• Sur la mobilisation contre la réforme des retraites.

    Le texte de l’introduction au Cercle Léon Trotsky du 10 mars 2023, par Jean-Pierre Mercier (vendredi 10 mars 2023). #conférenceLO #Lutte_Ouvrière

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20230310-clt-chine-introduction-retraites-sd.mp4

    La journée de manifestations et de grèves du 7 mars a encore été très massive, preuve que la mobilisation contre le projet de Macron ne faiblit pas.

    Dans un certain nombre d’entreprises comme à la SNCF, ou dans plusieurs raffineries ou chez les éboueurs de Paris et dans d’autres grandes villes, les travailleurs ont décidé de continuer la grève. Et à côté de cela, il y a une multitude d’actions et de débrayages dans des entreprises. Toutes ces actions contribuent à maintenir la pression sur le gouvernement et le #grand_patronat. Eh bien, il n’y a pas le choix, il faut continuer !

    En opposition à cette mobilisation, les médias et le gouvernement mettent en avant le calendrier parlementaire.

    Après le cirque à l’Assemblée nationale où l’opposition et la majorité ont joué respectivement leur partition, c’est au tour du Sénat de faire son bla bla.

    Alors, à grand renfort de publicité, chaque article est voté avec une majorité finalement toute trouvée. Des sénateurs grassement payés, aux longues siestes digestives légendaires, au régime de retraite exceptionnellement généreux, viennent donc de voter l’article 7 qui vole 2 ans de vie à plus de 36 millions de travailleurs.

    Car bien sûr, il n’est pas question ici, de s’attaquer aux régimes très spéciaux des retraites chapeau des PDG des groupes du #CAC40 qui engloutissent des dizaines de millions € par an ou ceux des grands bourgeois qui n’ont de toute façon pas de retraite à prendre, passant toute leur vie à vivre sur le dos des travailleurs.

    Une fois votée au Sénat, le projet de loi repassera à l’Assemblée nationale. Le seul suspense consiste à savoir si le gouvernement trouvera une majorité ou sera contraint à dégainer le 49.3.
    La belle affaire !

    Le gouvernement espère que ce moment-là sonnera la fin de la mobilisation.

    Eh bien il dépendra aux millions de travailleurs d’en décider autrement car nous contestons le droit à ces parlementaires de décider de ci qui est bon ou mauvais pour les travailleurs !

    Quand on parle de la situation avec les travailleurs, de ce qu’il faudrait faire, ils nous disent souvent : il faut tout bloquer. Et dans la tête de bien des travailleurs, bloquer cela signifie en réalité, faire grève.

    Et faire grève cela coute cher. Les médias, tellement ils craignent que les travailleurs se mettent grève le rabâche constamment.

    Oui, c’est vrai que ça coûte cher mais quel prix nous payons en laissant passer les coups et les attaques ? Certainement beaucoup plus cher que de s’engager réellement dans la lutte.

    Et bien souvent, parce que les travailleurs ne se sentent pas encore la force et la détermination de se mettre eux-mêmes en grève, se limitent à exprimer leur soutien à ceux qui font grève, à ceux qui bloquent, parfois même en donnant de l’argent aux caisses de grève…

    Et bien ça ne suffit pas, et nous devons prendre le temps de nous expliquer avec nos camarades de travail sur ce sujet. Ne serait-ce que parce que le mot de « blocage » peut recouvrir des idées, des politiques bien différentes voire opposées.

    Du fait de leur position incontournable dans l’économie, les travailleurs ont la capacité de peser sur les évènements sociaux et politiques du pays car ils sont à la base du fonctionnement, du moindre rouage de la société.

    S’il arrêtent le travail, s’ils se mettent en grève, c’est la société tout entière qui s’arrête, comme cela a été le cas en 1936 et en 1968, où 5, 6, 8 millions de travailleurs ont cessé le travail, y compris dans les métiers et les catégories où il n’y avait jamais eu de grève auparavant.
    La #grève, la #grève_générale, c’est le moment où la colère, la détermination des travailleurs est telle que plus personne ne se pose la question de savoir si l’on a, ou non, les moyens de faire grève, où chacun connait et assume la difficulté, les sacrifices qu’implique le fait de perdre son salaire pour se battre. C’est dans ces moments que le monde du travail, dans son ensemble, est susceptible de peser réellement sur le cours des choses, tout simplement parce que la société ne peut pas fonctionner sans les travailleurs.

    C’est toute la différence qu’il y a – et le patronat et le gouvernement le savent bien – entre une grève qui se généralise et une grève par procuration, portée par une fraction du monde du travail, occupant une position stratégique dans l’économie, comme les #cheminots, les #routiers ou ceux des #raffineries, même avec le soutien massif de la majorité de la population. Soutenir ne suffira pas : il faudra tôt ou tard que la majorité des #travailleurs et notamment ceux des grandes entreprises industrielles du privé soient entraînés à leur tour dans la grève par ceux qui ont commencé la lutte.

    En réalité, chaque profession occupe une position stratégique dans une entreprise et chaque secteur d’activité occupe à lui tout seul une position stratégique dans le fonctionnement de l’économie.
    Mais la force des travailleurs elle réside dans son nombre. C’est quand la masse des travailleurs se mobilise, agit qu’elle devient puissante et peut tout changer.

    Oui, la seule voie possible pour espérer faire plier un gouvernement ou le grand patronat c’est quand la grande masse des travailleurs prends le chemin de la grève, d’une grève profonde, déterminée car à ce moment-là tout peut devenir possible.

    Bien sûr, une grève générale aurait pour conséquence immédiate de bloquer, de paralyser le fonctionnement de l’économie.

    Mais elle permet surtout de débloquer les travailleurs de leur poste de travail auquel ils sont enchaînés, prisonniers physiquement et même dans leur tête. La grève, elle libère les corps et l’esprit.

    C’est en se mettant en grève que les travailleurs peuvent occuper leur entreprise et jusqu’à contester la propriété privée patronale.
    Et ça, nos patrons en sont pleinement conscients, bien plus que la majorité des travailleurs. Et c’est cela qu’ils craignent plus que tout !
    Par exemple, cette semaine, la direction centrale de Stellantis a mis au chômage préventivement, les usines de Sochaux, Mulhouse, Rennes, Hordain, Poissy qui sont les grosses usines de production du groupe. Préventivement, pour que les travailleurs, à l’appel des équipes militantes, ne puissent même pas se réunir en Assemblée générale même sur le temps de pause. Et de telles fermetures préventives, sous les prétextes les plus bidons, ont eu lieu dans de nombreuses grandes usines du pays.

    Les patrons savent que le mécontentement est présent et ne veulent courir aucun risque ou tout simplement ne veulent pas simplifier la tâche des militants pour que la mobilisation démarre dans les usines.
    Alors cette semaine à Stellantis, c’est le patron qui a bloqué lui-même, volontairement, sa propre production.
    Ce ne sont pas les travailleurs qui bloquent l’économie, ce sont les capitalistes. Ce sont eux qui bloquent et sabotent l’économie, pas les travailleurs qui la font tourner.
    Ce sont les capitalistes qui bloquent les millions de travailleurs sans emploi qui sont en train de s’appauvrir au chômage et à qui Macron vient encore de supprimer des droits.

    Ce sont les capitalistes qui sont en train de bloquer des millions de jeunes et de moins jeunes travailleurs dans la précarité leur imposant les postes les plus durs et les plus mal payés.

    Ce sont les capitalistes qui bloquent les salaires face à une inflation galopante.

    Ce sont les capitalistes qui veulent nous bloquer deux ans de plus au boulot.

    Ce sont les capitalistes qui bloquent l’économie en la sabotant avec leur spéculation, leur rentabilité, leurs bénéfices, leurs dividendes.
    Ce sont les capitalistes qui bloquent l’économie avec leur sacrosainte propriété privée de leurs usines et de leurs banques.

    En tant que communistes révolutionnaires, notre objectif est que les travailleurs se débarrassent de ces parasites et de ces saboteurs, prennent en mains les rênes de la société, non pas pour la bloquer mais pour la réorganiser de fond en comble pour la faire tourner et satisfaire les besoins élémentaires de la population !
    Car il faut bien avoir conscience d’une chose : si la mobilisation actuelle contre l’attaque brutale de Macron sur les retraites est complètement légitime, ce que nous prépare la grande bourgeoisie au niveau international est d’une tout autre ampleur.

    Depuis un an, il y a la guerre en Ukraine, une guerre dont personne ne voit la fin à court terme. Une guerre où l’impérialisme américain a tout intérêt à ce qu’elle continue car cela lui permet de renforcer sa position économique en Europe.

    La guerre en Ukraine a accéléré la politique de chaque État occidental pour augmenter leur budget militaire dans des proportions jamais atteintes depuis bien longtemps. Les états-majors alertent les gouvernements sur le fait que les armées ne sont pas en état de faire une guerre « de haute intensité » comme ils disent, c’est-à-dire d’entrer véritablement dans une guerre, longue, coûteuse et terriblement meurtrière. Alors les États dégainent des dizaines, parfois des centaines de milliards pour réarmer, au plus grand profit des marchands de canon.
    Oui ils nous préparent tous la guerre !

    Et avant d’entrer en guerre réelle, c’est-à-dire militaire, le monde capitaliste et principalement les États les plus riches ont déjà commencé une autre guerre, la guerre économique mondiale.

    L’exposé de ce soir va être consacré à la politique de l’impérialisme américain vis-à-vis de la Chine. Mais la guerre économique se déroule également entre les Etats-Unis et les pays européens.

    Le monde capitaliste est en pleine crise économique. Tout peut basculer d’un jour à l’autre à la suite d’un krach boursier par exemple. Et tout ce que la bourgeoisie fera pour défendre ses profits et ses intérêts, soyez en sûrs, elle le fera avec la peau des travailleurs, sur le dos de toute la société.

    Dans la société capitaliste, tout est lié : aussi bien l’attaque de Macron contre les retraites que la crise économique et les menaces de guerre.
    Dans cette situation qui s’aggrave, ce qu’il y a de profondément positif dans la #mobilisation sur les #retraites, c’est cette capacité de la classe ouvrière à se mobiliser, à exprimer son opposition en comptant uniquement sur elle-même, en agissant en tant que classe, en faisant grève, en manifestant.

    Cela n’est pas suffisant ? oui, c’est vrai !

    Mais ce n’est qu’une bataille parmi d’autres dans la guerre de classe qui a le mérite de remuer les consciences, de faire en sorte que de très nombreux travailleurs se posent des questions sur ce qu’il faudrait faire pour faire plier #Macron, qui se posent des questions sur comment être plus nombreux en grève, en manifestation.

    Les périodes de mobilisations sociales ont cela de positif – et c’est entre autres pour cette raison que les patrons et leurs larbins politiques les craignent – que les travailleurs se posent mille et une questions sur tous les sujets de la vie sociale et politique : les vraies raisons de l’#augmentation_des_prix, quoi faire pour que les #salaires augmentent, que faire face aux menaces de guerre, bref mille et une questions sur le fonctionnement général de la société.

    Oui, c’est vrai aussi, notre camp social a du retard sur la bourgeoisie et son personnel politique, tant sur la conscience politique que sur la détermination à se battre et à défendre coûte que coûte ses intérêts.
    Mais ce retard peut se combler très vite. Parce que justement dans les périodes de mobilisation sociale, même limitées comme celle que nous vivons actuellement, on discute politique comme on n’avait pas discuté depuis longtemps. Alors cela laisse entrevoir comment, dans une période bien plus aigüe de #lutte_sociale, les consciences peuvent évoluer extrêmement vite.

    Alors, dès aujourd’hui, il faut mettre toutes les chances de notre côté, ne pas perdre de temps. Il faut être sur la brèche, ne laisser filer aucune occasion de discuter et de prendre contact, il faut sauter sur la moindre discussion, en ayant comme objectif de s’entourer d’un maximum de travailleurs qui se posent des questions et qui cherchent des réponses. C’est à ce prix que nous pourrons espérer avancer dans la construction du #parti_communiste_révolutionnaire qui sera indispensable pour l’emporter quand éclateront les grandes explosions sociales.

    Il faut effectuer ce travail militant en défendant inlassablement, contre vents et marées, la perspective de la lutte de classe, en gardant notre confiance inébranlable dans la capacité de la classe ouvrière à retrouver sa #combativité, son intelligence, sa #conscience_de_classe.

    En étant convaincu qu’elle saura le moment venu réécrire les plus belles pages de son histoire révolutionnaire, en débarrassant la société des tous ces #capitalistes qui ne savent nous préparer que la misère et la guerre.

    Alors camarades, bon courage dans ce travail militant et rendez-vous les 11 et 15 mars dans la rue, en grève et en manifestation.

    Vive la grève ! Vive la #classe_ouvrière !

    #communisme_révolutionnaire #lutte_de_classe #réforme_des_retraites

    • L’Intersyndicale, entre absence de détermination et recherche de compromis impossible
      https://tendanceclaire.org/breve.php?id=42790

      Ce manque de détermination s’est vu, par exemple, le 7 mars au matin, avant que toute la force de la classe ouvrière ne se soit déployée en ce jour historique, lorsque Laurent Berger s’est attaqué au slogan utilisé par un dirigeant de la fédération CGT de la pétrochimie de « mettre l’économie à genoux », discréditant, dans le même temps, toute tendance à la grève reconductible. « L’économie à genoux, ça veut dire nos emplois », a déclaré Laurent Berger, avant d’ajouter : « il est hors de question de le faire pour la CFDT, ça a toujours été très clair ». Une déclaration en phase avec la position de Olivier Dussopt, ministre du Travail qui avait expliqué la veille : « mettre l’économie à genoux, c’est en réalité mettre les travailleurs à genoux. C’est mettre ceux qui rencontrent déjà des difficultés dans des difficultés encore plus grande », avant d’ajouter que la mobilisation du 7 mars « ne change[ait] pas le caractère nécessaire de la réforme » pour réaffirmer la détermination du gouvernement.

      De son côté, Philippe Martinez, qui avant le 7 mars se gargarisait de la nécessité de généraliser les grèves reconductibles partout où c’était possible, ne s’est pas rendu sur un seul des piquets des secteurs en grève pour renforcer cette dynamique, choisissant dans la pratique de ne rien faire qui puisse mettre en péril l’unité de l’Intersyndicale.

      Cette attitude des deux principaux dirigeants syndicaux du mouvement actuel rappelle celle de toutes les bureaucraties syndicales lorsqu’elles sont contraintes d’aller au-delà de leurs souhaits. En 1926, alors que l’Angleterre entrait dans une grève générale et une confrontation ouverte entre les classes, Léon Trotsky s’exprimait ainsi sur la bureaucratie syndicale britannique de l’époque :

      « La puissance d’Etat n’est pas une idée, mais un appareil matériel. Si l’appareil d’administration et d’oppression est paralysé, la puissance d’Etat est paralysée également. Dans la société moderne, on ne peut pas dominer sans avoir en mains les chemins de fer, la navigation maritime, les postes et télégraphes, les stations de force électrique, le charbon, etc… Le fait que Macdonald [principal leader travailliste] et Thomas [leader syndicaliste et travailliste] repoussent tout but politique quelconque les caractérise eux-mêmes, mais ne caractérise en aucune façon Ia nature de la grève générale qui, si elle est menée jusqu’au bout, doit inévitablement placer la classe révolutionnaire devant la nécessité de l’organisation d’une nouvelle puissance d’Etat. Mais à cela s’opposent de toutes leurs forces précisément ceux qui ont été placés par le cours des événements à la tête de la grève générale. Et c’est en cela que consiste le danger principal. Des hommes qui ne veulent pas la grève générale, qui nient le caractère politique de la grève générale, qui ne redoutent rien tant que les conséquences d’une grève victorieuse, doivent inévitablement faire tous leurs efforts en vue de maintenir la grève dans les cadres d’une demi-grève semi-politique, c’est-à-dire, en fait, la priver de ses forces. Il faut voir les faits tels qu’ils sont. Les principaux efforts des chefs officiels du Labour Party et d’un nombre considérable des leaders syndicaux n’auront pas pour but de paralyser l’Etat bourgeois au moyen de la grève, mais, bien au contraire, de paralyser la grève générale au moyen de l’Etat bourgeois. » [3]

      Aujourd’hui, les déclarations et l’opposition absolue de Berger à tout appel à la grève reconductible, l’attitude suiviste de Martinez, la lettre de l’Intersyndicale à Macron exigeant un compromis impossible ainsi que la continuité des journées d’action isolées (parfois sans appel de l’Intersyndicale à la grève comme ce samedi 11 mars) dessinent une situation où nous nous trouvons dans le cadre d’une « demi-grève semi-politique », pour reprendre les termes de Trotsky, et ce malgré les énormes difficultés du gouvernement qui n’a jamais été autant sur la défensive dans l’application d’une contre-réforme. Et cela sans même que la France de 2023 soit jamais entrée dans une grève générale comme ce fut le cas en Angleterre en 1926. L’entière responsabilité en incombe aux dirigeants syndicaux.

