• La #géographie, c’est de droite ?

    En pleine torpeur estivale, les géographes #Aurélien_Delpirou et #Martin_Vanier publient une tribune dans Le Monde pour rappeler à l’ordre #Thomas_Piketty. Sur son blog, celui-ci aurait commis de coupables approximations dans un billet sur les inégalités territoriales. Hypothèse : la querelle de chiffres soulève surtout la question du rôle des sciences sociales. (Manouk Borzakian)

    Il y a des noms qu’il ne faut pas prononcer à la légère, comme Beetlejuice. Plus dangereux encore, l’usage des mots espace, spatialité et territoire : les dégainer dans le cyberespace public nécessite de soigneusement peser le pour et le contre. Au risque de voir surgir, tel un esprit maléfique réveillé par mégarde dans une vieille maison hantée, pour les plus chanceux un tweet ironique ou, pour les âmes maudites, une tribune dans Libération ou Le Monde signée Michel Lussault et/ou Jacques Lévy, gardiens du temple de la vraie géographie qui pense et se pense.

    Inconscient de ces dangers, Thomas Piketty s’est fendu, le 11 juillet, d’un billet de blog sur les #inégalités_territoriales (https://www.lemonde.fr/blog/piketty/2023/07/11/la-france-et-ses-fractures-territoriales). L’économiste médiatique y défend deux idées. Premièrement, les inégalités territoriales se sont creusées en #France depuis une génération, phénomène paradoxalement (?) renforcé par les mécanismes de #redistribution. Deuxièmement, les #banlieues qui s’embrasent depuis la mort de Nahel Merzouk ont beaucoup en commun avec les #petites_villes et #villages souffrant de #relégation_sociospatiale – même si les défis à relever varient selon les contextes. De ces deux prémisses découle une conclusion importante : il incombe à la #gauche de rassembler politiquement ces deux ensembles, dont les raisons objectives de s’allier l’emportent sur les différences.

    À l’appui de son raisonnement, le fondateur de l’École d’économie de Paris apporte quelques données macroéconomiques : le PIB par habitant à l’échelle départementale, les prix de l’immobilier à l’échelle des communes et, au niveau communal encore, le revenu moyen. C’est un peu court, mais c’est un billet de blog de quelques centaines de mots, pas une thèse de doctorat.

    Sus aux #amalgames

    Quelques jours après la publication de ce billet, Le Monde publie une tribune assassine signée Aurélien Delpirou et Martin Vanier, respectivement Maître de conférences et Professeur à l’École d’urbanisme de Paris – et membre, pour le second, d’ACADIE, cabinet de conseil qui se propose d’« écrire les territoires » et de « dessiner la chose publique ». Point important, les deux géographes n’attaquent pas leur collègue économiste, au nom de leur expertise disciplinaire, sur sa supposée ignorance des questions territoriales. Ils lui reprochent le manque de rigueur de sa démonstration.

    Principale faiblesse dénoncée, les #données, trop superficielles, ne permettraient pas de conclusions claires ni assurées. Voire, elles mèneraient à des contresens. 1) Thomas Piketty s’arrête sur les valeurs extrêmes – les plus riches et les plus pauvres – et ignore les cas intermédiaires. 2) Il mélange inégalités productives (le #PIB) et sociales (le #revenu). 3) Il ne propose pas de comparaison internationale, occultant que la France est « l’un des pays de l’OCDE où les contrastes régionaux sont le moins prononcés » (si c’est pire ailleurs, c’est que ce n’est pas si mal chez nous).

    Plus grave, les géographes accusent l’économiste de pratiquer des amalgames hâtifs, sa « vue d’avion » effaçant les subtilités et la diversité des #inégalités_sociospatiales. Il s’agit, c’est le principal angle d’attaque, de disqualifier le propos de #Piketty au nom de la #complexité du réel. Et d’affirmer : les choses sont moins simples qu’il n’y paraît, les exceptions abondent et toute tentative de catégoriser le réel flirte avec la #simplification abusive.

    La droite applaudit bruyamment, par le biais de ses brigades de twittos partageant l’article à tour de bras et annonçant l’exécution scientifique de l’économiste star. Mais alors, la géographie serait-elle de droite ? Étudier l’espace serait-il gage de tendances réactionnaires, comme l’ont laissé entendre plusieurs générations d’historiens et, moins directement mais sans pitié, un sociologue célèbre et lui aussi très médiatisé ?

    Pensée bourgeoise et pensée critique

    D’abord, on comprend les deux géographes redresseurs de torts. Il y a mille et une raisons, à commencer par le mode de fonctionnement de la télévision (format, durée des débats, modalité de sélection des personnalités invitées sur les plateaux, etc.), de clouer au pilori les scientifiques surmédiatisés, qui donnent à qui veut l’entendre leur avis sur tout et n’importe quoi, sans se soucier de sortir de leur champ de compétence. On pourrait même imaginer une mesure de salubrité publique : à partir d’un certain nombre de passages à la télévision, disons trois par an, tout économiste, philosophe, politologue ou autre spécialiste des sciences cognitives devrait se soumettre à une cérémonie publique de passage au goudron et aux plumes pour expier son attitude narcissique et, partant, en contradiction flagrante avec les règles de base de la production scientifique.

    Mais cette charge contre le texte de Thomas Piketty – au-delà d’un débat chiffré impossible à trancher ici – donne surtout le sentiment de relever d’une certaine vision de la #recherche. Aurélien Delpirou et Martin Vanier invoquent la rigueur intellectuelle – indispensable, aucun doute, même si la tentation est grande de les accuser de couper les cheveux en quatre – pour reléguer les #sciences_sociales à leur supposée #neutralité. Géographes, économistes ou sociologues seraient là pour fournir des données, éventuellement quelques théories, le cas échéant pour prodiguer des conseils techniques à la puissance publique. Mais, au nom de leur nécessaire neutralité, pas pour intervenir dans le débat politique – au sens où la politique ne se résume pas à des choix stratégiques, d’aménagement par exemple.

    Cette posture ne va pas de soi. En 1937, #Max_Horkheimer propose, dans un article clé, une distinction entre « #théorie_traditionnelle » et « #théorie_critique ». Le fondateur, avec #Theodor_Adorno, de l’#École_de_Francfort, y récuse l’idée cartésienne d’une science sociale détachée de son contexte et fermée sur elle-même. Contre cette « fausse conscience » du « savant bourgeois de l’ère libérale », le philosophe allemand défend une science sociale « critique », c’est-à-dire un outil au service de la transformation sociale et de l’émancipation humaine. L’une et l’autre passent par la #critique de l’ordre établi, dont il faut sans cesse rappeler la contingence : d’autres formes de société, guidées par la #raison, sont souhaitables et possibles.

    Quarante ans plus tard, #David_Harvey adopte une posture similaire. Lors d’une conférence donnée en 1978 – Nicolas Vieillecazes l’évoque dans sa préface à Géographie de la domination –, le géographe britannique se démarque de la géographie « bourgeoise ». Il reproche à cette dernière de ne pas relier les parties (les cas particuliers étudiés) au tout (le fonctionnement de la société capitaliste) ; et de nier que la position sociohistorique d’un chercheur ou d’une chercheuse informe inévitablement sa pensée, nécessitant un effort constant d’auto-questionnement. Ouf, ce n’est donc pas la géographie qui est de droite, pas plus que la chimie ou la pétanque.

    Neutralité vs #objectivité

    Il y a un pas, qu’on ne franchira pas, avant de voir en Thomas Piketty un héritier de l’École de Francfort. Mais son texte a le mérite d’assumer l’entrelacement du scientifique – tenter de mesurer les inégalités et objectiver leur potentielle creusement – et du politique – relever collectivement le défi de ces injustices, en particulier sur le plan de la #stratégie_politique.

    S’il est évident que la discussion sur les bonnes et les mauvaises manières de mesurer les #inégalités, territoriales ou autres, doit avoir lieu en confrontant des données aussi fines et rigoureuses que possible, ce n’est pas manquer d’objectivité que de revendiquer un agenda politique. On peut même, avec Boaventura de Sousa Santos, opposer neutralité et objectivité. Le sociologue portugais, pour des raisons proches de celles d’Horkheimer, voit dans la neutralité en sciences sociales une #illusion – une illusion dangereuse, car être conscient de ses biais éventuels reste le seul moyen de les limiter. Mais cela n’empêche en rien l’objectivité, c’est-à-dire l’application scrupuleuse de #méthodes_scientifiques à un objet de recherche – dans le recueil des données, leur traitement et leur interprétation.

    En reprochant à Thomas Piketty sa #superficialité, en parlant d’un débat pris « en otage », en dénonçant une prétendue « bien-pensance de l’indignation », Aurélien Delpirou et Martin Vanier désignent l’arbre de la #rigueur_intellectuelle pour ne pas voir la forêt des problèmes – socioéconomiques, mais aussi urbanistiques – menant à l’embrasement de banlieues cumulant relégation et stigmatisation depuis un demi-siècle. Ils figent la pensée, en font une matière inerte dans laquelle pourront piocher quelques technocrates pour justifier leurs décisions, tout au plus.

    Qu’ils le veuillent ou non – et c’est certainement à leur corps défendant – c’est bien la frange réactionnaire de la twittosphère, en lutte contre le « socialisme », le « wokisme » et la « culture de l’excuse », qui se repait de leur mise au point.

    https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/010823/la-geographie-cest-de-droite

  • Gabriel Lattanzio sur touiteur:
    https://twitter.com/GabLattanzio/status/1480430228660961284

    Je crois que tout le monde n’a pas bien mesuré à quel point la @FranceInsoumise a gravement fauté en entretenant de bien mauvaises relations dans le cadre du mouvement anti-pass.

    Partons de ces deux photos.

    Un 🧵.

    Sur la photo de gauche, cet homme roux est un nazi. Pas d’exagération de ma part. Il se définit comme tel sur ses réseaux. Il crache sa haine des juifs. Son ami à la casquette, Merlin, est un anti-masques qui diffuse des papiers disant que la vaccination est un génocide.

    Dans la photo de droite, la député @SabineRubinFI93 soutient Merlin dans un long entretien fin décembre, et relaie une campagne de financement en sa faveur. N’y est pas fait mention son appartenance au collectif de fake news de Louis Fouché, reinfocovid.

    Bien sûr, la vie est pleine de bons bougres qui se sont perdus dans de mauvaises causes. Et il faut parler à tout le monde. Mais c’est autre chose quand un parti politique finance des militants de la fake news, et leur fait de la publicité.

    Le discours de Merlin depuis deux ans est la stratégie des défiants sans conscience collective : il défend la liberté et veut « simplement vivre ». Et sitôt qu’on creuse, on voit qu’il diffuse des textes d’Astrid Stuckelberger.

    https://www.conspiracywatch.info/astrid-stuckelberger

    Dans cette vidéo de BFM, on trouvera Merlin raconter une scène où il aurait héroïquement refusé d’être piqué :
    https://www.youtube.com/watch?v=BTb0DKltScE

    @SabineRubinFI93 a donc fauté. Mais est-ce une bourde ? En juin 2021, après la première campagne de vaccination, elle défendait l’ivermectine dans une intervention dans laquelle l’efficacité des vaccins est conditionnelle, et où elle parle de... VIH.
    https://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-39474QE.htm

    Quand j’ai dit sur la page FB de Rubin que ce Merlin n’était pas fréquentable, j’ai été attaqué. Je serais un allié des labos américains, of course.

