city:guantanamo

  • La paix est un cliché : lorsque l’Occident ne peut pas contrôler le monde sans opposition, cela signifie la guerre Andre Vltchek - Traduit de l’anglais par Diane Gilliard pour Investig’Action 6 Juin 2018
    https://www.investigaction.net/fr/la-paix-est-un-cliche-lorsque-loccident-ne-peut-pas-controler-le-mon

    L’Occident aime à se penser comme une « partie du monde qui aime la paix ». Mais est-ce le cas ? Vous l’entendez partout, de l’Europe à l’Amérique du Nord puis à l’Australie, avant de revenir en Europe : « Paix, paix, paix ! » . C’est devenu un cliché, un slogan, une recette pour obtenir des financements, de la sympathie et du soutien. Vous dites « la paix » et vous ne pouvez vraiment pas vous tromper. Cela veut dire que vous êtes un être humain compatissant et raisonnable.
     
    Dédié à mon ami, le philosophe John Cobb, Jr.


    Chaque année, des « conférences pour la paix » sont organisées partout où la paix est vénérée et même exigée. J’ai récemment assisté à l’une d’elles en tant qu’orateur principal, sur la côte ouest du Danemark.

    Si un poids lourd des correspondants de guerre comme moi y assiste, il sera choqué. Les thèmes de discussion habituels y sont superficiels et choisis pour qu’on se sente bien.

    Au mieux, « à quel point le capitalisme est mauvais » et comment « tout tient au pétrole ». Rien sur la culture génocidaire de l’Occident. Rien sur les pillages permanents et séculaires et les avantages que pratiquement tous les Occidentaux en retirent.

    Au pire, il s’agit de savoir combien le monde est mauvais – le cliché « les gens sont tous les mêmes ». Il y a aussi de plus en plus de sorties bizarres et mal informées contre la Chine et la Russie, souvent qualifiées par les néocons occidentaux de « menaces » et de « puissances rivales ».

    Les participants à ces rassemblements s’accordent pour dire que « la paix est bonne » et que « la guerre est mauvaise ». Ces déclarations sont suivies de grandes ovations et de petites tapes mutuelles dans le dos. Peu de larmes sincères sont versées.


    Les raisons de ces démonstrations sont cependant rarement interrogées. Après tout, qui demanderait la guerre ? Qui aurait envie de violence, de blessures horribles et de mort ? Qui voudrait voir des villes rasées et carbonisées et des bébés abandonnés en pleurs ? Tous cela semble très simple et très logique.

    Mais alors pourquoi entendons-nous si rarement ce « discours de paix » de la part des pays africains dévastés et toujours colonisés de fait ou du Moyen-Orient ? Ne sont-ce pas eux qui souffrent le plus ? Ne devraient-ils pas rêver de paix ? Ou, peut-être, sommes-nous tous en train de manquer l’élément essentiel ?

    Mon amie Arundhati Roy, une grande écrivaine et intellectuelle indienne, a écrit en 2001, en réaction à la « guerre contre le terrorisme » occidentale : « Lorsqu’il a annoncé les frappes aériennes, le président George Bush a dit : “Nos sommes une nation pacifique.” L’ambassadeur préféré de l’Amérique, Tony Blair (qui occupe également le poste de Premier ministre du Royaume-Uni) lui a fait écho : “Nous sommes un peuple pacifique.” Maintenant, nous savons. Les porcs sont des chevaux. Les filles sont des garçons. La guerre, c’est la paix. »

    Lorsqu’elle sort de la bouche des Occidentaux, la « paix » est-elle vraiment la paix, la « guerre » est-elle vraiment une guerre ?

    Les habitants de cet « Occident libre et démocratique » ont-ils encore le droit de poser ces questions ?

    Ou la guerre et la paix, et la perception de la paix, ne sont-elles qu’une partie du dogme qu’il n’est pas permis de contester et qui est « protégé » par la culture occidentale et ses lois ?

    Je ne vis pas en Occident et je ne veux pas y vivre. Par conséquent, je ne suis pas sûr de ce qu’ils sont autorisés à dire et à remettre en question là-bas. Mais nous, les chanceux qui sommes « à l’extérieur » et donc pas totalement conditionnés, contrôlés et endoctrinés, nous ne cesserons certainement pas de poser ces questions de sitôt ; ou, pour être précis, jamais !


    J’ai reçu récemment par le biais de Whatsapp une chaîne de messages de mes amis et camarades d’Afrique de l’Est – pour la plupart des jeunes de gauche, des leaders révolutionnaires, des intellectuels et des militants :

    « L’Afrique libre est une Afrique socialiste ! Nous sommes prêts pour la guerre ! Les jeunes Africains sont en feu ! Mort aux forces impérialistes ! Vive la Révolution bolivarienne ! Coopération Sud-Sud !

    Aujourd’hui, nous menons la bataille dans les rues ! L’Afrique doit s’unir ! »

    De telles déclarations pourraient paraître « violentes » et donc même être qualifiées d’« illégales » si elles étaient prononcées ouvertement en Occident. Quelqu’un pourrait finir à Guantanamo pour cela, ou dans une « prison secrète de la CIA ». Il y a quelques semaines, j’ai parlé directement à ces jeunes – des dirigeants de l’opposition de gauche en Afrique de l’Est – à l’ambassade du Venezuela à Nairobi, au Kenya. Oui, ils étaient en ébullition, ils étaient outragés, déterminés et prêts.

    Pour ceux qui ne connaissent pas bien le continent, le #Kenya a été pendant des années et des décennies, un avant-poste de l’impérialisme britannique, américain et même israélien en Afrique de l’Est. Il jouait le même rôle que l’Allemagne de l’Ouest pendant la guerre froide : un paradis du lèche-vitrine, rempli de biens et de services de luxe.


    Dans le passé, le Kenya était censé éclipser l’expérience socialiste de la Tanzanie dirigée par Nyerere.

    Aujourd’hui, environ 60% des Kenyans vivent dans des bidonvilles, dont certains sont parmi les plus durs d’Afrique. Certaines de ces « implantations », comme Mathare et Kibera, abritent au moins un million de personnes dans les conditions les plus abjectes et les plus terribles. Il y a quatre ans, lorsque je réalisais mon film documentaire dans ces bidonvilles, pour le réseau sud-américain TeleSur, j’ai écrit :

    « … Officiellement, il y a la paix au Kenya. Pendant des décennies, le Kenya a fonctionné comme un État client de l’Occident, mettant en place un régime de marché sauvage, accueillant des bases militaires étrangères. Des milliards de dollars y ont été faits. Mais presque nulle part sur la terre la misère n’est plus brutale qu’ici. »

    Deux ans plus tôt, en filmant mon « Tumaini » près de la ville de Kisumu et de la frontière ougandaise, j’ai vu des hameaux entiers, vides comme des fantômes. Les gens avaient disparu, était morts – du sida et de faim. Mais cela s’appelait encore la paix.

    La paix, c’était quand les médecins militaires américains opéraient à ciel ouvert des Haïtiens désespérément pauvres et malades, dans le célèbre bidonville de Cité Soleil. J’ai vu et j’ai photographié une femme, allongée sur une table de fortune, se faire retirer sa tumeur avec seulement des anesthésiques locaux. J’ai demandé aux médecins nord-américains pourquoi c’était comme ça. Je savais qu’il y avait une installation militaire de premier ordre à deux minutes de là.

    « C’est ce qui se rapproche le plus d’une situation de combat réelle », a répondu un médecin avec franchise. « Pour nous, c’est une excellente formation. »

    Une fois l’intervention chirurgicale terminée, la femme s’est levée, soutenue par son mari effrayé, et a marché vers l’arrêt de bus.

    Oui, tout ceci est, officiellement, la paix.


    À #Beyrouth, au #Liban, j’ai récemment participé à une discussion sur « Écologie de la guerre », un concept scientifique et philosophique créé par plusieurs médecins moyen-orientaux du Centre médical AUB. Le Dr Ghassan « Gus », le chef du département de chirurgie plastique de ce centre au Liban, a expliqué :

    « La #misère, c’est la guerre. La destruction d’un État fort mène au conflit. Un grand nombre de gens sur notre planète vivent en fait dans un conflit ou une guerre, sans même le réaliser : dans des bidonvilles, dans des camps de réfugiés, dans des États totalement faillis ou dans des camps de réfugiés. »

    Au cours de mon travail dans presque tous les coins dévastés du monde, j’ai vu des choses beaucoup plus horribles que ce que j’ai décrit ci-dessus. Peut-être en ai-je trop vu – toute cette « paix » qui a arraché les membres des victimes, toutes ces huttes en feu et toutes ces femmes hurlantes, ou ces enfants mourant de maladie et de faim avant d’atteindre l’adolescence.

    J’ai écrit longuement sur la guerre et la paix dans mon livre de 840 pages, Exposing Lies Of The Empire.

    Lorsque vous faites ce que je fais, vous devenez comme un médecin : vous ne pouvez qu’assister à toutes ces horreurs et ces souffrances, parce que vous êtes là pour aider, pour révéler la réalité et pour faire honte au monde. Vous n’avez pas le droit de vous décomposer, de vous effondrer, de tomber et de pleurer.

    Mais ce que vous ne pouvez pas supporter, c’est l’hypocrisie. L’hypocrisie est « à l’épreuve des balles ».

    Elle ne peut pas être éclairée par des arguments précis, la logique et par des exemples. L’hypocrisie en Occident est souvent ignorante, mais elle n’est qu’égoïste la plupart du temps.


    Alors qu’est-ce que la vraie paix pour les gens en Europe et en Amérique du Nord ? La réponse est simple : c’est un état des choses dans lequel aussi peu d’Occidentaux que possible sont tués ou blessés.

    Un état de choses dans lequel le flot des ressources des pays pauvres, pillés et colonisés s’écoule sans interruption, principalement vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

    Le prix d’une telle paix ? Le nombre d’Africains, de Latino-Américains ou d’Asiatiques qui meurent à la suite de cette organisation du monde est totalement sans importance.

    La paix, c’est quand les intérêts commerciaux de l’Occident ne sont pas menacés, même si des dizaines de millions d’êtres humains non blancs disparaissent au cours du processus.

    La paix, c’est lorsque l’Occident peut contrôler le monde politiquement, économiquement, idéologiquement et « culturellement » sans rencontrer d’opposition.

    La « guerre », c’est quand il y a rébellion. La guerre, c’est lorsque le peuple des pays pillés disent « non ! ». La guerre, c’est lorsqu’ils refusent subitement d’être violés, volés, endoctrinés et assassinés.

    Lorsqu’un tel scénario se produit, la réaction immédiate de l’Occident « pour restaurer la paix » est de renverser le gouvernement du pays qui essaie de prendre soin de son peuple. De bombarder les écoles et les hôpitaux, de détruire l’approvisionnement en eau potable et en électricité et de jeter des millions de gens dans la misère et l’agonie.

    C’est ce que l’Occident pourrait bientôt faire à la Corée du Nord (RPDC), à Cuba, au Venezuela, à l’Iran – des pays qui, pour l’instant, ne sont tourmentés « que » par des sanctions et une « opposition » mortelle soutenue par l’étranger. Dans le vocabulaire occidental, « paix » est synonyme de « soumission ». Une soumission totale, sans condition. Toute autre chose est la guerre ou pourrait potentiellement y conduire.

    Pour les pays opprimés et dévastés, y compris les pays d’Afrique, appeler à la résistance serait, au moins dans le vocabulaire occidental, synonyme d’« appel à la violence », et par conséquent illégal. Aussi « illégal » que les appels à la résistance dans les pays occupés par les forces allemands nazies pendant la Seconde Guerre mondiale. Il serait donc logique de qualifier l’approche et l’état d’esprit occidentaux de « fondamentalistes » et de profondément agressif.

     

    #Paix #guerre #géopolitique #geopolitics #dogme #Occident #conférences-pour-la-paix #Occident #Haïti #médecins #formation #Écologie #Écologie-de-la-guerre

  • La prison de Guantanamo fait face au vieillissement de ses prisonniers afp/ebz - 26 Mai 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/monde/9598574-la-prison-de-guantanamo-fait-face-au-vieillissement-de-ses-prisonniers.h

    Quand ils sont arrivés à Guantanamo, ils étaient des combattants dans la force de l’âge, capturés peu après les attentats du 11 septembre 2001. Plus de 15 ans plus tard, les détenus ont vieilli, et la prison doit s’adapter.

    Cette semaine, la Maison Blanche s’est rendue à l’évidence : en l’absence de volonté politique de régler la situation des 40 derniers prisonniers de Guantanamo, certains d’entre eux risquent d’y finir leurs jours.

    « Le centre de détention pour les détenus de grande valeur connaît des problèmes structurels et des pannes de système qui, si on ne les règle pas, pourraient représenter un risque pour les gardiens et les détenus », a indiqué la Maison Blanche dans une lettre aux élus du Congrès pour leur demander des fonds supplémentaires pour Guantanamo.

    « Il ne répond pas non plus aux besoins d’une population qui vieillit », précise le document.

    Pas d’information sur les détenus
    Le Pentagone ne publie pas d’informations sur les détenus de Guantanamo mais certains documents publiés par WikiLeaks et le New York Times permettent d’en savoir un peu plus sur eux.

    L’âge moyen des prisonniers est de 46 ans et demi. Le plus âgé est le Pakistanais Saifullah Paracha, qui aura 71 ans en août.


     #guantanamo #torture #etats-unis #prison #usa #cuba #us #terrorisme #guantánamo #cia #états-unis #prisons #vieillissement #personnes_âgées #hospice #fin_de_vie #maltraitance #civilisation #camp_de_concentration #camps #Histoire

    Adaptation des espaces
    «  Certains des espaces destinés aux rencontres avec les avocats sont maintenant équipés de rampes pour chaises roulantes », indique l’avocat d’un détenu. Des poignées ont été installées dans les toilettes pour aider les prisonniers à se relever.

    Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) visite Guantanamo environ quatre fois par an pour s’assurer que la prison répond aux critères internationaux et pour évaluer la façon dont les prisonniers sont traités.

    « Nous sommes activement engagés dans un dialogue avec les autorités américaines » sur les besoins médicaux des détenus, indique à l’AFP un porte-parole du CICR à Washington, Marc Kilstein.

    Les détenus âgés souffrent fréquemment de maladies chroniques qui peuvent être exacerbées par le confinement : insuffisances cardiaques, diabète, maladies du foie, problèmes cognitifs.

  • Were Leonard Cohen’s songs used to torture Palestinian prisoners ?
    Dror, Under the Olive Tree (ckut.ca), 24 novembre 2017
    https://www.mixcloud.com/UnderTheOliveTree/were-leonard-cohen-songs-used-to-torture-palestinian-prisoners

    Un an après la mort de Léonard Cohen, une anecdote terrifiante vient d’être révélée par Haggai Stravis, dans un entretien publié par le journal israélien Walla, le 27 octobre 2017 (1).

