• Comment faire face aux revues scientifiques prédatrices ?

    Le système de publication scientifique est sous tension : l’accès aux publications doit être libre et gratuit, mais publier a un coût. Historiquement, ce coût revenait aux lecteurs. Désormais, il incombe souvent aux auteurs, permettant un accès gratuit aux lecteurs, avec en 2019 31 % de tous les articles scientifiques publiés qui étaient accessibles à tous. La note, souvent réglée avec de l’#argent_public, peut atteindre plus de 10 000 euros par article. Ce #marché juteux, avec des marges bénéficiaires pouvant atteindre 40 %, a conduit nombre de scientifiques à ne plus accepter que des maisons d’édition profitent d’un travail intellectuel qu’elles ne financent et ne rémunèrent pas.

    Simultanément, le système d’évaluation conventionnel des scientifiques, fondé notamment sur le nombre de publications en général et dans des périodiques à haut facteur d’impact (IF, correspondant au nombre moyen annuel de citations des articles d’un périodique parus les deux années précédentes) en particulier, est remis en question depuis la Déclaration sur l’évaluation de la recherche de San Francisco (#DORA). DORA est une déclaration collective internationale, initialement élaborée lors d’une réunion annuelle de la Société américaine de biologie cellulaire en 2012, et qui a été progressivement ratifiée par nombre d’universités et d’organismes de recherche, par exemple en France le CNRS et le CEA.

    La collision de ces deux changements débouche sur de nouveaux questionnements :

    - Quels impacts ces transformations ont-elles sur la qualité de la science ?

    – Peut-on raisonner l’usage fait de l’argent public dans la #publication_académique ?

    L’émergence des revues prédatrices

    La transition actuelle du système lecteur-payeur vers le système auteur-payeur s’est accompagnée de l’émergence de maisons d’édition scientifique qualifiées « de prédatrices ». Développant des démarches commerciales agressives, notamment via quantité de numéros spéciaux, leur objectif principal étant de « faire du #profit » en imposant des coûts de publication démesurés (#article-processing_charges ou #APC), et non de promouvoir une #science de qualité.

    En effet, le processus d’évaluation des articles y est souvent médiocre (brefs délais d’évaluation, évaluateurs peu compétents), parfois inexistant, conduisant à une pollution massive de la littérature par des résultats mal, voire pas vérifiés. En 2015, déjà un cinquième de la production scientifique mondiale paraissait dans des maisons d’édition prédatrices.

    Un effet secondaire est l’érosion de la confiance des scientifiques dans le processus d’évaluation par les pairs, pourtant robuste et éprouvé depuis plus d’un siècle.

    À la racine du problème, un cercle vicieux : les chercheurs sont engagés dans une course frénétique à la publication et les évaluateurs disponibles, non rémunérés pour ce travail d’évaluation et devant eux-mêmes publier, deviennent une ressource limitante.

    Quand des périodiques traditionnels s’échinent à dénicher des évaluateurs compétents et disponibles, les prédateurs se contentent d’évaluateurs peu compétents qui, contre des rabais sur des APC futurs, écriront de brefs rapports justifiant d’accepter au plus vite un article. Couper le robinet des évaluateurs et refuser d’y soumettre ses travaux, soit par décision personnelle, soit collectivement, permettrait de contrer l’émergence et le développement de ces maisons d’édition prédatrices.

    Mais la volonté d’aller dans ce sens est-elle là ? Reconnaître les travers de ce système prédateur est nécessairement lent, en particulier lorsqu’on y a largement contribué.

    Il est difficile de définir le caractère prédateur d’un éditeur et certaines revues vont donc se situer dans une zone grise, à la limite de la prédation. De plus, si l’objectif des revues prédatrices est avant tout le profit, le montant des APC n’est pas une condition suffisante pour qualifier un périodique de prédateur – les APC de revues liées à des sociétés savantes (à but non lucratif) sont parfois élevés, mais tout ou partie de ces APC leur sert à développer leur mission dont l’utilité sociale est avérée.

    Couper les ailes de l’édition prédatrice passe aussi par une évaluation différente de l’activité des scientifiques, en s’écartant d’une évaluation actuellement trop quantitative, car largement fondée sur le nombre d’articles et sur l’IF des revues (une métrique mesurant leur audience et non leur qualité).

    Un appel collectif pour de meilleures pratiques

    DORA et l’appel de Paris vont dans ce sens en proposant la fin de l’utilisation de l’IF, mais aussi du nombre de publications, comme métriques centrales de l’évaluation. Ainsi, des institutions françaises, dont le CNRS, INRAE, l’ANR et l’Hcéres, demandent non pas la liste exhaustive des productions, mais une sélection que la personne évaluée souhaite mettre en avant, avec une explication détaillant les qualités, la signification et la portée de cette sélection dans son projet. Ce changement d’évaluation, simple à mettre en œuvre, permet de limiter une course aux publications faciles et coûteuses. Ces initiatives de réforme du système d’évaluation académique fleurissent dans d’autres pays, par exemple aux Pays-Bas et au Canada, ou encore au niveau européen avec la coalition CoARA.

    Bien entendu, il est peu probable que les chercheurs évaluateurs des dossiers ou des projets de collègues jettent les indicateurs aux orties, IF ou autres, surtout quand l’évaluation, qui prend un temps considérable lorsqu’elle est menée sérieusement, est si mal valorisée en tant qu’activité dans l’évaluation des chercheurs. Mais combiner évaluation quantitative et qualitative à d’autres critères tels le prix des APC, les profits et leurs usages, la durabilité numérique, la transparence des évaluations ou la reproductibilité des résultats publiés, est souhaitable.

    Les comités d’évaluation des chercheurs, par exemple au niveau national le Conseil national des universités et au Comité national de la recherche scientifique, doivent se saisir de ces nouveaux critères, les expliciter et les rendre publics. Il serait aussi souhaitable qu’ils statuent sur les maisons d’édition prédatrices ou semi-prédatrices, ou à la manière de la conférence des Doyens des facultés de médecine, sur les maisons d’édition non prédatrices.

    Ils doivent se saisir au plus vite de la question de l’articulation entre modèles de publication et évaluation des chercheurs, pour ne pas se faire devancer par les maisons d’édition susceptibles de proposer elles-mêmes des outils d’évaluation ou de faire changer les règles du jeu.

    Dans le contexte actuel de pénurie d’évaluateurs, les périodiques à IF élevé et coûteux jouent sur le prestige supposé d’être évaluateur. Un levier permettant d’attaquer cette situation serait l’assurance que les « lignes de CV » concernant l’évaluation des manuscrits ne soient pas appréciées à l’aune du prestige de périodique coûteux par les comités d’évaluation de l’activité des chercheurs. De cette manière, un scientifique aurait a priori autant intérêt à évaluer pour tout périodique qu’il estime de qualité, et non pas prioritairement pour le peloton de tête de l’IF.

    Ainsi, on tarirait l’offre en évaluateurs pour ces périodiques ; ces évaluateurs seraient alors plus disponibles pour des périodiques aussi sérieux, mais moins onéreux. De plus, un processus d’évaluation transparent (c’est-à-dire public) permettrait la valorisation des évaluations, et aux comités de jauger qualitativement l’implication des scientifiques dans ce processus.

    Contre la monétarisation de la publication scientifique, il faut séparer l’impératif de l’accès libre et le système de publications en accès libre avec APC obligatoires : les scientifiques doivent rendre leurs publications accessibles, mais sans payer pour cela. L’utilisation de plates-formes de textes non évalués pour rendre accessibles les travaux est une option possible. Cela permettrait de piéger les éditeurs prédateurs au jeu de leur argument de choc (« rendre accessible une publication sans restriction »). Reste alors à imaginer des modèles alternatifs, tel que Peer Community In, proposant un système d’évaluation transparent, exigeant et gratuit à partir d’articles déposés sur des serveurs en accès libre.

    Nos actions, via le choix d’un support de publication ou de notre modèle d’évaluation, s’inscrivent dans un contexte politique national et européen parfois contradictoire : certains établissements suggèrent aux chercheurs d’éviter les APC tout en prônant l’accès libre à toutes les publications sortant de leurs laboratoires. D’autres initiatives, comme la création de Open Research Europe par l’Union européenne, révèlent en creux le poids de certains lobbys puisque les projets européens pourront de ce fait publier en accès libre tous leurs résultats dans des périodiques ad hoc et financés par l’UE. L’injonction à une « science ouverte » devrait plutôt encourager à l’utilisation des plates-formes de textes non évalués. Elle ne doit pas être un argument pour justifier la publication dans des revues avec APC, souvent prédatrices. Autrement dit : ne sacrifions pas la qualité sur l’autel de l’accès libre, et les plates-formes de textes non évalués sont là pour ça.

    À nous, chercheurs, de retourner le jugement d’Yves Gingras pour démontrer que nous sommes capables d’actions collectives. Avec quelques règles, de la pédagogie et un système de valorisation pluriel de la qualité des périodiques scientifiques, nous pouvons endiguer le phénomène des maisons prédatrices.

    https://theconversation.com/comment-faire-face-aux-revues-scientifiques-predatrices-206639

    #ESR #recherche #université #résistance #revues_prédatrices #édition_scientifique #impact_factor

  • À #Calais, l’absurde #confiscation des #tentes des migrants

    À Calais, l’#expulsion tous les deux jours des terrains occupés par les exilés se double d’une confiscation de leurs #effets_personnels. Tentes, duvets, documents... sont, en théorie, stockés et peuvent être récupérés. Dans les faits, huit à dix tonnes d’affaires finissent chaque mois à la poubelle.

    Calais (Pas-de-Calais), reportage

    9 heures du matin, par 2 °C. Janvier à Calais. En bord d’un terrain à l’est de la ville, Matin [1] et ses amis frissonnent, le visage enfoncé jusqu’au nez dans leur col, les poings roulés dans les manches étirées. Ils sont jeunes, certains mineurs, originaires de plusieurs provinces afghanes, et viennent de se faire expulser du terrain de sable et de boue qu’ils occupent en bordure d’une voie ferrée. Ils ont une question, qu’ils répètent en boucle aux journalistes : « Why ? » — pourquoi ? Car ces opérations, menées toutes les 48 heures dans sept endroits différents de la ville, sont suivies de peu d’effets, tant en termes de mise à l’abri que d’accompagnement social, notamment en ce qui concerne les mineurs isolés. Il faut juste, à intervalles réguliers, faire le vide sur place — « éviter les points de fixation », dit l’État. « Tout est rendu difficile », peste Matin, regard dans ses pieds. « Ils arrivent, nous disent simplement go ! go ! Et on n’a pas intérêt à rester discuter. »

    Pour éviter les installations de #campements, plusieurs leviers existent. La mairie de Calais a ainsi lancé une série de #déboisements le long des routes et dans les zones de promenade, où les exilés ont l’habitude de camper. Autre moyen de pression : l’expulsion régulière des terrains occupés, avec saisie des effets personnels laissés sur place. En 2020, Human Rights Observers (HRO) a comptabilisé 967 d’expulsions.

    Les jeunes sont remontés : ce matin, l’opération s’est déroulée sans interprète. Impossible de palabrer avec les forces de l’ordre pour réclamer l’essentiel, impossible de passer le cordon des gendarmes pour aller récupérer leurs affaires. Tentes, couchages... autant d’équipements pourtant capitaux en hiver. De toute façon, tout ce qu’ils n’auront pas pu traîner en vitesse dans la bâche à leurs pieds sera soit jeté, soit emporté. [2] Il leur faut donc vider les lieux, puis négocier, réclamer leurs biens. Une routine à laquelle se plient, de mauvais gré, migrants et associations qui les accompagnent. Après le passage des uniformes, des silhouettes en veste bleue s’activent : ce sont les nettoyeurs d’#APC, société privée sous contrat, qui récupère les objets susceptibles de faire l’objet d’une réclamation. Le convoi se termine immanquablement par un camion chargé de tentes, duvets, tapis de sol, vêtements, téléphones, documents ou argent.

