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  • Grace Murray Hopper, l’informaticienne certainement la plus récompensée, et pas par n’importe qui !
    _ Pour faire suite au billet de @aris :https://seenthis.net/messages/767643

    Sa biographie wikipédia

    Grace Murray Hopper, née le 9 décembre 1906 à New York et morte le 1er janvier 1992 dans le comté d’Arlington, est une informaticienne américaine et Rear admiral (lower half) de la marine américaine.
    Elle est la conceptrice du premier compilateur en 1951 (A-0 System) et du langage COBOL en 1959.

    Grace Brewster Murray est née le 9 décembre 1906 à New York. Elle étudie les mathématiques, la physique et l’économie au Vassar College, et en sort diplômée en 1928. En 1934, elle obtient un doctorat en mathématiques de l’université Yale.

    La jeune femme enseigne les mathématiques au Vassar College entre 1931 et 1944. Elle épouse en 1930 Vincent Hopper, un professeur de littérature. Le couple, qui n’a pas d’enfants, divorce en 19451.

    Carrière
    En 1943, Grace Hopper s’engage dans la marine américaine. Promue au grade de lieutenant, elle est affectée l’année suivante au Bureau of Ordnance Computation Project de l’université Harvard. Elle travaille dans l’équipe de Howard Aiken sur l’ordinateur Harvard Mark . Elle fait partie du premier groupe, comptant trois personnes, apprenant à le programmer.

    À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle quitte le service actif de la marine, mais continue à travailler au développement des ordinateurs Harvard Mark II puis Harvard Mark III pour le compte du Computation Laboratory d’Harvard.

    En 1949, Grace Hopper est employée par Eckert–Mauchly Computer Corporation (en) (EMCC) et rejoint l’équipe développant UNIVAC à Philadelphie. En 1950, la compagnie est rachetée par Remington Rand. Hopper conçoit l’année suivante le premier compilateur pour UNIVAC I, nommé A-0 System.

    À partir de 1957, elle travaille pour IBM, où elle défend l’idée qu’un programme devrait pouvoir être écrit dans un langage proche de l’anglais plutôt que d’être calqué sur le langage machine, comme l’assembleur.
    De cette idée naît le langage #COBOL en 1959.

    En 1966, conformément au règlement en vigueur, elle doit quitter la Navy après avoir atteint l’âge de 60 ans, mais est rappelée l’année suivante.
    Au cours des années 1970, elle mène les travaux d’établissement de normes pour les ordinateurs, en particulier les premiers langages de programmation évolués : le #Fortran et le COBOL.


    Grace Hopper au clavier de l’UNIVAC, vers 1960.

    Grace Hopper reste dans la Marine jusqu’en 1986, date à laquelle elle prend sa retraite avec le grade de Rear admiral (lower half). Elle est alors l’officier le plus âgé de la marine américaine.

    Jusqu’à son décès en 1992, elle est employée comme consultante externe par Digital Equipment, pour des conférences sur les débuts de l’informatique3. Elle est enterrée avec les honneurs militaires au cimetière national d’Arlington.

    Distinctions
    En 1986, Grace Hopper est décorée de la Defense Distinguished Service Medal, plus haute distinction existante pour les non-combattants3. En 1991, elle reçoit la National Medal of Technology pour « ses contributions novatrices dans le développement de langages de programmation »6.

    Le 22 novembre 2016, Barack Obama lui décerne à titre posthume la médaille présidentielle de la Liberté7.

    Hommages
    En 1973, Grace Hopper est nommée « membre émérite » (distinguished fellow) de la British Computer Society3. Elle est inscrite au National Women’s Hall of Fame en 19945. Près d’une cinquantaine de doctorats honoraires lui ont été décernés3. En 1997, un destroyer de la classe Arleigh Burke, est baptisé USS Hopper (DDG-70).

    #femmes #genre #sexisme #culture_geek #informatique #us_navy #amiral

    • Le Cobol, un langage de programmation a peu prêt naturel, donc simple à apprendre.
      Une petite partie des comptables, dans les entreprises ont donc été transformés en information.e.s, ce qui a permis l’éradication des comptables, et des employé.e.s de bureaux.

      Pour information, une version française avait été développée, elle devait se nomer le « français ».
      Il semble que ce langage de programmation soit toujours utilsé, dans 1 % des cas.

  • This Senseless Government #Shutdown Is Harming Coast Guard Families | U.S. Naval Institute
    https://www.usni.org/magazines/proceedings/2019-01/senseless-government-shutdown-harming-coast-guard-families

    By Admiral Thad Allen, U.S. Coast Guard (Retired)

    Today, with the government shutdown in its third week, it is beyond troubling that Coast Guard men and women are being unnecessarily subjected to financial hardship while enduring the operational, mission-related circumstances that are accepted as part of their compact with their country.
    […]
    I am the son of a Coast Guard Chief Petty Officer and brother of a Coast Guard spouse. Our family’s life has revolved around the service my parents revered. A part of the “Greatest Generation”, they emerged from the depression and World War II to raise a family that moved frequently and fearlessly. They were tough and resilient.

    I will turn 70 shortly and have had 47 addresses in my life. And while my parents and later my wife and I treated each new transfer as an adventure, there were tests and challenges. In the early 1950s my father got a no-notice transfer from Mobile, Alabama to Ketchikan, Alaska after it became clear our family was not a good fit in the segregated South. My father left immediately but it took our family months to catch up. We arrived in Ketchikan from a nearby island that had an airport, making the final leg by Coast Guard small boat with our luggage. Despite these and other challenges my mother and father believed until the day they died that the Coast Guard was the best thing that ever happened to our family.
    […]

    I never believed it would be necessary to remind the leaders of all branches of government of their constitutional responsibilities, but it appears they have subordinated the “general welfare” of their fellow citizens to parochial interests. While this political theater ensues, there are junior Coast Guard petty officers, with families, who are already compensated at levels below the national poverty level, who will not be paid during this government shutdown. There is no reasonable answer as to why these families have to endure this hardship in the absence of a national emergency. These leaders should ponder how they would tell a spouse at Arlington that his or her survivor benefits might be at risk—again, for no reason. I’m glad my mother and father are not alive to see it.

  • " Une vision non­-euclidienne de la Californie comme d’un espace froid où être au monde. " par Ursula K. Le Guin
    https://enuncombatdouteux.blogspot.com/2018/11/une-vision-non-euclidienne-de-la.html

    Ce que les blancs ont perçu comme un monde sauvage à « domestiquer », était en fait mieux connu des humains qu’il ne l’a été depuis. Chaque colline, chaque vallée, chaque crevasse, courbure, canyon, ravin, dessin, pointe, falaise, plage, rocher, chaque arbre de chaque sorte avait son propre nom et sa place dans l’ordre des choses.

    Peut-être que les utopistes devraient finalement tenir compte de cette nouvelle déroutante. Peut-être que les utopistes feraient bien de perdre le plan, de jeter la carte à la poubelle, de descendre de leur scooter, de se coiffer d’un chapeau complètement farfelu, de lancer trois aboiements stridents dans la nuit, de trotter sur leurs petites pattes maigrichonnes, beige et miteuses à travers le désert et de remonter au travers des pins.
    Je n’ai aucune idée de qui nous serons, ni de comment sera l’autre côté, bien que je crois qu’il y ait des gens là-bas. Ils y ont toujours vécu. Ils ont des chants qu’ils chantent là-bas. L’un d’entre eux s’appelle Dancing at the edge of the world*. Si, lorsque nous remonterons de l’abysse, nous leur posons des questions, ils ne traceront pas de cartes, démontrant leur complète impuissance, mais il se pourrait qu’ils montrent du doigt. L’un-e pourrait désigner la direction d’Arlington au Texas.

    J’habite là, dira-t-elle. Regarde comme c’est beau !
    C’est le Nouveau Monde ! Pleurerons-nous alors, déconcerté-e-s mais ravi-e-s. Nous avons découvert le Nouveau Monde !

    Et Coyote répondra : Oh non. Non, vous êtes dans l’Ancien Monde. Celui que j’ai créé.

    Vous l’avez créé pour nous ! Pleurerons-nous, émerveillé-e-s et reconnaissant-e-s.

    Je n’irais pas jusqu’à dire cela, dira Coyote*.

  • Les interprètes russes et américains, seuls présents à la réunion à huis clos, sont tombés gravement malades quelques heures seulement après le sommet.

    https://extranewsfeed.com/two-translators-at-trump-putin-meeting-found-with-bellyful-of-neuroto

    “Doctors tell us that both have a bellyful of Novichok, a very dangerous neurotoxin. We have no idea yet how they came in contact with Novichok.”

    Le personnel médical à Helsinki ne sait pas encore si les deux interprètes survivront. Les traducteurs du monde entier se mobilisent pour prier pour eux dans plus de 150 langues.

     :-)))
    Allan Ishac.

  • Extreme Digital Vetting of Visitors to the U.S. Moves… — ProPublica
    https://www.propublica.org/article/extreme-digital-vetting-of-visitors-to-the-u-s-moves-forward-under-a-new

    The Department of Immigration & Customs Enforcement is taking new steps in its plans for monitoring the social media accounts of applicants and holders of U.S. visas. At a tech industry conference last Thursday in Arlington, Virginia, ICE officials explained to software providers what they are seeking: algorithms that would assess potential threats posed by visa holders in the United States and conduct ongoing social media surveillance of those deemed high risk.

    Some analysts argue that gathering social media data is necessary. ICE already has a tool that searches for connections to terrorists, according to Claude Arnold, a former ICE Homeland Security Investigations special agent, now with the security firm Frontier Solutions. But, he said, potential terrorist threats often come from countries, such as Iraq or Syria, that provide little intelligence to U.S. authorities. As a result, in Arnold’s view, social media information is all the more important.

    Privacy advocates take a darker view. “ICE is building a dangerously broad tool that could be used to justify excluding, or deporting, almost anyone,” said Alvaro Bedoya, executive director of Georgetown Law’s Center on Privacy & Technology. “They are talking about this as a targeted tool, but the numbers tell a different story.”

    Bedoya noted that the program outline originally anticipated that the monitoring would identify 10,000 high-risk visa holders a year. That suggests the pool of people under social media surveillance would be many orders of magnitude larger. (ICE officials did not address this point at the conference.)

    Last week, a coalition of academics and technologists warned in a public letter that ICE’s interest in using big data algorithms to assess risk is misguided, given how rare it is for foreign visitors to be involved in terrorist attacks in the U.S. That means there’s little historical data to mine in hopes of using it to design a new algorithm. The letter cited a Cato Institute analysis that found that the likelihood of an American dying in a terrorist attack on U.S. soil in any given year was 1 in 3.6 million in the period between 1975 and 2015.

    Cathy O’Neil, one of the signatories to that letter and author of “Weapons of Math Destruction,” told this reporter in August that any algorithm a company proposes would come built-in with some very human calculations. “At the end of the day, someone has to choose a ratio,” she said. “How many innocent false positives are you going to keep out of the country for each false negative?”

    Social media surveillance would be difficult to carry out without collecting collateral data on thousands of American citizens in the process, said Rachel Levinson-Waldman, senior counsel to the Brennan Center’s Liberty and National Security Program.

    “Generally, with surveillance technologies, they are adopted for national security purposes overseas, but are then brought stateside pretty quickly,” she said, citing practices first honed overseas, such as intercepting cellphone calls. “So once there’s some kind of dragnet surveillance tool or information collection tool in place for one purpose, slippage can happen, and it will expand and expand.”

    #Surveillance #USA #Visas #Médias_sociaux

  • Il “vicedittatore” eritreo, aggredito a Roma: è colui che ha ordinato il mio rapimento in Somalia

    Il 5 luglio scorso a Roma all’uscita da un ristorante l’ambasciatore dello Stato di Eritrea,
    Petros Fessazion, è stato aggredito da alcune persone, quasi certamente suoi connazionali
    stanchi di un regime repressivo che nega le libertà fondamentali dell’uomo.
    Ma con l’ambasciatore Petros, probabilmente c’era Yemane Gebrehab, il numero due della dittatura
    al potere nell’ex colonia italiana, rimasto gravemente ferito a uno zigomo.

    Ma nell’ospedale romano dove è stato ricoverato non risulta nessuno con quel nome.
    Che abbia dato generalità false per evitare di essere riconosciuto è assai probabile, ma, ovviamente
    non è certo. Per altro la presenza di Yemane era prevista in numerose iniziative in Europa
    dove il “vice-dittatore” non è comparso. Massimo Alberizzi scrive a Petros e a Yemane,
    che a suo tempo l’aveva condannato a morte e fatto rapire in Somalia.


    http://www.africa-express.info/2017/07/17/il-vicedittatore-eritreo-aggradito-roma-ha-ordinato-il-mio-rapiment

    #Petros_Fessazion #Erythrée #Yemane_Gebreab #Isaias_Afeworki

    Et quelques #victimes du régime:

    Dove sono finiti in miei amici #Petros_Solomon, #Haile_Woldensaye, #Mohammed_Sharifo , ex ministri, o #Isaac_Dawit, giornalista, solo per citarne alcuni, arrestati e messi in qualche arroventata galera dell’infuocato bassopiano? E Aster, la moglie di Petros? Avete ingannato anche lei, una combattente per la libertà, una vostra compagna d’armi.

