• Medvedkine, ou les ouvriers-cinéastes
    https://www.revue-ballast.fr/medvedkine-ouvriers-cineastes

    « De quoi je vous parle ? D’une utopie. De quelques dizaines d’ouvriers des usines Rhodiaceta de Besançon et Peugeot de Sochaux d’un côté, d’une poignée de cinéastes, réalisateurs et techniciens de l’autre, qui ont décidé, à cette époque-là, [la fin des années 1960, ndla], qui n’est pas n’importe laquelle, de consacrer du temps, de la réflexion, du travail à faire des films ensemble. »

    L’écho de ces mots d’ouvriers fait résonner la rime que les groupes Medvedkine n’ont cessé d’opérer : le mariage entre quête artistique et conquête politique. Pendant sept ans, de 1967 à 1974, des ouvriers formés par leurs comparses cinéastes ont constitué deux collectifs filmiques aux pratiques artistiques et militantes non-conformes aux grandes normes en vigueur. Au cœur de leur projet, une praxis qui recolle les fragments d’un travail divisé pour une autogestion au long cours : du financement à la diffusion, en passant par la réalisation, les groupes Medvedkine ont bâti, en marge d’un cinéma à l’organisation rigide et verticale, les fondations d’une forme horizontale et souple.

    Cette chaîne de production, pensée et maîtrisée de A à Z, est devenue le creuset d’un nouveau matériau militant, le film, dont les forces et les formes devaient servir l’effort des ouvriers : dans leur lutte, il serait leur allié ; dans leur vie, il serait leur ami — car leur cinéma, loin de sacrifier la beauté sur l’autel du combat se transformerait vite en un laboratoire de recherches formelles censées les éduquer, les enrichir et les élever. Ainsi le film est-il devenu leur « arme » — arme féconde s’il en est — capable de projeter sur l’écran troué des représentations toutes faites des images qui, d’un même geste, documentaient, libéraient et exaltaient leur existence.

    #cinéma #cinéma_militant #cinéma_ouvrier #Medvedkine

  • « Faire du cinéma comme on occupe des zones à défendre »
    http://jefklak.org/faire-cinema-on-occupe-zones-a-defendre

    Dans l’histoire du cinéma, y compris celle du cinéma militant, on trouve peu de films réalisés collectivement, c’est-à-dire des productions où chacun prend part à la réalisation, de manière horizontale et non hiérarchique. En France, il y a les exemples célèbres des différents groupes de la fin des années 1960 et des années 1970, groupes Medvedkine ou Dziga Vertov en tête.

    À la même période, on peut aussi citer Cinema Action au Royaume-Uni, le Kasseler Filmkollektiv en RFA, des collectifs participant au mouvement des Newsreels aux États-Unis, d’autres en Amérique du Sud. Sans oublier les collectifs féminins comme le Collettivo Femminista di Cinema di Roma, London Women’s Film Group, le Frauenfilmteam de Berlin, et en France, autour de Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig et Ioana Wieder… Aujourd’hui, les exemples de créations collectives dans le champ du cinéma se font plus rares.

    C’est pourtant le choix fait par les Scotcheuses, un groupe mouvant, fabriquant des films en Super 8, formé en 2013, et qui a déjà finalisé quatre films. Les trois premiers ont été fabriqués dans des temps très courts, tournés, développés et montés sur le lieu même du tournage et montrés sous une forme performative avec un accompagnement sonore en direct. No Ouestern, leur dernière production, a été réalisé en un an sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, avec un temps d’écriture préalable, pour aboutir à une forme fixée, accompagné d’un son synchronisé à la projection.

    Cet entretien est issu du troisième numéro de la revue papier Jef Klak, « Selle de ch’val », toujours disponible en librairie ou par abonnement.

    #cinéma #cinéma_militant #zad #nddl #Notre-Dame-des-Landes

  • Notre-Dame-des-Landes : « Nous, cinéastes, appelons à filmer et à défendre ce territoire qui bat et se bat »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/17/notre-dame-des-landes-nous-cineastes-appelons-a-filmer-et-a-defendre-ce-terr

    Nous, qui travaillons dans le cinéma, avons entendu l’appel en soutien à la ZAD dans le film Vent d’Ouest, d’abord attribué à Jean-Luc Godard puis salué comme une habile parodie. Cela nous rappelle son manifeste de 1970 intitulé Que Faire ?, dont sont tirées ces phrases très connues : « 1. Il faut faire des films politiques. 2. Il faut faire politiquement des films. »

    Ces deux propositions dialectiques constituent les fondations d’un texte magnifique, qui brouille les frontières entre politique et cinéma tout en affirmant la nécessité de préciser nos positions. Car celles-ci se prennent mais ne s’additionnent pas. On ne peut pas être du côté de la police et des manifestants et manifestantes. Faire 1, c’est croire qu’il y a des vrais et des faux films. Faire 2, c’est savoir que la vérité est dans la lutte.

