• Un pour cent des #foyers_fiscaux français perçoivent-ils 96% des #dividendes ?

    En pleine polémique autour du #déficit plus important que prévu de la France, le gouvernement fait la chasse aux économies. Le ministre de l’Economie #Bruno_Le_Maire refuse de taxer les dividendes. Mais Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, assure que seulement 1% des ménages touchent 96% des dividendes. C’est vrai, plus précisément 1% des foyers fiscaux.

    Bruno Le Maire n’en démord pas : pas question d’envisager une #taxe sur les dividendes. Alors que le gouvernement cherche des économies à réaliser, sur fond de déficit plus important que prévu, le ministre de l’Economie affirme que taxer les dividendes reviendrait à pénaliser trois millions de salariés actionnaires. Mais pour #Cécile_Duflot, la directrice d’Oxfam France, les dividendes vont surtout aux plus #riches : « 96% des dividendes vont à 1% des ménages », affirme-t-elle. Vrai ou faux ?

    Un pour cent des foyers fiscaux concentrent bien 96% des dividendes

    C’est vrai, ou plus précisément 1% des foyers fiscaux. Les chiffres mis en avant par Cécile Duflot se trouvent dans un #rapport officiel de #France_Stratégie (https://www.vie-publique.fr/en-bref/291443-impot-de-solidarite-sur-la-fortune-isf-le-cout-de-son-remplaceme), un organe rattaché à Matignon. En 2021, 400 000 foyers fiscaux sur 40 millions concentraient bien 96% des dividendes versés.

    Le document montre même que 0,01% des foyers fiscaux captent à eux seuls un tiers des dividendes. Concrètement, cela veut dire que 4 000 foyers fiscaux perçoivent chacun plus d’un million d’euros. Ces proportions sont en hausse depuis 2018.

    Changement de #fiscalité en 2018 et dividendes record en 2023

    Depuis 2018, les dividendes sont en effet moins taxés qu’avant, car à partir de cette année-là, les revenus du capital sont soumis à un #prélèvement_forfaitaire unique de 30%. Emmanuel Macron en avait fait une promesse de campagne : c’est la « #flat_tax », qui concerne les revenus du capital, les intérêts et les dividendes. Le rapport de France Stratégie montre que depuis la mise en place de cette nouvelle fiscalité, les versements de dividendes ont augmenté.

    L’an dernier, le versement des dividendes a battu des records en France, pour atteindre un peu plus de 67 milliards d’euros. Un niveau inédit, dans le sillage de la tendance mondiale.

    La France est le pays de l’Union européenne où les entreprises versent le plus de dividendes aux #actionnaires. Ces sommes records sont liées aux #superprofits de certaines entreprises, des superprofits qu’une partie de la classe politique veut taxer, notamment au sein de l’opposition de gauche. Le Premier ministre Gabriel Attal assure ne pas avoir de dogme à ce sujet, alors que le déficit de la France est à 5,5% du PIB, soit 154 milliards d’euros.

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/1-des-foyers-fiscaux-francais-percoivent-ils-96-des-dividendes_6424687.
    #France #fisc

  • Assistanat pour ultra-riches : le CAC40 sous perfusion de l’État
    https://lvsl.fr/assistanat-pour-ultra-riches-le-cac40-sous-perfusion-de-letat

    157 milliards d’euros, soit 6,4 % du PIB. Les montants en jeu sont astronomiques, et augmentent d’année en année. En janvier 2007, un rapport public les évaluait à 65 milliards d’euros par an, dont 90 % financées par l’État et le reste par les collectivités locales et d’autres acteurs publics, pour un montant global équivalent à 3,5 % du PIB1. En juin 2013, un rapport publié par l’Inspection générale des finances nous apprend qu’elles atteignaient 110 milliards d’euros par an2. Puis 140 milliards d’euros en 2018, selon les propos de Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des Comptes publics. Des chercheurs de l’Ires de l’université de Lille ont réévalué ce montant à 157 milliards d’euros pour l’année 20193.

    Comment se représenter des sommes aussi monstrueuses ? Prenons quelques exemples… 157 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises, c’est :

    – l’équivalent de 6,4 % du PIB,

    – plus de 30 % du budget de l’État,

    – presque 10 milliards d’euros de plus que l’ensemble des aides sociales (allocations familiales, pauvreté, chômage et aides au logement), pourtant régulièrement pointées du doigt et accusées de coûter « un pognon de dingue » à la collectivité4.

  • Moins on mange, plus ils encaissent : l’inflation gave les bourgeois
    https://www.frustrationmagazine.fr/inflation-bourgeois

    C’est à n’y rien comprendre. C’est la crise, l’inflation reste très élevée, l’économie n’est ni remise du Covid ni de la guerre en Ukraine qui se poursuit. Et pourtant, les profits atteignent des records, les dividendes sont plus hauts que le ciel, et les milliardaires n’ont jamais accumulé autant de milliards. Si on n’y regarde […]

    • Moins on mange, plus ils encaissent : l’#inflation gave les bourgeois

      C’est à n’y rien comprendre. C’est la crise, l’inflation reste très élevée, l’économie n’est ni remise du Covid ni de la guerre en Ukraine qui se poursuit. Et pourtant, les profits atteignent des records, les #dividendes sont plus hauts que le ciel, et les #milliardaires n’ont jamais accumulé autant de milliards. Si on n’y regarde pas de plus près, on pourrait considérer comme paradoxale une situation qui est parfaitement logique. Pour accumuler les milliards, il faut accumuler les dividendes. Pour accumuler les dividendes, il faut accumuler les profits. Pour accumuler les profits, il faut appauvrir la population en augmentant les #prix et en baissant les #salaires réels. Ça vous parait simpliste ? Alors, regardons de plus près les chiffres.

      Selon l’INSEE, au premier trimestre de cette année, l’#excédent_brut_d’exploitation (#EBE) des entreprises de l’#industrie_agro-alimentaire (c’est-à-dire le niveau de profit que leur activité génère) a progressé de 18%, pour ainsi s’établir à 7 milliards d’euros. Les industriels se font donc de plus en plus d’argent sur le dos de leurs salariés et, plus globalement, sur celui des Français qui galèrent pour se nourrir correctement : les ventes en volume dans la #grande_distribution alimentaire ont baissé de 9% au premier trimestre 2023 par rapport à la même période l’année précédente. La #consommation en France est ainsi tombée en-dessous du niveau de 2019, alors que la population a grossi depuis de 0,3%. Selon François Geerolf, économiste à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), cette baisse de la #consommation_alimentaire n’a aucun précédent dans les données compilées par l’Insee depuis 1980. Dans le détail, sur un an, on constate des baisses de volumes vendus de -6% l’épicerie, -3% sur la crèmerie, -1,6% pour les liquides, etc. Cela a des conséquences concrètes et inquiétantes : en avril dernier, l’IFOP montrait que presque la moitié des personnes gagnants autour du SMIC se privait d’un repas par jour en raison de l’inflation.

      Une baisse de la consommation pilotée par les industriels

      Comment les entreprises peuvent-elles se faire autant d’argent, alors que nous achetons de moins en moins leurs produits ? Tout simplement, car cette baisse de la consommation est pilotée par les industriels. Ils choisissent d’augmenter massivement leurs prix, en sachant que la majorité des gens accepteront malgré eux cette hausse, car ils considéreront qu’elle est mécaniquement liée à l’inflation ou tout simplement, car ces industriels sont en situation de quasi-monopole et imposent donc les prix qu’ils veulent (ce qu’on appelle le #pricing_power dans le jargon financier). Ils savent très bien que beaucoup de personnes n’auront par contre plus les moyens d’acheter ce qui leur est nécessaire, et donc que les volumes globaux qu’ils vont vendre seront plus bas, mais cette baisse de volume sera très largement compensée par la hausse des prix.

      Sur le premier trimestre 2023, en Europe, #Unilever et #Nestlé ont ainsi augmenté leurs prix de 10,7%, #Bonduelle de 12,7% et #Danone de 10,3 %, alors que l’inflation tout secteur confondu passait sous la barre des 7%. La quasi-totalité d’entre eux voient leurs volumes vendus chuter dans la même période. Les plus pauvres, pour lesquels la part de l’alimentaire dans la consommation est mécaniquement la plus élevée, ne peuvent plus se nourrir comme ils le souhaiteraient : la #viande et les #céréales sont particulièrement touchés par la baisse des volumes vendus. Certains foyers sautent même une partie des repas. Les #vols se multiplient, portés par le désespoir et les grandes enseignes poussent le cynisme jusqu’à placer des #antivols sur la viande et le poisson.

      Les hausse des profits expliquent 70% de la hausse des prix de l’alimentaire

      Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire, les hausses de profit des #multinationales sont déterminantes dans l’inflation que nous traversons. Même le FMI le dit : selon une étude publiée le mois dernier, au niveau mondial depuis 2022, la hausse des profits est responsable de 45 % de l’inflation. Le reste de l’inflation vient principalement des coûts de l’#énergie et des #matières_premières. Plus spécifiquement sur les produits alimentaires en France, d’après les calculs de l’institut La Boétie, « la hausse des prix de #production_alimentaire par rapport à fin 2022 s’explique à plus de 70 % par celle des profits bruts ». Et cela ne va faire qu’empirer : en ce début d’année, les prix des matières premières chutent fortement, mais les prix pratiqués par les multinationales poursuivent leur progression, l’appétit des actionnaires étant sans limites. L’autorité de la concurrence s’en inquiète : « Nous avons un certain nombre d’indices très clairs et même plus que des indices, des faits, qui montrent que la persistance de l’inflation est en partie due aux profits excessifs des entreprises qui profitent de la situation actuelle pour maintenir des prix élevés. Et ça, même la Banque centrale européenne le dit. », affirme Benoît Cœuré, président de l’Autorité de la concurrence, au Parisien.

      La stratégie des multinationales est bien rodée : augmenter massivement les prix, mais aussi bloquer les salaires, ainsi non seulement leur #chiffre_d’affaires progresse fortement, mais ils génèrent de plus en plus de profits grâce à la compression de la #masse_salariale. Les calculs sur longue période de l’Institut La Boétie donnent le vertige : « entre 2010 et 2023, le salaire brut horaire réel (c’est-à-dire corrigé de l’inflation) a baissé de 3,7 %, tandis que les profits bruts réels, eux, ont augmenté de 45,6 % ». Augmenter massivement les prix tout en maintenant les salaires au ras du sol permet d’augmenter le vol légal que les #actionnaires commettent sur les salariés : ce qu’ils produisent est vendu de plus en plus cher, et les patrons ne les payent par contre pas davantage.

      La Belgique a le plus bas taux d’inflation alors que les salaires y sont indexés

      L’une des solutions à cela est bien connue, et était en vigueur en France jusqu’en 1983 : indexer les salaires sur les prix. Aujourd’hui seul le SMIC est indexé sur l’inflation et la diffusion des hausses du SMIC sur les salaires plus élevés est quasi inexistante. Les bourgeois s’opposent à cette mesure en affirmant que cela risque de favoriser encore davantage l’inflation. Les statistiques prouvent pourtant le contraire : la Belgique est le pays affichant le plus bas taux d’inflation en avril 2023 (moins de 5% tandis qu’elle atteint 6,6% en France) alors que là-bas les salaires s’alignent automatiquement sur les prix. Il est urgent de mettre en œuvre ce genre de solutions en France. En effet, la situation devient de plus en plus intenable : la chute des #conditions_de_vies de la majorité de la population s’accélère, tandis que les bourgeois accumulent de plus en plus de richesses.

      Cela dépasse l’entendement : selon le magazine Challenges, le patrimoine professionnel des 500 plus grandes fortunes de France a progressé de 17 % en un an pour s’établir à 1 170 milliards d’euros cette année ! En 2009, c’était 194 milliards d’euros… Les 500 plus riches détiennent donc en #patrimoine_professionnel l’équivalent de presque la moitié de la #richesse créée en France par an, mesurée par le PIB. Et on ne parle ici que de la valeur des actions qu’ils détiennent, il faudrait ajouter à cela leurs placements financiers hors du marché d’actions, leurs placements immobiliers, leurs voitures, leurs œuvres d’art, etc.

