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  • Pannes d’ascenseurs : à Bobigny, ras-le-bol à tous les étages - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/30/pannes-d-ascenseurs-a-bobigny-ras-le-bol-a-tous-les-etages_1613705

    Dans un immeuble de la ville de Seine-Saint-Denis, les deux élévateurs de la tour de 15 étages sont souvent à l’arrêt. 50 000 personnes ont signé une pétition adressée à Macron et une cinquantaine se sont réunies dans le hall.

    Lundi soir, une cinquantaine d’habitants ont réfléchi tout haut sur leur condition dans un hall de HLM. Et verbalisé la routine de leur bâtiment de quinze étages situé à Bobigny, au 19 rue René Camier : les pannes fréquentes et anarchiques de leurs deux ascenseurs. Première séquence : un trentenaire en tee-shirt assure qu’il y a quelques semaines, il a manqué de perdre son boulot en restant bloqué à l’intérieur de l’un d’eux. Gros retard, son chef s’est fâché. Il précise qu’il est employé à la Rotonde, « là où Macron mange ». Qu’il voulait arrêter de payer les loyers pour faire passer un message fort. Son épouse l’en a dissuadé. La peur de l’expulsion, le stress du conflit.

    Seconde séquence : une dame s’assoit dans un coin, sur une chaise apportée par une voisine, avec un nouveau-né dans les mains, tout de rose vêtu. Elle raconte sa grossesse à grimper et dévaler les marches, et sa hantise, au moment d’accompagner son aîné à l’école, que ce dernier oublie quelque chose à la maison. Cela signifiait devoir remonter le ventre arrondi, redescendre, puis une fois le môme déposé en classe, remonter encore. Comme dans chaque récit du même type, on conclut en relativisant : il y en a des encore moins bien lotis. Les malades, les claustrophobes, les personnes âgées qui s’essoufflent plus vite que les autres dans la faible lumière jaune de la cage d’escalier étroite.

    Une retraitée se souvient de l’un de ses coups de fil au bailleur : « Au téléphone, on m’a dit "je vous comprends" après une panne. J’ai répondu "non, vous ne me comprenez pas car vous ne me connaissez pas". » Un quinqua du voisinage, venu soutenir le mouvement, déroule quelques mots clés, parmi lesquels « sans dents » et « sans voix ».

    Maison hantée

    Les dizaines de témoignages convergent tous : les dysfonctionnements réguliers, qui pourrissent les journées, les nuits et les week-ends, finissent par alourdir les têtes. Le renoncement à recevoir des invités, la sensation de se faire avoir, l’attente du réparateur, la flemme de sortir en pensant à une potentielle ascension au retour, l’angoisse de l’accident, l’obligation de stocker ses courses dans la voiture quand la machine a lâché. Parfois, il arrive que des résidents écartent eux-mêmes les portes quand ils restent coincés entre deux étages. Comme s’ils avaient été engloutis par une bête de fer aveugle. ICF Habitat la Sablière (le bailleur) qualifie cela de « vandalisme » (les pièces s’abîment), les locataires de « démerde » (le sauvetage peut traîner en longueur). Deux mères du onzième étage décrivent une scène de maison hantée. Un jour, les portes de l’un des ascenseurs se sont mises à claquer toutes seules. Il a fallu caler un objet pour s’épargner le boucan en attendant le réparateur.

    Au milieu de la mini-foule, Fouad Ben Ahmed, militant local, met en garde contre les dangers de la résignation et des comportements que celle-ci fabrique. En aparté, il dit : « Dans les milieux modestes, on intériorise trop vite l’idée que l’on mérite ce qui nous arrive. » Puis : « Le projet n’est pas de laisser éclater sa colère une fois ou deux sur la place publique. C’est de travailler sur la durée : il faut que les habitants se réapproprient leurs combats. »

    Avant le premier tour de la présidentielle, quelques membres de l’équipe de Benoît Hamon s’étaient retrouvés à Bondy pour dérouler des propositions sur le long terme à mettre en place dans les périphéries. L’emploi, l’éducation, la lutte contre les discriminations. La séance d’échanges avec le public a tourné en questionnements sur le très court terme. Comment faire quand des dealers planquent de la came dans le cartable des gosses ? Et comment vendre l’égalité à des personnes qui n’arrivent même pas à jouir de leur ascenseur dans des blocs vétustes ? Gros blanc - ce n’était pas prévu. Ce qui se passe actuellement au 19 rue René Camier : la politique dans sa dimension la plus pragmatique.

