• L’aménagement forestier, un fiasco franco-camerounais
    https://afriquexxi.info/L-amenagement-forestier-un-fiasco-franco-camerounais
    par #Fanny_Pigeaud

    Le #Cameroun, recouvert à 40 % de forêts tropicales qui fournissent aujourd’hui des produits de base traditionnels à environ 8 millions de personnes selon la Banque mondiale, devient au milieu des années 1990 le pays-pilote de ce modèle. Il n’a pas vraiment le choix : sous ajustement structurel, il y est contraint par ses bailleurs de fonds occidentaux, dont la France et la Banque mondiale. En 1994, le Cameroun est le premier État d’#Afrique_centrale à faire entrer dans sa législation le modèle d’#aménagement_forestier conçu par Paris.

    Le dispositif mis en place prévoit que l’État confie aux #entreprises_forestières, sous le régime de #concession et en général pour trente ans, de vastes superficies de forêts appelées « unités forestières d’#aménagement » (UFA). Chaque UFA couvre jusqu’à 200 000 hectares et est divisée en blocs qui sont exploités les uns après les autres, au fil des ans, sur la base d’un inventaire des #essences. L’objectif final : alimenter le marché mondial du bois. Quasiment tout ce qui sera extrait des UFA, bien souvent par des multinationales, quittera le pays.

    [...]

    Le temps a fini par faire tomber certaines croyances. « Quand la #sylviculture_tropicale moderne est née [au lendemain de la Seconde Guerre mondiale], on pensait que les forêts tropicales étaient beaucoup plus productives, que des cycles de coupe sur 30 ou 40 ans étaient suffisants pour une reconstitution durable sur le long terme du stock de #bois prélevé. Les données scientifiques dont on dispose aujourd’hui montrent que ce n’est pas le cas », explique Plinio Sist, écologue des #forêts_tropicales spécialisé sur l’Amazonie et chercheur du #Cirad.

  • Au #Cameroun, la #chasse aux #trophées heurte les droits des « premiers gardiens de la #forêt » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280224/au-cameroun-la-chasse-aux-trophees-heurte-les-droits-des-premiers-gardiens

    Peu de retombées économiques, des problèmes sociaux : le Cameroun n’est pas une exception. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (#UICN), ce type de chasse en #Afrique ne permet de financer qu’une petite partie des montants nécessaires à la #conservation et ses retombées socioéconomiques sont faibles.

    Comment s’en étonner ? « Les zones de chasse ont été d’abord créées pour la récréation des utilisateurs », rappelle Samuel Nguiffo, secrétaire général du Centre pour l’#environnement et le #développement (CED), une ONG basée à Yaoundé. Elles font partie « d’un type de gestion extractive, d’un schéma très ancien, qui n’a pas été construit à l’origine pour défendre les intérêts des #populations, mais qu’on essaie désormais d’accommoder à la sauce “développement durable” et “changement climatique” ».

    Pour améliorer la situation, les safaris doivent obliger leurs employés à respecter les droits des #Baka, insiste Honoré Ndjinawé. Il faut revoir l’ensemble du système, juge de son côté l’acteur de la conservation cité plus haut : « On devrait pouvoir s’appuyer davantage sur la population locale pour sauvegarder les forêts et la faune qu’elle connaît mieux que quiconque et a toujours su protéger. »

    C’est aussi ce que pense Pepito Meka Makaena, qui ne veut plus de #chasse_sportive dans sa zone : « La forêt doit rester libre d’accès. On peut organiser la #lutte_antibraconnage et imaginer un autre type de protection qui ne met pas la population en difficulté. »

  • Un long article de synthèse sur un débat en cours : jusqu’à quel point la société française actuelle est-elle marquée par des legs coloniaux ? A retenir, notamment, les noms et analyses des philosophes Souleymane Bachir Diagne et Nadia Yala Kisukidi.
    (la suite de l’article est à lire en vous connectant au site du Monde)

    Comment la question coloniale trouble les sociétés occidentales
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/19/comment-la-question-coloniale-trouble-les-societes-occidentales_6211842_3232

    Comment la question coloniale trouble les sociétés occidentales
    Par Nicolas Truong, le 19 janvier 2024

    Si l’histoire des colonisations se renouvelle en France, ses approches théoriques restent déconsidérées par une frange de l’opinion qui en refuse les conclusions et les réduit à leurs aspects les plus controversés.

    C’est une histoire qui travaille les mémoires. Un passé qui pèse sur le présent. La question coloniale ne cesse de hanter la politique nationale. A croire que chaque fracture française réveille ce passé qui a encore du mal à passer. Dans certaines de ses anciennes colonies, notamment africaines, où la France est conspuée et même chassée de pays longtemps considérés comme des prés carrés. Dans ses banlieues paupérisées au sein desquelles les émeutes contre les violences policières ravivent le sentiment du maintien d’une ségrégation sociale, spatiale et raciale héritée de la période coloniale. Dans des stades où La Marseillaise est parfois sifflée.

    Une histoire qui s’invite jusque dans les rangs de l’Assemblée nationale, où l’usage du terme « métropole » pour désigner la France continentale sans les territoires d’outre-mer est désormais rejeté, car considéré comme colonialiste. Et jusqu’à l’Elysée : après avoir affirmé, lors de la campagne présidentielle de 2017, que la colonisation était un « crime contre l’humanité » qui appartient à un « passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », Emmanuel Macron a finalement estimé, en 2023, qu’il n’avait « pas à demander pardon ». Un ravisement contemporain d’un ressassement idéologique et médiatique permanent contre la « repentance », la « haine de soi » et l’« autoflagellation ».

    Cependant, il semble difficile pour une société d’éviter les sujets qui finissent inexorablement par s’imposer. Il en va de la colonisation comme de la collaboration. La génération Mitterrand et les années Chirac ont été ponctuées par des révélations, débats et discours marquants liés à la période du gouvernement de Vichy. La France d’Emmanuel Macron n’échappe pas à l’actualité de l’histoire de ses anciennes colonies. Car « le passé colonial est partout », résume l’historien Guillaume Blanc, l’un des quatre coordinateurs de Colonisations. Notre histoire, ouvrage collectif dirigé par Pierre Singaravélou (Seuil, 2023).

    (...).

    #colonisation #colonialité #racisme #antiracisme #émancipation #universalisme

    • Suite de l’article :

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/19/comment-la-question-coloniale-trouble-les-societes-occidentales_6211842_3232

      « Le colonialisme n’est pas achevé »

      Au Sahel, la présence de la France est devenue indésirable. Bien sûr, la stratégie africaine de la Chine comme l’emprise de la Russie, à travers les milices privées du Groupe Wagner, n’y sont pas étrangères. Mais « il faut souligner l’épaisseur historique de ce sentiment », insiste Guillaume Blanc. L’histoire de cette réprobation est « à la fois récente et ancienne », ajoute-t-il, en référence aux analyses d’Ousmane Aly Diallo, chercheur à Amnesty International, selon qui les interventions militaires de la France dans ses anciennes colonies en Afrique – près de cinquante depuis 1960 – ont pérennisé « l’hégémonie française dans ces espaces ». Ainsi, à partir de 2022, lorsque l’armée française quitte le Mali et le Burkina Faso et se replie au Niger, « elle a beau dire y lutter contre le djihadisme, les populations y voient une ingérence française de plus », constate Guillaume Blanc.

      Cette histoire est également plus ancienne et « nous ramène notamment aux années 1950 », explique-t-il, à la lumière des apports de l’historienne Gabrielle Hecht : c’est à cette époque, selon elle, que la France a construit sa prétendue « indépendance énergétique » en exploitant l’uranium du Gabon et du Niger. En échange de prix avantageux, la France soutenait les dirigeants gabonais et nigériens au pouvoir.
      Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés « La question du passé colonial est le dernier “tabou” de l’histoire de France des XIXᵉ et XXᵉ siècles »

      C’est pourquoi « les sociétés africaines sont des sociétés postcoloniales, tout simplement au sens où le passé colonial pèse encore sur le présent », observe Guillaume Blanc, qui estime que « la France est, elle aussi, une société postcoloniale ». En effet, rappelle le philosophe Souleymane Bachir Diagne, l’Organisation des Nations unies (ONU) considère toujours que la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie sont des territoires « non autonomes », ce qui signifie que leurs populations « ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes ». Pour le professeur d’études francophones à l’université Columbia (New York), « cela veut dire que la majorité des nations qui composent l’ONU, et qui pour la plupart ont conquis leur souveraineté contre le colonialisme, estime que le mouvement des décolonisations, qui a défini l’histoire du XXe siècle, n’est pas achevé ».

      Souleymane Bachir Diagne rappelle une situation encore assez méconnue. Car si les recherches sur les colonisations et décolonisations sont nombreuses, novatrices et fécondes, la diffusion de ces savoirs reste parcellaire. Afin d’enseigner l’histoire de la colonisation et aussi « combattre les clichés », Guillaume Blanc, maître de conférences à l’université Rennes-II, trouve « assez utile » de partir des chansons, des bandes dessinées ou des films lors de ses cours sur les sociétés africaines et asiatiques du XIXe au XXIe siècle. Dans les amphithéâtres, l’auteur de Décolonisations (Seuil, 2022) n’hésite pas à diffuser le tube de Michel Sardou Le Temps des colonies (1976), où l’on entend : « Y a pas d’café, pas de coton, pas d’essence en France, mais des idées, ça on en a. Nous on pense », ou à évoquer certains albums d’Astérix « qui parlent de “nègres” aux lèvres protubérantes et ne sachant ni lire ni écrire ».

      La popularité du couscous

      D’autres contributeurs de Colonisations, comme la linguiste et sémiologue Marie Treps, s’attachent à l’actualité des « mots de l’insulte », comme « bougnoul », emprunté à la langue wolof où il signifie « noir », apparu au Sénégal à la fin du XIXe siècle, terme vernaculaire transformé en sobriquet « lourdement chargé de mépris » qui désigne désormais « un étranger de l’intérieur ». Les experts du fait colonial mobilisent l’analyse des objets ou de la cuisine – avec la popularité du couscous ou du banh mi – mais aussi du paysage urbain, comme le géographe Stéphane Valognes, qui montre la façon dont les rues de Cherbourg (Manche) portent encore les traces de la conquête coloniale, avec ses maisons de style néomauresque et ses rues estampillées du nom d’anciens généraux coloniaux. Sans oublier le palais de l’Elysée, à Paris, ancien hôtel particulier financé pour la monarchie par Antoine Crozat (1655-1738), qui bâtit sa fortune, dans les années 1720, grâce à la traite transatlantique, après avoir obtenu le monopole de la fourniture en esclaves de toutes les colonies espagnoles.

      « Si l’histoire de la colonisation est bien connue des spécialistes, en revanche, en France, il y a encore un refus de voir ce que fut la colonisation », estime Guillaume Blanc, qui trouve « aberrant » d’entendre encore des hommes politiques et certains médias évoquer les routes et les écoles que la France aurait « amenées » dans ses colonies : « Sans le travail forcé, la mort et la sueur des Congolais, des Malgaches ou des Vietnamiens, il n’y aurait jamais eu de routes. Quant à l’école, les petits garçons et les petites filles colonisés n’y allaient tout simplement pas : l’enseignement était réservé à une élite restreinte, et la France n’a jamais eu l’intention de scolariser les millions d’enfants qu’elle colonisait. »

      Nous vivons un moment postcolonial parce que notre époque est postérieure à l’ère des grandes colonisations – d’où le préfixe « post » – mais aussi, selon certains chercheurs, parce qu’il convient d’analyser ce passé qui pèse sur le présent en dépassant les anciennes dichotomies forgées aux temps des colonies. Notamment celles entre Orient et Occident, centre et périphérie ou civilisation et barbarie. « Postcolonial » est ainsi à la fois le marqueur d’une période historique et la désignation d’un mouvement théorique : après la critique du « néocolonialisme » des années 1960-1970, à savoir de l’emprise occidentale encore manifeste au cœur des nouvelles nations indépendantes, les études postcoloniales – postcolonial studies – émergent à la fin des années 1970. Elles prennent leur essor dans les années 1980 sur les campus américains et s’attachent à montrer comment les représentations et les discours coloniaux, en particulier ceux de la culture, ont établi une différence radicale entre les colonisés et le monde occidental, notamment forgé sur le préjugé racial.

      Publié en 1978, L’Orientalisme, ouvrage de l’écrivain palestino-américain Edward Said (1935-2003) consacré à la façon dont un Orient fantasmé a été « créé » par l’Occident (Seuil, 1980), est considéré comme l’un des premiers jalons du courant postcolonial, même s’il n’en revendique pas le terme. Au cours d’une déconstruction des représentations et clichés véhiculés sur l’Orient depuis le siècle des Lumières, ce défenseur lettré de la cause palestinienne assure que « le trait essentiel de la culture européenne est précisément ce qui l’a rendue hégémonique en Europe et hors de l’Europe : l’idée d’une identité européenne supérieure à tous les peuples et à toutes les cultures qui ne sont pas européens ». Se réclamant d’un « humanisme » qui ne se tient pas « à l’écart du monde », cet ancien professeur de littérature comparée à l’université Columbia estimait dans une nouvelle préface publiée en 2003, en pleine guerre en Irak à laquelle il était opposé, que « nos leaders et leurs valets intellectuels semblent incapables de comprendre que l’histoire ne peut être effacée comme un tableau noir, afin que “nous” puissions y écrire notre propre avenir et imposer notre mode de vie aux peuples “inférieurs” ».
      « La continuation du rapport de domination »

      La pensée postcoloniale fut largement inspirée par les subaltern studies, courant né en Inde dans les années 1970, autour de l’historien Ranajit Guha (1923-2023), études consacrées aux populations à la fois minorées par la recherche et infériorisées dans les sociétés récemment décolonisées. Une volonté de faire « l’histoire par le bas », selon les termes de l’universitaire britannique Edward Palmer Thompson (1924-1993), une façon de rompre avec l’idée d’un progrès historique linéaire qui culminerait dans l’Etat-nation, une manière de réhabiliter des pratiques et des savoirs populaires mais aussi d’exercer une critique des élites indiennes souvent constituées en mimétisme avec l’ancienne bourgeoisie coloniale.

      L’ambition des intellectuels postcoloniaux est assez bien résumée par l’Indien Dipesh Chakrabarty, professeur d’histoire, de civilisations et de langues sud-asiatiques à l’université de Chicago : il s’agit de désoccidentaliser le regard et de Provincialiser l’Europe (Amsterdam, 2009). L’Europe n’est ni le centre du monde ni le berceau de l’universel. Incarnée par des intellectuels comme la théoricienne de la littérature Gayatri Chakravorty Spivak ou l’historien camerounais Achille Mbembe, cette approche intellectuelle « vise non seulement à penser les effets de la colonisation dans les colonies, mais aussi à évaluer leur répercussion sur les sociétés colonisatrices », résume l’historien Nicolas Bancel (Le Postcolonialisme, PUF, 2019).
      Lire aussi l’enquête (2020) : Article réservé à nos abonnés « Racisé », « racisme d’Etat », « décolonial », « privilège blanc » : les mots neufs de l’antiracisme

      L’empreinte de l’époque coloniale n’est pas seulement encore présente à travers des monuments ou les noms des rues, elle l’est aussi dans les rapports sociaux, les échanges économiques, les arts ou les relations de pouvoir. Car une partie de ses structures mentales se serait maintenue. « La fin du colonialisme n’est pas la fin de ce que l’on appelle la “colonialité” », explique Souleymane Bachir Diagne. Forgé au début des années 1990 par le sociologue péruvien Anibal Quijano (1928-2018), ce terme désigne un régime de pouvoir économique, culturel et épistémologique apparu à l’époque moderne avec la colonisation et l’essor du capitalisme mercantile mais qui ne s’achève pas avec la décolonisation.

      La colonialité, c’est « la continuation du rapport de domination auquel les décolonisations sont censées mettre fin », poursuit Souleymane Bachir Diagne. « Et les jeunes ont une sensibilité à fleur de peau à ces aspects », relève-t-il, en pensant notamment aux altercations entre policiers et adolescents des « quartiers ». Pour le philosophe, une définition « assez éclairante de cette colonialité structurelle » a été donnée par le poète et homme d’Etat sénégalais Léopold Sédar Senghor (1906-2001), selon qui « l’ordre de l’injustice qui régit les rapports entre le Nord et le Sud » est un ordre fondé sur « le mépris culturel ». Ainsi, poursuit l’auteur du Fagot de ma mémoire (Philippe Rey, 2021), « on peut se demander si les populations “issues de l’immigration” dans les pays du “Nord” ne constituent pas une sorte de “Sud” dans ces pays ».

      « Le concept de colonialité ouvre des réflexions fécondes », renchérit la philosophe Nadia Yala Kisukidi, maîtresse de conférences à l’université Paris-VIII. Loin du terme « néocolonialisme » qui réduit la domination à une cause unique, la colonialité permet « d’articuler les formes de la domination politico-économique, ethnoraciale, de genre, culturelle et psychosociale, issues du monde colonial et de déceler leur continuation dans un monde qu’on prétend décolonisé. Ce qui permet de dire que, dans un grand nombre de cas, les décolonisations apparaissent comme des processus inachevés », poursuit l’autrice de La Dissociation (Seuil, 2022).

      Souleymane Bachir Diagne insiste sur le fait que Léopold Sédar Senghor, en « grand lecteur de Jean Jaurès », croyait comme le fondateur du journal L’Humanité en un monde où « chaque nation enfin réconciliée avec elle-même » se verrait comme « une parcelle » de cette humanité solidaire qu’il faut continûment travailler à réaliser. « Mais pour cela il faut combattre la colonialité, le mépris culturel, l’ordre de l’injustice. D’un mot : il faut décoloniser. L’impensé colonial existe : il consiste à ignorer la colonialité. »
      Universalisme eurocentré

      C’est ainsi que l’approche décoloniale, nouveau paradigme apparu dans les années 1990, est venue s’ajouter aux études postcoloniales autour de cette invitation à « décoloniser ». Née en Amérique du Sud au sein d’un groupe de recherche intitulé Modernité/Colonialité, la pensée décoloniale se donne notamment comme ambition de décoloniser les savoirs. Et de revisiter l’histoire. C’est pourquoi, selon ce courant théorique, la date capitale de la domination occidentale est 1492, le moment où Christophe Colomb ne « découvre » pas l’Amérique, mais l’« envahit ». C’est la période lors de laquelle naît la modernité par « l’occultation de l’autre », explique le philosophe et théologien argentino-mexicain Enrique Dussel (1934-2023). Un moment où la « reconquête » menée par la chrétienté expulsa les musulmans de la péninsule Ibérique et les juifs d’Espagne. Ainsi, une « désobéissance épistémique » s’impose, enjoint le sémiologue argentin Walter Mignolo, afin de faire éclore des savoirs alternatifs à une conception de l’universalisme jugée eurocentrée.

      Tous les domaines politiques, sociaux, économiques et artistiques peuvent être analysés, réinvestis et repolitisés à l’aide de cette approche décoloniale, à la fois savante et militante. L’écologie est notamment l’un des nombreux thèmes investis, car « la double fracture coloniale et environnementale de la modernité » permet de comprendre « l’absence criante de Noirs et de personnes racisées » dans les discours sur la crise écologique, assure l’ingénieur en environnement caribéen Malcom Ferdinand dans Une écologie décoloniale (Seuil, 2019). « Faire face à la tempête écologique, retrouver un rapport matriciel à la Terre requiert de restaurer les dignités des asservis du navire négrier tout autant que celles du continent africain », écrit Malcom Ferdinand.

      Partis d’Amérique latine, « ces travaux ont essaimé dans le monde entier », explique Philippe Colin, coauteur avec Lissell Quiroz de Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine (Zones, 2023). Dans les années 1990, les lectures partisanes des théories postcoloniales ont suscité des controverses dans l’espace public, notamment autour de la notion de « discrimination positive » et du « politiquement correct ». Une discorde qui se rejoue aujourd’hui, notamment avec les attaques menées par les néoconservateurs américains contre ce qu’ils appellent, de manière péjorative, la « cancel culture », cette culture dite « de l’annulation » censée être portée par un « maccarthysme de gauche » et même un « fascisme d’extrême gauche », résume d’un trait Donald Trump.
      Pensées « victimaires »

      Aux Etats-Unis, les études postcoloniales et décoloniales, « forgées dans une matrice marxiste au sein d’une diaspora d’intellectuels indiens, africains ou sud-américains enseignant dans les campus américains, se sont déployées d’abord dans le champ académique », précise Philippe Colin. Alors qu’en France, la réception de ces travaux s’est faite immédiatement de façon polémique. « Le concept a été revendiqué par le Parti des indigènes de la République à partir de 2015 de manière explicite, et cela a changé beaucoup les choses en France », analyse l’historien Pascal Blanchard. « Il est alors devenu une cible idéale pour ceux qui cherchaient un terme global pour vouer aux gémonies les chercheurs travaillant sur la colonisation », poursuit-il dans le livre collectif Les Mots qui fâchent. Contre le maccarthysme intellectuel (L’Aube, 2022).

      Dans L’Imposture décoloniale (L’Observatoire, 2020), l’historien des idées Pierre-André Taguieff se livre à une critique radicale de « l’idéologie postcoloniale et décoloniale, centrée sur la dénonciation criminalisante de la civilisation occidentale ». Une position que l’on retrouve également au sein de L’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, un site Web dont les contributeurs alimentent régulièrement les dossiers à charge des médias en guerre contre le « wokisme ».
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le « wokisme », déconstruction d’une obsession française

      Les critiques ne viennent toutefois pas uniquement de la galaxie conservatrice, des sites de veille idéologique ou des sphères réactionnaires. Auteur d’un ouvrage critique sur Les Etudes postcoloniales. Un carnaval académique (Karthala, 2010), le politologue Jean-François Bayart leur reproche de « réifier le colonialisme » car, affirme-t-il, aujourd’hui, « le colonial n’est pas une essence mais un événement ». Par ailleurs, rappelle-t-il, « le colonialisme n’a pas été l’apanage des seuls Etats occidentaux ». Des chercheurs insistent également sur le fait que la colonisation est un fait historique pluriel et qu’il convient de tenir compte de la diversité des sociétés où elle s’est exercée. Or, la prise en compte des formes de pouvoir propres à chaque société anciennement colonisée serait parfois omise par les approches décoloniales.

      Auteur de L’Occident décroché (Fayard, 2008), l’anthropologue Jean-Loup Amselle estime que ce courant de pensée a « détrôné l’Occident de sa position de surplomb, ce qui est une bonne chose, mais a entraîné des effets pervers », puisque, selon lui, elle reprend parfois à son compte « les stigmates coloniaux en tentant d’en inverser le sens ». Sur le site Lundimatin, l’essayiste Pierre Madelin critique, lui, les travers du « campisme décolonial » notamment apparu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, à l’occasion de laquelle, dit-il, « plusieurs figures de proue des études décoloniales » ont convergé vers la rhétorique anti-occidentale de Vladimir Poutine.

      Procès en relativisme

      Comme toute théorie, ces approches postcoloniales et décoloniales sont critiquables, estime Nicolas Bancel, « mais à partir de textes, de positions théoriques et épistémologiques, et non à partir de tribunes maniant l’invective, la désinformation, la dénonciation ad hominem, sans que leurs auteurs sachent rien de la réalité et de l’importance de ce champ intellectuel », juge-t-il. D’ailleurs, prolonge Nadia Yala Kisukidi, au-delà de l’université, les termes « décolonial » ou « postcolonial », dans le débat public français, « fonctionnent comme des stigmates sociaux, pour ne pas dire des marqueurs raciaux. Loin de renvoyer à des contenus de connaissance ou, parfois, à des formes de pratiques politiques spécifiques, ils sont mobilisés pour cibler un type d’intellectuel critique, souvent non blanc, dont les positionnements théoriques et/ou politiques contribueraient à briser la cohésion nationale et à achever le déclassement de l’université française. Comme si le mythe de la “cinquième colonne” avait intégré le champ du savoir ». D’autant que « décoloniser n’est pas un mot diabolique », relève le sociologue Stéphane Dufoix (Décolonial, Anamosa, 2023)

      Un reproche résume tous les autres : celui du procès en relativisme. Une critique qui est le point de discorde de tous les débats qui opposent de façon binaire l’universalisme au communautarisme. Or, cette querelle a presque déjà été dépassée par deux inspirateurs historiques de ces mouvements postcoloniaux et décoloniaux : Aimé Césaire (1913-2008) et Frantz Fanon (1925-1961). Dans sa Lettre à Maurice Thorez, publiée en 1956, dans laquelle il explique les raisons de sa démission du Parti communiste français, à qui il reproche le « chauvinisme inconscient » et l’« assimilationnisme invétéré », le poète martiniquais Aimé Césaire expliquait qu’« il y a deux manières de se perdre : par la ségrégation murée dans le particulier ou par la dilution dans l’“universel” ».

      Aimé Césaire a dénoncé « un universalisme impérial », commente Souleymane Bachir Diagne, auteur de De langue à langue (Albin Michel, 2022). Mais, dans le même temps, « il a refusé avec force de s’enfermer dans le particularisme ». Au contraire, poursuit le philosophe, Césaire « a indiqué que s’il a revendiqué la “négritude”, c’était pour “contribuer à l’édification d’un véritable humanisme”, l’“humanisme universel”, précise-t-il, “car enfin il n’y a pas d’humanisme s’il n’est pas universel” ». Des propos que le Frantz Fanon des dernières pages de Peau noire, masques blancs (Seuil, 1952) « pourrait s’approprier », estime Souleymane Bachir Diagne.

