TourMaG : Justement quelles réactions avez-vous eu et avez-vous aujourd’hui de la part des agents de voyages ?
Michel Messager : Au début ce n’était pas évident, je me souviens de ma première présentation sur le sujet à un congrès Selectour à l’époque sous la Présidence de Philipe Demonchy, il y maintenant un peu plus de dix ans.
Inutile de vous dire que l’auditoire était quelque peu dubitatif… c’est le moins que l’on puisse dire ! Néanmoins quelques-uns étaient venus à la fin de la séance pour me poser des questions et semblaient intéressés. Je me souviens plus particulièrement de deux d’entre elles : Roch Guilabert avec lequel j’ai créé par la suite l’Institut Européen du Tourisme Spatial et Jean-Pierre Lorente pour lequel un an plus tard j’intervenais à son congrès sur le thème « Rien n’est impossible ». Ensuite les choses ont suivi leur cours.
Aujourd’hui, le message est un peu plus difficile à faire passer car si l’intérêt est toujours là par contre on se heurte au problème écologique. La nouvelle génération étant plus préoccupée par la sauvegarde de la planète que par le tourisme spatial, qu’elle considère comme un élément pollueur.
C’est d’ailleurs le grand défi du tourisme spatial, qui l’a compris et fait de nombreux efforts en ce domaine : recherche de « carburants verts », dépollution des débris dans l’espace, étude sur de nouveaux types de lanceurs… d’où l’idée de mon nouveau livre « Tourisme Spatial et Ecologie ».
Comment s’emparer du sujet du tourisme spatial ?
AUTRES ARTICLES
Tourisme spatial : quelles perspectives en 2023 ?
Artemis I : un premier pas vers le retour des voyages sur la Lune
Écologie : le tourisme spatial aussi dans l’œil du cyclone
Les Français en pointe sur la formation des futurs touristes de l’espace ?
Tourisme spatial : Tom Cruise, premier civil à sortir à l’extérieur de l’ISS ?
TourMaG - A part vendre des voyages dans l’espace, comment les agences peuvent-elles s’emparer d’un tel sujet ?
Michel Messager : Evidemment, je leur souhaite de vendre des voyages dans l’espace. Avec un billet à 350 000 dollars (vol suborbital), un déposit de 25% pendant deux ou trois ans et une commission de 10%, le jeu en vaut la chandelle.
Mais on ne vend pas et on ne vendra pas des voyages spatiaux tous les jours. Par contre on peut faire des visites de sites de lancement, proposer un séjour dans un hôtel spatial sur terre comme par exemple au Futuroscope, faire des excursions dans un parc d’attraction consacré au spatial comme l’Euro Space Center.
Mais on peut innover aussi dans le MICE en basant son congrès ou sa convention autour de l’innovation et du tourisme spatial, en faisant venir des astronautes, des starts up du New Space pour montrer à l’assistance que rien n’est impossible, que le monde bouge et qu’il faut sans cesse se remettre en question.
TourMaG - Quelle est la place de l’Europe et de la France, dans cette course au Tourisme Spatial ?
Michel Messager : « L’espace est un bien commun qui doit être utile à tous. Pour nous, Européens, le modèle spatial viable n’est pas celui de l’exploitation, il est celui de l’exploration, celui qui permet d’améliorer la connaissance du monde et de l’univers ».
Voilà ce qu’a dit Emmanuel Macron au dernier sommet européen de Toulouse consacré au Spatial. La prise de position de la France, reprise pas l’ensemble des pays européens, est simple : oui à la recherche, non au commerce, c’est-à-dire le tourisme spatial.
La messe semble dite !
TourMaG - Un dernier mot sur le Tourisme Spatial ?
Michel Messager : En guise de conclusion, une citation si vous le permettez et qui résume parfaitement bien le tourisme spatial, celle du cosmonaute Buzz Aldrin qui a été le deuxième homme sur la Lune : « Le tourisme spatial est l’avenir logique du marché touristique de l’aventure ».