• Qui sont les « pires des pires » ? - Cairn.info
    http://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2010-2-page-201.htm

    Un article de Yasmina Bouagga, chercheuse à l’EHESS

    It’s for guys who just can’t behave themselves in the general population, these are the worst of the worst"
    suite, disait la porte-parole de la prison de Monroe au sujet de la nouvelle Intensive Management Unit (IMU) dont se dotait l’État de Washington. Le cube noir, adjacent au bâtiment principal de la prison, peut accueillir deux cents détenus, soumis à un contrôle constant grâce à l’architecture panoptique doublée de technologie : les cellules sont disposées en étoile autour du box de contrôle informatisé, d’où sont actionnés les boutons d’ouverture et de fermeture des portes ; les caméras de surveillance enregistrent de manière constante les gestes des détenus, sous la lumière froide des néons. Les murs sont nus, l’ameublement minimaliste ; les seuls objets que l’on trouve dans les couloirs sont les piles de combinaisons orange destinées aux détenus, et les gants en plastique dont les agents se munissent lorsqu’ils doivent effectuer une escorte.

    #Prisons #USA #Supermax

    • Bob Wilson, surnommé the Godfather of the IMU, est entré dans le métier comme surveillant au pénitencier de Walla Walla, où son père était lui-même surveillant. Dans les années 1960-1970, le pénitencier historique de l’État représentait une avant-garde du réformisme : la prison était quasiment autogérée par des clubs de prisonniers qui animaient toutes sortes d’activités et imposaient leurs règles sur le fonctionnement de la détention.

      Dans un contexte tendu à la fois au niveau local (surpopulation carcérale) et national, Walla Walla fut le théâtre d’incidents graves, qui se succèdent à la fin des années 1970 (mutineries, agressions de détenus et de surveillants, meurtres parfois) ; la nouvelle direction décida de reprendre en main l’établissement, d’imposer davantage de discipline et d’isoler les perturbateurs. Sur la période de ce tournant, voir la chronique journalistique...
      suite. Le premier IMU fut ouvert en 1984. Bob Wilson en devint le capitaine : lui-même avait été agressé par un détenu quelques semaines à peine après avoir été embauché, et il soutenait fermement les dispositifs de mise à l’écart des détenus violents : les ordres étaient explicitement de faire fonctionner la structure avec un niveau de sécurité maximal, sans se faire condamner par le juge fédéral pour inconstitutionnalité. Après avoir gravi les échelons hiérarchiques, Bob Wilson est devenu numéro deux du Department of Corrections. Il a parrainé la création de quatre autres IMU, suivant l’expansion des prisons dans l’État.

      #biopic_possible