city:douala

  • Politiques migratoires et #cinéma. Entretien

    1On ne saurait limiter la thématique « cinéma et migration » à la question de la migration dans le cinéma, il faut également penser le cinéma dans la migration. Le médium filmique ne se limite de fait pas à représenter le phénomène migratoire, il vise aussi à l’influencer : en témoigne l’existence de films expressément créés et diffusés pour agir sur la migration. Ce type de production consiste essentiellement en des films de #communication qui informent sur les bénéfices ou les #dangers de la migration et qui sont produits par des organismes impliqués dans les processus po-li-tiques ou humanitaires de la gestion migratoire. Nous envisagerons ici une partie de cette production mal connue du public occidental, composée de très courts métrages télévisuels visant à prévenir les migrants potentiels des dangers de la migration irrégulière, tant au niveau du voyage qui se réalise dans des conditions inhumaines, s’appuie sur des réseaux criminels et mène chaque année à des milliers de morts anonymes1, qu’au niveau des conditions de vie dans le pays de destination où, contrairement à l’imaginaire paradisiaque cultivé dans les pays d’origine, le migrant illégal est confiné à la précarité, exposé à l’exploitation, etc. Ces films peuvent prendre des formes très différentes. On distingue deux modes majeurs : celui du témoignage, qui donne la parole à des victimes racontant le supplice des clandestins lors du voyage, et celui de la dénonciation, qui déconstruit les discours idéalistes de personnages- » menteurs » pour dévoiler visuellement les conditions réelles du migrant irrégulier2. Afin d’enquêter sur ce type de films, nous avons choisi de nous entretenir ici avec des représentants du bureau de coordination de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) à Berne et de l’Office fédéral des migrations (ODM) [voir encadré], qui depuis plus de dix ans soutiennent et initient ce genre de réalisations. Nos interlocuteurs directs ont été Madame #Odile_Robert (OIM) et Monsieur #Thomas_Lory (ODM).

    https://journals.openedition.org/decadrages/329

    #organisation_internationale_contre_la_migration #IOM #culture #vidéo #clip #musique #asile #migrations #réfugiés #OIM #Suisse #films #migrations

    –-> un article de 2009, mis ici pour archivage, et pour alimenter la métaliste sur les campagnes de dissuasion de la migration :
    https://seenthis.net/messages/763551

    • Autour du film "#Paris_à_tout_prix", cité dans l’article ci-dessus

      « Ce film est né de la douleur de voir la détresse de la jeunesse africaine »

      Entretien d’Olivier Barlet avec #Joséphine_Ndagnou à propos de Paris à tout prix.


      Bonjour ! Vous êtes à Cannes depuis maintenant quelques jours, quelle est votre impression du Festival ? Quel est votre sentiment sur tout ce qui se passe ici ?
      Oh ! C’est… grandiose, pour ne pas dire gigantesque et il est vrai qu’on se sent un peu perdu. Les centres d’intérêt sont si nombreux qu’on se sent tout petit ! Mais c’est très excitant, c’est formidable.
      Cela permet beaucoup de rencontres, sur le plan professionnel ?
      Oui, bien sûr car dans tout ce qu’il y a à voir et à découvrir, beaucoup de rencontres se font, même par hasard et elles s’avèrent parfois très intéressantes.
      Votre film, Paris à tout prix, a été présenté hier et aujourd’hui au marché du film. Il a été tourné dans le « français de Yaoundé », qui est une langue très savoureuse que vous privilégiez comme langue d’écriture du film…
      Tout à fait. Je n’ai pas voulu sortir de l’environnement linguistique du français du Cameroun. Dans les quartiers que j’ai filmés, c’est-à-dire les bas fonds, il y a un français très particulier. C’est un mélange d’anglais, de français et même parfois de patois ! Je n’ai donc pas voulu sortir de ce contexte car il situe véritablement l’environnement culturel et linguistique du film. Ce langage est donc effectivement très utilisé dans la première partie du film. Je n’ai pas souhaité sous-titrer, car lorsque le Belge ou le Canadien parle, je fais l’effort de le comprendre. On ne traduit pas pour moi ces variétés du français, on essaie de comprendre et on y arrive très souvent. Il n’y avait donc pas de raison pour que je sous-titre en français.
      Vous interprétez un personnage en galère au Cameroun, à Paris, puis de retour au pays… Cherchez-vous à prévenir les Camerounais, très enclins à émigrer ? Vous évoquez l’Internet, les femmes qui recherchent des maris blancs…
      Oui. Ce film est né d’une douleur, celle de voir la détresse de la jeunesse africaine. Cette détresse se matérialise à travers ces départs massifs vers l’Occident, toutes ces vies perdues dans le désert et sur les mers. Je me suis dit qu’on ne pouvait pas rester indifférent : il y a bien sûr de nombreuses interpellations, mais une énième interpellation reste utile. J’ai montré la galère de Suzy, personnage principal du film, mais cette galère reste très douce par rapport aux vraies histoires qu’on connaît ! Je souhaite prévenir les jeunes qui partent et les interpeller, mais j’interpelle également les gouvernants, qu’ils soient occidentaux ou africains. En effet, si ces jeunes s’en vont, c’est qu’ils n’ont pas trouvé de réponse à leurs attentes. Que ce soit en Europe ou en Afrique, je crois qu’il faut une gouvernance synchronisée des deux continents. L’influence du continent européen sur l’Afrique n’est un secret pour personne. Il faudrait par ce biais régler les problèmes de l’Afrique. On assiste d’ailleurs aujourd’hui à des soulèvements contre la faim un peu partout en Afrique, et on sentait que ça allait arriver. Je crois que ce n’est qu’un début et que ça risque d’empirer. J’interpelle la jeunesse africaine en disant que le paradis ne se trouve pas de l’autre côté : et si ces efforts que nous déployons pour partir, nous les mettions au service de l’Afrique ? Ce serait beaucoup plus utile… En réalité, ceux qui tentent de partir ont quand même les moyens de tenter cela ! Certains sont confrontés à une misère qui ne permet même pas d’essayer de partir ! Ceux qui partent ont un minimum, et ce minimum-là peut nous servir à faire des choses.
      Le film en lui-même est une vaste interrogation : il y a des difficultés en Afrique et en Occident, l’intégration est de plus en plus difficile, nous ne sommes plus acceptés… Que fait-on, alors ?
      Les personnages de Camerounais sont un peu durs dans le film ! Et à Paris, c’est la catastrophe : les rapports sont très durs !
      Tout à fait ! Cela montre que lorsqu’on lutte pour sa survie, on n’a pas de scrupules, pas de sentiments. La vie en Occident est souvent caractérisée par l’individualisme, qui n’est pas volontaire mais dû à la précarité de ceux qui y vivent. La tante se trouve dans une promiscuité avec son gigolo et ses enfants qui ne lui permet pas d’ouvrir ses portes à sa nièce. La copine, elle, sait d’où elle vient. Elle a connu le même parcours que moi, avec plus de réussite car elle est mariée. Il est vrai que c’est presque un mariage sans âme, avec un Français qui lui donne une certaine aisance. Lorsque j’arrive et que je menace cet équilibre, elle voit le spectre de toute la misère qu’elle va revivre si ce monsieur la quitte et devient impitoyable. C’est souvent ainsi que ça se passe.
      Lorsque vous dites « le même parcours que moi », est-ce parce que vous avez vécu la même expérience qu’Ariane, votre personnage ?
      Non, je veux dire que le parcours de Suzy dans le film est le même que celui d’Ariane, voilà ! J’ai eu beaucoup plus de chance que ça, j’ai pu faire des études en France et repartir vivre ensuite en Afrique.
      Le film confronte la dureté, la précarité des conditions de vie et l’individualisme à une série d’espaces où la solidarité qui s’exerce est très forte : en famille, entre amis etc.
      En effet, ce sont encore les valeurs de l’Afrique qui résistent, car il est vrai que nous avons tendance à les perdre. C’est bien dommage, car la lutte pour le quotidien devient de plus en plus difficile en Afrique. Les gens y sont de plus en plus fermés, mais la solidarité africaine qu’on connaît subsiste. Cela ressort dans le film.
      Jouer le rôle principal était-il votre choix, ou s’agissait-il plutôt d’une nécessité de production ?
      Non, non ! C’était mon choix. Je voulais incarner ce personnage. Dès le départ, j’ai dit que j’avais envie de faire mon premier long métrage et comme je suis réclamée nationalement comme comédienne, j’avais écrit pour moi. C’est comme cela que ça s’est passé.
      Le fait de jouer vous-même le rôle principal a-t-il été une difficulté ? Il n’est pas toujours facile d’être à la fois réalisateur et acteur…
      Oui, vraiment. On perd d’ailleurs certainement un peu des deux côtés. La pression est plus grande, et à certains moments, on va davantage réaliser que jouer, et inversement… Dans tous les cas, il faut des assistants très forts pour essayer de rééquilibrer les choses. C’était difficile, mais j’ai aussi joué pour répondre à une attente du public camerounais qui m’a connue comme actrice dans des téléfilms camerounais. Ils en redemandaient tellement que quinze ans après, je me suis dit qu’il fallait que je revienne à travers mon propre long-métrage !
      Comment êtes-vous arrivée au cinéma ?
      J’ai vécu au Cameroun jusqu’après le bac, puis je suis venue à Paris où j’ai fait l’ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle). Ensuite, je suis entrée à Paris I Panthéon Sorbonne, puis je suis repartie au Cameroun où je suis entrée à la télévision nationale comme réalisatrice. Durant mon temps libre, j’ai joué dans des téléfilms.
      Lorsque vous réalisiez pour la télévision, quel genre de films faisiez-vous ?
      Tout, sauf du cinéma. J’avais appris le cinéma à l’école, mais à la télévision, je réalisais des magazines, des jeux, des talk-shows, des journaux télévisés… Je faisais un peu de direct à l’extérieur mais pas de cinéma. Voilà un peu mon parcours. Et dix-sept ans après, j’ai décidé de faire mon propre film, un long-métrage.
      Aviez-vous réalisé des courts auparavant, ou bien n’aviez-vous aucune expérience de cinéma à proprement parler ?
      Je n’ai rien fait avant, j’ai joué dans ces téléfilms et j’en avais un peu assez de ne faire que de la télévision alors qu’en réalité, ma formation était en cinéma. J’ai alors écrit ce premier long-métrage et je me suis battue pour le faire.
      Comment êtes-vous parvenue à réunir les fonds ? Y avait-il une production derrière ?
      J’ai tout fait toute seule, j’ai dû créer une société de production pour accompagner le projet et le produit. J’ai essayé de trouver des financements partout où je pouvais. J’ai commencé en faisant une quarantaine de dossiers marketing pour des entreprises camerounaises. J’ai fait le pied de grue dans ces sociétés et quatre ou cinq ont répondu favorablement. J’ai commencé comme ça : c’était insignifiant, presque rien mais je me suis dit que ce n’était qu’un début.
      Ces sociétés vous demandaient de faire apparaître leur nom dans le film ?
      Oui, tout à fait. C’était une contrepartie et ça explique un peu la longueur du film, car il fallait une présence de ces différents partenaires. C’était dans le contrat et je n’avais pas le choix, car c’était ma seule source de financement.
      De quel genre d’entreprises s’agit-il ?
      Il y avait une entreprise de téléphonie camerounaise, CamTel ; il y avait la Poste du Cameroun, une coopérative bancaire, Cameroon Airlines (la compagnie de transport aérien) qui m’a apporté une aide en billets d’avion pour tourner à Paris. Notre ministère de la Défense a mis à ma disposition les bateaux avec les équipages, ainsi qu’un hélicoptère pour réaliser les vues aériennes de la ville.
      C’est la raison pour laquelle, dans le film, le passage à la Poste se passe si bien, que cela coûte moins cher etc. !
      Exactement ! C’est le genre de choses qu’on est obligés de faire pour pouvoir produire un film. Je n’avais pas de producteur, il était difficile d’en trouver car il s’agissait de mon premier film et personne ne me connaissait. C’était compliqué et j’ai dû trouver mes financements.
      Et les aides occidentales ?
      Pendant que je cherchais des financements au Cameroun, j’ai écrit au ministère des Affaires étrangères et à la Francophonie pour l’aide à la production. J’ai obtenu l’aide à la production à la Francophonie, ainsi que l’aide à la finition du ministère pendant le montage. Voilà ce qui m’a permis de terminer mon film.
      Vous évoquiez également un cinéaste camerounais ?
      Oui, Jean-Pierre Bekolo, qui a lu mon scénario et m’a vraiment poussée à le réaliser. Au départ, il est vrai que je me demandais si j’allais y arriver, je pensais faire un petit téléfilm pour la télévision. En même temps, ce n’était pas évident car le budget était assez costaud pour la télévision, qui dispose de très petits moyens. Il m’a alors dit « non, il faut penser cinéma. Le matériel de mon dernier film est encore au Cameroun, je te le passe car il faut que tu tournes. Il faut que le cinéma vive sur place ! Quand nous arrivons, nous avons toujours la sensation de tout recommencer à zéro, mais si vous faites déjà bouger les choses localement, ça nous fait avancer… » Il m’a donc poussée encore et encore, et c’est ainsi que j’ai démarré.
      Le film a-t-il été présenté au Cameroun ?
      Oui, et ç’a été un succès total. Nous avons une seule salle à Yaoundé et une seule salle à Douala. J’ai fait douze jours par salle, et durant ces vingt-quatre jours de projection, le film a fait environ 30.000 entrées. J’ai fait également trois projections dans des universités. Chaque jour, plus de mille personnes allaient voir le film. Le succès a été total, le public en redemande et dès mon retour de Cannes, j’ai l’intention d’organiser une caravane à travers le Cameroun. Nous passerons à travers 14 villes que j’ai choisies afin de montrer le film. Cela se fera avec du matériel mobile, car il n’y a pas de salle.
      Est-il aussi en VCD ou en DVD ?
      Non, pas encore. Je n’ai pas les moyens de faire un maximum de VCD ou de DVD, d’arroser tout le marché en même temps : je vais être piratée et ce sera la catastrophe !
      Ça n’a pas été le cas jusqu’à présent ?
      Non, j’ai tout bien préservé jusqu’ici ! C’était d’ailleurs le challenge pendant les projections, ne pas se faire pirater à partir de la salle. Des gens surveillaient dans la salle même et c’est ainsi que nous avons pu « sauver le film », si je puis dire !
      Dans quel format le film a-t-il été tourné ?
      En DVcam. J’ai l’intention de le gonfler pour tenter quelques festivals. Je recherche encore les financements pour cela, je ne sais pas si je vais y arriver mais le combat continue !

