• Les enfants invisibles de #Haraldvangen

    Cet épisode de notre série sur les mineurs sacrifiés aux frontières de l’UE révèle qu’en Norvège, pays champion des droits de l’homme, une centaine d’enfants migrants a tout de même été enfermée depuis 2018. Tout le pays semble ignorer l’existence de ces petits prisonniers… jusqu’aux contrôleurs des conditions de #détention.

    « C’est loin d’être ce que les gens imaginent… La plupart des familles vivent leur séjour ici comme une expérience positive. » Ole Andreas Flaa Valdal, sourire sympathique et barbe de trois jours, a tout sauf l’air d’un gardien de prison. Le directeur de Haraldvangen a troqué son uniforme pour un tee-shirt et un jean décontractés qui lui donnent l’air d’un éducateur cool. C’est d’ailleurs comme cela qu’il se voit : un travailleur social, pas un maton.

    Alentour, le paysage lui donne raison. Nous sommes à une heure d’Oslo, dans un décor enneigé de vacances à la montagne. Haraldvangen, ancienne #colonie_de_vacances entourée de sapins, fait face à un lac bleu étincelant. Ici, des générations de petits Norvégiens ont skié et nagé, étés et hivers durant. Mais depuis deux ans, la grande bâtisse de bois ne résonne plus des rires des enfants. Fin décembre 2017, le gouvernement norvégien a fermé le bâtiment à double tour, installé un feu rouge derrière la porte, fait enlever les poignées des fenêtres pour transformer la colo en bunker. Haraldvangen est devenu la première « #unité_familiale » du pays, un mot fleuri pour désigner un #centre_de_détention pour #mineurs migrants et leurs parents.

    En deux ans, selon les chiffres obtenus par Investigate Europe en février, 97 enfants ont été enfermés là parce que leur demande d’asile a été rejetée et qu’ils ont refusé de quitter le territoire de leur propre chef. Les mineurs et leurs familles ont ensuite été conduits à l’aéroport d’Oslo par l’unité police immigration, avant d’être expulsé « de force ».

    Alors qu’il déambule dans ce décor de chalet fait de meubles Ikea, d’écrans géants, de PlayStation et d’un débordement de peluches, le directeur nous explique les bienfaits de cette nouvelle prison conçue par le gouvernement norvégien. « C’est bien de la détention mais on ne jette pas les gens au fond d’une cellule. » Ole bombe le torse, il est fier du travail accompli. « Ici, on peut se concentrer à fond sur les familles. Et quand les parents sont trop occupés à appeler leurs avocats et les ONG, nous nous occupons des enfants, nous les informons, les impliquons, les amusons. » Lui qui partage son temps entre le centre pour adultes migrants et l’unité familiale mesure bien la différence de traitement.

    Avant la création de l’unité familiale il y a deux ans, les mineurs migrants étaient enfermés avec les adultes, dans le centre de détention pour migrants, Trandum. Entouré de plusieurs niveaux de barrières et de fils barbelés, ce bâtiment collé à l’aéroport d’Oslo n’a rien à envier à un pénitencier. Un pénitencier plongé dans le vrombissement assourdissant des moteurs d’avion qui décollent et atterrissent à toute heure du jour et de la nuit. En 2015, Hicham*, 11 ans, avait raconté son expérience derrière les barreaux à NOAS et Save The Children, deux ONG qui l’avaient pris en charge. « Là-bas, il y a des fils de fer frisés tout autour. J’ai même vu des caméras. Je pense qu’ils avaient mis des barrières pointues pour qu’on ne puisse pas s’échapper. Comme ça si on essaye de se sauver, ça fait mal. » 885 petits migrants ont ainsi été emprisonnés à Trandum entre 2013 et 2017, parfois pour une durée supérieure à trois semaines.

    Mais pendant l’année 2017, la mobilisation des ONG a porté ses fruits. Dans le pays champion international du respect des droits humains, la polémique avait atteint son apogée quand en 2017, dans une décision historique, la cour d’appel de Borgarting (l’équivalent de notre Conseil d’État) a condamné l’État pour avoir enfermé quatre enfants afghans pendant vingt jours. Âgés de 7 à 14 ans, les mineurs « ont été exposés a des traitements dégradants », a statué la cour (notamment à cause des longues durées de détention). Interrogé par Investigate Europe, leur avocat affirme que la police avait choisi de garder ces enfants qui venaient de l’extrême sud de la Norvège derrière les barreaux pendant trois semaines pour des raisons de facilité administrative. Au détriment de leur bien-être psychique et physique, au lieu de les renvoyer chez eux en attendant l’expulsion, les autorités ont préféré « la solution de facilité », dit-il.

    Fin 2017, le gouvernement finit donc par trouver un nouveau lieu pour l’accueil des familles. Mais il ne se contente pas de les déplacer dans une structure identique : il ouvre Haraldvangen, une parenthèse enchantée avant l’expulsion. Un endroit où les enfants migrants peuvent regarder le lac et la neige par la fenêtre. Un chalet forestier où ils entendent le chant des oiseaux et non le bruit angoissant des moteurs des avions. Avant de s’envoler vers un pays souvent inconnu, les enfants ont le droit de goûter à quelques heures de jeux vidéo et de peluches, ils ont même le droit de se faire dorloter par des matons-moniteurs de colo.

    Certes, ils ressentent les angoisses de leurs parents qui se mutilent parfois pour éviter l’expulsion, certes leurs pères et mères sont fouillés à nu ; ils doivent même exécuter des squats (des flexions avec les jambes) dénudés devant les policiers pour vérifier qu’ils ne cachent aucun objet dans leurs parties intimes. Mais à Haralvagen, on leur épargne au moins d’assister à l’humiliation de leurs parents. C’est en tout cas la promesse sur le papier, réitérée aux journalistes qui interrogent les autorités. Cela ne leur coûte rien : comme l’a découvert Investigate Europe, à Haraldvangen, jamais personne n’est venu contrôler.

    Quand il a décidé de déplacer les enfants en 2017, l’État norvégien les a totalement sortis des radars. Le « comité de surveillance » qui est tenu par la loi d’inspecter les centres de détention au moins deux fois par an pour vérifier que les personnes enfermées sont traitées en conformité avec la loi n’a pas mis les pieds à Haralvangen depuis deux ans. Ses inspecteurs se sont pourtant rendus entre cinq et six fois par an à Trandum. Mais l’unité familiale n’a été contrôlée qu’une seule fois, fin 2017, au moment de l’ouverture du centre, quand… il était totalement vide.

    Un problème qui ne dérange pas le comité : « Il est extrêmement rare que des familles avec enfants soient détenues et on nous a informés qu’ils ne gardent pas les enfants très longtemps », nous explique Cathrine Fossen, cheffe du comité. C’est donc sur la base de cette information que les inspecteurs assurent chaque année au gouvernement, au public et à la communauté internationale que les droits fondamentaux des enfants et de leurs parents sont bien respectés. Sans complexe, la responsable soutient que Haraldvangen « est une très bonne unité ». Comment pourrait-elle le savoir ? C’est Investigate Europe qui lui apprend que 97 enfants ont été enfermés ses deux dernières années : « C’est un chiffre plus élevé que je ne le pensais », s’étonne-t-elle.

    André Møkkelgjerd, avocat spécialiste de l’asile en Norvège et auteur de plusieurs rapports sur la détention des enfants, prend la révélation moins à la légère. « C’est totalement inacceptable, s’indigne-t-il. Si l’État a déplacé les enfants détenus, afin que leurs conditions de détention ne soient plus contrôlées, c’est très grave. » Interrogée, l’organisation NOAS, une ONG de soutien aux demandeurs d’asile, va jusqu’à remettre en cause l’indépendance du comité de surveillance, en indiquant que ses membres sont nommés par le ministère de la justice, celui-là même qui est responsable de l’application de la loi sur le retour des migrants.

    L’accusation est très sérieuse dans un pays où la transparence publique est érigée en principe sacré. En fait, la Norvège fait comme la plupart de ses homologues européens : elle enferme des enfants migrants mais maintient, volontairement ou non, ces petits loin des regards de son opinion publique.

    Grâce à une de ses anciennes enseignantes, nous sommes parvenues à retrouver la trace d’un de ces anciens petits prisonniers migrants. Quand nous échangeons au téléphone avec Azad, il est encore une fois derrière les barreaux : le jeune Afghan a été jeté au fond d’une cellule du commissariat d’Athènes, un des lieux de détention réservés aux enfants migrants en Grèce.

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

    Depuis deux mois, il partage donc le destin de misère de ses autres petits voisins de cellule. Il survit tenaillé par la faim, nous dit-il, et se sent tellement « triste ». Mais « qu’est ce que je peux faire d’autre ?, demande-t-il. Où puis-je aller maintenant ? » Après des mois de violences et d’errance, Azad se dit que sa chance est déjà passée : « Mon dernier espoir au monde, c’était la Norvège. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/210420/les-enfants-invisibles-de-haraldvangen

    #familles #mineurs #enfants #Norvège #rétention #détention_administrative #déboutés #renvois #expulsions #prison #Trandum #prisons #prison #MNA #mineurs_non_accompagnés #réfugiés_afghans #nudité #humiliation #invisibilisation #migrations #asile #réfugiés #test_osseux #tests_osseux #âge #Afghanistan #errance

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    #Migrerrance :

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

    ping @isskein @karine4 @reka

  • Migrants en Libye, les oubliés de l’exil

    Venus le plus souvent d’Érythrée, les migrants sont détenus dans des conditions lamentables, et souvent les victimes de milices qui les torturent et les rançonnent. Les Nations unies et l’Union européenne préfèrent détourner le regard. Témoignages.

    L’odeur d’excréments s’accentue à mesure que nous approchons de l’entrepôt qui constitue le bâtiment principal du centre de détention de #Dhar-El-Djebel, dans les montagnes du #djebel_Nefoussa. Un problème de plomberie, précise le directeur, confus.

    Il ouvre le portail métallique du hangar en béton, qui abrite environ 500 détenus, presque tous érythréens. Les demandeurs d’asile reposent sur des matelas gris à même le sol. Au bout d’une allée ouverte entre les matelas, des hommes font la queue pour uriner dans l’un des onze seaux prévus à cet effet.

    Personne dans cette pièce, m’avait expliqué un détenu lors de ma première visite en mai 2019, n’a vu la lumière du jour depuis septembre 2018, quand un millier de migrants détenus à Tripoli ont été évacués ici. #Zintan, la ville la plus proche, est éloignée des combats de la capitale libyenne, mais aussi des yeux des agences internationales. Les migrants disent avoir été oubliés.

    En Libye, quelque 5 000 migrants sont toujours détenus pour une durée indéterminée dans une dizaine de #centres_de_détention principaux, officiellement gérés par la #Direction_pour_combattre_la_migration_illégale (#Directorate_for_Combatting_Illegal_Migration, #DCIM) du gouvernement d’entente nationale (#GEN) reconnu internationalement. En réalité, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye ne dispose pas d’un gouvernement stable, et ces centres sont souvent contrôlés par des #milices. En l’absence d’un gouvernement fonctionnel, les migrants en Libye sont régulièrement kidnappés, réduits en esclavage et torturés contre rançon.

    L’Europe finance les garde-côtes

    Depuis 2017, l’Union européenne (UE) finance les #garde-côtes_libyens pour empêcher les migrants d’atteindre les côtes européennes. Des forces libyennes, certaines équipées et entraînées par l’UE, capturent et enferment ainsi des migrants dans des centres de détention, dont certains se trouvent dans des zones de guerre, ou sont gardés par des milices connues pour vendre les migrants à des trafiquants.

    Contrairement à d’autres centres de détention que j’ai visités en Libye, celui de Dhar-El-Djebel ne ressemble pas à une prison. Avant 2011, cet ensemble de bâtiments en pleine campagne était, selon les termes officiels, un centre d’entraînement pour « les bourgeons, les lionceaux et les avant-bras du Grand Libérateur » — les enfants à qui l’on enseignait le Livre vert de Kadhafi. Quand le GEN, basé à Tripoli, a été formé en 2016, le centre a été placé sous l’autorité du DCIM.

    En avril, Médecins sans frontières (MSF) pour lequel je travaillais a commencé à faire des consultations à Dhar-El-Djebel. Le centre retenait alors 700 migrants. La plupart étaient enregistrés comme demandeurs d’asile par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), mais selon la loi libyenne, ce sont des migrants « illégaux » et ils peuvent être détenus pour une durée indéterminée.

    N’ayant que peu d’espoir de sortir, plusieurs ont tenté de se suicider au contact de fils électriques. D’autres avaient placé leur foi en Dieu, mais aussi dans les réseaux sociaux et leurs talents de bricoleurs. La plupart des détenus érythréens sont chrétiens : sur le mur face à la porte, ils ont construit une église orthodoxe abyssine au moyen de cartons colorés de nourriture et de matelas verts du HCR, avec des croix en cire de bougie. Sur d’autres matelas, ils ont écrit, avec du concentré de tomates et du piment rouge, des slogans tels que « Nous sommes victimes du HCR en Libye ». Avec leurs smartphones, ils ont posté des photos sur les réseaux sociaux, posant avec les bras croisés pour montrer qu’ils étaient prisonniers.

    Leurs efforts avaient attiré l’attention. Le 3 juin, le HCR évacuait 96 demandeurs d’asile à Tripoli. Une semaine plus tard, l’entrepôt bondé dans lequel j’avais d’abord rencontré les migrants était enfin vidé. Mais 450 Érythréens restaient enfermés dans le centre, entassés dans d’autres bâtiments, à plus de vingt dans une vingtaine de cellules, bien que de nombreux détenus préfèrent dormir dans les cours, sous des tentes de fortune faites de couvertures.

    « Ils nous appellent Dollars et Euros »

    La plupart des Érythréens de Dhar-El-Djebel racontent une histoire proche : avant d’être piégés dans le système de détention libyen, ils ont fui la dictature érythréenne, où le service militaire est obligatoire et tout aussi arbitraire. En 2017, Gebray, âgé d’un peu plus de 30 ans, a laissé sa femme et son fils dans un camp de réfugiés en Éthiopie et payé des passeurs 1 600 dollars (1 443 euros) pour traverser le désert soudanais vers la Libye avec des dizaines d’autres migrants. Mais les passeurs les ont vendus à des trafiquants libyens qui les ont détenus et torturés à l’électricité jusqu’à ce qu’ils téléphonent à leurs proches pour leur demander une #rançon. Après 10 mois en prison, la famille de Gebray avait envoyé près de 10 000 dollars (9 000 euros) pour sa libération : « Ma mère et mes sœurs ont dû vendre leurs bijoux. Je dois maintenant les rembourser. C’est très dur de parler de ça ».

    Les migrants érythréens sont particulièrement ciblés, car beaucoup de trafiquants libyens croient qu’ils peuvent compter sur l’aide d’une riche diaspora en Europe et en Amérique du Nord. « Nous sommes les plus pauvres, mais les Libyens pensent que nous sommes riches. Ils nous appellent Dollars et Euros », me raconte un autre migrant.

    Après avoir survécu à la #torture, beaucoup comme Gebray ont de nouveau payé pour traverser la mer, mais ont été interceptés par les garde-côtes libyens et enfermés en centre de détention. Certains compagnons de cellule de Gebray ont été détenus depuis plus de deux ans dans cinq centres successifs. Alors que la traversée de la Méditerranée devenait plus risquée, certains se sont rendus d’eux-mêmes dans des centres de détention dans l’espoir d’y être enregistrés par le HCR.

    Les ravages de la tuberculose

    Dans l’entrepôt de Dhar-El-Djebel, Gebray a retrouvé un ancien camarade d’école, Habtom, qui est devenu dentiste. Grâce à ses connaissances médicales, Habtom s’est rendu compte qu’il avait la tuberculose. Après quatre mois à tousser, il a été transféré de l’entrepôt dans un plus petit bâtiment pour les Érythréens les plus malades. Gebray, qui explique qu’à ce moment-là, il ne pouvait « plus marcher, même pour aller aux toilettes », l’y a rapidement suivi. Quand j’ai visité la « maison des malades », quelque 90 Érythréens, la plupart suspectés d’avoir la tuberculose, y étaient confinés et ne recevaient aucun traitement adapté.

    Autrefois peu répandue en Libye, la tuberculose s’est rapidement propagée parmi les migrants dans les prisons bondées. Tandis que je parlais à Gebray, il m’a conseillé de mettre un masque : « J’ai dormi et mangé avec des tuberculeux, y compris Habtom ».

    Habtom est mort en décembre 2018. « Si j’ai la chance d’arriver en Europe, j’aiderai sa famille, c’est mon devoir », promet Gebray. De septembre 2018 à mai 2019, au moins 22 détenus de Dhar-El-Djebel sont morts, principalement de la tuberculose. Des médecins étaient pourtant présents dans le centre de détention, certains de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et d’autres d’#International_Medical_Corps (#IMC), une ONG américaine financée par le HCR et l’UE. Selon un responsable libyen, « nous les avons suppliés d’envoyer des détenus à l’hôpital, mais ils ont dit qu’ils n’avaient pas de budget pour ça ». Les transferts à l’hôpital ont été rares. En revanche, une quarantaine des détenus les plus malades, la plupart chrétiens, ont été transférés dans un autre centre de détention à Gharyan, plus proche d’un cimetière chrétien. « Ils ont été envoyés à Gharyan pour mourir », explique Gebray. Huit d’entre eux sont morts entre janvier et mai.

    Contrairement à Dhar-El-Djebel, #Gharyan ressemble à un centre de détention : une série de containers entourés de hauts grillages métalliques. Yemane a été transféré ici en janvier : « Le directeur de Dhar-El-Djebel et le personnel d’IMC nous ont dit qu’ils allaient nous conduire à l’hôpital à Tripoli. Ils n’ont pas parlé de Gharyan... Quand on est arrivés, on a été immédiatement enfermés dans un container ».
    Des migrants vendus et torturés

    Selon Yemane, une femme a tenté de se pendre quand elle a compris qu’elle était à Gharyan, et non dans un hôpital, comme le leur avaient promis les médecins d’IMC. Beaucoup gardaient de mauvais souvenirs de Gharyan : en 2018, des hommes armés masqués y ont kidnappé quelque 150 migrants détenus dans le centre et les ont vendus à des centres de torture. Le centre a alors brièvement fermé, puis rouvert, avec à sa tête un nouveau directeur, qui m’a expliqué que des trafiquants l’appelaient régulièrement pour tenter de lui acheter des migrants détenus.

    En avril 2019, des forces de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, ont lancé une offensive contre les forces pro-GEN à Tripoli et se sont emparées de Gharyan. Les troupes d’Haftar se sont installées à proximité du centre de détention et les avions du GEN ont régulièrement bombardé la zone. Effrayés par les frappes aériennes autant que par les migrants tuberculeux, les gardes ont déserté. Chaque fois que je me suis rendu sur place, nous sommes allés chercher le directeur dans sa maison en ville, puis l’avons conduit jusqu’au portail du centre, où il appelait un migrant pour qu’il lui ouvre. Les détenus lui avaient demandé un cadenas pour pouvoir s’enfermer et se protéger des incursions. De fait, des forces pro-Haftar venaient demander aux migrants de travailler pour eux. Yemane indique qu’un jour, ils ont enlevé quinze hommes, dont on est sans nouvelles.

    MSF a demandé au HCR d’évacuer les détenus de Gharyan. L’agence de l’ONU a d’abord nié que Gharyan était en zone de guerre, avant de l’admettre et de suggérer le transfert des détenus au centre de détention #Al-Nasr, à #Zawiya, à l’ouest de Tripoli. Pourtant, le Conseil de sécurité de l’ONU a accusé les forces qui contrôlent ce centre de trafic de migrants, et placé deux de leurs dirigeants sous sanctions.

    « Si vous êtes malades, vous devez mourir ! »

    Les détenus étaient toujours à Gharyan quand, le 26 juin, les forces du GEN ont repris la zone. Le jour suivant, ils ont forcé le portail du centre de détention avec une voiture et demandé aux migrants de se battre à leurs côtés. Les détenus effrayés ont montré leurs médicaments contre la tuberculose en répétant des mots d’arabe que des employés du HCR leur avaient appris − kaha (#toux) et darn (#tuberculose). Les miliciens sont repartis, l’un d’eux lançant aux migrants : « Si vous êtes malades, on reviendra vous tuer. Vous devez mourir ! ».

    Le 4 juillet, le HCR a enfin évacué les détenus restants vers Tripoli. L’agence a donné à chacun d’eux 450 dinars (100 euros) pour qu’ils subvenir à leurs besoins dans une ville qu’ils ne connaissaient pas. L’abri où ils étaient censés loger s’avérant trop coûteux, ils ont déménagé vers un endroit moins cher, jadis une bergerie. « Le HCR dit qu’on sera en sécurité dans cette ville, mais pour nous, la Libye n’offre ni liberté ni sécurité », explique Yemane.

    La plupart des 29 migrants évacués de Gharyan sont maintenant bloqués, et en danger, dans les rues de Tripoli, mais espèrent toujours obtenir l’asile en dehors de Libye. Les combats se poursuivant à Tripoli, des miliciens ont proposé à Yemane de s’enrôler pour 1 000 dollars (901 euros) par mois. « J’ai vu beaucoup de migrants qui ont été recrutés ainsi, puis blessés », m’a-t-il raconté récemment sur WhatsApp. Deux de ses colocataires ont été à nouveau emprisonnés par des milices, qui leur ont demandé 200 dollars (180 euros) chacun.

    Les migrants de Gharyan ont si peur dans les rues de Tripoli qu’ils ont demandé à retourner en détention ; l’un d’entre eux est même parvenu à entrer dans le centre de détention d’Abou Salim. Nombre d’entre eux ont la tuberculose. Fin octobre, Yemane lui-même a découvert qu’il en était porteur, mais n’a pas encore de traitement.
    « Ils nous ont donné de faux espoirs »

    Contrairement à Gharyan, Dhar-El-Djebel est loin des combats. Mais depuis avril, des migrants détenus à Tripoli refusent d’y être transférés car ils craignent d’être oubliés dans le djebel Nefoussa. Selon un responsable de la zone, « notre seul problème ici, c’est que le HCR ne fait pas son travail. Cela fait deux ans qu’ils font de fausses promesses à ces gens ». La plupart des détenus de Dhar-El-Djebel ont été enregistrés comme demandeurs d’asile par le HCR, et espèrent donc être relocalisés dans des pays d’accueil sûr. Gebray a été enregistré en octobre 2018 à Dhar-El-Djebel : « Depuis, je n’ai pas vu le HCR. Ils nous ont donné de faux espoirs en nous disant qu’ils allaient revenir bientôt pour nous interviewer et nous évacuer de Libye ».

    Les 96 Érythréens et Somaliens transférés en juin de Dhar-El-Djebel au « centre de rassemblement et de départ » du HCR à Tripoli étaient convaincus qu’ils feraient partie des chanceux prioritaires pour une évacuation vers l’Europe ou l’Amérique du Nord. Mais en octobre, le HCR aurait rejeté une soixantaine d’entre eux, dont 23 femmes et 6 enfants. Ils n’ont plus d’autre choix que de tenter de survivre dans les rues de Tripoli ou d’accepter un « retour volontaire » vers les pays dont ils ont fui la violence.

    Le rapport de la visite de l’ONU à Dhar-El-Djebel en juin, durant ce même transfert, avait prévenu que « le nombre de personnes que le HCR sera en mesure d’évacuer sera très faible par rapport à la population restante [à Dhar-El-Djebel] en raison du nombre de places limité offert la communauté internationale ».

