#aquaculture

  • Au #Sénégal, la farine de poisson creuse les ventres et nourrit la rancœur

    À #Kayar, sur la Grande Côte sénégalaise, l’installation d’une usine de #farine_de_poisson, destinée à alimenter les élevages et l’aquaculture en Europe, a bouleversé l’économie locale. Certains sont contraints d’acheter les rebuts de l’usine pour s’alimenter, raconte “Hakai Magazine”.
    “Ils ont volé notre #poisson”, affirme Maty Ndau d’une voix étranglée, seule au milieu d’un site de transformation du poisson, dans le port de pêche de Kayar, au Sénégal. Quatre ans plus tôt, plusieurs centaines de femmes travaillaient ici au séchage, au salage et à la vente de la sardinelle, un petit poisson argenté qui, en wolof, s’appelle yaboi ou “poisson du peuple”. Aujourd’hui, l’effervescence a laissé place au silence.

    (#paywall)

    https://www.courrierinternational.com/article/reportage-au-senegal-la-farine-de-poisson-creuse-les-ventres-

    #élevage #Europe #industrie_agro-alimentaire

    • Un article publié le 26.06.2020 et mis à jour le 23.05.2023 :

      Sénégal : les usines de farines de poisson menacent la sécurité alimentaire

      Au Sénégal, comme dans nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, le poisson représente plus de 70 % des apports en protéines. Mais la pêche artisanale, pilier de la sécurité alimentaire, fait face à de nombreuses menaces, dont l’installation d’usines de farine et d’huile de poisson. De Saint-Louis à Kafountine, en passant par Dakar et Kayar… les acteurs du secteur organisent la riposte, avec notre partenaire l’Adepa.

      Boum de la consommation mondiale de poisson, accords de #pêche avec des pays tiers, pirogues plus nombreuses, pêche INN (illicite, non déclarée, non réglementée), manque de moyens de l’État… La pêche sénégalaise a beau bénéficier de l’une des mers les plus poissonneuses du monde, elle fait face aujourd’hui à une rapide #raréfaction de ses #ressources_halieutiques. De quoi mettre en péril les quelque 600 000 personnes qui en vivent : pêcheurs, transformatrices, mareyeurs, micro-mareyeuses, intermédiaires, transporteurs, etc.

      Pourtant, des solutions existent pour préserver les ressources : les aires marines protégées (AMP) et l’implication des acteurs de la pêche dans leur gestion, la création de zones protégées par les pêcheurs eux-mêmes ou encore la surveillance participative… Toutes ces mesures contribuent à la durabilité de la ressource. Et les résultats sont palpables : « En huit ans, nous sommes passés de 49 à 79 espèces de poissons, grâce à la création de l’aire marine protégée de Joal », précise Karim Sall, président de cette AMP.

      Mais ces initiatives seront-elles suffisantes face à la menace que représentent les usines de farine et d’huile de poisson ?

      Depuis une dizaine d’années, des usines chinoises, européennes, russes, fleurissent sur les côtes africaines. Leur raison d’être : transformer les ressources halieutiques en farines destinées à l’#aquaculture, pour répondre à une demande croissante des consommateurs du monde entier.

      Le poisson détourné au profit de l’#export

      Depuis 2014, la proportion de poisson d’élevage, dans nos assiettes, dépasse celle du poisson sauvage. Les farines produites en Afrique de l’Ouest partent d’abord vers la #Chine, premier producteur aquacole mondial, puis vers la #Norvège, l’#Union_européenne et la #Turquie.

      Les impacts négatifs de l’installation de ces #usines sur les côtes sénégalaises sont multiples. Elles pèsent d’abord et surtout sur la #sécurité_alimentaire du pays. Car si la fabrication de ces farines était censée valoriser les #déchets issus de la transformation des produits de la mer, les usines achètent en réalité du poisson directement aux pêcheurs.

      Par ailleurs, ce sont les petits pélagiques (principalement les #sardinelles) qui sont transformés en farine, alors qu’ils constituent l’essentiel de l’#alimentation des Sénégalais. Enfin, les taux de #rendement sont dévastateurs : il faut 3 à 5 kg de ces sardinelles déjà surexploitées [[Selon l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO)]] pour produire 1 kg de farine ! Le poisson disparaît en nombre et, au lieu d’être réservé à la consommation humaine, il part en farine nourrir d’autres poissons… d’élevage !

      Une augmentation des #prix

      Au-delà de cette prédation ravageuse des sardinelles, chaque installation d’usine induit une cascade d’autres conséquences. En premier lieu pour les mareyeurs et mareyeuses mais aussi les #femmes transformatrices, qui achetaient le poisson directement aux pêcheurs, et se voient aujourd’hui concurrencées par des usines en capacité d’acheter à un meilleur prix. Comme l’explique Seynabou Sene, transformatrice depuis plus de trente ans et trésorière du GIE (groupement d’intérêt économique) de Kayar qui regroupe 350 femmes transformatrices : « Avant, nous n’avions pas assez de #claies de #séchage, tant la ressource était importante. Aujourd’hui, nos claies sont vides, même pendant la saison de pêche. Depuis 2010, quatre usines étrangères se sont implantées à Kayar, pour transformer, congeler et exporter le poisson hors d’Afrique, mais elles créent peu d’#emploi. Et nous sommes obligées de payer le poisson plus cher, car les usines d’#exportation l’achètent à un meilleur prix que nous. Si l’usine de farine de poisson ouvre, les prix vont exploser. »

      Cette industrie de transformation en farine et en huile ne pourvoit par ailleurs que peu d’emplois, comparée à la filière traditionnelle de revente et de transformation artisanale. Elle représente certes un débouché commercial lucratif à court terme pour les pêcheurs, mais favorise aussi une surexploitation de ressources déjà raréfiées. Autre dommage collatéral enfin, elle engendre une pollution de l’eau et de l’air, contraire au code de l’environnement.

      La riposte s’organise

      Face à l’absence de mesures gouvernementales en faveur des acteurs du secteur, l’#Adepa [[L’Adepa est une association ouest-africaine pour le développement de la #pêche_artisanale.]] tente, avec d’autres, d’organiser des actions de #mobilisation citoyenne et de #plaidoyer auprès des autorités. « Il nous a fallu procéder par étapes, partir de la base, recueillir des preuves », explique Moussa Mbengue, le secrétaire exécutif de l’Adepa.

      Études de terrain, ateliers participatifs, mise en place d’une coalition avec différents acteurs. Ces actions ont permis d’organiser, en juin 2019, une grande conférence nationale, présidée par l’ancienne ministre des Pêches, Aminata Mbengue : « Nous y avons informé l’État et les médias de problèmes majeurs, résume Moussa Mbengue. D’abord, le manque de moyens de la recherche qui empêche d’avoir une connaissance précise de l’état actuel des ressources. Ensuite, le peu de transparence dans la gestion d’activités censées impliquer les acteurs de la pêche, comme le processus d’implantation des usines. Enfin, l’absence de statistiques fiables sur les effectifs des femmes dans la pêche artisanale et leur contribution socioéconomique. »

      Parallèlement, l’association organise des réunions publiques dans les ports concernés par l’implantation d’usines de farines et d’huile de poisson. « À Saint-Louis, à Kayar, à Mbour… nos leaders expliquent à leurs pairs combien le manque de transparence dans la gestion de la pêche nuit à leur activité et à la souveraineté alimentaire du pays. »

      Mais Moussa Mbengue en a conscience : organiser un plaidoyer efficace, porté par le plus grand nombre, est un travail de longue haleine. Il n’en est pas à sa première action. L’Adepa a déjà remporté de nombreux combats, comme celui pour la reconnaissance de l’expertise des pêcheurs dans la gestion des ressources ou pour leur implication dans la gestion des aires marines protégées. « Nous voulons aussi que les professionnels du secteur, conclut son secrétaire exécutif, soient impliqués dans les processus d’implantation de ces usines. »

      On en compte aujourd’hui cinq en activité au Sénégal. Bientôt huit si les projets en cours aboutissent.

      https://ccfd-terresolidaire.org/senegal-les-usines-de-farines-de-poisson-menacent-la-securite-a

      #extractivisme #résistance

  • En Gambie, surpêche et pollutions nourrissent l’aquaculture mondiale
    https://afriquexxi.info/article4881.html

    Enquête · À l’issue d’un reportage réalisé en Gambie en 2020, le journaliste américain Ian Urbina a révélé des atteintes aux droits de l’Homme et à l’environnement perpétrées par une usine chinoise de farine de poisson et par des patrons de chalutiers qui l’alimentent. À Banjul, l’expansion de cette industrie a donné lieu à de grandes promesses économiques. Mais à quel prix ?

