city:fresnes

  • Pour l’acte IX des #gilets_jaunes à Paris, un service d’ordre les encadre | Le Huffington Post
    https://www.huffingtonpost.fr/2019/01/12/pour-lacte-ix-des-gilets-jaunes-a-paris-un-service-dordre-les-encadre

    L’acte IX de la mobilisation a été marqué à Paris par la mise en place d’un #service_d'ordre repérable aux brassards blancs.

    L’un des responsable de ce S.O est Victor Lanta, un identitaire adepte des ratonnades : Cet ancien para de Carcassonne qui combat aux côtés des « pro-russes »
    https://www.ladepeche.fr/article/2014/08/28/1940999-ancien-para-carcassonne-combat-cotes-pro-russes.html

    #extrême_droite


    • « Gilets jaunes » : l’ultradroite reprend des couleurs, Lucie Delaporte
      https://www.mediapart.fr/journal/france/180119/gilets-jaunes-l-ultradroite-reprend-des-couleurs?onglet=full

      Depuis la mi-novembre, la mouvance hétéroclite de l’extrême droite radicale tente de se refaire une santé grâce au mouvement des « gilets jaunes ». Des #identitaires aux #royalistes, en passant par les #conspirationnistes #dieudonno-soraliens, tour d’horizon d’une nébuleuse dopée par cette mobilisation aux contours politiques inédits.

      Sa vidéo fin octobre avait rapidement atteint les 4,5 millions de vues. Frank Buhler, qui appelait à une « mobilisation générale » le 17 novembre dernier contre la hausse du prix des carburants, est alors un parfait inconnu. La presse découvrira plus tard qu’il est responsable de circonscription pour Debout la France dans le Tarn-et-Garonne, et qu’il a été exclu du Front national pour avoir tenu des propos trop ouvertement racistes. La CGT s’était d’ailleurs appuyée sur le cas de celui qui se réclamait de la « patriosphère » pour expliquer, dans un communiqué daté du 30 octobre, pourquoi elle se désolidarisait du mouvement des gilets jaunes, « clairement […] d’extrême droite ».

      Si Frank Buhler sera rapidement mis à l’écart par les gilets jaunes, le mouvement dans sa majorité refusant d’être assimilé de près ou de loin à l’extrême droite, la place de cette mouvance dans les mobilisations n’en reste pas moins incontestable.

      Du Rassemblement national aux Patriotes de Florian Philippot en passant par Debout la France, depuis le début de la mobilisation, les partis d’extrême droite se sont très vite engouffrés dans la fronde des gilets jaunes, espérant en tirer quelques bénéfices électoraux quand la gauche paraissait plus divisée. Pour eux, les revendications antifiscales, la défense d’une France rurale oubliée ou un certain discours « antisystème » des gilets jaunes les désignaient comme les porte-voix naturels du mouvement.

      Pourtant, alors qu’une grande partie de la mobilisation des gilets jaunes s’est faite contre les partis, ils sont aussi dépassés sur leur droite par toute une mouvance radicale très présente dans la rue comme sur les réseaux sociaux, et qui n’entend surtout pas se faire récupérer par un jeu électoral qu’elle méprise.

      Pour le politologue Jean-Yves Camus, « cette nébuleuse d’extrême droite qui a déjà battu le pavé en 2013 et 2014 avec le “Printemps français” et “Jour de colère” a su monter dans le train assez vite et parvient à se refaire une santé grâce à ce mouvement, alors qu’elle était un peu atone depuis quelques années ».

      À la droite de la droite, à travers le mouvement des gilets jaunes se rejoue une bataille entre extrême droite électorale et extrême droite radicale. Cette dernière, qui attend le grand soir insurrectionnel pour changer de régime, pouvant aussi le cas échéant faire la courte échelle à un Rassemblement national avec lequel elle n’a pas toujours coupé les ponts.

      Le procès, la semaine dernière, des six prévenus membres des « Zouaves Paris » ou du Bastion social – deux émanations du GUD – condamnés pour « violences et dégradations » a rappelé la présence dans les cortèges de cette ultradroite pas toujours si éloignée des partis. L’un des prévenus, membre du Bastion social, avait également sa carte au Rassemblement national. Au-delà de ces groupuscules numériquement marginaux, certains débordements, comme les actes antisémites devant le Sacré-Cœur lors de l’acte VI du mouvement, ont aussi rendu manifeste l’influence de la sphère dieudonno-soralienne sur une partie des gilets jaunes. « Ce qui m’a le plus surpris, ce sont les primo-manifestants. Je n’avais pas imaginé que quand vous consommiez du Soral et du Dieudonné derrière votre écran, vous pouviez passer à un autre mode d’action politique », reconnaît à ce sujet Jean-Yves Camus.

      Alors que le mouvement des gilets jaunes dans son ensemble échappe largement à l’extrême droite, quelle attitude tenir vis-à-vis de la gauche et de l’extrême gauche honnies ? Pour une partie de l’ultradroite, il est temps de faire des alliances stratégiques, comme y appelle l’écrivain #négationniste Hervé Ryssen qui théorise une « union sacrée » contre le système. « Cette conjonction des forces entre l’extrême droite et l’extrême gauche, c’est le principal qu’il faut retenir sur le plan politique de ce mouvement des gilets jaunes », explique-t-il dans une vidéo alors que, sur le terrain, les batailles rangées entre antifas et ultradroite sont venues rappeler que peu de ces acteurs y étaient prêts.

      Comme l’explique Jean-Yves Camus : « Ils ont vis-à-vis de l’extrême gauche une stratégie en deux temps : on fait la révolution avec tous ceux qui veulent bien mettre la main à la pâte et on les écrase après. »

      Tour d’horizon de cette ultradroite qui tente, depuis des semaines, de faire une OPA sur le mouvement des gilets jaunes.

      Les soralo-dieudonnistes

      « Gilets jaunes, la révolution qui vient. » Comme à son habitude Alain Soral a gardé secret le lieu de sa réunion, prévue samedi prochain. Mais l’affiche, qui rassemble la crème de la crème de l’antisémitisme français, illustre à elle seule comment l’ultradroite tente de faire son miel du mouvement qui bouscule la classe politique depuis plus de deux mois. Ce jour-là, Alain Soral sera accompagné du directeur de l’hebdomadaire Rivarol Jérôme Bourbon, de « l’écrivain » négationniste Hervé Ryssen mais aussi d’Yvan Benedetti, ancien président de l’Œuvre française aujourd’hui dissoute.

      Une tentative de récupération du mouvement des gilets jaunes par la fine fleur de l’#antisémitisme français, comme l’a déjà raconté Street Press. Gourou des réseaux sociaux, Soral a très vite senti le potentiel de la révolte des gilets jaunes et posté très tôt des vidéos de soutien à ce mouvement « antisystème » et aux accents insurrectionnels. Il s’est immédiatement reconnu dans une fronde marquée par la défiance envers les partis comme les syndicats et aux contours politiques flous, lui qui définit son mouvement Égalité et réconciliation comme réunissant la « gauche du travail » et « la droite des valeurs ». Celui dont la pensée politique s’apparente, selon l’expression du chercheur André Déchot (lire ici nos enquêtes sur le personnage), à « une espèce de Tetris idéologique » se sent parfaitement à l’aise dans le caractère protéiforme de la révolte des gilets jaunes.

      Alain Soral n’a évidemment pas manqué de rappeler qu’il a de longue date défendu le RIC, en donnant maintes fois sur son site la parole à Étienne Chouard.

      « On n’en a rien à foutre des élections »

      Les références au passé chez Rothschild d’Emmanuel Macron sont évidemment l’occasion de clins d’œil antisémites appuyés et certaines banderoles aperçues ces dernières semaines laissaient peu de place au doute sur ce point. Alain Soral, qui se dit « national-socialiste à la française », n’aime rien tant que mixer les références historiques. À cet égard le mouvement des gilets jaunes, qui déconcerte parfois par les références allant de Robespierre au 6 février 1934, lui convient parfaitement.

      Le 1er décembre, Dieudonné, compère de longue date d’Alain Soral, avec qui il partage notamment la même obsession antisémite, est applaudi par certains gilets jaunes sur les Champs-Élysées. « Paralysons les administrations de l’État et le gouvernement et les chaînes TV et radios de propagande qui ne cessent de nous mentir depuis plus de 20 ans », écrit-il ce jour là sur Twitter. Il poste une vidéo le montrant avec un groupe de gilets jaunes, manifestement ravis de faire des selfies avec lui.

      Pour l’acte VI du mouvement, une petite centaine de manifestants s’est retrouvée sur les marches du Sacré-Cœur pour entonner la chanson de Dieudonné, « Manu la sens-tu... », faisant force « quenelles », signe de ralliement antisémite bien connu de la « dieudosphère ». Comme Alain Soral, Dieudonné a très tôt enfilé un gilet fluo. Dès le 19 novembre, il se fait photographier à Langon au côté d’un des initiateurs locaux du mouvement, Mathieu Seurot, sur un blocage de l’A62. Dans une vidéo aux accents lyriques, postée le 23 novembre et vue 300 000 fois, il salue un « mouvement apolitique né de l’augmentation frénétique du prix des carburants » et qui rassemble « agriculteurs, ouvriers, fonctionnaires ». « Chaque gilet jaune est une étincelle dans la nuit qui annonce le retour à la lumière », avance-t-il, invitant son public à venir désormais en gilet jaune à ses spectacles.

      Une nouvelle fois, Dieudonné rappelle que l’intérêt de ce mouvement est de passer au-dessus des partis. « Les prétendus responsables politiques de la soi-disant opposition semblent dépassés par l’ampleur du phénomène, empêtrés qu’ils sont dans leur stratégie politicienne, ils n’arrivent plus à dissimuler leur véritable objectif qui est de se goinfrer au maximum le temps de leur mandat », affirme celui qui a toujours échoué à se faire élire.

      Signe de la pénétration de cette sphère auprès de certains leaders du mouvement, lorsque Éric Drouet organise une conférence de presse, il choisit d’ailleurs deux « médias », Brut et Vincent Lapierre. Or le « journaliste » Vincent Lapierre, qui a longtemps collaboré au site d’Alain Soral et s’est récemment rapproché de Dieudonné, est une figure bien connue de cette mouvance conspirationniste.

      Sylvain Baron, qui s’est illustré dans le mouvement des gilets jaunes en organisant des rassemblements devant le siège des médias, est aussi, comme l’a déjà raconté Arrêt sur images, très proche de cette nébuleuse soralo-dieudodienne. Celui qui publie des textes en hommage à Faurisson invitait par exemple, sur sa page Facebook, les « djihadistes » à faire quelque chose lors du rassemblement en mémoire de Mireille Knoll – assassinée car juive – parce qu’il « n’y aura que des enculés d’europeïstes (sic), des larbins soumis à tous les intérêts prédateurs ainsi que tout ce que la France comporte de collabos et de parasites notoires à cette marche », écrivait-il.

      Hervé Ryssen

      Il a fait la une de Paris Match avec son drapeau français le 5 décembre dernier. L’heure de gloire pour cet essayiste négationniste, auteur notamment du succès de librairie Le Racisme antiblanc – Assassins d’hommes blancs (éditions Baskerville). Celui qui participera, aux côtés de Soral, au colloque « Gilets jaunes, la révolution qui vient », s’est incrusté lui aussi très tôt dans la mobilisation. « Moi, j’étais gilet jaune depuis le tout début », clame-t-il, n’hésitant pas à se présenter comme l’un des initiateurs du mouvement.

      Dans sa dernière vidéo, mise en ligne le 8 janvier et vue 140 000 fois, prenant acte du succès de l’acte VIII du mouvement, il masque mal son excitation devant les derniers débordements vis-à-vis des élus. Il se réjouit notamment du saccage du bureau de Benjamin Griveaux en des termes équivoques. « Effectivement une foule furieuse peut pénétrer dans un ministère. Et on l’a vu à certaines époques, dans certains pays, il y a des gens qui sont défenestrés. Alors ce n’est pas du tout ce à quoi on appelle […], mais quand les gens sont dans la misère, au bout du rouleau… », poursuit-il, sentencieux.

      Comme Soral et Dieudonné, cette figure de l’extrême droite pressent qu’un rapprochement, ponctuel et tactique, avec l’extrême gauche est à travers cette fronde inédite enfin possible. « Cette conjonction des forces entre l’extrême droite et l’extrême gauche, c’est le principal qu’il faut retenir sur le plan politique de ce mouvement des gilets jaunes […]. Depuis 1934, il y a une interdiction de parler avec les fachos […], cet interdit est en train de se déliter, de se fracasser », se réjouit-il. « Sur le plan électoral 11 millions d’électeurs FN, 7 millions FI, les abstentionnistes qui sont je pense très largement représentés parmi les gilets jaunes… Ça fait 22, 23, 24 millions d’électeurs… On est quand même très largement majoritaire dans le pays. On prend le pouvoir là ! Après il s’agit de se partager les ministères, c’est comme ça que je vois les choses », s’enflamme-t-il, assurant qu’il n’est pas forcément opportun de « polémiquer » sur l’immigration avec l’extrême gauche en ce moment, au nom justement de « l’union sacrée contre la macronie ».

      Comme Soral ou Dieudonné, Hervé Ryssen exhorte les vrais « patriotes » à ne pas se laisser abuser par la récupération électorale, fût-ce celle du RN, dont il a été un temps proche. « On n’en a rien à foutre des élections. On a compris que ces élections ne représentaient pas le petit peuple […]. Moi je suis abstentionniste depuis bien longtemps, affirme-t-il. Alors vous pouvez nous parler de Marion Maréchal... mais Marion Maréchal en 2048, c’est ça votre truc ? Mais en 2048, le Français de souche il sera très largement minoritaire dans le pays. Ce sera terminé. »

      Le parti nationaliste français d’Yvan Benedetti

      Cet ancien membre du FN proche de Bruno Gollnisch a été exclu du parti d’extrême droite en 2011 après s’être revendiqué « antisémite, antijuif ». « La révolte des gilets jaunes au pied du sapin France a été le plus surprenant et le plus heureux des cadeaux de la fin d’année 2018 », assure celui qui, depuis la dissolution de l’Œuvre française, est devenu porte-parole du Parti nationaliste français. Lui qui n’avait pas connu pareil enthousiasme depuis les manifs contre le mariage pour tous se sent manifestement revivre. « Cette année s’annonce difficile et périlleuse, mais la moisson de tant d’années de labours au service de la reconquête nationale a commencé. Souhaitons que les Français redeviennent maîtres de leurs lois. Les blés refleuriront plus beaux, ensoleillés du jaune de la révolte des gilets ! En avant la Victoire ! », poursuit-il, ce 1er janvier, dans ses vœux à ses militants.

      Dès le 10 décembre, devant l’ampleur du mouvement, Yvan Benedetti organise une conférence de presse pour saluer cette « révolte grandeur nature du peuple central, le peuple français historique ». Une « révolte » qui serait dans le fond le « troisième tour de l’élection présidentielle », les personnes mobilisées correspondant « peu ou prou au vote mariniste du second tour de l’élection présidentielle », selon lui.

      Devant les Champs-Élysées, le 1er décembre, il arbore le slogan « À bas les voleurs, révolution nationale », référence à la manifestation antiparlementaire du 6 février 1934. Pour lui, il faut impérativement aiguiller le mouvement des gilets jaunes vers la prévention du « génocide français, le génocide blanc » en mettant « fin à l’invasion migratoire ».

      Il sera ce jour-là, comme il l’a lui-même reconnu, violemment pris à parti par des antifas et devra quitter le cortège.

      L’Action française

      Depuis les grandes heures de la Manif pour tous, le vieux mouvement maurrassien n’avait pas connu pareil enthousiasme. « Ces dernières semaines, c’est de la folie. On a dû doubler notre secrétariat qui est passé de deux à quatre personnes pour faire face à l’afflux d’appels et de demandes d’adhésion », assure le jeune porte-parole de l’Action française Antoine Berth, qui part ce jour-là ouvrir une section de l’AF à Angers.

      Les monarchistes de l’Action française ont, eux aussi, été de presque tous les cortèges depuis le début. « On a été présents sur les ronds-points et même avant le 17 novembre », précise-t-il.

      Pour Antoine Berth, l’Action française s’est reconnue dans les revendications sociales du mouvement mais également, aussi étonnant que cela puisse paraître, dans ses aspirations démocratiques. « Il n’est pas normal qu’en France on soit pauvre en travaillant et ce alors que les plus riches reçoivent des cadeaux fiscaux et que certains touchent des allocations de manière indue », affirme-t-il. Sur les aspirations démocratiques du mouvement, l’Action française opposée à la « démocratie des partis » se dit « très à l’aise avec le RIC », le référendum d’initiative populaire. « Ce que nous défendons, c’est une monarchie populaire. Un roi avec des fonctions régaliennes très limitées et les lois seraient du ressort des citoyens. » Une des plus flagrantes preuves de déni actuel de démocratie ? Le pacte de Marrakech, affirme-t-il. « C’est typique, le gouvernement signe un texte engageant sans le consulter le peuple et alors que les Français sont globalement contre. Les gilets jaunes ne supportent pas le fait qu’une partie de la dépense publique soit consacrée à l’accueil des #migrants. »

      Ces zélateurs de Maurras ne voient pas trop d’inconvénients à côtoyer dans ces cortèges La France insoumise ou le NPA avec qui ils partagent, rappelle-t-il, la critique du libéralisme. « Les gens savent à peu près qui pense quoi, mais ils mettent de côté leurs différences, mais il y a des sujets sur lesquels on peut avancer ensemble. Il y a un décalage non pas entre la droite et la gauche sur ces sujets, mais entre les Français et leurs dirigeants. »

      Les nombreuses références à 1789 dans les rassemblements de gilets jaunes n’ont pas non plus découragé ces royalistes. « Bien sûr à l’AF, on condamne la révolution de 1789, mais celle de 1791 était archi-justifiée, car le roi n’avait pas mené les réformes nécessaires. Aujourd’hui encore il faut remettre en question les privilèges. Il faut une nouvelle nuit du 4 août ! », assure-t-il.

      L’organisation, qui tente de décoller l’étiquette d’antisémitisme, a précisé qu’Élie Hatem, présenté au prochain colloque de Soral comme membre de l’Action française, n’en faisait en réalité plus partie. Dans un communiqué, l’Action française a même dénoncé la tenue de ce « colloque raciste et haineux ». Pour autant, précise Antoine Berth, « il y a une fabrication de la présence de l’antisémitisme dans ce mouvement à partir de quelques gestes alors que, par rapport à la masse, c’est un épiphénomène. Il s’agit de casser un grand mouvement populaire ».

      Les enfants du GUD

      « Aujourd’hui nous avons une pensée toute spéciale pour notre camarade des Zouaves Paris qui passera Noël incarcéré à Fresnes, dans cette même prison où Robert Brasillach a rédigé ce poème, en 1944. » Pour la page Facebook Ouest Casual, qui relate ces dernières semaines les faits et gestes des différents héritiers du GUD dans le mouvement des gilets jaunes, les références – à travers la mention de cet écrivain collaborationniste – sont posées.

      Le procès des six prévenus d’extrême droite en marge de l’acte III, aux Champs-Élysées, qui ont été reconnus coupables de « participation à une entente en vue de commettre des violences ou des dégradations », a en effet été l’occasion de renouer avec des accents de martyrs très prisés par cette mouvance. L’audience a aussi permis de montrer la grande fluidité entre ces groupuscules, qui ont manifestement saisi la fronde des gilets jaunes comme l’occasion rêvée de faire parler d’eux à travers quelques opérations coups de poing.

      Parmi les prévenus, les quatre Parisiens ont commencé au GUD puis, lorsque le groupe a été mis en sommeil, ont poursuivi leur activisme aux Zouaves, alors que l’Alsacien et le Lyonnais se revendiquent, eux, du Bastion social, là encore créé par d’ex-gudards.

      S’ils sont numériquement peu nombreux, ces groupuscules ont un savoir-faire particulier pour la communication. Ils savent parfaitement déployer une banderole, au dernier moment, en tête de cortège, pour laisser croire qu’ils sont soutenus par l’ensemble des manifestants. Comme ce 15 décembre à Chambéry.

      En revanche, alors qu’une de leurs activités principales consiste à faire le coup de poing contre les « antifas », l’union sacrée avec « les gauchistes » n’est pas tout à fait à leur goût. De retour de manif, ils ne résistent pas au plaisir de raconter leurs bagarres.