    De fait, le HCR a enregistré près de 60 000 demandeurs d’asile en Libye, mais n’a pu en évacuer qu’environ 2 000 par an. La capacité de l’agence à évacuer des demandeurs d’asile de Libye dépend des offres des pays d’accueil, principalement européens. Les plus ouverts n’accueillent chaque année que quelques centaines des réfugiés bloqués en Libye. Les détenus de Dhar-El-Djebel le savent. Lors d’une de leurs manifestations, leurs slogans écrits à la sauce tomate visaient directement l’Europe : « Nous condamnons la politique de l’UE envers les réfugiés innocents détenus en Libye ».

    « L’Europe dit qu’elle nous renvoie en Libye pour notre propre sécurité, explique Gebray. Pourquoi ne nous laissent-ils pas mourir en mer, sans souffrance ? Cela vaut mieux que de nous laisser dépérir ici ».

    https://orientxxi.info/magazine/migrants-en-libye-les-oublies-de-l-exil,3460
    #Libye #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_érythréens #santé #maladie #externalisation

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    Et pour la liste de @sinehebdo, deux nouveaux #mots : #Dollars et #Euros

    Les migrants érythréens sont particulièrement ciblés, car beaucoup de trafiquants libyens croient qu’ils peuvent compter sur l’aide d’une riche diaspora en Europe et en Amérique du Nord. « Nous sommes les plus pauvres, mais les Libyens pensent que nous sommes riches. Ils nous appellent Dollars et Euros », me raconte un autre migrant.

    #terminologie #vocabulaire

    • Libye : que se passe-t-il dans le « #centre_d’investigations » de #Tripoli ?

      La semaine dernière, environ 300 migrants interceptés en mer par les garde-côtes libyens ont été transférés dans le centre de #Sharah_Zawiya, au sud de la capitale libyenne. Ouvert depuis au moins un an – avec une fermeture de quelques mois fin 2019 – le lieu est depuis peu contrôlé par le #DCIM et accessible à l’Organisation internationale des migrations (#OIM).

      #Centre_de_détention « caché », #centre_de_transit ou centre « d’investigations » ? Le centre de Sharah Zawiya, dans le sud de Tripoli, est l’objet d’interrogations pour nombre d’observateurs des questions migratoires en Libye.

      Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), contactée par InfoMigrants, le lieu est supposé être un centre de transit : les migrants interceptés en mer sont envoyés dans cette structure afin d’y subir un interrogatoire avant leur transfert vers un centre de détention officiel.

      « Théoriquement, ils [les migrants] ne restent pas plus de 48 heures à Sharah Zawiya », précise l’OIM.

      « Je suis resté au moins trois mois dans ce centre »

      Or plusieurs migrants, avec qui InfoMigrants est en contact et qui sont passés par ce centre, affirment avoir été enfermés plus que deux jours et disent n’avoir jamais été interrogés. « Je suis resté au moins trois mois là-bas l’été dernier, avant de réussir à m’en échapper », indique Ali, un Guinéen de 18 ans qui vit toujours en Libye. « Durant toute cette période, on ne m’a posé aucune question ».

      Ce dernier explique qu’à leur arrivée, les gardiens dépouillent les migrants. « Ils prennent tout ce qu’on a, le plus souvent nos téléphones et de l’argent ». Ibrahim, un Guinéen de 17 ans qui a – lui aussi - réussi à s’échapper du centre ce week-end après avoir été intercepté en mer, raconte la même histoire. « Ils m’ont forcé à leur donner mon téléphone et les 100 euros que j’avais sur moi », soupire-t-il.

      Ali assure également que les Libyens demandent une #rançon pour sortir du centre, avoisinant les 3 000 dinars libyens (environ 1 950 euros). « Un monsieur, un Africain, nous amenait des téléphones pour qu’on contacte nos familles et qu’on leur demande de l’argent. Un autre, un Arabe, récupérait la somme due ». Il détaille également les #coups portés sur les migrants « sans aucune raison » et le #rationnement_de_la_nourriture – « un morceau de pain pour trois personnes le matin, et un plat de pâtes pour six le soir ».

      D’après des informations recueillies et vérifiées par InfoMigrants, le centre est ouvert depuis au moins un an et a fermé quelques mois fin 2019 avant de rouvrir la semaine dernière avec l’arrivée d’environ 300 migrants. Un changement de chefferie à la tête du centre serait à l’origine de cette fermeture temporaire.

      Changement d’organisation ?

      Ce changement de responsable a-t-il été accompagné d’un changement de fonctionnement ? Ali explique qu’il s’est enfui vers le mois d’octobre, après trois mois de détention, avec l’aide de l’ancienne équipe. « Les Libyens qui contrôlaient le centre nous ont dit de partir car un nouveau chef devait arriver. L’ancien et le nouveau responsable n’étaient d’ailleurs pas d’accord entre eux, à tel point que leurs équipes ont tirés les uns sur les autres pendant que nous prenions la fuite ».
      L’OIM signale de son côté n’avoir reçu l’autorisation d’entrer dans le centre que depuis la semaine dernière. « Avant, le lieu était géré par le ministère de l’Intérieur, mais depuis quelques jours c’est le DCIM [le département de lutte contre la migration illégale, NDLR] qui a repris le contrôle », explique l’agence onusienne à InfoMigrants.

      Ibrahim assure, lui, qu’aucune somme d’argent n’a été demandée par les gardiens pour quitter le centre. Les personnes interceptées en mer, mardi 18 février, ont en revanche été transférées samedi vers le centre de détention de #Zaouia, où une rançon de 2 000 dinars (environ 1 300 euros) leur a été réclamée pour pouvoir en sortir.
      Ce genre de centre n’est pas une exception en Libye, prévient une source qui souhaite garder l’anonymat. « Il existe d’autres centres de ce type en Libye où on ne sait pas vraiment ce qu’il s’y passe. Et de toute façon, #centre_d’investigation, de transit ou de détention c’est pareil. Les migrants y sont toujours détenus de manière arbitraire pour une période indéfinie ».

      https://www.infomigrants.net/fr/post/22991/libye-que-se-passe-t-il-dans-le-centre-d-investigations-de-tripoli
      #Zawiya #IOM #détention

  • Des centaines de migrants abandonnés à leur sort devant le centre du HCR à Tripoli

    Des centaines de migrants sans abri patientent sous la pluie devant le #centre_de_rassemblement_et_de_départ (#GDF) – géré par le HCR dans la capitale libyenne - sans avoir l’autorisation d’y entrer. Ils avaient été libérés mardi en fin d’après-midi d’un centre de détention du sud de Tripoli, #Abu_Salim.

    Près de 24 heures après leur arrivée, des centaines de migrants patientent toujours devant le centre de rassemblement et de départ (GDF) du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à Tripoli. Les portes du centre restent, pour l’heure, fermées.

    Les migrants, au nombre de 400, selon la police libyenne, ont donc passé la nuit dehors, sans pouvoir s’abriter de la pluie, comme en témoignent des images transmises à la rédaction d’InfoMigrants. Aucune femme et aucun enfant ne se trouvent parmi eux.

    “Quelle mascarade, quelle catastrophe humanitaire, 400 personnes passent la nuit sous la pluie, sans aucune couverture. Où sont les organisations humanitaires ? Où est la communauté internationale ?”, a demandé l’un des migrants devant le centre, à InfoMigrants.

    Le #GDF "déjà surpeuplé", selon le HCR

    Selon le HCR - qui parle de 200 personnes à ses portes -, la situation "est tendue", le centre étant "déjà surpeuplé". Impossible donc d’accueillir de nouveaux résidents.

    L’Organisation internationale pour les migrations (#OIM) assure faire son maximum. "Nos équipes travaillent maintenant sur le terrain, en coordination avec le #HCR et le #PAM (Programme alimentaire mondial), pour délivrer une assistance d’urgence [...] aux migrants libérés hier du centre de détention d’Abu Salim", ont-ils écrit sur Twitter mercredi 30 octobre.
    https://twitter.com/IOM_Libya/status/1189468937538412544?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E11

    Contactée par InfoMigrants, une source au sein de la police libyenne s’est étonnée de la position "incompréhensible" du HCR.

    Pour tenter de trouver un abri aux migrants abandonnés à leur sort, les forces de l’ordre libyennes ont proposé de les emmener dans d’autres centres de détention, mais ces derniers ont refusé.

    Marche à pied du centre de Abu Salim jusqu’au GDF

    La veille en fin de journée, ce groupe avait été relâché du centre de détention libyen d’Abu Salim, au sud de la ville de Tripoli. Les migrants libérés ont alors marché jusqu’au centre GDF de Tripoli. Les raisons de leur départ sont cependant vagues. Certains migrants assurent être sortis d’eux-mêmes. D’autres expliquent avoir été relâchés en raison de la situation sécuritaire dans cette zone de la capitale.
    https://twitter.com/sallyhayd/status/1189166848002187264?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E11

    Le centre de détention d’Abu Salim est situé à proximité des zones de conflits [entre le général Haftar, l’homme fort de l’Est libyen et le gouvernement de Fayez al-Sarraj]. "La situation dans les centres de détention est inacceptable et l’accès aux produits de première nécessité est difficile. La libération d’hier était inattendue et suscite des inquiétudes quant à la sécurité des migrants", a déclaré l’OIM à InfoMigrants.
    Les chiffres restent également flous. Selon l’OIM, ce sont près de 600 personnes qui ont été "relâchées" du centre de détention d’Abu Salim.

    Quitter plus rapidement la Libye ?

    En se rendant au GDF, les migrants pensent pouvoir quitter plus rapidement le pays. Ils espèrent que l’étude de leur demande d’asile sera examinée plus vite et leur réinstallation accélérée.

    En juillet, environ 300 migrants du centre de détention de Tajourah, à l’est de Tripoli, avaient parcouru 45 km à pied afin de rejoindre le centre du HCR.

    Le GDF à Tripoli a ouvert ses portes au mois de décembre 2018. Géré par le ministère libyen de l’Intérieur, le HCR et LibAid (un partenaire du HCR), il a pour objectif de transférer les réfugiés vulnérables vers un lieu sûr, en Europe, notamment, via les programmes de réinstallation. Ou de les diriger vers d’autres structures d’urgence dans des pays tiers (au Niger ou au Tchad).

    Il peut également proposer des retours volontaires aux migrants qui souhaitent rentrer chez eux. Il arrive toutefois que certains des migrants du GDF ne soient pas éligibles aux programmes de réinstallation. En octobre, en l’espace de deux semaines, deux demandeurs d’asile avaient tenté de mettre fin à leurs jours dans le centre GDF après avoir été priés de quitter le centre.

    Plusieurs milliers de migrants sont détenus dans des centres de détention, officiellement gérés par les autorités libyennes. Dans la pratique, ces centres sont contrôlés par des groupes armés et les abus fréquents.

    Au total, “plus de 669 000" migrants ont été recensés par les Nations unies en Libye depuis le mois d’août 2018. Parmi ce nombre important de migrants présents sur le sol libyen figurent 12% de femmes et 9% d’enfants.

    https://twitter.com/sallyhayd/status/1189239816694751232?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E11

    https://www.infomigrants.net/fr/post/20497/des-centaines-de-migrants-abandonnes-a-leur-sort-devant-le-centre-du-h

    #abu_slim #Tripoli #migrations #réfugiés #SDF #abandon #centre #HCR #centre_du_HCR #détention #prisons #prison #centre_de_détention #Gathering_and_Departure_Facility (#GDF)

    • Migrants en Libye : « Je sais qu’il y a une chance sur deux de mourir »

      A Tripoli, les exilés africains qui espèrent rejoindre l’Europe sont pris en tenaille entre les institutions – voies légales mais lentes -, les réseaux de passeurs - option coûteuse et dangereuse - et les centres de détention des autorités locales.

      Ils sont plusieurs centaines de milliers d’exilés à être pris au piège en Libye. Leur geôle a quatre murs, contre lesquels ils se fracassent tour à tour. D’abord la Méditerranée, cette mer qui les sépare de l’Europe, surveillée par les gardes-côtes. Puis le Département de lutte contre la migration illégale et ses centres de détention aux mains des milices. Il y a aussi le réseau des passeurs et des trafiquants qui représentent à la fois leur pire cauchemar et l’espoir, jamais éteint, d’un ticket de sortie de l’enfer. Le dernier mur, enfin, est celui du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). Une issue de secours légale, mais bouchée (lire page 9). Les quotas de réinstallation dans des pays d’accueil, ridiculement bas par rapport aux besoins, ne permettant pas d’évacuer les réfugiés à un rythme suffisant.

      Michel Vumbi Mogambi a presque 70 ans. Quand il est arrivé en Libye, voilà vingt ans, il n’avait aucune intention de poursuivre sa route jusqu’en Europe. Le Congolais fuyait les combats dans son pays : la riche Libye de Kadhafi offrait à l’époque du travail et un bon salaire. Aujourd’hui, ruiné et rattrapé par la guerre, il prie pour sortir d’ici, silhouette voûtée parmi les fidèles de l’église San Francesco de Tripoli. A la sortie de la messe, le vieil homme est agité, sa chemise tachée de sang. La nuit dernière, des hommes en treillis ont défoncé sa porte, l’ont déshabillé, battu pour qu’il leur donne son argent. Son ami Peter, le mécanicien, s’est fait voler 1 800 dinars (environ 400 euros au marché noir). Leur voisin de chambrée, le Soudanais Habib Ali, 500 dinars. Et le vendeur égyptien du bout de la cour 5 000 dinars. Michel n’avait pas d’argent. Il a tenté de se cacher dans les toilettes, nu.
      « Vers qui voulez-vous vous tourner ? »

      La vingtaine d’hommes célibataires venus de toute l’Afrique qui partagent cette petite allée du quartier de Gargaresh ont tous été arrêtés, frappés, embarqués, puis relâchés au petit matin. Chacun a des blessures à montrer. Récentes, après la bastonnade de la veille ; anciennes, qui racontent une vie d’exil ; parfois cruelles, marques évidentes de tortures. Les serrures de leurs habitations ont été défoncées à coups de crosse. Les petites chambres taguées ont été retournées, à la recherche d’un billet, un bijou ou d’un téléphone dissimulé. « Les policiers étaient encagoulés, mais j’ai pu lire "Département de lutte contre la migration illégale" sur leurs uniformes noirs, dit Habib Ali. Quand ce sont les autorités elles-mêmes qui vous rançonnent et vous kidnappent, vers qui voulez-vous vous tourner ? »

      Michel est officiellement demandeur d’asile, enregistré au HCR. Mais sa petite carte plastifiée de l’ONU, qu’il sort sans arrêt de sa pochette, ne le protège pas : la Libye n’a jamais ratifié les conventions de Genève. Sur son territoire, les réfugiés n’ont aucune existence officielle.

      Ayoub Qassem est le porte-parole de la marine nationale libyenne. Il n’y a pas d’électricité, ce jour-là, dans la base navale d’Abou Sitta, sur la rive de Tripoli : son bureau est plongé dans la pénombre. Les lourds rideaux laissent tout juste filtrer une lumière bleutée qui donne au militaire formé en URSS un aspect de créature des profondeurs. « La migration clandestine est la dernière facette du colonialisme, assène-t-il. Partout, il y a des pions qui travaillent pour les intérêts de l’Occident. C’est l’Europe qui a créé un rêve dans la tête des Africains, afin d’éviter qu’ils ne développent leurs pays. Ils sont comme des papillons attirés par la flamme ! Mais qui va nous protéger, nous, les Libyens, contre cette invasion ? » Le vieil officier triture sa moustache, fulmine, soudain inarrêtable dans sa logorrhée complotiste et anti-impérialiste : « L’ONU est complice, elle a besoin de ces crises pour faire sa propagande et se lamenter sur le sort des migrants. »

      Depuis 2012, affirme-t-il, 80 000 personnes ont été « secourues », c’est-à-dire interceptées, par ses gardes-côtes. Une activité qui occupe 90 % de leur temps et de leurs ressources. Les équipages ont été en partie formés par Sophia, la mission de l’Union européenne, mais aussi par des experts espagnols. « Notre partenaire le plus sérieux est l’Italie, affirme Ayoub Qassem. Quand le pays ferme ses portes, cela nous aide. »
      Torture et viols systématiques

      La majorité des départs, en cette période de l’année, a lieu depuis les plages à l’est de Tripoli, à proximité de la ville de Khoms. Près de 6 000 migrants ont été arrêtés en 2019 dans les eaux libyennes. Plus de 600 sont morts noyés. « Quand on critique les ONG, on donne l’impression qu’on est contre les migrants en tant que personnes, soupire Massoud Abdelsamad, à la tête du Centre de sécurité maritime. Mais je vous parle simplement en technicien : plus il y a de bateaux de sauvetage en mer, plus il y a des tentatives de traversée. On sait que des passeurs surveillent la position des navires humanitaires sur les sites de trafic maritime et qu’ils envoient leurs embarcations de migrants dans leur direction. »

      Ella (1) a pris la mer à deux reprises. A chaque fois, la jeune Erythréenne a été refoulée vers cette Libye qu’elle « ne veut plus voir ». Chétive, le regard brûlant, elle dit : « Je suis venue jusqu’ici ici pour aller en Europe. C’est mon rêve, personne n’a le droit de me l’arracher. Peu importe ce qui m’arrive, je ne renoncerai pas. » Ella est aujourd’hui enfermée dans le centre de détention de Tariq al-Sikka, à Tripoli, géré par le Département de lutte contre la migration illégale.

      Autour d’elle, dans un coin de la pièce, trois femmes se sont serrées sur les blocs de mousse qui servent de matelas, et jettent des regards obliques en direction de l’encadrement de la porte : le gardien y fume sa cigarette. Cette prison « modèle » est la seule que le gouvernement libyen laisse les journalistes visiter. On y sert deux repas par jour et les demandeuses d’asile ont le droit de posséder un téléphone portable.

      « Le centre est dur, on devient folles à force de patienter, mais on est tellement en danger dans les villes libyennes que c’est préférable d’être dedans plutôt que dehors. On a la sécurité. Même si on risque autre chose ici… » Quoi exactement ? Coup de menton vers la silhouette masculine de la porte, ses amies lui ordonnent de se taire. « Vous allez partir d’ici dans une heure, mais nous, on va rester là pendant des mois, on doit se protéger », se fâche Beydaan (1), une jeune Somalienne enfermée depuis cinq mois ici, mais coincée depuis trois ans en Libye. Sa voisine Sanah (1) est soudanaise, c’est l’une des plus anciennes du centre : elle est arrivée en mai 2018 et a passé plusieurs entretiens avec des fonctionnaires du HCR. Depuis, elle attend une hypothétique place dans un pays d’accueil. « Au mois de mars, quatre femmes, mères de famille, ont été envoyées au Niger, répète-t-elle. Il paraît qu’après elles sont arrivées en Europe. »

      Mariam (1) l’Ethiopienne regarde avec des yeux fixes mais ne parle pas. Les autres racontent pour elle. Son mari a été exécuté par un passeur à Bani Walid, plaque tournante du trafic d’êtres humains en Libye. La torture, les viols y sont systématiques. Elle a passé plus d’un an dans un centre de détention « officiel » - la plupart sont en réalité gérés par des milices - à Khoms, avant d’être transférée à Tariq al-Sikka.

      « Le HCR s’oppose à la privation de liberté, les migrants ne devraient pas être enfermés, c’est notre position de principe, rappelle Paula Barrachina, porte-parole du HCR à Tripoli. Mais on se rend quand même dans les centres pour détecter les personnes les plus vulnérables et prodiguer des soins. C’est un dilemme permanent : faire de l’humanitaire sans participer à la pérennisation de ces lieux. »
      Places allouées au compte-gouttes

      Le HCR coadministre - avec le ministère libyen de l’Intérieur - à Tripoli son propre « centre de rassemblement et de départ », un site de transit où patientent les migrants « validés » pour obtenir l’asile en Occident. Mais les places dans les pays d’accueil étant allouées au compte-gouttes, le lieu est débordé. Quelque 1 500 personnes y vivent, dans un lieu aménagé pour 700. Surtout, les départs sont bien trop lents. Conséquence : les personnes vulnérables qui pourraient obtenir le statut de réfugiés croupissent dans des centres de détention insalubres, eux-mêmes saturés. Mais ils sont des dizaines de milliers d’autres à errer en Libye à la recherche d’une porte de sortie.

      « J’ai perdu patience. On ne peut pas continuer comme ça, tonne Ghassan Salamé, l’envoyé spécial des Nations unies en Libye. Il faut fermer ces centres de détention. Il y a des sévices, des directeurs qui sont suspectés de faire du trafic, des entreprises qui bénéficient de contrats de fournitures [de nourriture et entretien]… » Trois prisons du Département de lutte contre la migration illégale ont officiellement cessé leur activité cet été, mais plusieurs ONG affirment que les migrants interceptés en mer continuent d’y être envoyés. « La communauté internationale et l’opinion publique européenne sont malheureusement obsédées par ces centres, alors qu’en réalité nous avons un problème bien plus sérieux, qui ne concerne pas que 5 000 migrants, mais 700 000 à 800 000 personnes illégalement entrées en Libye, explique le diplomate. C’est sur elles que nous voulons nous concentrer, sur le grand nombre d’expatriés illégaux, essayer de les aider de manière humanitaire, les soigner, les aider à accéder au marché du travail, les protéger. » Pour mettre son plan à exécution, Salamé a demandé un programme de 210 millions de dollars (188 millions d’euros) au Conseil de sécurité des Nations unies : « Je suis fâché car nous n’en avons obtenu qu’un peu moins de 40 millions. Si nous devons faire ce pas supplémentaire, il faut vraiment que les pays qui le peuvent mettent la main à la poche. »
      « Un mois et demi pour traverser le désert »

      L’errance a fini par déposer Souleymane, 44 ans, sous le toit en tôle d’un hangar d’une administration à l’abandon, dans un quartier excentré de Tripoli. A sa suite, onze familles éparses, venues comme lui des monts Nouba, région en guerre du sud du Soudan. Allongé sur une natte en plastique, ses longues jambes repliées, le chef de la colonie décrit : « Nous sommes arrivés en Libye il y a un an. Nous habitions une maison dans la banlieue Sud de Tripoli dans une zone proche de la ligne de front. On entendait les tirs qui se rapprochaient, on est partis à pied. Après cinq jours à dormir sur la route, devant le HCR, un Libyen nous a trouvé cet abri. »

      Les autres hommes du campement se sont rassemblés en silence pour écouter la voix grave de l’ancien chauffeur de camion. « Je voyage avec ma femme et mes sept enfants, entre 1 an et demi et 16 ans. Je suis passé par le Tchad. Nous avons mis un mois et trois jours à traverser le désert, à cause des pannes. Le petit qui est là, à 5 ans, il marchait dix heures par jour. Nous étions vingt dans un camion de transport de bétail. A Sebha, j’ai été battu et torturé. Je suis arrivé au HCR à Tripoli le 28 février. Dix jours plus tard, j’étais enregistré. »

      A l’évocation de la chute du régime d’Omar el-Béchir, dans son pays, Souleymane sourit. « Au Soudan, le changement va prendre beaucoup de temps. Dans mon village, il n’y aura pas d’eau et d’école avant au moins quinze ans : mes enfants ne peuvent pas attendre. » Souleymane joue avec la cheville du garçon qui s’est installé contre lui. « Si j’avais assez d’argent, je pai erais la traversée à mon fils. Pour ma famille, cela coûte 3 500 euros de prendre la mer, environ 500 euros par personne, les bébés ne paient pas. Je sais qu’il y a une chance sur deux de mourir. »

      Il se redresse, calmement, insiste. « Je vois que vous ne comprenez pas. Pour des gens qui ont quitté une vie vraiment horrible, qui ont traversé le désert, le reste est dérisoire, ça n’a pas d’importance. » Faute d’argent, comme 45 000 autres demandeurs d’asile enregistrés par le HCR, il attend le miracle onusien d’une place d’accueil pour sa famille en Occident. « On dit qu’une famille de Soudanais est déjà partie pour la Norvège, après un an et demi d’attente. C’est bien, la Norvège ? »

      (1) Les prénoms ont été modifiés.

      https://www.liberation.fr/planete/2019/10/31/migrants-en-libye-je-sais-qu-il-y-a-une-chance-sur-deux-de-mourir_1760873

    • Refugees being ’starved out’ of UN facility in Tripoli

      Aid worker claims refugees are being denied food to motivate them to leave.