    528 tentes et #bâches ont été prises rien que sur le mois de décembre 2020

    Destination poubelle ? Jusqu’à récemment — janvier 2018 — c’était encore le cas. En colère, les associations avaient même porté une plainte [3], classée sans suite. Depuis, l’État a mis en place un processus spécifique à Calais. Outre les nettoyeurs d’APC, un acteur de l’économie solidaire a été sollicité pour récupérer et mettre à disposition les affaires emportées. Elle aussi située dans l’est de la ville, la #Ressourcerie_du-Calaisis, gérée par #Face_Valo, une association d’insertion, fait office de #dépôt depuis trois ans. Un accord non lucratif, comme le précise un encadrant technique du magasin qui souhaite rester anonyme : « Nous sommes simplement défrayés à la quantité d’objets qui passe par le stockage ici, au poids. Nous tenons des registres. »

    Les quantités en question : plusieurs tonnes par mois, dont des centaines de tentes, cruciales en hiver. Selon Human Rights Observers, qui documente l’action des pouvoirs publics à Calais, 528 tentes et bâches ont été prises rien que sur le mois de décembre 2020.

    « On court toujours après ! Tout ce que l’on retire d’ici est soit abîmé, soit trempé »

    C’est à la ressourcerie que les jeunes Afghans se regroupent en fin de matinée, comme toutes les 48 heures. Leur terrain est à proximité. Ils sont les seuls à être venus attendre en petit groupe l’arrivée du convoi du jour. « Ceux des autres camps plus éloignés, comme #Fort-Nieulay par exemple, ne viennent presque jamais, malgré le fait que nous les informions du dispositif lors de nos maraudes », déplore Pénélope, coordinatrice pour HRO. Le manque de temps peut expliquer ce désintérêt : l’accord prévoit un accès aux affaires deux heures durant, tous les jours ouvrés, de 10 h à midi. Des horaires qui coïncident avec la fin des expulsions matinales d’une part, et les distributions de nourriture et d’eau de l’association la Vie Active de l’autre. « Il faut donc faire un choix entre sauter un repas ou perdre sa tente », selon Pénélope.

    Le taux de casse et de pertes explique aussi le peu d’intérêt des migrants pour ce système. Le jour de notre reportage, le camion d’APC, arrivé non à 10 h mais à 11 h 20, a déchargé des tentes disloquées, brisées, alourdies de matériel. Pour certaines, elles ont déjà fait ce voyage quatre ou cinq fois. Une tutelle supplémentaire : ce sont les bénévoles de #HRO, et non les migrants, qui doivent remettre la liste des objets réclamés, suivant ce qu’ils ont pu observer. C’est Isabella qui en était chargée ce matin-là. Problème : comme les journalistes, HRO est maintenu en dehors des cordons de police, et ne peut donc pas correctement observer ce qui a été pris — en plus de noter les atteintes aux droits humains. « On fait le décompte comme on peut, selon ce que nous rapportent les expulsés, et on compare avec ce qui est déchargé », dit-elle à Reporterre, appuyée sur la porte du camion d’APC pour annoter son tableau. Les nettoyeurs, eux, font des va-et-vient dans le conteneur.

    Charge aux migrants, autorisés à entrer en groupe de trois dans l’édicule en tôle blanche, de faire le tri. « On n’a pas l’impression que ces affaires sont à nous, on court toujours après ! Tout ce que l’on retire d’ici est soit abîmé, soit trempé », soupirait Hamar [4], sorti en trombe — midi sonnait — avec une tente sur le dos, le masque sur le nez et des gants en plastique empruntés. Vu le gel nocturne, récupérer des affaires sèches est un enjeu de survie. Matin, lui, était à la recherche de son téléphone : un coup d’œil dans le containeur lui a été accordé, juste avant la fermeture. Peine perdue.

    « Neuf fois sur dix, aller réclamer un papier perdu en ressourcerie se solde par un échec »

    Avec ses moyens, HRO travaille à comptabiliser le différentiel affaires prises / affaires restituées en état. « Pour le moment, nous n’avons à disposition que des chiffres concernant une minorité des cas : les personnes qui se sont présentées à la ressourcerie », explique Pénélope. Des chiffres évocateurs : sur l’année écoulée, 52 % des personnes venues réclamer leurs affaires ont déclaré à HRO les avoir récupérées en état satisfaisant et en totalité. Un taux qui s’effondre à un inquiétant 27 % quand il s’agit d’objets de valeur : médicaments, smartphones, argent liquide et documents. « On est proche de mettre en place un stockage bien plus adapté », répond l’encadrant de la ressourcerie. Le magasin plancherait sur un local où les biens seraient présentés catégorisés, à l’abri des intempéries. Quant aux objets de valeur au taux de perte si importants, les documents notamment, « quand ils sont retrouvés, nous avons déjà pour consigne stricte de les réserver à part et de les mettre à disposition ».

    Margot Sifre, juriste de la Cabane juridique, une structure d’accompagnement des migrants, recueille les doléances de ceux qui ont perdu un papier : « Neuf fois sur dix, aller réclamer un papier perdu en ressourcerie se solde par un échec. Au lieu de compter dessus, les déclarations de perte et demandes de récépissés se systématisent, simplement pour ne pas être en défaut trop longtemps face aux autorités. »

    Contrairement à ce qui est encore en pratique dans la commune de Grande-Synthe, où les affaires enlevées finissent directement à la benne, le dispositif calaisien a le mérite de poser, sur le papier, la question de la propriété de ces biens. Dans les faits, les affaires restent très majoritairement jetées et le conteneur vidé environ tous les dix jours. Selon le magasin, ce sont huit à dix tonnes d’affaires non réclamées qui finissent chaque mois emportées par les camions-poubelles. Direction un site d’enfouissement, à trente kilomètres à vol d’oiseau.

    https://reporterre.net/A-Calais-l-absurde-confiscation-des-tentes-des-migrants
    #migrations #asile #réfugiés #harcèlement #frontières

    ping @karine4 @isskein

  • #Paywall : The Business of Scholarship

    Paywall: The Business of Scholarship, produced by #Jason_Schmitt, provides focus on the need for open access to research and science, questions the rationale behind the $25.2 billion a year that flows into for-profit academic publishers, examines the 35-40% profit margin associated with the top academic publisher Elsevier and looks at how that profit margin is often greater than some of the most profitable tech companies like Apple, Facebook and Google. For more information please visit: Paywallthemovie.com


    https://vimeo.com/273358286

    #édition_scientifique #université #documentaire #film #elsevier #profit #capitalisme #savoir #impact_factor #open_access
    signalé par @fil, que je remercie

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    Quelques citations du tirés du film...

    John Adler, prof. Standford University :

    “Publishing is so profitable, because the workers dont’ get paid”

    Paul PETERS, CEO #Hindawi :

    “The way we are adressing the problem is to distinguish the assessment of an academic from the journals in which they publish. And if you’re able to evaluate academics based on the researchers they produce rather than where their research has been published, you can then start to allow researchers to publish in journals that provide better services, better access”

    Paul PETERS, CEO Hindawi :

    “Journals that are highly selective reject work that is perfectly publishable and perfectly good because it is not a significant advance, it’s not gonna made the headline as papers on disease or stemcells”

    Alexandra Elbakyan :

    “Regarding the company itself (—> Elsevier), I like their slogan ’Making Uncommon Knowledge Common’ very much. But as far as I can tell, Elsevier has not mastered this job well. And sci-hub is helping them, so it seems, to fulfill their mission”

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    ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
    https://seenthis.net/messages/1036396

    • je suis tres surpris par un point mentionne plusieurs fois : il faut que la recherche sur la sante, le rechauffement climatique, etc, bref, tout ce qui a « un vrai impact » soit ouvert, parce qu’il y a des vrais problemes, et donc il faut du monde pour y participer.... Mais je n’ai pas entendu grand chose sur la recherche fondamentale... Je ne sais pas si ca tient du fait que la recherche fondamentale etant moins « remuneratrice », le probleme est moins flagrant... Mais ca me met mal a l’aise cette separation entre « les vrais problemes de la vie » et les questions fondamentales qui n’interessent pas grand monde....

    • The Oligopoly of Academic Publishers in the Digital Era

      The consolidation of the scientific publishing industry has been the topic of much debate within and outside the scientific community, especially in relation to major publishers’ high profit margins. However, the share of scientific output published in the journals of these major publishers, as well as its evolution over time and across various disciplines, has not yet been analyzed. This paper provides such analysis, based on 45 million documents indexed in the Web of Science over the period 1973-2013. It shows that in both natural and medical sciences (NMS) and social sciences and humanities (SSH), Reed-Elsevier, Wiley-Blackwell, Springer, and Taylor & Francis increased their share of the published output, especially since the advent of the digital era (mid-1990s). Combined, the top five most prolific publishers account for more than 50% of all papers published in 2013. Disciplines of the social sciences have the highest level of concentration (70% of papers from the top five publishers), while the humanities have remained relatively independent (20% from top five publishers). NMS disciplines are in between, mainly because of the strength of their scientific societies, such as the ACS in chemistry or APS in physics. The paper also examines the migration of journals between small and big publishing houses and explores the effect of publisher change on citation impact. It concludes with a discussion on the economics of scholarly publishing.

      https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0127502

    • L’accès ouvert, un espoir qui donne le vertige…

      Les années 2018 et 2019 marquent une étape importante dans la politique scientifique de l’accès ouvert. Avec #Horizon_2020, l’Europe a annoncé l’obligation d’assurer le libre accès aux publications issues des projets de recherche qu’elle finance. En septembre 2018 #cOALition_S, un consortium européen d’établissements de financement de la recherche (l’ANR pour la France), soutenu par la commission européenne et l’ERC, publie les 10 principes de son Plan S. L’objectif est clairement désigné : “d’ici 2020, les publications scientifiques résultant de recherches financées par des subventions publiques accordées par les conseils de recherche et organismes de financement nationaux et européens participants doivent être publiées dans des journaux Open Access conformes ou sur des plates-formes Open Access conformes.”

      Le problème est que l’expression « #open_access » peut recouvrir des modèles économiques très différents : le “#green_open_access” (auto-archivage par l’auteur de ses travaux), le “#gold_open_access”, avec toute l’ambiguïté qu’il comporte puisque pour Couperin, il inclut aussi bien les articles dans des revues à comité de lecture en accès ouvert pour les lecteurs, payé par les auteurs avec des APC (Article processing charges) que le modèle Freemium OpenEdition, sans coût pour les auteurs ou encore les revues intégralement en accès ouvert[i]. C’est la raison pour laquelle a été introduit un nouvel intitulé dans les modèles celui de la voie “#diamant” ou “#platine” en opposition précisément à la voie “dorée” de plus en plus identifiée comme la voie de l’auteur/payeur (#APC).

      Alors que l’objectif ne concerne à ce stade que les articles scientifiques et non les ouvrages, chapitres d’ouvrages etc., les dissensions s’affichent au grand jour et dans les médias. Pour nombre de chercheurs, le Plan S de l’Union européenne ne va pas assez loin. Ils n’hésitent pas à dénoncer ouvertement les pratiques “anticoncurrentielles” d’Elsevier en saisissant la Direction générale de la commission européenne[ii]. La maison d’édition s’est en effet engagée depuis plusieurs années dans le « tout accès ouvert »[iii]. Il faut traduire ce que signifie ce « gold open access » ainsi promu : si les lecteurs ont accès aux articles gratuitement, les auteurs paient pour être publiés des APC (« author processing charges ») dont le montant, variable, engendre des profits inédits.

      De l’autre côté, logiquement, des associations d’éditeurs et les sociétés commerciales d’édition scientifique se sont élevées contre ce plan qui semble menacer leurs intérêts. Ils ont été soutenus par au moins 1700 chercheurs qui ont signé une Lettre ouverte[iv] lancée le 28 novembre à l’Union européenne contre le plan S. En France, d’autres ont publié en octobre 2018 une tribune dans Le Monde[v] contre ce même plan, non sans quelques confusions tellement la complexité du paysage est savamment entretenue, avec des arguments plus recevables qu’on ne l’aurait pensé. Qui croire ?