      « Samedi 8 décembre, belle mob faf pour la manifestation des gilets jaunes à Lyon. Environ 150 gones, écrivent-ils sur leur page Facebook. Nous prenons la tête de cortège. Après un tour sur la presqu’île, nous décidons d’aller à la préfecture. Des participants à la manif pour le climat (et son lot d’antifas et autres crasseux) rejoignent la queue de cortège des gilets jaunes. Nous sommes environ 3 000. Après des gazages et charge de flics sur les quais, la manif est bloquée. Décision est prise de charger le groupe d’antifas reconnu. Les mêmes qui appelaient, sur internet, à nous virer des manifs, ont été beaucoup moins démonstratifs face à nous. Les pendules ont été remises à l’heure. We are Lyon ! »

      « Le renversement du pouvoir établi »

      Les Identitaires

      « Les bobos et les pseudo-élites ne comprennent pas ce ressentiment qui explose enfin », écrit une plume des Identitaires (ex-Bloc identitaire) sur leur site officiel au sujet du mouvement des gilets jaunes auquel, dès le lendemain du 17 novembre, ils ont tenté de donner une orientation bien particulière. « Que les observateurs ne s’y trompent pas ! Le mouvement des gilets jaunes est avant tout une révolte, plus ou moins consciente, contre l’immigration massive. Pourquoi ces hausses des taxes et des impôts, incessantes, si ce n’est pour payer les coûts toujours plus faramineux de l’immigration voulue par les bobos, ceux-là mêmes qui vomissent la France périphérique, la France qui souffre, la France qui travaille et qu’on tond ? »

      Passerelle entre les Identitaires, dont il est issu, et le RN, Damien Rieu, qui a été l’un des initiateurs de l’opération contre les migrants dans les Alpes et travaille à la communication du maire RN de Beaucaire, a changé sa photo de profil sur les réseaux sociaux pour revêtir, lui aussi, un gilet jaune et ne cesse de faire l’éloge du mouvement. Il relaie abondamment les textes de Pierre Sautarel, de « Fdesouche », qui diffuse le live de RT sur les mobilisations, interrogeant, par exemple, « un ancien parachutiste de Bretagne » qui rappelle à la caméra : « On est français, la France, elle appartient aux Français et pas à quatre politiciens à la con. »

      Proche de Marion Maréchal, cette mouvance identitaire a beaucoup relayé la chanson « gilets jaunes » du rappeur identitaire Kroc Blanc, qui contient une adresse explicite à Macron : « Te remercient mes fascistes t’es l’ennemi commun qui permet qu’on fraternise avec les gauchistes, frères, Français, humains ou citoyens, on est d’accord sur l’essentiel, venez on fait comme les Italiens »

      Vidéo de Kroc Blanc © Kroc Blanc

      Des Barjols aux Volontaires pour la France

      Groupuscule créé par des déçus du RN, les Barjols ont eux aussi défilé avec les gilets jaunes. Interrogé par Le Monde, son initiateur, Denis Collinet, expliquait avoir tourné la page du FN après le débat à la présidentielle raté de sa candidate. L’un de ses membres a été arrêté début novembre pour avoir fomenté un attentat contre Emmanuel Macron. Selon nos informations obtenues auprès des services de renseignement, deux militants des Barjols sont même parvenus à s’imposer localement comme des coordinateurs régionaux et porte-parole du mouvement en Mayenne et dans le Nord.

      Eux aussi adeptes de la manière forte, les Volontaires pour la France, qui se sont fixé comme objectif de « défendre l’identité française » et « combattre l’islamisation du pays » et dont Mediapart a raconté l’implication de la frange radicale dans des projets d’attentat contre des imams, n’ont pas manqué non plus d’enfiler leur gilet jaune ces dernières semaines. Avec, là encore, l’objectif de « renverser le pouvoir ». « L’ensemble de cette situation engendre la tentation chez de plus en plus de gilets jaunes de recourir à l’insurrection, soit le renversement du pouvoir établi. […] La responsabilité en échoit sans nul doute à un pouvoir autiste et arrogant, incapable de remise en cause, pieds et poings liés à ceux qui lui ont permis d’accéder au pouvoir au prix d’un hold-up démocratique au printemps 2017. L’addition va être salée », écrit un des volontaires sur leur site.

      Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

      #racisme #fascisme

  • Occupation de la Comédie Française
    Communiqué du 16 décembre 2018


    Nous sommes des habitant.e.s des foyers insalubres et des locataires de la rue.
    Parmi nous il y a des immigré.e.s ou leurs enfants, des sans papiers, des étranger.ère.s raflé.e.s, humilié.e.s, déporté.e.s, exploité.e.s, mutilé.e.s aux frontières ou à la préfecture. Nous sommes de ceux qui prennent des Kwasa-Kwasa.

    Il y a aussi à nos côtés les fantômes de nos mort.e.s assassiné.e.s aux frontières par l’Union Européenne et Frontex.

    Nous nous souvenons de celles et ceux d’entre nous que la France a rendu fous.folles ou toxicomanes à force de pourrir sur les trottoirs ou d’attendre un courrier de l’ofpra ou de la cnda qui ne vient pas. De celles et ceux suicidé.es à Fresnes au CRA de Toulouse où ailleurs.

    Parmi nous il se pourrait même qu’il y ait aussi quelques français.e.s.

    Nous entrons ce soir à la Comédie Française, pour interrompre la représentation de la sanguinaire Lucrèce Borgia et nous adresser au premier des ambassadeurs de la culture française, Mr Éric Ruf. Ce n’est pas l’homme de théâtre que nous sommes venus chercher mais l’Administrateur Général nommé directement par ceux-là mêmes qui donnent l’ordre de nous chasser, nous enfermer, nous déporter, nous frapper, nous tuer.

    Les théâtres sont depuis quelques temps les scènes privilégiées de grands « serments d’hospitalité ». Alors nous voilà ici, dans le premier d’entre eux, répondant en acte à celles et ceux qui se contentent de faire de grandes tirades humanistes.

    NOUS AFFIRMONS :

    Nous sommes de toutes les révoltes ! Avec les gilets jaunes et toutes celles et ceux qui se dressent contre l’exploitation des pauvres par l’État et les patrons. Ce sont eux qui nous matraquent et nous gazent, rackettent les travailleur.euse.s et dénoncent les sans papiers. Faisons front !

    État français = État raciste. Stop à la collaboration entre les États occidentaux et leurs anciennes colonies qui signent des traités internationaux à Marrakech, Khartoum, Dublin pour mieux nous déporter !

    Nous exigeons des papiers, des logements et la liberté de circulation et d’installation !
    À celles et ceux qui réclament une meilleure « politique d’accueil », nous répondons : c’est le Code raciste et colonial de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du droit d’Asile (CESEDA) qu’il faut s’attaquer.

    À celles et ceux qui s’agitent pour améliorer les conditions d’enfermements, en programmant des ateliers pédagogiques dans les Centres de Rétention Administrative (CRA) ou en jetant des ballons de foot, nous répondons : ce sont ces prisons pour étrangèr.e.s et toutes les autres que nous fermerons.

    Nous exigeons un rendez-vous avec M. Christophe Castaner, Ministre de l’intérieur, pour une régularisation collective de tous.tes les occupant.e.s du Théâtre.

    Nous appelons toutes celles et tous ceux qui aujourd’hui se révoltent dans les rues, sur les ronds points et aux péages, qui font grèves ou bloquent les lycées et les facs à nous rejoindre.

    A celles et ceux qui bloquent des aéroports comme à Nantes, qui brûlent ou s’attaquent à des préfectures (à Dijon ou au Puy en Velay) nous disons : Merci !

    Face à ceux qui veulent diviser la révolte par des discours racistes sur l’immigration, ne formons qu’un seul bloc !

    Collectif La chapelle debout !

    CSP 75

    CSP 20

    Contact : collectif.lachapelle.debout@gmail.com

    Tel : 07 53 21 38 43

    LA CHAPELLE DEBOUT !
    @collectiflachapelledebout (FB)
    @chapelledebout (Twitter)

  • Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » / Mediapart

    On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation....

    #giletsjaunes #gilets_jaunes #casseurs #GJ #répression #justice #police #paris

    Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » 4 DÉCEMBRE 2018 PAR RACHIDA EL AZZOUZI ET FRANÇOIS BONNE

    Après les affrontements de samedi, 70 personnes ont été jugées en comparution immédiate, lundi, au tribunal de Paris. On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation et emportés par les vagues de violence. Les peines de prison – ferme ou avec sursis – sont tombées comme à Gravelotte avec des procureurs décidés à en découdre.

    On allait découvrir les « casseurs », les « pillards », les « factieux » et les « séditieux » ; tous ceux qui ont mis à sac la capitale, samedi 1er décembre, allant même jusqu’à saccager l’Arc de triomphe et offenser la République en éteignant la flamme du soldat inconnu. Les juges du tribunal correctionnel de Paris n’ont pas vu de tels individus, lundi, lors des premières audiences de comparutions immédiates, cette procédure qui permet de juger au plus vite les prévenus.

    Pas de « vrais » casseurs donc, ce lundi, mais un peuple d’ouvriers, d’artisans, de techniciens, d’intérimaires montés à Paris de toute la France pour crier leur colère. « Bah, les vrais casseurs, ils ne se font jamais pincer ! », notait un avocat, tandis qu’un magistrat assurait que des « dossiers lourds » viendraient à l’audience mercredi.

    Soixante-dix personnes ont comparu lundi lors d’une mobilisation exceptionnelle du tribunal : cinq salles d’audience. Et l’exercice devait se poursuivre ces mardi et mercredi. Le ministère de la justice a promis « une réponse pénale ferme », suivant les consignes d’Emmanuel Macron. La plupart des manifestants sont poursuivis au titre de l’article 222-14-2 du code pénal : « Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes et de dégradations de biens. » Né et appliqué pour la première fois en 2010 sous Sarkozy pour juguler la violence dans les stades de football, l’article 222-14-2 avait été dénoncé comme le moyen légal de criminaliser les manifestations.
    Plus rares sont ceux qui se retrouvent inculpés de port d’armes, rébellion, violence contre personnes dépositaires de l’autorité publique ou destruction et dégradations de biens. Mediapart a suivi lundi ces procès dans deux salles d’audience. Voici les portraits des manifestants poursuivis et presque toujours condamnés.

    Ryad, 41 ans, artisan, venu de Toulon (Var)

    Ryad n’aura pas eu le temps de manifester et pas même celui d’enfiler son gilet jaune. À 41 ans, cet artisan du bâtiment, ancien engagé dans la marine, ayant fait la guerre du Kosovo, décrit ses fins de mois difficiles, ses « revenus aléatoires » et la micro-entreprise de son père avec qui il travaille. Oui, il voulait manifester contre « les taxes » et est monté à Paris pour le premier défilé de sa vie.

    Dans la nuit de vendredi à samedi, il dort chez un cousin à Franconville (Val-d’Oise). Le matin, les deux hommes tentent de prendre le RER, qui ne marche pas ce jour-là (« Cela arrive souvent sur cette ligne », note la présidente). Ils se rendent en voiture à Paris et se garent vers la place des Ternes, non loin de l’avenue de Wagram. Une dizaine de policiers en civil portant des gilets jaunes les interpellent à peine sortis de voiture. Fouille du coffre : dans un sac, deux masques de ski, un casque de moto, des gants, des genouillères, un plastron… et un petit marteau.

    « Le marteau a toujours traîné dans le coffre de mon ami qui transporte régulièrement des outils pour son travail. Pour le reste, j’avais apporté ma tenue de moto-cross pour me protéger. C’est la première fois que je manifeste, j’ai vu les violences à la télé. J’avais peur, sincèrement, et je voulais me protéger si je me retrouvais coincé dans des affrontements. En plus, j’attends un enfant », explique-t-il.

    Pour la procureure, aucun doute : « Monsieur est venu pour en découdre et s’était équipé pour cela. » Elle demande six mois de prison avec sursis et une peine d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : quatre mois de prison avec sursis, un an d’interdiction de Paris. « Je me suis trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est la première et dernière fois que je manifeste », note Ryad.

    Steven, 24 ans, maçon-couvreur, venu de la Nièvre

    Steven travaille dans la petite entreprise de son père. 1 170 euros par mois, en CDD. « Une embauche, avec les taxes et tout, ça coûte cher », note-t-il, ajoutant qu’avec les crédits à la consommation et les loyers, il est en « difficulté financière ».

    Ce samedi, il est interpellé vers 20 h 45 faubourg Saint-Honoré. Non loin de là, le magasin Decathlon a été dévasté peu avant. « Des vélos, des trottinettes, du matériel traînaient partout dans la rue », raconte Steven. Et le voilà qui ramasse un casque de vélo dans le caniveau et se le met sur la tête. « Je l’ai pris pour me protéger. Ça partait de partout, des lacrymogènes, des grenades, des pavés, ça s’affrontait dans tous les sens », dit-il.

    Pourquoi n’être pas parti ? « Des batailles, il y en avait partout ! À ce point là, je n’aurais jamais pensé. J’étais coincé », répond-il. Vol caractérisé et participation à l’émeute, résume la procureure, qui demande trois mois de prison avec sursis. Jugement : trois mois de prison avec sursis.

    Jérémy, Billy, Geoffroy, Maxime et Frédéric, ouvriers et techniciens, venus de l’Essonne

    Voilà cinq copains et collègues de boulot. La plupart travaillent pour le grand groupe Safran, dans l’Essonne. Ils ont entre 27 et 35 ans, sont ouvrier-tourneur, soudeur, opérateur sur commandes numériques, cariste, inspecteur qualité. Quatre d’entre eux travaillent en 3 × 8 et les salaires tournent entre 1 300 et 2 500 euros par mois. Des loyers de 600 à 1 000 euros, des crédits pour payer la voiture, des pensions alimentaires parfois, et des parents ou des proches qu’il faut parfois aider : là encore, les fins de mois sont serrées.

    Pour eux, la manifestation n’aura pas lieu. Ce samedi matin, vers 10 h 30, ils garent leur voiture avenue des Ternes. L’un d’eux prend le soin de payer le stationnement. Est-ce le temps d’aller au parcmètre ? Des policiers leur tombent dessus. Fouille : des gants, des masques, quelques boîtes d’œufs, du liquide physiologique, des lunettes, des pétards (considérés comme « produit explosif et incendiaire »).

    « Ils avaient dit qu’on pouvait manifester sur les Champs, avec filtrage. On y allait pacifiquement. Bon, ben en fait, c’était interdit puisqu’on a été arrêtés en sortant de la voiture… », note Maxime. Peu ou prou, tous avancent les mêmes explications : il fallait se protéger vu les risques de violences. « Samedi dernier, j’avais déjà manifesté et j’ai été salement gazé, j’ai vu des personnes qui souffraient, raconte Geoffroy. J’ai acheté à Castorama une trentaine de masques légers, en tissu, pour moi et pour pouvoir les donner à d’autres manifestants si besoin. Et le liquide physiologique, c’est pareil : la semaine dernière, on m’en a donné et cela m’avait soulagé. »

    Pour Billy, ce devait être sa première manifestation (sa « première grève », dit-il). Lui aussi a un masque : « Je suis pas là pour mettre en danger ma santé. J’ai lu qu’il y avait du cyanure dans ces gaz, c’est dangereux tout de même », croit-il savoir. « Et les pétards, ce n’est pas dangereux ? », interroge la présidente. « C’est des petits pétards, comme pour le 14 Juillet, c’était pour mettre un peu d’ambiance, c’est pas des pétards genre à arracher les mains… », se défend-il. Ils ont été achetés au magasin « À la magie de Corbeil », et sont seulement « déconseillés » aux enfants de moins de 12 ans.

    « Je suis pacifiste, j’ai un boulot en or et trois gosses, vous croyez que je veux tout gâcher avec des conneries ? », insiste Frédéric. Des produits explosifs, insiste la procureure pour qui les cinq hommes voulaient en découdre, avaient le matériel pour cela et avaient choisi un endroit où les affrontements duraient déjà depuis deux heures… « Non, on manifeste là où il y a des gens, je ne vais pas aller où il n’y a personne ! », insiste Billy. Mais la procureure ne veut rien entendre qui pointe « la dangerosité manifeste des pétards » et la préparation méticuleuse. Elle demande des peines de trois mois de prison avec sursis à six mois ferme (pour ceux qui ont les pétards).

    Jugement : deux peines de quatre mois de prison avec sursis, deux peines de huit mois de prison avec sursis, une peine de trois mois de prison ferme (l’un des hommes était déjà sous le coup d’une légère condamnation avec sursis, qui est ainsi révoqué). Tous sont interdits de séjour à Paris pendant un an. L’homme condamné à la prison ferme s’écroule en larmes.

    « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants »

    Florian, 37 ans, forgeron, venu des Ardennes

    Florian est un gros costaud, il travaille dans une entreprise de forge de 120 ouvriers, a trois enfants à charge, gagne 1 500 euros par mois, sa compagne est au chômage. « Quand on a des enfants, il faut se stabiliser », dit celui qui a visité l’Amérique latine et l’Afrique en sac à dos, vivant de petits boulots.

    Ce samedi, le voilà interpellé vers 17 heures, près des grilles du jardin des Tuileries. Dans son sac, des billes de peinture, un masque. Le procès-verbal d’interpellation signale qu’il a été vu jetant un morceau de bitume sur les forces de l’ordre. Il nie, assure même qu’il a rangé pavés et morceaux de goudron au fond d’une grosse poubelle et a prévenu la police, « parce que ça chauffait trop ». Florian demande à ne pas être jugé en comparution immédiate. Demande acceptée : il sera jugé en procédure normale au mois de janvier prochain. « Je serai là, dit-il au juge, mais sinon, je suis pas près de revenir à Paris ! »

    Florian, 21 ans, mécanicien, venu des Yvelines

    C’est sa première manifestation. Florian est venu avec un ami et devait rejoindre son père, ouvrier ajusteur, dans un autre endroit du cortège. Il est arrêté à 20 h 50, boulevard Malesherbes. Le P.-V. d’interpellation le décrit cagoulé, avec gants de motos, un masque, en train de jeter une barrière au milieu du boulevard, dans un groupe d’une quarantaine de casseurs.

    Le jeune homme nie énergiquement. Pas de gants de motos, mais de simples gants Nike, un masque donné par son père « qui avait été gazé la semaine dernière et était allé en acheter chez Leroy Merlin », et, non, il n’avait pas tiré sa capuche sur la tête et pas plus jeté des barrières. « Je venais pas pour mettre le bazar, je marchais avec mon ami et un groupe a couru sur le boulevard et s’est rapproché de nous, c’est tout. » Rien dans le dossier, assure son avocat : « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants. » La procureure demande six mois de prison avec sursis. Jugement : relaxe.

    Alexandre, 36 ans, électricien, venu de l’Eure

    Alexandre a choisi ce samedi un des rares endroits calmes dans Paris : la place de la Bastille. Des gens ont pu manifester sans affrontements déchaînés en cet endroit. Cela ne l’empêche pas d’être interpellé vers 16 heures. La police trouve dans son sac un masque décrit comme de type NRBC. Un masque qui serait considéré comme une « arme de guerre ».

    « C’est un gilet jaune qui me l’a donné, je l’ai mis dans le sac au cas où et ne l’ai d’ailleurs jamais porté », dit Alexandre. « Mais comment voulez-vous que je sache que c’est une arme de guerre ? », insiste-t-il. La procureure demande six mois de prison ferme et un an d’interdiction de Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    Benoît, 34 ans, cariste, venu du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

    Benoît est devant le tribunal le visage éraflé, le nez cassé, un œil tuméfié. De cela, les juges ne disent mot. L’homme a été arrêté samedi à 17 h 40, rue du Havre, à l’issue d’une charge des CRS. Benoît dit s’être alors jeté par terre et mis en boule : pas suffisant pour le protéger des coups. Mais cela n’intéresse pas le tribunal qui prend seulement note d’un certificat médical de cinq jours d’interruption temporaire de travail.

    Le juge s’intéresse aux dégradations de bâtiments. Benoît le reconnaît aisément, il n’est pas à l’aise avec la parole, alors il aime bien les tags au pochoir. Ce jour-là, avec un ami, ils arpentent les cortèges et bombent sur les planches qui protègent les vitrines et quelques murs un dessin et un slogan : le visage de Macron et l’éternel « Marche ou crève ». « “Marche ou crève” et le visage du chef de l’État, voilà une menace manifeste ! », s’emporte la procureure.

