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  • L’Académie française est-elle encore utile ?
    https://www.franceculture.fr/litterature/lacademie-francaise-sert-elle-encore-a-quelque-chose

    "Si demain l’Académie disparaît, on ne s’en rendra pas compte"

    Force est de constater que l’Académie française n’a plus aujourd’hui le même statut. “Ca n’est plus la question ! poursuivait d’ailleurs le poète et philosophe Michel Deguy, toujours dans Du Grain à Moudre. La question est que cette fonction n’a plus lieu, il n’y a plus de rôle normatif de l’Académie. Ça n’intéresse pas grand nombre de bons écrivains, parce que cette espèce de gloire, de réputation, de rôle social fondamental qu’il y a eu pendant des siècles, tout simplement n’a plus lieu.“

    Aujourd’hui, la mission de l’institution est en effet de “contribuer à titre non lucratif au perfectionnement et au rayonnement des lettres” : l’Académie a donc un rôle d’autorité morale, mais elle n’a plus d’autorité normative. Seule lui reste pour fonction d’approuver ou non la publication au Journal officiel d’équivalents francophones de termes techniques étrangers.
    Le rôle tranche profondément avec l’influence qu’a pu avoir par le passé l’Académie française. Si depuis sa création, l’institution a toujours été mise en doute, elle n’en a pas moins fait figure d’autorité pendant des siècles, quand seuls quelques lettrés étaient en mesure de s’y opposer. C’est entre autres l’accès massif de la population à l’éducation, couplé à la professionnalisation des sciences du langage, qui ont achevé de déposséder l’institution du monopole de la normalisation du langage. Signe des temps, il n’y a d’ailleurs eu aucun linguiste à l’académie depuis le décès du philologue Gaston Paris, en 1903.

    Pourtant, curieusement, l’Académie semble toujours être considérée comme responsable du bon fonctionnement de l’orthographe et de la grammaire française, alors même que leur dernier dictionnaire en date, débuté en 1986 et publié en plusieurs volumes, n’est pas terminé, couvrant jusqu’ici les mots de “A” à “Quotité”. “Il faut reconnaître que l’Académie réussit bien ses coups de comm’, poursuit Maria Candea. Comme il y a des gens connus et que le titre d’académicien donne des entrées dans les médias, on les entend et ça donne l’impression qu’il y a des choses à communiquer."

    Quand les académiciens donnent un avis, c’est bien, et quand il n’en donnent pas et bien… il n’y a pas d’avis, c’est tout. C’est anecdotique. Si demain l’Académie disparaît, on ne s’en rendra pas compte, ce n’est pas là que se fait le travail. Maria Candea

    L’entre-soi cultivé à l’Académie, la "célébrité" de ses membres, lui sont depuis longtemps reprochés. En 1985, dans l’émission Grand Angle, François Fossier, auteur de l’ouvrage Au pays des immortels, et pourtant plutôt bienveillant à l’égard de l’Académie française, pointait du doigt cet état de fait : "Les académiciens sont recrutés tous dans le même milieu, dans la mesure où l’Académie se veut l’illustration de ce qu’il y a de mieux dans la France. [...] Il est certain qu’il faut appartenir à un milieu social qui se définit à la fois par une assez grande aisance financière, une parenté d’éducation avec un certain nombre d’études qui ont été menées dans les mêmes conditions, des alliances familiales qui vous font entrer de plain-pied très vite avec d’autres académiciens qui seront vos confrères, des types de carrière aussi qui se font d’une manière similaire. [...] C’est cette espèce de convivialité sélective et un peu élitiste qui est à l’origine de bien des élections."

    Ces gens font partie du même milieu et s’auto-recrutent. Je ne peux pas dire que le talent ne rentre pas en ligne de compte sur ce chapitre, il est évident qu’on considère les qualités littéraires des candidats. Il n’y a plus de cas aussi scandaleux qu’il y a pu y en avoir sous l’Ancien régime et jusqu’au début de ce siècle, d’élus qui n’avaient rien écrit. Mais c’est essentiellement une parenté et une cohésion sociale qui est à l’origine des élections. François Fossier

    Qui décide de la langue ?

    Si l’Académie n’est plus décisionnaire et si son dictionnaire avance si lentement, alors où se décide le sort de la langue française ? C’est essentiellement à la Direction générale de la langue française et des langues de France (DGLFLG), qui dépend du ministère de la Culture.
    Plus de 200 experts appartenant à 19 collèges, sélectionnés en fonction de leurs compétences linguistiques, y sont chargés de normaliser la langue. “Les besoins sont dans l’industrie, dans la technique, où on a besoin de glossaires, assure Maria Candea. Il y a aussi un gros travail qui est mené par l’Afnor. L’enrichissement de la langue se fait surtout par la technique, plus que par les mots dont on parle beaucoup comme le ‘mot-dièze’.” Au rang des institutions qui participent à la Direction générale de la langue française, on retrouve évidemment l’Académie française, chargée de donner son avis sur les néologismes. Mais quand c’est le cas, il s’agit bien plus souvent d’employés de l’Académie membre du service du Dictionnaire, que d’académiciens eux-mêmes.

