Sea-Watch : les 40 migrants débarqués à Lampedusa, la capitaine Carola Rackete arrêtée
▻https://www.mediapart.fr/journal/international/290619/sea-watch-les-40-migrants-debarques-lampedusa-la-capitaine-carola-rackete-
Samedi 29 juin, les 40 migrants bloqués à bord du « Sea-Watch » depuis 17 jours ont pu débarquer sur l’île de Lampedusa à l’aube. La capitaine du navire a été arrêtée après avoir accosté sans autorisation dans le port de Lampedusa. Les 40 migrants seront répartis entre la France, l’Allemagne, le Portugal, le Luxembourg et la Finlande.
#International #Sea-Watch,_migrants,_Carola_Rackete,_Italie,_Lampedusa,_Matteo_Salvini
#Refus_d’entrée : criminaliser la solidarité
En France, deux petites victoires ont été remportées contre les tentatives du gouvernement Français de criminaliser la solidarité envers les migrant·e·s. Un tribunal administratif a annulé deux ordres de la police française d’interdire de territoire des citoyen·ne·s européen·ne·s en raison de leur soutien aux migrant·e·s à Calais. L’interdiction ordonnée par la police a été déclarée illégale. Cette victoire au tribunal pourrait affecter des dizaines d’autres personnes placées sur des listes d’interdiction et dans les bases de données de surveillance par la police française.
La liste des #interdictions_de_territoire
En mars 2017, D. était à la gare de St Pancras à Londres pour prendre l’Eurostar en direction de Calais. Il s’y rendait pour participer à une réunion publique sur le rôle des sociétés privées impliquées à hauteur de plusieurs millions d’euros dans la sécurisation de la frontière Franco-Anglaise. Mais avant de monter dans le train, il est arrêté au contrôle des passeports, puis emmené dans une petite pièce par la Police aux Frontières française (#PAF). Après un moment d’entretien au téléphone, les agent·e·s de la PAF impriment un “Refus d’entrée”, document officiel l’informant qu’il lui est interdit d’entrer en France.
Ce type de traitement n’est que trop courant envers les voyageurs et voyageuses non-européen·ne·s. Mais D. est titulaire d’un passeport européen. Le document qui lui a été remis stipulait qu’il figurait dans une base de donnée de la police française regroupant les personnes fichées comme « Danger pour l’ordre public ou la sécurité nationale ». En outre, la police lui annonce qu’il va également « avoir des problèmes » pour voyager dans d’autres pays, puisque son nom était dorénavant signalé sur la base de données du Système d’Information Schengen (SIS) utilisée par les polices aux frontières dans toute l’Europe.
Le cas de D. n’est pas un incident isolé. Ainsi, en mars 2017 X. se rendait en Belgique en bus et a été arrêté·e par la PAF au port de Douvres. Après environ une heure d’attente, on informe X. que l’entrée en France lui est refusée et iel reçoit un papier notifiant simplement qu’iel est un « danger pour l’ordre public ou la sécurité nationale ».
Ce n’était pas la première fois que X. a eu des problèmes pour entrer en France. En Octobre 2016, X. est arrêté·e à son arrivée à Calais et constate que les agent·e·s consultent une liste de trois pages avec des noms et des photographies. La police désigne à X. une photo d’iel prise en 2010 (date devinée grâce à la couleur de ses cheveux !) figurant en page 3 du document.
On informe X. qu’en cas d’arrestation à Calais, iel serait interdit·e de présence sur le territoire français. Iel n’a pas été arrêté·e, malgré cela, l’entrée en France lui fut refusée la fois suivante.
En examinant et recoupant l’enchaînement de ces incidents avec d’autres, il semble probable que la police ait établi une « liste de personnes interdites du territoire » juste avant l’expulsion de la jungle en octobre 2016.
Nous savons que d’autres personnes ont reçu ces interdictions.
D. et X., plutôt chanceux·se·s d’avoir pu le faire dans le délai imparti de deux mois, ont décidé de contester cette interdiction devant les tribunaux français. Iels ont été soutenu·e·s dans cette action par le réseau Calais Migrant Solidarity et par l’association française Anafé qui travaille avec les étrangers et étrangères empêché·e·s d’entrer en France. Nous pensons qu’il s’agit de l’une des premières fois qu’un refus d’entrée est contesté en France. La plupart des personnes à qui sont imposés ces refus d’entrée sont des migrant·e·s non-européen·ne·s, déporté·e·s loin de France et qui ont peu de chance de les contester.