    Benoît explique ne rien avoir contre les forces de l’ordre, lui-même a été militaire sous contrat jusqu’en 2006. Il assure n’avoir fait que cinq ou six tags. « Nos paroles, on les écoute pas, donc j’écris… Oui, sans doute, je recommencerai, mais sur les planches, pas sur les murs », dit-il, un peu perdu dans le box des prévenus. Pourquoi manifester ? « J’étais au RSA, maintenant je suis cariste, préparateur de commande chez Amazon. C’est des contrats à la semaine, ça fait pas lourd à la fin du mois. J’habite chez ma grand-mère, je m’occupe d’elle pour faire les courses et tout ça… », dit-il. La procureure demande six mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende. Jugement : six mois de prison et 500 euros d’amende, avec huit mois d’interdiction de se rendre à Paris.

    Lilian, 19 ans, sans emploi, venu du Maine-et-Loire

    C’est un jeune homme qui semble un gamin, se raconte parfois des histoires et se dit lui-même « un peu immature ». Pour sa première manifestation, Lilian a vu les choses en grand. Un casque rouge bien voyant, gants, lunettes et masque : le meilleur moyen d’être arrêté par des policiers, samedi, vers 11 h 50, avenue de Friedland, qui l’ont vu jeter un pétard. Et voilà que le jeune homme a en plus dans son sac une bombe de laque. « C’était comme un explosif de dernier recours, si mon pronostic vital était engagé, avec tout ce qu’on voit sur internet et toutes les violences… », dit-il au juge. Il n’a visiblement pas compris qu’une telle bombe de laque allumée avec un briquet l’aurait immédiatement gravement brûlé.

    Lilian a volontiers donné son téléphone aux policiers. Prévenant, il leur a même signalé un message susceptible de les intéresser. « Moi, je vais grailler du CRS », écrit-il par texto à une amie. « Grailler, ça veut dire quoi ? », interroge la présidente. « Ben oui, ça veut dire manger, j’ai écrit cela pour impressionner une copine », répond le jeune homme.

    Mais qu’est-il allé faire dans cette galère ? « J’ai pas de boulot, je suis parfois en saisonnier en pépinière, vous comprenez, j’habite à la campagne et j’ai aucun moyen de déplacement », dit Lilian, qui a arrêté sa scolarité à 16 ans et ne fait pas grand-chose de sa vie depuis. Le père est ouvrier chez un sous-traitant automobile, la mère travaille en 2 × 8 en intérim. La procureure s’emporte contre l’« immaturité » du jeune homme, sa « dangerosité et son inactivité sociale » et demande un an de prison ferme avec mandat de dépôt (ce qui signifie une incarcération immédiate). Jugement : six mois de prison ferme, six mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    « Je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester »

    Maxime, 27 ans, saisonnier, venu de Carcassonne (Aude)
    Ce samedi, vers 21 heures, Maxime est repéré dans le quartier de la Défense. Sur son sac à dos, un casque de skateboard. Voilà qui mérite contrôle d’identité, palpations et fouille du sac. Les policiers découvrent un gilet jaune, des protège-tibias, des lunettes de skis, un masque en papier et tout au fond du sac un cutter. Bonne pioche, direction garde à vue puis tribunal !

    « Vu les violences du week-end d’avant, je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester, mais je voulais le faire pour défendre les droits gagnés par mes parents et mes grands-parents. Quant au cutter, je ne savais même pas, je l’ai oublié dans ce sac avec lequel je transporte régulièrement des outils. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec un cutter ? », explique-t-il.

    Maxime raconte avoir manifesté vers la porte Maillot, avoir aidé une vieille dame qui était blessée, par terre, et l’avoir conduite dans un hall d’immeuble. Oui, il a shooté dans une grenade lacrymogène pour l’éloigner. « Les CRS, c’est pas mon problème, je suis pas venu pour eux. Le week-end prochain, je manifesterai chez moi, à Carcassonne, tout se passe bien là-bas », ajoute-t-il. Et puis, il ira faire la saison d’hiver à Avoriaz comme serveur. « Je travaille dans les restaurants d’Annie Famose [ancienne championne de ski – ndlr] », dit-il fièrement. La procureure demande quatre mois de prison ferme et un an d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de se rendre à Paris.

    Stéphane, 45 ans, boucher-charcutier, venu des Hautes-Alpes

    Stéphane vient « de la campagne », « d’un milieu agricole où on a toujours un couteau sur soi », « pour bricoler, couper le saucisson, le fromage » et aussi une lampe-torche. Il a 45 ans, un CDI de boucher dans un abattoir, un emprunt à rembourser, une fille qui vit avec sa mère dont il est séparé et à laquelle il verse une pension alimentaire. Samedi 1er décembre, il était « tout content » de vivre sa « première manifestation d’envergure » dans la capitale contre ce gouvernement « qui a enlevé 100 euros de retraite à nos anciens, nos parents, nos retraités ». Il avait roulé la veille depuis ses Hautes-Alpes jusqu’à Lyon avec les copains, puis pris le TGV jusqu’à Paris.

    Vu les scènes de violence regardées à la télé, la bande avait prévu « de se protéger ». Stéphane avait un casque de chantier avec visière, un masque de peinture. Arrivés de nuit à Paris, ils ont attendu que la manif commence en picolant parce qu’ils sont bons vivants et que ce voyage, ils le voulaient festif. Stéphane le concède : à une époque, il a eu un problème avec l’alcool. Mais plus maintenant. Vers 8 heures, ils se sont dirigés vers les Champs-Élysées. Mais ils n’ont jamais réussi à y accéder à cause des barrages de CRS aux alentours.

    Stéphane s’est mis en tête de convaincre les CRS « de rejoindre le peuple ». Ils ont refusé, l’ont repoussé. Et c’est là que tout s’est envenimé. « Je suis devenu con, je les ai trouvés tellement froids, j’ai foncé dans le barrage pour montrer à Macron que le peuple est plus fort que les CRS. » Stéphane en a oublié de mettre son casque de chantier pour se protéger. Il est ressorti à 8 h 50 menottes aux mains et avec un énorme cocard à l’œil droit. Le voilà maintenant dans ce box vitré du TGI de Paris à tirer sur ses poils de barbe après des heures en garde à vue et deux nuits à Fresnes. Lui qui a un casier vierge doit justifier pourquoi on a trouvé sur lui un Opinel et une lampe-torche alors qu’il faisait plein jour.

    Il veut parler de politique, de cette France oubliée qui travaille dur, le président l’arrête : « Ici, ce n’est pas une tribune politique. » Stéphane baisse la tête, penaud. Il dit qu’il est « au bord du suicide », s’excuse « d’avoir été con ». La procureure requiert six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

    Stéphane écope de quatre mois de prison ferme. « Nous ne prononçons pas de mandat de dépôt. Vous serez convoqué par le juge des applications des peines de Gap et vous verrez ensemble comment aménager la peine », lui dit le président. Mais Stéphane ne l’écoute déjà plus, sidéré, ne retenant plus que le mot « prison ».

    Jérôme, 26 ans, intérimaire, venu de la Nièvre

    Jérôme a 26 ans. Intérimaire, sans contrat pour le moment, il vit dans la Nièvre chez sa mère. Il a été interpellé samedi 1er décembre avec un masque de ski, un casque de vélo, cinq fioles de sérum physiologique et un lance-pierres. Peu loquace, il assure que c’était « pour se protéger, se défendre des grenades lacrymogènes ». « Mais pourquoi une fronde ? », relance le président. « Au cas où je me prends une grenade lacrymo, répond Jérôme, je n’étais pas là pour casser. »

    Il survit avec 200 euros de RSA mais on n’en saura guère plus sur sa vie. Comme dans plusieurs dossiers, l’enquête sociale rapide, dispositif clé de la chaîne pénale qui éclaire le parcours du prévenu, fait défaut. « Il y a trop d’enquêtes en cours en un laps de temps pour en faire une sur tous », s’excuse le président. La procureure demande 210 jours amende à 5 euros, soit 1 050 euros. C’est 5,25 fois le demi-RSA de Jérôme. Jérôme écope trois mois de prison avec sursis.

    Mickael, 30 ans, chômeur, SDF, venu de Chambéry (Savoie)

    Mickael ne comprend pas ce qui lui arrive. Il accueille sa peine sans réaction quand son avocate est abasourdie : six mois de prison dont la moitié ferme avec maintien en détention et l’autre assortie d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pendant deux ans avec obligation de fixer son domicile dans un lieu déterminé et de rechercher un travail. C’est un peu moins lourd que les huit mois ferme requis par le parquet.

    Mickael, 30 ans, fils de bourgeois passé baba sans domicile fixe et sans travail, « créchant dans les gares ou les forêts », a été arrêté jeudi 29 novembre au soir à la gare de Lyon. Repéré par son sweat à capuche noire marquée ACAB, « All cops are bastards » (« Tous les flics sont des… »), il arrivait de Chambéry. Dans son sac à dos : un plastron, un casque, une cagoule et un lance-pierres professionnel avec 87 balles en plomb de 1,5 centimètre de diamètre. L’attirail parfait du « black bloc » de l’ultra-gauche. Sauf qu’il n’en est pas un, assure son avocate.

    La preuve : l’exploitation de son téléphone et les messages via Messenger sur la page Facebook du black bloc qui démontre son grand amateurisme. « On se retrouve où les gars pour la manif ? », demande le jeune homme, qui a gardé quelques dreadlocks au sommet de son crâne rasé. « Très cher, nous ne fonctionnons pas comme cela et nous ne communiquons jamais sur les réseaux sociaux », lui répond l’administrateur de la page. « Vous estimez qu’il serait allé à la manifestation. Mais rien ne le prouve dans le dossier ! », plaide son avocate. En vain.

    « Je me suis laissé emporter par mes émotions »

    Étienne, 27 ans, technicien, venu de Lyon (Rhône)
    « Je suis désolé. Je vous demande la clémence. Je me suis laissé emporter par mes émotions. Mon travail est très important. Je suis prêt à faire des travaux d’intérêt général. Vous ne me reverrez jamais plus dans une manifestation. » Étienne implore le tribunal de ne pas le condamner. Sans succès. Le ciel lui tombe sur la tête : six mois de prison ferme, trois mois de plus que les réquisitions du parquet. Maigre consolation : le mandat de dépôt, requis par la procureure, n’est pas retenu, Étienne va être relâché, sa peine aménagée dans la mesure du possible.

    Et s’il perdait son CDI à 27 ans « à cause de tout ça » ? Technicien pour une société privée, il travaille sur le chantier de l’automatisation du métro lyonnais pour 1 500 euros par mois. Sa mère, retraitée, pleure depuis le début de l’audience, discrètement au premier rang, et s’écroule : « Que se serait-il passé s’il avait cassé la vitrine d’un magasin ? Il aurait pris un an ? » Quelques minutes plus tôt, son avocate tonnait : « Où sont les casseurs des Champs-Élysées, de Dior, Chanel, Zadig & Voltaire, de tous ces grands magasins pillés ? »

    Étienne a été interpellé samedi 1er décembre au matin après la découverte de fumigènes et de pétards dans son sac. « Je les ai achetés sur internet pour me défendre après avoir subi des gazages abusifs le week-end dernier, répond Étienne. Avec ma mère, nous manifestions pacifiquement près de l’Arc de triomphe quand nous avons été gazés par un cordon de CRS qui n’a fait aucune différence entre les casseurs et les familles. C’était très violent. »

    Un grand-père parisien, venu assister à l’audience « par solidarité avec les gilets jaunes », glisse ce qui lui apparaît une évidence : « C’est parce qu’il est le seul Noir qu’ils le condamnent à autant de prison pour des pétards même pas utilisés. »

    Bruno, 31 ans, chauffeur de poids lourds, venu de Seine-et-Marne

    Bruno ne veut pas être jugé aujourd’hui. Il demande un renvoi. C’est son premier tribunal comme ses premières nuits en prison et il a le vertige. Il jure qu’on ne le reverra plus jamais dans une manif, veut retrouver sa vie de bon père trentenaire dans le petit bourg de Seine-et-Marne où il vit avec sa femme et leur fille dans le pavillon hérité de ses parents qui lui coûte des charges et des taxes. On lui reproche d’avoir voulu manifester avec des lunettes de protection, un masque à gaz et un couteau.

    Chauffeur poids lourds en CDI, il gagne entre 1 500 et 2 000 euros selon les mois. La procureure requiert un contrôle judiciaire en attendant sa comparution avec cependant une interdiction : celle de paraître à Paris. Bruno panique. Et s’il a des livraisons à faire dans la capitale intra-muros ? Le tribunal tranche. Il a interdiction de venir à Paris, seulement les week-ends du samedi minuit au lundi minuit.

    Maxime, 33 ans, chauffeur-routier, venu de la Marne

    Maxime aussi veut un délai pour préparer sa défense. Il vient de la Marne où il loue une petite maison mais sa terre natale, c’est la Creuse. Il a deux enfants et une amende au casier parce qu’un jour, il a admonesté deux jeunes qui avaient cassé le pare-brise de la voiture de sa femme. Chauffeur-routier, il est responsable d’équipe, soit trois camions, gagne 4 000 euros net par mois et passera en CDI à la fin de l’année.

    Samedi, il devait vivre sa « première manif » mais il a été contrôlé avec, dans le sac, des lunettes de natation, des protège-tibias, des gants coqués, un masque d’aide respiratoire et des pierres. Il dit que tout cela c’était « pour se protéger » et qu’il n’allait bien « évidemment pas jeter des pierres contre les forces de l’ordre ». Il est placé sous contrôle judiciaire jusqu’à sa comparution en janvier, avec interdiction de venir sur Paris.

    Thomas, 20 ans, intérimaire, venu de l’Eure

    Ce samedi à 20 h 45, Thomas est interpellé rue du Faubourg-Saint-Honoré. Dans sa poche, six paires de lunettes de grandes marques pour une valeur d’environ 1 300 euros. Un magasin d’optique a été pillé. Mais la police note sur son P.-V. d’interpellation que le jeune homme n’a pas participé à la casse ; il s’est servi après coup. « Je suis rentré dans le magasin tout cassé. J’ai pris des lunettes. Je sais pas, j’ai pas réfléchi, j’étais pris avec les autres », dit-il.

    Thomas était venu manifester avec sa copine et deux amis. Dans les tourbillons de violence qui ont emporté le quartier Concorde-Rivoli, il les a perdus, s’est retrouvé coincé entre deux groupes de CRS, explique-t-il. Son sweat-shirt était taché du sang d’un autre manifestant, « les grenades tombaient de partout, j’allais pas me rapprocher seul des CRS et il n’y avait pas de fuite possible ». Thomas a donc suivi les casseurs et est entré dans le magasin.

    Vendeur empilant les CDD dans un magasin de décoration et aujourd’hui à Intermarché, Thomas vit chez ses parents et a été condamné il y a quelques mois pour avoir revendu de la cocaïne et du cannabis. « Ça finançait ma consommation personnelle, mais j’ai tout arrêté depuis, seul et sans médicament », dit-il. La procureure demande quatre mois de prison ferme et deux mois supplémentaires au titre de la révocation du sursis de la peine précédente. Le jugement va au-delà des réquisitions : dix mois de prison ferme.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/041218/au-tribunal-de-paris-de-la-prison-en-veux-tu-en-voila-pour-les-gilets-jaun

  • [Paris] Rencontres contre toutes les prisons les 15 et 16 décembre - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/Montreuil-Rencontres-contre-toutes-les-19851
    https://rebellyon.info/home/chroot_ml/ml-lyon/ml-lyon/public_html/IMG/arton19851.jpg?1543400539
    https://paris-luttes.info/rencontres-contre-toutes-les-11106

    Mettre à mal l’idée même de l’enfermement c’est s’attaquer à un des piliers de cette société basée sur l’exploitation et la reproduction des dominations. La taule est une menace pour tou.te.s celles et ceux qui désirent vivre sans se soumettre aux lois qui régissent ce système, ou qui n’ont pas d’autres possibilités que de vivre en contradiction avec celles-ci.

    À l’heure d’une nouvelle extension du #système_carcéral il nous semble important de se donner des perspectives de lutte. Cet énième plan #prison à l’oeuvre, c’est 15 000 places de plus derrière les murs. Il prévoit à la fois la construction de nouvelles taules, de quartiers haute- sécurité, de SAS (structures d’accompagnement vers la sortie) et la rénovation d’anciennes prisons comme celle de la Santé à Paris dont la réouverture est prévue le 7 janvier prochain. Cette nouvelle #réforme_pénitentiaire vise aussi à étendre toujours plus la prison dans la société, avec notamment le développement de la surveillance électronique et la création d’un pôle emploi des TIG (travaux d’intérêts généraux). Régulièrement, des révoltes secouent les prisons suite à des assassinats par les #matons, après des suicides ou du fait des conditions d’incarcération, certaines remettant en cause l’existence même des prisons. Dehors, des personnes se solidarisent par différents moyens : depuis l’hiver dernier se sont succédés émeutes et manifs à Toulouse, actions contre la grève des matons, rassemblements devant Fleury-Merogis, mais aussi incendies de voitures de matons à la prison de Fresnes ou de véhicules de constructeurs de taules en Isère... Ces rencontres pourront être l’occasion de partager des idées autour de ces révoltes et luttes actuelles et d’autres plus anciennes.

    Ce sera également un moment pour discuter des divers outils existants comme les #radios_anti-carcérales, les journaux, les caisses de solidarité qui, en diffusant des infos et en créant des liens entre l’intérieur et l’extérieur, contribuent depuis de nombreuses années aux luttes contre la prison et d’autres formes d’enfermements (centres de rétention, hôpitaux psychiatriques, établissements pénitentiaires pour mineur.e.s, etc.).

    Ces rencontres ont lieu en région parisienne mais nous souhaitons qu’elles puissent être un temps d’échanges entre personnes de différents coins de l’hexagone. Pour celles et ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux luttes anti-carcérales, ce week end sera une occasion de se rencontrer !

  • Violences des « Gilets jaunes » sur les Champs-Élysées : un surveillant de prison jugé ce lundi - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/violences-des-gilets-jaunes-sur-les-champs-elysees-un-surveillant-de-pris

    Les forces de l’ordre ont utilisé samedi 5 000 #grenades lacrymogènes, « plus de un(e) par minute, c’est du jamais vu », selon le préfet de police de Paris.

    Les forces de l’ordre ont procédé samedi à 103 interpellations (98 majeurs et cinq mineurs) suite aux heurts qui se sont déroulés toute la journée sur les Champs-Élysées dans le contexte de la #manifestation des #Gilets-jaunes. À l’issue de ces gardes à vue, 45 personnes ont été déférées devant le parquet. 14 personnes suspectées d’avoir participé aux violences seront jugées ce lundi en comparution immédiate. Parmi elles, un profil se détache particulièrement, celui d’un surveillant pénitentiaire de la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Le fonctionnaire a été arrêté porteur d’une cagoule et de lunettes de protection, et en possession d’un marteau. Il sera jugé pour #participation_à_un_attroupement_armé en vue de commettre des violences.

    Deux #manifestants vont être jugés selon la procédure du plaider-coupable, tandis que que six autres seront jugés ultérieurement par le tribunal. Pour 23 d’entre eux, le parquet a privilégié une alternative aux poursuites en optant pour un rappel à la loi devant un délégué du procureur. Enfin, 23 gardes à vue ont fait l’objet d’un classement sans suite, essentiellement car les infractions n’étaient pas suffisamment caractérisées.

    Le sort de 27 manifestants dont les gardes à vue ont été prolongées reste encore en suspens. C’est notamment le cas du jeune homme suspecté d’avoir jeté un écrou sur un policier qui risque de perdre son oeil. L’auteur de ce jet de projectile a été placé garde à vue pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une infirmité permanente ou une mutilation à l’occasion d’une manifestation », une incrimination passible de 15 ans de réclusion.

    Les heurts sur les Champs ont fait en tout 24 blessés dont cinq parmi les forces de l’ordre. Enfin, selon une source officielle, les dégâts sur les Champs ont été estimés à 1,5 million d’euros.

    #justice #maintien_de_l'ordre

    • Les « gilets jaunes » au tribunal : « J’aurais jamais dû mettre les pieds à Paris ! », Pascale Robert-Diard

      Une quinzaine de manifestants poursuivis pour violences ou dégradations en marge du défilé de samedi à Paris ont été jugés en comparution immédiate, lundi.

      Il ne faut pas se fier aux apparences. Par exemple, ce grand gaillard barbu de 32 ans « sans domicile fixe » qui ne dispose que d’une adresse postale chez ses parents et d’une carte d’identité périmée depuis longtemps. Il comparaît, lundi 26 novembre, parmi une quinzaine d’autres participants à la manifestation des « gilets jaunes » de samedi, devant la 23e chambre correctionnelle de Paris pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ». Il a été interpellé non loin des Champs-Elysées avec un pavé et un couteau.