      Et pourtant, la possibilité de gagner existe

      Cette semaine, Le Monde publiait un article du collectif de chercheurs Quantité critiqué, dans lequel le collectif présentait les résultats de son enquête sur l’opinion des actifs sur la réforme des retraites et sur leur participation au mouvement social. Cette enquête montre toutes les potentialités du mouvement actuel et sur lesquelles nous avons cherché à insister depuis le début du mouvement. Cette enquête montre ainsi « un rejet massif dans toutes les catégories d’actifs [qui] nourrit la mobilisation », un « refus massif [qui] envoie d’abord à un fait documenté depuis des années : la détérioration des conditions d’emploi et de travail ». En ce qui concerne les secteurs déjà mobilisés, les auteurs ajoutent que « si l’opposition à la réforme des retraites est massive dans tous les secteurs d’activité, tous les individus ne sont pas également armés pour se mobiliser. Les individus jusque-là mobilisés dans les grèves ou les manifestations (15 % des actifs) correspondent à une fraction spécifique des opposants, d’abord caractérisée par la proximité avec un syndicat. Davantage que la syndicalisation, c’est le lien avec les syndicats et le fait d’entretenir des relations de solidarité au travail qui apparaissent décisifs. L’isolement au travail joue ainsi un rôle ambivalent : s’il alimente l’opposition à la réforme, il constitue, dans le même temps, un frein à l’action. »

      Mais le plus intéressant de cette enquête est l’examen de cette « armée de réserve » qui pourrait se mobiliser : « Dans le secteur privé, ce sont en revanche surtout les ouvriers qualifiés, puis les agents de maîtrise et les employés, qui se sont les plus mobilisés. Elément inédit, les salariés de la sous-traitance affichent un niveau de mobilisation égal à celui du reste du salariat (15 %) et un fort potentiel de mobilisation, avec une forte proportion de personnes estimant pouvoir basculer dans l’action (20 %). » Le collectif conclue ainsi que « 15 % des actifs n’ont pas encore participé à la mobilisation mais se disent "prêts à le faire". Ce sont d’abord des jeunes (19 % des 18-24 ans), mais également ceux qui subissent les plus mauvaises conditions de travail et les plus grandes difficultés financières (16 % chez ceux qui en éprouvent tous les mois). »

      Nous insistons sur cette dimension depuis le début de ce grand mouvement social : la question stratégique centrale est de savoir comment mettre en action ces secteurs importants du mouvement de masse. Ces derniers sont plus éloignés des syndicats mais sont ceux qui rejettent le plus la réforme et qui, par ailleurs, souffrent des pires conditions de travail et craignent de perdre leur niveau de vie dans les mois à venir. Mais on peut en dire de même des jeunes, dont la plupart sont ultra précaires, comme l’a démontré l’explosion du recours au colis alimentaires du début de la crise Covid jusqu’à aujourd’hui. La stratégie de l’Intersyndicale de se limiter uniquement au retrait de la réforme et de ne pas élargir le champ des revendications aux questions ultra-sensibles des salaires et des conditions de travail empêche pour l’instant l’entrée massive de ces secteurs dans la mobilisation. Parallèlement, l’Intersyndicale cherche à ce que, si elle venait à se concrétiser, cette entrée en scène se fasse dans le cadre de journées pacifiques proposées par les dirigeants syndicaux, limitant d’emblée le caractère politique et explosif qu’aurait l’irruption des secteurs les plus exploités de la classe ouvrière.

      C’est ce dernier point que redoutent les dirigeants syndicaux qui ne parviennent pas à trouver une issue honorable au conflit. Laurent Berger s’est ainsi expliqué sur France Bleu Loire Océan jeudi 9 mars, observant dans les rangs des militants « une sorte d’incompréhension, de malaise et de colère qui commence à monter ». François Hommeril, président de la CFE-CGC ajoutait pour sa part que, dans les lieux de travail « la base est très en colère, le gouvernement mise sur une résignation et les gens le savent », se disant pour sa part « très inquiet » car la situation « peut vraiment dégénérer ». Un autre dirigeant syndical soulignait pour sa part : « On tient pour l’instant mais beaucoup de copains veulent en découdre, quand on écrit au chef de l’Etat que la situation pourrait devenir explosive, ce n’est pas une blague [4]. »

      Malheureusement, du fait de la stratégie défaitiste de Berger et Martinez, à laquelle Jean-Luc Mélenchon a également adhéré malgré les mises en scène parlementaire de ses troupes, le risque est que tout ceci finisse par s’essouffler. Pour reprendre Trotsky,« en enlevant à la grève son programme politique, les réformistes sapent la volonté révolutionnaire du prolétariat, mènent le mouvement dans une impasse et obligent ainsi les différentes catégories ouvrières à mener des combats isolés... Tel est le danger principal de la lutte actuelle [5]. »

      Depuis Révolution Permanente, à travers le Réseau pour la Grève Générale qui se prépare à organiser un grand meeting de la grève ce lundi 13 mars à la Bourse du travail à Paris avec certains des principaux secteurs en grève, nous nous opposons consciemment à cette stratégie de l’Intersyndicale. Nous luttons pour tous les éléments qui vont dans le sens de l’auto-organisation, de l’auto-activité et de la coordination des grévistes, en cherchant à créer des liens et en élaborant un programme offensif qui fasse écho aux sentiments des secteurs les plus exploités, en créant un petit pôle qui se bat pour imposer à la direction actuelle du mouvement une autre perspective que celle qui mène à la défaite.

      Comme le dit justement un des référents du réseau, dirigeant syndical CGT dans la principale raffinerie de France, au Havre, relayé par Mediapart : « Au micro, Alexis Antonioli, secrétaire général de la CGT de la raffinerie, appelle aussi à reconduire la grève. Il annonce, comme au niveau national, plus de 70 % de grévistes. Mais l’arrêt complet des installations – pour lequel il faut compter un délai de cinq jours de "mise en sécurité" – n’est pas encore à l’ordre du jour. Pour l’heure, il s’agit seulement d’assurer le service minimum dans la raffinerie. Et le délégué syndical de tacler la stratégie de l’intersyndicale, jugée trop molle : "Leur calendrier avec des dates saute-moutons, 24 heures toutes les deux semaines, c’est la stratégie de la défaite… Si on envisage de se mettre quinze jours, trois semaines en grève, ce n’est pas juste pour obtenir le statu quo, c’est pour aller plus loin et reconquérir la retraite à 60 piges, avec 55 ans pour les métiers pénibles." Applaudissements nourris [6]. »

      Sans aucune ambiguïté, nous affirmons que, contrairement à ce que défend l’Intersyndicale, nous devrons bloquer le pays et construire la grève générale pour gagner. Mais pour que la victoire devienne une réalité et que nous puissions lutter jusqu’au bout, nous devons gagner les masses au fait de rejoindre les secteurs stratégiques, sur un programme offensif commun. C’est le seul moyen de vaincre Macron et sa contre-réforme.

  • "Ce sont les capitalistes qui bloquent et sabotent l’économie"

    Cercle Léon Trotsky : Introduction sur le mouvement contre la réforme des retraites (Jean-Pierre Mercier)

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20230310-clt-chine-introduction-retraites-sd.mp4

    [...] C’est en se mettant en grève que les travailleurs peuvent occuper leur entreprise et contester la propriété privée patronale. Et ça, les patrons en sont pleinement conscients, plus que la majorité des travailleurs. C’est cela qu’ils craignent plus que tout. [...] Ce ne sont pas les travailleurs qui bloquent l’économie, ce sont les capitalistes. Ce sont eux qui bloquent et sabotent l’économie, pas les travailleurs qui la font tourner. Ce sont les capitalistes qui bloquent les millions de travailleurs sans emploi qui sont en train de s’appauvrir au #chômage et à qui Macron vient encore de supprimer des droits. Ce sont les capitalistes qui sont en train de bloquer des millions de jeunes et de moins jeunes dans la #précarité, leur imposant les postes les plus durs et les plus mal payés. Ce sont les #capitalistes qui bloquent les salaires face à une inflation galopante. Ce sont les capitalistes qui veulent nous bloquer deux ans de plus au boulot. Ce sont les capitalistes qui bloquent l’économie en la sabotant avec leur spéculation, avec leur rentabilité, leurs bénéfices, leurs dividendes. Ce sont les capitalistes qui bloquent l’#économie avec leur sacro-sainte propriété privée de leurs usines et de leurs banques. En tant que communistes révolutionnaires, notre objectif est que les travailleurs se débarrassent de ces parasites, de ces saboteurs, prennent en main les rennes de la société. Non pas pour la bloquer mais pour la réorganiser de fond en comble et la faire tourner et satisfaire les besoins élémentaires de la population. [...]

    #réforme_des_retraites #capitalisme #parasitisme #classe_capitaliste #propriété_privée_des_moyens_de_production #grève #lutte_de_classe #communisme_révolutionnaire #révolution_ouvrière #révolution_prolétarienne #sabotage #LO #Lutte_Ouvrière #Jean-Pierre_Mercier

  • #électoralisme #élections #chimères
    > #politiciens #bourgeoisie #capitalistes #domination #servitude

    #émancipation #anarchisme
    > #abstentionnisme #abstention #anticapitalisme #autogestion

    #élections #antiélectoralisme

    ★ Vote = délégation de pouvoir et symbole de la répression de l’expression politique de la société... - Groupe Libertaire Jules-Durand

    Les élections sont le symbole de régimes qui empêchent de fait la société de prendre ses propres décisions. Depuis des temps immémoriaux, les processus électoraux ont été un instrument par lequel les structures de pouvoir qui gouvernent la société ont créé le consensus correspondant qui a facilité « la coopération » entre gouvernants et gouvernés, et grâce auquel elles se sont dotées de leur légitimité si nécessaire. Les urnes ont été présentes d’une manière ou d’une autre, mais toujours pour maintenir la domination d’une minorité dirigeante sur le reste de la population.
    Les référendums sont un autre exemple paradigmatique de l’utilisation des urnes pour confirmer la volonté des élites chargées de formuler la question et d’établir les réponses possibles. En ce sens, les élections sont aussi une autre manière de réprimer l’expression de la volonté de l’individu, et par extension de la société dans son ensemble. L’acte de voter consiste à déposer un bulletin dans une urne avec lequel l’électeur exprime son soutien à un certain parti politique, mais en aucun cas il ne sert à exprimer ce qu’il veut ou attend réellement de ladite organisation et de ses principaux dirigeants (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ http://le-libertaire.net/vote-delegation-pouvoir-symbole-repression-lexpression-politique-soci


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  • Michel Barrillon, Les marxistes, Marx et la question naturelle, 2013

    Résumé

    Nombre d’auteurs marxistes ou néomarxistes contemporains admettent « l’immense retard théorique » du marxisme dans l’appréhension de la question naturelle. Ils le déplorent d’autant plus que le paradigme marxien leur paraît parfaitement en mesure d’intégrer la dimension socio-écologique dans la critique ordinaire du mode de production #capitaliste. En marxistes conséquents, ils s’interrogent sur les raisons historiques de ce « rendez-vous manqué » avec l’écologie politique. Certains poussent l’analyse jusqu’à revenir aux écrits fondateurs de Marx et Engels. J. B. Foster a ainsi défendu la thèse d’un « Marx écologiste »… Cette thèse ne résiste pas à l’épreuve d’un examen critique du mode de traitement de la nature chez Marx. Rétrospectivement, Marx et la plupart de ses épigones apparaissent comme des théoriciens demeurés fidèles au projet baconien et cartésien inscrit dans l’imaginaire de la modernité ; prisonniers d’une vision progressiste de l’histoire, ils n’ont pu, en fait de critique radicale du capitalisme, que « le reproduire comme modèle ».

    https://sniadecki.wordpress.com/2020/06/04/barrillon-marxistes

    #Marx, #marxistes, #écologie, #critique_techno, #modernité, etc.

    En définitive, pour avoir voulu mener un combat scientifique sur le terrain de l’#économie_politique, le terrain même de ses ennemis désignés, Marx s’est pris au piège de la #théorisation froide et a fini par reproduire le capitalisme comme modèle, au lieu de dénoncer fermement ses crimes écologiques et humains sans lui faire de concession au nom d’une arbitraire nécessité historique. Paradoxalement, il a consacré ce qu’il croyait critiquer à la racine, vraisemblablement par désir de #scientificité, mais aussi parce qu’il demeurait convaincu que le capitalisme est un mal historique nécessaire, investi, malgré lui, d’une mission « civilisatrice ». En reconnaissant au capitalisme l’immense mérite d’avoir rendu la nature exploitable sans limites, il n’a pas simplement conforté le #productivisme capitaliste, il a aussi pleinement souscrit au projet baconien et cartésien puisque c’est dans le cadre de l’imaginaire de la modernité qu’il conçoit le passage au communisme. Si, aujourd’hui, le retour aux œuvres de Marx doit être une source d’enseignements, c’est bien pour nous éviter de répéter ses erreurs.

    Quelques chose me dit que la #WertKritik pourrait en prendre de la graine...

    • La wertkritik ne pense absolument pas que le capitalisme est une étape nécessaire à quoi que ce soit. :p
      Elle ne prend de Marx que telle ou telle partie qu’elle considère la plus importante de son travail, sur la critique du cœur de comment fonctionne le capitalisme. Et justement rejette ou tout du moins ne garde pas, la plupart des idées politiques de Marx, qui étaient propres à son temps.

  • Un gouvernement compétent est-il possible ? Et même souhaitable ? A propos du désir d’Etat qui s’exprime de toute part

    « Incompétent, nul, #amateurisme, manquement », les mots ne manquent pas pour qualifier Macron et son gouvernement, tout comme les raisons de le faire. La rage gronde, et avec elle la volonté de leur demander des comptes et de les faire payer. La vengeance est peut-être la moins triste des passions tristes. Tout comme la colère, elle apparait comme le moteur de la révolte des vaincus d’hier. Mais ce gouvernement est-il réellement incompétent ? Plus largement un gouvernement compétent est-il possible ? Voir même souhaitable ? Et si au contraire, c’était de l’extrême compétence des gouvernements dont nous souffrons actuellement.

    « Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni titre, ni la science, ni la vertu. Le gouvernement de l’homme par l’homme, sous quelque nom qu’il se déguise, est oppression ».
    Pierre-Joseph Proudhon

    On peut reprocher au gouvernement actuel de mal gérer la crise malgré l’air martial qu’il a voulu se donner. On peut aussi dire que d’autres gouvernements ont fait mieux que le « nôtre » (sic), même si en vrai il faudrait s’entendre sur ce que ça peut bien vouloir dire. Mais à trop le répéter on risque de rater l’essentiel et de tomber dans un piège.