    On disait autrefois que l’antisémitisme était le socialisme des imbéciles. Le complotisme est lui l’insoumission des crétins.

    Depuis des mois, @JLMelenchon dit que l’Etat n’a pas été « convaincant ». Mais qu’a fait la FI pour aider à la clarté ? Ils ont soufflé sur les braises des pyromanes. C’est une chose d’échanger avec des sceptiques. C’est une autre de soutenir les menteurs.

    En 2022, on avait un boulevard à gauche ! La droite de Macron a menti sur les masques. Ils ont menti sur l’école. Ils ont abimé le système de santé. Et voilà que le leadership de gauche a trouvé le moyen d’être encore plus mauvais.

    Les dégâts sont pérennes : les comptes de militants France Insoumise suivent et soutiennent Fouché, Di Vizio, Wonner, Philippot, et autres exploiteurs de la haine et de l’ignorance. Ce n’est tout simplement pas vrai qu’il existe un mouvement anti-pass propre.

    J’ai le souvenir de toutes ces discussions pénibles dans lesquelles mes interlocuteurs balançaient le sempiternel « les extrêmes se rejoignent », et à quel point ça me blessait. Et bien le cauchemar est réalisé, le premier parti de gauche n’a aucune vigilance sur ses alliés.

    Et qu’on ne m’accuse pas d’être un militant En Marche. J’ai plus d’une centaine d’apparitions médiatiques critiquant le gouvernement, sur la jeunesse ou sur le covid.

    En Marche est un ennemi. Mais je sais aussi que Mélenchon aurait gravement raté sa politique sanitaire s’il avait gagné. Il n’aurait même pas commandé pfizer. Alors certains diront qu’il faut taire les problèmes de son camp pour gagner et que 2022 est ultra-dangereux.

    Je n’ai jamais été d’accord avec cette approche. La gauche meurt de sa culture de fan-club, laissant aux directions en place le pouvoir, protégées de la critique. On gagnera quand on clarifiera. C’est urgent.

    • La gauche meurt surtout par sa rupture avec les classes populaires et ses affinités avec le libéralisme. Partout en Europe c’est la fin de la sociale démocratie !

      Je n’ai jamais été d’accord avec cette approche. La gauche meurt de sa culture de fan-club, laissant aux directions en place le pouvoir, protégées de la critique. On gagnera quand on clarifiera. C’est urgent.

      Hidalgo s’est fait virer du cortège de l’éducation nationale !

      L’escroc Taubira au service de la Macronie va s’entourer de tous ceux qui sont restés planqués durant les #giletsjaunes pour séduire !

      https://seenthis.net/messages/943909

      « L’union de la gauche n’aura pas lieu, elle n’a jamais eu la moindre chance d’avoir lieu. »

      #France-Insoumise-bashing

    • Je fais allusion aux propos de ce jeune homme bien prétentieux qui veut faire le buzz et qui dans ses tweets dénigre la France Insoumise :

      les comptes de militants France Insoumise suivent et soutiennent Fouché, Di Vizio, Wonner, Philippot, et autres exploiteurs de la haine et de l’ignorance. Ce n’est tout simplement pas vrai qu’il existe un mouvement anti-pass propre.

      Et il existerait un mouvement "pro"pass propre ?, et les comptes insoumis qui ne suivent pas Fouché/Di vizio ...? C’est ajouter de la confusion à la confusion, utiliser des #amalgames-dégueulasses, ça sert quelle cause ?

      je sais aussi que Mélenchon aurait gravement raté sa politique sanitaire s’il avait gagné. Il n’aurait même pas commandé pfizer. Alors certains diront qu’il faut taire les problèmes de son camp pour gagner et que 2022 est ultra-dangereux.

      Ah oui ! Monsieur sait ! et qu’est ce qu’il en sait ? Mélenchon est lui même vacciné ainsi que tous les députés FI.
      Il aurait mis des purificateurs d’air, des capteurs de Co2 dans toutes les écoles ça c’est sur ! Et concernant le vaccin, oui on aurait eu plus de choix !

      Je n’ai jamais été d’accord avec cette approche. La gauche meurt de sa culture de fan-club, laissant aux directions en place le pouvoir, protégées de la critique. On gagnera quand on clarifiera. C’est urgent.

      Encore un social démocrate en perdition. Avec ce genre de propos c’est 5 ans de plus avec Macron ! Zemmour, Le Pen ou Pécresse.

      J’espère que comme syndicaliste Snes-FSU, Gabriel Lattanzio ne va pas se contenter des miettes ridicules obtenues lors de la grêve des enseignants.

    • Mélenchon avait prononcé un long réquisitoire à l’Assemblée contre la "loi séparatisme" et ses amalgames https://www.huffingtonpost.fr/entry/melenchon-contre-la-loi-separatisme-fait-un-long-requisitoire_fr_6018
      mais s’était abstenue en février 2021 lors du vote de l’article 4 de cette loi instaurant un « délit de séparatisme » (voté par le PCF), permettant son adoption à l’unanimté.

      Ils se présentent désormais comme des défenseurs des Musulmans, mais se sont abstenus aujourd’hui lors de l’adoption par l’Assemblée nationale d’une "résolution dénonçant le traitement des #Ouïghours par la Chine", le “caractère génocidaire” de la répression à l’encontre de cette minorité musulmane et les “crimes contre l’humanité”
      https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/060221/delit-de-separatisme-lfi-s-abstient-et-le-pcf-vote-l-article-repress

      Bon, j’essaie de suivre ces chinoiseries. Ils pensent que l’abstention c’est de droite et comme la victoire qui vient tient au vote des abstentionnistes, faut ce qu’il faut. Ils ont dû être mal conseillés. La position de Clémentine Autain n’y aura rien changé.

    • La mention de génocide impliquerait de fait une intervention internationale sous l’égide de l’ONU, et selon le député communiste Jean-Paul Lecocq cette résolution n’était « pas à la hauteur des enjeux ». Il soutient que la reconnaissance de génocide « n’appartient pas au législateur mais au juge international », et que cette proposition de résolution entretiendrait une sorte de « concurrence mémorielle malsaine ». @colporteur
      Malgré la dénonciation du traitement des Ouïghours par la Chine, cette résolution en gros ne va servir à rien ! Débrouillez vous pauvres Ouïghours !

      Mais tout est bon pour accabler Mélenchon ! N’est-ce pas ? :)))

    • Donc à nouveau hors du cadre du mouvement anti-passe, des extraits vidéos du même politicien (prendre note de ce qu’est la gauche n’est pas « accabler », tout au plus accablant)
      Élie Guckert @elieguckert
      https://twitter.com/elieguckert/status/1484618895839408145

      Et voilà ! Après 24H de contorsions de la part de
      @Clem_Autain, Mélenchon précise ce soir sur Thinkerview, la chaîne préférée des Kremlinolâtres, sa position sur la situation des Ouïghours : selon lui, ceux qui parlent d’un génocide ne sont que les « caniches » des Américains.

      Sur l’Ukraine, et sur l’attitude des USA, Mélenchon a aussi une explication « un peu triste mais très sociale » (complotiste) : « les bureaucrates des agences de sécurité Nord-Américaine » voudraient empêcher les européens de « s’entendre avec les Russes ».

    • En tous cas cette première résolution présentée par le PS était non contraignante. Il y en aura une deuxième transpartisane, mise au vote le 4 février datant de novembre 2021 présentée entre autres par Danièle OBONO, Clémentine Autain... avec peut-être un caractère plus contraignant vis à vis du gouvernement. A voir...

      https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b4726_proposition-resolution#

      L’Assemblée nationale,

      Vu l’article 34‑1 de la Constitution,
      .../...
      25. Invite le Gouvernement français à enquêter sur les intimidations, les menaces et la surveillance exercées par le Gouvernement chinois à l’égard des membres de la diaspora ouïghoure et des autres minorités turciques originaires du Xinjiang en France et à prévenir de tels actes ;

      26. Invite le Gouvernement français à demander au Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies et à l’Assemblée générale des Nations unies de tenir une session spéciale ou un débat d’urgence et d’adopter une résolution demandant l’accès sans entraves des experts de l’Organisation des Nations unies, des journalistes, des chercheurs indépendants et des organisations non gouvernementales à la région du Xinjiang ;

      27. Invite le Gouvernement français à demander au Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies et à l’Assemblée générale des Nations unies, dont la France est membre, de tenir une session spéciale ou un débat d’urgence et d’adopter une résolution établissant un mécanisme international indépendant chargé d’enquêter sur les crimes de droit international et toutes autres graves atteintes aux droits humains perpétrées dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang.

      C’est peut-être ce texte que la FI votera ! On verra !

      Jlm condamne les exactions mais il n’est pas dupe du rapport de force militaire que les US (comme d’habitude) veulent exercer en ce moment contre la Chine avec l’Alliance Nouvelle-Zélande, Australie, Etats-Unis, Grande-Bretagne.
      Et ceux qui sont les caniches des américains sont les français exclus de cette alliance qui avaient participé aux précédentes opérations navales dans le cadre de L’OTAN.

      Élie Guckert et @colporteur Ecoutez bien la Vidéo ! Je vous l’ai retranscrite presque mots pour mots !

      Le point de vue de Daniel Schneirdermann c’est quand même autre chose !

      C’est dur à entendre, mais Mélenchon parle en homme d’état. On a le droit de préférer ça aux vertueux aux mains blanches, qui demain au pouvoir se coucheraient comme toujours devant Pékin... Daniel Schneirdermann

      JLM : "La Chine reconnaît qu’elle a mis des #Ouïghours dans des camps de travail. On peut pas être d’accord avec ça, je le condamne. Mais pas d’hypocrisie : si on parle de « génocide », il faut intervenir pour l’arrêter. Or, ceux qui ont voté cela n’en feront rien."
      #MelenchonThinkerView

      La séquence dans son intégralité (9mn) est ici :
      https://twitter.com/d_schneidermann/status/1484882680412086272?cxt=HHwWgIC9sce7rpspAAAA

      " Si le gouvernement chinois est « génocidaire », alors il faut rompre les relations diplomatiques, fermer l’ambassade et saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour le stopper, au besoin par la force militaire. Tout le reste est posture, irresponsabilité, sottise ou démagogie ."
      Léonard Vincent

      Quant à l’Ukraine et l’attitude des USA, on voit un empire qui déstabilise des pays depuis des décennies et un pays qui défend ses frontières.

  • Face à la haine et aux amalgames : « Redonner ses lettres de noblesse à la solidarité et à l’#hospitalité française »

    Elle appelle cela « l’#hospitalité_citoyenne ». #Julia_Montfort, journaliste et réalisatrice, a accueilli, comme beaucoup d’autres Français, un « migrant », Abdelhaq, originaire du Tchad. Elle raconte cette rencontre à Basta !, rencontre dont elle a tiré une web-série, #Carnets_de_solidarité. Son histoire nous rappelle que, loin des scènes indignes de harcèlement policier ou de commentaires racistes, des dizaines de milliers de citoyens font preuve de solidarité.