    L’influence de l’Académie, finalement, est essentiellement de l’ordre du médiatique, preuve en est de sa capacité à régulièrement s’inscrire dans des polémiques à propos de la langue française. Ce que regrette Maria Candea :

    L’Académie a encore une espèce d’aura qui fait que les gens pensent qu’elle a un rôle à jouer. A cause de cela, il y a un déficit de légitimité pour réformer l’orthographe, ce qui est gravissime pour une langue.

    Je me demande pourquoi on conserve ce club de vieux misogynes alors qu’on a le forum 18-25ans de jeux-video.com. Ca fait doublon et il faut faire des économies qu’ils disent. On pourrais les vendre aux quataris, ca pourrai garnir quelques sarcophages dans leur nouveau louvre. En plus finky deviendrais salarié des émirs et ça la république devrait l’offrir comme cadeau aux françaises.

  • Jusqu’ici c’est le meilleur papier sur l’univers d’un fan de Dieudonné : lecture obligatoire pour les "gauchistes" qui n’ont jamais les pieds dans un quartier populaire...

    "A en croire Internet, Nabil, 26 ans, est un dangereux « nazillon » qui inculque aux enfants « la haine raciale » et pose volontiers avec un fusil à pompes pour honorer Mohamed Merah.

    C’est en tout cas le portrait tord-boyaux brossé par le site JSS News, proche de la droite israélienne, qui s’est lancé dans une croisade anti-quenelle sur les réseaux sociaux.Parce qu’il a été mis en avant par ce site et qu’il n’a pas hésité à faire faire aux gamins dont il avait la charge une quenelle franchement grasse, l’éducateur a perdu son travail. Employé dans un centre de loisirs à Ferrières-en-Brie (Seine-et-Marne), Nabil explique avoir été contraint à la démission au début du mois de décembre.

    Mis à la porte, le jeune homme assume, se défend, regrette qu’on l’ait « mal compris », mais croit tout de même distinguer dans son évincement la mainmise d’un supposé « lobby qui contrôle les médias ».

    On s’est décidé à rendre visite à ce Nabil, « persécuté » pour la cause, qui va rejoindre l’« association des Justes », dernière provocation en date de l’humoriste Dieudonné.

    C’est un costaud plutôt avenant qui émerge quand on débarque. Barbe fine façon La Fouine, bras encré de son nom de scène (il est rappeur), T-shirt de l’association qu’il a fondée pour concilier musique et encadrement des gamins du quartier.

    Nabil vit chez ses parents. On passe du salon à la chambre. De la télé, toujours allumée, à l’ordinateur bardé d’enceintes. En dehors de la bestiole, pas grand-chose. Une guitare dans un coin, des fringues un peu partout. Pas un bouquin.

    Nabil regarde BFM-TV pour « écouter les conneries qu’on y raconte » et préfère « s’informer sur YouTube », en cliquant de vidéos en vidéos. Ça démarre avec un sketch ou un podcast de Dieudonné, et puis l’algorithme de Google fait le reste : Alain Soral, Tariq Ramadan et autres, de la période « Ce soir ou jamais », quand les comparses étaient encore invités sur les plateaux pour jouer les dézingue-bobos.

    C’est comme ça qu’il fabrique sa grille de lecture, en picorant sur Internet, fasciné par « ces mecs qui ont la tchatche, qui cassent ».

    Lui n’a jamais vu Dieudonné en spectacle (« Un peu cher, trop compliqué »), mais s’est gorgé des vidéos et des DVD de l’humoriste, de « Mes excuses » à « Foxtrot » :

    « Je fais des soirées Dieudo, comme j’ai fait des soirées Gad Elmaleh à l’époque. Je le connaissais déjà quand il était avec Elie Semoun, mais je le suis vraiment depuis qu’il y a eu son scandale [sur le plateau de Fogiel, en décembre 2003, ndlr]. Pour moi, c’est un humoriste comme un autre. »

    Encouragé par les saillies de ce dernier, il s’est mis à faire le geste de la quenelle sur son lieu de travail. Voilà quelques mois qu’il est employé comme éducateur par la mairie de la Ferrières. Il a toujours travaillé dans l’animation et l’encadrement, après un bac STI à Champigny.

    Quenelle, ananas, doigt tendu vers le ciel, bouche en cœur... Il poste sur Internet un paquet de références à Dieudonné, allant même jusqu’à faire poser les enfants dont il s’occupe, ses « petits quenelliers »..."

    http://www.rue89.com/2014/01/02/quenelle-nabil-perd-emploi-sans-comprendre-pourquoi-248704