      La justice, qui traque les casseurs en marge du défilé, pense en tenir un. La présidente, Corinne Goetzmann, avise le tee-shirt noir porté par le prévenu, barré d’un slogan imprimé façon tag qu’elle a lu un peu trop vite.
      « Et ce tee-shirt ?, lui demande-t-elle.
      – Ben, la chèvre, c’est l’Ardèche. Et “goat”, c’est chèvre en anglais. Il épelle : We’ve GOAT the power… »
      Il vit en Ardèche, dans un camion. « En fait, je suis woofer sur un petit terrain. Je paie pas l’électricité en échange de quelques travaux. Le pavé, je l’ai ramassé parce que là, je fais une formation de tailleur de pierres. Et le couteau, c’est une question d’habitude, je me lève le matin, je mets mon pantalon et mon couteau dans ma poche. » Condamné à deux mois avec sursis pour port d’armes.

      « Je gagne environ 8 000 euros par mois »
      Le suivant portait, lui aussi, un couteau, un Opinel. Il a 26 ans, il vient de Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie. « Détenir une arme de catégorie D est une infraction », lui explique solennellement la procureure. Le prévenu hausse les épaules. « Vous savez, chez nous, tout le monde a un Opinel sur soi. Je vais pas me défendre de ça. » Il avait aussi une matraque dans son sac. « Je l’ai ramassée par terre, je voulais la ramener en souvenir. Je suis conseiller financier, je suis pas venu pour casser du policier ! Je voulais juste exprimer mon mécontentement.
      – Quels sont vos revenus ?
      – Je travaille en Suisse, je gagne environ 8 000 euros par mois.
      Son jeune avocat commis d’office écarquille les yeux.
      – Et votre compagne ?
      – Elle travaille aussi en Suisse. Elle gagne 3 500 euros. »
      Condamné à trois mois avec sursis pour port d’arme.

      Le tour de France des mécontents se poursuit. Venu de Poitiers, un beau gars en pull vert a été arrêté avec des gants, des pierres et une tête de grenade. Il a 33 ans, vit chez ses parents, accumule les CDD au Futuroscope.
      En provenance de La Rochelle, un gamin de 22 ans, interpellé avenue Montaigne avec barre de fer, cagoule et deux flacons de parfum Christian Dior – « ramassés dans la rue », dit-il –, vit lui aussi chez ses parents. Il travaille en intérim pour 1 500 euros mensuels. « Je voulais faire du sport, j’ai été obligé de me rabattre sur le métier de peintre en bâtiment », souffle-t-il. Soixante-dix heures de travaux d’intérêt général.
      De Saint-Georges-la-Pouge, un village de 365 habitants dans la Creuse, arrive un homme de 35 ans, qui tremble de tous ses membres. Il perçoit 950 euros d’indemnités chômage, a travaillé comme charpentier et monteur de réseau aérien. Il est accusé d’avoir jeté des pavés contre un kiosque à journaux et contre les forces de l’ordre. Il demande le renvoi de son procès, la procureure requiert son placement en détention d’ici là.

      « J’suis quelqu’un de la campagne, moi »
      « Je regrette vraiment d’avoir pris ces deux bon sang de pavés. Je voulais juste être écouté et voilà où ça m’a mené. » Il pleure soudain comme un enfant. « J’suis quelqu’un de la campagne, moi. J’suis d’un milieu pas facile. Ma copine a un dossier de surendettement. J’suis fait pour vivre dehors. Si vous m’enfermez, je me ferai du mal. J’aurais jamais dû mettre les pieds à Paris… » Il ressort sous contrôle judiciaire en attendant son procès, en janvier.
      De Bou, 902 habitants dans le Loiret, est monté dimanche à Paris un soudeur de 34 ans, 1 700 euros par mois. « Je vis chez ma mère, mais je participe aux charges familiales, précise-t-il. Je regrette, je me suis laissé emporter. Je voudrais bien rentrer pour reprendre mon travail. »
      Un célibataire sans emploi de 29 ans, qui a bossé « dans l’élagage, l’imprimerie, les serres et, pour finir, comme cariste », espère à tout prix retourner le soir même en Corrèze, où sa grand-mère est décédée dimanche. « J’ai manifesté chez moi le week-end dernier et pendant la semaine. Comme il y a des gens qui étaient venus nous agresser, j’ai pris une lacrymo et un poing américain pour Paris. Mais c’était pour me défendre, pas contre les policiers ! »
      Un conducteur de chantier de 23 ans, une chômeuse de 27 ans, mère célibataire d’une petite fille, dont le dernier emploi était serveuse chez McDo, supplient, eux aussi, le tribunal de les laisser rentrer chez eux. Tout comme ce chauffeur de bus en formation. « Ça se termine vendredi et après, normalement, j’accède directement au centre bus de la RATP. »

      Le plus âgé des prévenus a 40 ans. Il a manifesté, dit-il, « contre la dégradation du service public ». Il a été arrêté avec une cagoule, des gants et un marteau. Ancien militaire, il est depuis plus de dix ans surveillant pénitentiaire.
      Pascale Robert-Diard

    • Les « gilets jaunes » en comparution immédiate : « Les bouteilles d’essence, c’était pour faire le malin devant les copains », Pascale Robert-Diard et Jean-Baptiste Jacquin

      Soixante-dix prévenus ont été jugés, lundi, à Paris, après les interpellations en marge de la manifestation du 1er décembre. Dix-huit peines de prison ferme ont été prononcées.

      Il est minuit passé de quelques minutes et, dans le box de la salle d’audience 6-05 du tribunal de grande instance de Paris, l’un des six prévenus reste prostré sur le banc, la tête enfouie dans ses mains. Le tribunal vient de lui annoncer sa condamnation à trois mois ferme avec #mandat_de_dépôt, il part donc immédiatement en #prison. Il a 21 ans, vit dans une bourgade proche de Nevers et travaille comme intérimaire dans une usine de métallurgie. Il a été interpellé samedi 1er décembre, en fin de matinée, boulevard Haussmann, près des grands magasins. Dans son sac, les policiers ont trouvé deux paires de lunettes de piscine, sept masques de protection, un masque de plongée, un casque de ski, des genouillères, des protège-tibias, une protection dorsale, un pistolet à gaz, un poing américain, deux matraques télescopiques, des bouteilles en verre et d’autres en plastique contenant deux litres d’essence, des chiffons imbibés et… un gilet jaune.

      « On a vraiment l’impression que vous êtes venu pour en découdre », observe la présidente, Anne Wyon. Il lève vers elle un long visage blême, un regard terrorisé. « J’sais pas si j’aurais été capable. Les bouteilles d’essence et tout, c’était pour faire le malin devant les copains », répond-il. « Là, vous parlez d’une toute petite voix, mais au téléphone, vous vous réjouissiez beaucoup », réplique-t-elle. Sa messagerie est en effet bavarde. Les policiers ont consigné les échanges qu’il a eus avec son groupe sur l’application WhatsApp. « Un pote militaire m’a dit, le feu c’est mieux », « on est bien équipé [il dressait la liste] mais pour les cocktails, j’hésite ». Entre eux, ils réglaient les derniers détails de leur venue à Paris. « Y’en a vingt qui montent et on rejoint les black blocs », lui dit un de ses interlocuteurs. Lui a pris le train de 6 heures samedi à Nevers. « Faut bouger son cul maintenant, y’en a marre », a-t-il écrit.

      Soixante-dix prévenus jugés
      Au même moment, dans la chambre voisine présidée par Isabelle Prevost-Desprez, un électricien de 23 ans est condamné à dix mois de prison avec mandat de dépôt. Venu manifester de Saincaize-Meauce dans la Nièvre, il nie les accusations portées par la police. Il ronge ses ongles en affirmant que la pince, les boulons et les morceaux de bitume retrouvés dans son sac à dos lors de la fouille qui a suivi son interpellation avenue de Friedland à 15 h 15, « ce n’est pas à moi ».
      « Et les policiers qui vous ont vu jeter des pavés ?, interroge la présidente.
      – Ils ont dû confondre avec quelqu’un d’autre. »


      Le 3 decembre 2018, Tribunal de Paris. Ce père de famille de 3 enfants écope de 3 ans ferme aménageable. Il était accompagné de 4 personnes, à peine sortis de la voiture ils auraient été arrêtés par les CRS et placés en garde à vue car certains avaient des masques en papier et d’autres des pétards. Ils n’auraient même pas eu le temps d’aller à la manifestation des gilets jaunes samedi 1 dec 2018. En garde à vue, les lacets sont retirés.

      Un peu plus tôt dans l’après-midi, dans une autre des cinq chambres mobilisées pour les comparutions immédiates à la suite des violences du 1er décembre à Paris, un Nîmois de 40 ans, sans emploi, qui vit du RSA, squatte chez des copains en échange de petits services de mécanique, a été condamné lui aussi à six mois d’emprisonnement dont trois ferme avec mandat de dépôt. Il a été interpellé avec tout un attirail de protection, un lance-pierre « professionnel » et des billes de plomb. « J’allais chez des copains, le lance-pierre, c’était pour tirer sur des canettes avec les enfants », avait-il tenté d’expliquer. Mais lui aussi avait eu l’imprudence de poster des messages sur la page Facebook des black blocs, de retour de plusieurs blocages sur les ponts à Valence avant de se décider à « monter sur Paris ». « C’est bien la guerre. Il faut s’organiser. Je suis déterminé », écrivait-il.

      Sur les soixante-dix prévenus jugés lundi, dix-huit peines de prison ferme – toutes aménageables – ont été prononcées et six mandats de dépôt ont été décernés. Loin des prévisions de l’administration pénitentiaire qui s’était organisée pour accueillir une cinquantaine de condamnés dans la nuit. Loin, surtout, des images de violences qui ont déferlé sur les écrans de télévision tout au long de la journée du 1er décembre.

      Chaos et confusion
      « Mais comment ça se fait qu’on n’a pas les casseurs ? », demande une des policières affectée à la surveillance d’une salle d’audience à ses collègues de la Préfecture de police de Paris venus pointer sur leurs ordinateurs portables les résultats des interpellations. « Ils courent plus vite et sont plus malins. Et on est coincé. Là, les manifs ne sont pas encadrées. Ça part dans tous les sens. Si on y va trop fort, on va faire mal. Si on lâche, ça va continuer », soupire son interlocuteur.

      Les lieux et les heures d’interpellation des prévenus témoignent du chaos et de la confusion de la journée de samedi. Certains ont été cueillis lors de contrôles matutinaux gare de Lyon, d’autres en milieu de matinée dans les rues autour de l’Arc de triomphe, et sur les Champs-Elysées et, plus tard, près de la Bastille, dans le quartier des grands magasins, ou encore près de la gare de Nord, alors qu’ils s’apprêtaient à reprendre leur train.

      Peu de « pilleurs », parmi eux. Un maçon de 24 ans, interpellé à 20 h 45 rue du Faubourg-Saint-Honoré pour avoir ramassé un casque de vélo devant le magasin Decathlon dont la vitrine venait d’être brisée, se défend d’en être un. « Ça balançait de partout, il y avait autant de cailloux qui tombaient par-derrière que de bombes lacrymogènes qui volaient par devant, j’ai pris le casque pour me protéger, pas pour voler », s’est-il justifié. Le casque a été placé sous scellé et son bref utilisateur, déjà condamné pour vol dans le passé, a été condamné à trois mois de prison avec sursis.

      « J’allais m’acheter des chaussures chez Louboutin »
      Trois amis de Bondy (Seine-Saint-Denis), âgés de 21 et 22 ans, ont été arrêtés beaucoup plus tard, vers 3 heures du matin sur le périphérique nord. En contrôlant l’intérieur de leur BMW, les policiers ont trouvé un lot de médailles de collection à l’effigie de l’Arc de triomphe, les mêmes que celles qui avaient été dérobées lors du saccage du monument. Ils ont affirmé les avoir négociées « 10 euros pièce » à un receleur. L’examen de leurs portables a révélé que deux d’entre eux se trouvaient dans la matinée au centre de Paris. « Rien à voir avec la manif, j’allais m’acheter des chaussures chez Louboutin et mon copain m’accompagnait », explique le prévenu. Le tribunal écarquille les yeux. « Des Louboutin ? Vous pouvez préciser le prix d’une paire de chaussures chez Louboutin ?
      – Dans les 800 euros.
      – Et vous gagnez 1 800 euros comme chauffeur-livreur ?
      – C’était pour mon anniversaire. »
      Ils sont condamnés à quatre-vingt-dix jours-amendes à 20 euros pour l’un, 10 pour l’autre. Le troisième est relaxé.
      Venus à Paris par petits groupes, en covoiturage ou en car, ils arrivaient de Gap, d’Yssingeaux, de Harfleur, d’un village des Ardennes, de Dreux, du Loiret, de Nice, de Brezolles dans l’Eure-et-Loir, de Gournay-en-Bray en Seine-Maritime, de Moselle, de Feuquières-en-Vimeu dans la Somme, de Toulon, d’Echemiré dans le Maine-et-Loire, de Carcassonne ou encore de Bernay dans l’Eure. Ils ont acheté leur panoplie de manifestants (masques de protection, bombes de peinture, huile de vidange, lunettes de piscine) chez Decathlon, Leroy-Merlin, ou Action « à 89 centimes la bombe de peinture à l’eau », précise l’un des prévenus. « L’huile de vidange, c’était juste pour rendre la peinture plus graissante », indique un autre.
      « Un coup de sang »
      Ils – les prévenus sont tous des hommes – sont chauffeurs de poids lourds – bien représentés – et gagnent de 1 200 à 2 500 euros par mois, soudeur ou mécanicien à 1 250 euros, auxiliaire de vie à 3 000 euros « auprès d’un vieux monsieur à Nice, mais je suis surendetté suite à des accidents de vie », livreur à 1 500 euros, imprimeur « depuis vingt et un ans dans la même entreprise », « enquêteur de satisfaction » à 1 287 euros, forgeron, électricien chez Enedis, menuisier salarié d’une commune à 1 365 euros, agent de fabrication à 1 700 euros « sur treize mois », maçon en intérim, conducteur d’engin chez Suez à 1 700 euros, responsable de projet chez ArcelorMittal à 3 500 euros, éboueur chez Derichebourg, « poseur de voies » à la RATP, cantonnier à 1 200 euros – « Moi, le gilet jaune, c’est ma tenue de travail », dit-il – garçon boucher.

      Lui, justement, fait partie de ceux qui ont été condamnés à de la prison ferme (quatre mois). Il a eu, explique-t-il, « un coup de sang » et il a foncé tête baissée sur les policiers. Il lui en reste un énorme coquard bleu virant au violet sur le visage. Il dit qu’il a voulu « s’investir dans le mouvement, en devenir l’un des porte-parole, parce que le peuple, la société, vont très mal. Très, très mal. Nos retraités ont travaillé toute leur vie et on leur enlève 100 euros. Et moi, j’ai la corde au cou. Je me lève tous les matins pour aller à l’abattoir. »
      « Vous avez des dettes ?, s’enquiert le juge.
      – Ben, des poules, des canards, des lapins…
      – Non, je demandais si vous avez des dettes », répète le juge.
      Un autre explique qu’il « fait de l’empotage ».
      – Vous travaillez dans une jardinerie ?
      – Non, je remplis des containers. Vous voyez ? »
      Le tribunal n’a pas l’air de voir vraiment.
      « C’est le chat qui se mord la queue »
      Tous affirment qu’ils voulaient manifester « pacifiquement ». « J’imaginais pas tomber sur des violences comme ça. Je suis un peu déçu par le mouvement, même si je le soutiens », déclare un carrossier peintre de Senlis, qui touche le RSA depuis quelques mois et dort, faute de logement à lui, dans le garage d’un copain depuis sa rupture conjugale. « Mon copain voulait m’embaucher mais il ne peut pas, à cause des charges. Alors vous voyez, Mme la juge, quand vous avez pas de logement, vous avez pas de boulot, c’est le chat qui se mord la queue et on se sent abandonné.
      – En même temps, quand vous allez à l’hôpital, on vous soigne gratuitement, observe la présidente.
      – Bah, je vois pas le rapport…
      – C’est parce que vous dites que vous vous sentez abandonné.
      – Heureusement, je touche du bois [il appuie ses mains sur la barre du box]. J’ai pas de problèmes de santé. Mais je trouve qu’on a vite fait de tomber dans l’oubli, aujourd’hui. »
      Ce gamin de 19 ans et trois jours était venu d’Angers, « manifester pour le peuple et pour [s]es parents ». « Ils sont surtaxés, il faut que ça s’arrête », explique-t-il, tête baissée. Avec son casque rouge sur la tête à quelques encablures de l’Arc de triomphe, il a été vite repéré par les policiers.
      « Pourquoi avez-vous jeté un pétard sur les CRS ?, lui demande Isabelle Prevost-Desprez.
      – Pour les disperser !
      – Vous êtes un peu prétentieux », s’amuse la magistrate.
      Le problème est qu’il a écrit « on va grailler du CRS » sur l’application Messenger à l’attention de sa petite amie.
      « Ça veut dire quoi grailler du CRS ?
      – Manger du CRS… Mais c’était pour crâner devant elle. »
      Habitant chez ses parents dans la campagne du Maine-et-Loire, sans la moindre qualification après avoir quitté le collège en cours de 3e, il n’est inscrit ni à Pôle emploi ni à la mission locale. La présidente évoque un travail d’intérêt général. Il fait la moue. Ce sera finalement douze mois de prison dont six ferme et six en sursis avec mise à l’épreuve.
      « Je suis venu pour ma grand-mère »
      Deux beaux-frères – chacun a épousé la sœur de l’autre – entrent côte à côte dans le box. Ils sont montés à 2 heures du matin samedi dans le bus « des 57-54 » celui de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, « pour montrer notre mécontentement à M. Macron. » « Moi, je soutiens le mouvement, parce que j’en ai marre des taxes. Je gagne bien ma vie mais je suis venu pour ma grand-mère qui s’excuse auprès de ma fille de lui donner qu’un billet de 5 euros pour Noël. » Il est venu aussi avec un Taser et des casques de chantier. « Les slogans et les banderoles, ça ne suffit pas ? », lui demande un des juges. « A Longwy, l’autre jour, quand on faisait des barrages, on a eu des personnes, disons, peu recommandables, qui nous ont agressés. C’était des gens de la cité qui cherchaient la misère… Alors, on a voulu se protéger. »
      Le procureur Pascal Besnier s’agace : « C’est curieux cette manifestation où tout le monde dit vouloir se protéger de tout le monde : les antifa se protègent des fachos, les fachos des gauchos et les autres de ceux des cités… » Dans leurs réquisitions, les représentants du parquet insistent tous sur le « contexte ». « A partir de 8 h 50, tous les médias ont relayé en boucle les affrontements qui avaient commencé près des Champs-Elysées, puis les voitures incendiées et les projectiles lancés sur les forces de l’ordre. Ceux qui décidaient alors de se rendre sur ces lieux savaient que ce n’était plus pour manifester pacifiquement, mais pour en découdre avec les forces de l’ordre », a ainsi martelé la procureure devant la chambre 24.1.

      Un argumentaire qui permet de poursuivre des personnes interpellées avant même qu’elles aient rejoint les manifestants ou commis la moindre dégradation, comme ce groupe de cinq trentenaires de l’Essonne qui venaient de se garer avenue des Ternes et se sont fait arrêter alors qu’ils payaient à l’horodateur. Quatre d’entre eux ont de belles situations d’ouvriers spécialisés chez Safran et travaillent sur des moteurs d’avion. En fonction de ce qu’ils transportaient dans leurs sacs (masques, pétards, sérum physiologique, etc.), leurs peines s’échelonnent de huit mois avec sursis à trois mois ferme.
      Ceux qui ont demandé le renvoi de leur procès à une date ultérieure pour préparer leur défense, sont repartis lestés d’un contrôle judiciaire qui leur interdit de revenir à Paris d’ici là et d’une obligation de pointage au commissariat ou à la gendarmerie, souvent fixée, à la demande du parquet, au samedi matin. La part (infime) de la justice pour tenter de réduire le nombre des prochains manifestants dans la capitale.

  • Anne Sylvestre : « “Là où j’ai peur, j’irai !”, cette devise m’a guidée », entretien avec Annick Cojean
    https://www.lemonde.fr/la-matinale/article/2018/11/11/anne-sylvestre-la-ou-j-ai-peur-j-irai-cette-devise-m-a-guidee_5381944_486676

    https://www.youtube.com/watch?v=pXIKl35aEdQ

    Je ne serais pas arrivée là si... « Le Monde » interroge une personnalité en partant d’un moment décisif de son existence. Cette semaine, l’auteure-interpète confie toutes les remarques et humiliations qu’un nez jugé trop prononcé lui attira. Mais aussi toute la force que ces critiques lui donnèrent.

