pierre Moreau, ont déploré l’« impact majeur » de la grève sur l’économie. « Pensez-vous vraiment, a demandé Moreau, que le Québec peut se permettre de perdre 45 millions $ par jour ? La réponse est clairement non. »

    #criminalisation #démocratie

    • Je ne sais pas s’il est connu qu’au #Canada (ça parait délirant en France), il n’y a pas vraiment de « #droit_de_grève ».

      La « grève » n’est autorisée qu’à un moment très précis : la période de négociation de la convention collective, qui est aussi celle de l’élection des #syndicats. Une fois le syndicat élu et la convention signée, en général pour 5 ans, toute grève est interdite et lourdement punie.

      Donc quelques semaines tous les 5 ans, parfois quelques mois, quand la signature de la convention tarde.

      C’est très peu ? Mais c’est encore trop pour l’Etat qui s’autorise « de temps en temps » (mais en pratique de plus en plus souvent quand il s’agit de domaines « stratégiques ») à voter ce qu’il appelle des « lois spéciales » qui « à titre exceptionnel » (mais en fait pas si spécial que ça) interdit le droit de grève, même pendant le rare moment où il aurait du être autorisé...

      #Québec

    • #Loi_spéciale

      Une loi inconstitutionnelle ?
      Claude Gauvreau, Actualités UQAM, le 13 Juin 2017
      https://www.actualites.uqam.ca/2017/loi-speciale-construction-inconstitutionnelle-ou-pas

      Laurence Léa Fontaine s’interroge sur la pertinence de la loi spéciale. « Mettre fin à un conflit après seulement cinq jours de grève, cela signifie que le droit de grève, un droit constitutionnel, est réduit à peu de choses », dit-elle.

      Le fait d’imposer l’arbitrage de différends, comme le prévoit la loi spéciale, laisse peu de place à la négociation collective, poursuit Laurence Léa Fontaine. « En outre, cela ouvre la porte à un possible conflit d’intérêts. L’État, qui est la fois le législateur et l’un des plus importants donneurs d’ouvrage dans le secteur de la construction, pourra décréter les conditions de travail. » Selon l’article 23 de la loi spéciale, la ministre du Travail aura le pouvoir d’imposer les thèmes de l’arbitrage si la période de médiation aboutit à une impasse. « Une façon d’agir très critiquable d’un point de vue constitutionnel », note la juriste.

      Au Canada, le droit de grève est un droit constitutionnel depuis 2015, tient à rappeler Laurence Léa Fontaine. « Cette année-là, un jugement de la Cour suprême du Canada a invalidé une loi de la Saskatchewan sur les services essentiels visant à restreindre l’exercice du droit de grève des employés du secteur public. Cela signifie que le droit de grève est désormais protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. » Depuis 1987, la Charte protégeait uniquement la liberté d’association, mais pas les moyens d’exercer cette liberté. En 2007, la Cour suprême a étendu la protection constitutionnelle à la négociation collective, tout en précisant que cela ne touchait pas le droit de grève.

      « Si la Cour a décidé il y a deux ans de protéger constitutionnellement l’exercice du droit de grève, c’est parce que celui-ci a été réduit comme une peau de chagrin au cours des dernières décennies, en particulier dans le secteur des services publics, affirme la professeure. L’article 1 de la Charte canadienne souligne que les restrictions apportées à un droit protégé par la Constitution doivent être justifiées dans une société libre et démocratique. Si ce n’est pas le cas, on a l’obligation d’abroger ou de modifier une loi qui restreint un droit constitutionnel. »

      Loin d’être des interventions ponctuelles et conjoncturelles ayant une portée limitée, les lois spéciales au Québec forment un ensemble cohérent de mesures dont les effets ont été structurants sur la gestion des conflits de travail. Depuis la fin des années 1960, une quarantaine de lois spéciales ont été adoptées par les différents gouvernements, ce qui relève, disent certains, d’une logique d’exceptionnalisme permanent. « Les lois spéciales sont devenues de véritables épées de Damoclès, souligne Laurence Léa Fontaine. Elles sont perçues comme des mécanismes normaux de gestion des conflits dans les relations de travail et dans la société en général, comme si elles faisaient maintenant partie de nos mœurs. »

  • Davantage de terres agricoles appartiennent à des investisseurs, selon une étude | ICI.Radio-Canada.ca
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1022428/terres-agricoles-saskatchewan-propriete-investisseurs-etude-politiq

    La superficie des #terres agricoles appartenant à des investisseurs a considérablement augmenté en #Saskatchewan entre 2003 et 2014, selon une étude du Centre canadien de politiques alternatives, ce qui pourrait réduire aux agriculteurs l’accès aux terres.

