• Comment l’exécutif veut reprendre en main la Préfecture de police, cet « Etat dans l’Etat », Elise Vincent, Nicolas Chapuis
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/20/grand-menage-avant-reprise-en-main-a-la-prefecture-de-police_5438680_3224.ht

    Après le limogeage de Michel Delpuech et de deux hauts fonctionnaires, l’exécutif va donner au nouveau préfet mission de réformer l’institution, selon les informations du « Monde ».

    Le projet était dans les tuyaux depuis plusieurs mois et il semble désormais mûr. Alors que la Préfecture de police (PP) est durement percutée par la crise des « #gilets_jaunes », la vague qui a commencé par emporter les hommes pourrait désormais chambouler toute l’institution. L’« échec », selon le mot ministériel, du #maintien_de_l’ordre lors de l’acte XVIII a déjà coûté sa place au préfet, Michel Delpuech, son directeur du cabinet, Pierre Gaudin, et le directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), Frédéric Dupuch. Mais iI pourrait accélérer dans la foulée des changements structurels plus importants au sein de la plus ancienne « maison police » de France créée en 1800 par Bonaparte, qui a toute autorité sur la capitale et la petite couronne.

    Selon nos informations, le nouveau #préfet Didier Lallement, qui doit être installé officiellement dans ses fonctions jeudi 21 mars par Christophe Castaner, doit en effet recevoir une lettre de mission avec deux priorités. La première, confirme le ministère de l’intérieur, sera de mettre en œuvre la doctrine de « fermeté renforcée » de maintien de l’ordre, présentée le 18 mars par le premier ministre.
    La seconde consistera à lancer une vaste réforme de la PP. Un signal qui se veut fort, alors que le sujet est depuis plusieurs années un serpent de mer. M. Lallement a rencontré à ce titre le président de la République, mardi. Il devait voir M. Castaner et son secrétaire d’Etat, Laurent Nuñez, mercredi.

    « #Didier_Lallement n’est là que pour ça, réformer la PP, cet Etat dans l’Etat », confirme un préfet qui connaît bien l’homme, souvent considéré comme dur, voire autoritaire. Les changements d’hommes en seraient les prémices. Le départ de M. Dupuch, maillon essentiel de la « chaîne de commandement » incriminée, était ainsi attendu.
    Le choix de se séparer de lui correspond à la lecture que la Place Beauvau a fait des « dysfonctionnements » dans la stratégie du maintien de l’ordre. Le puissant patron de la DSPAP, principale entité au sein de la PP avec quelque 19 000 hommes à son service, est accusé d’être l’auteur de la note interne sur les lanceurs de balles de défense (#LBD), qui aurait incité les troupes à en faire un usage réduit.

    Equipe amputée de membres importants

    Cela faisait en réalité plusieurs semaines que cette direction de la PP, qui gère notamment les #détachements_d’action_rapide, chargés des interpellations pendant les #manifestations, était dans le viseur du ministre de l’intérieur et de son secrétaire d’Etat. La Place Beauvau avait transmis des consignes pour que l’ensemble de la sécurisation des manifestations soit à la main de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), quand la PP avait opté pour une gestion bicéphale : le cœur de la mobilisation aux troupes de maintien de l’ordre de la DOPC, les abords aux petites unités plus mobiles de la DSPAP.

    Le nouveau préfet va donc devoir procéder rapidement à des nominations, dans un contexte de manifestations hebdomadaires. Ses deux principales directions sont fragilisées par cette crise. La DSPAP a été soudainement décapitée. Quant à la DOPC, elle sort de plusieurs semaines de flottement, après l’arrêt-maladie prolongé de son directeur, Alain Gibelin, finalement relevé de ses fonctions, le 15 mars. Jérôme Foucaud a été nommé en remplacement, lundi 18 mars. Mais il devra lui-même s’appuyer sur une équipe amputée de membres importants depuis l’affaire Benalla.

    Laurent Simonin, le chef d’état-major, ainsi que Maxence Creusat, à la tête de la cellule Synapse – une unité chargée de surveiller les réseaux sociaux qui joue un rôle majeur dans la gestion de la crise des « gilets jaunes » –, ont été mis en examen pour avoir transmis illégalement des images de vidéosurveillance à l’ancien chargé de mission de l’Elysée et ont donc été mutés à d’autres postes.

    « Chantier de transformation en profondeur »

    Quel que soit le jeu de chaises musicales à la PP, il devrait en tout cas être au diapason d’une réflexion profonde, amorcée dès l’automne au ministère de l’intérieur, et plus particulièrement pilotée par Laurent Nuñez, fin connaisseur de l’institution pour avoir été lui-même directeur du cabinet du préfet de 2012 à 2015. Si l’affaire Benalla a pu accélérer cette réflexion, plusieurs interlocuteurs assurent qu’elle était déjà amorcée sous Gérard Collomb. Le calendrier s’est ensuite précisé en décembre 2018, dans le cadre d’un « protocole » avec les #syndicats_policiers.
    Une partie des primes promises lors du premier pic de violences des « gilets jaunes » a en effet été conditionnée à des avancées sur plusieurs sujets « abrasifs », comme les décrit un proche du dossier : les heures supplémentaires, la gestion des cycles horaires et la réforme de la PP. Au cabinet de M. Castaner, on préfère dire que ce protocole a prévu « l’ouverture d’un chantier de transformation en profondeur » auquel les directions de la #gendarmerie et de la #police nationale ainsi que la PP ont été priées de contribuer en faisant des propositions. Le 13 mars, une réunion « d’étape » a en tout cas eu lieu sur le sujet.

    Lisser la chaîne de commandement

    Principal but de cette réforme quoi qu’il en soit : retirer à la Préfecture de police une partie de ses compétences spécifiques, qui lui confèrent une grande indépendance vis-à-vis du pouvoir politique – et de facto une grande puissance –, supprimer les doublons, lisser la chaîne de commandement, et potentiellement faire des économies… Sont principalement dans le viseur les directions chargées de la lutte contre l’immigration irrégulière, la police judiciaire, le renseignement et, dans une moindre mesure, la logistique. A la PP, un service spécifique gère en effet le matériel nécessaire par exemple à l’ordre public (barres-ponts, canons à eau etc.). Il est déjà en phase de dissolution.