    Julia Montfort appelle cela « l’hospitalité citoyenne ». Comme beaucoup d’autres personnes en France, elle a ouvert sa porte pour accueillir un « migrant », Abdelhaq. Il avait alors 21 ans et ne devait rester que quelques jours. Il aura finalement vécu un an et demi chez Julia et Cédric, son mari. De cette expérience personnelle est alors née l’envie de raconter ce mouvement de #solidarité qui a gagné de nombreux foyers français – une réalité trop souvent invisibilisée – pendant que les politiques en œuvre choisissent trop souvent de harceler, humilier, reléguer dans la rue les exilés en quête d’accueil, ne serait-ce que temporaire. Réalisatrice, elle en a tiré une web-série passionnante, Carnets de Solidarité, qui offre la meilleure des réponses, en actes, à tous les préjugés, tous les cynismes ou toutes les haines qui s’accumulent sur ce sujet.

    Basta ! : Le point de départ de votre travail, c’est le #récit_intime de l’accueil d’Abdelhaq, chez vous, dans votre appartement. Avec le recul, qu’avez-vous appris de cette expérience d’hospitalité ?

    Julia Montfort [1] : Beaucoup de choses. Nous n’avons pas accueilli un citoyen français avec des références culturelles partagées : Abdelhaq est le fils d’un berger nomade, dans le sud du Tchad, qui parle un dialecte dérivé de l’arabe – le kebet – dont la vie consistait à garder les chèvres de son père ou à aller récolter du miel, autant dire une vie diamétralement opposée à la mienne. Tout nous séparait, et nous avons appris à trouver des #liens, à construire des ponts entre nos deux cultures.

    J’ai réalisé la portée de ce geste dès que j’ai ouvert ma porte devant ce grand gaillard de plus d’1 m 90, et que j’ai compris que le #langage ne nous permettrait pas de communiquer. Il apprenait les rudiments du français, mais il ne faisait pas de phrases, je ne parvenais même pas à savoir s’il aimait les pâtes. De fait, ce genre de situation permet aussi d’en apprendre beaucoup sur soi-même et sur notre rapport à l’autre. Cela m’offre aujourd’hui un ancrage très différent dans le présent.

    Il y a cette anecdote significative, lorsque vous racontez que vous hésitez plusieurs jours avant de lui signaler qu’il ne priait pas dans la bonne direction…

    Il se tournait exactement à l’opposé de la Mecque, nous ne savions pas comment lui annoncer, cela nous pesait, alors qu’au final, Abdelhaq a juste explosé de rire lorsque nous lui avons montré la boussole ! Une partie de notre complicité est née ce jour-là… Abdelhaq a une pratique très ouverte de sa religion, c’est notamment une façon de maintenir un lien avec son pays. Quand il est arrivé à Paris, son premier réflexe a été d’aller dans une mosquée, où il a pu être hébergé. C’est un peu son repère, son cadre. Mais depuis, on a constaté qu’il s’intéressait beaucoup aux autres religions.
    De notre côté, nous sommes parfaitement athées, et c’est probablement la première fois que j’ai côtoyé quelqu’un de religieux aussi longtemps, et aussi intimement. La probabilité que je puisse, à Paris, me retrouver directement confrontée à la réalité de la vie d’Abdelhaq était tout de même très faible, jusqu’à présent. Cela cultive une certaine #ouverture_d’esprit, et cela a généré aussi beaucoup de #respect entre nous.

    Pour autant, vous ne faites pas l’impasse sur les difficultés qui se présentent, aussi, à travers cette expérience. « L’hospitalité n’est pas un geste naturel, c’est une #épreuve », dites-vous.

    Il ne faut pas enjoliver cette expérience par principe, cela n’a rien de simple d’accueillir un étranger chez soi. Il faut s’ouvrir à lui, accepter qu’il entre dans notre #intimité, c’est une relation qui demande beaucoup d’énergie. Faire entrer l’exil à la maison, c’est aussi faire entrer des vies brisées et tous les problèmes qui accompagnent ces parcours du combattant… Et c’est compliqué quand, au petit-déjeuner, vous devez affronter son regard dans le vide, que vous voyez qu’il n’est pas bien. Tout paraît assez futile. J’ai parfois eu l’impression de plonger avec Abdelhaq. C’est le principe même de l’empathie, partager l’#émotion de l’autre. Mais quand c’est sous votre toit, il n’y a pas d’échappatoire, c’est au quotidien face à vous.

    Dans votre récit, vous utilisez très souvent les termes de « #générosité », de « #bienveillance », d’ « #humanité », comme si vous cherchiez à leur redonner une importance qu’ils ne semblent plus vraiment avoir, dans la société. Faut-il travailler à repolitiser ces valeurs, selon vous ?

    On pense toujours que la solidarité, l’#altruisme, l’#entraide, tout ça n’est que l’apanage des faibles. Ce seraient des vertus désuètes, bonnes pour les « bisounours ». Il a en effet fallu que j’assume, à l’écriture, de redonner des lettres de noblesse à ces mots-là. Car on a bien vu que tous ces petits #gestes, cette empathie, ces regards, ce n’était pas anodin pour Abdelhaq. On a vu comment cette solidarité qui s’est organisée avec les voisins l’a porté, lui a permis de se regarder autrement, de retrouver des prises sur le réel. Petit à petit, on l’a vu changer, reprendre pied. Et ça, c’est considérable.
    Et partant de là, on peut aussi se demander ce qui nous empêche d’appliquer cela à toutes nos relations – personnellement, j’essaye désormais d’être plus attentive à cette forme de #bienveillance dans mes échanges avec mes voisins ou mes amis, au travail. Cela semble toujours une évidence un peu simple à rappeler, mais c’est vertueux. C’est même l’un des principaux enseignements que nous avons tiré de notre expérience, à notre échelle : au-delà des difficultés, cela fait du bien de faire du bien. Diverses études documentent les bienfaits pour la santé de ces #émotions positives ressenties, cela porte même un nom – le « #helper’s_high », l’euphorie de celui qui aide. Donc oui, la solidarité fait du bien, et il faut en parler.

    De fait, votre initiative a rapidement fait la preuve de son effet multiplicateur auprès du voisinage, c’est ce que vous appelez la « #contagion_solidaire ».

    C’est à partir de ce moment-là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à raconter de cette expérience personnelle. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, le discours sur « l’invasion » battait son plein. En 2017-2018, on est en plein dans la séquence où l’on entend partout que les migrants sont trop nombreux, qu’ils sont dangereux, qu’ils vont nous voler notre pain, notre travail et notre identité. Or à mon échelle, à Bagnolet, au contact de différentes classes sociales, j’ai vu le regard des gens changer et ce mouvement de solidarité se mettre en place, autour de nous. Et c’était d’autant plus significatif que nous étions officiellement devenus « hors-la-loi » puisque nous n’avions pas le droit d’héberger un sans-papier… De fait, lorsqu’on a reçu une enveloppe avec de l’argent pour payer le pass Navigo d’Abdelhaq, nous avons compris que nous étions plusieurs à accepter de transgresser cette règle absurde. Et à entrer ensemble dans l’absurdité du « #délit_de_solidarité ».

    « La chronique des actions en faveur de l’accueil des migrants montre une évolution au sein des sociétés européennes. Par leur ampleur et l’engagement qui les sous-tend, les formes de solidarité et d’hospitalité que l’on y observe s’apparentent de plus en plus à un mouvement social » affirme l’anthropologue Michel Agier, que vous citez dans votre livre. De fait, à l’échelle de la France, votre enquête tend à montrer que les démarches d’#accueil sont bien plus nombreuses et conséquentes qu’on ne le laisse souvent croire, vous parlez même d’une « #révolution_silencieuse ». Peut-on dresser une sociologie de ce mouvement social émergent ?

    C’est encore un peu tôt, on n’a pas assez de recul, on manque de chiffres. De nombreux chercheurs travaillent là-dessus, mais c’est un mouvement encore difficile à évaluer et à analyser. La plupart des gens restent discrets, par crainte de l’illégalité mais aussi par humilité, souvent. Mais lorsque j’ai présenté la bande-annonce avec l’objet de mon travail, j’ai été submergé de messages en retour, sur internet. Et de toute la France. J’ai réalisé qu’il y avait un défaut de #narration, et un défaut de connexion les uns avec les autres. La plupart agisse, chacun de leur côté, sans s’organiser de manière collective. Des mouvements et des plateformes se sont créés, sur internet, mais cette solidarité reste encore très « électron libre ». Il n’y a pas véritablement de #réseau_citoyen, par exemple.

    Pour ma part, ce que j’ai vu, c’est une France particulièrement bigarrée. J’ai vu des gens de tous les milieux, pas nécessairement militants, et beaucoup de #familles. En général, ils racontent avoir eu un déclic fort, comme par exemple avec la photo du petit #Aylan. Ce sont des gens qui ressentent une #urgence de faire quelque chose, qui se disent qu’ils « ne-peuvent-pas-ne-rien-faire ». La certitude, c’est qu’il y a énormément de #femmes. L’impulsion est souvent féminine, ce sont souvent elles qui tendent en premier la main.

    Ce #mouvement_citoyen est aussi, malheureusement, le reflet de l’#inaction_politique sur le sujet. Cette dynamique peut-elle continuer longtemps à se substituer aux institutions ?

    Il y a un #burn-out qui guette, et qui est largement sous-estimé, chez ces citoyens accueillants. Ils s’épuisent à « l’attache ». À l’origine, cette solidarité a vraiment été bricolé, avec les moyens du bord, et dans la précipitation. Et même si elle remplit un rôle fondamental, ça reste du #bricolage. Or ce n’est pas aux citoyens de pallier à ce point les défaillances de l’#État, ce n’est pas normal que nous ayons à héberger un demandeur d’asile qui se retrouve à la rue… La réalité, c’est qu’aujourd’hui, très régulièrement en France, on ne notifie pas leurs droits aux gens qui arrivent. Or toute personne qui pose le pied en France a le droit de demander l’asile, c’est une liberté fondamentale. Commençons donc, déjà, par respecter le #droit_d’asile !

    Je crois qu’on ne se rend pas bien compte de ce qui se passe, parce que cela se joue dans des zones de frontières, loin de Paris, donc cela reste assez discret. Mais on est face à quelque chose d’assez considérable en termes de violations de #droits_humains, en France, actuellement : à la fois dans le fait de bafouer ces droits fondamentaux, mais aussi dans le fait de criminaliser les personnes qui leur viennent en aide… Et pendant ce temps-là, on remet la légion d’honneur à Nathalie Bouchart, la maire de Calais, qui avait interdit les distributions d’eau pour les exilés ? Il y a quand même quelque chose qui cloche, dans ce pays.

    Cela n’a pas toujours été comme ça, rappelez-vous, en évoquant notamment l’exemple des « #Boat_People » (en 1979, l’accueil de 120 000 réfugiés vietnamiens et cambodgiens avaient obtenu un large consensus national, ndlr). Qu’est-il arrivé à cette grande « tradition française d’hospitalité », depuis ?