    En l’espèce, lors de cette crise le gouvernement a renforcé sa dimension autoritaire et la tendance à la surveillance technologique au nom de l’état d’urgence sanitaire, il a augmenté le contrôle et la répression des quartiers populaires, et il a bien été obligé de prendre des mesures dangereuses pour l’économie elle-même afin de limiter la casse et aussi pour éviter de perdre toute légitimité aux yeux de ceux qu’il gouverne. Sa tâche est maintenant de la remettre en marche, de nous renvoyer au travail et de nous faire payer les conséquences économiques de la crise qui vient.

    D’autres, à leur place et dans les mêmes circonstances, auraient fait sensiblement la même chose. Il ne s’agit nullement d’exonérer nos gouvernants actuels. Reconnaissons seulement qu’ils obéissent à une logique qui rend nécessaire leurs agissements et qu’il est vain de s’imaginer qu’ils pourraient faire autrement. C’est bien en cela qu’ils sont nos ennemis. Ainsi en est-il de la « casse de l’hôpital public » et de la diminution du nombre de lits (70 000 suppressions en 15 ans) : elle résulte de l’action de tous les gouvernements précédents auquel celui de Macron s’est contenté, en toute logique, de contribuer.

    Il y a donc une confusion entre ceux qui nous gouvernent (Macon et ses ministres) et le principe même du gouvernement. En règle générale les premiers font ce que la fonction exige d’eux : réprimer et mutiler quand il le faut, accompagner les restructurations capitalistes par des lois adaptées et raconter des histoires pour vendre tout ça. En deux mots : servir les puissants dont ils partagent le monde et la vision du monde ; reproduire et reconduire un certain partage et sa cohorte d’inégalités, de massacres et de désastres.

    C’est dire que notre problème réside davantage dans le gouvernement comme principe, et plus largement dans la continuité de l’appareil d’Etat (constitution, lois et institutions), que dans tel gouvernement et ceux qui exercent le pouvoir à un moment donné. Dit autrement, le problème ça n’est pas que ceux qui nous gouvernent sont des salauds ou des incompétents, c’est qu’ils servent une logique économique mortifère qui produit et produira toujours les mêmes effets. Telle est leur compétence première et leur raison d’être ; voilà le savoir-faire qu’ils ont acquis sur les bancs de Sciences Po et de l’ENA : ils sont des agents de pouvoir du capitalisme, du libéralisme ou de la civilisation thermo-industrielle selon la langue, la sensibilité ou l’axe choisi.

    L’exemple le plus marquant reste celui du réchauffement climatique. Jamais aucun gouvernement ne pourra prendre une mesure à la hauteur de la situation car ce serait alors mettre en péril pour de bon la civilisation dont ils sont les garants. « Notre mode de vie n’est pas négociable », avait reconnu en son temps un Bush président, pour une fois honnête. A tout prendre, mieux vaut le cynisme décomplexé de nos ennemis que leurs mensonges répétés, gratinés de bons sentiments.

    Demander aux gouvernements une autre compétence que la leur, c’est un peu comme vouloir que son lave-linge nettoie sa vaisselle, c’est une demande absurde. Et s’il y a bien quelque chose que commande l’époque c’est bien ça : cesser d’adresser à tous les gouvernements du monde des demandes irréalistes.
    Ce n’est pas de leur incompétence qu’il faut se scandaliser. C’est au contraire leur compétence qu’il faut attaquer et défaire.

    Cette demande de gouvernement ou d’Etat compétent relève d’un vieux fantasme républicain largement partagé à gauche, celui de l’intérêt général. Il s’accompagne aussi d’un désir inquiétant : le désir d’être bien gouverné. Et à bien y réfléchir, non seulement c’est impossible comme nous croyons l’avoir établi, mais c’est absolument terrifiant. Il faudrait que l’Etat, entendu comme machine technique, administrative et fiscale flanquée de nombreuses institutions (aujourd’hui l’hôpital mais demain l’armée ou la police), soit efficace au point de régler nos existences de manière suffisamment parfaite pour qu’il nous protège en toutes circonstances. L’Etat, cette forme de pouvoir séparé de la population malgré le mythe démocratique, pourrait non seulement vouloir notre bien à tous, mais en plus serait à même de le réaliser. Il suffirait juste de trouver les bons gouvernants.

    Il s’agit en fait d’une funeste croyance qu’il est préférable d’abandonner à tous ceux qui ont la prétention de nous gouverner. De l’utopie, à la dystopie, il n’y a qu’un pas. Quoi alors, que faire ? Ici commence les difficultés et nous sommes autant perdus que les autres. Les esprits sensés auront compris que c’est du côté des ruptures révolutionnaires qu’il y a à chercher et expérimenter. Soit, mais il est bon alors de rappeler que l’imaginaire révolutionnaire est lui-même largement contaminé par cette idée du bon gouvernement, fût-il un « auto-gouvernement » ou un gouvernement auto-organisé.

    https://rouendanslarue.net/un-gouvernement-competent-est-il-possible-et-meme-souhaitable-a-prop

    #incompétence #France #Macron #covid-19 #coronavirus #colère #comptes_à_rendre #vengeance #révolte #compétence #oppression #Proudhon #autoritarisme #surveillance #surveillance_technologique #état_d'urgence_sanitaire #quartiers_populaires #contrôles #répression #économie #hôpitaux #hôpital_public #services_publics #gouvernement #capitalisme #pouvoir #sciences_po #ENA #libéralisme #changement_climatique #mode_de_vie #cynisme #intérêt_général #mythe_démocratique #démocratie #bon_gouvernement #mauvais_gouvernement #utopie #dystopie

    • Tant de questions décisives aussi vite abordées pourraient contraindre à penser sans et contre ce texte, c’est pas mal d’avoir un exemple si pauvre de ce que de nombreux commentaires d’intellectuels où le biopouvoir (de l’imprévoyance structurelle et de l’absence de souci de détail quant à la gestion de la population ?!), l’état d’exception et l’attente de la fin du capitalisme ou de l’anthropocène se tricotent au coin du confinement, sans éclairer grand chose ; sans pouvoir et/ou vouloir prendre en compte et tenter d’analyser des pratiques (des soignants, des confinés, des travailleurs, etc.), un empêchement redoublé par le confinement qu’il n’est pas évident de dépasser ou contourner qui fait des penseurs plus en roue libre que jamais.
      Un texte laid. Il règle leur compte de manière expéditive à une série d’expériences qui, de la Commune de Paris à la Révolution russe, du Chiapas à la ZAD de NNDL, pour ne citer qu’une partie des plus identifiées (...), se sont coltiné la nécessité de rompre l’ordre du monde et de faire horizon.

      #État #désir_d'État #souverain #pouvoir_d'État #sécuritaire #paradigme_sécuritaire #capitaliste_collectif #gestion #police (#politique résorbée dans la) #imaginaire #imaginaire_révolutionnaire #insurrectionnalisme #idéologie

  • La Tropicalisation du monde - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/La-Tropicalisation-du-monde

    Et si le monde occidental, celui des pays riches et peuplés de Blanc·hes, faisait aujourd’hui l’objet d’un processus de « #tropicalisation » ? Lanata, anthropologue et économiste du développement, fait l’hypothèse que nous sommes à un point où le monstre #capitaliste, créé et nourri dans les pays du nord, est devenu tellement avide que le Sud ne lui suffit plus.


    #livre

  • « Défaire les confusions servant l’ordre dominant » Jacques Rancière, Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/031219/jacques-ranciere-defaire-les-confusions-servant-l-ordre-dominant

    Quelles sont les racines de la crise démocratique actuelle ? Comment comprendre la simultanéité des révoltes contemporaines ? Quinze ans après la publication de son ouvrage analysant les contours de la « haine de la démocratie », éléments de réponse avec le philosophe Jacques Rancière.

    Alors que des révoltes s’emparent de plusieurs pays sur tous les continents ; que la France s’apprête à un mouvement social contestant, au-delà de la réforme des retraites, l’accentuation des réformes d’inspiration néolibérale ; et que la politique traditionnelle ne semble guère offrir qu’une fausse alternative entre des « progressismes » et des « autoritarismes » dont le dénominateur commun est leur subordination aux intérêts financiers, le philosophe Jacques Rancière revient pour Mediapart sur ces basculements politiques et intellectuels pour tenter de « défaire les confusions traditionnelles qui servent l’ordre dominant et la paresse de ses prétendus critiques ».

    Quinze ans après la publication de La Haine de la démocratie (La Fabrique), quel tour a pris la mutation idéologique que vous décriviez alors ?

    Jacques Rancière : Les thèmes du discours intellectuel « républicain » que j’avais analysés alors se sont diffusés largement et, en particulier, ils ont alimenté l’aggiornamento de l’extrême droite qui a bien vu l’intérêt qu’il y avait à recycler les arguments racistes traditionnels en défense des idéaux républicains et laïques. Ils ont également servi de justification à un certain nombre de mesures de restriction des libertés comme celles qui proscrivent tel habillement et demandent à chacun d’entre nous de s’offrir à visage nu au regard du pouvoir.
    On peut dire à la fois que ces thèmes ont étendu leur empire et qu’ils ont plus clairement laissé voir leur obédience par rapport aux puissances dominantes. La haine intellectuelle de la #démocratie s’est de plus en plus montrée comme le simple accompagnement idéologique du développement vertigineux des #inégalités en tout genre et de l’accroissement du pouvoir policier sur les individus.

    Le terme de populisme, dans son emploi péjoratif, constitue-t-il le nouveau visage principal de cette haine de la démocratie qui prétend défendre le gouvernement démocratique à condition qu’il entrave la civilisation démocratique ?

    Populisme n’est pas le nom d’une forme politique. C’est le nom d’une interprétation. L’usage de ce mot sert à faire croire que les formes de renforcement et de personnalisation du pouvoir étatique qu’on constate un peu partout dans le monde sont l’expression d’un désir venant du peuple, entendu comme ensemble des classes défavorisées. C’est toujours la même grosse ficelle qui consiste à dire que, si nos États sont de plus en plus autoritaires et nos sociétés de plus en plus inégalitaires, c’est en raison de la pression exercée par les plus #pauvres qui sont bien sûr les plus ignorants et qui, en bons primitifs, veulent des chefs, de l’autorité, de l’exclusion, etc. On fait comme si Trump, Salvini, Bolsonaro, Kaczyński, Orbán et leurs semblables étaient l’émanation d’un petit peuple souffrant et révolté contre les élites. Or ils sont l’expression directe de l’#oligarchie_économique, de la classe politicienne, des forces sociales conservatrices et des institutions autoritaires (armée, #police, Églises).

    Que cette oligarchie s’appuie par ailleurs sur toutes les formes de supériorité que notre société laisse à ceux qu’elle infériorise (des travailleurs sur les #chômeurs, des Blancs sur les basanés, des hommes sur les #femmes, des habitants des provinces profondes sur les esprits légers des métropoles, des gens « normaux » sur les pas normaux, etc.), c’est certain. Mais ce n’est pas une raison pour mettre les choses la tête en bas : les pouvoirs autoritaires, corrompus et criminels qui dominent aujourd’hui le monde, le font d’abord avec l’appui des #nantis et des #notables, pas avec celui des déshérités.

    Que vous inspirent l’inquiétude affichée par beaucoup vis-à-vis de la fragilité des institutions démocratiques existantes et les nombreux ouvrages annonçant la fin ou la mort des démocraties ?

    Je ne lis pas trop la littérature catastrophiste et j’aime assez l’opinion de Spinoza pour qui les prophètes étaient d’autant mieux placés pour prévoir les catastrophes qu’ils en étaient eux-mêmes responsables. Ceux qui nous alertent sur la « fragilité des institutions démocratiques » participent délibérément à la confusion qui affaiblit l’idée démocratique. Nos institutions ne sont pas démocratiques. Elles sont représentatives, donc oligarchiques. La théorie politique classique est claire là-dessus même si nos gouvernants et leurs idéologies se sont employés à tout embrouiller. Les institutions représentatives sont par définition instables. Elles peuvent laisser un certain espace à l’action des forces démocratiques – comme cela a été le cas des régimes parlementaires au temps du #capitalisme_industriel – ou tendre vers un système monarchique. Il est clair que c’est la dernière tendance qui domine aujourd’hui.

    C’est notamment le cas en France où la Cinquième République a été conçue pour mettre les institutions au service d’un individu et où la vie parlementaire est entièrement intégrée à un appareil d’État lui-même entièrement soumis au pouvoir du capitalisme national et international quitte, bien sûr, à susciter le développement des forces électorales qui prétendent être les « vraies » représentantes du « vrai » peuple.

    Parler des menaces pesant sur « nos démocraties » a alors un sens bien déterminé : il s’agit de faire porter à l’idée démocratique la responsabilité de l’instabilité du système représentatif, de dire que si ce système est menacé, c’est parce qu’il est trop démocratique, trop soumis aux instincts incontrôlés de la masse ignorante. Toute cette littérature travaille finalement pour la comédie réglée des seconds tours de présidentielle où la gauche « lucide » se serre autour du candidat de l’oligarchie financière, seul rempart de la démocratie « raisonnable » contre le candidat de la « démocratie illibérale ».

    Les critiques sur les désirs illimités des individus de la société de masse moderne se sont accentuées. Pourquoi ? Comment expliquez-vous qu’on retrouve ces critiques sur tous les bords de l’échiquier politique ? S’agit-il de la même chose chez Marion Maréchal-Le Pen ou chez Jean-Claude Michéa ?

    Il y a un noyau dur invariant qui alimente des versions plus ou moins de droite ou de gauche. Ce noyau dur a d’abord été forgé par les politiciens conservateurs et les idéologues #réactionnaires du XIXe siècle, qui ont lancé l’alerte contre les dangers d’une société où les capacités de consommer et les appétits consommateurs des pauvres se développaient dangereusement et allaient se déverser en torrent dévastateur pour l’ordre social. C’est la grosse astuce du discours réactionnaire : alerter contre les effets d’un phénomène, pour imposer l’idée que ce phénomène existe : que les pauvres, en somme, sont trop riches .

    Ce noyau dur a été récemment ré-élaboré « à gauche » par l’idéologie dite républicaine, forgée par des intellectuels rancuniers à l’égard de cette classe ouvrière en qui ils avaient mis toutes leurs espérances et qui était en train de se dissoudre. Le grand coup de génie a été d’ interpréter la destruction des formes collectives de travail commandée par le capital financier comme l’expression d’un « individualisme démocratique de masse » issu du cœur même de nos sociétés et porté par ceux-là mêmes dont les formes de travail et de vie étaient détruites.
    À partir de là toutes les formes de vie commandées par la domination capitaliste étaient ré-interprétables comme des effets d’un seul et même mal – l’individualisme – auquel on pouvait, selon son humeur, donner deux synonymes : on pouvait l’appeler « démocratie » et partir en guerre contre les ravages de l’égalitarisme ; on pouvait l’appeler « libéralisme » et dénoncer la main du « capital ». Mais on pouvait aussi rendre les deux équivalents et identifier le capitalisme au déchaînement des appétits consommateurs des petites gens.

    C’est l’avantage d’avoir donné le nom de « libéralisme » au capitalisme absolutisé – et, par ailleurs, parfaitement autoritaire – qui nous gouverne : on identifie les effets d’un système de domination avec ceux des formes de vie des individus . On pourra donc, à son gré, s’allier aux forces religieuses les plus réactionnaires pour attribuer l’état de nos sociétés à la liberté des mœurs incarnée par la PMA et le mariage homosexuel ou se réclamer d’un idéal révolutionnaire pur et dur pour faire porter à l’individualisme petit-bourgeois la responsabilité de la destruction des formes d’action collectives et des idéaux ouvriers.

    Que faire face à une situation où la dénonciation d’une façade démocratique dont les lois et les institutions ne sont souvent que les apparences sous lesquelles s’exerce le pouvoir des classes dominantes, et où le désenchantement vis-à-vis de démocraties représentatives ayant rompu avec toute idée d’égalité donne de l’espace à des personnages de type Bolsonaro ou Trump qui accroissent encore les inégalités, les hiérarchies et les autoritarismes ?