    Le sujet sur lequel les discussions seraient les plus avancées, selon certaines sources, est l’#immigration. Il est ainsi envisagé la création d’une grande « direction zonale » rattachée à la #police_aux_frontières (DCPAF). Celle-ci est en effet compétente partout en France, sauf à Paris. « C’est compliqué car de nombreux réseaux internationaux ont leurs ramifications à Paris. La petite couronne concentre par ailleurs les deux tiers de l’immigration irrégulière. Or, les préfectures n’ont pas de police spécialisée sur cette zone où la PP est compétente… », décrypte un bon connaisseur du dossier, qui salue toutefois les « progrès » réalisés sous l’ère Delpuech avec la vague migratoire [sic, ndc] , notamment pour gérer de façon plus « fluide » les placements en #rétention.

    A la PP, l’un des principaux opposants au projet était Frédéric Dupuch, l’un des hauts fonctionnaires écartés mardi. Et pour cause, sa direction, la DSPAP, a aujourd’hui la gestion de l’immigration illégale en lien avec les commissariats de quartier. Le changement dans l’attribution des compétences affaiblirait cette entité prépondérante au sein de la préfecture.

    Une crise préoccupante des vocations

    Un sujet plus épineux actuellement sur la table concerne la #police_judiciaire. A l’instar de la DCPAF, la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) n’a pas compétence, en pratique, sur le territoire parisien, où les troupes du fameux « 36 » règnent en maître. Une situation qui engendre régulièrement une « guerre des polices » sur les belles affaires.
    « Ça ne se parle pas », regrette une source policière. « Dans un contexte d’internationalisation de la délinquance, notamment en matière de stupéfiants, cela pose des problèmes de continuum et pénalise en partie les stratégies nationales », souligne une autre source haut placée. Concrètement est donc aujourd’hui en réflexion un rattachement de la direction régionale de la police judiciaire de Paris à la DCPJ, dans une nouvelle structure zonale qui comprendrait Versailles.

    En matière de #renseignement, la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris (DRPP) est aussi potentiellement dans le viseur. Les projets à son égard semblent toutefois plus incertains. Depuis toujours, la DRPP défend un modèle « intégré », qui cumule les fonctions de renseignement territorial (ex-RG) et le suivi du « haut du spectre », soit les profils les plus dangereux, notamment en matière de terrorisme. Mais ce modèle doublonne en partie avec la compétence nationale de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui s’agace depuis longtemps de cette situation. La circulation de l’information en pâtit régulièrement, comme cela est apparu lors de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), en 2016.
    L’alignement des planètes semble néanmoins idéal aujourd’hui, aux yeux des stratèges du ministère de l’intérieur, pour parvenir à des avancées sur tous ces sujets. Et ce, car la plupart des organisations syndicales apparaissent aujourd’hui enclines à soutenir les réformes. Notamment pour des raisons de ressources humaines et de gestion de carrière. Une crise préoccupante des vocations traverse par exemple la police judiciaire, autrefois service roi. Un rattachement de la PJ parisienne (environ 2 000 personnes) à sa direction centrale, la DCPJ (environ 5 300), permettrait de redonner une respiration aux carrières et d’éviter la fuite des cerveaux en province, estiment certains interlocuteurs.

    « Il ne s’agit surtout pas de tout détruire »

    Tous les spécialistes du sujet soulignent toutefois les risques de ces réformes. En clair, il ne faut pas casser un modèle qui – paradoxalement – fonctionne bien. Grâce à des moyens budgétaires régulièrement abondés, la PP a toujours su survivre aux assauts en développant une réelle efficacité sur son territoire. En matière de renseignement, la compétence de la DRPP sur le « bas du spectre » – souvent négligé par la DGSI – ou les réseaux d’ultradroite ou d’ultragauche n’est par exemple pas questionnée.

    Le problème se pose aujourd’hui à l’envers : alors que les ressources se font rares pour l’Etat, ce sont les directions de tutelle de la PP qui estiment pâtir de sa toute-puissance. Certains plaident même pour inverser le paradigme. « Dans plusieurs domaines, le modèle parisien marche mieux que ce qui se fait ailleurs. Plutôt que de chercher absolument à nous déboulonner, il faudrait regarder comment exporter nos modes de fonctionnement », juge une source haut placée à la préfecture.

    « Il ne s’agit surtout pas de tout détruire », prévient une source au cœur de ces négociations, consciente des spécificités de la capitale. Le but, selon plusieurs interlocuteurs, serait plutôt de ramener le préfet de police de Paris au niveau de ce que sont ses homologues en région : soit des préfets de zone sur lesquels sont « branchés » tous les services nationaux, comme c’est le cas à Marseille.

    « Il faut redonner tout son rôle d’administration centrale » à la PP, résume un proche du dossier, mais sortir de la logique d’« Etat dans l’Etat », qui a aujourd’hui, par exemple, sa propre unité d’élite – la brigade de recherche et d’intervention. Une force qui a toute compétence sur la capitale, les groupes d’intervention de la police nationale et de la gendarmerie, le RAID et le GIGN, étant invités à rester cantonnés derrière le périphérique.

    « Gilets jaunes » : soutenu par l’exécutif, Castaner se sait néanmoins en sursis, Cédric Pietralunga, Nicolas Chapuis
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/20/gilets-jaunes-soutenu-par-l-elysee-et-matignon-castaner-resiste-a-l-offensiv
    Le ministre de l’intérieur est critiqué pour n’avoir pas pu maintenir l’ordre samedi. Mais, pour l’exécutif, le problème a été un « défaut d’exécution » de ses ordres.

    Le pilonnage était attendu. Il a été intense. Accusé d’être responsable de la débâcle policière lors de la dix-huitième journée de mobilisation des « gilets jaunes », qui a vu l’avenue des Champs-Elysées se transformer en champ de bataille, samedi 16 mars, Christophe Castaner a été pris pour cible toute la journée de mardi par l’opposition.

    « Un ministre de l’intérieur digne de ce nom aurait dû déposer sa #démission », a attaqué le président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, Christian Jacob. « J’en ai connu des ministres de l’intérieur de la Ve République, mais celui-là, il va rester au Musée Grévin ! », a ajouté le député (LR) de Paris Claude Goasguen sur LCP.
    Lors de la séance des questions au gouvernement, le ministre a été plusieurs fois interrompu par des « Démission ! » venus des bancs de la droite, auxquels les élus de la majorité ont répondu en applaudissant debout M. Castaner.