      La #France au top dans le classement des gros bourges

      La fortune de #Bernard_Arnault, l’homme le plus riche du monde, est désormais équivalente à celle cumulée de près de 20 millions de Français et Françaises d’après l’ONG Oxfam. Sa fortune a augmenté de 40 milliards d’euros sur un an pour s’établir à 203 milliards d’euros. Ce type a passé sa vie à exploiter des gens, ça paye bien (à peine sorti de polytechnique, Bernard Jean Étienne avait pris la direction de l’entreprise de son papa). Au classement des plus grands bourges du monde, la France est donc toujours au top, puisque non seulement on a l’homme le plus riche, mais aussi la femme, en la personne de #Françoise_Bettencourt_Meyers (patronne de L’Oréal, 77 milliards d’euros de patrimoine professionnel). Mais il n’y a pas que le luxe de représenté dans ce classement, la grande distribution est en bonne place avec ce cher #Gérard_Mulliez (propriotaire des #Auchans notamment) qui détient 20 milliards d’euros de patrimoine ou #Emmanuel_Besnier, propriétaire de #Lactalis, le 1er groupe mondial de produits laitiers, qui émarge à 13,5 milliards.

      Les chiffres sont vertigineux, mais il ne faut pas se limiter à une posture morale se choquant de ces #inégalités sociales et appelant, au mieux, à davantage les taxer. Ces fortunes ont été bâties, et progressent de plus en plus rapidement, grâce à l’exploitation du travail. L’augmentation de valeur de leurs entreprises est due au travail des salariés, seul créateur de valeur. Tout ce qu’ils détiennent est ainsi volé légalement aux salariés. Ils doivent donc être pris pour cible des mobilisations sociales futures, non pas principalement parce qu’ils sont #riches, mais parce qu’ils sont les plus gros voleurs du monde : ils s’emparent de tout ce qui nous appartient, notre travail, notre vie, notre monde. Il est temps de récupérer ce qui nous est dû.

      https://www.frustrationmagazine.fr/inflation-bourgeois

      #profit #économie #alimentation #chiffres #statistiques

  • L’absentéisme monte en flèche en France : près d’un salarié français sur deux a été en arrêt de travail en 2022 La tribune

    L’absentéisme en entreprise a atteint des records en 2022. 44% des salariés se sont absentés au moins un jour, contre 30% en 2019, selon un baromètre d’Axa. Et pas seulement à cause du Covid, encore bien présent au début de cette année-là : les troubles psychologiques enregistrent en effet une belle augmentation. La hausse est en tout cas générale quel que soit l’âge, le domaine d’activité et la taille des entreprises et ne devrait pas retrouver ses niveaux d’avant-crise en 2023.

    En France, près d’un salarié sur 2 (44%) s’est mis au moins une fois en arrêt de travail en 2022, contre un peu moins d’un salarié sur 3 (30%) en 2019. C’est ce qu’il ressort de la quatrième édition de « l’observatoire de l’absentéisme » réalisé par Axa et publié ce lundi 22 mai. Un record, précise l’assureur.

    Ce baromètre se fonde sur le traitement anonymisé des Déclarations sociales nominatives (DSN) du portefeuille Axa en 2022 pour plus de 3 millions de salariés. À noter que l’assureur signale une sur-représentation des cadres (27% contre 19% pour la population totale des salariés en France) avec un âge moyen de 40,4 ans et 84% de salariés en CDI.

    Les troubles psy, 1ère cause des arrêts longue durée
    Cette étude montre que la hausse de l’absentéisme peut s’expliquer par une forte augmentation des arrêts de courte durée qui « peut potentiellement être liée » aux vagues épidémiques dues notamment au variant Omicron en début d’année.

    L’assureur note aussi « une tendance haussière » de l’absentéisme en raison notamment de troubles latents, tels que les troubles psychologiques ou les troubles musculo-squelettiques (TMS). Les troubles psy s’installent ainsi pour la deuxième année de suite comme la première cause d’arrêt de travail de longue durée (22,2%, +4 points par rapport à 2019), devant les TMS (21,2%, +0,2% comparé à 2019 également).

    Une hausse générale et généralisée
    La hausse de l’absentéisme a concerné toutes les tranches d’âge. Les plus jeunes ont toutefois été encore plus touchés, avec un taux d’absentéisme qui a progressé de plus de 50% chez les moins de 30 ans entre 2019 et 2022. À titre de comparaison, la progression a été de 34,3% chez les 45-50 ans.

    Tous les secteurs sont concernés, le commerce principalement alimentaire affichant le plus fort taux (6,8%, contre 4,5% de manière globale).

    Quant à la taille de l’entreprise, plus elle compte de salariés, plus le taux d’absentéisme est élevé. « Les salariés des grandes entreprises se sont arrêtés plus fréquemment que dans les plus petites. En effet, dans ces dernières qui comptent moins de 20 salariés, il est certainement plus difficile de pouvoir s’arrêter sans mettre l’entreprise en difficulté », relève Axa.

    Un coût estimé à 4,4% de la masse salariale
    Axa évalue ainsi le coût direct de cet absentéisme à 4,4% de la masse salariale en 2022, contre 3,4% en 2019 (+29%). Ce coût direct correspond au nombre de journées d’absences multiplié par le salaire brut des absents sur l’année. Il ne tient pas compte des coûts indirects comme la baisse de la productivité, la désorganisation du travail, la gestion administrative ou encore les coûts de remplacement du salarié absent, de la formation de son remplaçant, des coûts liés aux frais de prévention et de gestion de l’absentéisme, etc...

    « Une partie de ces coûts sont couverts par les régimes de prévoyance. Mais selon le régime de prévoyance mis en place, il peut rester une part de maintien de salaire à charge pour l’employeur, voire une perte de revenu pour le salarié », souligne Axa.

    L’assureur liste aussi les « conséquences multiples de l’absentéisme pour les entreprises ». À savoir la perte de productivité, la détérioration de la qualité de service, le stress supplémentaire pour les salariés devant remplacer les absents ou encore les répercussions sur le climat social. . . . .

    #travail #absentéisme #santé #travail #violence #motivation #conditions_de_travail #santé_publique

    Source et suite : https://www.latribune.fr/economie/france/pres-d-un-salarie-francais-sur-deux-a-ete-en-arret-de-travail-en-2022-du-j

    • Dans mon syndicat, lors des instances paritaires, nous combattions systématiquement l’emploi de l’expression « absentéisme ».

      « Absentéisme » est une catégorie administrative générique en usage dans les rapports sociaux et autres documents statistiques censée rendre compte de données concernant le personnel. Elle englobe les arrêts maladie, les accidents de travail, les accidents de trajet.

      Derrière sa prétendue neutralité administrative, l’expression induit une stigmatisation infantilisante et culpabilisante du droit à ne plus travailler lorsque l’on est malade.

      C’est exactement le même genre de détournement politique, sous couvert d’usage administratif, auquel on affaire quand les « cotisations sociales » sont remplacées par le mot « charges », non seulement sur les fiches de paie, mais aussi dans le langage courant.

      Bien entendu l’employeur nous répondait systématiquement qu’il était incapable de modifier les termes d’une nomenclature dont il n’a pas la maîtrise (notamment pour les rapports sociaux).

      Nous lui répondions alors que, par delà des mots, la logique stigmatisante s’inscrivait dans les faits, au travers des rapports sociaux hiérarchiques : l’objectif d’un employeur n’est-il pas d’avoir le moins d’« absentéisme » - sous-entendu, le moins de tire-au-flanc - possible ?

      Enfin, bien entendu, comme l’indique cet article, derrière l’expression, les données renvoient à de réels problèmes de santé et de souffrance au travail, si ce n’est du rapport au travail, lui même.

      La disparition des CHSCT n’aura pas contribué à améliorer les choses. C’était attendu.

    • Les troubles psy s’installent ainsi pour la deuxième année de suite comme la première cause d’arrêt de travail de longue durée (22,2%, +4 points par rapport à 2019), devant les TMS (21,2%, +0,2% comparé à 2019 également).

      L’avantage avec les troubles psy, c’est que le traitement est pas [encore ?] remboursé par la sécu ; je viens de voir une pétition toute fraîche ici :

      https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-1606

  • 🛑 Les dividendes des entreprises du CAC 40 ont atteint un niveau record en 2022, selon une ONG...

    Plus de 67 milliards de dividendes ont été versés aux actionnaires des sociétés du principal indice boursier français, d’après un rapport de l’Observatoire des multinationales (...)

    ⚡️ #multinationales #capitalisme #profits #SuperProfits #CAC40 #actionnaires #dividendes... #Anticapitalisme !

    ▶️ via l’Observatoire des multinationales
    https://multinationales.org/fr

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.francetvinfo.fr/economie/bourse/les-dividendes-des-entreprises-du-cac-40-ont-atteint-un-niveau-record-e

  • Inflation, comparatif prix au détails et prix de la matière première en France, sur un an Le web grande conso - Olivier Dauvers

    Mars 2022 à Mars 2023 Prix au détails :
    Sirops + 17 %
    Huiles + 22 %
    Biscuits + 15 %
    Arabicas + 14 %

    Avril 2022 à Avril 2023 Prix de la matière première :
    Sucre + 28 %
    Huile(Tournesol) - 55 %
    Blé -40%
    Café Arabica -16 %

    La petite musique de la renégociation se fait de plus en plus entendre. Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont ainsi écrit aux industriels il y a quelques jours pour les y préparer. Les distributeurs, eux, attendent juin de pied ferme puisqu’avec l’assentiment du gouvernement ils vont pouvoir repartir à la bataille.
    Problème : les premiers concernés (les industriels) ont eux-aussi le sentiment d’être soutenus par le politique, en l’occurrence les députés qui ont voté comme un seul homme la loi de leur collègue Descrozaille. Soutenus dans leur volonté de reconstituer leurs marges.

    Factuellement, il y a pourtant du grain à moudre. Quiconque suit les prix en rayons en a l’intuition : les prix des stars de la grande conso ont “inflaté” davantage que leur marché. Prenez ces 4 catégories : sirops, huiles, biscuits et café arabicas. A chaque fois, l’écart d’inflation entre les “grandes” marques et la moyenne (toutes marques) est élevée. Difficile de l’expliquer autrement que par la tentation (naturelle et légitime, il faut l’admettre) de reconstituer ses marges à l’occasion des nouveaux tarifs.

    Seconde raison qui milite pour une renégociation à la baisse : l’évolution des matières premières. Certes, le lien n’est pas toujours direct ou proportionnel entre matières premières et PVC en rayon. Il est même parfois partiel (le sucre pour des sirops qui intègrent aussi des fruits ou l’huile de tournesol pour une huile multi-variétés, etc.). Il n’empêche : les matières premières donnent une tendance de la direction du vent : inflation ou déflation 😉 Le blé, par exemple. Bien plus bas aujourd’hui qu’il y a un an, au plus fort de la spéculation, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. Logiquement, le prix des biscuits (utilisation de céréales directes) ou du couple volaille/porc (céréales indirectes) devrait l’intégrer. C’est précisément le rôle des “renégos” à venir. Et tant pis si… ça pique !

    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2023/04/17/renegociations-oui-il-y-a-du-grain-a-moudre

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • 1,1 % d’augmentation des prix, pour la semaine du 6 au 13 Mars ! Le xeb grande conso - Olivier Dauvers
    – 3,3 % sur 4 semaines

    Comme toujours, les faits sont têtus.
    Voilà donc les Français face au mur de l’inflation (ou “Mars rouge”, rayez la mention qui vous chagrine le plus mais, en réalité, c’est pareil !).
    Selon le baromètre hebdo A3 Distrib / Éditions Dauvers, la semaine dernière s’est en effet soldée par une nouvelle accélération du rythme d’inflation : + 1,1 %.

    J’voudrais pas dramatiser mais ça fait quand même un rythme annuel de plus de 50 %. _


    Si c’est pas un “mur”, j’n’y connais rien en maçonnerie !
    Et si on élargit la focale, * sur les 5 dernières semaines, l’inflation atteint 4 %.
    Jamais la conso n’avait été confrontée à un tel soubresaut.
    Que ceux qui voient l’inflation depuis leur fiche de paie (plus confortable que la moyenne) ne l’oublient pas…
    Quand la boite de raviolis Panzani ou le sirop de grenadine Teisseire sont 10 % plus chers aujourd’hui qu’au 1er janvier, le pain de mie Harrys ou le Leerdammer 9 % (et tellement d’autres d’exemples), la “France des centimes” (telle que la présente le sociologue Jean Viard) est, elle, dans le… rouge.