  • This Road in China Got Covered in Almost 15,000 Lb. of Live Catfish
    https://time.com/3752151/china-road-catfish

    March 20, 2015 When the door of a delivery truck in the southern Chinese province of Guizhou swung open, 15,000 lb. (6,800 kg) of catfish came spilling out, covering the road in a flopping, scaly mess.

    Remarkably, with the help of community members and the local fire department, a two-hour rescue effort was undertaken and the shipment was not wasted, according to the Shanghaiist. Their task was arduous but simple — workers basically sprayed the fish with water to keep them alive while others picked them up and returned them to the truck.

    Catfish-China Catfish Manufacturers & Suppliers | Made in China
    https://image.made-in-china.com/202f0j00iACEPfNWbHbp/Chinese-Frozen-Catfish-Steak-for-Sell.webp
    https://m.made-in-china.com/hot-china-products/Catfish.html
    €0,50 - €1,10 / kg (26.6.2021)

    China’s farmed catfish looking to fill US void
    https://www.seafoodsource.com/news/aquaculture/china-s-farmed-catfish-looking-to-fill-us-void

    April 30, 2013 - Mark Godfrey - China is aiming to boost local catfish production to take advantage of falling U.S. output, while also tapping the domestic Chinese market, according to a state-run research organization in one of China’s key catfish cultivation regions. The Hubei Province Aquatic Products Scientific Research Institute, in a recent research report, notes that a fall in American channel catfish production means a decline in shipments of American channel catfish: “Those countries who import catfish from America could not satisfy its market demands [with American catfish], therefore … our catfish should also try to export to eastern European countries, Mexico, Russia, Middle Eastern countries … African countries and South America.”

    The report, co-authored by Hubei researcher Cai Yanzhi along with Xiao Youhong at National Fishery Technical Extension Station (a national extension service under the ministry of agriculture) noted that current annual processing of channel catfish amounts to 150,000 to 200,000 tons, with live fish sales at 100,000 tons. However, China’s exports of channel catfish face “huge roadblocks” according to Cai and Xiao, who pointed to “a tightening of the American food safety code and a low world economy and domestic protection of channel catfish industry in America … Therefore we have to explore the channels to export our products to other countries.”

    Chinese catfish processors should also tap the domestic market, to cushion against unstable market prices and rising costs, say the report writers. “The most important challenge to processors is to find the way to open the domestic market. And to figure that out, these companies have to understand the market’s demands … Catfish could enter the market like codfish did before … we have to fit the needs of niche consumers, like: elderly people, kindergarten students and we should have multi-produced ways to fit the different needs of different people.”

    Cai and Xiao also call for standards in the processing sector. “There should be a standard in processing the channel catfish fillets. There are flaws in controlling microbes and heavy-metals,” says the article, which also calls for the processing of byproducts — fish skin, fish bones, internal organs — for fish oil and fish liver oil.

    The report also addresses problems in China’s channel catfish farms. “The cultivated descendants of channel catfish is small sized, slow growing-speed and lower disease resistivity so it has a high disease-attack rate,” says the article, which blames “high culturing density and lack of culturing standardization” for the problems.

    According to the two researchers, China first imported channel catfish from America in 1984, reproduced it in 1987 and started to culture in ponds in 1988 in whole China. In 1993 China started to culture the fish in cages and in 2003 cultured in large scale. In 2000 China started exporting the channel catfish to America.

    Food safety should be key to future development of the catfish sector, the researchers said. “Both the culture companies and processed companies have to pay more attention on this in order to build a worldwide brand.” They are notably introspective in detailing the source of food safety problems for Chinese catfish farms. Those problems peaked in 2007, when the U.S. Food and Drug Administration put an import alert on all Chinese catfish after detecting carcinogens malachite green and crystal violet in sampled fish. “In 2007, the U.S. started to automatically check the residue in the fish and only if they suit the standards could they be released to the market. This made the scale of exports decline sharply.”

    According to the U.S. Department of Agriculture, China’s total cultured catfish production was estimated at 610,000 tons in 2012, a lift from 598,000 tons in 2011 “in response to dynamic domestic consumption.” However farmed catfish output for export “remains soft in response to uncertainty regarding pending U.S. import policies.” Cai and Xiao are upbeat on the potential for China’s catfish sector. “Channel catfish has little bone … it has high-quality meat, high protein content, it is one of the few fresh-water fishes which suits large-scaled processing.”

    China’s plans will face competition from the popularity of Vietnam’s basa fish (also known as Vietnamese catfish, sole and pangasius) which has become one of the most exported seafood items, farmed in the Mekong River. While Vietnamese fish farmers have drawn criticism for feed and antibiotic use, the pollution in Chinese rivers challenges future output there.

    Aims to target the domestic market may be well-placed however. On visits to supermarkets in Beijing SeafoodSource saw shoppers at Carrefour and WalMart outlets buying cut-price frozen “sole” (the Chinese name on the label, long lin yu, confirmed it’s catfish) processed by Thai conglomerate Charoen Pokphand in Vietnam at RMB 22 (USD 3.57, EUR 2.70) for 700 grams. Likewise, catfish has in recent years displaced other species as an affordable input for Shui zhu yu (fish in soup with red chilli peppers), a hugely popular dish in Sichuan-style restaurants dotting Beijing’s busy Gui Jie dining strip.

    https://www.wm-strategy.com/china-catfish-market

    China: Catfish Market
    PDF report Jun 2021 100+
    €1,349.00

    Please select a license

    PDF Price (single-user license)
    PDF Price (office license) +€450.00
    PDF Price (corporate license) +€900.00

    #aquaculture #Chine #Europe

  • L’approvisionnement de l’aquaculture intensive par des poissons sauvages fait des dégâts
    https://www.actu-environnement.com/ae/news/comment-nourrir-aquaculture-37513.php4?xtor=AL-62

    « Avant, la consommation de saumons était réservée aux jours de fêtes. Les habitudes ont changé », déplore Natascha Hurley, directrice de campagne à la Fondation Changing Markets. Et cette hausse de la consommation de saumons et autres crevettes issus de l’élevage aquacole intensif n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Dans un rapport publié ce mercredi 12 mai, cette fondation néerlandaise dénonce, comme d’autres ONG avant elle, l’#alimentation des poissons d’élevage par des #farines et huiles issues de #poissons_sauvages (sardines, harengs, anchois, etc.), et le rôle de la grande distribution dans le développement de ces pratiques non durables.

    #aquaculture

  • Le vieil homme et la mer Isabelle Paré - 2 Aout 2019 - Le devoir

    Depuis 50 ans, il observe les mers se vider et combat l’océan de mensonges servi par une industrie des pêches toujours plus gourmande. Les requins qu’il décrie n’ont pas d’ailerons, mais pourchassent les derniers poissons jusqu’en Antarctique. Lanceur d’alertes, Daniel Pauly se bat contre la mer de notre indifférence.

Il est peu connu du grand public, mais ce Jacques Cousteau de l’ombre a érigé des systèmes qui permettent aujourd’hui de mesurer le piteux état de santé des océans, siphonnés jusque dans leurs plus profonds abysses.

    Après avoir sillonné les mers de la planète, Daniel Pauly, expert mondial des ressources marines, a aujourd’hui jeté l’ancre à Vancouver, où il dirige le Fisheries Center de l’Université de la Colombie-Britannique. Arête dans la gorge, ce vigile des milieux marins peine à penser que l’humanité n’aura bientôt plus que du plancton à se mettre sous la dent si elle continue de raboter les fonds océaniques.

    Ses combats répétés contre de nobles instituts maritimes ont de quoi laisser muet comme une carpe. Si le fléau de la surpêche est maintenant sur l’écran radar, c’est parce que Daniel Pauly y a attaché un grelot il y a déjà plus de 30 ans. Ses travaux ont démontré que l’industrie noyait le poisson avec de faux chiffres sur ses captures et prouvé que les stocks de poissons étaient en chute libre depuis le tournant du XIXe siècle.

    « Il ne reste que 1 % de l’état des stocks de #morue par rapport au milieu du XXe siècle, et 2 à 3 % des stocks de #thon. En gros, 90 % de la biomasse des grands poissons a disparu en 100 ans », affirme d’une douce voix à la Henri Salvador celui qui fait rager les plus grands armateurs de la planète.

    Toujours plus loin
    La surpêche n’est pas née d’hier, raconte Daniel Pauly. Depuis l’ère des bateaux à vapeur, la course vers les mers plus lointaines, partie en vrille depuis, n’a jamais cessé. On a longtemps perçu chaque effondrement des stocks de façon isolée. Au cas par cas, les experts ont observé l’affaire, sans longue-vue pour venir voir l’incendie. « C’est comme tenter de prédire le temps en regardant les nuages au-dessus de votre tête. Pour prévoir le temps, il faut analyser sur de longues périodes l’évolution des systèmes partout dans le monde. C’est pareil pour les poissons », affirme-t-il.