    Le contexte est très différent, par rapport aux Boat people. À l’époque, cela semblait sûrement circonscrit, tant dans le nombre que dans le temps. Aujourd’hui, la multiplication des conflits, un peu partout dans le monde, alimente cette idée que c’est un puits sans fond, qu’on va être submergé si on commence à accueillir trop largement… Plus fondamentalement, on le sait bien, une certaine #rhétorique s’est imposée dans les discours, sur ces questions : on parle de « flux », de « pompe aspirante », et tout ce vocable n’est plus l’apanage de l’extrême droite, on le retrouve dans la bouche des gouvernants. Tout ça insinue et conforte l’horrible mythe de « l’#appel_d’air ». Je crois qu’on oublie parfois combien les #discours_politiques contribuent à forger un cadre de pensée. Et en face, il y a un véritable défaut de pédagogie, on ne traite jamais de ces sujets à l’école, on ne produit pas de #contre-discours. Donc effectivement, c’est important de le rappeler : on a su accueillir, en France.

    Après l’assassinat terroriste du professeur Samuel Paty, vendredi 16 octobre, le débat public a pris des airs de course aux amalgames, avec une tendance à peine cachée à essentialiser toute une catégorie de population (demandeur d’asile, mineurs isolés...) comme de potentiels terroristes. Qu’est-ce que cela vous inspire, en tant qu’accueillante ?

    La #peur légitime et le #danger, bien réel, du #terrorisme ne doivent pas nous faire plonger dans une grande #confusion, en bonne partie entretenue par ma propre profession. Les journalistes ont une part de #responsabilité en entretenant ce lien dangereux, insufflé par nos gouvernants, qui envisagent la migration sous le spectre uniquement sécuritaire depuis les attentats terroristes de 2015. Nous avons besoin de #recul, et de #nuances, pour ne pas tomber dans la #stigmatisation à tout-va de tout un pan de la population, et éviter les #amalgames simplistes du type "immigration = terrorisme". Ce pur discours d’extrême droite n’est basé sur aucune étude formelle, et pourtant il s’est installé dans les esprits au point que ces femmes et ces hommes sont victimes d’un changement de perception. Hier considérés comme des personnes en détresse, ils sont désormais vus dans leur ensemble comme de potentiels terroristes car un assassin – ayant commis un acte effroyable – a préalablement été demandeur d’asile et a obtenu son statut de réfugié... Il s’agit d’un itinéraire meurtrier individuel. Les demandeurs d’asile, les mineurs isolés, les réfugiés sont les premiers à pâtir de ces amalgames. Les entend-on ? Très rarement. Leur #parole est souvent confisquée, ou bien nous parlons à leur place.

    Alors, il faut le rappeler : ces personnes exilées et arrivées en France aspirent simplement à s’intégrer et à mener une vie « normale », si tant est qu’elle puisse vraiment l’être après tout ce qu’elles ont traversé, et avec la douleur du #déracinement. Et ces étrangers, nous les côtoyons au quotidien sans même le savoir : ils livrent nos repas à domicile, se forment à des métiers dans des secteurs en tension où la main d’œuvre manque, ils changent les draps dans les hôtels. Nombre de médecins réfugiés furent en première ligne pendant le confinement... Ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est justement de ramener de la mesure dans ce débat toxique et dangereux en humanisant ces destins individuels.

    https://www.bastamag.net/Redonner-ses-lettres-de-noblesse-a-la-solidarite-et-a-l-hospitalite-franca

    ping @isskein @karine4

  • Je suis prof. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en #hommage à #Samuel_Paty

    Les lignes qui suivent ont été inspirées par la nouvelle atroce de la mise à mort de mon collègue, Samuel Paty, et par la difficile semaine qui s’en est suivie. En hommage à un #enseignant qui croyait en l’#éducation, en la #raison_humaine et en la #liberté_d’expression, elles proposent une quinzaine de réflexions appelant, malgré l’émotion, à penser le présent, et en débattre, avec raison. Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage. Continuer de penser librement, d’exprimer, d’échanger les arguments, me parait le meilleur des hommages.

    1. Il y a d’abord eu, en apprenant la nouvelle, l’#horreur, la #tristesse, la #peur, devant le #crime commis, et des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime. Puis s’y est mêlée une #rage causée par tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, et avant même d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants qui avaient mené au pire, se sont empressés de dégainer des kits théoriques tendant à minimiser l’#atrocité du crime ou à dissoudre toute la #responsabilité de l’assassin (ou possiblement des assassins) dans des entités excessivement extensibles (que ce soit « l’#islamisation » ou « l’#islamophobie ») – sans compter ceux qui instrumentalisent l’horreur pour des agendas qu’on connait trop bien : rétablissement de la peine de mort, chasse aux immigré.e.s, chasse aux musulman.e.s.

    2. Il y a ensuite eu une peur, ou des peurs, en voyant repartir tellement vite, et à la puissance dix, une forme de réaction gouvernementale qui a de longue date fait les preuves de son #inefficacité (contre la #violence_terroriste) et de sa #nocivité (pour l’état du vivre-ensemble et des droits humains) : au lieu d’augmenter comme il faut les moyens policiers pour enquêter plus et mieux qu’on ne le fait déjà, pour surveiller, remonter des filières bien ciblées et les démanteler, mais aussi assurer en temps réel la protection des personnes qui la demandent, au moment où elles la demandent, on fait du spectacle avec des boucs émissaires.

    Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats qui pourraient advenir dans le futur, sur la prévention desquels, c’est le moins que je puisse dire, toutes les énergies gouvernementales ne me semblent pas concentrées.

    3. Puis, au fil des lectures, une #gêne s’est installée, concernant ce que, sur les #réseaux_sociaux, je pouvais lire, « dans mon camp » cette fois-ci – c’est-à-dire principalement chez des gens dont je partage plus ou moins une certaine conception du combat antiraciste. Ce qui tout d’abord m’a gêné fut le fait d’énoncer tout de suite des analyses explicatives alors qu’au fond on ne savait à peu près rien sur le détail des faits : quel comportement avait eu précisément Samuel Paty, en montrant quels dessins, quelles interactions avaient eu lieu après-coup avec les élèves, avec les parents, qui avait protesté et en quels termes, sous quelles forme, qui avait envenimé le contentieux et comment s’était produit l’embrasement des réseaux sociaux, et enfin quel était le profil de l’assassin, quel était son vécu russe, tchétchène, français – son vécu dans toutes ses dimensions (familiale, socio-économique, scolaire, médicale), sa sociabilité et ses accointances (ou absences d’accointances) religieuses, politiques, délinquantes, terroristes ?

    J’étais gêné par exemple par le fait que soit souvent validée a priori, dès les premières heures qui suivirent le crime, l’hypothèse que Samuel Paty avait « déconné », alors qu’on n’était même pas certain par exemple que c’était le dessin dégoutant du prophète cul nu (j’y reviendrai) qui avait été montré en classe (puisqu’on lisait aussi que le professeur avait déposé plainte « pour diffamation » suite aux accusations proférées contre lui), et qu’on ne savait rien des conditions et de la manière dont il avait agencé son cours.

    4. Par ailleurs, dans l’hypothèse (qui a fini par se confirmer) que c’était bien ce dessin, effectivement problématique (j’y reviendrai), qui avait servi de déclencheur ou de prétexte pour la campagne contre Samuel Paty, autre chose me gênait. D’abord cet oubli : montrer un #dessin, aussi problématique soit-il, obscène, grossier, de mauvais goût, ou même raciste, peut très bien s’intégrer dans une #démarche_pédagogique, particulièrement en cours d’histoire – après tout, nous montrons bien des #caricatures anti-juives ignobles quand nous étudions la montée de l’antisémitisme, me confiait un collègue historien, et cela ne constitue évidemment pas en soi une pure et simple perpétuation de l’#offense_raciste. Les deux cas sont différents par bien des aspects, mais dans tous les cas tout se joue dans la manière dont les documents sont présentés et ensuite collectivement commentés, analysés, critiqués. Or, sur ladite manière, en l’occurrence, nous sommes restés longtemps sans savoir ce qui exactement s’était passé, et ce que nous avons fini par appendre est que Samuel Paty n’avait pas eu d’intention maligne : il s’agissait vraiment de discuter de la liberté d’expression, autour d’un cas particulièrement litigieux.

    5. En outre, s’il s’est avéré ensuite, dans les récits qui ont pu être reconstitués (notamment dans Libération), que Samuel Paty n’avait fait aucun usage malveillant de ces caricatures, et que les parents d’élèves qui s’étaient au départ inquiétés l’avaient assez rapidement et facilement compris après discussion, s’il s’est avéré aussi qu’au-delà de cet épisode particulier, Samuel Paty était un professeur très impliqué et apprécié, chaleureux, blagueur, il est dommageable que d’emblée, il n’ait pas été martelé ceci, aussi bien par les inconditionnels de l’ « esprit Charlie » que par les personnes légitimement choquées par certaines des caricatures : que même dans le cas contraire, même si le professeur avait « déconné », que ce soit un peu ou beaucoup, que même s’il avait manqué de précautions pédagogiques, que même s’il avait intentionnellement cherché à blesser, bref : que même s’il avait été un « mauvais prof », hautain, fumiste, ou même raciste, rien, absolument rien ne justifiait ce qui a été commis.

    Je me doute bien que, dans la plupart des réactions à chaud, cela allait sans dire, mais je pense que, dans le monde où l’on vit, et où se passent ces horreurs, tout désormais en la matière (je veux dire : en matière de mise à distance de l’hyper-violence) doit être dit, partout, même ce qui va sans dire.

    En d’autres termes, même si l’on juge nécessaire de rappeler, à l’occasion de ce crime et des discussions qu’il relance, qu’il est bon que tout ne soit pas permis en matière de liberté d’expression, cela n’est selon moi tenable que si l’on y adjoint un autre rappel : qu’il est bon aussi que tout ne soit pas permis dans la manière de limiter la liberté d’expression, dans la manière de réagir aux discours offensants, et plus précisément que doit être absolument proscrit le recours à la #violence_physique, a fortiori au #meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps, je le répète, où cela ne va plus sans dire.

    6. La remarque qui précède est, me semble-t-il, le grand non-dit qui manque le plus dans tout le débat public tel qu’il se polarise depuis des années entre les « Charlie », inconditionnels de « la liberté d’expression », et les « pas Charlie », soucieux de poser des « #limites » à la « #liberté_d’offenser » : ni la liberté d’expression ni sa nécessaire #limitation ne doivent en fait être posées comme l’impératif catégorique et fondamental. Les deux sont plaidables, mais dans un #espace_de_parole soumis à une autre loi fondamentale, sur laquelle tout le monde pourrait et devrait se mettre d’accord au préalable, et qui est le refus absolu de la violence physique.

    Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses :

    – celles par exemple qui amalgament le prophète des musulmans (et donc – par une inévitable association d’idées – l’ensemble des fidèles qui le vénèrent) à un terroriste, en le figurant par exemple surarmé, le nez crochu, le regard exorbité, la mine patibulaire, ou coiffé d’un turban en forme de bombe ;

    – celle également qui blesse gratuitement les croyants (et les croyants lambda, tolérants, non-violents, tout autant voire davantage que des « djihadistes » avides de prétextes à faire couler le sang), en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus ;

    – celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe ;

    – celle qui annonce « une roumaine » (la joueuse Simona Halep), gagnante de Roland-Garros, et la représente en rom au physique disgracieux, brandissant la coupe et criant « ferraille ! ferraille ! » ;

    – celle qui nous demande d’imaginer « le petit Aylan », enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort) ;

    – celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs « allocs » ;

    – celle qui fantasme une invasion ou une « islamisation » en forme de « grand remplacement », par exemple en nous montrant un musulman barbu dont la barbe démesurée envahit toute la page de Une, malgré un minuscule Macron luttant « contre le séparatisme », armé de ciseaux, mais ne parvenant qu’à en couper que quelques poils ;

    – celle qui alimente le même fantasme d’invasion en figurant un Macron, déclarant que le port du foulard par des femmes musulmanes « ne le regarde pas » en tant que président, tandis que le reste de la page n’est occupé que par des femmes voilées, avec une légende digne d’un tract d’extrême droite : « La République islamique en marche ».

    Sur chacun de ces dessins, publiés en Une pour la plupart, je pourrais argumenter en détail, pour expliquer en quoi je les juge odieux, et souvent racistes. Bien d’autres exemples pourraient d’ailleurs être évoqués, comme une couverture publiée à l’occasion d’un attentat meurtrier commis à Bruxelles en mars 2016 et revendiqué par Daesh (ayant entraîné la mort de 32 personnes et fait 340 blessés), et figurant de manière pour le moins choquante le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter « Papaoutai » tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité. La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.

    On a le droit de détester cet #humour, on a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au #mépris ou à la #haine_raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation. Mais – cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément – quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur #brutalité, de leur #indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur #racisme parfois, la #violence_symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’#homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de #justification.

    On a en somme le droit de dénoncer avec la plus grande vigueur la violence symbolique des caricatures quand on la juge illégitime et nocive, car elle peut l’être, à condition toutefois de dire désormais ce qui, je le répète, aurait dû continuer d’aller sans dire mais va beaucoup mieux, désormais, en le disant : qu’aucune violence symbolique ne justifie l’hyper-violence physique. Cela vaut pour les pires dessins de Charlie comme pour les pires répliques d’un Zemmour ou d’un Dieudonné, comme pour tout ce qui nous offense – du plutôt #douteux au parfaitement #abject.

    Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le #droit_à_la_caricature mais pas le droit à la #critique des caricatures ? Que devient le #débat_démocratique si toute critique radicale de #Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une #incitation_à_la_violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite ?

    Mais inversement, que devient cet espace démocratique si la dénonciation de l’intolérable et l’appel à le faire cesser ne sont pas précédés et tempérés par le rappel clair et explicite de l’interdit fondamental du meurtre ?

    7. Autre chose m’a gêné dans certaines analyses : l’interrogation sur les « #vrais_responsables », formulation qui laisse entendre que « derrière » un responsable « apparent » (l’assassin) il y aurait « les vrais responsables », qui seraient d’autres que lui. Or s’il me parait bien sûr nécessaire d’envisager dans toute sa force et toute sa complexité l’impact des #déterminismes_sociaux, il est problématique de dissoudre dans ces déterminismes toute la #responsabilité_individuelle de ce jeune de 18 ans – ce que la sociologie ne fait pas, contrairement à ce que prétendent certains polémistes, mais que certains discours peuvent parfois faire.

    Que chacun s’interroge toujours sur sa possible responsabilité est plutôt une bonne chose à mes yeux, si toutefois on ne pousse pas le zèle jusqu’à un « on est tous coupables » qui dissout toute #culpabilité réelle et arrange les affaires des principaux coupables. Ce qui m’a gêné est l’enchaînement de questions qui, en réponse à la question « qui a tué ? », met comme en concurrence, à égalité, d’une part celui qui a effectivement commis le crime, et d’autre part d’autres personnes ou groupes sociaux (la direction de l’école, la police, le père d’élève ayant lancé la campagne publique contre Samuel Paty sur Youtube, sa fille qui semble l’avoir induit en erreur sur le déroulement de ses cours) qui, quel que soit leur niveau de responsabilité, n’ont en aucun cas « tué » – la distinction peut paraitre simple, voire simpliste, mais me parait, pour ma part, cruciale à maintenir.

    8. Ce qui m’a gêné, aussi, et même écoeuré lorsque l’oubli était assumé, et que « le système » néolibéral et islamophobe devenait « le principal responsable », voire « l’ennemi qu’il nous faut combattre », au singulier, ce fut une absence, dans la liste des personnes ou des groupes sociaux pouvant, au-delà de l’individu #Abdoullakh_Abouyezidovitch, se partager une part de responsabilité. Ce qui me gêna fut l’oubli ou la minoration du rôle de l’entourage plus ou moins immédiat du tueur – qu’il s’agisse d’un groupe terroriste organisé ou d’un groupe plus informel de proches ou de moins proches (via les réseaux sociaux), sans oublier, bien entendu, l’acolyte de l’irresponsable « père en colère » : un certain #Abdelhakim_Sefrioui, entrepreneur de haine pourtant bien connu, démasqué et ostracisé de longue date dans les milieux militants, à commencer par les milieux pro-palestiniens et la militance anti-islamophobie.

    Je connais les travaux sociologiques qui critiquent à juste titre l’approche mainstream, focalisée exclusivement les techniques de propagande des organisations terroristes, et qui déplacent la focale sur l’étude des conditions sociales rendant audible et « efficace » lesdites techniques de #propagande. Mais justement, on ne peut prendre en compte ces conditions sociales sans observer aussi comment elles pèsent d’une façon singulière sur les individus, dont la responsabilité n’est pas évacuée. Et l’on ne peut pas écarter, notamment, la responsabilité des individus ou des groupes d’ « engraineurs », surtout si l’on pose la question en ces termes : « qui a tué ? ».

    9. Le temps du #choc, du #deuil et de l’#amertume « contre mon propre camp » fut cela dit parasité assez vite par un vacarme médiatique assourdissant, charriant son lot d’#infamie dans des proportions autrement plus terrifiantes. #Samuel_Gontier, fidèle « au poste », en a donné un aperçu glaçant :

    – des panels politiques dans lesquels « l’équilibre » invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, Les Républicains, Rassemblement national), et où les différentes familles de la gauche (Verts, PS, PCF, France insoumise, sans même parler de l’extrême gauche) sont tout simplement exclues ;

    – des « débats » où sont mis sérieusement à l’agenda l’interdiction du #voile dans tout l’espace public, l’expulsion de toutes les femmes portant le #foulard, la #déchéance_de_nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des « #bagnes » « dans îles Kerguelen », le rétablissement de la #peine_de_mort, et enfin la « #criminalisation » de toutes les idéologies musulmanes conservatrices, « pas seulement le #djihadisme mais aussi l’#islamisme » (un peu comme si, à la suite des attentats des Brigades Rouges, de la Fraction Armée Rouge ou d’Action Directe, on avait voulu criminaliser, donc interdire et dissoudre toute la gauche socialiste, communiste, écologiste ou radicale, sous prétexte qu’elle partageait avec les groupes terroristes « l’opposition au capitalisme ») ;

    – des « plateaux » sur lesquels un #Manuel_Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains : « S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du #droit_européen, faire évoluer notre #Constitution, il faut le faire. », « Je l’ai dit en 2015, nous sommes en #guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper. ».

    10. Puis, très vite, il y a eu cette offensive du ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin contre le #CCIF (#Collectif_Contre_l’Islamophobie_en_France), dénuée de tout fondement du point de vue de la #lutte_anti-terroriste – puisque l’association n’a évidemment pris aucune part dans le crime du 17 octobre 2020, ni même dans la campagne publique (sur Youtube et Twitter) qui y a conduit.

    Cette dénonciation – proprement calomnieuse, donc – s’est autorisée en fait d’une montée en généralité, en abstraction et même en « nébulosité », et d’un grossier sophisme : le meurtre de Samuel Paty est une atteinte aux « #valeurs » et aux « institutions » de « la #République », que justement le CCIF « combat » aussi – moyennant quoi le CCIF a « quelque chose à voir » avec ce crime et il doit donc être dissous, CQFD. L’accusation n’en demeure pas moins fantaisiste autant qu’infamante, puisque le « combat » de l’association, loin de viser les principes et les institutions républicaines en tant que telles, vise tout au contraire leur manque d’effectivité : toute l’activité du CCIF (c’est vérifiable, sur le site de l’association aussi bien que dans les rapports des journalistes, au fil de l’actualité, depuis des années) consiste à combattre la #discrimination en raison de l’appartenance ou de la pratique réelle ou supposée d’une religion, donc à faire appliquer une loi de la république. Le CCIF réalise ce travail par les moyens les plus républicains qui soient, en rappelant l’état du Droit, en proposant des médiations ou en portant devant la #Justice, institution républicaine s’il en est, des cas d’atteinte au principe d’#égalité, principe républicain s’il en est.

    Ce travail fait donc du CCIF une institution précieuse (en tout cas dans une république démocratique) qu’on appelle un « #contre-pouvoir » : en d’autres termes, un ennemi de l’arbitraire d’État et non de la « République ». Son travail d’#alerte contribue même à sauver ladite République, d’elle-même pourrait-on dire, ou plutôt de ses serviteurs défaillants et de ses démons que sont le racisme et la discrimination.

    Il s’est rapidement avéré, du coup, que cette offensive sans rapport réel avec la lutte anti-terroriste s’inscrivait en fait dans un tout autre agenda, dont on avait connu les prémisses dès le début de mandat d’Emmanuel Macron, dans les injures violentes et les tentatives d’interdiction de Jean-Michel #Blanquer contre le syndicat #Sud_éducation_93, ou plus récemment dans l’acharnement haineux du député #Robin_Réda, censé diriger une audition parlementaire antiraciste, contre les associations de soutien aux immigrés, et notamment le #GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Cet agenda est ni plus ni moins que la mise hors-jeu des « corps intermédiaires » de la société civile, et en premier lieu des #contre-pouvoirs que sont les associations antiracistes et de défense des droits humains, ainsi que les #syndicats, en attendant le tour des partis politiques – confère, déjà, la brutalisation du débat politique, et notamment les attaques tout à fait inouïes, contraires pour le coup à la tradition républicaine, de #Gérald_Darmanin contre les écologistes (#Julien_Bayou, #Sandra_Regol et #Esther_Benbassa) puis contre la #France_insoumise et son supposé « #islamo-gauchisme qui a détruit la république », ces dernières semaines, avant donc le meurtre de Samuel Paty.

    Un agenda dans lequel figure aussi, on vient de l’apprendre, un combat judiciaire contre le site d’information #Mediapart.

    11. Il y a eu ensuite l’annonce de ces « actions coup de poing » contre des associations et des lieux de culte musulmans, dont le ministre de l’Intérieur lui-même a admis qu’elles n’avaient aucun lien avec l’enquête sur le meurtre de Samuel Paty, mais qu’elles servaient avant tout à « #adresser_un_message », afin que « la #sidération change de camp ». L’aveu est terrible : l’heure n’est pas à la défense d’un modèle (démocratique, libéral, fondé sur l’État de Droit et ouvert à la pluralité des opinions) contre un autre (obscurantiste, fascisant, fondé sur la terreur), mais à une #rivalité_mimétique. À la #terreur on répond par la terreur, sans même prétendre, comme le fit naguère un Charles Pasqua, qu’on va « terroriser les terroristes » : ceux que l’on va terroriser ne sont pas les terroristes, on le sait, on le dit, on s’en contrefout et on répond au meurtre par la #bêtise et la #brutalité, à l’#obscurantisme « religieux » par l’obscurantisme « civil », au #chaos de l’#hyper-violence par le chaos de l’#arbitraire d’État.