      Ces exemples remettent en cause l’idée selon laquelle les études, réflexions et théories actuelles sur le fait colonial, postcolonial ou décolonial seraient des importations venues des campus américains et issues du seul frottement des études subalternes avec la French Theory, du tiers-monde et de la déconstruction. « Il n’est donc tout simplement pas vrai que les penseurs du décolonial soient unanimement contre l’universel », déclare Souleymane Bachir Diagne, qui, loin de tous les impérialismes et réductionnismes, appelle à « universaliser l’universel ».

      Nicolas Truong

    • « La question du passé colonial est le dernier “tabou” de l’histoire de France des XIXᵉ et XXᵉ siècles », Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, historiens

      L’#histoire_coloniale est désormais à l’agenda des débats publics. Et si les débats sont très polarisés – entre les tenants d’une vision nostalgique du passé et les apôtres du déclin (de plus en plus entendus, comme le montre la onzième vague de l’enquête « Fractures françaises ») et les décoloniaux les plus radicaux qui assurent que notre contemporanéité est tout entière issue de la période coloniale –, plus personne en vérité ne met aujourd’hui en doute l’importance de cette histoire longue, en France, de cinq siècles.

      Loin des conflits mémoriaux des extrémistes, l’opinion semble partagée entre regarder en face ce passé ou maintenir une politique d’amnésie, dont les débats qui accompagnèrent les deux décrets de la loi de 2005 sur les « aspects positifs de la #colonisation » furent le dernier moment d’acmé. Vingt ans après, les politiques publiques sur le sujet sont marquées par… l’absence de traitement collectif de ce passé, dont l’impossible édification d’un musée colonial en France est le symptôme, au moment même où va s’ouvrir la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts.

      Si l’histoire coloniale n’est pas à l’origine de l’entièreté de notre présent, ses conséquences contemporaines sont pourtant évidentes. De fait, les récents événements au Niger, au Mali et au Burkina Faso signent, selon Achille Mbembe, la « seconde décolonisation », et sont marqués par les manifestations hostiles à la #France qui témoignent bien d’un désir de tourner la page des relations asymétriques avec l’ancienne métropole. En vérité, malgré les assurances répétées de la volonté des autorités françaises d’en finir avec la « Françafrique », les actes ont peu suivi les mots, et la page coloniale n’a pas véritablement été tournée.

      Relation toxique

      La France souffre aussi d’une relation toxique avec les #immigrations postcoloniales et les #quartiers_populaires, devenus des enjeux politiques centraux. Or, comment comprendre la configuration historique de ces flux migratoires sans revenir à l’histoire coloniale ? Comment comprendre la stigmatisation dont ces populations souffrent sans déconstruire les représentations construites à leur encontre durant la colonisation ?

      Nous pourrions multiplier les exemples – comme la volonté de déboulonner les statues symboles du passé colonial, le souhait de changer certains noms de nos rues, les débats autour des manuels scolaires… – et rappeler qu’à chaque élection présidentielle la question du passé colonial revient à la surface. C’est très clairement le dernier « tabou » de l’histoire de France des XIXe et XXe siècles.

      Ces questions, la France n’est pas seule nation à se les poser. La plupart des anciennes métropoles coloniales européennes sont engagées dans une réflexion et dans une réelle dynamique. En Belgique, le poussiéreux Musée de Tervuren, autrefois mémoire d’une histoire coloniale chloroformée, a fait peau neuve en devenant l’AfricaMuseum. Complètement rénové, il accueille aujourd’hui une programmation ambitieuse sur la période coloniale et ses conséquences. Une commission d’enquête nationale (transpartisane) a par ailleurs questionné le passé colonial.

      En France, le silence

      En Allemagne, outre le fait que les études coloniales connaissent un développement remarquable, plusieurs expositions ont mis en exergue l’histoire coloniale du pays. Ainsi le Münchner Stadtmuseum a-t-il proposé une exposition intitulée « Decolonize München » et le Musée national de l’histoire allemande de Berlin consacré une exposition temporaire au colonialisme allemand en 2017. Et, si le Humboldt Forum, au cœur de Berlin, fait débat pour son traitement du passé colonial et la présentation des collections provenant du Musée ethnologique de Berlin, la question coloniale est à l’agenda des débats publics de la société allemande, comme en témoigne la reconnaissance officielle du génocide colonial en Namibie.

      En Angleterre, le British Museum consacre une partie de son exposition permanente à cette histoire, alors que l’#esclavage colonial est présenté à l’International Slavery Museum à Liverpool. Aux Pays-Bas, le Tropenmuseum, après avoir envisagé de fermer ses portes en 2014, est devenu un lieu de réflexion sur le passé colonial et un musée en première ligne sur la restitution des biens culturels. Au Danemark, en Suisse (où l’exposition « Helvécia. Une histoire coloniale oubliée » a ouvert ses portes voici un an au Musée d’ethnologie de Genève, et où le Musée national suisse a programmé en 2024 une exposition consacrée au passé colonial suisse), au Portugal ou en Italie, le débat s’installe autour de l’hypothèse d’une telle institution et, s’il est vif, il existe. Et en France ? Rien. Le silence…

      Pourtant, le mandat d’Emmanuel Macron faisait espérer à beaucoup d’observateurs un changement de posture. Quoi que l’on pense de cette déclaration, le futur président de la République avait déclaré le 15 février 2017 à propos de la colonisation : « C’est un crime. C’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face. »

      Notre pays est à la traîne

      Puis, durant son mandat, se sont succédé les commissions d’historiens sur des aspects de la colonisation – avec deux commissions pilotées par Benjamin Stora entre 2021 et 2023, l’une sur les relations France-Algérie durant la colonisation, l’autre sur la guerre d’#Algérie ; et une autre commission sur la guerre au #Cameroun, présidée par Karine Ramondy et lancée en 2023 – qui faisaient suite au travail engagé en 2016 autour des « événements » aux #Antilles et en #Guyane (1959, 1962 et 1967) ou la commission sur les zoos humains (« La mémoire des expositions ethnographiques et coloniales ») en 2011 ; alors qu’était interrogée parallèlement la relation de la France à l’#Afrique avec la programmation Africa 2020 et la création de la Fondation de l’innovation pour la démocratie confiée à Achille Mbembe en 2022. En outre, le retour des biens culturels pillés lors de la colonisation faisait également l’objet en 2018 d’un rapport détaillé, piloté par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy.

      Mais aucun projet de musée d’envergure – à l’exception de ceux d’un institut sur les relations de la France et de l’Algérie à Montpellier redonnant vie à un vieux serpent de mer et d’une maison des mondes africains à Paris – n’est venu concrétiser l’ambition de regarder en face le passé colonial de France, aux côtés du Mémorial ACTe de Pointe-à-Pitre (#Guadeloupe) qui s’attache à l’histoire de l’esclavage, des traites et des abolitions… mais se trouve actuellement en crise en matière de dynamique et de programmation.

      Situation extraordinaire : en France, le débat sur l’opportunité d’un musée colonial n’existe tout simplement pas, alors que la production scientifique, littéraire et cinématographique s’attache de manière croissante à ce passé. Notre pays est ainsi désormais à la traîne des initiatives des autres ex-métropoles coloniales en ce domaine. Comme si, malgré les déclarations et bonnes intentions, le tabou persistait.

      Repenser le #roman_national

      Pourtant, des millions de nos concitoyens ont un rapport direct avec ce passé : rapatriés, harkis, ultramarins, soldats du contingent – et les descendants de ces groupes. De même, ne l’oublions pas, les Français issus des immigrations postcoloniales, flux migratoires qui deviennent majoritaires au cours des années 1970. On nous répondra : mais ces groupes n’ont pas la même expérience ni la même mémoire de la colonisation !

      C’est précisément pour cela qu’il faut prendre à bras-le-corps la création d’un musée des colonisations, qui sera un lieu de savoir mais aussi d’échanges, de débats, de socialisation de cette #histoire. Un lieu majeur qui permettra de relativiser les mémoires antagonistes des uns et des autres, d’éviter la polarisation mortifère actuelle entre les nostalgiques fanatiques et les décoloniaux radicaux, mais aussi d’intégrer à l’histoire les millions de personnes qui s’en sentent exclues. Une manière de mettre les choses à plat, pour tourner véritablement la page.

      De toute évidence, l’histoire coloniale est une page majeure de notre histoire, et l’on doit désormais repenser notre roman national à l’aune de la complexité du passé et d’un récit qui touche dans leur mémoire familiale des millions de familles françaises. Ce n’est pas là la lubie de « sachants » voulant valoriser les connaissances accumulées. Les enjeux sont, on le voit, bien plus amples.

      Mais comment concevoir ce musée ? Ce n’est pas à nous d’en décrire ici les contours… Mais on peut l’imaginer comme un carrefour de l’histoire de France et de l’histoire du monde, ouvert aux comparaisons transnationales, à tous les récits sur cinq siècles d’histoire, ouvert à toutes les mémoires et à inventer en collaboration avec la quarantaine de pays et de régions ultramarines qui en sont parties prenantes. Un musée qui mettrait la France à l’avant-garde de la réflexion mondiale sur le sujet, dans une optique résolument moderne, et permettrait de mettre en perspective et en récit les politiques actuelles de retour des biens coloniaux pillés et des restes humains encore présents dans nos musées.

      Allons-nous, à nouveau, manquer ce rendez-vous avec l’histoire, alors que dans le même temps s’ouvre la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, installée dans le château de François Ier avec « 1 600 m² d’expositions permanentes et temporaires ouvertes au public, un auditorium de 250 places, douze ateliers de résidence pour des artistes… », dotée de plus de 200 millions d’investissements ? Si nous sommes capables d’édifier cette cité, nous devons imaginer ce musée. Sinon, la page coloniale ne pourra être tournée.
      Nicolas Bancel et Pascal Blanchard sont historiens (université de Lausanne), et ils ont codirigé Histoire globale de la France coloniale (Philippe Rey, 2022). Pascal Blanchard est également codirecteur de l’agence de communication et de conseil Les bâtisseurs de mémoire.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/30/la-question-du-passe-colonial-est-le-dernier-tabou-de-l-histoire-de-france-d

      (candidature d’intellectuel éclairé)

      #1492 #Indochine (omise) #colonialité

    • La « cancel culture » avec les historiens Henry Laurens et Pierre Vesperini
      Publié le : 17/06/2022

      https://www.rfi.fr/fr/podcasts/id%C3%A9es/20220617-la-cancel-culture-avec-les-historiens-henry-laurens-et-pierre-vesperini

      Pierre-Édouard Deldique reçoit dans le magazine Idées, pour le thème la « cancel culture » ou « culture de l’annulation » en français : Henry Laurens, historien, titulaire de la chaire d’Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, qui vient d’écrire Le passé imposé (Fayard) et Pierre Vesperini, historien, spécialiste de l’Antiquité grecque et latine, auteur de Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture (Fayard).

  • Chez visionscarto, on publie un deuxième texte sur la période coloniale allemande au Cameroun, confié par Richard Tsogang Fossi*, et qui revient sur le processus de la colonisation à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

    Comment le « Cameroons » est devenu allemand
    https://visionscarto.net/comment-le-cameroons-est-devenu-allemand

    « Dès l’origine, le projet colonial s’est accompagné d’une « rhétorique de civilisation » et d’une volonté d’accumulation d’exemples matériels de la culture et de la nature du continent africain, ce qui, en d’autres termes, revenait à organiser la « protection » de l’État pour les collectionneurs et les collections : en Afrique centrale, c’est dans la région qui constitue le territoire national de l’actuel Cameroun que les effets s’en feront particulièrement ressentir. Nous esquissons ici les conditions politiques de l’exploitation culturelle du pays par la puissance coloniale allemande. »

    Nous rappelons que le premier texte, de Yann LeGall exhume l’histoire des expéditions punitives, en rappelant la cruauté l’absolu cynisme des autorités allemandes coloniales.

    « Ne s’obtient que par la force »
    https://visionscarto.net/ne-s-obtient-que-par-la-force

    * Germaniste, spécialisé en études littéraires et culturelles, en histoire et mémoire coloniales, et en recherches de provenances.
    Membre de l’équipe de recherche Provenance Inversée, Université technique Berlin (TU)/ Université de Dschang/GBHS Sangmelima.

    #colonisation #cameroun #histoire #allemagne #restitution

  • Die Entmenschlichung der Juliette Martens in Klaus Manns Roman «Mephisto». Eine Buchkritik nach 81 Jahren
    https://web.archive.org/web/20190117171618/https://www.huffingtonpost.de/john-eichler/die-entmenschlichung-der-juliette-martens_b_18658592.html

    2.12.2017 von John Eichler - Juliette Martens ist die erste afrodeutsche Romanfigur in der deutschen Literatur; erschaffen 1936 von Klaus Mann in seinem Schlüsselroman Mephisto 2, der, um das gleich vorab zu sagen, schon immer - nur nicht deshalb, sondern trotzdem - zu meinen persönlichen Favoriten gehörte.

    Ami: „Hast du Karin Boyd in István Szabós Film «Mephisto» gesehen?"

    Issa: „Ja, Juliette Martens, die schwarze Geliebte. Ich fand die Tanzszene im Film eklig. Sie war übrigens die erste Afrodeutsche in der deutschen Literatur. Im Buch von Klaus Mann ist sie noch viel vulgärer, fast wie ein Tier, beschrieben und außerdem nur eine Metapher für die schwulen Neigungen der historischen Vorlage des Protagonisten. Darauf muss man erst einmal kommen."

    Ami: „Wirklich? Da fühlt man sich ja fast doppelt missbraucht ..." 1

    Juliette Martens ist die erste afrodeutsche Romanfigur in der deutschen Literatur; erschaffen 1936 von Klaus Mann in seinem Schlüsselroman Mephisto2, der, um das gleich vorab zu sagen, schon immer - nur nicht deshalb, sondern trotzdem - zu meinen persönlichen Favoriten gehörte. Obwohl das gerade den besonderen Reiz des mit wunderbar leichter und spitzer, wenngleich etwas zu schneller Feder geschriebenen Romans ausmacht, hatte Mann sich stets mit Vehemenz, jedoch schwachen Argumenten gegen die Einordnung seines Werks als Schlüsselroman, also einer vom Leben abgeschriebenen, mit etwas Fiktion versehenen Geschichte, gewehrt. Aber selbst seine Anmerkung am Schluss («Alle Personen dieses Buches stellen Typen dar, nicht Portraits.»), die bereits damals von Freunden und Bekannten belächelt worden war, verhinderte nicht, dass sämtliche Figuren, quasi bis zur letzten Randfigur, in kürzester Zeit entschlüsselt werden konnten. Alle, bis auf eine ... Juliette Martens.

    Man vermutete Parallelen zu der Tänzerin Josephine Baker oder eine Replik auf die Eltern von Tonio Kröger in Thomas Manns gleichnamigem Roman. Schließlich enthüllte Klaus Manns Schwester Erika in einem erst 1981 aufgefundenen Brief 3, dass ihr Bruder bei der Figur der Juliette Martens von Andrea Manga Bell inspiriert worden sei, die das Geschwisterpaar als langjährige Freundin des Schriftstellers Joseph Roth gekannt hatte.

    Die Behauptung von Erika Mann blieb jedoch rätselhaft. Denn Manga Bell hatte, bis auf den Umstand, dass sie nicht weiß, sondern afrodeutsch war, weder äußerlich noch von ihrer Herkunft oder ihrem Lebensweg her irgendwelche Gemeinsamkeiten mit Manns vulgär-animalischer Hure Juliette Martens, die vielmehr ein rein fiktiver Fremdkörper in dem Schlüsselroman war und nichts mit den realen, der Handlung zugrunde liegenden Ereignissen zu tun hatte, sondern Mann lediglich als eine Metapher für die schwulen Neigungen des von ihm zugleich gehassten und geliebten Gustaf Gründgens (der realen Vorlage für die Hauptfigur des Romans Hendrik Höfgens) diente, mit dem seine lesbische Schwester Erika pro forma kurzzeitig verheiratet war und Mann selbst wohl eine intensive emotionale Beziehung unterhalten hatte. Es läge vor diesem Hintergrund nicht fern, die Figur der Juliette Martens und insbesondere ihr dominantes sexuelles Verhältnis zu Hendrik Höfgen als Kompensation für Manns eigene auffällige Abwesenheit im Roman zu erachten; versteckt er sich doch ansonsten lediglich in einer Randfigur. Bei Juliette Martens hingegen lässt Mann seiner insofern nahezu ausnahmslos boshaften Fantasie völlig freien Lauf.

    Weshalb Erika Mann dennoch Manga Bell als Referenz für die Figur der Juliette Martens benannte, blieb ihr Geheimnis. Wenn es so war, wie sie behauptete; warum hatte sie nicht einfach geschwiegen, um der ihr bekannten Manga Bell diese quasioffizielle Herabwürdigung aus der Feder von Deutschlands angesehenster Literatenfamilie zu ersparen?

    Andrea Manga Bell (1902-1985) was the daughter of afro-Cuban classical pianist and composer José Manuel Jiménez-Berroa (1851-1917) and his German wife. They lived in Hamburg. She was the first wife of Alexandre Douala Manga Bell, later King of the Douala people (Cameroon) pic.twitter.com/xzPEHjKfNc
    — John-E Matip Eichler (@John_Eichler) November 29, 2017

    Über das Verhältnis der Mann-Geschwister, Erika und Klaus, zu Manga Bell, und ob es ein solches überhaupt gab, ist nichts bekannt; lediglich, dass sie sich kannten. Bloße Indifferenz gegenüber Manga Bell als Erklärung für das Outing erscheint angesichts der herabwürdigenden, größtenteils tierhaften Darstellung von Juliette Martens wenig plausibel; bei Erika Mann selbst wie auch bei ihrem Bruder, der als Autor all seine schriftstellerischen Fähigkeiten aufgebracht hatte, um seine afrodeutsche Romanfigur zu entmenschlichen, aus ihr einen Affen zu machen; und zwar im wörtlichen Sinne.

    «Wenn sie grinsend kaut und sich dazwischen behaglich am Hinterkopf kratzt, sieht sie einem großen Affen zum Verwechseln ähnlich.» [Seite 204; s. Anm. 2]

    Ursprünglich war es der Schriftsteller Hermann Kesten gewesen, der Mann im Amsterdamer Exil vorgeschlagen hatte, einen Roman über einen im Geheimen schwulen Karrieristen des dritten Reichs zu schreiben. Mann hatte zunächst gezögert, bis ihn der Verleger Fritz H. Landshoff mit einem Brief doch überzeugen konnte:

    «Ich finde - trotz allem den Kestenschen Vorschlag gut. Lass den Mann nicht schwul sein - es muss ja kein Gründgens werden - sondern irgendein «Karrierist»; das gäbe einen guten Zeitroman.» 4

    So ersetzte Mann die verbotene sexuelle Ausrichtung mit dem, was - seit 1935 gleichfalls untersagt - als „Rassenschande" bezeichnet worden war und entwickelte, vom Konflikt mit der offenen Inklusion seiner eigenen Homosexualität befreit (wobei das aus seiner Sicht, ähnlich wie im Stefan-George-Kreis, wohl keinen Makel, sondern im Gegenteil eher eine elitäre Erhöhung dargestellt hätte), die Nebenfigur der afrodeutschen Juliette Martens - Hure und Geliebte des (jetzt heterosexuellen) Karrieristen Hendrik Höfgen.

    Wunderbar möchte man meinen. Vor allem beim Gedanken an die meisterliche, Oscar-prämierte Verfilmung von István Szabó aus dem Jahr 1981; mit der wunderbaren und -schönen Karin Boyd in der Rolle der Juliette Martens, mit Klaus Maria Brandauer als Hendrik Höfgen sowie Rolf Hoppe als Ministerpräsident (Hermann Göring).

    Karin Boyd als ’Juliette Martens’ in der meisterlichen, Oscar-prämierten Verfilmung des Klaus-Mann-Romans ’Mephisto’ von István Szabó aus dem Jahr 1981 mit Klaus Maria Brandauer als ’Hendrik Höfgens’ und Rolf Hoppe als ’Ministerpräsident’ (Hermann Göring) https://t.co/55TWWaV2DSpic.twitter.com/Xba7iyBMaa
    — John-E Matip Eichler (@John_Eichler) November 28, 2017

    Doch die Juliette Martens Szabós hatte bis auf die Handlung rein gar nichts mit Manns Romanfigur zu tun; wie diese wiederum keinerlei Bezug zu der von Erika Mann ins Spiel gebrachten angeblichen realen Vorlage, Manga Bell, hatte. Ohne Szabós Film und Boyds Interpretation der Juliette Martens zuvor gesehen zu haben, hätte ich Manns Roman aber spätestens im zweiten Kapitel zur Seite gelegt (oder in den Müll geschmissen) und mir seine fantasiereichen Auslassungen mit all den Boshaftigkeiten erspart, die bei jedem Rassisten zu Schenkelklopfern geführt haben müssen. Und ohne den Verweis von Erika Mann auf Manga Bell wäre dieser Text, der als eine Verteidigung Letzterer zu verstehen ist, niemals entstanden, sondern Klaus Manns Juliette Martens hätte meinetwegen das bleiben können, was sie letztlich war ... eine dieser wüsten exotisch-erotischen Fantasien.

    War es der Zeitgeist in dieser kolonialen Endphase Europas, der Klaus Mann animierte und seine sicher progressive Leserschaft keinen Anstoß an der Entmenschlichung der Romanfigur Juliette Martens nehmen ließ ... auch nicht Jahrzehnte nach der ersten Veröffentlichung 1936 ... im Grunde bis heute nicht?

    «Negerin war sie nur von der Mutter her - ihr Vater war ein Hamburger Ingenieur gewesen -; aber die dunkle Rasse hatte sich stärker erwiesen als die helle (...) Die Farbe ihrer rauhen, stellenweise etwas rissigen Haut war dunkelbraun, an manchen Partien - zum Beispiel auf der niedrigen, gewölbten Stirne und auf den schmalen, sehnigen Handrücken - fast schwarz. (...) über den starken, brutal geformten Backenknochen lag das künstliche Hellrot wie ein hektischer Schimmer. (...) Hingegen hatte sie den wulstigen Lippen die natürliche Farbe gelassen. (...) In ihrem Gesicht, das von den blitzenden Zähnen beherrscht war, bemerkte man zunächst gar nicht die Nase; wie flach und eingedrückt sie war, erkannte man erst bei genauerem Hinschauen. Diese Nase schien in der Tat so gut wie nicht vorhanden; sie wirkte nicht wie eine Erhöhung inmitten der wüsten und auf schlimme Art attraktiven Maske; eher wie eine Vertiefung. Für Juliettes höchst barbarisches Haupt hätte man sich als Hintergrund eine Urwaldlandschaft gewünscht (...) Es war keineswegs die krause schwarze Mähne, die man zu dieser Stirne, diesen Lippen passend gefunden hätte (...)» [Seiten 70f.]

    «(...) so war ihre verstorbene Mutter (...) von rein fürstlichem Blute gewesen: Tochter eines (...) von seinen Feinden verspeisten Negerkönigs.» [Seite 72]

    «Wenn sie grinsend kaut und sich dazwischen behaglich am Hinterkopf kratzt, sieht sie einem großen Affen zum Verwechseln ähnlich.» [Seite 204]

    «Auf ihrer niedrigen Stirne, die zu zwei kleinen Buckeln gewölbt war, lag drohender Ernst.» [Seite 282]

    Manga Bell, die vermeintliche reale Vorlage für die Romanfigur Juliette Martens, wurde als Andrea Mina Emma Jiménez-Berroa am 27. Januar 1902 in Hamburg geboren und wuchs dort auf. Ihr Vater war der afro-kubanische klassische Pianist und Komponist José Manuel Jiménez-Berroa (1855-1917), Sohn von José Julián Jiménez (1833-1890), der 1849 am Konservatorium Leipzig (heute: Hochschule für Musik und Theater „Felix Mendelssohn Bartholdy") Violine, Klavier und Komposition studiert hatte und anschließend für einige Zeit Mitglied des Leipziger Gewandhausorchesters gewesen war. Im Alter von achtzehn Jahren hatte auch Jiménez-Berroa 1869 begonnen, wie zwanzig Jahre zuvor sein Vater, am Konservatorium in Leipzig Piano bei Ignaz Moscheles, einem Freund Felix Mendelssohn Bartholdys, und Komposition bei Carl Reinicke, dem Leiter des Leipziger Gewandhausorchesters, zu studieren. Nach weiteren Studien in Paris und einer zwischenzeitlichen Rückkehr nach Kuba ließ er sich schließlich in Hamburg nieder und heiratete. Gemeinsam mit Manga Bells deutscher Mutter Emma Mina (geb. Filter) hatte Jiménez-Berroa neben Andrea zwei weitere Kinder (Manuela und Adolpho). Der Vater verstarb 1917.