    Ce qu’il faut d’abord, c’est défaire les confusions traditionnelles qui servent également l’ordre dominant et la paresse de ses prétendus critiques. Il faut, en particulier, en finir avec cette doxa héritée de Marx qui, sous couleur de dénoncer les apparences de la démocratie « bourgeoise », valide en fait l’identification de la démocratie avec le système représentatif. Il n’y a pas une façade démocratique sous le masque de laquelle s’exercerait la réalité du pouvoir des classes dominantes_[je vois pas comment on peut faire de ce voile-là -attesté, jusqu’à Lordon aujourd’hui- l’entièreté ni même l’essentiel de l’analyse de l’État chez Marx, d’autant plus si on prend au sérieux les fruits les moins blets de cette critique, L’État et la révolution de Lénine ne propose rien d’autre que la destruction de l’État et les operaïstes italiens caractérisent après Marx l’État comme #capitaliste_collectif. La phrase qui suit n’est dans la période qu’une irréfutables évidence qui invite à prendre en compte les contradictions des dominants et de tous les #militants_de_l'économie, ndc]_. Il y a des institutions représentatives qui sont des instruments directs de ce pouvoir.

    Le cas de la Commission de Bruxelles et de sa place dans la « Constitution » européenne aurait dû suffire à éclairer les choses. On a là la définition d’une institution représentative supranationale où la notion de représentation est totalement dissociée de toute idée de suffrage populaire. Le traité ne dit même pas par qui ces représentants doivent être choisis. On sait, bien sûr, que ce sont les États qui les désignent mais aussi qu’ils sont en majorité des anciens ou de futurs représentants des banques d’affaires qui dominent le monde. Et un simple coup d’œil sur le périmètre des sièges de sociétés dont les immeubles entourent les institutions de Bruxelles rend tout à fait inutile la science de ceux qui veulent nous montrer la domination économique dissimulée derrière les institutions représentatives.
    Encore une fois, Trump pourrait difficilement passer pour un représentant des paumés de l’Amérique profonde et Bolsonaro a été immédiatement adoubé par les représentants des milieux financiers. La première tâche est de sortir de la confusion entre démocratie et représentation et de toutes les notions confuses qui en sont dérivées – du genre « démocratie représentative », « populisme », « démocratie illibérale », etc. Les #institutions démocratiques ne sont pas à préserver contre le péril « populiste ». Elles sont à créer ou à recréer. Et il est clair que, dans la situation actuelle, elles ne peuvent l’être que comme des #contre-institutions, autonomes par rapport aux institutions gouvernementales.

    La haine de la démocratie est-elle comparable quand elle prend la forme de la nostalgie dictatoriale d’un Bolsonaro ou l’apparence bon enfant d’un Jean-Claude Junker expliquant qu’il ne peut « y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ? Autrement dit, doit-on et peut-on hiérarchiser et distinguer les menaces qui pèsent sur la démocratie, ou bien la différence entre les extrêmes droites autoritaires et les technocrates capitalistes prêts à réprimer violemment leurs peuples n’est-elle que de degré et pas de nature ?

    Il y a toutes les nuances que l’on veut entre ses diverses formes. Elle peut prendre appui sur les forces nostalgiques des dictatures d’hier, de Mussolini ou de Franco à Pinochet ou Geisel. Elle peut même, comme dans certains pays de l’Est, cumuler les traditions des dictatures « communistes » avec celles des hiérarchies ecclésiastiques. Elle peut s’identifier plus simplement aux incontournables nécessités de la rigueur économique, incarnées par les technocrates bruxellois. Mais il y a toujours un noyau commun.
    Juncker n’est pas Pinochet. Mais on s’est rappelé récemment que les puissances « néolibérales » qui gouvernent au Chili le font dans le cadre d’une constitution héritée de Pinochet. La pression exercée par la Commission européenne sur le gouvernement grec n’est pas la même chose que la dictature des colonels. Mais il s’est avéré que le gouvernement « populiste de gauche », spécialement élu en Grèce pour résister à cette pression, a été incapable de le faire.

    En Grèce comme au Chili, comme un peu partout dans le monde, il s’est avéré que la résistance aux oligarchies ne vient plus que de forces #autonomes par rapport au système représentatif et aux partis dits de gauche qui y sont intégrés. Ceux-ci raisonnent de fait dans le cadre de la logique du choix du moindre mal. Ils y subissent débâcle sur débâcle. On serait tenté de s’en réjouir si cette débâcle continue n’avait pas l’effet d’augmenter le pouvoir de l’oligarchie et de rendre plus difficile l’action de ceux qui cherchent vraiment à s’y opposer.

    Comment regardez-vous les embrasements planétaires de cet automne ? Peut-on repérer des causes et des motifs communs dans les différentes révoltes qui se produisent sur plusieurs continents ? Par rapport aux mouvements « des places », qui réclamaient une démocratie réelle, ces révoltes partent davantage de motivations socioéconomiques. Est-ce que cela raconte quelque chose de neuf sur l’état de la planète ?

    La revendication démocratique des manifestants de Hong Kong dément une telle évolution. De toutes façons, il faut sortir de l’opposition traditionnelle entre les motivations socioéconomiques (jugées solides mais mesquines) et les aspirations à la démocratie réelle (jugées plus nobles mais évanescentes) . Il y a un seul et même système de domination qui s’exerce par le pouvoir financier et par le pouvoir étatique. Et les mouvements des places ont précisément tiré leur puissance de l’indistinction entre revendications limitées et affirmation démocratique illimitée . Il est rare qu’un mouvement démarre par une revendication de démocratie. Ils démarrent souvent par une réclamation contre un aspect ou un effet particulier d’un système global de domination (un trucage électoral, le suicide d’une victime de harcèlement policier, une loi sur le travail, une augmentation du prix des transports ou des carburants mais aussi un projet de suppression d’un jardin public).

    Quand la protestation collective se développe dans la rue et dans les lieux occupés, elle devient non pas simplement une revendication de démocratie adressée au pouvoir contesté mais une #affirmation de démocratie effectivement mise en œuvre (democracia real ya). Ce que cela raconte, c’est essentiellement deux choses : premièrement, la politique prend de plus en plus le visage d’un #conflit_de_mondes – un monde régi par la loi inégalitaire contre un monde construit par l’action égalitaire – où la distinction même entre #économie et politique tend à s’évanouir ; deuxièmement, les partis et organisations jadis intéressés à la démocratie et à l’#égalité ont perdu toute initiative et toute capacité d’action sur ce terrain qui n’est plus occupé que par des forces collectives nés de l’événement lui-même. On peut toujours répéter que ça manque d’organisation. Mais qu’est-ce qu’elles font, les fameuses organisations ?

    Une certaine forme de routinisation de l’émeute à l’échelle mondiale dessine-t-elle un contre-mouvement important ?

    Je n’aime pas trop le mot de routinisation. Descendre dans la rue à Téhéran, Hong Kong ou Djakarta ces temps-ci, ça n’a vraiment rien de routinier. On peut seulement dire que les formes de la protestation tendent à se ressembler contre des systèmes gouvernementaux différents mais convergents dans leurs efforts pour assurer les profits des privilégiés au détriment de secteurs de la population toujours davantage paupérisés, méprisés ou réprimés. On peut aussi constater qu’elles ont obtenu, notamment au Chili ou à Hong Kong, des succès dont on ne sait pas le lendemain mais qui montrent qu’on a là tout autre chose que de simples réactions rituelles de désespoir face à un ordre des choses inamovible.

    Il y a quinze ans, la perspective de la catastrophe écologique était moins prégnante. Cette nouvelle question écologique transforme-t-elle la question démocratique au sens où certains expliquent que la sauvegarde de la planète ne pourra pas se faire dans un cadre délibératif ?

    Il y a déjà un certain temps que nos gouvernements fonctionnent avec l’alibi de la crise imminente qui interdit de confier les affaires du monde à ses habitants ordinaires et commande de les laisser au soin des spécialistes de la gestion des crises : c’est-à-dire en fait aux puissances financières et étatiques qui en sont responsables ou complices. Il est clair que la perspective de la catastrophe écologique vient à l’appui de leurs arguments. Mais il est clair aussi que la prétention de nos États à être les seuls capables d’affronter des questions globales est démentie par leur incapacité à prendre, individuellement et collectivement, des décisions à la mesure de cet enjeu. La revendication globaliste sert donc essentiellement à nous dire soit que c’est là une question politique trop compliquée pour nous, soit que c’est une question qui rend l’action politique traditionnelle caduque. Ainsi entendue, la question climatique sert la tendance à absorber la politique dans la #police .

    En face, il y a l’action de celles et ceux qui affirment que, puisque la question concerne chacun[e] d’entre nous, il est aussi au pouvoir de chacun[e] de s’en occuper. C’est ce qu’ont fait les mouvements du type Notre-Dame-des-Landes qui s’emparent d’un cas bien précis pour identifier la poursuite d’un objectif concret déterminé avec l’affirmation d’un pouvoir de n’importe qui. L’annulation d’un projet d’aéroport ne règle évidemment pas la question du réchauffement à l’échelle planétaire. Mais elle montre en tout cas l’impossibilité de séparer les questions écologiques de la question démocratique entendue comme exercice d’un pouvoir égalitaire effectif.

    Dans son dernier livre, Frédéric Lordon se démarque de ce qu’il nomme une « antipolitique » dans laquelle il range notamment une « politique restreinte à des intermittences » que serait en particulier le « repartage du sensible ». Que vous suggère cette critique adressée à certaines de vos manières de définir ce qu’est le politique ?

    Je ne tiens pas à m’engager dans des polémiques personnelles. Je me limiterai donc à souligner quelques points qui ne sont peut-être pas clairs pour tout le monde dans ce que j’ai écrit. Je n’ai pas dit que la politique n’existait que par intermittences. J’ai dit qu’elle n’était pas une donnée constitutive et permanente de la vie des sociétés, parce que la #politique, ce n’est pas seulement le pouvoir, mais l’idée et la pratique d’un pouvoir de n’importe qui . Ce pouvoir spécifique n’existe qu’en supplément et en opposition aux formes normales d’exercice du pouvoir. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe de politique que dans l’extraordinaire de moments de fête collective, qu’il ne faut rien faire entre-temps et qu’il ne faut ni organisation ni institutions. Des organisations et des institutions, il y en a toujours eu et il y en aura toujours.

    La question est de savoir ce qu’elles organisent et ce qu’elles instituent, quelle est la puissance qu’elles mettent en œuvre, celle de l’égalité ou celle de l’inégalité. Les organisations et #institutions_égalitaires sont celles qui développent cette puissance commune à tous qui, de fait, ne se manifeste que rarement à l’état pur. Dans l’état actuel de nos sociétés, il est clair que ce ne peuvent être que des contre-institutions et des organisations autonomes par rapport à un système représentatif qui n’est plus qu’un ressort du pouvoir étatique.

    On peut aisément constater que dans les deux dernières décennies, un peu partout dans le monde, les seules mobilisations contre les avancées du pouvoir financier et du pouvoir étatique ont été le fait de ces mouvements qu’on qualifie de « spontanéistes » bien qu’ils aient témoigné de capacités d’organisation concrète très supérieures à celles des « organisations » de gauche reconnues (n’oublions pas d’ailleurs que beaucoup de celles et ceux qui y ont joué un rôle étaient des militant[e])s déjà formé[e]s par des pratiques de lutte de terrain). Il est vrai que c’est très difficile de maintenir dans la durée cette puissance commune. Cela suppose de créer un autre temps, un temps qui soit fait de projets et d’actions autonomes, qui ne soit plus rythmé par le calendrier de la machine étatique. Mais on ne peut développer que ce qui existe. On ne peut construire dans la durée qu’à partir des actions qui ont effectivement changé, si peu et si brièvement que ce soit, le champ du possible.

  • #Elite gathering reveals anxiety over ‘class war’ and ‘#revolution’
    Financial Times 2 mai 2019

    The Milken Institute’s annual gathering of the investment, business and political elites this week featured big names from US Treasury secretary Steven Mnuchin to David Solomon, chief executive of Goldman Sachs.

    [..,]

    Despite widespread optimism about the outlook for the US economy and financial markets, some of the biggest names on Wall Street and in corporate America revealed their anxiety about the health of the economic model that made them millionaires and billionaires.

    Mr Milken himself, whose conference was known as the predators’ ball when he ruled over the booming junk bond market of the 1980s, was among those fretfully revisiting a debate that has not loomed so large since before the fall of the Berlin Wall: whether capitalism’s supremacy is threatened by creeping socialism.

    Mr Milken played a video of Thatcher from two years before she became UK prime minister. “Capitalism has a moral basis,” she declared, and “to be free, you have to be capitalist”. Applause rippled through the ballroom.

    In the run-up to the conference, essays by Ray Dalio of Bridgewater Associates and Jamie Dimon of JPMorgan Chase about the case for reforming capitalism to sustain it have been widely shared. Executives are paying close attention to what one investment company CEO called “the shift left of the Democratic party”, personified by 2020 presidential candidates Bernie Sanders and Elizabeth Warren and the social media success of Alexandria Ocasio-Cortez, the democratic socialist elected to Congress last year.

    Former Alphabet chairman Eric Schmidt issued his own rallying cry as he sat beside Ivanka Trump to discuss the conference theme of “driving shared prosperity”.

    “I’m concerned with this notion that somehow socialism’s going to creep back in, because capitalism is the source of our collective wealth as a country,” Mr Schmidt said, urging his fellow capitalists to get the message out that “it’s working”.

    Mr Milken asked Ken Griffin, the billionaire founder of the hedge fund Citadel, why young Americans seemed to have lost faith in the free market, flashing up a poll on the screen behind them which showed 44 per cent of millennials saying they would prefer to live in a socialist country.

    “You and I grew up in a different era, where the cold war was waking up and there was a great debate in America about the strengths and weaknesses of socialism as compared to the economic freedom that we enjoy in our country,” Mr Griffin replied, saying that they had “seen that question answered” with the collapse of the Soviet Union.

    The younger generation that support socialism are “people who don’t know history”, he said.

    Guggenheim Partners’ Alan Schwartz put the risks of rising income inequality more starkly. “You take the average person . . . they’re just basically saying something that used to be 50:50 is now 60:40; it’s not working for me,” he told another conference session, pointing to the gap between wage growth and the growth of corporate profits.

    “If you look at the rightwing and the leftwing, what’s really coming is class warfare,” he warned. “Throughout centuries what we’ve seen when the masses think the elites have too much, one of two things happens: legislation to redistribute the wealth . . . or revolution to redistribute poverty. Those are the two choices historically and debating it back and forth, saying ‘no, it’s capitalism; no, it’s socialism’ is what creates revolution.”

    There was less discussion of the prospect of higher taxes on America’s wealthiest, which some Democrats have proposed to finance an agenda many executives support, such as investing in education, infrastructure and retraining a workforce threatened by technological disruption and globalisation.

    One top investment company executive echoed the common view among the conference’s wealthy speakers: “ Punitive #redistribution won’t work.”

    But another financial services executive, who donated to Hillary Clinton’s US presidential campaign in 2016, told the Financial Times: “ I’d pay 5 per cent more in tax to make the world a slightly less scary place .”