    Pauly a mis une paire de lunettes sur la cécité et le #déni généralisés qui aveuglaient l’industrie de la pêche jusqu’au début des années 1980.

    En créant d’abord #FishBase, puis #Sea_Around_Us, la première banque mondiale colligeant des millions de données récoltées par des scientifiques pour quantifier l’état et l’évolution des stocks de poissons et autres animaux marins. En 1996, son premier brûlot publié dans Science a fracassé le mythe de l’océan inépuisable.

    L’anguille sous la roche
    Alors que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) évalue à 86 millions de tonnes la totalité des poissons pêchés dans les océans, l’équipe de Pauly l’établit plutôt à 130 millions de tonnes, si on tient compte des prises accidentelles, des rejets et des pêches illégales et artisanales, occultées par l’ONU. Du nombre, 10 millions de tonnes de crustacés rejetées en pure perte à l’échelle de la planète. L’industrie hurle, et Pauly la compare à un malade suicidaire courant à sa propre perte en réclamant sans cesse plus de corde.

    Jeune scientifique embarqué à bord d’un #navire-usine, c’est à Terre-Neuve qu’il a constaté de visu les ravages causés par la pêche industrielle. « Les chalutiers raclaient les fonds à 200 mètres, arrachant poissons et cailloux. Des blocs erratiques aussi gros que des Volkswagen atterrissaient sur le pont », rappelle-t-il dans la biographie que lui consacre l’océanologue David Grémillet.

    Vidées, les côtes ont été délaissées au profit de mers toujours plus lointaines. Armés comme des engins militaires, les chalutiers vont traquer les poissons jusqu’en Antarctique, à plus de 600 mètres de profondeur. « La pêche locale n’existe pratiquement plus », dit encore Daniel Pauly. Dans l’insouciance généralisée, le chalutage ratisse 150 fois l’équivalent de la surface déforestée chaque année sur la planète. Une coupe à blanc sous-marine et invisible de la taille de la superficie des États-Unis, où plusieurs zones sont ratiboisées jusqu’à huit fois l’an.

    Daniel Pauly dénonce cette #razzia. « Et dans bien des cas, les pays riches bouffent les poissons des pays pauvres », affirme le Franco-Canadien, né après la guerre d’une mère française et d’un G.I. afro-américain, révolté du pillage éhonté des mers de l’Afrique de l’Ouest par des bateaux occidentaux et asiatiques. Sa solution : interdire la pêche en haute mer, protéger 20 % des océans et abolir les subventions aux industries qui encouragent la sur pêche. Car c’est le bacon qui fait le poisson, affirme ce chercheur. Grâce aux subventions allant jusqu’à 30 % en Chine, pêcher demeure rentable là où les ressources sont déjà anémiées, martèle-t-il.

    L’or blanc
    « En Antarctique, ceux qui pêchent la #légine de façon illégale peuvent perdre un bateau sur cinq tellement ils gagnent de #fric. Pour ne pas être attrapés, des capitaines coulent eux-mêmes leurs bateaux. Et ça reste rentable ! » décrie l’écologiste, considéré parmi les 50 scientifiques les plus influents de la planète par le magazine Scientific American en 2003. La légine, cet or blanc recherché des gourmets occidentaux, se vend jusqu’à 40 $ la livre.

    « Après avoir vidé les plaines marines, les bateaux vident les canyons des océans où se terrent les derniers poissons », relance Pauly. À elle seule, la Chine déploie 3400 navires-usines qui pompent 4 millions de tonnes de poissons dans les eaux de 93 États, dont 75 % dans les eaux africaines.

    Noyer le poisson
    Daniel Pauly rage aussi contre l’autre grand « mensonge » du siècle : l’#aquaculture, parfois présentée comme un remède à la faim dans le monde. Or, selon lui, l’aquaculture de poissons carnivores accélère le sac des océans. « En Mauritanie et au Sénégal, 40 usines sont plantées sur les côtes pour faire de la farine de sardinelles, qui étaient avant pêchées, fumées et mangées en Afrique. Là, on produit de la farine pour engraisser des cochons ou du saumon. C’est un truc innommable ! »

    Le maître de la #biomasse parle en connaissance de cause. Produire une seule livre de saumon dépouille l’océan de trois ou quatre livres de petits poissons. « C’est une perte sèche de protéines, c’est révoltant ! Dire que ça nourrit le monde, c’est une fraude intellectuelle. Ceux qui s’alimentaient de sardinelles n’ont pas l’argent pour acheter ce saumon. C’est un vol global. J’appelle ça l’aquaculture B, pour bad. Cette aquaculture ne produit pas de poissons, elle bouffe du poisson ! »

    Médusé par la surpêche
    Un jour, un étudiant de Daniel Pauly a mesuré l’explosion des populations de #méduses partout dans le monde. En mer de Namibie, ces invertébrés ont complètement remplacé les poissons : 14 millions de tonnes de méduses ont évincé 10 millions de tonnes de poissons. « Les poissons qui mangeaient les larves de méduses ont disparu, laissant leurs proies sans prédateurs », explique Daniel Pauly.

    Des océans « gélifiés », c’est la vision d’horreur qui hante le biologiste, qui a signé en 2013 Manges tes méduses. Ces masses gélatineuses sont, en effet, faites sur mesure pour survivre aux zones lessivées de poissons que laisse la surpêche dans son sinistre sillage, explique le scientifique couronné en 2005 du prix Cosmos, l’équivalent du Nobel en écologie.

    « Pour que les poissons puissent se repeupler en haute mer et revenir ensuite vers les côtes, il faut dès maintenant créer des zones protégées. Avant, on n’avait pas les moyens techniques de pêcher jusqu’au dernier poisson. Aujourd’hui, plus rien n’est impossible », déplore-t-il.

    Cet éternel indigné, rescapé d’une enfance douloureuse vécue au sein d’une famille adoptive abusive, Pauly en connaît long sur la capacité de résilience des hommes, comme des autres espèces. « C’est toujours possible de renverser la vapeur, assure-t-il, si l’on réagit à temps. »

    Source : https://www.ledevoir.com/societe/environnement/559908/le-vieil-homme-et-la-mer
    Tiré de la revue de Presse : https://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-06-08-2019

    #surpêche #mer #alimentation #poissons #pêche_industrielle #pêche_illégale #aquaculture #Daniel_Pauly #ressources_marines

    • « Il ne reste que 1 % de l’état des stocks de morue par rapport au milieu du XXe siècle, et 2 à 3 % des stocks de thon. En gros, 90 % de la biomasse des grands poissons a disparu en 100 ans »

  • 40% des crevettes crues vendues en Suisse contaminées par des bactéries multirésistantes aux antibiotiques Manuelle Pernoud/ebz - 12 Février 2019 - RTS A bon entendeur
    https://www.rts.ch/info/sciences-tech/10213260-40-des-crevettes-crues-vendues-en-suisse-contaminees-par-des-bacteries.

    Quelque 40% des crevettes crues analysées par A Bon Entendeur sont contaminées par des bactéries multirésistantes aux antibiotiques. Un résultat inquiétant, qui concerne également des crevettes labellisées bio.

    A Bon Entendeur avait déjà apporté la preuve que du poulet élevé en Suisse peut être contaminé par des bactéries résistantes aux antibiotiques. C’est maintenant vrai également pour des crevettes d’élevage importées d’Inde, de Thaïlande et du Vietnam dans notre pays.


    Ces résultats sont inquiétants, réagit le professeur Stephan Harbarth, médecin adjoint au service de Prévention et de Contrôle de l’Infection des Hôpitaux universitaires de Genève. Pour lui, on ne tombera pas forcément malade en consommant des crevettes crues ou peu cuites porteuses de bactéries résistantes aux antibiotiques, mais il existe un risque : que les antibiotiques que les patients seraient amenés à prendre en cas d’infection ne fassent aucun effet.

    Et c’est bien le grand problème de la multirésistance aux antibiotiques : en cas d’infection bactérienne, la plupart des antibiotiques ne marchent plus. Dans les hôpitaux, on observe de plus en plus de patients sur lesquels les antibiotiques deviennent inefficaces. Heureusement, il existe des solutions de dernier recours.

    Des distributeurs qui minimisent leur responsabilité
    Interpellés par A Bon Entendeur, les distributeurs de ces crevettes contaminées répondent que ces bactéries résistantes peuvent se trouver dans l’environnement et dans l’eau utilisée pour l’aquaculture, ou qu’ils respectent les prescriptions légales.

    Tous ajoutent que ces bactéries sont éliminées par la chaleur et que les consommateurs doivent respecter les prescriptions d’hygiène dans la cuisine. Effectivement, ces bactéries sont détruites par la cuisson, quoique l’on ne sache pas à partir de quelle température elles sont réellement éliminées.