    Stravis est le producteur qui avait réussi à faire venir Léonard Cohen en Israel en 2009. A l’époque, il avait du faire face à la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, qui essayait de convaincre Cohen de ne pas jouer dans un Etat qui pratiquait l’Apartheid. Pour préserver son image, il avait tenté plusieurs astuces, mais elles avaient toutes échouées. Il avait d’abord convaincu Amnesty International de parrainer le concert, mais AI avait fini par refuser (2). Il avait aussi essayé de compenser sa présence à Tel Aviv en donnant un autre concert à Ramallah. Refusant ce faux équilibre, les Palestiniens avaient également refusé cette offre, et le concert à Ramallah avait été annulé (3).

    Ce qu’on apprend dans cette entrevue récente concerne les détails de cette négociation. Quand le manager de Cohen essaya de discuter avec des officiels Palestiniens, il proposa d’abord d’inviter quelques centaines de politiciens Palestiniens. Il proposa ensuite de donner un concert gratuit, et même de dédier ce concert aux familles de prisonniers Palestiniens. Mais c’est la raison pour laquelle même les officiels Palestiniens durent refuser cette offre qui est révélée ici : ils avaient appris que des prisonniers Palestiniens avaient été torturés en prison par des agents des services secrets israéliens qui leur passaient des chansons de Léonard Cohen en boucle.

    On ne sait pas si Léonard Cohen a su à l’époque que sa musique rappelait d’aussi mauvais souvenirs à ces anciens prisonniers Palestiniens, ni si sa musique est encore utilisée dans les prisons israéliennes, mais on sait aussi, grâce à un autre article de la presse israélienne, que pour le convaincre de chanter en Israël, les promoteurs israéliens lui avaient versé 2.7 millions de dollars US (4). De quoi étouffer quelques réticences, et expliquer pourquoi, encore aujourd’hui, certains artistes prétendent « ne pas vouloir mélanger la musique et la politique »...

    (1) https://e.walla.co.il/item/3106407
    (2) https://bdsmovement.net/news/amnesty-international-withdraws-leonard-cohen%E2%80%99s-israel-concert-
    (3) http://www.pacbi.org/etemplate.php?id=1039
    (4) Yediot Achronot - 7 Leilot Magazine, le 20 juin 2014

    #Palestine #Prisons #torture #Leonard_Cohen #Musique #Musique_et_politique #BDS #Boycott_culturel #shameless_autopromo

    • @odilon : apparemment pas forcément…
      Il y avait eu une grosse campagne de l’ONG britannique Reprieve, Zero DB, parce qu’à Guantanamo ils utilisaient de la musique et beaucoup de metal pour torturer auditivement les prisonniers.

      Reprieve a dressé une liste des morceaux les plus utilisés : AC/DC, Metallica, mais aussi Britney Spears, les Bee Gees ou Bruce Springsteen. Ils sont choisis en fonction de leur violence sonore ou de leurs titres et paroles : Fuck Your God ("J’emmerde ton dieu"), de Deicide, ou White America ("Amérique blanche"), d’Eminem.

      tiré de http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/12/25/aux-etats-unis-la-torture-version-rock_1135115_3246.html
      https://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20081211.OBS5071/la-musique-nouvelle-arme-de-torture-de-l-armee-americaine.html

      Les réactions des musiciens sont variées, c’est le moins qu’on puisse dire.

      Les musiciens concernés « sont difficiles à joindre », admet Chloe Davis. Sur son site, Trent Reznor, de Nine Inch Nails, a réagi : « Il m’est difficile d’imaginer quoi que ce soit de plus profondément insultant, dégradant et rageant que d’apprendre que la musique que l’on a créée avec toute son âme est utilisée à des fins de torture. »

      Très bon article du Guardian de l’époque : https://www.theguardian.com/world/2008/jun/19/usa.guantanamo avec certaines réactions des musiciens dont celle puante du leader de Metallica, qui a l’air d’apprécier le nouvel usage de ses créations :

      Unfortunately, some artists are not offended by their work being used to torture. “If the Iraqis aren’t used to freedom, then I’m glad to be part of their exposure,” James Hetfield, co-founder of Metallica, has said. As for his music being torture, he laughed: “We’ve been punishing our parents, our wives, our loved ones with this music for ever. Why should the Iraqis be any different?” Such posturing may go with the territory for an artist of the Metallica genre, so there is no need to speculate about whether Hetfield is being naive or wilfully ignorant. But no sane person voluntarily plays a single tune at earsplitting volume, over and over, 24 hours a day, and expects to stay sane.

    • Mis de côté le sensationnel d’un artiste de renommée (à tord ou à raison, il est connu), on constate ici que l’état d’Israël est prêt à investir 2.7 millions bruts pour rappeler les sueurs froides et les ongles arrachés de celles et ceux qu’il a entrepris(es) dans ses griffes. Une sorte de torture de masse à rebours. Où alors, c’était simplement à la santé des geôliers - encore que, même eux doivent être saoulés après des semaines en boucle.
      C’est tout de même fort - Machiavel doit se retourner dans sa tombe.

      L’anecdote sur Metallica est alarmante - un simple abus de laisser faire ("Ouh ouh ma mère aussi, elle aime pas ma musique.. ouh ouh") ne peut pas justifier des paroles aussi graves.
      Ay, ces vedettes... qu’est-ce qu’on en attend au juste ?

    • Mis de côté le sensationnel d’un artiste de renommée (à tord ou à raison, il est connu), on constate ici que l’état d’Israël est prêt à investir 2.7 millions bruts pour rappeler les sueurs froides et les ongles arrachés de celles et ceux qu’il a entrepris(es) dans ses griffes. Une sorte de torture de masse à rebours. Où alors, c’était simplement à la santé des geôliers - encore que, même eux doivent être saoulés après des semaines en boucle.
      C’est tout de même fort - Machiavel doit se retourner dans sa tombe.

      L’anecdote sur Metallica est alarmante - un simple abus de laisser faire ("Ouh ouh ma mère aussi, elle aime pas ma musique.. ouh ouh") ne peut pas justifier des paroles aussi graves.
      Ay, ces vedettes... qu’est-ce qu’on en attend au juste ?

    • Mis de côté le sensationnel d’un artiste de renommée (à tord ou à raison, il est connu), on constate ici que l’état d’Israël est prêt à investir 2.7 millions bruts pour rappeler les sueurs froides et les ongles arrachés de celles et ceux qu’il a entrepris(es) dans ses griffes. Une sorte de torture de masse à rebours. Où alors, c’était simplement à la santé des geôliers - encore que, même eux doivent être saoulés après des semaines en boucle.
      C’est tout de même fort - Machiavel doit se retourner dans sa tombe.

      L’anecdote sur Metallica est alarmante - un simple abus de laisser faire ("Ouh ouh ma mère aussi, elle aime pas ma musique.. ouh ouh") ne peut pas justifier des paroles aussi graves.
      Ay, ces vedettes... qu’est-ce qu’on en attend au juste ?

    • Mis de côté le sensationnel d’un artiste de renommée (à tord ou à raison, il est connu), on constate ici que l’état d’Israël est prêt à investir 2.7 millions bruts pour rappeler les sueurs froides et les ongles arrachés de celles et ceux qu’il a entrepris(es) dans ses griffes. Une sorte de torture de masse à rebours. Où alors, c’était simplement à la santé des geôliers - encore que, même eux doivent être saoulés après des semaines en boucle.
      C’est tout de même fort - Machiavel doit se retourner dans sa tombe.

      L’anecdote sur Metallica est alarmante - un simple abus de laisser faire ("Ouh ouh ma mère aussi, elle aime pas ma musique.. ouh ouh") ne peut pas justifier des paroles aussi graves.
      Ay, ces vedettes... alors... qu’est-ce qu’on en attend au juste ?

    • @ninachani Heu.. Oui... Peut-être... J’étais grave vener, fallait que ca sorte !!! Le dernier post est d’ailleurs différent des autres, pour ajouter un peu de folklore et biaiser les filtres à spam !
      Et, plus sérieusement Seenthis, me renvoyait « Gateway something is wrong somhow » au rafraichissement de la page après des freeze de la zone de commentaire.

      Mes excuses pour le spam :s

    • Un chant peut-il tuer ? Musique et violence en Éthiopie du Nord
      The Conversation, le 11 janvier 2018
      https://seenthis.net/messages/660269

      Mais aussi, un peu d’humour :

      #Chumbawamba - Torturing James Hetfield (2010)

      Torturing James Hetfield is a response to the use of Metallica’s music as a torture device against Iraqi prisoners at the Guantanamo Bay detention camp.

      https://www.youtube.com/watch?v=A1UZ6d0H8fA

      James Hetfield est le guitariste de Metallica...

      #Musique #Musique_et_politique

  • De Grenade à Guantanamo : La torture du sujet musulman – Bruxelles Panthères
    https://bruxelles-panthere.thefreecat.org/?p=3342

    L’Inquisition, l’expulsion et les tortures ont débuté après la cession et la fin du régime Musulman en Espagne, c’est-à-dire quand les menaces militaires d’hostilités furent réellement terminées. Le régime Musulman en Espagne a débuté en 711 et duré jusqu’en 1492, ce qui signifie que la population qui a été expulsée et placée sous le régime de l’Inquisition était bien bel et bien Espagnole. La présence Arabe et Africaine dans la Péninsule Ibérienne n’a jamais atteint la majorité, les conversions à l’Islam au cours des siècles parmi la population Espagnole a été le facteur clé de l’accroissement de la population Musulmane dans la région. Les populations Juives quant à elles étaient présentes en Espagne avant l’arrivée des Musulmans, mais des Juifs venant d’ailleurs en Europe sont venus en Andalousie pendant la période Islamique en raison de l’inclusion des populations et de la participation rendue possible à tous les niveaux dans la société civile Musulmane.

    L’Inquisition a été l’instrument de l’Etat et de l’Eglise pour la re-Christianisation de la région en utilisant un régime de violence structurée et de « nettoyage ethnique » pour atteindre leur objectif. Les écrits, discussions et commentaires à propos des Musulmans et Juifs en Espagne utilisent souvent un vocabulaire simpliste, réduisant leur identité à leur Arabité, ou leur origine de l’est, plutôt que de nommer ce dont il s’agissait réellement : une population complexe d’un point de vue racial, diversifiée ethniquement, culturellement et religieusement. L’Inquisition était un projet de l’Etat et de l’Eglise, pour constituer à partir d’une population racialement hétérogène, une majorité Chrétienne fabriquée par des conversions forcées, par la mort et l’expulsion pour ceux qui refusaient d’adhérer à ces conditions.

  • La mort de la République, par Chris Hedges Truthdig, Chris Hedges, 21-05-2017 - Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr
    https://www.les-crises.fr/la-mort-de-la-republique-par-chris-hedges

    Dans la Rome antique, l’État profond, dominé par une armée surdimensionnée et une oligarchie corrompue qui rappelle les États-Unis de 2017, décida de faire étrangler le vaniteux et stupide empereur Commode dans son bain en 192. Mais cette décision ne mit pas un terme au chaos grandissant ni au déclin rapide de l’empire romain.

    Commode, comme un certain nombre d’autres empereurs romains tardifs, et comme le président Trump, était incompétent et consumé par sa propre vanité. Il fit faire d’innombrables statues de lui-même en Hercule et trouvait peu d’intérêt à gouverner. Il utilisa son poste de chef de l’État pour devenir la star d’une mise en scène permanente de lui-même. Il lutta victorieusement comme gladiateur dans l’arène dans des combats arrangés. Le pouvoir, pour Commode comme pour Trump, était principalement destiné à répondre à son narcissisme sans fond, à son hédonisme et à son appétit de richesse. Il a vendu des offices publics afin que des équivalents d’époque de Betsy DeVos et Steve Mnuchin pussent orchestrer une vaste kleptocratie.

    Commode fut remplacé par le réformateur Pertinax, le Bernie Sanders de l’époque, qui tenta en vain de freiner le pouvoir des gardes prétoriennes, l’ancienne version du complexe militaro-industriel. Cette tentative vit Pertinax être assassiné par les gardes prétoriennes après seulement trois mois au pouvoir. Les gardes mirent ensuite aux enchères au plus offrant la charge d’empereur. L’empereur suivant, Didius Julianus, dura 66 jours. Il y aurait cinq empereurs durant l’année 193, celle qui suivit l’assassinat de Commode. Trump et notre empire en décomposition ont des précédents historiques sinistres. Si l’État profond remplace Trump, dont l’ineptie et l’imbécillité sont embarrassantes pour l’empire, cette action ne rétablira pas plus notre démocratie que remplacer Commode n’a restauré la démocratie à Rome. Notre république est morte.

    Les sociétés autrefois ouvertes et ayant des traditions démocratiques sont une proie facile pour les ennemis de la démocratie. Ces démagogues respectent les idéaux, les rituels, les pratiques et les formes patriotiques de l’ancien système politique démocratique tout en le démantelant. Lorsque l’empereur romain Auguste, qui se nommait lui-même le « premier des citoyens », neutralisa l’ancienne république, il prit soin d’en maintenir les formes. Lénine et les bolcheviks ont fait de même quand ils ont mis la main sur les soviets autonomes pour les écraser. Même les nazis et les staliniens ont prétendu gouverner des États démocratiques. Thomas Paine a écrit que le gouvernement despotique est un champignon issu d’une société civile corrompue. C’est ce qui est arrivé à ces anciennes démocraties. C’est ce qui nous est arrivé.

    Nos droits constitutionnels – procédure régulière, habeas corpus, respect de la vie privée, procès équitable, liberté de ne pas être exploité, élections justes et dissidence permise – nous ont été retirés par décision judiciaire. Ces droits n’existent plus que par leur nom. La grande déconnexion entre les valeurs présumées de l’État et la réalité rend absurde le discours politique.

    Des sociétés, en cannibalisant le budget fédéral, s’engagent légalement à exploiter et à piller. Il est impossible de voter contre les intérêts de Goldman Sachs ou d’ExxonMobil. Les industries pharmaceutiques et d’assurance peuvent retenir en otage des enfants malades alors que les parents de ceux-ci font faillite en essayant de sauver leurs fils ou leurs filles. Ceux qui sont accablés par le remboursement de prêts étudiants ne peuvent jamais effacer la dette en se déclarant en faillite. Dans de nombreux États, ceux qui tentent de faire connaître les conditions de vie dans les vastes fermes industrielles où des animaux malades sont entreposés pour l’abattage peuvent être accusés d’infraction pénale. Des sociétés pratiquent légalement le boycott fiscal. Des entreprises ont orchestré des accords de libre-échange qui détruisent les petits agriculteurs et les petites entreprises, et désindustrialisent le pays. Les syndicats et les organismes gouvernementaux conçus pour protéger le public de la contamination de l’air, de l’eau et des aliments, ainsi que des créanciers et prêteurs usuriers, ont été désarmés. La Cour suprême, dans une inversion de droits digne de George Orwell, définit la contribution illimitée des entreprises aux campagnes électorales, comme le droit d’interpeller le gouvernement ou comme une forme de liberté de parole. Une grande partie de la presse, qui appartient à de grandes entreprises, sert de chambre d’écho aux élites. Des sociétés privées ou publiques ont été vendues à de grandes entreprises qui font grimper les taux et refusent leurs services aux pauvres. Le système éducatif est lentement privatisé et transformé en une espèce de formation professionnelle.