    José Manuel Jiménez-Berroa (1851-1917), afro-Cuban classical pianist and composer. At age 18 he came to Europa, studied in Leipzig and Paris, lived later in Hamburg with his wife Emma Mina (Filter) and his three children Manuela, Adolpho and Andrea. https://t.co/7K7OTyGn1lpic.twitter.com/EDjTKE7Mvg
    — John-E Matip Eichler (@John_Eichler) November 28, 2017

    Kurz nach dem ersten Weltkrieg im Alter von siebzehn Jahren lernte Andrea den fünf Jahre älteren Alexandre Douala Manga Bell kennen, der zu dieser Zeit Medizin in Kiel studierte. Dessen Vater Rudolf Duala Manga Bell war König der Douala, einer Volksgruppe in der damaligen deutschen Kolonie Kamerun, gewesen, aber 1914 von den Deutschen wegen vermeintlichen Hochverrats erhängt worden. Alexandre, der bereits 1901 im Alter von vier Jahren nach Deutschland gekommen war und am Kaiserhof eine klassisch preußische Erziehung genossen hatte, sprach Deutsch, Französisch, Englisch, Spanisch und Russisch, wie auch Lateinisch, Altgriechisch und Hebräisch. Nach einer umfassenden militärischen Ausbildung, im Rahmen derer er wegen „Rassenfragen" einmal mit Pistole und das andere Mal mit dem Säbel zwei Soldaten im Duell getötet hatte, war er Offizier des Ulmer Ulanen-Regiments gewesen und hatte im ersten Weltkrieg trotz der Exekution seines Vaters freiwillig für Deutschland gekämpft. Nach Kriegsende fiel ihm als erstgeborenem Sohn seines Vaters in Kamerun, das seit 1916 keine deutsche Kolonie, sondern ein dem Völkerbund unterstelltes französisches und britisches Mandatsgebiet war, eine besondere Bedeutung in den kolonialen Planungen Frankreichs zu.

    Das junge Paar lebte nach der Hochzeit 1920, Andrea trug nun den Namen ihres Mannes Manga Bell, in Frankreich, wo die beiden Kinder, José-Emmanuel und Andrea, geboren wurden. Die Ehe zerbrach schnell; wurde aber nie geschieden.

    Andrea Manga Bell kehrte mit ihren Kindern, die dann bei der verwitweten deutschen Großmutter in Hamburg lebten, nach Deutschland zurück und arbeitete in Berlin u.a. als Redakteurin für die Kunstzeitschrift Gebrauchsgraphik, wo sie Ende der 1920er Jahre den österreichisch-jüdischen Journalisten und Schriftsteller Joseph Roth kennenlernte, mit dem sie 1933 ins Ausland emigrierte und später u.a. in Nizza gemeinsam mit den beiden Kindern lebte. Die familiäre Verantwortung überforderte Roth vor allem in finanzieller Hinsicht, worüber er sich im Freundes- und Bekanntenkreis regelmäßig beschwerte. Von der Tochter Andrea Manga Bell, später verheiratete Andrea Rebuffé, ist Roths Aussage überliefert:

    «Ich muss einen Negerstamm von neun Personen ernähren!» 5

    Die Beziehung endete 1936; Roth starb alkoholkrank drei Jahre später in Paris. Von da an war Manga Bell mit ihren Kindern auf sich allein gestellt.

    Alexandre Douala Manga Bell (1897-1966), Sohn des Douala-Königs Rudolf kam mit 4 Jahren nach Deutschland und erhielt eine klassisch preußische Erziehung am Kaiserhof. Nach dem 1. WK studierte er in Kiel Medizin. Später war er Abgeordneter im Parlament der 4. Französischen Republik pic.twitter.com/OiJzXMjbrF
    — John-E Matip Eichler (@John_Eichler) November 28, 2017

    Manga Bells Ehemann Alexandre, der in dieser Zeit kaum Unterhalt zahlte, musste lange Zeit um sein Erbe und seine Position in Kamerun vor französischen Gerichten kämpfen. Seine persönliche Situation verbesserte sich nach dem Ende des zweiten Weltkriegs wesentlich. Denn er war, unter Mitwirkung Frankreichs, zu einem der beiden Vertreter Kameruns als Abgeordneter ins französische Parlament der Vierten Republik gewählt worden. Das Verhältnis zu seiner Ehefrau und ihren Kindern blieb gleichwohl zeitlebens gestört und gipfelte, einer griechischen Tragödie gleichend, darin, dass Alexandre seinen Sohn und offiziellen Nachfolger José-Emmanuel, der ihn in Kamerun besucht hatte, am 15. September 1947 im Prinzenpark von Bali, einem Stadtteil von Douala, eigenhändig erschoss. Hintergrund dieser niemals aufgeklärten Tat waren höchstwahrscheinlich Fragen der Erbfolge gewesen. Bereits bei seinem Vater Rudolf Duala Manga Bell hatte es mehr als zwei Jahre gedauert, bis er als Oberhaupt von seiner Volksgruppe anerkannt worden war. Und bei Alexandre kam hinzu, dass Gerüchte kursierten, er sei während der Zeit der deutschen Besetzung Frankreichs ein Unterstützer von Pétain und des Vichy-Regimes gewesen, was in der Nachkriegsfrankophonie mit Hochverrat gleichzusetzen gewesen wäre. Jedoch waren die Prioritäten im zusammenbrechenden französischen Kolonialreich andere, weshalb Alexandre Douala Manga Bell seinen Abgeordnetensitz nicht verlor und während der gesamten Dauer der Vierten Republik bis 1958 im französischen Parlament verblieb.

    Andrea Manga Bell kam niemals über den Verlust ihres Sohnes hinweg, versuchte über Jahre, ihren Ehemann zur Rechenschaft zu ziehen und beging später den Fehler, dem Spiegel ein Interview zu geben, der bzw. dessen Autor dann in dem Artikel «Weißer Mann immer schlecht» vom 24. August 1950 6, wie zuvor Klaus Mann mit seiner Romanfigur Juliette Martens, nichts unversucht ließ, sie erneut zynischer Lächerlichkeit preiszugeben:

    «Den letzten Knick bekam ihr lädiertes Königinnen-Dasein vor einigen Monaten, als zwei Gewehrkugeln aus Manga Bells Scharfschützengewehr ihren Lieblingssohn töteten. Leise tröpfelte von ihren faltigen Lippen die ganze Unglücksgeschichte.»

    «Nach Rudolf Bells Strangulierung am 8. August 1914 hatte es sich ausgebellt.»

    «An der europäischen Zivilisation indessen stießen sich Andreas Kinder bei ihrer Großmutter in Hamburg.»

    «Das Buschmannsblut war oft stärker als die zivilisatorische Tünche.»

    Es ist beklemmend, in diesen Dokumenten nach Angaben zu suchen und dabei den Ungeist ertragen zu müssen, um eine Geschichte von der entwürdigenden Perzeption zu befreien, die schlicht so lautete:

    Andrea Manga Bell war eine berufstätige alleinerziehende afrodeutsche Frau. Ihre Mutter war Ostfriesin und ihr Vater afro-kubanischer klassischer Pianist und Komponist. Andrea wuchs mit ihren beiden Geschwistern in Hamburg auf, führte ein kurze unglückliche Ehe in Frankreich, kehrte nach Deutschland zurück, um dann wegen der Machtergreifung der Nazis endgültig zu emigrieren. Sie brachte ihre Kinder durch die Wirren der Nazizeit und des zweiten Weltkrieges, verlor kurz danach jedoch ihren Sohn José-Emmanuel auf tragische Weise. Am 10. Oktober 1985 starb sie im Alter von 83 Jahren in Paris.

    _______

    1 Dialog aus dem Roman «Verbotenes Land», John Eichler, ISBN: 978-3-9819325-0-8 | 2 Alle nachfolgenden [Seitenangaben] der Buchzitate beziehen sich auf: Klaus Mann, Mephisto. Roman einer Karriere, Rowohlt-Taschenbuch 11. Auflage (2006), ISBN: 978-3499227487 | 3 Vgl. Eberhard Spangenberg, Karriere eines Romans - Mephisto, Klaus Mann und Gustaf Gründgens / Ein dokumentarischer Bericht aus Deutschland und dem Exil 1925-1981 (1982), Seite 108 | 4 Unveröffentlichter Brief von Fritz H. Landshoff an Klaus Mann vom 28.11.1935, Handschriftensammlung der Monacensia, Stadtbibliothek München | 5 David Bronsen, Joseph Roth. Eine Biographie, 1. Auflage (1974), Seite 466 | 6 Der Spiegel, Artikel «Weißer Mann immer schlecht» vom 24. August 1950, Seiten 19-22

    #Allemagne #France #Cameroun #histoire #journalisme #lettres

  • The Royal Pretender : Prince Douala Manga Bell in Paris, 1919-1922. - Persée
    https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1974_num_14_54_2648

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    #Cameroun #France #histoire

  • Weißer Mann immer schlecht
    https://www.spiegel.de/politik/weisser-mann-immer-schlecht-a-f8ca9ce2-0002-0001-0000-000044449496
    Cet article est un exemple pour l’écriture nazie dans le contexte de la revue Der Spiegel. Son éditeur revendiquait pour sa publication le titre honorifique « Sturmgeschütz der Demokratie » (canon d’assaut de la démocratie) mais un bon nombre de ses journalistes étaient d’anciens nazis. L’auteur inconnu raconte sur un ton présomtueux l’histoire de l’épouse du roi du #Cameroun Andrea Manga Bell.

    https://de.wikipedia.org/wiki/Andrea_Manga_Bell

    23.8.1950, aus DER SPIEGEL 34/1950

    Andrea Manga Bell, ins proletarische Elend gesunkene braune Königin von Duala, bemüht in Paris jede Woche erneut die Gerichte, um den Mörder ihres Sohnes Manga Manga Bell vor den Kadi zu bringen.

    Zum Mörder wurde ihr ehelich angetrauter Königsgatte Manga Bell, Erzeuger des José Emanuel Manga Manga, heute Abgeordneter der französischen Nationalversammlung und UN-Delegierter für Kamerun. Verstoßene Königin Andrea, in Hamburg geborene Jeminez, Tochter eines Mulatten aus Kuba und einer deutschen Mutter, lebt seit 30 Jahren von ihm getrennt. Die exotische Mischehe hielt nicht, obwohl sie ein Geistlicher in Hamburg 1920 würdevoll eingesegnet hat.

    Den letzten Knick bekam ihr lädiertes Königinnen-Dasein vor einigen Monaten, als zwei Gewehrkugeln aus Manga Bells Scharfschützengewehr ihren Lieblingssohn töteten. Leise tröpfelte von ihren faltigen Lippen die ganze Unglücksgeschichte.

    1919 war der heutige UN-Delegierte Manga Bell zum erstenmal ins bürgerliche Jeminezhaus in Hamburg geschneit. Onkel Adolpho Jeminez, der heute in Hamburgs Sierichstraße mit Kakao handelt, erinnert sich noch dunkel daran, wie der schwarze Kavalier mit guten Manieren seine Aufwartung machte. Der Dualafürst hatte nach Kriegsende sein Medizinstudium in Kiel wieder aufgenommen und machte nun der braunen Schönheit Andrea die Cour.

    »Wie ich später erfuhr, hatte er einen Empfehlungsbrief gefälscht, um in unsere Familie einzudringen und mit mir Bekanntschaft zu machen«, weiß Andrea heute. Die guten Manieren hatte er vor dem Krieg auf der Fürstenschule in Putbus auf Rügen gelernt, wo er zusammen mit Söhnen anderer gekrönter Häupter auf hoffähigen Benimm gedrillt wurde. Sein Debut gab Manga Bell bereits 1904 bei Hof, wo ihn Wilhelms II. Hofdamen verzärtelten. Der »Simplizissimus« widmete dem Negerlein eine ganze Nummer.

    Das war zu Beginn der deutschen Kolonialpolitik in Afrika, zwei Jahrzehnte nachdem Gustav Nachtigal, damals Generalkonsul in Tunis, auf dem deutschen Kanonenboot »Möve« nach Kamerun gestartet war - im Konkurrenzkampf mit den Engländern, die schon an mehreren Küstenplätzen Westafrikas den Union-Jack aufgepflanzt hatten.

    Am 12. Juli 1884 landete Gustav Nachtigal mit Staatsrechtler Dr. Buchner in Bimbra, wo Handelspionier C. Woermann bereits eine Faktorei eingerichtet hatte. Dort beugte sich Oberhäuptling King Bell, Großvater des UN-Delegierten Manga Bell, samt seinen 600 Frauen, 998 Kindern und 15000 wehrhaften Dualas unter die deutsche Oberhoheit, die ihm Gustav Nachtigal angetragen hatte.

    Sein Thronfolgersohn Rudolf Bell wurde Rebell. Der deutsche Gouverneur von Kamerun ließ ihn 1914 am Hanfstrick aufhängen, weil er eine Verschwörung angezettelt hatte. Er hatte eine Geheimbotschaft an den »Großen Graslandhäuptling« Njoja von Banum gesandt und ihn aufgefordert, die deutsche Kolonialherrschaft abzuschütteln.

    Nach Rudolf Bells Strangulierung am 8. August 1914 hatte es sich ausgebellt. Die trauernde Witwe tröstete der Gouverneur: »Wer sich wohlverhält, braucht sich nicht zu fürchten.«

    Wohlverhielt sich der zu dieser Zeit in Deutschland studierende Sohn des Aufrührers, Manga Bell. Er ließ sich von deutschen Unteroffizieren auf dem Kasernenhof der Rendsburger Ulanen das Laden und Sichern beibringen und kämpfte als Kriegsfreiwilliger treu für Kaiser und Reich. Seine Heimat am 8 km breiten Wurifluß hatten Ende September schon die Engländer besetzt. Nach Versailles kamen Wuri und Dualas unter die französische Kolonialherrschaft.

    Aber die Franzosen legten großen Wert darauf, zur Befriedung des unruhigen schwarzen Stammes Manga Bell wenigstens der Form nach in die Rechte eines »Königs von Duala« einzusetzen, obwohl Manga Bell auf der deutschen Seite gekämpft hatte.

    So bekam denn der schwarze Medizin-Student, kurz nachdem die 17jährige Andrea Jeminez seinem stürmischen Liebeswerben nachgegeben und in die Ehe eingewilligt hatte, eines Tages vom Pariser Kolonialministerium die offizielle Offerte, nach Frankreich zu kommen und seine Dualas regieren zu helfen.

    »Nach unserer Reise nach Paris wohnten wir zunächst in Sèvres, wo ich am 11. Januar 1920 José Emanuel Manga Manga das Leben schenkte«, erzählt die verstoßene Andrea. »Der Junge wurde fortan als künftiger Thronfolger Manga Manga genannt. Ein Jahr später folgte ein Töchterlein, das, wie ich selbst, Andrea getauft wurde. Wir nannten es aber im Familienkreis Tüke. Kaum war meine Tochter auf die Welt gekommen, als mich mein Gatte verließ und nach Kamerun fuhr, wo er den größten Teil seiner Erbschaft den neuen Herren des Protektorates verpfändete, um die Mittel zu haben, sein schon in Paris begonnenes ausschweifendes Leben mit anderen Frauen, schwarzen und weißen, fortzusetzen.

    »Ich aber hatte oft nicht das Geld, um meinen Kindern Milch zu kaufen. Der Königin-Traum war eine Farce - ich konnte diese Illusion höchstens auf der Bühne dann und wann fortsetzen - als Schauspielerin. Angeborene und fortgebildete künstlerische Talente verschafften mir Brot. Nicht nur auf der Bühne, sondern auch in Reklamebüros. Zeitweise war ich eine gefragte Gebrauchsgraphikerin. Dann lernte ich den in Paris lebenden Schriftsteller Joseph Roth kennen und wurde seine Sekretärin und Begleiterin.«

    Roth, der, wie sein großes Idol Heinrich Heine, Esprit mit Sarkasmus verband, hat der Mulattin offenbar sehr nahe gestanden. Acht Jahre war sie seine Gefährtin und tippte ihm das Maschinenskript seines zwielichtigen Romans »Hiob«, die Schicksalsgeschichte einer jüdischen Familie bei ihrem Zusammentreffen mit der amerikanischen Zivilisation.

    An der europäischen Zivilisation indessen stießen sich Andreas Kinder bei ihrer Großmutter in Hamburg. Dorthin hatte Andrea den Manga Manga und Tüke gebracht, als sie Roth auf Reisen nach Nizza und anderen Orten der Cête d’azur begleitete. Die beiden Sprößlinge des Afrikaners machten es der alten Frau nicht leicht. Ihretwegen mußte sie in die Außenbezirke am Glindweg ziehen, aber auch dort pflegten José und Tüke die Reste ihrer Mahlzeit ohne besondere Umstände geradewegs aus dem Fenster zu werfen.

    Das Buschmannsblut war oft stärker als die zivilisatorische Tünche. Großmutter Jeminez prügelte sie den mehr schwarzen als braunen Enkeln immer wieder ein. Noch heute erinnert sich Tüke, daß die jähzornige Grandmère sie mit dem ersten besten Gegenstand verbläute - sogar mehrmals mit dem auf dem Tisch liegenden Schwarzbrot.

    Aber in der Schule waren die beiden Rangen sehr aufgeweckt und wissensdurstig. Manga Manga besuchte die von der Hamburger Universität aufgezogene Fortschrittsschule »Thielo-Süd«, auf der außer Fremdsprachen auch Schach- und Schauspiel-Unterricht gegeben wurde. Nach der Art der sowjetischen Musterschulen gab es hier keinen festen Lehrplan, keine Zeugnisse, kein Sitzenbleiben. Die Lehrer wurden von den Schülern geduzt. Der gesamte Unterricht wurde frei gestaltet.

    »Hier in einer Klasse zusammen mit Manga Manga wurde ich Zeuge seiner verblüffenden Intelligenz und seiner spielenden Auffassungsgabe. Groß war sein schauspielerisches Talent in Schüleraufführungen wie Erich Kästners: ’Emil und die Detektive’«, attestiert noch heute ein Mitschüler und Freund des verblichenen Duala-Prinzen.

    Beim »Nerother Wandervogel« waren Manga Manga und seinesgleichen gut aufgehoben. Hamburger Jugendführer Werner Hellwig, Mitglied der Landstreicherorganisation »Toddy« und Schriftsteller (Bücher: »Im Dickicht des Pelion«, »Raubfische in Hellas« u.a.m.), brachte die beiden Königskinder dann bei Bürgersleuten unter, als die alte Großmutter nur noch prügelte.

    Die bündische Jugendgruppe ersetzte ihnen oft Vater und Mutter. Oberste Wandervögel waren die Gebrüder Robert und Karl Olbermann. Karl hatte ein Holzbein, mit dem er sich sogar bis ins Vorgebirge des Kaukasus wagte.

    Andrea aber wagte sich nur selten nach Hause zu ihrer Mutter und zu den Kindern. Wenn sie einmal kam und Schriftsteller Roth sich selbst und der Trinkleidenschaft überließ, dann verfehlte sie nicht, vor allem Manga Manga darauf aufmerksam zu machen, wie schändlich sein Vater an ihnen allen handele.

    Der schwarze Gentleman war mehr am Montmartre als in Bimbra am Wuri-Fluß, schickte keinen Unterhaltspfennig, weigerte sich aber auch, in die Scheidung einzuwilligen, falls Frau Andrea ihm nicht vorher beide Kinder freiwillig überlasse.

    Die Anklagen der Mutter fraßen sich fest in den Kinderseelen, vor allem bei dem Jungen. Sie verhärteten sich in ihm zu einem Komplex der Abneigung gegen seinen leiblichen Vater, den er mit Bewußtsein nie kennengelernt hatte, von dem er nur immer hörte, daß er ein Unmensch, Ladykiller, Herumtreiber und Saufaus sei. »Ich stelle ihn mir immer wie einen rucksacktragenden Affen vor«, sagte er einmal zu seinen Freunden vom Wandervogel.

    Er mußte sie und das altvertraute Hamburg verlassen, als Andrea (die Kinder sagten nie Mutter zu ihr, sondern nannten sie immer nur mit Vornamen) gleich nach Neujahr 1933 aus Josef Roths Schweizer Bungalo drahtete: »Sofort abreisen!« Dann folgten Treffpunkt, Verabredung und Geld.

    In kluger Witterung der mit dem bevorstehenden NS-Regime ausbrechenden Rassenverfolgung holte die Mutter ihre Kinder zu sich und verließ bald darauf den inzwischen völlig dem Alkoholexzeß verfallenen Literaten Roth. Es sei schließlich so schlimm mit ihm gewesen, daß er trotz seiner jüdischen Herkunft »Antisemit« geworden sei und nur noch mit Aristokraten und Nationalisten verkehren wollte. Mit 44 Jahren starb der begabte Autor des Romans »Radetzky-Marsch« an Delirium tremens.

    Andrea drückte ihm nicht die Augen zu. Sie hatte die Auflösung nicht mehr mit ansehen können, war mit ihren Kindern nach Paris gezogen und lebte dort in ärmlichsten Verhältnissen.

    Aus dem Nerother Wandervogel Manga Manga wurde bald ein vagabundierender Zugvogel. In einem Brief an seinen deutschen Freund schreibt er am 7. 9. 46 selbst über diese Zeit:

    »Mit 16 bin ich aus der Schule raus, und fast sofort fing ich an zu bummeln. Dabei arbeitete ich zeitweise in einer Fabrik. Dann machte ich nichts, überhaupt nichts, und daraus ist inzwischen ein großes Nichts geworden. Im Sommer 39 habe ich mich mit Andrea verzankt und habe sie und Tüke allein gelassen. Lebte erst bei einer Freundin, und als diese mit ihren Kindern nach Kriegsausbruch abgeschoben wurde, neun Monate mit einer anderen und arbeitete während dieser Zeit in einer Rüstungsfabrik.

    »Dann kamen die Deutschen, und ich flüchtete zusammen mit meinem Unternehmer nach Südfrankreich. Dort machte ich mich im Sommer 40 mit dem Fahrrad auf Tour. Es war sehr schön. Schließlich strandete ich an der Schweizer Grenze, wo ich den Winter über blieb und ging dann mit drei Freunden schwarz über die Grenze. Wir wollten versuchen, übers englische Konsulat nach England zu kommen. Leider klappte es nicht. Wir wurden ausgewiesen.

    »Wieder in Frankreich lebte ich in einem kleinen Hafen am Mittelmeer, wo dann unerwarteterweise mein Vater nach mir suchen ließ. Er war im Senegal, konnte anscheinend nicht nach Kamerun zurück, wo die Gaullisten waren.)

    ) Frau Andrea behauptet, daß Manga Bell während der deutschen Okkupation Pétain die Stange gehalten habe und vichytreu gewesen sei. Deshalb konnte und wollte er wohl auch nicht zu de Gaulle. »Ich lebte also eine Zeitlang mit meinem bis dahin mir unbekannten Vater mitten im Busch, wurde dann, als ganz Afrika mit den Angelsachsen stand, eingezogen und kam mit der französischen Armee wieder nach Frankreich. Bei meinem ersten Besuch bei Andrea und Tüke wurde ich krank. Blinddarm mit schwerer Bauchfell-Entzündung. Zurück blieb ein Abzeß auf der Lunge. Nach einem Jahr Krankenhaus desertierte ich dann. Da mein Vater aber als Deputierter (Du weißt doch, was das ist? Ungefähr Reichstagsabgeordneter) nach Paris kam, wurde die Sache beigelegt.

    »Mein Vater ist ziemlich reich, er häufte alles über mich und ließ mich bummeln, wie ich wollte. Bis ich jetzt in Davos im Sanatorium gelandet bin. Ich bin mit meinen 26 Jahren ein alter Verlebter - un viveur. Augenblicklich bin ich Prinz und lebe von meinem Vater und da sehe ich so richtig, von wem ich alle meine Fehler erbte ...

    »Als ich 33 Deutschland verließ, hatte ich alle Möglichkeiten vor mir. Ich habe sie nutzlos vertan. Vielleicht hätte ich doch ein bißchen länger von Grandmère in Hamburg erzogen werden müssen, wenn sie uns auch oft genug mit dem Kommißbrot verhauen hat. Erinnerst Du Dich an ihre Strenge? Sie ist 1940 - glaube ich - gestorben ...«

    Als der seinen Vater um drei Haupteslängen überragende Manga Manga, von vielen Mädchen geliebter Dauphin von Duala, endlich geheilt das Sanatorium Schatzalp bei Davos verlassen konnte, faßte er den festen Entschluß, seinen väterlichen Blutserbteil mit männlicher Selbstbeherrschung zu unterdrücken. Gesund und geläutert schloß er Mutter und Schwester in die Arme.

    Die beiden hatten inzwischen Schweres durchgemacht. Andrea wurde während des Krieges wegen ihrer Gestapo-bekannten Freundschaft zu Roth und anderen Emigranten vom SD gesucht. Sie tauchte in den Wäldern Nordfrankreichs unter, wo sie an einem Meiler arbeitete und Holzkohlen schwelte. Tüke war einige Monate als Offizierin in einem französischen Armeeverwaltungsstab gen Deutschland gezogen. Als sie dann nach Paris zurückkehrte, genoß sie die schönsten Tage ihres Lebens.