    #Aster_Yohannes

    • Et un article sur Yemane Gebreab, numéro 2 du régime érythréen, reçu via la newsletter de Human Rights Concern Eritrea, 15.11.2017 :
      Yemane Gebreab’s Deadly Schemes and Network of Terror

      Various media outlets have reported that Yemane Gebreab (the Eritrean President’s Advisor) was not allowed to address the Eritrean government supporters’ public seminar, in Arlington, on 8 October 2017, during his visit in the United States. He was denied entry to the seminar venue by US law enforcement officers. It seems plausible that he was in violation of a US Executive Order which listed him as a person who threatened US national security and foreign policy with regard to the Somalia situation. Human Rights Concern Eritrea (HRCE) has previously written about the danger Yemane Gebreab poses to Eritreans inside and outside Eritrea and the international community at large. In particular, Yemane Gebreab set-up an unsuccessful assassination attempt in Somalia on an Italian journalist who lived to tell the story.

      Whilst the flier which was distributed to advertise the event at which Yemane Gebreab was going to be present, alongside Eritrean Foreign Minister Osman Saleh, the official website of the Eritrean Government reported that Osman Saleh alone conducted the seminar. Since the news that Yemane Gebreab was detained spread quickly, it appears the Eritrean Government tried to cover up this embarrassing turn of events. Manufacturing after-the-fact appearances is no new thing for the Eritrean government.

      The UN conducted an inquiry into human rights violations in Eritrea and concluded in June 2016 that crimes against humanity were both widespread and systematic. The country is a one-party state, run by the top members of the People’s Front for Democracy and Justice (PFDJ), whose chairman is also the current and only president since 1991, Isaias Afewerki. His personal advisor is Yemane Gebreab, the man who proposes policies and implements them. Except that he does much more.

      Yemane Gebreab is widely known as the Presidential Advisor in Eritrea and head of Political Affairs in the PFDJ. However, these titles are nominal and only some of the roles he plays. Not only is Yemane Gebreab one of the main political minds behind the PFDJ, but his activities also range as widely in scope and depth as they do in nefariousness. He is active both at national and international level. HRCE has previously called for his arrest, and has since spoken to and received confidential testimonies from agents who in the past were deployed by Yemane Gebreab himself. They confirmed what most Eritreans already knew about him, through word of mouth or partial first-hand experience.

      On the international front, Yemane Gebreab is perhaps most infamous for masterminding and establishing the Young PFDJ (YPFDJ), a youth organisation which has parallels with the Balilla organisation which existed in Fascist Italy during the first half of the 20th century. YPFDJ even has enforcers called Eri-Blood, who intimidate anyone who expresses discontent with the Eritrean government and its practices. However, intimidation is not the only purpose of this organisation. Through the YPFDJ, whose members are not necessarily only youth, the PFDJ organises propaganda campaigns and spreads misinformation among the diaspora and other groups which interact with the Eritrean community abroad. Just as the YPFDJ meetings, often headed by Yemane Gebreab himself, spread false propaganda, they also serve as a means to fundraise and host events where money is either directly collected or obtained through sales of tickets or other items. This alone should have landed Yemane Gebreab in a US jail in the years since the standing executive order was first issued in 2010 by the then president Barack Obama.

      Most of the funds raised by the YPFDJ and PFDJ in the diaspora come from the older segments of the Eritrean community abroad. Worryingly, however, Yemane Gebreab organises these supporters to act as his informants. The former-agents whom HRCE has spoken with say that even middle-aged or elderly women, or other members of the Eritrean community abroad who might not raise suspicion, are used to spy on fellow Eritreans in the diaspora. Though many Eritreans knew this already, the testimony HRCE has received confirms the extent to which this tactic is systematic and widespread. Whilst the ordinary civilian may be used as an informant for Yemane Gebreab, trained individuals ranging from youth to middle-aged are deployed in the diaspora community.

      These youth, invariably members of the YPFDJ, but not necessarily openly so, are individuals who are carefully selected and sent to training camps inside Eritrea, often under the pretence of a vacation visit. They are trained using a program run by Yemane Gebreab which is intended to produce cadres fiercely loyal to the regime. These youth are taken around the country in a program called Zura-Hagerka, to the youth festival in Sawa Military Camp, to Nakfa (the old bastion town during the war for independence) to camps around Asmara (such as Asha Golgol) and other towns where their training is conducted. Not all of these youth are selected to become Yemane Gebreab’s agents. However, those who are selected are deployed in the diaspora and made to inform on the community, infiltrate organisations or set-up money laundering businesses, or even become part of the Eri- Blood.

      It is worrying that Eritrean youth from the diaspora willingly and voluntarily choose to partake in these criminal affairs, although the PFDJ regime has become expert at targeting the more vulnerable and disillusioned amongst the youth abroad. Unlike them, however, there are other Eritreans who also operate in the diaspora but have no choice in the matter. These are conscripts who hail from within the country and are trained in special cadre programs. These Eritreans might get brainwashed to the level of accepting the rhetoric fed them by Yemane Gebreab, although most are deeply aware that they have no choice but to obey, for it is not only their lives which are endangered; they also fear for their families. Few who manage to escape the grip of Yemane Gebreab’s network manage to share inside information. They are unambiguous about the fact that Yemane Gebreab runs these programs, participates in training and brainwashing cadres, as well as being the person who has the final word in all decision-making.

      The cadres deployed outside Eritrea by Yemane Gebreab have a slightly different job from the YPFDJ youth who are trained in the country and then sent back to their diaspora communities, although it must be kept in mind that often their roles overlap. These agents are told the country depends on them and that their training and job has been entrusted to them by the Eritrean people. They are made to believe they are the true inheritors of the legacy which led to the country’s independence and are instructed in no uncertain terms to put the country before their lives. Of course, by “country” Yemane Gebreab means the interests of himself, Isaias Afwerki and their kleptocratic clique. In fact, veneration of Isaias Afwerki is part of their training as they are assured that if it were not for Isaias Afwerki and the PFDJ, the country would be lost.

      Thus trained, involuntarily conscripted men and women from Eritrea are often sent to work in embassies, consulates or other PFDJ offices around the world. The former agents whom HRCE spoke with clarify that these cadres are assigned the job of spying and watching every move of ambassadors, consuls and other staff in these offices. The sources recall how, during their training, Yemane Gebreab would warn them to watch very closely Eritrean officials, diplomats and other leadership figures who visit from Eritrea. He would caution them that they are to monitor these diplomats’ movements as if they were a cancerous tumour. Accordingly, he instructs the agents he sends abroad to record what Eritrean diplomats and officials say in meetings and at public events, keeping an eye out for any sign of dissent or criticism. If these officials show any hint of discontent, they are to be reported and are consequently recalled back to the country.

      While abroad, the cadres deployed from Eritrea are also made to monitor and report on Eritrean-owned businesses and Eritrean individuals. They may receive orders to repatriate individuals targeted by the PFDJ and Yemane Gebreab. In practice, this translates to finding ways to undermine these individuals and business owners so that either their immigration status or licences are revoked. It may even extend to outright abduction and enforced disappearance. This practice seems to be done more in African and middle-eastern countries, where some of governments might even co-operate with the PFDJ in deporting targeted individuals. Examples of this can be found in neighbouring countries such as Sudan, where, throughout the years, abductions of Eritreans from Sudanese territory are conducted by Eritrean agents.

      Moreover, agents who answer to and co-operate with Yemane Gebreab can also be foreign nationals. Recalling the assassination attempt on the Italian journalist mentioned above, the Somalis who allowed the journalist to escape were reprimanded by Yemane Gebreab. Furthermore, part of the reason his name is the only non-Somali name on the list in the Executive Order concerning the turmoil in Somalia is due to his and his agents’ work in the region.

      However, the international activities by Yemane Gebreab form only part of the picture, as he is also deeply entrenched in the terror his activities within the country cause to the Eritrean People. As mentioned in a previous article, Yemane Gebreab admits in an interview that he and the PFDJ arrested without due legal process and detained incommunicado a group of journalists and his former colleagues and senior ministers known as the G11 in 2001. (The G11 were part of the G15, a group of senior government officials who publicly called for democracy and change, but only 11 of them were in the country at the time of arrest, and few are thought to survive to this day). Though this case is the most famous internationally, Yemane Gebreab is co-perpetrator of other persecutions and enforced disappearances within the country.

      Inside Eritrea, Yemane Gebreab is one of the main political minds behind the PFDJ, and as such, he plans and implements various repressive internal policies. He plays a crucial role in the establishment and running of youth programs, including the national service and the National Union of Eritrean Youth and Students (NUEYS), the internal equivalent of the YPFDJ and the organisation which handles all Eritrean youth affairs before they are conscripted into the military, which occurs before they even finish secondary education. This includes participation in PFDJ organised events and the release or withholding of the ID card all students must have before they are conscripted, on penalty of detention and early conscription into the military.

      Whilst Gebreab partakes in shaping such national policies to the extent that he is known as second-in-command in the country after Isaias Afewerki, the cadres he controls are put to work even inside Eritrea. The espionage network in Eritrea is as unnerving as possible, but what makes it even more fearsome for those who have to live under it is that elements like those organised and deployed by Yemane Gebreab do not fall under the control of any normal intelligence agency. They receive orders and respond solely to the president’s office and to Yemane Gebreab. For years the Eritrean population has lived in dread of accidentally offending one of these informants or any other covert agents infiltrated within the population.

      A particular terrorising effect is achieved by the agents of Yemane Gebreab inside Eritrea by the fact that they not only spy on the population but also demand that citizens inform on each other. The testimonies received by HRCE clarify that the cadres and agents trained and deployed by Yemane Gebreab are often given quotas and targets to monitor. Consequently, they follow the target in public places such as cafes, places of work, churches, mosques, etc. In such places, these agents approach the persons running the locales, businesses or places of worship and force them to inform on the targeted citizens. This creates a daily atmosphere of terror in the population, because no one can be sure if their colleague, their waiter, their church leader or their imam is watching their every move and reporting to these agents. To use a recent development within the country as a further example, it appears that the PFDJ regime is now assigning one family in each neighbourhood to act as informants on a group of surrounding families, reporting the comings and goings of each member of the assigned families they watch.

      At this point it is important to remind the reader that Eritreans live in terror of the consequences that may befall them if they appear to know anything unauthorised or do not cooperate with the demands made of them. In such ways Yemane Gebreab instils fear among Eritreans so that no one dares to speak to their neighbour openly, let alone organise to demand their rights or change the system. There is now an entire generation born and raised in such conditions of fear, and Yemane Gebreab is the main actor pulling the strings of the mechanisms that have terrorised many of the young people as well as most of the adult population for their entire lives, both inside and outside Eritrea. Gebreab has committed crimes against humanity and used people who have been forced into slavery to partake in his schemes. He is one of the main persons, perhaps only the second after Isaias Afwerki, to have illegitimately detained and directly caused the deaths of hundreds accused of dissenting against the PFDJ, of whom the most famous are amongst the G11 and journalists forcibly disappeared in September 2001.

      It baffles the mind then that Yemane Gebreab has thus far been allowed to enter Europe and the United States of America freely. European leaders and representatives of other United Nations member states should refuse to interact with such a criminal and should denounce him. The UN has recommended that those who systematically perpetrate crimes against humanity in Eritrea should face prosecution and Yemane Gebreab should be one of the most wanted men in Eritrea, detained immediately upon setting foot outside Eritrea and prosecuted at the International Criminal Court (ICC). HRCE recognises that some steps such as sanction and seizure of financial assets have been taken by the United States. However, it is feared that the seriousness of Yemane Gebreab’s crimes are grossly underestimated by the leaders of such countries and international organisations.

      HRCE appeals to all countries to deny entry to Yemane Gebreab and to refuse political and financial cooperation with him and the party he represents. It seems that Yemane Gebreab has been set free losing a major opportunity to detain him. However, if the U.S, European or other country’s authorities get another chance to put him in custody, HRCE recommends that instead of being released to perpetrate further crimes against humanity, he should be detained until he is brought before the ICC to answer for the major role he has played in terrorising and eliminating innocent Eritreans.

  • Voyage dans l’Amérique en guerre (4/4) : une guerre sans limites

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/06/voyage-dans-l-amerique-en-guerre-4-4-une-guerre-sans-limites_5058934_3222.ht

    Au nom de la lutte contre le djihadisme, le 11-Septembre a précipité les Etats-Unis dans quinze années de combats . Dernier volet de notre reportage dans un pays tourmenté.

    Tentant d’esquisser un bilan de ces quinze années, l’ex-colonel Andrew Bacevich, devenu historien et professeur à l’université de Boston, dénonce « la normalisation de la guerre. Pendant la guerre froide, le Vietnam et d’autres conflits, l’objectif politique final d’un président était la paix. Même les plus cyniques évoquaient la paix. Cette année, je n’ai entendu aucun des deux candidats à la présidentielle en parler. Ils promettent la guerre, pas la fin de la guerre ».

    Ce jour-là, à Boston, Andrew Bacevich a réuni chercheurs, militaires et espions pour une conférence intitulée « Quinze ans après le 11-Septembre ». Deux anciens pontes du renseignement s’interrogent. Ardent défenseur des programmes mis en œuvre depuis 2001, John Deutch, un ex-directeur de la CIA, constate que « le 11-Septembre a détruit tout le système sur lequel était bâtie la sécurité nationale américaine, où l’on faisait la différence entre l’extérieur et l’intérieur, et entre la guerre et la paix », et qu’il a bien fallu s’adapter à un monde nouveau.