    A la mi-novembre, Christie et Karima, deux locataires, ont contacté via Facebook Fouad Ben Ahmed, 41 ans, encarté au Parti socialiste, lui-même originaire de Bobigny et référent d’un collectif nommé « Plus sans ascenseurs ». Ils s’étaient ensuite retrouvés un jeudi soir dans l’immeuble malade pour faire du porte-à-porte et sonder les familles. Réactions schizophréniques dans les étages, entre le soulagement d’extérioriser le malaise et la lassitude de rabâcher le champ lexical de la défaite, celui qui fait dire que c’était mieux avant et que tout va de mal en pis à l’intérieur de l’immeuble, mais aussi à l’extérieur.

    Sur son palier, une maman longiligne à lunettes s’était étonnée du décalage entre la communication de la mairie et la situation précaire des destinataires. « Je voulais écrire "MDR" [mort de rire, ndlr] sur l’un de leur courrier. Car je pensais que nous étions invisibles. » Devant sa porte entrouverte du quinzième étage, un trentenaire barbu en survêtement râle contre les plus jeunes. « Ils constatent que l’ascenseur ne fonctionne pas et ça les fait marrer. Pourquoi cela ne provoque pas une autre réaction ? Je ne comprends pas. »

    Une pétition en ligne lancée par le collectif - apolitique - en est presque à 50 000 signataires. Le destinataire : Emmanuel Macron, président de la République. La genèse du mouvement : en juillet 2016, Martine Fontaine, en fauteuil roulant, sèche une paella entre amis, lesquels s’inquiètent de son absence. L’ascenseur de son immeuble d’un autre quartier de Bobigny était en rade, ça faisait des semaines qu’elle ne quittait plus son appartement. Des médias s’intéressent au cas de la dame, immobilisée après des pépins de santé, le bailleur se presse pour régler la situation en quelques jours. Victoire symbolique. Sur les réseaux sociaux, des habitants de Seine-Saint-Denis profitent de l’opportunité pour alerter sur leur situation dans des blocs de Sevran, Aulnay-sous-Bois ou encore Epinay-sur-Seine.

    Palliatif

    700, 800, 900 euros : les locataires du 19 rue René Camier aiment à rappeler le prix des loyers. Christie, trentenaire aux yeux bleus qui vit au douzième, s’interroge. En substance : est-ce normal d’avoir parfois honte de l’endroit où l’on vit ? Et pourquoi faut-il tant de temps pour mobiliser autour d’une cause si concrète ? L’amicale des locataires a disparu depuis des lunes, faute de tauliers pour la faire tourner. Il est désormais question de la reconstituer. Entendu plusieurs fois dans ce coin-ci de Bobigny, sur le ton de la fatalité : l’individualisme grignote de plus en plus dans les quartiers populaires, qui comptent parmi les fiefs historiques de la solidarité - érigée traditionnellement par ceux qui y vivent en palliatif aux manques de moyens. Marcella, auxiliaire de vie sans emploi, habitante de la ville et membre de « Plus sans ascenseurs » : « Le boulot fatiguant, les distances avec la maison, l’éducation des enfants, le poids des factures : c’est un tout dans les milieux très modestes. Est-ce qu’on est toujours conscient de ce que l’on vit ? On finit par accepter parce que le quotidien aspire tout. »

    Etau

    Du côté d’ICF Habitat la Sablière, un responsable admet que les équipements sont fatigués au 19 rue René Camier. Avance que près de la moitié des pannes sont dues à des actes de vandalisme, dont l’ouverture forcée des portes : « Des gamins sautent dans la cabine, des gens urinent à l’intérieur, ce qui use les pièces. » Pointe du doigt des dealers que les pannes arrangeraient pour contrôler les allées et venues. « Je ne dis pas que c’est la cause du problème, simplement un constat. » Ironie, l’immeuble est situé à deux pas du commissariat, à quatre du tribunal.