    »Ich gebe zu, daß mein Mann Manga Bell nicht ganz zurechnungsfähig ist,« urteilt Mutter Andrea heute über diese Tage. »Als er sich damals nach 25 Jahren zum ersten Male wieder bei uns sehen ließ, hat er ein Riesenfest veranstaltet - anläßlich der Hochzeit von Tüke. Zahlreiche Minister und Abgeordnete der MRP (Mouvement Républicain Populaire = Republikanische Volkspartei, der auch Robert Schuman und Georges Bidault angehören) nahmen daran teil, obwohl Tükes Gatte, Jaques Rebuffé, nur ein einfacher Mann ist.

    »Manga Bell ließ alle Gäste im Ueberfluß schwelgen. Allein der Empfang nach der Hochzeitszeremonie kostete 350000 Francs, die Fotos, die von dem jungen Paar gemacht wurden, 60000 Francs.

    »Während des Festessens sagte er zu mir, wir müßten wieder unsere Lebensgemeinschaft aufnehmen. Ich habe ihn ausgelacht. Mir imponieren weder sein Reichtum, noch seine drei großen Luxusautos. Jetzt hat er eine ältliche Senatorin zur Freundin, die nicht einmal die französische Orthographie beherrscht. Aber sie beherrscht ihn ...

    »Manga Bell ist nicht nur ein großer Lebemann, sondern auch ein hervorragender Reiter. Er renommiert oft mit seinem Vollbluthengst, auf dem er in die Bars hineinreitet. Tüke bekam eine fürstliche Mitgift von ihm. Davon gab sie ihrem Bruder 200000 Francs, um ihm einige Jahre später die verhängnisvolle Reise nach Duala zu ermöglichen ...«

    Bald nach der Ankunft des Erbprinzen in Duala krachten die tödlichen Schüsse aus dem väterlichen Gewehr. Manga hatte Manga Manga getötet. Die amtliche Nachrichtenagentur L’agence francaise meldete darüber in lakonischer Kürze:

    »Aus gut unterrichteter Quelle wird gemeldet, daß der Sohn des MRP-Deputierten aus Kamerun in der Nationalversammlung durch Gewehrschüsse getötet worden ist. Die Waffe war noch in den Händen des Vaters des Opfers. Man weiß nicht recht, ob es sich um einen Unglücksfall oder um einen Mord handelt.«

    »Es war ein Mord!« klagt die untröstliche Mutter Manga Bell an. »Ich fühle es, daß Manga Manga seinem Vater Vorhaltungen gemacht hat, weil er uns so schmählich behandelte. Bei seiner Abreise ließ er durchblicken, daß er manches mit ihm ins Reine bringen wolle. Als ich ihn bat, sein Vorhaben aufzugeben, hatte er nur eine verächtliche Geste: ’Hab keine Angst, es kann mir nichts geschehen, ich bin doch ein Sonntagskind.’ Nun ist er an einem Sonntag abgeknallt worden wie ein räudiger Schakal, von seinem eigenen Vater.

    »Bei Manga Bell saß immer das Schießeisen sehr locker. Schon in Deutschland hatte er zwei tödliche Duelle. Sein erstes Opfer war ein deutscher Hauptmann namens Kessler, den er wegen einer Rassenfrage forderte und der dann einem Bauchschuß erlegen ist. Den anderen hat er mit seinem Säbel zu Tode verletzt. Sein Gewehr trägt wie alle seine persönlichen Utensilien - von der Zigarettendose bis zur Unterhose - die Herrscherkrone über seinem Monogamm.«

    Die unglückliche Mutter fordert Sühne für den Tod ihres Sohnes, und auch das Rassemblement Démocratique Africain (linksgerichtete afrikanische Sammlungsbewegung) verlangte nach einem Gerichtsurteil und ließ Plakate drucken: »Maurice Thorez wurde von der Sitzung der Kammer ausgeschlossen, weil er einen jungen Burschen geohrfeigt hatte. Hingegen bleibt Manga Bell, der seinen Sohn kaltblütig ermordete, weiterhin Abgeordneter und Mitglied der MRP.!«

    »Die Erklärung dafür ist die, daß Frankreich unbedingt Ruhe in Kamerun braucht, Kamerun birgt reiche Schätze an Uran,« glaubt Andrea zu wissen. »Man will die Eingeborenen, die Manga Bell auf seiner Seite hat, nicht gerade jetzt aufrührerisch machen. Deshalb hat auch das Kolonial-Ministerium den Mord als Bagatelle behandelt.«

    Dennoch blieb er nicht der großen Sippe des alten King Bell, die heute in zahlreichen europäischen Ländern verstreut lebt, verborgen, auch die in der deutschen Diaspora lebenden Nachkommen der 600 Bell-Frauen, bekamen Witterung von dem Prinzenmord. Sie sind auf Manga Bell nicht gut zu sprechen, weil er die Schätze der alten Heimat am Wuri restlos den Weißen auslieferte, um sich ein vergnügtes Leben zu machen, während sie sich in der Fremde durchschlagen müssen.

    So auch Mangas Vetter Tom Bell. Musikstar der Westberliner »Pinguin«-Bar (siehe Titel), die zur Zeit auf Westerland gastiert. Nach Mitternacht, wenn keiner der sambamüden Badegäste ein Bein mehr aufs Parkett bekommt, springt Tom auf seinen Musikantenstuhl und trommelt mit krausen Jazzrhythmen die schwitzenden Paare wieder wach.

    Dann läßt Tom seine in zehn Semestern TH-Studium in München wohlerworbenen zivilisatorischen Hemmungen fahren und entlockt der Jazztrommel die alten kriegerischen Signale der Dualas, wie er sie von seinem Vater gelernt hat. Der war ein Halbbruder des hingerichteten Rudolf Bell.

    Erinnert man Tom an Duala, wird er böse. »Wenn ich wollte, könnte ich nach Hause fahren. Ich verstehe mehr von Kolonialpolitik als mancher Kolonial-Minister. Ich bin weder Deutscher, noch Franzose, sondern Kameruner.«

    Aber nur nach Mitternacht spricht Tom von Politik. Tagsüber ist er verschlossen und knurrig, selbst gegenüber seinen schwarzen Kollegen von der Pinguin-Bar, die sich aus den 45 schwarzen und braunen Mitgliedern der Berliner afrikanischen Kolonie rekrutieren. Mit dem vollbusigen schwarzen Star Sylvia im Präsidial-Ausschuß.

    Die meisten von ihnen wohnen im Ostsektor und stehen auch ideologisch auf seiten des Ostens, wenn auch nicht alle eingeschriebene Mitglieder der SED sind, wie Toms entfernter Verwandter Gijm Bell, der in der Bar in grellrotem Kaftan den stärksten Nachtbar-Kaffee braut und den bakschischgeizigen Nachtfaltern nachruft: »Weiße Mann waren zu Neger immer schlecht. Deshalb müssen Neger ja alle Kommunisten sein ...«

    Bleigießen nennen Kenner die feierliche Prozedur, mit der Gijm seinen Mokka auf Holzkohlenfeuer zubereitet. Er hat sich als Filmstatist letztens in »Nächte am Nil« und als Preisringer in Wien und Berlin durch die mitteleuropäischen Emigrantengefilde geschlagen.

    Lesen und schreiben hat er dabei nicht gelernt, deshalb mußte ihm Tom Bell vortrommeln, was in Duala geschah und was die Briefe aus Paris und Bimbra meldeten, daß Manga Bell den Manga Manga Bell erschossen hat.

    Voici ce que DeepL sait en faire.

    Homme blanc toujours mauvais
    23.8.1950, DER SPIEGEL 34/1950

    Andrea Manga Bell, reine brune de Duala tombée dans la misère prolétarienne, saisit à nouveau chaque semaine les tribunaux parisiens pour faire comparaître devant le cadi l’assassin de son fils Manga Manga Bell.

    C’est son époux légitime, Manga Bell, géniteur de José Emanuel Manga Manga, aujourd’hui député à l’Assemblée nationale française et délégué des Nations unies pour le Cameroun, qui est devenu son meurtrier. Reine répudiée Andrea, née Jeminez à Hambourg, fille d’un mulâtre de Cuba et d’une mère allemande, vit séparée de lui depuis 30 ans. Le mariage mixte exotique n’a pas duré, bien qu’un ecclésiastique de Hambourg l’ait dignement béni en 1920.

    La dernière entorse à son existence de reine abîmée a eu lieu il y a quelques mois, lorsque deux balles du fusil de sniper de Manga Bell ont tué son fils préféré. Ses lèvres ridées se sont mises à dégouliner doucement de toute cette histoire de malheur.

    En 1919, l’actuel délégué de l’ONU Manga Bell s’est rendu pour la première fois dans la maison bourgeoise de Jeminez à Hambourg. L’oncle Adolpho Jeminez, qui fait aujourd’hui le commerce de cacao dans la Sierichstrasse à Hambourg, se souvient encore obscurément de la façon dont le cavalier noir aux bonnes manières lui avait présenté ses respects. Le prince duala avait repris ses études de médecine à Kiel à la fin de la guerre et faisait maintenant la cour à la beauté brune Andrea.

    "Comme je l’ai appris plus tard, il avait falsifié une lettre de recommandation pour s’introduire dans notre famille et faire ma connaissance", sait Andrea aujourd’hui. Avant la guerre, il avait appris les bonnes manières à l’école princière de Putbus sur l’île de Rügen, où il avait été formé aux bonnes manières avec les fils d’autres têtes couronnées. Manga Bell a fait ses débuts à la cour dès 1904, où les dames de la cour de Guillaume II l’ont taquiné. Le "Simplizissimus" a consacré un numéro entier au petit nègre.

    C’était au début de la politique coloniale allemande en Afrique, deux décennies après que Gustav Nachtigal, alors consul général à Tunis, se soit envolé pour le Cameroun sur la canonnière allemande "Möve" - en concurrence avec les Anglais, qui avaient déjà planté l’Union Jack sur plusieurs côtes d’Afrique de l’Ouest.

    Am 12. Juli 1884 landete Gustav Nachtigal mit Staatsrechtler Dr. Buchner in Bimbra, wo Handelspionier C. Woermann bereits eine Faktorei eingerichtet hatte. Dort beugte sich Oberhäuptling King Bell, Großvater des UN-Delegierten Manga Bell, samt seinen 600 Frauen, 998 Kindern und 15000 wehrhaften Dualas unter die deutsche Oberhoheit, die ihm Gustav Nachtigal angetragen hatte.

    Son fils héritier du trône, Rudolf Bell, devint un rebelle. En 1914, le gouverneur allemand du Cameroun le fit pendre à la corde de chanvre pour avoir fomenté un complot. Il avait envoyé un message secret au "Grand chef des prairies" Njoja von Banum, lui demandant de se débarrasser de la domination coloniale allemande.

    Après l’étranglement de Rudolf Bell le 8 août 1914, il avait aboyé. Le gouverneur a consolé la veuve éplorée : "Celui qui se comporte bien n’a rien à craindre".

    Le fils de l’insurgé, Manga Bell, qui étudiait à l’époque en Allemagne, s’est bien comporté. Il s’est fait enseigner par des sous-officiers allemands dans la cour de la caserne des Ulans de Rendsburg comment charger et sécuriser et s’est battu fidèlement pour l’empereur et l’empire en tant que volontaire de guerre. Fin septembre, les Anglais occupaient déjà sa région natale, située au bord de la rivière Wuri, large de 8 km. Après Versailles, Wuri et Dualas passèrent sous la domination coloniale française.

    Mais les Français tenaient beaucoup, pour pacifier la tribu noire turbulente, à placer Manga Bell, au moins dans la forme, dans les droits d’un "roi de Duala", bien que Manga Bell ait combattu du côté allemand.

    C’est ainsi que peu de temps après que la jeune Andrea Jeminez, âgée de 17 ans, eut cédé à son amour fou et consenti à son mariage, l’étudiant en médecine noir reçut un jour une offre officielle du ministère des colonies parisien pour venir en France et aider à gouverner ses dualas.

    "Après notre voyage à Paris, nous avons d’abord habité à Sèvres où, le 11 janvier 1920, j’ai donné la vie à José Emanuel Manga Manga", raconte la répudiée Andrea. "Le garçon, futur héritier du trône, fut dès lors appelé Manga Manga. Un an plus tard, une petite fille suivit, qui, comme moi, fut baptisée Andrea. Mais dans le cercle familial, nous l’appelions Tüke. A peine ma fille était-elle née que mon époux me quitta pour le Cameroun, où il mit en gage la plus grande partie de son héritage aux nouveaux maîtres du protectorat, afin d’avoir les moyens de poursuivre sa vie de débauche, déjà commencée à Paris, avec d’autres femmes, noires et blanches.

    "Mais souvent, je n’avais pas l’argent pour acheter du lait à mes enfants. Le rêve de la reine n’était qu’une farce - je pouvais tout au plus prolonger cette illusion de temps en temps sur scène - en tant qu’actrice. Des talents artistiques innés et développés m’ont permis de gagner ma vie. Pas seulement sur scène, mais aussi dans des agences de publicité. J’ai parfois été une graphiste utilitaire très demandée. Puis j’ai fait la connaissance de l’écrivain Joseph Roth, qui vivait à Paris, et je suis devenue sa secrétaire et sa compagne".

    Roth, qui, comme sa grande idole Heinrich Heine, alliait l’esprit au sarcasme, a manifestement été très proche de la mulâtresse. Elle a été sa compagne pendant huit ans et lui a tapé le script automatique de son roman louche "Job", l’histoire du destin d’une famille juive lors de sa rencontre avec la civilisation américaine.

    En revanche, les enfants d’Andrea se sont heurtés à la civilisation européenne chez leur grand-mère à Hambourg. C’est là qu’Andrea avait emmené Manga Manga et Tüke lorsqu’elle accompagnait Roth en voyage à Nice et dans d’autres endroits de la Côte d’azur. Les deux rejetons de l’Africain n’ont pas facilité la tâche de la vieille femme. A cause d’eux, elle a dû déménager dans les quartiers périphériques du Glindweg, mais même là, José et Tüke avaient l’habitude de jeter les restes de leur repas directement par la fenêtre, sans circonstances particulières.

    Le sang bushman était souvent plus fort que le badigeon civilisateur. Grand-mère Jeminez ne cessait de les asséner à ses petits-enfants plus noirs que bruns. Aujourd’hui encore, Tüke se souvient que l’irascible Grandmère lui a fait perdre la tête avec le premier objet le mieux placé - et même plusieurs fois avec le pain noir qui se trouvait sur la table.

    Mais à l’école, les deux béliers étaient très éveillés et avaient soif de connaissances. Manga Manga a fréquenté l’école de progrès "Thielo-Süd", créée par l’université de Hambourg, où l’on enseignait, outre les langues étrangères, les échecs et l’art dramatique. A la manière des écoles modèles soviétiques, il n’y avait pas de programme scolaire fixe, pas de bulletins de notes, pas de redoublement. Les professeurs étaient tutoyés par les élèves. L’enseignement était libre.

    "Ici, dans une classe avec Manga Manga, j’ai été témoin de son intelligence stupéfiante et de sa capacité de compréhension ludique. Son talent d’acteur était grand dans les spectacles d’élèves comme ’Emil und die Detektive’ d’Erich Kästner", atteste encore aujourd’hui un camarade de classe et ami du défunt prince Duala.

    Chez le "Nerother Wandervogel", Manga Manga et ses semblables étaient bien entourés. Le leader de la jeunesse hambourgeoise Werner Hellwig, membre de l’organisation de vagabonds "Toddy" et écrivain (livres : "Im Dickicht des Pelion", "Raubfische in Hellas", etc.), a ensuite placé les deux enfants royaux chez des bourgeois, alors que la vieille grand-mère ne faisait que se battre.

    Le groupe de jeunes bündisch remplaçait souvent leur père et leur mère. Les plus grands randonneurs étaient les frères Robert et Karl Olbermann. Karl avait une jambe de bois, avec laquelle il s’est même aventuré jusqu’aux contreforts du Caucase.

    Andrea aber wagte sich nur selten nach Hause zu ihrer Mutter und zu den Kindern. Wenn sie einmal kam und Schriftsteller Roth sich selbst und der Trinkleidenschaft überließ, dann verfehlte sie nicht, vor allem Manga Manga darauf aufmerksam zu machen, wie schändlich sein Vater an ihnen allen handele.

    Der schwarze Gentleman war mehr am Montmartre als in Bimbra am Wuri-Fluß, schickte keinen Unterhaltspfennig, weigerte sich aber auch, in die Scheidung einzuwilligen, falls Frau Andrea ihm nicht vorher beide Kinder freiwillig überlasse.

    Les accusations de la mère rongeaient l’âme des enfants, surtout celle du garçon. Elles se sont durcies en lui en un complexe d’aversion contre son père biologique, qu’il n’avait jamais connu consciemment et dont il entendait seulement dire qu’il était un monstre, un tueur de dames, un vagabond et un ivrogne. "Je l’imagine toujours comme un singe portant un sac à dos", dit-il un jour à ses amis du Wandervogel.

    Il dut la quitter, elle et son Hambourg familier, quand Andrea (les enfants ne l’appelaient jamais mère, mais toujours par son prénom), juste après le Nouvel An 1933, fila du Bungalo suisse de Josef Roth : "Partez immédiatement !" Suivirent le lieu de rendez-vous, la date et l’argent.

    Sentant venir la persécution raciale avec l’avènement du régime nazi, la mère prit ses enfants auprès d’elle et quitta bientôt l’homme de lettres Roth, qui avait entre-temps complètement sombré dans l’alcoolisme. Les choses allaient finalement si mal avec lui que, malgré ses origines juives, il était devenu "antisémite" et ne voulait plus fréquenter que des aristocrates et des nationalistes. L’auteur talentueux du roman "La marche de Radetzky" mourut à 44 ans d’un delirium tremens.

    Andrea ne lui a pas fermé les yeux. Elle n’avait pas pu assister à la dissolution, avait déménagé à Paris avec ses enfants et y vivait dans des conditions très pauvres.

    L’oiseau migrateur de Nerother Manga Manga est rapidement devenu un oiseau migrateur vagabond. Dans une lettre adressée à son ami allemand le 7.9.46, il parle lui-même de cette période :

    "A 16 ans, j’ai quitté l’école et j’ai presque immédiatement commencé à flâner. J’ai travaillé de temps en temps dans une usine. Ensuite, je n’ai rien fait, rien du tout, et c’est devenu entre-temps un grand rien. En été 39, je me suis fâché avec Andrea et je l’ai laissée seule avec Tüke. J’ai d’abord vécu chez une amie, puis, lorsque celle-ci a été expulsée avec ses enfants après le début de la guerre, j’ai vécu neuf mois avec une autre, et pendant ce temps, j’ai travaillé dans une usine d’armement.

    "Puis les Allemands sont arrivés et j’ai fui dans le sud de la France avec mon entrepreneur. Là-bas, j’ai fait du vélo pendant l’été 40. C’était très beau. J’ai fini par échouer à la frontière suisse, où je suis resté l’hiver, puis j’ai passé la frontière au noir avec trois amis. Nous voulions essayer de passer par le consulat anglais pour aller en Angleterre. Malheureusement, ça n’a pas marché. Nous avons été expulsés.

    "De retour en France, j’ai vécu dans un petit port au bord de la Méditerranée, où, de manière inattendue, mon père m’a fait rechercher. Il était au Sénégal et ne pouvait apparemment pas retourner au Cameroun, où se trouvaient les gaullistes*).

    *) Madame Andrea affirme que Manga Bell a soutenu Pétain pendant l’occupation allemande et qu’il était vichyssois. C’est sans doute pour cela qu’il ne pouvait et ne voulait pas aller voir de Gaulle. "J’ai donc vécu un certain temps avec mon père, que je ne connaissais pas jusque-là, au milieu de la brousse, puis j’ai été mobilisé lorsque toute l’Afrique était aux côtés des Anglo-Saxons et je suis revenu en France avec l’armée française. Lors de ma première visite chez Andrea et Tüke, je suis tombé malade. Appendicite avec une grave inflammation du péritoine. Il restait un abcès sur le poumon. Après un an d’hospitalisation, j’ai déserté. Mais comme mon père était venu à Paris en tant que député (tu sais ce que c’est ? environ un député du Reichstag), l’affaire a été réglée.

    "Mon père est assez riche, il accumulait tout sur moi et me laissait flâner comme je voulais. Jusqu’à ce que je me retrouve au sanatorium de Davos. A 26 ans, je suis un vieux vivant - un viveur. En ce moment, je suis prince et je vis de mon père, et là je vois vraiment de qui j’ai hérité tous mes défauts...

    "Quand j’ai quitté l’Allemagne en 33, j’avais toutes les possibilités devant moi. Je les ai gâchées inutilement. Peut-être aurais-je dû être éduqué un peu plus longtemps par Grandmère à Hambourg, même si elle nous a souvent donné une raclée avec le Kommißbrot. Tu te souviens de sa sévérité ? Elle est morte en 1940 - je crois - ...".

    Lorsque Manga Manga, le dauphin de Duala aimé par de nombreuses jeunes filles et dépassant son père de trois longueurs de tête, put enfin quitter le sanatorium de Schatzalp près de Davos en étant guéri, il prit la ferme décision de réprimer son héritage de sang paternel avec une maîtrise de soi virile. En bonne santé et purifié, il prit sa mère et sa sœur dans ses bras.

    Entre-temps, ils avaient traversé des épreuves difficiles. Pendant la guerre, Andrea était recherchée par le SD en raison de son amitié avec Roth et d’autres émigrés, connue de la Gestapo. Elle s’est réfugiée dans les forêts du nord de la France, où elle travaillait sur une meule et carbonisait du charbon de bois. Tüke s’était rendue en Allemagne pendant quelques mois en tant qu’officier dans un état-major administratif de l’armée française. De retour à Paris, elle a vécu les plus beaux jours de sa vie.

     »Ich gebe zu, daß mein Mann Manga Bell nicht ganz zurechnungsfähig ist,« urteilt Mutter Andrea heute über diese Tage. »Als er sich damals nach 25 Jahren zum ersten Male wieder bei uns sehen ließ, hat er ein Riesenfest veranstaltet - anläßlich der Hochzeit von Tüke. Zahlreiche Minister und Abgeordnete der MRP (Mouvement Républicain Populaire = Republikanische Volkspartei, der auch Robert Schuman und Georges Bidault angehören) nahmen daran teil, obwohl Tükes Gatte, Jaques Rebuffé, nur ein einfacher Mann ist.

     »Manga Bell ließ alle Gäste im Ueberfluß schwelgen. Allein der Empfang nach der Hochzeitszeremonie kostete 350000 Francs, die Fotos, die von dem jungen Paar gemacht wurden, 60000 Francs.

    "Pendant le repas de fête, il m’a dit que nous devions reprendre notre vie commune. Je me suis moquée de lui. Je ne suis pas impressionné par sa richesse, ni par ses trois grosses voitures de luxe. Maintenant, il a pour amie une sénatrice âgée qui ne maîtrise même pas l’orthographe française. Mais elle le domine ...

    "Manga Bell n’est pas seulement un grand bon vivant, c’est aussi un excellent cavalier. Il est souvent renommé avec son étalon pur-sang, sur lequel il monte dans les bars. Tüke a reçu de lui une dot princière. Elle en donna 200000 francs à son frère pour lui permettre, quelques années plus tard, de faire le voyage fatal à Duala ...".

    Peu après l’arrivée du prince héritier à Duala, les coups de feu mortels du fusil paternel ont retenti. Manga avait tué Manga Manga. L’agence de presse officielle L’agence française l’a annoncé de manière laconique :

    "De source bien informée, le fils du député MRP du Cameroun a été tué par des coups de fusil à l’Assemblée nationale. L’arme était encore entre les mains du père de la victime. On ne sait pas vraiment s’il s’agit d’un accident ou d’un meurtre".

    "C’était un meurtre !" accuse la mère inconsolable de Manga Bell. "Je sens que Manga Manga a reproché à son père de nous avoir traités avec tant de mépris. Lors de son départ, il a laissé entendre qu’il souhaitait mettre certaines choses au clair avec lui. Lorsque je lui ai demandé de renoncer à son projet, il n’a eu qu’un geste de mépris : ’N’aie pas peur, il ne peut rien m’arriver, je suis un enfant du dimanche’. Maintenant, il a été abattu un dimanche comme un chacal galeux, par son propre père.

    "Manga Bell a toujours eu la gâchette facile. Déjà en Allemagne, il a eu deux duels mortels. Sa première victime était un capitaine allemand du nom de Kessler, qu’il a défié pour une question raciale et qui a ensuite succombé à une balle dans le ventre. Quant à l’autre, il l’a blessé à mort avec son sabre. Son fusil, comme tous ses ustensiles personnels - de la boîte de cigarettes au slip - porte la couronne du souverain au-dessus de son monogame".

    La malheureuse mère demande réparation pour la mort de son fils, et le Rassemblement Démocratique Africain (mouvement de rassemblement africain de gauche) a également demandé une décision de justice et fait imprimer des affiches : "Maurice Thorez a été exclu de la séance de la Chambre pour avoir giflé un jeune garçon. En revanche, Manga Bell, qui a froidement assassiné son fils, reste député et membre du MRP." !