    Andrew Bacevich, professeur à l’université de Boston (Massachusetts), le 14 septembre 2016.
    Nettement plus critique, Paul Pillar, un ancien du contre-terrorisme de la CIA et de l’état-major du renseignement, professeur à l’université Georgetown de Washington, dénonce « l’usage politique qui a été fait de la peur et des angoisses des Américains pour justifier à la fois la restriction des libertés et l’invasion de l’Irak. Alors que, franchement, il est impossible d’affirmer que nous sommes plus en sécurité aujourd’hui qu’il y a quinze ans ». S’adressant aux étudiants, et contrairement à beaucoup d’agents de la sécurité nationale qui se sont résignés à accompagner décisions politiques et avancées technologiques sans débat éthique, Pillar les conjure de « ne pas se résigner : ne prenez jamais la normalité pour inévitable ! »

    Au cours de ce voyage dans l’Amérique en guerre, une visite s’imposait. Un détour par Rockville, dans cet Etat du Maryland qui, avec la Virginie, accueille autour de Washington toute l’élite sécuritaire du pays. C’est là que vit un ancien espion, Marc Sageman, devenu au fil des années et de ses recherches peut-être le meilleur analyste du conflit entre l’Amérique et le djihad.

    Au cimetière d’Arlington (Virginie), le 21 septembre 2016.
    Sageman a vécu cette guerre à tous les postes : après avoir formé pour la CIA, dans les années 1980, les moudjahidin afghans et arabes qui combattaient les Russes en Afghanistan, après s’être ensuite frotté dans le monde civil à la criminalité en tant que médecin légiste et psychiatre, il est revenu aux affaires sensibles après le 11-Septembre, mû par « un sentiment de culpabilité d’avoir peut-être entraîné certains de ces types » et par « une envie de comprendre qui ils sont et ce qu’ils cherchent ».

    Il a repris du service pour le Pentagone à Washington et en Afghanistan, pour le FBI, pour la police de New York, pour le Secret Service chargé de la protection des présidents, et pour des instituts de recherche et des universités. C’est souvent lui, quelle que soit sa casquette, qu’on appelle pour interroger un djihadiste arrêté ici ou là, pour tenter d’évaluer la menace et de comprendre des motivations que la majorité des Américains considèrent comme incompréhensibles.

    POUR JOHN DEUTCH, UN EX-DIRECTEUR DE LA CIA, « LE 11-SEPTEMBRE A DÉTRUIT TOUT LE SYSTÈME SUR LEQUEL ÉTAIT BÂTIE LA SÉCURITÉ NATIONALE AMÉRICAINE, OÙ L’ON FAISAIT LA DIFFÉRENCE ENTRE L’EXTÉRIEUR ET L’INTÉRIEUR »

    Marc Sageman, qui a toujours jugé sévèrement les politiques étrangères de Bush puis d’Obama, est aujourd’hui encore plus désabusé que lors de conversations passées. « Même avec Obama, que j’ai pourtant soutenu, la situation a empiré. Il s’est entouré de faucons et est devenu faucon. Cette war on terror est incontrôlable. Elle a généré un complexe militaro-industriel de l’antiterrorisme dont les budgets se comptent en milliers de milliards de dollars. »

    L’ancien agent de la CIA à Islamabad n’est pas tendre non plus avec la préoccupation du moment, le front intérieur. Lui qui a pu interroger nombre de suspects arrêtés aux Etats-Unis estime que, malgré la menace réelle et quelques attaques réussies, « l’immense majorité de ces jeunes paumés ont été manipulés sur Internet par le FBI, qui parfois leur a même vendu les armes servant de preuves lors de leur arrestation ». « Au moins 400 arrestations ont été montées par le FBI pour des raisons de budget et de publicité. C’est la même technique que celle employée par John Edgar Hoover contre les communistes, puis contre les Noirs, puis contre les opposants à la guerre du Vietnam. Ces techniques avaient été suspendues après le Vietnam, sauf pour les dealers de drogue. Le FBI les a réactivées en 2001, soi-disant pour nous protéger de gens dangereux, mais en fait pour surveiller tout le monde et piéger qui il veut. »

    La torture, ligne de fracture

    Pour Marc Sageman, comme pour beaucoup d’Américains qui réfléchissent à l’onde de choc de ces conflits pour le pays et ses valeurs, la ligne de fracture de l’Amérique post-11-Septembre est la torture, ordonnée par Bush, puis supprimée par Obama sans être pénalement condamnée. « Raconter, comme dans le film Zero Dark Thirty, que la torture a permis de tuer Ben Laden, c’est vraiment de la connerie. Je connais le dossier. Cette histoire a été inventée par des types de la CIA qui ont enfumé les scénaristes du film. »

    L’ancien espion Marc Sageman, à Montgomery County (Maryland), le 19 septembre 2016.
    Son plus grand regret, à l’heure où Barack Obama va quitter la présidence, est « qu’il n’ait pas ordonné de poursuivre en justice nos criminels de guerre. Tant qu’il n’y aura pas de condamnation, ça recommencera ». Entraînant, comme avec Guantanamo ou Abou Ghraib, comme à chaque fois que l’Amérique n’est pas exemplaire sur l’état de droit, une augmentation significative du nombre de combattants ennemis.

    Kenneth Roth, le directeur de Human Rights Watch, la plus importante organisation de défense des droits de l’homme américaine, regrette lui aussi ce choix d’Obama, qui a supprimé l’utilisation de la torture le premier jour de sa présidence tout en excluant immédiatement de punir l’administration Bush pour ses excès. « Ne pas poursuivre en justice, c’est ramener la torture à une décision politique, au lieu de la rendre illégale. Obama l’a supprimée, ainsi que les détentions secrètes, mais ne pas condamner les responsables de la torture est un feu vert pour qu’un autre la rétablisse. »

    Lors d’une tournée d’entretiens avec des stratèges américains il y a huit ans, pendant l’hiver de transition entre Bush et Obama, beaucoup critiquaient déjà, pour des raisons diverses, la war on terror. Même si Ben Laden n’avait à l’époque pas encore été tué, chacun soulignait que le mot « guerre » semblait inadapté, puisque les responsables opérationnels des attaques du 11-Septembre, dont leur coordinateur Khalid Cheikh Mohammed, avaient été arrêtés au Pakistan par des moyens tout à fait classiques de renseignement et de police.

    POUR BEAUCOUP D’AMÉRICAINS QUI RÉFLÉCHISSENT À L’ONDE DE CHOC DE CES CONFLITS POUR LE PAYS ET SES VALEURS, LA LIGNE DE FRACTURE DE L’AMÉRIQUE POST-11-SEPTEMBRE EST LA TORTURE

    Si les années Obama ont permis un retour des troupes au bercail, elles n’ont en revanche pas inversé cette tendance à ne penser qu’en termes militaires. La militarisation de la lutte antidjihadiste est même telle, depuis que l’Etat islamique a bâti une armée de dizaines de milliers de combattants, que tout le monde a oublié que la réaction au 11-Septembre aurait peut-être pu être principalement policière, et plus personne ne critique la militarisation de la pensée. La réalité est là : aujourd’hui, en Irak et en Syrie mais également au Sahel, en Libye, au Yémen et ailleurs, seuls des moyens militaires peuvent venir à bout de certains groupes djihadistes, eux-mêmes désormais fortement militarisés.

    Quant à Khalid Cheikh Mohammed, il croupit toujours à Guantanamo, et même les Américains oublient de demander à leurs élus s’il sera un jour jugé pour ses crimes. « Avec le fait de ne pas juger nos criminels de guerre, c’est l’autre erreur d’Obama. Contrairement à Bush, lui aurait dû amener les responsables du 11-Septembre devant la justice, juge Kenneth Roth. C’est là aussi une décision liée à la torture : tout le système veut éviter des révélations sur ce sujet », certains aveux de Khalid Cheikh Mohammed ayant été extorqués lors de séances de waterboarding, la torture par suffocation dans l’eau.

    Le hasard – l’ironie pourrait-on dire, si le sujet de ces quinze ans de guerre n’était pas si tragique – est que ce voyage consacré à l’Amérique en guerre, commencé à New York un dimanche 11 septembre ensoleillé, s’achève, trois mois plus tard, en un pluvieux mois de décembre, sur le front de Mossoul.

    Dans cette ville marquée à la fois par ­Petraeus, par Al-Qaida et par l’Etat islamique, cette « capitale » des régions sunnites, des unités des forces spéciales irakiennes mènent la bataille contre l’EI. Ces soldats ont été formés par les Etats-Unis, qui ont depuis longtemps, en Irak comme ailleurs, adopté le concept de proxy war (« guerre par procuration ») afin d’éviter des engagements militaires directs. Les combats sont rudes. Les djihadistes finiront par perdre la « capitale » du « califat » proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi, l’héritier turbulent de Ben Laden et rival d’Al-Qaida, mais le fait même que cette bataille doive avoir lieu est l’aveu d’un échec colossal.

    Lors du premier débat présidentiel entre la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, à Oakland (Californie), le 26 septembre 2016.
    Quinze ans après le 11-Septembre, Ben Laden et ses 300 hommes ont muté en dizaines de milliers de combattants djihadistes, dont certains administrent depuis deux ans et demi villes et territoires en Irak et en Syrie, ont bâti une armée, peuvent envoyer une unité perpétrer des attentats jusqu’à Paris et Bruxelles et ont des partisans en armes dans beaucoup d’autres pays.

    Entre paix et peur

    « Le plus surprenant est tout de même d’avoir cette conversation quinze ans après, dit en souriant Peter Bergen. En 2001, jamais je n’aurais imaginé vivre cet état de guerre aujourd’hui. Puis il y a eu 2011, et moi aussi, comme beaucoup de monde, j’ai cru à la fin du problème djihadiste au moment de la mort de Ben Laden et des “printemps arabes”. »

    VINGT VÉTÉRANS SE SUICIDENT CHAQUE JOUR À TRAVERS LE PAYS, MAIS LES AMÉRICAINS NE PARLENT QUE DE « HÉROS » ET DE TEMPS GLORIEUX. NUL NE DOUTE DE LA PUISSANCE DU PAYS NI DE SES VALEURS FONDAMENTALES, MÊME LORSQU’ELLES SONT UN TEMPS TRAHIES.

    « C’est une question de temps. Al-Qaida et l’EI seront vaincus, prédit David Petraeus. Pour moi, la leçon de ces quinze années est que, malgré les erreurs commises le long du chemin, et alors qu’on prétend que les démocraties ne peuvent prétendument pas mener de “guerre longue”, cela se révèle être faux. Je ne pense pas que ce combat soit sans fin. C’est la guerre d’une génération. »

    Une guerre qui évolue : à la fin des années Bush, 180 000 soldats américains étaient déployés sur le champ de bataille ; à la fin des années Obama, presque tous sont rentrés chez eux, et le combat est principalement mené par les forces spéciales et les drones, en appui d’armées étrangères. Et, puisque la certitude est de faire face à une « guerre longue », celle-ci évoluera encore dans les années à venir, selon la façon dont le président élu Donald Trump abordera les questions stratégiques et militaires.

    La force des Etats-Unis réside peut-être là, dans ce paradoxe : le pays vit en même temps l’apogée du scepticisme et l’apogée du patriotisme. Alors que l’Amérique n’a enchaîné quasiment que des erreurs et des défaites depuis quinze ans – mis à part la mise hors d’état de nuire de Ben Laden et des organisateurs du ­11-Septembre –, nul ne doute de la victoire. Vingt vétérans se suicident chaque jour à travers le pays, mais les Américains ne parlent que de « héros » et de temps glorieux. Nul ne doute de la puissance du pays ni de ses valeurs fondamentales, même lorsqu’elles sont un temps trahies.

    Personne, mis à part l’écrivain Kevin Powers ou le chercheur Marc Sageman, ne mentionne les victimes autres qu’américaines, les morts, les blessés, les torturés, les vies ravagées. « Je ne veux pas savoir combien de gens nous avons tués depuis quinze ans… » : ces mots de Dick Couch pourraient être ceux d’une majorité d’Américains. Eux veillent (un peu) à panser les plaies de leurs blessés, ils célèbrent leurs morts, ils vouent un culte à leurs guerriers, et la minute d’après ils pensent à autre chose.

    Ils vivent en paix. Malgré leur peur irrationnelle d’un ennemi invisible, les Américains vivent en paix. D’où l’étonnement de les entendre parfois évoquer une « guerre sans fin ». D’où l’étonnement, alors que la menace ne fut jamais existentielle, lorsqu’ils laissent percevoir une peur qui confine parfois à la panique.

    Les Etats-Unis ne se perçoivent pas vraiment comme étant en guerre : ils vivent entre paix et peur. Et pourtant la crainte d’une « guerre sans fin » est très présente. Les Américains sont en fait dans l’illusion que guerre et paix appartiennent à des sphères différentes, cloisonnées, et que la guerre est l’affaire exclusive des militaires. Cette « guerre sans fin » de l’Amérique est une guerre non déclarée, indéfinie, sans véritable visage, ni territoire ni front. Plus qu’une guerre sans fin, c’est une guerre sans limites. C’est peut-être, après tout, la pire des guerres. Celle qui envahit les esprits. Celle qui empoisonne une société. Une guerre qui change un pays pour toujours, sans même qu’au fond, il sache très bien pourquoi…

    Au Lincoln Memorial, à Washington, le 19 septembre 2016.

  • Voyage dans l’Amérique en guerre (3/4) : sur le front intérieur

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/05/voyage-dans-l-amerique-en-guerre-3-4-sur-le-front-interieur_5058295_3222.htm

    Au nom de la lutte contre le djihadisme, le 11-Septembre a précipité les Etats-Unis dans quinze années de combats. Troisième volet de notre reportage sur l’islam et la surveillance.