    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2023/03/13/mur-dinflation-ou-mars-rouge-on-y-est

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • Mars rouge (ou printemps noir) : on y est ! Le web grande conso

    Peu importe la sémantique… Que vous préfériez mars rouge ou printemps noir n’y changera rien. Les faits sont là et, comme toujours, têtus. Voilà les Français face au mur d’inflation annoncé depuis des mois. Voilà 4 semaines que notre panier de 150 majeurs (les produits que les Français voient le plus) s’envole littéralement. 0,7 % d’inflation hebdo ou plus encore sur la dernière semaine (+ 0,8 %). Un rythme jamais connu avant (n’en déplaise à ceux qui expliquent “lissage des hausses”, “moyennisation”, etc.). Et quand bien même (et par magie) l’inflation s’arrêterait là, voilà déjà plus de 4 % dans la besace en 2 mois. Qui s’ajoute donc à l’inflation 2022 pour atteindre le niveau incroyable de 19,8 %. Autant le dire : si les 20 % n’étaient pas dépassés d’ici à la semaine prochaine, ça serait une (très) heureuse surprise. Mais pour avoir feuilleté quelques cadenciers pendant le week-end (chacun se détend comme il peut), j’ai peur d’être déçu.

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • Le parasitisme de la grande bourgeoisie a atteint des niveaux record dans le monde en 2022

    Nouvelle année record pour les versements de dividendes. En 2022, ils ont continué à croître fortement au niveau mondial, pour s’établir à 1.560 milliards de dollars, selon le dernier rapport publié par la société de gestion Janus Henderson […].

    La croissance des dividendes sur un an s’élève à 8,4 %. […] La quasi-totalité (88 %) des entreprises cotées prises en compte dans l’étude a augmenté ou maintenu leurs dividendes. Mais certaines beaucoup plus que les autres. A eux seuls, les producteurs de #pétrole et de #gaz et les sociétés financières expliquent la moitié de la croissance mondiale des dividendes de 2022. […]

    Douze pays ont enregistré des distributions record en dollars, dont les #Etats-Unis (574,2 milliards de dollars), le #Brésil (33,8 milliards) ou la #Chine (49,7 milliards). Les marchés émergents, l’Asie-Pacifique hors #Japon et l’#Europe ont observé une hausse des #dividendes d’environ 20 %. […]

    D’autres pays ont battu des records dans leur monnaie locale, notamment la France, où les versements « ont atteint un nouveau record de 59,8 milliards d’euros, surpassant de 4,6 % le record de 2019 », note Charles-Henri Herrmann, directeur du développement France de Janus Henderson. « La #croissance du total français est notamment due aux hausses impressionnantes enregistrées par les entreprises du secteur du #luxe et de l’#automobile. »

    Les #entreprises françaises sont celles ayant le plus contribué à la croissance des dividendes européens : elles représentent près d’un tiers de l’augmentation annuelle. […]

    (Les Échos)

    #profits #classe_capitaliste #grande_bourgeoisie #capitalisme #parasitisme #actionnaires #vampires

  • #Inflation : Avant “Mars rouge”, voici déjà “Février orange”…
    https://www.olivierdauvers.fr/2023/02/13/avant-mars-rouge-voici-deja-fevrier-orange

    Nouveau point hebdomadaire du baromètre inflation A3 Distrib / Éditions Dauvers. Et nouvelle stupéfaction. La semaine dernière, les prix des 150 marques majeures de notre scope (celles sur lesquelles se posent tellement d’yeux qu’elles fondent la perception de l’inflation) ont encore augmenté de… 0,7 %. Dit comme ça, ça impressionne peu. Mais le rythme actuel est juste inouïe… Depuis le début de l’année, c’est-à-dire en 6 semaines, l’inflation alimentaire sur ces majeurs dépasse donc déjà 2 %. Et, ce, alors que le mois de mars est encore devant. Bref, avant “Mars rouge” (que j’ai pronostiqué il y a déjà plus d’un mois, c’était sur le plateau de BFM), voici en attendant… “Février orange”. Ça doit s’appeler les préliminaires. Et, pour le coup, c’est pas drôle.

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes

  • Ils ont du #pétrole et une seule idée : enrichir leurs #actionnaires
    En 2022, les cinq premiers #groupes_pétroliers occidentaux ont totalisé 180,5 milliards de dollars de #profits. Un record historique. Plutôt que d’investir dans les #énergies #renouvelables et de préparer l’avenir, ils préfèrent reverser l’essentiel à leurs actionnaires. Cette position de rente ne peut que relancer le débat sur le rôle des #majors_pétrolières.

    Martine Orange
    8 février 2023 à 19h01

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/080223/ils-ont-du-petrole-et-une-seule-idee-enrichir-leurs-actionnaires

    EnEn temps normal, les cinq premiers grands groupes pétroliers mondiaux (#ExxonMobil, #Chevron, #Shell, #BP et #Total) auraient sans doute plastronné. Au vu des circonstances, ils ont préféré faire #profil_bas. En ces temps de #crise_énergétique qui malmène #finances_publiques, entreprises et ménages, leurs profits ne peuvent que relancer le débat sur leur conduite : en 2022, ces cinq premiers groupes ont totalisé ensemble 180,5 milliards de dollars, soit 100 milliards de dollars de plus qu’en 2021, année déjà considérée comme #exceptionnelle.

    Et ces profits auraient été encore plus élevés si des opérations comptables n’étaient venues lisser les comptes. Total ainsi a enregistré un bénéfice comptable net ajusté de 36,2 milliards de dollars. Après la prise en compte de ses désinvestissements en Russie (15 milliards de dollars), son bénéfice est ramené à 20,5 milliards de dollars.

    Jamais dans leur histoire récente, les majors du Big Oil n’avaient enregistré des résultats aussi colossaux. En 2011, année où le prix du baril avait dépassé les 120 dollars, leurs profits s’élevaient à 140 milliards. Shell d’ailleurs le reconnaît : le groupe a enregistré un résultat historique (39,8 milliards de dollars), le plus élevé en 115 ans !

    À eux seuls, ces chiffres résument la folie du moment. La crise énergétique, les tensions géopolitiques, la guerre en Ukraine sur fond de crise climatique se traduisent par des déplacements financiers colossaux et une accumulation encore plus gigantesque de capitaux entre quelques mains qui mettent à profit leur position de rente, sans qu’aucun facteur redistributif ne vienne les contrarier. Un pognon de dingue, pour reprendre l’expression désormais consacrée, est accaparé au détriment de tous à court et long terme.

    Si le ministre des finances français Bruno Le Maire ne sait toujours pas ce que veut dire des superprofits, la Maison Blanche le sait, qui en a tout de suite perçu le caractère politiquement explosif. « Il est scandaleux qu’Exxon réalise un nouveau record des profits pour les compagnies pétrolières occidentales, après que les Américains ont été forcés de payer des prix si élevés à la pompe au milieu de l’invasion de Poutine », a réagi un porte-parole de la Maison Blanche dans un mail, tout de suite après la publication des résultats d’ExxonMobil annonçant 55 milliards de dollars de profits.

    Une économie mondiale toujours plus dépendante des énergies fossiles
    Derrière ces chiffres effarants se cache déjà un premier constat accablant : en dépit des grands discours et des beaux engagements, l’économie mondiale est plus carbonée que jamais. Alors que 2022 a été marquée par nombre d’événements (tempêtes, inondations, vagues de chaleur, sécheresses) prouvant la réalité des dérèglements climatiques et l’urgence de la situation, rien n’a été fait pour tenter d’endiguer le recours aux énergies fossiles. Au contraire. La demande mondiale en pétrole, gaz, hydrocarbures continue d’augmenter : elle a dépassé désormais les 100 millions de barils par jour et devrait continuer à progresser cette année, selon l’Agence internationale de l’énergie.

    Mais face à ce rebond de la consommation, l’offre n’a pas suivi. Depuis plusieurs années, les groupes pétroliers et les pays producteurs ont opté pour une stratégie de la rareté, laquelle leur semble beaucoup plus rémunératrice et sûre que de pousser à la surproduction. L’effacement des approvisionnements pétroliers et gaziers russes, à la suite des sanctions adoptées par l’Occident en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a achevé de bouleverser les équilibres existants du secteur.

    L’Europe, la poule aux œufs d’or des pétroliers
    L’impréparation et la façon brouillonne dont les pays européens ont mis en œuvre ces sanctions contre Moscou, jusqu’alors l’un des premiers, voire le premier, fournisseurs de certains pays européens, a conduit à une surenchère entre ces derniers, ainsi qu’à une spéculation effrénée. Dans leurs présentations, les grands groupes mondiaux ne manquent pas de consacrer des mentions spéciales au continent européen : « le siphonnage massif de la prospérité en dehors de l’Europe », dénoncé par le premier ministre belge à l’automne, se retrouve en partie dans les comptes de résultats de ces cinq majors.

    L’Europe a été leur poule aux œufs d’or. Les profits exceptionnels de Shell sont tirés en grande partie de ces ventes de gaz naturel liquéfié à l’Europe, tout comme BP. ExxonMobil a multiplié par deux ses profits en Europe en un an. Plus grave : l’Union européenne, qui se veut le fer de lance de la transition écologique, a tourné le dos à ses propres engagements, a relancé dans la panique ses centrales à gaz, ses centrales à charbon, et construit à toute vitesse des terminaux pour importer du gaz naturel liquéfié (GNL) et ainsi faire face aux ruptures provoquées par les sanctions à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Sans discuter les prix.

    La mise entre parenthèses des impératifs climatiques
    Cette volte-face n’a pas échappé aux majors pétrolières. Tous ces grands groupes ont tout de suite compris que le fameux signal-prix, censé être la corde de rappel économique pour contraindre la demande, n’existait pas dans un monde qui a soif d’énergie, et qui n’a d’autre solution que de se raccrocher aux énergies fossiles, faute d’alternatives.

    Dans leur présentation stratégique, les cinq majors prennent toutes note de ce revirement pour s’en réjouir. Ces dernières années, elles se posaient des questions existentielles, se demandant où était leur futur : elles avaient arrêté nombre de projets d’investissements dans l’exploration et la production, les jugeant trop risqués et pas assez rentables ; elles s’inquiétaient d’être bannies par les investisseurs et les marchés de capitaux pour non-conformité aux critères sociaux et environnementaux. Toutes ces craintes se sont volatilisées : les grands groupes pétroliers occidentaux affichent aujourd’hui une sérénité rarement vue depuis 2011, leur dernière grande année de réussite.

    Bien sûr, elles disent avoir encore des projets pour accompagner la transition écologique et développer d’autres énergies propres. ExxonMobil ne jure que par les techniques de production de l’hydrogène et la capture du carbone, entraînant tous ses concurrents sur ce chemin. Shell, qui n’a installé dans le monde que 2,2 GW d’énergies renouvelables, promet d’accentuer ses efforts dans ce domaine. Mais à côté, il y a les autres projets, ceux qui leur importent vraiment : les cinq projettent d’investir des dizaines de milliards de dollars dans les prochaines années pour relancer l’exploration et la production de gaz et de pétrole.

    Le revirement le plus spectaculaire est sans doute celui de BP. Depuis des années, les études du groupe britannique servent de référence pour l’ensemble du monde pétrolier. Il est le premier à avoir tiré la sonnette d’alarme sur la nécessaire transition écologique, le premier aussi à s’être montré le plus ambitieux dans ses objectifs de décarbonation. Tout s’est évanoui.

    Alors que BP s’était engagé auparavant à diminuer de 40 % ses productions pétrolières et gazières d’ici à 2030 afin de diminuer ses émissions et de s’engager dans une stratégie bas carbone, le président de BP, Bernard Looney, a annoncé le 6 février que tout était révisé. Au lieu de 40 % de baisse de ses émissions en 2030, il ne prévoit qu’une diminution de 25 % à cette date, l’objectif initial étant repoussé à 2050. Et même si le groupe promet d’augmenter de 8 milliards de dollars ses investissements dans les énergies renouvelables, il a décidé aussi d’investir fortement dans la production des énergies fossiles, en dépit des recommandations de l’Agence internationale de l’énergie d’arrêter les investissements dans ces énergies.