      The UN has been accused of trying to starve out refugees and asylum seekers who are sheltering for safety inside a centre run by the UN refugee agency in the Libyan capital of Tripoli.

      One group of about 400 people, who came to the Tripoli gathering and departure facility in October from Abu Salim detention centre in the south of the country, have apparently been without food for weeks.

      Among them are 100 minors, according to a recent assessment by the International Organization for Migration. They are “currently starving” apart from some food that other refugees manage to sneak out of another part of the centre, the IOM assessment said. They last received food assistance a “couple of weeks ago”.

      Internal documents seen by the Guardian show that the UNHCR is also planning to withdraw food from 600 other refugees and migrants in the centre – who include survivors of bombings, torture, forced labour and other human rights abuses. The majority have already tried to reach Europe by crossing the Mediterranean, but were returned to Libya by the EU-backed Libyan coastguard.

      In a document circulated among UN staff on Tuesday, and seen by the Guardian, the agency said it would “phase out” food catering from 31 December. The document said the information should not be made public before mid-December, when 230 more refugees have been evacuated to other countries, in order to prevent disruption. After that, the facility will no longer be used as a transit centre, the document said, until the remaining refugees and migrants “vacate voluntarily”.

      In the document, the UNHCR said that it would continue to finance cleaning in the centre after the withdrawal of food, partly to “prevent the reputational risk of having deficient/broken toilets and showers”. It also said a healthcare clinic on the site would continue to operate.

      An aid worker with knowledge of the situation, who spoke on condition of anonymity, said: “They are starving the population inside the [facility]. They’re just trying to starve them to motivate them to leave. It’s deliberately withholding aid to put people under pressure.”

      The group who will be affected by the next food withdrawal include 400 survivors of the 3 July Tajoura detention centre bombing, in which at least 53 refugees and migrants were killed after an airstrike hit the hall in which they were being held. Hundreds of survivors remained on the site of the strike for a week afterwards, staging a hunger strike in protest at the lack of help.

      They eventually walked dozens of miles to the gathering and departure facility, where they were let in but told their cases for evacuation wouldn’t be evaluated until they agreed to leave the centre.

      One Tajoura survivor told the Guardian this week that if they are forced to leave and fend for themselves in Tripoli “it will be a very dangerous scenario”. Refugees are frightened of forced recruitment by militias, being caught up in the ongoing civil war, or being kidnapped anew by traffickers. Others who have taken a UNHCR offer of money, in return for living alone in Tripoli, say the payments are not enough and they remain in danger. One Eritrean man recently released from Triq al Sikka detention centre was shot last week by men in police uniforms who, he said, were trying to rob him.

      “Still now they didn’t give food. I think it is [on] purpose?” an Eritrean refugee in the facility messaged the Guardian this week through WhatsApp. “Everyone is suffering and stressed and we have all decided to stay here until they use force, because being returned to a detention centre means again facing trafficking, torture and abuse.”

      The man said he spent more than a year in Abu Salim detention centre, which was repeatedly caught on the frontlines of Tripoli’s ongoing conflict. “[We have] no option until UNHCR gives us a positive response. Even if they leave we will stay here. We have no option, we will not go anywhere. There are no safe places in Libya at this time.”

      An 11 November email sent by the Guardian to UNHCR spokespeople, which asked whether denying food to former Abu Salim detainees in the facility was a “deliberate policy on UNHCR’s part”, went unanswered, as did further requests for comment.

      The internal UN document suggest that, after the agency stops using the facility as a transit centre, the property could continue to operate as an “open centre” for refugees and migrants previously held in detention centres, though there are other “possible scenarios”. These include that Libya’s department for combating illegal migration (DCIM) “moves in and forcibly removes all the migrants/asylum-seekers … [to] detention centres”, or that it turns the facility into a detention centre run by its own guards.

      The DCIM, which is under the interior ministry of the UN-backed Tripoli Government of National Accord, ostensibly runs a network of migrant detention centres in Libya, though in reality most are run by militias. A litany of human rights abuses, including rape and sexual abuse, labour exploitation and a denial of medical care have been reported.

      The UN-run facility opened in December last year to much fanfare. “The opening of this centre, in very difficult circumstances, has the potential to save lives,” said the UN high commissioner for refugees, Filippo Grandi. “It offers immediate protection and safety for vulnerable refugees in need of urgent evacuation, and is an alternative to detention for hundreds of refugees currently trapped in Libya.”

      https://www.theguardian.com/global-development/2019/nov/28/refugees-being-starved-out-of-un-facility-in-tripoli?CMP=share_btn_tw

    • Au centre du HCR à Tripoli, les migrants d’Abu Salim accusent l’ONU de ne pas les nourrir

      Les migrants actuellement réfugiés dans une partie du centre du HCR à Tripoli, le GDF, accusent l’agence onusienne de les « affamer ». Ces migrants n’ont pas accès aux distributions de nourriture et n’ont plus le droit d’en apporter de l’extérieur. Le HCR, de son côté, se défausse de toute responsabilité et assure que ce sont les autorités libyennes qui sont en charge de l’intendance du lieu.

      « L’ONU nous affame pour qu’on quitte le centre ». Massaoud* ne décolère pas. Ce migrant fait partie des 400 personnes qui se sont réfugiées dans un hangar juste à côté du centre de rassemblement et de départ (GDF), géré par les autorités libyennes en coordination avec le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Il avait rejoint le centre après avoir été libéré de la prison d’Abu Salim le 29 octobre.

      Selon lui, depuis leur arrivée, le GDF ne distribue pas de nourriture à ces migrants et depuis quelques jours, leur interdit même d’en faire entrer dans l’enceinte du hangar. En tout, 400 personnes seraient concernées par ces restrictions de vivres - sur les 1 200 hébergées au sein du centre du HCR à Tripoli.

      Ahmed*, un autre migrant du GDF, affirme à InfoMigrants que les autorités font en effet la différence entre deux catégories : les 400 migrants de la prison Abu Salim – arrivés en octobre - et les autres.
      Quelques migrants autorisés à apporter de la nourriture

      « Avant on pouvait faire entrer de la nourriture. Mais depuis ce week-end, la police refuse sans justification », soupire Massaoud qui raconte avoir été battu par les gardes libyens et envoyé dans la prison de Tarek al-Sika plusieurs jours parce qu’il avait justement apporté de la nourriture dans le hangar. Il a ensuite été renvoyé au GDF.

      Contacté par la rédaction, le HCR se dégage de toute responsabilité. Selon l’agence onusienne, ce sont les autorités libyennes qui sont en charge de l’intendance du lieu. Et toujours selon le HCR, les Libyens n’autoriseraient, en effet, les entrées de vivres dans le hangar qu’au compte-goutte.

      « La DCIM, l’organe du ministère de l’Intérieur chargé de surveiller le périmètre de l’installation [du hangar], n’autorise actuellement que peu de représentants des demandeurs d’asile à acheter de la nourriture et des boissons pour le reste du groupe », explique Tarik Argaz, porte-parole du HCR en Libye, dans un mail envoyé à InfoMigrants.
      Les migrants priés de quitter le centre

      Les migrants d’Abu Salim accusent également le HCR de les pousser dehors en les affamant. Mais les exilés affirment n’avoir nulle part où aller et redoutent les combats qui font rage dans la capitale libyenne. De son côté, le GDF se justifie en précisant que le centre est surpeuplé et qu’il est destiné à un « public vulnérable ».

      « Ils nous ont dit que la seule solution pour nous était de sortir du centre et de nous intégrer dans la société libyenne », explique encore Massaoud qui déplore que l’ONU ne traite pas son dossier de réinstallation. « Mais je vais faire quoi dehors ? C’est trop dangereux », s’inquiète le jeune homme.

      L’ONU propose un accompagnement à ceux qui accepteraient de quitter le GDF volontairement. « Le HCR leur offre une assistance pour les aider à s’établir dans les zones urbaines, y compris une assistance financière d’urgence pour une période de deux mois, des articles de première nécessité notamment des matelas, des couvertures, des vêtements, des kits d’hygiène, ainsi que l’accès à des soins médicaux », déclare encore Tarik Argaz.

      Depuis les premières arrivées spontanées début juillet, seulement 40 migrants ont accepté de quitter le GDF et de bénéficier de l’aide du HCR.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/21185/au-centre-du-hcr-a-tripoli-les-migrants-d-abu-salim-accusent-l-onu-de-
      #faim

    • UN Libya migrant center plagued with crowding, TB, food cuts

      The United Nations center in Libya was opened as an “alternative to detention,” a last, safe stop for migrants before they were resettled in other countries. Now, just a year later, it looks increasingly like the notorious Libyan lockups it was supposed to replace.

      The facility is jam-packed with nearly 1,200 migrants — about twice the number it was built for — including hundreds who fled from abuse at other detention centers in hopes of sanctuary. Dozens of patients with tuberculosis languish in a room crammed with mattresses. Sewage is overflowing, and armed guards from a local militia have effectively turned the center into a prison.

      Unable to cope, the U.N. last week offered migrants the equivalent of $112 each to leave, and warned that food, already down to emergency rations, would be cut off on Jan. 1 for unapproved arrivals.

      “This is very dangerous because among us there are people who are malnourished,” said a 27-year-old Sudanese man who arrived at the center in July. “If they cut food, they won’t be able to stand it.”

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      This story is part of an occasional series, “Outsourcing Migrants,” produced with the support of the Pulitzer Center on Crisis Reporting.

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      He, like the rest of the nearly dozen migrants who spoke with The Associated Press from the compound, asked to withhold his name because of fears of retaliation. Libyan security officials and U.N. and other aid workers confirmed that the U.N. had lost control of the facility.

      The conditions at the center underscore the predicament the U.N. finds itself in over migration. The UN has criticized the detention of migrants in Libya - a position it reiterated last month when Italy suggested the U.N. High Commissioner on Refugees run more centers as a solution to rampant abuse in Libyan prisons.

      “UNHCR does not and will not run places of detention in Libya,” its spokesman, Charlie Yaxley, told the AP.

      Yet that is effectively what the Tripoli facility has become.

      “It’s not the best possible scenario,” acknowledged Jean-Paul Cavalieri, the head of the UNHCR in Libya.

      Cavalieri lamented the chaos that has accelerated as migrants, acting on their own, escape other detention centers with torture, rape, slave labor and trafficking to what they hope will be UN protection. He said the UNHCR is glad they are free of detention but cannot handle them at its center, known as the Gathering and Departure Facility, where people supposed to be there for days now spend months, stuck in a bureaucratic limbo.

      “What we are trying to do now is to turn the loss of the GDF as a transit center into an opportunity,” Cavalieri said, but he struggled to articulate how. Cavalieri also said there are fears of possible abuse at the U.N. center, including of young girls. UN staff now spend just four hours a day in the compound, migrants and Libyan officials say.

      In a statement after the AP story ran, Vincent Cochetel, UNHCR Special Envoy for the Central Mediterranean, said no one was being forced to leave the center, but “the situation is very tense.” UNHCR said 20 people agreed to leave Friday.

      “We need the GDF (this transit centre) to function again as it was designed for the most vulnerable and most at risk refugees in detention, pending their evacuation out of Libya,” Cochetel added.

      The dilemma has grown out of Europe’s outsourcing of migration to Libya. Europe has poured nearly 425 million euros into Libya since 2016 to keep migrants from reaching its shores — money that goes mostly to the U.N. and other aid agencies to improve conditions for migrants and Libyans displaced by the country’s civil war. The U.N. runs a vast operation within Libya, registering 40,000 refugees and asylum seekers, with about 6,000 inside the detention system and the rest ensconced in communities in Tripoli and beyond.

      But dependence upon European funding and its increasingly restrictive migration policies have left the U.N. in the uncomfortable position of being the arbiter of horror stories. It is the U.N.’s job to decide who has suffered enough to get a coveted resettlement slot in another country.

      Many end up waiting months, sometimes years — often in other detention centers — to find out their fate. The U.N. is now threatening to suspend asylum cases altogether for unauthorized migrants who refuse to leave its GDF facility.

      The facility, like the UNHCR mission in Libya itself, was funded largely by European countries. The idea was that it would be operated by UNHCR, with cooperation from the Libyan government.

      The situation was less than ideal from the outset, Cavalieri acknowledged. Delayed by months of negotiations, UNHCR ultimately agreed to a series of conditions from the Libyan government: armed guards within the compound and Interior Ministry militia at the gates, no freedom of movement for the refugees and asylum seekers, and a single Libyan “partner” for the various lucrative contracts inside.

      Those conditions were never publicly spelled out. When the first group of refugees was resettled from the facility in December 2018, the UNHCR described it as “the first centre of its kind in Libya,” and said it was “intended to bring vulnerable refugees to a safe environment” while solutions were found. More than 2,300 people have passed through in the past year.

      The influx of unauthorized migrants began in July, when an airstrike hit a detention center in Tripoli, killing 54. Survivors walked through the city to the U.N. center and, once the guards admitted them, they refused to leave.

      The latest group to arrive, in late October, included more than three dozen tuberculosis patients among several hundred who walked out of Abu Salim detention center, where they had been imprisoned for the last year without regular meals. Those whose families could spare money paid guards to buy them food; others went hungry.

      U.N. officials at the center told the new group, mostly men from sub-Saharan Africa, that there would be no resettlement unless they left — either for another detention center or for the streets of Tripoli. They were given bread and water, and U.N. officials said they had no control over what happened next, according to two Eritrean asylum-seekers. That would be up to the commander of the armed guards at the gates.

      The Eritreans, whose government is considered among the world’s most repressive, refused to leave. They also refused to discuss returning home when an Eritrean diplomat unexpectedly showed up at the invitation of a U.N. migration official, according to the asylum-seekers. His arrival forced them to face a representative of the very government from which they are seeking asylum.

      The tuberculosis patients, meanwhile, are being treated on-site in a crowded room of their own. They receive medicine from the U.N. But the pills are supposed to be taken on a full stomach, and instead the patients are making do with the same biscuits, bread and water they all have subsisted on since their arrival.

      Most of the migrants at the U.N. center fled from worse and are torn between relief and fury — relief to have escaped Libya’s prisons alive, and fury at the impotence of the UN, which they say lacks either the will or the power to make any meaningful decisions about their future, inside the center or out.

      “I hate these organizations. They don’t have any humanity,” said a 15-year-old Eritrean who survived the airstrike, fled to the U.N. facility, and is waiting to learn what will happen to him. His group is not allowed outside because they speak no Arabic and are targets for kidnapping. There are no resettlement slots available other than Libya.

      “What shall we do?” he asked. “We have no options but to stay. Is there any news?”

      The last thing most of those the AP interviewed want is to be turned out into Libyan cities, which are dangerous for everyone — Libyans and foreigners alike — but especially for migrants. They are considered ripe for kidnappings for ransom and for arrest by Libyan authorities who return them to the same detention centers they fled. So migrants inside see few alternatives to their new prison — it’s better than the old one or the streets.

      “You are not allowed out because it’s like you are at the very last stage. You are almost outside Libya. It’s for your own safety,” said Khaled al-Marghani of LibAid, the Libyan group that operates the facility. “If you leave, I won’t be able to let you back in.”

      Hardly anyone seemed eager to accept the latest offer, which the U.N. said came with guarantees from the Libyan government that they would not be re-arrested on the streets. But it is militias that run the streets, and not the central government.

      One Sudanese migrant did agree to leave, seeing little alternative. He said he’ll now try to cross to Europe by sea before he is swept up in a Libyan raid to detain migrants.

      “Instead of living in Tripoli and getting tortured, the sea is less torturous,” he said.

      At a hearing late last month before members of the European Parliament, Annabelle Roig Granjon, a senior officer with UNHCR, fielded questions about how European funds were helping migrants inside Libya, especially in the center that opened a year ago to so much hope.

      “The nature of the center, which was meant to be a transit center, is changing and this is a challenge right now,” she said. “What was meant to be an alternative to detention is turning into something else.”

      https://apnews.com/7e72689f44e45dd17aa0a3ee53ed3c03

    • UN tells migrants to leave Libya transit centre as $6m project flounders

      ‘You will not be considered for evacuation or resettlement if you stay.’

      The UN says it is unable to help most residents of an overcrowded refugee centre in the Libyan capital it once touted as a safe haven. To encourage people to go, it is offering money and aid, even telling them they won’t be able to register as refugees to leave the war-torn country if they remain.

      Originally intended as a temporary residence for a small fraction of refugees – just those who had already been vetted by the UN’s refugee agency (UNHCR) and were scheduled for evacuation or permanent residency in other countries — the Gathering and Departure Facility (GDF) now has some 1,150 residents, well over its stated capacity.

      Most arrived over the last eight months of clashes in Tripoli, including 900 who UNHCR says entered “informally”; some even bribed their way in. As the fighting has intensified, numbers in the centre have risen and many of the people inside are hoping for, or demanding, a way out of the country – even though the UN says it can’t offer that to everyone.

      A flyer UNHCR began distributing late November at the GDF – seen by The New Humanitarian – offers food, cash, primary healthcare, and medical referrals to those willing to leave.

      “You will not be considered for evacuation or resettlement if you stay,” stresses the flyer – the latest in a series of attempts to encourage those who entered informally to leave. Aid, including cash, was also offered earlier. About 100 people have taken up the offer since late November, but others have also likely entered the facility.

      A source within UNHCR Libya, who requested anonymity because of the sensitivity of the issue, criticised the effort to push people out, calling it tantamount to “blackmail” to promise them help if they go and threaten their ability to secure refugee status if they do not.

      “Asylum seekers are asylum seekers and can’t be denied the right to seek asylum on the basis of their stay at the GDF,” they said, adding that the aid on offer had not included “any future consideration for their protection needs or safety” once they leave.

      The agency has defended its actions.

      UNHCR’s Special Envoy for the Central Mediterranean Situation Vincent Cochetel pointed out that there are only two locations in Libya, both in the Tripoli area, where people can officially register their claim as a refugee with UNHCR, and the GDF is not one of them.

      Cochetel said the agency can no longer provide for or protect the people inside, given that it has become overcrowded and dangerous.

      “We believe the urban environment is safer for them, as long as they have a roof over their heads,” he said, adding that his agency provides various services in Tripoli, where the vast majority of migrants already live and rent accomodations.

      UNHCR “is not in charge of the GDF”, and never was, according to a spokesperson, who said that the centre was under the jurisdiction of the Ministry of Interior, which allows UNHCR and a local NGO, LibAid, to provide services there – like healthcare and food.

      But it was the refugee agency that proposed the project, and a statement released after the GDF’s opening late last year said the facility is “managed by the Libyan Ministry of Interior, UNHCR, and UNHCR’s partner LibAid.”

      According to internal UN documents and several sources, the $6 million facility – paid for by international donors – has now become unsanitary and is in disarray.

      Many of those inside are unsure whether to stay or go.

      “UNHCR is putting a lot of pressure on us to leave the GDF,” one young Yemeni man who said he was in the centre told TNH by WhatsApp. “Should I leave the GDF no matter how dangerous the situation is for us?”
      How it got this bad

      There are more than 600,000 migrants in Libya, including 46,000 registered refugees and asylum seekers. Some came to work, but others aim to make their way to Europe, through a country that has become notorious for the rape, kidnap, and extortion of migrants, and for squalid detention centres run by militias and gangs.

      Originally intended as a waystation for those on their way out of Libya, a UNHCR press release issued last December said the then-new GDF was a place to “bring vulnerable refugees to a safe environment while solutions including refugee resettlement, family reunification, evacuation to emergency facilities in other countries, return to a country of previous asylum, and voluntary repatriation are sought for them”.

      The GDF is no longer the gleaming facility shown off in promotional videos and photos when it opened a year ago, when families posed with their packed bags, and kids smiled in a playground.

      An internal UNHCR report from early November, obtained by TNH, paints a starkly different picture, as do the numerous accounts of those living inside the centre.

      “Sewage water flooded days ago,” it says, adding, “the toilets in all the housing are extremely dirty… [and people] are complaining of the smell”. According to the report, some people had tuberculosis, scabies had begun to spread, and “food is stored in bad conditions”.

      Some of this may be due to overcrowding, although the GDF’s capacity is not entirely clear: last December UNHCR said the facility could hold 1,000 people, but that number was adjusted in subsequent statements – in September, it was 700, and in October 600.

      Numbers at the centre began to increase not long after it opened, although roughly in line with capacity until fighting broke out in Tripoli — with the internationally recognised government in Tripoli and the militias that back it on one side, and eastern forces led by general Khalifa Haftar on the other.

      Thousands of people found themselves trapped in detention centres on front lines, and UNHCR began evacuations to the GDF, including some of the “most vulnerable people” who had survived a July double airstrike on a centre called Tajoura that killed 52 people.

      Other people were evacuated to the GDF from other centres or flocked there themselves, from Tajoura or elsewhere – drawn by the decent living conditions (it reportedly came to be known as “hotel GDF”) or because they saw it as a first step out of the country.

      UNHCR tried to reserve GDF places for people it had previously registered as having a claim to refugee status – but distinguishing between refugees and other migrants has been at the heart of why the centre ran into trouble.

      In late October, hundreds of residents from a separate Tripoli detention centre called Abu Salim managed to leave, and they too headed for the GDF, even though UNHCR described the facility as “severely overcrowded” at the time.

      The guards who surround the GDF eventually let them in. Several sources, including UNHCR’s Cochetel told TNH that the guards — provided by the Tripoli government’s Department for Combating Illegal Migration (DCIM) — took bribes to do so.
      Unrealistic hopes?

      Libya is not a party to the international refugee conventions and does not accept refugees itself.

      That leaves those who have not made it out of Libya and to Europe with limited options.

      The UN’s migration agency, IOM, coordinates “voluntary humanitarian return” for migrants who want to go back to their home countries: nearly 9,000 people have opted for this option in 2019.

      UNHCR, meanwhile, registers asylum seekers and refugees in Libya for possible moves to other countries, including permanent resettlement (774 people this year), or evacuation to countries who have agreed to take them, but not as citizens, like Rwanda (1,410 in 2019).

      Until recently, UNHCR said the Libyan authorities had only allowed it to register people from nine countries for refugee status, but Cochetel said this had now changed and the agency could take the details of people of any nationality.

      In addition to cash and healthcare, UNHCR says people who leave the GDF are eligible for “documentation,” and a spokesperson said “there is a commitment from the authorities not to detain asylum seekers holding UNHCR documents.”

      But, even after registration, these papers do not confer the right to work, nor do they guarantee safety: Libya is a divided country with multiple authorities, none of which are party to refugee conventions and officially recognise UNHCR documents.

      Kasper Engborg, deputy head of office for OCHA Libya, the UN body that coordinates emergency response, explained how those flocking to the GDF often have expectations that go beyond just shelter.

      “They all went there in the hopes that this could be the first gateway to Europe, and they have obviously left [their home countries] for a reason. We are not in a place where we can judge what reasons people left for.

      “They believe as soon as they are in the GDF they are halfway on their way to Europe,” Engborg said, pointing out that not many countries have so far stepped up to offer spots to people who claim asylum in Libya, many of whom come from sub-Saharan Africa.

      A UNHCR report says 6,169 resettlement places have been found since September 2017, and over 4,000 of those have already been allocated.

      “At the end of the day it is the countries who decide who they want to take and how many people,” Engborg said.