    A l’autre bout du pays, à Charlottesville (Virginie), un autre admirateur du général Petraeus a emprunté un tout autre chemin. Devenu opposant à la guerre, même s’il reste solidaire de ses camarades militaires, le pilote d’hélicoptère Tim Leroux, qui a servi à Mossoul sous ­Petraeus, se consacre aux Afghans et aux Irakiens qui ont émigré aux Etats-Unis, ainsi qu’aux immigrés récents tels que les Syriens. « De tous les êtres humains que j’ai eu la chance de rencontrer, j’ai deux hommes dans mon panthéon personnel : David Petraeus et M. Khan », assène Tim Leroux.

    Khizr Khan est devenu une gloire de Charlottesville depuis son apparition à la convention démocrate estivale, où il a brandi la Constitution des Etats-Unis en réponse à une promesse de campagne de Donald Trump d’interdire aux musulmans l’entrée du pays, accusant le candidat républicain de ne jamais l’avoir lue, et surtout depuis la réplique de Trump, insultante pour Khizr et Ghazala Khan, une famille intouchable depuis la mort du capitaine Humayun Khan, leur fils, tué en 2004 à Bakouba, en Irak.

    La famille musulmane la plus célèbre de l’année en Amérique a gardé avec l’armée et le régiment du fils défunt une relation exceptionnelle. Les Khan invitent chaque promotion de cadets à une réception dans leur jardin. Khizr Khan, après les avoir amenés dans le salon de réception transformé en ­mémorial à la gloire du disparu, leur offre à chacun cette Constitution américaine dont une pile trône sur la cheminée et dont un exemplaire ne le quitte jamais.

    « Je crois que les gens qui haïssent le plus la guerre sont les soldats et leurs familles, même si nous étions très fiers de notre fils, qui disait vouloir “vivre dans l’honneur”, raconte Khizr Khan. Quand le temps fut venu de partir en Irak, je lui ai conseillé de tenter d’éviter d’être déployé. Il m’a répondu que jamais il n’abandonnerait les hommes de son unité. Alors que Mme Khan et moi-même étions très engagés contre cette guerre d’Irak, lui, qui pensait aussi que ce conflit était une erreur, veillait sur ses soldats. Et il voulait être “un pont entre Irakiens et Américains”, comme il disait. Le vendredi, à Bakouba, il priait avec les Irakiens, qui l’appelaient “notre capitaine” et qui nous ont écrit après sa mort. »

    Khizr Muazzam Khan et Ghazala Khan, les parents d’Humayun Khan, à Charlottesville (Virginie), le 22 septembre 2016.

    Un jour, une voiture suspectée d’être piégée s’approche du poste où se trouve le capitaine Khan. Pour les protéger, il ordonne à ses hommes de rester en arrière. Il s’avance seul pour contrôler le véhicule, qui explose. Il est la seule victime de l’attentat avec les deux kamikazes. Décoré à titre posthume de la Bronze Star et de la Purple Heart, le capitaine est enterré dans la « section 60 » du cimetière national d’Arlington, là où reposent les soldats tués dans les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Quelques jours après la commémoration du 11-Septembre, cette année, sa tombe, ornée de drapeaux américains et parsemée de lettres, était fleurie par des inconnus.

    De manière inattendue, les Khan, plus habitués aux hommages qu’aux insultes, ont été pris dans le tourbillon de la politique, et plus particulièrement dans la vision compliquée que le pays a aujourd’hui de l’islam. L’Amérique entretient un rapport passionnel avec la religion, le président prête serment sur la ­Bible, les télé-évangélistes transportent les foules, les églises sont le ciment de la communauté. Avec la même passion, la campagne de Donald Trump a fait surgir une critique virulente, voire une haine de l’islam.
    Les tueries notamment de Fort Hood, en 2009, et de Boston, en 2013, et, depuis un an, les attaques de San Bernardino et d’Orlando ont mis le pays en émoi

    Ghazala Khan raconte qu’« il est pourtant ­facile d’être musulman dans ce pays » et relate « les invitations des amis et voisins à parler de l’islam dans les églises ». Malgré la perte du fils aimé, parti faire une guerre qu’il n’approuvait pas, malgré les insultes de Donald Trump sur le voile de Ghazala, le couple Khan reste convaincu de vivre en terre promise. « La peur instinctive des musulmans, quand on regarde la télévision et les horribles nouvelles du monde entier, est presque légitime, pense Khizr Khan. Ces terroristes se sont accaparés notre religion et nous ont fait faire un saut de trente ans en arrière. Tous les musulmans du monde doivent se dresser contre eux, s’ériger en rempart ! »

    La peur du « terrorisme intérieur »

    Attentifs à ceux qui, comme eux, ont choisi l’Amérique comme terre d’exil, les Khan ont naturellement croisé le chemin de Tim ­Leroux. Charlottesville et sa région ont déjà accueilli beaucoup d’Afghans et d’Irakiens, venus grâce à des programmes spéciaux destinés aux citoyens de ces deux pays un temps occupés par les Etats-Unis. Leroux, ex-lieutenant-colonel, pilote d’hélicoptère Apache pendant vingt ans, qui s’est engagé « après avoir vu Top Gun, pour la gloire et les jolies femmes » et ayant connu « dix ans de paix suivis de dix ans de guerre », entraîne le visiteur, un pack de Coca à la main, sur le balcon du jardin.

    Medals and a training ceremony dedicated to fallen U.S. captain Humayun Saqib Muazzam Khan, are seen in his parents’ home in Charlottesville, Virginia on Sept. 22, 2016.

    « Lorsque nous avons envahi l’Irak, je travaillais pour le général Petraeus à Mossoul et j’étais convaincu de faire le bien. Nous allions libérer l’Irak et rentrer à la maison. J’ai mis des années à changer d’avis et à devenir très critique sur la politique de sécurité nationale des Etats-Unis. Lorsque quelqu’un, encore aujourd’hui, défend cette invasion, cela me paraît être de la pure folie. » Tim Leroux reprend une gorgée de Coca. Puis il raconte comment il est devenu la personne de référence pour les Afghans et les Irakiens qui atterrissent à Charlottesville. « L’une des raisons est probablement qu’il n’est pas un jour où je ne pense à M. Abbas, qui était mon traducteur en Irak et m’a sauvé la vie dans une embuscade tendue par des insurgés. J’ai perdu sa trace, mais il est dans mon cœur pour toujours. »

    Leroux s’est engagé à aider les familles ayant obtenu le visa spécial auquel ont droit ceux qui ont travaillé au moins un an pour l’armée américaine en Afghanistan ou en Irak, puis a étendu son action aux réfugiés de Syrie et d’ailleurs. Il s’est personnellement occupé de l’accueil de 62 familles. Son meilleur ami issu de ces communautés est Muhammad Wali Tasleem, un soldat qui a combattu treize ans les talibans dans les forces spéciales américaines et afghanes et qui travaille aujourd’hui à la caisse d’une station-service de Charlottesville.

    Muhammad Wali Tasleem et son meilleur ami Tim Leroux, à Charlottesville (Virginie), le 22 septembre.

    Tasleem a servi, prenant la suite de son père et de son oncle, avec les moudjahidin ­d’Ahmad Chah Massoud, l’emblématique chef de guerre afghan assassiné sur ordre de Ben Laden deux jours avant le 11-Septembre. Le chef djihadiste pensait que seul le commandant Massoud pouvait reconquérir l’Afghanistan contrôlé par les talibans : il n’avait pas tort, sauf que les hommes de Massoud sont parvenus à les renverser même une fois leur chef mort, avec l’aide des bombardiers et des forces spéciales américaines.

    « Ma famille a perdu beaucoup de monde dans le combat contre les talibans et Al-Qaida, et en tant que soldat j’ai perdu une vingtaine de mes camarades, raconte Wali Tasleem d’une voix neutre. J’ai passé treize ans à combattre sur les lignes de front les plus dures. Puis, il a fallu que je pense à l’avenir de mes cinq fils, et j’ai émigré aux Etats-Unis. L’arrivée a été difficile. Jusqu’à ce que je rencontre M. Tim. Il nous a beaucoup aidés, j’ai trouvé un travail, et mes enfants vont dans la meilleure école du coin. Maintenant, il faut que ma femme s’intègre aussi, qu’elle apprenne l’anglais et passe le permis de conduire. »
    Tasleem réfléchit. « Aujourd’hui je suis un musulman américain. C’est mon nouveau pays. Comme pour les Khan. Mais je vois bien que beaucoup de gens ici considèrent tous les musulmans comme des terroristes… » Il a dû quitter un premier emploi de garde de sécurité à l’université parce que, sans dire un mot, avec son visage buriné et ses yeux noirs perçants, il avait effrayé une étudiante qui s’en était émue auprès de la direction du campus.

    « La peur instinctive des musulmans, quand on regarde la télévision et les horribles nouvelles du monde entier, est presque légitime », pense Khizr Khan, dont le fils a été tué en Irak
    Car une des menaces qui s’est développée depuis quinze ans, depuis que le monde du djihad est passé de la cellule d’agents clandestins à l’ère du Web et des réseaux sociaux, ce sont ces jeunes inspirés par Al-Qaida ou plus récemment par l’Etat islamique, et qui deviennent ce que les services de renseignement décrivent comme des « loups solitaires ».

    Depuis l’affaire la plus retentissante de ces quinze dernières années, celle d’Anwar Al-Awlaki, un imam américano-yéménite devenu une figure très influente d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique qu’Obama a fait exécuter en 2011 par un drone, malgré sa citoyenneté américaine et les problèmes juridiques que cela pouvait poser, les cas de radicalisation se sont multipliés. Les tueries notamment de Fort Hood, en 2009, et de Boston, en 2013, et, depuis un an, les attaques de San Bernardino et d’Orlando ont mis le pays en émoi.

    « Cette peur du “djihadiste américain” est irrationnelle, c’est un problème mineur ici, pense Peter Bergen, journaliste à CNN entré dans la légende pour avoir recueilli la déclaration de guerre de Ben Laden aux Etats-Unis en 1997, chercheur au think tank New America et auteur de United States of Jihad (non traduit, Crown, 2016). Nous n’avons eu que huit retours d’Américains de Syrie : sept sont en prison et le dernier est mort. Nous avons 360 procédures judiciaires ayant abouti à une condamnation, principalement contre des types qui se sont radicalisés à la maison devant leur ordinateur… Et puis les Etats-Unis sont objectivement l’un des meilleurs pays occidentaux pour un musulman. Le “rêve américain” fonctionne toujours. »

    En septembre, des attentats à la bombe ont été perpétrés à New York et dans le New Jersey. L’auteur des attaques, Ahmad Khan ­Rahimi, arrêté par la police, est afghan. Cela met Tasleem « très en colère ». « C’est justement à cause de ces problèmes qu’il faut ouvrir les bras aux réfugiés, pense Tim Leroux. Les enfants de Wali reçoivent parfois des pierres lorsqu’ils jouent au square, et ils se font traiter de terroristes. Si l’on ne s’occupe pas bien d’eux, qui dit que l’un des cinq ne peut pas un jour mal tourner ? Nous devons non seulement leur montrer du respect, mais être conscients que le premier rempart contre une éventuelle radicalisation d’un de ses fils, c’est Wali lui-même. Nous avons le devoir de l’aider à réussir l’éducation de ses enfants. »
    Bientôt, Tim Leroux va présenter Khizr Khan, le juriste, à Muhammad Wali Tasleem, le guerrier. Ce dernier veut obtenir la citoyenneté américaine et réussir l’intégration de ses enfants. Puis il espère repartir, seul, en Afghanistan, si la guerre y dure encore. Tant qu’il y aura un djihadiste à tuer. « Un jour, je veux retourner combattre pour mon pays », murmure-t-il. « Wali est un pur guerrier, constate Tim Leroux. La vie, c’est comme ça : certains sont nés pour être soldat. » Le pilote d’hélicoptère ne s’inclut pas dans cette catégorie d’hommes. Lui ne songe désormais qu’à s’occuper de ses enfants et de sa communauté et, après dix ans de guerre, il est devenu un opposant virulent aux interventions étrangères.

    L’ère de Big Brother

    Les autres Américains qui critiquent de façon virulente l’ère post-11-Septembre, au-delà des conflits armés, sont ceux qui s’interrogent sur la transformation profonde de la société américaine. Les valeurs ont changé, le pays se referme sur lui-même, l’inquiétude envers le monde et envers l’étranger s’incruste dans les esprits. Et, dans une Amérique qui a toujours brandi le mot « liberté » en étendard, on sent une acceptation résignée d’une société de la peur et de la surveillance. La menace a abouti, depuis le Patriot Act de l’administration Bush, à des restrictions majeures des libertés individuelles.


    Des militants pacifistes, à Wheatland (Californie), le 26 septembre 2016.

    « Si nous avions imaginé il y a quinze ans ce que la NSA fait aujourd’hui, on aurait pris ça pour de la science-fiction ou pour des théories de la conspiration, remarque Tom Keenan, le directeur des programmes sur les droits de l’homme du Bard College, à New York. Et maintenant que la communauté du renseignement dispose de tels outils, personne, aucun président ni aucune opposition, ne les leur fera abandonner. » Les révélations d’Edward Snowden sur le programme de surveillance de la NSA ont certes lancé un débat, mais elles n’ont eu aucun effet politique.