    Ses Fabulettes ont marqué des générations d’enfants. Mais la chanteuse, auteure et compositrice Anne Sylvestre, qui a fêté en 2017 ses 60 ans de scène et écrit, pour les grands, plus de 400 chansons poétiques et subtiles, est assurément l’une des figures les plus marquantes de la chanson française. Elle continue d’écrire et de chanter les préoccupations de notre époque.

    Je ne serais pas arrivée là si…

    Si je n’avais pas eu ce nez !

    Ce nez ? Je ne l’avais pas remarqué. Qu’a-t-il de particulier ?

    Il n’est pas petit, comme la mode l’exigeait à l’époque où j’ai commencé à chanter, il y a soixante ans. Il était alors interdit d’avoir un grand nez et vous n’avez pas idée du nombre de fois où l’on m’a conseillé de le faire refaire, sans même penser que cela aurait pu altérer ma voix en modifiant les résonateurs. « Vous seriez tellement plus mignonne ! Pour faire des photos, ce serait tellement mieux ! » Ah lala ! ce que j’ai pu entendre ! Je débarquais dans ce milieu sans rien savoir. Juste l’envie de chanter avec ma guitare. Et c’est ce nez qui, de façon inouïe, devenait un obstacle.

    Et vous vous êtes cabrée !

    Bien sûr ! J’ai réagi. Arrêtez de me parler de mon nez ! Ça suffit ! Qu’est-ce qu’il a ? Je ne vais pas le changer ! Pas question de me modeler ! Alors on a dit que j’avais un sale caractère. Que j’étais insolente. Simplement parce que je savais ce que je voulais… et ne voulais pas. Je me souviens de deux attachés de presse dans ma première maison de disque qui ne savaient que faire de cette grande fille à cheveux longs, nez fort et jupe plissée. J’aurais préféré chanter en pantalon, mais on m’avait dit que cela ferait mauvais genre. Ils ont fait passer l’idée aux journalistes que j’avais décidément très mauvais caractère. Quand on ne rentre pas dans le cadre…

    Vous l’avez ressenti comme une humiliation ?

    Sur le moment, j’ai été très meurtrie. Vous imaginez ? Un soir, dans un cabaret où je me produisais, un homme a dit très fort à sa compagne, entre deux de mes chansons : « Avec un nez comme ça, elle pourrait jouer Cyrano. » J’ai fondu en larmes. Ce n’est qu’une anecdote. J’avais déjà un caractère assez bien trempé. Mais mon premier directeur artistique, Jacques Canetti, qui m’a donné la grande liberté de chanter ce que je voulais, m’avait lui-même dit, à l’audition : « Vous faites de belles chansons, mais vous ne serez jamais interprète. » Ce à quoi j’avais répondu : « C’est ce qu’on verra ! »

    Au lieu d’être un frein, ce nez s’est donc révélé un moteur ?

    Eh bien oui. « Ah ! vous n’aimez pas mon nez ? Eh bien, vous allez voir ! Et vous n’allez pas m’empêcher d’avancer ! » Mais ce nez est sans doute le symbole d’autre chose. D’une différence, sans doute. D’une détermination à toute épreuve. Et d’une belle insolence. Car c’en était une d’oser monter sur scène si jeune, sans se ranger aux directives des producteurs et maisons de disques, en prétendant chanter ses propres chansons. Il y avait très peu de femmes auteures-interprètes, vous savez.

    Sur scène, dans vos premiers cabarets, étiez-vous à l’aise ?

    Oh non ! J’étais terrifiée. Mes genoux flageolaient. Défendre ses propres textes, c’est exposer aux autres ses tripes et son cœur. Et, les premiers soirs, je pleurais après avoir chanté mes trois chansons en début de spectacle. Je courais m’enfermer aux toilettes, désespérée à l’idée de n’être pas à la hauteur de ceux qui chantaient après moi. Je me promettais de ne plus revenir. Et le lendemain j’étais pourtant là.

    D’où venait la flamme ?

    J’avais envie.

    De quoi ?

    De chanter devant les gens. J’avais trouvé le mode d’expression qui me convenait : l’écriture de chansons. Je ne voyais pas ce que j’aurais pu faire d’autre. Prof de latin et de littérature, puisque j’avais étudié les lettres ? Non, impossible. Ecrire des chansons était ce qui me plaisait, malgré la terreur d’affronter le public. J’ai retrouvé sur un de mes cahiers de l’époque cette phrase qui pourrait être une devise : « Là où j’ai peur, j’irai. » Tout est dit. Mais il y a eu un long décalage entre mon engagement dans ce métier et l’acceptation de l’idée que des gens puissent apprécier mes textes et m’aimer. Il m’a fallu des années pour l’admettre. Je n’y croyais pas.

    Mais vous persistiez !

    Oui. Et en 1973, alors que je chantais depuis quinze ans, que j’avais eu bien des ennuis avec des maisons de disques et que j’étais devenue productrice indépendante, j’ai écrit la chanson Me v’là. « Pour avoir mon âme et ma peau/Fallait messieurs-dames, se lever tôt/Oui j’ai la peau dure, je vais mon allure/Parfois je me hâte, mais jamais à quatre pattes/Me v’là, me v’là, me v’là. » Cela voulait dire : il va falloir compter avec moi ! Sur scène, j’en avais même durci les paroles : « Ils voulaient mon âme et ma peau, ils n’ont pas eu ma flamme les salauds… » J’avançais, malgré l’adversité. D’ailleurs j’avais une revanche à prendre.
    https://www.youtube.com/watch?v=WcMUAeTYUUY

    Sur cette enfance si singulière ?

    Oui. Ma petite enfance fut heureuse et protégée. Mais après…

    Votre père, Albert Beugras, un des bras droits de Jacques Doriot, fut un collaborationniste qui s’est enfui en Allemagne en 1944 avant d’être arrêté en 1946. Que saviez-vous pendant la guerre ?

    J’avais 6 ans en 1940, 10 ans à la libération. C’est bien jeune ! Je savais que papa partait souvent le soir, et que maman pleurait. Mais un enfant ne cherche pas à explorer là où il se doute que ça fait mal. Et j’avais eu le temps d’aimer mon père avant qu’il ne disparaisse… Quand il est parti en Allemagne, une nuit, il a emmené mon frère Jean, qui avait 18 ans, parce qu’il avait peur qu’il paye pour lui. Nous, c’est-à-dire ma mère, ma petite sœur, mon autre frère, Paul, et moi, on est allés se cacher à Suresnes, dans le petit appartement de ma tante, abandonnant le nôtre et tout ce qu’il y avait dedans. Et puis on a appris que mon frère était mort dans un bombardement allié et que mon père était arrêté et emprisonné à Fresnes.

    Qu’avez-vous su de son procès, en 1948 ?

    Maman a voulu que j’y assiste. Et j’ai vu quelqu’un pointer mon père du doigt en disant : « Cet homme mérite la mort. Cent fois la mort. » A l’école, les élèves m’ont mise en quarantaine. Leurs parents leur ont interdit de me fréquenter. Alors, voyez-vous, dans cette histoire de nez – que j’ai d’ailleurs hérité de mon père – et cette volonté de revanche, il y a une résurgence de ce que j’ai pu éprouver à l’époque : « O.K., mon père est un traître. Mais je vous emmerde et je serai Prix d’excellence. » Et j’ai été Prix d’excellence.

    Mais que compreniez-vous, à l’époque, de la situation ?

    Je suis allée voir mon père en prison chaque semaine, pendant dix ans. Il écrivait des lettres. Mais je ne lui ai pas posé la moindre question. C’était déjà assez difficile… Je me souviens qu’un jour tous les enfants de notre quartier, à Suresnes, sont descendus au bois de Boulogne voir les soldats américains qui y avaient établi leur campement. Ils ont emmené la petite que j’étais alors. Tous les gosses étaient excités parce que les Américains distribuaient bonbons, chewing-gums, chocolats. Mais moi, j’ai refusé.

    Pourquoi ?

    Je n’y avais pas droit.

    Vous aviez de vous-même intégré cette idée ?

    Oui. J’avais grandi du mauvais côté. Et même le chagrin que j’éprouvais pour la perte de mon frère aîné, qui était mon dieu, semblait illégitime. Mais j’ai eu la chance d’être protégée de façon magnifique par des gens du quartier, comme par la directrice de mon école de dominicaines, qui était une sœur du Colonel Rémy, grand résistant, et qui elle-même avait été déportée.

    Lorsque votre père est rentré, avez-vous pu avoir de vraies conversations ?

    Non. Je n’ai pas davantage posé de questions. Je n’ai pas osé. Je commençais déjà à chanter et il est très vite venu me voir et me soutenir. D’ailleurs, un soir, au cabaret La Colombe, où m’avait introduite un copain de l’école de voile des Glénans, il a tout de suite bondi lorsque quelqu’un a fait une énième réflexion sur mon nez : « Il ne vous plaît pas, le nez de ma fille ? »

    Mais dans le métier vous gardiez le secret de votre identité ?

    Oui. C’était mon secret honteux. Et je vivais dans la crainte d’être démasquée. Quelle panique lorsque ma jeune sœur, Marie Chaix, a sorti un livre racontant son histoire en 1974 ! « Surtout ne dis pas que nous sommes sœurs », l’ai-je suppliée. Mais ça n’a bien sûr tenu qu’un temps. Et le moment de la révélation fut très très dur à encaisser. Ceux qui m’ont le plus soutenue furent mes amis juifs.

    En 1994, c’est pourtant vous qui prenez la plume pour évoquer l’amour impossible entre « Roméo et Judith », séparés par l’histoire opposée de leurs familles, l’une bourreau et l’autre persécutée.

    Je m’exprimais par la voix de Roméo : « J’ai souffert du mauvais côté/dans mon enfance dévastée (…) Sur moi la honte s’accumule/Le sang que je porte me brûle/Je ne peux me l’ôter du corps. » Bien sûr que l’histoire de ce père collabo me poursuit. Le sentiment de culpabilité ne s’efface pas ainsi. Un soir, lors d’un dîner, des amis juifs ont évoqué devant moi le grenier où ils s’étaient cachés, enfants, pendant l’Occupation. Je me suis sentie oppressée. Je suis vite rentrée chez moi. Il fallait que j’en parle. Je n’avais pas le choix. Et j’ai écrit Le P’tit Grenier. « Vous y grimpiez par une échelle/qu’on installait dans l’escalier/finis tous vos jeux de marelle/et vos parties de chat perché… » Le refrain était : « Moi, j’ai le cœur tout barbouillé quand vous parlez du p’tit grenier. » Vous n’imaginez pas la tension et l’émotion lorsque je l’ai chantée sur scène. C’était fou.

    https://www.youtube.com/watch?v=lojY3aUSX7g

    https://www.youtube.com/watch?v=IpvAlgP7hTU

    Vous avez écrit plus de 400 chansons, abordé tous les thèmes, raconté des dizaines d’histoires. Quels étaient vos sujets principaux d’inspiration ?

    La vie, les gens, l’amour, la maternité si essentielle pour moi, les tempêtes du cœur, la déshumanisation de la société, un mari parti à la guerre en Algérie, l’histoire d’amour tragique de Gabrielle Russier, les enfants qui nous pompent l’énergie, le désastre de l’Amoco-Cadiz, la beauté des cathédrales… J’ai beaucoup parlé de la situation des femmes parce que je connaissais bien le sujet. Et il y avait une sorte de désert puisque les paroliers étaient quasiment tous des hommes. J’ai eu l’instinct de combler le manque. Et puis cela me rendait furieuse de voir des vieux birbes parler par exemple du ventre des femmes ! C’est ainsi que j’ai écrit la chanson Non, tu n’as pas de nom sur le libre choix d’avorter ou pas.
    https://www.youtube.com/watch?v=e2cN4Us0GVk

    C’était audacieux. L’avortement était alors interdit.

    Je n’ai jamais été inquiétée, ni même interrompue. Je la chantais sur scène les yeux fermés. Mais, bien sûr, la chanson ne passait pas à la radio. Gisèle Halimi, plus tard, demandera à ce qu’on la diffuse lorsqu’elle était interviewée sur le sujet.

    Les mouvements féministes vous soutenaient-ils ?

    Il y avait beaucoup de sympathie, mais je n’ai jamais fait partie de groupes ou de mouvements. Je n’aime pas les défilés ni les manifestations. Ce n’est pas pour moi. En Mai 68, je suis partie à la campagne avec mes filles. Mon histoire personnelle faisait que je ne me sentais aucun droit de m’engager politiquement. Encore aujourd’hui je ressens un malaise lorsqu’on me demande de signer une pétition. J’avais compris, enfant, que la politique signifiait brûlure et je faisais un blocage. J’étais donc isolée, écrivant des chansons engagées et féministes comme Monsieur Jourdain écrivait de la prose. Sans le savoir. Mais s’il est une étiquette que je ne renierai jamais, c’est pourtant bien celle-là, même si elle m’a nui dans les médias, où le fait d’être taxée de « féministe de service », c’est-à-dire d’emmerdeuse, vous barrait les antennes.

    Le mouvement #metoo n’a-t-il pas inversé la situation ?

    Le flambeau a bien été repris. Il a sauté une génération. Mais comme cela a pris du temps ! Vous souvenez-vous de cette chanson que j’avais écrite après l’affaire DSK en réaction au fameux « Y a pas mort d’homme » de Jack Lang ? Elle s’appelait Juste une femme et fustigeait ce « petit monsieur, petit costard, petite bedaine, petite saleté dans le regard » qui ne voyait pas ce qu’il y avait de mal à « saloper » ou à « bafouer » une femme.

    https://www.youtube.com/watch?v=axgfSiobqn4

    A quoi sert une chanson ?

    Principalement à consoler les gens. A leur dire : vous n’êtes pas tout seuls. Je suis une sorte d’écrivain public. A moi de trouver les mots pour exprimer les troubles, peurs, douleurs, bonheurs, sentiments des autres. Mais comme c’est dur d’écrire !

    « Ecrire pour ne pas mourir », n’est-ce pas le titre d’une de vos plus belles chansons ?

    Figurez-vous qu’un jour, alors que je la chantais à La Cigale, j’ai eu un trou de mémoire extraordinaire. La phrase commençait par : « Que j’aie pris ma revanche ou bien trouvé refuge/Dans mes chansons, j’ai toujours voulu… » Et je me suis arrêtée net. J’ai voulu quoi, déjà ? Je n’en avais aucune idée. La salle a ri. Et, dans le public, quelqu’un m’a soufflé : « Exister ! » Oui, c’était bien cela. J’ai toujours voulu exister.

    https://www.youtube.com/watch?v=w7lHXwW2zOc

    #chanson #féminisme

  • Les notes de frais astronomiques du député LREM en charge des questions de défense - Lise Garnier - 30 Octobre 2016 - Capital _
    https://www.capital.fr/economie-politique/les-notes-de-frais-astronomiques-du-depute-lrem-en-charge-des-questions-de-d

    Le député LREM Jean-Jacques Bridey, président de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, a laissé derrière lui des notes de frais exorbitantes en quittant ses fonctions locales à l’été 2017, révèle Mediapart ce mardi. Patron d’une société d’économie mixte, l’élu a notamment écumé les plus prestigieux restaurants parisiens. Visiblement, le député « marcheur » n’en est pas à son coup d’essai en la matière puisqu’il est déjà accusé d’avoir perçu indûment 100 000 euros grâce au cumul de ses mandats, rappelle le site d’information.
    Entre 2016 et 2017, Jean-Jacques Bridey a alors enregistré 2 000 euros en moyenne de dépenses remboursées chaque mois par la Société d’économie mixte locale d’aménagement de Fresnes (Semaf). Une société qu’il préside depuis 2001, également l’année de sa première élection à la mairie de la ville du Val-de-Marne.

    Entre 150 et 500 euros le repas
    Parmi ses notes de frais figurent des déjeuners et des dîners dans des restaurants étoilés de Fresnes, Rungis et même dans des établissements de luxe dans la capitale. Sur les factures consultées par Mediapart, on retrouve entre autres du champagne, des huîtres ou encore des langoustines et du caviar. Côté tarifs, les repas pris par l’élu et ses accompagnateurs inconnus avoisinent les 150 euros en moyenne, avec des additions qui grimpent même jusqu’à plus de 500 euros.
    https://cdni.rt.com/french/images/2018.09/article/5bace20409fac2714c8b4569.jpg

    Ecrire à Jean-Jacques Bridey : jean-jacques.bridey@assemblee-nationale.fr

    Ex PDG de la SEMAF à par exemple 24 000 € net en 2016
    Ex Maire de Fresnes à par exemple 16 800 € net en 2016
    Ex Président Syndicat Intercommunal 2eme Cycle à par exemple 13 800 € net en 2016

    Source : http://www2.assemblee-nationale.fr/deputes/fiche/OMC_PA672

    A voté contre l’interdiction du #glyphosate
    Source : https://seenthis.net/messages/731215

     #pognon_de_dingue #en_marche #en_vedette #argent #merci

    • La prison de Fleury-Mérogis secouée par une série de suicides, Le Monde

      Onze personnes détenues se sont suicidées à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) depuis le début de l’année 2018 : dix hommes et une femme. En sept mois, ce compteur macabre a déjà dépassé le cumul des deux années précédentes. Une situation inédite qui préoccupe l’administration pénitentiaire comme le parquet d’Evry, mais à laquelle ils affirment aujourd’hui ne pas trouver d’explication.

      Dernier en date, un homme de 48 ans a été retrouvé pendu dans sa cellule mardi 7 août au matin. Il était en détention provisoire pour une affaire criminelle (viol sur son ex-compagne). Détenu au quartier des « arrivants », il avait été identifié comme fragile, et un surveillant s’assurait de son état toutes les heures dans le cadre des dispositifs de prévention du suicide. « A la ronde de 6 heures, il dormait sur sa couchette, à celle de 7 heures, c’était trop tard », apprend-on de source pénitentiaire.

      A chaque décès en détention, quelle que soit l’apparence des faits (mort naturelle, suicide, agression), une enquête judiciaire est systématiquement ouverte. « Nous n’avons, à ce stade, pas d’élément troublant ni de facteur d’explication de cette série de suicides à Fleury-Mérogis », assure-t-on au parquet du tribunal d’Evry, dans le ressort duquel est implantée la plus grande prison d’Europe avec ses quelque 4 300 détenus. La justice y voit des cas individuels, indépendants les uns des autres.

      Pour le coordonnateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP), François Bès, cela pourrait s’expliquer par « un climat de tensions permanentes et de pression » spécifique à cet établissement. Les conditions de détention y sont pourtant, a priori, moins dures que dans d’autres maisons d’arrêt franciliennes. A Fresnes (Val-de-Marne), dont la vétusté des locaux n’est plus à démontrer, où les cellules n’ont pas de douche et où le nombre de détenus atteint 193 % de la capacité (contre 143 % à #Fleury-Mérogis), on ne déplore « que » deux suicides depuis le début de l’année pour 2 550 détenus. A Villepinte, en Seine-Saint-Denis, aucun suicide malgré une densité carcérale de 182 %. Au niveau national, on observe une légère hausse, mais la tendance sur plusieurs années est orientée à la baisse : 64 suicides en détention depuis le début de l’année, contre 59 pour la période équivalente en 2017 et 71 en 2016.

      Lire aussi : Nouveau record pour les prisons françaises avec 70 710 personnes incarcérées

      Certains cas polémiques

      Le phénomène a pris à Fleury une dimension oppressante, tant pour les personnels pénitentiaires que pour les détenus et leurs familles. Au point que certains cas deviennent polémiques. Tel celui de Lucas H., 21 ans, qui se serait pendu le 21 juillet au quartier disciplinaire où il avait été conduit à la suite d’une altercation avec des surveillants au sortir d’un parloir avec sa mère. Sa famille refuse de croire à un geste désespéré du jeune homme censé sortir de prison en septembre. Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté samedi 4 août devant la maison d’arrêt à l’appel d’un collectif Justice pour Lucas et conspué aux cris de « Matons assassins ! » les surveillants qui quittaient leur service.

      Selon le parquet d’Evry, qui a eu les conclusions orales de l’autopsie pratiquée le 26 juillet, « rien de suspect ne remet en cause pour le moment la thèse du suicide » de Lucas. Mais, l’enquête ne devrait pas être bouclée avant septembre, en attendant le rapport complet du médecin légiste et le résultat de plusieurs auditions auxquelles les gendarmes comptent encore procéder.