    Les salaires stagnent ou baissent. Le chômage et le sous-emploi – masqués par des statistiques falsifiées – ont poussé la moitié du pays dans la pauvreté chronique. Les services sociaux sont supprimés au nom de l’austérité. La culture et les arts ont été remplacés par la marchandisation du sexe, des divertissements banals et des images de violence. Les infrastructures, négligées et sous-financées, s’effondrent. Les faillites, les saisies, les arrestations, les pénuries alimentaires et les maladies non traitées qui mènent à une mort prématurée, accablent une sous-classe harcelée. Les désespérés fuient dans une économie souterraine dominée par la drogue, la criminalité et la traite des êtres humains. L’État, plutôt que de s’attaquer à la misère économique, militarise les services de police et les habilite à utiliser la force létale contre des civils non armés. Il remplit les prisons avec 2,3 millions de citoyens, dont seul un petit pourcentage est passé en procès. Un million de prisonniers travaillent pour des entreprises à l’intérieur des prisons, tels des esclaves modernes.

    Les amendements à la Constitution visant à protéger le citoyen de la tyrannie n’ont plus aucun sens. Le Quatrième amendement, par exemple, se lit comme suit : « Le droit des citoyens d’être garantis dans leurs personne, domicile, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou affirmation, ni sans qu’il décrive particulièrement le lieu à fouiller et les personnes ou les choses à saisir ». La réalité est que nos appels téléphoniques, courriels, textos et dossiers financiers, judiciaires et médicaux, ainsi que tous les sites Web que nous visitons tout autant que nos voyages physiques, sont suivis, enregistrés et stockés à perpétuité dans les banques informatiques du gouvernement.

    L’État torture, non seulement dans les sites noirs tels que la base aérienne de Bagram en Afghanistan ou à Guantanamo Bay, mais aussi dans les installations supermax ADX [administratif maximum], comme celle de Florence, Colorado, où les détenus souffrent de crises psychologiques suite à des isolements en cellule prolongés. Les prisonniers, bien qu’ils soient citoyens, endurent une surveillance électronique 24 heures sur 24 et l’enfermement 23 heures par jour. Ils subissent une privation sensorielle extrême. Ils endurent des coups. Ils doivent se doucher et aller à la salle de bains sous caméra. Ils ne peuvent écrire qu’une lettre par semaine à un seul parent et ne peuvent pas utiliser plus de trois feuilles de papier. Souvent, ils n’ont aucun accès à l’air frais et prennent leur unique heure quotidienne de loisir dans une énorme cage qui ressemble à un moulin pour hamsters.
    L’État utilise des « mesures administratives spéciales », connues sous le nom de SAM, pour dépouiller les prisonniers de leurs droits judiciaires. Les SAM limitent la communication des prisonniers avec le monde extérieur. Elles mettent fin aux appels, aux lettres et aux visites avec n’importe qui, sauf les avocats, et limitent considérablement le contact avec les membres de la famille. Les prisonniers sous SAM ne sont pas autorisés à voir la plupart des éléments de preuve contre eux en raison d’une disposition légale appelée la Loi sur les Procédures d’Information Classifiée, ou CIPA. La CIPA, qui a commencé sous l’administration Reagan, permet de classifier les éléments de preuve dans un procès et de les cacher à ceux qui sont poursuivis. Vous pouvez être jugé et condamné, comme Joseph K. dans « Le procès » de Franz Kafka, sans jamais voir la preuve utilisée pour vous déclarer coupable. Sous SAM, il est contraire à la loi d’avoir un contact avec un détenu – y compris pour son avocat – en vue de parler de sa condition physique et psychologique.

    Et lorsque les prisonniers sont libérés, ils ont perdu le droit de vote, reçoivent une aide publique et sont accablés d’amendes qui, si elles ne sont pas payées, les renvoient derrière les barreaux. Ils font l’objet d’enquêtes arbitraires et d’arrestations. Ils passent le reste de leur vie marginalisés, membres d’une vaste caste criminelle.

    Le pouvoir exécutif s’est habilité lui-même à assassiner des citoyens américains. Il peut appeler l’armée dans les rues pour apaiser les troubles civils en vertu de l’article 1021 de la Loi sur l’autorisation de la défense nationale, qui a mis fin à l’interdiction pour les militaires d’agir en tant que force de police intérieure. Le pouvoir exécutif peut ordonner aux militaires d’arrêter les citoyens américains considérés comme des terroristes ou associés à des terroristes. C’est ce qu’on appelle l’« interprétation extraordinaire ». Les personnes détenues par l’armée peuvent se voir refuser les droits de procédure et d’habeas corpus et être détenues indéfiniment dans les installations militaires. Les militants et les dissidents, dont les droits étaient jadis protégés par le Premier amendement, peuvent faire l’objet d’une incarcération indéfinie.

    Les déclarations, les croyances et les associations protégées par la Constitution sont criminalisées. L’État s’est donné le pouvoir de détenir et de poursuivre les gens non pour ce qu’ils ont fait, ni même pour ce qu’ils avaient l’intention de faire, mais pour avoir des croyances religieuses ou politiques que l’État juge séditieuses. La première cible a été les musulmans fondamentalistes, mais ils ne seront pas les derniers.

    Les formes extérieures de la participation à la démocratie – le vote, les partis politiques concurrents, le contrôle judiciaire et la législation – ne sont plus que du théâtre sans signification. Celui qui vit sous surveillance constante, qui est susceptible d’être détenu n’importe où à n’importe quel moment, dont les conversations, les messages, les réunions, les tendances et les habitudes sont enregistrés, entreposés et analysés, qui est impuissant face à l’exploitation par les entreprises, peut bien être décrit comme libre : la relation entre l’État et le citoyen surveillé constamment est celle du maître avec l’esclave. Et ces chaînes ne seront pas éliminées si Trump l’est.

    #Etat #USA #Démocratie #Constitution #République #Chris_Hedges #société

  • #William_Spriggs : « Les idées de Trump ne représentent pas les valeurs du mouvement ouvrier »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/060217/william-spriggs-les-idees-de-trump-ne-representent-pas-les-valeurs-du-mouv

    Le nouveau président américain a promis de redonner du pouvoir d’achat aux classes moyennes et populaires, en dénonçant les accords de libre-échange et en promettant de placer « l’Amérique d’abord ». Les #syndicats américains achètent-ils ce discours ? Réponse (négative) avec William Spriggs, l’économiste en chef de la grande confédération syndicale américaine, l’AFL-CIO.

    #International #AFL-CIO #Donald_Trump #emplois #Etats-Unis #ouvriers #salaires #travailleurs

  • Voyage dans l’Amérique en guerre (4/4) : une guerre sans limites

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/06/voyage-dans-l-amerique-en-guerre-4-4-une-guerre-sans-limites_5058934_3222.ht

    Au nom de la lutte contre le djihadisme, le 11-Septembre a précipité les Etats-Unis dans quinze années de combats . Dernier volet de notre reportage dans un pays tourmenté.

    Tentant d’esquisser un bilan de ces quinze années, l’ex-colonel Andrew Bacevich, devenu historien et professeur à l’université de Boston, dénonce « la normalisation de la guerre. Pendant la guerre froide, le Vietnam et d’autres conflits, l’objectif politique final d’un président était la paix. Même les plus cyniques évoquaient la paix. Cette année, je n’ai entendu aucun des deux candidats à la présidentielle en parler. Ils promettent la guerre, pas la fin de la guerre ».

    Ce jour-là, à Boston, Andrew Bacevich a réuni chercheurs, militaires et espions pour une conférence intitulée « Quinze ans après le 11-Septembre ». Deux anciens pontes du renseignement s’interrogent. Ardent défenseur des programmes mis en œuvre depuis 2001, John Deutch, un ex-directeur de la CIA, constate que « le 11-Septembre a détruit tout le système sur lequel était bâtie la sécurité nationale américaine, où l’on faisait la différence entre l’extérieur et l’intérieur, et entre la guerre et la paix », et qu’il a bien fallu s’adapter à un monde nouveau.

    Andrew Bacevich, professeur à l’université de Boston (Massachusetts), le 14 septembre 2016.
    Nettement plus critique, Paul Pillar, un ancien du contre-terrorisme de la CIA et de l’état-major du renseignement, professeur à l’université Georgetown de Washington, dénonce « l’usage politique qui a été fait de la peur et des angoisses des Américains pour justifier à la fois la restriction des libertés et l’invasion de l’Irak. Alors que, franchement, il est impossible d’affirmer que nous sommes plus en sécurité aujourd’hui qu’il y a quinze ans ». S’adressant aux étudiants, et contrairement à beaucoup d’agents de la sécurité nationale qui se sont résignés à accompagner décisions politiques et avancées technologiques sans débat éthique, Pillar les conjure de « ne pas se résigner : ne prenez jamais la normalité pour inévitable ! »

    Au cours de ce voyage dans l’Amérique en guerre, une visite s’imposait. Un détour par Rockville, dans cet Etat du Maryland qui, avec la Virginie, accueille autour de Washington toute l’élite sécuritaire du pays. C’est là que vit un ancien espion, Marc Sageman, devenu au fil des années et de ses recherches peut-être le meilleur analyste du conflit entre l’Amérique et le djihad.

    Au cimetière d’Arlington (Virginie), le 21 septembre 2016.
    Sageman a vécu cette guerre à tous les postes : après avoir formé pour la CIA, dans les années 1980, les moudjahidin afghans et arabes qui combattaient les Russes en Afghanistan, après s’être ensuite frotté dans le monde civil à la criminalité en tant que médecin légiste et psychiatre, il est revenu aux affaires sensibles après le 11-Septembre, mû par « un sentiment de culpabilité d’avoir peut-être entraîné certains de ces types » et par « une envie de comprendre qui ils sont et ce qu’ils cherchent ».

    Il a repris du service pour le Pentagone à Washington et en Afghanistan, pour le FBI, pour la police de New York, pour le Secret Service chargé de la protection des présidents, et pour des instituts de recherche et des universités. C’est souvent lui, quelle que soit sa casquette, qu’on appelle pour interroger un djihadiste arrêté ici ou là, pour tenter d’évaluer la menace et de comprendre des motivations que la majorité des Américains considèrent comme incompréhensibles.

    POUR JOHN DEUTCH, UN EX-DIRECTEUR DE LA CIA, « LE 11-SEPTEMBRE A DÉTRUIT TOUT LE SYSTÈME SUR LEQUEL ÉTAIT BÂTIE LA SÉCURITÉ NATIONALE AMÉRICAINE, OÙ L’ON FAISAIT LA DIFFÉRENCE ENTRE L’EXTÉRIEUR ET L’INTÉRIEUR »

    Marc Sageman, qui a toujours jugé sévèrement les politiques étrangères de Bush puis d’Obama, est aujourd’hui encore plus désabusé que lors de conversations passées. « Même avec Obama, que j’ai pourtant soutenu, la situation a empiré. Il s’est entouré de faucons et est devenu faucon. Cette war on terror est incontrôlable. Elle a généré un complexe militaro-industriel de l’antiterrorisme dont les budgets se comptent en milliers de milliards de dollars. »

    L’ancien agent de la CIA à Islamabad n’est pas tendre non plus avec la préoccupation du moment, le front intérieur. Lui qui a pu interroger nombre de suspects arrêtés aux Etats-Unis estime que, malgré la menace réelle et quelques attaques réussies, « l’immense majorité de ces jeunes paumés ont été manipulés sur Internet par le FBI, qui parfois leur a même vendu les armes servant de preuves lors de leur arrestation ». « Au moins 400 arrestations ont été montées par le FBI pour des raisons de budget et de publicité. C’est la même technique que celle employée par John Edgar Hoover contre les communistes, puis contre les Noirs, puis contre les opposants à la guerre du Vietnam. Ces techniques avaient été suspendues après le Vietnam, sauf pour les dealers de drogue. Le FBI les a réactivées en 2001, soi-disant pour nous protéger de gens dangereux, mais en fait pour surveiller tout le monde et piéger qui il veut. »

    La torture, ligne de fracture

    Pour Marc Sageman, comme pour beaucoup d’Américains qui réfléchissent à l’onde de choc de ces conflits pour le pays et ses valeurs, la ligne de fracture de l’Amérique post-11-Septembre est la torture, ordonnée par Bush, puis supprimée par Obama sans être pénalement condamnée. « Raconter, comme dans le film Zero Dark Thirty, que la torture a permis de tuer Ben Laden, c’est vraiment de la connerie. Je connais le dossier. Cette histoire a été inventée par des types de la CIA qui ont enfumé les scénaristes du film. »

    L’ancien espion Marc Sageman, à Montgomery County (Maryland), le 19 septembre 2016.
    Son plus grand regret, à l’heure où Barack Obama va quitter la présidence, est « qu’il n’ait pas ordonné de poursuivre en justice nos criminels de guerre. Tant qu’il n’y aura pas de condamnation, ça recommencera ». Entraînant, comme avec Guantanamo ou Abou Ghraib, comme à chaque fois que l’Amérique n’est pas exemplaire sur l’état de droit, une augmentation significative du nombre de combattants ennemis.

    Kenneth Roth, le directeur de Human Rights Watch, la plus importante organisation de défense des droits de l’homme américaine, regrette lui aussi ce choix d’Obama, qui a supprimé l’utilisation de la torture le premier jour de sa présidence tout en excluant immédiatement de punir l’administration Bush pour ses excès. « Ne pas poursuivre en justice, c’est ramener la torture à une décision politique, au lieu de la rendre illégale. Obama l’a supprimée, ainsi que les détentions secrètes, mais ne pas condamner les responsables de la torture est un feu vert pour qu’un autre la rétablisse. »

    Lors d’une tournée d’entretiens avec des stratèges américains il y a huit ans, pendant l’hiver de transition entre Bush et Obama, beaucoup critiquaient déjà, pour des raisons diverses, la war on terror. Même si Ben Laden n’avait à l’époque pas encore été tué, chacun soulignait que le mot « guerre » semblait inadapté, puisque les responsables opérationnels des attaques du 11-Septembre, dont leur coordinateur Khalid Cheikh Mohammed, avaient été arrêtés au Pakistan par des moyens tout à fait classiques de renseignement et de police.

    POUR BEAUCOUP D’AMÉRICAINS QUI RÉFLÉCHISSENT À L’ONDE DE CHOC DE CES CONFLITS POUR LE PAYS ET SES VALEURS, LA LIGNE DE FRACTURE DE L’AMÉRIQUE POST-11-SEPTEMBRE EST LA TORTURE

    Si les années Obama ont permis un retour des troupes au bercail, elles n’ont en revanche pas inversé cette tendance à ne penser qu’en termes militaires. La militarisation de la lutte antidjihadiste est même telle, depuis que l’Etat islamique a bâti une armée de dizaines de milliers de combattants, que tout le monde a oublié que la réaction au 11-Septembre aurait peut-être pu être principalement policière, et plus personne ne critique la militarisation de la pensée. La réalité est là : aujourd’hui, en Irak et en Syrie mais également au Sahel, en Libye, au Yémen et ailleurs, seuls des moyens militaires peuvent venir à bout de certains groupes djihadistes, eux-mêmes désormais fortement militarisés.