    « Les programmes technologiques et biométriques du Pentagone en Afghanistan, où chaque villageois est enregistré dans une gigantesque base de données avec son ADN, ses empreintes digitales et sa reconnaissance faciale, ont été mis à la disposition du FBI pour la population américaine, raconte Jennifer Lynch, qui travaille sur le rapport entre technologies et libertés à l’Electronic Frontier Foundation, à San Francisco. Et, outre le FBI, des villes comme New York, Chicago et Los ­Angeles sont également très avancées dans leurs programmes de surveillance totale de la population par reconnaissance faciale dans la rue et d’identification des plaques d’immatriculation des voitures. C’est un suivi de chaque individu de manière indiscriminée. »

    « Si nous avions imaginé il y a quinze ans ce que la NSA fait aujourd’hui, on aurait pris ça pour de la science-fiction ou pour des théories de la conspiration », remarque Tom Keenan, le directeur des programmes sur les droits de l’homme du Bard College, à New York
    Les drones aussi ont du succès, et des usages multiples. « Nous pensons que le FBI, qui ne le reconnaît pas encore, fait survoler des manifestations par des drones qui “aspirent” l’ensemble des données des smartphones », accuse Jennifer Lynch. La collecte de renseignements, à la fois massive et très ciblée si nécessaire, devenue une évidence du champ de bataille de l’après-11-Septembre, menace l’Amérique.

    Pour la première fois cette année, un robot armé, testé en Afghanistan et en Irak, a été utilisé sur le sol américain pour tuer, à Dallas, un homme qui venait de tirer sur des policiers. Les forces de l’ordre ont adoré le robot-tueur, et s’équipent. Non seulement « Big ­Brother is watching you », pour reprendre la maxime du roman 1984, de George Orwell, mais « Big Brother is killing you » (« Big Brother te tue »).

    « Par peur d’une menace qui est tout de même exagérée, les
    Américains ont accepté un régime de surveillance qu’ils auraient trouvé totalement inacceptable avant le 11-Septembre, analyse Andrew Bacevich, un ex-colonel devenu historien et professeur à l’université de Boston, l’un des plus brillants penseurs de l’Amérique en guerre, auteur du remarquable Breach of Trust (non traduit, Picador, 2014). Ils trouvent désormais normal de sacrifier la liberté à la sécurité. »

  • Voyage dans l’Amérique en guerre (2/4) : « Thank you for your service »

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/04/voyage-dans-l-amerique-en-guerre-2-4-thank-you-for-your-service_5057751_3222

    Au nom de la lutte contre le djihadisme, le 11-Septembre a précipité les Etats-Unis dans quinze années de combats. Deuxième volet de notre reportage sur le culte des vétérans.

    Les vétérans sont à la fois au cœur de l’Amérique post-11-Septembre et un peu, comme toujours, les incompris de l’Histoire. Contrairement aux soldats revenus du Vietnam, accusés d’avoir mené une sale guerre colonialiste et mal accueillis par une génération contestataire, ceux des guerres d’Afghanistan et d’Irak sont formidablement bien reçus et célébrés au retour à la maison. Eux-mêmes s’en moquent parfois, entre eux. La politique n’entre pas en ligne de compte dans leur statut d’icônes. Le 11-Septembre est passé par là. L’unité de la nation prime sur tout. Même les Américains opposés à l’invasion de l’Irak, qui sont aujourd’hui une forte majorité, vont dire « Thank you for your service » à un vétéran.

    « Il existe un sentiment de culpabilité collective sur la manière dont furent traités les soldats au retour du Vietnam. Aujourd’hui, il y a un respect presque excessif », témoigne John Nagl, un ex-lieutenant-colonel qui a dirigé le Center for a New American Security, un temps le think tank le plus influent de Washington sur les questions de stratégie militaire. Attablé dans un relais de chasse non loin de l’université d’Haverford, dans la région de Phila­delphie (Pennsylvanie), où il enseigne, Nagl témoigne que « quiconque a porté un uniforme au cours des quinze dernières années vous racontera qu’au restaurant ou au café on lui annonce, au moment de payer l’addition, qu’un inconnu a déjà réglé la note. C’est ça l’Amérique ! ».

    Les vétérans sont fiers de cet accueil, même s’ils le trouvent souvent décalé par rapport à leur expérience sur le terrain. Rares sont ceux qui contestent la célébration permanente dont les militaires font l’objet. Perry O’Brien est de ceux-là, un des trente objecteurs de conscience que compte l’armée en moyenne par an. Lui a demandé à rompre son contrat, à son retour d’Afghanistan, « pour des raisons morales ».

    Un tank réformé, à Mountain Home (Idaho), le 24 septembre 2016.

    A New York où il vit, O’Brien s’est engagé au sein des Vets Against the War (« Vétérans contre la guerre »), devenus cette année les Vets Against Hate (« Vétérans contre la haine »), puis les Vets Against Trump (« Vétérans contre Trump »). « L’Amérique est bizarre. D’un côté, elle célèbre ses soldats et leurs batailles, alors que la guerre est un truc vraiment lointain et abstrait. D’un autre côté, les gens ont tendance à oublier que, si Obama a été élu après Bush, c’était essentiellement parce qu’il était contre la guerre et promettait de ramener les troupes à la maison, commente O’Brien. Pour ma part, je crois que nous n’avons fait qu’augmenter les menaces pour notre sécurité nationale. Ces guerres, ces occupations de pays étrangers, ont créé les conditions qui font que nous avons aujourd’hui davantage d’ennemis. » O’Brien s’est attelé à l’écriture d’un roman sur la guerre.

    « IL EXISTE UN SENTIMENT DE CULPABILITÉ COLLECTIVE SUR LA MANIÈRE DONT FURENT TRAITÉS LES SOLDATS AU RETOUR DU VIETNAM. AUJOURD’HUI, IL Y A UN RESPECT PRESQUE EXCESSIF », TÉMOIGNE JOHN NAGL, UN EX-LIEUTENANT-COLONEL

    Si la société américaine ne connaît de la guerre que ces hommes en uniforme, souvent muets sur leur vie en Afghanistan et en Irak, et les films hollywoodiens, souvent irréels, certains commencent à se rendre compte de ce qu’ont vécu leurs concitoyens envoyés au bout du monde avec un fusil. Cette prise de conscience passe notamment par des livres, et par les lectures publiques et discussions accompagnant ces parutions. Comme ce fut le cas après le Vietnam avec une admirable littérature de guerre, certains vétérans ont commencé à raconter leur histoire, que ce soit sous la forme d’un récit documentaire ou d’une fiction. Deux hommes ont notamment écrit des livres qui ont touché les Américains au cœur : Phil Klay, avec Redeployment (Fin de mission, Gallmeister, 2015), et, avant lui, Kevin Powers, avec Yellow Birds (Stock, 2013).

    Une littérature de guerre

    Phil Klay boit des bières au comptoir de Shorty’s, dans le quartier de Hell’s Kitchen, à New York, en attendant d’aller assister au forum présidentiel entre Hillary Clinton et Donald Trump, une discussion publique consacrée aux affaires stratégiques et organisée à bord de l’Intrepid, le porte-avions amarré à Manhattan devenu Musée de la mer, de l’air et de l’espace.

    De gauche à droite et de haut en bas : Phil Klay, auteur de « Fin de mission », à New York, le 12 octobre ; l’ex-colonel Stuart Bradin, à Arlington (Virginie), le 21 septembre ; l’ex-lieutenant-colonel John Nagl, à Philadelphie (Pennsylvanie), le 16 septembre ; Kevin Powers, auteur de « The Yellow Birds », en Virginie, le 17 septembre.

    « Il est vrai que, contrairement à ce qui s’est passé au retour du Vietnam, les gens nous remercient d’avoir servi, et que même ceux qui étaient opposés à la guerre d’Irak respectent le choix que nous avons fait de nous engager… Le problème est que la société est totalement déconnectée de la guerre, et que les soldats ne racontent pas la vérité à leurs parents et amis. Les gens n’ont que deux images du vétéran : le gamin paumé qui revient traumatisé et le Navy SEAL qui écrit ses mémoires de super-héros-tueur-de-djihadistes. La figure du vétéran doit être celle d’une victime ou d’un héros, constate l’ex-sous-lieutenant Klay. Or la vaste majorité des vétérans ne se reconnaissent pas dans ces clichés. Leur expérience de la guerre est différente… »

    « LE PROBLÈME EST QUE LA SOCIÉTÉ EST TOTALEMENT DÉCONNECTÉE DE LA GUERRE, ET QUE LES SOLDATS NE RACONTENT PAS LA VÉRITÉ À LEURS PARENTS ET AMIS », COMMENTE L’ÉCRIVAIN PHIL KLAY

    « Le retour est un truc compliqué…, raconte lui aussi Kevin Powers. Ta mère te demande : “Es-tu OK ?” Et toi tu réponds : “Oui.” Alors que non, je n’étais pas “OK” du tout. J’étais simplement plus “OK” que beaucoup de camarades, je n’étais ni blessé ni mentalement dérangé. Mais j’étais effrayé tout le temps, je percevais des dangers. J’étais en colère. Et puis, même si je savais très bien que cette guerre d’Irak était une connerie, tu quittes le champ de bataille avec le sentiment que rien n’est fini, avec la culpabilité d’être à la maison pendant que d’autres soldats sont encore là-bas. »

    Powers s’apprête à baptiser ses jumeaux le lendemain. Des parents arrivent dans sa maison d’Henrico, près de Richmond (Virginie). Yellow Birds a changé sa vie, comme Redeployment celle de Klay. Outre son statut d’écrivain reconnu et sa nouvelle vie consacrée à la littérature et à la poésie, il constate que les Américains qu’il rencontre commencent à comprendre que la guerre n’est pas ce qu’ils imaginaient. « Pour résumer, on passe de “Merci pour votre service” à “Putain, on n’aurait jamais dû vous envoyer là-bas !”. Les gens me demandent si on a changé l’Irak en mieux, et je raconte les villes en ruine, les centaines de milliers de civils tués. »

    Kevin Powers travaille, dans la cave de sa maison où quelques souvenirs de guerre sont éparpillés, à un autre livre sur les Etats-Unis et la violence. « Mon prochain roman portera sur les conséquences pour la société de la guerre de Sécession. Sur le sens du combat et du sacrifice. Et sur cette attirance incroyable qu’a l’espèce humaine pour la violence. » Non loin de chez lui, dans ce coin de Virginie, d’anciens champs de bataille portent encore les stigmates de la guerre la plus terrible, la plus meurtrière, de l’histoire des Etats-Unis.

    Une garde prétorienne

    La société américaine entretient un rapport complexe avec la guerre. Depuis la fin de la guerre du Vietnam, il n’y a plus de conscription. Un lien avec la nation a été rompu. Le pays est désormais commandé, d’un point de vue militaire, par une élite d’officiers issus de familles où tout le monde ou presque s’engage sous le drapeau. Une garde prétorienne de l’Amérique, accompagnée d’une troupe issue du bas de l’échelle sociale, de soldats venus des milieux populaires et des migrations récentes, qui s’engagent davantage pour un salaire ou pour payer leurs frais de scolarité que pour une cause.

    Un soldat et sa fille, à Arlington (Virginie), le 21 septembre 2016.

    Donc, même si le 11-Septembre a provoqué, par réflexe patriotique, une vague d’engagements volontaires sans précédent, la société reste très éloignée des communautés très spécifiques qui composent les forces armées. Les Américains se sentent également très éloignés des débats sur l’état du monde et les menaces, sur la doctrine militaire et les combats à mener. La majorité d’entre eux fait confiance aux hommes en armes pour protéger le pays. Sans se poser de questions.

    Dans cette garde prétorienne, quinze ans de « guerre au terrorisme » décrétée par Bush au lendemain du 11-Septembre ont permis à des officiers de se distinguer. Une génération de types éduqués et malins, dont peu d’ailleurs avaient l’expérience du feu, a remplacé la génération du Vietnam, marquée par la défaite, et celle de la guerre froide, ankylosée dans une vision conventionnelle de la guerre.

    A la tête de cette bande d’officiers aussi à l’aise dans les symposiums de théorie militaire que sur une ligne de front, rois aussi, comme le veut l’époque, de la communication, on trouve notamment l’ex-commandant emblématique des opérations spéciales Stanley McChrystal et trois généraux qui ont dirigé le Commandement central (Centcom), l’état-major responsable des guerres d’Afghanistan et d’Irak : James Mattis – qui s’apprête à devenir le secrétaire à la défense du gouvernement Trump –, John Allen, et le plus célèbre de tous, l’icône d’une génération, David Petraeus.

    Au mémorial de la guerre du Vietnam, à Washington, le 19 septembre 2016.

    C’est sous l’impulsion de ce général, qui a mené son bataillon à la conquête de Mossoul lors de l’invasion de l’Irak, que l’armée américaine a revu sa doctrine de fond en comble. « Le chef d’état-major m’a dit : “Bouscule l’armée, Dave !” Alors, c’est ce que j’ai fait, se souvient David Petraeus. On a brassé des idées et écrit très vite, en un an, une nouvelle doctrine. Et comme nous contrôlions aussi les écoles militaires et les entraînements, nous avons imposé cette vision. »

    SOUS L’IMPULSION DU GÉNÉRAL PETRAEUS, L’ARMÉE AMÉRICAINE A REVU SA DOCTRINE DE FOND EN COMBLE

    M. Petraeus a rédigé le manuel 3-24 de l’armée, Counterinsurgency (« contre-insurrection »), conçu avec une poignée d’officiers et un brillant théoricien de la guerre non conventionnelle, le capitaine australien David Kil­cullen, en 2006. L’idée principale est que, pour combattre efficacement des insurgés, il faut s’allier la population. Le général Petraeus obtient alors, à son retour en tant que commandant à Bagdad, le seul véritable succès de quinze années d’aventures militaires américaines : en s’appuyant sur les tribus sunnites, il met temporairement fin à la guérilla et coupe la tête d’Al-Qaida en Irak.