    Devant la commission des lois du Sénat, où il avait été convoqué mardi en en fin d’après-midi pour s’expliquer sur les défaillances dans les opérations de maintien de l’ordre à Paris, M. Castaner a également eu droit à une salve de remarques acerbes, résumées d’un trait par Michel Raison, élu (LR) de Haute-Saône : « Quand est-ce que l’autorité de l’Etat sera rétablie ? Parce que le vrai patron, ce n’est pas le préfet de police, c’est le ministre de l’intérieur. »

    Soutien unanime de l’exécutif

    Sous le déluge, l’ancien maire socialiste de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) ne s’est pourtant pas dérobé, répondant à chaque interpellation. Le ministre peut se targuer il est vrai d’un soutien unanime de l’exécutif.
    Depuis dimanche, c’est le même mot d’ordre qui est répété : il faut sauver le soldat Castaner. « C’est un bon ministre de l’intérieur, il est en première ligne depuis le début et il se montre solide. S’il a pris un coup au casque, il a du coffre et les épaules pour tenir. Il y a un pilote à Beauvau et cela se voit », rassure-t-on ainsi à Matignon. Selon son entourage, le chef du gouvernement, Edouard Philippe, s’est entretenu à plusieurs reprises depuis samedi avec son ministre, dont il est devenu proche malgré leurs parcours politiques opposés, pour lui dire son soutien.

    Sur le fond, c’est le même argument qui est martelé : le ministre de l’intérieur n’est pas en cause dans les défaillances constatées samedi. « Il y a eu un défaut d’exécution », assure-t-on au sommet de l’Etat. Comprendre : la hiérarchie policière n’a pas obéi aux ordres du ministère de l’intérieur.

    « Les consignes que j’avais passées n’ont pas été appliquées », a lui-même plaidé M. Castaner, mardi matin sur France Inter. C’est pour cette raison que le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a été limogé. « Le ministre de l’intérieur est responsable politiquement, le préfet est responsable opérationnellement. Il ne faut pas mélanger les choses, sans quoi nous devrions changer de ministre tous les deux mois », plaide un conseiller.

    En sursis

    Au sein de la maison police, personne ne réclame d’ailleurs le départ de ce fidèle d’Emmanuel Macron. « Quel intérêt on aurait à changer de ministre de l’intérieur ? Aucun ! Il commence à appréhender son poste. A l’heure qu’il est, on a, avec Laurent Nuñez [secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur], un binôme qui fonctionne bien, il ne faut pas y toucher », tranche Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP Police-FO, le premier syndicat au sein du ministère.

    Les nombreux déplacements de terrain de Christophe Castaner sont plutôt appréciés des fonctionnaires. Tout comme le soutien indéfectible aux forces de l’ordre affiché par la Place Beauvau, au plus fort de la tempête sur les violences policières et l’usage trop généreux des lanceurs de balles de défense (LBD).

    Les organisations syndicales n’oublient pas non plus que c’est Christophe Castaner qui a conclu un protocole d’accord en décembre 2018, prévoyant des augmentations de salaire substantielles pour les gardiens de la paix, au terme d’une discussion marathon de huit heures. Le ministre avait sollicité un arbitrage de l’exécutif et obtenu gain de cause. Quant à ses incartades lors d’une soirée dans un restaurant, révélées par la presse people, elles font sourire les troupes plus qu’autre chose. « L’épisode ne l’a pas affaibli », assure-t-on à Matignon, où l’on revendique de former « un pack » autour du ministre.

    Dans les rangs de la police, on ne se fait surtout aucune illusion sur les effets de la politique du fusible. « Depuis 2016, on a eu cinq ministres qui se sont succédé, parfois pour quelques semaines seulement, rappelle une source policière haut placée. Dès que quelque chose ne va pas dans le pays, on veut tout bouleverser à Beauvau, comme si le changement d’homme allait régler tous les problèmes. »
    S’il n’est pas menacé à court terme, Christophe Castaner se sait néanmoins en sursis. Que de nouvelles émeutes éclatent lors d’une prochaine manifestation des « gilets jaunes », ou que des affrontements se terminent par des blessés graves voire des morts, et le ministre de l’intérieur n’aurait d’autre solution que de partir à son tour. « Ce serait le seul moyen de protéger le président et ce serait son rôle », concède un parlementaire de la majorité.

    • Dispositif Sentinelle mobilisé dans le cadre des manifestations, AFP

      Le porte-parole du gouvernement annonce que le dispositif #Sentinelle sera mobilisé de manière « renforcée » samedi dans le cadre des manifestations des « gilets jaunes » afin de protéger des bâtiments officiels et autres « points fixes »

      Les militaires de Sentinelle seront mobilisés pour l’acte XIX des « gilets jaunes »
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/03/20/les-militaires-de-sentinelle-seront-mobilises-pour-l-acte-xix-des-gilets-jau

      Emmanuel Macron a dit « ce matin [qu’il y aurait] une mobilisation renforcée du dispositif Sentinelle pour sécuriser les points fixes et statiques », a-t-il précisé lors du compte rendu du conseil des ministres à l’Elysée. L’objectif est de « permettre aux forces de l’ordre » de se « concentrer sur les mouvements et le maintien et le rétablissement de l’ordre ». « Nous ne pouvons pas laisser une infime minorité violente abîmer notre pays et détériorer l’image de la France à l’étranger », a-t-il ajouté. Les prochains jours seront donc décisifs. »

      Nouveau dispositif
      Manifestations interdites sur les Champs-Elysées et dans certains quartiers des grandes villes en cas de présence d’« ultras », préfet de police de Paris remplacé, contraventions alourdies : le premier ministre Edouard Philippe a annoncé dès lundi une batterie de mesures pour répondre aux violences ayant émaillé la dernière manifestation des « gilets jaunes », samedi 16 mars à Paris.
      Au-delà de Sentinelle, des brigades anticasseurs seront déployées samedi sur le terrain, des #drones et des « produits avec des #marquages indélébiles » permettant de « tracer » les casseurs vont également être mobilisés. « Des individus ont décidé de casser la démocratie, de s’en prendre à la République et à ses symboles », a déclaré Benjamin Griveaux. « Ce ne sont donc plus des manifestants à qui nous avons affaire mais des émeutiers. Les manifestants défendent une cause, à côté de ceux-là il y a des #émeutiers qui sont simplement mus par la haine. »