    Quant à Khalid Cheikh Mohammed, il croupit toujours à Guantanamo, et même les Américains oublient de demander à leurs élus s’il sera un jour jugé pour ses crimes. « Avec le fait de ne pas juger nos criminels de guerre, c’est l’autre erreur d’Obama. Contrairement à Bush, lui aurait dû amener les responsables du 11-Septembre devant la justice, juge Kenneth Roth. C’est là aussi une décision liée à la torture : tout le système veut éviter des révélations sur ce sujet », certains aveux de Khalid Cheikh Mohammed ayant été extorqués lors de séances de waterboarding, la torture par suffocation dans l’eau.

    Le hasard – l’ironie pourrait-on dire, si le sujet de ces quinze ans de guerre n’était pas si tragique – est que ce voyage consacré à l’Amérique en guerre, commencé à New York un dimanche 11 septembre ensoleillé, s’achève, trois mois plus tard, en un pluvieux mois de décembre, sur le front de Mossoul.

    Dans cette ville marquée à la fois par ­Petraeus, par Al-Qaida et par l’Etat islamique, cette « capitale » des régions sunnites, des unités des forces spéciales irakiennes mènent la bataille contre l’EI. Ces soldats ont été formés par les Etats-Unis, qui ont depuis longtemps, en Irak comme ailleurs, adopté le concept de proxy war (« guerre par procuration ») afin d’éviter des engagements militaires directs. Les combats sont rudes. Les djihadistes finiront par perdre la « capitale » du « califat » proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi, l’héritier turbulent de Ben Laden et rival d’Al-Qaida, mais le fait même que cette bataille doive avoir lieu est l’aveu d’un échec colossal.

    Lors du premier débat présidentiel entre la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, à Oakland (Californie), le 26 septembre 2016.
    Quinze ans après le 11-Septembre, Ben Laden et ses 300 hommes ont muté en dizaines de milliers de combattants djihadistes, dont certains administrent depuis deux ans et demi villes et territoires en Irak et en Syrie, ont bâti une armée, peuvent envoyer une unité perpétrer des attentats jusqu’à Paris et Bruxelles et ont des partisans en armes dans beaucoup d’autres pays.

    Entre paix et peur

    « Le plus surprenant est tout de même d’avoir cette conversation quinze ans après, dit en souriant Peter Bergen. En 2001, jamais je n’aurais imaginé vivre cet état de guerre aujourd’hui. Puis il y a eu 2011, et moi aussi, comme beaucoup de monde, j’ai cru à la fin du problème djihadiste au moment de la mort de Ben Laden et des “printemps arabes”. »

    VINGT VÉTÉRANS SE SUICIDENT CHAQUE JOUR À TRAVERS LE PAYS, MAIS LES AMÉRICAINS NE PARLENT QUE DE « HÉROS » ET DE TEMPS GLORIEUX. NUL NE DOUTE DE LA PUISSANCE DU PAYS NI DE SES VALEURS FONDAMENTALES, MÊME LORSQU’ELLES SONT UN TEMPS TRAHIES.

    « C’est une question de temps. Al-Qaida et l’EI seront vaincus, prédit David Petraeus. Pour moi, la leçon de ces quinze années est que, malgré les erreurs commises le long du chemin, et alors qu’on prétend que les démocraties ne peuvent prétendument pas mener de “guerre longue”, cela se révèle être faux. Je ne pense pas que ce combat soit sans fin. C’est la guerre d’une génération. »

    Une guerre qui évolue : à la fin des années Bush, 180 000 soldats américains étaient déployés sur le champ de bataille ; à la fin des années Obama, presque tous sont rentrés chez eux, et le combat est principalement mené par les forces spéciales et les drones, en appui d’armées étrangères. Et, puisque la certitude est de faire face à une « guerre longue », celle-ci évoluera encore dans les années à venir, selon la façon dont le président élu Donald Trump abordera les questions stratégiques et militaires.

    La force des Etats-Unis réside peut-être là, dans ce paradoxe : le pays vit en même temps l’apogée du scepticisme et l’apogée du patriotisme. Alors que l’Amérique n’a enchaîné quasiment que des erreurs et des défaites depuis quinze ans – mis à part la mise hors d’état de nuire de Ben Laden et des organisateurs du ­11-Septembre –, nul ne doute de la victoire. Vingt vétérans se suicident chaque jour à travers le pays, mais les Américains ne parlent que de « héros » et de temps glorieux. Nul ne doute de la puissance du pays ni de ses valeurs fondamentales, même lorsqu’elles sont un temps trahies.

    Personne, mis à part l’écrivain Kevin Powers ou le chercheur Marc Sageman, ne mentionne les victimes autres qu’américaines, les morts, les blessés, les torturés, les vies ravagées. « Je ne veux pas savoir combien de gens nous avons tués depuis quinze ans… » : ces mots de Dick Couch pourraient être ceux d’une majorité d’Américains. Eux veillent (un peu) à panser les plaies de leurs blessés, ils célèbrent leurs morts, ils vouent un culte à leurs guerriers, et la minute d’après ils pensent à autre chose.

    Ils vivent en paix. Malgré leur peur irrationnelle d’un ennemi invisible, les Américains vivent en paix. D’où l’étonnement de les entendre parfois évoquer une « guerre sans fin ». D’où l’étonnement, alors que la menace ne fut jamais existentielle, lorsqu’ils laissent percevoir une peur qui confine parfois à la panique.

    Les Etats-Unis ne se perçoivent pas vraiment comme étant en guerre : ils vivent entre paix et peur. Et pourtant la crainte d’une « guerre sans fin » est très présente. Les Américains sont en fait dans l’illusion que guerre et paix appartiennent à des sphères différentes, cloisonnées, et que la guerre est l’affaire exclusive des militaires. Cette « guerre sans fin » de l’Amérique est une guerre non déclarée, indéfinie, sans véritable visage, ni territoire ni front. Plus qu’une guerre sans fin, c’est une guerre sans limites. C’est peut-être, après tout, la pire des guerres. Celle qui envahit les esprits. Celle qui empoisonne une société. Une guerre qui change un pays pour toujours, sans même qu’au fond, il sache très bien pourquoi…

    Au Lincoln Memorial, à Washington, le 19 septembre 2016.

  • Le «collectif Inculte» appelle le XXe siècle à la barre
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/290616/le-collectif-inculte-appelle-le-xxe-siecle-la-barre

    Dans un ouvrage collectif, vingt écrivains scrutent le siècle dernier à travers autant de #procès, célèbres ou inconnus. De Sarajevo 1914 à Guantanamo. L’entreprise était périlleuse : elle se révèle passionnante.

    #Culture-Idées #Collectif_Inculte #Littérature #XXème_siècle

  • Guantanamo, un monstre américain

    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/02/26/guantanamo-un-monstre-americain_4872601_3210.html

    Il se tient droit, marche un livre ouvert entre les mains, le regard dans le vide. Le détenu dont on ne connaîtra pas le nom marche ainsi devant chacune des cellules individuelles de son bloc pénitentiaire. Il marche et tourne en rond sans interruption. L’homme porte une longue barbe, un long tee-shirt et un short beiges, de larges sandales  ; il semble réciter du bout des lèvres quelques prières ou sourates du Coran. A aucun moment il ne s’arrêtera devant la vitre sans tain à travers laquelle les visiteurs l’observent. Le détenu tourne, toujours au même rythme, comme s’il avait décidé de se soustraire à sa condition carcérale dans un vertige spirituel sans fin.

    Guantanamo, camp n° 6, au cœur du centre de détention de la base navale américaine à Cuba. Là où les autorités militaires enferment les prisonniers dits, d’après la terminologie locale, «  highly compliant  », «   extrêmement accommodants  » en français, ou «   dociles  », selon les définitions. A côté, à une vingtaine de mètres à peine, face à la mer, formidablement gardé, grillagé et barbelé lui aussi, le camp n° 5, l’autre centre carcéral aux blocs quasi identiques, mais où sont enfermés les détenus «  non coopératifs  », c’est-à-dire «   hautement dangereux pour eux-mêmes, pour les autres prisonniers ou les gardiens   », toujours d’après les critères de l’armée.

    Nous avons été autorisé à voir «   l’homme au livre   », comme une dizaine d’autres détenus, par le Pentagone, responsable du centre. Une visite de deux jours accordée à une poignée de médias, dont Le Monde,(...)

    Et pourtant. Le 22 janvier 2009, à peine deux jours après son investiture, Barack Obama signe un décret présidentiel ordonnant la fermeture du camp dans un délai d’un an. L’un des principaux symboles de l’ère George W. Bush avait été la cible du candidat démocrate lors de sa campagne. Le candidat à la vice-présidence, Joe Biden, l’avait même qualifié de « défaite quotidienne ». A plusieurs reprises, M. Obama s’était prononcé en faveur de la mise en place de procédures judiciaires fédérales pour juger les détenus. « Une priorité », avait-il insisté. Dès son installation à la Maison Blanche, il gèlera d’ailleurs pendant cent vingt jours le fonctionnement des tribunaux militaires d’exception instaurés sur l’île par son prédécesseur. Il ira même jusqu’à renommer, dans un étrange euphémisme, les « combattants illégaux » en « belligérants non autorisés » (unprivileged belligerents). En vain.

    L’ultime plan de Barack Obama

    Cruelle répétition de l’Histoire, sept ans plus tard, presque jour pour jour, lors de son ultime discours sur l’état de l’Union, le 12 janvier, Barack Obama s’est vu répéter qu’il continuerait à œuvrer pour fermer le centre de Guantanamo : « Il coûte cher, il est inutile et ne sert qu’à être un prospectus de recrutement pour l’organisation Etat islamique. » Plus récemment encore, ce 23 février, à près de dix mois de son départ de la Maison Blanche, il a déposé au Congrès un ultime plan pour transférer les derniers détenus et fermer le site. Un projet qui prévoit de transférer dans une dizaine de centres pénitentiaires sur le sol américain les prisonniers, mais qui échouera très probablement devant l’opposition des élus. Comment en est-on arrivé là ?

    L’une des erreurs initiales d’Obama a été de croire que son projet de fermeture de Guantanamo allait être soutenu par la majorité démocrate ainsi que par certains élus du camp adverse. Avant même la fin du mandat de son prédécesseur, des voix comme celles des candidats républicains John McCain et Ron Paul s’étaient de fait prononcées en faveur d’une fermeture du site. Or, dès mai 2009, le Sénat, pourtant largement dominé par les démocrates, inflige un camouflet au nouveau président. Il empêche la fermeture de « Gitmo », comme l’appellent les Américains, en refusant à la quasi-unanimité de voter l’enveloppe de 80 millions de dollars (72,5 millions d’euros) au Pentagone et au département de la justice, prévue notamment pour transférer les 242 détenus restants.

    Plusieurs élus, pourtant proches du président, se plaignent d’être mis devant le fait accompli. Ils critiquent l’absence de plan précis pour le suivi juridique des détenus une fois arrivés sur le sol américain. La perspective de libérer des prisonniers dans les Etats inquiète les édiles locaux, qui y voient « un suicide électoral », notent PeterFinn et Anne Kornblut dans une enquête de 2011 du Washington Post.

    Les Républicains, contre la fermeture du camp

    De leur côté, les républicains font campagne sur le thème : « Rencontrez votre nouveau voisin, Khalid Cheikh Mohammed » (surnommé « KSM » par les médias américains), le « cerveau » présumé du 11-Septembre, arrêté en 2003 au Pakistan et transféré en septembre 2006 à Guantanamo. Ils s’opposent à la fermeture du camp autant par loyauté à Bush que par calcul politique. A leurs yeux, l’exécutif tout comme le judiciaire doivent refuser de considérer le terrorisme comme un crime de droit commun. Ils n’hésitent pas pour cela à reprendre à leur compte les informations du renseignement américain selon lesquelles des dizaines de détenus déjà libérés auraient repris le combat. Un argument utilisé encore aujourd’hui par les principaux caciques républicains. Selon différentes sources, près de 18 % des ex-détenus de Guantanamo auraient rejoint le champ de bataille, avec un taux nettement plus important sous l’ère Bush que sous celle d’Obama.

    En novembre 2009, le ministre de la justice, Eric Holder, déclare que Khalid Cheikh Mohammed et ses codétenus Ramzi Ben Al-Chibh, Ali Abdul Aziz Ali, Walid Ben Attach et Mustapha Al-Hawsawi seront transférés sur le sol américain et passeront en procès devant un tribunal fédéral à New York. Tous les cinq avaient plaidé coupable en décembre 2008 devant la justice militaire à Guantanamo.

    L’annonce est unanimement saluée par les défenseurs des droits de l’homme. Les républicains, eux, fulminent. Certains y voient « un pas en arrière pour la sécurité » des Etats-Unis et un « risque inutile » pour les New-Yorkais. Des familles des victimes dénoncent à leur tour le fait que les accusés auront « les mêmes garanties constitutionnelles » que les Américains. Des élus s’inquiètent du risque de voir les débats s’éterniser et tourner au procès des détentions extrajudiciaires des années Bush (« KSM » a subi 183 séances de waterboarding, les simulacres de noyade, dans les prisons secrètes de la CIA).

    Nouveau camouflet

    Le débat s’enlise. Le ministre Holder a beau assurer que le système judiciaire américain saura se « montrer à la hauteur », indiquer que l’accusation est suffisamment solide pour se passer des confessions obtenues sous la torture et que le ministère public réclamera la peine de mort, l’opinion ne suit pas. On évoque l’éventualité d’un décret présidentiel pour fermer le camp, mais Obama hésite à utiliser une telle arme. Non seulement celle-ci comporte de hauts risques politiques et juridiques, mais son usage contreviendrait aux principes que Barack Obama s’était fixés, lui qui a souvent critiqué George W. Bush pour avoir abusé du pouvoir présidentiel.

    Le 8 décembre 2010, nouveau camouflet : la Chambre des représentants adopte une disposition du projet de loi de finances pour l’exercice fiscal 2011, qui prohibe l’utilisation de fonds publics pour le déplacement de prisonniers sur le sol américain, empêchant de facto tout transfèrement. Dans la foulée, les élus interdisent le financement de la prison de remplacement que Barack Obama avait trouvée dans l’Illinois.

    C’est l’échec. « Les plans de la Maison Blanche ont été minés par des erreurs de calculs politiques, une certaine confusion et une timidité face à l’opposition croissante du Congrès », avance le Washington Post, qui ajoute : « Les efforts infructueux destinés à fermer Guantanamo illustrent le style de leadership d’Obama. Celui-ci angoisse sa base libérale et permet à ses opposants d’imposer de temps à autre leurs propres agendas à force de vouloir accorder un espace au compromis et à la passivité. » Deux ans après sa prise de pouvoir, le président est obligé d’admettre que sa promesse de campagne a du plomb dans l’aile. « Je n’ai pas été capable de résoudre cette affaire à ce jour et, sans la coopération du Congrès, on ne peut rien faire, reconnaît-il lors d’un entretien accordé à l’Associated Press. Mais cela ne veut pas dire que j’abandonne. »

    Plusieurs catégories de détenus

    Son administration décide de classer les détenus en plusieurs catégories. Certains prisonniers deviennent éligibles à une « libération conditionnelle » (conditional release) ou à un « bon pour transfert » (approved for transfer). D’autres entrent dans la catégorie « détenu illimité » (indefinite detainee) : ces prisonniers sont trop dangereux pour être libérés, mais une procédure judiciaire à leur encontre s’avère impossible, les « aveux » ayant été obtenus par la coercition. De fait, Barack Obama entérine, au grand dam des organisations de défense des droits de l’homme, le maintien de 47 détenus à la détention provisoire illimitée.