    Une taxation bien légère et pourtant contestée
    Car jamais cela n’a été aussi rentable. Un critère, cher aux investisseurs financiers, résume à lui seul la rente sur laquelle ils prospèrent : le retour sur les capitaux investis. Ce ratio a atteint des niveaux jamais vus dans une industrie lourde : 25 % pour Exxon, 20,7 % pour Chevron, 16,7 % pour Shell, 30,5 % pour BP, 28,2 % pour Total. Tous sont assis sur des montagnes de cash dépassant les 30 à 40 milliards de dollars. Une situation qui selon eux est appelée à durer au moins jusqu’en 2025. Car tous pensent que la situation sur les marchés pétroliers est appelée à rester durablement tendue, que la Russie ne reviendra pas, ou seulement par des subterfuges, sur les marchés mondiaux.

    Leurs superprofits ont donc toutes les chances de perdurer. Cela ne les empêche pas de se plaindre des « mauvaises manières » qui, selon ces cinq grands groupes, leur sont faites en Europe. Tous insistent sur « l’effort considérable » qu’ils font en raison des taxes et prélèvements qui leur ont été imposés par certains gouvernements européens et britannique, sans parler de la taxe instituée au niveau européen, sur leurs superprofits.

    ExxonMobil prétend que ces impositions lui ont coûté 1,8 milliard de dollars cette année ; Shell cite le chiffre de 2,2 milliards de dollars ; TotalEnergies de 1,7 milliard de dollars. Au nom de tous, ExxonMobil a engagé un procès pour contester la contribution décidée par la Commission européenne sur les superprofits. Compte tenu du flou juridique qui entoure cette décision, le groupe pétrolier a des chances de l’emporter.

    Attaqués de toutes parts par des forces politiques qui contestent ces profits excessifs au moment où les finances publiques sont mises à mal, les groupes pétroliers ont engagé un lobbying d’enfer et des escouades de juristes et de fiscalistes pour contrer les attaques et dissuader tout gouvernement qui serait tenté d’augmenter la fiscalité, même de façon exceptionnelle, sur leurs profits.

    Le ruissellement vers le haut de la rente pétrolière
    La question, cependant, risque de s’imposer à nouveau très vite dans nombre de pays. D’autant que les grands groupes vont avoir de plus en plus de mal à justifier l’utilisation de ces résultats exorbitants.

    Car que font-ils de ces profits colossaux ? Ils les reversent à leurs actionnaires. ExxonMobil a reversé 30 milliards de dollars à ses actionnaires, Shell 26 milliards, plus que ses dépenses d’investissement. Au total, les cinq grands groupes ont versé plus de 80 milliards de dollars sous forme de dividendes et de rachats d’actions en 2022. Ils se préparent à augmenter encore ces versements en 2023. Afin de s’attirer les bonnes grâces des marchés financiers, Chevron a annoncé un programme mammouth qui a même stupéfait Wall Street : le géant pétrolier s’est engagé à dépenser 75 milliards de dollars dans les prochaines années pour racheter ses propres actions. Ce qui n’est pas donner un grand signe de confiance dans ses activités ni même indiquer une vision d’avenir.

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    Le monde financier face au changement climatique

    Distraire tant d’argent pour le seul bénéfice des actionnaires alors que l’on sait que la transition écologique va requérir des investissements gigantesques dans les prochaines années apparaît juste comme surréaliste. Ces sommes auraient pu être réinvesties dans d’autres projets d’énergie propre. Les dirigeants auraient pu aussi décider d’en conserver une grande partie pour créer des fonds susceptibles, le moment venu, de financer l’arrêt et le démantèlement de leurs actifs échoués. Car il y aura des dizaines de milliards d’actifs échoués dans ce secteur promis à plus ou moins long terme à entrer en voie d’extinction. Il aurait pu au moins essayer d’apporter des remèdes et des réparations aux pollutions et dégâts provoqués par leurs activités d’exploration et de production.

    Habitués depuis leur création à externaliser tous les coûts de leur activité sur la collectivité et à négliger l’intérêt général, ces grands groupes ne voient pas les raisons qu’il y aurait à changer. Ils poussent leur avantage tant que c’est possible, avant de laisser aux autres la charge de payer les ardoises finales. Des ardoises de plus en plus exorbitantes.

    • Relançons plutôt le débat sur le rôle de la classe capitaliste. Elle gagne des milliards en vendant des engins de mort et se frotte les mains à chaque bombe qui explose. D’autres profitent de la guerre pour spéculer sur le prix de l’énergie. Et d’autres encore espèrent que la guerre sera très destructrice pour vendre du béton et des matériaux de construction. C’est le mur du capitalisme qu’il faut abattre, pas seulement une de ses briques. Pour passer d’une société où tout est bon pour les profits d’une minorité infinitésimale de possédants parasites – y ­compris le pillage et le sang – à une société rationalisée par les producteurs eux-mêmes.

  • Pendant ce temps-là…

    Les « #superprofits » des #pétroliers sont historiques, au point d’avoir, sans guère de doute, dépassé les 200 milliards de dollars en 2022 rien que pour les pétroliers occidentaux. La publication prochaine des résultats annuels d’#ExxonMobil, #Chevron, #TotalEnergies, #BP, #Shell et consorts devrait confirmer le caractère exceptionnel de l’année 2022, qui a vu les prix de l’#énergie s’envoler… et les pétroliers en profiter largement.
    A elles deux, les majors américaines ExxonMobil et Chevron vont frôler les 100 milliards de dollars de #bénéfices sur l’année. Un total que dépasseront aussi allègrement, ensemble, les quatre principales sociétés européennes du secteur, BP, Shell, TotalEnergies et Equinor. Les #profits du Saoudien Aramco et des autres acteurs contrôlés par des Etats seront aussi au sommet.
    Les dividendes en avant
    Ce « trésor de guerre » bénéficie en premier lieu aux #actionnaires. Les montants redistribués ont atteint des records en 2022 et les Européens ont tendance à combler l’écart qui existait dans ce domaine, historiquement, avec les Américains. Là où les actionnaires d’ExxonMobil et Chevron récupéreront près de 60 % des bénéfices de l’an dernier, le taux de redistribution atteindra 48 % en moyenne en Europe, selon AlphaValue. Mais il devrait grimper à 73 % chez Shell, par exemple.
    Les pétroliers européens ont ou vont reverser un total de 122 milliards de dollars à leurs actionnaires pour l’année 2022, via 78 milliards de dollars de dividendes et 44 milliards de rachats d’actions.

    • et donc :
      – on se fait enfumer
      (complexité accrue = enfumage quasi sûr)
      – par les actionnaires
      (la case en rouge en haut à droite)
      – depuis 20 ans

    • Cet objectif s’est concrétisé par la séparation entre les activités de distribution, de production et de commercialisation, afin que des nouvelles entreprises d’électricité puissent se lancer dans le jeu. Mais à l’approche des années 2010, les concurrents de l’ex-entreprise publique ont protesté : en raison du parc nucléaire français, payé par le contribuable français et désormais amorti, EDF reste l’entreprise la plus compétitive. Impossible donc d’instaurer la concurrence. L’idéologie face aux faits n’avait pas dit son dernier mot : en 2010, la loi NOME instaure le principe de l’Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique (Arenh) qui oblige EDF à vendre à prix coûtant à ses concurrents un quart de sa production. Le fournisseur d’énergie est contraint de céder une grosse quantité de son électricité nucléaire à sa propre concurrence à un tarif régulé s’élevant depuis le 11 mars 2022 à 46,20 euros par mégawattheure, un prix cassé par rapport au marché, où le mégawattheure s’échangeait le 22 août à plus de 600 euros. Cette aberration économique doit s’accompagner d’engagement de la part des fournisseurs alternatifs : par exemple, répercuter ce bon deal sur les prix offerts à leurs consommateurs, et surtout investir enfin dans la production d’énergie… ce qu’ils ne font pas, et ce qui explique en grande partie le manque de capacité énergétique que connaît le pays actuellement : « les concurrents [d’EDF] sont simplement des traders qui achètent et vendent leur électricité sans installer de la puissance de production qui aurait fait d’eux de vrais acteurs du marché », expliquait le secrétaire général de la branche Énergie du syndicat Force Ouvrière, Alain André, à franceinfo en août 2022.

  • Faut-il sauver les #dividendes ? (non) | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/191022/faut-il-sauver-les-dividendes-non

    C’est finalement de bonne guerre. Dans la lutte économique et sociale qui se développe désormais sur fond de hausse des prix, les classes détentrices du pouvoir économique déploient des trésors d’ingéniosité pour prouver que l’ordre social existant est bon et juste. Un des points centraux de ce combat concerne les dividendes, qui cristallisent souvent les critiques. Alors que les raffineurs des majors pétrolières étaient en grève, des litres d’encre ont été utilisés pour prouver que le problème ne tenait pas aux dividendes versés par ces mêmes entreprises.

    Parfois, ces défenses prennent des tours assez pathétiques. Comme cette chronique de l’humoriste et actionnaire de Total Gaspard Proust dans Le Journal du dimanche du 16 octobre qui, voulant faire pleurnicher le lectorat sur le « pouvoir d’achat des actionnaires de Total », rongé par l’avidité des salariés, tente de prouver la supériorité du dividende sur le salaire et qualifie celui-ci, avec une poésie toute masculiniste, de « dividende des sans-couilles ». Car, pour ce poète dominical, l’actionnaire prend des risques considérables, tandis que le salarié se contente passivement d’attendre que tombe chaque mois la certitude de son salaire.

    « Le dividende, chante avec lyrisme notre vengeur du Capital, est le salaire de celui qui a osé prendre le risque d’éventuellement tout perdre en investissant dans une boîte. » Mais l’Homère de l’actionnariat devra revoir quelques évidences. D’abord parce que « prendre le risque de tout perdre » en achetant des actions Total, un géant du pétrole, dans le premier quart du XXIe siècle, est assez risible.

    #actionnaires
    Depuis un certain 15 septembre 2008, les autorités publiques de l’ensemble des pays avancés garantissent la pérennité de ces entreprises géantes. Sans compter que, depuis trente ans, grâce à un habile chantage à l’emploi, ces mêmes entreprises bénéficient de ristournes fiscales, d’aides publiques diverses et d’#optimisations_fiscales. Tout cela va directement dans la poche des actionnaires et non des #salariés_et_salariées.

    Au reste, notre malheureux chroniqueur oublie trois points pourtant évidents, tant son amour de l’actionnaire l’aveugle. D’abord, si l’actionnaire perd « tout », le salarié perd aussi tout, notamment son seul moyen de subsistance, ce qui est autrement gênant que de perdre son épargne.

    Deuxième point : il arrive, à vrai dire souvent, depuis trois décennies, que, pour assurer la « valeur actionnariale » de l’entreprise, autrement dit pour satisfaire nos héros avides de risques que sont les actionnaires, on sacrifie par tonneaux entiers des salariés. Ce Proust des temps modernes a oublié de jeter un œil à l’état du salariat depuis trente ans (mais il est vrai que cela ne semble pas l’intéresser) : alors que les cours de la Bourse s’envolaient pour le plaisir des actionnaires, la précarité et le chômage de masse s’installaient. Car il faut bien trouver quelque part les moyens de « récompenser le risque ».

    Car, enfin, et c’est le troisième point, d’où nos valeureux Achille de la #Bourse tirent-ils leurs « récompenses » ? Ils se sont contentés d’acheter des actions, acte sans doute digne d’une épopée, mais qui n’explique guère la source de la #valeur qu’ils captent. Et s’il s’agissait du travail des salariés ? Eh oui, l’actionnaire touche bien un dividende et non un #salaire, pour une raison simple : il ne travaille pas dans cette entreprise et ce n’est pas lui qui participe à la transformation de son argent, matière morte sans le #travail qui lui permet de toucher sa « récompense ». Mettre ces deux éléments à égalité est une aberration.