      Le Consortium national des bibliothèques françaises Couperin[vi] nous apporte une information utile sur les APC sur le site d’OpenAPC qui ont été versées aux éditeurs commerciaux en 2017, par chacun des 39 grands établissements de recherche enquêtés. Au total, 4 660 887 euros ont été dépensés par ces établissements pour publier 2635 articles, soit environ 1769 euros par article[vii]. Cela vient s’ajouter aux abonnements aux bouquets de revues et aux accès aux bases de données bibliométriques (Scopus d’Elsevier, WOS de Clarivate) dont les coûts, négociés, ne sont pas publiés.

      On mesure le bénéfice que les éditeurs retirent pour chaque article en comparant ces montants avec ceux estimés pour traiter un article dans l’alternative Freemium. A Cybergeo , en incluant les coûts d’un ingénieur CNRS qui encadre l’activité de la revue, du temps moyen investi par les évaluateurs, les correcteurs bénévoles et l’éditeur, ainsi que les coûts de la maintenance de la plateforme éditoriale, nous sommes parvenus à un coût moyen de 650 euros pour un article… Si Cybergeo appliquait le coût moyen des APC, elle en retirerait un revenu de près de 100 000 euros/an !

      Le plus extraordinaire dans ces calculs est que ni les APC ni cette dernière estimation “frugale” de 650 euros/article ne prennent en compte la vraie valeur ajoutée des articles, les savoir et savoir-faire scientifiques dépensés par les auteurs et par les évaluateurs. Voilà qui devrait confirmer, s’il en était encore besoin, que la “production scientifique” est bien une activité qui ne peut décidément se réduire aux “modèles économiques” de notre système capitaliste, fût-il avancé…

      L’exigence de mise en ligne des articles en accès ouvert financés sur des fonds publics s’est donc institutionnalisée, mais on peut se demander si, loin d’alléger les charges pour la recherche publique, cette obligation ne serait pas en train d’ouvrir un nouveau gouffre de dépenses sans aucun espoir de retour sur investissement. Les bénéfices colossaux et sans risques de l’édition scientifique continuent d’aller aux actionnaires. Et le rachat en 2017 par Elsevier (RELX Group) de Bepress la plate-forme d’archives ouvertes, créée en 1999 sous le nom de Berkeley Electronic Press par deux universitaires américains de l’université de Berkeley, pour un montant estimé de 100 millions d’euros, n’est pas non plus pour nous rassurer sur le devenir du “green open access” (archives ouvertes) dans ce contexte.

      https://cybergeo.hypotheses.org/462

    • Open APC

      The #Open_APC initiative releases datasets on fees paid for Open Access journal articles by universities and research institutions under an Open Database License.

      https://treemaps.intact-project.org
      #database #base_de_données #prix #statistiques #chiffres #visualisation

      Pour savoir combien paient les institutions universitaires...


      https://treemaps.intact-project.org/apcdata/openapc/#institution

      12 millions d’EUR pour UCL selon ce tableau !!!!!!!!!!!!!!!!!

    • Communiqué de presse : L’#Académie_des_sciences soutient l’accès gratuit et universel aux #publications_scientifiques

      Le 4 juillet 2018, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a publié un plan national pour la science ouverte, dans lequel « la France s’engage pour que les résultats de la recherche scientifique soient ouverts à tous, chercheurs, entreprises et citoyens, sans entrave, sans délai, sans paiement ». Le 4 septembre 2018, onze agences de financement européennes ont annoncé un « Plan cOAlition S(cience) » indiquant que dès 2020, les publications issues de recherches financées sur fonds publics devront obligatoirement être mises en accès ouvert.

      En 2011, 2014, 2016 et 2017, l’Académie des sciences a déjà publié des avis mentionnant la nécessité de faciliter l’accès aux publications (voir ci-dessous « En savoir plus »). Elle soutient les principes généraux de ces plans et recommande la prise en charge des frais de publications au niveau des agences de financement et des institutions de recherche. Toutefois, la mise en place concrète de ces mesures imposera au préalable des changements profonds dans les modes de publication. L’Académie des sciences attire l’attention sur le fait que ces changements dans des délais aussi courts doivent tenir compte des spécificités des divers champs disciplinaires et de la nécessaire adhésion à ces objectifs de la communauté scientifique. De nombreux chercheurs rendent déjà publiques les versions préliminaires de leurs articles sur des plates-formes ouvertes dédiées comme HAL (Hyper Articles en Ligne).

      Il est important de noter que le processus d’accès ouvert des publications ne doit pas conduire à une réduction du processus d’expertise qui assure la qualité des articles effectivement acceptés pour publication. Sans une évaluation sérieuse des publications par des experts compétents, une perte de confiance dans les journaux scientifiques serait à craindre.

      Un groupe de l’Académie des sciences travaille actuellement sur les questions soulevées par la science ouverte et un colloque sera organisé sur ce thème le 2 avril 2019 pour en débattre.


      https://www.academie-sciences.fr/fr/Communiques-de-presse/acces-aux-publications.html
      #résistance

    • Lancement de la fondation #DOAB : vers un #label européen pour les livres académiques en accès ouvert

      OpenEdition et OAPEN (Open Access Publishing in European Network, fondation implantée aux Pays-Bas) créent la fondation DOAB (Directory of Open Access Books). Cette fondation permettra de renforcer le rôle du DOAB, index mondial de référence répertoriant les ouvrages académiques en accès ouvert, et ce, notamment dans le cadre de la stratégie européenne pour le projet d’infrastructure OPERAS (Open access in the European research area through scholarly communication).


      Depuis plusieurs années les pratiques de publication en accès ouvert se multiplient en Europe du fait d’une plus grande maturité des dispositifs (archives ouvertes, plateformes de publication) et de la généralisation de politiques coordonnées au niveau des États, des financeurs de la recherche et de la Commission européenne. Ce développement du libre accès s’accompagne d’une multiplication des initiatives et des publications dont la qualité n’est pas toujours contrôlée.

      En 2003, l’Université de Lundt a créé le Directory of Open Access Journals (DOAJ). Devenu une référence mondiale, le DOAJ garantit la qualité technique et éditoriale des revues en accès ouvert qui y sont indexées.

      En 2012 la fondation OAPEN a créé l’équivalent du DOAJ pour les livres : le Directory of Open Access Books (DOAB). Ce répertoire garantit que les livres qui y sont indexés sont des livres de recherche académique (évalués par les pairs) et en accès ouvert. Le DOAB s’adresse aux lecteurs, aux bibliothèques mais aussi aux financeurs de la recherche qui souhaitent que les critères de qualité des publications en accès ouvert soient garantis et certifiés. Il indexe aujourd’hui plus de 16 500 livres en accès ouvert provenant de 315 éditeurs du monde entier.

      En Europe, les plateformes OAPEN et OpenEdition Books structurent largement le paysage par leur étendue internationale et leur masse critique. Leur alliance constitue un événement majeur dans le champ de la science ouverte autour de la labellisation des ouvrages.

      Via la fondation DOAB, le partenariat entre OpenEdition et OAPEN permettra d’asseoir la légitimité et d’étendre l’ampleur du DOAB en Europe et dans le monde, en garantissant qu’il reflète et prenne en compte la variété des pratiques académiques dans les différents pays européens en particulier. Les deux partenaires collaborent déjà au développement technique du DOAB grâce au projet HIRMEOS financé par l’Union Européenne dans le cadre de son programme Horizon 2020.
      La création de la fondation est une des actions du Plan national pour la science ouverte adopté en 2018 par la ministre française de la Recherche, Frédérique Vidal.

      OpenEdition et OAPEN forment avec d’autres partenaires le noyau dur d’un projet de construction d’une infrastructure européenne sur leur domaine de compétence : OPERAS – Open access in the European research area through scholarly communication. Avec un consortium de 40 partenaires en provenance de 16 pays européens, OPERAS vise à proposer une offre de services stables et durables au niveau européen dont le DOAB est une part essentielle.

      Selon Eelco Ferwerda, directeur d’OAPEN : « Le DOAB est devenu une ressource essentielle pour les livres en accès ouvert et nous nous en réjouissons. Je tiens à remercier Lars Bjørnshauge pour son aide dans le développement du service et Salam Baker Shanawa de Sempertool pour avoir fourni la plateforme et soutenu son fonctionnement. Notre collaboration avec OpenEdition a été très précieuse dans l’élaboration du DOAB. Nous espérons à présent atteindre un niveau optimal d’assurance qualité et de transparence ».

      Marie Pellen, directrice d’OpenEdition déclare : « L’engagement d’OpenEdition à soutenir le développement du DOAB est l’un des premiers résultats concrets du Plan national français pour la science ouverte adopté par la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal. Grâce au soutien conjoint du CNRS et d’Aix-Marseille Université, nous sommes heureux de participer activement à une plateforme internationale cruciale pour les sciences humaines et sociales ».

      Pour Pierre Mounier, directeur adjoint d’OpenEdition et coordinateur d’OPERAS : « La création de la Fondation DOAB est une occasion unique de développer une infrastructure ouverte dans le domaine de la publication scientifique, qui s’inscrit dans le cadre de l’effort européen d’OPERAS, pour mettre en œuvre des pratiques scientifiques ouvertes dans les sciences humaines et sociales ».
      OpenEdition

      OpenEdition rassemble quatre plateformes de ressources électronique en sciences humaines et sociales : OpenEdition Books (7 000 livres au catalogue), OpenEdition Journals (500 revues en ligne), Hypothèses (3 000 carnets de recherche), Calenda (40 000 événements publiés). Depuis 2015, OpenEdition est le représentant du DOAB dans la francophonie.

      Les principales missions d’OpenEdition sont le développement de l’édition électronique en libre accès, la diffusion des usages et compétences liées à l’édition électronique, la recherche et l’innovation autour des méthodes de valorisation et de recherche d’information induites par le numérique.
      OAPEN

      La Fondation Open Access Publishing in European Networks (OAPEN) propose une offre de dépôt et de diffusion de monographies scientifiques en libre accès via l’OAPEN Library et le Directory of Open Access Books (DOAB).

      OpenEdition et OAPEN sont partenaires pour un programme d’interopérabilité sur leur catalogue respectif et une mutualisation des offres faites par chacun des partenaires aux éditeurs.

      https://leo.hypotheses.org/15553

    • About #Plan_S

      Plan S is an initiative for Open Access publishing that was launched in September 2018. The plan is supported by cOAlition S, an international consortium of research funders. Plan S requires that, from 2020, scientific publications that result from research funded by public grants must be published in compliant Open Access journals or platforms.

      https://www.coalition-s.org

    • Les #rébellions pour le libre accès aux articles scientifiques

      Les partisans du libre accès arriveront-ils à créer une brèche définitive dans le lucratif marché de l’édition savante ?

      C’est plus fort que moi : chaque fois que je lis une nouvelle sur l’oligopole de l’édition scientifique, je soupire de découragement. Comment, en 2018, peut-on encore tolérer que la diffusion des découvertes soit tributaire d’une poignée d’entreprises qui engrangent des milliards de dollars en exploitant le labeur des scientifiques ?

      D’une main, cette industrie demande aux chercheurs de lui fournir des articles et d’en assurer la révision de façon bénévole ; de l’autre main, elle étrangle les bibliothèques universitaires en leur réclamant des sommes exorbitantes pour s’abonner aux périodiques savants. C’est sans compter le modèle très coûteux des revues « hybrides », une parade ingénieuse des éditeurs qui, sans sacrifier leurs profits, se donnent l’apparence de souscrire au libre accès − un mouvement qui prône depuis 30 ans la diffusion gratuite, immédiate et permanente des publications scientifiques.

      En effet, les journaux hybrides reçoivent un double revenu : l’abonnement et des « frais de publication supplémentaires » versés par les chercheurs qui veulent mettre leurs articles en libre accès. Autrement, leurs travaux restent derrière un mur payant, inaccessibles au public qui les a pourtant financés, en tout ou en partie, par l’entremise de ses impôts. Les grands éditeurs comme Elsevier, Springer Nature et Wiley ont ainsi pris en otage la science, dont le système entier repose sur la nécessité de publier.