    12. On cible donc des #mosquées alors même qu’on apprend (notamment dans la remarquable enquête de Jean-Baptiste Naudet, dans L’Obs) que le tueur ne fréquentait aucune mosquée – ce qui était le cas, déjà, de bien d’autres tueurs lors des précédents attentats.

    On s’attaque au « #séparatisme » et au « #repli_communautaire » alors même qu’on apprend (dans la même enquête) que le tueur n’avait aucune attache ou sociabilité dans sa communauté – ce qui là encore a souvent été le cas dans le passé.

    On préconise des cours intensifs de #catéchisme_laïque dans les #écoles, des formations intensives sur la liberté d’expression, avec distribution de « caricatures » dans tous les lycées, alors que le tueur était déscolarisé depuis un moment et n’avait commencé à se « radicaliser » qu’en dehors de l’#école (et là encore se rejoue un schéma déjà connu : il se trouve qu’un des tueurs du Bataclan fut élève dans l’établissement où j’exerce, un élève dont tous les professeurs se souviennent comme d’un élève sans histoires, et dont la famille n’a pu observer des manifestations de « #radicalisation » qu’après son bac et son passage à l’université, une fois qu’il était entré dans la vie professionnelle).

    Et enfin, ultime protection : Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des #supermarchés ! Il y aurait matière à rire s’il n’y avait pas péril en la demeure. On pourrait s’amuser d’une telle #absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin et les moyens, si l’enjeu n’était pas si grave. On pourrait sourire devant les gesticulations martiales d’un ministre qui avoue lui-même tirer « à côté » des véritables coupables et complices, lorsque par exemple il ordonne des opérations contre des #institutions_musulmanes « sans lien avec l’enquête ». On pourrait sourire s’il ne venait pas de se produire une attaque meurtrière atroce, qui advient après plusieurs autres, et s’il n’y avait pas lieu d’être sérieux, raisonnable, concentré sur quelques objectifs bien définis : mieux surveiller, repérer, voir venir, mieux prévenir, mieux intervenir dans l’urgence, mieux protéger. On pourrait se payer le luxe de se disperser et de discuter des #tenues_vestimentaires ou des #rayons_de_supermarché s’il n’y avait pas des vies humaines en jeu – certes pas la vie de nos dirigeants, surprotégés par une garde rapprochée, mais celles, notamment, des professeurs et des élèves.

    13. Cette #futilité, cette #frivolité, cette bêtise serait moins coupable s’il n’y avait pas aussi un gros soubassement de #violence_islamophobe. Cette bêtise serait innocente, elle ne porterait pas à conséquence si les mises en débat du #vêtement ou de l’#alimentation des diverses « communautés religieuses » n’étaient pas surdéterminées, depuis de longues années, par de très lourds et violents #stéréotypes racistes. On pourrait causer lingerie et régime alimentaire si les us et coutumes religieux n’étaient pas des #stigmates sur-exploités par les racistes de tout poil, si le refus du #porc ou de l’#alcool par exemple, ou bien le port d’un foulard, n’étaient pas depuis des années des motifs récurrents d’#injure, d’#agression, de discrimination dans les études ou dans l’emploi.

    Il y a donc une bêtise insondable dans cette mise en cause absolument hors-sujet des commerces ou des rayons d’ « #alimentation_communautaire » qui, dixit Darmanin, « flatteraient » les « plus bas instincts », alors que (confère toujours l’excellente enquête de Jean-Baptiste Naudet dans L’Obs) l’homme qui a tué Samuel Paty (comme l’ensemble des précédents auteurs d’attentats meurtriers) n’avait précisément pas d’ancrage dans une « communauté » – ni dans l’immigration tchétchène, ni dans une communauté religieuse localisée, puisqu’il ne fréquentait aucune mosquée.

    Et il y a dans cette bêtise une #méchanceté tout aussi insondable : un racisme sordide, à l’encontre des #musulmans bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi un mépris, une injure, un piétinement de la mémoire des morts #juifs – puisque parmi les victimes récentes des tueries terroristes, il y a précisément des clients d’un commerce communautaire, l’#Hyper_Cacher, choisis pour cible et tués précisément en tant que tels.

    Telle est la vérité, cruelle, qui vient d’emblée s’opposer aux élucubrations de Gérald Darmanin : en incriminant les modes de vie « communautaires », et plus précisément la fréquentation de lieux de culte ou de commerces « communautaires », le ministre stigmatise non pas les coupables de la violence terroriste (qui se caractérisent au contraire par la #solitude, l’#isolement, le surf sur #internet, l’absence d’#attaches_communautaires et de pratique religieuse assidue, l’absence en tout cas de fréquentation de #lieux_de_cultes) mais bien certaines de ses victimes (des fidèles attaqués sur leur lieu de culte, ou de courses).

    14. Puis, quelques jours à peine après l’effroyable attentat, sans aucune concertation sur le terrain, auprès de la profession concernée, est tombée par voie de presse (comme d’habitude) une stupéfiante nouvelle : l’ensemble des Conseils régionaux de France a décidé de faire distribuer un « #recueil_de_caricatures » (on ne sait pas lesquelles) dans tous les lycées. S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, disait la chanson. Qu’ils aillent donc, ces élus, distribuer eux-mêmes leurs petites bibles républicaines, sur les marchés. Mais non : c’est notre sang à nous, petits profs de merde, méprisés, sous-payés, insultés depuis des années, qui doit couler, a-t-il été décidé en haut lieu. Et possiblement aussi celui de nos élèves.

    Car il faut se rendre à l’évidence : si cette information est confirmée, et si nous acceptons ce rôle de héros et martyrs d’un pouvoir qui joue aux petits soldats de plomb avec des profs et des élèves de chair et d’os, nous devenons officiellement la cible privilégiée des groupes terroristes. À un ennemi qui ne fonctionne, dans ses choix de cibles et dans sa communication politique, qu’au défi, au symbole et à l’invocation de l’honneur du Prophète, nos dirigeants répondent en toute #irresponsabilité par le #défi, le #symbole, et la remise en jeu de l’image du Prophète. À quoi doit-on s’attendre ? Y sommes-nous prêts ? Moi non.

    15. Comme si tout cela ne suffisait pas, voici enfin que le leader de l’opposition de gauche, celui dont on pouvait espérer, au vu de ses engagements récents, quelques mises en garde élémentaires mais salutaires contre les #amalgames et la #stigmatisation haineuse des musulmans, n’en finit pas de nous surprendre ou plutôt de nous consterner, de nous horrifier, puisqu’il s’oppose effectivement à la chasse aux musulmans, mais pour nous inviter aussitôt à une autre chasse : la #chasse_aux_Tchétchènes :

    « Moi, je pense qu’il y a un problème avec la #communauté_tchétchène en France ».

    Il suffit donc de deux crimes, commis tous les deux par une personne d’origine tchétchène, ces dernières années (l’attentat de l’Opéra en 2018, et celui de Conflans en 2020), plus une méga-rixe à Dijon cet été impliquant quelques dizaines de #Tchétchènes, pour que notre homme de gauche infère tranquillement un « #problème_tchétchène », impliquant toute une « communauté » de plusieurs dizaines de milliers de personnes vivant en France.

    « Ils sont arrivés en France car le gouvernement français, qui était très hostile à Vladimir Poutine, les accueillait à bras ouverts », nous explique Jean-Luc #Mélenchon. « À bras ouverts », donc, comme dans un discours de Le Pen – le père ou la fille. Et l’on a bien entendu : le motif de l’#asile est une inexplicable « hostilité » de la France contre le pauvre Poutine – et certainement pas une persécution sanglante commise par ledit Poutine, se déclarant prêt à aller « buter » lesdits Tchétchènes « jusque dans les chiottes ».

    « Il y a sans doute de très bonnes personnes dans cette communauté » finit-il par concéder à son intervieweur interloqué. On a bien lu, là encore : « sans doute ». Ce n’est donc même pas sûr. Et « de très bonnes personnes », ce qui veut dire en bon français : quelques-unes, pas des masses.

    « Mais c’est notre #devoir_national de s’en assurer », s’empresse-t-il d’ajouter – donc même le « sans doute » n’aura pas fait long feu. Et pour finir en apothéose :

    « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres qui ont des activités dans l’#islamisme_politique (...), doivent être capturés et expulsés ».

    Là encore, on a bien lu : « tous les dossiers des Tchétchènes présents en France », « un par un » ! Quant aux suspects, ils ne seront pas « interpellés », ni « arrêtés », mais « capturés » : le vocabulaire est celui de la #chasse, du #safari. Voici donc où nous emmène le chef du principal parti d’opposition de gauche.

    16. Enfin, quand on écrira l’histoire de ces temps obscurs, il faudra aussi raconter cela : comment, à l’heure où la nation était invitée à s’unir dans le deuil, dans la défense d’un modèle démocratique, dans le refus de la violence, une violente campagne de presse et de tweet fut menée pour que soient purement et simplement virés et remplacés les responsables de l’#Observatoire_de_la_laïcité, #Nicolas_Cadène et #Jean-Louis_Bianco, pourtant restés toujours fidèles à l’esprit et à la lettre des lois laïques, et que les deux hommes furent à cette fin accusés d’avoir « désarmé » la République et de s’être « mis au service » des « ennemis » de ladite #laïcité et de ladite république – en somme d’être les complices d’un tueur de prof, puisque c’est de cet ennemi-là qu’il était question.

    Il faudra raconter que des universitaires absolument irréprochables sur ces questions, comme #Mame_Fatou_Niang et #Éric_Fassin, furent mis en cause violemment par des tweeters, l’une en recevant d’abjectes vidéos de décapitation, l’autre en recevant des #menaces de subir la même chose, avec dans les deux cas l’accusation d’être responsables de la mort de Samuel Paty.

    Il faudra se souvenir qu’un intellectuel renommé, invité sur tous les plateaux, proféra tranquillement, là encore sans être recadré par les animateurs, le même type d’accusations à l’encontre de la journaliste et chroniqueuse #Rokhaya_Diallo : en critiquant #Charlie_Hebdo, elle aurait « poussé à armer les bras des tueurs », et « entrainé » la mort des douze de Charlie hebdo.