    #capitalisme #anxiété #capitalistes

  • « Une perte de #sens totale » : le malaise grandissant des jeunes ingénieurs face au #climat
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/04/16/une-perte-de-sens-totale-le-blues-des-jeunes-ingenieurs-face-au-climat_54509

    C’est un discours de remise de diplôme plutôt inhabituel que Clément Choisne, jeune ingénieur de Centrale Nantes, a livré devant ses camarades, le 30 novembre 2018. A contre-courant des discours louangeurs de ce type d’événement, il a choisi de parler de son dilemme : « Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités ne cessent de s’aggraver, que le #GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] pleure et que les êtres se meurent : je suis perdu, incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système #capitaliste de #surconsommation. »

    Devant une assemblée de futurs diplômés, parents, familles, anciens élèves, professeurs, direction et industriels, l’ingénieur de 24 ans a profité de la tribune qui lui était offerte pour se faire le porte-parole d’un malaise que vivent de plus en plus de jeunes diplômés face au réchauffement climatique : « Quand sobriété et #décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens, mais que de grands groupes industriels à fort impact #carbone sont #partenaires de mon école, je m’interroge sur le #système que nous soutenons. Je doute, et je m’écarte. » La vidéo, qui a fait plus de 270 000 vues sur YouTube, est l’un des nombreux échos de ce désarroi éprouvé par les jeunes diplômés face à un monde économique qu’ils jugent en #décalage avec l’urgence climatique.

    Deux mois plus tôt, en septembre 2018, un groupe d’étudiants issus de grandes écoles prestigieuses, Polytechnique, Ensta, HEC, ENS – lançaient un manifeste en ligne pour appeler les futurs diplômés à soutenir un changement radical de trajectoire. « Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des #contradictions quotidiennes », écrivaient les auteurs du manifeste.

    Le texte, signé par plus de 30 000 étudiants, incite les jeunes diplômés à travailler pour des « employeurs en accord » avec les recommandations du manifeste. Depuis, les auteurs de ce texte tentent de capitaliser sur le succès de leur démarche. Ils ont rencontré les cabinets des ministères chargés de la transition écologique, et ont lancé depuis le début de l’année des groupes de travail sur la refonte des programmes de l’enseignement supérieur où l’enjeu climatique est encore trop confiné aux cursus spécialisés.

  • « Les nazis n’ont rien inventé. Ils ont puisé dans la culture dominante de l’Occident libéral » – Entretien avec Johann Chapoutot
    http://lvsl.fr/nazis-nont-rien-invente-ont-puise-culture-dominante-de-loccident-liberal-entret

    Johann Chapoutot est professeur d’ #histoire à l’Université Paris-Sorbonne, spécialiste de l’ #Allemagne nazie. Il a consacré de nombreux ouvrages à l’étude de l’idéologie #nationale-socialiste (La loi du #sang, le #nazisme et l’ #Antiquité…) traduits en sept langues et récompensés par de nombreux prix. Il s’intéresse aux fondements philosophiques, historiques et (pseudo-)scientifiques du nazisme ; il étudie les moyens par lesquels cette vision du monde a pu devenir hégémonique en Allemagne à partir de 1933. Ses analyses mettent en lumière certains aspects peu connus de ce phénomène historique ; nous avons décidé de le rencontrer.

    [...]

    LVSL : Vous mentionnez à plusieurs reprises l’importance du darwinisme social dans la vision du monde nationale-socialiste, ce courant de pensée selon lequel les individus les plus faibles d’une société sont destinés à mourir, en vertu de la loi impitoyable de la sélection naturelle. À l’origine, c’était une grille de lecture utilisée par des penseurs #libéraux anglo-américains, destinée à justifier la mortalité que causait le capitalisme au sein des classes populaires… Existe-t-il une continuité entre ce courant de pensée, et l’ #eugénisme racialiste propre au national-socialisme ?

    Totalement. Les #nazis sont des gens qui n’inventent rien. Lorsque j’ai commencé à étudier le nazisme il y a quinze ans, je l’ai fait dans l’idée qu’il était un phénomène monstrueux, maléfique, incompréhensible, en rupture radicale avec ce qui l’avait précédé… Mais quand j’ai lu les nazis, j’ai découvert qu’ils disent des choses tout à fait banales par rapport aux penseurs de leur temps. L’idée que toute vie est combat est d’une banalité absolue dans l’ #Europe du XXème siècle. Le #darwinisme_social a été introduit en Allemagne par un britannique, #Houston_Stewart_Chamberlain, gendre de #Wagner et mélomane. Il avait lu #Darwin et surtout les darwinistes sociaux : #Spencer, #Galton… En 1897, il rédige les Fondements du XIXème siècle, un livre qui pose les bases du darwinisme social allemand. Cet ouvrage est la passerelle culturelle entre le darwinisme social anglo-saxon et sa version allemande.

    Cette idée d’une lutte pour la vie, et d’une vie comme zoologie, d’une lutte zoologique pour l’existence en somme, qui passe par la sécurisation des approvisionnements et de la reproduction, se retrouve partout, singulièrement en Grande-Bretagne et en France ; en effet, le darwinisme social est la théorie d’une pratique politique – l’ordre #capitaliste, et géopolitique – la #colonisation. Il se trouve qu’au XIXème siècle, l’aventure coloniale allemande n’est pas très importante par rapport à ce qu’elle est en #France et en #Grande-Bretagne. Elle a donc été introduite tardivement dans ce pays, par #Chamberlain. Cette idée prospère rapidement, se développe, et nourrit les argumentaires pangermaniques : les Germains sont supérieurs aux #Slaves comme les #Britanniques le sont aux « #Nègres » ; par conséquent, les Germains doivent conquérir leur espace vital au détriment des Slaves. Les nazis récupèrent ces idées banales radicalisées par la Grande Guerre. La guerre de 14-18 prouve que les darwinistes sociaux ont raison : tout est guerre, lutte et combat. Les nazis décident de faire de cette expérience une politique : si les Allemands ne veulent pas mourir, ils doivent être réalistes, et laisser choir l’ #humanisme et l’humanitarisme. Il faut accepter que toute vie est combat, sous peine de mourir.

    J’irais plus loin que le cadre de votre question. Je trouve que ce darwinisme social se porte très bien aujourd’hui. Il se retrouve dans des petits tics de la langue qui se veulent bienveillants (« t’es un battant toi« …). Il se retrouve dans la bêtise de certaines personnes que l’on prétend #philosophes et qui vous parlent des gens qui ne sont rien, des #assistés, des #fainéants… Si l’on se retrouve au sommet de la société parce qu’on a été #banquier, haut fonctionnaire, président de la #République, alors on a tendance à croire que c’est un #ordre_naturel qui nous a élu, que l’on est là parce qu’on est le meilleur, naturellement ; que l’on s’est affirmé dans la lutte pour la vie, en somme. Cela part d’un manque de lucidité stupéfiant sur la fabrique sociale de la « réussite ».

    LVSL : Les historiens marxistes mettent l’accent sur une autre forme de continuité : la continuité économique et sociale qui existe entre l’ordre pré-nazi et le IIIème Reich, c’est-à-dire la perpétuation de la domination d’une classe de financiers et d’industriels sur celle des travailleurs. Que pensez-vous de la thèse marxiste classique, qui analyse le fascisme et le nazisme comme « expressions politiques du capitalisme monopolistique » ?

    C’est la thèse officielle du Komintern à partir de 1935. Les membres du Komintern se sentent fautifs, car jusqu’alors c’est la stratégie « classe contre classe » qui a prévalu ; elle a abouti à ce que les communistes combattent les sociaux-démocrates davantage que les nazis. L’arrivée d’ #Hitler au pouvoir a constitué un vrai choc pour eux. D’où l’abandon de la stratégie « classe contre classe » au profit de la tactique du « #Fron_Populaire ».

    Les #communistes allemands ont été traumatisés par la disparition de la #gauche la plus puissante d’Europe, la gauche allemande. Pour penser ce traumatisme, ils ont élaboré cette herméneutique, en stricte orthodoxie marxiste, qui consiste à dire que le “fascisme” constitue la dernière tentative d’une bourgeoisie aux abois pour se maintenir en position de domination sociale, économique, politique, financière… Le « #fascisme » devient un terme générique qui désigne tout aussi bien la doctrine de Mussolini que celle des nationaux-socialistes allemands (en Europe de l’Est, on parlait de « deutsche Faschismus« , fascisme allemand), alors que ce n’est pas du tout la même chose. Dans sa formulation la plus résumée et la plus dogmatique, cette grille de lecture devient un catéchisme un peu idiot. Cette lecture orthodoxe issue du Komintern est demeurée celle d’une historiographie de gauche fortement marquée par l’histoire sociale, qui n’est pas à rejeter, car elle a produit de grands travaux.

    La grande industrie allemande et la finance allemande ont évidemment trouvé tout leur intérêt à l’arrivée des nazis au pouvoir. Les répercussions de la crise de 1929 sont terribles en Allemagne. L’Allemagne est le pays le plus touché, parce qu’il était le mieux intégré au circuit du capital international ; il a beaucoup souffert de la fuite brutale des capitaux américains. À l’été 1932, l’Allemagne compte 14 millions de #chômeurs ; si on prend en compte les chômeurs non déclarés, elle en compte 20 millions. La crise signifie pour les Allemands la famine et la tuberculose. Les nazis ont été vus comme les derniers remparts possibles contre une #révolution bolchévique. D’où la lettre ouverte de novembre 1932 à Hindenburg qui l’appelle à nommer Hitler chancelier, signée par des grands #patrons de l’industrie et de la banque. Le parti nazi reçoit des soutiens financiers considérables. C’est grâce à eux qu’il peut fournir à des centaines de milliers de SA des bottes, des casquettes, des chemises, de la nourriture. Les campagnes électorales des nazis coûtent une fortune, notamment du fait de l’organisation de leurs gigantesques meetings ; Hitler ne cesse de se déplacer en avion, à une époque où l’heure de vol est hors de prix. Les #mécènes qui financent le parti nazi voient en lui le dernier rempart contre le péril rouge. Ils sont gâtés, car d’une part les nazis détruisent de fait la gauche allemande, les syndicats, l’expression publique ; de l’autre, ils relancent l’économie comme personne ne l’avait fait avant eux par la mise en place de grands travaux d’infrastructure à vocation militaire, et par des commandes d’armement inédites dans l’histoire de l’humanité. Les commandes d’armement font travailler le charbon, l’acier, la chimie, les composants électriques, le cuir, la fourrure, la mécanique, l’aviation…

    Les #industriels savent très bien que l’Etat allemand ne peut pas financer ce qu’il est en train de faire. L’Etat commande des chars, des avions, mais ne paie pas ; il joue un jeu assez complexe et plutôt malin (je vais simplifier, mais le principe est là). Il paie les industriels en bons à intérêt… et leur déclare que ceux-ci seront versés grâce au pillage de l’Europe. Tout le monde est au courant, les industriels au premier rang, parce qu’ils ne sont pas payés, ou très peu : l’heure des comptes va sonner plus tard, quand le Reich aura les moyens d’envahir l’Europe. Les industriels ont donc été les complices et les bénéficiaires du Reich.

    Ne parlons même pas de ce qu’est devenue leur activité après 1940. Leurs commandes augmentent, et l’industrie obtient via Himmler que l’on mette le système concentrationnaire à son service. On en arrive à la loi d’airain des salaires de Karl Marx : vous ne rémunérez la force de travail qu’autant que nécessaire, afin qu’elle puisse se renouveler pour se maintenir. La loi d’airain des salaires dans les années 1940, c’était les camps de concentration, c’est-à-dire l’exploitation jusqu’à son terme de travailleurs que l’on n’a même pas besoin maintenir en vie, parce qu’il y avait une telle rotation que si un travailleur mourait en deux jours, un autre le remplaçait aussitôt.

    [...]

    • Dans mon propre bouquin qui creuse la même question, j’ai plutôt trouvé la source à ce qui est, pour moi, le nœud de l’histoire occidentale : 1492. Cela marque la fin du Moyen-Âge, la fin de la cosmologie chrétienne et c’est même pour cela qu’elle est devenue si virulente et le début de l’ère des grands #génocides systématiques qu’il fallait bien justifier d’une manière ou d’une autre. Et tout cela est lié à l’émergence du capitalisme, le système prédateur qui doit se trouver une assise idéologique au fait de piller les autres pour accumuler toujours plus.

    • Fillon et le Blitzkrieg
      https://blogs.mediapart.fr/bernard-gensane/blog/220217/fillon-et-le-blitzkrieg

      Le terme “Blitzkrieg” est apparu en 1935 dans la revue Die Deutsche Wehr (L’Armée allemande). D’après les théoriciens de cette organe, les États pauvres en ressources alimentaires et en matières premières (comme l’Allemagne de l’époque) devaient gagner la guerre au plus vite par un engagement massif et violent. Cette notion sera utilisée pour évoquer la guerre civile espagnole : « Nazi-Deutschland testete in Spanien seine späteren Blitzkrieg gegen Frankreich (L’Allemagne nazie a testé en Espagne sa future guerre éclair contre la France). Le 25 septembre 1939, l’hebdomadaire étasunien Time Magazine décrivait ainsi l’invasion de la Pologne par l’Allemagne : « This is no war of occupation, but a war of quick penetration and obliteration – Blitzkrieg, lightning war » (Ce n’est pas une guerre d’occupation mais une guerre de pénétration et de destruction rapides – le #Blitzkrieg, la guerre éclair).

      https://www.youtube.com/watch?v=rlQ3cfBMhFY&feature=youtu.be


      c’était en 2017 et aujourd’hui #macron a siphonné les idées de #fillon

  • Je ne donne plus, je vends en Ğ1
    https://tcrouzet.com/2017/12/15/je-ne-donne-plus-je-vends-en-g1

    C’est une cryptomonnaie reposant comme Bitcoin sur la technologie blockchain, mais les similitudes s’arrêtent là. Quand vous rejoignez la Ğ1, vous touchez tous les jours un revenu de base, avec lequel vous pouvez commencer à échanger (le minage est rémunéré, mais ce n’est pas de cette façon que se fabrique la monnaie).

    Au cours des parties, l’économie Ğ1 est tout aussi dynamique que l’économie argent-dette, mais les inégalités sont réduites, d’autant que cette monnaie décentralisée fonctionne sans banque. Par ailleurs, comme tous les acteurs reçoivent un revenu de base, ils peuvent l’utiliser pour accéder aux biens ou connaissances qui leur paraissent indispensables.

    Je tente l’aventure.

    Si certains sont déjà membres et veulent me certifier :
    https://g1.duniter.fr/#/app/wot/9jiaxJAVWzdY3Wkq7Gh53fvgksQBqDD8ASSqSC4qUXFV/nicod_

    https://g1.duniter.fr

  • BALLAST | Gaëtan Flocco : « Tous les sujets ont intériorisé les catégories capitalistes »
    https://www.revue-ballast.fr/gaetan-flocco

    Entièrement. Évidemment, l’opposition travail/capital est structurante et il ne s’agit nullement de l’évacuer de l’analyse. D’ailleurs, dans son livre d’où est extraite cette citation, Frédéric Lordon le rappelle bien2 : pour lui, le rapport salarial, c’est-à-dire cette asymétrie objective entre des travailleurs dénués de tout, qui ne peuvent faire autrement pour vivre que d’échanger leur force de travail contre de l’argent, et des capitalistes qui, eux, possèdent tout, demeure le cadre structurant de l’enrôlement capitaliste. Toutefois, il est fondamental de montrer aussi combien ce cadre structurant ne se résume pas à une opposition manichéenne, les cadres illustrant bien une intrication ou un entremêlement entre le travail et le capital. D’un côté, on a en effet un statut qui les range du côté des salariés, leur faisant dire parfois qu’ils seraient des travailleurs comme les autres, les « grouillots de base » ou les « OS de l’an 2000 ». De l’autre, on a aussi des individus qui adhèrent à des valeurs, des modes de vie, des attentes, des conceptions du travail et de l’entreprise qui les rapprochent des classes dirigeantes.