      D’autres suicides ne sont pas contestés, mais peuvent nourrir des questions sur le sens de la détention [ça alors...] , en particulier pour les courtes peines. Comme celui de cet homme de 25 ans, condamné à trois mois de prison pour « voyage habituel sans titre de transport ». Il s’est pendu le 17 mars, quelques semaines après son incarcération. Ou ce père de famille, plus âgé, qui s’est suicidé en avril, à peine arrivé pour exécuter une peine de deux mois pour « conduite sans assurance ». Ces sanctions pénales semblent disproportionnées au regard du délit, mais les tribunaux les justifient par le caractère multirécidiviste de ces personnes.

      Taux de suicides six fois supérieur

      Autre sujet questionné, celui des détentions provisoires qui s’allongent. La jeune femme de 24 ans qui s’est donné la mort à la maison d’arrêt des femmes de Fleury le 21 avril attendait depuis trois ans que la justice fixe son sort. « Une situation plus difficile à vivre que pour les condamnés, qui, eux, savent quand ils sortiront et peuvent, même si c’est dans longtemps, se projeter dans un avenir », explique un surveillant de cette prison géante.

      Le 12 juin, c’est un Albanais de 38 ans, qui se suicidait peu de temps après que sa détention provisoire qui durait déjà depuis dix-huit mois fut renouvelée. Il était mis en examen dans l’enquête sur l’attentat de Nice (86 morts) pour « association de malfaiteur terroriste » pour avoir fourni des armes à un couple d’Albanais qui les avaient lui-même revendues à un proche du conducteur du camion meurtrier. Selon l’Agence France-Presse, la qualification « terroriste » de son dossier était sur le point d’être abandonnée alors que cet homme, dont la tendance suicidaire avait été signalée, clamait depuis le début son aversion pour les djihadistes.

      Le taux de suicides en prison est en moyenne six fois supérieur à celui de l’ensemble de la population. De fait, elle concentre des personnes qui cumulent les handicaps sociaux, scolaires, économiques, sanitaires, familiaux, etc. « Ce n’est pas la prison qui crée leurs problèmes ni leurs fragilités », se défend-on à la direction des services pénitentiaires d’Ile-de-France. La direction assure que les retours d’expérience réalisés par une équipe pluridisciplinaire après chaque décès « n’ont pas révélé de faille dans la prévention du suicide, que ce soit dans la transmission des informations sur les signes avant-coureurs ou la prise en charge des personnes fragiles ».

      Dégradation des actions préventives

      Il n’empêche, le plan antisuicide mis en place en 2009 par la direction de l’administration pénitentiaire a porté ses fruits et a ainsi fait la preuve que ce n’était pas une fatalité. Le dispositif ne se limite pas à la ronde toutes les heures. Le dialogue du surveillant avec le détenu, par exemple au retour d’un parloir annulé ou qui s’est mal passé ou d’une audience chez le juge, est essentiel. « Lorsqu’un détenu que l’on a pris en charge se suicide, on ressent la même chose que le chirurgien qui perd un patient sur sa table d’opération », témoigne un ex-directeur de Fleury-Mérogis.

      Lire aussi : La mise en place d’un bureau de vote pour les détenus à l’étude

      Mais les surveillants ont-ils encore le temps pour cette partie valorisante de leur métier ? L’OIP voit dans la surpopulation carcérale et la proportion importante de surveillants stagiaires la cause d’une dégradation de ces actions préventives.

      Un autre dispositif de prévention qui semble avoir fait ses preuves à Villepinte depuis plusieurs années et a été implanté il y a quelques mois à Fresnes devrait prochainement être mis en place à Fleury-Mérogis, dans deux bâtiments sur cinq pour commencer. Des « codétenus de soutien », volontaires, formés avec des psychologues de la Croix-Rouge partageront la cellule de personnes considérées comme à risque en matière de passage à l’acte.

      Les statistiques sur la prévention n’existent pas, mais la direction des services pénitentiaires d’Ile-de-France assure qu’il y a dix fois plus de tentatives sérieuses de suicide prises à temps par les personnels que de suicides constatés.

    • La prison, « une humiliation pour la République », Editorial, Le Monde
      https://lemonde.fr/idees/article/2018/08/08/la-prison-une-humiliation-pour-la-republique_5340462_3232.html

      L’inflation de la population carcérale provoque des conditions de détention indignes et incompatibles avec les objectifs de réinsertion assignés à l’administration pénitentiaire.

      Nouveau record pour les prisons françaises avec 70 710 personnes incarcérées
      https://lemonde.fr/societe/article/2018/07/26/nouveau-record-pour-les-prisons-francaises-avec-70-710-personnes-incarcerees

    • https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins-dete-1ere-partie/prisons-francaises-un-systeme-a-bout-de-souffle

      Confrontée à une vague de suicides à Fleury-Mérogis, l’administration pénitentiaire française pourrait bien devoir reconsidérer les faiblesses de son #système. Pour en parler, Julie Gacon reçoit #François_Bès, coordinateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP).
      #administration_pénitentiaire

  • « Trois ans après, l’innocent de la rue Myrha attend son non-lieu »... et Soren Seelow (Le Monde) lâche le morceau : « En désignant un suspect, les enquêteurs se sont achetés du temps. »

    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/07/02/trois-ans-apres-l-innocent-de-la-rue-myrha-attend-son-non-lieu_5324170_16535

    En 2015, un incendie fait huit morts dans le 18e, à Paris. Un SDF est envoyé en prison. Un an plus tard, un autre homme avoue. Depuis, le sans-abri se bat pour que la justice reconnaisse son erreur.

    Son regard ne se pose jamais tout à fait, ses phrases restent en suspens. Attablé au fond d’un café parisien, une casquette enfoncée à mi-front, Mourad Sadi a l’œil incertain des hommes qui errent depuis trop longtemps, la voix pâle de ceux qui ne demandent plus rien.

    Il y aurait beaucoup à dire, pourtant… Un sourire fragile aux lèvres, il se contente de répondre poliment aux questions, comme il l’avait fait, il y a bientôt trois ans, avant d’être conduit en prison.

    Au milieu d’une phrase sans élan, il pose sa cuillère et prend un stylo. Il s’applique à dessiner un rectangle, comme il l’avait fait, à l’été 2015, dans les locaux de la brigade criminelle de Paris. Rue Léon, rue Stephenson, rue Cave… Il écrit le nom des voies arpentées cette fameuse nuit, comme tant de nuits avant. Il n’écrit pas « rue Myrha » : « Je n’y vais jamais, je n’aime pas cette rue. J’avais raison de ne pas l’aimer, dit-il, elle m’a envoyé en prison. » Bipolaire et sans abri, Mourad Sadi a 38 ans et des phrases d’enfant.

    Ce 2 septembre 2015, vers 1 h 30, il a quitté la laverie de la rue Doudeauville, où il avait trouvé refuge quelques semaines plus tôt avec d’autres naufragés de la ville. Il est parti en « balade », chercher des « trucs » pour survivre, en suivant son parcours habituel. Rue Stephenson, rue Cave, rue Léon… La vidéosurveillance indique qu’il est rentré à la laverie à 4 h 17. Dans ce laps de temps, deux incendies se sont déclarés au 4, rue Myrha, au cœur du quartier populaire de la Goutte d’or.

    « Comportement suspect »

    Lorsqu’ils se présentent pour la première fois à cette adresse, à 2 h 30 du matin, les pompiers ne s’attardent pas. Un bout de papier a bien pris feu dans une boîte aux lettres, mais il s’est éteint de lui-même. C’est son propriétaire, Thibaut Garagnon, qui les a appelés, disant avoir senti une odeur de brûlé depuis son appartement du deuxième étage. En quittant cet immeuble d’une quinzaine de logements, les pompiers claquent le portail, fermé par un digicode.

    Deux heures plus tard, ils sont appelés pour un nouveau départ de feu à la même adresse. A leur arrivée, l’immeuble s’est transformé en brasier. Parties d’une poussette entreposée au rez-de-chaussée, les flammes ont envahi la cage d’escalier avant de dévorer les appartements. Deux habitants se sont défenestrés, six seront découverts carbonisés chez eux. Parmi les huit victimes figurent quatre membres d’une famille d’origine sénégalaise, dont deux enfants âgés de 8 et 14 ans.

    En analysant la vidéosurveillance, les policiers remarquent un « individu au comportement suspect », tel qu’ils le décrivent sur procès-verbal, déambulant dans le quartier au moment des faits. A 2 h 41, il a été filmé rue Stephenson, la main tendue en direction d’une poubelle, puis de nouveau à 4 h 06. Il n’apparaît pas sur les images de la caméra rotative de la rue Myrha, mais les enquêteurs n’excluent pas qu’il ait pu se glisser, le temps d’une rotation, jusqu’à l’immeuble incendié à partir de la rue Stephenson.

    « T’as fait quelque chose »

    Le 2 septembre en fin de matinée, les policiers se présentent à la laverie et interpellent Mourad Sadi, retrouvé en possession de plusieurs briquets. Dans une autre vie, il travaillait dans une station-service de la région parisienne. A la rue depuis 2008 après que sa femme l’a quitté, puis diagnostiqué bipolaire, il errait depuis sept ans à la Goutte d’or quand les policiers l’ont attrapé : « Ils m’ont dit : “T’as fait quelque chose, faut qu’on t’emmène.” Alors je les ai suivis… »

    Conduit au 36, quai des Orfèvres, il tente de s’expliquer, mais son esprit s’enraye : « Je ne sais pas quoi faire, je suis bloqué. Je ne comprends pas, je suis près de l’incendie, mais je n’ai rien fait. J’ai jamais été pyromane. »

    « Vous êtes absent de la laverie entre 1 h 29 et 4 h 17 et, alors que vous vadrouillez dans le secteur, deux départs d’incendie se déclarent dans un immeuble situé sur votre parcours ? Qu’avez-vous à déclarer ?, demande l’officier.

    – Je ne sais pas. »

    Après trois jours de garde à vue, le vagabond est déféré devant la juge d’instruction Virginie Van Geyte en vue de sa mise en examen. Faute d’aveux et de preuves matérielles, son interrogatoire se focalise sur sa promenade dans le quartier au moment des faits.

    « Vous souvenez-vous avoir parlé avec un pompier ?, lui demande la magistrate

    – Oui, il m’a demandé si j’avais vu quelque chose, car quelqu’un avait provoqué un incendie. Je lui ai dit que je n’avais rien vu et que j’espérais qu’il l’attraperait, et après c’est moi qu’on a attrapé. C’est comme si j’avais prononcé une formule contre moi-même.

    – Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    – Je suis innocent, réellement innocent. »

    Mis en examen pour « dégradation par moyen dangereux ayant entraîné la mort », Mourad Sadi est incarcéré le 5 septembre à Fresnes. Il est rapidement submergé par l’angoisse : « Dès le premier jour, ça n’allait pas. Je me disais : “Mon Dieu, et s’ils n’arrêtent pas le vrai coupable ?” Les pyromanes, c’est des fous. Il a tué huit personnes quand même ! Y avait des enfants. C’est pour ça, je me voyais partir pour trente ans… »

    « Des images, des cris, des odeurs »

    L’émotion provoquée par le drame est intense, la pression médiatique forte. En désignant un suspect, les enquêteurs se sont achetés du temps. Mais ils ont un doute : la porte de l’immeuble est fermée par un digicode, et aucune empreinte de Mourad Sadi n’a été retrouvée sur la scène de crime. Un conflit de voisinage n’étant pas à exclure, les policiers s’intéressent aux occupants de l’immeuble, dont ils épluchent les relevés téléphoniques.

    Le 23 septembre 2015, ils constatent que Thibault Garagnon, le locataire du 2e, est un usager compulsif des numéros d’urgence. Au cours de l’été, il a appelé les services de police à vingt-sept reprises et quatre fois les pompiers : le 6 août pour un départ de feu imaginaire sur son paillasson, le lendemain après la découverte d’un papier brûlé dans sa boîte aux lettres, le 2 septembre pour un nouveau départ de feu dans la même boîte et, quelques heures plus tard, afin de signaler l’incendie qui fera huit morts.

    L’enquête suit son cours, les semaines s’écoulent. Seul dans sa cellule, Mourad Sadi passe ses journées à dormir, shooté au valium, et vit avec 20 euros par mois, « le pécule des indigents ». « Quand je suis entré en prison, je n’avais rien, juste mes vêtements. J’allais en promenade une heure le matin, une heure l’après-midi. Le reste du temps, je dormais et je pensais au suicide. »

    Une année passe. Le 2 septembre 2016, une cérémonie de commémoration est organisée devant l’immeuble sinistré à l’initiative de Thibault Garagnon. Le jeune homme de 19 ans pose en photo dans Le Parisien à côté de familles de victimes. « On est là pour ne pas oublier, insiste-t-il. Ce sont toujours des images qui viennent nous hanter, des cris, des odeurs. On est là aussi parce qu’on se sent abandonnés par les enquêteurs, les pouvoirs publics, les assurances… »

    « Je suis un monstre »

    Son surinvestissement dans cet anniversaire, et quelques étrangetés dans son attitude (des témoins affirment qu’il se rend presque chaque jour devant l’immeuble) intriguent les enquêteurs. Thibault Garagnon est placé sur écoute, puis interpellé le 20 septembre 2016. Bien que tardive, sa garde à vue sera un modèle de psychologie :

    « Qu’avez-vous à dire sur les faits qui vous ont conduit en garde à vue ? interroge le lieutenant de police.

    – Tout ce que j’ai fait, c’est avoir déplacé les poussettes dans le hall. Elles me gênaient… »

    Le policier lui fait remarquer qu’il vient spontanément d’évoquer les poussettes dont est parti l’incendie, pour la première fois depuis le début de l’enquête. Une brèche est ouverte. L’audition se poursuit. Après quarante-cinq minutes de conversation, l’enquêteur revient sur l’épisode des poussettes, et passe soudain au tutoiement.

    « Comment étaient initialement positionnées les poussettes quand elles vous gênaient ?

    – Elles étaient dans le hall…

    – Pourquoi ne pas avoir évoqué ce détail chez le juge ?

    – Pour moi ce n’était pas important.

    – Thibault, on sait que tu ne voulais pas provoquer ça.

    – Je suis désolé. C’était une simple allumette que j’ai mis sur les poussettes. Je pensais pas que ça partirait si loin. [Il pleure] Je vais finir en prison ?

    – Et la boîte aux lettres ?

    – Parce qu’il y avait des papiers dedans. Je sais même pas pourquoi j’ai fait ça…

    – Et l’histoire de l’incendie du paillasson, début août ?

    – Il n’y a pas eu de feu de paillasson. J’ai appelé les pompiers ce soir-là car je voulais qu’ils m’emmènent dans un hôpital psychiatrique. Je sais même pas comment, pendant un an, j’ai réussi à tout garder pour moi. (…) Le pire, c’est que j’ai réussi à me persuader moi-même que ce n’était pas moi. Je suis un monstre, je suis désolé…

    – Sais-tu qu’un individu est en prison depuis un an pour ces faits ?

    – Oui. Si j’avais su que ça se passerait comme ça… Je suis con. »

    Le lendemain de ces aveux, un surveillant ouvre la cellule de Mourad Sadi. « Il m’a dit : “T’es libérable.” C’est tout. J’ai laissé mes affaires, et je suis sorti. Personne ne m’attendait. C’était le soir. » Livré à lui-même, il fraude les transports en commun pour rejoindre la Goutte d’or. Après « un an et dix-sept jours » de cauchemar carcéral, le vagabond retourne à son errance. « J’ai fait nuit blanche en marchant. Je me suis posé rue Doudeauville avec quelques bières et j’ai fait la fête sur un coin de trottoir, tout seul… »

    Signe de l’embarras de la justice, sa libération s’est faite dans la précipitation, avant même la fin de la garde à vue de Thibault Garagnon. Les avocats du sans-abri, Mes Paul Fortin et Alexandre Luc-Walton, n’ont pas été prévenus à temps pour l’accueillir à sa sortie de prison. Ils retrouveront sa trace deux jours plus tard, à la Goutte d’or, pour lui annoncer l’arrestation du coupable.

    « Le temps qui passe »

    Voilà un an et demi que Mourad Sadi a retrouvé la rue, mais pas son innocence. Malgré l’absence de preuves à son encontre et les aveux du pyromane, le SDF qui passait par là avec un briquet dans la poche est toujours mis en examen. Le regard perdu, il touille machinalement son café, partagé entre soulagement et vertige : « J’ai été victime de la justice, mais d’un autre côté, ils ont arrêté le vrai coupable. S’il était mort dans l’incendie, je serai sans doute encore en prison. Je ne sais pas quoi en penser… »

    Mourad Sadi vit aujourd’hui avec 800 euros d’allocation adulte handicapé, mais une partie des sommes versées durant sa détention demeure bloquée sur un compte bancaire. « Il faudrait que je montre un document prouvant mon innocence », explique-t-il.

    Au regard de ses maigres ressources, il peut espérer environ 30 000 euros d’indemnisation pour l’année perdue derrière les barreaux. Encore faudrait-il, là aussi, que la justice lui accorde un non-lieu…

    En avril 2017, Me Fortin a envoyé une requête en ce sens à la juge qui instruit le dossier. Elle est restée sans réponse. En octobre, puis en novembre, il a renouvelé sa demande, en précisant que l’innocence de son client était « maintenant prouvée depuis près de quatorze mois ». Il s’est de nouveau heurté au silence de la magistrate. « La justice sait être expéditive pour envoyer un SDF en prison, constate-t-il. Elle est en revanche d’une infinie lenteur pour réparer ses erreurs. »

    De guerre lasse, l’avocat s’est résolu à saisir la chambre de l’instruction, qui a rejeté sa quatrième requête, le 11 janvier, au motif que « le temps qui passe n’altère en rien » le droit de son client à solliciter une indemnisation. « Le temps qui passe », selon la formule de la justice, est précisément ce que Mourad Sadi ne retrouvera pas : « On m’a volé un an de ma vie, dit-il. Aujourd’hui, j’aimerais juste qu’on me dise : “Tu es innocent, fin de l’histoire”. »

    #police #justice #prison

  • Enquête sur les exclus du Grand Paris, Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde 6.04.2018
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/06/enquete-sur-les-exclus-du-grand-paris_5281369_3224.html

    Au nom de la mixité sociale, de nombreux locataires en HLM ou propriétaires modestes vont être expropriés de leur logement pour faire place aux nouveaux quartiers qui seront construits autour des futures stations de métro.

    Ce soir-là, la salle communale du quartier Lallier-Bicêtre, à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), dans la banlieue sud de Paris, est pleine. Nous sommes le 8 mars et une centaine de locataires de la cité des Dahlias sont venus, inquiets, écouter le maire (UDI-LRM), Vincent Jeanbrun, et leur propriétaire, Immobilière 3F.

    La mauvaise nouvelle est confirmée : leurs trois bâtiments sont voués à la démolition pour faire place à un quartier neuf autour de la future station de métro de la ligne 14. D’ici à 2024, dans le cadre des chantiers engagés pour la construction du « Grand Paris », celle-ci les reliera au centre de Paris en vingt minutes.

    Las ! Ces 200 locataires très modestes n’en profiteront pas. « Cela fait trente ans qu’on attend le métro et on nous chasse. Il est clair que le maire ne veut plus de nous, proteste d’emblée Samia Erhel, 62 ans, interprète pour déficients auditifs, très active dans l’association des résidents des Dahlias. Et comment me retourner avec mes 900 euros de retraite ? » « C’est honteux ! Après cinquante-trois ans passés ici, comment ma femme et moi, qui sommes malades, pourrons-nous nous arracher à ce quartier ? J’en rêve la nuit », demande, révolté, Paul Leroulevillois, 91 ans, autrefois ouvrier chez Rhône-Poulenc, puis pâtissier.

    Un sonore « Ah, voilà le maire » retentit à son arrivée alors qu’il passe serrer la main à tout le monde. Durant plus d’une heure, Olivier Perret, directeur départemental d’Immobilière 3F, le bailleur social propriétaire de la cité, détaille le plan de relogement. « Vous aurez droit à trois offres et nous nous engageons à étudier votre cas pour trouver la meilleure solution dans la commune ou une commune proche. Pourquoi pas, d’ailleurs, près d’un métro ? », suggère-t-il.

    Parmi les vingt-trois familles qui ont déjà accepté une proposition, cinq iront Allée du Stade, loin de tous transports et commerces, dans une tour encore marquée du souvenir d’un terrible incendie survenu en 2005. Quatre adolescentes avaient, dans une puérile histoire de vengeance, mis le feu à une boîte aux lettres. Des émanations toxiques avaient causé la mort de dix-huit personnes.