      UNHCR’s Cochetel put it differently: “[Many] people believe UNHCR is a travel agency and we should resettle them all.” With limited spots available, he asked, “how do we do that?”

      While much of the blame for the current chaos in the GDF appears to have been placed on the new influx of people and a lack of resettlement spaces, others say the current situation points to problems that were there from the start.

      The GDF is across the street from the headquarters of the DCIM and a detention centre it runs, allowing people to slip between the facilities.

      That means, according to multiple sources who work in Libya’s aid operation, all of whom requested anonymity, that physical and administrative control has largely been dictated by local authorities, and occasionally the militias that back them and provide armed security.

      UNHCR’s Cochetel said the agency had limited choice in who it would work with in the GDF, and which firms to contract for services.

      It’s “costing us enormous amounts of money; we cannot choose the partners”, he said. “We pay for food four times the level we should be paying.”

      Two sources, both of whom requested anonymity, said part of the problem at the GDF stems from the fact that UNHCR never had a clear-cut agreement with the Libyan authorities – who are themselves split – on how the agency and its local partner, Libaid, would be able to operate inside the facility.
      What’s next?

      As controversy for the centre continues to swirl, it’s not clear what’s next for the GDF, and more importantly, for the people inside.

      A UNHCR spokesperson said a catering contract that provides hot meals to the people who entered the centre without vetting will end at the start of next year, but the UN denies it will let GDF residents go hungry. It says, too, that it will not shut off the electricity or stop providing aid altogether.

      “People are not going to be left in a starving situation,” said Engborg. “[If people do not leave] then other solutions will be found.”

      But those solutions – one floated by a UNHCR spokesperson includes the possibility that the facility could “be run as an open centre, administered by the Libyan government, where different UN agencies and partners could provide various services” – would have to be approved by the authorities in Tripoli.

      If conditions don’t improve, the UN could pull out altogether.

      The spokesperson said that “for the UN to remain engaged, the centre would need to be a purely civilian facility where agencies and residents would have unhindered access and freedom of movement”.

      One DCIM source, who requested anonymity because they were not authorised to speak to the media, said Tripoli authorities were unlikely to allow an unguarded centre on their doorstep.

      So far, there is little sign of others stepping in. Several international groups involved in providing aid to migrants and refugees declined to speak on the record about the GDF or say if they would pitch in to help those currently there.

      In the meantime, emotions are running high inside the centre, as desperate texts sent out to various media outlets lay bare.

      “It is a very confusing situation, and it is also a very difficult situation, because you are dealing with people’s hopes and emotions,” Engborg said. “Therefore, whatever rational decision that we often need to take, we are up against people’s legitimate hopes and emotions.”

      Leaving the GDF may mean a registration appointment, cash, and other help. But for some, staying may keep some semblance of safety and the dream of a new life elsewhere alive.

      Only around 100 residents have taken the UN up on its offer since it began distributing flyers, according to an aid worker in the centre. But the UN’s attempts to coax people out of the GDF and dissuade others from entering have largely proven unsuccessful. And, with no agreed resolution, it might get worse still.

      While “some people are leaving… new people are coming in”, said Cochetel. “They bribe, pay their way in… I have the feeling that more people will go there, thinking they will get better assistance at the GDF. [But] it’s not true.”

      https://www.thenewhumanitarian.org/news/2019/12/10/UN-migrants-Libya-transit-centre-project

    • Non, en Libye les migrants en centres de détention n’ont pas plus de chance d’être réinstallés en Europe

      En Libye, des trafiquants font payer à des migrants leur entrée en centre de détention en leur faisant croire qu’ils seront plus rapidement évacués et réinstallés en Europe. C’est totalement faux mais plusieurs centaines de personnes, désespérées, ont déjà été victimes de cette arnaque.

      Depuis l’été dernier, il arrive que des migrants paient pour être enfermés dans des centres de détention en Libye. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), informé de cette situation par des victimes de cette arnaque, les trafiquants demandent entre 200 et 500 dollars à certains migrants pour une place en centre de détention. Pour les convaincre de payer, ils leur promettent un accès facilité aux équipes du HCR et une réinstallation plus rapide en Europe.

      « Les trafiquants leur font la promesse qu’une fois qu’ils auront payé, le HCR sera pour eux comme une agence de voyage vers l’Europe. Parfois, ils leur disent même que le HCR a déjà planifié un rendez-vous avec eux », s’indigne Vincent Cochetel, représentant du HCR pour la Méditerranée centrale, contacté par InfoMigrants.

      Entre 200 et 500 dollars pour une place dans des centres dont les conditions de vie inhumaines (manque de nourriture et d’eau, absence d’hygiène et de soins, traitement dégradants…) sont régulièrement dénoncées par les ONG ? Pour Vincent Cochetel, le succès de cette nouvelle pratique des trafiquants est le signe d’une détérioration des conditions de vie des migrants en Libye. Si les personnes croient aux promesses des trafiquants et finissent par payer pour aller dans ces centres, c’est qu’elles se sentent trop en danger en dehors.

      « Les gens sont désespérés »

      « Beaucoup de quartiers de Tripoli sont touchés par des frappes aériennes et des coupures d’électricité et d’eau. Les gens se trouvent dans un cul de sac, ils n’ont pas assez d’argent pour traverser ou ne veulent pas prendre de risques car, avec l’hiver, l’eau est froide et la mer plus agitée. Ils sont désespérés et pensent qu’ils seront plus visibles dans ces centres », explique Vincent Cochetel.

      Certaines nationalités craignent également l’enlèvement. En Libye, selon le représentant du HCR, moins on parle l’arabe, plus on a une couleur de peau foncée et plus les risques d’être enlevé sont élevés.

      Pour alimenter cette nouvelle branche de leur économie, les trafiquants cibleraient en particulier les personnes membres des communautés érythréenne et soudanaise. Une rumeur persistante –bien que fausse – affirme que ces personnes ont plus de moyens financiers grâce à leurs diasporas.

      Le sentiment d’insécurité des migrants risque d’être renforcé par la fermeture, fin 2019, du centre de rassemblement et de départ (Gathering and Departure Facility, GDF) du HCR, à Tripoli. Pour compenser la fermeture de ce centre surpeuplé, L’agence onusienne assure qu’elle va renforcer ses programmes d’assistance dans des zones urbaines. Mais depuis avril 2019, le sud de la capital libyenne est en proie à un conflit armé.

      En juillet 2019, le centre de détention de Tajourah, près de Tripoli, a été la cible d’une frappe aérienne qui a fait plus de 44 morts et 130 blessés.
      « Les gens n’ont pas besoin d’être en détention pour être enregistrés »

      Pour les migrants qui ont accepté de payer pour se retrouver en centres de détention, les voies de recours sont inexistantes. Surtout dans un pays où « le système de détention officiel fait partie du ’business model’ des trafiquants », estime Vincent Cochetel,

      Le HCR lui-même reconnaît qu’il ne peut pas faire « grand-chose de plus que de prévenir les gens qu’ils n’ont pas besoin d’être en détention pour être enregistré ». « On essaye de faire passer le message dans différentes communautés. Mais parfois, ce qu’on dit a moins d’impact que le discours des trafiquants », déplore le représentant du HCR.

      Face à ce nouveau danger pour les migrants, la solution est de renforcer l’information dans les langues que les gens parlent. « Nous devons aussi bien équilibrer nos efforts de réinstallation pour qu’il n’y ait pas la perception qu’on réinstalle plus les gens en détention que ceux en milieu urbain », ajoute Vincent Cochetel.

      Depuis novembre 2017, le HCR a mis en place un système d’évacuation des réfugiés susceptibles d’obtenir une protection internationale dans un pays européen. Pour cela, les personnes doivent avoir été enregistrées en tant que réfugiés par l’agence onusienne. Ces enregistrements se font depuis les centres de détention officiels gérés par le département de lutte contre la migration illégale (DCIM, selon l’acronyme anglais) ou depuis le centre du HCR, à Tripoli.

      Les migrants évacués sont alors envoyés vers le Niger ou le Rwanda, dans l’attente de leur réinstallation dans un pays d’accueil. Mais les États européens et le Canada n’acceptent les réfugiés qu’au compte-goutte. Sur les quelques 50 000 réfugiés enregistrés par le HCR en Libye, seuls quelque 4 600 ont été réinstallés depuis novembre 2017.

      Les migrants qui parviennent à quitter les centres de détention et tentent de rejoindre l’Europe par la mer sont quasi-systématiquement interceptés par les garde-côtes libyens et renvoyés en détention.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/21425/non-en-libye-les-migrants-en-centres-de-detention-n-ont-pas-plus-de-ch

    • « A Tripoli, la vulnérabilité des demandeurs d’asile est immense »

      Selon la porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés, le nombre de candidats à la traversée vers l’Europe interceptés par les gardes-côtes libyens a « augmenté de plus de 120 % » en janvier.

      Caroline Gluck est porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) en Libye. Elle alerte sur la détérioration de la situation des migrants en Libye et déplore le manque de solution d’évacuation pour les plus vulnérables. Depuis l’assaut déclenché en avril 2019 par le maréchal dissident Khalifa Haftar contre le gouvernement d’accord national (GAN) de Tripoli, la sécurité s’est considérablement dégradée dans la capitale. Le HCR a décidé de fermer son centre de rassemblement et de départ de Tripoli.
      Quelle est aujourd’hui la situation des migrants en Libye ?

      Environ 640 000 migrants se trouvent actuellement en Libye et le pays continue d’être une terre d’accueil pour des travailleurs étrangers. Il faut ajouter à ces personnes 47 000 réfugiés et demandeurs d’asile, sachant que le HCR enregistre chaque mois un millier de demandeurs d’asile supplémentaires, qui ont pour beaucoup été libérés de centres de détention ou été victimes de trafiquants. Ils ont urgemment besoin d’aide. Ils sont Syriens, Soudanais, Erythréens, Palestiniens… Leur vulnérabilité est immense, en particulier pour ceux originaires d’Afrique.

      La Libye n’est pas un pays sûr, ni une terre d’asile. Les réfugiés y sont considérés comme étant dans l’illégalité et peuvent à tout moment être arrêtés et détenus. Il leur est souvent difficile de trouver un logement, a fortiori depuis le regain de la guerre civile à partir d’avril 2019, qui a provoqué le déplacement de 150 000 Libyens à l’intérieur du pays. Migrants et nationaux se retrouvent en concurrence pour trouver des logements abordables.

      De façon générale, le contexte sécuritaire a des conséquences considérables pour l’ensemble des agences internationales et des ONG. Plus du quart des effectifs libyens du HCR ont été déplacés à cause du conflit. Toutes nos activités sont ralenties. Notre présence est limitée aux villes de Tripoli, Benghazi et Misrata et nous ne pouvons pas apporter notre aide à tous ceux qui en ont besoin. En outre, les dysfonctionnements du système bancaire font que nous avons du mal à déployer notre programme de soutien pour les personnes vivant en milieu urbain. Quelque 5 000 foyers reçoivent jusqu’à présent cette assistance qui représente, pour une personne seule, 250 dollars [230 euros]. Ce n’est pas assez.
      Un an à peine après son ouverture, le HCR a annoncé la fermeture de son centre de transit pour réfugiés à Tripoli. Pourquoi ?

      Il y a encore 119 personnes au sein du centre de rassemblement et de départ (GDF) et nous aimerions le fermer la semaine prochaine. La suite qui sera donnée n’est pas encore claire. Ce centre devait être un lieu de transit pour des réfugiés particulièrement vulnérables avant leur évacuation de Libye et, éventuellement, leur réinstallation en Europe ou en Amérique du Nord.

      Mais nous avons été dépassés par la réalité du terrain. En juillet, après le bombardement aérien du centre de détention de Tajoura [est de Tripoli], nous y avons accueilli de façon exceptionnelle 400 personnes. Les réfugiés ont cru qu’en entrant dans notre centre, ils pourraient quitter les pays. Fin octobre début novembre, 400 personnes du centre de détention d’Abu Salim [quartier de Tripoli], qui n’étaient pas prioritaires, sont venues au GDF. Les gardes de la DCIM [département libyen de lutte contre la migration illégale, qui relève du ministère de l’intérieur], qui surveillent le complexe dans lequel se trouve le GDF, les ont laissés faire. On a su que certains payaient pour pouvoir entrer. Les lieux sont devenus surpeuplés.

      D’autres événements ont précipité notre décision de fermeture. En janvier, trois obus de mortier sont tombés près du GDF et des débris ont atterri près d’un entrepôt à l’intérieur du complexe. Au même moment, nous avons appris que la DCIM construisait un site militaire à proximité immédiate du GDF. Fin janvier, deux journées d’entraînement de forces armées y ont eu lieu. Le site a perdu sa vocation civile et les réfugiés devenaient une cible militaire. Nous ne pouvons plus y travailler.

      Nous sommes conscients de nos échecs et de nos vulnérabilités. Nous recherchons un nouveau site pour que des réfugiés particulièrement vulnérables y transitent avant des vols d’évacuation. Mais nous avons aussi besoin que la communauté internationale offre plus de places de réinstallation. Seuls 2 400 réfugiés ont pu être évacués de Libye en 2019. Ce qui est vrai pour la Libye est vrai à l’échelle mondiale. Nous estimons qu’1,4 million de réfugiés en danger dans des pays de premier accueil ont urgemment besoin d’être évacués. En 2019, le HCR n’a pu en réinstaller que 63 000, soit 4,5 % des besoins mondiaux.
      Le sujet est moins présent dans l’actualité, mais les traversées de la Méditerranée se poursuivent…

      En janvier, les gardes-côtes libyens ont intercepté 1 040 personnes qui tentaient de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Il y a un an, ils en avaient intercepté 469. Cette augmentation de plus de 120 % est le fait de la guerre en Libye. Les gens sont désespérés. Des Libyens tentent aussi la traversée.

      On observe par ailleurs un changement depuis peu : les gens interceptés en mer ne sont plus systématiquement ramenés dans des centres de détention. Nous comprenons qu’il y a actuellement onze centres de détentions officiels, placés sous la responsabilité du ministère de l’intérieur, contre seize il y a encore quelques semaines. Il y a d’autres centres de détention non officiels, mais le HCR n’y a pas accès.

      Nous ne pouvons que spéculer sur les raisons des fermetures de certains centres officiels. Peut-être que les ressources du gouvernement sont employées sur d’autres fronts, peut-être que notre plaidoyer a eu un effet même si je pense qu’il est limité. La situation continue d’évoluer au jour le jour. Ce qui est certain, c’est que la Libye a besoin de paix. Nous espérons que les pourparlers progresseront mais, à ce stade, nous ne pouvons que constater le soutien militaire apporté par des pays étrangers malgré le cessez-le-feu et l’embargo sur les armes.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/02/14/a-tripoli-la-vulnerabilite-des-demandeurs-d-asile-est-immense_6029581_3212.h
      #vulnérabilité

  • Un camp de la Seconde Guerre mondiale reconverti en centre de détention pour enfants migrants

    Durant la #Seconde_Guerre_mondiale, les Américains d’origine japonaise ont été enfermés dans des #camps_d’internement. L’un de ces #camps, situé en #Oklahoma, est reconverti en #centre_de_détention pour enfants migrants alors que le sort réservé à ceux-ci fait de plus en plus scandale. Reportage du New York Times.

    https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-un-camp-de-la-seconde-guerre-mondiale-reconverti-e
    #USA #Etats-Unis #asile #migrations #réfugiés #cpa_camps #reconversion #hébergement #logement #histoire #rétention #2039-2045 #WWII #japonais

  • Témoignages : le #travail_forcé, l’autre facette de l’enfer que vivent les migrants détenus en #Libye

    Agriculture, travaux ménagers, construction de bâtiments… En Libye, les migrants enfermés dans les centres de rétention officiels sont forcés de travailler pour des employeurs libyens, sans rémunération et avec la complicité des autorités.

    « Régulièrement, des Libyens viennent nous chercher en prison et nous forcent à travailler pour eux », affirme à InfoMigrants John*, un migrant érythréen enfermé dans le centre de détention officiel de #Zintan, au sud de Tripoli.

    « Lorsque j’étais au centre de Tarek-el-Matar [à Tripoli, ndlr], des hommes en armes choisissaient parmi nous des personnes pour les forcer à travailler », explique à son tour Landry, un migrant camerounais qui vit aujourd’hui en Tunisie, joint par InfoMigrants.

    « On travaille de 8h du matin à la tombée de la nuit »

    La rédaction d’InfoMigrants a récolté nombre de témoignages qui racontent la même histoire : des employeurs libyens qui entrent dans les centres officiels, avec la complicité des gardes, pour choisir plusieurs migrants et les obliger à travailler toute la journée. Le soir, ils sont re-déposés au centre, sans avoir perçu la moindre rémunération.

    Il existe en Libye 16 centres de détention officiels où s’entassent environ 6 000 migrants, selon les estimations d’Amnesty International données fin 2018. C’est là que les migrants interceptés en mer par les garde-côtes libyens sont envoyés.


    « On travaille de 8h du matin à la tombée de la nuit. Si la tâche donnée n’est pas terminée, ils peuvent nous forcer à travailler toute la nuit », précise encore Landry.

    Cette main-d’oeuvre gratuite est ainsi réquisitionnée pour travailler dans la construction de bâtiments, dans les champs d’oliviers ou la récolte de tomates, dans l’agriculture mais aussi effectuer des travaux ménagers. Les femmes, sont, elles, forcées de se prostituer ou d’effectuer des tâches domestiques chez des particuliers.

    « Nous en avons entendu parler sur les réseaux sociaux mais nous n’avons pas la confirmation que cela existe », déclare à InfoMigrants Sasfa Msehli de l’Organisation internationale des migrations (OIM) en Libye.

    Ce phénomène n’est pourtant pas nouveau. Il est documenté depuis plus de deux ans. Un rapport du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) et de la mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) publié fin 2016 faisait déjà état de travaux forcés dans les centres de détention gérés par les autorités libyennes.

    « Si on refuse de les suivre, ils nous torturent et nous tuent »

    Des migrants « ont été forcés de travailler afin d’économiser suffisamment de fonds pour pouvoir sortir de détention. Après avoir travaillé toute la journée, certains sont ramenés dans les centres de détention le soir. D’autres sont détenus sur le lieu de travail pendant des semaines ou des mois », écrivent les auteurs du rapport.

    En décembre 2018, un rapport produit par les mêmes institutions réitère les observations de 2016. « Les hommes migrants et réfugiés sont régulièrement retirés de leur captivité pour effectuer des travaux manuels forcés […] », peut-on lire dans le document.

    Ces travaux forcés se font, par définition, sous la menace. « Si on refuse de les suivre, ils nous torturent, parfois nous tuent », signale Moussa, un Camerounais qui est passé par le centre de détention de Zouara, à l’ouest de Tripoli.

    « Lorsque je travaillais dans les champs, des hommes en armes contrôlaient ce que nous faisions. Si ça ne leur convenait pas ou si on s’arrêtaient quelques minutes, ils nous frappaient », assure de son côté Landry.

    Tous racontent aussi les privations de nourriture lors de leur journée de travail, sous le soleil brûlant de Libye. « Ils nous donnent seulement un morceau de pain et de l’eau », déplore John, toujours enfermé au centre de Zintan. « Le travail est très éprouvant, certains s’évanouissent ».

    « Les autorités légitiment cette pratique »

    Comment les migrants sont-ils choisis par les exploitants ? Souvent, ce sont les personnes les plus fortes physiquement qui sont désignées. « Si tu es costaud en Libye, tu es mort. Tu es réquisitionné pour toutes les tâches », se souvient Moussa.

    Le Camerounais explique aussi que les « anciens » ont plus de risques d’être exploités. « Les gardes ont espoir que les nouveaux arrivants puissent récupérer de l’argent de leur famille pour payer leur libération. Alors ils préfèrent envoyer les plus anciens pour les travaux forcés car ils savent qu’ils n’ont plus aucune chance de se faire de l’argent avec eux ». En d’autres mots, les plus anciens ne représentent plus aucun intérêt financier pour les gérants des centres de détention et sont donc à la merci des trafiquants.

    « Les autorités légitiment cette pratique », estime Hassiba Hadj-Sahraoui, conseillère aux affaires humanitaires de Médecins sans frontières (MSF), contactée par InfoMigrants. « Les employeurs passent des arrangements avec les gardes des centres de détention. Souvent, ils reçoivent de l’argent des trafiquants en échange de main d’œuvre gratuite ».

    Selon elle, les centres de détention sont une source de revenus pour de nombreux Libyens. « Tout le monde se fait de l’argent sur le dos des migrants, à tous les niveaux. Cela explique en partie que ces centres existent encore ».

    « Le système de détention libyen est en fait un système d’exploitation »

    Les travaux forcés ne se limitent pas à l’extérieur des prisons. Au sein même des centres de détention, certains migrants sont exploités par le personnel.

    « J’ai dû déboucher des toilettes du centre à mains nues, mais j’ai aussi été forcé de décharger des armes dans un entrepôt situé à quelques mètres de la prison », glisse Landry.

    Une pratique confirmée dans le rapport de 2018 du HCDC et de la Manul. Selon les auteurs, les migrants sont forcés de travailler « à l’intérieur des installations, notamment le nettoyage, la cuisine, le déchargement d’objets lourds et le lavage des véhicules des fonctionnaires de la DCIM [le département de lutte contre la migration illégale, chargé des centres de détention, ndlr] ».

    « Le système de détention libyen est en fait un système d’exploitation », déplore Hassiba Hadj-Sahraoui.
    Depuis 2016, l’Union européenne (UE) a signé un accord avec la Libye, permettant de fournir un appui logistique et matériel aux garde-côtes libyens. Pour les ONG, cet accord rend les États européens complices des exactions commises sur les migrants en Libye. En début de semaine, un collectif d’avocats a déposé plainte à la Cour pénale internationale (CPI) contre l’Union européenne pour « crimes contre l’humanité ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/17333/temoignages-le-travail-force-l-autre-facette-de-l-enfer-que-vivent-les
    #centres_de_détention #asile #migrations #réfugiés #esclavage_moderne
    ping @reka

    • Libye, loin des yeux, loin du cœur : reportage dans les centres de détention

      5 000 à 6 000 réfugiés et migrants sont détenus de façon arbitraire dans les centres de détention libyens qui dépendent du ministère de l’Intérieur basé à Tripoli.

      Ces derniers mois, leur situation s’est encore aggravée à cause du conflit qui a éclaté début avril entre le gouvernement libyen reconnu par les Nations unies et basé à Tripoli (GNA) et les forces de l’Armée Nationale Libyenne (ANL). Toutefois, malgré des appels répétés à la protection et à l’évacuation des réfugiés et des migrants détenus, ceux-ci ont peu de chances de parvenir en lieu sûr dans un avenir proche. Par ailleurs, nombre d’entre eux sont renvoyés de force dans ce même cycle de violences et de détention en Libye par les garde-côtes libyens soutenus par l’Union européenne.

      Loin de la zone de combat, des centaines de personnes restent enfermées pour une durée indéterminée, dans des conditions néfastes, dans des centres de détention où elles sont exposées aux maltraitances et à la mort, et poussées au désespoir.

      Dans le djebel Nafousa, une région montagneuse au sud de Tripoli, des personnes nécessitant une protection internationale et enregistrées auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en tant que réfugiés ou demandeurs d’asile, ont été abandonnées dans des centres de détention depuis des mois, voire des années, sans aucune assistance.

      De septembre 2018 à mai 2019, au moins 22 personnes sont décédées dans les centres de détention de Zintan et de Gharyan, principalement de la tuberculose. Parmi les morts se trouvaient des jeunes hommes, des femmes et un enfant de huit ans.