    Les cadres se font enfler par l’illusion d’être du côté des #dominants.
    Ils collaborent activement à l’exploitation des employés parce qu’ils s’imaginent ne pas être des #prolétaires eux-mêmes. Et les employeurs se frottent les mains et entretiennent soigneusement cette #confusion : elle leur permet d’avoir des relais serviles et zélés pour mieux presser le travailleur tout en en faisant porter la responsabilité à des sous-fifres clairement identifiables par les exploités.
    J’avais déjà écrit sur ce marché de dupes : https://blog.monolecte.fr/2006/01/11/les-kapos-aussi-ont-fini-dans-les-chambres-a-gaz

    S’il a un petit pécule et pas mal d’avantages immédiats, le cadre oublie un peu trop facilement que son aisance vient tout de même du #salaire et non pas de la rente (même s’il tente de s’en constituer une dans le temps !) et qu’il suffit que le capitaliste lui retire son poste de #travail pour que tous ses avantages disparaissent. Il est en fait aussi dépendant que le petit employé des systèmes de #solidarité sociale qu’il conchie pourtant abondamment tant il croit être au-dessus de cela, voire en #compétition avec des dispositifs qui lui coûtent (et entament son #rêve de rente), alors qu’en fait, même s’il mettra un peu plus de temps à consommer ses éconocrocs, le #chômage, ce grand égalisateur par le bas, le remettra forcément à sa place de simple variable d’ajustement.

    • La même arnaque est à l’œuvre avec la figure de l’auto-entrepreneur, qui s’imagine petit #patron et donc #pré-capitaliste, alors qu’en fait, il n’est qu’un #auto-exploité et surtout la nouvelle chair à canon de l’économie néolibérale : le #sous-traitant isolé, sans aucune espèce d’assise ou de défense, livré tout ficelé aux appétits sans fin des grosses entreprises qui fixent unilatéralement les règles d’un jeu qui ne profite plus qu’à une toute petite poignée d’individus.

      Il s’imagine un aigle, alors qu’il n’est que le gros pigeon dune autofiction, celle qui consiste à faire passer le pire des #lupemprolétaires, le travailleur à façon pour le prototype du nouveau #capitaliste postindustriel.

      La figure de l’entrepreneur acquiert un rôle majeur dans la sphère publique depuis que la crise économique de 2008 a mis en évidence la difficulté d’intégrer socialement la population par le mécanisme du travail salarié. Comme il est désormais plus difficile de garantir un volume de travail suffisant et ininterrompu pour la majorité de la population, on voit apparaître cette injonction à entreprendre, couplée à une rhétorique de type « poursuis tes rêves, pars à la conquête du succès. Car quand on veut, on peut ».

      C’est une manière de contourner les problèmes économiques structurels de nos sociétés occidentales, marquées par la crise des compromis sociaux de l’après-guerre. Pour moi, c’est une véritable crise de régime qui frappe une société dont la colonne vertébrale est l’emploi, en tant que voie d’accès à la citoyenneté, aux droits sociaux, à la consommation. Tout cela est en passe de s’effondrer.

      http://lvsl.fr/entretien-avec-jorge-moruno

    • Envisager l’économie de cette façon mais aussi la société dans son ensemble en entretenant la confusion sur les intérêts de classes. Mais ça marche ...

      L’auto-entrepreneur ou comment aller tous les matins sur le chantier pour vendre sa force de travail.

  • encore une fois : merci @tanxxx !
    les casseurs
    ... pardon : « les casseuuuuuuuurs » :
    (2) https://twitter.com/TANXXX_/status/728928851389255682

    (1) https://twitter.com/TANXXX_/status/728917963764576256

    deux bon strips en réponse au zéro argument logique qui se développe actuellement histoire de bien rester bien sagement dans les clous des pouvoirs
    1/ #capitalistes ?
    2/ #politiques ?
    3/ #médiatiques ?
    (ui, y’a un piège !)

  • La Fabrique de l’Histoire • Libéralisme 1/4 - avec Domenico Losurdo : Professeur de philosophie à l’université d’Urbino
    http://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/liberalisme-14


    http://s3-eu-west-1.amazonaws.com/cruiser-production/static/culture/sons/2015/01/s02/NET_FC_771b9331-eb4f-4327-b78e-c4352dd1357b.mp3

    #Libéralisme / #Libertarien / #Propriétarien

    Domenico Losurdo, Contre-histoire du libéralisme
    https://chrhc.revues.org/3342

    Victor Hugo passe pour être l’auteur de l’observation selon laquelle « l’amour des Anglais pour la #liberté se complique d’une certaine acceptation de la servitude d’autrui. » Si l’on réclame des preuves, c’est du côté de Domenico Losurdo qu’il faut se tourner , avec cette Contre-histoire du libéralisme qui paraît aux éditions La Découverte, traduction bienvenue d’un ouvrage italien, paru en 2006 aux éditions Laterza. Le philosophe d’Urbino, spécialiste de Hegel, nous y propose une enquête attentive sur les angles les moins flatteurs du libéralisme réel. Il insiste en particulier sur la permanence massive de pratiques attentatoires à toute liberté, dans les sociétés britanniques et américaines des XVIIIe et XIXe siècles.

    Les premières révolutions « libérales » – celles d’Angleterre, d’Amérique et bien sûr, avant cela, de Hollande – ont largement renforcé l’#esclavage. Bien loin de constituer une menace pour lui, leurs principes généreux l’ont conduit à son âge d’or – statistiquement visible à l’explosion du nombre d’#esclaves. Domenico Losurdo parle ainsi d’un « accouchement gémellaire » du libéralisme et de l’#esclavage_racial. Ce thème constitue le point de départ de sa démarche qui, par un jeu serré de citations éclairées par quelques faits de contexte, nous conduit des colonies à la métropole, avant d’aborder la vision mondiale des libéraux classiques, puis de conclure par l’héritage supposé de cette vision dans les catastrophes politiques du siècle dernier.

    [...]

    À ces nuances près, le sens des évènements corrobore nettement la thèse du livre : l’époque de l’ascension libérale fut aussi celle du déclin de nombreux droits individuels, en lien avec des préjugés de caste et des intérêts. Ce travail historique implacable rend raison du mythe de l’idéalisme – la vision du libéralisme comme un mouvement moral, uniquement préoccupé par l’application d’une doctrine généreuse et universelle. Domenico Losurdo le définit plutôt comme « la conscience de soi d’une classe de #propriétaires d’esclaves ou de #serviteurs, qui se forme au moment où le système #capitaliste commence à émerger ».

    À la première dispute, les #libéraux de l’époque n’avaient d’ailleurs pas été longs à se dire leur vérité. On apprend ainsi que John Millar, un représentant des Lumières écossaises, disciple d’Adam Smith, s’amusait en 1771 des grands discours des colons d’Amérique autour de leur « liberté » foulée par la Couronne, venant de gens qui vivaient essentiellement de l’esclavage : « Le hasard n’a peut-être pas produit une situation plus capable que celle-ci de ridiculiser une hypothèse libérale ou de montrer combien peu la conduite des hommes est, au fond, orientée par quelque principe philosophique. »

    http://www.alternatives-economiques.fr/une-contre-histoire-du-liberalisme_fr_art_1196_63031.html

    Ces contradictions sautent aux yeux des lecteurs d’aujourd’hui, alors que ces penseurs libéraux et racistes à la fois estimaient simplement que les seuls individus à défendre étaient les #propriétaires_blancs.

    #Propriétaire

  • Frédéric Lordon : Il faut défendre le social
    http://www.franceculture.fr/emission-l-invite-des-matins-frederic-lordon-il-faut-defendre-le-socia

    Guillaume Erner reçoit Frédéric Lordon, économiste, sociologue, directeur de recherche au CNRS, chercheur au Centre de sociologie européenne et membre du collectif Les économistes atterrés. Il publie Imperium : structures et affects des corps politiques (La Fabrique, 21 septembre 2015). (...) Source : France Culture

    • Lordon se prévaut de Bourdieu qui aurait finalement vu dans l’état « le seul moyen de ne pas s’en remettre aux puissances privées du capital ». Cette vision est radicalement erronée.
      Après la révolution de 17 et la crise de 29, l’état moderne avait précisément pour raison d’être d’obvier à l’anarchie capitaliste (les intérêts nécessairement contradictoires des capitalistes particuliers) non pas contre le capitalisme, mais en tant que #capitaliste_collectif.
      Dire que la tradition communiste n’a vu la fin de l’état que comme une finalité asymptotique, c’est se moquer du monde.
      Ce « nouveau » #étatisme est rien de moins qu’une manière d’éviter, au nom d’une impossible « protection » (on se demande quelles menaces imposeraient actuellement aux organisations inter-étatiques de concéder quoi que ce soit ?) la question de l’usage de la force.
      À une telle aporie (quelle puissance du populaire ?), béante, on trouvera toujours des ordures disposée à remédier Sapir ose, lui, aller plus loin en évoquant la nécessité d’une dictature pour restaurer la souveraineté (zut, celle-ci est nationale...).

  • Les apologistes réformistes de l’#Etat_islamique
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/les-apologistes-r-formistes-de-l-etat-islamique-1712515066

    Sur une nouvelle catégorie, très intéressante en tant que spécimen psychiatrique, de #takfiristes : les #takfiristes_islamophobes...

    Comme l’a observé la commentatrice américaine Rula Jebreal dans le magazine Salon plus tôt ce mois-ci, les plus fervents partisans de la « #réforme » de l’#islam sont une panoplie étrange d’#extrémistes #néo-conservateurs qui, par leurs propres actions, se sont complètement éloignés de tout semblant d’affinité significative avec la grande majorité des musulmans : Bill Maher, Sam Harris, Ayaan Hirsi Ali et Maajid Nawaz, pour n’en citer que quelques-uns.

    Ces derniers ont en commun une incapacité à reconnaître que les « mauvaises #politiques » telles que l’invasion américaine de l’Irak ont été des catalyseurs clés de l’essor de l’islamisme militant. « Non seulement ces personnes ne voient pas le lien, mais elles font également la promotion de ces types de politiques , affirme-t-elle. Les #invasions, les #occupations, la torture. Sam Harris a affirmé que cela ne le dérange pas de voir les Occidentaux torturer pour soutirer des informations. »

    Fait encore plus étrange, l’ultra-majorité des personnes qui suivent Maher, Harris, Hirsi Ali et Nawaz « ne font pas partie de la communauté de ceux qui veulent réformer », mais sont souvent « non-musulmans ou antimusulmans » et soutiennent « les invasions, les occupations, la torture et les dictateurs. Ils sont dans le même état d’esprit, celui selon lequel la seule façon de réformer l’islam est de l’écraser. Le débat est perdu avant même d’être commencé. »

    [...]

    Pourquoi un réseau antilibéral de pouvoir néoconservateur aussi étrange souhaiterait-il récupérer le mantra d’une « réforme » libérale de l’islam ?

    Il se trouve que les recommandations de ces « réformateurs » autoproclamés sont en cohérence avec les notions néoconservatrices selon lesquelles cette réforme doit être appliquée de l’extérieur. Et dans ce sens, le terme de « réforme » évoque précisément l’histoire sordide de la #violence #impérialiste à laquelle il était associé au cours de l’histoire sanglante de l’expansion #capitaliste européenne.

    Il n’est donc pas surprenant de constater que ces appels à la « réforme » n’ont pas le moindre point d’ancrage dans le monde musulman. Au lieu de cela, ces appels sont constamment repris par les gouvernements, les décideurs politiques et les organes de sécurité d’une manière qui justifie l’expansion du pouvoir étatique, la militarisation de la politique étrangère dans le monde musulman et essentiellement la poursuite des affaires comme si de rien était, le tout sous le prétexte agréable et confortable de la défense du libéralisme.

    Mais il n’est pas tout simplement question d’une incapacité de ces faux « réformateurs » à générer par conséquent une réforme significative. Ils obstruent activement la mise en place d’une véritable réforme en affirmant d’emblée que le problème de l’extrémisme est principalement un problème lié à l’islam, ou à un vague concept d’« islamisme » qui englobe toute forme de mobilisation politique musulmane justifiée dans un cadre ostensiblement islamique.

    L’article écrit par #Graeme_Wood dans un essai, largement diffusé, publié dans #The_Atlantic en février dernier, en est un exemple particulièrement flagrant. Sa thèse de base était que « l’Etat islamique » est islamique.

    Ironiquement, cet argument place Wood sur la même longueur d’onde que l’Etat islamique tout en l’opposant à la majorité des musulmans. Comme il l’affirme dans une réflexion ultérieure, son article a été « tweeté plusieurs fois » par des partisans de l’Etat islamique qui « étaient ravis de constater que j’avais pris leur idéologie au sérieux et conclu que l’Etat islamique en Irak et au Levant est un groupe islamique ».

    [...]

    Pourquoi adopter une approche si limitée pour enquêter sur les prétendues « racines idéologiques » d’un groupe #terroriste ?

    Tout au long de son article, il s’attelle à la tâche qu’il s’est donnée en partant d’une hypothèse subliminale étrange (que Haroon Moghul a remarquée avec tant d’éloquence), selon laquelle l’Etat islamique et ses partisans ne peuvent tout simplement pas mentir, ni même se tromper.

    Dans sa tentative de « s’intégrer à la culture » de l’Etat islamique, Wood s’aventure si loin dans le gouffre qu’il affiche même son accord avec les partisans du groupe sur le fait que les musulmans qui rejettent la légitimité de l’existence et des actions de l’Etat islamique apostasient effectivement l’islam .

    Les musulmans, affirme-t-il, « ne peuvent pas condamner purement et simplement l’esclavage ou la crucifixion sans contredire le Coran et l’exemple du Prophète [...] Ce serait réellement un acte d’apostasie. »

    Cela fait beaucoup d’apostats musulmans.

    #takfirisme #takfirisme_islamophobe

  • #Mexique / #Chiapas : Enfin ! TOUTES les photos du #Semillero sont en ligne ! https://www.flickr.com/photos/valkphotos/sets/72157651920994107

    ★ Du 3 au 9 mai 2015, des dizaines d’intervenant-e-s se sont succédé-e-s pour un #séminaire de partage de « Pensée #Critique face à l’Hydre #Capitaliste », proposé et ponctué par la Commission #Sexta de l’ #EZLN au CiDeCi-Unitierra. Pleins d’idées non pas toutes faites et prêtes à consommer, mais des pistes, expériences et des doutes, transmis par de grands esprits du monde entier. Des graines à planter et cultiver avec amour. De quoi se nourrir, partager et lutter pendant des décennies.
    Programme, intervenant-e-s et autres informations : http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2015/05/01/programme-et-autres-information-sur-lhommage-et-le-seminair

    ★ Les textes, et leurs traductions, arrivent petit à petit par ici :
    ☆ Enlace Zapatista : http://enlacezapatista.ezln.org.mx
    Et en français, traduits par l’équipe de l’escargot à plumes qui vivait d’espoir et d’eau fraiche :
    ☆ Espoir Chiapas : http://espoirchiapas.blogspot.fr
    ☆ Le Serpent à Plumes : http://www.le-serpent-a-plumes.antifa-net.fr
    ☆ L’intégralité des vidéos du Semencier / Séminaire par Los Tejemedios : http://original.livestream.com/lostejemedios/folder

    ★ Vous pouvez retrouver toutes les photos prises au #Mexique ici https://www.flickr.com/photos/valkphotos/collections/72157651810788072
    © ValK / Collectif Bon pied bon oeil
    (cc) pour les Medios Libres, Alternativos, Autónomos o como se llamen et mouvements de luttes en bas à gauche.

  • #Photo | Diaporama | Bon Pied Bon Œil
    http://bonpiedbonoeil.net/index.php?p=slideshow&album=BPBO_collages%2F2015_CiDeCI_Chiapas_Mexi

    #Collage du Collectif Bon pied bon oeil​ au Cideci-Unitierra​ dans le cadre du #Semillero #EZLN : Séminaire « La Pensée Critique face à l’Hydre #Capitaliste ».
    > sur le site du collectif : http://bonpiedbonoeil.net/index.php?p=slideshow&album=BPBO_collages%2F2015_CiDeCI_Chiapas_Mexi
    > dans la gueule du bouc : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.815487241881056.1073741842.417439428352508

    Merci à toutes celles, ceux et les Autres, qui ont permis de rassembler sur un même mur #luttes du vieux et du nouveau monde contre cet ennemi commun.