      L’opération Sentinelle représente une mobilisation sans précédent de l’armée sur le territoire national depuis la guerre d’Algérie. Des chiffres de 2017 faisaient état de 7 000 militaires déployés en permanence – pour moitié en région parisienne – depuis les attentats de janvier 2015 à Paris.


      https://www.lesinrocks.com/2019/03/19/actualite/le-gouvernement-veut-renforcer-le-maintien-de-lordre-meme-si-un-black-bl
      #interdictions_de_manifester #militarisation #violence_d'État

    • L’utilisation de militaires pour assurer la sécurité (statique) de lieux de pouvoir a été prônée dès décembre dernier par des syndicats policiers. Il s’agit selon ces syndicats, et désormais pour le gouvernement, de privilégier l’emploi des forces de police et de MDO pour des actions requérant de la mobilité, et destinées à alimenter la chaîne judiciaire. Il s’agit aussi de résorber la disproportion entre les délits ou dégâts constatés et les condamnations (tous ces gardés à vue libérés, tous ces condamnés trop ordinaires pour être considérés comme des prototypes de « casseurs »).


      #cogestion #justice

    • Les contraventions pour participation à une manifestation interdite passent de 38 à 135 euros, AFP
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/21/les-contraventions-pour-participation-a-une-manifestation-interdite-passent-

      Il en coûtera désormais plus cher de participer à une manifestation interdite. Les contraventions encourues sont passées de 38 à 135 euros, à la suite de la publication d’un décret jeudi 21 mars au Journal officiel.
      « Le fait de participer à une manifestation sur la voie publique interdite sur le fondement des dispositions de l’article L. 211-4 du code de la sécurité intérieure est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe », dit le texte.
      Cette mesure avait été annoncée lundi par le premier ministre, Edouard Philippe, à la suite des violences, sur les Champs-Elysées notamment, lors de l’acte XVIII des « gilets jaunes ». Ces dernières semaines, les protestataires étaient revenus à leurs méthodes initiales et avaient préféré ne pas déclarer leurs rassemblements à Paris.

      Manifestations interdites à Paris, Bordeaux ou Nice

      Le gouvernement a donc décidé de hausser le ton. Lundi, le premier ministre a également annoncé l’#interdiction_de_manifester « chaque fois qu’il le faudra », dans les quartiers « les plus touchés », « dès lors que nous aurons connaissance d’éléments “ultras” et de leur volonté de casser », en citant les Champs-Elysées, à Paris, les places du Capitole, à Toulouse, et Pey-Berland, à Bordeaux. En cas de manifestation, « nous procéderons à la dispersion immédiate de tous les attroupements », a-t-il prévenu, tout en annonçant en même temps une « réorganisation du maintien de l’ordre ».

      A la demande du maire de Nice, Christian Estrosi, le gouvernement compte également interdire les manifestations des « gilets jaunes » dans un « périmètre défini » samedi dans la ville azuréenne. Pour l’acte XIX, prévu samedi, plusieurs « appels nationaux », ont été lancés sur les réseaux sociaux pour des rassemblements à Nice, mais aussi à Toulouse et à Montpellier.

      Impunité zéro
      Deux jours avant cette nouvelle journée de mobilisation, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a intronisé jeudi le nouveau préfet de police de Paris, Didier Lallement. Ce dernier a succédé à Michel Delpuech, qui a été débarqué par le gouvernement après les violences du week-end dernier. « Votre première mission, évidemment, sera de maintenir l’ordre public dans la capitale », a prévenu M. Castaner, a destination du nouveau préfet.

      « Je vous demande de faire en sorte que la doctrine du maintien de l’ordre, telle que nous l’avons redéfinie entre le 1er et le 8 décembre (actes III et IV des « gilets jaunes » ), soit effectivement et résolument mise en œuvre, sans hésitation ni demi-mesure » , a développé le ministre, réclamant « qu’elle soit effective dès samedi » .
      « Samedi, sur les Champs-Elysées, il n’y avait pas de manifestants, il n’y avait que des haineux, des ultras, des factieux, des gens venus pour casser, pour détruire, pour agresser, car on ne peut pas se prétendre simple spectateur de ceux qui défigurent Paris, de ceux qui balafrent la France. »

      #sous_peine-d'amendes

    • Lallement, le nouveau préfet qui fait flipper les flics, Willy Le Devin , Ismaël Halissat et Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux — 23 mars 2019
      https://www.liberation.fr/amphtml/france/2019/03/23/lallement-le-nouveau-prefet-qui-fait-flipper-les-flics_1716932

      A Paris, après le limogeage de Michel Delpuech, jugé trop laxiste, son successeur est entré en fonction jeudi. Qualifié de « fou furieux » par certains collègues, il devrait appliquer une stratégie de fermeté lors de l’« acte XIX » des gilets jaunes.

      Des cris de joie déchirent les couloirs feutrés de la préfecture de Bordeaux. Lundi, deux jours après le saccage des Champs-Elysées par les gilets jaunes, les fonctionnaires girondins sont heureux. Ils viennent de l’apprendre, leur patron depuis 2015, Didier Lallement, est nommé à la tête de la préfecture de police de Paris, en remplacement de Michel Delpuech, limogé par l’exécutif car jugé trop laxiste. Ses collaborateurs bordelais en sont convaincus : si la ville a besoin d’un homme de fer, avec lui, elle sera servie. Agé de 62 ans, l’homme traîne en effet une réputation de préfet impitoyable. Le mot pourrait être fort s’il n’avait pas été prononcé spontanément par plusieurs de nos sources ayant croisé sa route par le passé. « Il est très cassant avec les gens, très blessant. On n’avait jamais vu ça, raconte une ex-collègue. Il est froid dans son management, mais assume totalement. Avec lui, c’est la politique de la #terreur. Il ne respecte que ceux qui, de temps à autre, osent lui tenir tête. » « Didier Lallement ? Il est fou comme un lapin, abonde un préfet actuellement en poste. C’est la rigidité faite homme. Il peut ne jamais vous dire bonjour, ça ne le dérange pas. De ce fait, il me semble très éloigné des caractéristiques que l’on exige d’un préfet, à savoir d’être rond. Si le gouvernement l’a choisi, c’est clairement pour une reprise en main musclée de la préfecture de police. »