      Au printemps dernier, on a assisté à une rebuffade similaire quand plus de 3 300 chercheurs en intelligence artificielle, dont Yoshua Bengio, de l’Université de Montréal, se sont engagés à ne pas participer à la nouvelle revue payante Nature Machine Intelligence.

      Un consortium universitaire allemand, Projekt DEAL, a tenté d’ébranler les colonnes du temple. Depuis deux ans, ses membres négocient avec Elsevier pour mettre fin au modèle traditionnel des abonnements négociés à la pièce, derrière des portes closes. Collectivement, les membres de Projekt DEAL veulent payer pour rendre accessibles, à travers le monde, tous les articles dont le premier auteur est rattaché à un établissement allemand. En échange, ils auraient accès à tous les contenus en ligne de l’éditeur. L’entente devrait obligatoirement être publique.

      Évidemment, cela abaisserait les prix des abonnements. Pour l’instant, Elsevier refuse toute concession et a même retiré l’accès à ses revues à des milliers de chercheurs allemands l’été dernier. La tactique pourrait toutefois se révéler vaine. Pour obtenir des articles, les chercheurs peuvent toujours demander un coup de main à leurs collègues d’autres pays, recourir à des outils gratuits comme Unpaywall qui fouillent le Web pour trouver une version en libre accès ou encore s’en remettre à Sci-Hub, un site pirate qui contourne les murs payants.

      Mais plus que la perte de ses clients, c’est l’exode de ses « fournisseurs » qui écorcherait à vif Elsevier. Déjà, des scientifiques allemands ont juré qu’ils ne contribueraient plus à son catalogue de publications – qui contient pourtant des titres prestigieux comme The Lancet et Cell.

      Au printemps dernier, on a assisté à une rebuffade similaire quand plus de 3300 chercheurs en intelligence artificielle, dont Yoshua Bengio, de l’Université de Montréal, se sont engagés à ne pas participer à la nouvelle revue payante Nature Machine Intelligence. Partisans du libre accès, ils la considèrent comme « un pas en arrière » pour l’avenir de leur discipline.

      Et puis il y a le « plan S » : début septembre, 11 organismes subventionnaires européens ont annoncé que, à partir de 2020, ils ne financeront que les scientifiques promettant de diffuser leurs résultats dans des revues en libre accès. Le plan S exclurait d’office environ 85 % des journaux savants, y compris Nature et Science.

      Ces petites rébellions déboucheront-elles sur une véritable révolution de l’édition scientifique ? Difficile à dire, mais c’est suffisant pour passer du découragement à l’espoir.

      https://www.quebecscience.qc.ca/edito/rebellions-libre-acces-articles-scientifiques

    • Le business très juteux des revues scientifiques

      Les chercheurs produisent et révisent gratuitement des articles publiés dans des journaux dont l’accès est ensuite facturé très cher aux organismes de recherche dont ils dépendent.

      La crise sanitaire a mis les grands noms de l’édition scientifique sur le devant de la scène. Au début du mois de mars, la majorité des journaux scientifiques ont choisi de diffuser gratuitement les articles en lien avec le coronavirus, afin d’accélérer la recherche. Philanthropes ? Pas vraiment...

      En temps normal, les connaissances scientifiques se monnaient très cher. Les quelques maisons d’édition qui possèdent l’essentiel de ces revues sont parmi les entreprises les plus rentables au monde, affichant des marges de 30 % à 40 %. C’est plus que le géant de l’informatique Apple, qui enregistre une marge de 21 % sur ces dix dernières années. Le secret des éditeurs scientifiques réside en grande partie dans le fait qu’ils vendent des produits obtenus sans dépenser un sou... ou presque. Au sein de la communauté scientifique, les voix sont de plus en plus nombreuses à dénoncer ce système, source de profits considérables au détriment des fonds publics. Jeudi, le prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT) annonçait ainsi mettre fin aux négociations avec le leader du secteur, Elsevier.

      Le système est ainsi construit : un chercheur a tout intérêt à proposer des articles, puisque sa carrière (obtention d’un poste, de financements...) dépend étroitement du nombre d’articles qu’il publie et du prestige des journaux dans lesquels il publie. Lorsque le comité éditorial d’une revue est intéressé par un article qui lui a été proposé, il le soumet à des scientifiques spécialistes du domaine, qui sont chargés de l’évaluer. Ce travail essentiel, appelé « révision par les pairs » dans le jargon de l’édition scientifique, est réalisé bénévolement. Si l’article est accepté, le chercheur est alors contraint d’en céder les droits à l’éditeur, à titre exclusif et gracieux. L’entreprise revend ensuite aux bibliothèques universitaires et aux laboratoires de recherche des abonnements permettant d’accéder à ces articles. « Des personnes non rémunérées par l’éditeur produisent et évaluent gratuitement des résultats scientifiques que leurs institutions doivent ensuite acheter à l’éditeur » , résume Didier Torny, spécialiste de l’économie politique de la publication scientifique au CNRS. « Les profits arrivent ensuite dans la poche des actionnaires, c’est la poule aux oeufs d’or » , poursuit Marie Farge, mathématicienne et physicienne, directrice de recherche émérite au CNRS.

      Le secteur se porte mieux que jamais. En 2018, le marché pesait 25,7 milliards de dollars, selon l’Association internationale des éditeurs scientifiques, contre 21 milliards de dollars en 2010. Elsevier (désormais RELX), qui possède plus de 2 500 revues dont The Lancet et Cell , affichait en 2019 un chiffre d’affaires de 7,87 milliards d’euros (dont un tiers provient de l’édition), soit 5 % de plus qu’en 2018. Un succès qui s’explique notamment par l’augmentation des montants facturés aux clients. Lors des négociations, le rapport de force n’est pas en faveur des bibliothèques. « Nous étions contents quand nous arrivions à négocier une hausse de 12 % au lieu de 15 % » , se souvient Bernard Rentier, recteur de l’université de Liège (Belgique) entre 2005 et 2014. « Si nous refusions le contrat, nous nous entendions dire que notre établissement allait devenir un petit trou de province, faute de pouvoir accéder à cette littérature , poursuit l’universitaire, auteur de Science ouverte, le défi de la transparence (Éditions de l’Académie royale de Belgique). Ce sont des requins assumés, mais je ne leur jette pas la pierre : ils ont pour oeuvre de gagner de l’argent. On ne peut que reprocher aux clients d’être clients. »

      Actuellement, la France dépense environ 62 millions d’euros par an pour l’accès aux revues électroniques. Entre les années 1990 et 2018, la facture aurait augmenté annuellement de 2 % à 4 %, d’après une source proche du dossier. Mais il est difficile de le savoir précisément car la transparence n’est pas de mise. Jusqu’à récemment, les contrats noués entre Couperin (le consortium représentant plus de 250 acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche en France) et les éditeurs étaient confidentiels, à la demande de ces derniers. « Les négociations se font à la tête du client, et comme les contrats sont secrets, personne ne sait combien paient les autres » , dénonce Marie Farge. Pour la première fois en France, le contrat négocié avec la firme Elsevier en octobre 2019 a été divulgué officiellement (certains ont déjà fuité par le passé) : pendant quatre ans, 227 établissements de recherche et d’enseignement supérieur pourront accéder à 2 300 revues et services pour 34,7 millions d’euros par an en moyenne.

      Pendant longtemps, les frais d’édition semblaient tout à fait justifiés et n’étaient pas remis en cause par la communauté scientifique. « Au moment de l’essor des revues spécialisées, au XIXe siècle, les sociétés savantes ont délégué le travail d’édition, d’impression et de diffusion à des libraires et des éditeurs , rapporte Valérie Tesnière, spécialiste des pratiques et politiques éditoriales scientifiques contemporaines à l’École des hautes études en sciences sociales. Le modèle économique a été conçu à un moment où les auteurs et les rédactions des journaux avaient bien du mal à écrire en anglais (pour les Européens) et à assurer les mises aux normes des données qui facilitent la circulation internationale de l’information. Les éditeurs ont fait payer ce service et plus il était performant, plus les marges ont été confortables, car un bon service se paie. »

      Le développement d’internet aurait pu signer la fin de ce système, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Et certains chercheurs estiment désormais que les prix pratiqués sont excessifs. « Bien sûr, il y a encore des frais liés aux serveurs, à la main-d’oeuvre, aux stockages des données , concède Laurette Tuckerman, physicienne à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles à Paris, mais la distribution se fait désormais essentiellement par voie électronique et ce sont souvent les chercheurs eux-mêmes qui s’occupent de la mise en page. » « Les coûts ne sont pas si nuls , conteste Valérie Tesnière. Les éditeurs fournissent aussi d’autres services aux chercheurs. Ils assurent en outre une diffusion internationale, organisée et immédiate via des systèmes d’information élaborés, qui leur font gagner du temps. »

      Mais l’escalade des prix s’explique en grande partie par un autre phénomène : la mise en place d’un oligopole, qui peut donc dicter à sa guise les lois du marché. « En trente ans, nous avons assisté à l’émergence de grands consortiums par fusions et acquisitions » , rapporte Bernard Rentier. Sur les quelque 12 000 éditeurs dans le monde, cinq se partagent 40 % du chiffre d’affaires. Autre raison de cette hausse spectaculaire, la nature des biens échangés. « En principe, si une entreprise vend un bien trop cher, les consommateurs vont se tourner vers ses concurrents. Mais en sciences, c’est impossible car les biens sont uniques » , explique Laurette Tuckerman. En économie, on parle de « demande inélastique » : la consommation n’est pas modifiée - ou très peu - par l’augmentation des prix. Cette spécificité du secteur n’est pas passée inaperçue aux yeux des investisseurs. Dès le début des années 2000, la banque d’investissement Morgan Stanley constatait que « la nature de niche du marché et la croissance rapide du budget des bibliothèques universitaires ont fait du marché de la publication scientifique le secteur de l’industrie des médias le plus florissant de ces quinze dernières années » .

      Pour justifier ces hausses répétées des prix, les éditeurs se sont mis à proposer des bouquets de revues (les « big deals » ) à des tarifs plus intéressants que la vente à l’unité, puis à augmenter le nombre de revues (et donc d’articles). Plus récemment, ils ont développé une autre stratégie, calquée sur une idée chère à la communauté scientifique : l’accès libre, gratuit pour tous... sauf pour les auteurs. Depuis le milieu des années 2000, ils proposent aux chercheurs de payer des frais de publication (les Article Publishing Charges, ou APC) afin que leur travail soit diffusé gratuitement. « Les établissements de recherche déboursent deux fois , résume Florence Audier, chercheuse à l’université Panthéon-Sorbonne, dans un article publié en 2018 dans la revue La Vie de la recherche scientifique . D’un côté en payant les frais de publication open access et de l’autre en maintenant l’abonnement à ces mêmes revues. »

      Si les frais d’abonnement commencent tout juste à s’infléchir - comme l’atteste la baisse des coûts de 13,3 % négociée lors du dernier contrat entre la France et Elsevier -, les APC connaissent une croissance très importante. D’après le consortium Couperin, les charges demandées par article par les éditeurs ont augmenté de 12 % en France entre 2015 et 2017, passant de 1 500 à 1 700 euros. Ces frais peuvent s’élever jusqu’à 7 000 dollars pour certains journaux. Des sommes souvent décorrélées des coûts de publication : « Les coûts réels pour publier un article uniquement en ligne peuvent être estimés entre 260 et 870 dollars, selon la qualité du travail d’édition et de relecture. Pour une version imprimée, c’est 1 300 à 2 000 dollars » , indique Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS. Pour Marie Farge, ces pratiques « relèvent plus du droit de péage que de la tarification de services apportés aux auteurs et aux lecteurs des articles publiés électroniquement » . Contacté par Le Figaro , Elsevier n’a pas répondu aux questions soulevées dans cet article.