    Parallèlement, l’administration crée un Bureau de révision périodique pour réévaluer leur statut. A la différence des panels de l’administration Bush, purement militaires, ce bureau a une composition élargie aux ministères de la défense, de la justice, de la sécurité intérieure, des affaires étrangères et aux services de renseignement.

    Au printemps 2013, Barack Obama repart à l’offensive. « Intenable », « coûteux »,« un outil de recrutement pour les extrémistes », dit-il, déjà, pour condamner la prison, où 100 des 166 détenus restants sont alors en grève de la faim, dont 23 alimentés de force. « Cette idée que nous allons continuer à garder plus de 100 individus à perpétuité dans un no man’s land, alors que nous avons mis fin à la guerre en Irak, que nous concluons la guerre en Afghanistan, que nous réussissons à démanteler le cœur d’Al-Qaida, que nous avons maintenu la pression sur tous ces réseaux terroristes transnationaux, que nous avons transféré le contrôle de la détention en Afghanistan ; cette idée que nous maintiendrions pour toujours un groupe d’individus qui n’ont pas été jugés, c’est contraire à qui nous sommes, c’est contraire à nos intérêts, et il faut que ça cesse », tonne-t-il.

    Les mots sonnent justes, mais rien n’y fait. Ou presque. A partir de 2014, l’administration Obama accélère le transfèrement des détenus libérables et pour lesquels un pays d’accueil a été trouvé. Selon les données accessibles jusqu’au début février, 115 détenus ont été libérés depuis l’arrivée de M. Obama à la Maison Blanche. Près d’un tiers uniquement durant la dernière année. Les 10 Yéménites envoyés vers Oman, pour la seule journée du 14 janvier 2016, constituent un record en la matière.

    Qu’à cela ne tienne. Vu du sol, le huis clos de Guantanamo tourne à plein régime, comme si de rien n’était. Le budget annuel de fonctionnement dépasse les 400 millions de dollars, soit un coût de près de 4 millions de dollars par détenu. Quelque 100 médecins, infirmiers et personnels soignants sont à demeure sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans un bâtiment voisin, toujours face à la mer et jouxtant l’ancien camp Delta 1 rendu célèbre par les photos des détenus vêtus d’uniformes orange. Le médecin-chef évoque des cas de cholestérol, d’hypertension et d’obésité, l’utilisation aussi d’anti-inflammatoires. Il ne donnera pas le nombre exact des détenus encore en grève de la faim et nourris de force par sonde : « Ils sont très, très peu comparé au passé. » Comprendre une douzaine, voire un peu plus. « Il faut remonter très haut dans la hiérarchie pour obtenir ce chiffre », glisse-t-il.

    2 000 gardiens

    Les installations carcérales sont gardées par près de 2 000 gardiens. Un nombre qui n’a pas diminué malgré la réduction des prisonniers. « C’est l’architecture de l’endroit qui veut cela, explique le colonel David Heath, chef du personnel pénitentiaire depuis 2014. Qu’il y ait 10 détenus ou 100, le nombre de gardes est pour nous identique. Chaque détenu doit avoir sa cellule individuelle, et nous nous plaçons toujours dans l’hypothèse la plus dangereuse. »

    Dans le camp n° 6, où se trouvent environ une quarantaine de détenus, les blocs carcéraux forment un quadrilatère avec un espace commun d’une soixantaine de mètres carrés, au centre duquel sont fixées trois tables en métal. Une vingtaine de cellules y sont réparties sur deux niveaux avec une porte qui donne sur une petite cour. Chaque cellule possède une structure en dur avec un matelas, un WC, un miroir, une petite table, un casque isolant, cinq livres dont le Coran, un tapis de prière et une flèche noire peinte au sol orientée vers La Mecque. Accrochés en haut des murs aux deux extrémités de l’espace commun, deux télévisions grand écran.

    Un bouquet de 300 chaînes est mis à la disposition des prisonniers. « Chaque bloc a son chef. C’est lui qui choisi le programme, religieux la plupart du temps », indique un des responsables du camp n ° 6, précisant qu’ils ont le droit aussi d’écrire et de passer un coup de fil ou deux par mois, selon leur statut. « Nous regroupons les plus radicaux entre eux, les plus coopératifs ensemble, par degrés, cela évite certains problèmes », dit laconiquement ce gradé.

    Prier cinq fois par jour

    Les détenus peuvent prier quelque vingt minutes, cinq fois par jour. Certains suivent des cours de langue – anglais ou espagnol –, des cours d’informatique ou d’arts plastiques. Un espace récréatif est également accessible en plein air de deux heures à vingt-deux heures par jour, toujours selon leur statut et leur comportement. « Ils jouent comme des dieux au football », commente un jeune garde. Il n’est pas rare de voir un ballon voler loin par-dessus les enceintes. « Un geste de défi aux autorités », glisse un journaliste.

    La librairie du camp est tenue par un jeune militaire, diplômé de science politique. Quelque 35 000 livres, DVD, CD, jeux vidéo, revues et magazines composent ce fonds constitué au fil des années, principalement par des dons. Il y a là du Harry Potter, une version imprimée du quotidien Al- Quds Al-Arabi, une BD de Superman,National Geographic, Alexandre Dumas en anglais, Oliver Twist, de Charles Dickens, le livre d’Obama The Audacy of Hope et même des exemplaires de Planète foot, France football et Onze. « Ils adorent le sport, le foot,dit-il, mais ce qu’ils empruntent le plus ce sont les jeux vidéo et les livres religieux, les ouvrages sur le Coran et ses interprétations. »

    D’une même voix, les militaires accompagnateurs et responsables du camp estiment que l’image de Guantanamo dans le monde est déformée. « Mes gars peuvent être fiers de leur travail, insiste le colonel Heath. On traite les détenus avec dignité et respect, que vous le croyiez ou non, même s’ils ne le méritent pas, même s’ils envoient des excréments ou de l’urine ou crachent sur les gardiens. Il y a eu 300 “assauts” sur les gardiens depuis que je suis en poste, et pas une fois un garde n’a répondu, ni verbalement, ni physiquement, et de cela, oui, je suis fier. » Comme tous ses confrères, il ne répondra pas aux accusations de torture et de mauvais traitements soulevées à partir des années 2004 et 2005 par d’innombrables ONG et enquêtes internationales. « Depuis que je suis ici, je peux vous dire que je n’ai jamais entendu parler de telles pratiques », dit-il, précisant que « le centre ne procède plus à des interrogatoires ».

    Refus de parler du passé

    Zak, ou « Zaki », comme il dit, ne donne jamais son nom de famille. Ce Jordanien est depuis onze ans le conseiller culturel de la prison de Guantanamo, une sorte de médiateur entre geôliers et détenus. A 58 ans, cet originaire d’Amman explique que son travail s’est allégé avec le temps. Il est arrivé en 2004, à l’époque où plus de 600 prisonniers étaient détenus. « Il y avait du travail tout le temps, tous les jours, mais aujourd’hui ils n’ont plus besoin de moi, ils me parlent moins, le dernier entretien remonte à plusieurs semaines. » Lui aussi refuse de parler du passé. « Actuellement, l’atmosphère générale est plutôt de savoir quand ils rentreront, affirme le conseiller culturel. Ils ont vu le discours sur l’état de l’Union du président, des chaînes en arabe l’ont repris. Ils demandent tous quand ils pourront partir. »

    A ce jour, sur les 91 détenus encore incarcérés, 46 sont en « détention illimitée », sans jugement ni inculpation, 10 sont en cours de jugement ou ont déjà été condamnés pour crime de guerre par une commission militaire, et 35 possèdent le statut de « détenus transférables », c’est-à-dire en attente de pays d’accueil. Parmi ce dernier groupe figure depuis le 21 février Majid Ahmed, un Yéménite de 35 ans, incarcéré à Guantanamo le 16 janvier 2002. L’homme avait été enrôlé comme garde du corps de Ben Laden, un mois avant les attaques du 11-Septembre, selon le renseignement américain. Il avait été placé en détention illimitée.

    Quatorze ans plus tard, le Bureau de révision a donc jugé qu’il avait été « relativement accommodant, bien qu’il ait été extrêmement non coopératif avec ses interrogateurs ». Sur sa fiche de renseignement, on apprend qu’il « cultive toujours des sentiments antiaméricains et maintient des vues islamistes conservatrices qui pourraient rendre difficiles son transfert et sa réintégration dans de nombreux pays ».
    La visite prend fin. Selon les consignes, les photos prises par le groupe seront soumises à la censure avant le départ. Dans son bloc du camp n° 6, l’homme à la barbe longue tourne toujours en rond. Il a posé son livre, mais il marche toujours d’un même rythme en tournant en rond. Dans un vertige sans fin.

  • Léopold Lippens, bourgmestre de Knokke, sur les migrants : "Les Français sont dégoûtants comme d’habitude"
    L’article de la RTBF

    Suite à l’annonce du prochain démontage des camps de migrants en France et la réintroduction des contrôles aux frontières avec la France annoncée par le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA), le comte Léopold Lippens (CD&V) se lâchait dans Sudpresse à propos des migrants illégaux :  » Qu’on fasse un camp comme à Guantanamo. Sans les torturer. Et qu’on les envoie dans leur pays".

    Vidéo : http://www.rtbf.be/video/detail_les-migrants-a-knokke-intervention-de-lippens?id=2086522

    Interviewé ce mercredi midi par la RTBF, le bourgmestre de la station balnéaire estime que ses propos ont été sortis de leur contexte dans Sudpresse. Il affirme avoir dit qu ’ » illégal c’est illégal et quand on est illégal, il ne faut pas pouvoir retrouver immédiatement la liberté comme on le fait aujourd’hui" , en allant à Bruges où ils retrouvent la liberté avec un simple ordre de quitter le territoire dans les 5 jours.
     » Il faudrait donc les mettre dans un endroit encerclé pas comme Guantanamo, poursuit-il, avec des infrastructures cohérentes et après 3 jours qu’on les renvoie dans le pays."
    "Heureusement qu’on a de grands ministres comme Jambon et Francken qui font un boulot formidable parce que sans eux cela n’ira en tout cas pas."

    Léopold Lippens critique la France

    À propos du démantèlement des camps de réfugiés en France, Léopold Lippens estime que  » les Français sont dégoûtants comme d’habitude, ils renvoient tous leurs réfugiés, ils ferment Calais parce que le Front national a gagné. Ils ont peur des répercussions politiques et ils envoient les gens par bus en Belgique. Mais ça suffit comme plaisanterie ! Les réfugiés font des dégâts monstres aux camions. Il faut que ça cesse. S’ils viennent ici et sont illégaux, on les arrêtera". 

    Source : http://www.rtbf.be/info/dossier/drames-de-la-migration-les-candidats-refugies-meurent-aux-portes-de-l-europe/detail_leopold-lippens-bourgmestre-de-knokke-souhaite-un-camp-pour-migrants-com

    La famille lippens : http://www.frerealbert.be/fortunes/lippens/le-guide-du-richard-1-maurice-lippens

  • Une salade de fruits avec Laurie Anderson
    https://www.vice.com/fr/read/une-salade-de-fruits-avec-laurie-anderson-v9n12

    Son nouveau film, Heart of a Dog, [...] explore la mort, l’amour et les conséquences de la surveillance de masse au lendemain du 11-septembre [...].

    [...]

    L’histoire la plus mémorable du film, c’est certainement ce récit de voyage qu’elle et Lolabelle ont entrepris au lendemain du 11-septembre, lorsque tout était « assourdissant et bordélique » à New York. Lors d’une de leurs promenades matinales au bord de l’océan, plusieurs faucons sont descendus en piqué et ont encerclé le chien. Anderson se souvient avoir alors observé une toute nouvelle expression sur la face du canidé. « Elle a d’abord réalisé qu’elle était une proie », raconte Anderson dans le film. « Puis lui est venue une autre pensée. Elle a compris que la menace pouvait venir des airs... Il s’agissait du même regard que celui de mes voisins les jours qui ont suivi le 11-septembre. »

    Anderson aborde également la relation conflictuelle entre les États-Unis et le Moyen-Orient dans sa dernière performance, Habeas Corpus, réalisée en collaboration avec Mohammed el Gharani, incarcéré à Guantanamo à l’âge de 14 ans. Libéré en 2009, Gharani est aujourd’hui interdit de séjour aux États-Unis. Pour travailler avec lui sur ce sujet, Anderson a conçu une installation à mi-chemin entre la sculpture 3D et la vidéo, permettant ainsi à Gharani de partager son histoire à distance. Pour ce faire, Gharani s’est assis dans un studio d’Afrique de l’Ouest sept heures par jour pendant trois jours, tandis que son image, plus grande que nature, était projetée dans le Park Avenue Armory, à New York. Chaque soir, Anderson se tenait à côté de l’hologramme de Gharani. Elle le présentait à l’audience et ponctuait ses récits glaçants sur Guantanamo par des morceaux de violon et des récitations de poèmes.

    Dans cette performance, Anderson revient sur la notion équivoque de liberté. Elle fait aussi bien référence à la liberté durement gagnée de Gharani qu’à celle qui a permis de l’enfermer plusieurs longues années sans que la moindre charge ait jamais été prononcée contre lui. « Quelqu’un dans l’administration Bush a dit que, pour ces détenus, nous devions "trouver une autre galaxie – un espace où aucun droit ne serait applicable". Cette phrase m’est restée en tête. »

    [...]

    Puis elle ajoute, au sujet de Guantanamo : « Les prisonniers de guerre sont appelés des "non-personnes". Dès lors, vous pouvez faire d’eux tout et n’importe quoi selon les termes de la Convention de Genève. En prison, quand on s’est mis à recenser de plus en plus de suicides, on a commencé à appeler ça des "tentatives de manipulation par automutilation". C’est soudain devenu le nom donné à toute personne qui s’était donné la mort volontairement. C’est pourquoi le film parle du langage : il montre à quel point il est possible de se méprendre en pensant que l’on connaît son propre passé, son histoire. »

    https://www.youtube.com/watch?v=8PLWVXICQyM

    #Amour #Art #Attentats_du_11_septembre_2001 #Camp_de_Guantánamo #Cinéma #Introspection #Laurie_Anderson #Mort #Surveillance_de_masse #États-Unis

  • Le gouvernement envisage des centres de rétention pour les personnes fichées « S »
    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2015/12/09/le-gouvernement-envisage-des-centres-de-retention-pour-les-personnes

    Le gouvernement continue d’explorer de nouvelles voies pour développer l’arsenal sécuritaire à sa disposition. Parallèlement à la consultation du Conseil d’Etat sur son projet de réforme constitutionnelle, le gouvernement de Manuel Valls sollicite l’avis de la haute juridiction sur certaines des mesures complémentaires qu’il envisage pour renforcer les moyens de la police dans la lutte antiterroriste.