      http://africultures.com/ce-film-est-ne-de-la-douleur-de-voir-la-detresse-de-la-jeunesse-africa

  • Négocier les règles d’accès au #marché d’#eau urbain à #Douala

    A Douala au #Cameroun, les réformes de #libéralisation du service d’eau au cours de la décennie 1990 se sont traduites par le développement d’un entrepreneuriat privé, le plus souvent informel, spécialisé dans la distribution d’eau. Notre propos est de rendre compte des modalités de redéploiement de l’action de l’Etat à la suite des réformes de ce secteur. L’article montre que l’arrangement dans les hautes sphères de l’Etat conduit à la formation de coalitions d’acteurs publics (hauts fonctionnaires répondant directement au pouvoir) et privés, qui construisent le marché de l’eau en ville.

    https://journals.openedition.org/espacepolitique/5037
    #privatisation #accès_à_l'eau #eau_potable

  • 430,000 flee Cameroon’s restive Anglophone areas, says group

    An international refugee agency says that more than 430,000 people have fled violence in Cameroon’s restive English-speaking regions and are hiding in rural areas with few resources.

    The Norwegian Refugee Council, one of several humanitarian organizations offering support, said Wednesday it is assisting the displaced by providing shelter and supplies to needy families. David Manan, the Norwegian group’s country director for Cameroon, called for more international aid.

    He said there are too few agencies on the ground to provide the amount of aid needed. He said many people are hiding in the bush.

    Cameroon’s English-speaking separatists have been protesting since 2016 against what they claim is discrimination by the French-speaking majority. Their protests were initially peaceful, but in response to a government crackdown some separatists are waging a violent campaign.

    https://www.thestate.com/news/nation-world/world/article223306000.html
    #Cameroun #Cameroun_anglophone #asile #migrations #réfugiés #COI #IDPs #déplacés_internes

    • Conflict in Cameroon’s Anglophone regions forces 430,000 people to flee

      The number of people displaced as a result of the crisis in Cameroon’s Anglophone regions has spiked to more than 430,000 during the last months. Many people are hiding in the bush with no support, warns the Norwegian Refugee Council.

      “We are deeply worried by the ongoing conflict and the increasing displacement figures. Parties to the conflict must ensure that civilians in the area are protected and are able to safely access life-saving assistance,” said David Manan, Country Director for the Norwegian Refugee Council in Cameroon.

      The number of people displaced from their homes in Cameroon’s Anglophone Southwest and Northwest regions and in neighbouring Littoral and West regions has reached 437.000, according to the latest UN estimates.

      NRC is assisting people displaced by this crisis. However, many people are left without any support, as insecurity is hindering organisations from accessing many areas. People are without proper shelter and sanitation facilities, clean water, food and access to medical care.

      “The needs we are witnessing in the Southwest and Northwest regions are alarming and there are too few agencies on the ground to provide the necessary aid due to limited funding. We call for more donors to prioritise this crisis to allow more agencies to respond so that we can stem the rising tide of suffering and displacement,” said Manan.

      “Displaced families who receive our assistance have told us that they share it or give it to their relatives who did not yet receive any assistance and desperately need help. Many people are hiding in the bush with no support, fearing for their lives,” added Manan.

      “This is the first time I am being helped since I fled,” said Annoh, who received essential household items, including materials to build a shelter. “I will share what I have received with my husband who is hiding in the bush. He has nothing but the clothes he was wearing when he fled,” she added.

      NRC is distributing household items, shelter and hygiene kits in Northwest and Southwest regions with support from the Swedish International Development Cooperation Agency (Sida), Norwegian Ministry of Foreign Affairs (NMFA) and European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations (ECHO).


      https://www.nrc.no/news/2018/december/conflict-in-cameroons-anglophone-regions-forces-430000-people-to-flee

    • A generation of unschooled Cameroonians, another generation of conflict?

      “As we trekked, they kept on telling us that they don’t want us to go to school again,” says 15-year-old Martha Lum, four weeks after being released by the armed gunmen who kidnapped her along with 78 other children and staff members in Cameroon.

      Lum’s story is becoming common across the country’s Northwest and Southwest regions, where the conflict between anglophone separatists and francophone armed forces that’s claimed hundreds of lives has made schools a battlefield.

      Since the anglophone conflict escalated in late 2017, more than 430,000 people have been forced to flee their homes. In May, the UN’s emergency aid coordination body, OCHA, said approximately 42,500 children were out of school. However, local rights groups estimate that number has now increased fourfold following frequent abductions.

      Some 20,000 school-age children now live in the bush. With no learning materials or trained teachers, they have no access to a formal education. Parents and local officials worry that the children could be driven to take up arms, becoming a lost generation that perpetuates the conflict and the humanitarian crisis.

      “Imagine that these children miss school for five or 10 years because of the fighting, hearing the sound of guns every day, and seeing people being killed; what will become of them?” says 45-year-old mother of four *Elizabeth Tamufor.

      “We have been hiding in the bush for more than a year,” she tells IRIN. “I am sure the children have forgotten what they were taught in school. You think in five years they will still be hiding here? They will probably pick up guns and start fighting.”

      The fear of schoolchildren and young students joining the armed separatists is already a reality for some. *Michael, 20, used to be a student before the conflict started. He joined the separatists when his friend was killed by government forces.

      “I replaced books with the gun since then. But I will return to school immediately we achieve our independence,” he says.
      Right from the start

      The roots of Cameroon’s anglophone conflict can be traced back to education. The separatists fighting for independence from French-majority Cameroon say the current school system symbolises the marginalisation of the English language and culture.

      After years of discontent, in November 2016, anglophone teachers began an indefinite strike to protest what they said amounted to systematic discrimination against English-speaking teachers and students. In response, government security forces clamped down on protests, arresting hundreds of demonstrators, including children, killing at least four people and wounding many more.

      This caused widespread anger across the Southwest and Northwest regions, which a year later led to the rise of the armed separatist groups now fighting for independence and a new English-speaking nation called “#Ambazonia”.

      Although the majority of teacher trade unions called off their strike in February 2017, separatists continue to impose curfews and abduct people as a means to push the local population to refrain from sending children back to school.

      As a result, tens of thousands of children haven’t attended school since 2016. Local media is awash with stories of kidnappings of children and teachers who do not comply with the boycott, while rights groups say the disruption of education puts children at risk of exploitation, child labour, recruitment by armed groups, and early marriage.

      “Schools have become targets,” a July 2018 Human Rights Watch report notes. “Either because of these threats, or as a show of solidarity by parents and teachers with the separatist cause, or both, school enrollment levels have dropped precipitously during the crisis.”

      In June, Amnesty International said at least 42 schools had been attacked since February last year. While latest statistics are not available, it is believed that at least 100 separate incidents of school kidnapping have taken place since the separatist movement turned violent in 2017. More than 100 schools have also been torched and at least a dozen teachers killed or wounded, according to Issa Tchiroma, Cameroon’s minister of communication.
      The separatist view

      Speaking to IRIN last month in Bali, a town neighbouring Bamenda – the capital of Northwest region – armed separatist leader *Justin says his group is enforcing the school boycott started by the teacher trade unions.

      “They (teachers) started a strike action to resist the ‘francophonisation’ of the anglophone system of education, and the evil francophone regime arrested and detained their colleagues, shot dead schoolchildren, and you expect us to sit down and watch them killing our people?”

      “We don’t want the schoolchildren of Ambazonia to be part of the corrupt francophone system of education,” he said. “We have designed a new school programme for them which will start as soon as we achieve our independence.“

      *Laba, who controls another group of armed separatists, is more categorical. “When we say no school, we mean no school,” he says emphatically. “We have never and will never kill a student or teacher. We just want them to stay home until we get our independence and begin implementing our own system of education.”

      There are about 20 armed separatist groups across the two English-speaking regions. They operate independently, and separatists have publicly disagreed on the various methods of imposing the school boycott.

      Both Justin and Laba accuse the government of staging “some” of the school abductions in order “to discredit the image of the separatists internationally”. But they also admit that some armed separatist groups are guilty of kidnapping and killing children and teachers.

      “We don’t kidnap schoolchildren,” Justin says. “We just impose curfews to force them to stay home.”