    "L’explication est que la France a absolument besoin de calme au Cameroun, le Cameroun recèle de riches trésors d’uranium", croit savoir Andrea. "On ne veut pas que les indigènes, que Manga Bell a de son côté, se révoltent en ce moment. C’est pourquoi le ministère des Colonies a aussi traité le meurtre comme une bagatelle".

    Pourtant, il n’est pas resté caché à la grande tribu du vieux roi Bell, qui vit aujourd’hui dispersée dans de nombreux pays européens, et les descendants des 600 femmes Bell vivant dans la diaspora allemande ont également eu vent du meurtre du prince. Ils ne sont pas en bons termes avec Manga Bell, car il a livré aux Blancs tous les trésors de leur ancienne patrie sur le Wuri, pour se faire une vie agréable, tandis qu’ils doivent se débrouiller à l’étranger.

    C’est le cas du cousin de Manga, Tom Bell. Star de la musique du bar "Pinguin" de Berlin-Ouest (voir titre), qui fait actuellement escale à Westerland. Après minuit, quand aucun des baigneurs fatigués de la samba ne peut plus mettre un pied sur le parquet, Tom saute sur sa chaise de musicien et réveille les couples en sueur avec des rythmes de jazz frisés.

    Puis Tom laisse tomber ses inhibitions civilisationnelles, acquises au cours de dix semestres d’études techniques à Munich, et tire du tambour de jazz les anciens signaux guerriers des dualas, tels qu’il les a appris de son père. Ce dernier était le demi-frère de Rudolf Bell, qui a été exécuté.

    Quand on rappelle à Tom le nom de Duala, il se met en colère. "Si je le voulais, je pourrais rentrer chez moi. Je connais mieux la politique coloniale que certains ministres des colonies. Je ne suis ni allemand, ni français, mais camerounais".

    Mais ce n’est qu’après minuit que Tom parle de politique. Le jour, il est fermé et hargneux, même avec ses collègues noirs du Pinguin-Bar, qui se recrutent parmi les 45 membres noirs et bruns de la colonie africaine de Berlin. Avec Sylvia, la star noire à la poitrine généreuse, au sein de la commission présidentielle.

    La plupart d’entre eux habitent dans le secteur est et sont aussi idéologiquement du côté de l’est, même s’ils ne sont pas tous membres inscrits du SED, comme le parent éloigné de Tom, Gijm Bell, qui prépare le café de bar de nuit le plus fort dans un caftan rouge vif et crie aux papillons de nuit ambitieux : "Les hommes blancs ont toujours été mauvais avec les nègres. C’est pourquoi les nègres doivent tous être communistes ...".

    Les connaisseurs appellent "coulée de plomb" la procédure solennelle par laquelle Gijm prépare son moka sur un feu de charbon de bois. Il a fait ses preuves en tant que statisticien de cinéma dans le récent "Nuits sur le Nil" et en tant que lutteur de prix à Vienne et à Berlin dans les milieux d’émigrés d’Europe centrale.

    Il n’a pas appris à lire et à écrire, c’est pourquoi Tom Bell a dû lui raconter ce qui s’est passé à Duala et ce que les lettres de Paris et de Bimbra annonçaient, à savoir que Manga Bell avait tué Manga Bell.

    anglais by DeepL

    COLONIES / CAMEROON
    White man always bad
    23 August 1950, 1 p.m.-from DER SPIEGEL 34/1950

    Andrea Manga Bell, the brown queen of Duala, who has sunk into proletarian misery, takes to the courts in Paris every week to bring the murderer of her son Manga Manga Bell to justice.

    Her husband Manga Bell, the father of José Emanuel Manga Manga, now a member of the French National Assembly and UN delegate for Cameroon, became the murderer. Queen Andrea, born Jeminez in Hamburg, daughter of a mulatto from Cuba and a German mother, has been separated from him for 30 years. The exotic mixed marriage did not last, although a clergyman in Hamburg gracefully blessed her in 1920.

    The final twist in her damaged queenly existence came a few months ago when two bullets from Manga Bell’s sniper rifle killed her favourite son. The whole tale of misfortune trickled quietly from her wrinkled lips.

    In 1919, the current UN delegate Manga Bell snowed into the middle-class Jeminez house in Hamburg for the first time. Uncle Adolpho Jeminez, who now trades in cocoa in Hamburg’s Sierichstraße, still remembers darkly how the black gentleman with good manners paid his respects. The dual prince had resumed his medical studies in Kiel after the end of the war and was now courting the brown beauty Andrea.

    “I later learnt that he had forged a letter of recommendation in order to infiltrate our family and make my acquaintance,” Andrea remembers today. Before the war, he had learnt good manners at the princely school in Putbus on the island of Rügen, where he was drilled in good manners along with the sons of other crowned heads. Manga Bell made his debut at court in 1904, where he was pampered by the ladies-in-waiting of Wilhelm II. Simplizissimus" devoted an entire issue to the little nigger.

    This was at the beginning of German colonial policy in Africa, two decades after Gustav Nachtigal, then Consul General in Tunis, had set off for Cameroon on the German gunboat “Möve” - in competition with the British, who had already planted the Union Jack at several coastal locations in West Africa.

    On 12 July 1884, Gustav Nachtigal and constitutional lawyer Dr Buchner landed in Bimbra, where trading pioneer C. Woermann had already set up a factories. There, Chief King Bell, grandfather of UN delegate Manga Bell, together with his 600 wives, 998 children and 15,000 defencible Dualas, submitted to the German sovereignty that Gustav Nachtigal had offered him.

    His heir to the throne, Rudolf Bell, became a rebel. The German governor of Cameroon had him hanged by a hemp rope in 1914 because he had instigated a conspiracy. He had sent a secret message to the “Great Grassland Chief” Njoja von Banum, calling on him to shake off German colonial rule.

    After Rudolf Bell’s strangulation on 8 August 1914, it barked out. The governor comforted the grieving widow: “Those who behave well need not fear.”

    The rebel’s son, Manga Bell, who was studying in Germany at the time, behaved well. He was taught how to load and secure by German non-commissioned officers in the barracks of the Rendsburg Uhlans and fought loyally for the Kaiser and the Reich as a war volunteer. By the end of September, the British had already occupied his home on the 8 km wide Wuri River. After Versailles, Wuri and Dualas came under French colonial rule.

    However, the French attached great importance to the pacification of the restless black tribe by giving Manga Bell the rights of a “King of Duala”, at least in form, even though Manga Bell had fought on the German side.

    So one day, shortly after the 17-year-old Andrea Jeminez had given in to his tempestuous courtship and agreed to marry him, the black medical student received an official offer from the Paris Colonial Ministry to come to France and help govern his Dualas.

    “After our trip to Paris, we first lived in Sèvres, where I gave birth to José Emanuel Manga Manga on 11 January 1920,” says the outcast Andrea. "From then on, the boy was called Manga Manga as the future heir to the throne. A year later, a little daughter followed, who, like myself, was baptised Andrea. But we called her Tüke in the family circle. My daughter had barely been born when my husband left me and travelled to Cameroon, where he pledged most of his inheritance to the new masters of the protectorate in order to have the means to continue the dissolute life he had already begun in Paris with other women, black and white.

    “But I often didn’t have the money to buy my children milk. The Queen’s dream was a farce - the best I could do was continue this illusion on stage from time to time - as an actress. Innate and advanced artistic talents provided me with bread. Not only on stage, but also in advertising agencies. At times I was a sought-after commercial artist. Then I met the writer Joseph Roth, who was living in Paris, and became his secretary and companion.”

    Roth, who, like his great idol Heinrich Heine, combined wit with sarcasm, was obviously very close to the mulatto woman. She was his companion for eight years and typed the typescript of his dubious novel “Job”, the story of a Jewish family’s encounter with American civilisation.

    Meanwhile, Andrea’s children encountered European civilisation at their grandmother’s house in Hamburg. Andrea had brought Manga Manga and Tüke there when she accompanied Roth on trips to Nice and other places on the Cête d’Azur. The two offspring of the African did not make it easy for the old woman. Because of them, she had to move to the outskirts of Glindweg, but even there José and Tüke used to throw the remains of their meal straight out of the window without any special circumstances.

    The Bushman blood was often stronger than the civilising whitewash. Grandmother Jeminez beat her more black than brown grandchildren over and over again. Even today, Tüke remembers that the irascible grandmère bludgeoned her with the first best object - even several times with the brown bread lying on the table.

    But at school, the two rangers were very bright and thirsty for knowledge. Manga Manga attended the progressive school “Thielo-Süd”, which was run by Hamburg University and offered chess and drama lessons as well as foreign languages. In the style of the Soviet model schools, there was no fixed curriculum, no report cards, and no sitting-outs. The teachers were on first-name terms with the pupils. All lessons were organised freely.

    “Here in a class together with Manga Manga, I witnessed his astounding intelligence and his playful perceptiveness. His acting talent was great in school plays such as Erich Kästner’s ’Emil and the Detectives’,” a classmate and friend of the deceased Duala prince still attests today.

    Manga Manga and his peers were in good hands at the “Nerother Wandervogel”. Hamburg youth leader Werner Hellwig, a member of the hobo organisation “Toddy” and writer (books: “Im Dickicht des Pelion”, “Raubfische in Hellas” etc.), then placed the two royal children with burghers when the old grandmother was just beating around the bush.

    The youth group often replaced their father and mother. The brothers Robert and Karl Olbermann were the foremost hikers. Karl had a wooden leg, with which he even ventured into the foothills of the Caucasus.

    Andrea, however, rarely ventured home to her mother and children. When she did come home and left writer Roth to himself and his passion for drink, she never failed to point out to Manga Manga in particular how shamefully his father was treating them all.

    The black gentleman was more at Montmartre than in Bimbra on the Wuri River, did not send a penny for alimony, but also refused to agree to a divorce unless Mrs Andrea voluntarily gave him both children first.

    The mother’s accusations took root in the children’s souls, especially in the boy. They hardened in him into a complex of aversion towards his biological father, whom he had never consciously met, and of whom he had only ever heard that he was a monster, a lady-killer, a drifter and a drunkard. “I always imagine him as a backpack-carrying monkey,” he once said to his friends from the Wandervogel.

    He had to leave her and the familiarity of Hamburg when Andrea (the children never called her mum, but always called her by her first name) wrote from Josef Roth’s Swiss bungalo just after New Year 1933: “Leave immediately!” Then came the meeting point, the date and the money.

    Wisely sensing the racial persecution that was about to break out with the impending Nazi regime, the mother took her children in and soon afterwards left Roth, a man of letters who had become completely addicted to alcohol. In the end, things were so bad with him that he had become an “anti-Semite” despite his Jewish origins and only wanted to socialise with aristocrats and nationalists. At the age of 44, the talented author of the novel “Radetzky March” died of delirium tremens.

    Andrea did not turn a blind eye to him. She had been unable to watch the break-up, had moved to Paris with her children and lived there in the poorest of circumstances.

    The Nerother Wandervogel Manga Manga soon became a vagabond migratory bird. In a letter to his German friend on 7 September 46, he writes about this time himself:

    "I left school when I was 16 and almost immediately I started to go shopping. I worked in a factory for a while. Then I did nothing, nothing at all, and it became a big nothing. In the summer of ’39, I fell out with Andrea and left her and Tüke alone. I first lived with a friend, and when she and her children were deported after the war broke out, I lived with another friend for nine months and worked in an armaments factory during this time.

    "Then the Germans came and I fled to the south of France with my entrepreneur. I set off there by bike in the summer of ’40. It was very nice. I ended up stranded at the Swiss border, where I stayed for the winter and then crossed the border in black with three friends. We wanted to try to get to England via the English consulate. Unfortunately it didn’t work. We were deported.

    "Back in France, I was living in a small harbour on the Mediterranean, where my father unexpectedly sent out a search for me. He was in Senegal and apparently couldn’t go back to Cameroon, where the Gaullists were.)

    ) Mrs Andrea claims that Manga Bell was loyal to Pétain during the German occupation. That’s probably why he couldn’t and wouldn’t go to de Gaulle. "So I lived in the middle of the bush for a while with my father, who was unknown to me until then, and then, when the whole of Africa was standing with the Anglo-Saxons, I was called up and returned to France with the French army. On my first visit to Andrea and Tüke, I fell ill. Appendicitis with severe peritonitis. I was left with an abscess on my lung. After a year in hospital, I deserted. But as my father came to Paris as a deputy (you know what that is, don’t you? About a member of the Reichstag), the matter was settled.

    "My father is quite rich, he heaped everything on me and let me go as I pleased. Until I ended up in a sanatorium in Davos. At the age of 26, I’m an old man - un viveur. At the moment I’m a prince and live off my father, and I can really see from whom I inherited all my faults ...

    “When I left Germany in 33, I had all the opportunities in front of me. I wasted them uselessly. Perhaps I should have been brought up a little longer by Grandmère in Hamburg, even though she spanked us often enough with the commissary bread. Do you remember her strictness? I think she died in 1940 ...”

    When Manga Manga, the Dauphin of Duala, who towered over his father by three head lengths and was loved by many girls, was finally able to leave the Schatzalp sanatorium near Davos cured, he made the firm decision to suppress his paternal blood inheritance with masculine self-control. Healthy and purified, he embraced his mother and sister.

    In the meantime, the two had been through a difficult time. Andrea was wanted by the SD during the war because of her friendship with Roth and other emigrants, which was known to the Gestapo. She went into hiding in the forests of northern France, where she worked on a pile and smouldered charcoal. Tüke had travelled to Germany for a few months as an officer in a French army administrative staff. When she returned to Paris, she enjoyed the best days of her life.

    “I admit that my husband Manga Bell isn’t quite sane,” says mum Andrea today about those days. "When he visited us for the first time in 25 years, he organised a huge party to celebrate Tüke’s wedding. Numerous ministers and MPs from the MRP (Mouvement Républicain Populaire = Republican People’s Party, to which Robert Schuman and Georges Bidault also belong) attended, even though Tüke’s husband, Jaques Rebuffé, is only a simple man.

    "Manga Bell let all the guests indulge in opulence. The reception after the wedding ceremony alone cost 350000 francs, the photos taken of the young couple 60000 francs.

    "During the banquet, he said to me that we had to resume our life together. I laughed at him. I’m not impressed by his wealth or his three big luxury cars. Now he has an elderly senator as a girlfriend who doesn’t even know how to spell French. But she dominates him ...

    “Manga Bell is not only a great bon vivant, but also an excellent rider. He is often renowned with his thoroughbred stallion, on which he rides into the bars. Tüke received a princely dowry from him. She gave her brother 200,000 francs from it to enable him to make the fateful journey to Duala a few years later ...”

    Soon after the arrival of the hereditary prince in Duala, the fatal shots rang out from his father’s rifle. Manga had killed Manga Manga. The official news agency L’agence francaise reported the news in laconic brevity:

    “It is reported from well-informed sources that the son of the MRP deputy from Cameroon was killed by gunshots in the National Assembly. The gun was still in the hands of the victim’s father. It is not quite clear whether it was an accident or a murder.”

    “It was murder!” the inconsolable mother accuses Manga Bell. "I feel that Manga Manga reproached his father for treating us so shamefully. When he left, he let it be known that he wanted to make things right with him. When I asked him to give up his plan, he only made a contemptuous gesture: ’Don’t be afraid, nothing can happen to me, I’m a Sunday child. Now he’s been shot down like a mangy jackal on a Sunday, by his own father.

    “Manga Bell’s shooting iron was always very loose. He had two fatal duels in Germany. His first victim was a German captain called Kessler, whom he challenged over a racial issue and who then succumbed to a shot to the stomach. He wounded the other to death with his sabre. His rifle, like all his personal paraphernalia - from his cigarette tin to his pants - bears the ruler’s crown above his monogamy.”

    The unhappy mother demanded atonement for the death of her son, and the Rassemblement Démocratique Africain (left-wing African Rally) also called for a court judgement and had posters printed: “Maurice Thorez was excluded from the chamber session because he had slapped a young boy. On the other hand, Manga Bell, who murdered his son in cold blood, remains a member of parliament and a member of the MRP!”

    “The explanation for this is that France absolutely needs peace in Cameroon, Cameroon harbours rich treasures of uranium,” Andrea believes she knows. “They don’t want the natives, whom Manga Bell has on his side, to rebel right now. That’s why the colonial ministry treated the murder as a trivial matter.”

    Nevertheless, it did not remain hidden from the large clan of the old King Bell, who today live scattered in numerous European countries, and the descendants of the 600 Bell women living in the German diaspora also got a whiff of the prince’s murder. They are not on good terms with Manga Bell because he completely handed over the treasures of the old homeland on the Wuri to the whites in order to make a happy life for himself while they have to eke out a living in a foreign country.

    Manga’s cousin Tom Bell is no exception. Music star of the West Berlin “Penguin” bar (see title), which is currently making a guest appearance on Westerland. After midnight, when none of the Samba-weary bathers can get a leg up, Tom jumps onto his musician’s chair and drums the sweaty couples awake again with ruffly jazz rhythms.

    Then Tom lets go of the civilisational inhibitions he has acquired in ten semesters of technical studies in Munich and elicits the old warlike signals of the Dualas from the jazz drum, as he learnt them from his father. He was a half-brother of the executed Rudolf Bell.

    If you remind Tom of Duala, he gets angry. “If I wanted to, I could go home. I know more about colonial politics than some colonial ministers. I’m neither German nor French, but Cameroonian.”

    But Tom only talks politics after midnight. During the day, he is secretive and grumpy, even towards his black colleagues from the Penguin Bar, who are recruited from the 45 black and brown members of the Berlin African colony. With the busty black star Sylvia in the presidential committee.

    Most of them live in the eastern sector and are also ideologically on the side of the East, even if not all of them are registered members of the SED, like Tom’s distant relative Gijm Bell, who brews the strongest night bar coffee in the bar in a bright red caftan and calls out to the bakshi-obsessed moths: “White men were always bad to Negroes. That’s why Negroes must all be communists ...”

    Connoisseurs call the ceremonial procedure with which Gijm prepares his mocha over a charcoal fire “lead pouring”. He recently worked as a film extra in “Nights on the Nile” and as a prize wrestler in Vienna and Berlin, making his way through the Central European émigré scene.

    He didn’t learn to read or write, so Tom Bell had to tell him what happened in Duala and what the letters from Paris and Bimbra said, that Manga Bell had shot Manga Manga Bell.

    #Allemagne #Cameroun #histoire #lettres #journalisme

  • La violence militaire coloniale au Cameroun et les collections muséales en Allemagne : histoire d’une symbiose.

    « Ne s’obtient que par la force »
    https://visionscarto.net/ne-s-obtient-que-par-la-force

    Voici un texte majeur et inédit que le chercheur Yann LeGall (Université technique de Berlin, TU) a confié à visionscarto. Il a passé des années à lire, décrypter et analyser les rapports dans archives allemandes des expéditions punitives militaires au Cameroun (aussi au Togo) et a fait apparaître non seulement la cruauté coloniale de l’armée allemande, mais aussi, par exemple, le cynisme absolu des directeurs de musées en Allemagne qui n’hésitaient pas à suggérer aux militaires d’engager des expéditions dans des lieux où se trouvaient des objets et œuvres d’art qu’ils convoitaient...

    Trois décennies d’exactions et de pillages, dont le résultat est la présence dans les musée allemands de plus de 60 000 objets camerounais divers volés lors des raids militaires, et par conséquence, l’absence au Cameroun de ce patrimoine culturel qui reste — plus d’un siècle après — encore une blessure vive.

    C’est long, mais cette histoire (dans les deux sens du terme) est importante. L’Allemagne a fait depuis quelques décennies, un énorme travail mémoriel sur la période nazie, ainsi que sur la période DDR, mais jusqu’à aujourd’hui, pas trop sur la période coloniale. Lacune qui commence à être comblée, car d’une part il y a ce projet, mais aussi d’autres mouvements, comme ce processus qui s’engage, de "débaptisation" des rues et avenues qui portent encore le nom des grands criminels, acteurs majeurs de cette période coloniale.

    –---

    Cet article — le premier d’une série dont la publication sera étalée dans les prochaines semaines, a été initialement publié en allemand dans l’Atlas der Abwesenheit. Kameruns Kulturerbe in Deutschland (Atlas de l’absence. Le patrimoine culturel du Cameroun en Allemagne) , issu du projet « Umgekehrte Sammlungsgeschichte » (Histoire inversée des collections) porté par l’Université de Dschang au Cameroun (Prof. Dr. Albert Gouaffo) et l’Université Technique de Berlin (Prof. Dr. Bénédicte Savoy).

    Avec des remerciements tout particuliers à Isabelle Saint-Saëns pour l’édition méticuleuse de la version française de ce texte. La cartographie est conçue et produite par Philippe Rekacewicz.

  • De l’indépendance à nos jours… Le Gabon en quinze dates
    https://rfi.my/9tE2
    par Tirthankar Chanda

    Indépendant depuis 63 ans et sous le joug d’une dynastie kleptocrate depuis 1967, le Gabon vient d’entrer dans une nouvelle ère de turbulences. L’histoire du Gabon indépendant en quinze dates-clés.

    Alors que le régime d’Ali Bongo au #Gabon fait face à son tour à un coup d’Etat, dont on ignore encore l’issue, l’association Survie, spécialisée sur la #Françafrique, appelle la France à la plus stricte neutralité et en particulier à s’abstenir de tout interventionnisme militaire.
    https://survie.org/pays/gabon/article/au-gabon-la-france-doit-rester-en-retrait-et-ses-militaires-ne-doivent-pas

    au suivant ...
    https://survie.org/publications/videos/article/cameroun-40-ans-au-pouvoir-de-biya-40-ans-de-francafrique

    Au #Cameroun, Paul Biya a pris le pouvoir il y a 40 ans avec le soutien de la France de François Mitterrand, et ne l’a jamais lâché depuis. Alors que son régime incarne la Françafrique jusqu’à la caricature et que les violations des droits humains sont récurrentes sous son règne, #Emmanuel_Macron lui a rendu visite en juillet. La guerre que la France a menée contre les indépendantistes dans les années 1950 et 1960 a certes été évoquée, en annonçant la création d’une commission d’historiens à ce sujet, mais en escamotant une autre guerre, celle qui ravage les deux régions anglophones du pays depuis cinq ans - sans que Paris suspende pour autant sa coopération militaire étroite avec l’armée camerounaise.

    https://www.youtube.com/watch?v=AE2VdX-U55Y

  • #Allemagne : une nouvelle place au nom du résistant camerounais #Rudolf_Douala_Manga_Bell

    Une troisième place au nom de Rudolf Douala Manga Bell, résistant camerounais à la colonisation allemande, a été inaugurée en Allemagne, à #Aalen, le 1er juillet dernier. Une #pétition circule auprès des autorités allemandes pour la #réhabilitation de Rudolf Douala Manga Bell et de #Ngosso_Din.

    Rudolf Douala Manga Bell fut l’ancien roi du clan Bell du peuple Douala au Cameroun pendant la période coloniale allemande. Pour avoir tenté de fédérer les communautés contre le colonisateur, il fut pendu « pour haute trahison » le 8 août 1914 à Douala avec son secrétaire Ngosso Din.

    #Jean-Pierre_Félix_Eyoum, membre de la famille et installé en Allemagne depuis un demi-siècle, travaille depuis trente ans sur cette histoire. La place Manga Bell de Aalen a été inaugurée en présence des représentants des autorités du Cameroun. Avant cela, une place a été inaugurée à #Ulm en octobre, une autre à #Berlin en décembre.

    Jean-Pierre Félix Eyoum a déposé il y a un an une pétition auprès des autorités allemandes pour la réhabilitation de Rudolf Douala Manga Bell et Ngosso Din. Pourquoi une place à Aalen ? Parce que ce fut la ville d’accueil de Roudolf Douala Manga Bell, quand il vient apprendre l’allemand à 16/17 ans en 1891 en Allemagne raconte Jean-Pierre Félix Eyoum, au micro de Amélie Tulet, de la rédaction Afrique.

    La demande de réhabilitation de Rudolf Douala Manga Bell et Ngosso Din, figures de la #résistance contre la #colonisation_allemande, est examinée au Bundestag allemand. Avant sa visite en octobre dernier au Cameroun, la ministre adjointe aux Affaires étrangères allemande avait déclaré : « la peine capitale prononcée contre le roi Rudolf Douala Manga Bell en 1914 est un parfait exemple d’#injustice_coloniale ».

    https://amp.rfi.fr/fr/afrique/20230709-allemagne-une-nouvelle-place-au-nom-du-r%C3%A9sistant-camerounais-r

    #Cameroun #toponymie #toponymie_politique #décolonial #toponymie_décoloniale #colonialisme #mémoire #noms_de_rue

    ping @cede @_kg_ @reka

    • Le #martyr camerounais Rudolf Douala Manga Bell a désormais sa place à Berlin

      Après Ulm, Berlin est la deuxième ville allemande à avoir une rue ou une place du nom de Rudolf Douala Manga Bell, ce roi camerounais, figure de la résistance face aux colonisateurs.

      Le gris et le froid berlinois n’ont pas douché l’enthousiasme de la foule. Et pour cause : la place Gustav Nachtigal, du nom du colonisateur qui hissa le drapeau allemand sur le Cameroun, n’existe plus ; elle s’appelle désormais place Rudolf et Emily Douala Manga Bell.