    De façon explicite, le ministère de l’intérieur demande ainsi au Conseil d’Etat si la loi peut permettre l’internement administratif des personnes qui font l’objet d’une fiche « S » (pour prévenir des menaces à la sécurité publique ou à la sûreté de l’Etat), mais qui n’ont jamais été condamnées.

    « La loi peut-elle autoriser une privation de liberté des intéressés à titre préventif et prévoir leur rétention dans des centres prévus à cet effet », interroge ainsi le texte révélé par le site Lundi Matin. Une telle mesure irait ainsi plus loin que le camp des Etats-Unis à Guantanamo, qui ne concerne pas les citoyens américains.

  • Réinventer la France | Madjid Ben Chikh, Tokyo | Le Blog de Suppaiku
    http://madjidbenchikh.fr/madjidbenchikh2017

    Le caractère totalitaire de la Vème #république, dénoncé en son temps par Pierre Mendès-France se révèle désormais sous nos yeux : la révision constitutionnelle et l’état d’urgence nous conduisent à une hyper-présidence dans un état policier dominant une société d’où sont définitivement neutralisés tous les contre-pouvoirs.

    Nous passons du « coup d’état permanent » à l’état d’urgence permanent dans ce qui s’apparente à un « patriot act » à la française.

    Depuis juin 2015, les écoutes et le contrôle de l’internet à grande échelle, au même moment où les USA revenaient sur cette #politique adoptée du fait de sa totale inefficacité.
    Le retrait de la nationalité pour les criminels d’origine étrangère, vieille proposition du Front National, créant une #citoyenneté conditionnelle à deux vitesse.
    Le port d’arme en dehors du service et la possibilité de tirer hors de la légitime défense, une autre proposition du Front National, laisse la poste ouverte à des bavures, dores et déjà trop nombreuse, et dont ni la société en générale, ni la police en particulier, ne sortiront grandis.
    Des élus Les Républicains ont proposé l’enfermement des suspects « fiche S » sur simple décision administrative comme à Guantanamo ainsi qu’un encadrement de la #liberté de la #presse, comble d’ironie pour ces élus qui en janvier dernier célébraient cette même liberté de la presse.

    Il nous faut craindre désormais pour les libertés publiques et pour les libertés individuelles dans un état d’urgence qui réduit chacun à l’état de suspect.

    Une république agonisante

    Élu comme un progressiste modéré, il aura fallu trois ans à François Hollande pour rejoindre Guy Mollet dans une politique d’impasse et d’impuissance, là où se pratiquent toutes les compromissions aux principes élémentaires proclamés de la république : la liberté, l’égalité et la fraternité.

    Il serait vain, toutefois, de pointer la responsabilité sur un homme en oubliant ces chroniqueurs, ces écrivains, ces pseudo-philosophes, ces responsables politiques et des pans entiers de la société qui tous ensembles forment un système clos, fermé, oligarchique et conservateur masquant de plus en plus difficilement un abandon, un échec ainsi que sa soumission à une bourgeoisie avide de baisses d’impôts et de déréglementations.

    #démocratie #totalitarisme

  • Marc Trevidic : « On ne traite que la moitié des dossiers des gens qui reviennent de Syrie » - La Voix du Nord - Publié le 17/11/2015 - Chantal DAVID
    http://www.lavoixdunord.fr/france-monde/marc-trevidic-on-ne-traite-que-la-moitie-des-dossiers-ia0b0n3165668

    (...)Le pôle antiterrorisme.« Il y a neuf juges d’instruction, un juge supplémentaire a été nommé en septembre. Il y a neuf procureurs au parquet anti terroriste. Mais depuis deux ans, on assiste à une explosion des affaires. C’est de l’ordre d’un nouveau dossier par semaine à l’instruction. En gros, chaque juge gère quarante dossiers en même temps. En parallèle, il y a quatre cents enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet. On a laissé la situation se dégrader. Le manque de moyens frôle l’indigence. Tout comme on manque d’enquêteurs de police judiciaire, il n’y a pas suffisamment de magistrats instructeurs pour anticiper, agir en amont. Pour neutraliser un terroriste, il faut recueillir des preuves, éventuellement remonter une filière de recrutement… Par exemple, on ne traite que la moitié des dossiers des gens qui reviennent de Syrie. »

    On manque d’enquêteurs. « Actuellement, c’est le renseignement qui gagne, pas le judiciaire. La récente loi sur le renseignement indique qu’il y a une tendance très forte à aller vers les enquêtes administratives, hors contrôle judiciaire. Mais établir une fiche S ne permet pas d’arrêter quelqu’un. Du moins jusqu’à présent. On est dans un État de droit. En France, ce sont les magistrats qui décident d’arrêter ou non quelqu’un, de le mettre en garde à vue ou de le placer en détention. J’espère qu’on va gérer les attentats avec des moyens qui restent fidèles à nos principes. Des méthodes extrajudiciaires, arbitraires comme l’ont fait les Américains à Guantánamo pourraient nourrir les sentiments anti-occident et anti-français. »

  • Jeremy Corbyn et les « extrémistes ». Fourest s’en va en guerre. - Contre-attaque(s)
    http://contre-attaques.org/magazine/article/jeremy-corbyn
    http://contre-attaques.org/IMG/siteon0.jpg?1441100009

    Passons sur les termes jamais définis d’« islamistes », d’« intégristes », d’« extrémistes », tarte à la crème de la rhétorique islamophobe, qui permettent sans démenti possible de jeter la suspicion sur n’importe quel musulman. Passons sur les « dessins de Mahomet » que la presse britannique a refusé de publier en 2006, non pour complaire à quelque groupe extrémiste mais tout simplement parce qu’elle les trouvait gratuitement racistes et offensants. Passons enfin sur l’amalgame abject qui associe – sur un ton ironique – ceux qui critiquent les dessins islamophobes et ceux qui soutiennent l’assassinat des dessinateurs (2).

    Arrêtons-nous plutôt sur un « détail », que Caroline Fourest oublie de mentionner : Jeremy Corbyn est le président de la coalition pacifiste Stop the War , constituée après le 11-Septembre pour s’opposer à la « guerre contre la terreur », menée par le président républicain George W. Bush et le Premier ministre travailliste Tony Blair. Une immense opération « antiterroriste » qui, rappelons-le, a causé la mort de centaines de milliers de victimes, en Afghanistan et en Irak, et envoyé au bagne, sans jugement, des centaines de personnes (parmi lesquelles le fondateur de l’association CAGE, qui a passé trois ans à Guantanamo).

  • Vous n’aimez pas la vérité - 4 jours à Guantánamo « est un documentaire basé sur l’enregistrement d’une caméra de surveillance de la prison de Guantánamo.
    La rencontre, jamais vue auparavant, dune équipe d’interrogateurs canadiens avec un enfant détenu dans la prison de Guantánamo. Basé sur les sept heures d``enregistrement vidéo déclassifiées par les tribunaux canadiens, ce documentaire rend compte de l’intensité de cet interrogatoire qui a duré quatre jours. S’appuyant sur le style d’un écran de surveillance, le film analyse les portées scientifiques, légales et politiques d’un dialogue forcé. »

    « En 2002, un jeune canadien de 15 ans du nom d’Omar Khadr est fait prisonnier par des soldats de l’armée américaine après qu’une grenade eut causé la mort de l’un des leurs, en Afghanistan. Torturé sur place, puis envoyé sans procès à la prison de Guantanamo, Khadr doit attendre jusqu’en 2003 avant de recevoir la visite d’agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Croyant alors que ces représentants sont là pour lui venir en aide, Omar Khadr baisse sa garde. Quatre jours plus tard, après que l’interrogatoire se fût lentement transformé en exercice de torture, les agents l’abandonnent littéralement à lui-même, le laissant seul en attente d’un procès. »

    https://www.dailymotion.com/video/xxek8e_4-jours-a-guantanamo-1-2_news?start=22

    Ottawa fera appel de la libération d’Omar Khadr
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/04/24/001-omar-khadr-liberation-sous-conditions.shtml

    LES PRINCIPES DE PARIS.
    PRINCIPES DIRECTEURS RELATIFS AUX ENFANTS ASSOCIES AUX FORCES ARMEES OU AUX GROUPES ARMES
    Février 2007

    http://www.unicef.org/french/protection/files/ParisPrincipesFrench310107.pdf

  • Bad lieutenant: American police brutality, exported from Chicago to Guantánamo | US news | The Guardian
    http://www.theguardian.com/us-news/2015/feb/18/american-police-brutality-chicago-guantanamo

    The Guardian examined thousands of court documents from Chicago and interviewed two dozen people with experience at Guantánamo and in the Chicago criminal-justice system. The results of its investigation suggests a continuum between Guantánamo interrogation rooms and Chicago police precincts. Zuley’s detective work, particularly when visited on Chicago’s minority communities, contains a dark foreshadowing of the United States’ post-9/11 descent into torture.

    Allegations stemming from interviews and court documents, concerning five Chicago suspects, suggest Zuley and his colleagues shackled suspects to walls for extended periods, threatened their family members, and perhaps even planted evidence on them. The point was to yield confessions, even while ignoring potentially exculpatory evidence.

    The cast of characters

    Several of those techniques bear similarities to those used by Zuley when he took over the interrogation of Mohamedou Ould Slahi at Guantánamo, described in official government reports and a best-selling memoir serialised last month by the Guardian as one of the most brutal ever conducted at the US wartime prison.

    #Guantanamo #Chicago #prisons_américaine #droits_de_l'homme #politique_raciale #torture #police #armée

  • L’Egypte « désapprouve toute critique des verdicts de ses juges » et dénonce « le 2 poids 2 mesures » en faisant allusion à Guantanamo - Communiqué

    http://www.sis.gov.eg/Fr/Templates/Articles/tmpArticleNews.aspx?ArtID=70190

    vendredi, 6 février 2015
    L’Egypte a suivi avec une grande réprobation les réactions des certains États et organisations régionales et internationales, gouvernementales et non-gouvernementales, relatives au dernier verdict, condamnant à prison perpétuelle 230 personnes dans le procès connu par « les incidents du Conseil des ministres ».

    Par ces réactions, ces États et organisations sont intervenues d’une manière inadmissible dans l’action de la magistrature égyptienne, n’ont pas montré le moindre respect à ses sentences, et ont ainsi dérogé aux principes fondamentaux de la véritable démocratie, dont en premier lieu celui de la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la magistrature, et l’abstention des parties intérieures et extérieures de commenter les verdicts.

    L’OGI réitère que, en vertu des dispositions de la loi égyptiennes, les accusés ont comparu devant une Cour civile et un juge civil. Par ailleurs, tout condamné a le droit de demander la cassation de sa condamnation.

    L’OGI affirme que les dernières réactions internationales vis-à-vis de ces verdicts laisse montrer un critère de deux poids deux mesures et un népotisme, surtout à la lueur du silence international curieux face à certains pays qui se disent démocratiques et qui continuent en même temps à détenir des gens pendant des années sans les juger ni leur permettre de se défendre et même sans leur faire des accusations.

  • Torture et faux aveux : un détenu de Guantanamo publie son journal intime
    17 Janv. 2015
    http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/torture-et-faux-aveux-un-detenu-de-guantanamo-publie-son-journal-intime-1

    Un Mauritanien détenu à Guantanamo depuis près de 13 ans raconte comment il a été torturé et poussé à de faux aveux dans un journal intime qui sera publié mardi et dont le quotidien britannique The Guardian a publié de larges extraits samedi.
    Mohamedou Ould Slahi, arrêté en 2001 en Mauritanie avant d’être emprisonné successivement en Jordanie, en Afghanistan et à Guantanamo, décrit ce qu’il appelle sa tournée mondiale de la torture et de l’humiliation.

    Le Mauritanien de 44 ans, membre d’Al-Qaïda, affirme dans son manuscrit écrit en anglais qu’il a été torturé, battu, humilié et menacé de mort à de nombreuses reprises.
    Il dit avoir été soumis en 2003 à des « techniques d’interrogatoire additionnelles », qu’il a été forcé de boire de l’eau salée et qu’il a été emmené en mer pour y être roué de coups pendant trois heures.
    Il raconte aussi que, pour faire cesser les tortures, il a fait de faux aveux en déclarant avoir planifié un attentat contre la tour CNN à Toronto.
    « Guantanamo Diary » est présenté comme étant le premier livre publié à avoir été écrit par un homme toujours emprisonné dans le centre de détention militaire. Il doit paraître dans 20 pays, après une longue procédure pour faire déclassifier le document.
    Selon le Guardian, le livre a été retouché et amendé à plus de 2500 reprises. Le quotidien ajoute que les éditeurs espèrent pouvoir publier une version non expurgée une fois que Mohamedou Ould Slahi sera libéré.

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    http://www.theguardian.com/world/2015/jan/16/-sp-guantanamo-diary-exposes-brutality-us-rendition-torture

  • Entretien avec François Burgat - Jean-François Daguzan
    20 novembre 2014, 00:52

    A propos du terrorisme islamique

    Maghreb Machreq « Figures de l’islamisme », (188) Eté 2006, Choiseul,Paris,p.11-20 (Entretien avec Jean-François Daguzan)

    Résumé : La notion de « terrorisme islamique » est sans doute la moins bonne possible pour désigner, si réelles soient-elles, les déchirures les plus graves du tissu politique mondial. Le label« terrorisme » sert trop souvent à disqualifier unilatéralement la violence « de l’autre ».L’appellation « islamique » nourrit une propension naturelle à« théologiser », et donc occulter la matrice profane des résistances et des oppositions internes, régionales ou internationales qui se manifestent dans le monde musulman.

    Abstract : The concept of “Islamic terrorism” isprobably the worst possible to explain themost severe but also the most poorly analyzed tensions in world politics. The label “terrorism” is itself too often mobilisedto disqualify the “violence of the other”.Categorising such violence as “Islamic” fuels a tendency to “theologise” (and thus to occult the profane origins of) oppositionsand resistances which develop in the Muslim world at a local, regional orinternational level.


    Jean François Daguzan : François Burgat vous avez publié à La Découverte, en 2005, un stimulant ouvrage « L’islamisme à l’heure d’Al Qaida » qui s’attache à une lecture critique de la question de l’islamisme et du terrorisme islamisme radical à l’aune de votre démarche scientifique personnelle et de votre connaissance de terrain du monde arabo-musulman. Que représente pour vous la notion de « terrorisme islamique » ?