    Quitte à ce qu’elles deviennent dures, il faut bien cuire des crevettes d’élevage. Et ce n’est pas tout ! Des crevettes peuvent contaminer notre cuisine pendant la préparation, il est donc important de se laver les mains ainsi que tous les ustensiles ayant servi à leur préparation.

    #beurk #bactéries résistantes aux #antibiotiques #aquaculture #élevage #poisson #Inde #Thailande #Vietnam #pêche #alimentation #santé

  • Le Chili craint une pollution après la fuite de 690’000 saumons ats/tmun - 20 Juillet 2018 - RTS
    https://www.rts.ch/info/sciences-tech/9726050-le-chili-craint-une-pollution-apres-la-fuite-de-690-000-saumons.html

    Quelque 690’000 poissons se sont échappés d’une ferme d’élevage au Chili. Ces poissons traités aux #antibiotiques sont non seulement impropres à la consommation humaine mais pourraient aussi menacer la #biodiveristé marine.

    Pour le gouvernement chilien et les organisations de défense de l’environnement, la fuite des poissons constitue un événement grave et sans précédent.

    Tous deux ont saisi la justice contre l’exploitation qui appartient à la multinationale norvégienne #Marine Harvest, le plus gros producteur de saumons d’élevage au monde.

    Les cages de confinement dans lesquelles se trouvaient les poissons avaient été lourdement endommagées par le passage d’une tempête le 5 juillet sur le littoral de la région de Los Lagos.
    https://www.rts.ch/2018/07/20/08/01/9726057.image?w=900&h=506.jog
    De lourdes conséquences sur l’environnement
    Les saumons ont été traités au #Florfenicol, un antibiotique à usage exclusivement vétérinaire, contre-indiqué pour la consommation humaine.

    Les conséquences sur l’environnement pourraient également être lourdes, affectant l’écosystème et les espèces marines indigènes, ainsi que le retour à la vie sauvage des saumons échappés, susceptibles de transmettre des germes pathogènes et des maladies à d’autres espèces.

    #Chili #Norvège #pêche #alimentation #pollution #santé #mer #poissons #environnement #biodiversité #élevage #aquaculture

  • Chile creates five national parks over 10m acres in historic act of conservation | Environment | The Guardian
    https://www.theguardian.com/environment/2018/jan/29/chile-creates-five-national-parks-in-patagonia

    Chile has created five sprawling national parks to preserve vast tracts of Patagonia – the culmination of more than two decades of land acquisition by the US philanthropists Doug Tompkins and Kristine McDivitt Tompkins and the largest donation of private land to government in South America.

    The five parks, spanning 10.3m acres, were signed into law on Monday by Chile’s president Michelle Bachelet, launching a new 17-park route that stretches down the southern spine of Chile to Cape Horn.

    j’arrive pas à extraire la carte grrr #cartographie #conservation #écotourisme #aquaculture #peuples_autochtones (même si pas évoqués) #Chili

  • Thousands of Atlantic salmon escape from fish farm into Pacific | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2017/aug/24/thousands-of-atlantic-salmon-escape-from-fish-farm-into-pacific

    Thousands of Atlantic salmon may have escaped into Pacific waters after a net pen holding 305,000 of the fish was damaged at a farm in Washington state, leading wildlife officials to call for anglers to catch as many of the fish as possible.

    The fish farm’s owner, Cooke Aquaculture, said on Wednesday that several thousand Atlantic salmon may have ended up in the waters around the San Juan Islands after part of a net suffered a “structural failure”.

    The Canada-based company – which purchased the 30-year-old farm last year – blamed Saturday’s incident on “exceptionally high tides and currents coinciding with this week’s solar eclipse”.

    #aquaculture #saumon

  • De la confiture aux cochons : l’envers du décor de l’#aquaculture - Bloom Association
    http://www.bloomassociation.org/dossier-peche-minotiere

    Comment la pêche industrielle réduit des poissons parfaitement comestibles en farines pour les élevages de poissons, de porcs et de volailles.

    BLOOM a plongé dans le monde opaque de la « pêche minotière » qui capture les poissons situés en bas de la chaîne alimentaire — comme les sardines et les anchois — afin de les réduire en farines et en huile pour alimenter les poissons d’élevage, les porcs et les volailles, bien que 90% des poissons ciblés soient parfaitement comestibles par les humains.

    #pêche_minotière #alimentation

  • Mondialisation du poisson : du maquereau norvégien expédié de la Chine
    http://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/peche/mondialisation-du-poisson-du-maquereau-norvegien-expedie-de-la-chine-47

    L’œuf vient de Norvège, le saumon a grandi en Écosse, il sera fumé en Pologne ou tranché en Chine. Sauvage ou d’élevage, le poisson se mondialise comme jamais sous l’effet d’une concentration inédite de l’industrie de la pêche et d’une explosion de l’#aquaculture. Sur le site chinois de commerce en ligne Alibaba, en quelques clics, on peut acheter 3 tonnes de filets de maquereau norvégien expédiées du port de Qingdao, à l’Est de la Chine. Livrables en 45 jours.

    S’ils ne sont évidemment pas les seuls responsables, la #Chine et les cargos frigorifiques géants jouent un rôle pivot dans l’#industrialisation mondiale du #poisson. Premier exportateur de produits de la #pêche, et premier producteur de poisson d’élevage du monde, la Chine est aussi un importateur majeur.

  • #Hécatombe d’espèces marines dans un #Chili aux eaux plus chaudes
    http://information.tv5monde.com/en-continu/hecatombe-d-especes-marines-dans-un-chili-aux-eaux-plus-chaude

    Pour les scientifiques, derrière la majorité de ces épisodes étranges se trouve le phénomène météorologique #El_Niño, qui touche l’Amérique latine depuis environ un an.

    Il provoque un réchauffement des eaux de l’océan Pacifique, propice à la prolifération d’#algues consommant l’oxygène des poissons ou entraînant une forte concentration en #toxines comme dans le cas de la marée rouge.

    Le #Chili, avec ses plus de 4.000 kilomètres de côtes, a l’habitude d’être confronté à El Niño, qui survient tous les quatre à sept ans en moyenne, mais cette fois le phénomène est plus violent.

    « Nous supposons qu’un facteur commun à tous ces cas de mortalité survenus tant chez les saumons d’élevage dans le sud du Chili que chez les poissons des côtes (les sardines principalement) est l’actuel phénomène d’El Niño, l’un des plus intenses de ces 65 dernières années », a indiqué à l’AFP un panel d’experts de l’Institut de la pêche du Chili (Ifop).

    « L’océan chilien est bousculé et changeant, il y a eu une série d’événements montrant la présence d’un +Niño+ aux manifestations assez diverses », renchérit Sergio Palma, docteur en océanographie de l’Université catholique de Valparaiso.

    Mais les scientifiques citent aussi d’autres facteurs.

    Laura Farias, océanographe de l’Université de Concepcion, soupçonne l’essor de la #pêche d’avoir entraîné les morts de saumons et coquillages.

    « Il y a des études qui indiquent qu’en #Patagonie, la plus forte fréquence de +bloom+ (prolifération d’algues, ndlr) toxique pourrait être une conséquence de l’#aquaculture », explique-t-elle, assurant qu’"il n’y a pas de phénomène écologique, océanographie ou climatique" reliant tous ces incidents.

    Alors que El Niño semble perdre en intensité, permettant aux eaux chiliennes de retrouver peu à peu leur température normale, le pays se rend compte qu’il doit mieux étudier son #océan à l’avenir.

    « Le Chili manque encore d’information sur la #mer », souligne Valesca Montes, spécialiste de la pêche au sein de l’organisation WWF Chili.

    Selon elle, « il faut investir dans l’information océanographique, afin d’être capables de prédire certains événements » et mieux se préparer aux effets du changement climatique.

    #climat

  • FAO - Nouvelles : De nouvelles opportunités pour les pays en développement dans l’#énergie #géothermique
    http://www.fao.org/news/story/fr/item/281619/icode

    De l’#électricité à l’#agriculture

    A l’échelle mondiale, 38 pays appliquent déjà l’énergie géothermique directement à la production agricole et quelque 24 pays l’exploitent pour générer de l’électricité, l’Islande, le Costa Rica, El Salvador, le Kenya, la Nouvelle-Zélande et les Philippines tirant plus de 10 pour cent de leurs besoins en électricité des sources de chaleur naturelle.

    Sur les 23 pays en développement utilisant l’énergie géothermique, la majorité l’applique actuellement à des fins de chauffage et de loisirs (baignade), sans exploiter son énorme potentiel pour les utilisations agricoles.