    Si le manuel guide encore aujourd’hui la stratégie américaine sur le champ de bataille, on ne peut toutefois pas dire que Kilcullen, qui expliquait à l’époque que « la contre-guérilla, c’est 20 % de militaire et 80 % d’activités non combattantes », ait été entendu.

    « Cela aurait bien sûr été formidable de tuer Ben Laden à Tora Bora, mais je crois que la guerre aurait tout de même continué. D’autres auraient poursuivi ses activités terroristes, pense David Petraeus. Et puis, bon, nous ne l’avons pas tué, et il était hors de question d’envoyer des troupes le traquer au Pakistan. Voilà la réalité. Et nous, militaires, nous agissons en fonction de la réalité. »

    La guerre aurait-elle pris une telle tournure régionale, voire planétaire, même sans l’invasion de l’Irak ? David Petraeus assume. « Je ne peux pas répondre à cette question. J’ai eu l’honneur de commander nos troupes en Irak, et j’ai dû écrire tant et tant de lettres de condoléances aux mères et pères de nos hommes et femmes en uniforme… »

    Le culte des forces spéciales

    Depuis la révolution militaire introduite par le 11-Septembre et par la « doctrine Petraeus », le culte des forces spéciales a atteint son apogée aux Etats-Unis. L’ex-colonel Stuart Bradin dirige, à Tampa (Floride), la première fondation qui leur est consacrée, la Global SOF Foundation. Il croit qu’« avant le 11-Septembre, nous vivions dans le déni que la guerre, depuis la Corée et le Vietnam, avait changé de nature. Elle est devenue asymétrique et non conventionnelle. La précision – les armes de précision – est le plus grand changement dans l’art de la guerre depuis Napoléon ».

    Stuart Bradin est heureux de constater qu’« aujourd’hui, 80 % des opérations militaires américaines dans le monde sont des opérations spéciales ». Le contingent de guerriers d’élite est monté à 70 000 hommes. « On a coutume de dire que le monde des opérations spéciales a été multiplié, depuis le 11-Septembre, par 2, 3 et 4 : 2 fois le nombre de soldats, 3 fois le budget, 4 fois le nombre d’opérations. De toute façon, il n’y a pas le choix : la guerre conventionnelle, c’est fini. Il faut des opérations spéciales, et s’appuyer sur les armées locales. A elles de faire le travail… En Afghanistan, les forces spéciales avaient fini la guerre en décembre 2001. Pourquoi ensuite y avoir déployé des forces conventionnelles ? Cela n’avait aucun sens. Je crois que l’une des raisons est que nous avions des généraux qui se prenaient pour Eisenhower ou Patton et y voyaient un moyen d’être promus. »

    « LA GUERRE CONVENTIONNELLE, C’EST FINI. IL FAUT DES OPÉRATIONS SPÉCIALES, ET S’APPUYER SUR LES ARMÉES LOCALES. A ELLES DE FAIRE LE TRAVAIL… », ANALYSE L’EX-COLONEL STUART BRADIN

    Bradin ne jure que par ces hommes d’action de l’ombre. Selon lui, eux seuls peuvent gagner le combat contre les djihadistes. A leur retour, ils sont aussi les vétérans qui sont les plus recherchés par le monde de l’entreprise : « On retrouve beaucoup des nôtres à Wall Street et dans la Silicon Valley », rapporte-t-il fièrement. Les soldats d’élite peuplent aussi désormais, dès qu’ils quittent le service actif, les conférences, les médias, les réseaux sociaux. Afficher le label « special ops » est un formidable passe-partout dans l’Amérique post-11-Septembre et, parmi les forces spéciales, celui de « Navy SEAL Team Six » équivaut, depuis la mort de Ben ­Laden, à une couronne en or.

    Cette reconnaissance absolue n’est pas pour déplaire à Dick Couch. Le romancier et professeur à l’Académie navale a vécu toute sa vie avec les Navy SEAL. Célèbre pour avoir, à la tête du peloton Navy SEAL Team One, libéré des soldats prisonniers derrière les lignes ennemies au Vietnam, il a ensuite dirigé les opérations paramilitaires navales de la CIA et, à cetitre, puisé dans le contingent des Navy SEAL pour les missions les plus délicates. Il s’inspire désormais de cette expertise unique pour écrire des romans d’action à la Tom Clancy.

    Dick Couch donne ses rendez-vous au Sawtooth Club de Ketchum (Idaho), dans la Sun Valley. Il est impossible d’arriver à Ketchum et d’entamer une conversation sur la guerre sans évoquer d’abord « papa » Hemingway, qui y a fini sa vie en se suicidant avec son fusil favori devant la porte de sa maison. Au bout de la rue principale, au cimetière, une tombe au nom d’Ernest Miller Hemingway est recouverte de crayons et de bouteilles vides. La plume et l’alcool, pour résumer la vie de l’écrivain aventurier.

    Pour Dick Couch, l’Amérique est embarquée dans une « guerre sans fin ». « Depuis le 11-Septembre, nos soldats des opérations spéciales ont été présents, à des titres variés et pas forcément uniquement pour des combats, dans une soixantaine de pays. Or nous avons de plus en plus d’ennemis, donc c’est sans fin. ­Notre rôle, à nous special ops, est de tuer des types. On ôte des vies. Je ne veux pas savoir combien de gens nous avons tués depuis quinze ans, mais c’est énorme… Et ça va durer encore très longtemps. »

    L’ex-Navy SEAL, qui considère que « Petraeus et McChrystal sont deux des meilleurs leaders de l’histoire de l’Amérique », en veut beaucoup au premier d’avoir eu une fin de carrière au parfum de scandale. Il a été forcé de démissionner de la direction de la CIA – où le président Obama l’avait nommé après qu’il eut quitté l’armée avec les honneurs – pour avoir communiqué par mails des informations classées secrètes à Paula Broadwell, sa biographe et amante. « Petraeus nous a laissés tomber, nous les militaires. Il était le premier d’entre nous depuis Eisenhower qui aurait pu devenir un jour président des Etats-Unis. »

    A Boise (Idaho), le 23 septembre 2016.

  • Voyage dans l’Amérique en guerre (1/4) : unis dans le patriotisme

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/03/voyage-dans-l-amerique-en-guerre-1-4-unis-dans-le-patriotisme_5057161_3222.h

    Au nom de la lutte contre le djihadisme, le 11-Septembre a précipité les Etats-Unis dans quinze années de combats. Premier volet de notre reportage autour de la guerre d’Irak.

    La planète a peur. Quinze ans après que les Etats-Unis ont été frappés un lumineux et meurtrier matin de septembre, l’impression est que le monde vit dans un état d’indescriptible chaos. Le mouvement djihadiste continue de s’étendre géographiquement, le Proche-Orient est à feu et à sang, et partout des attentats rappellent à intervalles plus ou moins fréquents la dangerosité de la menace. A New York même, symbole du basculement du monde en 2001, des bombes artisanales ont explosé une semaine après la quinzième commémoration du 11-Septembre.

    Pour beaucoup de citoyens de ce monde troublé, les Etats-Unis sont aussi fautifs qu’Al-Qaida, ses partisans et successeurs. Leur réaction à l’attaque aussi spectaculaire qu’inattendue de New York et Washington aurait fortement contribué à amplifier le tourment dont ils furent la cible. Un tourment qui s’est propagé sur la planète et dont nul ne voit plus la fin.

    Les Américains, eux, ne savent plus que penser. Ils ne savent plus qui croire, de ces deux présidents, George W. Bush et Barack Obama, qui leur ont fait emprunter des sentiers de la guerre très différents, ni de leurs opposants, ni des commentateurs. La promesse de se désengager des conflits lointains fut l’une des raisons de l’élection d’Obama. La guerre qui continue est aujourd’hui l’une des raisons du vote mû par la peur et le protectionnisme en faveur de Donald Trump, qui va prendre les commandes des Etats-Unis le 20 janvier.

    L’Afghanistan, où vivaient à l’époque le chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, et ses partisans, est désormais le théâtre de la guerre la plus longue de l’histoire de l’Amérique, plus longue que celle du Vietnam (1964-1975). Peu d’Américains le perçoivent. Une actualité chasse l’autre. La « une » des médias aujourd’hui, c’est l’organisation Etat islamique (EI) et le homeland terrorism, le « terrorisme intérieur » qu’elle tente d’inspirer, ces attaques perpétrées par de jeunes islamistes radicaux nés ou réfugiés aux Etats-Unis.

    Quinze ans. Une éternité, déjà. Après quinze ans à parcourir les lignes de front afghanes et irakiennes, les rues de Kaboul et de Bagdad, à tenter de comprendre la spirale des conflits qui opposent les Etats-Unis aux organisations djihadistes, le moment était venu d’aller de nouveau arpenter les routes d’Amérique. A la recherche à la fois de ceux qui ont combattu et de ceux qui sont restés au pays, à la recherche d’Américains rencontrés à travers le monde et de nouveaux visages. A la recherche de réponses aux questions qu’eux-mêmes se posent : comment l’Amérique a-t-elle changé ? Comment la société a-t-elle évolué ? Et comment se fait-il que ce conflit soit devenu une long war, une « guerre longue », puis, pour certains, une unending war, une « guerre sans fin » ?

    L’histoire aurait pu être différente. Il était impossible de prévoir, ce 11 septembre 2001, que la guerre d’Afghanistan allait durer si longtemps. Car tout aurait peut-être pu se jouer en quatre-vingt-deux jours… Le 26 septembre 2001, l’agent de la CIA Gary Schroen entre, avec six hommes, en Afghanistan, afin de préparer, avec les moudjahidin de la vallée du Panchir, au nord de Kaboul, l’offensive qui va renverser le gouvernement taliban, hôte ­d’Al-Qaida. Le 16 décembre 2001, Oussama Ben Laden, accompagné des 300 derniers combattants djihadistes encore en vie, s’enfuit d’Afghanistan, échappant à l’étau qui se resserre autour de lui dans les montagnes de Tora Bora, vers les « zones tribales » pachtounes du Waziristan, au Pakistan.

    Unis par le 11-Septembre

    Entre ces deux événements, quatre-vingt-deux jours se sont écoulés. La guerre d’Afghanistan aurait pu soit être définitivement terminée, si Ben Laden et ses hommes avaient été tués à Tora Bora, soit se poursuivre quelques jours ou semaines de plus au Pakistan – où Ben Laden sera finalement tué par une unité américaine des forces spéciales, la Navy SEAL Team Six, dix ans plus tard.

    Peu après l’entrée à la Maison Blanche de ­Barack Obama, en 2009, une commission du Congrès, sous la direction de John Kerry, a mené une enquête remarquable sur l’épisode de Tora Bora, publiée dans un rapport intitulé « Tora Bora Revisited ». La commission parlementaire racontait que le capitaine américain des forces spéciales, qui entendait la voix de Ben Laden dans son talkie-walkie et réclamait d’urgence des troupes supplémentaires pour prendre d’assaut la montagne, n’a jamais reçu ni réponse ni renforts. La raison principale était que le chef d’état-major, le général Tommy Franks, était trop occupé à établir des plans d’invasion de l’Irak, qu’il devait rendre à la Maison Blanche quelques jours plus tard.

    Personne peut-être n’a lu « Tora Bora Revisited ». C’était inutile, trop tard. Ben Laden sera bien tué deux ans plus tard, Obama ayant recentré la guerre américaine en priorité contre Al-Qaida, mais, entre-temps, Bush et son équipe avaient choisi l’occupation de l’Afghanistan, l’invasion et l’occupation de l’Irak, la war on terror, la « guerre au terrorisme » qui allait multiplier par centaines de milliers le nombre de djihadistes sur la planète au lieu d’anéantir l’ennemi initial.

    « CE JOUR A RENFORCÉ LA NATION AMÉRICAINE, CAR NOUS N’ÉTIONS QU’UNE GÉNÉRATION DE JOUEURS DE JEUX VIDÉO ET NOUS AVONS SOUDAINEMENT APPRIS À SERVIR UNE CAUSE : NOTRE PAYS », DÉCLARE LE VÉTÉRAN JASON MCCARTHY

    En ce 11 septembre 2016, New York se souvient… Pendant cette cérémonie de commémoration des attentats d’Al-Qaida, aucun New-Yorkais ne songe évidemment à ce qu’aurait pu être une guerre de quatre-vingt-deux jours. D’abord, il y a l’émotion à l’évocation de l’effondrement des tours du World Trade Center et à l’appel des noms des morts. Ensuite, il y a cette impression légitime que rien n’est fini, que la guerre dure, qu’un partisan d’Al-Qaida ou de l’organisation Etat islamique peut surgir au coin d’une rue.

    Alice Greenwald a accueilli des dizaines de milliers d’Américains survivants du 11-Septembre ou proches des victimes de 2001, et une pléiade de politiques, dont Hillary Clinton et Donald Trump en campagne pour l’élection présidentielle. La directrice du ­Mémorial du 11-Septembre est fière de son musée, ouvert il y a deux ans, qui a déjà reçu sept millions de visiteurs.

    « Le 11-Septembre a eu deux conséquences principales aux Etats-Unis : la prise de conscience de la vulnérabilité de l’Amérique, une nouvelle perte de l’innocence des Américains, et par ailleurs un extraordinaire moment d’unité, raconte Alice Greenwald. Ce musée tente de restituer ce sentiment d’unité qui a suivi le 11-Septembre. C’est un musée sur la réponse à l’événement. Que fait-on après que des gens diaboliques ont tué tant d’innocents ? Que fait-on individuellement ? »

    Sur les murets qui cernent les deux bassins creusés sur les empreintes des tours disparues, et qui reflètent le vide, l’absence, les noms des 2 977 victimes du 11-Septembre – dont 2 753 morts à New York – sont gravés. Les passants y déposent des fleurs.

