#abduh_khal

  • Arabie saoudite, « Les basses œuvres » - Les blogs du Diplo
    http://blog.mondediplo.net/2014-03-31-Arabie-saoudite-Les-basses-oeuvres
    @alaingresh à propos de Basses œuvres, un roman contemporain du Saoudien Abduh Khal (Books, Paris, 430 pages, 23 euros)

    L’intrigue de cette histoire foisonnante, enracinée dans la réalité d’un pays en mutation, mais abordant des thèmes universels, admirablement traduite en français, a pour centre Jeddah, capitale économique et principal port du royaume sur la mer Rouge… Depuis de longs siècles, la ville regarde vers le large, dans l’attente des centaines de milliers de pèlerins qui débarquent chaque année pour accomplir le voyage à La Mecque que tout bon musulman doit effectuer au moins une fois dans sa vie.

    Mais l’argent du pétrole l’a profondément altérée, défigurée diraient certains, et notamment les habitants de ce bourg dont sont issus les trois héros du roman, trois adolescents nés dans les années 1970-1980, le narrateur Tarik, Ossama et Issa, trois mauvais garçons, « trois perturbateurs, trois parias » qui ont abandonné « le droit chemin ». Mais ils ne sont maîtres ni de leurs choix ni de leur destin. Car face à leur vieux quartier s’érige le Palais, lieu mythique où se concentrent l’argent et le pouvoir et qui se nourrit de la destruction des vieux modes de vie. D’abord en s’appropriant la côte, lieu de baignade et d’amusement pour les jeunes, lieu de pêche pour la communauté. « Des murailles de béton coulèrent tout le long du rivage, cachant le bleu de la mer et divisant les habitants en groupes inégaux. Les habitants de Jeddah se réveillaient pour découvrir des centaines d’ouvriers élevant une palissade entre eux et leur rivage, sans que personne ne s’aperçoive jusque-là que leur mer avait été volée dans ce marché de dupes auquel n’avaient participé que les représentants de la municipalité, les négociateurs, les courtiers, les investisseurs fonciers, et pas le moindre habitant. » Les pêcheurs sont les premiers frappés : « Quand vont-ils voler la dernière vague ? », s’interroge, amer, l’un d’eux. Et cette dépossession est entérinée par une justice et par une administration qui donnèrent « le feu vert au partage du rivage, à chacun selon ses moyens et son influence, en vertu de quoi tous ceux qui en avaient la capacité se hâtèrent de venir dérober aux regards le front de mer » et achevèrent de détruire le mode de vie des pécheurs.

    #Arabie_Saoudite #Jeddah #littérature #roman #Abduh_Khal