      But for many parents and schoolchildren, staying at home for this long is already having devastating consequences.
      School children in uniforms walk on the street toward camera.

      ‘Everything is different’

      Parents who can afford it have enrolled their children in schools in the French-speaking part of the country – mostly Douala and Yaoundé. But the influx has caused fees to rise in the francophone zones. Tuition fees that normally cost $150 annually have now more than doubled to $350.

      Beyond the costs, parents also need to transport their children from the troubled regions, along a very insecure highway, to apply for enrollment.

      When they get there, success is far from guaranteed. A lot of the francophone schools are now at full capacity and have stopped accepting students from anglophone regions, meaning many children will likely have to stay home for yet another year.

      Those studying in a new environment can also take quite a while to adapt.

      George Muluh, 16, had been at a school in the Southwest region before the conflict but is now attending Government Bilingual High School Deido in Douala.

      “Everything is just different,” he says. “I don’t understand French. The classrooms are overcrowded. The teaching method is different. I am getting more and more confused every day. I just want the conflict to end so I can go back to the Southwest to continue my studies.”

      It might be a long while before George has that opportunity. To the Cameroonian government, the teachers’ grievances have already been solved.

      “The government has employed 1,000 bilingual teachers, allocated two billion CFA ($4 million) to support private education, transferred teachers who could not speak French and redeployed them to French zones. These were the demands of the teachers. What do they want again?” asks Tchiroma, the minister of communication.

      But Sylvester Ngan, from the Teachers Association of Cameroon (TAC), which defends the rights of English-speaking teachers in the country, says most of these measures are cosmetic and don’t solve key issues related to French-only exams and francophone teachers in English schools.
      Leave the children alone

      While the government and teachers’ unions argue about who is right and what education system to implement, the war is ongoing, people are dying, and tens of thousands of children are not in school.

      “No reason can be advanced to justify the unwarranted attacks on children in general and pupils who are seeking to acquire knowledge and skills,” says Jacques Boyer, UNICEF representative in Cameroon. “All children in the regions must be able to go to school in peace.”

      President Paul Biya, 85, who just won another seven-year term after 36 years in power, has ignored calls for an inclusive dialogue to end the conflict. The first related measure he undertook after the October election was the creation of a commission to disarm and reintegrate former armed separatists.

      Cameroonian political analyst Michael Mbah describes the move as “a joke”, saying that a ceasefire and dialogue must precede any serious attempt at disarmament and reintegration.

      Meanwhile, the next year looks bleak for children like Lum whose futures are being decided by a war beyond their control. “I have always wanted to become a medical doctor,” Lum tells IRIN, but she now fears her dream will be shattered by the persistent conflict.

      “Leave the children alone,” says *Raymond, a father of four whose offspring haven’t been able to study for close to two years now.

      “We, parents, cannot afford to raise a generation of illiterates,” he says. “The future of the children is being sacrificed, just like that.”

      *Names changed at the request of the interviewees for security reasons.

      https://www.irinnews.org/news-feature/2018/12/19/cameroon-generation-unschooled-children-could-fuel-long-term-conflict
      #éducation #droit_à_l'éducation #école #scolarisation #enfants #enfance #conflit

    • République d’#Ambazonie

      « Le nom Ambazonia a été préféré à Southern British Cameroons afin de ne pas confondre cette zone avec la région territoriale du sud (Southern Cameroon). Les « autonomistes ambazoniens » avaient à cœur de trouver un nom local afin de bannir « Cameroun » qu’ils considéraient comme le symbole du lourd fardeau de l’héritage colonial. Pour cela, ils ont fouillé dans les livres d’histoire et inventé le nom Ambazonia. Celui-ci dérive d’Ambas, nom donné à la région de l’embouchure du fleuve Wouri. Ce site, en forme de baie, avait alors reçu le nom anglais Baie d’Ambas1. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_d%27Ambazonie

  • En Belgique, une #répression de plus en plus brutale contre les collectifs d’accueil des migrants

    Perquisitions musclées, détention préventive pendant de longues semaines, poursuites judiciaires... Depuis plusieurs mois, les autorités belges se montrent particulièrement sévères envers les personnes qui viennent en aide aux migrants. Un premier procès en correctionnelle s’est tenu début novembre à Bruxelles. Plusieurs citoyens belges y sont accusés d’avoir participé à un trafic d’êtres humains après avoir aidé et hébergé des migrants, eux-mêmes inculpés et désignés comme étant des passeurs. Face à ces politiques de plus en plus répressives, un collectif s’est créé pour rappeler que la « solidarité n’est pas un crime ».

    Onze personnes étaient sur le banc des accusés les 7, 8 et 9 novembre derniers devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Parmi eux, plusieurs jeunes hommes, la plupart d’origine égyptienne ou soudanaise – des migrants venus en Belgique après des séjours plus ou moins longs passés à Calais, qui évoquent tous leur intention de se rendre au Royaume-Uni. A leurs côtés, trois femmes, des citoyennes belges mères de famille, et un Tunisien établi en Belgique depuis longtemps. « Je n’avais jamais vu ces personnes, avant de les rencontrer au tribunal », assure Anouk van Gestel, l’une des prévenues, qui n’avait été en contact qu’avec deux d’entre elles. Pourtant, le groupe a été présenté à la justice comme faisant partie... d’un réseau organisé de passeurs. Huit personnes, dont deux « hébergeurs », ont déjà effectué de deux à dix mois de détention préventive.
    Premier procès, d’autres affaires à suivre

    Pendant les trois jours de l’audience, les avocats des prévenus ont réussi à faire reconnaître à la procureure du Roi que l’enquête de police, menée par une juridiction flamande à partir d’écoutes téléphoniques, avait été dirigée dans le but de présenter l’affaire comme une organisation criminelle qui, en réalité, n’existait pas. Le Parquet, dans son réquisitoire, a demandé l’acquittement pour deux des quatre « hébergeurs ». Des peines de prison de un à trois ans ont été requises pour les neuf autre personnes. Le verdict, qui sera rendu le 12 décembre prochain, ne sera que le premier d’une série d’affaires où se disputent les notions d’aide « humanitaire » et d’aide à l’immigration illégale.
    Plusieurs associations de défense des droits humains et d’aide aux exilés ont dénoncé une volonté de la part des autorités belges de « faire peur » aux personnes apportant leur soutien aux quelques milliers de migrants et « transmigrants » - qui transitent par le pays pour gagner le Royaume-Uni. Jusqu’à présent, aucun citoyen solidaire n’a été puni pour trafic d’êtres humains. Avant la tenue de ce procès – largement médiatisé –, le récit de plusieurs perquisitions policières brutales chez des « hébergeurs » a particulièrement secoué les membres de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés de Bruxelles.

    Créée il y a trois ans, par des volontaires, cette plateforme est un réseau qui compte près de 50 000 soutiens sur Facebook et 7000 bénévoles actifs. Ils proposent des repas, des trajets en voiture et surtout des hébergements chez l’habitant, aux centaines de migrants venus d’Afrique et du Moyen-Orient, qui se sont établis en campements sommaires dans le Parc Maximilien et aux alentours de la gare du Nord, à Bruxelles. La plateforme a reçu mi-octobre un prix de la fondation Henri Lafontaine (prix Nobel de la paix 2013) en récompense de l’engagement de tous ces volontaires...
    Deux mois de prison pour une jeune mère de famille

    La répression s’est pourtant vite abattue sur les premiers bénévoles. En octobre 2017, la police a fait irruption à l’aube dans l’appartement de Zakia S., une assistante sociale belgo-marocaine, où dormait son bébé de 2 ans. La jeune femme est ensuite incarcérée deux mois, à Gand en Flandres, une situation particulièrement traumatisante pour la mère de famille, qui ne parle d’ailleurs quasiment pas néerlandais. Elle faisait partie, selon son avocate, des premières bénévoles du parc, où elle s’est très vite impliquée dans l’aide quotidienne aux migrants.

    « Elle y venait car les autorités ne faisaient rien, parce qu’elle voulait sauver l’honneur de la Belgique, et parce qu’elle n’est pas indifférente à la souffrance d’autrui », a plaidé sa défense. Grâce à sa connaissance de la langue arabe, elle s’était notamment impliquée dans la recherche d’informations pour retrouver l’identité d’un jeune migrant, décédé en voulant passer Outre-Manche, afin que celui-ci n’ait pas une sépulture anonyme. La police lui reproche d’avoir donné des renseignements à de jeunes hommes qu’elle hébergeait, sur l’emplacement de parkings de poids lourds et leur destination. Ce qui serait, selon l’accusation, une aide active à l’immigration illégale.

    Une autre bénévole, Anouk van Gestel, qui a hébergé plusieurs mois un jeune mineur soudanais particulièrement vulnérable, a subi à la même époque une « descente de police affreuse », et un interrogatoire de près de sept heures. Journaliste de profession, elle avait découvert la réalité des conditions de vie des migrants lors d’un reportage à Calais, avec son amie et consœur Myriam Berghe, co-accusée dans le même procès. « Ils ont mobilisé une vingtaine de policiers, une débauche de moyens, tout ça pour faire peur aux gens de la plateforme et pêcher des voix à l’extrême droite. C’est un procès politique ! », a dénoncé à plusieurs reprises celle qui est devenue, malgré elle, porte-parole de la cause. Il lui est reproché d’avoir voulu faire passer la frontière à son protégé. Elle nie toute contrepartie financière et affirme avoir simplement voulu prendre des renseignements avant de renoncer à ce projet.

    Actions de solidarité, nouvelles descentes de police

    Début septembre, les deux journalistes avait adressé une lettre ouverte au premier ministre Charles Michel, pointant notamment les « agissements du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration » [Theo Francken, du parti nationaliste flamand N-Va, ndr], qui « poussent la justice à poursuivre les personnes aidantes. » C’est aussi l’avis du collectif « Solidarity is not a crime », créée suite à plusieurs affaires. Celui-ci, en plus de défendre les « hébergeurs », dénonce les « rafles » et les arrestations des migrants eux-mêmes, comme celle qui a eu lieu en février dans un centre culturel bruxellois, le Globe aroma, ou les poursuites engagées contre six passagers d’un vol Bruxelles-Douala qui s’étaient opposés à l’expulsion d’un migrant en 2016. « L’État belge cherche à donner une vision négative à la fois des exilés et des personnes qui leur viennent en aide », peut-on lire dans leur manifeste.