      « La main de Clemenceau »

      Avec Didier Lallement, le gouvernement poursuit deux objectifs. Un de très court terme : rétablir l’ordre dans la capitale dès ce samedi, pour l’« acte XIX » des gilets jaunes. Par la suite, il s’agira de réformer l’institution créée en 1800 par Napoléon, qualifiée « d’Etat dans l’Etat » pour ses pouvoirs et son autonomie gargantuesques. En effet, la préfecture de Paris possède sa propre police judiciaire, le prestigieux « 36 », son service de renseignement (DRPP), chargé au même titre que la DGSI de la lutte antiterroriste, ainsi qu’une compétence sur la lutte contre l’immigration illégale. Un train de vie jugé luxueux en ces temps de rigueur budgétaire. Jeudi, lors de l’intronisation du nouveau préfet sur l’île de la Cité, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’y est pas allé de main morte au moment de dresser la feuille de route du nouveau maître des lieux : « Didier Lallement, votre modèle est Georges Clemenceau. La main de Clemenceau n’a jamais tremblé quand il s’agissait de se battre pour la France, la vôtre ne devra pas trembler non plus devant les réformes que vous devrez mener. »

      Pour ce qui concerne le maintien de l’ordre, la place Beauvau entend renforcer une doctrine d’ultrafermeté. Christophe Castaner, ainsi que son secrétaire d’Etat, Laurent Nuñez, n’ont en effet que très modérément goûté une note émanant du directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), Frédéric Dupuch, appelant à un usage modéré des lanceurs de balles de défense (LBD 40). Les deux ministres attendent donc de Didier Lallement qu’il applique la stratégie « de mobilité et d’interpellations », élaborée après les heurts très violents du 1er décembre. Le risque ? Générer un nombre très important de blessures voire de mutilations chez les manifestants, via un recours débridé aux armes les plus controversées du maintien de l’ordre, comme les LBD 40 bien sûr, mais aussi les différents types de grenades (celles dites de désencerclement ou les GLI-F4 composées de TNT). A Bordeaux, les affrontements entre les forces de l’ordre et les gilets jaunes ont d’ailleurs été très violents ces derniers mois. Deux personnes ont eu la main arrachée et plusieurs autres ont été sérieusement blessées par des tirs de LBD 40. Le 2 mars, c’est le député LFI Loïc Prud’homme qui a dénoncé les coups de matraque dont il a été victime en quittant pacifiquement un cortège des gilets jaunes. Une pétition a été lancée pour réclamer la tête du préfet. Lundi, Prud’homme a accueilli ainsi l’arrivée de Lallement à la tête de la préfecture de police de

      « Le graal »

      C’est là l’immense paradoxe de cette nomination. Bien que très expérimenté, –il a été préfet de l’Aisne, de la Saône-et-Loire et du Calvados–, Lallement n’a rien d’un spécialiste de l’ordre public. « C’est un préfet fou furieux, hoquette un ancien directeur central de la sécurité publique. Il a les dents qui rayent le parquet depuis toujours. En 2012, il voulait déjà avoir la mainmise sur la police et la gendarmerie à l’époque où il était secrétaire général du ministère de l’Intérieur [#Valls, ndlr].Il a toujours voulu faire de la police opérationnelle, jusque-là il était tenu à l’écart avec une perche. » Prendre la tête de la préfecture de police de Paris, Didier Lallement y pensait donc depuis longtemps. « C’était son rêve absolu, il vient de toucher le graal », confie un proche. Didier Leschi [un ex-gaucho passé au "souverainisme", ndc] , aujourd’hui directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration tempère le portrait apocalyptique fait de son compère issu, comme lui, du « #chevènementisme » : « C’est un excellent technicien, à la grande rigueur intellectuelle. Au plan administratif, il est plutôt réformateur. Son passage à la tête de l’#administration_pénitentiaire [où il fut le créateur des équipes régionales d’intervention et de sécurité –unité d’élite, (selon Ration, laudatif avec ces brutes chargé de réprimer les prisonniers, ndc) ] a été salué par les syndicats [ de matons ! ndc] , ce qui est suffisamment rare pour être souligné. » Le sénateur PS Jean-Pierre Sueur, qui a travaillé avec Lallement il y a bientôt trente ans au secrétariat d’Etat aux collectivités locales, confirme la grande valeur de ce haut-fonctionnaire, au parcours iconoclaste : « Lallement ne vient pas du sérail, il n’a pas fait l’ENA. Il est très sérieux, rigoureux et travailleur. Mais c’est vrai que dans l’exercice de l’autorité, il est très cash. »

      L’ex-préfet de la Nouvelle-Aquitaine laisse par exemple un souvenir âcre aux élus locaux du bassin d’Arcachon, à qui il a contesté sans merci le plan de l’urbanisme. « C’est le seul mec qui a eu les couilles de se prendre les lobbys de l’immobilier en frontal pour les obliger à respecter l’environnement et le domaine public maritime », rapporte un journaliste. Revanchard, l’un des maires contrariés a adressé un courrier au lance-flammes à Macron, accusant ni plus ni moins le haut fonctionnaire « d’abus de pouvoir ». Mais #Didier_Lallement ne craint rien ni personne. Le jour de son arrivée en Gironde, il avait baptisé ainsi son nouveau personnel : « Vous pensez connaître ma réputation ? Elle est en deçà de la réalité. »

      Lallement"...bientôt être entendu dans le cadre de l’enquête sur les #soupçons de #favoritisme qui pèsent sur les marchés de la #Société_du_Grand_Paris. https://seenthis.net/messages/768523

  • Le message clair des gilets jaunes à BHL. Par Michel Onfray – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/12/03/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl-par-michel-onfray

    A l’heure où la France pauvre et modeste des Gilets jaunes fait savoir ses difficultés à se nourrir, à se loger, à se vêtir et son impossibilité d’offrir des sorties, des loisirs ou des vacances à ses enfants, Carlos Ghosn, grand patron français (mais aussi brésilien et libanais, il a la triple nationalité), se fait arrêter au Japon parce qu’il fraude le fisc… Pauvre chéri : il ne gagnait que 16 millions d’euros par an ! Il lui fallait bien mettre un peu d’argent de côté s’il voulait survivre un peu…

    J’y vois un symbole de la paupérisation induite par ce libéralisme que Mitterrand fait entrer dans la bergerie française en 1983 avec les intellectuels médiatiques du moment, Nouveaux Philosophes en tête. Des pauvres de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux, puis des riches de plus en plus riches et de moins en moins nombreux : voilà ce qu’est la paupérisation. L’Empire maastrichtien est la créature des clones de Carlos Ghosn qui paupérisent à tour de bras. Macron est l’un d’entre eux.