    Il faudra se souvenir qu’au sommet de l’État, enfin, en ces temps de deuil, de concorde nationale et de combat contre l’obscurantisme, le ministre de l’Éducation nationale lui-même attisa ce genre de mauvaise querelle et de #mauvais_procès – c’est un euphémisme – en déclarant notamment ceci :

    « Ce qu’on appelle l’#islamo-gauchisme fait des ravages, il fait des ravages à l’#université. Il fait des ravages quand l’#UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

    Il faudra raconter ce que ces sophismes et ces purs et simples mensonges ont construit ou tenté de construire : un « #consensus_national » fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé et un « plus jamais ça » sincère et réfléchi. Un « consensus » singulièrement diviseur en vérité, excluant de manière radicale et brutale tous les contre-pouvoirs humanistes et progressistes qui pourraient tempérer la violence de l’arbitraire d’État, et apporter leur contribution à l’élaboration d’une riposte anti-terroriste pertinente et efficace : le mouvement antiraciste, l’opposition de gauche, la #sociologie_critique... Et incluant en revanche, sans le moindre état d’âme, une droite républicaine radicalisée comme jamais, ainsi que l’#extrême_droite lepéniste.

    Je ne sais comment conclure, sinon en redisant mon accablement, ma tristesse, mon désarroi, ma peur – pourquoi le cacher ? – et mon sentiment d’#impuissance face à une #brutalisation en marche. La brutalisation de la #vie_politique s’était certes enclenchée bien avant ce crime atroce – l’évolution du #maintien_de l’ordre pendant tous les derniers mouvements sociaux en témoigne, et les noms de Lallement et de Benalla en sont deux bons emblèmes. Mais cet attentat, comme les précédents, nous fait évidemment franchir un cap dans l’#horreur. Quant à la réponse à cette horreur, elle s’annonce désastreuse et, loin d’opposer efficacement la force à la force (ce qui peut se faire mais suppose le discernement), elle rajoute de la violence aveugle à de la violence aveugle – tout en nous exposant et en nous fragilisant comme jamais. Naïvement, avec sans doute un peu de cet idéalisme qui animait Samuel Paty, j’en appelle au #sursaut_collectif, et à la #raison.

    Pour reprendre un mot d’ordre apparu suite à ce crime atroce, #je_suis_prof. Je suis prof au sens où je me sens solidaire de Samuel Paty, où sa mort me bouleverse et me terrifie, mais je suis prof aussi parce que c’est tout simplement le métier que j’exerce. Je suis prof et je crois donc en la raison, en l’#éducation, en la #discussion. Depuis vingt-cinq ans, j’enseigne avec passion la philosophie et je m’efforce de transmettre le goût de la pensée, de la liberté de penser, de l’échange d’arguments, du débat contradictoire. Je suis prof et je m’efforce de transmettre ces belles valeurs complémentaires que sont la #tolérance, la #capacité_d’indignation face à l’intolérable, et la #non-violence dans l’#indignation et le combat pour ses idées.

    Je suis prof et depuis vingt-cinq ans je m’efforce de promouvoir le #respect et l’#égalité_de_traitement, contre tous les racismes, tous les sexismes, toutes les homophobies, tous les systèmes inégalitaires. Et je refuse d’aller mourir au front pour une croisade faussement « républicaine », menée par un ministre de l’Intérieur qui a commencé sa carrière politique, entre 2004 et 2008, dans le girons de l’extrême droite monarchiste (auprès de #Christian_Vanneste et de #Politique_magazine, l’organe de l’#Action_française). Je suis prof et je refuse de sacrifier tout ce en quoi je crois pour la carrière d’un ministre qui en 2012, encore, militait avec acharnement, aux côtés de « La manif pour tous », pour que les homosexuels n’aient pas les mêmes droits que les autres – sans parler de son rapport aux femmes, pour le moins problématique, et de ce que notre grand républicain appelle, en un délicat euphémisme, sa « vie de jeune homme ».

    Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905, et qui n’est rien d’autre qu’une machine à produire plus de #liberté, d’#égalité et de #fraternité. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini. C’est au contraire une politique liberticide, discriminatoire donc inégalitaire, suspicieuse ou haineuse plutôt que fraternelle, que je vois se mettre en place, sans même l’excuse de l’efficacité face au terrorisme.

    Je suis prof, et cette #vraie_laïcité, ce goût de la pensée et de la #parole_libre, je souhaite continuer de les promouvoir. Et je souhaite pour cela rester en vie. Et je souhaite pour cela rester libre, maître de mes #choix_pédagogiques, dans des conditions matérielles qui permettent de travailler. Et je refuse donc de devenir l’otage d’un costume de héros ou de martyr taillé pour moi par des aventuriers sans jugeote, sans cœur et sans principes – ces faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants.

    https://lmsi.net/Je-suis-prof

    #Pierre_Tevanian

    –—

    –-> déjà signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/882390
    https://seenthis.net/messages/882583
    ... mais je voulais mettre le texte complet.

  • Racisme et amalgames

    Quand ils jouent du violon, ce sont de gentils Tsiganes. Quand ils font du jazz, ce sont des Manouches. Dans les films de Kusturica, c’est des Gitans. Quand ils mendient dans le métro, c’est des Roumains. Quand ils habitent dans une caravane, c’est des gens du voyage. Quand ils habitent dans des bidonvilles, c’est des Rroms. Quand ils habitent dans une maison, c’est des « Tsiganes sédentarisés ». Quand ils sont très pauvres, c’est des voleurs. Quand ils ont de belles voitures, c’est aussi des voleurs. Qu’ont en commun toutes ces phrases ? D’être entièrement fausses et de véhiculer des amalgames et des non-sens qui, dans un climat actuel extrêmement difficile pour les communautés dont il va être question, confinent au racisme. Pour ceux qui pensent encore qu’un être humain est un être humain, indépendamment de son statut social et de son origine ethnique, et que tous les êtres humains sont égaux, nous allons tenter de battre en brèche les idées reçues.


    http://www.le-tigre.net/Racisme-et-amalgame.html
    #Roms #racisme #amalgames #mots #terminologie #vocabulaire #xénophobie #préjugés #idées-reçues

  • Saint JO de Rio, C’est l’heure de l’mettre

    http://www.campuslille.com/index.php/entry/saint-jo-de-rio-2016

    Aujourd’hui Mercredi 24 Aout, c’est la saint JO de Rio.
    Saint JO de Rio est le saint patron de nos champions . . . Français bien sur !

    ❞ Malgré les tricheurs,
    Malgré la malchance, l’arbitrage, la chaleur, le vent, le décalage horaire, les cyclones, les tremblements de terre,
    Malgré les adversaires, qui ont le toupet de venir disputer notre supériorité naturelle, nos champions sont revenus, et ils sont revenus avec une moisson de médailles, et ils les ont déposé majestueusement aux pieds de mimolette premier, ou dernier plutôt, lequel, depuis son élection collectionne les succès.
    Un athlète ce mimolette !

    Qu’on en juge, le bilan de la France éternelle et de ses valeurs une fois saint JO de Rio canonisé !
    – Médaille d’or, en équitation synchronisée, au lancer de fléchettes, au ballon prisonnier, en relai quatre fois sans s’arrêter, en pétanque artistique, au saut en largeur . . .
    – Médaille d’argent en plongeons sur gazon, en natation sans bouée, en patin à roulettes, en playstation II. . .
    – Médaille de bronze à la belote coinchée, au 421, en vitesse rapide, en poids plume et dans quelques disciplines secondaires un peu moins médiatisées.
    Mais si ça c’est pas le preuve qu’on est les meilleurs, et que nos valeurs ils faut les respecter . . .

    Mais c’est en élection présidentielles que nos athlètes sont les plus performantes.
    . . . . . . . . ❞

    #audio #radio #Radios_libres #Radio_Campus_Lille #Analyse #burkini #racisme #clichés_arabes #laïcité #foutage_de_gueule #concordat #colonialisme #islamophobie #amalgames

  • Saint Burkini, C’est l’heure de l’mettre !
    http://www.campuslille.com/index.php/entry/saint-burkini

    Aujourd’hui 17 Aout, c’est la saint Burkini !
    Saint Burkini est le saint patron des hommes orchestres et des femmes grenouilles.

    L’éphéméride commence à 3mn05s, juste après le générique.


    Après le foulard islamique, le tchador, Le hijab, le jilbab, la burka.
    Après les moutons égorgés dans les baignoires, les prières de rues, les cantines pas halal, les mosquées salafistes.
    Après les babouches interdites, le couscous terroriste, les slabillas explosives, le scandale des barbes à papa polygames, la harissa dans le cassoulet, le thé à l’amiante, Ali au pays des merguez.
    Après l’Arabe du coin, l’Arabe d’en face, l’Arabe de service, le travail d’Arabe, le téléphone Arabe, les Kabyles téléphoniques
    Après le soutien gorge à cadenas, le slibar musulman, les chaussettes intégrales, les chemises intégristes, les mains de Fatma dans les gants de velours.
    Après l’Islam des caves, l’Islam des banlieues, l’islam des campagnes, l’Islam des plages. . . .
    Après Saladin entrant dans Jérusalem, Ali Baba dans la grotte et Benzema au vestiaire.

    Le temps était venu pour saint Burkini !
    On avait plus rien à se mettre sous la dent hé !
    Comme quoi il y a bien une invasion musulmane, , , , , dans les médias !
    #audio #radio #Radios_libres #Radio_Campus_Lille #Analyse #burkini #racisme #clichés_arabes #laïcité #foutage_de_gueule #concordat #colonialisme #islamophobie #amalgames

  • Qui peut comprendre la laïcité à la française ?

    Je savais que la laïcité à la française servait à sortir les filles et les femmes musulmanes de l’école, de l’emploi et de la rue. Mais c’est bien plus étendu que je pensait comme concepts. Maintenant les musulmans sont enjoint de se rendre à la messe et Valls va leur collé un pape d’état et un financement d’état (le concordat étendu à toute la France ca me semble pas trop laïque). Mais on a pas le droit de discuté de ca car c’est "accessoire" qu’ils disent ( http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/08/01/on-ne-reglera-pas-les-problemes-de-l-islam-en-france-en-suspendant-le-financ ). Et puis le président déclare que « Tuer un prêtre, c’est profaner la République » ! Heureusement la république est sauve, Barbarin n’as pas eu lieu et l’e-monde se demande pourtant si « L’influence politique de l’Eglise et des catholiques est-elle devenue négligeable ? » !

    #laïcité #foutage_de_gueule #concordat #colonialisme #islamophobie #amalgames

  • Laurence Rossignol : « il m’est tombé un parpaing dans l’estomac » | Bondy Blog
    http://bondyblog.liberation.fr/201604181650/laurence-rossignol-il-mest-tombe-un-parpaing-dans-lestomac

    Le 30 mars sur les ondes de RMC, la ministre des familles, de l’enfance et des droits de femmes avait comparé les femmes portant le voile à des « nègres américains qui étaient pour l’esclavage ». Entretien.

    #racisme #islamophobie #sexisme #femmes

  • Dans la jungle de #Calais : « On va nous prendre pour des terroristes »

    Craignant les #amalgames, les migrants rappellent que beaucoup d’entre eux ont fui les exactions perpétrées par l’Etat islamique.

    http://md1.libe.com/photo/827590-calaisjpg.jpg?modified_at=1447785840&width=960
    http://www.liberation.fr/france/2015/11/17/dans-la-jungle-de-calais-on-va-nous-prendre-pour-des-terroristes_1414224
    #terrorisme #réfugiés #asile #migrations #EI #Etat_islamique #ISIS

  • #Mohamed_Bajrafil : « L’islam est par essence laïque » (Le Monde des religions)
    http://www.wereport.fr/societe/mohamed-bajrafil-lislam-est-par-essence-laique-le-monde-des-religions

    Dans son dernier ouvrage, l’imam d’Ivry-sur-Seine dénonce les amalgames qui entravent selon lui la communauté musulmane et décrypte les enjeux d’un #islam de France en devenir, où la #foi s’érigerait en une école d’autonomie. Mohamed Bajrafil part d’un constat : en France, depuis janvier 2015, « parler d’islam est devenu une entreprise des plus périlleuses ». Cet...