      Dans le centre de détention de Zintan, quelque 700 personnes étaient enfermées dans un entrepôt agricole surpeuplé, tandis que 200 autres étaient confinées dans un ensemble de petits bâtiments.

      https://www.msf.fr/actualites/libye-loin-des-yeux-loin-du-coeur-reportage-dans-les-centres-de-detention

    • Libye : incendie dans un centre de détention de migrants à Zintan

      Un feu s’est déclaré dimanche dans le centre de détention de Zintan, en Libye. Provoqué par des infrastructures électriques vétustes, l’incendie a provoqué des dégâts matériels et alerte une fois de plus sur les conditions de détention des migrants en Libye.

      Un nuage de fumée noire sort d’un bâtiment délabré. À l’extérieur, plusieurs jeunes hommes tentent d’évacuer les affaires qu’ils peuvent atteindre. Certains portent un tissu sur la bouche, maigre protection face à une fumée toxique.

      Dimanche 1er décembre, le centre de détention de Zintan, en Libye, a connu un incendie dont l’origine serait électrique. L’incident n’a pas fait de blessés même si certains migrants ont respiré des fumées. Une vingtaine d’entre eux ont perdu leurs affaires personnelles et le bâtiment où s’est déclaré l’incendie est désormais inutilisable.

      Selon Besay*, un jeune Érythréen détenu dans le centre et contacté par InfoMigrants, les gardiens ont mis plus d’une heure et demie à appeler les pompiers. Cet incendie rappelle que les conditions de vie des migrants en Libye sont extrêmement difficiles. Les ONG dénoncent régulièrement la situation des migrants dans les centres de détention gérés par le département libyen de lutte contre la migration illégale (DCIM, selon l’acronyme anglais).

      Près de 500 hommes – majoritairement érythréens et somaliens – sont détenus à Zintan. Parmi eux, plus d’une centaine sont atteints de tuberculose. Les équipes de Médecins sans frontières (MSF) n’ont accès aux détenus que depuis le mois de mai.

      Aujourd’hui, les malades de la tuberculose sont séparés des autres détenus pendant deux semaines. Mais cela n’a pas toujours été le cas. « Après ils reviennent avec nous », explique Besay. Le jeune Érythréen est lui-même malade. « Depuis quatre mois, je prends un traitement donné par MSF. »

      À Zintan, les migrants souffrent également du manque de nourriture. En mars 2019, plusieurs migrants étaient morts de faim dans le centre. InfoMigrants avait reçu des photos de jeunes hommes d’une maigreur extrême.

      Plus de 40 000 migrants ont été enregistrés en Libye par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Mais plusieurs centaines vivraient en tout dans le pays dans des centres de détentions officiels et clandestins ainsi que dans des squats et des logements individuels.

      https://www.youtube.com/watch?v=t7GmSTYgAK4&feature=emb_logo

      https://www.infomigrants.net/fr/post/21270/libye-incendie-dans-un-centre-de-detention-de-migrants-a-zintan?ref=tw

      #feu #incendie

    • La machine à broyer. Réfugiés et migrants piégés en Libye

      Fin 2017, des images effroyables de migrants vendus comme des marchandises en Libye faisaient le tour du monde et suscitaient une réaction en chaîne de nombreux dirigeants, en Libye, en Europe, en Afrique, promettant de prendre des mesures destinées à protéger les réfugiés et migrants d’un système d’exploitation organisée.

      Deux ans après, rien n’a pourtant changé. Présentes depuis 2017 auprès des migrants et réfugiés détenus en Libye, les équipes MSF témoignent de l’#horreur de la situation pour des milliers de personnes condamnées à croupir dans des centres de détention ou prises au piège d’un cycle sans fin de #violence et d’#abus.

      https://msf2016.atavist.com/libye-la-machine-a-broyer

      #MSF #rapport
      –----------
      v. des documents archivés sur seenthis en 2017 :
      https://seenthis.net/messages/605873

    • Migrant in Libya relives brutal detention through sketches

      A guard withholds water from a barefoot migrant kneeling in front of him. An emaciated man lies on the ground while a thermostat reads a broiling 43 degrees Celsius. Refugees cower to the ground as bullets whiz by.

      These rough pencil sketches by an Eritrean refugee offer a glimpse of the brutal reality of Libya’s migrant detention centers, where thousands have been locked away for months or even years. Most are there after failing to make the perilous crossing to Europe through the Mediterranean Sea.

      The artist asked to only be identified by his nickname, Aser, because he fears reprisals from militias for speaking out about what he says are “nightmare conditions” inside the centers. In a country with no functioning government, it is often competing militias who run the detention centers and make money off migrants.

      The drawings are based on what Aser, 28, witnessed inside several migrant facilities in Tripoli between September 2017 and October this year. At night, he recalls, he awoke to the sounds of militiamen dragging migrants from their sleep and beating them to get ransoms from their families, mostly in sub-Saharan Africa. Guards withheld food, water and medicine for the same reason.

      Libya’s migrant detention centers are rife with abuse, and many have gotten caught in the crossfire of the country’s civil war. One drawing depicts refugees in the crossfire between forces of military commander Khalifa Hifter and militias allied with the United Nations-supported government in Tripoli.

      Libya became a major crossing point for migrants to Europe after the death of longtime dictator Moammar Gadhafi in 2011, but Europe now sends money for Libya to prevent migrants from reaching its shores. With increased reports of torture and abuse inside detention centers, Europe’s policy of supporting the Libyan coast guard as it intercepts fleeing migrants has come under growing criticism.

      Aser says that often, the only drinking water available inside the hangars where he was kept was a few buckets of water for hundreds of people. He and others went weeks without seeing sunlight, and the crowded centers became breeding grounds for disease. At the last facility where he was held, Abu Salim, he and another migrant, who also spoke on condition of anonymity, said two Eritreans died from what they believed to be tuberculosis.

      Aser’s journey began more than four years ago, when he escaped forced military conscription in Eritrea, considered among the world’s most repressive governments. He made his way through Ethiopia and Sudan, and paid $6,000 to traffickers in Libya to secure a place on a boat to Europe. But the vessel was intercepted by the Libyan coast guard.

      He ended up in Tripoli in September 2017 and was placed in the first of three centers. Visiting workers from Doctors Without Borders, or MSF, provided him with pencils and paper, and he worked out of the sight of guards. He sometimes hid the drawings with other migrants, and took photos of some sketches before destroying them.

      In late October, Aser fled to an already overcrowded United Nations-run facility with hundreds of other detainees. Now his hope is that he can be one of the few to qualify for asylum, who are put on flights via Niger and Rwanda to Europe.

      In the meantime, he says, his only escape is art.

      “I dream that one day I can move out of Libya to develop my skill by gaining additional education,” he said.

      source : https://apnews.com/b55a574819e26a45c819fe843c946379

      #eau #guerre_civile #jeu_de_l'oie (une sorte de jeu de l’oie bien dramatique, car la dernière étape est le #cimetière dans ce dessin) #centre_de_détention #centres_de_détention #décès #mort

      Et pour le dessin du « tour des centres de détention » :
      https://twitter.com/mokhbersahafi/status/1211981910219657218?s=03

  • Somali returned to Libya under Italian policy sets himself on fire

    A Somali man set himself on fire in a Libyan detention centre on Wednesday, according to fellow detainees and the International Organisation for Migration (IOM).

    The man, who is in his late 20s, reportedly doused himself in petrol from a generator in the centre and lit it, after telling friends he had lost hope of being relocated to a safe country.

    Sources told The Irish Times the man carried out the action after being told he had little chance of evacuation by visiting officials from the United Nations Refugee Agency (UNHCR). The UNHCR said it was trying to verify this.

    IOM spokesman Joel Millman said the detainee had set himself on fire as an “act of protest”.

    “He was admitted into the hospital yesterday in Tripoli in the burn centre for intensive medical care. Our medical team visited him and informed the management that they are willing to support if it is needed,” he said.

    However, a fellow detainee said he believed the Somali man had died. “All refugees have [a] very bad feeling. Today [we’re] not eating at all because so many people have died.” This would be the eighth death in Triq al Sikka centre this year, according to the detainee.

    Tens of thousands of refugees and migrants have been returned to Libya since February 2017, when the country’s UN-backed government entered into a deal with Italy to prevent migration to Europe. Italian politicians have called the deal a success, because it has reduced the number of people arriving on their shores.
    Rife with abuse

    However, for the men, women and children returned to Libya, the situation is bleak. More than a dozen detainees across Tripoli contacted by phone have described detention centres rife with abuse, where they’re fed once a day at most, forced to work, and sometimes beaten or raped. Overcrowding has led to the spread of infectious diseases like tuberculosis.

    A Somali man set himself on fire in a Libyan detention centre on Wednesday, according to fellow detainees and the International Organisation for Migration (IOM).

    The man, who is in his late 20s, reportedly doused himself in petrol from a generator in the centre and lit it, after telling friends he had lost hope of being relocated to a safe country.

    Sources told The Irish Times the man carried out the action after being told he had little chance of evacuation by visiting officials from the United Nations Refugee Agency (UNHCR). The UNHCR said it was trying to verify this.

    IOM spokesman Joel Millman said the detainee had set himself on fire as an “act of protest”.

    “He was admitted into the hospital yesterday in Tripoli in the burn centre for intensive medical care. Our medical team visited him and informed the management that they are willing to support if it is needed,” he said.

    However, a fellow detainee said he believed the Somali man had died. “All refugees have [a] very bad feeling. Today [we’re] not eating at all because so many people have died.” This would be the eighth death in #Triq_al-Sikka centre this year, according to the detainee.

    Tens of thousands of refugees and migrants have been returned to Libya since February 2017, when the country’s UN-backed government entered into a deal with Italy to prevent migration to Europe. Italian politicians have called the deal a success, because it has reduced the number of people arriving on their shores.

    Rife with abuse

    However, for the men, women and children returned to Libya, the situation is bleak. More than a dozen detainees across Tripoli contacted by phone have described detention centres rife with abuse, where they’re fed once a day at most, forced to work, and sometimes beaten or raped. Overcrowding has led to the spread of infectious diseases like tuberculosis.

    Those detained include pregnant women and children of all ages.

    Sources in #Zintan, a detention centre 180km southwest of Tripoli, said that four detainees have died there within the past month. They say the poor conditions, including a lack of sanitation, have caused or contributed to the deaths.

    In Tripoli, detainees in two centres said their families at home are being forced to send money for them to buy food because managers in the Libyan department for combating illegal immigration (DCIM)-run centres say there is no other way for them to eat.
    Cross the Mediterranean

    Many detainees’ families have already paid ransoms of more than $2,000 to smugglers who held them prisoner, regularly torturing them, before allowing them to attempt to cross the Mediterranean.

    One man said the manager in his centre withholds food depending on his mood and whims. “If the leader of the detention centre gets happy by something in his own personal situation he tries to serve us food, if [he] not get happy he tries to stop it.”

    In September, the UNHCR updated its policy to say Libya is no longer a safe country to return people to. The organisation is currently registering detainees from countries including Eritrea, Somalia, Sudan and Ethiopia, who cannot return home or are unwilling to because of conflict or fear of persecution. Many are hoping for evacuation from Libya, but the number of resettlement places currently offered by other countries is very limited.

    https://www.irishtimes.com/news/world/africa/somali-returned-to-libya-under-italian-policy-sets-himself-on-fire-1.367
    #décès #mort #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_somaliens #Italie #expulsions #renvois Libye #détention #centre_de_détention #suicide

  • Fuir une dictature et mourir de faim en Italie, après avoir traversé la Méditerranée et passé des mois dans des centres en Libye.
    10 personnes à ses funérailles.
    Et l’Europe n’a pas honte.

    Ragusa, il funerale dell’eritreo morto di fame dopo la traversata verso l’Italia

    Il parroco di Modica: «Di lui sappiamo solo che è un nostro fratello»


    http://palermo.repubblica.it/cronaca/2018/03/20/news/ragusa_il_funerale_dell_eritreo_morto_di_fame_dopo_la_traversata_
    #mourir_de_faim #faim #Libye #torture #asile #migrations #fermeture_des_frontières #Méditerranée

    • Nawal Sos a décidé de faire un travail de récolte de témoignage de personnes qui ont vécu l’#enfer libyen, suite à la saisie du bateau de l’ONG Open Arms en Méditerranée.

      Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Nawal :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nawal_Soufi

      Voici le premier témoignage qu’elle a publié sur FB, que je copie-colle de la page web de Nawal :

      Questa e’ la testimonianza del primo rifugiato che ha dato la disponibilita’ a comparire davanti a qualsiasi corte italiana per raccontare i suoi giorni passati tra gli scafisti in Libia.

      Il 9 aprile del 2015 sono arrivato a casa dello scafista. Da casa sua sono partito via mare il 4 maggio del 2015. Erano le due di notte. In questo periodo le mie condizioni di salute erano particolari ed ero con uno/due ragazzi. Gli altri stavano peggio di me, dentro delle stanze dove la capienza era di dieci persone e in cui venivano rinchiuse settanta/ottanta/cento persone. Ci veniva dato solamente un pasto a giornata ed esso era composto da pane e acqua. L’acqua non bastava per tutti. Non c’erano servizi igienici per fare i propri bisogni. Prima dell’arrivo alla casa dello scafista viene raccontato che la situazione sarà perfetta e la casa grande in modo da garantire le migliori condizioni e che esiste un accordo con la guardia costiera. Appena si arriva a casa dello scafista si trovano altre condizioni. Una delle promesse che erano state fatte era quella di partire in poche ore, al massimo ventiquattro via mare. La verità è però che è necessario aspettare in base agli accordi con la guardia costiera: se vengono raggiunti dopo una settimana si parte dopo una settimana altrimenti è necessario aspettare fino a un mese, come è stato per me. Se una persona paga molto gli verrà fornito un salvagente altrimenti bisognerà affrontare il viaggio senza. Qualcuno portava con sé il salvagente mentre altri credevano alle parole dello scafista e non lo portavano. Anche sul salvagente cominciavano le false promesse: «Domani vi porteremo i salvagenti..». A seguito di queste promesse iniziavano a farsi strada delle tensioni con lo scafista. Le barche di legno su cui avremmo dovuto viaggiare erano a due piani: nel piano di sotto vi era la sala motore dov’è lo spazio per ogni essere umano non supera 30 x 30 cm massimo 40. Mettevano le persone una sopra l’altra. Le persone che venivano messe sotto erano le persone che pagavano di meno. Ovviamente lo scafista aveva tutto l’interesse di mettere in questo spazio il maggior numero di persone possibili per guadagnare sempre più con la scusante di usare questo guadagno per pagare la guardia costiera libica, la manutenzione della barca e altre persone necessarie per partire. Proprio nella sala motore ci sono stati vari casi di morti. La maggior parte della barche veniva comprata da Ras Agedir e Ben Gerdan, in Tunisia. Le barche arrivavano dalla Tunisia in pieno giorno, passando dalla dogana senza essere tassate né controllate. Le barche venivano portate al porto e ristrutturate davanti agli occhi di tutti. Una volta riempite le barche venivano fatte partire in pieno giorno (dalle prime ore del mattino fino alle due del pomeriggio) senza essere fermate dalla guardia costiera libica. Le uniche a essere fermate erano quelle degli scafisti che non pagavano mazzette ed esse venivano riportate indietro e i migranti arrestati. La guardia costiera chiedeva poi un riscatto allo scafista per liberare le persone. Così facendo lo obbligavano la volta dopo a pagare una mazzetta prima di far partire le sue imbarcazioni.
      In un caso molti siriani erano saliti su quella che chiamavamo «l’imbarcazione dei medici». Questi medici avevano comprato la barca per partire senza pagare gli scafisti ed erano partiti. A bordo c’erano 80/100 persone. Sono stati seguiti da individui non identificati che gli hanno sparato contro causando la morte di tutte le persone a bordo. Non si sa se siano stati degli scafisti o la guardia costiera.
      I contatti tra la guardia costiera libica e gli scafisti risultano evidenti nel momento in cui le persone fermate in mare e riportate a terra vengono liberate tramite pagamento di un riscatto da parte degli scafisti. Queste stesse persone riescono poi a partire con lo stesso scafista via mare senza essere fermate.
      In Libia, dove ho vissuto due anni, le condizioni di vita sono molto difficili. Gli stessi libici hanno iniziato a lottare per ottenere qualcosa da mangiare e per me, in quanto siriano senza possibilità di andare da qualsiasi altra parte, l’unica cosa importante era poter lavorare e vivere. Conosco molti ingegneri e molti professionisti che hanno lasciato la loro vita per venire in Libia a fare qualsiasi tipo di lavoro pur di sopravvivere. Non avevo quindi altra soluzione se non quella di partire via mare verso l’Europa. Sono partito e sono arrivato a Lampedusa e da lì ho raggiunto Catania.

      https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=580561452301350&id=100010425011901
      J’espère voir les autres témoignages aussi... mais elle les publie sur FB, du coup, je pense que je vais certainement ne pas tout voir.

    • Deuxième témoignage :

      Questa e’ la seconda persona che ha dato la sua disponibilita’ a comparire di fronte a qualsiasi Corte italiana per raccontare il suo viaggio e forse altri compagni di viaggio che erane nella stessa barca si uniranno a lui.
      Testimonianza di: Ragazzo Palestinese di Gaza
      (Per ovvi motivi non posso citare in nome qui)

      Traduzione in italiano:

      Per quanto riguarda il traffico degli esseri umani avviene tra Zebrata e Zuara in Libia. Tra i trafficanti e la guardia costiera libica c’è un accordo di pagamento per far partire le imbarcazioni. Al trafficante che non paga la guardia costiera gli viene affondata l’imbarcazione. La squadra della guardia costiera che fa questi accordi e’ quella di Al Anqaa’ العنقاء appartenente alla zona di Ezzawi. Otto mesi fa siamo partiti da Zebrata e siamo stati rapiti dalla guardia costiera libica. Dopo il rapimento abbiamo detto loro che siamo partiti tramite lo scafista che si chiama Ahmed Dabbashi. E la risposta della guardia costiera è stata: se solo ci aveste detto che eravate partiti tramite lo scafista Ahmed Debbash tutto ciò non sarebbe successo.

      Je n’arrive pas à copier-coller le link FB (arrghhh)

    • Time to Investigate European Agents for Crimes against Migrants in Libya

      In March 2011, the ICC Office of the Prosecutor of the international criminal court opened its investigation into the situation in Libya, following a referral by the UN Security Council. The investigation concerns crimes against humanity in Libya starting 15 February 2011, including the crimes against humanity of murder and persecution, allegedly committed by Libyan agents. As the ICC Prosecutor explained to the UN Security Council in her statement of 8 May 2017, the investigation also concerns “serious and widespread crimes against migrants attempting to transit through Libya.” Fatou Bensouda labels Libya as a “marketplace for the trafficking of human beings.” As she says, “thousands of vulnerable migrants, including women and children, are being held in detention centres across Libya in often inhumane condition.” The findings are corroborated by the UN Support Mission in Libya (UNMSIL) and the Panel of Experts established pursuant to Resolution 1973 (2011). Both report on the atrocities to which migrants are subjected, not only by armed militias, smugglers and traffickers, but also by the new Libyan Coast Guard and the Department for Combatting Illegal Migration of the UN-backed Al Sarraj’s Government of National Accord – established with EU and Italian support.

      https://www.ejiltalk.org/time-to-investigate-european-agents-for-crimes-against-migrants-in-libya

    • UN report details scale and horror of detention in Libya

      Armed groups in Libya, including those affiliated with the State, hold thousands of people in prolonged arbitrary and unlawful detention, and submit them to torture and other human rights violations and abuses, according to a UN report published on Tuesday.

      “Men, women and children across Libya are arbitrarily detained or unlawfully deprived of their liberty based on their tribal or family links and perceived political affiliations,” the report by the UN Human Rights Office says. “Victims have little or no recourse to judicial remedy or reparations, while members of armed groups enjoy total impunity.”

      “This report lays bare not only the appalling abuses and violations experienced by Libyans deprived of their liberty, but the sheer horror and arbitrariness of such detentions, both for the victims and their families,” said UN High Commissioner for Human Rights Zeid Ra’ad Al Hussein. “These violations and abuses need to stop – and those responsible for such crimes should be held fully to account.”

      Since renewed hostilities broke out in 2014, armed groups on all sides have rounded up suspected opponents, critics, activists, medical professionals, journalists and politicians, the report says. Hostage-taking for prisoner exchanges or ransom is also common. Those detained arbitrarily or unlawfully also include people held in relation to the 2011 armed conflict - many without charge, trial or sentence for over six years.

      The report, published in cooperation with the UN Support Mission in Libya (UNSMIL), summarizes the main human rights concerns regarding detention in Libya since the signing of the Libyan Political Agreement (LPA) on 17 December 2015 until 1 January 2018. The implementation of provisions in the LPA to address the situation of people detained arbitrarily for prolonged periods of time has stalled, it notes.

      “Rather than reining in armed groups and integrating their members under State command and control structures, successive Libyan governments have increasingly relied on them for law enforcement, including arrests and detention; paid them salaries; and provided them with equipment and uniforms,” the report says. As a result, their power has grown unchecked and they have remained free of effective government oversight.

      Some 6,500 people were estimated to be held in official prisons overseen by the Judicial Police of the Ministry of Justice, as of October 2017. There are no available statistics for facilities nominally under the Ministries of Interior and Defence, nor for those run directly by armed groups.

      “These facilities are notorious for endemic torture and other human rights violations or abuses,” the report says. For example, the detention facility at Mitiga airbase in Tripoli holds an estimated 2,600 men, women and children, most without access to judicial authorities. In Kuweifiya prison, the largest detention facility in eastern Libya, some 1,800 people are believed to be held.

      Armed groups routinely deny people any contact with the outside world when they are first detained. “Distraught families search for their detained family members, travel to known detention facilities, plead for the help of acquaintances with connections to armed groups, security or intelligence bodies, and exchange information with other families of detainees or missing persons,” the report highlights.

      There have also been consistent allegations of deaths in custody. The bodies of hundreds of individuals taken and held by armed groups have been uncovered in streets, hospitals, and rubbish dumps, many with bound limbs and marks of torture and gunshot wounds.

      “The widespread prolonged arbitrary and unlawful detention and endemic human rights abuses in custody in Libya require urgent action by the Libyan authorities, with support from the international community,” the report says. Such action needs to provide redress to victims and their families, and to prevent the repetition of such crimes.

      “As a first step, the State and non-State actors that effectively control territory and exercise government-like functions must release those detained arbitrarily or otherwise unlawfully deprived of their liberty. All those lawfully detained must be transferred to official prisons under effective and exclusive State control,” it says.

      The report calls on the authorities to publicly and unequivocally condemn torture, ill-treatment and summary executions of those detained, and ensure accountability for such crimes.

      “Failure to act will not only inflict additional suffering on thousands of detainees and their families and lead to further loss of life. It will also be detrimental to any stabilization, peacebuilding and reconciliation efforts,” it concludes.

      http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=22931&LangID=E

      Lien vers le #rapport du #OHCHR :


      http://www.ohchr.org/Documents/Countries/LY/AbuseBehindBarsArbitraryUnlawful_EN.pdf
      #détention_arbitraire #torture #décès #morts #détention

    • L’inferno libico nelle poesie di #Segen

      #Tesfalidet_Tesfom è il vero nome del migrante eritreo morto il giorno dopo il suo sbarco a Pozzallo del 12 marzo dalla nave Proactiva della ong spagnola Open Arms. Dopo aver lottato tra la vita e la morte all’ospedale maggiore di Modica nel suo portafogli sono state ritrovate delle bellissime e strazianti poesie. In esclusiva su Vita.it la sua storia e le sue poesie


      http://www.vita.it/it/story/2018/04/10/linferno-libico-nelle-poesie-di-segen/210
      #poésie

      Les poésies de Segen :

      Non ti allarmare fratello mio
      Non ti allarmare fratello mio,
dimmi, non sono forse tuo fratello?