    Les journalistes des médias dominants clament partout que le message des Gilets jaunes est confus, invisible, illisible, divers, diffus, multiple, contradictoire : non, il ne l’est pas. Il est même très clair : ce que dénoncent les Gilets jaunes, c’est tout simplement cela : la paupérisation.

    On le voit dans les reportages, ce peuple-là n’est pas doué pour la rhétorique et la sophistique, la dialectique et la parole. Il dit simplement et clairement des choses simples et claires que les diplômés des écoles de journalisme, de Science Po, de l’ENA ou de Normale Sup ne comprennent pas parce que ça dépasse leur entendement. Ils sont pauvres et l’engeance qui tient le pouvoir, politique, médiatique et économique, ne sait pas ce que signifie faire manger une famille avec 5 euros par repas. Ils ne le savent pas…

    Il est facile de salir ces gens modestes comme le font Libération et Le Monde, L’Obs (avec un article dégoûtant d’un nommé Courage, probablement un pseudonyme…), voire l’inénarrable BHL. “Ces pauvres qui disent qu’ils le sont et qu’ils n’en peuvent plus de l’être, quelle beaufitude, quelle grossièreté, quel manque de manière !”. Et ces journaux seraient des journaux de gauche ? Qui peut encore le croire ?

    “Salauds de pauvres !” disent Quatremer & Joffrin, Courage & Askolovitch (qui m’inonde de textos insultants en me disant que tout le monde “se fout” de ce que j’écris, sauf lui apparemment…), Xavier Gorce, dessinateur au quotidien du soir & BHL. Car tous souscrivent comme un seul homme à cette saillie qu’on entend dans la bouche de Gabin dans La Traversée de Paris, un film de Claude Autant-Lara, un ancien du Front national version Jean-Marie Le Pen : “Salauds de pauvres !” Le rideau se déchire enfin !

    BHL écrit : “Poujadisme des Gilets jaunes. Échec d’un mouvement qu’on nous annonçait massif. Irresponsabilité des chaînes d’info qui attisent et dramatisent. Soutien à Macron, à son combat contre les populismes et à la fiscalité écolo” (17 novembre 2018). Passons sur la rhétorique du personnage, il y a bien longtemps qu’il ne pense plus et qu’il ne fonctionne qu’aux anathèmes –peste brune, rouges-bruns, poujadistes, fascistes, nazis, staliniens, pétainistes, vichystes, maurrassiens sont ses arguties préférées pour clouer au pilori quiconque ne pense pas comme lui. BHL a le record mondial du point Godwin ! Chez lui l’insulte a depuis longtemps remplacé toute argumentation digne de ce nom. Dans le registre des insultes, on l’a oublié, il y avait aussi : “saddamite”…

    C’est le néologisme créé par lui pour insulter Jean-Pierre Chevènement lors de la guerre du Golfe. A cette époque, BHL ne s’est pas fait traiter d’homophobe ! Il est vrai que ses amis dans la presse sont nombreux et qu’il dispose d’un efficace pool qui nettoie le net de ses bêtises en les renvoyant dans les pages invisibles du net –vérifiez en tapant “BHL saddamite Chevènement” sur le net, plus rien, nettoyé… Étonnant ! Car dans Bloc-Notes. Questions de principe cinq, page 141 de l’édition du Livre de poche, on peut encore y lire : “Chevènement saddamite et philoserbe”. J’attends que, des Inrocks à Libération, du Monde à France-Inter, on dénonce cette homophobie qu’on m’a prêtée il y a peu parce que, moi, je ne souscrivais pas au doigt d’honneur antillais qui semblait ravir le président de la République, et que je l’ai fait savoir sur le mode ironique. Il est vrai que BHL et l’humour, ça fait deux…

    BHL qui fait tant pour qu’on parle de ses livres à chacune de ses parutions voudrait qu’on ne parle pas des Gilets jaunes dans les médias ! Comme si c’étaient les journalistes qui créaient l’actualité…

    La pauvreté existe parce qu’on la montre.

    Ne la montrons pas,

    De cette manière elle n’existera plus.

    C’est ainsi qu’on apprend à penser à l’Ecole normale supérieure ! Censurons ces Gilets jaunes à la télévision, demandons à France-Culture comment on s’y prend pour interdire de parole sur les radios du service public, et faisons taire cette racaille populiste, crypto-fasciste, lepeniste, vichyste, pétainiste, nazie –ne nous interdisons rien ! Car quiconque demande du pain pour ses enfants est une ordure populiste bien sûr…

    Que BHL soutienne Macron, il n’y a rien là que de très normal. Avec Stéphane Bern et les Bogdanoff, Line Renaud et Philippe Besson, ce qui se faisait de mieux chacun dans son domaine a offert ses courbettes au Prince. Il y en eut de plus malins qui vinrent manger la soupe payée par le contribuable à Bercy, qui servait à préparer la présidentielle. On n’y mangeait pas des repas à cinq euros…

    Enfin, que BHL soutienne “la fiscalité écolo”, comme son ami Cohn-Bendit, n’est pas non plus étonnant : il reprend l’élément de langage qui voudrait que ces taxes aillent à la fiscalité verte alors qu’elles vont majoritairement dans les caisses de l’Etat. La revue Que choisir l’a récemment montré dans l’un de ses articles [1].