      Rudolf Douala Manga Bell, c’est ce roi devenu héros national pour avoir osé défier le colonisateur allemand et qui fut exécuté en 1914. « Il s’était opposé à certains plans du gouvernement allemand colonial qui essayait de déposséder les gens, de leur prendre leurs terrains... et évidemment, ça n’a pas plu aux Allemands », raconte Jean-Pierre Félix Eyum, l’un de ses descendants. Emily Douala Manga Bell, l’épouse de Rudolf, fut quant à elle l’une des premières Camerounaises à avoir été scolarisées.
      « Un message d’espoir »

      Mais si Rudolf Douala Manga Bell a maintenant une place à son nom à Berlin, il n’est pas totalement réhabilité, ce qu’attend désormais Jean-Pierre Félix Eyum. « J’attends que le gouvernement allemand prononce enfin ces mots-là : "Nous sommes désolés d’avoir fait ce que nous avons fait". C’est cela que j’appelle réhabiliter Rudolf Douala Manga Bell », indique-t-il. Il se dit optimiste à ce sujet. Il a récemment déposé une pétition dans ce sens au Parlement allemand.

      L’actuel roi de Douala, Jean-Yves Eboumbou Douala Manga Bell, voit quant à lui dans cette cérémonie en l’honneur de son ancêtre « un symbole extraordinairement important de reconnaissance d’une situation qui a été déplorable en son temps ». « Un message d’espoir », dit-il. Cette inauguration est en tout cas une nouvelle étape dans la reconnaissance très récente par l’Allemagne de son passé colonial. Un passé longtemps éclipsé par les crimes commis par le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221202-le-martyr-camerounais-rudolf-douala-manga-bell-a-d%C3%A9sormais-sa-plac

    • L’Allemagne inaugure une place Rudolf Douala Manga Bell en hommage au martyr camerounais

      Pour la première fois sur le sol allemand, une place au nom de Rudolf Douala Manga Bell a été inaugurée le 7 octobre, dans une tentative allemande de regarder son passé de colonisateur du Cameroun. Cela à Ulm, dans le sud de l’Allemagne, où le roi Rudolf Douala Manga Bell avait étudié le droit à la fin du XIXe siècle, avant de rentrer au Cameroun, où il fut ensuite exécuté par l’administration allemande pour avoir tenté de fédérer des communautés camerounaises contre les colons.

      Au Cameroun, son nom est dans tous les manuels scolaires : Rudolf Douala Manga Bell était un roi, le roi du clan Bell au sein du peuple Douala. Celui-ci était établi depuis des générations sur la côte Atlantique, au bord de l’estuaire du Wouri, où se trouve l’actuelle ville de Douala, capitale économique du Cameroun.

      C’est son père, le roi Auguste Douala Ndumbe Bell, qui l’envoie étudier en Allemagne pour qu’il maîtrise la langue de ceux dont la présence augmente sur la côte, avec l’arrivée de missionnaires puis l’installation de comptoirs pour le commerce.

      Mais quelques années après le retour de Rudolf Douala Manga Bell au Cameroun, le gouvernement colonial allemand remet en cause le traité de protectorat signé avec les chefs Douala. Le texte stipule que la terre appartient aux natifs, mais le gouverneur allemand veut alors déplacer les populations.

      Rudolf Douala Manga Bell s’y oppose, d’abord de façon légaliste, allant jusqu’au Parlement allemand plaider la cause de son peuple, avant de se résoudre à tenter de fédérer les autres communautés du Cameroun contre le colonisateur allemand. Mais il est arrêté en mai 1914, jugé et condamné en un seul jour. Il est pendu le 8 août 1914 avec son lieutenant pour « haute trahison ».

      Le Cameroun avait été sous domination allemande d’abord, avant d’être placé sous les mandats britannique et français après la Première guerre mondiale.
      Les descendants de la figure camerounaise appellent à la réhabilitation de son image par l’Allemagne

      Les descendants du roi Rudolf Douala Manga Bell attendent notamment sa réhabilitation par les autorités allemandes, pour laver son nom. Un des combats que mène notamment son arrière-petite-fille, la Princesse Marylin Douala Manga Bell qui constate que les choses bougent en Allemagne depuis le milieu des années 2010.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221025-l-allemagne-inaugure-une-place-rudolf-duala-manga-bell-en-hommage-au-ma

  • Max Buchner – African Heritage
    https://afrolegends.com/tag/max-buchner

    Today, I present to you the text of the treaty signed between King Mlapa – the King of Togo, or rather his representative Chief Plakko or Plakkou, and the Consul General Gustav Nachtigal thereby placing his land under German protectorate. This is the famous July 5th 1884 treaty which marks the beginning of the German protectorate in Togoland and the birth of this German colony in West Africa. As you read it, remember that Porto Seguro is now Agbodrafo and Bagida is Baguida in Togo. Note also that when it is said ‘King of Togo,’ Togo in this case refers to the area around Togoville, the village which gave its name to the entire country. As always, European colonizers used one main treaty in one area of the country (mostly coastal) to claim ownership over the rest of the country. The original in German can be found in Geschichte der deutschen kolonien by Horst Gründer, UTB (2018) p. 91-92

    Bagida, July 5th 1884

    The Consul General for the German Reich, Dr. Gustav Nachtigal, in the name of His Majesty the Kaiser of Germany, and Mlapa, King of Togo, represented for himself, his heirs and his chiefs by Plakkou, carrier of King Mlapa’s stick, have come to the following agreement :

    Article 1
    King Mlapa, desiring to protect legitimate trade, which mostly is carried out by Germans, and to grant the German merchants full security for their lives and property, requests the protection of His Majesty the German Kaiser, so that he is enabled to uphold the independence of his territory, which stretches from Porto Seguro‘s eastern border to the western border of Lomé or Bey Beach. His Imperial Majesty grants such protection, with the reservation of legitimately acquired rights of third parties.

    Article 2
    King Mlapa will cede no part of his lands and sovereignty rights to any foreign country of person, and he will not sign any treaty with any foreign power without the previously given approval of His Imperial Majesty.
    Togo, Lome, Verladen von Baumwollballen
    Lome, Togo: loading of cotton bales, early 1900s

    Article 3
    King Mlapa grants protection and free trade to all German subjects who live in his land, and promises never to grant merchants of other nations privileges, preferential treatment or protection beyond what is granted to the Germans. King Mlapa, without His Imperial Majesty’s approval, will refrain from collecting tariffs other than those presently collected, which are
    1 Shilling for every ton of palm kernels
    1 Shilling for every barrel of palm oil
    which are to be paid to the chief of the respective location.

    Article 4
    His Majesty the German Kaiser will respect all trade treaties previously signed by King Mlapa and others, and will in no way place burdens upon free trade in King Mlapa‘s land.
    Togoland_Map of Togoland in 1885
    Map of Togoland in 1885

    Article 5
    His Majesty the German Kaiser will not interfere in the manner the tariff so far has been collected by King Mlapa and his chiefs

    Article 6
    The signatory parties reserve matters of mutual interest, not included in this treaty, for future agreements.

    Article 7
    This treaty takes force immediately, reserved ratification by the German government.
    In order to testify, we have signed in the presence of the witnesses which have signed

    J.J. Gacher, J.B. Ahpevon, interpreters
    H. Randad
    Josua Lenze
    Mandt, Lt. at sea
    Dr. Max Buchner
    Chief Plakko
    Chief Adey of Lomé or Bey
    Coodaycee
    Hadji, 2nd chief of Bey
    Okkoo
    Nukoo
    King Garsa of Bagida

    signed Dr. Nachtigal

    1 Translator’s footnote : Here a text originally written in English, and printed in German translation in the RTA, has been re-translated into English. Thus it might differ slightly in diction from the original text.
    douala_vue des airs
    View of Douala from the airs: on the other side of the bridge (not shown) is Bonabéri, old Hickory Town

    I never thought that bombing, grenades, and warships had been used in wars in Africa prior to the 20th century. Little did I know that it had been in use in the 19th century, during the European invasion of Africa that is known as the scramble for Africa. Today we will talk about the first bombings on Cameroonian soil which occurred on 22 December 1884, when Germans on warships SMS Bismarck and SMS Olga bombed Hickory Town (Bonabéri) in Cameroons Town (modern-day Douala). What might have caused these bombings by German forces on Cameroonian soil, long before the area was ever known as Kamerun?
    Kamerun_Kuma Mbappe
    Kum’a Mbappé, Bonaberi 1884 Liberte by Enoh Meyomesse

    Well, when the 12 July 1884 Germano – Duala Treaty was signed between the representatives of the Jantzen & Thormählen firm and some of the Douala kings, King Ndumbé Lobé Bell and King Akwa, it was not a unanimous choice among the locals. As a matter of fact, most of the population was against the treaty, and sided with Kum’a Mbappé also known as Lock Priso, King of Hickorytown. The other kings had signed treaties ceding their lands to the Germans without consulting with the others. Kum’a Mbappé refused to sign the treaty. On that fateful day, when the Germans raised their flag in Hickory Town, after raising it in Joss Town, Kum’a Mbappé reacted by writing to the German consul: “Pull that flag down. No man buy we. They want to give us plenty dash, we tell them no. Leave us free and not make us plenty trouble.” The Germans, of course, did not heed the warning, and Kum’a Mbappé ordered the flag to be taken down and the mast ripped apart, a German merchant was killed in the fightings that ensued.
    Kamerun_Eduard_von_Knorr
    Eduard Knorr, in 1884

    Kum’a Mbappé and his people courageously resisted and defeated the German army. The Germans were outnumbered. After this defeat, German consul Max Buchner wrote to Germany to send troops with real armament, cannons, bombs, grenades, in order to level out Hickory Town and kill Kum’a Mbappé who was a thorn on his side.

    Opposition to German rule followed the annexation of July 1884. Lock Priso still favored the British and staged a rebellion in December 1884. Around this same time, King Bell faced off against his own people, who were largely opposed to the German rule. Bell then found himself up against the other Duala chiefs in the Duala War, which was fought over the killing of a Bonabéri Duala and Bell’s alleged refusal to share his profits with the other sub-lineages. Germans played the competitors against one another – this is a classic technique used by Europeans: divide-and-conquer. They supported the weaker King Bell to counter the powerful King Akwa.
    Kamerun_Corvette allemande SMS_OLGA durant la canonnade de Hickorytown on 21 Dec 1884
    SMS Olga during the shelling of Hickory Town on December 21, 1884

    From December 20th – 22nd, Commander Eduard von Knorr sent by Berlin decided to intervene immediately, and sent ashore a landing party of some three hundred men from warships SMS Bismarck and SMS Olga to arrest the leaders of the anti-German tribes and destroy their villages. The troops from SMS Bismarck that went ashore and landed north of Hickorytown, while the men from SMS Olga went ashore south of the village. The Germans fought their way into the town, forcing the local forces to retreat into the mangrove forest, where they could not easily be pursued. While this operation was underway, Knorr received word that other hostile locals had attacked the trading post operated by Jantzen & Thormählen in Joss Town and had captured the company’s local manager. Knorr sent SMS Olga upriver to shell enemy positions, and on 22 December, the landing parties returned to their ships, having lost one man killed aboard SMS Olga and eight men wounded between the two ships. German sailors descended on Bonabéri, and burnt the city down; the deluge of fire was endless and lasted several days. They also stole the princely bow or Tangué from Kum’a Mbappé’s ship, considered the symbol of the Belé-Belé people (people of Hickory-Town): the Tangué is a sort of a bow, carved and personalized, sort of a pennant that identifies a king among the people of these water tribes. The German consul Max Buchner wrote in his war diary,
    Kamerun_Explorer_Max_Buchner
    Max Buchner

    “Lock Priso’s palace is plundered, a colorful and striking image. We set it on fire. But I have asked all the houses to be inspected before to find ethnographic treasures. My main booty is a great wooden carved work, the princely bow (tangué) of Lock Priso, which will be sent to Munich.” [“Le palais de Lock Priso est mis à sac, une image colorée et saisissante. Nous y mettons le feu. Mais j’ai demandé avant d’inspecter toutes les maisons pour trouver des trésors ethnographiques. Mon butin principal est une grande œuvre sculptée en bois, la proue princière (tangué or tangu’a bolo, in Duala language) de Lock Priso, qui sera envoyée à Munich.”]
    Kamerun_Lock Priso

    After several days of fighting, the German army won because of their superior arms, and also the help sent by other Duala kings. Negotiations went on, and a peace treaty (i.e. a treaty acknowledging defeat) was finalized on 13 January 1885, forcing Kum’a Mbappé to accept German rule in Hickory Town. This hero of Cameroonian resistance, passed away in 1916.

    The symbol of the Belé-Belé people, the Tangué, was only returned over 100 years later, after tireless work from one Kum’a Mbappé’s grandsons, Prince and professor Kum’a Ndumbe III and others. To learn more, please read the book Kum’a Mbappé Bonabéri 1884 Liberté! by Enoh Meyomesse, and visit the website of this proud descendant of Kum’a Mbappé, Prince Kum’a Ndumbe III at AfricAvenir.

    #Allemage #Cameroun #hsitoire #colonialisme

  • Atlas der Abwesenheit
    Kameruns Kulturerbe in Deutschland

    Une somme énorme de savoir sur les pillages allemands, les cruelles expéditions punitives et les « butins », etc...

    Le livre en format livre est enfin arrivé en Norvège, 520 pages en format 25 x 25. C’est en Allemand, et je sais qu’il y a des germanophones ici qui seront peut-être intéressés, j’en ai deux copies en plus que j’offre très volontiers à celles et ceux qui le demanderont ! (les premièr·es arrivés seront les premiers servis) !

  • Una società di deforestazione in Camerun ha beneficiato di ingenti sussidi pubblici
    https://irpimedia.irpi.eu/una-societa-di-deforestazione-in-camerun-ha-beneficiato-di-ingenti-su

    La Société Industrielle de Mbang, diretta dall’italiano Eugenio Matarazzi, da decenni è accusata di taglio illegale e violazione delle leggi forestali. Tuttavia, avrebbe ricevuto dallo Stato camerunense oltre 250 milioni di euro, per servizi poco chiari Clicca per leggere l’articolo Una società di deforestazione in Camerun ha beneficiato di ingenti sussidi pubblici pubblicato su IrpiMedia.

  • Le Tchad appelle à l’aide internationale face à l’afflux de réfugiés soudanais
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/06/26/le-tchad-appelle-a-l-aide-internationale-face-a-l-afflux-de-refugies-soudana

    Le Tchad appelle à l’aide internationale face à l’afflux de réfugiés soudanais
    Plus de 100 000 femmes et des enfants venus du Darfour ont traversé la frontière dans l’est du pays depuis mai, s’ajoutant aux 680 000 personnes déjà présentes.
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 09h29, modifié hier à 09h32
    GUEIPEUR DENIS SASSOU / AFP
    Le Tchad, où de nouveaux réfugiés fuyant la guerre au Soudan affluent par dizaines de milliers, a réclamé, samedi 24 juin, une « aide massive » de la communauté internationale, qu’il accuse de le « laisser presque seul » face à une crise humanitaire « sans précédent ».
    « La mobilisation de la communauté internationale (…) n’est pas à la hauteur de la mobilisation observée sous d’autres cieux, laissant le Tchad presque seul face à l’accueil des réfugiés en épuisant au maximum ses ressources propres », a asséné, samedi, devant les diplomates et représentants des organisations internationales le premier ministre Saleh Kebzabo.Début juin déjà, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait sonné l’alarme en annonçant que plus de 100 000 Soudanais, essentiellement des femmes et des enfants venus du Darfour, avaient traversé la frontière dans l’est du Tchad en un mois et demi de conflit. Venant s’ajouter à plus de 680 000 réfugiés déjà présents dans ce pays semi-désertique d’Afrique centrale, dont 60 % de Soudanais.Et l’agence onusienne déplorait alors que les besoins de financement pour leur venir en aide n’étaient couverts qu’à 16 % par la communauté internationale. « Le Tchad sollicite l’appui et l’assistance technique et financière massive des pays et organisations » et « une conférence internationale (…) sur la mobilisation des fonds » pour l’aider à faire face à une « crise migratoire sans précédent », a déclaré M. Kebzabo dans un discours dont le texte a été transmis par ses services à l’AFP.
    Venant s’ajouter à des dizaines de milliers de réfugiés du Cameroun dans l’ouest, de Centrafrique dans le sud, et plus de 409 000 Soudanais déjà présents dans l’est depuis le conflit meurtrier des années 2000 et 2010 au Darfour, de nouveaux réfugiés affluent depuis le début, le 15 avril, de la guerre civile entre les deux généraux qui se disputent le pouvoir à Khartoum.Tchad et Soudan se partagent une frontière extrêmement poreuse de plus de 1 300 km en plein désert. Les réfugiés « ont bénéficié de la solidarité des populations hôtes qui les ont accueillis et ont partagé leurs maigres ressources », mais « le Tchad s’expose de plus en plus à des crises internes liées à la rareté de ses ressources » dans un pays à l’« économie déjà fragile », s’alarme le premier ministre.« Sans votre sollicitude, votre solidarité et votre élan de cœur, le Tchad ne pourra pas supporter le poids de cette crise », a-t-il conclu devant les représentants de la communauté internationale.

    #Covid-19#migrant#migration#postcovid#soudan#tchad#darfour#refugie#cameroun#centrafrique#HCR#refugie#crisemigratoire#frontiere#guerre

  • Vers une formalisation de la promotion immobilière au #Cameroun ?
    https://metropolitiques.eu/Vers-une-formalisation-de-la-promotion-immobiliere-au-Cameroun.html

    L’essentiel de la production de logement est #informel au Cameroun. Des réformes récentes cherchent à réguler le secteur et révèlent ainsi les différents degrés d’informalité qui caractérisent la construction et la promotion immobilières. Au Cameroun, comme dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, la production de logements est majoritairement assurée par des acteurs et logiques dites informelles. Le concept d’informalité permet de qualifier un ensemble de pratiques et d’acteurs participant aux #Terrains

    / #pays_du_Sud, Cameroun, Yaoundé, #villes_africaines, #immobilier, informel, #promoteurs

    #Yaoundé
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_jourdam-boutin.pdf

  • Les déboires de l’impérialisme français dans ses anciennes colonies d’Afrique
    http://www.uatci.org/spip.php?article4244

    Après le Mali et la Centrafrique, c’est le #Burkina_Faso qui a demandé le retrait de l’armée française « dans un délai d’un mois » selon l’ultimatum lancé le 21 janvier 2023 par le chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré. Celui-ci est arrivé au pouvoir par un coup d’État, le 30 septembre 2022, contre le lieutenant-colonel Sandaogo Damiba, lui-même issu d’un coup d’État huit mois plus tôt.

    Les autorités françaises ont procédé au transfert des 400 militaires de leur base du Burkina Faso vers le #Niger, chez Mohamed Bazoum, un allié et serviteur des intérêts de l’impérialisme français mais honni par sa propre population. Celle-ci a manifesté plusieurs fois en 2021 et 2022, contre son régime dictatorial mais aussi contre la présence des troupes françaises au #Niger.

    Alors, demain ne va-t-on pas voir le même scénario se reproduire au Niger, au Tchad ou dans un autre pays africain abritant une #base_militaire française ? C’est une crainte qu’un certain nombre de dirigeants politiques français émet de plus en plus à haute voix. C’est probablement cette crainte qui a conduit le gouvernement français à annoncer le 20 février 2023, son intention de réduire les effectifs de sa base militaire permanente de #Port-Bouët à #Abidjan. Cette annonce a été accompagnée de tout un laïus sur les prétendues bonnes œuvres que l’armée française veut faire en faveur de l’État ivoirien. Reste à savoir si cette tromperie suffira à calmer les ardeurs de ceux qui, dans la population et probablement au sein de l’armée ivoirienne, ne veulent plus de cette présence militaire vestige du passé douloureux de l’Afrique coloniale et en même temps, instrument de la continuation de la domination après la décolonisation.

    Quand la mauvaise foi et le mensonge s’ajoutent à l’aveuglement

    Le 6 octobre dernier, au Palais du Luxembourg (siège du Sénat français), lors d’une séance de « question d’actualité au gouvernement », un sénateur s’adressait en ces termes à Catherine Colonna, ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères : « #Bamako, #Bangui, #Yaoundé, #Dakar, #N’Djamena, et, samedi dernier, Ouagadougou : partout en Afrique, le sentiment anti-français grandit et se manifeste de plus en plus violemment ». On assiste dit-il, à « une spirale exponentielle d’un sentiment et d’actes anti-français sur place. Les milliards d’euros d’aide publique au développement ne changent pas la donne, car ce jugement est irrationnel, et le malaise extrêmement profond […]. Par maladresse peut-être, par manque de communication assurément, nous ne parvenons pas à convaincre ou tout simplement à rassurer les populations locales sur nos louables intentions. Il y a vingt ans, en Afrique, les slogans anti-français étaient du style : « On en a marre ! » ; aujourd’hui, le slogan récurrent est : « France dégage ! […] Comment interrompre un tel processus de dégradation de l’image de notre pays ? ».

    Une sénatrice a aussi fait part de son inquiétude sur la « francophobie » qui selon elle, serait en train de se répandre « au Cameroun, au Mali, au Burkina Faso ou encore en #Côte_d’Ivoire ».

    À ces inquiétudes, la ministre a répondu que « la France est victime d’une scandaleuse campagne de désinformation en Afrique » et que la lutte contre cette désinformation « est désormais une priorité » pour son ministère. En d’autres termes, elle a l’intention d’alimenter massivement les médias officiels et non officiels de propagandes mensongères pour vanter les prétendues bonnes œuvres et « les louables intentions » de la France en Afrique.

    Ces parlementaires et le #gouvernement_Macron, font semblant de ne pas voir que derrière ce qu’ils dénoncent comme étant la montée d’un « sentiment anti-français » ou de la « francophobie » il y a une réelle contestation de la mainmise de l’État français sur ses anciennes colonies. Ils font d’autant plus volontairement cet amalgame tout en invoquant l’irrationnel qu’ils cherchent à masquer leurs propres responsabilités dans la montée de cette hostilité.

    Celle-ci n’a rien « d’irrationnelle » et ne date pas d’aujourd’hui. Ce ne sont pas les réseaux sociaux ni on ne sait quelle officine cachée derrière un clavier qui la créent mais les dirigeants de l’impérialisme français eux-mêmes par la politique qu’ils mènent dans leurs anciennes colonies. C’est le résultat de décennies de soutien aux dictatures sanguinaires et corrompues, de pillage économique, d’exploitation et d’oppression des populations. C’est aussi le résultat de l’arrogance, du mépris et de l’hypocrisie des dirigeants successifs de l’État français envers les populations des pays sous leur domination.

    Les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédé en France ont toujours voulu dissimuler sous le tapis les massacres, les atrocités, les viols et les vols commis dans leurs anciennes colonies. Même le simple fait de reconnaître des faits qui se sont déroulés il y a 70 ans est un geste exceptionnel présenté comme un acte de courage et de générosité présidentielle. Lors de son récent voyage au #Cameroun, Macron a voulu jouer au président « ouvert et transparent » en acceptant d’ouvrir une partie des archives de l’État français sur la guerre d’indépendance du Cameroun à une commission d’historiens. C’est au cours de cette guerre qui a commencé en 1955, que le dirigeant nationaliste Ruben Um Nyobè et de nombreux militants de son parti, l’UPC, ont été traqués puis exécutés sauvagement. Il y a eu plusieurs dizaines de milliers de tués. Les massacres se sont poursuivis bien après l’indépendance du Cameroun en 1960 sous la dictature sanglante d’Ahidjo, installé au pouvoir par l’armée française. Celle-ci a aidé Ahidjo durant de nombreuses années à éliminer physiquement les militants de l’UPC. L’actuel président Biya a commencé sa carrière politique en 1962 en tant que « Chargé de mission » d’Ahidjo puis ministre et ensuite Premier ministre avant de l’évincer du pouvoir en 1982 avec l’appui de l’ancienne puissance coloniale.

    L’État français a tout fait pour que le sang qu’il a fait couler dans ce pays ne soit pas connu du public. Cela fut le cas de bien d’autres massacres du même genre dans d’autres colonies. La chape de plomb du « secret d’État » couvre jusqu’à nos jours de nombreux faits coloniaux.

    Ce sont aussi les réactions provoquées par ce « circulez, il n’y a rien à voir ! » qui reviennent comme un boomerang à la figure de l’ancienne puissance coloniale !

    La prétendue lutte contre les groupes terroristes au #Sahel

    Les troupes françaises dépêchées au Mali, Burkina Faso et Niger étaient prétendument destinées à protéger les populations contre les groupes armés djihadistes qui semaient la terreur dans cette région du Sahel. Mais les #opération_Serval, Barkhane et autres ont surtout servi à maintenir des valets locaux au pouvoir afin de permettre à la bourgeoisie française de continuer à s’enrichir au détriment des populations de ces pays.

    Ces populations prises en étau entre les bandes armées terroristes et les armées officielles (qui ne se comportent pas mieux que ceux qu’elles prétendent combattre) se sont rendu compte que les troupes françaises n’étaient pas venues pour éradiquer le terrorisme mais pour autre chose. Les groupes armés terroristes ont continué de sévir, parfois sous les yeux indifférents des troupes de Barkhane et des trois États sahéliens concernés. Des milliers de villageois ont été assassinés, d’autres ont dû abandonner leur village pour aller vivre là où ils pouvaient ; dans des camps de réfugiés quand ils en trouvaient. Entre 2013 et 2021, il y a eu plus de 2,5 millions de déplacés dans le Sahel selon le HCR, organisme des Nations Unies chargé des réfugiés. Leur nombre a continué d’augmenter depuis 2021.