      Perché non chiedi notizie di me?
      
È davvero così bello vivere da soli,

      se dimentichi tuo fratello al momento del bisogno?
      Cerco vostre notizie e mi sento soffocare
      
non riesco a fare neanche chiamate perse,

      chiedo aiuto,
      
la vita con i suoi problemi provvisori
      
mi pesa troppo.
      Ti prego fratello, prova a comprendermi,
      
chiedo a te perché sei mio fratello,
      
ti prego aiutami,
      
perché non chiedi notizie di me, non sono forse tuo fratello?
      Nessuno mi aiuta,
      
e neanche mi consola,

      si può essere provati dalla difficoltà,
      
ma dimenticarsi del proprio fratello non fa onore,
      
il tempo vola con i suoi rimpianti,

      io non ti odio,

      ma è sempre meglio avere un fratello.
      No, non dirmi che hai scelto la solitudine,

      se esisti e perché ci sei
 con le tue false promesse,

      mentre io ti cerco sempre,
      saresti stato così crudele se fossimo stati figli dello stesso sangue?
      

Ora non ho nulla,
      
perché in questa vita nulla ho trovato,

      se porto pazienza non significa che sono sazio
      
perché chiunque avrà la sua ricompensa,
      
io e te fratello ne usciremo vittoriosi 
affidandoci a Dio.

      Tempo sei maestro
      Tempo sei maestro
      per chi ti ama e per chi ti è nemico,
      sai distiunguere il bene dal male,
      chi ti rispetta
      e chi non ti dà valore.
      Senza stancarti mi rendi forte,
      mi insegni il coraggio,
      quante salite e discese abbiamo affrontato,
      hai conquistato la vittoria
      ne hai fatto un capolavoro.
      Sei come un libro, l’archivio infinito del passato
      solo tu dirai chi aveva ragione e chi torto,
      perché conosci i caratteri di ognuno,
      chi sono i furbi, chi trama alle tue spalle,
      chi cerca una scusa,
      pensando che tu non li conosci.
      Vorrei dirti ciò che non rende l’uomo
      un uomo
      finché si sta insieme tutto va bene,
      ti dice di essere il tuo compagno d’infanzia
      ma nel momento del bisogno ti tradisce.
      Ogni giorno che passa, gli errori dell’uomo sono sempre di più,
      lontani dalla Pace,
      presi da Satana,
      esseri umani che non provano pietà
      o un po’ di pena,
      perché rinnegano la Pace
      e hanno scelto il male.
      Si considerano superiori, fanno finta di non sentire,
      gli piace soltanto apparire agli occhi del mondo.
      Quando ti avvicini per chiedere aiuto
      non ottieni nulla da loro,
      non provano neanche un minimo dispiacere,
      però gente mia, miei fratelli,
      una sola cosa posso dirvi:
      nulla è irragiungibile,
      sia che si ha tanto o niente,
      tutto si può risolvere
      con la fede in Dio.
      Ciao, ciao
      Vittoria agli oppressi

    • Vidéo : des migrants échappent à l’enfer libyen en lançant un appel sur #WhatsApp

      Un groupe de migrants nigérians enfermés dans un centre de détention à #Zaouïa, en Libye, est parvenu à filmer une vidéo montrant leurs conditions de vie et appelant à l’aide leur gouvernement en juillet 2018. Envoyée à un ami sur WhatsApp, elle est devenue virale et a été transmise aux Observateurs de France 24. L’organisation internationale pour les migrations a ensuite pu organiser un vol pour les rapatrier au Nigéria. Aujourd’hui sains et saufs, ils racontent ce qu’ils ont vécu.


      http://observers.france24.com/fr/20180928-libye-nigeria-migrants-appel-whatsapp-secours-oim-video
      #réseaux_sociaux #téléphone_portable #smartphone

      Commentaire de Emmanuel Blanchard via la mailing-list Migreurop :

      Au-delà du caractère exceptionnel et « spectaculaire » de cette vidéo, l’article montre bien en creux que les Etats européens et l’#OIM cautionnent et financent de véritables #geôles, sinon des centre de tortures. Le #centre_de_détention #Al_Nasr n’est en effet pas une de ces prisons clandestines tenues par des trafiquant d’êtres humains. Si les institutions et le droit ont un sens en Libye, ce centre est en effet « chapeauté par le gouvernement d’entente nationale libyen – soutenu par l’Occident – via son service de combat contre l’immigration illégale (#DCIM) ». L’OIM y effectue d’ailleurs régulièrement des actions humanitaires et semble y organiser des opérations de retour, telles qu’elles sont préconisées par les Etats européens voulant rendre hermétiques leurs frontières sud.
      Quant au DCIM, je ne sais pas si son budget est précisément connu mais il ne serait pas étonnant qu’il soit abondé par des fonds (d’Etats) européens.

      #IOM

    • ’He died two times’: African migrants face death in Libyan detention centres

      Most of those held in indefinite detention were intercepted in the Mediterranean by EU-funded Libyan coastguard.

      Four young refugees have died in Libya’s Zintan migrant detention centre since mid-September, according to other detainees, who say extremely poor conditions, including a lack of food and medical treatment, led to the deaths.

      The fatalities included a 22-year-old Eritrean man, who died last weekend, according to two people who knew him.

      Most of the refugees detained in centres run by Libya’s #Department_for-Combatting_Illegal_Immigration (#DCIM) were returned to Libya by the EU-backed coastguard, after trying to reach Europe this year.

      The centre in #Zintan, 180 km southwest of Tripoli, was one of the locations the UN Refugee Agency (UNHCR) moved refugees and migrants to after clashes broke out in the capital in August. Nearly 1,400 refugees and migrants were being held there in mid-September, according to UNHCR.

      “At this detention centre, we are almost forgotten,” detainee there said on Wednesday.

      Other aid organisations, including Medecins Sans Frontieres (MSF), criticised the decision to move detainees out of Tripoli at the time.

      “Transferring detainees from one detention centre to another within the same conflict zone cannot be described as an evacuation and it is certainly not a solution,” MSF Libya head of mission Ibrahim Younis said. “The resources and mechanisms exist to bring these people to third countries where their claims for asylum or repatriation can be duly processed. That’s what needs to happen right now, without delay. This is about saving lives.”

      UNHCR couldn’t confirm the reports, but Special Envoy for the Central Mediterranean, Vincent Cochetel, said: “I am saddened by the news of the alleged death of migrants and refugees in detention. Renewed efforts must be made by the Libyan authorities to provide alternatives to detention, to ensure that people are not detained arbitrarily and benefit from the legal safeguards and standards of treatment contained in the Libyan legislation and relevant international instruments Libya is party to.”

      The International Organisation for Migration (IOM), which also works in Libya, did not respond to a request for confirmation or comment. DCIM was not reachable.

      Tens of thousands of refugees and migrants have been locked in indefinite detention by Libyan authorities since Italy and Libya entered into a deal in February 2017, aimed at stopping Africans from reaching Europe across the Mediterranean.

      People in the centres are consistently deprived of food and water, according to more than a dozen detainees in touch with The National from centres across Tripoli. One centre holding more than 200 people has gone the last eight days without food, according to a man being held there.

      Sanitation facilities are poor and severe overcrowding is common. Though the majority of detainees are teenagers or in their twenties, many suffer from ongoing health problems caused or exacerbated by the conditions.

      Aid agencies and researchers in Libya say the lack of a centralised registration system for detainees makes it impossible to track the number of deaths that are happening across “official” Libyan detention centres.

      Earlier this month, a man in his twenties died in Triq al Sikka detention centre in Tripoli, Libya, from an illness that was either caused or exacerbated by the harsh conditions in the centre, as well as a lack of medical attention, according to two fellow detainees.

      One detainee in Triq al Sikka told The National that six others have died there this year, two after being taken to hospital and the rest inside the centre. Four were Eritrean, and three, including a woman, were from Somalia.

      Another former detainee from the same centre told The National he believes the death toll is much higher than that. Earlier this year, the Eritrean man said he tried to tell a UNHCR staff member about the deaths through the bars of the cell he was being held in, but he wasn’t sure if she was listening. The National received no response after contacting the staff member he named.


      https://www.thenational.ae/world/mena/he-died-two-times-african-migrants-face-death-in-libyan-detention-centre

    • Migranti torturati, violentati e lasciati morire in un centro di detenzione della polizia in Libia, tre fermi a Messina

      A riconoscere e denunciare i carcerieri sono state alcune delle vittime, arrivate in Italia con la nave Alex di Mediterranea. Per la prima volta viene contestato il reato di tortura. Patronaggio: «Crimini contro l’umanità, agire a livello internazionale». Gli orrori a #Zawiya, in una struttura ufficiale gestita dalle forze dell’ordine di Tripoli

      https://www.repubblica.it/cronaca/2019/09/16/news/migranti_torture_sui_profughi_in_libia_tre_fermi_a_messina-236123857
      #crimes_contre_l'humanité #viols #justice

    • Torture, rape and murder: inside Tripoli’s refugee detention camps

      Europe poured in aid to help migrants in Libya – but for thousands, life is still hellish and many prefer to risk staying on the streets

      Men press anxious faces against the chicken-wire fence of Triq-al-Sikka migrant detention camp in downtown Tripoli as I enter. “Welcome to hell,” says a Moroccan man, without a smile.

      Triq-al-Sikka is home to 300 men penned into nightmare conditions. Several who are sick lie motionless on dirty mattresses in the yard, left to die or recover in their own time. Three of the six toilets are blocked with sewage, and for many detainees, escape is out of the question as they have no shoes.

      It wasn’t supposed to be this way. After reports of torture and abuse in detention centres, and wanting to stop the flow of people across the Mediterranean, the European Union has since 2016 poured more than £110m into improving conditions for migrants in Libya. But things are now worse than before.

      Among the inmates is Mohammed, from Ghana. In July, he survived an air strike on another centre, in Tajoura on the capital’s south-western outskirts, that killed 53 of his fellow migrants. After surviving on the streets, last month he got a place on a rickety smuggler boat heading for Europe. But it was intercepted by the coastguard. Mohammed fell into the sea and was brought back to this camp. His blue jumper is still stained by sea salt. He is desperate to get word to his wife. “The last time we spoke was the night I tried to cross the sea,” he says. “The soldiers took my money and phone. My wife does not know where I am, whether I am alive or dead.”

      Triq-al-Sikka’s conditions are harsh, but other centres are worse. Inmates tell of camps where militias storm in at night, dragging migrants away to be ransomed back to their families. Tens of thousands of migrants are spread across this city, many sleeping in the streets. Dozens bed down each night under the arches of the city centre’s freeway. Since April, in a sharp escalation of the civil war, eastern warlord Khalifa Haftar has been trying to batter his way into the city in fighting that has left more than 1,000 dead and left tens of thousands of citizens homeless.

      Libya has known nothing but chaos since the 2011 revolution that overthrew Muammar Gaddafi. In 2014, a multi-sided civil war broke out. Taking advantage of this chaos, smugglers transformed Libya into a hub for migrants from three continents trying to reach Europe. But after more than half a million arrivals, European governments have tightened the rules.

      This clampdown is obvious at the gates of a nondescript fenced compound holding white shipping containers in the city centre. It is the UN’s refugee Gathering and Departure Facility, nicknamed Hotel GDF by the migrants. From here, a select few who qualify for asylum get flights via Niger and Rwanda to Europe. But there are 45,000 registered migrants, and in the past year only 2,300 seats on flights for migrants – which have now stopped altogether, with Europe offering no more places. Yet dozens line up outside each day hoping for that magical plane ticket.

      Among those clustered at the fence is Nafisa Saed Musa, 44, who has been a refugee for more than half her life: In 2003, her village in Sudan’s Darfur region was burned down. Her husband and two of her three sons were killed and she fled. After years spent in a series of African refugee camps with her son Abdullah, 27, she joined last year with 14 other Sudanese families, pooling their money, and headed for Libya.

      In southern Libya, Abdullah was arrested by a militia who demanded 5,000 dinars (£2,700) to release him. It took two months to raise the cash, and Abdullah shows marks of torture inflicted on him, some with a branding iron, some with cigarettes. They all left a charity shelter after local residents complained about the presence of migrants, and now Nafisa and her son sleep on the street on dirty mattresses, scrounging cardboard to protect from the autumnal rains, across the street from Hotel GDF. “I have only one dream: a dignified life. I dream of Europe for my son.”

      Nearby is Namia, from Sudan, cradling her six-month-old baby daughter, clad in a pink and white babygrow. Her husband was kidnapped by a militia in February and never seen again and she makes frequent trips here asking the UN to look for him. “I hope he is in a detention centre, I hope he is alive.”

      Last week, 200 migrants, kicked out of a detention camp in the south of Tripoli, marched on Hotel GDF and forced their way inside, joining 800 already camped there, in a base designed to hold a maximum of 600.

      The UN High Commissioner for Refugees, which administers the centre, says it has no more flights, unless outside states offer asylum places: “We cannot reinforce the asylum systems there because it is a country at war,” says UNHCR official Filippo Grandi.

      Meanwhile, escape by sea is being closed off, thanks to a controversial deal Italy made with Libya two years ago, in which Rome has paid €90m to train the coastguard. The deal has drastically cut arrivals in Italy from 181,000 in 2016 to 9,300 so far this year, with the coastguard intercepting most smuggling craft and sending migrants on board to detention camps.

      “We have collected testimonies of torture, rape and murder in detention camps,” says Oxfam’s Paolo Pezzati. “The agreement the Italian government signed with Libya in February 2017 has allowed these untold violations.”

      Rome has faced criticism because among the coastguard leaders whose units it funds is Abd al-Rahman Milad, despite his being accused by the UN of being involved in sinking migrant boats and collaborating with people-smugglers. Tripoli says it issued an arrest warrant against him in April, but this is news to Milad. Bearded, well-built and uniformed, he tells me he is back at work and is innocent: “I have nothing to do with trafficking, I am one of the best coastguards in Libya.”

      For migrants and Libyans alike, the outside world’s attitude is a puzzle: it sends aid and scolds Libya for mistreatment, yet offers no way out for migrants. “You see [UN officials] on television, shouting that they no longer want to see people die at sea. I wonder what is the difference between seeing them dying in the sea and letting them die in the middle of a street?” says Libyan Red Crescent worker Assad al-Jafeer, who tours the streets offering aid to migrants. “The men risk being kidnapped and forced to fight by militias, the women risk being taken away and sexually abused.”

      Recent weeks have seen nightly bombing in an air war waged with drones. Women, fearing rape, often sleep on the streets close to police stations for safety, but this brings new danger. “They think 50 metres from a police base is close enough to protect themselves,” says al-Jafeer. “But they are the first targets to be bombed.”

      Interior ministry official Mabrouk Abdelahfid was appointed six months ago and tasked with closing or improving detention centres, but admits reform is slow. He says many camps are outside government control and that the UN has provided no alternative housing for migrants when camps close: “We have already closed three [detention] centres. We believe that in the nine centres under our formal control there are more or less 6,000 people.”

      A common theme among migrants here is a crushing sense of being unwanted and of no value, seen even by aid agencies as an inconvenience. For now, migrants can only endure, with no end in sight for the war. Haftar and Tripoli’s defenders continue slugging it out along a front line snaking through the southern suburbs and few diplomats expect a breakthrough at peace talks being hosted in Berlin later this month.

      Outside Hotel GDF, dusk signals the end of another day with no news of flights and the migrants trudge away to sleep on the streets. To the south, the flashes from the night’s bombardment light up the sky.

      https://www.theguardian.com/world/2019/nov/03/libya-migrants-tripoli-refugees-detention-camps?CMP=share_btn_tw

    • Torture nei campi di detenzione: le nuove immagini choc

      Donna appesa a testa in giù e presa a bastonate: le cronache dell’orrore dal lager di #Bani_Walid, in Libia. Sei morti in due mesi. Spuntano i nomi degli schiavisti: «Ci stuprano e ci uccidono»

      Una giovane eritrea appesa a testa in giù urla mentre viene bastonata ripetutamente nella «#black_room», la sala delle torture presente in molti centri libici per migranti. Il video choc - di cui riportiamo solo alcuni fermo immagine - è stato spedito via smartphone ai familiari della sventurata che devono trovare i soldi per riscattarla e salvarle la vita.
      È quello che accade a Bani Walid, centro di detenzione informale, in mano alle milizie libiche. Ma anche nei centri ufficiali di detenzione, dove i detenuti sono sotto la «protezione» delle autorità di Tripoli pagata dall’Ue e dall’Italia: la situazione sta precipitando con cibo scarso, nessuna assistenza medica, corruzione. In Libia l’Unhcr ha registrato 40mila rifugiati e richiedenti asilo, 6mila dei quali sono rinchiusi nel sistema formato dai 12 centri di detenzione ufficiali, il resto in centri come Bani Walid o in strada. In tutto, stima il «Global detention project», vi sarebbero 33 galere. Vi sono anche detenuti soprattutto africani non registrati la cui stima è impossibile.

      La vita della ragazza del Corno d’Africa appesa, lo abbiamo scritto sette giorni fa, vale 12.500 dollari. Ma nessuno interviene e continuano le cronache dell’orrore da Bani Walid, unanimente considerato il più crudele luogo di tortura della Libia. Un altro detenuto eritreo è morto qui negli ultimi giorni per le torture inferte con bastone, coltello e scariche elettriche perché non poteva pagare. In tutto fanno sei morti in due mesi. Stavolta non siamo riusciti a conoscere le sue generalità e a dargli almeno dignità nella morte. Quando si apre la connessione con l’inferno vicino a noi, arrivano sullo smartphone con il ronzio di un messaggio foto disumane e disperate richieste di aiuto, parole di angoscia e terrore che in Italia e nella Ue abbiamo ignorato girando la testa o incolpando addirittura le vittime.

      «Mangiamo un pane al giorno e uno alla sera, beviamo un bicchiere d’acqua sporca a testa. Non ci sono bagni», scrive uno di loro in un inglese stentato. «Fate in fretta, aiutateci, siamo allo stremo», prosegue. Il gruppo dei 66 prigionieri eritrei che da oltre due mesi è nelle mani dei trafficanti libici si è ridotto a 60 persone stipate nel gruppo di capannoni che formano il mega centro di detenzione in campagna nel quartiere di Tasni al Harbi, alla periferia della città della tribù dei Warfalla, situata nel distretto di Misurata, circa 150 chilometri a sud-est di Tripoli. Lager di proprietà dei trafficanti, inaccessibile all’Unhcr in un crocevia delle rotte migratorie da sud (Sebha) ed est (Kufra) per raggiungere la costa, dove quasi tutti i migranti in Libia si sono fermati e hanno pagato un riscatto per imbarcarsi. Lo conferma lo studio sulla politica economica dei centri di detenzione in Libia commissionato dall’Ue e condotto da «Global Initiative against transnational organized crime» con l’unico mezzo per ora disponibile, le testimonianze dei migranti arrivati in Europa.

      I sequestratori, ci hanno più volte confermato i rifugiati di Eritrea democratica contattati per primi dai connazionali prigionieri, li hanno comperati dal trafficante eritreo Abuselam «Ferensawi», il francese, uno dei maggiori mercanti di carne umana in Libia oggi sparito probabilmente in Qatar per godersi i proventi dei suoi crimini. Bani Walid, in base alle testimonianze raccolte anche dall’avvocato italiano stanziato a Londra Giulia Tranchina, è un grande serbatoio di carne umana proveniente da ogni parte dell’Africa, dove i prigionieri vengono separati per nazionalità. Il prezzo del riscatto varia per provenienza e sta salendo in vista del conflitto. Gli africani del Corno valgono di più per i trafficanti perché somali ed eritrei hanno spesso parenti in occidente che sentono molto i vincoli familiari e pagano. Tre mesi fa, i prigionieri eritrei valevano 10mila dollari, oggi 2.500 dollari in più perché alla borsa della morte la quotazione di chi fugge e viene catturato o di chi prolunga la permanenza per insolvenza e viene più volte rivenduto, sale. Il pagamento va effettuato via money transfer in Sudan o in Egitto.

      Dunque quello che accade in questo bazar di esseri umani è noto alle autorità libiche, ai governi europei e all’Unhcr. Ma nessuno può o vuole fare niente. Secondo le testimonianze di alcuni prigionieri addirittura i poliziotti libici in divisa entrano in alcune costruzioni a comprare detenuti africani per farli lavorare nei campi o nei cantieri come schiavi.
      «Le otto ragazze che sono con noi – prosegue il messaggio inviato dall’inferno da uno dei 60 prigionieri eritrei – vengono picchiate e violentate. Noi non usciamo per lavorare. I carcerieri sono tre e sono libici. Il capo si chiama Hamza, l’altro si chiama Ashetaol e del terzo conosciamo solo il soprannome: Satana». Da altre testimonianze risulta che il boia sia in realtà egiziano e abbia anche un altro nome, Abdellah. Avrebbe assassinato molti detenuti.

      Ma anche nei centri di detenzione pubblici in Libia, la situazione resta perlomeno difficile. Persino nel centro Gdf di Tripoli dell’Acnur per i migranti in fase di ricollocamento gestito dal Ministero dell’Interno libico e dal partner LibAid dove i migranti lasciati liberi da altri centri per le strade della capitale libica a dicembre hanno provato invano a chiedere cibo e rifugio. Il 31 dicembre l’Associated Press ha denunciato con un’inchiesta che almeno sette milioni di euro stanziati dall’Ue per la sicurezza, sono stati intascati dal capo di una milizia e vice direttore del dipartimento libico per il contrasto all’immigrazione. Si tratta di Mohammed Kachlaf, boss del famigerato Abd Al-Rahman Al-Milad detto Bija, che avrebbe accompagnato in Italia nel viaggio documentato da Nello Scavo su Avvenire. È finito sulla lista nera dei trafficanti del consiglio di sicurezza Onu che in effetti gli ha congelato i conti.

      Ma non è servito a nulla. L’agenzia ha scoperto che metà dei dipendenti di LibAid sono prestanome a libro paga delle milizie e dei 50 dinari (35 dollari) al giorno stanziati dall’Unhcr per forniture di cibo a ciascun migrante, ne venivano spesi solamente 2 dinari mentre i pasti cucinati venìvano redistribuiti tra le guardie o immessi nel mercato nero. Secondo l’inchiesta i danari inoltre venivano erogati a società di subappalto libiche gestite dai miliziani con conti correnti in Tunisia, dove venivano cambiati in valuta locale e riciclati. Una email interna dell’agenzia delle Nazioni Unite rivela come tutti ne fossero al corrente, ma non potessero intervenire. L’Acnur ha detto di aver eliminato dal primo gennaio il sistema dei subappalti.

      https://www.avvenire.it/attualita/pagine/torture-libia

  • Nearly 13,000 migrants and refugees registered at Moria camp in 2017

    A total of 12,726 migrants and refugees, hailing form 64 countries in the Middle East, Asia, Africa, South America and even the Caribbean, were registered at the official processing center on Lesvos last year.

    According to official figures from the hot spot at Moria on the eastern Aegean island, 40 percent of the arrivals processed at the center were men, 24 percent were women and 36 percent were minors.

    In terms of ethnicities, the Moria camp processed 5,281 Syrians, 2,184 Afghans and 1,800 Iraqis. It also received 826 people from Congo, 352 from Cameroon, 341 from Iran and 282 from Algeria. The remaining 1,660 asylum seekers came from 57 other countries, the data showed.


    http://www.ekathimerini.com/225403/article/ekathimerini/news/nearly-13000-migrants-and-refugees-registered-at-moria-camp-in-2017
    #statistiques #chiffres #arrivées #Grèce #Moria #Lesbos #hotspots #asile #migrations #réfugiés
    cc @isskein

    • MSF : des enfants tentent de se suicider dans le camp de Moria en Grèce

      Le camp de réfugiés de Moria sur l’île grecque de Lesbos a été à plusieurs reprises au centre de la crise migratoire européenne, mais les conditions de vie désastreuses semblent s’être encore détériorées. Luca Fontana, co-coordinateur des opérations de Médecins sans frontières (MSF) sur l’île, raconte notamment à InfoMigrants le désespoir des jeunes demandeurs d’asile.