La #fiche_S
Le ministère français de l’Intérieur a défendu l’interdiction devant la cour, arguant que D. et X. étaient bel et bien un “danger” pour la France. Mais de quel danger parle-t-on ? L’État français a tiré cet argument de son fichier consacré à D. et X. – une des tristement célèbres « fiche S » constituées par la police politique française sur de supposé·e·s fauteurs et fauteuses de troubles.
Cette “fiche S” comportait deux parties. Tout d’abord, D. et X. sont identifié·e·s comme « membre de la mouvance anarcho-autonome d’ultra gauche (« no border ») susceptible de se livrer à des actions violentes dans les perspectives du démantèlement du camp de migrants de Calais ». L’État, dans ses pièces, ne mentionnait aucune violence de ce type, mais citait plutôt plusieurs articles de presse français traitant de la prétendue “violence” des “No Borders”.
En fait, les assertions de ces médias étaient entièrement fondées sur des citations de sources policières, souvent anonymes. Ainsi, en un cercle parfait, la police a communiqué à la presse des affirmations sans fondements, puis a utilisé ces même citations de presse dans leurs propres “preuves”. Ni D., ni X., ni personne d’autre n’a jamais été poursuivi·e pour les prétendues “violences” mentionnées dans ces rapports, et encore moins reconnu·e coupable.
La deuxième partie de la fiche S donne quelques exemples plus précis des activités de D. Par exemple, il est arrêté en 2010 dans une “occupation illégale” – c’est-à-dire qu’il était simplement présent dans l’Africa House, squat où habitaient environ 100 personnes venant principalement du Soudan, d’Érythrée et d’Éthiopie. Il a également été repéré par la police lors d’une manifestation de migrant·e·s à Calais en 2014. Le dossier de X. mentionnait que « du 5 au 7 février 2010, des activistes No Border, y compris X., ont illégalement occupé un hangar de la rue Kronstadt à Calais et ont accueilli des migrant·e·s, les forces de l’ordre devant expulser les lieux », et qu’en 2010, des activistes No Border, y compris X. ont déployé une banderole “solidarité avec les sans papiers” sur la façade du beffroi de la mairie de Calais.
Comme l’a convenu la cour, tout ceci n’avait rien de bien sérieux, était inexact ou ancien, et que rien ne suggérait une menace imminente contre la nation française.
Il y avait aussi des éléments issus de dossiers de la police britannique. Encore une fois, ceux-ci mentionnent simplement que D et X sont allé·e·s à des manifestations, et que X a été arrêté·e lors de l’une d’elle, mais jamais poursuivi·e.
Ce que tout cela montre également est comment les polices britannique et française échangent de vagues « renseignements », des rumeurs policières et des soupçons, sur les personnes qu’ils identifient comme politiquement actives. Cette “intelligence” est ensuite utilisée comme une base pour bloquer les mouvements transfrontaliers des personnes, notamment en les ajoutant aux listes de surveillance internationales comme le Système d’Information Schengen.
“#No_Borders” : la menace fantôme
En bref, la seule accusation réelle contre D et X était qu’iels appartenaient à une « violente » organisation « anarcho-autonome » appelée « No Borders ». Mais quelle est cette prétendue organisation ?
Bien sûr, certaines personnes solidaires des migrant·e·s de Calais se considèrent anarchistes. Et certaines, anarchistes ou « ultra-gauchistes » ou non, s’identifient à l’idée de « No Borders ». Ces deux mots ont pu être compris différemment selon les personnes : un slogan, une demande, un défi, un rêve. En revanche ce qu’ils ne signifient absolument pas est l’appartenance à une organisation qui organiserait le soulèvement des migrant·e·s à Calais.
C’est un fantôme créé par la police française et les journalistes qui alimentent des histoires en buvant quelques verres. Il n’existe tout simplement pas. Les journalistes des deux côtés de la Manche ont diffusé d’innombrables histoires de « No Borders » incitant à des émeutes, incendiant la jungle, alimentant des réseaux de passeurs, etc. Aucunes de ces affirmations n’ont jamais été étayées par des preuves ou des enquêtes, ni jamais justifiées devant un tribunal.
Par ailleurs, les migrant·e·s à Calais sont généralement des personnes plutôt débrouillardes. Beaucoup ont vécu des guerres et des dictatures, des révolutions, traversé des mers et des déserts. Iels n’ont pas besoin d’aide pour être en colère, ni pour s’organiser pour franchir les frontières et passer à l’action.