    Le collectif a organisé, quelques jours avant le procès, une action devant 25 commissariats belges. Des affiches, avec le slogan « Les rafles et les visites domiciliaires ne nous protègent pas », ont été collées à l’attention des forces de l’ordre. Car les actions policières se poursuivent, et de nouveaux citoyens ont été perquisitionnés à leur domicile le mois dernier. La Plateforme citoyenne s’en est alarmée dans un communiqué : « Des ménages belges ont été ciblés comme s’ils étaient devenus les repères de narcotrafiquants. Portes et serrures forcées, plaquages au sol, mandats d’amener, citoyens menottés. Si la lutte contre le trafic d’êtres humains est indéniablement nécessaire, nous ne comprenons pas que des hébergeurs puissent de la sorte être traités comme des criminels pour avoir été solidaires envers un public plus souvent victime de traite d’êtres humains que coupable de trafic d’êtres humains. »

    Les nationalistes flamands opposés au pacte mondial sur les migrations

    Parmi ces personnes se trouve Dounia D., une comédienne et chanteuse belge qui a pris la parole devant 500 personnes lors d’un rassemblement, le premier jour du procès, pour raconter comment la police est venue chez elle l’arrêter, ainsi que deux migrants qu’elle hébergeait. « Les migrants aussi sont victimes, autant que les citoyens belges », rappelle l’une des membres du collectif. « La différence de traitement qu’ils subissent dans cette affaire est flagrante. Ce sont tous des gens vulnérables. Ils ont peut-être participé à "fermer la porte du camion", contre quelques euros, mais nous, nous les soutenons. »

    Les plaidoiries décrivent en effet des parcours de migrations faits de misère et d’errance, où la Libye et Calais reviennent souvent. Pendant de longues heures, le Parquet insiste pour faire avouer à ces hommes, las des mois passés en prison et déboussolés par les menottes et la traduction, qu’ils ont touché ici 800 euros, là 2000 euros. « Vous voyez bien, Madame la Présidente, que nous n’avons pas à faire à de gros poissons », lancent à plusieurs reprises les avocats à une juge pas toujours à l’aise avec un dossier transmis in extremis par ses collègues de Flandre, pour des raisons linguistiques. Les hébergeurs sont en effet francophones, et les migrants arabophones avaient pour la plupart des notions de français.

    « C’est une bonne chose pour nous que le procès ait été transféré dans une juridiction francophone, car les pressions politiques sont plus fortes en Flandre », estime Anouk van Gestel, qui craignait la sévérité des juges de Termonde, principale ville de la région qui abrite le tribunal. Pendant le procès, les avocats ont pointé le fait que les policiers flamands avaient un biais anti-migrants dans leur enquête, voir raciste puisque les deux hébergeurs avec un prénom arabe (Walid et Zakia) ont été plus malmenés que deux autres femmes. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon, et le ministre de l’immigration Theo Franken, tous deux membres du parti nationaliste N-Va tentent actuellement de s’opposer à la signature par le gouvernement du pacte mondial sur les migrations de l’Onu (lire notre article : que propose vraiment le Pacte mondial sur les migrations de l’Onu, qui fait tant peur aux partis xénophobes ?). Face aux questions migratoires, la Belgique reste, comme sur beaucoup de sujets, très divisée.


    https://www.bastamag.net/En-Belgique-une-repression-de-plus-en-plus-brutale-contre-les-collectifs-d
    #aide #solidarité #réfugiés #asile #migrations #Belgique #criminalisation

    via @isskein

  • Urbanités africaines

    Articles

    Le projet de reconversion du #port de #Tanger : entre #urbanisme standardisé et jeux d’alliances locales ? par Brendan Blayac
    #Maroc

    Le programme d’appui à la reconstruction de la #Fédération_Sénégalaise_des_Habitants – vers un #urbanisme_participatif et solidaire, par Lionel Chabot, Pape Ameth Keita et Bea Varnai
    #Sénégal

    #Lagos, immensité et urbanité d’une ville d’Afrique subsaharienne fantasme dans les #séries_télévisées, par Pierre Denmat
    #Nigeria

    Les #programmes_de_logement public à #Yaoundé : entre laboratoire libéral et manifestations urbaines du clientélisme dans un #Cameroun post-austérité, par Mathilde Jourdam-Boutin

    Déplacer et relocaliser les citadins à #Lomé (#Togo) : l’urbanité négociée, par Amandine Spire et Natacha Gourland

    Vivre avec l’#insécurité_hydrique dans une ville sahélienne : les stratégies d’adaptation à #Niamey (#Niger), par Sandrine Vaucelle et Hassane Younsa Harouna
    #eau


    Portfolios

    Les #chantiers à Yaoundé et Douala, poétique des villes camerounaises en construction, par Mathilde Jourdam-Boutin

    Rien ne se perd, tout se récupère ! Pour une reconnaissance des #récupérateurs_informels de #Casablanca, par Pascal Garret et Bénédicte Florin
    #recyclage

    Les #toits du Caire, des espaces ressource ? par Marie Piessat
    #Le_Caire #Egypte

    http://www.revue-urbanites.fr/urbanites-africaines

    #villes #villes_africaines #revue #urban_matter #géographie_urbaine
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  • DOSSIER / URBANITÉS AFRICAINES
    http://www.revue-urbanites.fr/urbanites-africaines

    ARTICLES
    Le projet de reconversion du port de Tanger : entre urbanisme standardisé et jeux d’alliances locales ? par Brendan Blayac

    Le programme d’appui à la reconstruction de la Fédération Sénégalaise des Habitants – vers un urbanisme participatif et solidaire, par Lionel Chabot, Pape Ameth Keita et Bea Varnai

    Lagos, immensité et urbanité d’une ville d’Afrique subsaharienne fantasme dans les séries télévisées, par Pierre Denmat

    Les programmes de logement public à Yaoundé : entre laboratoire libéral et manifestations urbaines du clientélisme dans un Cameroun post-austérité, par Mathilde Jourdam-Boutin

    Déplacer et relocaliser les citadins à Lomé (Togo) : l’urbanité négociée, par Amandine Spire et Natacha Gourland

    Vivre avec l’insécurité hydrique dans une ville sahélienne : les stratégies d’adaptation à Niamey (Niger), par Sandrine Vaucelle et Hassane Younsa Harouna

    PORTFOLIOS
    Les chantiers à Yaoundé et Douala, poétique des villes camerounaises en construction, par Mathilde Jourdam-Boutin

    Rien ne se perd, tout se récupère ! Pour une reconnaissance des récupérateurs informels de Casablanca, par Pascal Garret et Bénédicte Florin

    Les toits du Caire, des espaces ressource ? par Marie Piessat

  • #Cameroun. « Germinal sous les tropiques » | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/cameroun-germinal-sous-les-tropiques-653274

    Emmanuel Elong dans ses champs du village de Mbonjo (sud du Cameroun, près d’Edea), en août 2014. Image extraite du film Et Maintenant nos terres, de J. Le Net et B. Polle.

    Le paysan Emmanuel Elong maintient ses accusations d’« accaparement des terres » contre la firme belgo-luxembourgeoise Socfin, détenue à 38,7 % par Bolloré.

    Son visa, d’abord refusé par le consulat de France à Douala, a finalement été délivré in extremis, sur intervention de Paris. Emmanuel Elong s’est vu accorder quatre jours, pas un de plus, pour témoigner devant le tribunal de grande instance de Nanterre, qui examinait, le 3 avril, la plainte en diffamation déposée par Vincent Bolloré contre France Télévisions et l’auteur du documentaire Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien, diffusé en 2016 dans l’émission Complément d’enquête. Ce dernier, Tristan Waleckx, devait accueillir à l’aéroport le paysan camerounais qui l’a guidé, pour le reportage incriminé, dans les plantations de palmiers à huile de la Société financière des caoutchoucs (Socfin), une firme agro-industrielle belgo-luxembourgeoise détenue à 38,7 % par le groupe #Bolloré. Rendez-vous manqué : dans la nuit précédant son arrivée, l’appartement de Tristan Walackx a été visité, la serrure de sa porte endommagée et le journaliste est resté prisonnier chez lui. Rien ne permet de relier cet incident au procès, mais par mesure de précaution, la chaîne a préféré offrir une protection à son reporter, comme au paysan.

  • Achille Mbembe sur FB signale l’existence d’un artist camerounais très intéressant :

    #George_Maky, artiste camerounais résident au Malawi et auteur de près d’une centaine de tableaux qui n’ont guère fait l’objet d’une présentation conséquente devant le grand public.

    Il a suivi des études au Corcoran School of Art a Washington DC dans les années 1992-1996. Il a opté pour l’art abstrait, le meilleur moyen pour rester libre de ses mouvements. Pour s’exprimer, il privilégie la technique du fusain et de la gomme, et les pastels doux.

    Il travaille de manière extrêmement subtile les deux couleurs blanc et noir desquelles il extraie toutes sortes de variations. Procédant par touches légères, jeu sur les interstices et saturations, il crée des tableaux d’une rare finesse qui n’exclue ni puissance expressive, et quelques fois tragique, ni ironique détachement.

    La finesse de son œuvre et sa capacité à peindre les aspects les plus invisibles de l’intériorité font de MAKY une voix tout à fait singulière dans le paysage artistique africain contemporain.

    C’est au Malawi qu’il découvre le papier fait à base de chiures d’éléphants, une véritable épreuve physique pour les doigts tant sa surface brille par sa rugosité. “Je laisse mes doigts s’exprimer”, insiste-t-il néanmoins lors d’une communication privée.

    Le temps est peut-être venu de sortir cet artiste de sa cachette.

    Une première exposition aura lieu à la Galerie Bolo (Douala) en décembre 2018. La galerie est dirigée par Ursule Mbella.
    Douala, manifestement, ne sera que le début. Un trésor d’une telle valeur doit pouvoir circuler.

    #art #camroun

  • #Shopping_malls : l’avènement de la modernité ?

    Laure Assaf et Sylvaine Camelin
    Introduction [Texte intégral]
    Ibrahim Gharbi et Alan Knight
    L’émergence et l’implantation du centre commercial régional dans la ville nord-américaine [Texte intégral]
    The emergence and implantation of the regional shopping center in the North American city
    Sophie Chevalier
    Participer à la nouvelle #Afrique_du_Sud ? [Texte intégral]
    La dimension politique des shopping malls
    Contributing to the new South Africa ? The political dimension of shopping malls
    Benjamin Michelon
    « Shopping mall » et « modernisation » des villes africaines : les cas de #Douala (#Cameroun) et #Kigali (#Rwanda) [Texte intégral]
    “Shopping malls” and the “modernization” of African cities : the cases of Douala (Cameroon) and Kigali (Rwanda)
    Tarik Harroud
    L’avènement du shopping mall à #Rabat : les formes d’appropriation sociale d’un espace marchand et sélectif [Texte intégral]
    The advent of the shopping mall in Rabat : forms of social appropriation of a selective commercial space
    Thibaut Besozzi
    La construction sociale de la réalité dans un centre commercial : ordres de réalité concurrents et négociation de l’ordre social [Texte intégral]
    The social construction of reality in a shopping mall : concurrent orders of reality and negotiation of the social order
    Anaïs Daniau
    Le shopping mall : un modèle pour la construction de la ville ? [Texte intégral]
    The shopping mall : a model for the construction of the city ?
    Alexandre Coulondre
    Construire la valeur marchande d’un lieu [Texte intégral]
    Les promoteurs et la création des centres commerciaux
    Constructing the market value of a site : property developers and the creation of shopping malls
    Laure Assaf
    Le shopping mall comme moment urbain [Texte intégral]
    Pratiques citadines et transformations des espaces marchands aux #Émirats_arabes_unis
    The shopping mall as an urban moment : urban practices and the transformation of commercial spaces in the United Arab Emirates

    http://journals.openedition.org/ateliers/10362
    #revue #shopping #centres_commerciaux #villes #urban_matter #USA #Etats-Unis #Maroc #Emirats_arabes_unis

  • Colère sound system (54 minutes)
    #Soro_Solo, France Inter, le 1er octobre 2017
    https://www.franceinter.fr/emissions/l-afrique-en-solo/l-afrique-en-solo-01-octobre-2017

    Entre la voix de la rue, de la protestation et des chansons, il n’y a souvent qu’un pas.

    Aujourd’hui, je vous propose d’ouvrir la sono des mouvements porteurs de la colère des peuples sur le continent Africain. Car depuis la nuit des temps, la douleur des opprimés se raconte souvent en musique.