      #Surpeuplement. #Violence. #Saleté. Ce ne sont là que quelques-uns des mots utilisés pour décrire le camp de migrants de Moria, en Grèce, à Lesbos. Dans une interview accordée à InfoMigrants, Luca Fontana, le co-coordinateur des opérations sur l’île pour MSF, a déclaré que des enfants y tentent même de mettre fin à leurs jours. « Il y a des enfants qui essaient de se faire du mal ainsi que des enfants qui ne peuvent pas dormir à cause d’idées suicidaires », explique-t-il. Ces enfants sont souvent traumatisés par les conflits qu’ils ont connus dans leur pays d’origine. Et les mauvaises conditions de vie dans le camp de Moria, qu’il décrit comme une « jungle », ne font qu’aggraver leur situation.

      Manque d’#accès_aux_soins de santé mentale

      « Nous dirigeons un programme de santé mentale pour les #enfants, avec des groupes de thérapie et des consultations pour les cas les plus graves », raconte-t-il. « Mais le problème est qu’il n’y a pas de psychologue ou de psychiatre pour enfants sur l’île : ils n’ont donc pas accès aux soins médicaux parce qu’ils ne sont pas transférés à Athènes pour y recevoir des soins spécialisés. »

      La clinique de santé mentale de MSF est située à #Mytilene, la capitale de Lesbos, et l’organisation est la seule ONG qui fournit des soins psychologiques à la population migrante de l’île. A la clinique, les enfants dessinent pour exorciser les traumatismes qu’ils ont subis dans leur pays, pendant l’exil ou en Europe.

      Les demandeurs d’asile sur l’île ont fui la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak, le Soudan et le Congo, des pays où la guerre est souvent une réalité quotidienne.

      Bien qu’il y ait eu des tentatives de suicide, aucune n’a abouti, précise Luca Fontana.

      Les temps d’attente pour les services de base sont longs, les conditions de vie « horribles »

      Les migrants doivent attendre longtemps avant d’obtenir des #soins médicaux, car le camp est surpeuplé. La capacité d’accueil est de 3 000 personnes, mais ils sont plus du triple, dont beaucoup vivent dans des tentes. Surtout, près de 3 000 occupants sont des enfants.

      A Moria, il y a très peu de #toilettes - environ 1 toilette pour 50 à 60 personnes. Les migrants reçoivent trois repas par jour, mais l’attente est longue. « Ils faut parfois attendre trois heures par repas. Les gens doivent se battre pour la nourriture et les services médicaux. »

      En juillet, MSF a lancé sur son site web plusieurs demandes d’aide urgentes. L’ONG souhaite que les personnes vulnérables soient déplacées vers des logements plus sûrs, pour « décongestionner le camp ».

      http://www.infomigrants.net/fr/post/11769/msf-des-enfants-tentent-de-se-suicider-dans-le-camp-de-moria-en-grece
      #suicides #santé_mentale #tentative_de_suicide

    • Réaction de Vicky Skoumbi via la mailing-list Migreurop (11.09.2018):

      En effet le camp de Moria est plus que surpeuplé, avec 8.750 résidents actuellement pour à peine 3.000 places, chiffre assez large car selon d’autres estimations la capacité d’accueil du camp ne dépasse pas les 2.100 places. Selon le Journal de Rédacteurs,(Efimerida ton Syntakton)
      http://www.efsyn.gr/arthro/30-meres-prothesmia
      Il y a déjà une liste de 1.500 personnes qui auraient dû être transférés au continent, à titre de vulnérabilité ou comme ayant droit à l’asile,mais ils restent coincés là faute de place aux structures d’accueil sur la Grèce continentale. Les trois derniers jours 500 nouveaux arrivants se sont ajoutés à la population du camp. La plan de décongestionn du camp du Ministère de l’immigration est rendu caduc par les arrivées massives pendant l’été.
      La situation sanitaire y est effrayante avec des eaux usées qui coulent à ciel ouvert au milieu du camp, avant de rejoindre un torrent qui débouche à la mer. Le dernier rapport du service sanitaire, qui juge le lieu impropre et constituant un danger pour la santé publique et l ’ environnement, constate non seulement le surpeuplement, mais aussi la présence des eaux stagnantes, des véritables viviers pour toute sorte d’insectes et de rongeurs et bien sûr l’absence d’un nombre proportionnel à la population de structures sanitaires. En s’appuyant sur ce rapport, la présidente de la région menace de fermer le camp si des mesures nécessaires pour la reconstruction du réseau d’eaux usées ne sont pas prises d’ici 30 jours. Le geste de la présidente de la Région est tout sauf humanitaire, et il s’inscrit très probablement dans une agenda xénophobe, d’autant plus qu’elle ne propose aucune solution alternative pour l’hébergement de 9,000 personnes actuellement à Moria. N’empêche les problèmes sanitaires sont énormes et bien réels, le surpeuplement aussi, et les conditions de vie si effrayantes qu’on dirait qu’elles ont une fonction punitive. Rendons- leur la vie impossible pour qu’ils ne pensent plus venir en Europe...

    • La prison dans la #prison_dans_la_prison : le centre de détention du camp de Moria

      Nous proposons ici une traduction d’un article publié initialement en anglais sur le site Deportation Monitoring Aegean (http://dm-aegean.bordermonitoring.eu/2018/09/23/the-prison-within-the-prison-within-the-prison-the-detent) le 23 septembre 2018. Alors que la Commission européenne et les principaux États membres de l’Union européenne souhaitent l’implantation de nouveaux centres de tri dans et hors de l’Europe, il semble important de revenir sur le système coercitif des #hotspots mis en place depuis deux ans et demi maintenant.

      Depuis la signature de l’accord UE-Turquie le 18 mars 2016, il est interdit aux migrants arrivant de Turquie sur les îles grecques – sur le sol de l’UE – de voyager librement à l’intérieur de la Grèce. Leur mouvement est limité aux petites îles de Lesbos, Chios, Leros, Samos ou Kos où se trouvent les hotspots européens. Certaines personnes ont été contraintes de rester dans ces « prisons à ciel ouvert » pour des périodes allant jusqu’à deux ans dans l’attente de la décision concernant leur demande d’asile. De nombreux migrants n’ont d’autres possibilités que de vivre dans les hotspots européens tels que le camp de Moria sur l’île de Lesbos pendant toute leur procédure d’asile. Tandis que l’apparence des fils de fer barbelés et les portes sécurisées donnent aux camps une apparence de prison, la majorité des migrants est en mesure de passer librement par les entrées sécurisées par la police du camp. Après leur enregistrement complet, les demandeurs d’asile sont techniquement autorisés à vivre en dehors du camp, ce qui n’est cependant pratiquement pas possible, principalement en raison du nombre limité de logements et de la possibilité de payer des loyers.

      Certaines personnes ne sont pas seulement obligées de rester sur une île dans un #camp, mais sont également détenues dans des centres de détention. À Lesbos, par exemple, les nouveaux arrivants sont régulièrement détenus à court terme au cours de leur procédure d’enregistrement dans un camp spécial du camp de Moria. En outre, ce camp dispose également d’une prison, appelée “#centre_de_pré-renvoi” (« #pre-removal_centre ») située dans l’enceinte du camp. Il s’agit d’une zone hautement sécurisée qui contient actuellement environ 200 personnes, avec une capacité officielle de détenir jusqu’à 420 personnes [AIDA]. Les détenus sont des migrants, tous des hommes, la plupart d’entre eux étant venus en Europe pour obtenir une protection internationale. Ils sont détenus dans un centre de pré-renvoi divisé en différentes sections, séparant les personnes en fonction de leurs motifs de détention et de leurs nationalités / ethnies. La plupart du temps, les détenus sont enfermés dans des conteneurs et ne sont autorisés à entrer dans la cour de la prison qu’une ou deux fois par jour pendant une heure. En outre, d’anciens détenus ont fait état d’une cellule d’isolement où des personnes pourraient être détenues en cas de désobéissance ou mauvais comportement pendant deux semaines au maximum, parfois même sans lumière.

      Motifs légaux de détention

      L’article 46 de la loi n°4375/2016 (faisant référence à la loi n°3907/2011 et transposant la directive d’accueil 2016/0222 dans le droit national) prévoit cinq motifs de détention des migrants : 1) afin de déterminer leur identité ou leur nationalité, 2) pour « déterminer les éléments sur lesquels est fondée la demande de protection internationale qui n’ont pas pu être obtenus », 3) dans le cas « où il existe des motifs raisonnables de croire que le demandeur introduit la demande de protection internationale dans le seul but de retarder ou d’empêcher l’exécution de décision de retour » (les décisions de retour sont en réalité largement adressées aux nouveaux arrivants et sont suspendues ou révoquées pour la durée de la procédure d’asile), 4) si la personne est considérée comme « constituant un danger pour la sécurité nationale ou l’ordre public » ou 5) pour prévenir le risque de fuite [Loi 4375/2016, art.46]. Cette diversité de motifs légaux de détention ouvre la possibilité de garder un grand nombre de personnes en quête de protection internationale dans des lieux de détention. Les avocats signalent qu’il est extrêmement difficile de contester juridiquement les ordonnances de détention, entre autre parce que les motifs des ordonnances de détention sont très vagues.

      Pour les demandeurs d’asile, la durée de la détention est généralement limitée à trois mois. Cependant, elle peut être prolongée si, par exemple, des accusations pénales sont portées contre eux (cela peut par exemple se produire après des émeutes dans le centre de détention). La détention des migrants dont la demande d’asile a été rejetée ou des personnes qui se sont inscrites pour un retour volontaire peut dépasser trois mois. Dans certains cas, les personnes doivent rester particulièrement longtemps en détention et dans un état d’incertitude lorsque leur demande d’asile et leur recours sont rejetés, mais qu’elles ne peuvent pas être expulsées car la Turquie refuse de les reprendre. Les avocats peuvent généralement accéder à la détention sur la recommandation du service d’asile, même s’il n’existe pas de motivation particulière justifiant la détention. À Lesbos, mis à part la participation de quelques avocats, l’assistance judiciaire pour contester les ordonnances de détention est presque inexistante, ce qui renvoi à un manque de possibilités et à des problèmes systématiques dans la manière dont les tribunaux traitent les « objections à la détention ».

      Détention en pratique – Le projet pilote visant certaines nationalités

      De nombreuses personnes sont détenues dans le centre de pré-renvoi après que leur demande d’asile ait été rejetée ou déclarée irrecevable et après avoir perdu le recours contre cette décision. D’autres sont détenus parce qu’ils ont accepté le soi-disant « retour volontaire » dans leur pays d’origine avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et sont enfermés dans l’attente de leur transfert dans un autre centre fermé situé sur le continent dans l’attente de leur déportation [voir notamment cet article sur les retour volontaires]. Un autre moyen extrêmement problématique utilisé pour détenir des demandeurs d’asile est la classification comme danger pour la sécurité nationale ou l’ordre public. La circulaire de police « Gestion des étrangers sans-papiers dans les centres d’accueil et d’identification (CRI) » illustre bien l’aspect pratique de cette loi. Dans le document, les termes « comportement enfreignant la loi » ou « comportement offensant » sont utilisés comme motif de détention. La circulaire de police, par exemple, énumère des exemples de « comportement enfreignant la loi », tel que « vols, menaces, blessures corporelles, etc. ». Par conséquent, le classement d’une personne qui a commis des infractions mineures et pouvant ainsi être détenu, est laissé à la discrétion de la police. Les avocats rapportent que le paragraphe est souvent utilisé dans la pratique pour détenir des personnes qui ne respectent pas les limites géographiques imposées.

      En outre, la possibilité de détenir des personnes en supposant qu’elles demandent l’asile afin d’éviter ou d’entraver la préparation du processus de retour ou d’éloignement est largement utilisée comme justification de la détention. Dans la pratique, la décision de mise en détention dépend souvent des chances présumées qu’un demandeur d’asile se voit accorder un statut de protection, ce qui est également lié à l’appartenance nationale du demandeur d’asile. En fait, cela conduit à la détention automatique de migrants appartenant à certains milieux nationaux immédiatement après leur arrivée. Alors que la Commission européenne recommande fréquemment une utilisation accrue de la détention des migrants afin de faciliter les retours, la détention spécifique basée sur la nationalité remonte à un soi-disant projet pilote qui est reflété dans la circulaire de la police locale grecque de juin 2016 mentionnée ci-dessus. Dans ce document, le ministère de l’Intérieur décrit les migrants d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, du Pakistan, du Bangladesh et du Sri Lanka comme des “étrangers indésirables” au “profil économique”, dont les données doivent être collectées non seulement dans le système d’information Schengen, mais également dans une base de données grecque appelée “Catalogue d’État pour les étrangers indésirables” (EKANA). Ce projet pilote comportait deux phases et a finalement été étendu à toutes les personnes dont le taux d’acceptation de l’asile – établi par nationalité – est statistiquement inférieur à 25%. Cela s’applique à de nombreuses personnes originaires de pays africains et était également utilisé auparavant pour les Syriens. (Les Syriens avaient un taux de rejet élevé parce que leur demande d’asile était souvent déclarée irrecevable, la Turquie étant considérée comme un pays sûr pour les Syriens.)

      Ce processus arbitraire contredit fortement l’idée de la Convention de Genève de donner aux individus les droits d’un examen impartial et individualisé de leur demande d’asile. En outre, en détention, les demandeurs d’asile ont moins accès aux conseils juridiques et sont soumis à de fortes pressions, ce qui multiplie d’autant les conditions d’être ré-incarcéré ou déporté. Dans de nombreux cas, ils ne disposent que d’un à deux jours pour préparer leur entretien d’asile et ne sont pas en mesure d’informer les avocats de leur prochain entretien d’asile, car ils ont une priorité dans les procédures. Ces facteurs réduisent considérablement leurs chances de bien présenter leur demande d’asile lors des auditions afin d’obtenir le statut de protection internationale. Pendant leur détention, ils sont souvent menottés lors de l’enregistrement et de l’entretien, ce qui les stigmatise comme dangereux et suggère un danger potentiel à la fois pour le demandeur d’asile et pour le premier service d’accueil / d’asile. Une personne, par exemple, a déclaré avoir été menottée au cours de son interrogatoire, le laissant incapable de prononcer un seul mot lors de son enregistrement où il aurait été crucial d’exprimer clairement sa volonté de demander l’asile.

      La rationalité de la détention de demandeurs d’asile présentant un faible taux de reconnaissance semble viser à les rejeter et à les expulser dans les trois mois de leur détention – ce qui n’a même pas été réalisé jusqu’à présent dans la plupart des cas. Au lieu de cela, cela aboutit principalement à une procédure automatique de détention injustifiée. Des ressortissants de nationalités telles que l’Algérie et le Cameroun sont arrêtés directement à leur arrivée. Ils sont simplement condamnés à attendre l’expiration de leurs trois mois de détention et à être libérés par la suite. Une fois libérés, ils se retrouvent dans le camp surpeuplé de Moria, sans aucun lieu ou dormir ni sac de couchage, et ils ne savent pas où trouver une orientation dans un environnement où ils ne sont pas traités comme des êtres humains à la recherche de protection, mais comme des criminels.

      Conditions de détention

      Dans le centre de pré-renvoi, les détenus manquent de biens de première nécessité, tels que des vêtements et des produits d’hygiène en quantité suffisante. À part deux jours par semaine, leurs téléphones sont confisqués. Les visites ne peuvent être effectuées que par des proches parents et – s’ils sont assez chanceux – par un avocat et par deux personnes travaillant pour une société de santé publique. Malgré leur présence, de nombreux détenus ont signalé de graves problèmes de santé mentale et physique. Dans certains cas, les personnes malades sont transférées à l’hôpital local, mais cela dépend de la décision discrétionnaire de la police et de sa capacité à l’escorter. Plusieurs détenus ont décrit des problèmes tels que fortes douleurs à la tête, insomnie, crises de panique et flashbacks similaires aux symptômes de l’état de stress post-traumatique, par exemple. Certains détenus s’automutilent en se coupant lourdement le corps et certains ont tenté de se suicider. Bien que les personnes classées comme vulnérables ne soient pas censées être détenues, il y a eu plusieurs cas où la vulnérabilité n’a été reconnue qu’après des semaines ou des mois de détention ou seulement après leur libération.

      Certaines personnes sortant du centre de pré-renvoi ont déclaré être des survivants de torture et de peines de prison dans leur pays, ce qui explique souvent pourquoi elles ont fui en Europe pour rechercher la sécurité mais se retrouvent à nouveau enfermés en Grèce. Les examens médicaux ont montré que certaines personnes détenues dans le centre de pré-renvoi étaient des mineurs. Bien qu’ils aient répété à plusieurs reprises qu’ils étaient mineurs, ils ont été retenus pendant encore de nombreuses semaines jusqu’à ce que l’évaluation de l’âge soit finalisée. D’autres personnes sont maintenues en détention, bien qu’elles parlent des langues rares telles que le krio, pour laquelle aucune traduction n’est disponible et, par conséquent, aucun entretien d’asile ne peut être mené.

      Les histoires d’individus dans le centre de pré-renvoi de Moria

      Ci-après, quelques comptes rendus récents de migrants sur leur détention dans le centre de pré-renvoi de Moria sont illustrés afin de mettre en évidence l’impact du régime de détention sur le destin de chacun. Un jeune Camerounais a été arrêté au centre de pré-renvoi de Moria, dès son arrivée dans le cadre du projet pilote. Il a signalé qu’il avait tenté de se suicider dans la nuit du 7 au 8 septembre, mais que son ami l’avait empêché de le faire. Il était en détention depuis la fin du mois de juin 2018. Il se plaignait d’insomnie et de fortes angoisses liées aux expériences du passé, notamment la mort de son frère et la crainte que son enfant et sa mère fussent également décédés. Il a reporté la date de son entretien d’asile à quatre reprises, car il se sentait mentalement incapable de mener l’entretien à son terme.

      Un ressortissant syrien de 22 ans, arrivé à Lesbos avec de graves problèmes de dos, a été arrêté au centre de pré-renvoi de Moria après s’être inscrit pour un “retour volontaire”. En Turquie, il avait été opéré à la suite d’un accident et le laissant avec des vis dans le dos. Il a décidé de retourner en Turquie, car il a constaté que l’opération chirurgicale nécessaire pour retirer les vis ne pouvait être effectuée que sur place. Le 18 juillet, il aurait été sévèrement battu par un officier de police dans le centre de détention du camp. Le même jour, des volontaires indépendants ont porté plainte dans un bureau de conciliation grec. Un médiateur lui a rendu visite le 20 juillet et lui a demandé s’il déposait officiellement plainte, mais il a refusé par crainte des conséquences. Quatre jours plus tard seulement, le 24 juillet, l’homme a été expulsé.

      Un Pakistanais a été arrêté le 18 avril sur l’île de Kos après le rejet de l’appel effectué contre le rejet de sa demande d’asile en première instance. Quelques mois plus tard, il a été transféré au centre de pré-enlèvement situé dans le camp de Moria, sur l’île de Lesbos. Les autorités voulaient l’expulser vers la Turquie, mais le pays ne l’a pas accepté. L’homme a déclaré qu’il vomissait régulièrement du sang et souffrait toujours d’une crise cardiaque qu’il avait subie un an auparavant. Selon son récit, les autorités lui avaient promis de le conduire à l’hôpital le 10 septembre. Cependant, il a été transféré au centre de pré-renvoi d’Amygdaleza, près d’Athènes, le 9 septembre, où il attend maintenant son expulsion vers le Pakistan.

      Quatre jeunes individus qui affirment être des ressortissants afghans mais qui ont été classés comme Pakistanais lors du dépistage par FRONTEX ont été arrêtés bien qu’ils se soient déclarés mineurs. L’un d’entre eux avait été arrêté sur le continent dans le centre de pré-renvoi d’Alledopon Petrou Ralli et avait été transféré au centre de renvoi de Lesbos au bout d’un mois. Il a ensuite été contraint d’y rester quelques mois de plus, avant d’être finalement reconnu comme mineur par le biais d’une évaluation de son âge puis libéré avec une autre personne également reconnue comme mineure. Une des personnes était considérée comme un adulte après l’évaluation de l’âge et le résultat pour la quatrième personne est toujours en attente.

      L’expulsion d’un ressortissant algérien détenu dans le centre de pré-renvoi à Lesbos a été suspendue à la dernière minute grâce à la participation du HCR. Il était censé être renvoyé en Turquie le 2 août, six heures seulement après le deuxième rejet de sa demande d’asile, ce qui le laissait dans l’impossibilité de contester la décision devant les instances judiciaires au moyen d’une prétendue demande d’annulation. Il a été amené à l’embarcadère pour la déportation et n’a été enlevé à la dernière minute que parce que le HCR a indiqué qu’il n’avait pas eu la chance d’épuiser ses recours légaux en Grèce et qu’il risquait d’obtenir un statut vulnérable. Cependant, compte tenu de l’absence d’avocats à Lesbos, des coûts et du travail charge de la demande en annulation, il ne put finalement s’opposer à l’expulsion et ne fut déporté que deux semaines plus tard, le 16 août.

      L’impact de la politique de détention

      L’utilisation généralisée de nouvelles possibilités juridiques de détenir des migrants a atteint une nouveau seuil à la frontière extérieure de l’UE dans la mer Égée. La liberté de mouvement est progressivement restreinte. Des milliers de personnes sont obligées de rester dans la zone de transit de l’île de Lesbos pendant de longues périodes et la plupart d’entre elles n’ont d’autres choix que de vivre dans le hotspot européen de Moria. D’autres sont même détenus dans le centre de détention situé dans le camp. Au niveau de l’UE, la pression augmente pour imposer des mesures de détention. La loi grecque, qui repose finalement sur la directive de l’UE sur l’accueil, offre de meilleures possibilités de maintenir les migrants en détention. Dans la mise en œuvre pratique, ils sont largement utilisés principalement pour les migrants de sexe masculin. Plus que pour faciliter les retours – qui sont relativement peu nombreux – les mesures de détention remplissent une fonction disciplinaire profonde. Ils créent une forte insécurité et de la peur.

      En particulier, le fait d’être arrêté immédiatement à l’arrivée envoie un message fort à la personne touchée, tel qu’il est exprimé dans la circulaire de la police : Vous êtes un « étranger indésirable ». Il s’agit d’une stigmatisation prédéterminée bien que la procédure d’asile n’ait même pas encore commencé et que les raisons pour lesquelles une personne soit venue sur l’île soient inconnues. Les personnes affectées ont déclaré se sentir traitées comme des criminels. Dans de nombreux cas, ils ne comprennent pas les motifs procéduraux de leur détention et sont donc soumis à un stress encore plus grand. Les personnes qui ont déjà été détenues arbitrairement dans leur pays d’origine et lors de leur périple signalent des flashbacks et des problèmes psychologiques résultant des conditions de détention pouvant conduire à de nouveaux traumatismes.