    Lors de ce séminaire, des dizaines et des dizaines de textes, tous plus essentiels les uns que les autres, ont été partagés. Pleins d’idées non pas toutes faites et prêtes à consommer, mais de pistes, d’expériences et de doutes. Des graines à planter et cultiver avec amour. De quoi se nourrir, partager et lutter pendant des décennies.
    Ces textes, et leurs traductions, arrivent petit à petit par ici :
    Enlace Zapatista​ : http://enlacezapatista.ezln.org.mx
    Et en français, traduits par l’équipe de l’escargot à plumes qui vivait d’espoir et d’eau fraiche :)
    Espoir Chiapas : http://espoirchiapas.blogspot.fr
    Le Serpent à Plumes : http://www.le-serpent-a-plumes.antifa-net.fr

    Vous pouvez retrouver toutes les photos prises au Mexique par ValK ici https://www.flickr.com/photos/valkphotos/collections/72157651810788072
    © ValK ​ / Collectif Bon pied bon oeil - (cc) pour les Medios Libres, Alternativos, Autónomos o como se llamen​ et mouvements de luttes en bas à gauche.

  • Ah ouais... quand même !

    En lisant le billet de blog de #Jean_Luc_Mélenchon A l’école de Grenoble où il retranscrit une interview qu’il a donné au Dauphiné Libéré, j’apprends qu’il y a une affaire Eric Piolle et que Mélenchon ballaye ça d’un revers de main.

    Le Dauphiné - Au début de l’été, une polémique a touché le maire de Grenoble Eric Piolle, sur les actions qu’il détient dans une entreprise basée à Singapour et qui a des clients dans des paradis fiscaux. Qu’en avez-vous pensé ?

    « Tout le monde peut avoir des #voisins_de_paliers_peu_respectables, sans être responsable de leurs actes. Je pense juste que cette polémique a été une façon misérable de chercher à lui nuire. En ce qui me concerne, ma confiance en Eric Piolle est intacte. »

    Mais en cherchant un peu, l’affaire semble bien plus politiquement répréhensible qu’annoncé :

    Piolle et Raise Partner : les conseils du Postillon
    http://www.lepostillon.org/Piolle-et-Raise-Partner-les.html

    Une fois n’est pas coutume, Le Postillon publie un texte sur internet, entre deux numéros papier. Ce n’est pas le début d’une nouvelle mode, juste l’occasion d’apporter quelques informations supplémentaires à propos d’Éric Piolle et de Raise Partner.

    Notre dernier numéro, sorti le 26 mai 2014, révélait qu’ #Eric_Piolle était un des co-fondateurs de #Raise_Partner, une société œuvrant dans la finance. Nous ajoutions qu’il en était encore aujourd’hui actionnaire très minoritaire (moins de 0,5%), et que sa femme y travaillait toujours. Six semaines plus tard, l’UMP de l’Isère a profité de cette information, en ajoutant que Raise Partner avait des clients dans des #paradis_fiscaux, pour attaquer le maire de #Grenoble, qui s’était engagé pendant la campagne à « #boycotter les #banques qui pratiquent les paradis fiscaux ». Après plusieurs jours de polémique médiatique, on ne résiste pas à la tentation de se transformer en cabinet de conseil.

    1 - Conseil à Éric Piolle : et si vous arrêtiez de mentir ?
    Questionné sur les possibles clients de Raise Partner dans les paradis fiscaux, vous avez prétendu n’être « pas au courant » (Le Daubé, 7/07/2014). Permettez-nous de douter : ayant été actif dans la société pendant deux ans, comment auriez-vous pu ignorer que la plupart des clients de Raise Partner, sont des fonds d’investissements #Natixis, #Lyxor, #Citadel, #LODH, #TrueBeta, #Millenium ou #GLG_Partners - pour ne citer qu’eux ? Comment ignorer que toutes ces structures sont mouillées dans un tas d’histoires louches et notamment des paradis fiscaux ?

    Surtout, ce que vous ne pouvez pas méconnaître, c’est que vos actions dans Raise Partners sont maintenant dans une société domiciliée dans un paradis fiscal : Singapour. Selon le « traité d’apport de titres » que nous nous sommes procurés, vos actions appartiennent, depuis le 30 novembre 2012, à Raise Partner Pte Ltd, qui est une « société de droit singapourien dont l’adresse de correspondance se situe 70 Anson Road – 12-02 Hub Synergy Point – Singapore 079905 – SINGAPOUR, imatriculée auprès du Companies Act (Cap.50) de Singapour ». En tant qu’actionnaire, nous espérons pour vous que vous avez été « au courant » de cette « délocalisation ».

    Arrêtez donc cette ridicule défense d’esquive : admettez simplement que vous auriez dû depuis longtemps lâcher vos actions de Raise Partner. Il n’y a rien d’autre à dire, juste à joindre le geste à la parole.

    2 - Conseil aux amis d’Eric Piolle : et si vous arrêtiez de le défendre bêtement ?
    Depuis lundi, vous, « camarades » d’Éric Piolle - simples sympathisants ou militants d’ #ELLV ou du #parti_de_gauche – n’avez pas cessé de le défendre, en employant diverses tactiques et arguments plus ou moins ridicules (du style « bientôt l’UMP nous attaquera parce qu’on mange des bonbons #Haribo au conseil municipal »).
    Chers gauchistes, il n’y a rien à défendre dans Raise Partner : des entreprises comme elles devraient être vos ennemies, ni plus, ni moins. Ses clients, les fonds d’investissements cités ci-dessus, regroupent les pires requins de la finance. Le patron actuel de Raise Partner Pte Ltd est un certain #Gilbert_Gagnaire, une caricature de #capitaliste installé à Singapour pour se faire plus de fric et qui est parvenu à revendre sa précédente société à l’agence de notation #Moody’s.
    Arrêtez de croire les bobards de Piolle, qui prétend que Raise Partner ne fait qu’ « introduire de la #régulation dans les opérations financières ». En réalité, jamais il n’est question de « régulation » dans les statuts de Raise Partner. On y apprend par contre que « la société a pour objets, en France et dans tous les pays (…) de réaliser tous conseils, études et assistance en stratégie financière (...) ». En résumé, Raise Partner vend ses services à des fonds d’investissements pour les aider à faire plus d’argent. Business as usual. Il n’y a rien à défendre là-dedans, juste des arguments de plus pour se battre pour la fermeture immédiate de toutes les places boursières. Quant à la fausse naïveté de Piolle, qui prétend qu’il s’est engagé dans Raise Partner pour « changer le système de l’intérieur », j’espère qu’elle vous fait doucement rigoler. En quoi les 9000 actions du maire de Grenoble dans Raise Partner ont-t-elles fait bouger le système, même d’un iota ?
    Bien entendu, contrairement à ce que claironne l’UMP, « l’affaire Piolle » n’a rien à voir avec l’affaire Cahuzac : Piolle n’a a priori rien fait d’illégal. Participer à une société qui a des clients dans des paradis fiscaux, c’est malheureusement trop courant. Mais posséder des actions dans Raise Partner, même 0,5 %, ce n’est pas comme « aller manger une fois au Mac Do », comme se défend l’édile. C’est un choix politique.
    Au lieu de le défendre, vous devriez plutôt questionner votre mentor : pourquoi as-tu gardé ses actions, alors que tu ambitionnais d’être maire de Grenoble ? Pas très stratégique, non ? T’es con ou quoi ?

    3 - Conseil à l’ #UMP et au #PS : et si vous arrêtiez de faire les malins ?
    C’est vrai que vous nous avez bien fait rire : que les ténors de l’UMP et du PS se mettent à attaquer un adversaire politique sur le thème des paradis fiscaux, c’est un peu comme si Staline s’était indigné de l’état des prisons en France. C’est d’autant plus drôle quand on sait qu’ #Alain_Carignon, le cerveau récidiviste de l’UMP de l’Isère, habite au Maroc, qui est selon Le Nouvel Obs (23/08/2013) « un paradis fiscal pour les retraités », et que #Jérôme_Safar, le leader maximo du PS grenoblois, a bossé pour #Bouygues, qui sait également trouver ailleurs qu’en France des fiscalités avantageuses.

    Mais faites attention car vous êtes, cher militants de la droite et de la gauche molle, ici sur un terrain glissant : Raise Partner est une des réussites typiques du « modèle grenoblois » que vous célébrez à longueur de discours enflammés. C’est une #start-up qui a mis au point des « technologies innovantes » grâce à l’ « excellence grenobloise », qui les a brevetées, et qui les a vendues à travers le monde. C’est une société qui a touché des centaines de milliers d’euros d’argent public, des subventions de l’#Anvar et de #Minalogic, des #Crédits_Impôts_Recherche, des exonérations Ursaff, des aides remboursables d’#Oséo, on en passe et des meilleures, tout ça pour produire des logiciels, acheter des billets d’avions, des bureaux à New-York, Londres et #Singapour, bref pour une utilité sociale égale à zéro. Selon notre calcul, la société a touché - entre 2001 et 2010 - plus de deux millions d’euros d’argent public. Si on avait donné tout l’argent qu’on a donné à Raise Partner au Postillon, nous aussi on aurait pu embaucher quinze personnes pour glander.
    L’histoire de Raise Partner, c’est le modèle grenoblois. C’est tout ce qui fait saliver la ministre Geneviève Fioraso, le directeur du CEA de Grenoble Jean Therme, et les pontes de l’UMP, tout ce gaspillage d’argent public pour quelques emplois et beaucoup de profits privés. C’est une histoire qu’on vous racontera - peut-être - plus en détail dans le numéro 27 du Postillon, à paraître au mois de septembre.

    En lien :
    Elections de Grenoble : De quelle victoire Eric Piolle est-il le héros ?
    http://seenthis.net/messages/242471

    • Pour Mieux connaitre Raise Partner :

      In a Nutshell
      http://www.raisepartner.com/about-us/in-a-nutshell

      Raise Partner traces its origins to 2001 when a researcher into applied mathematics in aeronautics recognized similarities between automated flight control and financial portfolio optimization.

      In both contexts the mathematical challenges focus around a problem of robust optimization based upon partial information and approximate models. Aircraft self-navigation through heavy turbulence proves that effective decisions are possible in such an environment.

      Research into portfolio optimization and related financial metrics in a context of uncertain data and models is at the heart of Raise Partner’s business today, as is the concept of “robustness”. The firm has built a successful solutions and consulting business around this core expertise, differentiating itself from the traditional statistical based schools of financial engineering.

      Raise Partner’s clients are amply able to demonstrate the value of proactive and robust risk management, benefitting from early systemic risk detection, dynamic and extreme risk analysis and the resultant positive impact into investment decision making. The firm has worked with G10 governments, sovereign funds, hedge funds, investment banks and asset managers.

      Raise Partner solutions and consulting services include:

      – Portfolio risk/return optimisation under N constraints for ex-ante/pre-trade risk analysis and re-diversification (including drawdown minimisation)
      – Robust conditional VaR measures for cross asset class portfolios
      – Intelligent hedging overlays for illiquid portfolios and reduced hedging costs
      – Fund scanning: robust decomposition and/or replication to identify systemic risk
      – Patented bespoke correlation matrix service
      – Robust dynamic beta estimation and risk model calibration

      What we do
      http://www.raisepartner.com/about-us/mission-statement

      We provide risk analytics and robust portfolio optimizers, risk indices and actively managed indices, implementation services and research.

      We deliver to our clients a patented expertise in interdependencies modeling (global risk detection) and robust optimization (safe decisions).

      Raise Partner is serving investment managers (chief investment officer, strategist, chief economist), portfolio managers, portfolio risk analysts and risk managers within Hedge Funds, Asset Managers, Private Wealth Managers, e- Brokerage firms or Corporate & Investment banking.

      What is robust optimization?

      The following slide deck describes the major principles of robust optimization.
      http://www.raisepartner.com/rp-downloads/rp-what-we-do/Optimisation-Portefeuille-Robuste.pdf#view=fit

  • Internet, la pollution cachée

    #vidéo #internet #datacenter #énergie #énergivore #écologie-numérique #informatique-verte #politique #energie-renouvelable #efficacité-énergétique #green-grid #jeremy-rifkin #révolution-énergétique #peer-to-peer #pollution

    France 5
    Diffusé le mar. 17-06-14 à 21:35
    Documentaire | 70’

    L’émission : Aujourd’hui, 247 milliards de mails transitent chaque jour par la toile. Quelle énergie le permet ? Propre en apparence, le monde virtuel est en réalité aussi polluant qu’énergivore. Si Internet était un pays, il serait le cinquième consommateur mondial d’électricité. Mais ses besoins, immenses, se heurtent à la diminution des ressources énergétiques. Voyage dans les « datacenters », usines de stockage qui fonctionnent jour et nuit, centres névralgiques de la prochaine guerre de l’économie numérique. Certains grands groupes, comme Google ou Apple, ont réagi en construisant de nouveaux centres, utilisant des énergies renouvelables. La Toile pourrait-elle être, à l’inverse, à l’origine d’une troisième révolution industrielle ?

    http://www.youtube.com/watch?v=saojcR-yM34

    • @geneghys, ah vraiment désolé pour la frustration occasionée ... du coup me demande qu’est-ce qui motive les chaînes télé à limiter géographiquement l’accès au streaming ... c’est pas la première fois que je vois l’accès restreint géographiquement pour des streaming vidéo !

      Si tu as le temps et l’envie, il y aurait la solution de passer par un proxy de type OpenVPN situé en France, ce qui devrait permettre de contourner la restriction géographique d’accès ; dans ce cas l’adresse IP qui est présentée au site de streaming est l’adresse IP du proxy (français) et non l’adresse IP de l’internaute... Il n’y a rien d’illégal à utiliser un proxy, et on trouve des proxy non-payant.

      Sinon le documentaire est/sera probablement sur Youtube, à vérifier.

    • À mettre en relation avec la discussion entre @fil et @aude_v sur les mauvais chiffres de Cédric Biagini dans sa critique des coûts du numériques, qu’il y a eu dans ce fil de discussion :
      http://seenthis.net/messages/184108#message184801

      Je remets ce que j’y ai ajouté à la fin :

      Les échelles sont tellement énormes et les acteurs, patrons, mairies, qui promeuvent les datacenters sont tellement eux-mêmes explicitement et ouvertement d’accord que ça dépense un max d’électricité, que je ne saisis pas l’intérêt de savoir exactement combien coûte telle ou telle requête. Se battre à propos de ça est à mon avis une perte de temps.

    • @La Taupe Merci bcp. C’est-à-dire que je peux aussi passer par un autre proxy, mais après, je suis emmerdée parce que chez nous, quasiment tout se fait par internet maintenant. Tout ce qui est administratif et tout le toutim. Donc, si j’oublie de changer mon adresse IP, chu dans la mouise !
      Mais c’est super de t’être démenée...je vais aller voir la vidéo ;)

    • Absolument géant...je relaie. Mais l’EPFL a trouvé un moyen de stocker l’énergie verte, mais en plus, ne pourrait-on pas récupérer la chaleur des datacenters au lieu de les ventiler comme des malades...il y a aussi une piste de ce côté-là !

    • @geneghys, éventuellement tu pourrais partager de la documentation expliquant le principe de stockage utilisé par l’EPFL pour stocker l’énergie verte. A quoi servirait la chaleur récupérée des datacenters ?

      Les datacenters les plus énergivores vont certainement chercher à reverdir leur image, notamment pour Google ou Amazon, je pense plutôt en participant au développement des énergies renouvelables qui leur permettrait de diminuer la consommation en énergie fossile (ou nucléaire). Et probablement, si j’ai compris le reportage, les élus politiques états-uniens et d’ailleurs, feraient appel aux acteurs du web comme Google, pour participer à une #troisième-révolution-industrielle, au sens de Jeremy Rifkin. Le concept de la #révolution-énergétique fondé sur l’idée de [réseau] #peer-to-peer [pour la production d’énergie] est intéressant - Rifkin commence à être connu pour ses réflexions sur la co-production d’énergie.