    De l’insurrection des écoliers Sud-Africains en 1976 à la destitution de Blaise Compaoré en 2014 au Burkina Faso en passant par le Printemps Arabe en Tunisie en 2011, depuis des décennies, les peuples se dressent contre les pouvoirs liberticides, coupables d’injustice et de violation des droits de l’homme.

    Les mouvements porteurs de ces frondes sont aujourd’hui identifiés par les sociologues, comme sentinelles de la démocratie. Leur défiance est toujours portée par les hauts parleurs de la musique.

    Bienvenue à la maison, bienvenue dans le studio des Sounds System en colère.

    (1) « Salut aux Combattants » Pierre Claver Akendengue

    « Salut aux Combattants » du Gabonais Pierre Akendengue, est une photo sonore des souffrances des Noirs sous l’Apartheid érigé en système de gouvernement en Afrique du Sud par le pouvoir Blanc en 1948. Les lois de l’Apartheid ne seront abolies qu’en Juin 1991 par le gouvernement Frederik de Klerk après la sortie de prison de Nelson Mandela en février 1990 qui a enduré vingt-sept années d’incarcération. Le 10 mai 1994 Nelson Mandela est élut premier président noir d’Afrique du Sud.

    (2) « Lettre au Président » Valsero

    La lettre du rapper Camerounais Valsero à Paul Biya, président du Cameroun depuis 35 ans, le questionne sur le dénuement des Camerounais qui en bave encore et encore...

    L’une des cerises sur le gâteau du régime du président Paul Biya, c’est d’avoir proposé en 2007 d’amender la Constitution du Cameroun, qui limitait la Présidence de la République à deux termes de sept ans. En réponse, l’artiste Lapiro de Mbanga compose la chanson « Constitution constipée »

    Malgré l’interdiction d’antenne de cette chanson, elle fut reprise lors des manifestations de février 2008. Lapiro de Mbanga est arrêté en avril 2008 et condamné à trois ans de prison par le Tribunal de Grande Instance. L’amendement contre lequel Lapiro a composé « Constitution Constipé » a tout de même été adopté et permit à Paul Biya d’être réélu en octobre 2011.

    (3) « Constitution Constipée » - Lapiro de Mbanga

    Au Cameroun, « Constitution Constipée » a fait incarcérer Lapiro De Mbanga en 2008 à la prison de New Bell à Douala où il contracte la fièvre typhoïde. Après sa Libération en 2011, il s’exile aux États-Unis où il décède en 2014 à New York.

    Partout en Afrique quand la jeunesse se dresse, c’est parce qu’elle n’en peut plus des politiques stériles qui les affament.

    En Tunisie par exemple, c’est le désespoir qui emmena un vendeur ambulant, le jeune Mohammed Bouazizi, à s’immoler par le feu à Sidi Bouzid en Décembre 2010 pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Son suicide enclenchera une vague de contestation qui emportera le régime du président Ben Ali. Il s’en suivra une avalanche de grogne dans le monde Arabe qui gagnera le Yémen en Janvier 2011 où les manifestants réclament le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978.

    En Février 2011, au Caire la bourrasque de la contestation a fait tomber le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981,

    En Mars 2011 la grogne explose à Damas

    En Avril, de la même année, elle s’étend en Lybie et emportera le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969.

    Cette insurrection baptisée "Printemps Arabe" est incarnée par la chanson "Kelmti Horra" de la Tunisienne Emel Matlouthi qui a obtenu le Prix Nobel de la paix en 2015, avec le Quartet du dialogue national ayant accompagné le renouveau démocratique en Tunisie.

    (4) « Kelmti Horra » Emel Mathlouthi

    Apparu en 2011 au Sénégal, initié par les rapper Thiat et Kilifeu du groupe Keur Gui, le mouvement « Y’en a Marre » arrangue les populations à se dresser comme un seul homme contre la volonté du président Abdoulaye Wade qui voulait modifier la constitution et briguer un nouveau mandat. En déjouant les visés du vieux président Wade au Sénégal, « Y’en a Marre » catalysera des organisations similaires dans différents pays au Sud du Sahara

    (5) « Coup de Gueule » Keur Gui

    De Dakar à Libreville, Kinshasa, en passant par Ouagadougou le modèle « Y’en a Marre » se reproduira dans diverses capitales Africaine.

    (6) « De La Lutte qui Libère » Joey Le Soldat

    Le Burkina Faso, pays de Joey le Solda a enduré 27 ans de régime de Blaise Compaoré présumé coupable de l’assassinat de président Thomas Sankara en 1987. En 2014, Blaise Compaoré tente de tordre le coup à la Constitution et se maintenir au pouvoir Le 30 Octobre de cette année-là quand les députés du Burkina Faso se retrouvent pour examiner le projet de loi portant sur la révision de la Constitution permettant une nouvelle candidature du président Blaise Compaoré après 2015, Le Mouvement « Balaie Citoyen », portées par l’esprit de Thomas Sankara, appel les populations à descendre dans la rue et battent le pavée pour empêcher la révision de la loi fondamentale.

    (7) « Thomas Sankara » Debademba

    Tous ces mouvements citoyens se nourrissent d’exemples révolutionnaires africains et se posent comme héritiers de figures respectées et admirées devenus des mythes sur le continent. Notamment le nigérian Tafawa Balewa, le congolais Patrice Lumumba ou le burkinabé Thomas Sankara.

    Ils revendiquent la défense du panafricanisme et fustigent sans détours l’impérialisme occidental. Leur rêve, opérer et réaliser une vraie Union des peuples Africains qui ne serait pas selon eux - une coquille vide comme l’Union Africaine actuelle, incapable de gérer le mal être du continent.

    Les régions qui n’ont pas encore de force citoyenne organisée, les individualités comme Cheikh MC des Comores usent de la musique pour booster les mentalités.

    (8) « Na Rende » Cheikh MC

    En égrenant le chapelet des mouvements sociaux de cette décennie en Afrique, on constate que les artistes musiciens sont en première ligne des combats. Et s’il est une référence en la matière, c’est bien le nigérian feu Fela Anikulapo Kuti. Pourfendeur de la corruption, du néo-colonialisme, des manœuvres de la classe politique et des détournements d’argents fait par les militaires, toute sa vie durant, il n’a eu de cesse de tarauder tous les régimes qui se sont succédés à la tête du Nigéria. Sa volumineuse œuvre musicale a souvent égratigner nos mentalité de colonisées.

    (9) « Mister Felow Felow » Fela Anikulapo Kuti

    #Musique #Musique_et_politique #radio

  • Migrants subsahariens/ Début des expulsions aujourd’hui

    Après des semaines d’expectative, le gouvernement passe à l’acte. Il a décidé d’expulser les migrants subsahariens qui se trouvent de « manière irrégulière » en Algérie. La décision entré en application à partir d’aujourd’hui.


    http://www.algerie-focus.com/2017/08/migrants-subsahariens-debut-expulsions-a-partir-daujourdhui
    #Algérie #migrations #asile #réfugiés #migrants_sub-sahariens #expulsions #renvois

    • A Alger, les nouveaux migrants fragilisés par le départ des anciens

      Alors que de nombreux Subsahariens ont rallié l’Italie via la Libye, les derniers arrivés se retrouvent sans réseau.

      Par Zahra Chenaoui (Alger, correspondance) LE MONDE Le 31.10.2017 à 15h05 • Mis à jour le 31.10.2017 à 19h10

      Sur la photo, elles posent près d’une belle fontaine au cœur d’un jardin. Désirée, Hélène et Grace sont en Italie et elles le font savoir sur les réseaux sociaux. Ces Camerounaises ont vécu entre deux et six ans en Algérie, dans le même quartier. « Presque tous ceux qu’on connaissait dans le quartier sont en Europe désormais », affirme Josiane, une de leurs amies, Camerounaise elle aussi (à sa demande, son prénom a été changé).

      Depuis deux ans, la route de la Libye « passe ». Les migrants installés en Algérie qui souhaitaient aller en Europe ont, en très large majorité, réussi à le faire. Ceux qui hésitaient ont fini par être convaincus par les photos publiées par leurs amis. Résultat : en Algérie, les nouveaux arrivants se retrouvent seuls ou presque, sans réseau communautaire pour les soutenir ou les conseiller, et ce, alors même que l’attitude des autorités à leur égard s’est durcie.

      « Les anciens sont partis »

      Alger, périphérie ouest. Dans son logement, Luc, Camerounais, a fait de la place. Une cousine de sa compagne doit arriver dans la journée avec son fils de 10 ans. « Elle a de la famille en France qui est passée l’année dernière », explique le jeune homme.

      Assis sur le bord d’un matelas, un adolescent regarde des vidéos des manifestations au Cameroun anglophone sur son téléphone portable. « Je suis venu pour prendre la mer, dit-il. Là-bas, ce sera mieux pour moi, l’école est meilleure. » Son père, installé en Europe depuis un an après plusieurs années passées en Algérie, a payé le voyage pour qu’il quitte Douala. L’adolescent, arrivé seul il y a six mois, devait prendre la route de la Libye, mais les combats à Sabratha ont suspendu les départs. Luc résume : « Les anciens sont partis. Et de petits jeunes arrivent. Comme on ne peut plus partir, ils attendent là. »

      Alger toujours, mais banlieue sud. Le long des trottoirs d’une série d’immeubles en construction, des matelas jonchent le sol. De jeunes hommes sont en train de se teindre les cheveux. Ils viennent de Guinée. « Je suis arrivé il y a trois mois », explique le premier.

      Ce jour-là, aucun d’entre eux n’a trouvé de travail, alors ils patientent. « Je ne savais pas que ce serait difficile de travailler en Algérie », regrette Mohamed, 17 ans. Chaque matin, ils sont des dizaines, comme lui, postés sur le bord de la route en espérant qu’un particulier vienne leur proposer une tâche à la journée. Mais, sans réseau ni connaissance de quelques mots d’arabe, ces migrants sont dans une situation précaire. Mohamed et ses amis dorment dans la rue. « Est-ce qu’il y a des associations qui peuvent nous aider ? », interroge l’un. « Vous savez comment je peux retourner chez moi ? Je suis fatigué », ajoute un autre.

      « Les Guinéens sont de plus en plus nombreux à Alger, explique Kader, un Ivoirien installé en Algérie depuis six ans. Ils ne connaissent pas le pays et réagissent très mal dès qu’un Algérien leur parle mal ou les insulte. Ça finit en bagarre et il y a des blessés. »

      « J’ai peur des arrestations »

      La précarité touche aussi les femmes. Dans la ville d’Oran, à 400 km à l’ouest d’Alger, Adamo, un Camerounais, a rendez-vous à l’hôpital. Il fait les cent pas devant le mur d’enceinte en tentant d’expliquer où il se trouve. Une jeune femme, fine, le ventre arrondi, finit par le rejoindre. « Elle est arrivée de Tamanrasset [dans le sud du pays] il y a quelques jours. Elle est enceinte de cinq mois, elle n’a pas vu de médecin depuis le début de sa grossesse », explique Adamo.

      La jeune femme était hébergée par un autre migrant. Elle partageait quelques mètres carrés, sous un toit de tôle, avec trois autres personnes, sans sortir. « Il faut du temps aux femmes pour connaître la ville, apprendre à se déplacer. Celles qui viennent d’arriver sont très vulnérables face aux plus anciens, qui tentent de les effrayer sur le contexte algérien pour mieux les contrôler », soupire Adamo.