    F.B. Cette dénomination est sans doute la moins bonne possible pour désigner, si réelles soient-elles, les déchirures les plus graves mais également les plus mal analysées du tissu politique mondial. Chacun de ses deux termes a en effet une portée potentiellement mystificatrice. Il est superflu d’énumérer toutes les dérives de l’usage du mot terrorisme dès lors qu’il est employé – loin de sa définition restrictive - pour disqualifier la violence de l’Autre, de celui qui résiste ou qui s’oppose. A l’échelle de l’histoire récente de la France, les résistants français aux nazis, labellisés « terroristes » par ces derniers,n’ont pas hésité, une fois au pouvoir, à faire de même à l’égard de la première génération des nationalistes algériens du FLN ; et ces derniers, dès lorsque leur propre hégémonie a été mise en cause, n’ont pas hésité à en faire autant vis-à-vis de ceux qu’ils venaient, en annulant le scrutin législatif de décembre 1991, de priver de leur victoire électorale.
    L’appellation« islamique » est une autre invitation à …y voir le moins clair possible : elle nourrit la propension naturelle à« théologiser » plus que nécessaire l’origine des tensions politiques au Proche Orient et dans le monde. La désignation de l’autre par sa seule appartenance ‘islamique’ conduit ici à sur déterminer, très unilatéralement, la variable religieuse supposée expliquer l’origine des résistances qui se développent dans le monde. Elle fait de cette variable religieuse une exclusivité du monde musulman ce qui est loin d’être le cas. Elle masque ensuite et surtout l’importance des variables trivialement profanes. Pour analyser les violences au Proche Orient, on éprouve quasi automatiquement le besoin de faire appel à un « islamologue ». Sachant la centralité que la référence religieuse continue à avoir dans la politique étrangère de l’Etat hébreu, si laïque sedise t-il ou dans celle des EU, dont on sait que le président à évoqué l’ « ordre divin » d’attaquer l’Irak, pourquoi ne mobilise t-on donc pas les services d’un « judéologue » ou d’un« christianologue »… !

    J-F D. : Je vois bien vos réserves sémantiques. Elles procèdent de l’éternel débat autour de la définition du terrorisme qui a bloqué et bloque encore les travaux des Nations Unies et tout récemment l’adoption solennelle d’une déclaration officielle euroméditerranéenne à l’occasion de la conférence des dix ans du Processus de Barcelone en novembre 2005. Je rappellerai par ailleurs qu’un chercheur est allé à la recherche des définitions du terrorisme (il en a trouvé plus de cent…). Ceci étant, Si l’on se réfère à ce que l’on appellera par facilité de langage « le terrorisme islamique », ne trouve t-on pas un appareil théorique (chez Qubt, Choukir Moustapha ou Farag) qui, par la manipulation de certaines notions ( le « grand » jihad (l’obligation absente), leTakfir, etc.), autorise ou facilite une violence extrême à l’égard de tout cequi n’est pas de son obédience (les autres Musulmans y compris). N’est-on pas dans la perspective de Michel Wievorka qui voit dans le terrorisme un« anti-mouvement social » qui se coupe des mouvements politiques et sociaux qui les ont engendré ab initio ou une « inversion » qui fait que le mouvement terroriste se retourne contre son propre camp ? et dans ce cas peu importe que les revendications soient satisfaites ou non.

    F.B. Votre question permet d’aller à l’essentiel : un acteur politique a-t-il plus de risque de recourir à la violence sectaire lorsqu’il puise ses références dans la culture islamique ?Je pense pour ma part que cultures, religions et autres « dogmes » (y compris les plus matérialistes) ont en matière de fabrication des idéologies d’exclusion des performances tout à fait comparables. Vous avez bien sûr raison de rappeler les différentes déclinaisons de ce que je nomme la« théologie de guerre » de l’égyptien dissident des Frères musulmans Sayyed Qutb. La notion de takfîr permet effectivement de priver celui que l’on déclare « mécréant » des droits et des garanties inhérents à son appartenance à la collectivité (ici, celle des croyants) et de le livrer ainsi à la violence « légitime » du groupe. Après avoir rappelé le rôle central de la répression nassérienne dans la radicalisation de cette génération islamiste des années soixante, la question qu’il faut poser est celle de savoir si cette rhétorique sectaire a ou non des équivalents dans d’autres univers de référence, qu’ils soient religieux ou profanes ou si nous sommes vraiment en présence d’une caractéristique propre à la pensée politique« islamique » . Dans ce domaine, les « capacités »anciennes de la religion chrétienne (lors des épisodes de l’inquisition ou de l’évangélisation de l’Amérique du sud), ou celles du nazisme et du stalinisme sont avérées. Mais, plus près de nous, l’actualité est tout aussi riche :interrogé sur le comportement à avoir avec la famille politique qui a remporté le scrutin législatif palestinien de janvier 2006, l’un des idéologues du très puissant et très populaire courant des évangélistes sionistes américains, le RvJohn C Hagee, a cité un verset de la bible (20-10) que je résume ainsi :« Proposez leur la paix. S’ils refusent de se soumettre (et de devenir vos esclaves),passez les hommes par le fil de l’épée et faites de leurs femmes, leurs enfants et leurs biens les vôtres » [1].Est-on très loin de la violence dite « islamique » ? Comment définir ensuite le dispositif rhétorique par lequel l’administration américaine a justifié la suspension de tous les droits applicables aux combattants de guerre emprisonnés à Guantanamo ? Ne s’agit-il pas d’une sorte d’« excommunication »qui rappelle curieusement les raccourcis du terrible « takfîr »islamique ?
    La problématique des terroristes « qui se retourneraient contre leur camp » appelle en revanche une toute autre investigation : celle de la validité de l’information que nous consommons(ou celle de l’efficacité de la désinformation que nous subissons) à propos des conflits mettant en scène des « terroristes ». L’avenir proche du conflit irakien aujourd’hui débarrassé de l’omni présent Abu Mus’ab Zarqawi,qui nous disait on, à en croire des courriers recueillis et diffusés par l’administration américaine, prônait précisément de donner à la lutte contre la majorité chiite irakienne le primat sur le combat contre la présence militaire américaine, va sans doute permettre de mesurer la crédibilité des informations qui se sont imposées dans les media à ce sujet.

    J-F D. : je vois bien vos arguments mais est-ce que vous ne vous placez pas trop du côté de « l’excuse absolutoire » ?Vous victimisez le monde musulman ; vous rappelez humiliations et atteintes à la dignité (o combien réelles) ; vous invoquez la générale Massu en référence au combat contre le voile qui serait une poursuite de la colonisation par d’autres moyens (je dois dire que j’ai été épaté par la référence à la générale – qui s’en souvient à part vous et moi ? – laquelle avait d’ailleurs adopté une jeune « musulmane ») ; vous invoquez, les régimes pourris, la Palestine, l’Irak et Guantanamo… Mais, n’est-ce pas tropfacile et complaisant que de renvoyer la responsabilité à d’autres, à un mal forcément venu d’ailleurs, comme s’il y avait un avant, le paradis perdu : le monde arabo-musulman jusqu’au XIX° siècle et un après,le monde colonial et post-colonial. Je n’ai pas le sentiment, traînant un peu mes guêtres dans ce monde là de la Mauritanie à l’Asie centrale, que le retour à un islam rigoriste soit absolument l’aspiration d’une majorité (encore faudrait-il qu’elle puisse s’exprimer, me direz-vous) et que nous soyons totalement dans le temps de la jahilliya ? On a plutôt le sentiment d’une population qui veut s’en sortir par le travail, le droit et la dignité etnon par la violence à tous prix. Enfin, le terrorisme « islamiste »tue plus de musulmans que de « croisés et de juifs ». Le problèm en’est-il pas, au fond, plus dans la fitna intermusulmane (au sens de Kepel) que dans la confrontation colonialiste ? C’est-à-dire une confrontation(au sein de chaque société) sur les voies et les moyens de sortir de la crise.

    F.B. Qui se souvient de madame Massu en dehors de vous et moi ? Des millions de gens ! Pour autant que vous considériez l’épouse du général qui a fait régner l’ordre en Algérie pour ce qu’elle est :un symbole (parmi d’autres) de la dimension idéologique et culturelle de la domination coloniale. Un symbole de ce que je considère comme une forme de« tribalisation de l’universel » : le détournement d’une cause universelle (l’émancipation des femmes) au service d’un objectif catégoriel beaucoup moins noble (la perpétuation dans ce cas, de la présence coloniale).Tout porte à croire que la page coloniale, trop partiellement écrite, n’a pas encore été tournée et qu’elle demeure au cœur de l’imaginaire politique d’une large majorité des acteurs de tout le monde musulman. Dans le contexte de la« recolonisation » américaine du moment et des offensives culturalistes qui tentent de la justifier, (l’idée que si nous apportons la culture démocratique à l’autre il cessera de nous résister …) cette référence me parait donc plus que jamais fonctionnelle, toutes générations confondues. Un homme de lettres et universitaire yéménite, résumait ainsi, en janvier 2006, l’air politique du temps : « Le cœur du problème n’est rien d’autre que la colonisation, cet ennemi juré. Sortie par la porte (…), elle est aujourd’hui rentrée par la fenêtre » [1].L’ingérence du dominant au cœur de l’intimité culturelle et religieuse du dominé a été identifiée très tôt en tant que telle. Malek Bennabi, l’un des pères spirituels du courant islamiste algérien, avait assimilé les manipulations par les autorités coloniales des institutions représentatives du culte musulman, à une façon de dire au dominé : « Ôte ta conscience de là que j’y mettre la mienne ! » [2].De l’Arabie saoudite ou de l’Iran à qui l’on réclame de « changer de culture » jusqu’à notre hexagone où la tentation de stigmatiser lesmarqueurs de la culture musulmane est loin d’avoir disparue, la référence àcette logistique culturelle de la vieille domination impériale reste biend’actualité.
    Est-ce que je cède à l’unilatéralisme –ou à l’auto flagellation - lorsque j’évoque le coût éthique et politique du soutienaveugle que l’Europe ou les Etats-Unis apportent à ces inamovibles leaders queje nomme les « Pinochets arabes » ou encore la géométrie variable del’humanisme qui tolère les atteintes répétées au droit international desbâtisseurs israélien du « mur de sécurité » ? Il faudrait parvenir àle démontrer à tous ceux qui subissent cette violence là, qui n’est ni verbaleni terminologique. Je me refuse ensuite à définir le phénomène islamiste commela volonté de retour à « un islam rigoriste » ou la caution à plus de« violence » et moins de « dignité ». Ce serait plutôt lecontraire. J’ai écrit de longue date que l’islam politique n’était pasréductible à l’émergence d’une nouvelle idéologie politique (qu’ellesoit radicale et conservatrice ou au contraire modérée et modernisatrice). J’aitenté de montrer que les acteurs qui « parlent musulman » emploientune telle variété de modes d’actions qu’il est plus exact d’évoquer unprocessus de reconnection entre le référentiel de la culture islamique etl’entier terroir de production de toutes les idéologies politiques.
    Que souhaitent les populationsmusulmanes concernées ? Admettons tous deux que nous n’en savons rien.Mais accordons nous sur un principe : que les choix exprimés par cespopulations dans des scrutins crédibles, dument surveillés par toute lacommunauté internationale, soient respectés. Malheureusement, l’empressementeuropéen à souscrire au diktat américano israélien montre que cela est loind’être le cas.
    Qu’explique ton vraiment enfin enrecourant au concept de « fitnah ». J’ai la plus grande peine àsaisir la portée explicative d’une aussi vieille invitation à l’essentialisme.Veut-on rappeler que le monde musulman évolue selon des dynamiques quiproduisent des divisions idéologiques et politiques ? Pour décrire etexpliquer ces tensions, le vocabulaire "endogène" (djihad,fitna) n’apporte alors qu’un renfort métaphorique voire seulement folklorique :quelle partie du monde, quellecommunauté humaine n’en connaît pas en effet de semblables ? Veut-onsérieusement affirmer en revanche que l’histoire du monde musulman est commecontenue en germe dans la doctrine islamique et qu’elle oscille depuisquatorze siècles entre le "djihad" (la guerre contre lesnon-musulmans) et la "fitna" (la discorde entre musulmans) ?J’ai quelque difficulté à m’accommoder d’un tel raccourci historique.

    J-F D. : Jepartage assez votre vision d’une bonne conscience bêlante venue d’occident quivient asséner sous couvert de compassion ou de dialogue mou des civilisationsdes leçons de savoir-vivre au monde arabo-musulman. De ce point de vue, lafigure de « l’orientaliste » dénoncée en son temps par Edward Saïd,demeure d’actualité. Cependant, n’y a t –il pas un risque de tomber dansle « tout colonial » comme machine à tout expliquer et, par là, àtout absoudre. N’est-on pas dans la névrose coloniale décrite par Franz Fanon,mais à l’envers ? J’ai été souvent frappé par le fait, quelque soit lepays où je me trouvais, le régime qui le dirigeait et la nature de mesinterlocuteurs, que l’on me serve si souvent le mythe du complot de l’étranger,le mal venu d’ailleurs (ex : « le Mossad a fait le 11septembre », antienne très à la mode dans les opinions publiquesactuellement). Ce principe a ceci de pratique qu’il élimine touteresponsabilité individuelle ou collective, politique ou sociale. A bien deségards, j’ai le sentiment que les « terroristes islamiques » font lejeu de l’Amérique que vous dénoncez et jouent fondamentalement contre leurcamp. Est-ce qu’il ne faut aussi réinventer la conscience critique de l’autre côtéde la Méditerranée et du Golfe ?
    F.B. Quelle est la part de responsabilité desPalestiniens écrasés sous la botte israélienne ? Et celle des oppositionsarabes victimes de l’autoritarisme de leurs dirigeants au long cours ? Ou cellede ces « Pinochets » arabes eux-mêmes, dans leur incapacité à limiter lesambitions américaines ? Il ne fait pas de doute qu’elle existe. Pas questiondonc de faire du « tout colonial » ou du tout « faute àl’occident ». Pas de problème pour « partager » lesresponsabilités. Depuis le concept de « colonisabilité », l’idée queles « dominés » ont une part de responsabilité dans leur sort est largementacquise. Mais tout demeure tout de même question proportion, de hiérarchie deces causalités, de priorité dans les axes de l’action. Pour faire cesserl’occupation militaire et les spoliations israéliennes en Palestine, faut-ilattendre – comme le suggère insidieusement la rhétorique dominante dans lesmedias (la robe des épouses des membres du Hamas est trop longue à nos yeux, iln’est donc pas mauvais que les Israéliens apportent un peu de modernité dansles territoires qu’ils occupent…) - que la modernisation politique et socialede la société palestinienne aille plus loin encore que le stade remarquabledémontré par les dernières élections ? L’évidence qui découle de la dissymétriedes forces en présence est que la responsabilité de celles qui sont du bon côtédu rapport de force est plus importanteque celle du camp qui est manifestement dominé. Il y a donc des priorités. Je merefuse, pour le seul plaisir de paraître « équilibré », à renvoyerchacun dos à dos, à traiter l’occupant sur le même pied que l’occupé. C’estRobert Fisk [3] je crois qui rappelle leparadoxe de ce principe du « 50-50 » que la presse anglo saxonne ditvouloir respecter en tous lieues. Tout va bien tant que ce principe n’est pasappliqué à ….une victime et à son bourreau, configuration où il a unimpact terriblement insidieux.
    Lorsque l’un des quatre piedsd’une chaise, ou d’une table, s’autorise à être plus haut que les autres, oubien lorsque l’on interdit à l’un d’entre eux de participer à l’équilibre dutout…c’est la fonctionnalité de tout l’« ensemble » qui estcompromise. Telle la situation de la France notamment, du monde en général.C’est ce déséquilibre là, avec ses terribles conséquences, qui doit être nommési on veut le dépasser.