    Pour salir les Gilets jaunes, des journalistes et des éditorialistes affirment qu’ils refusent la fiscalité, qu’ils sont contre les taxes, qu’ils refusent les impôts, qu’ils rechignent à payer des taxes écologiques. C’est faux. C’est Carlos Ghosn qui refuse de payer ses impôts, ainsi que les riches qui ont placé leur argent dans les paradis fiscaux avec l’assentiment de l’Etat français, pas les Gilets jaunes qui, eux, veulent bien payer des impôts directs et indirects, mais s’insurgent que ces impôts, qui doivent servir à payer le salaire des fonctionnaires, à faire fonctionner les écoles, les hôpitaux, les commissariats, les gendarmeries, soient accompagnés en province de suppressions de fonctionnaires et de fermetures d’écoles, d’hôpitaux, de commissariats, de gendarmeries.

    Revenons à BHL : s’il est tellement soucieux de l’état de la planète qu’il estime que l’Etat maastrichtien doive faire payer les pauvres avec leurs voitures de travail afin que les riches puissent polluer en se déplaçant en avion, alors qu’il cesse de passer son temps entre deux aéroports lui qui disait sans vergogne qu’il avait trop de maisons…

    On peut lire en effet dans L’Obs (5 juillet 2017) : “J’ai trop de maisons dans le monde” : Bernard-Henri Lévy se résout à vendre une de ses villas pour 6 millions d’euros. Lisons cet article : “Trop d’argent, pas assez de temps. Bernard-Henri Lévy a confié à Bloomberg dans un article publié ce lundi qu’il était contraint de vendre une de ses villas au Maroc, à Tanger, faute de pouvoir en profiter suffisamment : “Je partage mon temps entre Paris, New York et Marrakech. J’ai trop de maisons dans le monde et hélas, l’année ne dure que 52 semaines”. Prix de la demeure sacrifiée : 6 millions d’euros, en vente sur le site de Christie’s International Real Estate, pour 600 mètres carrés situés “au sommet d’une falaise, face à Gibraltar, au point précis où se côtoient l’Atlantique et la Méditerranée”, affirme BHL, bon vendeur. Bonjour la trace carbone du philosophe !

    On comprend que cet homme-là ignore quelle misère signifie un trou de cinquante euros dans le budget d’une famille vivant avec moins de mille euros par mois… “Salauds de pauvres !”, en effet.

    Michel Onfray
    ______________________________

    [1] : https://www.quechoisir.org/billet-du-president-fiscalite-ecologique-le-matraquage-fiscal-se-colore-

    Source : Michel Onfray, 18-11-2018

    https://www.les-crises.fr/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl-par-michel-onfray

  • A quand un ministère des droits des femmes pour DSK ? #chevenement
    https://gauchedecombat.net/2016/08/03/a-quand-un-ministere-des-droits-des-femmes-pour-dsk-chevenement

    … et donc, un Président fauxcialiste en pleine dérive idéologique projette de confier à un souverainiste rouge/brun (notoirement connu pour son soutien aux thèses islamophobes et racistes de Zemmour), la Présidence de la Fondation pour l’islam de France. Ce proche idéologique de l’extrême droite peut même se payer le luxe de faire la fine bouche… […]

    http://0.gravatar.com/avatar/9faa4d044bbecc32a5bef02aba121599?s=96&d=&r=G

  • A quand un ministère des droits des femmes pour DSK ? #chevenement
    http://gauchedecombat.net/2016/08/03/a-quand-un-ministere-des-droits-des-femmes-pour-dsk-chevenement

    … et donc, un Président fauxcialiste en pleine dérive idéologique projette de confier à un souverainiste rouge/brun (notoirement connu pour son soutien aux thèses islamophobes et racistes de Zemmour), la Présidence de la Fondation pour l’islam de France. Ce proche idéologique de l’extrême droite peut même se payer le luxe de faire la fine bouche… […]

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  • « La République est un consensus mou »

    "Permettez-moi un petit détour personnel : issu d’un milieu populaire du nord minier de la France, non loin d’Hénin-Beaumont, je suis un pur produit de l’école laïque. Dans les années 1970, j’étais en classe avec une majorité d’enfants de l’immigration italienne et polonaise. La plupart d’entre eux étaient catholiques. Nous étions tous blancs et européens. Certains portaient des crucifix en pendentif ; des signes discrets mais visibles, et cela ne posait aucun problème à qui que ce soit. Surtout, on ne parlait alors jamais de laïcité à l’école. On ne débattait pas de la laïcité ad nauseam comme c’est devenu le cas aujourd’hui ; on la vivait tout simplement, de manière concrète, dans le respect des croyances de chacun. Quand j’ai commencé à m’intéresser à la politique quelques années plus tard, on se référait à la droite et à la gauche, car les partis dans ces deux camps portaient des programmes bien différenciés ; on opposait le socialisme au capitalisme ; les élections étaient âprement disputées car les projets politiques de chaque camp étaient différents. Davantage, la gauche, communiste et socialiste, représentait la classe ouvrière et les classes moyennes salariées. Les choses ont commencé à changer à partir des années 1980. La gauche accède au pouvoir et, en 1983, se déroule la Marche pour l’égalité : des jeunes, qu’on qualifiait alors de « Maghrébins » (un terme que l’on n’utilise presque plus dorénavant, qui a été remplacé – ce n’est pas un hasard – par celui de « musulmans »), font irruption dans le débat.