    Mais des projets d’agriculture géothermique sont en cours dans presque la moitié de ces pays, notamment dans les domaines de l’aquaculture, de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

  • Globalisation, Sustainability and the Role of Institutions: The Case of the Chilean Salmon Industry - Iizuka - 2015 - Tijdschrift voor economische en sociale geografie - Wiley Online Library
    http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/tesg.12132/abstract
    via @cdb_77

    The importance of aquaculture in the fishery sector is increasing. The growth of aquaculture complements the stagnant growth of extractive fisheries. Many countries are now entering this emerging economic activity. This positive feature has some serious drawbacks when the country has no local institutions to ensure the environmental sustainability of aquaculture. The Chilean salmon farming industry has grown dramatically since the mid-1980s to become the leading exporter of farmed salmon after Norway. The sector, however, suffered decline due to the sanitary crisis in 2007. It is said that this crisis was caused by overexploitation and overconcentration of fish farms. This paper tries to explain the mechanisms of the sanitary crisis – a ‘tragedy of the commons’ – by paying attention to the role of endogenous factors such as local knowledge, capacity building, local ecological conditions and the emergence of local institutions, focusing on the case of salmon farming in Chile.

    #saumon #aquaculture #Chili #écologie #pollution

  • Au #Pérou, la disparition des #anchois
    http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2014/12/09/au-perou-la-disparition-des-anchois-deroute-les-scientifiques_4537238_165269

    Un vent d’inquiétude souffle sur les milliers de bateaux de pêche qui peuplent le littoral péruvien. Premier producteur de farine de poisson au monde, le Pérou n’a pas encore autorisé de seconde saison de pêche d’anchois, matière première pour cette farine destinée à l’aquaculture et à l’aviculture. « Il n’y a pas assez d’anchois dans les eaux péruviennes en ce moment », a reconnu le ministre de la production, Piero Ghezzi, en novembre. La biomasse des anchois, généralement évaluée à 10 millions de tonnes, a chuté à 1,45 million, selon l’Institut de la mer du Pérou (Imarpe), qui recommande, dans son dernier rapport publié vendredi 5 décembre, que le gouvernement interdise la pêche à l’anchois « jusqu’à ce que la reconstitution des stocks soit prouvée ».

    #surpêche #aquaculture #aberration #destruction

  • Americans are fighting a battle for their local seafood : TreeHugger
    http://www.treehugger.com/green-food/americans-are-fighting-battle-their-local-seafood.html

    Americans eat less than 15 pounds of seafood per person each year, which is very little compared to the 202 pounds of red meat and poultry consumed annually. This amount of seafood is dismally small when you consider that the United States owns 94,000 miles of coastline and half its population lives within 10 miles of the coast. Despite Americans’ proximity to a domestic source of wild, nutritious seafood, a shocking 91 percent of the seafood that does get consumed is imported from aquaculture farms, mostly based in Asia. At the same time, a third of all U.S.-caught seafood is exported to foreign countries.

    The situation defies logic. Seafood has become a global commodity that, due to improvements in processing and freezing, can travel around the planet without having any real connection to a specific region. American consumers have lost touch with specialty items, preferring the generic breeds and less fishy-tasting products that come out of Asian seafood farms.

    #ressource_halieutique #aquaculture #pêche #globalisation #mondialisation #débilité

  • De l’incongruité des pratiques agricoles et alimentaires du XXIe siècle
    http://www.laviedesidees.fr/De-l-incongruite-des-pratiques.html

    Ce discours a été prononcé par le Surintendant européen du territoire et de l’alimentation à l’occasion des XXVIIIe Causeries d’Oulan-Bator, qui se sont tenues en Mongolie du 9 au 13 juillet 2112. Il rappelle – avec indulgence – les errements de la civilisation prébatorienne : destruction de la biodiversité, technolâtrie, misère de l’#agroforesterie, #surpêche, pauvreté de l’#alimentation.

    Mesdames, Messieurs,

    Notre humanité a connu, au siècle dernier, une crise et une mutation dont le seul précédent digne de comparaison est la grande révolution néolithique. Nos ancêtres eurent à faire face à la fois aux dérèglements #climatiques, à l’épuisement des ressources fossiles (le #pétrole, incontournable pour produire des engrais azotés, les phosphates) et à la demande de production d’agro- ou bioénergie, énergies issues de la biomasse, comme le bois, l’éthanol issu des sucres ou l’huile. Il s’en est suivi des tensions sociales, voire géopolitiques, pour l’accès à l’#eau, à la terre, à la #biodiversité ou tout simplement à la nourriture. C’était là le fond de la grande crise des années 2020 dont vous avez tous entendu parler et qui s’est heureusement conclue par le fameux traité d’Oulan Bator, qui façonna de façon décisive le monde actuel auquel il donna d’ailleurs son nom d’« ère batorienne ».

    Si vous reprenez les textes de l’époque, disons ceux produits entre 1970 et 2020, vous constaterez en effet qu’il y eut alors un immense débat, moins sur la nécessité de la transition qui s’imposait à tous, que sur la nature de cette #transition. Vous m’excuserez de caricaturer les choses, mais, compte tenu des limites de temps, je dirai qu’il y avait globalement deux grandes positions.

    La première nous apparaît, avec le recul, totalement incroyable et fantaisiste, et je vous surprendrai sans doute encore plus en vous disant qu’elle eut longtemps la faveur des décideurs et de l’opinion. Mais je tiens à vous rappeler l’état primitif de la conscience politique et morale de l’âge industriel prébatorien. Cette position reposait sur l’idée que l’ensemble des problèmes seraient résolus en perpétuant la logique qui les avait favorisés ! Il s’agissait de s’appuyer sur des innovations techniques (#biotechnologie, #géo-ingénierie, biologie synthétique, grands #barrages, clonage, fermes verticales dans des grandes tours, etc.) développées et contrôlées par une #oligarchie d’entreprises privées, quoique très liées aux États. Bien sûr, l’avantage de cette proposition était d’éviter toute réforme en profondeur des modes de vie et de la gouvernance du système.

    S’il est si important de rappeler les termes de ce projet, que l’on peut qualifier de « technolâtre », c’est que notre société a fait un choix opposé. C’est la deuxième option. Considérez en effet un instant notre mode de gestion de la biodiversité. Au contraire du projet de centralisation et de normalisation à outrance (c’est la logique des clones), la plupart des plantes et des animaux domestiques que nous cultivons et élevons sont sélectionnés sur un mode décentralisé et diversifié en réseau, impliquant des stations de sélection locales et des maisons des #semences, qui animent elles-mêmes des réseaux de paysans-sélectionneurs.

    Vous voyez apparaître sur l’écran une photo de la Beauce datant de 1990. Je dis bien la Beauce, car ceux qui connaissent ce pays actuellement croiront plutôt qu’il s’agit d’une image prise par un de nos satellites sur quelque planète hostile. Eh bien oui, mesdames et messieurs, au moment même où des projets délirants prétendaient « biotiser » la planète Mars en y implantant une vie primitive en vue d’hypothétiques colonisations, les hommes dégradaient toute forme d’#écosystème élaboré dans ces plaines si fertiles de la région parisienne. Ils prétendaient créer sur Mars ce qu’ils avaient détruit sur la Terre. Et sachez pourtant que la #civilisation_industrielle prébatorienne considérait ces terres comme les plus prospères !

    Si vous imaginez ce qu’était alors l’état de nos territoires, le degré de dégradation biologique qui les affectait dans leur ensemble, vous pourrez vous représenter l’effort considérable de nos prédécesseurs pour inverser cette tendance mortifère et couvrir d’un vert manteau la terre dénudée. Pardonnez-moi ce lyrisme, mais la question est absolument capitale. Il a fallu une réforme profonde de nos systèmes psychologiques, économiques, techniques et fiscaux pour retrouver le potentiel détruit. Nous sommes les héritiers – et les heureux bénéficiaires – de cet effort sans précédent, et nous nous devons d’en conserver soigneusement les avantages pour nos enfants.

    Mais, me direz-vous, que mangeait-on en ce temps-là ? L’alimentation a connu un appauvrissement stupéfiant dans le premier quart du siècle dernier. L’alimentation mondiale tenait à une poignée de productions : #blé, #maïs, canne et betterave à sucre, riz, #soja et #palmier_à_huile. Seuls les trésors d’imagination et de technicité de l’#agro-industrie permettaient de recréer par les couleurs et odeurs de synthèse un faux-semblant de diversité. Les animaux étaient soumis au même régime. Des #vaches ne mangeaient jamais d’herbe, des #porcs jamais de glands et des #poulets jamais d’insectes. Maïs, soja, sels minéraux : telle était alors pour tous la triade miracle.

    Quel contraste avec notre politique vigoureuse visant à utiliser au mieux la #biomasse fixée par le territoire ! Ces merveilleux systèmes associant production de chênes de qualité et élevage de porcs, que nous nommons Dehesa et qui nous semblent si évidemment performants, ne se trouvaient plus qu’en Espagne et sur une surface qui n’excédait guère 20 000 kilomètres carrés. Faute d’une attention soutenue et d’une recherche de qualité – notamment sur la fructification des chênes –, cette Dehesa n’avait d’ailleurs que peu de chose à voir avec celle que nous avons aujourd’hui sous les yeux.