  • Année faste pour les dividendes Gérard Bérubé - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/749799/chronique-l-inflation-et-le-dividende
    . . . . . 
    N’empêche qu’un peu plus tôt cette semaine, la firme de gestion britannique Janus Henderson publiait son indice Global Dividend, https://www.janushenderson.com/fr-fr/investor/jh-global-dividend-index qui pointe un bond de 11,3 % des dividendes mondiaux entre les deuxièmes trimestres de 2021 et de 2022, et ce, au grand soulagement des actionnaires et des investisseurs institutionnels, dont les portefeuilles sont autrement malmenés par la morosité boursière. La croissance dite sous-jacente ressort à 19,1 % une fois pris en compte le jeu des taux de change, la composition de l’indice impliquant une conversion en dollars américains.

    Les dividendes versés ont établi un nouveau record de 544,8 milliards de dollars américains, et 94 % des 1200 entreprises composant l’indice ont augmenté ou maintenu leur dividende. « Il est étonnant de constater que, malgré les énormes perturbations économiques causées par la pandémie, les dividendes mondiaux sont désormais supérieurs au niveau record qu’ils avaient atteint avant la pandémie », remarque Janus Henderson.

    Au Canada, ils ont également atteint un record, en hausse de 12,7 % sur une base sous-jacente, grâce aux producteurs de pétrole et aux banques. Ainsi, 97 % des sociétés américaines et canadiennes ont augmenté ou maintenu leurs dividendes, avec les pétrolières revendiquant 40 % de la croissance. Statistique Canada a calculé https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/71-607-x/71-607-x2021010-fra.htm que les industries non financières ont vu leur bénéfice avant impôt bondir de 30,7 % entre les deuxièmes trimestres de 2021 et de 2022, contre une hausse de 3 % pour les industries financières. Dans le premier camp, les entreprises engagées dans la fabrication de produits pétroliers ont engrangé un bénéfice avant impôt en hausse de 313 % et celles s’activant dans l’extraction pétrolière, de 212 %.

    Il y aura ralentissement, compte tenu de la conjoncture. Le cabinet Janus Henderson relève tout de même sa prévision de versements de dividendes mondiaux à 1560 milliards en 2022, soit une croissance globale de 5,8 % en glissement annuel, ou une croissance sous-jacente de 8,5 %.

    #dividendes #économie #capitalisme #finance #privatisation #multinationales #fiscalité #inégalités #actionnaires #dette #entreprises #records

  • #Kathleen_Stock : Quand les féministes s’embrouillent, le patriarcat s’en sort bien.
    https://tradfem.wordpress.com/2022/03/10/kathleen-stock-quand-les-feministes-sembrouillent-le-patriarcat-s

    Le féminisme populaire au Royaume-Uni est en plein essor en ce moment, avec la journaliste Julie Bindel qui monte au front en tant que trouble-fête en cheffe. Au cours d’une longue histoire d’activisme qui a commencé dans les années 1980, militant contre la violence masculine à Leeds au moment où Peter Sutcliffe traquait dans les rues, Julie Bindel a toujours été directe, entière et peu intéressée à ménager les sensibilités petites-bourgeoises. Son nouveau livre n’est pas différent. Feminism for Women est un manifeste passionné pour le type de féminisme qu’elle défend – en fait, le seul féminisme qu’elle consent à reconnaître comme digne de ce nom.
    Le féminisme de Bindel s’attache sans honte aux femmes et aux filles du démodé genre féminin, et sur ce qui a tendance à arriver aux plus vulnérables d’entre elles – pauvres, ouvrières, noires, jeunes, vieilles, lesbiennes ou victimes de la traite – aux mains des hommes. Elle balance sur la façon dont les autres féministes (elle utiliserait des guillemets) ont rendu méconnaissable le projet initial de la deuxième vague. Dans une mosaïque d’interviews, d’anecdotes personnelles et d’argumentaires vifs, elle démontre que les femmes font face à une série d’injustices : tout d’abord par les hommes qui les agressent ; puis par un système judiciaire qui les rabaisse et les ignore ; enfin, par une culture imbibée de pornographie qui transforme leur humiliation en plaisir masculin ; et pour finir, par les féministes carriéristes et celles de la « Blue Fringe Queer Brigade », qui ne peuvent ou ne veulent pas intervenir pour changer tout cela, tant elles sont obsédées par le fait d’éviter la violence linguistique par l’utilisation d’un pronom mal placé.
    Le livre file à toute allure, truffé de blagues et de formules mémorables

    Version originale : https://www.spectator.co.uk/article/as-feminists-fall-out-it-s-not-just-the-patriarchy-that-s-under-fire
    Traduction : #Tradfem

  • Les retraité.e.s canadien.e.s principaux actionnaires d’orpéa + Un récapitulatif depuis 2015 Ne dites pas que personne n’était au courant !

    C’est en 2013 que l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada OIRPC, une société de la Couronne qui place de l’argent de la caisse du Régime de pensions du Canada pour obtenir “le meilleur rendement possible ”, est devenu l’actionnaire principal du groupe Orpéa, à hauteur de 15 %.

    L’investissement initial de l’Office dans Orpéa était de 320 millions d’euros (plus de 450 millions de dollars actuels). Mais depuis la sortie de l’enquête journalistique qui cible Orpéa, son placement a perdu plus de 600 millions de dollars canadiens en une semaine.

    Malgré les pertes importantes encaissées suite aux révélations, l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada OIRPC, opéré par Investissements RPC (Régime de pensions du Canada), ne souhaite pas pour l’instant réagir publiquement.

    Dans la charte d’Investissements Régime de pensions du Canada RPC, il est inscrit : “Nous respectons en tout temps, et même dépassons, les normes éthiques rigoureuses que les 20 millions de cotisants et bénéficiaires du RPC et le RPC lui-même attendent de notre organisme. ”

    En septembre dernier, Investissements Régime de pensions du Canada RPC gérait plus de 540 milliards d’actifs et enregistrait un rendement net annualisé sur 10 ans de plus de 11 %.
    Comme le fonds contribue à pérenniser les pensions des Canadiens par ses placements, il dit rendre “des comptes au Parlement et aux ministres de finances fédéraux et provinciaux, qui sont les gérants du Régime des Pensions du Canada ”.

    Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1858352/orpea-scandale-france-bourse-office-investissement-regime-pension-c

    Sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Orpea# : Actionnariat et expansion

    En 2006, la famille #Peugeot devient actionnaire d’Orpea, dont les marges de rentabilité sont jugées excellentes.

    En 2015, Orpea acquiert #Senecura en #Autriche qui a développé, dans une vingtaine de ses établissements, des synergies avec des écoles maternelles et des salons de coiffure qui lui versent un loyer. Ce modèle est ensuite développé en Suisse et en #Allemagne.

    En 2017, Orpea acquiert le groupe #Anavita en #tchéquie spécialisé dans les maisons de retraite médicalisées. Orpea poursuit son internationalisation avec la création de 1 000 lits au #Portugal et 2 000 lits au #Brésil en partenariat avec le groupe SIS.

    En 2018, le groupe acquiert quatre sociétés aux #Pays-Bas.

    En 2019, Orpea investit en Amérique latine avec l’achat de 50 % de Senior Suites au #Chili, de 20 % de Brasil Senior Living au #Brésil et d’un établissement en #Uruguay.

    En 2020, après le rachat du groupe Sinoué, Orpea poursuit le renforcement de son offre de soin en santé mentale en France et acquiert le groupe #Clinipsy.
    En 2020, le groupe s’implante également en #Irlande avec l’acquisition du groupe TLC, acteur dans les maisons de retraite, et devient ainsi le deuxième acteur en Irlande.

    Espionnage de salariés
    Fin 2014, la CGT porte plainte contre Orpea, dénonçant « un système visant à infiltrer le syndicat » : trois comédiens avaient été embauchés en 2010 dans le cadre d’un contrat passé avec la société de renseignements privée GSG, afin d’espionner les salariés.

    2015, accusation de maltraitance
    En 2015, vingt-huit familles de pensionnaires de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) « Le Village », à #Boissise-le-Roi, écrivent à #Marisol_Touraine, la ministre française de la Santé, au préfet de Seine-et-Marne, au directeur départemental de la concurrence et de la répression des fraudes ainsi qu’au procureur de la République pour émettre un « signalement pour maltraitance par négligence active et passive », estimant que la qualité de la prise en charge des résidents « s’est détériorée » depuis le rachat de l’établissement par Orpea en 2013.

    2016 et 2017, maltraitance et conditions de travail
    Au Mans, en novembre 2016, des salariés de l’établissement « Les Sablons » pointent des conditions de travail « exécrables » débouchant sur une dégradation de la qualité de service, depuis l’arrivée d’une nouvelle direction en mai 2015.

    En décembre 2016, France 3 Alsace fait état de soupçons de maltraitance dans la maison de retraite de l’Aar, située à #Schiltigheim .

    À #Niort, en 2016 et 2017, l’ehpad de Sevret est l’objet de critiques de salariés et de familles, qui dénoncent un turn-over important (licenciement, démissions, etc.), un manque de personnel chronique et la maltraitance de résidents.

    À #Échillais (Charente-Maritime), une partie du personnel de l’ehpad se met en grève en juillet 2017 et pointe, de concert avec des résidents et familles de résidents, des cas de maltraitance et une dégradation des conditions de prise en charge des personnes âgées, conséquence d’un manque de personnel ; des salariés évoquent aussi des faits de harcèlement moral à leur égard.

    En janvier 2018, le site Mediapart pointe de nombreux dysfonctionnements dans l’Ehpad « Les Bords de Seine » à Neuilly-sur-Seine

    En septembre 2018, le magazine Envoyé spécial (magazine hebdomadaire de la rédaction de France 2 ) diffuse un reportage réalisé par Julie Pichot [archive] dédié aux conditions d’hébergement et de prise en charge des personnes âgées dépendantes dans les Ehpad privés à but lucratif, en particulier des groupes Korian et Orpea. Le reportage dénonce, témoignages de familles de résidents et d’employés à l’appui, un manque régulier de personnel (d’aide-soignants notamment), une prise en charge médicale insuffisante et une chasse aux coûts notamment dans le budget par résident alloué aux repas, tandis que le groupe Orpea dégage 89 millions d’euros de bénéfice en 2017

    Selon le magazine Télérama, le groupe Orpea a tenté d’empêcher, en 2018, la diffusion du reportage de Julie Pichot [archive] dans Envoyé spécial en introduisant un référé, qui est rejeté par le tribunal de grande instance de Nanterre le jour même de sa diffusion

    En octobre 2021, #Orpea fait l’objet d’une enquête préliminaire de la part du parquet national financier et une perquisition de son siège social est ordonnée. Les soupçons portent sur la cession d’une maison de retraite ayant eu lieu en 2008.

    #maltraitance #violence #pensions #retraite_par_capitalisation #canadiens #canadiennes #maisons_de_retraite #actionnaires #capitaux #retraites #investissements #France #espionnage #rentabilité #management

    • Félicitations à l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada qui a vu venir le scandale et la chute en bourse de ses 320 millions d’euros, sans rien faire.
      Il est vrai que ce n’était que l’argent des retraité.e.s.

  • Plus de 56 milliards de bénéfices : Apple, Google et Microsoft avalent le monde Anouch Seydtaghia

    Les résultats publiés dans la nuit de mardi à mercredi par les géants de la tech confirme l’extension de leur empire. Apple, Google et Microsoft bénéficient tant de la pandémie que de son atténuation. Rien ne semble en mesure de les freiner.

    Les chiffres étaient attendus en hausse. En réalité, ils ont atteint des sommets. Chacun dans son domaine, Apple, Google et Microsoft ont battu des records lors du dernier trimestre. Publiés dans la nuit de mardi à mercredi, leurs résultats montrent que les tendances esquissées ces derniers mois se confirment. Ces géants de la tech ont été les grands vainqueurs de la pandémie. Et la fin de la crise sanitaire qui se dessine leur profitera davantage encore. Et rien, de la pénurie de puces informatiques aux tentatives de régulation, ne semble sérieusement capable de contrecarrer l’expansion de ces multinationales à moyen terme.