    #Société #laïcité #musulmans #Religion

  • Intervention Comptoir | De la nécessité de questionner les propos des interlocuteurs

    Le 9 novembre 2014, La Matin Dimanche a consacré un article à une interview avec Mr. Blocher. Ce dernier explique les raisons qui le poussent à lancer une nouvelle initiative sur l’asile.


    http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2015/02/10/intervention-comptoir-de-la-necessite-de-questionner-les-propos-des-interlocut
    #Comptoir_des_médias (un projet de Vivre Ensemble : www.asile.ch) #médias #journalisme #réfugiés #préjugés #stéréotypes #amalgames #Suisse

  • Cerné par ses fantasmes, Le Point règle leurs comptes aux fonctionnaires - Acrimed | Action Critique Médias
    http://www.acrimed.org/article4387.html

    En février 2014, Le Point publiait, sous le titre (légèrement) provocateur « Combien coûte vraiment un poste de fonctionnaire ? », un article accumulant amalgames, idées reçues, désinformation et conclusions erronées – comme nous l’avions souligné en nous demandant à notre tour : « Combien Le Point coûte-t-il à la nation française ? »…

    Apparemment satisfait de sa démonstration tordue, l’auteur, Jean Nouailhac, récidivait quelques semaines plus tard, cette fois à propos des fonctionnaires territoriaux, et avec toujours la même logique hémiplégique qui consiste à ignorer (sciemment… ou non) la valeur des services qu’un fonctionnaire rend par son travail, comme les cotisations qu’il paie, et à décréter que les salaires et pensions qui lui sont versés tout au long de sa carrière puis de sa retraite ne représentent qu’un « coût » pour la collectivité…

    Voilà ce que cela donne dans ce nouvel opus intitulé « Encore 31 000 fonctionnaires de plus dans la "territoriale". Accablant ! » :....

    #le_Point
    #fantasmes
    #amalgames
    #fonctionnaires

  • Stanislas Dehaene : « On observe souvent un déni de la réalité scientifique » (LeMonde.fr)
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/03/stanislas-dehaene-on-observe-souvent-un-deni-de-la-realite-scientifique_4358

    Parce que quand un enfant apprend à lire, son cerveau effectue trois étapes. La première consiste à identifier la séquence de lettres. La deuxième, le décodage de leur prononciation. Et c’est seulement en dernier qu’intervient le sens. Il faut attendre plusieurs années avant que la lecture devienne un automatisme. Seul un lecteur expert passe directement des chaînes de lettres à leur signification. C’est pourquoi le déchiffrage des lettres, qui ne devient automatique qu’au bout de deux ou trois ans chez un enfant, est une étape extrêmement importante. Penser qu’on peut la court-circuiter afin d’accéder directement au sens des mots, à leur signification, est une grave erreur. C’est néanmoins ce que proposent certaines méthodes mixtes.

    #éducation #école #lecture #apprentissage #neurosciences #méthode_syllabique

    • Hihi, +1000. :)

      J’avais lu une expérience sur adultes qui, je crois, combinait neurologie et mouvement des yeux, et qui montrait qu’en fait, même adulte, le cerveau regarde lettre par lettre : seulement il le fait à une vitesse monstrueusement rapide.

      Ce qui signifierait que même les lecteurs experts ne court-circuitent pas la phase d’identification, seulement ils ont entraîné leur cerveau (au fil d’années de lecture) à faire cette opération de plus en plus rapidement.

      Chaque chose en son temps…

      #syllabique

    • Ah, je savais que ça te plairait… :)
      Quant à moi, j’utilise une méthode que d’aucuns qualifieraient de mixte, même si je n’aime pas ce terme.
      Je ne suis pas convaincu par les certitudes de Dehaene (j’ai parfois l’impression qu’il nous refait le coup de la « bosse des maths ») même si je trouve ses travaux intéressants. Je crois à l’importance du sens, de la compréhension et de la mise en lien dès le plus jeune âge. Je ne suis pas convaincu par les théories « du simple au compliqué » parce que j’ai l’intuition qu’elles passent à côté du « complexe ». D’ailleurs quand on dit que x% d’élèves ne savent pas lire au collège, on oublie de dire que l’évaluation se fait sur la compréhension et non sur une restitution oralisée d’un texte.
      Enfin, dans une autre vie, j’ai fréquenté des labos de neurosciences et j’en ai gardé un intérêt pour cette approche scientifique pluridisciplinaire mais le sentiment qu’elle doit restée à sa place.
      Comme enseignant, je suis ouvert à la controverse scientifique, mais l’impossibilité de tout débat pédago-éducatif en France parce qu’il faudrait in fine choisir entre Finkielkraut et Meirieu me fatigue :)

    • Je pensais que l’on arriverait à un large consensus au sein de l’institution quant aux méthodes de lecture. Dans les années 80, les thèses de Jean Foucambert suscitaient l’intérêt de nombreux pédagos qui se penchaient un tant soit peu sur l’enseignement de la lecture. Force m’est de constater qu’il n’en est rien puisque Darcos sous le lobbying de quelques officines de l’enseignement supérieur (Sauver-les-lettres pour ne citer que celle-là) tente d’imposer aux instits la « bonne-vieille » méthode syllabique. Et je m’aperçois que dans notre « bonne-vieille » France rance et ultraconservatrice, on ressasse en boucle les mêmes débats stériles sans avancer d’un iota.

      http://www.charmeux.fr/foucambert.html

      En clair, c’est ce qu’il comprend du message qui lui permet d’aller voir comment fonctionne le code jusqu’à pouvoir enfin le considérer isolément. Contrairement à l’approche que proposent les méthodes en usage à l’école dans la continuation de l’alphabétisation, on ne peut entrer dans un nouveau langage que par l’usage qui en est fait en tant qu’outil de pensée et de communication. Peu désireux d’investir économiquement dans les conditions de la lecture pour la partie des forces productives que la division du travail devait exclure d’un rapport expert à l’écrit, le corps social a fait au siècle dernier le choix d’une entrée par le code afin de parvenir au message par transcodage du système linguistique indigène, en l’occurrence l’oral. Choix réaliste qui n’est possible que dans les systèmes d’écriture à dominante phonographique, mais réduisant la définition de la lecture à cette opération enseignée jusqu’à en oublier ce qu’il en est des opérations communes au traitement de tous les systèmes écrits par leurs lecteurs experts. Cette réduction de la lecture permet à des enseignants de bonne foi de rester à distance d’une réflexion sur les conditions d’un apprentissage linguistique de l’écrit au prétexte que l’oral serait naturel (donc relèverait bien des conditions d’un apprentissage linguistique) mais l’écrit serait social donc justifierait un apprentissage non linguistique. C’est pour prendre à revers cette idée reçue que Freinet inventait l’expression de méthode “naturelle” pour aborder l’écrit et qui consiste simplement à recréer les conditions sociales d’un apprentissage linguistique.

    • @sombre je trouve ton « argument » ridicule. De ce que j’entends des gentils-progressistes, il s’agit exactement, presque mot pour mot, des mêmes mécanismes d’argumentation utilisée par les anti-écolos.

      Pour faire vite : on confond telle technique particulière, avec une époque entière. Et l’on critique alors ceux qui promeuvent, parfois très rationnellement (et non par nostalgie de l’époque !) la méthode syllabique, comme s’ils voulaient tous revenir à l’Ancien Régime.

      Exactement donc, comme ceux qui disent immédiatement qu’on va revenir à la bougie et au cheval (et à un temps où on était moins libres, où les femmes blablabla) dès que l’on critique le nucléaire et les voitures. Même assimilation et même croyance en une histoire linéaire, où l’on serait obligé de tout prendre vers l’avant ou de tout revenir en arrière.

      Je ne vois pour ma part aucune contradiction à défendre farouchement le départ syllabique (qui ne dure même pas longtemps en plus, aucune coercition fasciste !), tout en promouvant des relations d’apprentissages issues de Montessori ou autre. Entre autre parce que le « départ syllabique » n’est pas une méthode en soi, mais seulement un processus de base, sur lequel on peut tout à la fois appliquer une méthode réac (du genre toute la classe répète B-A-BA sur le tableau en même temps), ou des méthodes plus modernes et « autonomisantes » (Syllamots/Syllathèmes en est un très bon exemple, où les enfants apprennent à s’auto-corriger, avec l’aide bienveillante d’un adulte).

    • @rastapopoulos qui dit que :

      Pour faire vite : on confond telle technique particulière, avec une époque entière. Et l’on critique alors ceux qui promeuvent, parfois très rationnellement (et non par nostalgie de l’époque !) la méthode syllabique, comme s’ils voulaient tous revenir à l’Ancien Régime.

      Tout d’abord, mon « argument » était plus une constatation qu’autre chose. Je ne fais pas la promotion de la méthode mixte ni (et encore moins) celle de la méthode globale. Ce que je voulais montrer, c’est le management déplorable auquel sont soumis les enseignants. En 2002, retour de la droite aux manettes : on vient à peine de digérer la réforme de J. Lang précédent ministre de l’EN que voilà-t-y pas qu’on remet en cause les méthode d’apprentissage de lecture avec en apothéose, le ministre Darcos qui affirme péremptoirement que la méthode syllabique, ça c’est une méthode qu’elle est bien. Quelle légitimité a-t-il pour imposer cette méthode plutôt qu’une autre (à part celle d’avoir un portefeuille ministériel) ?
      Donc tout à fait d’accord avec l’article du monde (qui bouscule l’école en 6 questions) :
      l’apprentissage de la lecture n’est ni de droite, ni de gauche,
      les enseignants sont tenus à l’écart des travaux scientifiques sur les processus d’apprentissage un peu comme si chaque patron de Bercy tenait à les garder dans l’ignorance pour mieux les fidéliser à sa cause (clientélisme).

      En attendant qu’on fasse une synthèse objective de tous les travaux concernant de près ou de loin l’apprentissage de la lecture qui suppose également un apprentissage de l’orthographe française qui est loin d’être la plus simple du point de vue linguistique, je souhaite que les gamins du primaire ne soit pas obligé de lire des phrases du type :
      « La pipe de papa pue le tabac. » ce qui présuppose qu’on ait vu que souvent le graphème « e » est muet, que souvent une consonne en final d’un mot ne se prononce pas sinon on aura un énoncé oral du type :
      « la-pi-pe-de pa-pa-pu-e-le-ta-bak ». pas terrible pour motiver l’apprentissage et pour la communication.
      Sinon, l’apprentissage de la lecture ne se fait pas qu’au CP, il se poursuit tout au long de la scolarité élémentaire et il est complété par des apprentissages sur les interrelations entre oral et écrit comme la grammaire, l’orthographe, la conjugaison des verbes, le vocabulaire etc ...
      Voili, voiloù ...