      Depuis une dizaine d’années, les initiatives se multiplient pour lutter contre ce système. Certains chercheurs refusent désormais de publier dans des revues commerciales ou de réviser les articles qui y sont soumis, des comités éditoriaux démissionnent pour protester contre l’augmentation des coûts de publication, et des bras de fer entre les éditeurs et les universités ont lieu un peu partout. Après tout, si les chercheurs quittaient la table des négociations, que deviendraient les éditeurs ?

      https://www.lefigaro.fr/sciences/le-business-tres-juteux-des-revues-scientifiques-20200612

    • Le business très juteux des revues scientifiques

      Les chercheurs produisent et révisent gratuitement des articles publiés dans des journaux dont l’accès est ensuite facturé très cher aux organismes de recherche dont ils dépendent.

      La crise sanitaire a mis les grands noms de l’édition scientifique sur le devant de la scène. Au début du mois de mars, la majorité des journaux scientifiques ont choisi de diffuser gratuitement les articles en lien avec le coronavirus, afin d’accélérer la recherche. Philanthropes ? Pas vraiment...

      En temps normal, les connaissances scientifiques se monnaient très cher. Les quelques maisons d’édition qui possèdent l’essentiel de ces revues sont parmi les entreprises les plus rentables au monde, affichant des marges de 30 % à 40 %. C’est plus que le géant de l’informatique Apple, qui enregistre une marge de 21 % sur ces dix dernières années. Le secret des éditeurs scientifiques réside en grande partie dans le fait qu’ils vendent des produits obtenus sans dépenser un sou... ou presque. Au sein de la communauté scientifique, les voix sont de plus en plus nombreuses à dénoncer ce système, source de profits considérables au détriment des fonds publics. Jeudi, le prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT) annonçait ainsi mettre fin aux négociations avec le leader du secteur, Elsevier.

      Le système est ainsi construit : un chercheur a tout intérêt à proposer des articles, puisque sa carrière (obtention d’un poste, de financements...) dépend étroitement du nombre d’articles qu’il publie et du prestige des journaux dans lesquels il publie. Lorsque le comité éditorial d’une revue est intéressé par un article qui lui a été proposé, il le soumet à des scientifiques spécialistes du domaine, qui sont chargés de l’évaluer. Ce travail essentiel, appelé « révision par les pairs » dans le jargon de l’édition scientifique, est réalisé bénévolement. Si l’article est accepté, le chercheur est alors contraint d’en céder les droits à l’éditeur, à titre exclusif et gracieux. L’entreprise revend ensuite aux bibliothèques universitaires et aux laboratoires de recherche des abonnements permettant d’accéder à ces articles. « Des personnes non rémunérées par l’éditeur produisent et évaluent gratuitement des résultats scientifiques que leurs institutions doivent ensuite acheter à l’éditeur » , résume Didier Torny, spécialiste de l’économie politique de la publication scientifique au CNRS. « Les profits arrivent ensuite dans la poche des actionnaires, c’est la poule aux oeufs d’or » , poursuit Marie Farge, mathématicienne et physicienne, directrice de recherche émérite au CNRS.

      Le secteur se porte mieux que jamais. En 2018, le marché pesait 25,7 milliards de dollars, selon l’Association internationale des éditeurs scientifiques, contre 21 milliards de dollars en 2010. Elsevier (désormais RELX), qui possède plus de 2 500 revues dont The Lancet et Cell , affichait en 2019 un chiffre d’affaires de 7,87 milliards d’euros (dont un tiers provient de l’édition), soit 5 % de plus qu’en 2018. Un succès qui s’explique notamment par l’augmentation des montants facturés aux clients. Lors des négociations, le rapport de force n’est pas en faveur des bibliothèques. « Nous étions contents quand nous arrivions à négocier une hausse de 12 % au lieu de 15 % » , se souvient Bernard Rentier, recteur de l’université de Liège (Belgique) entre 2005 et 2014. « Si nous refusions le contrat, nous nous entendions dire que notre établissement allait devenir un petit trou de province, faute de pouvoir accéder à cette littérature , poursuit l’universitaire, auteur de Science ouverte, le défi de la transparence (Éditions de l’Académie royale de Belgique). Ce sont des requins assumés, mais je ne leur jette pas la pierre : ils ont pour oeuvre de gagner de l’argent. On ne peut que reprocher aux clients d’être clients. »

      Actuellement, la France dépense environ 62 millions d’euros par an pour l’accès aux revues électroniques. Entre les années 1990 et 2018, la facture aurait augmenté annuellement de 2 % à 4 %, d’après une source proche du dossier. Mais il est difficile de le savoir précisément car la transparence n’est pas de mise. Jusqu’à récemment, les contrats noués entre Couperin (le consortium représentant plus de 250 acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche en France) et les éditeurs étaient confidentiels, à la demande de ces derniers. « Les négociations se font à la tête du client, et comme les contrats sont secrets, personne ne sait combien paient les autres » , dénonce Marie Farge. Pour la première fois en France, le contrat négocié avec la firme Elsevier en octobre 2019 a été divulgué officiellement (certains ont déjà fuité par le passé) : pendant quatre ans, 227 établissements de recherche et d’enseignement supérieur pourront accéder à 2 300 revues et services pour 34,7 millions d’euros par an en moyenne.

      Pendant longtemps, les frais d’édition semblaient tout à fait justifiés et n’étaient pas remis en cause par la communauté scientifique. « Au moment de l’essor des revues spécialisées, au XIXe siècle, les sociétés savantes ont délégué le travail d’édition, d’impression et de diffusion à des libraires et des éditeurs , rapporte Valérie Tesnière, spécialiste des pratiques et politiques éditoriales scientifiques contemporaines à l’École des hautes études en sciences sociales. Le modèle économique a été conçu à un moment où les auteurs et les rédactions des journaux avaient bien du mal à écrire en anglais (pour les Européens) et à assurer les mises aux normes des données qui facilitent la circulation internationale de l’information. Les éditeurs ont fait payer ce service et plus il était performant, plus les marges ont été confortables, car un bon service se paie. »

      Le développement d’internet aurait pu signer la fin de ce système, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Et certains chercheurs estiment désormais que les prix pratiqués sont excessifs. « Bien sûr, il y a encore des frais liés aux serveurs, à la main-d’oeuvre, aux stockages des données , concède Laurette Tuckerman, physicienne à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles à Paris, mais la distribution se fait désormais essentiellement par voie électronique et ce sont souvent les chercheurs eux-mêmes qui s’occupent de la mise en page. » « Les coûts ne sont pas si nuls , conteste Valérie Tesnière. Les éditeurs fournissent aussi d’autres services aux chercheurs. Ils assurent en outre une diffusion internationale, organisée et immédiate via des systèmes d’information élaborés, qui leur font gagner du temps. »

      Mais l’escalade des prix s’explique en grande partie par un autre phénomène : la mise en place d’un oligopole, qui peut donc dicter à sa guise les lois du marché. « En trente ans, nous avons assisté à l’émergence de grands consortiums par fusions et acquisitions » , rapporte Bernard Rentier. Sur les quelque 12 000 éditeurs dans le monde, cinq se partagent 40 % du chiffre d’affaires. Autre raison de cette hausse spectaculaire, la nature des biens échangés. « En principe, si une entreprise vend un bien trop cher, les consommateurs vont se tourner vers ses concurrents. Mais en sciences, c’est impossible car les biens sont uniques » , explique Laurette Tuckerman. En économie, on parle de « demande inélastique » : la consommation n’est pas modifiée - ou très peu - par l’augmentation des prix. Cette spécificité du secteur n’est pas passée inaperçue aux yeux des investisseurs. Dès le début des années 2000, la banque d’investissement Morgan Stanley constatait que « la nature de niche du marché et la croissance rapide du budget des bibliothèques universitaires ont fait du marché de la publication scientifique le secteur de l’industrie des médias le plus florissant de ces quinze dernières années » .

      Pour justifier ces hausses répétées des prix, les éditeurs se sont mis à proposer des bouquets de revues (les « big deals » ) à des tarifs plus intéressants que la vente à l’unité, puis à augmenter le nombre de revues (et donc d’articles). Plus récemment, ils ont développé une autre stratégie, calquée sur une idée chère à la communauté scientifique : l’accès libre, gratuit pour tous... sauf pour les auteurs. Depuis le milieu des années 2000, ils proposent aux chercheurs de payer des frais de publication (les Article Publishing Charges, ou APC) afin que leur travail soit diffusé gratuitement. « Les établissements de recherche déboursent deux fois , résume Florence Audier, chercheuse à l’université Panthéon-Sorbonne, dans un article publié en 2018 dans la revue La Vie de la recherche scientifique . D’un côté en payant les frais de publication open access et de l’autre en maintenant l’abonnement à ces mêmes revues. »

      Si les frais d’abonnement commencent tout juste à s’infléchir - comme l’atteste la baisse des coûts de 13,3 % négociée lors du dernier contrat entre la France et Elsevier -, les APC connaissent une croissance très importante. D’après le consortium Couperin, les charges demandées par article par les éditeurs ont augmenté de 12 % en France entre 2015 et 2017, passant de 1 500 à 1 700 euros. Ces frais peuvent s’élever jusqu’à 7 000 dollars pour certains journaux. Des sommes souvent décorrélées des coûts de publication : « Les coûts réels pour publier un article uniquement en ligne peuvent être estimés entre 260 et 870 dollars, selon la qualité du travail d’édition et de relecture. Pour une version imprimée, c’est 1 300 à 2 000 dollars » , indique Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS. Pour Marie Farge, ces pratiques « relèvent plus du droit de péage que de la tarification de services apportés aux auteurs et aux lecteurs des articles publiés électroniquement » . Contacté par Le Figaro , Elsevier n’a pas répondu aux questions soulevées dans cet article.

      Depuis une dizaine d’années, les initiatives se multiplient pour lutter contre ce système. Certains chercheurs refusent désormais de publier dans des revues commerciales ou de réviser les articles qui y sont soumis, des comités éditoriaux démissionnent pour protester contre l’augmentation des coûts de publication, et des bras de fer entre les éditeurs et les universités ont lieu un peu partout. Après tout, si les chercheurs quittaient la table des négociations, que deviendraient les éditeurs ?

      https://www.lefigaro.fr/sciences/le-business-tres-juteux-des-revues-scientifiques-20200612

    • Privés de savoir ?

      Dans le monde de la recherche scientifique, publier ses travaux est un passage obligé. Cela permet aux chercheuses et chercheurs de faire connaître leur travail mais aussi d’être identifié par leurs pairs et pourquoi pas d’obtenir un poste, à condition d’être publié dans
      les bonnes revues. Sauf que cette mécanique de publication - qui permettait à la base de faire circuler le savoir - est devenue une vraie chasse gardée économique : celle des éditeurs scientifiques. Quelques grands noms comme le neerlandais Elsevier ou le groupe Springer/Nature se partagent un marché juteux et privatisent au passage des travaux scientifiques la plupart du temps financés par des fonds publics.

      https://www.youtube.com/watch?v=WnxqoP-c0ZE

      voir aussi ce fil de discussion dans lequel ce film est cité :

      On turning down poorly-paid, limited value, academic work

      https://seenthis.net/messages/653533

  • Après la Guinée Bissau, nouvelle extension d’APC dans le palmier à huile au Congo | Commodafrica
    http://www.commodafrica.com/09-05-2018-apres-la-guinee-bissau-nouvelle-extension-dapc-dans-le-palm

    L’américain African Palm Corp (APC) a ajouté 3 millions d’hectares supplémentaires de palmier à l’huile en Afrique de l’Ouest à son portefeuille avec la signature d’un accord avec la Société et les représentants de Ngalipomi, groupe local basé au Congo. Cet accord conférera à APC un accès à trois millions d’hectares supplémentaires de palmiers en Afrique de l’Ouest, en #Guinée_Bissau et au #Congo.

    « C’est le deuxième accord que nous concluons en seulement quelques mois, et nous sommes ravis d’inclure le Congo dans notre nouvelle phase d’exploitation. Ceci renforce notre vision consistant à créer un modèle d’affaires durable, capable d’autonomiser économiquement les communautés locales africaines via la culture de fruits de palmier », a expliqué Oscar A. Faria, président et PDG d’African Palm Corp. En avril dernier le groupe américain a annoncé le lancement de ses activités en Guinée Bissau sur 1,5 million d’hectares (cf. nos informations ).