    Bien sûr, Google, Apple et Microsoft ont chacun leurs spécificités et sont actifs dans des marchés parallèles. Mais des traits communs les réunissent. Le fait que des milliards de Terriens aient passé, ces derniers mois, un temps accru devant leurs écrans – téléphones ou ordinateurs – leur a directement bénéficié. La demande pour les services en ligne a explosé. Et aujourd’hui, les géants du numérique profitent de la reprise, de l’accroissement de la consommation et des voyages rendus à nouveau possible. C’est ainsi que Apple (21,7 milliards de dollars), Google (18,5 milliards) et Microsoft (16,5 milliards) ont cumulé plus de 56 milliards de bénéfices en trois mois. Ces sociétés, dont la valeur totale excède les 6000 milliards de dollars en bourse, ont chacune battu un record. . . . . .

    La suite payante : https://www.letemps.ch/economie/plus-56-milliards-benefices-apple-google-microsoft-avalent-monde

    #bénéfices #économie #publicité #fiscalité #capitalisme #finance #actionnaires #dividendes #multinationales #gafam #Apple #Google #Microsoft

  • Bruxelles La Boum2 : le responsable du site "L’abîme" s’exprime pour la première fois et raconte sa folle journée à la police Patrick Michalle
    https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-boum2-le-responsable-du-site-l-abime-s-exprime-pour-la-premiere-fois-

    Dave Monfort est analyste programmeur de formation mais se présente avant tout comme un artiste. Mais depuis quelques semaines, c’est pour avoir impulsé la "Boum2" avec son site "l’Abîme" dont il a acheté les droits d’exploitation en prévision de ce qui allait se passer, qu’il suscite l’intérêt des médias. Quelques heures après sa sortie du commissariat central de Bruxelles, il nous raconte sa confrontation de plus de cinq heures avec les policiers. Les journalistes présents pour le voir arriver en ont été pour leur frais, tout ayant été fait pour qu’il échappe à l’œil des caméras : " Je m’apprêtais à me rendre à la convocation au commissariat ce matin mais en sortant de chez moi je n’ai pas pu aller bien loin. Deux "Volvo" de la police étaient devant chez moi et m’ont embarqué. Toute sirène hurlante, j’ai traversé les rues de Bruxelles pour finalement entrer discrètement dans le parking du commissariat et aucun journaliste ne s’est rendu compte de ma présence. On leur a probablement dit que je n’étais pas arrivé".

    Ils m’accusent de gérer une milice privée et d’inciter à la violence
    Ce qui se passe ensuite fait moins sourire notre interlocuteur : "Mon avocat n’était pas encore arrivé et ils ont commencé par me confisquer mon téléphone. Puis au travers d’une série de questions, j’ai dû répondre durant cinq heures à une série de questions en relation avec des accusations de création d’une milice et d’incitation à la violence". Les interrogateurs ont notamment pris appui sur une vidéo diffusée sur le site "l’abîme" le lendemain du 1er avril dans laquelle il apparaît que le "suspect"  semble donner des consignes :" dans cette vidéo, la personne qui filmait, moi-même en l’occurrence, appelait la police à retirer son genou de la nuque d’un des participants, ils ont considéré que c’était un appel à la violence, ainsi que le fait que je dise "reculez !" aux manifestants, ils l’ont interprété comme une injonction adressée aux policiers  ». Il était aussi question d’une autre vidéo censée être un clip humoristique mais qui prise au pied de la lettre est devenue un élément à charge pour démontrer la volonté d’inciter à la violence :  » dans cette vidéo, on apparaissait avec des tenues accompagnées de cagoules et de gilets pare-balles avec le logo "l’Abîme". Mais tout cela se passe dans une ambiance de fête avec un DJ, une table et plein de boissons avec deux personnes qui tapent sur un ordinateur, deux autres sur une moto, voilà c’est tout" . Le contexte étant expliqué, tout cela semble s’être rapidement dégonflé.

    Aucun dialogue, ils réagissent plus mal qu’imaginé
    Au terme de cinq heures entrecoupées d’interruptions, Dave Monfort a pu rentrer chez lui sans aucune condition particulière. Lorsqu’on lui demande si un dialogue a pu s’établir avec les autorités publiques, sa réponse est sans appel : " Il n’y a pas eu de dialogue, le traitement qu’on nous sert, c’est la démonstration qu’on voulait faire en fait. Ils réagissent plus mal qu’on avait imaginé, on joue un pion comme une partie d’échecs mais ils ont tellement mal joué que tout était en notre faveur, la communication de la ministre, la communication de la police, ils ont tout fait de travers".

    Autoriser et tout se passera bien
    Lorsqu’on l’interroge sur la manière dont il voit la journée du 1er mai au Bois de la Cambre, la réponse se veut rassurante mais à certaines conditions : " si on laisse faire dans une ambiance bon enfant, cela peut vraiment bien se dérouler. Cela dépend d’eux en fait, les gens ne viennent pas au Bois de la Cambre pour jeter des cailloux ou s’en prendre à la police, personne ne vient pour ça. La seule solution est de donner l’autorisation et tout se passera bien".

    Une nécessaire soupape pour des jeunes qui n’en peuvent plus d’attendre
    Lorsqu’on évoque les hôpitaux bruxellois aux soins intensifs quasi saturés, le principal contre argument est sanitaire : "on ne nie pas l’encombrement des hôpitaux et la situation sanitaire mais elle n’est pas corrélée avec les événements en extérieur, vu qu’il n’y a pas de contamination en extérieur" . L’autre argument est plus sociologique, il concerne le ras-le-bol et la nécessaire soupape de sécurité pour les jeunes qui n’en peuvent plus d’attendre une hypothétique sortie de crise pour faire la fête : "on s’est jamais empêché de faire la fête malgré les millions de morts de la famine, les morts liés au cancer ou les accidents de la route" . Pour Dave Monfort, il n’y a pas de réel argument à faire valoir si ce n’est de celui de s’opposer à une volonté de lâcher un peu la pression après une année de confinement : "c’est incompréhensible d’autant que les personnes du gouvernement qui nous imposent cela, ils ont une vie normale, même plus que normale, ils ne connaissent pas la même situation que les 25.000 personnes qui suivent la "Boum" et qui peut-être n’ont pas de famille, de jardin ou même de boulot".

    Sur les consignes données aux participants pour éviter des débordements
    Dave Monfort se déclare serein à trois jours de l’événement qu’il a contribué à susciter mais qui appartient dit-il désormais à une multitude de groupes. Des consignes précises ont été données aux participants en matière de propreté publique et de sécurité précise-t-il comme : "Ne rien laisser sur place. Ne pas comptez sur les poubelles locales et prévoir de repartir avec tout ce qui a été amené, sans exception (mégots, mouchoirs, canettes, emballages, capotes, … )". Une équipe de bénévoles est annoncée pour organiser un nettoyage le 2 Mai. Quant aux consignes à l’égard de la police, elle se veulent claires dans le texte adressé aux participants : "Prouver que nous pouvons nous rassembler en extérieur, dans une ambiance festive, sans débordements et sans violence. Tout cela afin de pouvoir proposer de nous rassembler en extérieur dans une ambiance festive tous les week-end, dans tous les parcs" ou encore d’agir sur le mode de la fête sauvage définie comme : "une fête à l’état naturel, sans aucune autre forme de résistance que la musique, la danse et notre joie de vivre". Et d’inviter dans la foulée à pas venir avec des bouteilles en verre mais avec gourde et bouteille en plastique. D’autres consignes sont destinées à prévoir une possible intervention de la police et mentionnent explicitement de ne pas résister en cas d’interpellation.

    #résistance #fête #bruxelles #La_Cambre #La_boum #police #violence_policières à venir

  • Course au #vaccin : la propriété intellectuelle, c’est le « vol » qui freine l’innovation
    https://theconversation.com/course-au-vaccin-la-propriete-intellectuelle-cest-le-vol-qui-freine

    Pourquoi ces deux Davids [BioNtech et Moderna, à l’origine de #vaccins basés sur l’ARN messager] des biotechnologies ont-ils terrassé, en matière d’innovation vaccinale contre la Covid-19, les Goliaths de l’industrie pharmaceutique ? Notre réponse : le régime légal de détention de la propriété intellectuelle freine l’innovation par les grandes entreprises.

    [...]

    Pour pasticher le père de l’anarchisme, Pierre-Joseph Proudhon, dans une société de la #connaissance, la #propriété_intellectuelle est « le #vol ». Elle dépossède en effet les chercheurs-salariés de leurs connaissances au #profit des #actionnaires des grands groupes. Cette #expropriation nuit à l’innovation car les réels détenteurs de la connaissance, à savoir les chercheurs-salariés des grandes entreprises n’ont aucune incitation à innover et les employeurs qui sont les détenteurs légaux des #brevets ne détiennent pas l’ensemble des connaissances tacites nécessaires à l’exploitation de l’invention.

  • Entre rentabilité et management musclé, les explications de Fabien Foureault sur les fonds d’investissement, ces organismes qui font surtout gagner les actionnaires 💰👇 #économie #entreprises #actionnaires

    https://sms.hypotheses.org/25422

    Lors d’une enquête sur l’expérience du chômage, mes collègues et moi rencontrons deux femmes ayant eu affaire, sans le savoir, à des fonds d’investissement. Les opérations mises en œuvre par ces fonds, caractéristiques du capitalisme financier, permettent d’orienter la gestion des entreprises vers la rentabilité du capital mais sont loin de constituer un jeu à somme positive.

    Nadia travaillait dans une entreprise de télécommunication depuis vingt ans en tant que chef d’équipe, avant que celle-ci ne soit rachetée par un fonds d’investissement anglais, allié à un homme d’affaire français. Elle décrit la mise en place d’ « un management américain avec une hiérarchie vraiment très présente » et la perte d’adéquation avec les valeurs de l’entreprise. Comme l’entreprise est fusionnée avec une autre, des postes redondants sont supprimés et un plan de départ volontaire est mis en place, ce qu’accepte Nadia.

    Aissata travaillait depuis dix ans en tant que femme de chambre dans un hôtel parisien. Cet hôtel, appartenant à une marque familiale, est détenu par un groupe lui-même détenu par un fonds d’investissement américain et un français. Selon Aissata, la nouvelle direction désire que les salariés réalisent un plus grand nombre chambres (une vingtaine contre une dizaine auparavant) pour une rétribution bien moindre – ce qui représente une réduction du coût du travail, d’un seul coup, par deux. Pour Aissata et l’ensemble de ses collègues « ça n’a rien à voir » et elle part en rupture conventionnelle (...)

  • Que les #actionnaires du CAC 40 soient mis fortement à contribution ! - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170420/que-les-actionnaires-du-cac-40-soient-mis-fortement-contribution

    Bruno #Le_Maire a demandé aux entreprises qui font payer leurs #salaires par l’État via le chômage partiel de ne pas servir de dividendes à leurs actionnaires. Beaucoup de groupes du #CAC_40 ne respectent pas la consigne. Ils devraient plutôt être mis à #contribution. Et fortement.

    • quel #faux_derche ce Lemaire. Il espère abuser qui en faisant semblant de morigéner ses potes ?

      Sans doute Bruno Le Maire a-t-il pensé éteindre la semaine passée la polémique qui commençait à monter autour des dividendes versés par certains grands groupes français à leurs actionnaires. Prenant la posture énergique dont il est coutumier, il a donné de la voix pour signifier à ces entreprises qu’en ces temps de pandémie et de souffrance pour tout le pays, le moment serait vraiment mal choisi de couvrir d’or leurs actionnaires. Il a même été encore plus énergique que cela. Appelant ces entreprises à la modération, il a enjoint à celles d’entre elles qui font payer leurs salaires par l’État via le recours à la procédure du chômage partiel de ne pas verser de dividendes du tout. Question de décence et de civisme ! On ne peut pas solliciter l’argent public et précisément, au même moment, faire des ponts d’or à ses actionnaires…

      Le ministre des finances a parlé de manière si volontaire et pressante que la polémique s’est très vite éteinte. D’autant plus vite qu’une cascade de groupes ont annoncé qu’ils renonceraient à tout versement de dividendes. De scandale, il n’y en a donc pas eu. Et Bruno Le Maire a pu penser un moment qu’il avait bien piloté sa barque.