    Après de vrais progrès au XXe siècle, on était allé beaucoup trop loin dans la même direction, sans avoir le courage ou l’idée de sortir de l’ornière. On mangeait trop de #viande de qualité médiocre, trop de sucre, trop de sel. Il s’ensuivait une perte de #fertilité, des #maladies_cardiovasculaires, du #diabète, de l’#obésité, etc. Étrange civilisation que la civilisation prébatorienne, où la mauvaise alimentation allait de pair avec une surmortalité évitable ! Obnubilée par les maladies bactériennes, qu’elle réussit à prévenir avec succès (du moins momentanément), cette civilisation en oublia toutes les autres dimensions du lien entre santé et alimentation. Il y avait, dans tout l’espace public – je dis bien dans tout l’espace public, jusque dans les établissements scolaires – des distributeurs de boissons et d’aliments surchargés en sucre et en sel !

    Nous n’avons pas seulement diminué la quantité moyenne de viande consommée, nous avons surtout appris à la moduler dans le temps. Ainsi, si les enfants et les adolescents continuent de consommer de la viande, nous diminuons rapidement cette quantité à partir de trente ou quarante ans, selon les âges et les professions.[...] Il m’arrive de rencontrer des mouvements végétariens stricts qui me demandent pourquoi nous n’avons pas interdit la viande purement et simplement. À ceux-là je rappelle que notre élevage n’est pas dépourvu de qualités agronomiques et également paysagères. C’est partout un élevage raisonné et bien intégré que nous avons promu. Dans certains territoires particulièrement frais, voire froids et humides, favorables à une pousse abondante de l’herbe, l’élevage demeure le meilleur mode de valorisation des surfaces. Si donc nous avons cessé de faire de l’élevage pour l’élevage et d’accumuler #surproduction et #pollution, nous n’avons pas renoncé à l’élevage partout où celui-ci nous paraissait bénéfique tant d’un point de vue agricole que paysager. Certes, les produits animaux sont redevenus des produits semi-festifs. Mais il vaut mieux savourer en petites quantités un bon fromage avec des amis que d’avaler quotidiennement et précipitamment à la cantine un succédané lacté dépourvu de saveur.

    J’en viens, pour terminer, au #poisson et autres produits aquacoles. Vous raffolez tous de la carpe, ce « cochon des étangs » que nous préparons sous un nombre incroyable de formes. Au point que le mot carpe est désormais synonyme de « poisson » pour beaucoup d’entre vous. C’est en effet un poisson d’eau douce que nous élevons dans les nombreux étangs que nous entretenons. Rappelons que ces étangs jouent un rôle fondamental aussi bien en réserves d’eau et en lieux d’épuration, qu’en réserves de biodiversité et d’#agronomie ! Vidés tous les sept ans, ils offrent trois ans d’excellentes récoltes. Au début du XXIe siècle pourtant, cette culture des étangs et des poissons d’eau douce était résiduelle, sauf en Asie, dans les cultures de rizière. C’est bien simple : le poisson d’eau douce avait quasiment disparu, au profit du poisson de mer. Mais la surpêche avait presque vidé les océans. Quant à l’élevage de poissons tels que les saumons, le remède était pire que le mal. Le saumon étant carnivore, il fallait pêcher toujours plus de poisson pour élever les saumons. C’est un peu comme si nous avions mangé du tigre et raflé régulièrement tous les animaux de la jungle pour nourrir nos tigres d’élevage !

    Ce sont paradoxalement les problèmes climatiques et le problème des réserves en eau qui nous ont amenés à réfléchir à des modes intelligents de retenues d’eau. Quitte à construire des barrages, pourquoi ne pas en faire également des lieux de production piscicole ? Ainsi, dans un lieu donné, plutôt que de faire un seul grand bassin, il est apparu qu’il valait mieux en faire toute une série, reliés entre eux et permettant une exploitation raisonnée. L’obligation alors émise, pour toute demande de construction d’une retenue, de fournir une capacité de production piscicole a profondément changé la logique des aménagements. Au lieu de créer quelques grands barrages, profonds, lourds d’entretien, concentrés en un lieu, nous avons constitué un système hydraulique #décentralisé, complexe, flexible, d’une grande #résilience et hautement productif ! C’est à lui que nous devrons le délicieux pâté de carpe au coulis de groseille avec sa mousse de châtaigne qui constitue l’entrée de notre repas.

    et aussi #permaculture #agroécologie #aquaculture #paysannerie #prospective

  • La production de l’#aquaculture va dépasser celle du bœuf
    http://lemonde.fr/planete/article/2013/12/16/la-production-de-l-aquaculture-va-depasser-celle-du-b-uf_4334953_3244.html

    Aujourd’hui, près d’un poisson sur deux consommé dans le monde n’a déjà plus rien de sauvage. Là encore, l’évolution paraît inéluctable : après avoir connu des sommets avec des technologies de plus en plus performantes jusque dans les années 1990, la pêche ne progresse plus car la ressource n’a plus le temps de se régénérer. L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO) prédit un bel avenir à l’aquaculture qui a augmenté à un rythme supérieur à la croissance démographique mondiale ces cinquante dernières années. « Au cours des dix prochaines années, la production totale issue de l’aquaculture et des pêches dépassera celle de boeuf, de porc ou de volaille, » écrit Árni M. Mathiesen, sous-directeur général de la FAO, à condition d’« encourager une gestion plus avisée des écosystèmes ». Autrement dit de consentir à de gros efforts pour l’environnement.

    #alimentation #environnement

  • La production de l’aquaculture va dépasser celle du bœuf
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/12/16/la-production-de-l-aquaculture-va-depasser-celle-du-b-uf_4334953_3244.html

    Demain, aurons-nous du filet dans nos assiettes ? Oui, mais du filet de tilapia ou de panga, pas de bœuf. Car l’aquaculture est en train de rattraper la production de viande bovine (à un peu plus de 67 millions de tonnes chacune) et la tendance n’est pas près de s’inverser. Parce qu’ils reviennent cher, parce que leur consommation décroît dans les pays développés gagnés par le surpoids, steaks et rôtis stagnent tandis que la production de poissons de mer et d’eau douce, de crustacés et de coquillages progresse de 6 % par an depuis une vingtaine d’années et a quasiment été multipliée par deux depuis 2001.
    Aujourd’hui, près d’un poisson sur deux consommé dans le monde n’a déjà plus rien de sauvage. Là encore, l’évolution paraît inéluctable : après avoir connu des sommets avec des technologies de plus en plus performantes jusque dans les années 1990, la pêche ne progresse plus car la ressource n’a plus le temps de se régénérer. L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO) prédit un bel avenir à l’aquaculture qui a augmenté à un rythme supérieur à la croissance démographique mondiale ces cinquante dernières années. « Au cours des dix prochaines années, la production totale issue de l’aquaculture et des pêches dépassera celle de boeuf, de porc ou de volaille, » écrit Árni M. Mathiesen, sous-directeur général de la FAO, à condition d’« encourager une gestion plus avisée des écosystèmes ». Autrement dit de consentir à de gros efforts pour l’environnement.....

    #production
    #aquaculture va dépasser celle du #bœuf

  • De la fausseté des variétés anciennes de #légumes
    http://www.dumieletdusel.com/archives/2013/11/06/28376387.html

    Cependant il existe vraiment des variétés anciennes, me rétorquerez-vous, avec raison. Prenons par exemple les fameuses tomates cœur de bœuf. Cette variété est effectivement ancienne, c’est une grosse tomate très irrégulière, très charnue et parfaitement invendable dans la grande #distribution car elle ne supporte pas les chocs une fois qu’elle est à maturité. Comme il y a un regain d’intérêt du public pour ces tomates ayant beaucoup de goût, que croyez-vous qu’’ont mijoté les industriels, les petits malins Savéol et compagnie ? Eh bien ils ont recréé une pseudo tomate cœur de bœuf, qui ressemble vaguement à l’autre parce qu’elle est côtelée, mais un œil averti la reconnaît tout de suite car trop régulière. Elles ont toutes la même tête et la même taille. De plus, à la coupe, on voit qu’elle est creuse alors que la vraie est pleine et charnue. Et au goût... c’est tout simplement lamentable. La cœur de bœuf industrielle est une menteuse !

    #agriculture #consommation

    • @aude_v oui et derrière cette approche libertarienne Kokopelli c’est aussi pas mal de business, c’est assez triste.
      Leur gros bouquin « les semences de kokopelli » (que j’avais acheté dans mon enthousiasme de l’époque), mi catalogue, mi manuel de production de semences avec 2-3 conseils de culture, dont rien ne justifie le prix.
      Les marges énormes de leurs sachets de graines rémunérés quelques centimes à leurs producteurs respectifs.
      Les nombreux voyages annuels de leur président (à vie ?) en Inde (que je mets en lien aussi avec les positions de ce dernier quant au réchauffement climatique).