    #industrie_palmiste

  • Reçu aujourd’hui, le 13 décembre 2017, par mailing-list du #FNS (#Fonds_national_suisse_de_la_recherche_scientifique)

    Chères requérantes, chers requérants,

    L’Open Access (OA ou libre accès) vous apporte de nombreux avantages dans la recherche : vos publications sont plus visibles et produisent davantage d’impact. Vous obtenez de plus un accès rapide et illimité aux publications de vos collègues. Grâce à l’OA, toutes les personnes intéressées peuvent en outre utiliser les résultats de la recherche, indépendamment de leur revenu et de leur lieu de résidence. L’OA démocratise l’accès à la connaissance, encourage le transfert de la connaissance dans la société et l’économie et constitue l’une des bases de la science ouverte (Open Science).

    Pour le FNS, il est clair que les résultats de la recherche financée par des fonds publics représentent un bien public. Cette conception s’impose de façon accrue dans la recherche scientifique. L’OA devient la nouvelle norme d’excellence.

    Un objectif à 100 %

    En janvier 2017, les hautes écoles suisses ont établi une stratégie OA avec le soutien du FNS. A partir de 2024, elles s’engagent à rendre librement accessible toutes les publications financées à l’aide de fonds publics. Dans ce contexte, le FNS a décidé que 100 % des publications issues de projets financés par le FNS seront en libre accès à partir de 2020, c’est-à-dire disponibles de façon illimitée, gratuites et en format numérique. Jusqu’à présent, moins de 50 % des publications financées par le FNS sont en OA.

    Comment pouvez-vous satisfaire à cette obligation de libre accès ? Vous pouvez publier votre article directement dans une revue OA ou votre livre dans le cadre d’une offre éditoriale OA. Il s’agit de l’approche « golden road ». Vous pouvez également archiver l’article ou le livre dans une base de données institutionnelle ou spécifique à une discipline. Il s’agit de la méthode « green road ».

    Le FNS finance les frais de publication pour la « #golden_road »

    Le FNS adapte sa politique d’encouragement au 1er avril 2018 (« Politique OA 2020 ») afin que nous atteignions cet objectif ensemble :

    Articles : le FNS continue de financer les frais de publications d’un article (« #Article_Processing_Charges », #APC) pour les publications sans embargo dans des revues OA. Il supprime jusqu’à nouvel ordre la limite supérieure actuelle de CHF 3000.–. Cependant, les montants APC disproportionnés peuvent être réduits.
    Livres : à partir du 1er avril 2018, le FNS finance les frais de publication d’un livre (« Book Processing Charges » BPC) pour les publications sans embargo de livres OA résultant autant des projets soutenus par le FNS que des projets sans financement du FNS.
    Chapitre de livres : le FNS finance à partir du 1er octobre 2018 les frais de « Book Chapter Processing Charge » (BCPC) lors de la publication immédiate de chapitres de livres.
    Demande de montants pour publication : à partir du 1er avril 2018, vous ne devez plus spécifier les subsides de publication comme frais imputables dans une requête. Une fois l’octroi accordé, vous pouvez déposer une demande via une plateforme OA faisant partie intégrante de mySNF. Celle-ci peut se faire à partir du 1er avril 2018 pour les BPC, et à partir du 1er octobre 2018 pour les APC et les BCPC. Cette demande est également possible au-delà du terme du projet.
    « #Green_road » : comme jusqu’à présent, vous devriez avoir déposé les articles au plus tard après six mois dans une banque de données publiquement accessible. Désormais, un délai de 12 mois au lieu de 24 s’applique aux livres. D’un point de vue du contenu, les œuvres déposées dans la base de données doivent correspondre à la version éditoriale.

    Je vous remercie de bien vouloir prendre en compte à l’avenir uniquement les maisons d’édition qui acceptent les normes pour vos publications. En outre, vous devriez veiller à ne publier aucun travail dans une revue #OA_frauduleuse (« #Predatory_journal »). En cas de doute quant à la faculté d’une revue à satisfaire les critères du libre accès, veuillez consulter la liste disponible sous thinkchecksubmit.org/check.

    Vous trouverez des informations détaillées relatives à la nouvelle « Politique OA 2020 » du FNS et aux dispositions transitoires sur notre site Internet.

    En tant que membre de la communauté scientifique, je vous encourage à apporter votre contribution à l’ouverture et à la compétitivité de la recherche suisse. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons ancrer plus solidement l’Open Access dans la science et dans la population.

    Je vous remercie de votre précieuse collaboration et vous prie d’agréer, chères requérantes, chers requérants, mes salutations les meilleures.


    Prof. Matthias Egger
    Président du Conseil national de la recherche FNS

    #hypocrisie #édition_scientifique #savoir #open_access (faux) #golden_open_access #publications_scientifiques

    –-> le diable est dans le détail... et dans ce cas dans la promotion du #gold_open_access :

    La « Gold Road » : les chercheuses et chercheurs publient directement dans une revue scientifique Open Access permettant un accès électronique, libre, gratuit et immédiat à tous ses articles. Les coûts de publications, connus sous le nom de « Article Processing Charges » (APCs), sont généralement payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds .

    –-> je copie-colle pour que ça soit clair :

    Les coûts de publications, connus sous le nom de « Article Processing Charges » (APCs), sont généralement payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds

    http://www.snf.ch/fr/leFNS/points-de-vue-politique-de-recherche/open-access/Pages/default.aspx#Variantes%20de%20l%27Open%20Access

    –-

    ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
    https://seenthis.net/messages/1036396

    • Voici mon message que j’ai posté sur FB (je ne sais pas si tout le monde y a accès, mais voilà, pour archivage) :

      Je viens de recevoir un message (via newsletter) du SNF FNS SNSF. Titre : "Open Access pour toutes les publications financées par le FNS : nouvelle politique"

      Et je lis :
      "Comment pouvez-vous satisfaire à cette obligation de libre accès ? Vous pouvez publier votre article directement dans une revue OA ou votre livre dans le cadre d’une offre éditoriale OA. Il s’agit de l’approche « golden road ». Vous pouvez également archiver l’article ou le livre dans une base de données institutionnelle ou spécifique à une discipline. Il s’agit de la méthode « green road »."

      Juste pour être claire, voici ce qu’est la "golden road" :
      La "Gold Road" : les chercheuses et chercheurs publient directement dans une revue scientifique Open Access permettant un accès électronique, libre, gratuit et immédiat à tous ses articles. Les coûts de publications, connus sous le nom de "Article Processing Charges" (APCs), sont généralement payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds.
      (http://www.snf.ch…/points-…/open-access/Pages/default.aspx…)

      Si il y a des "coûts de de publications qui sont payés par l’auteur, son institution ou un autre bailleur de fonds" à des entreprises privées (Elsevier ou Springer Shop pour ne pas les nommées) qui sont en réalité des entreprises prédatrices et qui se font des bénéfices faramineux sur les épaules des chercheurs·ses et des universités publiques, bhein, désolée, mais c’est pour moi une autre manière de piller le savoir aux universités, sous couvert de accès libre. C’est se plier aux règles du marché, contre la science, contre la connaissance, contre le savoir.

      #hypocrisie totale.

      https://www.facebook.com/cristina.delbiaggio/posts/10154830117555938

    • Contre les prix trop élevés d’accès aux publications, les scientifiques font le mur

      En plein essor du libre accès aux publications scientifiques, de nouveaux outils émergent pour aider à trouver facilement – et sans payer – des articles placés derrière un coûteux « paywall » ou une autre forme d’abonnement.

      Les sciences ont-elles perdu leur caractère ouvert et universel ? Le mouvement de l’open access ou accès libre, dans lequel les publications scientifiques sont disponibles gratuitement et non plus contre d’onéreux abonnements, semble en tout cas en témoigner.

      L’open access, porté par des plateformes telles que PLoS, acronyme anglais pour Bibliothèque publique des sciences, constitue une alternative aux éditeurs scientifiques classiques et privés comme Elsevier, Springer Nature ou Wiley dont les tarifs, régulièrement revus à la hausse, irritent le milieu académique qui cherche des parades.
      En 2017, le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), tout comme l’Union européenne, s’est ainsi fixé l’objectif de rendre disponible en open access, à partir de 2020, la totalité des publications scientifiques qu’il finance. Le 4 septembre, onze fonds européens de financement de la recherche ont même publié un « Plan S » qui rendra cela obligatoire. Le fonds suisse soutient ce plan mais veut l’étudier juridiquement avant de le signer.

      Sans abonnement, les chercheurs et le public font face à des paywalls qui obligent à payer en moyenne une trentaine de francs par article, ou plusieurs milliers de francs pour des bouquets d’abonnements à l’année. « Pour la bibliothèque de l’Université de Genève, cela représente plus de 4,5 millions de francs par année pour l’ensemble des ressources électroniques (journaux, livres, bases de données) », estime Jean-Blaise Claivaz, coordinateur open access et données de recherche à l’Université de Genève.
      Disruption illégale

      Ce marché figé a donné des idées à certains. En 2011, Alexandra Elbakyan, une chercheuse kazakhe, a créé Sci-Hub, une plateforme qui donne accès gratuitement – et illégalement – à plus de 70 millions d’articles scientifiques. Début 2016, 164 000 articles y étaient téléchargés chaque jour.

      « Actuellement, en Suisse, il n’est pas illégal de télécharger sur Sci-Hub, le téléchargeur n’est pas punissable, explique Jean-Blaize Claivaz. A l’Université de Genève, nous pourrions arrêter tous les abonnements et utiliser Sci-Hub. Ce n’est pas une position que l’université est prête à endosser mais nous ne pourrions pas être poursuivis. »

      Une autre façon légale de contourner les paywalls des éditeurs scientifiques est de chercher l’article dans les nombreuses archives numériques ouvertes des bibliothèques. Ces dernières contournent les abonnements en permettant aux chercheurs de verser leurs propres articles et de les rendre accessibles gratuitement – quoique en une version « brouillon » dépourvue des ultimes modifications apportées par les éditeurs avant publication. Mais faire sa bibliographie sur ces plateformes reste long et fastidieux, car il faut faire ses recherches sur chaque archive.

      C’est pour pallier ce problème que sont récemment apparus de nouveaux outils capables d’automatiser le processus, des sortes de moteurs de recherche qui vont simultanément interroger un grand nombre d’archives. Certains sont à visée commerciale (Kopernio, Anywhere Access), d’autres à but non lucratif (Open Access Button, Unpaywall). Si chacun possède ses particularités, le principe est le même : face à un paywall, ces outils (qui peuvent prendre la forme d’une extension de navigateur web) se chargent de trouver une version de l’article hébergée dans une archive ouverte, quelque part dans les méandres d’internet.
      Unpaywall mis en place à Genève

      Pour Jean-Blaize Claivaz, « le côté non lucratif d’Unpaywall et la présence dans son équipe de grands noms de la scène open access attirent la sympathie et une certaine confiance de la communauté scientifique. Ça lui donne un certain avantage face à ses concurrents. »

      La bibliothèque de l’Université de Genève a d’ailleurs récemment intégré un bouton Unpaywall à son système de recherche d’article scientifique. « Nous avons comparé l’accès avec et sans Unpaywall à l’Université de Genève et nous avons constaté que cette solution augmentait l’accès à la littérature scientifique en sciences de la vie d’environ 25% », ajoute-t-il.

      Les grandes entreprises du secteur voient plutôt d’un bon œil l’arrivée de ces petits acteurs qui s’inscrivent dans une position moins radicale que Sci-Hub, qui collectent des données monétisables et qu’il est possible de racheter pour mieux contrôler.

      Kopernio a été racheté en avril par Clarivate Analytics, entreprise peu connue du grand public mais propriétaire du Web of Science, rassemblement de sept grandes bases de données bibliographiques qui est derrière le calcul du fameux facteur d’impact des journaux. Fin juillet, Elsevier et Impactstory, la société éditrice d’Unpaywall, ont conclu un accord qui permet à l’éditeur d’intégrer Unpaywall dans sa propre base de données.