      Eh bien, non ! La vérité, c’est que le ministre des finances risque de sortir passablement ridiculisé par cet intermède. Et la polémique de repartir de plus belle. Car une belle ribambelle de groupes parmi les plus importants, dont certains du CAC 40, n’ont que très peu minoré le montant des dividendes versés à leurs actionnaires. Selon notre enquête, il s’en est même trouvé, comme Publicis, Vivendi, Michelin ou Capgemini, qui n’ont tenu aucun compte des propos de Bruno Le Maire, et qui, souhaitant avoir accès au chômage partiel, entendent verser tout de même de colossaux dividendes à leurs actionnaires. En clair, ce sont les impôts des contribuables qui seront mis à contribution pour payer les salaires, tandis que les actionnaires pourront continuer à arrondir leur magot.

      C’est d’autant plus choquant qu’en ces temps de crise, c’est exactement l’inverse qui devrait advenir. Ces actionnaires richissimes du CAC 40 ne devraient pas empocher des dividendes exorbitants et solliciter de l’argent public pour payer les salaires de leur groupe ; ils devraient à l’inverse être mis fortement à contribution pour aider le pays à traverser la crise. Et cette exigence devrait aussi concerner les groupes qui ne sollicitent pas d’aides publiques et qui prennent des postures vertueuses, alors qu’ils empochent aussi d’énormes dividendes, ou ne les réduisent qu’à peine. Et cette mise à contribution, on sait bien la forme qu’elle pourrait prendre : soit le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ; soit l’assujettissement, comme par le passé, des dividendes à l’impôt sur le revenu, en lieu et place de cette « flat tax », qu’Emmanuel Macron a créée et qui a constitué un formidable cadeau pour les plus riches – plus important encore que la suppression de l’ISF.

      Reprenons donc l’histoire à ses débuts pour comprendre comment Bruno Le Maire s’est fait berner (« à l’insu de son plein gré »). Le 30 mars au matin, il est l’invité de RMC et, d’un ton tranchant, essaie de convaincre l’opinion que, sous autorité, les directions des grandes entreprises n’auront pas de comportements cupides et pourraient même se montrer exemplaires, sinon citoyennes : « Je les invite à faire preuve, pour toutes les grandes entreprises qui ont accès aujourd’hui au chômage partiel, c’est-à-dire qui ont leurs salariés payés par l’État, à faire preuve de la plus grande modération en matière de versement de dividendes, et j’irai plus loin : soyez exemplaires », dit le ministre des finances.

      Et il ajoute à leur adresse : « Si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes. Je pense que c’est quelque chose que chacun peut comprendre, et que chacun doit être exemplaire. Beaucoup de grandes entreprises l’ont compris, ont déjà pris la décision de ne pas verser de dividendes, parce qu’elles vont avoir besoin de cette trésorerie demain pour investir, pour payer leurs charges, pour relancer leur activité, donc j’invite toutes les grandes entreprises qui bénéficient du chômage partiel, soit à faire preuve de modération, soit… : mieux, donnez l’exemple et ne versez pas de dividendes. J’ajoute un point sur ce sujet, qui est très important, c’est que nous ne tolèrerons pas, non plus, que des entreprises fassent des rachats d’actions et versent des dividendes à leurs actionnaires. Les rachats d’actions, ils ne doivent pas être possibles quand on veut verser des dividendes, parce que c’est une façon d’augmenter les dividendes de manière artificielle, donc les rachats d’actions ne seront pas compatibles avec le bénéfice du soutien de la trésorerie de l’État. »

      L’appel de
      @BrunoLeMaire
      "Si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes (...) On ne peut à la fois dire ’Je n’ai pas de trésorerie, j’ai besoin de l’Etat pour reporter mes charges’ et en même temps ’J’ai de la trésorerie pour mes actionnaires’"
      #BourdinDirect
      pic.twitter.com/CRk7Yt2qmu
      — RMC (@RMCinfo)
      March 30, 2020

      La vérité, pourtant, c’est sans doute que le message était à destination de l’opinion, pour la convaincre que le gouvernement veillait au grain, et non pas à destination des grandes entreprises qui, elles, visiblement, n’attachent pas trop d’importance aux propos ministériels. Car elles ont fait strictement ce qu’elles voulaient. Et même, en certains cas, exactement le contraire de ce que leur demandait le ministre.

      Et cela s’explique sans peine : si le ministre des finances fait mine de hausser le ton, il ne prend aucune mesure contraignante pour forcer les entreprises à respecter la ligne de conduite qu’il vient de fixer. En clair, les entreprises qui n’écoutent pas la recommandation ministérielle et servent des dividendes à leurs actionnaires savent qu’elles pourront tout de même accéder à la procédure d’activité partielle et que l’État paiera les salaires comme prévu. Il suffit d’ailleurs de se reporter au site Internet du ministère du travail pour vérifier que dans les conditions d’accès à la procédure, il n’est pas fait mention des dividendes.

      Concrètement, en cas d’activité partielle et si l’administration a accepté le dossier, l’employeur doit verser au salarié une indemnité correspondant à 70 % de son salaire brut par heure chômée, soit environ à 84 % du salaire net horaire dans la limite de 4,5 Smic. Et cette somme est ensuite remboursée par l’État. Cela correspond donc à une dépense publique absolument considérable, puisqu’au dernier pointage, jeudi matin, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, annonçait que 751 000 entreprises, soit plus d’une entreprise sur deux en France, avaient sollicité cette procédure du chômage partiel, portant sur 9 millions de salariés.

      19,2 millions de dividendes pour Élisabeth Badinter

      Pour une dépense aussi exorbitante, l’État était donc en droit de poser ses conditions. Comme le gouvernement s’y est refusé, des abus pour le moins choquants se sont multipliés. Résultat : notre enquête nous a permis de repérer assez vite des grandes entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires mais ont aussi demandé, sans le moindre scrupule, l’accès à la procédure d’activité partielle.

      En voici quatre exemples – mais il en existe sûrement de nombreux autres.

      L’un de ces groupes est Publicis, le géant français de la publicité. Ultra-prospère, le groupe, qui est l’une des valeurs du CAC 40, a d’abord joué ouvertement la carte de l’égoïsme social en décidant de maintenir en l’état ses prévisions initiales de versement de dividendes. Mais, face aux polémiques qui montaient, il a pris quelques mesures, de portée surtout cosmétique, pour signifier qu’il n’était pas indifférent aux difficultés du pays en général et de ses salariés en particulier. Les dirigeants du comité exécutif et du directoire vont ainsi voir diminuer leur rémunération fixe de 20 % aux deuxième et troisième trimestres de 2020, et même de 30 % dans le cas du patron exécutif du groupe, Arthur Sadoun, et du président du conseil de surveillance Maurice Lévy, dont les rémunérations étaient respectivement de 1 million et 2,8 millions d’euros. Mais quid de la rémunération variable qui, dans le cas d’Arthur Sadoun, atteignait en 2018 la somme faramineuse de 3,1 millions d’euros ? L’entreprise n’a pas jugé utile d’apporter cette précision.

      Quant aux dividendes, l’entreprise a fait un geste, en les réduisant de moitié par rapport à ce qui était prévu initialement en février. Mais ce qui était envisagé était tellement considérable que les sommes qui vont être finalement versées donnent toujours le tournis. Concrètement, la réduction du dividende de 2,30 euros par action à 1,15 euro conduira le groupe à verser la somme totale de 276 millions d’euros à ses actionnaires. Libération prend soin de préciser que Maurice Lévy, qui a longtemps été l’une des grandes figures du capitalisme parisien, et qui a défrayé la chronique, en 2012, avec son mégabonus de 16 millions d’euros quand il a abandonné la direction exécutive du groupe, va donc empocher 5,4 millions d’euros en dividendes.

      Mais pour la fille du fondateur de Publicis, Marcel Bleustein-Blanchet (1906-1996), qui n’est autre que la philosophe Élisabeth Badinter, la somme est encore plus considérable : comme elle contrôle 7 % du groupe, elle va percevoir la somme faramineuse de 19,2 millions d’euros en dividendes.

      Or, sans la moindre gêne, le groupe est l’un de ceux, parmi les plus importants, selon nos informations, qui ont recours au dispositif de l’activité partielle. Il l’a notamment sollicité pour les salariés du Drugstore, sur les Champs-Élysées, qui est fermé depuis le début de la crise sanitaire.

      Comment Élisabeth Badinter, qui est vice-présidente du conseil de surveillance de Publicis, peut-elle justifier cela ? Dans le passé, elle a souvent été mise en cause pour le grand écart dont elle est coutumière entre les positions morales qu’elle prend dans le débat public et son rôle dans la vie du capitalisme parisien, et l’immense fortune qu’elle accumule (son patrimoine est évalué par Challenges à 850 millions d’euros). Mais dans le cas présent, l’affaire est encore plus choquante car, de facto, Élisabeth Badinter, qui comme son mari a longtemps accompagné le parti socialiste, s’enrichit, tout comme Maurice Lévy, sans la moindre gêne, sur le dos des contribuables. Avec l’assentiment tacite de Bruno Le Maire.

      Le groupe Capgemini est aussi à classer dans la même catégorie des valeurs vedettes du CAC 40 qui n’ont aucun scrupule à solliciter le dispositif de l’activité partielle, tout en couvrant d’or leurs actionnaires.

      Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce groupe-là est aussi prospère et évolue dans un secteur qui est moins exposé que d’autres aux violentes turbulences du moment. Il suffit de se référer aux bilans financiers qu’il vient lui-même de publier. Pour l’année 2019, le groupe a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 14,1 milliards d’euros, en hausse de 7 %, et un résultat net de 856 millions d’euros, en hausse de 17 %. Preuve que tout va pour le mieux pour ce groupe dont le PDG est Paul Hermelin, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn à l’Industrie et ami de François Hollande.

      Sans la moindre gêne non plus, imperméable aux logiques de solidarité, le groupe compte donc continuer à enrichir fortement ses actionnaires, comme si de rien n’était. Il a donc annoncé qu’il verserait à ceux-ci un dividende de 1,90 euro par action, en hausse de… 12 % ! Or, comme le groupe précise que le taux de distribution du résultat net est de 35 %, on peut en déduire que ce sont donc 299 millions d’euros qui vont être distribués aux actionnaires.

      En ces temps de crise, les personnels soignants manquent de tout : de masques, de blouses, de matériel, de moyens. Mais les actionnaires de Capgemini continuent de s’enrichir spectaculairement.

      Or, le plus invraisemblable, c’est que le même groupe, dirigé par un patron qui lui aussi a été longtemps proche des socialistes, sollicite le bénéfice du chômage partiel. Selon nos informations, cela a été annoncé mercredi devant l’un des comités sociaux et économiques (CSE) du groupe, celui de la division dite « Infra ». Le groupe a annoncé aux élus du personnel qu’elle envisageait « de recourir au chômage partiel sur une période prévisionnelle allant du 16 mars au 30 juin 2020 selon les différentes modalités suivantes : fermeture temporaire de services avec impossibilité de télétravailler ; aménagement à la baisse des horaires de travail en réduisant le nombre d’heures, de jours travaillés ».

      Cette décision présente une incongruité : on constate en effet que le groupe entend recourir au chômage partiel malgré la richesse qu’il affiche et dont profitent ses actionnaires ; mais, encore plus culotté, il entend profiter de la procédure de manière rétroactive… au 16 mars ! Il sera intéressant de vérifier si l’administration accepte aussi ce passe-droit.

      Selon un document syndical de la CFTC, un conseil d’administration pourrait se tenir le 27 avril, avec à son ordre du jour une réduction du dividende. Mais devant le CSE, aucune indication de ce genre n’a été apportée aux représentants du personnel.

      Un dividende en hausse de 20 % chez Vivendi

      Le groupe Michelin fait également partie du lot. Il a en effet pris lui aussi des mesures pour montrer qu’il prenait en compte la crise et réduisait les largesses dont profitent habituellement ses dirigeants et ses actionnaires. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a été fait… chichement ! Dans un communiqué, le groupe annonce ainsi que « Florent Menegaux et Yves Chapot, gérants du groupe Michelin, ont choisi de diminuer d’environ 25 % leur rémunération », mais cela ne vaut pour l’instant que… « pour les mois d’avril et de mai 2020 », ce qui est donc purement symbolique. Et « les membres du comité exécutif du groupe ont volontairement décidé de baisser leur rémunération d’environ 10 % pendant la même période ». Ce qui est encore plus microscopique. Le communiqué ajoute ceci : « Cette baisse sera reconduite aussi longtemps que des salariés du groupe se trouveront en situation d’activité partielle au motif de la crise sanitaire du Covid-19. »

      Mais le groupe Michelin n’a pas décidé de supprimer le versement des dividendes. Il a seulement choisi de les réduire un peu, même pas de moitié, les abaissant des 3,85 euros qui avaient été initialement annoncés à 2 euros l’action, le versement devant intervenir le 3 juillet.