      Dans la ville, les quelques acteurs associatifs qui travaillent avec les migrants savent qu’ils risquent d’avoir moins d’impact s’ils ne reprennent pas le travail de sensibilisation qu’ils pensaient acquis. « On travaillait avec une quinzaine de femmes, elles sont toutes parties », explique une militante qui demande à rester anonyme.

      Parallèlement, la présence de migrants nigériens organisés en filière de mendicité dans les grandes villes du pays a sensibilisé une partie de l’opinion publique. Un collectif de jeunes étudiants a organisé un repas de solidarité pendant le mois de ramadan, le chanteur Sadek Bouzinou a réalisé un clip pour appeler à la tolérance.

      Mais ces initiatives, limitées, ont peu d’impact sur le quotidien des migrants. Et, depuis quelques semaines, l’opération d’arrestation lancée à Alger a tendu l’atmosphère. « Je connais un migrant qui s’est fait arrêter dans le bus, en allant au travail le matin. Ma voisine a été arrêtée en sortant de l’hôpital avec son nouveau-né. J’ai peur des arrestations, alors je dis à ma femme de ne pas sortir », raconte Amara, un Libérien qui vit en Algérie depuis deux ans.

      Selon Amnesty International, les forces de l’ordre ont arrêté plus de 2 000 migrants subsahariens depuis le 22 septembre. Une fois interpellés, ils ont été envoyés à Tamanrasset puis expulsés au Niger ou au Mali. Deux amis d’Amara ont été arrêtés alors qu’ils étaient en train de travailler sur un chantier. Il soupire : « J’ai choisi l’Algérie pour pouvoir travailler. Ici, je gagne mieux ma vie comme manœuvre que si j’étais employé dans mon pays. Alors je serre les dents et j’attends que ça passe. »

      http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/31/quand-l-europe-renvoie-la-crise-migratoire-de-l-autre-cote-de-la-mediterrane

    • Algeria: Illegal Arrests, Detention and Forced Removal of Hundreds of Migrants

      Several hundred people of sub-Saharan origin were arbitrarily arrested in Algiers between late September and early October 2017 by the police and the National Gendarmerie. Without any regard for procedural safeguards and their fundamental rights, these people were arbitrarily detained at the centre in #Zeralda (a western suburb of Algiers) and forcibly collectively transported to #Tamanrasset where they were confined to a detention centre.

      https://euromedrights.org/publication/algeria-illegal-arrests-detention-forced-removal-hundreds-migrants

    • “They put us on a truck and left us there, in the middle of nowhere. We were in the desert for the next 45 days.”

      “I left Sierra Leone because I wanted to go to Italy. My friend told me to pass through Algeria first so we could make some money. On the way there, the driver sold us to some Arab men and took all of our valuables, including phones and personal documents.

      As soon as we reached Tamanrasset in Algeria, they put us in some sort of prison. The worst thing was that the prison was managed by fellow Africans who had bought us from Arabs. I was there for 15 days with no food or water, and there were more than 70 other people in the same room. The captors gave me a phone and wanted me to call my family, but my mother lives in a very small village - she doesn’t even own a phone.

      One day, they brought in another group of migrants and among them was a man from Sierra Leone so we became friends. He had a friend that had been helped by IOM to go back to Sierra Leone, so he suggested we got in touch with them.

      It was the youth vigilantes in Algeria that rescued us. They had heard about the human trafficking situation in the region; they found us and set us free. They took us to the police station and told us to call our families so they could help us get back home. At the police station, there was a huge group of migrants, including plenty of women and children.

      We asked the police to call IOM, but they said we should do that once in Niger. We asked for a human rights volunteer to assist us, but the police officers said there was no such thing. They put us in a truck, took us past Assamaka, Niger and left us in the middle of nowhere. There were more than 200 people there from all over West Africa. A big group of Nigerians decided to head back to Assamaka, but we stayed. We were in the desert for the next 45 days.

      While there, I asked a soldier to let me make a phone call so I managed to get in touch with IOM. However, soon after, the authorities moved us to another area so we feared that IOM staff wouldn’t be able to find us anymore. We walked and walked for days until we reached #Assamaka again but once we got there, we saw the IOM staff. They had come to assist us. We told them everything that had happened and they took us to their centre in #Arlit. After a week there, we came here, to the centre in #Agadez. There are now more than 50 migrants here from that group. We couldn’t be more grateful for the help.”

      http://iamamigrant.org/stories/niger/mohamed

  • Jean-David Nkot : « L’Europe, c’est le cimetière des artistes africains »
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/02/jean-david-nkot-l-europe-c-est-le-cimetiere-des-artistes-africains_5138105_3

    Une chose est sûre, ces manifestations sont l’œuvre d’initiatives privées et ne sont pas l’expression d’une volonté des pouvoirs publics français qui, parfois, sont plutôt tentés d’interdire aux femmes noires de se réunir entre elles, comme l’a démontré la maire de Paris Anne Hidalgo en s’opposant à la tenue du festival afroféministe Nyansapo, au prétexte que certains ateliers étaient « non mixtes ». Ou alors qui interdisent à des artistes africains de venir s’exprimer sur le territoire français en leur refusant un visa, quand bien même seraient-ils invités officiellement par une institution publique sous tutelle du ministère de la culture et de la communication.

    C’est ce qui est arrivé le 26 mai à Jean-David Nkot, jeune plasticien camerounais prometteur né en 1989, alors qu’il avait été sélectionné pour participer au tout nouveau post-master que l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (Ensapc) a lancé le 1er juin lors d’une conférence au Théâtre de la commune d’Aubervilliers réunissant chercheurs, écrivains et artistes à l’instar de Françoise Vergès, Manuel Domergue, Michel Augier, Zanele Muholi ou encore Abdellah Taïa.

    L’invitation officielle de l’Ensapc, qui prenait en charge le déplacement et l’hébergement de Jean-David Nkot, n’aura pas suffi à convaincre le consulat français. « C’est la deuxième fois que l’on m’empêche de faire mon travail, regrette Jean-David Nkot. En 2016, Barthélémy Toguo m’avait invité à le rejoindre pour participer à l’YIA Art Fair à Paris. Même motif de refus de visa : la France pense que je veux rester là-bas, sans doute parce que ma mère y est installée. Mais, moi, j’ai fait le choix de vivre ici, au Cameroun. Je vais faire quoi là-bas ? Vendre des toiles et payer des taxes dessus ? Ça n’a pas de sens, c’est bien plus intéressant pour moi de vendre là-bas, oui, mais de rester à Douala. Ici, je vis bien, je ne meurs pas de faim, je travaille. L’Europe, c’est le cimetière des artistes africains. J’ai besoin de mon environnement pour créer, je ne veux pas perdre mon âme à partir. »

  • J’ai donné mon quatrième et dernier cours à l’#UPop #Montréal, Une histoire populaire en chansons, consacré aux Chansons Dangereuses. Si je ne vous ai pas convaincu de l’importance des chanteuses et chanteurs révolutionnaires, sachez que leurs ennemis, eux, en sont convaincus. Et si l’on ne compte plus les musiciens poursuivis, emprisonnés, condamnés à l’exil, voire assassinés, il est encore temps de conter leur histoire...
    http://www.upopmontreal.com/hiver-2017/une-histoire-populaire-en-chansons

    De Johannesburg à Sabra et Chatila, de Santiago de Chile à Moscou, de Kingston à Douala, du Caire à Istanbul, de Rio de Janeiro à Tizi Ouzou, ou de Lagos à Paris, la répression est partout, elle dure depuis que la parole existe, et elle ne semble pas prête de s’arrêter...
    http://entrelesoreilles.blogspot.ca/2017/04/elo274-chansons-dangereuses.html

    Une dernière soirée émouvante et, pour vous consoler, ou pour raviver vos souvenirs, voici donc la playlist d’hier soir :
    https://www.youtube.com/playlist?list=PLkeA_mTMOkTvCw1PobJLhprRVYo3_eoBh

    Premier cours :
    https://seenthis.net/messages/574734

    Deuxième cours :
    https://seenthis.net/messages/578800

    Troisième cours :
    https://seenthis.net/messages/584026

    #Musique #Musique_et_politique #Histoire
    #Shameless_autopromo

  • Cameroun : La police et Huawei signent une convention pour généraliser les caméras de surveillance
    http://koaci.com/cameroun-police-huawei-signent-convention-pour-generaliser-cameras-surveillan

    Après avoir lancé une campagne citoyenne pour dénoncer les suspects dans les quartiers, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la police camerounaise et Huawei, sont désormais liés par une convention pour généraliser l’installation des cameras de surveillance à travers le pays. Douala et Yaoundé, les principales métropoles qui bénéficient déjà d’un réseau de vidéo surveillance électronique, vont voir leurs capacités renforcer. Et, les autres villes du pays, vont également pouvoir bénéficier du même (...)

    #Huawei #CCTV #surveillance #vidéo-surveillance

  • Ça n’a pas fait la une Soixante-dix morts et près de six cents blessés dans la catastrophe ferroviaire au Cameroun
    Non, ce n’est pas le titre de l’article, le titre c’est :
    Une victime française dans la catastrophe ferroviaire au Cameroun
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/21/cameroun-entre-yaounde-et-douala-un-train-deraille-et-la-route-est-coupee_50

    L’accident a fait plus de soixante-dix morts et près de six cents blessés, selon le dernier bilan. « J’ai appris avec tristesse le tragique accident ferroviaire survenu le 21 octobre », a réagi dans son communiqué M. Ayrault, qui ne précise pas l’identité de la victime française.

    ...

    L’un des principaux axes routiers de l’Afrique centrale était en effet coupé vendredi entre les deux grandes villes du Cameroun, Yaoundé et Douala, en raison de l’effondrement d’un pont après de fortes pluies. La route a été coupée dans les deux sens au niveau de Matomb, à 68 kilomètres de Yaoundé, à la suite de l’« effondrement d’une buse métallique sur la RN3 », a annoncé le ministère des travaux publics.

    #Bolloré #journalisme
    http://www.bollore-africa-logistics.com/qui-sommes-nous/filiales-en-afrique/cameroun.html

  • Micmacs autour du port de #Douala
    https://www.mediapart.fr/journal/international/170616/micmacs-autour-du-port-de-douala

    Depuis quinze ans, le groupe Bolloré est devenu un acteur majeur du trafic portuaire africain. Mais cela ne s’est pas fait sans problèmes : des concurrents ont porté plainte, accusant la multinationale française de corruption. Mediapart a reconstitué l’histoire de l’attribution du port de Douala au #Cameroun.

    #International #France #Economie #Afrique #concession #François_Hollande #Jacques_Dupuydauby #Nicolas_Sarkozy #Paul_Biya #ports #transports #Vincent_Bolloré

  • Le fléau des #faux_médicaments au #Cameroun

    Dans les rues de Yaounde et Douala au Cameroun, le commerce du médicament prospère dangereusement en dehors des officines pharmaceutiques. Les autorités essayent tant bien que mal de contrer le phénomène, mais la réalité sociale et le coût de la vie obligent une bonne partie de la population à s’y approvisionner pour leurs besoins de santé, en dépit des dangers.

    http://www.rfi.fr/emission/20150914-le-fleau-faux-medicaments-cameroun
    #santé #médicaments
    cc @fil

    • A plusieurs reprises nous avons tenté (plusieurs personnes individuellement) de donner nos médicaments encore valables à la pharmacie : des cachets mais aussi des compresses ou des couches. Une véritable honte, soit briser la solidarité pour enrichir les labos et les pharmacies, car immanquablement ils seront détruits.