      Mais ces solutions demandent toutes de faire un effort d’installation et d’intégration. Malgré ses démêlés judiciaires et pour l’heure, Sci-Hub semble rester la solution la plus simple pour accéder à l’ensemble, ou presque, de la littérature scientifique.

      https://www.letemps.ch/sciences/contre-prix-eleves-dacces-aux-publications-scientifiques-mur

    • Stratégie nationale suisse Open Access

      Depuis une dizaine d’années, le mouvement Open Access est en fort développement international. Les hautes écoles et les institutions de recherche suisses s’engagent activement dans ce processus. Elles ont ainsi développé durant ces deux dernières années une stratégie nationale Open Access ainsi qu’un plan d’action pour sa mise en œuvre.

      A la demande du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) et avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), swissuniversities a développé dans le courant de l’année 2016 une stratégie nationale en faveur de l’Open Access. L’Assemblée plénière de swissuniversities, la Conférence des recteurs des hautes écoles suisses, a adopté cette stratégie le 31 janvier 2017.

      La stratégie Open Access pose les principes d’une vision commune pour les hautes écoles suisses, selon laquelle toutes les publications financées par les pouvoirs publics seront en accès libre en 2024. De manière générale, toutes les publications scientifiques en Suisse devraient être en Open Access en 2024. Cette vision s’aligne sur les modèles européens actuels. Afin de mettre en œuvre cette vision, différents champs d’action ont été identifiés, visant notamment à aligner les pratiques Open Access en Suisse, renforcer les négociations avec les éditeurs, renforcer la communication et les incitatifs auprès des chercheurs ainsi qu’envisager de nouveaux modes de publication. L’analyse des flux financiers en matière de publications scientifiques réalisée par un groupe d’expert anglais sous mandat du FNS et du programme « Information scientifique » de swissuniversities recommande un modèle basé sur une approche pragmatique et flexible.
      Plan d’action Open Access

      Afin de concrétiser la stratégie nationale suisse, une deuxième étape a consisté à développer durant l’année 2017 un plan d’action qui détermine les mesures à entreprendre pour la mise en œuvre de la stratégie nationale. Le plan d’action a été élaboré en collaboration avec les différents partenaires (FNS, SEFRI, bibliothèques des hautes écoles, représentés dans un groupe de travail) au terme d’une démarche d’analyse et de consultation auprès des hautes écoles et des autres partenaires clés. Ce plan d’action a pour but de proposer aux hautes écoles suisses des pistes et solutions pour atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés en adoptant la stratégie nationale suisse sur l’Open Access. Les mesures proposées ont pour mission de soutenir dans leur démarche en respectant leur autonomie, leurs spécificités et la diversité des disciplines et des modes de recherche.

      L’Assemblée plénière de swissuniversities a adopté le plan d’action et le Conseil des hautes écoles de la Conférence suisse des hautes écoles en a pris favorablement connaissance en février 2018, permettant ainsi de lancer les activités de mise en œuvre pour les hautes écoles suisses.

      Le travail de mise en œuvre débute maintenant, sous la coordination de swissuniversities et dans le respect de l’autonomie des hautes écoles. La stratégie nationale Open Access apparaît comme un instrument essentiel pour maîtriser le processus de transformation et optimiser l’utilisation de ces ressources.
      Publications scientifiques – Négociations avec les éditeurs internationaux

      Afin d’atteindre l’objectif selon lequel les publications financées par les pouvoirs publics doivent être en accès libre en 2024, il est indispensable de disposer d’accords avec les éditeurs scientifiques permettant une publication ouverte des articles et monographies sans que cela ne crée de surcoûts pour les hautes écoles suisses. En ce sens, le comité de swissuniversities a adopté une nouvelle stratégie en matière de négociation avec les éditeurs qui privilégie le modèle « Read & Publish ». Ce modèle prévoit que les hautes écoles financent les coûts de publication et paient un tarif fixe à la lecture/téléchargements des articles et ouvrages publiés, en remplacement des abonnements classiques dont les tarifs fluctuaient selon les revues. Cette approche sera appliquée pour les négociations avec l’éditeur Springer Nature, et il est prévu d’en faire de même avec les éditeurs Elsevier et Wiley. Dans l’intérêt de réussir le processus de transition vers l’Open Access, swissuniversities a adapté l’agenda communiqué en mars 2018 à la demande de Springer Nature et négocie une #solution_transitoire.

      https://www.swissuniversities.ch/fr/themes/politique-des-hautes-ecoles/open-access

      v. aussi le factsheet :
      https://www.swissuniversities.ch/fileadmin/swissuniversities/Dokumente/Hochschulpolitik/Open_Access/180315_Factsheets_Verhandlungsstrategie_F.pdf

  • Jupiter fait la cour à Strasbourg, par Guillaume Berlat Proche&Moyen-Orient.ch

    « C’est la première fois que j’utilisais l’imagination comme arme de défense et rien ne devait m’être plus salutaire » (Les cerfs-volants, Romain Gary).
    Première fois pour un président de la République française, Emmanuel Macron qui se rend le 31 octobre 2017 à Strasbourg pour y discourir devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du Conseil de l’Europe que certains ont tendance à confondre avec la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dont le siège est à Luxembourg. Avant sa prestation devant ces 47 magistrats, on nous explique doctement que le chef de l’État est venu s’y expliquer sur les mesures prises pour lutter contre le terrorisme islamique (état d’urgence vivement critiqué par le Conseil de l’Europe dont il a été mis fin le 30 octobre 2017 et dont les principales mesures ont été intégrées dans la loi du 31 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme1.


    Avant d’aborder le contenu stricto sensu de l’intervention du chef de l’État devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg, il importe de fournir quelques informations sur la genèse du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’Homme. Il conviendra ensuite d’analyser les tenants et aboutissants de ce discours.

    DE QUELQUES RAPPELS INDIPSENSABLES SUR LE CONSEIL DE L’EUROPE ET DE LA CONVENTION EUROPÉENE DES DROITS DE L’HOMME
    L’histoire du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’homme mérite que l’on s’y arrête quelques instants compte tenu de la spécificité de cette institution européenne créée en 1949, l’une des premières à traduire dans les faits l’idée d’une construction politique à l’échelle du continent.

    Le Conseil de l’Europe victime de l’Union européenne
    À la fin des années 1950, le général de Gaulle compare le Conseil de l’Europe à « une belle endormie au bord du Rhin ». Quelle est cette institution européenne originale peu connue du grand public ? Première tentative de regroupement des États européens à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil de l’Europe naît en 1949 et son siège est installé à Strasbourg. L’organisation compte aujourd’hui 47 États membres, tous les pays d’Europe (Union européenne, Russie Turquie, Suisse, Norvège, Balkans…) à l’exception de ceux de l’Asie centrale, États qui adhérent à un certain nombre de valeurs édictées par sa charte constitutive, un socle d’environ 200 conventions et, surtout, la Convention européenne des droits de l’homme signée en 1950 qualifiée de « bijou de famille ».

    La France ne la ratifiera qu’en 1974 en raison des fortes réticences du Conseil d’État qui estimait incongrue qu’une juridiction internationale puisse censurer ses décisions marquées au sceau de la perfection. Le Conseil de l’Europe représente la première tentative de « paix par le droit » après 1945 (on connaît les limites de cette approche par la SDN). Elle repose sur le triptyque suivant : norme, contrôle de la mise en œuvre de la norme et sanction en cas de violation de la norme acceptée volontairement par l’État coupable. On doit y rajouter un volet coopération destiné à aider les États (ce fut particulièrement le cas après l’adhésion des anciens PECO dans les années 1990). Organisation interétatique, son organe délibérant est le comité des ministres (dans la pratique, les délégués des ministres, à savoir les ambassadeurs).

    Une assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) se réunit une semaine quatre fois par an et délibère des principaux sujets inscrits à l’ordre du jour du Conseil. Avec l’élargissement de ses membres et de ses compétences (adoption d’une charge des droits fondamentaux), l’Union européenne concurrence fortement le Conseil de l’Europe dont elle assure le financement d’une grande partie de ses programmes de coopération. Est envisagée l’adhésion de l’Union européenne à la convention européenne des droits de l’homme. Si le problème est réglé en théorie, il soulève d’immenses problèmes pratiques qui ne sont toujours pas réglés (mode de désignation du ou des juges européens, prééminence entre les deux cours, celle de Strasbourg et celle de Luxembourg, États membres du Conseil de l’Europe non membres de l’Union européenne…). L’affaire est loin d’avoir trouvé son épilogue juridique et politique.

    La Cour européenne des droits de l’homme victime de son succès
    La principale caractéristique du Conseil de l’Europe tient à l’existence d’une Cour qui peut être saisie directement (dans le passé existait le filtre du comité des ministres) par tout citoyen membre d’un des 47 États s’il s’estime coupable d’une violation d’un des principes fondamentaux édictés par la Convention européenne des droits de l’homme ou par ses protocoles annexes. La seule condition exigée pour ce citoyen est l’épuisement des voies de recours internes. Aujourd’hui, la Cour accumule un retard de plus de 65 000 dossiers en instance de traitement, dépassant l’exigence d’un délai raisonnable de jugement qu’elle impose aux États. En France, on ne peut porter une affaire à Strasbourg que si l’on attaque une décision définitive du Conseil d’État ou de la Cour de cassation.

    C’est dire le parcours du combattant que doit suivre le citoyen sans parler – une fois que sa requête a été déclarée recevable par la Cour – des délais d’attente de jugement par la dite cour, environ trois ans. Les décisions sont rendues par un juge unique, une chambre ou la grande chambre. Il peut s’agir d’une décision de rejet, de non violation ou de violation. Dans cette dernière hypothèse, le comité des ministres est chargé de l’exécution de l’arrêt de condamnation. Patrie autoproclamée des droits de l’homme, la France ne figure pas parmi les meilleurs élèves de la classe2, quoi qu’on en dise à Paris dans les milieux bien informés, si l’on examine de près la jurisprudence de la Cour3. La France a fait l’objet, en 2010, de deux condamnations de son système judiciaire, motif que le parquet n’était pas un juge indépendant et impartial au sens de l’article 6 de la convention européenne (droit à un procès équitable).

    Depuis, notre pays n’a toujours pas procédé aux réformes constitutionnelles indispensables pour se mettre en conformité avec ces décisions. Plus récemment, les mesures prises en application de l’état d’urgence ont valu à la France quelques sévères remontrances en raison de leur caractère pérenne et attentatoire aux grands principes auxquels notre pays a souscrit dans les conventions les plus importantes au cours des dernières années. Dans ce contexte, la visite à Strasbourg d’Emmanuel Macron était attendue par les experts juridiques européens, moins par ceux de la politique internationale tant elle dérogeait aux canons traditionnels en termes de justice internationale.

    DE QUELQUES ÉLÉMENTS À RETENIR DE L’INTERVENTION D’EMMANUEL MACRON À STRASBOURG
    De cette intervention interminable (plus d’une heure), marque de fabrique jupitérienne et en faisant preuve de beaucoup de logique, on peut organiser la pensée du président de la République autour des principaux axes suivants4.

    La France, patrie des droits de l’homme
    Emmanuel Macron ne déroge pas à la règle en se livrant à Strasbourg à un vibrant plaidoyer sur la France patrie des droits de l’homme. Retenons ses propos in extenso : « Les Droits de l’Homme énoncés lors de la Révolution française, puis plusieurs fois réaffirmés, réinterprétés par les grands penseurs et les grands hommes d’État de notre pays sont indissociables de cette identité profonde qui commence bien avant. Il n’est pas indifférent que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ait été faite à Paris en 1948 ; et il n’est pas anodin qu’une ville française, Strasbourg, soit aujourd’hui votre port d’attache. Soyez assurés que pour nous, Français, cela revêt un sens très fort ». Tout y passe : René Cassin, le général de Gaulle, Winston Churchill… Cette présentation est complétée par un exercice d’auto-satisfaction de Jupiter sur la France à Strasbourg même s’il rappelle tous les sujets sur lesquels la jurisprudence de la Cour a fait évoluer la législation française (procédure pénale, interception téléphonique…).