      Or, le groupe Michelin, comme il le dit lui-même, a aussi sollicité la procédure de chômage partiel. Concrètement, toutes les usines du groupe ont été fermées en France les deux dernières semaines de mars. Pendant cette période, l’entreprise a rémunéré les salariés pendant deux jours et leur a demandé de prendre le solde en jours de congé ou de récupération.

      Puis le groupe a mis en chômage partiel près de 9 500 salariés, ceux de la logistique et de la production, avec l’idée de relancer cette dernière, si possible, vers la mi-avril. Près de 1 500 salariés ont dans cette perspective repris le travail la semaine passée, et près de 2 500 de plus cette semaine.

      Dans la même catégorie, il y a aussi le groupe Vivendi, piloté par Vincent Bolloré. Nos confrères du journal Les Jours racontent que dans la convocation pour l’assemblée générale des actionnaires prévue pour le 20 avril, le président du conseil de surveillance, Yannick Bolloré (le fils du père), et le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, font cette annonce : « Cette année, le directoire vous propose le versement d’un dividende de 0,60 euro par action au titre de 2019, en progression de 20 %, représentant une distribution globale de 697 millions d’euros. »

      Avec une hausse de 20 % du dividende, Vivendi se moque donc totalement des recommandations de modération formulées par Bruno Le Maire. Mais cela ne s’arrête pas là. Les Jours précisent que la sixième résolution prévue pour l’assemblée générale des actionnaires envisage le rachat par Vivendi de ses propres actions, « dans la limite de 10 % du capital », en vue de les annuler. Or, c’est aussi ce que Bruno Le Maire avait vivement prohibé dans les termes dont on se souvient : « Nous ne tolèrerons pas, non plus, que des entreprises fassent des rachats d’actions et versent des dividendes à leurs actionnaires. Les rachats d’actions, ils ne doivent pas être possibles quand on veut verser des dividendes, parce que c’est une façon d’augmenter les dividendes de manière artificielle, donc les rachats d’actions ne seront pas compatibles avec le bénéfice du soutien de la trésorerie de l’État. »

      Or, cela n’empêche nullement Vivendi de recourir au chômage partiel. C’est le cas dans certaines branches de sa filiale Editis. Alors que le monde de l’édition est évidemment frappé par la quasi-interruption de la vente des livres en librairie, Editis n’a pas été la première maison à recourir au chômage partiel – le Seuil a commencé bien avant –, mais elle y est finalement venue, notamment dans ses divisions de distribution. Certaines maisons d’édition appartenant à la galaxie ont aussi suivi finalement le mouvement. Et l’autre grande filiale de Vivendi qu’est Canal+ recourt aussi au chômage partiel, aussi prospère que soit son actionnaire.

      En somme, des groupes parmi les plus importants du CAC 40 ont fait un véritable bras d’honneur à Bruno Le Maire, qui lui-même n’a rien fait pour leur interdire de solliciter des fonds publics. C’est donc une prédation consentante qui est actuellement à l’œuvre sur l’argent public.

      Il faut d’ailleurs observer que, même quand elles ne recourent pas au chômage partiel, beaucoup d’entreprises n’ont pas entendu les appels à la modération du ministre des finances sur le versement des dividendes.

      Dans cette autre catégorie, il y a d’abord les entreprises richissimes qui ont ignoré le ministre mais en signifiant qu’elles n’auraient pas, à la différence d’autres, l’indécence d’aller mendier de l’argent public pour payer leurs salariés. C’est le cas de L’Oréal, qui a maintenu le versement hors-norme de ses dividendes (pour 2,4 milliards d’euros) mais a promis de maintenir « la totalité des emplois », et sans recourir « au chômage partiel jusqu’à fin juin ».

      Toujours indifférent aux polémiques qu’il suscite chaque année pour l’énormité des sommes qu’il distribue à ses actionnaires, le groupe Total, lui, leur a versé le 1er avril la somme gigantesque de 1,7 milliard, soit le quart du dividende prévu sur l’année. Mais lui aussi a précisé, comme pour s’excuser, qu’il ne « ne sollicitera[it] pas le soutien de l’État […], que ce soit sous forme de soutien de trésorerie (prêts bancaires garantis, report de paiement des charges sociales ou fiscales) ou de recours au dispositif exceptionnel de chômage partiel ».

      Enfin, Air liquide a aussi choisi de maintenir le versement de ses dividendes, tout comme Dassault Système, dont le dividende va même augmenter (à 70 centimes l’action, contre 65 l’année précédente).

      Il y a encore une autre catégorie d’entreprises, la catégorie de celles qui ont choisi de baisser un peu leurs dividendes, même si c’est parfois de manière infime. C’est le cas par exemple du groupe de luxe Hermès, qui abaissé son dividende de 5 à 4,55 euros l’action (soit une diminution de 40 millions d’euros, au total) et dit « disposer d’une trésorerie suffisante » pour traverser cette période « sans avoir recours aux aides publiques exceptionnelles », dont le chômage partiel. On est donc là encore très loin de la modération prônée par Bercy.

      Le conseil d’administration du géant du luxe LVMH, réuni le 15 avril a, de son côté, annoncé qu’il allait proposer à l’assemblée générale du groupe le 30 juin « un dividende réduit de 30 % par rapport au montant annoncé le 28 janvier 2020 ». Ainsi, le dividende de l’exercice 2019 serait de 4,80 euros par action. En outre le conseil d’administration « a été informé de la décision prise par Bernard Arnault, en sa qualité de PDG, et par chacun des autres administrateurs exerçant des fonctions exécutives au sein du groupe de renoncer à leur rémunération pour les mois d’avril et mai 2020 ainsi qu’à toute rémunération variable au titre de l’année 2020 ».

      Pour Bernard Arnault, il s’agit donc de gestes purement symboliques. Il est désormais la troisième fortune mondiale, avec un patrimoine évalué par Forbes à 105,1 milliards de dollars (96,8 milliards d’euros). Alors, deux petits mois de salaire, c’est une goutte d’eau pour un milliardaire, dont la fortune prospère surtout avec ses dividendes. Le montant de son salaire brut variable ne sera fixé qu’au terme de l’exercice en cours, mais à titre de comparaison, celui qui sera soumis au vote des actionnaires en juin au titre de 2019 s’élève à 2,2 millions d’euros. Il faut par ailleurs noter que le groupe ne dit rien sur un éventuel recours au chômage partiel, à la différence par exemple de Hermès.

      Dans les baisses modestes du dividende, on peut encore citer des groupes comme Legrand ou Veolia.

      Autre sous-catégorie, il y a encore les groupes richissimes qui ont reporté leurs annonces ou qui ne semblent pas très pressés de les faire, sans doute pour ne pas attiser la polémique, et disposer ultérieurement de davantage de liberté. Le géant du luxe Kering n’a ainsi pas encore annoncé ses intentions.

      Alors que la plupart des banques ont annulé le versement de dividendes, BNP Paribas a seulement choisi de suspendre toute décision et de la renvoyer à un conseil d’administration après le 1er octobre.

      Dans le cas des entreprises publiques ou de celles où l’État a des participations, le gouvernement avait indiqué qu’il attendait d’elles qu’elles ne versent aucun dividende. Or, là encore, on relève des entorses. Pourtant ébranlée par la crise, l’entreprise publique Aéroport de Paris a annoncé qu’elle aurait recours au chômage partiel, mais, pour les dividendes, elle n’a pas choisi d’en annuler le versement en totalité : un acompte de 0,70 centime a été versé et c’est seulement le solde qui ne le sera pas.

      Tout aussi surprenant, l’entreprise Transdev, dont la Caisse des dépôts est actionnaire à hauteur de 34 %, versera un dividende de 23 millions d’euros, soit la moitié de son résultat net. Qu’en pense l’État actionnaire ? Tout cela montre bien qu’il s’agit d’une histoire en trompe-l’œil.

      Reste bien sûr une grande cohorte de groupes qui ont renoncé à verser des dividendes. Dans le lot, il y a Accor, Airbus, EDF (hormis un acompte déjà versé !), Eiffage, Engie ou encore Safran.

      Quoi qu’il en soit, les grandes annonces de Bruno Le Maire apparaissent pour ce qu’elles sont : une pantalonnade. Et les contribuables seront les dindons de la farce. Ce qui, en cette période de crise et de souffrances sociales, est particulièrement indécent.

      La morale de l’histoire, on la devine : le gouvernement devrait sur-le-champ prendre des mesures contraignantes pour que les groupes du CAC aidés par l’État via la procédure du chômage partiel ne puissent pas verser des dividendes. Plus généralement, les actionnaires de ces grands groupes devraient sur-le-champ être mis à contribution. Ceux de Total aussi bien que ceux de L’Oréal, en passant par ceux de Capgemini, de LVMH ou encore de Michelin. Ne serait-il pas juste qu’Élisabeth Badinter, à la tête d’une si gigantesque fortune, soit conviée à un effort de solidarité ? Et Bernard Arnault, qui est plus riche encore, et qui se moque du monde en baissant de manière si minime sa rémunération, ne devrait-il pas lui aussi être invité à participer à l’effort de toute la nation ? Ce ne serait que justice.

  • Une affaire d’évasion fiscale coûte 55 milliards d’euros aux Etats européens Cédric Guigon/gma - 18 Octobre 2018 - RTS
    https://www.rts.ch/info/monde/9928011-une-affaire-d-evasion-fiscale-coute-55-milliards-d-euros-aux-etats-europ

    Le quotidien français Le Monde, associé à 17 autres médias européens, révèle jeudi une gigantesque affaire d’évasion fiscale. La somme dérobée serait de 55 milliards d’euros en l’espace de quinze ans à plusieurs Etats européens.
    L’enquête internationale s’appelle « CumEx Files ». Contrairement à l’affaire des Panama Papers, il ne s’agit pas de paradis fiscaux mais de financiers, en bande organisée, qui opèrent sur les marchés par des échanges rapides et discrets d’actions de grandes entreprises cotées en Bourse.

    L’escroquerie aurait donc profité de la souplesse qu’offrent les marchés. A l’origine, l’enquête s’appuie sur une fuite de documents judiciaires en Allemagne. En 2015, une bande de #traders, de #banques et d’#avocats auraient mis en place un montage fiscal pour frauder l’administration du pays. La facture aurait coûté plus de 10 milliards d’euros au contribuable allemand.


    Taxe sur les dividendes
    La technique, baptisée « Cum Ex », consiste à duper les Etats européens, qui ont mis en place une taxe sur les dividendes des actionnaires.

    Le but est de transférer rapidement les actions entre différents propriétaires étrangers afin que les Etats européens peinent à en retrouver les véritables détenteurs, et rembourse ainsi plusieurs fois la taxe sur les dividendes.

    Banques dans le coup
    Traders, courtiers, fonds, avocats et mêmes banques, seraient alliés dans cette escroquerie. L’enquête des CumEx Files affirme que cinquante institutions financières parmi les plus grandes de la planète y auraient participé, à des degrés divers.

    Les établissements bancaires auraient été au courant et auraient même joué le jeu. Le directeur de l’administration fiscale allemande, cité par Le Monde, parle de « crime organisé ». Les banques françaises, contactées par le quotidien, ont démenti catégoriquement toute implication.

    La Suisse concernée
    Le schéma aurait été répliqué sous des formes similaires au #Danemark, en #Belgique, en #Autriche, en #Norvège et en #Suisse. L’enquête ne précise en revanche pas quels montants auraient été dérobés à la Confédération, ni si certaines banques seraient impliqués.

    La #France, les #Pays-Bas, l’#Espagne auraient également subis des préjudices.

    La fraude liée au CumEx serait la partie émergée d’un problème bien plus important et qui coûterait des milliards de francs aux Etats : l’arbitrage des dividendes. Une forme d’optimisation fiscale qui permettrait aux banques internationales d’éviter l’impôt sur les dividendes.

     #bourse #cac40 #dividendes #économie #finance #capitalisme #actionnaires #fiscalité #CumEx