    Quelle que soit la configuration, les locataires trinquent à la fin. Etau. Fouad Ben Ahmed : « Plus c’est sale et en mauvais état, moins certains respectent. Il faut remettre à neuf. Une fois que ce boulot est fait, la pédagogie commence auprès des habitants. Et les sanctions financières éventuellement prises par le bailleur pourront être transparentes : on verra clairement ce qui a réellement été dégradé ou sali. » Mardi, le collectif a reçu l’assurance du bailleur que le changement d’ascenseurs serait prévu dans le budget de l’année 2018. Et qu’il recevrait une délégation de locataires pour discuter. La veille, le soir du rassemblement, des habitants se sont mis à évoquer la saleté dans les parties communes. Karima, feuilles de papier et stylo à la main, les a conjurés de patienter. Un problème après l’autre, sinon, la revendication de départ se noie. Tout finit alors par se mélanger et du coup, plus personne ne s’écoute.
    Ramsès Kefi Photo Cyril Zannettacci

    #pauvreté #quartiers_populaires #hlm #ascenseurs
    Où ce genre de situation peut-elle perdurer si ce n’est dans les cités où vivent les noirs et les arabes ?

  • Appel contre les discriminations en sorties scolaires – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2017/03/13/appel-contre-les-discriminations-en-sorties-scolaires

    Elise Boscherel, professeure en lycée professionnel à Épinay-sur-Seine, lance un appel à tous les personnels d’éducation contre les discriminations en sorties scolaires qui fait suite à des contrôles au faciès que ses élèves ont subis au retour d’un séjour à Bruxelles.

    Mercredi 1er mars 2017, en revenant d’un séjour scolaire à Bruxelles, trois de mes élèves se sont fait contrôler par des policiers à deux points différents de la gare du Nord. L’un d’eux s’est fait attraper par le bras, fouiller, tutoyer, un autre a dû ouvrir sa valise devant le reste de la classe. Un troisième s’est fait contrôler en sortant tout juste du train, sur le quai. Ce sont donc trois garçons sur les cinq présents qui ont dû se soumettre à un contrôle d’identité. Pourtant, à 20h00, en pleine heure de pointe, nous n’étions évidemment pas les seuls à circuler dans la gare.
    Ces contrôles sont sans nul doute liés à leur apparence physique : Ilyas est d’origine marocaine, Mamadou d’origine malienne et Zakaria d’origine comorienne. Ce sont de jeunes garçons qui vivent à Épinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis. Ils représentent donc à eux seuls ce que l’on nomme communément « les jeunes de cité ». Quelles autres raisons pouvaient justifier ces vérifications ?
    La réalité que vivent certains de mes élèves est bien différente de la mienne qui suis une professeure blanche, jamais contrôlée, jamais jugée, jamais discriminée en raison de la couleur de ma peau.
    Ces sorties scolaires me font prendre conscience à quel point leur quotidien est épuisant et stressant. Avant même d’ouvrir la bouche, ils semblent être toujours présumés coupables ; aux yeux des policiers, de certains personnels de la RATP, de la SNCF. Ce n’est pas la première fois qu’en tant qu’enseignante, je dois faire face à un contrôle d’identité ou à des comportements mal intentionnés de la part d’adultes dans les gares, dans le métro, dans le train, dans les musées.
    « Liberté, égalité, fraternité » leur apprend-on. Pas pour eux. Ces élèves que j’apprécie tant, ces « jeunes à casquettes » que je vois encore comme des enfants sont trop souvent maltraités, humiliés, malmenés par notre République. Mon devoir est de les protéger et de leur permettre de sortir de l’école en toute quiétude.
    Je ne supporte plus les regards malveillants qu’ils subissent, ces sommations à devoir se justifier sur chacun de leurs déplacements. Ce sont de véritables assignations à résidence physique, symbolique d’une partie de notre jeunesse, celle des banlieues, celle de nos quartiers populaires. La société leur envoie continuellement le même message : restez chez vous ou ça se passera mal.
    On nous demande d’organiser des sorties avec nos élèves, de leur faire découvrir des musées, de leur permettre d’accéder aux savoirs différemment. Mais celles-ci sont toujours préparées avec une double appréhension : celle liée aux comportements de nos élèves eux-mêmes (faire le moins de bruit possible, être attentifs ; ils doivent surtout ne pas se faire remarquer) et celle liée aux réactions extérieures. Dans de telles conditions, comment envisager sereinement ce type de projet ? Elles entraînent malheureusement trop souvent des humiliations supplémentaires.
    Il est donc temps de dénoncer ces discriminations à chaque fois que nous y sommes confrontés. Ces contrôles ne doivent pas devenir une banalité.
    C’est la raison pour laquelle j’en appelle à tous les personnels d’éducation de porter plainte auprès d’un commissariat étranger à l’affaire ou du procureur de la République, de l’IGPN et, en tout état de cause, auprès du Défenseur des Droits, à chaque fois que nos élèves sont discriminés dans le cadre de sorties scolaires.
    Je demande également à ce que soit organisée chaque année, dans les établissements scolaires, une journée de lutte contre le racisme et à ce que des associations de lutte contre les contrôles au faciès interviennent dans les classes. Nos élèves doivent pouvoir porter plainte, ils doivent pouvoir se défendre.
    La violence n’est pas que policière. C’est la violence d’une société toute entière qui porte un regard beaucoup trop accusateur sur eux. Cette jeunesse ne demande pourtant qu’à être respectée et considérée.
    Parce que l’école est leur dernière protection, je vous propose de relayer cet appel !