  • Les Camerounais frappés par les #inondations urbaines

    Douala , 3 juillet 2015 (IRIN) - Plus d’une semaine après les inondations causées par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la capitale économique du #Cameroun, #Douala, la ville reste sinistrée. Au moins quatre personnes ont trouvé la mort et environ 2 000 autres ont été déplacées ; des milliers de logements et de commerces ont été détruits. Plus de 30 000 d’habitants ont été directement affectés.

    http://www.irinnews.org/fr/report/101709/les-camerounais-frapp%C3%A9s-par-les-inondations-urbaines

  • Fumisterie : Deux officiers de l’état-major de l’Opération Barkhane envoyés au #Cameroun
    http://grigrinews.com/fumisterie-deux-officiers-de-letat-major-de-loperation-barkhane-envoyes-au-cameroun/3051

    Actualités Afrique "31/03/2015, Douala, Cameroun : Un détachement de l’armée française, composé de deux officiers de l’état-major de l’Opération Barkhane basée à Ndjamena (Tchad) spécialisés dans la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélienne sont autorisés à intégrer l’Opération « Emergence 4 » en vue d’appuyer le Cameroun dans la lutte contre la secte terroriste nigériane, Boko Haram..."(c) 2015 - Grigrinews.com

  • Violents combats entre l’armée camerounaise et Boko Haram
    http://grigrinews.com/violents-combats-entre-armee-camerounaise-et-boko-haram/2643

    « 04/02/2015, Douala, #Cameroun : De violents combats opposent depuis ce mercredi l’armée camerounaise à la secte islamiste nigériane Boko Haram à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, suite à une tentative d’incursion des assaillants à Fotokol dans l’Extrême-nord du Cameroun, ces derniers étant encerclés depuis mardi dans l’une de leur base de Gambaru au Nigeria par l’armée tchadienne. »

  • Coalition armée pour lutter contre Boko Haram un général Camerounais nommé à la tête
    http://grigrinews.com/coalition-armee-pour-lutter-contre-boko-haram-un-general-camerounais-nomme-a-la-tete/2577

    « 26/01/2015, Douala, #Cameroun : René Claude Meka, général de corps d’armée et Chef d’Etat major des armées au Cameroun (CEMA), a été porté à la tête de la coalition des armées camerounaises et tchadiennes pour combattre la secte terroriste nigériane Boko Haram qui menace de déstabiliser le Nigeria et ses voisins. »

  • Paiement électronique pour les administrations fiscales au #Cameroun
    http://grigrinews.com/paiement-electronique-pour-les-administrations-fiscales-au-cameroun/2369

    « Yaoundé, Cameroun - La direction générale des impôts (DGI) du Cameroun expérimente, depuis quelques jours à Douala et Yaoundé, les métropoles économique et politique du pays, une procédure de paiement en ligne pour les usagers en partenariat avec deux opérateurs de téléphonie mobile. »

  • Melilla. Triple saut vers l’eldorado

    PAR FRANÇOIS MUSSEAU

    Le soir venu, vers 19 heures, lorsque les ratissages de la police marocaine ont cessé, Dream All Good reprend des forces. Il s’anime et partage avec ses compagnons d’infortune sa gouaille et son sens du rythme. Dream All Good, c’est le nom d’artiste que s’est donné le Camerounais Jacky (1), une armoire à glace de 22 ans à la voix de ténor. Sous la lumière diffuse d’une demi-lune, au milieu de l’épaisse forêt de pins maritimes, il improvise un rap relatant son sort précaire, son long voyage commencé à Douala en 2009, les mensonges adressés de temps en temps à sa mère au téléphone ( « Tout va bien, maman, je vais bientôt commencer à travailler » ), les tabassages des paramilitaires marocains, et puis le froid de la nuit, la faim, les courses éperdues pour fuir les coups, l’épuisante existence de bête traquée.

    Bouillie de farine, sardines et miches de pain

    Une soirée de plus et toujours le même rituel : Dream All Good et une dizaine de compatriotes, assis sur des rochers devant une popote rudimentaire - de la farine en bouillie, des sardines et des miches de pain -, tournent le regard vers leur objectif, leur rêve, la cible ultime de leur interminable odyssée. Du haut d’un promontoire pierreux, ils contemplent les mille feux de Melilla, ce confetti espagnol posé sur le littoral nord-est du Maroc, seule frontière terrestre, avec Ceuta, séparant l’Afrique et l’Union européenne.

    D’où ils se trouvent, on perçoit avec netteté les projecteurs de l’aéroport, les éclairages du boulevard périphérique et tous les points scintillants de la ville ; à côté, vers l’est, les lumières de Beni-Enzar (la bourgade marocaine frontalière) s’apparentent, en comparaison, à des lanternes ou des bougies.

    Les regards des jeunes Camerounais sont bien sûr fixés sur Melilla, happés, absorbés, comme ceux d’enfants devant un sapin de Noël. Certains se sont réfugiés dans le silence, perdus dans une rêveuse contemplation ; d’autres s’épanchent et libèrent leurs sentiments, tel Peter qui s’exclame : « Melilla-la-bella, Melilla Babylone, comme je te veux ! »

    Survêtement gris à capuche et jean élimé, Dream All Good parle, lui, à profusion, pris d’une soif de mots inextinguible. Ses compagnons l’écoutent religieusement, comme s’il leur prêtait voix de manière fidèle et juste : « Il faut nous comprendre. Tout en bas, c’est l’Espagne, et puis l’Europe. Nous, cela fait deux, trois, voire cinq ans qu’on a quitté nos familles et le Cameroun. On a vu défiler les pays et les commissariats de police, on s’est fait tabasser, on nous a détroussés, puis largués dans le désert. On a dû mendier et vivre avec rien ; et puis, aujourd’hui, l’Espagne est à portée de regard. Vous vous imaginez ? »

    L’œil est luisant, le verbe solennel, comme s’il anticipait une question : « Alors revenir ? Jamais ça. Il ne reste qu’une dernière étape, après une si longue route. C’est comme lorsqu’en bâtissant une maison, il ne reste qu’à poser le toit et qu’on te demande d’accepter que tout l’édifice s’écroule. Notre destin, il est là, devant, lumineux, il n’est pas derrière nous, dans notre dos, tout obscur. »

    Reste que, de tout leur parcours d’émigration, la dernière étape est certainement la plus âpre, la plus douloureuse, la plus périlleuse. Elle commence précisément sur ces hauteurs pentues du mont Gourougou, où 300 à 400 Africains (Guinéens, Camerounais, Ivoiriens, Maliens, Sénégalais, Nigériens…) vivotent comme ils le peuvent, dans cette zone pierreuse couverte de denses pinèdes. Ils n’ont qu’une idée fixe : le moment propice, se laisser glisser vers la frontière de Melilla, la franchir clandestinement et, une fois en territoire espagnol, rejoindre le centre de séjour temporaire pour les immigrés (Ceti) d’où, un jour, on sera forcément transporté vers la péninsule, puis laissé en liberté. Autrement dit, un passeport pour l’eldorado européen en poche. Avant de réaliser le saut improbable de la frontière, la première gageure est de survivre dans le mont Gourougou.

    « Des rafles où ils se déploient comme des poulpes »

    Longtemps, les Subsahariens y ont été tolérés par les autorités marocaines - bien que fustigés comme « illégaux » - et les organisations humanitaires étaient autorisées à les aider. Mais, depuis l’an dernier, Rabat a serré la vis en déclarant ces migrants « indésirables » : en février, la tente de MSF (Médecins sans frontières) plantée sur un promontoire, a été démontée pour être remplacée par une unité mobile des Forces auxiliaires, avec camions, projecteurs et hommes bien entraînés. Leur mission : « ratisser » l’endroit pour faire du chiffre, interpeller le plus possible de clandestins. « Ces policiers sont jeunes, agiles, très sportifs, et aussi incultes, très violents, les pires », enrage Adil Akid, membre du Mouvement des droits humains (MDH), qui tente de prêter main-forte aux Africains, « désormais livrés à eux-mêmes ».

    Chaque jour, les Subsahariens réfugiés sur les hauteurs du Gourougou doivent faire face à deux rafles des « Ali », leur terme pour désigner les Forces auxiliaires marocaines. La première, entre l’aube et midi, la seconde entre 14 et 17 heures, lorsque la voix du muezzin de Beni-Enzar retentit. A écouter le récit épouvanté de Samuel, un Camerounais de 27 ans, informaticien et cultivé, les traques font penser aux Chasses du comte Zaroff, la nouvelle de Richard Connell, adaptée en 1932 (2), où le gibier est humain. « Ils se déploient de partout, comme des poulpes, impossible de savoir d’où ils vont surgir, et ils courent très vite. C’est pourquoi on dort tous chaussés, l’anorak enfilé, sur le qui-vive, prêts à détaler. Comme des animaux. »

    Essaimés en petits groupes pour passer la nuit dans la forêt, à même le sol, les Africains se reposent donc à peine, la peur au ventre, se sachant être des proies. « Boumla » (danger !), hurle le premier qui détecte l’arrivée des Ali au moindre signe d’approche. C’est alors une débandade effrénée vers un refuge naturel, une anfractuosité rocheuse, une cachette dans un ravin. « Si on a la chance d’en avoir trouvé, il faut y rester des heures sans bouger, dans l’espoir de ne pas être découvert, poursuit Samuel. Si on est pris, c’est terrible. On se fait rosser à coups de matraque et de gourdin, surtout aux genoux et à la tête. Les Ali nous prennent tout : l’argent, les portables, les chaussures et nous embarquent dans des fourgonnettes. »

    Direction Oujda, puis un no man’s land près de la frontière avec l’Algérie. De là, la plupart regagnent Maghnia, côté algérien, où l’on peut grignoter un peu d’argent comme maçon ou ouvrier agricole. « Là-bas, la police est plus humaine, mais elle nous bloque l’accès vers Alger, alors, pas de choix, il faut revenir au Maroc, puis vers Gourougou pour retenter Melilla. » Un chemin de Sisyphe, que Samuel a déjà parcouru à trois reprises, à chaque fois caché dans un train de marchandises, menacé d’être repris par les gendarmes marocains. D’autres circulent la nuit dans un taxi pirate pour 300 dirhams (30 euros) ; les plus pauvres doivent opter pour des marches nocturnes pendant quatre à cinq jours. De ces marches, les Maliens Omar et Boubacar Sidibé, 23 et 25 ans, inséparables frères, en ont leurs baskets tout usées : déjà deux voyages éreintants en cinq mois. Ils se fichent des allers et retours, « Melilla vaut tous les sacrifices ». L’obsession est de franchir la valla , le triple grillage qui enserre la ville espagnole sur 11,5 kilomètres et tient lieu de frontière avec l’Europe. « Et la meilleure façon d’y parvenir, dit Omar, c’est de grimper massivement, comme une armée. »

    Le 17 septembre, Omar et Boubacar faisaient partie d’un « bataillon » de 300 Africains escaladant la valla à corps perdu, pieds et mains nus pour mieux s’agripper. D’abord six mètres de hauteur, puis quatre mètres, enfin de nouveau six mètres, chaque grillage étant séparé de l’autre par un couloir d’un mètre de large. Une sorte de triple saut, qu’il faut réaliser en un temps record car, pendant l’escalade, on risque de recevoir par-derrière les pierres des gendarmes marocains et, par-devant, les balles en caoutchouc des gardes civils espagnols. « On a passé le premier grillage, mais d’autres nous sont tombés dessus, poursuit Omar. On nous a renvoyés côté marocain, les gendarmes se sont salement défoulés sur nous. » Il montre des cicatrices sur son buste et un bras cassé, ce bras qu’on replie sous les coups pour se protéger la face.