Lutter pour la solidarité
Pour nous, cette contestation en justice ne concernait pas seulement deux individu·e·s . Il s’agissait de contester une arme largement utilisée par la police pour bloquer la libre circulation des personnes en toute impunité. C’était une petite participation à la résistance contre les gouvernements qui s’échinent à mettre fin aux mouvements de solidarité entre citoyen·ne·s et migrant·e·s.
Au cours des dernières années, des milliers d’Européen·ne·s ont réagi au passage des réfugié·e·s avec soutien et solidarité, depuis les plages de Grèce en passant par les cols des Alpes jusqu’aux “Jungles” de Calais. Cela dérange les politicien·ne·s et les médias qui s’affairent à vouloir faire paniquer la population au sujet d’ « invasions de migrant·e·s ». Leur but est de semer la peur et la division, essayant d’empêcher les gens de s’unir contre les élites capitalistes qui sont nos ennemis communs. La solidarité concrète et pratique, quand les personnes avec et sans papiers résistent côte à côte, est une réelle menace pour leur projet de « diviser pour mieux régner ».
C’est pourquoi les États répondent en diabolisant et en criminalisant la solidarité. À Lesbos ou à Lampedusa, des volontaires sont emprisonné·e·s ou harcelé·e·s pour avoir sauvé quelques-unes des milliers de personnes qui se noient en mer. A Calais, la police arrête et interdit de territoire arbitrairement quiconque qu’elle aura étiqueté comme « No Borders ». Iels espèrent ainsi effrayer les citoyen·ne·s et isoler les migrant·e·s. L’État et les médias peuvent ainsi discréditer et attaquer leurs boucs émissaires en toute liberté.
Cette victoire judiciaire est une petite partie de la lutte contre cette guerre lancée contre la solidarité. Ce qui est primordial est que nous ne nous laissions pas effrayer et que nous continuions à combattre nos vrais ennemis qui traînent dans les halls de commerce et dans les lieux de pouvoir. Français·e·s ou Britanniques, Européen·ne·s ou Africain·e·s, nous avons les mêmes ennemis, ne les laissons pas nous diviser.
#Calais #délit_de_solidarité #solidarité #asile #migrations #réfugiés #victoire #France
]]>21.11.2018 – UE - Tunisie - Conseil d’association - Priorités stratégiques
Décision n° 1/2018 du Conseil d’association UE-Tunisie du 9 novembre 2018 adoptant les priorités stratégiques UE-Tunisie pour la période 2018-2020
(...)
Consolider le partenariat privilégié UE-Tunisie : priorités stratégiques pour la période 2018-2020
(...)
2.3. Rapprochement entre les peuples, mobilité et migration
Le rapprochement entre les sociétés tunisiennes et européennes constitue un pilier essentiel du partenariat privilégié, à travers le renforcement des échanges entre peuples, sociétés et cultures. Cette dimension mobilité revêt une importance particulière dans la mise en œuvre du partenariat pour la Jeunesse. La mise en œuvre effective de l’association de la Tunisie à Horizon 2020 et sa participation à Europe Créative et Erasmus+ seront les pierres angulaires de ces efforts.
La gestion concertée de la migration est une priorité politique, tant pour la Tunisie que pour l’Union européenne. Les deux parties s’engagent à intensifier le dialogue et la coopération, notamment par la mise en œuvre du partenariat pour la mobilité, le renforcement de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière, ainsi qu’une disponibilité européenne pour soutenir la mise en place d’un système d’asile tunisien. Cette coopération, qui reflétera aussi la dimension régionale de ces problématiques, inclura :
-- la mise en œuvre de la stratégie nationale tunisienne en matière de migration, couvrant également l’asile et la protection internationale, y inclus la mise en œuvre d’un cadre législatif approprié,
-- la conclusion des négociations d’accords de réadmission et de facilitation des visas,
-- la bonne gouvernance de la migration légale, par une meilleure coordination avec les États membres de l’Union européenne dans le respect de leurs compétences, y compris à travers la mise en place de schémas pilotes de mobilité et une meilleure intégration des migrants dans les pays hôtes,
--
le soutien à la mobilisation des Tunisiens de l’étranger pour les investissements dans les secteurs innovants en Tunisie,
-- le soutien à la prévention de la migration irrégulière, en particulier par une meilleure prise en compte des questions migratoires dans les stratégies de développement ; ceci passe également par une gestion des frontières renforcée et par des campagnes de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière,
-- le soutien aux activités de prévention, et de lutte contre le trafic des migrants et la traite des êtres humains, y compris à travers la détection et la poursuite des réseaux criminels, et
-- la consolidation de la coopération en matière de retour et réadmission, y compris à travers le soutien à la réinsertion durables des Tunisiens de retour.