    Un achat hors de portée

    « Je sais que ce déménagement vous tombe dessus, que vous ne l’avez pas choisi. Mais rester, cela signifie supporter six ans de travaux et de nuisances. Je me suis démené auprès de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine [ANRU] – qui finance la démolition – afin d’obtenir un droit au retour dans le quartier, pour ses habitants, en accession sociale à la propriété ou dans un logement social, au même prix », argumente l’élu.

    Mais cet engagement ne figure précisément ni dans le protocole ni dans la charte de relogement. De plus, seuls 100 logements sociaux à des prix plus élevés seront reconstruits alors que le double est détruit. Quant à acheter un appartement, cela paraît hors de portée pour cette population qui ne compte que 4 % de jeunes ménages.

    Après avoir écouté poliment durant une heure et demie, la salle commence à bouillir. Clara (son prénom a été changé car elle souhaite conserver l’anonymat) se lève, droite comme un i, son sac à main coincé sous le bras : « J’ai 63 ans, je ne veux pas déménager de là où j’ai tous mes souvenirs, tous mes meubles, et ce n’est pas à mon âge que je vais accéder à la propriété », lâche-t-elle. « Pouvons-nous être relogés à Paris ? », interroge une locataire. « Compliqué, répond M. Perret. Nous avons bien sûr du patrimoine à Paris, surtout dans le 19e arrondissement, mais qui tourne très peu. » 3F est pourtant le plus grand et le plus riche bailleur social de France, avec 12 974 appartements rien qu’à Paris, « implantés dans tous les arrondissements (à l’exception du 6e) », précise son site Internet.

    « Vous m’avez proposé un logement à Fresnes, où vous voulez m’expédier pour vivre entre deux autoroutes, c’est loin de mon travail et je n’irai pas, insiste Catherine Bourdet, la quarantaine, employée municipale à Villejuif. Je ne crois pas que cela soit utile de démolir nos immeubles pour le métro. Pourquoi ne pas les réhabiliter, comme cela était prévu dans un premier projet ? »

    Les trois barres de neuf étages auraient certes besoin d’une rénovation sérieuse, comme en a déjà bénéficié un autre immeuble de cette cité, mais qui n’a que cinq étages. « Mais il faut redessiner l’urbanisme, introduire de la mixité sociale et fonctionnelle, des commerces, de l’activité », plaident, ensemble, le maire et le bailleur social.

    « Une façon d’expulser les classes populaires »

    Ainsi, au nom de la mixité sociale, on choisit aussi d’exclure des pauvres. Selon une étude réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme en septembre 2017, ils sont nombreux à être concernés puisque 42 des 68 « quartiers de gare » du Grand Paris – c’est-à-dire dans un rayon de 800 mètres alentour – relèvent de la politique de la ville.

    Trente-sept quartiers sont en renouvellement urbain et seize des vingt-neuf nouvelles gares sont implantées à proximité de grands ensembles dont certains doivent disparaître non pour leur faire la place mais par souci de requalification du territoire. Un constat logique puisque ce réseau est justement réalisé pour désenclaver ces secteurs.

    A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), dans le quartier des Agnettes, cinq tours de logements sociaux, aux loyers faibles, étaient vouées à la démolition dans le cadre du renouvellement urbain, alors que la ligne 15 Sud du métro est prévue à l’horizon 2024.

    « Nous nous battons pour ne démolir qu’une seule tour, la plus proche de la voie ferrée. Et nous avons déjà obtenu de l’ANRU que deux soient réhabilitées, le sort des deux autres étant en suspens, défend Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers. Même si le quartier compte 100 % de logements sociaux, nous avons besoin de HLM à loyer très bas et leurs habitants ont le droit d’avoir une gare au pied de l’immeuble. Cette notion de mixité sociale est, en fait, une façon d’expulser les classes populaires et salariées, or je ne veux pas que ma commune connaisse la même ségrégation que dans les Hauts-de-Seine. »

    La Société du Grand Paris se défend de vouloir expulser ou exproprier quiconque. « Sur les 10 000 lots de terrain que nous devons acquérir, 8 000 sont des droits souterrains, appelés tréfonds, explique Benoît Labat, directeur de la valorisation et du patrimoine. Les 2 000 restants sont surtout des propriétés publiques. Nous voulons éviter au maximum les expropriations qui prennent du temps et coûtent cher, nous préférons passer sous la voirie existante. Nous aurons à exproprier très peu de logements, par exemple un pavillon à Villejuif [au sud de Paris] pour y creuser un puits d’aération, cinquante-sept lots de copropriété à Issy-les-Moulineaux [à l’ouest] ou à Aubervilliers [au nord], dans l’îlot Ferragus, où trente-trois logements sont en discussion. »

    Logements « invendables »

    Samuel Hanryon est l’un de ces trente-trois copropriétaires : « Nous subissons les travaux de la ligne 12, chaque jour, de 6 heures à 22 heures, depuis des années. Nous pensions que ces nuisances seraient balancées par une petite plus-value grâce à l’arrivée du métro au pied de notre immeuble. Aujourd’hui, on nous apprend que la ligne 15 doit, ici, se croiser avec la 12 et que nous devons partir. La société Segat, mandatée par la Société du Grand Paris, nous exproprie. Nous devions, dans un premier temps, partir en juin 2018, mais, avec le report, on ne sait plus, déplore-t-il. On est dans l’incertitude. Nos logements sont invendables et l’indemnité d’expropriation basée sur les prix anciens ne nous permettra pas de nous reloger sur place. » Selon les chiffres des notaires, le mètre carré à Aubervilliers a en effet commencé à grimper de 6,8 % en 2017.

    « Les propriétaires occupants sont mécaniquement les grands perdants de ces projets, reconnaît Me Jean-Louis Peru, avocat spécialiste. L’indemnisation, fixée très en amont et qui participe de l’économie de l’opération, ne tient, par essence, aucun compte d’une plus-value à venir. » La Société du Grand Paris comptabilise bien sûr la valorisation des terrains comme recettes.

    La troisième conséquence du Grand Paris est de favoriser la spéculation immobilière autour de certaines futures gares et d’y attirer un public d’acheteurs aisés, donc d’évincer là encore les plus modestes. Entre 2015 et 2016, dans la petite couronne, les terrains ont, selon l’Observatoire régional du foncier en Ile-de-France, gagné de 8 % à 10 % de valeur et les appartements commercialisés autour des gares se sont, en moyenne, vendus plus cher que les autres : 6 300 euros le m2, contre 6 100 euros.

    Certaines villes jouent la carte de l’accession à la propriété, au détriment du logement social, et font monter les prix, comme c’est le cas à Issy-les-Moulineaux (+ 8,2 %, en 2017) ; ou à Bagneux (+ 6,2 %). « Il y a des hausses de prix liées à la gentrification de ces communes et à la cherté de Paris qui pousse les ménages hors de la capitale », analyse Thierry Lajoie.

    Le directeur général de Grand Paris aménagement est formel : « Nous avons plutôt maîtrisé la spéculation et les prix du foncier. L’objectif du Grand Paris n’est pas d’exclure les pauvres mais, au contraire, de contribuer à la mixité sociale, en particulier dans les quartiers pavillonnaires [qui représentent 10 % des 540 000 logements affectés par le Grand Paris] où elle est faible. Sinon, nous aurons raté notre mission. »

    #Grand_Paris #logement #classes_populaires

  • Projet de réforme pénale : rien de neuf, en pire | l’Actualité des luttes
    https://actualitedesluttes.info/?p=3219

    Dans cette émission nous tenterons, avec l’aide de Pierrette Poncela spécialiste en droit pénal, de décrypter le nouveau projet de réforme pénale du gouvernement Macron. Projet qui devrait annoncer la fin de l’incarcération pour les peines de moins de 6 mois ou 1 an et le développement des peines supplémentaires dites peines alternatives (TIG, bracelet électronique), mais également voir la disparition des Cours d’assise pour certains crimes ou l’on risque moins de 20 ans. Tout un programme sécuritaire, qui renforce ce qui existe déjà… Durée : 1h. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://actualitedesluttes.info/wp-content/uploads/2018/03/180322.mp3

    • La #surpopulation_carcérale s’est intensifiée en 2016 jusqu’à atteindre un record historique en juillet : le gouvernement a alors annoncé un plan de construction de plus de 10 000 places de prison. Les nouvelles prisons – plus grandes, plus modernes et pourtant jugées plus déshumanisantes – ont pourtant été construites en nombre ces dernières années.
      https://www.prison-insider.com/fichepays/fra-2016?s=le-systeme-penitentiaire#le-systeme-penitentiaire

      Les établissements pénitentiaires sont, au 1er janvier 2016, au nombre de 187 :

      . 86 maisons d’arrêt (et 45 quartiers MA situés dans des centres pénitentiaires),
      . 94 établissements pour peines :
      . 27 centres de détention (et 39 quartiers CD situés dans des centres pénitentiaires)
      . 6 maisons centrales (et 8 quartiers MC situés dans des centres pénitentiaires)
      . 11 centres de semi-liberté (et 14 quartiers de semi-liberté ainsi que 9 quartiers pour peines aménagées situés dans des centres pénitentiaires)
      . 50 centre pénitentiaires comprenant au moins deux quartiers différents.
      . 6 établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM)
      . 1 établissement public de santé national à Fresnes.

      54 établissements en gestion privée. #PPP

  • La campagne sanglante des commandos turcs en Europe

    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/03/15/l-europe-veut-contrer-les-espions-turcs-sur-son-sol_5271240_3210.html

    Les justices européennes coopèrent pour empêcher les agents des services secrets turcs d’éliminer les responsables kurdes liés au PKK.

    Les justices européennes veulent s’attaquer aux commandos itinérants des puissants services secrets turcs (MIT) contre les dirigeants kurdes liés au PKK. Depuis 2017, la Belgique, l’Allemagne et la France ont accru leur coopération judiciaire afin d’empêcher les agents du MIT d’agir à leur guise en surveillant et en liquidant les principaux chefs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

    Cette offensive a été relancée par le dépôt d’une plainte pour « menaces de mort », le 1er décembre 2016, à Bruxelles par Remzi Kartal, l’un des principaux représentants de la communauté kurde en Belgique. Sa démarche faisait suite à la réception, sur son téléphone portable, de trois messages émis d’un numéro ukrainien. Leur contenu permettait de faire un lien direct avec des événements visant des membres de la communauté kurde en Allemagne et en France, et montrait l’étendue du périmètre d’action du MIT.

    « Tu té (sic) réjouis des déclarations de la personne de Brême. (…) Nous t’aurons toujours à l’œil jusqu’à ta mort », indiquait le premier message. L’allusion faisait référence à l’arrestation, fin 2016, à Brême, de Mehmet Fatih Sayan, suspecté de s’être fait passer pour un journaliste de la télévision kurde afin d’espionner les principales figures kurdes, dont Yuksel Koc, président de l’association des Kurdes d’Allemagne. Dénoncé par son ex-compagne, Sayan, présenté par le procureur, lors de son procès à Hambourg en octobre 2017, comme « un agent du MIT depuis 2013 », a été jugé pour espionnage. Il a été remis en liberté et n’a écopé que d’une faible peine, faute « de preuves », a dit le tribunal.

    Le deuxième message – « nous avons donné la mort à ceux qui devaient être éliminés (…) un hasard que tu aies pu t’échapper » – évoquait l’assassinat, à Paris le 9 janvier 2013, de trois hautes responsables du mouvement kurde en France, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez au siège du Centre d’information du Kurdistan (CIK). Le 16 janvier, Omer Güney, le chauffeur Mme Cansiz, l’une des fondatrices du PKK, se rendait à la police pour aider les enquêteurs. De témoin, il devenait vite le seul auteur présumé. La justice française a estimé qu’il travaillait pour le MIT et l’a renvoyé devant la Cour d’assises, mais l’action publique s’est éteinte avant qu’il soit jugé, après son décès de maladie, en décembre 2016.

    Un policier et « un tireur d’élite »

    Enfin, le troisième message – « nous allons faire en sorte que les gens qui t’entourent t’abattent » – faisait écho à d’autres éléments fournis par Remzi Kartal qui ont permis aux enquêteurs belges d’étendre, en juin 2017, le champ de leurs investigations. Il est, en effet, apparu qu’un salarié d’origine kurde, Haci A., avait été approché par son employeur, habitant à Lovendegem, en Belgique, pour qu’il travaille pour le « gouvernement turc », selon un document judiciaire belge. Cet homme a alors tenté de recueillir des informations sur Remzi Kartal et Zubeyir Aydar, un autre dirigeant kurde en Belgique, avant qu’il lui soit demandé de passer à l’étape suivante : « Liquider les personnes concernées », d’après le même document.

    Placés sous surveillance, Haci A. et ses deux agents traitants ont été contrôlés, le 14 juin 2017, par des policiers à Bruxelles dans un véhicule immatriculé en France. Ces derniers, qui communiquaient avec des numéros de téléphone français, montrèrent leur carte de police turque en guise de papier d’identité. Le chauffeur et propriétaire de la voiture résidait, lui, à Argenteuil (Val-d’Oise). Deux jours plus tard, selon la justice belge, ces deux hommes rencontraient quatre autres Turcs, à Paris. Parmi eux, selon la même source, se trouvaient un policier turc de haut rang et « un tireur d’élite ».

    La présence en France de ces individus a conduit la justice belge à émettre, le 14 octobre 2017, « une décision d’enquête européenne » par laquelle elle sollicitait l’aide du ministère public pour obtenir des éléments sur leurs agissements en France, susceptibles d’être rattachés au MIT. Des soupçons renforcés par le rôle de « coordination » des activités du MIT en Europe prêté, par la Belgique, dans sa demande d’entraide, à un haut responsable de la diplomatie turque à Paris.

    La France avait déjà eu connaissance de menaces visant Remzi Kartal. Le réquisitoire définitif du 9 juillet 2015, dans l’affaire du triple homicide contre les dirigeantes kurdes à Paris, avait déjà conclu qu’Omer Güney, un Turc ultranationaliste infiltré, avait participé à une campagne d’assassinats lancée par le MIT, visant les cadres du PKK en Europe, « dont Remzi Kartal ». Que son nom apparaisse de nouveau, en tant que cible du MIT, montre que les services secrets turcs n’auraient pas cessé, depuis 2012, jusqu’à aujourd’hui, de traquer les responsables kurdes en Europe.

    La sonorisation des parloirs d’Omer Güney, lors de son incarcération à Fresnes (Val-de-Marne), avait, par ailleurs, montré les liens étroits existant entre le suspect et des agents du MIT en Allemagne et en Belgique. Des perquisitions menées par la police allemande avaient même confirmé le projet d’évasion de Güney monté avec l’appui logistique du MIT, prévue lors d’un séjour à l’hôpital parisien de la Salpêtrière. Dans son enquête actuelle, la justice belge a, d’ailleurs, saisi son homologue allemande au regard de nombreux éléments de l’affaire Kartal rattachés à son territoire.

    « Impunité »

    Le gouvernement turc a toujours nié être impliqué dans les opérations visant les dirigeants kurdes en Europe. Le MIT a démenti, publiquement, le 14 janvier 2014, les accusations le concernant, notamment celles sur le triple assassinat à Paris. Fortes des éléments fournis par la Belgique et faute d’avoir obtenu justice, les familles des trois victimes ont déposé, lundi 12 mars, à Paris, une nouvelle plainte contre les coauteurs de ces assassinats en soulignant « la connexité qui paraissait exister entre ces entreprises criminelles en Europe ». Selon l’un de leurs avocats, Me Antoine Comte, « l’impunité de ce genre de crime, parce que la Turquie serait un pays ami, constitue un grave danger pour les opposants politiques réfugiés à Paris ».

    Interrogé par Le Monde, Adem Uzun, principale figure du conseil exécutif du Congrès national du Kurdistan (KNK), basé à Bruxelles, qui fédère la communauté kurde en Europe, s’est dit peu optimiste sur l’avancée de la justice européenne face aux intérêts des gouvernements. « Les pays européens ne veulent pas d’assassinats en pleine rue, d’où les tactiques d’infiltration douce du MIT, mais je ne suis pas sûr que l’Europe se soucie pour autant du sort des responsables kurdes sur son sol. A ce jour, quand la justice fonctionne, c’est davantage pour dire à Ankara : “Attention, on sait ce que vous faites”, que pour condamner. Au grand jour, la Turquie dit respecter les traités internationaux mais, en réalité, elle agit comme un Etat bandit. »

  • Psychiatrie : des « traitements inhumains » à l’hôpital de Saint-Etienne
    http://www.lemonde.fr/sante/article/2018/03/01/psychiatrie-des-traitements-inhumains-a-l-hopital-de-saint-etienne_5263957_1

    La dernière fois que le Contrôleur général des lieux de privation de liberté avait fait usage de la procédure d’urgence pour alerter publiquement le gouvernement sur une situation qu’il jugeait alarmante, c’était en décembre 2016 au sujet de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), notoirement insalubre et occupée à plus de 200 %.

    Les mêmes termes de « traitement inhumain ou dégradant », se retrouvent aujourd’hui sous sa plume au sujet des conditions de vie de certaines personnes hospitalisées au pôle de psychiatrie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Saint-Etienne.

    Les constats établis lors d’une visite réalisée du 8 au 15 janvier, résumés dans ses recommandations publiées au Journal officiel (JO) du jeudi 1er mars, sont édifiants. Faute de lits disponibles en psychiatrie, certains patients sont stockés au service des urgences. Au moment du passage du Contrôleur général, cinq patients relevant de la psychiatrie se trouvaient ainsi aux urgences générales du CHU depuis trois ou sept jours. « Ils n’avaient pu ni se laver, ni se changer, ni avoir accès à leur téléphone portable », écrit Adeline Hazan, la contrôleure générale.
    « Pratique générale d’isolement et de contention »

    Au total, les urgences de l’hôpital accueillaient, à la mi-janvier, vingt patients de psychiatrie, dont treize étaient sur des brancards dans les couloirs. Sept personnes « faisaient l’objet de contentions au niveau des pieds et d’une ou des deux mains », qu’elles soient sous le régime de l’hospitalisation sans consentement ou en soins libres.

    Depuis sa nomination en 2014, Adeline Hazan a accentué l’inspection, en plus des établissements pénitentiaires, des lieux de privation de liberté que sont aussi les hôpitaux et les unités psychiatriques. Son objectif est que chaque établissement soit visité au moins une fois d’ici à la fin de son mandat, en 2020. Aucun signalement n’avait attiré son attention sur le CHU de Saint-Etienne avant sa visite de routine.

    Lire aussi : « Troubles psychiques et problèmes de santé mentale ne sont plus seulement des questions de santé »

    Dans le service de psychiatrie (216 lits) de l’établissement de la Loire, la situation ne semble pas plus conforme au droit. « Une patiente non agitée mais souffrant de troubles compulsifs est ainsi placée en isolement dans sa chambre ordinaire depuis plusieurs mois, avec porte des toilettes fermée à clé et quatre sorties d’un quart d’heure autorisées par jour pour fumer », note l’autorité indépendante. En l’absence de « projet médical de pôle », l’hôpital recourt de manière abusive à « une pratique générale d’isolement et de contention ».
    « Le patient, un sujet de droit »

    Selon les règles publiées en mars 2017 par la Haute Autorité de santé, un patient susceptible d’être dangereux pour lui-même ou pour les autres ne devrait pas être enfermé plus de douze heures et attaché plus de six, même si des prolongations limitées sont possibles. Au CHU de Saint-Etienne, l’isolement et la contention sont décidés « de manière fréquente » pour des durées de plusieurs jours.

    « En matière de psychiatrie, le patient ne doit plus être un objet de soins, mais un sujet de droit », a l’habitude de dire la contrôleure générale. Elle dresse une liste de recommandations pour faire cesser « immédiatement », ces violations de la dignité et des droits des patients.

    Le ministère de la santé, qui avait trois semaines pour lui répondre avant publication au JO, ne l’a pas encore fait. En revanche le contrôleur a reçu un courrier du directeur de l’hôpital qui témoigne « d’une réelle volonté de changement ».