    Alors, si ce film est un faux de Godard, la vérité c’est que nous y avons entendu un appel. La vérité, c’est qu’il y a des expulsions à Notre-Dame-des-Landes, c’est que des personnes qui luttent auront leurs maisons détruites. Des personnes qui se sont battues, des années durant, contre des aménageurs, un aéroport et leur monde, et qui ont gagné. La vérité, c’est que l’Etat s’acharne à détruire des expériences communes, des tentatives d’organisations qui s’inventent encore et toujours, une nature qui se défend et les vies multiples qui l’habitent. Et nous prenons position, en tant que cinéastes.

    Continuité dans les forces de révolte

    Nous sommes au mois de mai 2018. Cinquante ans après, on commémore Mai 68. Et de commémorations en commémorations, on paralyse l’action en la muséifiant. On ignore les réfugiés et réfugiées, les cheminots et cheminotes, les étudiants et étudiantes, les postiers et postières, le personnel médical et la répression quotidienne dans les banlieues. Lors de sa conférence de presse à Cannes, Godard a établi une continuité dans ces forces de révolte, entre Mai 68 et les zadistes aujourd’hui. Alors, soyons présents et agissons avec nos mains, positionnons-nous avec nos yeux, regardons avec nos pieds et imaginons mille manières de vivre. « Faire 2, c’est savoir se servir des images et des sons comme les dents et les lèvres pour mordre. »

    Nous, cinéastes, appelons donc à « mordre », c’est-à-dire à filmer et à défendre ce territoire qui bat et se bat. Car défendre la ZAD lorsque l’on fait du cinéma, c’est défendre une idée de l’expérimentation, c’est défendre un lieu réel qui lutte pour construire des imaginaires, d’autres imaginaires, pour dessiller le regard et supprimer l’agonie.

    Liste des principaux signataires : Julie Bertuccelli (cinéaste) ; Serge Bozon (cinéaste) ; Jean-Stéphane Bron (cinéaste) ; Dominique Cabrera (cinéaste) ; Lou Castel (acteur) ; Jean-Paul Civeyrac(cinéaste) ; Jean-Louis Comolli (cinéaste, écrivain) ; Catherine Corsini (cinéaste) ; Pedro Costa (cinéaste) ; Marina Déak (cinéaste) ; Yann Dedet (monteur, cinéaste) ; Vincent Dieutre (cinéaste) ; Alice Diop (cinéaste) ; Jean-Pierre Duret (cinéaste, ingénieur du son) ; Victor Erice(cinéaste) ; Esther Garrel (actrice) ; Philippe Garrel (cinéaste) ; Miguel Gomes (cinéaste) ; Robert Guédiguian (cinéaste) ; Alain Guiraudie(cinéaste) ; Adèle Haenel (actrice) ; Clotilde Hesme (actrice) ; Aki Kaurismäki (cinéaste) ; Nicolas Klotz (cinéaste) ; Sophie Letourneur (cinéaste) ; Bertrand Mandico (cinéaste) ; Valérie Massadian (cinéaste) ; Mariana Otero (cinéaste) ; Arnaud des Pallières (cinéaste) ; Joao Pedro Rodrigues (cinéaste) ; Elisabeth Perceval (cinéaste) ;Thierry de Peretti (cinéaste) ; Nahuel Pérez Biscayart (acteur) ; Serge Le Péron (cinéaste) ; Joana Preiss (actrice, cinéaste) ; Ben Rivers(cinéaste) ; Jonathan Rosenbaum (critique) ; Ben Russell (cinéaste) ; Thomas Salvador (cinéaste) ; Claire Simon (cinéaste) ; Pierre Trividic (cinéaste, scénariste) ; Paul Vecchiali (cinéaste) ; Akram Zaatari (cinéaste).