    La colère des populations contre les régimes corrompus et sanguinaires qui les volaient et les opprimaient s’est retournée contre la France qui a servi de bouclier à ces régimes. Des officiers de l’armée comme Assimi Goïta au Mali ou Ibrahim Traoré au Burkina Faso ont profité de ce climat de contestation pour s’emparer du pouvoir (le 19 août 2020 au Mali et le 30 septembre 2022 au Burkina Faso). Leurs discours nationalistes et la rupture des accords militaires avec l’ancienne puissance coloniale leur a permis de redorer leur blason auprès d’une partie de la population, mais pour combien de temps ? Ce n’est pas parce qu’il y a un changement de personnes à la tête de l’État et de l’armée que brusquement ils changent de nature. Ils restent et resteront fondamentalement des instruments au service de la classe des possédants et des exploiteurs pour maintenir l’ordre capitaliste dans leur pays. Comme tous les pouvoirs qui les ont précédés, ils n’hésiteront pas à réprimer violement les populations lorsque celles-ci se mobiliseront pour réclamer plus de justice et de meilleures conditions d’existence.

    En Centrafrique et au Mali, ce sont les mercenaires de l’entreprise russe Wagner qui ont remplacé les troupes françaises, demain ce sera peut-être le tour du Burkina Faso. Il s’agit d’une entreprise privée qui fait payer ses services comme n’importe quelle entreprise capitaliste. Le paiement se fait en nature sous forme de droit d’exploitation d’une mine d’or, de diamant ou autres richesses naturelles. Ces mercenaires ne sont ni pires ni meilleurs que les légionnaires que l’État français a l’habitude d’envoyer en Afrique pour sauver un de ses valets en difficulté.

    La bourgeoisie française concurrencée dans sa chasse gardée africaine

    Face à cette nouvelle situation au Mali et au Burkina Faso, Macron le chef de file de l’impérialisme français, a dû s’adapter et accepter de retirer ses troupes de ces deux pays tout en gardant la possibilité d’y intervenir à partir du Niger ou de ses bases militaires permanentes de Côte d’Ivoire, du Sénégal ou du Tchad.

    L’État français tient d’autant plus à maintenir son rôle de gendarme de l’Afrique, que sa bourgeoisie a de plus en plus de mal à faire face à la concurrence rude des autres puissances capitalistes, y compris dans les pays considérés jusqu’à ces dernières années comme faisant partie de son « pré carré ». Mais le bouclier militaire doublé du bouclier monétaire que constitue le franc CFA (ancienne monnaie coloniale repeinte en monnaie commune des territoires devenus indépendants) ne suffit plus à préserver le quasi-monopole que la bourgeoisie française a longtemps détenu dans ses anciennes colonies.

    Selon un rapport de la COFACE (Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur, créée par l’État français pour couvrir, entre autres, les risques politiques encourus par les capitalistes français opérant à l’extérieur de la France) publié en juin 2018, les parts de marché à l’exportation de la France en Afrique (à l’exception du secteur de l’aéronautique) ont été divisées par deux depuis 2000, passant de 11 % à 5,5 % en 2017. Durant cette même période, la part de la Chine est passée de 3 % à près de 18 %, suivie par l’Inde, la Turquie et l’Espagne.

    Dans les domaines des équipements électriques et électroniques, de l’automobile ou de la pharmacie où la France détenait la première place, c’est la Chine et l’Inde qui sont passées devant. Même au Sénégal, pays politiquement et économiquement le plus lié à la France de par ses liens historiques, elle a perdu jusqu’à 25 % de ses parts de marché, tandis qu’en Côte d’Ivoire elle en a perdu entre 15% et 20%, toujours pour la période de 2000 à 2017.

    Le retrait, en décembre 2022 de Vincent Bolloré (un des plus grands capitalistes français ayant de grosses affaires en Afrique) de ses principales activités logistiques portuaires et ferroviaires en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays d’Afrique, au profit de l’armateur italo-suisse MSC, est la toute dernière illustration de cette tendance déclinante.

    Un continent convoité

    Les grandes puissances et leurs multinationales (les États-Unis et la Chine en tête) sont en compétition pour s’emparer des richesses naturelles et de tout ce qui peut leur rapporter des profits énormes sur le continent africain. Celui-ci possède plus de la moitié des réserves mondiales de manganèse, de chrome et de platine, 44% de vanadium, 78% de diamant, 40% de l’or … Sans oublier les gisements de terres rares recherchées entre autres par les industries de l’électronique et de la téléphonie.

    Environ 60% des surfaces arables mondiales non exploitées seraient situées sur le continent africain. Les grandes firmes de l’agrobusiness ont déjà commencé à accaparer les terres les plus fertiles pour y planter des cultures industrielles au détriment des cultures vivrières et des besoins alimentaires des populations locales. Les côtes poissonneuses du continent sont également pillées par les grandes sociétés internationales de pêche avec la complicité des États côtiers africains au détriment des petits pêcheurs locaux et des populations victimes de la raréfaction du poisson proches des côtes.

    Cette ruée des puissances capitalistes et de leurs industriels vers l’eldorado africain est en train de dessiner le contour du nouveau partage du continent africain. La crise actuelle du capitalisme, notamment l’aggravation de la crise énergétique à la suite du déclenchement de la guerre entre l’Ukraine de Zelenski épaulée par les puissances occidentales et la Russie de Poutine, a aiguisé la compétition entre les grandes puissances pour prendre possession des réserves d’hydrocarbures en Afrique. Leurs multinationales font la course pour signer des contrats de forages et d’exploitation avec les régimes en place en échange de bakchichs. L’appétit insatiable de ces prédateurs voraces est en train de transformer le continent africain en un futur terrain de batailles des puissances en compétition, à commencer par les deux plus grandes d’entre elles, les USA et la Chine mais aussi le japon, l’Allemagne, la France, l’Angleterre, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, la Russie et quelques autres.

    Par-delà les frontières et les continents, les travailleurs ont les mêmes intérêts et un avenir commun à construire.

    Pendant que le capitalisme mondial fait main basse sur les richesses du continent, l’écrasante majorité de la population africaine, en ville comme dans les campagnes, s’enfonce dans la #misère. Le chômage pousse toujours plus de jeunes à migrer vers l’Europe ou ailleurs, quitte à risquer leur vie en chemin. Ceux qui restent au pays essaient de survivre en faisant des petits boulots précaires et mal payés ou en travaillant la terre. La cherté de la vie aggrave leurs conditions d’existence déjà catastrophiques. Chaque flambée de prix est comme un coup de poignard enfoncé dans leur chair. Pendant ce temps, une petite minorité de parasites et d’exploiteurs locaux étale avec insolence sa richesse au milieu de cet océan de pauvreté.

    Dans un monde dominé par le système capitaliste, ceux qui n’ont que leurs bras pour vivre sont les plus mal lotis. Ce sont eux qui produisent les richesses et sans leur labeur, rien ne fonctionnerait. Mais c’est la classe sociale des exploiteurs et des parasites qui profite de ces richesses et des moyens dont dispose la société.

    Que ce soit dans un pays riche ou pauvre, par delà leur niveau de vie différent d’un pays à l’autre, les travailleurs subissent cette même logique implacable d’un système basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme, la recherche du profit individuel et la concurrence entre les individus et les nations. Dans une telle société où règne la loi du plus fort, les guerres et les rapines font partie des armes de la bourgeoisie pour protéger ses intérêts ou pour agrandir son terrain de chasse.

    Les travailleurs n’ont rien de bon à attendre d’un tel système. Ils ont au contraire tout à gagner à le combattre et à le remplacer par un autre où les frontières seront abolies, où personne n’aura le droit d’exploiter et d’opprimer son semblable et où l’humanité pourra enfin respirer et profiter librement de la vie. C’est la société que veulent construire les révolutionnaires communistes.

    #impérialise_français #impérialisme #colonies #Afrique #opération_Barkhane #inflation

  • Au #Cambodge, les plaignants de #Bolloré ont les yeux tournés vers le #Cameroun

    Au Cambodge comme au Cameroun, des communautés autochtones poursuivent le groupe Bolloré qu’elles estiment responsable de l’accaparement de leurs terres ancestrales. Une avancée de la #plainte venant du Cameroun redonne espoir aux plaignants cambodgiens.

    (#paywall)

    https://www.courrierinternational.com/article/justice-au-cambodge-les-plaignants-de-bollore-ont-les-yeux-to
    #accaparement_des_terres #terres #peuples_autochtones #pillage #extractivisme

  • Assassinat du journaliste Martinez Zogo : avis de tempête sur le Cameroun
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/02/14/assassinat-du-journaliste-martinez-zogo-avis-de-tempete-sur-le-cameroun_6161

    Le meurtre précédé de tortures de ce journaliste camerounais qui dénonçait la corruption au sommet de l’Etat est un terrible signal de la décomposition d’un régime au fonctionnement monarchique et où une justice aux ordres sert à éliminer ambitieux et opposants.

    #Cameroun #Démocratie #Justice

  • France. Après le syndrome de Fachoda, le « complexe de Bangui »
    https://afriquexxi.info/France-Apres-le-syndrome-de-Fachoda-le-complexe-de-Bangui

    Par Olivier Blamangin. Alors que la diplomatie française s’émancipe à peine du « complexe de Fachoda », qui a longtemps guidé sa stratégie sur le continent africain, la voici soumise à un nouveau syndrome lié à un autre ennemi, la Russie. Ses alliés africains ont bien compris l’intérêt de cette « rente à l’endiguement ».

    Les défenseurs des droits humains ont quelques raisons de s’inquiéter d’un « complexe de Bangui » qui servirait de nouvelle boussole à la diplomatie française, marginalisant toute voix critique de la politique africaine hexagonale et renouant avec les vieilles alliances françafricaines. La diplomatie du « double standard » en matière de démocratie est pourtant un puissant carburant au développement du « sentiment antifrançais », qui n’est sans doute pas près de refluer.

    #France #Afrique #Françafrique #Russie #Centrafrique #Mali #Burkina #Cameroun #Gabon #Tchad #Congo

  • Le désespoir des jeunes Africains ayant quitté l’Ukraine : « Je ne demande pas grand-chose, juste le droit d’étudier »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/12/09/le-desespoir-des-jeunes-africains-ayant-quitte-l-ukraine-je-ne-demande-pas-g

    Le désespoir des jeunes Africains ayant quitté l’Ukraine : « Je ne demande pas grand-chose, juste le droit d’étudier »
    Par Coumba Kane
    Des centaines de ces étudiants internationaux ont vu leur avenir compromis par l’invasion russe. Toujours en quête d’un diplôme de qualité, certains ont fui dans un pays européen, où ils peinent à se mettre en règle avec l’administration. A 20 ans, Rostambert Bangou Tcheubue a survécu à la guerre, mais il a perdu son insouciance. L’étudiant camerounais a le sentiment que sa vie n’est désormais qu’une « succession de rejets ». Vêtu d’un tee-shirt jaune siglé, baskets blanches aux pieds, il reçoit dans un studio mal chauffé. Un apparthôtel impersonnel, situé à quelques encablures de l’aéroport de Roissy, où il cohabite avec deux compatriotes d’infortune, eux aussi arrivés d’Ukraine. Depuis neuf mois, tous luttent au quotidien avec l’administration française. Pour Rostambert Bangou Tcheubue, le « calvaire » débute le 22 février 2022. Alors qu’il réside à Dnipro, où il tente de s’inscrire en première année d’informatique, il est réveillé par les premiers bombardements russes : « Je n’étais pas inquiet. Selon moi, ça n’allait pas durer. Puis j’ai reçu un appel paniqué de mon cousin, qui étudie à Marioupol. Il m’a dit de partir sur-le-champ. » L’avenir lui apparaît soudain incertain. Car, comme des milliers d’étudiants étrangers venus d’Asie et d’Afrique, le jeune homme a choisi l’Ukraine pour la qualité de ses filières scientifiques. Son rêve : étudier la programmation informatique pour travailler dans l’univers de l’intelligence artificielle.
    C’est donc à contrecœur que le Camerounais se rend à la gare de Dnipro, pour prendre la direction de Kiev. « J’avais réussi à monter dans un train, mais des gens m’ont repoussé. Dans un autre, alors que j’étais à bord, des femmes ont hurlé : “Un Noir ! un Noir !” Un policier m’a fait descendre, raconte-t-il, la voix nouée. J’ai ensuite rejoint un groupe d’Africains que les soldats ukrainiens avaient mis à l’écart. On a forcé leur barrage et on a pu monter à bord d’un train. On s’est réfugiés dans un wagon, puis on a roulé des heures, debout. »
    Après ces brimades à caractère raciste, ils trouvent du réconfort du côté polonais, où des bénévoles leur apportent vivres et couvertures. Un moment où chacun s’interroge sur la stratégie à adopter : rejoindre un pays européen ou profiter des vols de rapatriement proposés par quelques Etats africains à leurs ressortissants ? Rostambert Bangou Tcheubue opte pour rejoindre la France. « Aller ailleurs en Europe, c’était devoir apprendre une nouvelle langue. J’avais déjà passé un an en Ukraine à m’initier au russe, c’était difficile », justifie-t-il.
    A Paris, où il arrive début mars, l’étudiant est pris en charge par la Maison des Camerounais de France. Fondée en 2019, l’association est devenue, depuis la crise ukrainienne et grâce à l’activisme de son président Abdelaziz Mounde Njimbam, le quartier général des étudiants africains en déshérence. Car, contrairement aux réfugiés ukrainiens, les ressortissants de pays tiers ne bénéficient pas de la protection temporaire, mécanisme européen permettant de travailler et de bénéficier d’aides sociales. Une exclusion décidée sous la pression de la Pologne et de l’Autriche, comme l’a révélé une enquête du Monde menée en collaboration avec l’ONG Lighthouse Reports.
    « Pourquoi les Ukrainiens ont droit au tapis rouge tandis que nous sommes soumis à une course d’obstacles ? On a tous fui les bombes russes ! » La question taraude Rostambert Bangou Tcheubue. Il a fini par se forger une réponse, douloureuse : « Nous ne sommes pas blonds aux yeux bleus. » Au moins 480 étudiants africains ayant quitté l’Ukraine pour la France participeraient malgré eux à cette course d’obstacles, selon le décompte d’associations qui leur viennent en aide. L’ultime épreuve consiste à décrocher l’un des deux cents titres de séjour d’un an renouvelable que le ministère de l’intérieur a promis d’octroyer aux étudiants africains. Pour le moment, seulement une quinzaine d’entre eux l’ont obtenu.
    Rostambert Bangou Tcheubue n’est pas de ceux-là. Lui se débat avec une obligation de quitter le territoire français (OQTF), reçue en août. « Je suis épuisé. Je ne demande pas grand-chose, juste le droit de mener une vie normale, d’étudier, de ne plus stresser quand je croise un policier. » L’incompréhension est d’autant plus grande que ses colocataires, qui présentent des dossiers similaires au sien, ont été régularisés. « Il y a urgence à harmoniser les pratiques entre les préfectures. Certaines sont accommodantes quand d’autres multiplient les entraves à l’égard de ces jeunes », dénonce Abdelaziz Mounde Njimbam. Plusieurs d’entre eux ont reçu une OQTF pendant la période du moratoire qui courait du 17 juin au 30 septembre.
    Parmi les motifs exposés sur le document de Rostambert Bangou Tcheubue figurent des inexactitudes. Il y est noté que l’étudiant camerounais « n’apporte pas la preuve de ne pas être en mesure de retourner en Algérie », pays dont il n’est pas originaire. Des associations ont signalé plusieurs cas similaires au préfet Joseph Zimet, chargé de l’accueil des réfugiés ukrainiens. Lors d’une réunion qui s’est tenue il y a quelques semaines en présence d’étudiants africains, le préfet a annoncé l’annulation des OQTF prononcées durant le moratoire. La promesse n’a pourtant pas mis fin aux tracas du Camerounais. « Comme aucune instruction écrite n’a été envoyée à la préfecture du Val-d’Oise pour signaler l’annulation de mon OQTF, on m’a refusé ma demande de titre de séjour », se désole le jeune homme, qui a effectué un recours il y a trois mois, resté sans réponse.
    Rentrer au Cameroun ? Rostambert Bangou Tcheubue ne l’envisage pas. « Mes parents ont dépensé toutes leurs économies, 5 millions de francs CFA (environ 7 600 euros), pour m’offrir un avenir. Si je rentre, c’est ma famille que je mets à terre. » Au quotidien, l’étudiant suit des cours de remise à niveau en mathématiques à la Sorbonne et vit des chèques alimentaires (150 euros par mois) distribués par le Groupe SOS Solidarités, qui assure également son hébergement. Comme lui, des centaines d’autres jeunes Africains, souvent issus de familles aisées, voient leur avenir compromis par une guerre qui les dépasse.
    Au siège de l’association la Maison des Camerounais, Jude-Pépin Dokali Ndopata, 21 ans, affiche une mine taciturne. Les dernières nouvelles ne sont pas bonnes. Aucune université n’a donné suite à ses demandes d’inscription. « Partout, on me dit que c’est trop tard. Or, sans admission, je ne peux pas espérer obtenir un titre de séjour », explique l’ancien étudiant en génie biomédical à l’université de radio-électronique de Kharkiv, arrivé en France en septembre. Il ne veut pas revivre l’amère expérience subie en Belgique, où il avait décidé de tenter sa chance après avoir fui l’Ukraine : « On nous a répété que rien n’était prévu pour nous, étudiants africains, que seuls les Ukrainiens avaient le droit de rester. » Malgré ces embûches à répétition, lui non plus n’envisage pas de repartir au Cameroun. Il chiffre à environ 10 000 euros la somme déboursée par ses parents, journaliste et comptable, pour lui payer des études en Ukraine.
    Rachid Youla, lui, sort vainqueur de cette loterie des fortunes. Depuis qu’il a reçu, il y a quelques jours, un SMS des services de la préfecture du Val-d’Oise, le Guinéen a retrouvé le sourire. « C’était pour le titre de séjour ! J’ai ressenti une joie énorme, car j’avais perdu espoir », exulte-t-il au téléphone. Un soulagement qui apaise les souvenirs douloureux de ces neuf derniers mois. Etudiant en licence de biochimie à l’université de Kharkiv, il a lui aussi subi vexations et violences en fuyant la guerre. Mais il veut croire à la fin des déconvenues. Inscrit en licence de sciences de la nature à la Sorbonne, il s’est fixé un nouvel objectif : finir au plus vite ses études et rentrer « servir [son] pays ». « Mon rêve n’a jamais été d’aller en Europe et d’y rester, mais il me faut une formation. Je serai biochimiste et agronome, comme mon père. Et un jour, président de la Guinée », assure-t-il.
    En attendant, Rachid Youla archive précieusement les images de son périple, filmées avec son téléphone. Pour, un jour, en faire un documentaire : « Il ne faut pas que le monde oublie notre histoire. »

    #Covid#migrant#migration#ukraine#france#afrique#cameroun#etudiant#guerre#postcovid#asile#politiquemigratoire

  • Un quartier de #Berlin rebaptise des lieux avec les noms de résistants africains à la #colonisation

    Une rue et une #place portant le nom de personnalités phares du colonialisme allemand ont été débaptisées, début décembre, dans le quartier de #Wedding. Elles ont désormais le nom de résistants ayant œuvré, au début du XXe siècle, contre l’action de l’Allemagne en Afrique.

    “Fini d’honorer les dirigeants de la colonisation.” Comme le rapporte le Tagesspiegel, plusieurs lieux du “quartier africain” de Berlin ont été rebaptisés, dans le cadre d’une initiative menée par les autorités locales. “L’ancienne place #Nachtigal est devenue la place #Manga-Bell ; et la rue #Lüderitz, la rue #Cornelius-Fredericks”, détaille le titre berlinois. Le tout au nom du “travail de mémoire” et du “#décolonialisme”.

    #Gustav_Nachtigal et #Adolf_Lüderitz, dont les noms ornaient jusqu’à présent les plaques du quartier, avaient tous deux “ouvert la voie au colonialisme allemand”. Ils ont été remplacés par des personnalités “qui ont été victimes de ce régime injuste”.

    À savoir Emily et Rudolf Manga Bell, le couple royal de Douala qui s’est opposé à la politique d’expropriation des terres des autorités coloniales allemandes au #Cameroun, et Cornelius Fredericks, résistant engagé en faveur du peuple des #Nama, avant d’être emprisonné et tué dans le camp de concentration de #Shark_Island, dans l’actuelle #Namibie.

    “Indemnisation symbolique”

    “Les noms des rues du quartier africain ont fait polémique pendant plusieurs années”, assure le journal berlinois. Lorsqu’en 2018 l’assemblée des délégués d’arrondissement de ce quartier, Wedding, dans l’arrondissement de #Berlin-Mitte, avait proposé pour la première fois de changer les noms de certains lieux, près de 200 riverains étaient montés au créneau, critiquant notamment le coût de la mesure. Ils assuraient par ailleurs qu’“on ne peut pas faire disparaître l’histoire des plaques de rue”.

    Mais les associations des différentes diasporas africaines, elles, considèrent que les changements de noms sont importants, dans un pays “où les crimes du colonialisme allemand ne sont pas éclaircis systématiquement”. L’Empire allemand a en effet été responsable de diverses atrocités commises pendant sa courte période coloniale – comme le génocide des Héréro et des Nama, entre 1904 et 1908, dans ce que l’on appelait à l’époque le “Sud-Ouest africain allemand” et qui correspond aujourd’hui à la Namibie.

    Cet épisode de l’histoire n’a été reconnu par l’Allemagne qu’en mai 2021, rappellent les organisations décoloniales d’outre-Rhin. “Elles demandent de nouveaux noms de rue à titre d’indemnisation symbolique pour les victimes, mais également à titre éducatif.”

    https://www.courrierinternational.com/article/memoire-un-quartier-de-berlin-rebaptise-des-lieux-avec-les-no

    #toponymie #toponymie_politique #colonialisme #résistance #noms_de_rue #rebaptisation #colonialisme_allemand #Allemagne_coloniale #Allemagne #toponymie_coloniale #mémoire

    ping @cede @nepthys

    • Keine Ehre für Kolonialherren in Berlin: Straßen im Afrikanischen Viertel werden umbenannt

      Aus dem Nachtigalplatz wird am Freitag der Manga-Bell-Platz und aus der Lüderitzstraße die Cornelius-Fredericks-Straße. Anwohner hatten gegen die Umbenennung geklagt.

      Nach jahrelangen Protesten werden ein Platz und eine Straße im Afrikanischen Viertel in Wedding umbenannt. Aus dem bisherigen Nachtigalplatz wird der Manga-Bell-Platz und aus der Lüderitzstraße die Cornelius-Fredericks-Straße.

      „Straßennamen sind Ehrungen und Teil der Erinnerungskultur“, sagte Bezirksbürgermeisterin Stefanie Remlinger (Grüne). Daher sei es eine wichtige Aufgabe, Namen aus dem Berliner Straßenbild zu tilgen, die mit Verbrechen der Kolonialzeit im Zusammenhang stehen.

      Gustav Nachtigal und Adolf Lüderitz waren Wegbereiter des deutschen Kolonialismus, der im Völkermord an den Herero und Nama gipfelte. An ihrer Stelle sollen nun Menschen geehrt werden, die Opfer des deutschen Unrechtsregimes wurden.

      Das Königspaar Emily und Rudolf Duala Manga Bell setzte sich nach anfänglicher Kooperation mit deutschen Kolonialautoritäten gegen deren Landenteignungspolitik zur Wehr. Cornelius Fredericks führte den Widerstandskrieg der Nama im damaligen Deutsch-Südwestafrika, dem heutige Namibia, an. Er wurde 1907 enthauptet und sein Schädel zur „Erforschung der Rassenüberlegenheit“ nach Deutschland geschickt und an der Charité aufbewahrt.

      Über die Straßennamen im Afrikanischen Viertel wurde viele Jahre gestritten. Im April 2018 hatte die Bezirksverordnetenversammlung Mitte nach langem Hin und Her beschlossen, den Nachtigalplatz, die Petersallee und die Lüderitzstraße umzubenennen. Dagegen hatten 200 Gewerbetreibende sowie Anwohnende geklagt und die Namensänderungen bis jetzt verzögert. Im Fall der Petersallee muss noch über eine Klage entschieden werden.

      Geschichte könne nicht überall von Straßenschildern getilgt werden, argumentieren die Gegner solcher Umbenennungen. Denn konsequent weitergedacht: Müsste dann nicht sehr vielen, historisch bedeutenden Personen die Ehre verweigert werden, wie etwa dem glühenden Antisemiten Martin Luther?
      Klagen verzögern auch Umbenennung der Mohrenstraße

      Ein anderes viel diskutiertes Beispiel in Mitte ist die Mohrenstraße, deren Namen als rassistisch kritisiert wird. Auch hier verzögern Klagen die beschlossene Umbenennung. Gewerbetreibende argumentieren auch mit Kosten und Aufwand für Änderung der Geschäftsunterlagen.