    Preuve que la France n’était pas si parfaite que cela en matière de protection des droits de l’homme ! Mais le président de la République s’empresse de souligner que la France est attachée à l’exécution des arrêts de la Cour. Revenant aux activités de la juridiction strasbourgeoise qualifiée de « repère majeur pour les Européens », Emmanuel Macron souligne les trois défis que doit relever la Cour : relation entre souveraineté juridique et souveraineté de la Cour, menaces croissantes auxquelles notre époque doit répondre en inventant des équilibres juridiques et politiques nouveaux pour que soit garanti le respect des droits de l’homme et remises en cause de la protection des droit fondamentaux et de l’état de droit par des phénomènes contemporains au premier rang desquels le président de la République cite les évolutions scientifiques.

    Les défis actuels : le professeur de droit et de relations internationales
    Alors que la démocratie semblait être un bien acquis, l’actualité la plus récente démontre qu’elle est menacée, y compris dans un certain nombre de pays européens. Il est donc important que les États membres du Conseil de l’Europe se saisissent du problème pour tenter de lui donner les réponses idoines sans quoi l’édifice pourrait un jour se fissurer. Le président de la République souligne, évoluant en permanence entre les problématiques des 47 États membres et celles de la France, les trois défis que l’Europe doit relever aujourd’hui : le terrorisme (qui ne doit pas déboucher sur une remise en cause de l’état de droit et qui a conduit la France à demander des dérogations aux règles habituelles), les flux migratoires (si la France ne souhaite pas remettre en cause le droit d’asile, elle entend combiner efficacité et justice dans le renvoi de ceux qui ne sont pas éligibles à ce statut) et les prisons (Emmanuel Macron rappelle que la France est loin d’être exemplaire mais qu’elle s’engage à faire mieux). Il insiste sur la dialogue indispensable entre juges nationaux et européens dont la clef réside dans la marge d’appréciation nationale laissée à chacun des États membres dans sa gestion interne des problèmes auxquels ils sont confrontés. La ratification prochaine du protocole 16 permettra à la France de parfaire ce dialogue en recourant à la possibilité de solliciter des avis de la Cour.

    Les défis futurs : la leçon faite aux juges
    En homme de prescience, Emmanuel Macron conclut son prêche (encore un nouveau) en explicitant aux 47 juges et à l’assistance nombreuse venue faire la claque au bord du Rhin, les défis futurs qui nous attendent. Les changements internationaux mettent en cause les équilibres antérieurs et le régime des droits de l’homme. Le président de la République critique ouvertement la Russie et la Turquie tout en prônant le dialogue avec ces deux pays devant une Cour dont le rôle n’est pas de juger le système politique d’un pays mais de juger des cas précis qui sont portées à son attention par un citoyen voire par un autre État. Il se croit obligé de citer la Syrie, la Libye et la Birmanie qui sont hors champ géographique du Conseil de l’Europe. Jupiter ne saurait s’imposer de quelconques limites géographiques à son action universelle et transcendante, pour ne pas dire omnipotente et omnisciente.

    DE QUELQUES REMARQUES SUR LE PLAIDOYER DE JUPITER FACE À SES JUGES
    Par simplicité, nous les regrouperons autour des deux principales rubriques suivantes : la forme et la substance.

    La forme : la cassure des codes
    Comme à l’accoutumée, le président de la République est incapable de résumer sa « pensée complexe » en une vingtaine ou une trentaine de minutes. Il inflige à l’assistance un discours interminable d’une heure. Il n’est qu’à lire la lassitude des magistrats de la Cour sur leur visage pour s’en convaincre. Le chef de l’État est pontifiant, répétitif, arrogant, prédicateur, donnant des leçons d’histoire, de philosophie, de droit à la terre entière sans se rendre compte un seul instant de sa fatuité. Le professeur Macron éduque les juges comme s’ils étaient des demeurés, peu informés du monde qui les entoure. Il leur explique ce que sont les droits de l’homme d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

    Tel le roi qui ne peut se déplacer sans ses courtisans au grand complet, Emmanuel Macron est accompagné à Strasbourg d’une cohorte impressionnante de ministres, responsables de grandes institutions françaises, représentants des juridictions judiciaires et administratives, de parlementaires, de conseillers en tous genres (Garde des sceaux, ministre chargée des Affaires européennes, président du Conseil constitutionnel, premier président de la Cour de cassation, Procureur général près de la Cour de Cassation, président de la section du contentieux du Conseil d’État qui préside le conseil d’administration de l’Opéra de Paris…).

    Tout cela fait sourire nos interlocuteurs étrangers qui y voient la preuve d’une France, monarchie républicaine ou République bananière selon ce que l’on voudra. Au passage, on vient vendre la candidature de Pierre-Yves Le Borgn’ au poste de commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe tel un vulgaire bateleur de foires. Est-ce du niveau d’un président de la République que d’agir ainsi alors que ceci relève du ministre des Affaires étrangères et de ses ambassadeurs ? Mais, nos folliculaires préférés, adeptes de la société de connivence, ne se permettent pas la moindre critique contre Dieu réincarné sous les traits d’Emmanuel Macron.

    La substance : la leçon de morale
    C’est là que le bât blesse pour l’observateur attentif qui ne se contente pas des résumés partiels et partiaux des journalistes qui se bornent à reprendre les éléments de langage (EDL) des communicants du Prince, se refusant à reprendre ligne par ligne le texte de l’intervention pour en analyser la structure générale et les principales orientations juridiques et politiques. Est-raisonnable qu’un président de la République s’adresse à une Cour en raison de la séparation des pouvoirs ? N’aurait-il pas été plus judicieux comme l’ont fait certains de ses prédécesseurs de s’adresser soit au comité des ministres, soit aux parlementaires de l’APCE pour leur apporter le message politique de la France tout en consacrant un développement substantiel au rôle de la Cour européenne des droits de l’homme ? Pourquoi se présenter en parangon de vertu en matière de droits de l’homme alors même que la France n’a toujours pas appliqué les deux arrêts structurels lui intimant l’ordre de rendre le parquet indépendant, ce qui n’est pas une question secondaire en termes d’organisation de la Justice dans notre pays ? Sept ans après, rien n’a encore été fait…

    Que d’arrogance insupportable sur la scène européenne alors même que l’on a dérogé aux principes fondamentaux posés par la Convention européenne pendant deux années en raison de l’état d’urgence ! Pourquoi venir stigmatiser les évolutions autoritaires en Russie et en Turquie devant une Cour ? Est-ce le rôle du président de la République de se transformer en procureur indépendant dans une enceinte qui juge en droit, en principe et non en opportunité ? Comment peut-on citer la Syrie, la Libye et la Birmanie (tous pays qui ne sont pas membres du Conseil de l’Europe) sans parler de l’Arabie saoudite, du Yémen où se passent des choses épouvantables sur le plan des droits de l’homme et où la France y a sa part ?5 Après la catastrophe libyenne, la France gagnerait à mettre la pédale douce sur le sujet des droits de l’homme alors que l’on parle de viols des opposants6.

    Comment peut-on dire qu’on ne croit pas dans l’opposition entre valeurs et intérêts lorsque l’on fait de la diplomatie économique sa priorité au mépris des droits de l’homme (Cf. la visite du maréchal Al-Sissi à Paris) ?7 Pourquoi ne pas évoquer l’enquête que va lancer la procureure de la CPI sur les hauts faits d’armes de l’OTAN et des Américains en Afghanistan, en particulier quelques crimes contre l’humanité ? Le décalage entre les paroles et les actes est une fois encore abyssal et aurait dû conduire le chef de l’État à adopter un ton plus mesuré, plus équilibré. La balance n’est-elle pas le symbole de la Justice ?

    Si le président de la République pensait tenir le haut du pavé médiatique par cette prestation inhabituelle devant la Cour européenne des droits de l’homme, il n’en est rien. Son intervention passe presqu’inaperçue en raison d’une actualité plus attractive pour les médias, à savoir la conférence de presse bruxelloise du leader catalan, Carles Puigdemont et l’attentat commis quelques heures plus tard à New-York par un terroriste d’origine ouzbek. Ainsi va la politique de l’essuie-glaces, un sujet en effaçant un autre à la vitesse de l’éclair et du buzz surtout à la veille du pont de la Toussaint. Pas la moindre trace dans les journaux, y compris les plus sérieux (du moins qui le prétendent) de la déclaration conjointe d’Emmanuel Macron et du secrétaire général du Conseil de l’Europe, le norvégien Thorbjorn Jagland (qu’il avait déjà rencontré à Paris le 31 août 2017) ! Il faut se rendre sur le site internet de l’Élysée pour y trouver la référence noyée dans un flot d’informations qui ne sont pas hiérarchisées8.

    Le président de la République est prisonnier du temps médiatique qu’il impose volontairement à son quinquennat comme l’a fait François Hollande en son temps avec le succès que l’on sait9. L’important est plus dans l’annonce que dans le contenu. Qui trop embrasse mal étreint. Mais, tout ceci ne change strictement rien à la popularité d’Emmanuel Macron qui stagne à 35% de Français satisfaits. Finalement, nos compatriotes ont encore du bon sens populaire qui fait défaut à notre élite arrogante qui vit dans sa bulle et dans les dîners en ville. Nouvel, et non ultime, épisode en date du feuilleton présidentiel, celui que nous pourrions intituler Jupiter fait sa cour à Strasbourg.

    Guillaume Berlat 13 novembre 2017
    1 Loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, JORF n° 0255 du 31 octobre 2017, texte n° 1.

    2 Jean-Paul Costa, La cour européenne des droits de l’homme. Des juges pour la liberté, Dalloz, 2013.

    3 Vincent Berger, Jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, Sirey, 11ème édition, 2009.

    4 Transcription du discours du président de la République, Emmanuel Macron devant la Cour européenne des droits de l’homme, Strasbourg, www.elysee.fr , 1er novembre 2017.
    
5 Claude Angeli, Les clients de la France saccagent le Yémen, Le Canard enchaîné, 1er novembre 2017, p. 3.

    6 Cécile Allegra, Libye. Sur la piste des violeurs, Le Monde, 4 novembre 2017, pp. 12-13.

    7 Le général pas épinglé, Le Canard enchaîné, 1er novembre 2017, p. 8.

    8 Déclaration conjointe du président de la République, Emmanuel Macron avec le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland, www.elysee.fr , 31 octobre 2017.

    9 Solenn de Royer, Hollande, un mandat « chaotique » vu de l’intérieur, Le Monde, 3 novembre 2017, p. 10.

    Source : https://prochetmoyen-orient.ch/jupiter-fait-la-cour-a-strasbourg
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  • « En direct de Mediapart » : le procès des #comparutions_immédiates
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280617/en-direct-de-mediapart-le-proces-des-comparutions-immediates-0

    Dans ce dernier Mediapart Live de la saison, retour sur nos enquêtes consacré à l’opération Zero Impunity, puis, à 20 h 30, le #procès_des_comparutions_immédiates. Cette #Justice en temps réel se veut rapide, intense, sévère. Elle est souvent inhumaine. Des magistrats du #Syndicat_de_la_magistrature vont entendre toutes sortes de témoins : avocats, ancien prévenus, ancienne ministre de la justice, sociologue, etc. Avant de rendre leur jugement.

    #France #Apcars #Arié_Alimi #Clarisse_Taron #flagrants_délits #Françoise_Cotta #Frédéric_Lauféron #Georges_Fenech #Louise_Tort #Marylise_Lebranchu #Serge_Portelli #Virginie_Gautron

  • #PHP Accelerators - MDLog :/sysadmin
    http://www.ducea.com/2006/10/30/php-accelerators

    Conclusion: #APC, #eAccelerator and #XCache are all great solutions that can speed up any php application. There are many benchmarks on the internet showing how one or the other is better, but I would suggest running your own tests and finding the one that fits best for your application.

    ça valait le coup d’écrire un article de plus sur le sujet :p