    Elle est passée d’environ 21 000 hectares à près de 340 000 hectares pendant ces années.

    Selon le professeur de sociologie à l’Université de Regina et coauteur de l’étude, André Magnan, une des causes du phénomène remonte à 2003. Cette année-là, le gouvernement a assoupli sa législation et permis à tous les Canadiens et aux entreprises d’acheter des terres de plus de quatre hectares.

    André Magnan affirme que cette situation pourrait avoir un effet néfaste sur le marché des #terres_agricoles. Il explique que les investisseurs peuvent en général payer plus cher pour les terres, ce qui fait monter leur prix.

    #spéculation

  • Les agressions sexuelles des enfants autochtones seront au coeur de l’enquête d’Ottawa | ICI.Radio-Canada.ca

    http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1001183/agressions-sexuelles-enfants-autochtones-enquete-ottawa-femmes-disp

    Le problème des agressions sexuelles à l’endroit d’enfants autochtones occupera une place centrale dans l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées puisque ces agressions surviennent à une fréquence alarmante, soulignent plusieurs intervenants.
    La Presse canadienne

    Au cours d’une enquête de La Presse canadienne qui s’est échelonnée sur plusieurs mois, plusieurs victimes et experts ont fait le lien entre les agressions sexuelles d’enfants autochtones et la vague de suicides qui secoue plusieurs communautés des Premières Nations au Canada.

    Sharon Acoose avait à peine trois ans et habitait Regina, en Saskatchewan, quand trois de ses oncles l’ont tour à tour violée.

    #peuples_autochtones #nations_premières #viol #culture_du_viol #canada

  • Regina activists place warning labels on Indigenous Halloween costumes - Saskatchewan - CBC News

    http://www.cbc.ca/news/canada/saskatchewan/regina-activists-place-warning-labels-stereotypical-indigenous-halloween-costume

    Halloween costumes depicting Indigenous women and girls in costume at a Regina store had warning labels thanks to some local activists.

    Spirit Halloween in Regina is selling costumes such as ’Reservation Royalty’, ’Native American Princess’ and ’Wolf Dancer’. There are similar costumes for both women and girls.

    “It’s precisely these types of images that normalize the sexualization of Indigenous women and lay the foundation for a culture that accepts the violence against Indigenous women,” said Chris Kortright who helped place the labels on the costumes.

    #résister #résistance #sexisme #peuples_autochtones

  • Sacred land, unholy uranium: Canada’s mining industry in conflict with First Nations - The Ecologist
    http://www.theecologist.org/campaigning/2987418/sacred_land_unholy_uranium_canadas_mining_industry_in_conflict_with_fi

    Saskatchewan is generally known for prairie farmland, but its northern half presents quite a different picture. A vast blanket of forest covers the north and here you will find the Athabasca Basin, which yields the world’s purest uranium ore.

    The dense dark rock called pitchblende can be found with uranium levels reaching 18%, which is unparalleled anywhere else in the world. Both government and industry seek to expand uranium mining activities in the name of progress and profit, yet there are indigenous peoples here who present a different perspective.

    The Denesuline have occupied this region for thousands of years and have a right to question the extraction of this mineral from their traditional lands. They have grave concerns about the impacts and the violation of their territories.

    Saskatchewan’s Athabasca Basin currently supplies about 20% of the global uranium market. It is mined out in ore 10 to 100 times more uranium rich than any other deposits found on Earth. This is of much interest to industry and government as it results in the creation of several thousand jobs and significant impacts on the economy.

    Some years the value of production has exceeded one billion dollars, which nets about 100 million dollars in royalties for the provincial government. With such high stakes, it is easy to see how any aboriginal opposition might be unwelcome, yet there have always been some who, from the perspective of traditional ecological values, question the practice of uranium mining.

    #peuples_indigènes #territoires #extraction #nucléaire

  • Propriété des terres agricoles : de nouvelles règles à venir en Saskatchewan
    http://farmlandgrab.org/post/view/25437-propriete-des-terres-agricoles-de-nouvelles-regles-a-venir-en-sa

    Des changements sont à prévoir dans les lois régissant la propriété des terres agricoles en Saskatchewan, a annoncé le gouvernement de la Saskatchewan mardi.