      Maintenant, certainement que la communauté seenthis aurait pas mal de critiques à formuler là-dessus... Personnellement, j’ai une nette préférence pour une #décentralisation des #données et des #services (quand c’est possible) vers les utilisateurs ou vers des plus petits hébergeurs communautaires préoccupés par l’éthique et la solidarité.

      Sinon aussi, dans le reportage, on comprend bien à quel point le volume des #datas explose de manière #exponentielle.

    • Ouf ! C’est que tu me demandes des tas de choses sur lesquelles j’ai déjà écrit. Mais je vais essayer de te fournir un max de trucs, vu que l’EPFL est l’école polytechnique par excellence dans le monde.
      http://www.epfl.ch
      Alors, il y a déjà le nouveau bâtiment avec l’électricité captée par les façades des différentes couleurs ainsi que la toiture et la chaleur intérieur. Le bâtiment a été inauguré cette année. Voir la vidéo explicative ici :
      http://www.tstcc.ch/fr/index.php
      Puis il y a le projet qui va être commercialisé cette année et qui permet de stocker l’énergie ...aussi développé à l’EPFL
      http://actu.epfl.ch/news/l-etat-de-vaud-soutient-le-stockage-d-energie-par-
      Mais là, je viens de trouver un lien sur toutes les recherches et découvertes actuelles ou passées...Et il y en a ;)
      http://actu.epfl.ch/search/mediacom
      Courage et bon week-end :))

    • @La Taupe, Moi aussi je prends du retard en tout. Le peer to peer, c’est le système de partager la chaleur des bécanes entre les maisons ou les appartements. C’est une piste qu’il faut exploiter à défaut d’autre chose. D’autant que je suis sur un coup, mais je ne sais pas combien de temps ça va me prendre. Toujours est-il que le gaz de schistes n’est de loin pas l’énergie propre qu’on essaie de nous vendre. Alors gaffe !

  • La #dette perpétue l’#accaparement du monde et le #pillage des #ressources - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article5964

    Si une partie des bouleversements écologiques l’ont été malgré les instigateurs de l’expansion européenne (pensons aux transferts de plantes, d’animaux et de maladies entre les différents continents) (1), la #colonisation, par l’imposition d’un modèle productiviste et #capitaliste, a été à la source d’un désastre écologique dont les conséquences se font sentir jusqu’à aujourd’hui.

    C’est en effet à cette époque qu’a débuté un processus de production sans limite, si ce n’est l’accumulation elle-même. Concrètement, cela s’est traduit par la subordination à un système de #monocultures impossibles à cultiver dans les régions tempérées du Nord ainsi que par l’exploitation jusqu’à épuisement des ressources minières et forestières des pays #colonisés.

    Cette exploitation, qui a été un des facteurs du décollage économique de l’Europe, a entraîné dans les régions concernées un épuisement des sols, la destruction de l’habitat et la disparition d’espèces, une déforestation massive ainsi qu’une vulnérabilité accrue aux aléas climatiques.

    On retrouve déjà cette constatation sous la plume d’#Eduardo_Galeano au sujet de la #canne_à_sucre : « Le #sucre a détruit le Nord-est du Brésil. Cette région de #forêt tropicale a été transformée en #savane. Naturellement propice à la production alimentaire, elle est devenue région de #famine. Là où tout avait poussé avec exubérance, le #latifundio destructeur et dominateur ne laissa que roc stérile, sol lessivé, terres érodées. […]

    Le feu utilisé afin de nettoyer le terrain pour les champs de canne dévasta la #faune en même temps que la #flore : le cerf, le sanglier, le tapir, le lapin, le paca et le tatou disparurent. Tout fut sacrifié sur l’autel de la monoculture de la canne ». (2)

    Par la suite, l’#industrialisation des régions du Centre a encore accru l’exploitation, celle des peuples colonisés mais également de leurs #écosystèmes. Les cinq derniers siècles de pillage portent ainsi en eux les germes de la crise écologique globale que nous connaissons.

    Si l’exploitation coloniale et ses conséquences environnementales sont aisément compréhensibles, on peut se demander pourquoi les indépendances n’ont pas mis fin à la situation. Or, le pillage mis en œuvre a perduré grâce à une arme aussi pernicieuse qu’efficace : la dette.

  • La grande braderie transatlantique - Gresea
    http://www.gresea.be/spip.php?article1259

    Lundi 7 avril 2014, Henri Houben, 54432 signes.
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    Gresea asbl (Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative)

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    On pouvait penser que la crise économique, la plus grave depuis celle des années 30, avait calmé les ardeurs capitalistes à exiger plus de marché, plus de concurrence, plus de libéralisation. On pouvait estimer que des échecs répétés en la matière les avaient amenés à renoncer à ces projets. Il n’en est rien. Que du contraire !
    Le 13 février 2013, le président américain, Barak Obama, et les responsables de la Commission européenne annoncent officiellement que des négociations vont être entamées entre les deux parties à partir de juillet de la même année pour aboutir à un vaste marché transatlantique prévu pour 2015. L’accord à obtenir se veut d’emblée ambitieux, englobant aussi bien les matières commerciales que celles de la propriété intellectuelle, c’est-à-dire les brevets et licences, ou la question des investissements à l’étranger. En même temps, en réunissant les deux puissances occidentales, les promoteurs du projet veulent créer un précédent qui moulera les futurs traités commerciaux dans un cadre clairement libéral.

    Ce n’est pas la première fois qu’est lancée une telle initiative des deux côtés de l’Atlantique. Dès 1990, un après la chute du mur de Berlin, une résolution est signée par les deux régions, soulignant les communautés de vues et la nécessité de coopérer dans ce monde nouveau. En particulier, il fallait « promouvoir les principes de l’économie de marché, rejeter le protectionnisme, renforcer et ouvrir davantage (les pays) à un système de commerce multilatéral » [1].

    A ce moment, le commissaire à la Concurrence était le Britannique thatchérien, sir Leon Brittan. Il va tenter de créer avec son homologue américain plusieurs associations réunissant des membres venant des deux continents. Ce sera le nouveau partenariat transatlantique inauguré officiellement en décembre 1995. La seule organisation qui existera réellement est le TransAtlantic Business Dialogue [2] (devenu par la suite TransAtlantic Business Council [3]), soit le TABD [4]. Cet organe, rassemblant quelques dizaines des plus grandes multinationales européennes et américaines, va se vanter de voir 60% de ses propositions reprises par les administrations respectives et transformées sous forme de lois ou de directives.

    En 1997, l’OCDE [5] va tenter d’obtenir de ses États membres un accord multilatéral sur l’investissement (AMI), incorporant ce que les firmes désirent à ce niveau : la protection de la propriété des entreprises, le traitement favorable et non discriminatoire entre national et étranger, un tribunal indépendant où les entreprises peuvent déposer plainte contre les États qui ne respecteraient pas ces règles.

    Plus récemment, en 2006, plusieurs États, dont les États-Unis, le Japon et l’Union européenne, vont tenter d’instaurer un pacte dans la lutte contre le piratage des produits brevetés, intitulé accord commercial anti-contrefaçon (ACTA [6] selon le sigle anglais). Il s’agissait d’appliquer des règles très strictes en matière de marques, de labels, de défense d’appellations régionales, impliquant entre autres que des médicaments génériques n’auraient pas pu circuler entre pays. Face à une opinion publique manifestement hostile, le parlement européen rejettera ce traité. Mais 22 des 28 États membres de l’Union le signeront.

    A chaque fois, un projet est mené dans la plus grande discrétion, si ce n’est le secret le plus absolu. Il suscite une opposition populaire justifiée, qui émeut l’un ou l’autre organe institutionnel. Les contradictions entre les États parties prenantes provoquent le refus de l’accord négocié.

    Mais la Commission est persévérante et a de la suite dans ces idées. Comme on a pu le voir à de nombreuses reprises, quand les populations votèrent négativement à ses propositions, elle a toujours outrepassé ces consultations démocratiques et elle a resservi les mêmes plats totalement indigestes, juste en changeant parfois les couverts.
    L’influence patronale décisive

    L’initiative de lancer à nouveau ce grand marché transatlantique a été prise en novembre 2011 lors d’un de ces sommets quasi annuels regroupant le président américain et les principaux responsables de l’Union européenne. En fait, elle est précédée par toute une série d’avancées qui remontent aux années 90.

    Le 30 avril 2007, alors qu’Angela Merkel, la chancelière allemande, est à la tête de l’Union [7], la même rencontre des dirigeants des deux côtés de l’Atlantique tenue à Washington (à l’époque, c’est toujours George Bush Jr. qui est président) décide de créer un nouvel organisme, le TransAtlantic Economic Council (le conseil économique transatlantique). Celui-ci sera composé de représentants des administrations en charge du commerce et sera mené à la fois par un commissaire européen (d’abord Günther Verheugen, au nom des Entreprises et de l’Industrie, puis Karel De Gucht, pour le Commerce) et membre du cabinet personnel du président américain (d’abord Allan Hubbard, ensuite Michael Froman). Sa mission est d’accélérer l’harmonisation transatlantique pour supprimer toutes les règles et règlements inutiles. Il doit en même temps préparer dorénavant les sommets euro-américains et publier un rapport d’avancement tous les six mois [8].

    Il est immédiatement en relation étroite avec les différentes structures du dialogue transatlantique, les consommateurs, les législateurs, mais surtout le TABD. Rapidement, de nombreuses voix du côté patronal vont proposer d’aller plus loin et d’imaginer une initiative stratégique d’envergure. D’autant que la crise s’approfondit et qu’elle s’étend largement dans l’Union européenne. Certains imaginent le grand marché transatlantique comme la solution à la récession.....

    #économie
    #capitalistes
    #marché
    #influence-patronale
    #Permis-d’exploiter
    #multinationales
    #OCDE
    #Union-Européene

  • Les « #translatinas » et l’accaparement des terres en Amérique Latine.
    http://farmlandgrab.org/post/view/22909-les-translatinas-et-laccaparement-des-terres-en-amerique-latine

    Cristóbal Kay est un universitaire spécialisé dans la théorie du développement, ayant effectué ses études au Chili et en Angleterre, et actuellement professeur à l’Institut d’Études Sociales de La Haye. Il nous rappelle qu’en Amérique Latine, ce phénomène a pour origine la « décennie perdue » des années 80 et ses politiques néolibérales. Lorsque les États ont revu à la baisse leurs politiques de crédit et d’assistance technique aux paysans et ont réduit les droits de douane sur l’importation de nourriture, l’économie paysanne s’est marginalisée et beaucoup de paysans ont dû chercher d’autres sources de revenu, voire émigrer. En revanche, les secteurs ruraux bénéficiaires ont été les producteurs agricoles #capitalistes qui avaient accès aux investissements et les connaissances nécessaires pour entrer sur les nouveaux marchés d’exportation avec de nouveaux produits comme le brocoli, les légumes, les fruits et le palmier à huile africain.

    Ce phénomène, nous dit Kay, « a totalement modifié la structure agricole, mettant en marche un processus de concentration des terres et de capitalisation du secteur agricole… Ces exploitations se sont développées, souvent via l’incorporation de #terres paysannes ou la #déforestation de l’Amazonie, ce qui a créé de nouvelles frontières agricoles ainsi qu’une série d’effets négatifs sur l’écologie de ces pays. ». Cette nouvelle structure agricole emploie une main d’œuvre temporaire, sans stabilité du travail et à des salaires très bas. Dans le cas des cultures mécanisées, comme celle du soja, elle ne crée que très peu d’emplois. « En un demi-siècle, entre 1960 et 2010, la surface cultivée en soja est passée de 260 000 à plus de 42 millions d’hectares. Elle a donc été multipliée par 160. », nous signale le chercheur.

    #agrobusiness #paysannerie

  • « Le Monde est devenu un média comme les autres qui, comme les autres, est aux mains des capitalistes. » - Investig’Action
    http://www.michelcollon.info/Nouvel-article,4250.html

    « Le Monde est devenu un média comme les autres qui, comme les autres, est aux mains des capitalistes. »
    Benjamin Sire
    envoyer par mail |
    28 septembre 2013
    Article en PDF :
    Devenu journaliste spécialisé dans l’environnement à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, Hervé Kempf rejoint Le Monde en 1998 pour s’atteler à informer les lecteurs sur la question écologique. En août 2013, il quitte le journal, considérant ne plus pouvoir exercer son métier et être victime d’obstructions dans le traitement de l’affaire de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Il publie quelques semaines plus tard une longue et explosive tribune sur son site d’information Reporterre, dans laquelle il explique les raisons précises de son départ et brosse un portrait très critique de la presse et du quotidien de référence. Au cœur de sa réflexion, se trouve la description d’une dérive oligarchique de la société, dont les acteurs seraient à la fois la presse, la sphère économique et le monde politique. Pour en parler il a longuement reçu RAGEMAG à son domicile.

    Nous ne reviendrons pas sur la question de leur réalité ou non, mais pour justifier votre départ du Monde, vous avez parlé de pressions exercées par les actionnaires, dans le cadre de votre travail sur Notre-Dame-des-Landes. Mais en quoi une enquête approfondie sur ce sujet pourrait les déranger, eux comme la direction ?
    Comme je l’ai déjà écrit, j’ai des indices, non des preuves, qu’au demeurant je publierai si c’est nécessaire. La deuxième chose est que, s’il y a eu des pressions, il fallait y résister, s’il n’y en avait pas, il fallait me laisser travailler. Après, on peut faire des hypothèses.
    Les actionnaires du Monde, de la même manière qu’au Figaro Serge Dassault soutient clairement l’UMP, seraient-ils en empathie avec la « gauche », et je tiens aux guillemets, c’est-à-dire le PS ? Pierre Bergé a une histoire politique qui est bien connue. Et Mathieu Pigasse a été directeur de Cabinet de monsieur Strauss-Kahn qui appartenait au même parti que François Hollande et que Jean-Marc Ayrault. Ai-je besoin d’en dire plus ? (sourire).
    Vous voilà dans de beaux draps : vous avez été désavoué par la Société des rédacteurs du Monde, par certains journalistes, en plus de la direction du journal. Ils vous disent même atteint de complotite. Vous mettez ça sur le compte d’un réflexe corporatiste ou vous pouvez le comprendre ?
    Vous parlez des réactions du médiateur du Monde, Pascal Galinier, des citations d’Alain Frachon, ex-directeur du journal, et de Didier Pourquery, ex-directeur adjoint de la rédaction, et de la réaction du conseil de la Société des rédacteurs du Monde ? Ce n’est pas un réflexe corporatiste. La corporation, c’est celle des journalistes, or, jusqu’à nouvel ordre, je suis toujours journaliste. Donc, c’est un débat qui touche l’ensemble des journalistes. Et c’est pourquoi de nombreux confrères ont considéré que c’était un débat important et intéressant, à propos de l’engagement, de la neutralité, de l’exactitude. La réaction de mes confrères du Monde n’exprime que la réaction de mes confrères du Monde, et surtout des directeurs et des gens proches de la direction. Je n’ai pas eu de réactions de journalistes de base du Monde, publiques et même privées. Après la corporation des journalistes discute. Je lis ce qu’a écrit Patrick Piro dans Politis ou Jean-Luc Porquet dans Le Canard Enchaîné… Et je pense aussi au débat passionnant que nous avons eu avec Eric Dupin, Jean-Marc Manach et Daniel Schneidermann [NDLR : nous publions une longue interview de ce dernier lundi prochain]… Donc, les confrères, ou la corporation des journalistes, ont plutôt globalement, me semble-t-il, considéré que j’étais un bon journaliste qui fait bien son boulot, et qui posait des bonnes questions....

    #Monde
    #média
    #capitalistes
    #Hervé_Kempf