      Depuis quelques années, pour ce que je n’autoproduis pas je me fournis chez Biaugerme http://www.biaugerme.com, chez qui l’adéquation discours-pratique est d’un autre ordre.
      Et deux réseaux non commerciaux plus locaux que je connais un peu directement ou indirectement : http://www.haziensarea.org/index.php/eu.html au Pays Basque et http://biodiva.free.fr/spip2/index.php3 dans le Quercy-Rouergue.

    • Ce qui me dérange c’est la sacralisation des anciennes variétés de légumes ou de fruits. Ces variétés ne sont pas forcément meilleures ou plus résistantes parce qu’elles sont anciennes.

      Ca se voit dans la critique de Kokopelli où les travaux de Tom Wagner sont snobé alors qu’il fait un travail peut être capital pour créer des variétés de pommes de terre fertiles qui peuvent être reproduites par graines pour supprimer les virus au lieu d’utiliser des techniques high-tech de laboratoire.

      Maintenant on comprend mieux comment tout ça marche et il y a des techniques pointues accessibles aux amateurs (voir Breed your own vegetables varieties de Carole Deppe). Il serait dommageable de croire qu’on ne peut pas faire mieux que les anciens. Des tas d’amateurs tentent de rendre fertiles des ails ou des tubercules des Andes, de transformer les scorsonères en des salades vivaces, de rendre les pastèques vivaces ...

    • @nicolasm

      Ces variétés ne sont pas forcément meilleures ou plus résistantes parce qu’elles sont anciennes.

      Y’a quand même quelques chances si elles ont survécu qu’il y ait de bonnes raisons gustatives productives ou pour la résistance aux maladies. Sinon cultiver la diversité ne nuit jamais, les différences entre deux tomates comme la Crimée et la St Pierre ou la productivité de la petite poire jaune te permettent aussi différents usages culinaires.

      Tant mieux si on assiste à un effet de mode ’graines anciennes’, pourvu que cela dure et s’étende car la règle dans les potagers de campagne est plutôt roundup, engrais, tue-limaces et graines de supermarché…
      Un conservatoire de graines n’est pas forcément rempli de conservateurs et les conserves de légumes anciens peuvent même être fraîches :)
      L’un n’empêche pas l’autre, on peut tester de nouvelles plantes et utiliser des anciennes.

      L’inquiétude de perdre des graines anciennes a des fondements réels, ne serait-ce que la disparition de la paysannerie et faire mieux que les anciens est un terme curieux, de quels anciens parles-tu ? Vers quel progrès tendre ?
      J’aimerais connaitre l’Histoire du potager et savoir pourquoi en si peu de temps on a perdu la connaissance des plantes et de leur culture. En moins d’un siècle, on a bousillé la culture du sol, le vin des égyptiens était un remède aujourd’hui c’est plutôt du poison.

      #progrès #modernité

    • @touti, je ne suis pas contre les variétés anciennes hein, surtout pas. Mais je vois dans les milieux #écologie, #bio et #permaculture une sorte de filtre où ancien = bien, et moderne = mal.

      Les variétés anciennes sont importantes en tant que telles, et en tant que base génétique pour de nouvelles variétés. Les variétés anciennes n’ont pas forcément étaient sélectionnées pour le meilleur goût, ne sont pas forcément résistantes aux maladies ayant muté récemment ou importées, et pour certaines espèces les variétés traditionnelles étaient « juste » le résultat de sélection des plus performantes et des traits dominants dans les croisements (pour les cucurbitacées par exemple). Et elles ont été sélectionnées dans (et pour) des conditions de cultures certes non industrielles mais à l’ancienne, et il pourrait y avoir des variétés (à développer) plus adaptées à une culture en permaculture (sol paillé, polyculture d’espèces ...).

      En bref, je voulais dire que les variétés anciennes sont une bonne base, mais pas forcément le Graal.

    • moderne=mal
      Oui, tout à fait, et je pense que cette méfiance se justifie. La notion de modernité n’est pas constituée du respect du cycle naturel, de la vie, de la lenteur, de la capacité d’observer avant d’agir. L’idée même de progrès est aussi à remettre en cause parce qu’il y a tellement de choses à (ré)apprendre avec humilité.
      Tu parles de permaculture, mais ce n’est pas un point de vue théorique, c’est une pratique longue et laborieuse avant de porter ses fruits, un état d’esprit assez éloigné de la technicité moderne au rendu immédiat. #Emilia_Hazelip racontait comment avoir des abricotiers de 800 ans, pourtant ils ne peuvent exister que si on a la capacité d’envisager que ce que l’on plante aujourd’hui est pour un futur inconnu.

    • @touti
      La modernité et le progrès portent en eux tout un bagage idéologique fort justement analysé par la #décroissance. Cela dit il serait très dommageable de se priver de ces deux notions pour envisager un futur meilleur :
      – Modernité : nos actions s’inscrivent dans un cadre, des connaissances, une urgence, des techniques, des matériaux qui n’étaient pas les mêmes que dans les générations précédentes
      – Progrès : oui on peut faire mieux que nos ancêtres, et j’espère qu’on le fera car la vie n’était pas spécialement rose. On peut organiser d’autres formes de (non-)gouvernance, redéfinir la propriété de la terre, mettre en place de meilleurs systèmes agricoles (#permaculture, #keyline_system, #élevage_leader_follower, l’#holistic_management, #restoration_agriculture), on a encore la technologie pour faire du terrassement, facilement pour mettre en place des systèmes d’#aquaculture, peut être bientôt des #céréales_vivaces, le meilleur des espèces et variétés de tous les continents. Alors oui il faut regarder en arrière et prendre tout ce qu’il y a pu y avoir de bon pour notre futur post pétrole (et il y en a eu des tas, bien obligés), mais surtout faire un hybride avec ce qu’il y a de bon dans nos sociétés modernes (y en a) et chez les #sociétés_primitives. Sinon je ne suis pas sûr qu’on y arrive, et surtout que ce soit un truc enthousiasmant pour les jeunes générations. #blabla

    • @nicolasm monter des salades pour permettre aux jeunes générations de croire que l’avenir est enthousiasmant c’est pas trop ma tasse de thé, sur qu’il faudrait un truc plus fun que Fukushima.
      Quand tu dis modernité et progrès et que tu cites derrière tous ces modes de culture qui permettent de restaurer la terre parce qu’elle est devenue désert, de la respecter, d’éviter de la gorger de saloperies, d’être en harmonie avec les autres, je ne vois pas bien ce qu’il y a de moderne à part que cela se passe aujourd’hui. Je suis bien d’accord qu’il faut réparer les conneries et tenter de faire un peu mieux que FNSEA et PACA réunis…
      mais c’est pas de la modernité, c’est juste une nécessité essentielle.

    • Si tu ne vois pas ce qu’il y a de moderne à faire reculer le désert et vivre en harmonie avec les autres, je t’encourage à regarder l’histoire de la dernière centaine de siècles, tu pourras y déceler un cycle récurent de montée d’une civilisation, de déforestation, d’érosion des sols, de dégradation des voies navigables et d’irrigation, de salinisation, et de crash de la civilisation en question.

      Et si tu te renseignes mieux sur les techniques que j’ai citées, tu verras quelles sont des avancées, parfois révolutionnaires, et qu’elles datent d’un siècle maxi, souvent de moins de 50 ans.

      Et tu peux utiliser un ton plus courtois au passage, ça pourra pas faire de mal

    • Je suis moi aussi très réservée sur les vocables « progrès » et « modernité » qui revoient véritablement à tout un tas de technologies ou de pratiques qui n’ont pas apporté le bonheur, loin s’en faut. Je préfère parler d’#agriculture_heureuse, non pas parce que les paysans s’éclatent en désherbant mais parce qu’elle est vertueuse à tout point de vue. Pour les rendements, l’environnement, le paysans, les animaux, etc. Que se soit « nouveau » ou pas, comme dans le marketing, on s’en fout, et on s’en fout d’autant plus que les techniques agricoles s’appuient le plus souvent sur des pratiques antérieures. L’agriculture est le premier logiciel libre et qu’elle le reste.

    • Mais il ne s’agit pas de sacraliser des variétés anciennes parce qu’elles sont anciennes, mais de pérenniser celles d’entre elles qui ont fait leurs preuves parce qu’elles sont délicieuses au goût, faciles à reproduire et à s’adapter.

