#bhabha

  • Patrick Sultan, La scène littéraire postcoloniale , « L’Esprit des Lettres », Le Manuscrit, Paris, 2011.

    La scène littéraire #postcoloniale de Patrick Sultan répond enfin à ceux qui avaient l’intuition que les auteurs classés comme francophones, anglophones, ou lusophones, méritaient une approche critique renouvelée. Aucune consécration littéraire, ni aucun succès d’édition, ne pouvaient permettre d’éluder ce débat. Dans cet essai adapté de sa thèse de doctorat, Sultan propose un réexamen profond d’anciens cadres inappropriés pour l’approche des nouvelles littératures nées des décolonisations. Le projet de Sultan est remarquable par son ampleur, car il confronte la tradition comparatiste française aux postcolonial studies. Surtout, il appréhende les #postcolonial_studies comme l’occasion d’un renouvellement de la recherche universitaire. Sultan réalise une épistémologie ambitieuse par la mise en commun d’acquis méthodologiques issus de deux courants de la recherche littéraire. Il pose également les jalons d’un comparatisme dont la refondation dépend selon lui d’une mise en perspective mondialisée. Les postcolonial studies vues par Sultan doivent autant à #Said, à #Bhabha, et #Spivak qu’aux récents travaux de Jean-Marc Moura1, Judith Schlanger, Pascale Casanova et aux préoccupations de #Glissant, Chamoiseau, Ben Jelloun ou Kourouma.

    http://www.contretemps.eu/fr/lectures/recension-sc%C3%A8ne-litt%C3%A9raire-postcoloniale-patrick-sultan-sc%C3%

  • « Le mimétisme colonial est le désir d’un Autre réformé, reconnaissable, comme sujet d’une différence qui est presque le même, mais pas tout à fait. Ce qui revient à dire que le discours du mimétisme se construit autour d’une ambivalence ; pour être efficace, le mimétisme doit sans cesse produire son glissement, son excès, sa différence. L’autorité de ce mode de discours colonial que j’ai appelé mimétisme est donc frappé d’une indétermination : le mimétisme émerge comme la représentation d’une différence qui est elle-même un processus de déni. Le mimétisme est ainsi le signe d’une double articulation ; une stratégie complexe de réforme, de régulation et de discipline, qui « s’approprie » l’Autre au moment où elle visualise le pouvoir. » (Homi.K. Bhabha)

    #Mimétisme
    #Bhabha
    #postcolonial_studies.

  • Condition postcoloniale

    « L’idée fondamentale des études postcoloniales est à mes yeux la suivante. Au cours de XVIIIème et XIXème siècles, alors qu’une partie du monde créait des nations, des citoyens, des Droits de l’Homme, alors que l’Europe produisait ces idées extrêmement importantes et radicales, elle produisait simultanément des savoirs orientalistes, des stéréotypes, des “indigènes”, des individus qui se voyaient refuser la citoyenneté. En même temps qu’elle produisait de la civilité, elle produisait de la “colonialité”. Cette contradiction profonde est celle de la modernité elle-même. Et elle demeure manifeste aujourd’hui, dans les contradictions du processus de mondialisation » ( Homi K. Bhabha , Sciences Humaines, n°183, juin 2007).

    "Il est impossible, lorsqu’il est question du récit de la modernité, de maintenir le « ici » hermétiquement séparé du « là-bas ». Ce qui était « là-bas » était « ici », matériellement et symboliquement : dans les matières premières et les liens de consommation, dans les ressources et les marchandises, dans les revenus et les profits, dans les produits du travail forcé et gratuit ; dans les goûts et les gastronomies importés, dans le raffinement des sensibilités et dans l’affirmation des distinctions qui ont rendu possible et constitué la modernité. Ce qui était « là-bas » était « ici » et formait pour l’imaginaire moderne le « dehors » par rapport auquel les subjectivités modernes se constituaient. Ce qui était « là-bas » était « ici » : dans les tasses de thé qui adoucissaient les mœurs et soulageaient les cœurs agités, dans les soies qui ornaient les corps et les maisons, et même dans le sucre et les confiseries qui ont pourri des millions de dents civilisées. Ce qui était « ici » était « là-bas » : dans les ports de commerce, les plantations, les mines et les marchés, les armées conquérantes et les fortifications navales, les systèmes d’administration, de gouvernance et d’éducation coloniaux, les églises et les salles de classe. Ces relations étaient entretenues par les incessantes vagues de migration, vers et depuis les colonies, ainsi que par la formation du « monde » comme un potentiel marché unique. En somme, les relations entre la modernité capitaliste, entendue comme une entreprise globale, et la vigueur des empires ont rassemblé ces différents mondes et entremêlé inéluctablement leur passés et leurs futurs respectifs." ( Stuart Hall )

    #postcolonial_studies.
    #Bhabha
    #Stuart_Hall