    #ZAD #NDDL #Notre-Dame-des-Landes #territoires #cinéma #cinéma_militant

  • https://vimeo.com/219709858


    Appel à souscription
    Morts à 100% : Post-scriptum
    par l’association pour la suppression des pollutions industrielles
    https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-suppression-des-pollutions-industrielles/collectes/morts-a-100-post-scriptum

    Post-scriptum est une question posée à notre époque, son développement, son confort matériel, et les sacrifices qu’ils induisent nécessairement. Aujourd’hui encore, notre niveau de développement ici nécessite que des mineurs se sacrifient là bas.

    #exploitations_minières #mineurs #mythe_du_mineur #pollutions_industrielles #révolution_industrielle
    http://www.nayra.fr
    #documentaires

    Morts à 100 % - Documentaire de Jean Lefaux (1980)
    http://www.dailymotion.com/video/xthqrj_morts-a-100-documentaire-de-jean-lefaux-1980_news

    “J’ai voulu démystifier ceux qu’on appelle les “”héros du sous-sol”". Quelle invraisemblance ! Il est difficile d’être un héros en consentant au sort d’esclave” Constant MALVA (Ma nuit au jour le jour – 1938)

    Ce documentaire a été produit par Les #films du village, alors coopérative de production parisienne et aujourd’hui disparue. Son catalogue est distribué depuis 2009 par la société de diffusion/production Zaradoc, dont la directrice de production est Moïra Vautier , fille de René vautier, figure incontournable du #cinéma_militant et anticolonialiste.

    Mort à cent pour cent est un film rare, qui n’est plus projeté et à priori absent du catalogue de Zaradoc. Il fait donc partie de ces nombreux films disparus (ou presque) du patrimoine audiovisuel régional à portée critique quant au travail du mineur, mais aussi hors travail [...]

    Mort à cent pour cent n’a pas perdu de son actualité, c’est un film indispensable dans le patrimoine audiovisuel local et devrait être projeté régulièrement. Pour la #mémoire et pour ses témoignages pertinents, à l’encontre des propagandes des pouvoirs. Les témoignages ici nous rappellent davantage un Constant Malva, poète de la mine qui ne fait pas de l’asservissement et de son conditionnement une apologie, bien au contraire.

    https://citylightscinema.wordpress.com/category/films-par-thematiques/films-autour-de-la-mine

    source : http://alternatives-projetsminiers.org/appel-a-souscription-pour-un-film-documentaire

  • Voilà. Plutôt que de regarder état des lieux, il faut regarder ça


    A bientôt j’espère, Chris Marker, 1968
    Au cas où vous ne le sachiez pas. Chris Marker profite de la grève de la rhodia de Besançon fait en 67 pour filmer les ouvriers. Il fait ce film qui d’ailleurs est considéré, à tort, comme un monument du documentaire militant. Ensuite il le montre aux ouvriers et il enregistre les débats. Ces derniers trouvent que dans ce film le réalisateur se prend un peu pour un touriste qui les trouve si merveilleux ces ouvriers qui luttent. Alors il leur dit « un cinéma militant ne sera que l’oeuvre des ouvriers eux-mêmes ». C’est ainsi que naissent les groupes medvetkine. Leur premier film « classe de lutte », lui, est un vrai film merveilleux, militant, collectif, féministe, qui déchire.
    https://www.youtube.com/watch?v=VVWBRpT-hRI

    #critique_a_2_balles #a_bientôt_j'espère #chris_marker #1968 #groupe_medvetkine #cinema_militant

  • UN FILM DE LUTTES (documentaire, 1h17) - TV BRUITS
    http://tvbruits.org/spip.php?article2037

    #Film sous Licence Creative Commons By-NC-Nd 2.0 (ce qui vous autorise à le partager légalement et librement).

    « Un film de #luttes » a été réalisé à partir de sujets tournés pour Tv Bruits.

    Un témoignage sur ce qui vit, agit, ne se résigne pas.

    
Les images ont été filmées entre 2003 et 2014 à #Toulouse, et ne sont délibérément ni datées, ni commentées. Parce qu’elles continuent de nous parler au présent.

    Sans papiers, sans abris, conducteurs de trains en grève, handicapés en lutte, artistes squatteurs, habitants de bâtiments réquisitionnés...

    Ils s’indignent, résistent, doutent, se relèvent, aiment, fraternisent, et se confrontent encore et encore aux pouvoirs… 


    Du #cinéma_militant. Où j’ai plus à coeur de susciter des questionnements que de donner du prêt à penser.