    « Je voulais venger mon pays »

    A 8 h 46, l’heure où un avion a frappé la première tour il y a quinze ans, la foule, rassemblée dans le sud de Manhattan, observe une minute de silence. Le vétéran Jason McCarthy vient de dire quelques mots à la vingtaine d’amis et collègues qui l’ont accompagné de Floride pour la commémoration new-yorkaise. Des paroles solennelles sur le service du pays. « Le 11-Septembre, je voulais venger mon pays. Je me suis engagé, j’ai servi, j’ai combattu, raconte Jason McCarthy, qui fut soldat des forces spéciales durant cinq ans. Je pense honnêtement que ce jour a renforcé la nation américaine, car nous n’étions qu’une génération de joueurs de jeux vidéo et nous avons soudainement appris à servir une cause : notre pays. Cet esprit continue de vivre aujourd’hui. »

    Beaucoup, à 8 h 46, ont les larmes aux yeux. Tous regardent vers le ciel, vers les deux tours absentes, vers cette désormais tour unique bâtie à côté du Mémorial du 11-Septembre, le One World Trade Center, la plus haute tour de New York, culminant à 541 mètres, soit 1 776 pieds, en référence à l’année de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis.

    Toute la journée, la ville commémore. Les familles des victimes ont un accès réservé au Mémorial. Une chorale, au Musée des pompiers, chante un bouleversant Amazing Grace en mémoire des 343 soldats du feu qui ont perdu la vie en tentant d’en sauver d’autres, juste avant l’effondrement des tours jumelles.

    EN CE 11 SEPTEMBRE 2016, LE PRÉSIDENT OBAMA LOUE « LA RÉACTION D’UNE GÉNÉRATION D’AMÉRICAINS QUI S’EST DRESSÉE POUR SERVIR ET QUI A RISQUÉ ET DONNÉ SA VIE POUR AIDER À [LES] PROTÉGER »

    Le soir venu, dans une caserne de pompiers, devant un public de vétérans et d’amis, Jason McCarthy fait une intervention publique et raconte « comment devenir un meilleur homme grâce au 11-Septembre ». « Ce n’est pas un processus facile que de s’imaginer tuer un autre être humain. De plus, on m’a envoyé en Irak alors que je m’imaginais traquer Ben ­Laden en Afghanistan. Cela dit, à ce stade, c’était devenu de la sémantique. L’important était le service en lui-même. Servir l’Amérique. Mourir pour l’Amérique. Servir et mourir pour ses camarades. L’addiction à servir, à accomplir quelque chose de plus grand que soi, le culte du “Send me !” [« Envoyez-moi ! »] des forces spéciales ont changé ma vie et fait de moi un homme meilleur. »

    Devant le mémorial près de l’emplacement du World Trade Center, le 11 septembre 2016.
    Le président Barack Obama, ce jour-là, commémore comme chaque année le 11-Septembre au Pentagone, à Arlington (Virginie), où un troisième avion piloté par les hommes d’Al-Qaida s’était abattu. Il est au quartier général de ce que l’Amérique vénère le plus : ses hommes en armes. Le Pentagone est aussi le premier symbole de la réaction américaine au 11-Septembre, Washington ayant militarisé sa politique étrangère : quinze ans après, l’armée américaine mène officiellement des opérations de guerre dans sept pays (Afghanistan, Irak, Libye, Pakistan, Somalie, Syrie, Yémen) et est présente dans une cinquantaine d’autres sur la planète.

    Le président Obama loue « la réaction d’une génération d’Américains qui s’est dressée pour servir et qui a risqué et donné sa vie pour aider à [les] protéger ». Il remercie ces Navy SEAL qui ont fait « justice » en supprimant Oussama Ben Laden, dont la mort restera comme l’un des principaux succès de sa présidence. Il parle d’une Amérique ouverte sur le monde et tolérante. Et d’une Amérique qui affronte de nouveaux dangers : de Boston à San Bernardino et à Orlando, ce sont désormais des citoyens américains ou résidents aux Etats-Unis qui portent des coups mortels, « inspirés par les idéologies de la haine ».

    En ce jour de commémoration, le président veut unir l’Amérique. Rien n’évoque les controverses des quinze dernières années. Rien n’indique ses désaccords profonds avec la politique de Bush, ni qu’il y ait eu une différence fondamentale entre la guerre d’Afghanistan – où Al-Qaida avait trouvé refuge – et celle d’Irak – un pays qui n’avait pas davantage de liens avec Al-Qaida que d’armes chimiques menaçant le monde.

    Que l’on considère l’occupation de l’Afghanistan, après la défaite rapide des talibans et la fuite de Ben Laden au Pakistan, comme justifiée ou non, l’Irak reste, avec la création de la prison de Guantanamo, le principal symbole des erreurs commises par les Etats-Unis dans leur réaction au 11-Septembre. Une erreur illustrée, le 9 avril 2003, jour de la chute de Bagdad, par un épisode très médiatisé à l’époque puis peu à peu tombé dans l’oubli.

    Le monde se souvient de la chute de la statue de Saddam Hussein, abattue place Al-Ferdaous (place du Paradis) par une centaine de Bagdadis aidés – leurs burins se révélant inutiles face au socle en béton – par une grue de l’armée américaine. Inaugurée l’année précédente pour le 65e anniversaire du raïs, la statue, représentant Saddam Hussein la main tendue vers Jérusalem, était la plus majestueuse du pays.

    « Capitaine Lewis, détruisez cette statue ! », hurle ce jour-là le colonel Bryan McCoy, l’officier des marines entré dans l’Histoire comme l’homme de la chute de Bagdad. Lewis, surpris, rappelle à son colonel que les ordres sont de laisser les Irakiens abattre seuls les statues de Saddam Hussein. « Aujourd’hui est un jour spécial, capitaine Lewis !, gronde McCoy. Détruisez cette statue ! » C’est ainsi, sous l’œil des caméras de télévision, que Bagdad tomba…

    SI, EN 2003, LES BAGDADIS REMERCIENT LES AMÉRICAINS D’AVOIR CHASSÉ LE TYRAN, ILS NE SOUHAITENT PAS QUE LEUR DRAPEAU FLOTTE SUR LE PAYS

    Peu en revanche se souviennent qu’un instant, lorsque la nacelle de la grue atteint le sommet de la statue, un drapeau américain est posé sur le visage du raïs par un homme du capitaine Lewis. Très brièvement, car la foule proteste immédiatement : si ces Bagdadis remercient les Américains d’avoir chassé le tyran, ils ne souhaitent pas que leur drapeau flotte sur le pays. Ils n’imaginent d’ailleurs pas que l’envahisseur devienne un occupant. Ils pensent que les soldats repartiront aussi vite qu’ils sont venus.

    L’histoire de cette arrogance dominatrice, de ce drapeau qui fait hurler la foule, remonterait au 11-Septembre, le jour où tout commence, le jour qui justifie tout. Ce 9 avril 2003, expliquant pourquoi ses hommes ont coiffé la statue de Saddam Hussein aux couleurs américaines, le colonel McCoy confie, la voix teinte d’émotion, que ce drapeau vient des décombres du Pentagone, où il a été trouvé entre les cadavres de camarades et les blessés. « Pour nous, il veut dire quelque chose. Nous l’avons apporté d’Amérique avec nous sur le champ de bataille… »

    Peut-être d’ailleurs McCoy le croit-il sincèrement, car Tim McLaughlin, le propriétaire du drapeau, était bien au Pentagone le 11-Septembre. Quinze ans plus tard, c’est dans un chalet de Concord (New Hampshire) que le bout de tissu réapparaît. « Ce drapeau est en bas quelque part… » Tim McLaughlin sourit. De longues recherches dans la cave et l’aide de son épouse s’avèrent nécessaires pour retrouver le célèbre drapeau, symbole place Al-Ferdaous du passage de libérateur à occupant, symbole peut-être de l’échec de tout ce que les Etats-Unis ont entrepris au Moyen-Orient depuis quinze ans, au lieu de traquer 300 combattants perdus au Waziristan.

    Lorsque l’avion percuta le Pentagone, Tim McLaughlin était militaire dans les marines et, à cause d’une jambe cassée, avait été muté à l’état-major le temps de sa rééducation. Il a aidé à évacuer des blessés. Un an plus tard, l’armée se consacre à ses préparatifs d’invasion de l’Irak. Un jour, une amie de sa belle-sœur, une jeune fille de Washington qui ne lui veut que du bien, lui offre un drapeau acheté au coin de la rue. Un porte-bonheur, en quelque sorte, avant de partir à la guerre. « C’était juste un drapeau. Je l’ai oublié. Puis il s’est retrouvé dans mon paquetage. »

    Le vétéran Tim McLaughlin, à Concord (New Hampshire), le 13 septembre 2016.
    Une fois l’unité arrivée à Bag­dad, place Al-Ferdaous, McLaughlin le donne à son officier supérieur. Et c’est ainsi que ce drapeau, qui n’a jamais connu le Pentagone ni ses décombres, se retrouve au sommet de la statue de Saddam Hussein.

    « Beaucoup de gens ont dit que tout ça, la chute de la statue, le drapeau, était organisé, planifié… », sourit McLaughlin. Dans la vie, et particulièrement dans la guerre, les choses se déroulent souvent autrement que selon des plans et des complots. De même que la mission de McCoy n’était pas d’aller jusqu’à la place Al-Ferdaous ce jour-là et qu’il a accéléré la cadence en comprenant que la ville était ouverte, aucun soldat américain ne pouvait prévoir qu’une centaine d’Irakiens tenteraient d’abattre cette statue, que McCoy ordonnerait malgré ses consignes de les aider, et qu’un McLaughlin allait sortir de son sac un drapeau offert par une amie de sa belle-sœur.

    « J’ai souffert au retour d’Irak »

    Cela ne change rien au destin tragique que connaît l’Irak depuis ce jour, de la guérilla antiaméricaine à la guerre civile entre sunnites et chiites, du chaos à la fragmentation du pays. Aux Etats-Unis, ce n’est cependant pas le problème des vétérans. Ils pensent d’abord à eux-mêmes et à leurs proches.

    Tim McLaughlin raconte honnêtement son retour, sous le regard attendri de son épouse. « Aujourd’hui j’ai une belle famille, un excellent job de juriste et une superbe maison, mais j’ai souffert au retour d’Irak. Les cauchemars, la nuit. Les traumatismes, les problèmes mentaux et les médicaments. Il est difficile, après l’armée, après la guerre, de se replonger dans une société individualiste et matérialiste, où les gens n’aiment pas le risque, où Hollywood fait des films de guerre qui ne reflètent aucunement la réalité, où les politiques veulent juste des votes, et les médias des clics. »

    Comme beaucoup de vétérans, Tim McLaughlin est engagé dans des associations au service de sa communauté. Lui fait des lectures de L’Odyssée d’Homère à des soldats un peu paumés. « Les gens nous arrêtent dans la rue, lorsque nous sommes en uniforme, et nous disent : “Thank you for your service” [« Merci pour ­votre service »]. Mais ils n’ont aucune idée de ce pour quoi ils nous remercient. Aucune. »

    Deuxième épisode : « Thank you for your service »

    Montrer l’Amérique sous surveillance

    Les images de notre série « Voyage dans l’Amérique en guerre » sont signées Tomas van Houtryve. Le photographe américano-belge a accompagné notre reporter sur les routes des Etats-Unis équipé d’une caméra thermique clipsée sur son smartphone. Un procédé technique qu’il avait déjà utilisé dans sa série « Packing Heat » (expression d’argot qui signifie « porter une arme »), réalisée après que la police de New York eut annoncé, en 2012, son projet – finalement abandonné – de s’équiper de scanners infrarouges pour repérer les armes à feu dissimulées sous les vêtements. Il avait alors sillonné la ville, qui dispose d’un des systèmes de surveillance les plus sophistiqués du pays, pour « voir comment une technologie conçue pour la surveillance captait le corps humain ».

  • Cuba’s ’Peter Pans’ Remember Childhood Exodus
    http://news.nationalgeographic.com/2015/08/150814-cuba-operation-peter-pan-embassy-reopening-Castro

    Dash was a member of Operation Pedro Pan, a program that ran from 1960 to 1962 and airlifted more than 14,000 unaccompanied Cuban children to the U.S. to avoid potential indoctrination by Fidel Castro’s Cuban government. The Catholic Welfare Bureau and the U.S. State Department spearheaded the program and placed children in foster homes or temporary camps. Some were reunited with family in the U.S., some weren’t, and most never went back to Cuba.

    ...

    “We are a brotherhood,” says Dash, who now lives in Fairfax, Virginia. “We all ended up in different situations, some better than others, but we all have a story to tell."

    Away from Cuba, many of the Peter Pans’ hardships were just beginning. Unlike Vizcaino, who stayed in Miami, 13-year-old Eloísa Echazábal and her younger sister were sent to an orphanage in Buffalo, New York.

    Two months later, they were placed in a foster home. “Life in the foster home was no happier than in the orphanage,” Echazábal, now 67 and living in Miami, writes in her Miami Herald Pedro Pan profile. “I always had a feeling of not fitting in.” She describes the family as “decent and proper” but cold.

    Mercedes Dash says she was miserable with her Miami foster family. Despite their apparent wealth, Dash says the family fed her and her older sister powdered milk and canned meat supplied by the government. By the time her aunt and uncle landed in Miami and took them out of the home, the sisters were noticeably thinner.