    Le ministre de l’Agriculture Lyle Stewart a proposé des amendements à la Loi sur la propriété des terres agricoles mardi, à la suite d’une consultation publique sur cette question.

    Une grande majorité des 3200 répondants s’opposaient à ce que des investisseurs tels que des fonds de pension ou des investisseurs étrangers puissent acheter des terres agricoles dans la province.

    « Cet été, nous avons demandé aux Saskatchewanais de partager leur vision pour nous aider à prendre une décision sur la possession des terres agricoles. Ils ont répondu, et nous allons apporter des changements pour garder les terres accessibles aux fermiers de la Saskatchewan », a précisé le ministre par voie de communiqué.

    Ces amendements interdiront aux investisseurs comme les fonds de pension ou administrateurs de fonds de pension d’acheter des terres agricoles, indique le gouvernement. Le financement devra aussi être effectué par une institution financière enregistrée au Canada ou par un résident canadien.

    #foncier #terres #Canada

  • Canada : Des élèves du secondaire payés 2000$ pour une formation militaire
    http://www.wsws.org/fr/articles/2015/mai2015/rese-m09.shtml

    Les étudiants qui réussissent le programme d’enseignement coopératif de la Première réserve de l’#Armée canadienne obtiendront 2000 $ et deux crédits d’études secondaires. D’après un communiqué de presse du gouvernement de la Saskatchewan, après avoir terminé le programme, les étudiants seront admissibles aux forces régulières de réserve de l’Armée canadienne, que l’armée décrit comme une « composante à temps partiel totalement intégrée à l’Armée canadienne ».

    Actuellement, le « Programme coopératif de réserve » est uniquement offert à Regina. Mais il existe des plans pour l’introduire dans d’autres villes de la Saskatchewan.

    L’introduction de ce qui est pratiquement une campagne de recrutement militaire intégrée au programme scolaire de la Saskatchewan est un exemple flagrant du tournant militariste de l’élite canadienne. Jusqu’à récemment, les Forces armées canadiennes étaient présentées au public comme des « gardiens de la paix ». Maintenant, le premier ministre Harper décrit le Canada comme une « nation guerrière » et met régulièrement de l’avant l’argument réactionnaire et manifestement faux selon lequel les Canadiens doivent leur « liberté » à l’armée.

    #Starship_Troopers

    • A chaque fois que ça m’est arrivé, que j’ai voyagé en compagnie de demandeurs d’asile déportés plus ou moins brutalement, j’ai vraiment honte. J’ai pu discuter un peu avec cette famille (trois enfants de l’âge des miens...). Le père est assez timide et il a peur, il n’a pas voulu me donner son nom et disait qu’ils restaient à Dusseldorf (dans ce cas ce sont des victimes de la directive « Dublin »), mais je ne suis pas sur qu’il dit la vérité. Peut-être sont-ils prévus sur une correspondance pour l’Arménie.

  • Modif sur mon #plugin #SPIP image_responsive :
    http://zone.spip.org/trac/spip-zone/browser/_plugins_/image_responsive

    Cette fois, c’est très spécifique : on peut appeler la fonction charger_image_lazy, qui se charge de décider s’il faut charger les images (en mode « lazy load »), en lui passant la valeur du scrollTop.

    Ça sert dans le cas où l’on a un script qui intercepte le scroll pour le gérer à la main. C’est le cas, uniquement sur interface touch, avec Skrollr. Dans ce cas, je déclenche skrollr en lui indiquant de faire ceci lors du « render ».

    var sk = skrollr.init({
       render: function(data) {
           charger_image_lazy(data.curTop);
       }
    });

    Oui, c’est un peu spécial, mais je prépare un site avec de très longues pages en mode « long form » (ou « parallax »), chargement des images en responsive et lazy load, et du coup, viili voilou.

  • Voici la vidéo étudiante qui enflamme le web - sudinfo.be
    http://www.sudinfo.be/857841/article/fun/buzz/2013-11-13/voici-la-video-etudiante-qui-enflamme-le-web

    De quoi s’agit-il ? Ce sont des étudiants de l’Université de la Saskatchewan (Canada) qui ont diffusé, sur Youtube, une vidéo de leur projet consistant… à proposer une analyse sociologique sur la représentation des genres en publicité. Son nom : « Representations of Gender in Media », signé Dylan Lambi-Raine, Kayla Hatzel et Sarah Zelinski.