• André Pichot, La Philosophie zoologique de Lamarck, 1994
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/04/12/pichot-lamarck-pz

    Passionnante vulgarisation et remise en contexte !
    chez @tranbert

    En effet, bien que ses principaux ouvrages datent du début du XIXe, Lamarck est un homme du XVIIIe siècle (il a 65 ans quand paraît la Philosophie zoologique), et plus spécialement du XVIIIe siècle matérialiste et sensualiste (avec, en arrière-plan, un vague déisme). Pour bien saisir sa démarche et ne pas se méprendre sur ce qu’il écrit, il convient de le replacer dans ce cadre historique.

    Un autre point important pour comprendre la Philosophie zoologique est de ne pas la limiter à un exposé du transformisme (Lamarck n’emploie ni le mot de transformisme, ni celui d’évolution qui n’avait pas à l’époque le sens que nous lui donnons aujourd’hui). Le transformisme n’occupe, avec la taxonomie, que la première des trois parties de l’ouvrage. Lamarck dit même s’être surtout intéressé aux deuxième et troisième parties, qui sont consacrées, respectivement, à une biologie générale, où sont établies les caractéristiques organisationnelles qui différencient les êtres vivants et les objets inanimés, et à une sorte de psychophysiologie, où la psychologie est présentée dans le prolongement de la biologie grâce aux présupposés évolutionnistes. Le projet de Lamarck était bien plus large que la seule transformation des espèces ; il entendait, par sa Philosophie zoologique, jeter les bases d’une biologie en tant que science autonome, et d’une psychologie continuant cette biologie ; l’invention du transformisme y est subordonnée.

    En général, on se borne à lire (ou même à éditer) la première partie, celle consacrée à la classification et au transformisme. Or cette première partie ne peut pas se comprendre sans la deuxième, car le transformisme lamarckien est fondé sur la biologie générale qui y est exposée. C’est là sans doute le plus grave défaut du plan de la Philosophie zoologique ; nous nous efforcerons de le corriger dans notre présentation, en exposant d’abord la biologie générale lamarckienne, et en développant seulement ensuite le transformisme.

    #Lamarck #biologie #André_Pichot #Histoire #science #transformisme

  • Conférence d’André Pichot sur ceux qui utilisent la biologie pour justifier de la morale, en bien ou en mal (solidarité ou compétition), chez @tranbert
    https://sniadecki.wordpress.com/2016/01/18/pichot-solidarite

    Début seulement de la conférence, à quand la suite ?

    A travers l’histoire du darwinisme, Pichot retrace les diverses idéologies et doctrines informes qui ont servit à justifier « scientifiquement » la compétition ou (plus rarement) la solidarité dans les sociétés humaines à partir des connaissances en biologie. Un florilège de bêtises et de stupidités pourtant très sérieusement soutenues par nombre de scientifiques, encore aujourd’hui.

    Et on y parle notamment de Kropotkine, allant alors de fait à rebours de la source de thèse de Renaud Garcia (La nature de l’entraide , 2015).

    D’abord l’exemple de Kropotkine, l’anarchiste russe, qui en 1902 a publié L’entraide, un facteur de l’évolution. Il va présenter la chose de la manière suivante : tout d’abord, il ignore complètement la lutte entre les tribus, il repart sur une base animale à partir de ce qu’il a observé en Sibérie, où les conditions de vie sont très dures, où lorsqu’il y a une entraide entre les individus les espèces animales survivent. La sélection naturelle darwinienne est transposée au niveau de l’environnement, ce n’est plus la lutte contre les individus, mais la lutte contre le milieu. Et ce sont les individus les plus solidaires dans cette lutte contre le milieu qui vont survivre. La concurrence entre les individus est éliminée. Que veut faire Kropotkine ? Il veut ancrer la morale dans la nature ; il ne veut plus d’une morale ancrée dans un dieu ou n’importe quoi d’autre. C’est un naturaliste, il a une approche naturaliste, et utilitariste aussi, comme chez Wallace, c’est-à-dire que l’avantage de la morale, c’est que cela facilite la survie des individus à l’intérieur du groupe.

    C’est tout à fait utilitariste : que les groupes les moins solidaires disparaissent, c’est qu’ils l’ont bien mérité ; ils n’étaient pas moraux puisqu’ils ne pratiquaient pas la solidarité entre eux. Donc tout est bien dans le meilleur des mondes. C’est une sorte de calvinisme naturaliste, on a d’ailleurs souvent comparé le darwinisme à une version calviniste de la nature. Kropotkine conserve cet aspect utilitariste et donne la version la plus gentille, celle qui sera le mieux acceptée, d’un altruisme entre les membres de la société. C’est lui qui va en donner une version qui va réapparaître régulièrement. Il écrit en 1902, mais il y en a eu avant lui, il en cite d’ailleurs un certain nombre, on a toute une liste d’auteurs qui vont reprendre sa doctrine au fil du siècle, et cela existe encore aujourd’hui. Vous connaissez peut-être les livres de Patrick Tort, tous les trois ou quatre ans il publie un livre où il dit qu’il a découvert « l’effet réversif de l’évolution », afin de montrer que le darwinisme est moral, etc., et c’est en fait la thèse de Wallace qui ressort.

    C’est quelque chose qui réapparaît constamment et qui a servit à moraliser le darwinisme.

    Il existe également la contrepartie qui est la version où au lieu de s’occuper de l’altruisme à l’intérieur du groupe on s’intéresse à la lutte entre les groupes.

    J’ai choisi Kropotkine parce que c’est le cas le plus extrême, c’est des penseurs de gauche qui adhèrent au darwinisme, surtout par anti-cléricalisme, parce qu’ils pensent que L’Origine des espèces est dirigée contre le créationnisme donc ils sont forcément darwiniens (même si c’est très largement imaginaire parce que le créationnisme arrive bien plus tard après la guerre de 1914-18). Mais en même temps, ils sont très gênés par les références à Malthus et à Hobbes de la théorie de Darwin.

    #Kropotkine #Darwin #darwinisme #biologie #André_Pichot #Renaud_Garcia (pour le lien) #conférence

  • Une conférence d’André Pichot, historien et critique de la biologie :

    Biologie et solidarité , communication au colloque « Entretiens sur les avatars de la solidarité », Collège de France, Paris, 5-6 juin 2013 (organisateur A. Supiot).

    A voir sur : http://www.college-de-france.fr/site/alain-supiot/seminar-2013-06-05-10h30.htm

    Toujours en pleine forme, le Pichot !

    #biologie, #André_Pichot, #solidarité