      Vor allem afrodiasporische und solidarische Organisationen wie der Weddinger Verein Eoto und Berlin Postkolonial kämpfen für die Straßenumbenennungen. Sie fordern sie als symbolische Entschädigung für die Opfer, aber auch als Lernstätte. Denn bis heute fehlt es oft an Aufklärung über die deutschen Verbrechen. Die Debatte darüber kam erst in den letzten Jahren in Gang.

      Wenn am Freitag ab 11 Uhr die neuen Straßenschilder enthüllt werden, sind auch die Botschafter Kameruns und Namibias sowie König Jean-Yves Eboumbou Douala Bell, ein Nachfahre des geehrten Königspaares, dabei. Die Straßenschilder werden mit historischen Erläuterungen versehen. (mit epd)

      https://www.tagesspiegel.de/berlin/bezirke/keine-ehre-fur-kolonialherren-in-berlin-strassen-im-afrikanischen-viert

    • Benannt nach Kolonialverbrechern: #Petersallee, Nachtigalplatz - wenn Straßennamen zum Problem werden

      Die #Mohrenstraße in Berlin wird umbenannt. Im Afrikanischen Viertel im Wedding dagegen wird weiter über die Umbenennung von Straßen gestritten.

      Die Debatte über den Umgang mit kolonialen Verbrechen, sie verläuft entlang einer Straßenecke im Berliner Wedding. Hier, wo die Petersallee auf den Nachtigalplatz trifft, wuchert eine wilde Wiese, ein paar Bäume werfen kurze Schatten, an einigen Stellen bricht Unkraut durch die Pflastersteine des Bürgersteigs. Kaum etwas zu sehen außer ein paar Straßenschildern. Doch um genau die wird hier seit Jahren gestritten.

      Am Mittwoch hat die Bezirksverordnetenversammlung Berlin-Mitte beschlossen, die Mohrenstraße in Anton-Wilhelm-Amo-Straße umzubenennen, nach einem widerständigen afrikanischen Gelehrten. Im gleichen Bezirk hat die Organisation „Berlin Postkolonial“ in dieser Woche ein Informationszentrum zur deutschen Kolonialgeschichte in der Wilhelmstraße eröffnet – in den kommenden vier Jahren soll es von Erinnerungsort zu Erinnerungsort ziehen.

      Das Zentrum ist die erste speziell dem Thema gewidmete öffentliche Anlaufstelle in der Stadt.

      Andernorts aber kämpft man seit Jahren nach wie vor erfolglos für eine Umbenennung von Straßennamen mit Bezügen zur Kolonialzeit. In ganz Deutschland gibt es noch immer mehr als 150 – im Berliner Wedding treten sie besonders geballt im sogenannten Afrikanischen Viertel auf. Orte wie die Petersallee, der Nachtigalplatz und die Lüderitzstraße. Orte, die nach deutschen Kolonialverbrechern benannt sind.
      #Carl_Peters wurde wegen seiner Gewalttaten „blutige Hand“ genannt. Gustav Nachtigal unterwarf die Kolonien Togo, Kamerun und Deutsch-Südwestafrika.

      Carl Peters (1856–1918) war die treibende Kraft hinter der Gründung der ehemaligen deutschen Kolonie #Deutsch-Ostafrika, seine Gewalttätigkeit brachte ihm die Spitznamen „Hänge-Peters“ und „blutige Hand“ ein. Gustav Nachtigal (1834– 1885) nahm eine Schlüsselrolle ein bei der Errichtung der deutschen Herrschaft über die drei westafrikanischen Kolonien Togo, Kamerun und Deutsch-Südwestafrika, das heutige Namibia. Und der Bremer Kaufmann Adolf Eduard Lüderitz (1834–1886) gilt als der Mann, der das deutsche Kolonialreich mit einem betrügerischen Kaufvertrag in Gang setzte.

      Eine Ehrung für außergewöhnliche Leistungen

      Straßennamen sollen eine besondere Ehrung darstellen, sie sollen an Menschen erinnern, die außergewöhnlich Gutes geleistet haben. Das deutsche Kolonialreich aufgebaut zu haben, fällt nicht mehr in diese Kategorie. Aus diesem Grund wurden in der Geschichte der Bundesrepublik bislang allein 19 Straßen umbenannt, die Carl Peters im Namen trugen. Das erste Mal war das 1947 in Heilbronn. Der aktuellste Fall findet sich 2015 in Ludwigsburg. Auch nach dem Ende des Nationalsozialismus und dem der DDR hat man im großen Stil Straßen umbenannt, die als Würdigung problematischer Personen galten.

      Im Wedding ist wenig passiert, in der Welt zuletzt viel. Die Ermordung des schwarzen US-Amerikaners George Floyd hat Proteste ausgelöst, weltweit. Gegen Rassismus, gegen Polizeigewalt. Aber auch gegen die noch immer präsenten Symbole des Kolonialismus, dem diese Ungerechtigkeiten, diese Unterdrückungssysteme entspringen. Im englischen Bristol stürzten Demonstranten die Statue des Sklavenhändlers Edward Colston von ihrem Sockel und versenkten sie im Hafenbecken.

      „Krieg den Palästen“

      Ein alter Gewerbehof in Kreuzberg unweit des Landwehrkanals, Sommer 2019. Tahir Della, Sprecher der Initiative Schwarze Menschen in Deutschland, sitzt an seinem Schreibtisch in einem Co-Working-Space. Um ihn herum Bücher, Flyer. Hinter Della lehnen zwei große Plakate. Auf dem einen steht: „Black Lives Matter“. Auf dem anderen: „Krieg den Palästen“. Ein paar Meter über Dellas Kopf zieht sich eine großformatige Bildergalerie durch die ganze Länge des Raums. Fotos von Schwarzen Menschen, die neue Straßenschilder über die alten halten.

      „Die kolonialen Machtverhältnisse wirken bis in die Gegenwart fort“, sagt Della. Weshalb die Querelen um die seit Jahren andauernde Straßenumbenennung im Wedding für ihn auch Symptom eines viel größeren Problems sind: das mangelnde Bewusstsein und die fehlende Bereitschaft, sich mit der deutschen Kolonialvergangenheit auseinanderzusetzen. „Die Leute haben Angst, dieses große Fass aufzumachen.“

      Denn wer über den Kolonialismus von damals spreche, der müsse auch über die Migrations- und Fluchtbewegungen von heute reden. Über strukturellen Rassismus, über racial profiling, über Polizeigewalt, darüber, wo rassistische Einordnungen überhaupt herkommen.

      Profiteure der Ausbeutung

      „Deutsche waren maßgeblich am Versklavungshandel beteiligt“, sagt Della. In Groß Friedrichsburg zum Beispiel, an der heutigen Küste Ghanas, errichtete Preußen schon im 17. Jahrhundert ein Fort, um von dort aus unter anderem mit Sklaven zu handeln. „Selbst nach dem sogenannten Verlust der Kolonien hat Europa maßgeblich von der Ausbeutung des Kontinents profitiert, das gilt auch für Deutschland“, sagt Della.

      Viele Menschen in diesem Land setzen sich aktuell zum ersten Mal mit dem Unrechtssystem des Kolonialismus auseinander und den Privilegien, die sie daraus gewinnen. Und wenn es um Privilegien geht, verhärten sich schnell die Fronten. Weshalb aus einer Debatte um die Umbenennung von kolonialen Straßennamen in den Augen einiger ein Streit zwischen linkem Moralimperativ und übervorteiltem Bürgertum wird. Ein Symptom der vermeintlichen Empörungskultur unserer Gegenwart.

      Ein unscheinbares Café im Schatten eines großen Multiplexkinos, ebenfalls im Sommer 2019. Vor der Tür schiebt sich der Verkehr langsam die Müllerstraße entlang, dahinter beginnt das Afrikanische Viertel. Drinnen warten Johann Ganz und Karina Filusch, die beiden Sprecher der Initiative Pro Afrikanisches Viertel.
      Die Personen sind belastet, aber die Namen sollen bleiben

      Ganz, Anfang 70, hat die Bürgerinitiative 2010 ins Leben gerufen. Sie wünschen sich eine Versachlichung. Er nennt die betreffenden Straßennamen im Viertel „ohne Weiteres belastet“, es sei ihm schwergefallen, sie auf Veranstaltungen zu verteidigen. Warum hat er es dennoch getan?

      Seine Haltung damals: Die Personen sind belastet, aber die Straßennamen sollten trotzdem bleiben.

      „Da bin ich für die Bürger eingesprungen“, sagt Ganz, „weil die das absolut nicht gewollt haben.“ Und Filusch ergänzt: „Weil sie nicht beteiligt wurden.“

      Allein, das mit der fehlenden Bürgerbeteiligung stimmt so nicht. Denn es gab sie – obwohl sie im Gesetz eigentlich gar nicht vorgesehen ist. Für die Benennung von Straßen sind die Bezirksverwaltungen zuständig. Im Falle des Afrikanischen Viertels ist es das Bezirksamt Mitte. Dort entschied man, den Weg über die Bezirksverordnetenversammlung zu gehen.
      Anwohner reichten 190 Vorschläge ein

      In einem ersten Schritt bat man zunächst die Anwohner, Vorschläge für neue Namen einzureichen, kurze Zeit später dann alle Bürger Berlins. Insgesamt gingen etwa 190 Vorschläge ein, über die dann eine elfköpfige Jury beriet. In der saß neben anderen zivilgesellschaftlichen Akteuren auch Tahir Della, als Vertreter der Schwarzen Community. Nach Abstimmung, Prüfung, weiteren Gutachten und Anpassungen standen am Ende die neuen Namen fest, die Personen ehren sollen, die im Widerstand gegen die deutsche Kolonialmacht aktiv waren.

      Die #Lüderitzstraße soll in Zukunft #Cornelius-Fredericks-Straße heißen, der Nachtigalplatz in Manga-Bell-Platz umbenannt werden. Die Petersallee wird in zwei Teilstücke aufgeteilt, die #Anna-Mungunda-Allee und die #Maji-Maji-Allee. So der Beschluss des Bezirksamts und der Bezirksverordnetenversammlung im April 2018. Neue Straßenschilder hängen aber bis heute nicht.

      Was vor allem am Widerstand der Menschen im Viertel liegt. Mehrere Anwohner haben gegen die Umbenennung geklagt, bis es zu einer juristischen Entscheidung kommt, können noch Monate, vielleicht sogar Jahre vergehen.

      Eine Generation will endlich gehört werden

      Auf der einen Seite ziehen sich die Prozesse in die Länge, auf der anderen steigt die Ungeduld. Wenn Tahir Della heute an die jüngsten Proteste im Kontext von „Black Lives Matter“ denkt, sieht er vor allem auch eine jüngere Generation, die endlich gehört werden will. „Ich glaube nicht, dass es gleich nachhaltige politische Prozesse in Gang setzt, wenn die Statue eines Versklavungshändlers im Kanal landet“, sagt Della, „aber es symbolisiert, dass die Leute es leid sind, immer wieder sich und die offensichtlich ungerechten Zustände erklären zu müssen.“

      In Zusammenarbeit mit dem Berliner Peng-Kollektiv, einem Zusammenschluss von Aktivisten aus verschiedenen Bereichen, hat die Initiative kürzlich eine Webseite ins Leben gerufen: www.tearthisdown.com/de. Dort findet sich unter dem Titel „Tear Down This Shit“ eine Deutschlandkarte, auf der alle Orte markiert sind, an denen beispielsweise Straßen oder Plätze noch immer nach Kolonialverbrechern oder Kolonialverbrechen benannt sind. Wie viel Kolonialismus steckt im öffentlichen Raum? Hier wird er sichtbar.

      Bemühungen für eine Umbenennung gibt es seit den Achtzigerjahren

      Es gibt viele Organisationen, die seit Jahren auf eine Aufarbeitung und Auseinandersetzung mit dem Unrecht des Kolonialismus drängen. Zwei davon sitzen im Wedding, im sogenannten Afrikanischen Viertel: EOTO, ein Bildungs- und Empowerment-Projekt, das sich für die Interessen Schwarzer, afrikanischer und afrodiasporischer Menschen in Deutschland einsetzt, und Berlin Postkolonial.

      Einer der Mitbegründer dieses Vereins ist der Historiker Christian Kopp. Zusammen mit seinen Kollegen organisiert er Führungen durch die Nachbarschaft, um über die Geschichte des Viertels aufzuklären. Denn Bemühungen, die drei Straßen umzubenennen, gibt es schon seit den achtziger Jahren.

      Kopp erzählt auch von der erfolgreichen Umbenennung des Gröbenufers in Kreuzberg im Jahr 2010, das seitdem den Namen May-Ayim-Ufer trägt. „Vor zehn Jahren wollte niemand über Kolonialismus reden“, sagt Kopp. Außer man forderte Straßenumbenennungen. „Die Möglichkeit, überhaupt erst eine Debatte über Kolonialismus entstehen zu lassen, die hat sich wohl vor allem durch unsere Umbenennungsforderungen ergeben.“

      Rassismus und Raubkunst

      2018 haben sich CDU und SPD als erste deutsche Bundesregierung überhaupt die „Aufarbeitung des Kolonialismus“ in den Koalitionsvertrag geschrieben. Auch die rot-rot-grüne Landesregierung Berlins hat sich vorgenommen, die Rolle der Hauptstadt in der Kolonialzeit aufzuarbeiten.

      Es wird öffentlich gestritten über das koloniale Erbe des Humboldt-Forums und dem Umgang damit, über die Rückgabe von kolonialer Raubkunst und die Rückführung von Schädeln und Gebeinen, die zu Zwecken rassistischer Forschung einst nach Deutschland geschafft wurden und die bis heute in großer Zahl in Sammlungen und Kellern lagern.

      Auch die Initiative Pro Afrikanisches Viertel hat ihre Positionen im Laufe der vergangenen Jahre immer wieder verändert und angepasst. War man zu Beginn noch strikt gegen eine Umbenennung der Straßen, machte man sich später für eine Umwidmung stark, so wie es 1986 schon mit der Petersallee geschehen ist. Deren Name soll sich nicht mehr auf den Kolonialherren Carl Peters beziehen, sondern auf Hans Peters, Widerstandskämpfer gegen den Nationalsozialismus und Mitglied des Kreisauer Kreises.

      Straßen sollen vorzugsweise nach Frauen benannt werden

      Heute ist man bei der Initiative nicht mehr für die alten Namen. Für die neuen aber auch nicht wirklich. Denn diese würden nicht deutlich genug im Kontext deutscher Kolonialgeschichte stehen, sagt Karina Filusch, Sprecherin der Initiative. Außerdem würden sie sich nicht an die Vorgabe halten, neue Straßen vorzugsweise nach Frauen zu benennen.

      An Cornelius Fredericks störe sie der von den „Kolonialmächten aufoktroyierte Name“. Und Anna Mungunda habe als Kämpferin gegen die Apartheid zu wenig Verbindung zum deutschen Kolonialismus. Allgemein wünsche sie sich einen Perspektivwechsel, so Filusch.

      Ein Perspektivwechsel weg von den weißen Kolonialverbrechern hin zu Schwarzen Widerstandskämpfern, das ist das, was Historiker Kopp bei der Auswahl der neuen Namen beschreibt. Anna Mungunda, eine Herero-Frau, wurde in Rücksprache mit Aktivisten aus der Herero-Community ausgewählt. Fredericks war ein Widerstandskämpfer gegen die deutsche Kolonialmacht im heutigen Namibia.
      Bezirksamt gegen Bürger? Schwarz gegen Weiß?

      Für die einen ist der Streit im Afrikanischen Viertel eine lokalpolitische Auseinandersetzung zwischen einem Bezirksamt und seinen Bürgern, die sich übergangen fühlen. Für die anderen ist er ein Symbol für die nur schleppend vorankommende Auseinandersetzung mit der deutschen Kolonialgeschichte.

      Wie schnell die Dinge in Bewegung geraten können, wenn öffentlicher Druck herrscht, zeigte kürzlich der Vorstoß der Berliner Verkehrsbetriebe. Angesichts der jüngsten Proteste verkündete die BVG, die U-Bahn-Haltestelle Mohrenstraße in Glinkastraße umzutaufen.

      Ein Antisemit, ausgerechnet?

      Der Vorschlag von Della, Kopp und ihren Mitstreitern war Anton-W.-Amo- Straße gewesen, nach dem Schwarzen deutschen Philosophen Anton Wilhelm Amo. Dass die Wahl der BVG zunächst ausgerechnet auf den antisemitischen russischen Komponisten Michail Iwanowitsch Glinka fiel, was viel Kritik auslöste, offenbart für Della ein grundsätzliches Problem: Entscheidungen werden gefällt, ohne mit den Menschen zu reden, die sich seit Jahrzehnten mit dem Thema beschäftigen.

      Am Dienstag dieser Woche ist der Berliner Senat einen wichtigen Schritt gegangen: Mit einer Änderung der Ausführungsvorschriften zum Berliner Straßengesetz hat er die Umbenennung umstrittener Straßennamen erleichtert. In der offiziellen Mitteilung heißt es: „Zukünftig wird ausdrücklich auf die Möglichkeit verwiesen, Straße umzubenennen, wenn deren Namen koloniales Unrecht heroisieren oder verharmlosen und damit Menschen herabwürdigen.“

      https://www.tagesspiegel.de/gesellschaft/petersallee-nachtigalplatz-wenn-strassennamen-zum-problem-werden-419073

  • Retour sur la tournée africaine du président Macron - OCL - Organisation Communiste Libertaire
    http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3355

    L’été dernier, la président #Macron fit sa première tournée africaine (Benin Cameroun, Guinée Bissau) de son nouveau quinquennat afin de s’assurer de la fidélité (ou du moins de la suzeraineté) des potentats locaux. Mais c’était surtout pour tenter de contrer les appétits russes qui essayent conjurer les effets des sanctions économiques depuis la guerre menée en Ukraine en signant (ou renouvelant) des accords de défense.
    Ces accords sont facilités par l’échec actuel de l’opération Barkhane. Présentée comme une opération visant à éradiquer le terrorisme islamique au Sahel, elle a, bien au contraire, permis à celui-ci de progresser, notamment au Mali. Par ailleurs ce pays a connu deux coups d’état militaire. Le dernier coup d’Etat d’une junte qui dit faire rupture avec Paris et se rapprocher plus sérieusement de Moscou, au nom de la lutte contre le terrorisme et des intérêts des populations maliennes. L’exemple malien fait craindre aux autres régimes en place un destin funeste dont il faut à tout prix se prémunir.

    La France ringarde - Survie
    https://survie.org/billets-d-afrique/2022/320-septembre-2022/article/la-france-ringarde

    L’annonce avait fait scandale dans les milieux progressistes africains : Macron allait rendre visite à la tyrannie africaine la plus invétérée dans la corruption, la persécution des opposants, les atteintes aux droits de l’homme, en l’occurrence « au Cameroun de Paul Biya », selon le titre du livre que la journaliste Fanny Pigeaud a consacré à un pays gouverné par la terreur depuis plus de soixante ans sous une dictature inchangée. Le régime camerounais, imposé par une guerre menée par la France contre la résistance nationaliste, n’a jamais connu que la répression pour se maintenir au pouvoir, jusqu’à aujourd’hui avec la guerre menée au NOSO (Nord Est-Sud Ouest) contre les droits de la minorité anglophone. Biya, entré à la Présidence camerounaise en 1962 comme chargé de mission, y a occupé tous les postes avant de supplanter Ahmadou Ahidjo à la tête de l’État en 1982. Il y est toujours aujourd’hui, despote d’un régime clanique appuyé sur la violence armée, la fraude massive, la corruption généralisée. C’est à ce fleuron de la morale politique, que le président français, a rendu une visite, gage de l’amitié fidèle de l’État français. La realpolitik a quand même des limites, ne serait-ce que celle d’un minimum de décence. La conférence de presse des deux présidents (à voir sur le compte twitter de L’Élysée) a été d’un burlesque achevé. Biya, après avoir lu son papier, non sans difficulté - « la guerre en Ukraine avec les destructions et les souffrances qu’elle organise, euh qu’elle occasionne » - n’a rien compris aux questions qui lui étaient posées, qu’il a fallu lui répéter jusqu’à cinq fois. Macron s’y est mis avec la jubilation qu’il montre à enfoncer dans le ridicule un président africain. La comédie des questions des « journalistes » n’a pas manqué de sel. Le représentant de la CRTV, télé d’État camerounaise, a demandé stupidement pourquoi la France fournissait des armes à l’Ukraine plus qu’au #Cameroun. Il fut aisé à Macron de répondre que c’était faux, que la France armait et formait l’armée camerounaise, dont acte. La représentante de France télévision a demandé gentiment à Macron ce qu’il pensait de l’offensive russe en Afrique, ce qui a permis à ce dernier de s’en prendre à la « propagande russe » qui répand des « mensonges » pour attiser le sentiment anti-français et s’emparer des ressources de l’Afrique. Notons que ce thème est également relayé par Anne-Cécile Robert (Monde Diplomatique, septembre 2022, M. Macron trébuche au Cameroun) : « La propagande russe et chinoise, certes mensongère quand elle fait de la France la cause de tous les maux du continent, à commencer par le « mal-développement... », alors que la France, dit-elle, a plaidé constamment pour une « aide au développement ». Qu’on nous explique donc pourquoi, dans un continent globalement au bas de l’échelle de l’indice de développement humain, conséquence indéniable de la colonisation européenne, l’empire français bat tous les records de nullité. Le Cameroun, riche en ressources, est 188ème, derrière le Kenya, moins bien doté, 185ème ; le Ghana et la Côte d’Ivoire, pays jumeaux, sont respectivement 180ème et 209ème et, dans les 5 derniers du classement, il y a 3 pays francophones, Tchad 225ème, Niger 226ème, République centrafricaine 227ème, tandis que le Malawi, le plus pauvre en ressources, réussit à les dépasser à la 210ème place. Il y a donc bien une spécificité française dans l’échec du développement « aidé » dans sa zone d’influence. Comme on a pu le constater il fut étrangement beaucoup question de l’Ukraine dans cette visite de Macron à Yaoundé, mais rien, absolument rien, ne fut précisément dit, ni par les présidents, ni par les journalistes, sur les destructions et les souffrances infligées dans le NOSO, à quelques centaines de km de là, au peuple ambazonien. Quoi ? Qui ça ? Où ça ?

    #françafrique

    • Emmanuel Macron, maître des archives
      https://afriquexxi.info/Emmanuel-Macron-maitre-des-archives

      Au Cameroun et en Algérie, le président français a annoncé coup sur coup la mise en place de commissions mixtes chargées de définir les responsabilités dans les guerres de décolonisation de ces deux pays, notamment en ayant accès aux documents d’archives. Mais que pourront-elles apporter de nouveau par rapport à ce que l’on sait déjà, se demandent de nombreux chercheurs ? Et surtout, que cache cette « historiographie sous contrôle étatique » ?

  • Cameroon, Gabon Demarcate Border to Reduce Poaching in Congo Basin

    https://www.voanews.com/a/cameroon-gabon-demarcate-border-to-reduce-poaching-in-congo-basin-/6723981.html

    Officials from Cameroon and Congo-Brazzaville have agreed to demarcate their 100-year-old border to reduce border communities’ disputes over forestry and wildlife. The deal follows similar agreements with Gabon in May and the Central African Republic in June. Conservationists say having better defined borders w

    #frontières #différends_frontaliers #cameroun #congo_brazzaville

  • Emmanuel Macron doit, au nom de la France,reconnaître la guerre du Cameroun

    Dans une tribune au Monde, un collectif de personnalités estime qu’« il est grand temps que l’Etat français assume pleinement ses responsabilités » dans la « répression féroce des années 1950 et 1960 ».

    Dans quelques jours, Emmanuel Macron a rendez-vous avec l’histoire à Yaoundé. Pour sa première visite officielle au Cameroun, il sera confronté aux fantômes d’une guerre coloniale puis néocoloniale que la France a menée, censurée puis niée avec constance depuis soixante ans. Sera-t-il le premier président français à reconnaître officiellement cette véritable guerre et à lever un des derniers grands tabous français de l’après-guerre ?

    Peu de Français le savent, mais les Camerounais ont été à l’avant-garde du mouvement indépendantiste africain. Dès sa création en 1948, l’Union des populations du Cameroun (UPC) réclame l’indépendance du pays, ex-colonie allemande devenue après la première guerre mondiale territoire sous mandat de la Société des nations, puis territoire sous tutelle des Nations unies.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/30/emmanuel-macron-doit-au-nom-de-la-francereconn

    #international #colonialisme #france #cameroun

  • Le Cameroun pendant la Première Guerre mondiale
    https://visionscarto.net/cameroun-premiere-guerre-mondiale

    En 1914, à la veille de la Grande Guerre, le Cameroun est l’une des possessions allemandes en Afrique dont l’intérêt géostratégique aiguise les appétits des puissances coloniales anglaise, belge et française qui cherchent à dominer la région. « Qui occupe le Cameroun, domine l’Afrique centrale », disait-on à l’époque. Les premières délimitations et finalement les frontières du Cameroun, discutées et définies depuis la conférence de Berlin (1884), ont déjà fait l’objet de nombreux arbitrages impérialistes. (...) #Billets