    • « Accueil des patients de psychiatrie : au CHU de Saint-Etienne, la parole se libère » tandis que la contention aggrave également la santé des vieux
      http://www.lemonde.fr/sante/article/2018/03/17/accueil-des-patients-de-psychiatrie-au-chu-de-saint-etienne-la-parole-se-lib

      Personnels médicaux et paramédicaux, médecins, cadres, infirmiers, psychologues, assistants sociaux… à l’initiative des syndicats, un collectif a été créé le 27 février, qui s’est déjà réuni deux fois. Il entend faire des propositions à la direction pour pallier les dysfonctionnements pointés par les contrôleurs lors de leur visite du 8 au 15 janvier et réclamer à nouveau l’obtention de moyens supplémentaires à l’Agence régionale de santé. Les syndicats restent cependant circonspects : « On ne parle pas le même langage », notent des représentants CGT et FO. Depuis 2005, une logique financière prime. Priorité a été donnée au retour à l’équilibre budgétaire – en 2016, le CHU a affiché un excédent net consolidé de 7,5 millions d’euros. Les alertes multiples lancées par les syndicats sur la situation du pôle psychiatrie, l’embolie des urgences, les contentions abusives, n’ont guère été prises en considération, avancent-ils.

      La situation s’est dégradée depuis la fermeture de l’hôpital psychiatrique de Saint-Jean-Bonnefonds transféré sur le site de l’hôpital Nord du CHU en 2004. La fermeture d’un service à l’hôpital Bellevue en 2017 n’a rien arrangé. La création d’une équipe mobile en soins ambulatoires est certes « louable », disent les infirmiers, mais elle ne dispose pas d’« assez de moyens humains et logistiques ». La vétusté de certains bâtiments, l’institutionnalisation de la contention partielle ou totale, le déficit en médecins, tentés par le privé, toutes ces questions ont été soulevées lors d’une assemblée générale houleuse fin janvier devant le directeur général et le chef du pôle de psychiatrie. La grande majorité des 150 salariés présents a eu l’impression d’être traitée par le mépris. « On nous a dit qu’on était des doctrino-populistes », déplorent les infirmiers.

      Etat de santé dégradé
      Après la parution du rapport, une famille – tous les proches des malades tiennent à rester anonymes – a contacté Le Monde pour témoigner de mauvais traitements constatés ailleurs. Dans un service de l’unité neuro-psycho-gériatrique à l’hôpital de la Charité dans le centre de Saint-Etienne, composante du CHU, elle a trouvé des personnes âgées attachées dans des fauteuils dans la salle à manger ou entravées dans leur lit par des liens de contention pelvienne ou/et au pied, des boîtes de liens au-dessus des armoires ou stockées dans des placards.

      D’autres familles contactées au téléphone font le même constat : l’état de santé de leur proche s’est dégradé après l’admission dans des services de gériatrie. Autonomes physiquement à leur entrée, ils sont vite devenus dépendants.
      « Est-ce que la personne (et sa famille) est respectée dans sa dignité ? Est-ce une atteinte à ses libertés ? N’y a-t-il pas d’autres moyens à trouver plutôt que de choisir l’option contention systématique ? Parce que dans ces conditions, quiconque attaché pendant des heures, de jour comme de nuit, ne pourra que perdre sa dignité humaine », dénonce la parente d’une personne qui a été hospitalisée dans cette unité et qui refuse cette fatalité.
      Interrogée sur ces situations, Floriane Loctin, directrice de cabinet du directeur général du CHU, estime qu’il « ne faut pas tout mélanger. Le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté porte uniquement sur le pôle de psychiatrie ». Elle indique qu’un groupe travaille depuis plusieurs années sur les questions de la bientraitance et de la maltraitance des personnes âgées, sur la contention, en relation avec des familles. Travaux qui ont donné lieu à des publications.
      Le CHU n’a pas contesté les observations du CGLPL. Mme Loctin explique que « les problèmes soulevés avaient été repérés par l’institution depuis plusieurs années, les mesures prises pour y remédier n’ayant pas suffi dans une période de particulière densité en termes d’activité, comme ce fut le cas du 8 au 15 janvier ». Un plan d’action « énergique » a été mis en œuvre, une « enquête administrative et des audits diligentés ». Une réflexion sur un projet médical pour le pôle psychiatrique recommandée par le CGLPL et réclamée plusieurs fois en vain jusqu’à présent par le CHSCT va notamment être engagée.

      #psychiatrie #logique_comptable #contention

  • Paris : soyons nombreux pour le procès en appel d’Alfidel, le 15 février 2018
    https://fr.squat.net/2018/01/26/paris-soyons-nombreux-pour-le-proces-en-appel-dalfidel-le-15-fevrier-2018

    Notre camarade Alfidel a été condamné à un an de prison ferme pour une tentative de squat assimilée par la justice à une tentative de cambriolage. Suite au renvoi de l’audience du 28 décembre, il repasse devant la cour d’appel de Paris le 15 février. Alfidel est enfermé depuis le 25 octobre à Fresnes, pour une soi-disant tentative […]

    https://www.lepotcommun.fr/pot/ti8bq3nq

  • Prison : des téléphones fixes vont être installés dans chaque cellule - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/01/02/prison-des-telephones-fixes-vont-etre-installes-dans-chaque-cellule_16199

    Pour endiguer le trafic de #portables et favoriser le maintien des liens familiaux, le ministère de la Justice a lancé un appel d’offres pour équiper progressivement les cellules. Les détenus pourront ainsi appeler quatre numéros autorisés par un juge ou l’administration.

    En août, peu de temps après sa nomination, la ministre de la Justice Nicole Belloubet s’était illustrée par une déclaration plutôt audacieuse. Tranchant avec le discours de ses prédécesseurs, elle avait estimé, au sujet des téléphones en prison, que l’idée n’avait « rien d’absurde. […] Il faut donner aux détenus des moyens de communication. Par des portables contrôlés ou des lignes fixes ». Un flot de fantasmes carcéraux et réactions politiques hostiles n’avaient pas tardé, dont celle de Georges Fenech, ancien député et secrétaire national du parti Les Républicains, s’enflammant sur Twitter : « Stupéfaction ! La ministre de la Justice favorable au portable en prison ! La garantie du lien avec Daech. »

    Cinq mois plus tard, la ministre confirme son intention et tranche : ce ne seront pas des portables bridés mais des lignes fixes qui feront leur apparition dans les cellules. Contactée par Libération, la chancellerie résume : « L’idée est de maintenir le lien avec la famille et d’apaiser les tensions en détention. » Chaque détenu pourra appeler des correspondants parmi une liste de quatre numéros préalablement validés par les magistrats ou l’administration pénitentiaire. Selon les révélations du Monde, ce mardi, le ministère a lancé un appel d’offres en novembre – qui s’inscrit dans le cadre d’un renouvellement de concession du marché des « point-phones » – afin d’équiper les 45 000 cellules (en dehors des quartiers disciplinaires). Le contrat devrait être signé au printemps.

    « Point-phones » ou portables clandestins

    C’est une petite révolution dans le monde carcéral. « Nous saluons cette initiative qui va renforcer les liens et les possibilités de communication vers l’extérieur », déclare François Bès, coordinateur du pôle enquête à l’Observatoire international des prisons (OIP). Le sujet est en effet sensible, comme tous ceux qui ont trait à la délicate articulation entre libertés fondamentales et exigences de sécurité. Pour preuve, le téléphone a fait une entrée tardive entre les murs. Il a fallu attendre la loi pénitentiaire de 2009 pour que les condamnés, mais aussi les prévenus, puissent y avoir accès. « Les personnes détenues ont le droit de téléphoner aux membres de leur famille. Elles peuvent être autorisées à téléphoner à d’autres personnes pour préparer leur réinsertion. Dans tous les cas, les prévenus doivent obtenir l’autorisation de l’autorité judiciaire », précise l’article 39. Aujourd’hui, les détenus disposent non pas de cabines mais de « point-phones », répartis dans les coursives et les promenades et dont l’utilisation est strictement contrôlée. Chacun doit respecter une liste de contacts autorisés et des créneaux définis (généralement de 9 à 11 heures, puis de 14 à 16 heures). Cet encadrement génère plusieurs difficultés : le manque de confidentialité des échanges, le coût élevé de communication, la difficulté à joindre un conjoint qui travaille ou des enfants à l’école.

    Par conséquent, les « point-phones » sont volontiers délaissés au profit des portables clandestins qui fourmillent en détention : on estime que chaque détenu en possède un. Selon l’administration pénitentiaire, au premier semestre 2017, 19 339 téléphones et accessoires (puces, chargeurs, etc.) ont été découverts. Ils franchissent souvent les murailles par la voie des airs ou se faufilent discrètement via les parloirs. Certains surveillants ont également été épinglés pour corruption. C’est donc non seulement pour favoriser le maintien des liens familiaux, essentiels pour la réinsertion des détenus, mais aussi pour lutter contre ces trafics que la chancellerie a opté pour l’installation de postes fixes. A l’origine du projet, il y a une expérimentation, depuis 2016, dans les 290 cellules de la prison de Montmédy (Meuse). Si l’on ne peut pas parler d’éradication des portables, les effets sont tout de même encourageants : les saisies ont baissé de 30% sur le premier trimestre 2017. « Ça ne règle pas le problème des trafics mais ça les apaise », explique-t-on en interne.

    « Des factures de 150 à 200 euros par mois »

    Reste à savoir quels seront les tarifs en vigueur concernant les nouvelles installations. « L’appel d’offres parle de facturation à la minute, remarque François Bès. Or aujourd’hui, on est autour de 70 centimes dans la plupart des établissements. Certains détenus, à Réau en Seine-et-Marne, nous ont raconté qu’ils avaient des factures de 150 à 200 euros par mois ! Certes, à Montmédy, les tarifs ont été négociés à 20% à la baisse mais ça reste cher ». D’après la chancellerie, la société choisie prendra financièrement en charge l’ensemble de l’opération et sera rémunérée par le prix des communications payées par les détenus. « La concession sur dix ans devrait leur permettre d’avoir des tarifs plus abordables qu’à Montmédy », explique-t-on. Pour autant, cela ne marque pas la fin de la chasse aux portables illégaux. En parallèle, des brouilleurs « rebootés en permanence pour s’adapter aux nouvelles technologies » seront installés dans tous les établissements pénitentiaires.
    Julie Brafman

    Je les trouve totalement à côté de la plaque ! Pourquoi passer par un tel système avec des appels aussi chers et qui plus est placés sur écoute alors qu’on peut avoir un portable clandestin qui sera beaucoup plus pratique et moins cher ? Sûrement parce que ça nécessite encore une fois de passer par une entreprise privée qui va pouvoir s’en mettre plein les poches !
    #prison #administration_pénitentiaire #téléphone

  • #Paris : audience en appel de notre camarade Alfidel, le 28 décembre 2017 au TGI
    https://fr.squat.net/2017/12/27/paris-audience-en-appel-de-notre-camarade-alfidel

    Alfidel est emprisonné à Fresnes depuis le 25 octobre pour une tentative de squat, considérée par la justice comme une tentative de cambriolage. Il passe en appel au TGI de Paris le 28 décembre à 9h, soyons nombreux à assister à l’audience pour le soutenir. Pour rappel, nous racontions dans un précédent texte : Le mardi […]

    #prison #procès #rassemblement #sans-papiers #Val_de_Marne

  • L’intégrale de M. Kader – Épris de justice | Chroniques judiciaires
    http://www.epris-de-justice.info/lintegrale-de-m-kader
    /content/images/2017/03/Couv-Vignette-3.jpeg

    Sur le papier, il y avait une chance. Monsieur Kader avait un métier, un appartement dont il était propriétaire. Il était un laborieux petit possédant, donc, un bon citoyen. Par ailleurs, la justice ne pouvait feindre d’éprouver la crainte de le voir s’enfuir. Il était en effet en Algérie, en vacances, lorsqu’on l’avait appelé et il en était revenu, toutes affaires cessantes. Qui aurait pu croire qu’il voulait rester là-bas. Certes, il était algérien, mais il vivait à Paris depuis ses quinze ans. Il était aussi à l’aise en Algérie qu’un poisson au Sahara.

    Mais justement, Monsieur Kader était algérien. Enfin, algérien, ce n’était pas vraiment le problème. Il était arabe. Il était sans famille, sans gros patrimoine, accusé par des gens bien établis, poursuivi par la fureur de pères courroucés aux solides appuis.

    Et puis, il niait. La justice n’aime pas ceux qui se défendent. Elle veut ses sujets courbés. Ceux qui redressent la tête, elle éprouve le désir de les ranger, afin qu’on les voit le moins possible. C’est ce qui se produisit avec Monsieur Kader. Il partit vers Fresnes, une prison à laquelle on accède par l’avenue de la Liberté. L’Etat a toujours excellé dans l’art de se foutre subtilement de la gueule de ses sujets.

  • Flashball lors d’une manif à Cachan : une lycéenne perd un oeil | 94 Citoyens
    https://94.citoyens.com/2017/flashball-lors-dune-manif-a-cachan-lyceenne-perd-oeil,26-11-2017.html

    Alors qu’un groupe d’élèves du lycée Gustave Eiffel de Cachan manifestaient ce vendredi 24 novembre contre l’esclavage de migrants africains en Libye, après avoir commencé par un blocus de l’établissement, la situation a dégénéré.

    Pour disperser le rassemblement, la police est intervenue avec des bombes lacrymogènes et tirs de flashball. Une lycéenne a été gravement blessée à l’oeil, dont elle aurait perdu l’usage. Une enquête est en cours pour préciser le déroulement des événements et les responsabilités de chacun.

    « Cela illustre une fois de plus la répression systématique que subit la jeunesse des quartiers populaires de la part des forces de police dès qu’elle ose élever la voix, même pour une cause aussi universelle que la lutte contre l’esclavage. De plus, cela démontre, encore une fois, l’urgence d’interdire l’usage de cette arme destructrice qu’est le flashball, arme qui a déjà provoqué la mutilation de centaines de personnes à travers le pays« , ont réagi les syndicats Sud Education et Solidaires du Val-de-Marne.

    Au mois de mars, des manifestations étudiantes avaient déjà dégénéré à Cachan et à Fresnes.

    • Pas de trace dans les médias, la jeune a 16 ans, est en famille d’accueil et apparemment, elle n’était pas venue pour la manif et venait juste voir ce qu’il se passait...
      Non lieu prévu et silence radio !!!

  • Un an ferme pour une tentative d’ouverture de squat ! - Paris-luttes.info
    https://paris-luttes.info/un-an-ferme-pour-une-tentative-d-9117

    Le mardi 24 octobre, plusieurs camarades ont tenté de rentrer dans une maison vide afin d’y élire leur domicile. La surveillance bourgeoise de la propriété privée ne cesse de se perfectionner et la maison était équipée d’un système d’alarme. Tous les camarades ont réussi à prendre la fuite sauf l’un d’eux qui, resté en arrière, s’est fait arrêter, et emprisonner...

    Les policiers ont entamé une enquête pour tentative de cambriolage, bien que la maison soit inoccupée et que les propriétaires eux-mêmes aient reconnu plus tard que, des quelques affaires laissées sur place, rien n’avait disparu.
    Le camarade arrêté n’a pas de papiers et ne peut pas prouver son identité. Déféré pour une comparution immédiate au TGI de Créteil, il a été jugé immédiatement. Il a alors écopé d’une peine d’un an ferme pour un cambriolage sans objet volé...et se trouve actuellement incarcéré à la maison d’arrêt de Fresnes en attendant le procès en appel.

    L’emprisonnement d’Alfidel est l’aboutissement provisoire d’une existence très mouvementée, au cours de laquelle il n’a cessé de se faire malmener par les pouvoirs en place et de se débattre.
    Né au Tchad dans les années 80, il a participé encore mineur à une rébellion contre le dictateur Idriss Déby. Blessé grièvement et sommairement soigné (il en garde de graves séquelles), il est emprisonné jusqu’à ce qu’une autre rébellion, s’emparant momentanément de la capitale N’Djamena et ouvrant les portes de la prison, lui permette de s’enfuir. Il s’installe ensuite en Lybie, mais la guerre civile et la chute de Khadafi le poussent de nouveau à la fuite, d’autant plus que les populations noires sont persécutées pour leur soi disant complicité avec le dictateur (en fait, Déby avait envoyé des troupes auxiliaires pour soutenir son confrère).

    #logement #squat #criminalisation #justice #prison

  • Deux opérations escargot sur l’A1, plus de 130 kilomètres de bouchon dans la région
    http://www.lavoixdunord.fr/216723/article/2017-09-12/deux-operations-escargot-sur-l-a1-plus-de-130-kilometres-de-bouchon-dan

    L’A1 a été coupée à la circulation ce mardi matin de 7h50 à 9 heures, en direction de Lille, au niveau du péage de Fresnes-lès-Montauban en raison d’une opération escargot. L’opération escargot est toujours en cours à 9h15 mais l’A1 est rouverte. Une deuxième manif a lieu sur l’A1, en direction de Paris cette fois, entraînant un bouchon monstre sur l’A25, le périf sud de Lille puis l’A1 (jusque Carvin). Toute la métropole lilloise est saturée. À 9 heures, on enregistre 130 kilomètres de bouchons sur les routes de la région.

    #12septembre #LoiTravail #FrontSocial #Lille

  • Le Conseil d’Etat refuse d’agir face à la surpopulation carcérale de la prison de Fresnes
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/07/28/le-conseil-d-etat-refuse-d-agir-face-a-la-surpopulation-carcerale-de-la-pris

    Saisi du dossier, le Conseil d’Etat a confirmé ce rejet en appel. Les conditions de détention à Fresnes « sont de nature à porter atteinte à la vie privée des détenus et de les exposer à des traitements inhumains et dégradants », a reconnu la juridiction administrative suprême, dans un communiqué expliquant sa décision.

    Mais l’atteinte aux libertés fondamentales « doit s’apprécier en tenant compte des moyens de l’autorité administrative compétente et des mesures (...) déjà prises », estime le Conseil d’Etat.

    Dans le cas de Fresnes, « aucune atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ne peut être retenue » selon lui : l’administration pénitentiaire reste dépendante de l’autorité judiciaire qui détermine l’afflux de détenus. Et la lutte contre les nuisibles est déjà en cours.

    Le Conseil d’Etat a également insisté sur le rôle du juge administratif, limité aux mesures d’urgence comme celles ordonnées à Melun. Les travaux et les moyens réclamés par l’OIP « sont des mesures d’ordre structurel, insusceptibles d’être mises en œuvre et d’avoir des effets à bref délai », estime-t-il.

    #prison

  • A la #prison de Fresnes, le rapport de la #CGLPL sans précédent (14/12/2016)
    http://lemonde.fr/police-justice/article/2016/12/14/la-controleure-des-prisons-alerte-sur-le-traitement-inhumain-des-detenus-a-f

    Dans son courrier de réponse adressé le 13 décembre à Mme Hazan, Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la justice, reconnaît lui-même que la maison d’arrêt des hommes affiche un taux d’occupation de 202 % avec 2 474 détenus pour 1 226 places.

    C’est d’ailleurs dans cette même prison de Fresnes que le ministre avait convoqué une conférence de presse le 20 septembre pour dévoiler son plan baptisé « En finir avec la surpopulation carcérale ». Mais là où la contrôleure générale demande des mesures urgentes comme « la suppression immédiate des encellulements à trois », le ministre répond que trois nouvelles maisons d’arrêt pourraient sortir de terre en Ile-de-France d’ici cinq ou dix ans.

    via @isskein

  • La contrôleure des prisons dénonce un « traitement inhumain » des détenus à Fresnes
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/12831-la-controleure-des-prisons-denonce-un-traitement-inhumain-des-deten

    (c) Patrck Kovarik, AFP | Une cellule de la prison de Fresnes, le 20 septembre 2016.

    La contrôleure des prisons a publié mercredi des observations accablantes sur le centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne). Les conditions de vie des détenus "constituent un traitement inhumain ou dégradant", peut-on lire dans son rapport.

    Un établissement plein à craquer, envahi par les rats, où certains surveillants débordés ont développé des habitudes violentes : la contrôleure des prisons Adeline Hazan a publié mercredi des observations accablantes sur le centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), caractéristiques d’une "cocotte-minute prête à exploser" selon les syndicats.

    Plusieurs agents du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), organe dirigé par (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce jeudi 15 décembre 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12830-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, Jeudi 15 Décembre, petit à petit on se rapproche de Noël, de notre coté nous avons déjà commandé et reçu une bonne partie des cadeaux, et nous allons aller chercher notre sapin samedi, cela parrait bateau mais pour moi Noël est une fête qui reste importante, beaucoup de nos jours n’y voie que l’occasion de recevoir des cadeaux, mais personellement je le ressent plus comme un moyen de communier et de passer un bon moment en famille, et oui la famille, cette cible privilégié de nos sociétés moderne.

    En attendant le 24 décembre, voici les informations du jour.

    Amicalement,

    f.

    Actualités françaises :

    15.12.2016

    La contrôleure des prisons dénonce un "traitement inhumain" des détenus à Fresnes (France 24.com)

    Opération transparence sur le prix des maisons de retraite (France tv (...)

    #En_vedette