    J-F D. : Je partage votreanalyse sur la notion du 50-50. Il y avait une phrase célèbre dans le milieujournaliste pour fustiger la fausse équité des faux débats et qui était :« cinq minutes pour les juifs et cinq minutes pour Hitler ». Le fauxéquilibre n’est que déséquilibre. Alors que faire ? Quel est ledépassement dont vous parlez. J’ai tendance à partager le pessimisme de Camus.La violence ne cessera pas avec la fin des injustices : « Nous avonsvu mentir avilir, tuer, déporter torturer, et à chaque fois ils n’était paspossible de persuader ceux qui le faisaient de ne pas le faire, parce qu’ilsétaient sûrs d’eux et parce qu’on ne persuade pas les représentants d’uneidéologie » (« Ni victimes, ni bourreaux », 1946). Mais,peut-être pourra t-on assécher le sol sur lequel se nourrissent les terroristeset interdire les surgeons. Dans votre livre vous proposer une« arme » absolue contre le terrorisme : le Partage. Pouvez-vousaller plus loin en guise de conclusion ?

    F.B. En évoquantl’urgence d’unpartage plus équitable des « ressources », j’entends soulignerque ce sont avant tout les dénis de représentation, sous toutes leurs formes,qui nourrissent en dernier ressort les violences terroristes. C’est une façonde me démarquer (non point tant paridéalisme, naïveté ou angélisme, que par conviction « scientifique »)des limites du traitement sécuritaire du terrorisme. Je dis mon scepticisme devantcet autisme guerrier de l’Occident qui renforce, encore et toujours, la suspicionvis-à-vis de l’autre au lieu de se décider enfin à assumer le cout de sareconnaissance. Je redis le risque qu’il y a ce faisant à accroitre les performancesde ce que j’ai nommé depuis longtemps la « machine à fabriquer desposeurs de bombes ». De Guantanamo à Bagdad, du boycott irrecevable desurnes palestiniennes jusqu’à la complaisance pitoyable à l’égard du militarismeisraélien, le traitement seulement sécuritaire des oppositions et des résistancesauxquelles nous sommes confrontés, qu’elles soient radicales ou légalistes, nousplace en porte à faux par rapport à notre propre système de valeurs au point denous pousser irrésistiblement dans le camp des « hors la loi ». En trichantavec le respect de la légalité internationale, nous privons nos politiques del’assise principale de leur légitimité. Non seulement nous augmentons le nombrede nos ennemis, mais nous hypothéquons notre droit à les qualifier et à lescombattre comme tels.
    Réclamer un meilleur partagedes ressources politiques, c’est aussi redire l’importance de l’alternance danstous les pays du sud de la Méditerranée. Or nous venons tout de même de signifier aux Palestiniens,et, à travers eux, à tout le monde musulman, que nous n’acceptons cettealternance que pour autant que soit garantie le succès du petit nombre de ceuxque nous considérons en quelque sorte comme nos uniques héritiers politiques légitimes.L’incompréhension croissante entre l’Europe et son environnement populaire arabeet musulman se nourrit ici d’une difficulté à partager des ressources qui sont del’ordre du symbolique. Nous nous révélons incapables à faire de la placedans « notre » universel politique aux lexiques et aux référentielsdes autres cultures. Comme la génération précédente a peiné à admettre lalégitimité des premières revendications nationalistes (Hitler, déjà, fut mobilisé pour disqualifier les auteursdes nationalisations !), la nôtre se refuse depuis vingt ans à admettre lalégitimité de la génération dite « islamiste ». Nous nous refusons àcomprendre que l’affirmation identitaire qui restructure les scènes politiquesdu monde musulman n’est pas nécessairement antithétique avec les valeursuniverselles de la libéralisation politique ou de la modernisation sociale. DePhilippe de Villiers à Charlie Hebdo, telle semble être la conviction d’unlarge front de nos intellectuels, toutes sensibilités confondues. Seuls les acteursusant des marqueurs symboliques de la culture occidentale peuvent à leurs yeux faireprogresser les dynamiques de modernisation. Pour le plus grand nombre, « Islam »ne rime qu’avec « théocratie » et « machisme ». Or, si unefrange d’activistes sectaires et radicaux évolue au cours de ce moment de l’histoire du monde musulman, la majorité desacteurs qualifiés d’islamistes n’y est aucunement réductible. L’affirmation« islamique » est avant tout « identitaire ». Le recoursmême ostentatoire au référentiel de la culture musulmane ne permet donc de préjuger ni des modes d’action des acteurs « islamistes » - c’est-à-dire des Talibans mais aussi ..du premier ministre turc Erdogan - ni même, en dernière instance,de la place qu’ils attribuent au religieux dans « leur » sphère politique.L’autonomisation laïque de cette sphère du politique est déjà largement acquise dans la pratique des courants issus de la tradition des Frères Musulmans. Nous ne sommes donc pas confrontés à la restauration d’une quelconque théocratie médiévale comme nous l’assènent sans se lasser nos intellectuels médiatiques : dans la droit fil de la remise à distance initiée par les indépendances politiques de nos anciennes colonies, nous sommes confrontés à un processus plus complexe mais plus banal de réhabilitation d’un lexique ou d’un référentiel « islamiques »qui sont valorisés bien moins pour leur caractère « sacré » que pour leur caractère « endogène ».
    Dès lors, notre opposition indiscriminée à la totalité du spectre des forces se réclamant de « l’islam politique » aboutit à ajouter auxdifférents économiques ou politiques inévitables, une strate d’incompréhension supplémentairedont nous pourrions parfaitement nous passer.Dès que sera tombé l’écran trompeur de régimes autoritaires - qui ne sont plusen prise avec leurs sociétés – nous risquons ainsi de nous retrouver avec unterrible déficit de communication vis-à-visde l’immense majorité de la nouvelle génération de nos voisins musu

    [1](1) Rd Naïm Ateek : Challenging Christian Sionism : Theology,Politics and The Israeli Palestinian Conflict, Cromwell Press Melisente,2006


    [2] MalekBennabi Colonisabilité, Problèmes de la civilisation, présentationAbderrahman Benamara, Dar al Hadhara, Alger, 2003

    [3] Lagrande guerre pour la civilisation L’Occident à la conquête du Moyen-Orient (1979-2005) La Découverte, 2005,960 p

    #Islamisme #Burgat

    • L’idée que l’« islamisme » (qui n’est pas l’islam, ni une pratique de l’islam, mais la revendication du rôle politique de l’islam) ne serait qu’une « affirmation identitaire » intrinsèque à ces sociétés, et qu’il serait dénigré parce que s’opposant fondamentalement au colonialisme (et aux dictatures « laïques » locales), ça ne tient la route que si on occulte totalement le rôle des pétromonarchies du Golfe et de l’Iran.

      L’Arabie séoudite est le principal exportateur de pétrole du monde. Le royaume est l’allié des Occidentaux, il est intégré aux projets impériaux américains dans la région. C’est une théocratie. Son idéologie est réactionnaire. Lui et les autres pays du GCC sont les principaux financiers et exportateurs des partis politiques et groupuscules islamistes dans le monde. Et ils trahissent le mouvement palestinien depuis toujours (largement autant que les fameuses dictatures laïques).

      L’Iran dispose des deuxièmes réserves mondiales conventionnelles de brut. Ses alliés sur la scène mondiale sont la Russie et la Chine. C’est une théocratie. Elle est réactionnaire. Elle finance une autre partie des mouvements islamistes dans le monde.

      Du coup, présenter l’islamisme comme antithétique à l’impérialisme des grandes puissances est une chimère.

      Alors, très logiquement, dès qu’on évoque le rôle de l’Arabie séoudite et du Qatar, Burgat monte sur ses grands chevaux, crie à l’islamophobie, au Qatar-bashing ou au complotisme rouge-brun. Ici, ça donne :

      De l’Arabie saoudite ou de l’Iran à qui l’on réclame de « changer de culture » jusqu’à notre hexagone où la tentation de stigmatiser les marqueurs de la culture musulmane est loin d’avoir disparue, la référence à cette logistique culturelle de la vieille domination impériale reste bien d’actualité.

      Je peine à me souvenir des dernières sanctions occidentales prises contre l’Arabie séoudite au motif de « marqueurs de la culture musulmane » qui seraient, disons, un peu excessifs…

    • Pour le détail rigolo :

      Pour analyser les violences au Proche Orient, on éprouve quasi automatiquement le besoin de faire appel à un « islamologue ».

      Comme Romain Caillet et Thomas Pierret sur la Syrie ?

    • Ses analyses ne peuvent être deconnectees de la réalité car il connait
      et a connu tous les grands de ce monde. De chefs d’états aux conseillers
      de chefs d’états. Impossible de sa part de fournir donc des analyses
      qui seraient fausses. Il a côtoyé beaucoup de gens, . Sur quelle base
      Nidal fonde ses arguments ? Je répète on peut détester le diable mais approuvé quand il dit vrai même si c’est tout le temps.

  • Procès Guantanamo/alimentation forcée : la grève de la faim, « seul moyen de protester pacifiquement » pour des détenus (jamais inculpés ni jugés) libérables - LExpress.fr

    http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/guantanamo-un-cri-humanitaire-au-proces-de-l-alimentation-forcee_1608414.ht

    C’est la première fois depuis l’arrivée il y a près de 13 ans des premiers détenus dans cette prison controversée, située sur des terres cubaines éloignées de toute frontière américaine, que la justice fédérale se penche sur les conditions de confinement. 

    L’un des 149 détenus, Abou Dhiab, enfermé sans inculpation ni jugement depuis 2002 et que les autorités américaines ont jugé libérable depuis 2009, proteste contre sa détention par des grèves de la faim régulières. 

    « C’est le seul moyen qu’il a de protester pacifiquement contre sa détention », a déclaré à l’audience l’un de ses avocats, Eric Lewis. « Les mois, les années ont passé et il est toujours là. Sa grève de la faim, c’est un cri humanitaire, il n’a pas le choix ». 

    Pourtant, « jour après jour, mois après mois, année après année », le Syrien est extrait de force de sa cellule, attaché avec des sangles à une chaise où il est nourri de force par des sondes naso-gastriques qui lui sont insérées et retirées plusieurs fois par jour.
    « Tout ce qu’il veut, c’est être traité humainement », a martelé l’avocat, rappelant à la juge Gladys Kessler qu’elle avait elle-même qualifié la procédure de « douloureuse et humiliante ». 

    « M. Dhiab est prêt à collaborer, il est d’accord pour être nourri par sondes, mais pas de manière contrainte », a renchéri Sondra Crosby, une experte des victimes de torture, professeur en médecine de l’université de Boston. « Il veut être traité avec respect et humanité », a-t-elle ajouté. 

    « Il est coopératif, il est volontaire et ouvert à rendre les choses plus faciles », a renchéri un ancien psychiatre de l’armée, Stephen Xenakis, cité également par la défense. 

    Le Syrien « veut être en aussi bonne santé que possible, il ne veut pas mourir » du fait de sa grève de la faim, a dit l’expert. Il « veut juste sortir et vivre avec sa famille ». 

    M. Dhiab est appelé à être bientôt transféré en Uruguay avec cinq autres co-détenus. 

    Les deux experts ont rencontré et examiné le Syrien pendant quatorze heures à Guantanamo, et ont vu des enregistrements vidéo —jusqu’ici classifiés— de la procédure d’alimentation par sondes du détenu. 

    Le docteur Crosby a expliqué comment le plaignant avait été « extrait de force de sa cellule » quelque 1.300 fois, alors qu’il « souffre de toute évidence » de douleurs importantes au dos et à une jambe. 

    « C’est un cas très compliqué », a-t-elle dit, et pourtant « il semble qu’il soit privé de soins médicaux par mesure disciplinaire » ou qu’on lui refuse « comme une punition » une chaise roulante et des béquilles alors qu’il ne peut pas se déplacer sans.

    Une juge ordonne la publication de 28 vidéos montrant l’opération http://www.20minutes.fr/monde/1454521-20141003-alimentation-forcee-a-guantanamo-juge-ordonne-publication

    L’alimentation forcée en vidéo (archive) https://www.youtube.com/watch?v=z6ACE-BBPRs

  • Henry #Kissinger était prêt à lancer des frappes contre #Cuba en 1976
    http://m.slate.fr/story/92827/kissinger-frappes-cuba

    Le secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger avait élaboré, en 1976, un plan secret pour lancer des frappes aériennes contre La Havane et « écraser Cuba ».

    En cause, selon le New York Times, qui se fonde sur des documents récemment déclassifiés par la Bibliothèque présidentielle Gerald-Ford, l’incursion de quelque 36.000 militaires cubains en Angola pour aider ce pays nouvellement indépendant, déstabilisé par son voisin sud-africain et des guérillas. Au cas où Cuba aurait décidé d’accroître encore davantage sa présence sur le continent, Kissinger avait prévu, quinze ans après la désastreuse invasion de la Baie des cochons, des frappes sur des ports et des installations militaires ainsi que le déploiement de bataillons de Marines à Guantanamo pour « cogner ».

    « Je pense que tôt ou tard, nous devrons briser les Cubains », a-t-il lancé à Gerald Ford dans le Bureau ovale, selon les mêmes documents. « Il ne pourra y avoir de demi-mesure –si nous usons de la force avec modération, nous ne serons pas récompensés. Si nous nous décidons pour un blocus, il devra être sans pitié, rapide et efficace », a-t-il également affirmé lors d’une réunion. Le plan aurait finalement été remisé sur une étagère après la défaite de Ford lors de la présidentielle de novembre 1976 face au démocrate Jimmy Carter.

    La National Public Radio a interviewé Peter Kornbluh et William LeoGrande, deux auteurs qui ont utilisé les documents en question pour écrire un livre, Back Channel to Cuba. The Hidden History of Negotiations Between Washington and Havana. Selon le premier nommé, ces plans ont paradoxalement fait suite à une période où « Kissinger a vraiment œuvré pour créer une fenêtre de tir en vue de normaliser les relations avec les Cubains », avec des négociations secrètes. « Il a dit à ses émissaires qu’il avait recours, pour approcher les Cubains, au même modus operandi qu’il avait utilisé avec Zhou Enlai en Chine. » Kissinger s’est donc senti trahi par l’ingérence cubaine en Afrique, d’autant que, rappellent les deux auteurs dans un article publié par The Nation, il ne s’était pas opposé à la levée, l’année précédente, des sanctions de l’Organisation des Etats américains contre Cuba.

    Ce n’est pas exactement ce que dit Kornbluh,
    http://www.democracynow.org/2014/10/2/secret_history_of_us_cuba_ties

    But, you know, the United States has always wanted Cuba to compromise either its foreign policy or its domestic policy to come to terms with the United States.