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    #police #racisme #délit_de_faciès #discrimination (en milieu scolaire) #état_d'urgence

  • Il avait 10 ans, habitait Epinay-sur-Seine à (#quartier-populaire d’Orgemont), s’appelait Zacharie et était #noir.
    Les medias et la police se gargarisent d’expressions comme zones-de-non-droit alors qu’il faudrait plutôt parler de #zones-de-non-accès-aux-droits.

    L’Agence Régionale de la Santé s’appuie sur la retranscription des appels téléphoniques. Jeudi soir, elle indiquait que « selon les éléments à disposition ce jour, les protocoles de prise en charge en urgence ont été respectés »

    Des protocoles respectés alors que les parents ont dû arrêter un taxi en plein milieu de la nuit sur la route après un refus du SAMU et des pompiers : c’est scandaleux de lire ça !

    Et dans cette longue chaîne de responsabilités, personne n’assume quoi que ce soit.

    Mort de Zacharie : ce que l’on sait, ce que l’on ignore encore - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2014/08/08/mort-de-zacharie-ce-que-l-on-sait-ce-qu-on-ignore_1077426
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/son-fils-est-decede-aux-urgences-il-a-ete-abandonne-de-tous-07-08-2014-40

  • Descente sauvage à Epinay : que fait la police des polices ?
    http://www.rue89.com/2013/06/28/descente-sauvage-local-depinay-fait-police-polices-243763

    Lors d’une grosse opération antidrogue menée à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) lundi dernier, des policiers ont investi un local où des trentenaires jouaient aux dominos, à la Playstation et regardaient la télévision. La plupart sont salariés : un chauffeur de bus, deux agents de sécurité, un ambulancier, un technicien... Aucun n’a été inquiété pour cette affaire de stupéfiants.

    Résultat : mobilier cassé, crâne suturé, injures racistes, humiliations... et ces paroles :

    Pour des gamins qui sont morts à moto [allusion à l’accident de Villiers-le-Bel, en 2007, ndlr], les flics n’ont rien eu. Ils auront toujours raison, c’est l’Etat. Porter plainte c’est un coup de sabre dans l’eau. Ça ne sert à rien.

    #violences_policières