      Même s’ils sont finalement libérés, ils sont toujours dans un état mental d’angoisse permanente lié à la peur constante de pouvoir être arrêtés et expulsés à tout moment, sans aucune option légale pour se défendre. Ces politiques de détention des migrants ne visent pas à résoudre les problèmes de la prétendue “crise des réfugiés”. Au lieu de cela, ils visent avec un succès limité à faire en sorte que l’accord UE-Turquie fonctionne et à ce qu’au moins une partie des migrants rentrent en Turquie. Au niveau local, les politiques de détention sont en outre avant tout des mesures d’oppression, conçues pour pouvoir prévenir les émeutes et soi-disant pour “gérer” une situation qui est en fait “impossible à gérer” : la concentration de milliers de personnes – dont beaucoup souffrent de maladies psychologiques telles que des traumatismes – pendant des mois et des années dans des conditions de vie extrêmement précaires sur une île où les gens perdent progressivement tout espoir de trouver un meilleur avenir.

      https://cevennessansfrontieres.noblogs.org/post/2018/10/24/la-prison-dans-la-prison-dans-la-prison-le-centre-de
      #détention #prison #centre_de_détention #hotspot

    • Moria: la crisi della salute mentale alle porte d’Europa

      Migliaia di persone vivono ammassate in tende, suddivise in base al gruppo etnico di appartenenza. Siamo a Moria, sull’isola di Lesbo, il centro per migranti tristemente noto per le terribili condizioni in cui versa e per i problemi di salute delle persone che ospita. Tra gli assistiti dal International Rescue Committee 64% soffre di depressione, il 60% ha pensieri suicidi e il 29% ha provato a togliersi la vita. Marianna Karakoulaki ci racconta i loro sogni, le speranze e la realtà che invece sono costretti a vivere.

      In una delle centinaia di tende fuori da Moria, il centro di accoglienza e identificazione sull’isola greca di Lesbo, tre donne siriane parlano della vita nel loro paese prima della guerra e delle condizioni sull’isola. Temono che le loro dichiarazioni possano compromettere l’esito delle loro richieste di asilo, perciò non vogliono essere identificate né fotografate. Ma sono più che disposte a raccontare le esperienze che hanno vissuto dal loro arrivo a Moria.

      Quando parlano della Siria prima della guerra, a tutte e tre brillano gli occhi; lo descrivono come un paradiso in terra. Poi però è arrivata la guerra e tutto è cambiato; sono dovute fuggire.

      Due di loro sono sbarcate sull’isola sette mesi fa, mentre l’altra è qui solo da un mese. Quando passano a descrivere Moria e la vita che conducono qui, i loro occhi si riempiono di lacrime. Moria è un luogo orribile, paragonabile alla Siria devastata dalla guerra.

      “Se avessi saputo com’era la situazione qui, sarei rimasta in Siria sotto ai bombardamenti. Almeno lì avevano case al posto di tende”, dichiara la più anziana.

      Da quando è stata adottata la dichiarazione UE-Turchia per arrestare il flusso dei migranti in Europa, in Grecia è stato avviato il meccanismo europeo degli hotspot. Questo approccio era stato presentato per la prima volta con l’Agenda europea sulla migrazione 2017, ed è sostanzialmente basato sulla creazione di centri di accoglienza e identificazione nelle zone in cui arrivano i rifugiati. Fra queste c’è l’isola di Lesbo, e Moria è stato usato come centro di accoglienza per i rifugiati, diventando di fatto il primo hotspot greco. In un certo senso, la dichiarazione UE-Turchia ha legittimato l’approccio complessivo dell’Unione Europea al fenomeno migratorio.

      Moria è anche il più tristemente noto degli hotspot greci, per via del sovraffollamento e delle terribili condizioni di vita. Al momento della pubblicazione di questo articolo, più di 5800 persone risiedono in un’area che ha una capacità massima di 3100. Già base militare, oggi ha gli stessi abitanti di una cittadina greca, ma le condizioni di vita sono inadatte per chiunque. Si verificano regolarmente rivolte e aggressioni, e i rifugiati temono per la propria incolumità. A causa del sovraffollamento, gli operatori hanno allestito centinaia di tende in una zona chiamata Oliveto, che a prima vista sembra suddivisa in zone, ciascuna abitata da un gruppo etnico diverso.
      Una crisi della salute mentale

      Le organizzazioni internazionali per i diritti umani hanno condannato la situazione a Moria e ribadito la necessità di un decongestionamento. Un rapporto pubblicato a settembre dall’IRC (International Rescue Committee, Comitato internazionale di soccorso) ha sottolineato i gravi costi per la salute mentale dei rifugiati e parla di una vera e propria crisi.

      I dati forniti nel rapporto sono impressionanti. Dei 126 assistiti da IRC, il 64% soffre di depressione, il 60% ha pensieri suicidi e il 29% ha provato a togliersi la vita; il 15% ha invece compiuto atti di autolesionismo, mentre il 41% presenta sintomi di disturbo da stress post traumatico e il 6% manifesta sintomi di psicosi.

      La più anziana delle tre donne è arrivata in Grecia insieme alla famiglia, fra cui il figlio ventenne. Lo ricorda in Siria come un giovane attivo e pieno di amici, ma quando è arrivato in Grecia la sua salute mentale è peggiorata per via delle condizioni del campo. Un giorno, mentre era da ore in fila per un pasto, è stato aggredito e pugnalato. Non è mai più tornato a fare la fila. Ha anche pensieri suicidi ed esce a stento dalla sua tenda.

      Ascoltando il suo racconto, la più giovane delle tre donne dice di riconoscere alcuni degli stessi sintomi nel comportamento di suo marito.

      “Mio marito aveva già problemi di salute mentale nel nostro paese. Ma gli hanno dato del paracetamolo”, racconta.

      Le esperienze vissute dai rifugiati di Moria prima e durante la fuga dai paesi di origine possono essere traumatiche. Alcuni di loro sono stati imprigionati, torturati o violentati. Le condizioni di vita nell’hotspot possono amplificare questi traumi.

      Secondo Alessandro Barberio, psichiatra di Medici senza frontiere e del Dipartimento di salute mentale di Trieste, chi arriva sull’isola ha già patito grandi avversità nel paese di origine. Tuttavia l’assenza di alloggi adeguati, le attese interminabili e le condizioni deplorevoli possono riportare alla luce traumi passati o crearne di nuovi.

      “Quelli che arrivano qui, prima o poi – ma spesso dopo poco tempo – iniziano a manifestare sintomi di psicosi. Credo che ciò sia legato ai grossi traumi vissuti in patria e poi alle condizioni di vita dell’hotspot di Moria, che possono facilmente scatenare sintomi psicotici e non sono disturbi da stress post traumatico”, spiega.

      Barberio definisce poi negative e controproducenti le condizioni di vita all’interno del campo.

      L’assenza di speranze e di qualsiasi aspettativa, l’assenza di risposte, di diritti e della più elementare umanità sono legate ai traumi dei rifugiati e al tempo stesso li aggravano. Fra i sintomi che Barberio ha riscontrato nei pazienti ci sono disorientamento, stato confusionale, incapacità di rapportarsi agli altri o partecipare alle attività quotidiane. I traumi passati, unitamente alle condizioni attuali, possono portare i pazienti a sentire voci o a sperimentare visioni.

      “So riconoscere quel che vedo, e sto assistendo a nuovi casi di persone con sintomi psichiatrici. Si tratta di persone che non erano già pazienti psichiatrici. I loro sintomi, sebbene legati a eventi traumatici passati, sono del tutto nuovi.”
      Mancano le garanzie di base per la salute mentale

      Morteza* vive nella parte superiore dell’Oliveto, nella zona afgana del campo, che sembra essere stata dimenticata dalle autorità e dagli operatori in quanto occupa una proprietà privata. Ci vive insieme alla sorella, al cognato e ai loro bambini. Prima viveva in Iran, dove i diritti degli afgani erano fortemente limitati; poi si è trasferito in Afghanistan da adulto, ma è dovuto fuggire in seguito a un attacco dei talebani in cui è rimasto ferito.

      Morteza soffre di depressione e disturbo da deficit di attenzione e iperattività (ADHD). Quando viveva in Iran seguiva una terapia farmacologica per tenere a bada i sintomi, ma una volta arrivato in Grecia ha dovuto interromperla. Le farmacie del luogo non accettavano la sua ricetta, e all’ospedale di Mitilene, dove ha richiesto una visita, gli hanno prospettato un’attesa di mesi.

      “L’ADHD può essere molto problematica per gli adulti. Non riesco a concentrarmi, mi interrompo mentre parlo perché dimentico cosa volevo dire. Mi scordo le cose di continuo, e questo mi preoccupa in vista del colloquio per l’asilo. Devo annotarmi tutto in un taccuino”, spiega, mostrandomi un mazzetto di post-it gialli che porta sempre con sé.

      Nel campo di Moria vengono prestate le cure di base, ma le condizioni di sovraffollamento hanno messo in ginocchio i servizi sanitari. Stando al rapporto dell’IRC, le autorità statali greche responsabili della gestione di Moria sono incapaci di fornire sostegno ai rifugiati, non potendo venire incontro alle loro necessità di base, fra cui la salute fisica e mentale.

      Morteza appare disperato. La sua salute mentale è peggiorata e pensa ogni giorno al suicidio. Il suo colloquio per la richiesta di asilo è fissato per la primavera del 2019, ma lui sembra aver perso ogni speranza.

      “Lo so che non resterò qui per sempre, ma quando vedo i diritti umani calpestati non vedo la differenza rispetto a dove mi trovavo prima. Come posso continuare ad avere speranze per il futuro? Non voglio restare intrappolato su quest’isola per anni”, spiega.
      Una crisi europea

      Benché l’anno scorso varie ONG abbiano lanciato un appello congiunto per decongestionare l’isola e migliorare le condizioni dei rifugiati, ciò appare impossibile. Da quando è stata adottata la dichiarazione UE-Turchia sulla migrazione, i rifugiati sono soggetti a restrizioni di movimento, per cui non possono lasciare l’isola finché non hanno completato la procedura di asilo o se vengono dichiarati vulnerabili. Tuttavia, stando al rapporto dell’IRC, “i cambiamenti continui dei criteri di vulnerabilità e le rispettive procedure operative fanno temere l’insorgere di una tendenza alla riduzione del numero di richiedenti asilo riconosciuti come vulnerabili”.

      Il sistema di accoglienza ai rifugiati dell’Unione Europea costringe i rifugiati di Lesbo a un processo che ha conseguenze dirette sulla loro vita e un impatto potenzialmente gravissimo sulla loro salute mentale. Senza una strategia o una pianificazione ad hoc da parte delle autorità greche per risolvere tale crisi, i rifugiati sono abbandonati in un limbo.

      Secondo Alessandro Barberio, il soggiorno prolungato sull’isola nelle condizioni attuali priva le persone di tutti i sogni e le speranze che potevano nutrire per il futuro.

      “I rifugiati non hanno la possibilità di pensare che domani è un altro giorno, perché sono bloccati qui. Naturalmente c’è chi è più bravo a resistere, chi si organizza in gruppi, chi partecipa a varie attività, ma alla fine della giornata devono tutti rientrare a Moria”, dice.

      Per le tre donne siriane Moria è un luogo terrificante. Temono per la loro incolumità, temono per la salute dei figli e dei mariti. Ma dato che sono siriane, prima o poi potranno lasciare Moria e forse trovare asilo in Grecia.

      Per Morteza, invece, le cose saranno sempre più difficili e lui sembra già saperlo. Mentre ascolta musica metal sul telefono, parla del suo unico sogno: andare all’università e studiare filosofia, materia secondo lui in grado di guarire l’anima.

      Dal nostro ultimo incontro, Morteza è fuggito dall’isola.

      https://openmigration.org/analisi/moria-la-crisi-della-salute-mentale-alle-porte-deuropa/?platform=hootsuite

    • Lesbos à bout de souffle

      A Lesbos, en Grèce, où se trouve le plus grand camp de migrants d’Europe, la pression monte. Depuis la signature d’un accord avec la Turquie en 2016, les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de quitter l’île sans autorisation. Problème ? Les démarches administratives sont très longues, et en attendant leur entretien, les individus restent confinés dans un camp surpeuplé où les conditions sanitaires sont très difficiles. Résultat, Médecins Sans Frontières est confronté à de nombreux problèmes de santé mentale. Le système, à bout de souffle, ne tient que grâce au travail des nombreuses ONG locales tandis que l’Europe reste impuissante.

      https://guitinews.fr/video/2019/05/25/hot-spots-2-lesbos-a-bout-de-souffle
      #vidéo

  • #migrants : une milice empêcherait les départs de #libye
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230817/migrants-une-milice-empecherait-les-departs-de-libye

    Des migrants dans un centre « officiel » de détention à Tajoura, en Libye, le 6 août 2017 © Reuters Les routes migratoires via la Méditerranée sont en pleine redéfinition depuis cet été. La baisse inattendue des arrivées en Italie s’accompagne d’une hausse des débarquements en Espagne. Un groupe armé libyen pourrait contribuer à réduire les départs depuis la Libye.

    #International #asile #immigration

  • Bravo à Laurence pour ce projet prometteur !
    Archéologie d’une #frontière, projet multimedia, Stephanos Mangriotis, Laurence Pillant, 2014
    Les traces et la mémoire de l’enfermement à la #frontière_gréco-turque

    La frontière est une construction territoriale qui introduit de la distance dans la proximité. Son « effet de miroir » ouvre une fenêtre d’observation sur la société qui l’a construite. Ce construit socio-historique est en constante évolution et redéfinition, il doit donc être compris comme dynamique et évolutif.

    Ainsi la frontière gréco-turque a connu de grandes transformations ces dix dernières années. Ligne de démarcation entre deux pays aux querelles encore vives, cet espace fut longtemps surveillé et contrôlé militairement. Le début des années 2000 voit un nombre de franchissements clandestins toujours plus important. Le contexte européano-grec de répression de la migration irrégulière entraîne une « policiarisation » du #contrôle_migratoire. D’un contrôle militaire, la frontière voit naître un contrôle policier de plus en plus marqué. Ces transformations rapides se soldent par la naissance d’une vingtaine de #lieux_d’enfermement pour migrants. Sujets à des évolutions très importantes, ces lieux d’enfermement connaissent une durée de vie variable allant de quelques jours à quelques années. Du camp de fortune dans les premiers temps, au centre de rétention institutionnalisé, les lieux d’enfermement peuvent être définis par leur pluralité : entrepôt, usine, ancienne prison, commissariat, hôtel, etc.


    http://enigmur.hypotheses.org/4399

    cc @reka @albertocampiphoto
    #Grèce #Turquie #détention_administrative #rétention #migration #asile #réfugiés #centre_de_détention #camp #mémoire #enfermement #archéologie

  • #Euphémismes des camps en Europe

    Commentaires

    La carte montre les euphémismes que les Etats européens emploient pour parler des différents types de centres de détention : la Roumanie parle de « centre de prise en charge publique » (Centrul de custodie publica).

    La Turquie – pays candidat à l’UE – a même employer le terme de « guest houses », jusqu’à ce qu’elle soit rappelée à l’ordre par le Comité pour la Prévention de la Torture (CPT) qui a recommandé l’utilisation du terme de #centre_de_détention « puisque les personnes détenues dans ces centres sont sans aucun doute privées de leur liberté » .

    Migreurop préfère utiliser le mot « #camp », terme désignant les diverses modalités d’enfermement des migrants auxquelles les autorités de nombreux États dans le monde ont de plus en plus recours.


    http://closethecamps.org/2014/12/15/euphemismes-des-camps-en-europe
    #camps #migration #asile #réfugiés #détention_administrative #rétention #terminologie #vocabulaire #carte #cartographie #visualisation

    #cpa_camps

  • A Letter to #Harmondsworth

    Dear Harmondsworth IRC,

    I know you are very busy at the moment but I have a few questions about the three months you held me in detention.

    Why do the rooms in Harmondsworth feel like you are living in a coffin? Do you do this on purpose?

    If Harmondsworth is not a prison, then why does it look like a prison? Why does it smell like a prison? Why do the guards treat you like a prisoner?

    Why were people allowed to work in Harmondsworth but outside detention we are not allowed to work?

    http://unlocked.org.uk/blog/a-letter-to-harmondsworth

    #détention_administrative #UK #Angleterre #réfugiés #asile #migration #rétention #centre_de_détention_administrative #lettre

  • #Fermeture d’un #centre_de_détention israélien

    La Haute Cour israélienne de justice a ordonné mardi la fermeture du centre de détention #Holot, qui abrite des demandeurs d’asile africains, dans les 90 jours.

    Elle a également annulé un amendement à la loi anti-infiltration d’Israël, qui est entré en vigueur il y a neuf mois et qui stipulait que les immigrants illégaux pouvaient être détenus sans jugement jusqu’à un an.


    http://www.i24news.tv/fr/actu/israel/societe/44798-140922-israel-fermeture-d-un-centre-de-detention

    #Israël #rétention #détention_administrative #détention #migration #asile #réfugiés

  • #Unlocked: a Twitter tour of the UK’s detention estate

    In collaboration with other members of the Detention Forum, over the next few months Detention Action will be taking part in ‘Unlocking Detention’ – a Twitter tour of the UK’s detention estate. Digitally visiting a different site of detention each week, we will be ‘unlocking’ the gates of those hidden IRCs, short-term holding facilities and prisons, were people are detained without time-limit, for months, sometimes years.

    The tour will ‘unlock’ the gates of these places of detention so we can have a hard look at the cruel reality for those inside.

    This is a really exciting new awareness raising initiative but as well as re-tweeting our material during the tour (@DetentionAction or @DetentionForum) we also want you to take part too.

    If you have direct experience of detention, are supporting or working with people in detention, or have anything you want to say about detention, then get in touch! Do you have any reports, photos, artworks or articles you want to share during the tour? Are you a Detention Action volunteer? Do you remember your first visit to a detention centre? We want to hear your reflections!

    If so, don’t hasten to contact ben@detentionaction.org.uk or detentionforum@gmail.com to find out more or to send content over. For more information, you can visit www.unlocked.org.uk, which will go live in September. The schedule and suggested hashtags for the #Unlocked tour can be seen below:
    WEEK WHICH CENTRE? SUGGESTED HASHTAGS
    14 Sep to 20 Sep People held in prisons as immigration detainees #prisondetainees
    21 Sep to 27 Sep Short Term Holding Facilities #sthf
    28 Sep to 4 Oct Haslar #haslar
    5 Oct to 11 Oct Campsfield #campsfield
    12 Oct to 18 Oct Brook House #brookhouse
    19 Oct to 25 Oct Morton Hall #mortonhall
    26 Oct to 1 Nov Harmondsworth #harmondsworth
    2 Nov to 8 Nov Dover #dover
    9 Nov to 15 Nov Cedars #cedars
    16 Nov to 22 Nov Yarl’s Wood #yarlswood
    23 Nov to 29 Nov Tinsley #tinsley
    30 Nov to 6 Dec Colnbrook #colnbrook
    7 Dec to 13 Dec Dungavel #dungavel
    14 Dec to 20 Dec Summary Week #detention #unlocked

    http://detentionaction.org.uk/unlocked-a-twitter-tour-of-the-uks-detention-estate

    #détention #détention_administrative #rétention #UK #Angleterre #visite_guidée #centre_de_détention #migration #asile #réfugiés
    cc @reka

  • ‘A Kind of Purgatory’ : African Refugees in Israel

    By some estimates, 60,000 African asylum-seekers — mainly from Sudan and Eritrea — reside in Israel. For these men, women and children, the journey to the country is perilous: traversing hostile countries, often encountering bandits and facing the Egyptian and Sinai deserts before they even reach the border. Many who start the journey don’t make it. For those who do, they face a kind of purgatory rather than a home.

    http://sossinai.org/?p=978

    http://timethemoment.files.wordpress.com/2014/06/mg_3348.jpg?w=735
    http://timethemoment.files.wordpress.com/2014/06/mg_5774.jpg?w=735
    http://timethemoment.files.wordpress.com/2014/06/mg_5862.jpg?w=735
    http://timethemoment.files.wordpress.com/2014/06/mg_9443.jpg?w=735
    Toutes les photos du reportage, ici :
    http://lightbox.time.com/2014/07/07/african-refugees-in-israel/#11

    Des photos sur le #centre_de_détention de #Holot :
    http://timethemoment.files.wordpress.com/2014/06/mg_0251.jpg?w=735
    http://timethemoment.files.wordpress.com/2014/06/mg_5271.jpg?w=735
    #détention #rétention #détention_administrative

    #mur #barrière_frontalière #Egypte #Israël #Malin_Fezehai #photographie
    cc @albertocampiphoto

  • L’Allemagne ne parvient pas à accueillir toute la misère syrienne
    http://fr.myeurop.info/2014/06/18/allemagne-parvient-pas-accueillir-misere-syrienne-14031

    Delphine Nerbollier

    L’Allemagne est un des pays de l’Union européenne qui accueille le plus de #syriens. Mais une fois sur place, ces #réfugiés sont livrés à eux-mêmes. Quelques mois après leurs arrivées, beaucoup sont reconduits dans le premier pays européen où ils ont mis les pieds.

    #Berlin. Tamin est un Syrien originaire de Damas. Il vit dans la capitale allemande depuis plus de cinq mois. lire la suite

    #Société #INFO #Allemagne #Asile #Bachar_Al_Assad #Bulgarie #centre_de_détention #conflit #Dublin_II #guerre #Italie #Syrie #travail

  • A #Rome, l’enfer des centres de détention pour #clandestins
    http://fr.myeurop.info/2014/06/10/rome-enfer-des-centres-de-detention-clandestins-13988

    Ariel Dumont

    Bienvenue à #Ponte_Galeria. L’un des centres de rétention les plus durs et les plus insalubres de Rome. Si le gouvernement Renzi promet quelques avancées, notamment sur l’accès à la nationalité italienne, le quotidien de ces clandestins demeure terrifiant.

    La campagne. Le pépiements des oiseaux et ce soleil qui brûle la grande route goudronnée et les façades blanches des immeubles de banlieue, au loin. lire la (...)

    #INFO #Social #Italie #centre_de_détention #centre_de_rétention #conditions_de_vie #Dublin_II #immigrants #immigrés #Matteo_Renzi #réfugiés

  • A #Rome, l’enfer des centres de détention pour #clandestins
    http://fr.myeurop.info/2014/06/10/a-rome-l-enfer-des-centres-de-d-tention-pour-clandestins-13988

    Ariel Dumont

    Bienvenue à #Ponte_Galeria. L’un des centres de rétention les plus durs et les plus insalubres de Rome. Si le gouvernement Renzi promet quelques avancées, notamment sur l’accès à la nationalité italienne, le quotidien de ces clandestins demeure terrifiant.

    La campagne. Le pépiements des oiseaux et ce soleil qui brûle la grande route goudronnée et les façades blanches des immeubles de banlieue, au loin. lire la (...)

    #INFO #Social #Italie #centre_de_détention #centre_de_rétention #conditions_de_vie #Dublin_II #immigrants #immigrés #Matteo_Renzi #réfugiés

  • Tres policías nacionales imputados por malos tratos en el CIE de la Zona Franca
    –-> trois policiers accusés de mauvais traitement dans un #CIE de la zone franche

    La dirección del CIE no presentará en el juicio los vídeos de las cámaras de vigilancia alegando que no tienen capacidad de almacenamiento

    ’Cerremos los CIE’ celebra que, por primera, vez hay agentes imputados por malos tratos: «Es un paso contra la opacidad y la impunidad que hay en el CIE de la Zona Franca»

    http://www.eldiario.es/catalunyaplural/nacionales-imputados-CIE-Zona-Franca_0_245675698.html

    #police #migration #centre_de_détention #détention #rétention #Espagne #mauvais_traitement #Zona_Franca

  • #Violence et #grève_de_la_faim au centre fermé de #Bruges 25/02/2014

    UPDATE:25/02 19 heures : De l’efficacité de la #répression : le calme est revenu au #centre_fermé de Bruges : Quelques uns au cachot, une cohorte de flics avec chiens. “Impossible de résister” disent les prisonniers.

    www.gettingthevoiceout.org/violence-et-greve-de-la-faim-au-centre-ferme-de-bruges-25022014/

    #centre_de_détention #asile #réfugiés #migration #détention #rétention