    In late 1964, Dash’s parents arrived in Miami. Unable to find stable work there, her father moved the family to Arlington, Virginia. “My parents are my heroes for doing what they did,” Dash says.

    #Cuba #enfants #éducation #Peter_pan #catholicisme contre #communisme

  • For Marine who urinated on dead Taliban, a hero’s burial at Arlington - The Washington Post
    http://www.washingtonpost.com/politics/marine-sniper-is-saluted-as-more-than-the-video-scandal-that-defined-him/2015/02/21/e0a8492a-b7ba-11e4-9423-f3d0a1ec335c_story.html

    A Marine vilified by his country’s leaders and court-martialed for “bringing discredit to the armed forces” would soon be buried at Arlington National ­Cemetery, the country’s most hallowed ground. On this mid-February night before the funeral, dozens who knew Richards beyond those 38 seconds gathered to celebrate his life.

    #Etats-Unis#nos_valeurs

  • ÉTATS-UNIS • Lanceur d’alerte : John Kiriakou est sorti de prison | Courrier international - 11 février 2015
    http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/11/lanceur-d-alerte-john-kiriakou-est-sorti-de-prison

    John Kiriakou, le premier agent de la CIA à avoir été emprisonné pour avoir divulgué aux journalistes des informations confidentielles, est sorti de prison pour être placé en résidence surveillée.

    Condamné en janvier 2013 à trente mois de prison pour avoir dévoilé le nom d’un agent secret de la CIA à un journaliste, John Kiriakou a été libéré après avoir purgé près de deux ans de pénitencier, révèle The New York Times dans un article du 9 février. Au cours des trois prochains mois, Kiriakou ne pourra toutefois quitter sa maison d’Arlington, en Virginie, que pour aller « à l’église, chez le médecin ou à des entretiens d’embauche ».

    En 2007, John Kiriakou est devenu le premier agent de la CIA à parler publiquement de l’utilisation du « waterboarding » – une technique de torture utilisée par la CIA qui simule la noyade – dans une interview accordée à la chaîne ABC, soutient le quotidien américain. « Pour plusieurs avocats spécialisés et critiques du gouvernement, c’est pour cette raison qu’il a été emprisonné », « même si les accusations n’en font pas mention ».

    Mesures plus sévères sous Obama

    Dans une interview qu’il a donnée à sa sortie de prison et que reprend The New York Times, John Kiriakou a répété la position qu’il maintient depuis son arrestation : il ne croit pas avoir fait de la prison « pour divulgation ». « Ça concerne vraiment la torture. La CIA ne m’a jamais pardonné d’avoir parlé de torture », estime-t-il, ajoutant qu’il est « fier d’avoir contribué à exposer cette technique qu’il désapprouve ».

    Le quotidien américain explique que « l’administration Obama a été beaucoup plus stricte envers les lanceurs d’alerte que les précédentes. Kiriakou fait partie d’un groupe de huit membres ou ex-membres du gouvernement américain à être poursuivis pour avoir révélé des informations confidentielles aux journalistes. Sur l’ensemble des présidences précédentes, on ne compte que trois cas similaires. »

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    https://www.youtube.com/watch?v=hVMwVB0CQCs

    #John_Kiriakou

  • Pour les Mongols des États-Unis, la tradition du #naadam se poursuit, avec quelques adaptations…

    Mongol-American Naadam : creating new culture | UBPost News
    http://ubpost.mongolnews.mn/?p=10795

    Traditional horse racing competitions have been largely replaced by children’s wood horse racing or competitive running in most festivals in San Francisco; Denver, Colorado; Arlington, Virginia; Los Angeles, Seattle and Chicago, where over two thousand people of Mongolian origin make up their respective populations.
    Tug of war now takes place alongside archery in a San Francisco Bay Naadam celebration and Chicago’s Mongolian community holds volleyball and basketball (an important sport for Chicago’s history) competitions in addition to traditional games. Deel (Mongolian traditional clothing) competitions award the most skilled designer or wearer in New York’s Central Park and the Mongolian Children’s festival in Arlington, Virginia holds a children’s singing and Morin Khuur competition every year.

    Évidemment, la compétition de volley-ball emprunte nettement plus au pays d’origine, mais la lutte reste incontournable…
    Les 3 « sports virils » traditionnels sont le tir à l’arc, la course à cheval et la lutte. Même si le premier est ouvert aux femmes depuis l’époque communiste et le deuxième est réservé aux enfants des deux sexes.

    The Mongolian School of Colorado, which holds a community-wide Naadam celebration in the Denver area, describes their celebration.
    We pick the second weekend, Saturday or Sunday, of July to celebrate Naadam, and almost everyone in the community participates. It is like a year-waited traditional celebration for Mongolians in Colorado. They do have the archery and the men’s three games like wrestling, but horse racing is not actual horses but kids participating riding a wooden horse, and playing knuckle bones and Dembee,” the School told the UB Post.
    If Mongolian Naadam customs are adapting little by little to their new environment, wrestling seems to remain unchangingly the center of festivals in the United States. Considered by many as the spirit of the Mongolian national festivities, it is unsurprising that every Naadam festival sees wrestlers take to the arena. Naadam celebrations in the United States are still part of an effort to preserve the legacy of Chinggis Khan and Mongolian history, by organizations such as the Mongol American Cultural association, who have taken part in making Naadam possible in many cities of the U.S.

  • Avec le TAFTA, l’UE et les États-Unis sabordent le climat et la transition - Centre Tricontinental - CETRI

    http://www.cetri.be/spip.php?article3484&lang=fr

    Un cinquième cycle de négociations entre l’Union européenne et les États-Unis a débuté ce lundi 19 mai à Arlington (Virginie) et se poursuivra jusqu’au 23 mai. Selon un document de négociation secret rendu public ce lundi par le Huffington Post, l’Union européenne propose aux États-Unis de libéraliser complètement le marché transatlantique de l’énergie et des matières premières. Le texte encourage ainsi l’exploitation et le commerce transatlantiques des hydrocarbures non conventionnels tout en réduisant considérablement les capacités des États à soutenir le développement des énergies renouvelables.

    #tafta

  • Des microéoliennes pourront-elles recharger nos smartphones ?
    http://www.futura-sciences.com/magazines/high-tech/infos/actu/d/smartphone-microeoliennes-pourront-elles-recharger-nos-smartphones-51661/#xtor=RSS-8

    La microéolienne conçue à l’université du Texas à Arlington n’est haute que de 2 mm. Son design simplifié à l’extrême a été réalisé à partir des principes de l’origami. © Jung-Chih Chiao, Smitha Rao, université du Texas à Arlington

    Des microéoliennes pourront-elles recharger nos smartphones ? - 1 Photo

    Et si l’on pouvait recharger son smartphone grâce au vent, en se servant d’éoliennes miniatures placées à la surface de sa housse de protection ? Une telle application n’existe pas encore, mais les travaux menés par deux chercheurs de l’université du Texas à Arlington (UTA) permettent de l’envisager. Jung-Chih Chiao et Smitha Rao ont travaillé ensemble pour concevoir une microéolienne d’à peine deux millimètres de haut, capable de générer de l’énergie à partir du vent qui l’anime. L’idée des chercheurs est d’utiliser (...)

  • The hardcore Christian Zionism of Israel’s favorite British colonel
    http://electronicintifada.net/blogs/asa-winstanley/hardcore-christian-zionism-israels-favorite-british-colonel

    Kemp also reportedly told his Christians United For Israel (CUFI) audience that he had communicated with the dead. According to the Frontpage Mag report, he had “that morning, spoken to Orde Wingate … ‘I spoke to him this morning at Arlington [military cemetery]’.”

    The late British officer infamously led the Special Night Squad, a militia used to crush Palestinian rebels who fought against the British occupation in the 1930s. According to one history of the British occupation of Palestine, Wingate had “a passionate pro-Zionism born of the religious tenets he had absorbed as a member of the Plymouth Brethren” – a conservative Evangelical denomination.

    The squad was mostly populated by Zionists with the British “knowing that they were simultaneously members of Haganah,” the militia which would in 1948 play the leading roll in ethnically cleansing 750,000 Palestinians. At the same time, “Arabs caught with arms were routinely prosecuted, and some hanged” while Haganah training and arming “had been winked at” (A. J. Sherman, Mandate Days, John Hopkins University Press: 1997, pp. 121, 151).

    Kemp reportedly told his audience Wingate was “the greatest Christian Zionist in Britain.”

  • Abu Ghraib Torture Victims Ordered To Pay U.S. Contractor’s Legal Fees
    http://www.huffingtonpost.com/2013/09/06/abu-ghraib-iraq_n_3876177.html

    A federal judge on Wednesday ordered four Iraqis who were imprisoned at the infamous Abu Ghraib prison to pay nearly $14,000 in legal fees to defense contractor CACI, an Arlington, Va.-based company that supplied interrogators to the U.S. government during the Iraq War.

    The decision in favor of CACI stemmed from a lawsuit filed by the former prisoners in 2008, alleging that CACI employees directed the torture of prisoners at Abu Ghraib. The suit was dismissed in June, when U.S. District Judge Gerald Bruce Lee ruled that because the alleged acts took place on foreign soil, CACI was “immune from suit” in U.S. court.

    Lee did not, however, directly address the question of whether CACI employees took part in the mistreatment of prisoners.

    (...)

    #kafkaesque#nos_valeurs

  • Military sex assault monitor accused of sex assault
    http://www.usatoday.com/story/news/nation/2013/05/06/air-force-sexual-assault-watchdog-arrested-for-sexual-assault/2139325

    WASHINGTON — An Air Force officer in charge of sexual assault prevention was arrested in Arlington early Sunday for drunkenly groping a woman, according to police.

    Lt. Col. Jeffrey Krusinski, 41, was arrested and charged with sexual battery. He allegedly grabbed the woman’s breasts and buttocks. When he attempted to grope her again, she fought him off and called police, according to the police report. The victim did not know Krusinski, said Dustin Sternbeck, an Arlington County Police spokesman.

    Krusinski is the chief of the Air Force Sexual Assault Prevention and Response branch at the Pentagon, according to the Air Force.

  • Special prosecutor appointed in investigation of hate group leader
    Brody Levesque - LGBTQ Nation
    November 12th, 2012

    Eugene Delgaudio Eugene Delgaudio

    ARLINGTON, Va. — A special prosecutor has been appointed to conduct an investigation into allegations of misuse of public office and improper campaign fund raising by veteran Loudoun County, Va., Supervisor Eugene Delgaudio (R-Sterling, Va.).

    Delgaudio is head of the organization “Public Advocate of The United States,” a non-profit group that advocates against LGBT rights, and has been named as an anti-gay hate group by the Southern Poverty Law Center.

    He has been accused by a former staffer of mixing that organization’s business with county business.

    The appointment of Arlington Commonwealth’s Attorney Theophani Stamo on Friday, follows a request by Loudoun County Commonwealth’s Attorney Jim Plowman, in Circuit Court documents filed in Leesburg, Va., earlier in the week.

    In the court documents, Plowman cites the fact that his office had received additional information concerning the allegations against the four term supervisor “that merited further review.”

    "This information requires a request for an independent prosecutor from outside Loudoun County to conduct the investigation which would act to preserve public confidence in the integrity of any conclusions,” Plowman wrote.

    The investigation into Delgaudio was initiated after Donna Mateer, a former staffer, alleged that she spent the majority of her working hours early this year scheduling political fundraising meetings.

    In her complaint to the Loudoun County’s human resources department last spring, Mateer also claimed that Delgaudio subjected his employees to a hostile working environment. After news of the investigation was made public, Delgaudio reportedly fired her.

    Mateer had turned over documents, including fundraising spreadsheets and e-mail records related to her allegations, to county officials, and, on several occasions, met with FBI agents regarding Delgaudio’s activities.

    Delgaudio, who has publicly denounced gay people as “perverts” and “freaks,” has routinely injected himself into political battles across the country through his conservative nonprofit group, Public Advocate.

    In particular, Delgaudio has used Public Advocate to rail against same-sex-marriage initiatives in various states and argue that federal anti-bullying legislation and even airport pat-downs are evidence of a “radical homosexual” agenda.

    Delgaudio’s organization is also the target of a lawsuit filed in U. S. District Court in Colorado for the unauthorized use of a gay couple’s engagement photo in several anti-gay propaganda direct mailers used in two separate GOP primary races last spring.

    Delgaudio has repeatedly denied the accusations, including in the Colorado case, and neither he nor his attorney, Charles King, responded to requests for comment.

    To read the original story or to visit LGBTQ Nation, a content partner with SDGLN, click HERE.

  • Graffiti attack on Texas lesbians will not be treated as a hate crime | Gay Star News
    http://www.gaystarnews.com/article/graffiti-attack-texas-lesbians-will-not-be-treated-hate-crime041012

    Graffiti attack on Texas lesbians will not be treated as a hate crime
    Despite an initial pledge to refer a graffiti attack on a lesbian couple’s vehicle to the FBI, authorities in Arlington, Texas, will not be seeking hate crime charges against the group of youths charged with spray painting the slurs
    04 October 2012 | By Andrew Potts
    The couple’s vehicle after the attack

    Prosecutors in Arlington, Texas have decided not to prosecute a homophobic graffiti attack on a lesbian couple’s SUV as a hate crime as they feel it would complicate the case.

    Daniel Sibley, 18, John Austin Cartwright, 17, Seth Stephen Hatcher, 18, and Morgen Rae Aubuchon, 18, were indicted on September 25 for a string of vandalism offences committed on the night of June 9 which included spraying the words ‘faggot’ and ‘queer’ on the women’s vehicle.