    La gauche au pouvoir, entre 1981 et 1983, met en œuvre des mesures de redistribution assez radicales. Le pouvoir mitterrandien s’intéresse aux revendications de ces jeunes et l’Élysée pilote la création de SOS Racisme. Mais la gauche a vite renoncé sur le plan économique et a tourné le dos à ses engagements égalitaires. Elle a donc échoué sur ce plan, puis a perdu progressivement son électorat populaire. Mitterrand tourne le dos au socialisme et fait le choix de la poursuite de l’intégration européenne dans un cadre néolibéral (Acte unique européen, puis traité de Maastricht). C’est une rupture fondamentale. Jean-Pierre Chevènement, alors dans l’aile gauche du Parti socialiste, opère un changement de cap qui sera lourd de conséquences pour la gauche : le CERES Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste, d’inspiration marxiste) devient Socialisme et République en 1986, puis le Mouvement des citoyens en 1991, quand Chevènement quitte le PS. La problématique marxienne, de la lutte des classes et de combat pour l’égalité sociale, passe au second plan au profit d’un discours républicain de plus en plus identitaire : être républicain devient synonyme de « Français », et renvoie donc à l’appartenance à une communauté nationale. À partir du début des années 2000, cela débouche sur l’alliance républicaine « des deux rives » et l’adieu à la gauche de #Chevènement lors de la campagne présidentielle de 2002. À l’occasion des célébrations du bicentenaire de la Révolution en 1989, le républicanisme communautarien triomphe. Mitterrand, réélu en 1988, pratique « l’ouverture » : des personnalités de droite rejoignent le gouvernement Rocard. Les commémorations escamotent les événements ou actes réellement révolutionnaires – je pense ici à la Constitution de l’An II, qui est la seule constitution républicaine, au sens propre du terme, qui ait jamais existé. Le PS commence à revendiquer timidement son tournant néolibéral, qu’il ne corrigera jamais malgré quelques réformes sociales-démocrates sous le quinquennat de Lionel Jospin. C’est à cette époque que des figures centrales de la gauche intellectuelle et politique abandonnent leurs fondamentaux de gauche pour se tourner vers la célébration d’une République théorique et identitaire (je pense ici à Régis Debray, à Max Gallo ou à Alain Finkielkraut – ce dernier étant encore considéré de gauche à l’époque). Une droite revancharde revient au pouvoir une première fois en 1986, puis en 1993. La presse de gauche, tel Libération, se désintéresse de la question sociale et fait l’éloge de l’économie de marché. Ces nouvelles politiques « de gauche » désespèrent le peuple, qui commence à se tourner vers le FN.

    En 1989, à Creil, éclate ce que l’on a appelé l’« affaire du foulard », au moment même où tombe le Mur de Berlin. Lionel Jospin perçoit judicieusement que cette affaire est une diversion aussi inutile que dangereuse pour la gauche. Il saisit le Conseil d’État, qui estime en substance que tant qu’il n’y a pas d’actes prosélytes le port du voile ne peut être prohibé, car rien dans la loi 1905 ne prescrit une telle restriction aux libertés individuelles. La plus haute juridiction administrative fait une interprétation pluraliste de la loi de 1905. Des intellectuels néo-républicains (Debray, Élisabeth Badinter, Finkielkraut) parlent à cette occasion d’un « Munich de la République ! ». En 2004, le camp communautarien parvient à faire adopter une loi qui prohibe les « signes religieux ostentatoires ». Loin de calmer les esprits, la « loi foulardière », selon l’expression d’Alain Badiou, va davantage radicaliser les laïcs communautariens qui vont exiger d’autres d’interdictions (la loi de 2010 interdit le port de la burqa dans l’espace public). La surenchère et l’outrance verbale contre « l’islamisme » ou « l’islamofascisme » (Manuel Valls), ou tout simplement « l’islam » et « les musulmans », ne choquent plus grand monde de nos jours. On ne compte plus les unes de magazines qui désignent l’islam comme un danger national (Marianne et Le Point sont spécialistes de ces couvertures racoleuses, mais ils ne sont pas les seuls). Le roman Soumission de Michel Houellebecq et L e Suicide français d’Éric Zemmour ont établi des records de vente. Ce sont deux ouvrages qui professent une islamophobie sans fard. Ces discours de haine et d’exclusion sont même devenus une doxa ; un ensemble de croyances et de pensées qui vont de soi, alors qu’il ne s’agit que d’un assemblage d’amalgames, d’affirmations sans fondement, voire de déclarations mal intentionnées qui ont pour objectif de construire un « problème musulman » en France. Les présupposés antireligieux de certains laïcs apparaissent en surface : l’ennemi n’est plus le catholique, mais le musulman. La férocité de la charge est d’autant plus féroce que l’islam renvoie à l’extranéité, à ce qui est étranger à la « tradition française ».

    À cela vient se greffer l’impensé post-colonial de la France, notamment les crimes de l’armée française et d’une partie de la population pied-noir en Algérie. Voilà où nous en sommes. Disons-le clairement : interdire le foulard est contraire à la loi de 1905, c’est donc un acte anti-laïc. La loi anti-hijab a été une diversion, un tour de passe-passe politicien qui s’avère tragique pour la gauche : au lieu de combattre l’exploitation capitaliste et les dominations liées aux rapports de classe – dominations qui se doublent, ne l’oublions jamais, de dominations liées à l’ethnie et au genre –, une partie de la gauche a cédé à une psychose anti-islam régressive. Le discours incantatoire et abstrait sur la République et la laïcité n’est pas le signe d’un renouveau de la gauche et de ses valeurs. Contrairement à la doxa en la matière, le combat contre les dominations liées à l’ethnie ou au genre ne constitue pas une « dérive communautaire », mais un retour vers la lutte des classes abandonnée par la gauche. Ce sont les adeptes d’une laïcité abstraite qui font le jeu des conservatismes de tout poil. Cette interprétation magique de la laïcité consacre une dérive morbide vers un consensus nationaliste inquiétant. Aujourd’hui, si tout le monde déclame son amour pour la République et la laïcité (Mélenchon, Valls, Sarkozy, Le Pen), quel politicien de premier plan – y compris à gauche – combat avec la même fougue le racisme antimusulman qui est devenu un problème majeur en France ?"

    Philippe Marlière

    http://www.revue-ballast.fr/philippe-marliere-la-republique

  • Jean-Pierre Chevènement justifie le viol des enfants Centrafricains par les militaires français

    "... Laissons l’armée française au dessus de cela..."

    http://afriquenewsinfo.net/2015/05/04/jean-pierre-chevenement-justifie-le-viol-des-enfants-centrafricains

    Invité de l’émission Europe 1 Dimanche soir d’hier 03 mai, Jean-Pierre Chevènement ancien ministre français justifie le viol des enfants Centrafricains par le fait que les conditions de travail des militaires français sont très difficiles et ceux-ci sont confrontés à des populations malheureuses, abandonnées.

    Pour lui : « Il est clair que le fait de se trouver au contact des populations malheureuses, abandonnées peut favoriser les comportements de ce type ».

    En gros, se retrouver face des populations malheureuses développe des instincts de violeurs.

    Choquée par ce propos, la journaliste qui l’interviewe le recadre : » Quelque soit le contexte, pardonnez moi, aussi sombre soit-il et François Hollande l’a rappelé ; il faut être implacable face à ce qui s’est passé ».

    #centrafrique #viols #enfants #enfance #chevènement