    • @nicolasm il n’y a rien de méprisant dans mes propos, si ce sont les salades qui te gênent, désolée si ça t’a perturbé, mais elles me font rire. Il y a tellement de croyances dans la modernité et le progrès, même s’il y a peut-être mésentente sur le vocabulaire, que je me méfie de ce que cela véhicule.
      J’ai regardé avec intérêt les modes agricoles que tu dis modernes, certaines dont j’ignorais le nom sont très intéressantes mais je ne vois rien qui n’ait été pensé et fait auparavant. Les techniques modernes ne sont pas pour moi de cet ordre, le pourcentage de terres en permaculture ou en bio est mineur, la modernité pousse le bio vers l’industrialisation et bien loin de la pensée de l’écologie politique. L’#ethnobotanique est une science passionnante, elle permet de comprendre les interactions entre les sociétés humaines et les plantes.
      Si la modernité nous permettait de vivre les uns avec les autres plus harmonieusement et de faire reculer le désert j’y adhèrerai volontiers, malheureusement notre lien avec la nature est de plus en plus lointain. Tu as la chance d’évoluer dans un milieu qui requestionne ces rapports et tente de se rapprocher de cette connaissance, profites en bien.

    • @odilon on est d’accord sur les anciennes semences, même si je pense que les grainetiers les trouvent très peu performantes, et veulent plus contrôler les flux de distribution que le patrimoine génétique des anciennes variétés (dont ils ont un accès complet).

      @touti je t’assure que ces concepts n’existaient pas avant, et que du coup ils méritent toute notre attention car sinon on retournera dans une agriculture à l’ancienne qui avait aussi beaucoup de défauts.

      Par exemple l’Holistic management est une stratégie qui peut être mise en place très facilement grâce à une technologie moderne (les clôtures électriques facilement bougées par une seule personne + batterie + panneau solaire éventuel).


      Faut-il rejeter cette méthode d’élevage à cause de cette technologie moderne, voir de pointe ?

    • @nicolasm

      Faut-il rejeter cette méthode d’élevage à cause de cette technologie moderne, voir de pointe ?

      Mazette, tu penses que poser des piquets électriques solaires est une technologie moderne de pointe ?

      Respect du cycle de la terre, association de plantes, méthodes d’irrigation, jachère, culture en terrasses, sans labour, mulch, restauration des terres ne sont ni modernité ni progrès, ou nous n’avons pas la même définition du mot, tout cela existe depuis longtemps, le seul progrès est que l’on admet tout juste la nécessité de repenser notre rapport destructeur avec la nature, c’est bien l’essentiel.
      Avant les clôtures électriques existaient d’autres séparateurs pour les terres, par exemple pour effectuer les rotations de pâturages, comme des murets ou des haies, ou les fils de fer barbelé.

      Pas d’inquiétude, l’agriculture à l’ancienne ne reviendra jamais, #Goldsmith de la revue « The Ecologist » disait que cultiver en marge du monde agricole actuel sans prendre position globalement était impossible car nous subissons les pluies acides, les engrais des voisins, les ogms et les marchés boursiers.

      La modernité permet d’aller vite, d’accélérer des cycles, de réduire la main-d’oeuvre, de rentabiliser des investissements en les planifiant et d’étudier rationnellement et scientifiquement le possible futur. Cela conforte même, nécessité humaine oblige, l’idée que l’on fait mieux qu’avant.
      Sous ce prétexte de modernité et de progrès qui reste toujours aussi vendeur (sauf dans le milieu que tu décris en bio et permaculture qui doute de la modernité en elle même) on a acculé les agriculteurs à s’endetter, à déverser des pesticides, des engrais et, entre autres, à supprimer les haies pour aboutir à l’inverse de l’#agriculture_heureuse, au point que les suicides sont légions et que la paysannerie disparait. Par contre on peut employer un seul mexicain qui en une journée pourra poser 3ha de clôtures.

      Nature pas moderne :

    • @nicolasm, seenthis n’est vraiment pas un lieu pour la parano, ici on apprend à se connaitre, ou pas.
      Je pense défendre dans la vraie vie, par mes actes, des modes de vie plus écologique, au sens politique et pratique du terme. Je me heurte régulièrement à ceux qui dénigrent les semenciers de graines anciennes, aux artisans qui refusent d’utiliser la chaux à la place du ciment, aux villageois qui détruisent des murs de 300 ans d’âge pour construire des parkings, aux jeunes qui se disent ébénistes et qui coupent des poutres en chêne pour en faire des buches.
      Tous ces gens ont en commun de faire cela au nom de la modernité et du progrès et de persévérer en méprisant ouvertement ceux qui font autrement, pire parfois je tombe sur des industriels qui défendent ces méthodes ’modernes’ coûte que coûte, là, je sais plus facilement que c’est pour le fric.
      C’est pour cela que je te disais que tu as de la chance d’évoluer dans un milieu sensible à ces questions, parce que c’est une petite minorité en face de modes barbares.
      Tu n’as pourtant pas l’air de parler de modernité de la même façon, tant mieux, mais qui me le dit, sinon toi même lorsqu’on te pousse dans tes retranchements ;)

  • #Saumon : la Norvège reconnaît que son poisson est dangereux pour la #santé
    http://www.maxisciences.com/saumon/saumon-la-norvege-reconna-t-que-son-poisson-est-dangereux-pour-la-sant

    En effet, même soumis à des normes d’élevage très strictes, le saumon est en contact avec des produits chimiques qui présentent un risque pour la santé. Anne-Lise Bjorke Monsen, du laboratoire de biochimie clinique de Bergen, explique : « les polluants retrouvés dans le saumon d’élevage ont une mauvaise influence sur le développement du cerveau, et sont associés à l’autisme, à l’hyperactivité et à la baisse de QI ».

    C’est quoi des normes strictes si elles permettent de porter atteinte au développement cognitif des consommateurs ?

  • Why fish farming can help people living with HIV in Liberia | Afua Hirsch | Global development | theguardian.com
    http://www.theguardian.com/global-development/2013/sep/17/fish-farming-help-liberia-hiv-positive

    Good nutrition is particularly important for people with HIV. Research has shown they need much higher than average levels of protein (pdf) to prevent their health from deteriorating and to allow healthy growth. “Nutrition is one of the key things if you are taking anti-retroviral drugs,” said Chon. “The drugs are toxic, and if you don’t have food to eat, they can make you very ill.”

    “But food in Liberia is very expensive. We buy expensive imported rice, even though we should be growing it ourselves, and fish is difficult for most people to afford.”

    Sheehy says Grow2Feed is the first co-operative fish farm in Liberia to operate for the benefit of an HIV-positive community. The project has attracted the interest of the Liberian government, and the UN Food and Agriculture Organisation (FAO), which has worked with Grow2Feed to provide training, will also support teaching at the University of Liberia.

    #aquaculture #HIV #alimentation #santé #Liberia

  • L’autorisation d’un #saumon_transgénique fait débat aux #Etats-Unis
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/04/26/l-autorisation-d-un-saumon-transgenique-fait-debat-aux-etats-unis_3167282_32

    Depuis, le sujet a déchaîné les passions outre-Atlantique. Preuve de cette inquiétude : la période initiale de consultation du public, qui devait à l’origine s’achever fin février, a été prolongée de soixante jours à la demande d’un groupe de sénateurs américains, après avoir reçu plus de 400 000 observations. Le nombre d’observations s’élève aujourd’hui à 1,5 million. Plus de 2 500 supermarchés à travers le pays se sont par ailleurs engagés à ne pas vendre de saumons génétiquement modifiés. En outre, 260 chefs ont signé une lettre boycottant les poissons.

    « Ces craintes proviennent d’un large éventail de la population : des consommateurs, des scientifiques, des producteurs de saumon, des médecins, des ministres ou encore des étudiants, précise Wenonah Hauter, directrice exécutive de Food & Water Watch. La FDA doit faire passer les intérêts de la population avant ceux de l’industrie des biotechnologies, qui semblent être seuls partisans du saumon transgénique. L’agence doit reconnaître que les risques environnementaux et les questions de sécurité alimentaire persistants ne justifient pas l’approbation de ce produit. »

  • Les animaux OGM nourriront-ils la planète ? - Terra eco
    http://www.terraeco.net/Les-animaux-OGM-nourriront-ils-la,44522.html

    Les animaux génétiquement modifiés sont prêts à garnir nos assiettes. Mais les Européens, réticents à en consommer, sont plus sensibles au bien-être animal qu’à l’argument selon lequel ces animaux résoudraient la faim dans le monde.

    Le saumon AquAdvantage®, de la firme américaine Aquabounty Technologies située dans le Massachusetts, est depuis 2010 en cours d’évaluation par la Food and Drug Administration (FDA), l’agence de santé américaine. Ce poisson transgénique a la capacité de grossir deux fois plus vite qu’un saumon d’Atlantique classique. Il peut arriver sur le marché en 16 à 18 mois, au lieu des trois ans habituels.

    en voilà encore une grosse arnaque

    #OGM #brevets #agroalimentaire #aquaculture #élevage