    Ce jour-là, vingt-trois Subsahariens ont été grièvement blessés - dont six ont perdu un œil -, transférés et soignés à l’hôpital de Nador grâce à l’archevêché de cette ville marocaine située à environ 50 km de là. Sur les 300 « assaillants », une centaine a pu fouler le sol espagnol, et galoper vers le Ceti, en jouant au chat et à la souris avec les gardes civils et les ARS, des forces anti-émeutes spécialement envoyées de Madrid.

    « Ils frappent, mordent et hurlent, ils n’ont rien à perdre »

    Le surlendemain, le 19 septembre, nouvelle escalade massive en provenance du Gourougou : 200 retentent leur chance (dont les frères Sidibé et Samuel), une dizaine seulement passe entre les mailles du filet. Affolée, la presse de Melilla titre : « Assauts de Subsahariens », « Avalanche d’Africains », « Agression massive ». Filmées par les caméras de surveillance, les spectaculaires images feront le tour du monde via YouTube (3). Et ce, à l’initiative de la Garde civile (c’est-à-dire du ministère de l’Intérieur) qui, en diffusant cette vidéo, semble dire au reste de l’Europe : « Regardez, nous sommes envahis par cette horde de sauvages, aidez-nous ! » « Pas du tout, corrige le sous-lieutenant Juan Antonio Rivera, nous avons seulement voulu montrer la réalité, la cruelle réalité. »

    Au volant d’un tout-terrain qui nous fait visiter le tracé sinueux d’un bout à l’autre de la valla, ce responsable de la Garde civile (600 hommes à Melilla, et autant de policiers nationaux) tient à dire ceci : en tentant de franchir ce triple grillage de vertige, les Subsahariens jouent à quitte ou double et sont de plus en plus agressifs. « Nous aussi, nous avons des blessés, il faut souvent se battre avec eux au corps à corps, ils mordent, hurlent, frappent, n’ayant rien à perdre. » Le sous-lieutenant assure que les détenus sont « bien traités », et aussitôt rendus au Maroc. Opinion niée en bloc par les humanitaires et tous les Africains de Gourougou pour qui les gardes civils sont ces temps-ci aussi brutaux que leurs alter ego marocains.

    Au cœur de Melilla, dans la Comandancia (l’immense QG en béton de la Garde civile), Juan Antonio Rivera décrit avec fierté la salle de contrôle, où onze écrans permettent de visualiser les images captées nuit et jour par la centaine de caméras placées le long de la valla. Dans le jargon local, cela s’appelle le système intégral d’imperméabilisation frontalière, le SIPF. Un objectif, plus qu’une réalité : selon la Garde civile, 1 700 Africains ont pu franchir le triple grillage en 2012, et au moins 3 100 cette année. Les tentatives n’ont pas de raison de s’arrêter : d’après le préfet de Melilla, Abdelmalik al-Barkani, il y aurait - outre les 400 Africains du Gourougou - entre 1 500 et 2 000 Subsahariens et Maghrébins autour de Nador, dans les camps de Silwan, Afra ou Marjane. Tous candidats pour le « grand saut » vers l’Europe.

    En file indienne dans le viseur des caméras thermiques

    Le phénomène dure depuis une dizaine d’années, avec plusieurs assauts massifs en 2005 et 2006. Depuis lors, le grillage a été surélevé de deux mètres et renforcé de deux épaisseurs par les Espagnols. Sans succès : la frontière demeure poreuse. Rivera : « Preuve que ces gens désespérés se moquent de la crise. Le goutte-à-goutte n’a jamais cessé : si les assauts massifs sont peu fréquents, des petits groupes de quatre ou cinq tentent leur chance chaque semaine. » Et ce serait bien pire, ajoute-t-il, si la gendarmerie marocaine n’agissait pas avec autant de fermeté contre les « illégaux ». Ce serait bien pire, aussi, si la Garde civile ne disposait pas de caméras thermiques, qui permettent, la nuit, de voir arriver de loin les Africains descendant en file indienne du mont Gourougou. Dans la salle de contrôle, un agent passe une vidéo en noir et blanc ayant permis d’avorter un récent assaut massif sur la frontière. Il lâche, entre rire et fascination : « Cela me fait penser aux migrations de gnous dans les plaines de Serengeti, en Tanzanie. » Un autre agent : « Moi, ça m’évoque un film de zombies. Quand je pense que ce sont des humains, c’est horrible d’en arriver là. Quand ils courent, on les dirait possédés par le démon ! »

    Fichée dans le littoral nord de l’Afrique sur 12,3 modestes km2, l’enclave de Melilla et ses quelque 80 000 habitants est une survivance coloniale, un coin d’Espagne anachronique qui, dans la pratique, est un formidable aimant de richesse et de prospérité. D’un côté à l’autre de la frontière, la différence de niveau de vie est de 1 à 13 - une disparité deux fois supérieure qu’entre les Etats-Unis et le Mexique. Ici, des attelages d’ânes et des ruraux tirant le diable par la queue ; là-bas, des immeubles modernes et le confort européen. Chaque jour, au poste de Beni-Enzar, on compte entre 30 000 et 35 000 entrées du côté marocain (et 7 000 véhicules), pour l’essentiel de la contrebande.

    A la nage, en barque, sous un camion…

    A cette pression humaine, il faut ajouter les tentatives de passage clandestin de Subsahariens, d’Algériens, plus récemment de Syriens. « La prospère Melilla, si petite face à une pauvreté si vaste, c’est un goulot d’étranglement, résume José Palazon, de l’ONG Prodein. Les vagues de misère y déferlent avec d’autant plus de force. » Et tous les moyens sont bons pour mettre le pied dans la Babylone européenne. Avec de faux documents (environ 2 000 euros), à la nage (très difficile, vu la surveillance maritime), en Zodiac (entre 1 500 et 2 000 euros), en barque (avec des femmes enceintes ou des enfants en bas âge, non-expulsables), sous un camion ou coincé contre la carrosserie d’une voiture (entre 2 500 et 3 500 euros). « Ceux qui tentent l’escalade du grillage depuis le Gourougou sont sans le sou, précise Adil Akid. C’est le seul moyen gratuit. Et le plus désespéré. »

    Le 17 septembre, avec une centaine d’autres, le Malien Daniel, 23 ans, a poussé le cri de victoire de rigueur : « Bouza ! » Après l’escalade de la valla, cette boule de muscles est parvenue aux portes du « City », comme l’appellent les Africains. Au centre de séjour temporaire des immigrants, la partie est gagnée. Ensuite, ce n’est plus qu’une question de temps. Une drôle de petite ville à l’extrémité de Melilla - accolée à un terrain vague et à un stupéfiant terrain de golf - où s’entassent 893 migrants pour une capacité de 480 places. On y distribue à chacun trois repas par jour, des sandales, du savon, une serviette et une couverture. « J’arrive pas encore à réaliser, venir de Gourougou, et aujourd’hui, ce palace ! »

    Daniel se souvient nettement du 10 janvier 2010, lorsqu’il a quitté Bamako, prié Allah et embrassé ses quatres frères et sœurs. Puis Kidal, la route du désert, Adaral et Maghnia en Algérie, pour finir à Melilla. « C’est un exploit d’avoir atterri ici, je le jure. » Maillot du FC Barcelone, cheveux ras, il tue ses après-midi sur ce lit de rivière asséchée qui jouxte le Ceti, encombré de détritus. A ses côtés, une dizaine d’autres Maliens, envahis aussi par l’ennui et une inquiétude sourde : « On ne sait pas combien de temps on va rester ici, c’est dur, craint Salif, 24 ans. Je suis jeune, je veux fonder un foyer, et je perds mon énergie. »

    Le séjour au Ceti s’apparente à une sorte de limbes : on y perd la notion du temps. Certains y restent trois mois, d’autres trois ans. On palabre, on erre dans Melilla, regardés de travers par les locaux, et on contacte la famille restée au pays. Chaque semaine, les autorités espagnoles transfèrent entre 30 et 40 personnes vers la péninsule. « Nous-mêmes ne connaissons pas bien les critères de sélection, confie Carlos Montero, le président du Ceti, qui dépend du ministère des Affaires sociales. Notre difficulté, c’est de gérer cette angoisse. Et faire face à leur incroyable méfiance : leur périple a été une série de souffrances et de claques, ils ne croient plus en personne. Mais une chose est sûre, ce sont tous des athlètes, physiquement et mentalement. »

    Curieusement, les Africains qui ont pu escalader le triple grillage ne se souviennent plus des longs mois passés sur les hauteurs du Gourougou. Ou bien ne veulent plus en parler. Une sorte d’amnésie les a touchés. « C’est un authentique enfer, là-bas, ils veulent oublier cet endroit ! s’exclame cette militante canadienne, qui les a longtemps secourus. J’en ai vu qui chialaient rien qu’à l’idée d’y retourner. Ils n’ont pas tous des âmes de guerriers. Beaucoup sont des diplômés, horrifiés par la violence policière, pris au piège dans cette souricière. On n’en parle peu, mais j’en connais qui sont repartis chez eux, malgré tout le déshonneur que cela suppose, malgré le fait qu’il faut revenir à la case départ, glaner un peu d’argent, payer des passeurs, retraverser le désert, risquer de nouveau sa peau. »

    Toilette à la source

    Retour au Gourougou. Cette nuit-là, les deux frères Sidibé sont allés acheter des vivres au village de Beni-Enzar, du pain et des sardines. Ainsi que de la lessive pour leur toilette mensuelle à la source, tout là-haut. Omar : « On est traités comme des pestiférés par les habitants. » Interdit d’entrer dans une cafétéria ou un salon de coiffure ; plus aisé dans un cyber-café, « où les gendarmes peuvent nous prendre. Mais, bon, faut bien risquer pour prendre des nouvelles de la famille et savoir comment va le monde ». Lui et Boubacar n’en perdent pas le sourire pour autant. Ce soir, il y a réunion avec les « chefs » pour décider d’un assaut massif sur la valla. Les chefs, c’est-à-dire les plus expérimentés, ceux qui connaissent les bons itinéraires, savent estimer les périls et les opportunités.

    Vers minuit, lorsque l’hélico de la Garde civile ne perturbe plus le silence de la nuit, un conseil improvisé a donc lieu. Des dizaines d’Africains sont rassemblés, intensément à l’écoute. Parmi eux, les frères Sidibé, Samuel, Dream all Good et ses copains camerounais. Tout comme le Malien Sékou Touré, un chef, trois ans de séjour dans la forêt du Gourougou et seulement deux vraies tentatives - avortées - sur le grillage. « Je suis descendu vers Melilla des dizaines de fois, mais le plus souvent c’est trop dangereux. Trop de policiers. Il faut se raviser. » Bien avant l’aube, vers 4 heures du matin, ils sont environ deux cents à tenter une approche. Ils rebrousseront chemin. Un autre jour, autant de jours qu’il le faudra, ils réessaieront…

    http://www.liberation.fr/monde/2013/11/22/melillatriple-saut-vers-l-eldorado_961352

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