–-> ▻https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=uriserv:OJ.L_.2018.293.01.0039.01.FRA&toc=OJ:L:2018:293:TOC
▻http://www.europeanmigrationlaw.eu/fr/articles/actualites/ue-tunisie-conseil-d-association-priorites-strategiques.html
#externalisation #asile #migrations #réfugiés #Tunisie #EU #UE #Europe
Commentaire de Claudia Charles sur la mailing-list Migreurop :
En complément du message envoyé par Alizée, voici un article sur la décision n° 1/2018 du conseil d’association (en vertu de l’#accord_d'association UE - Tunisie) "adoptant les priorités stratégiques UE - Tunisie pour la période 2018 - 2020
Le point sur « rapprochement entre les peuples, mobilité et migration » se résume (rien de nouveau) à l’adoption, par la Tunisie, d’une réglementation en matière de migration et d’asile, des mesurettes concernant la mobilité (ce qui était déjà dit à multiples occasions et enceintes (processus de Rabat, Sommet de Malte, FFU, partenariat pour la mobilité), et les #accords_de_réadmission / facilitation de #visa.
L’#OIM aura sa part du gâteau : « la consolidation de la coopération en matière de retour et #réadmission, y compris à travers le soutien à la #réinsertion durables des Tunisiens de retour. »
#IOM #retours #renvois #expulsions
ping @_kg_
Avec 177 migrants à son bord, des garde-côtes italiens bloqués en mer par le gouvernement de leur pays
▻https://www.lejdd.fr/international/europe/avec-177-migrants-a-son-bord-des-garde-cotes-italiens-bloques-en-mer-par-le-go
Jusqu’à maintenant, seuls des bateaux civils, affrétés par des ONG humanitaires, se retrouvaient bloqués en mer Méditerranée après avoir secouru des migrants venus des côtes africaines. Mais, depuis 48 heures, c’est un navire des garde-côtes italiens - des militaires donc - qui doit rester au large de Lampedusa avec à bord 177 migrants et que personne ne veut laisser débarquer. Fait rare, un Etat refuse l’entrée dans l’un de ses ports d’un de ses vaisseaux. En effet, le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, avait fait part de son courroux jeudi devant l’initiative des garde-côtes italiens, qui sont intervenus sur un bateau relevant selon lui des autorités maltaises.
Lire aussi - Pourquoi l’Italie de Matteo Salvini a-t-elle besoin des migrants ?
L’embarcation avec 190 migrants à bord est en effet passée mercredi par la zone de recherches et de secours (SAR) maltaise, mais selon La Valette, les personnes à bord ont refusé toute aide et poursuivi leur route vers Lampedusa.
Ils ont ensuite été pris en charge dans la nuit de mercredi à jeudi par le navire Diciotti des garde-côtes italiens, qui ont évacué en urgence 13 personnes vers l’hôpital de Lampedusa mais attendent depuis jeudi soir au large de l’île italienne l’autorisation de débarquer les autres. En juillet, le Diciotti, envoyé surveiller de loin 450 migrants entassés sur une barque de pêche entre Lampedusa et Malte, les avait déjà recueillis alors que le gouvernement leur demandait d’attendre que Malte s’en charge.
]]>En Tunisie, l’exil sans fin d’une jeunesse naufragée - Libération
▻http://www.liberation.fr/planete/2018/06/04/en-tunisie-l-exil-sans-fin-d-une-jeunesse-naufragee_1656619
De la région minière de Metlaoui aux îles Kerkennah, d’où ils partent pour Lampedusa, « Libération » a suivi la route qu’empruntent les jeunes Tunisiens sans avenir, celle qu’avaient prise les passagers du bateau qui a sombré samedi en Méditerranée. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs de vie meilleure se sont fracassés, grossissant les rangs des candidats au départ.
Des dizaines de cadavres ont été engloutis par la #Méditerranée après le naufrage, samedi soir, d’une embarcation au large de l’archipel des Kerkennah. A son bord, entre 180 et 200 personnes, selon les estimations des survivants. Soixante-huit émigrants ont été secourus par la marine tunisienne, et 48 corps sans vie ont été repêchés. Les recherches ont repris lundi avec l’aide de neuf unités navales, un hélicoptère et des plongeurs.Les passagers étaient presque tous tunisiens.
Sept ans après la révolution, les jeunes fuient leur pays. Depuis le début de l’année, 2 780 Tunisiens ont choisi l’exil clandestin en Italie, selon l’Office international des migrations. Libération a suivi leur parcours entre le bassin minier de #Gafsa et les îles des pêcheurs de #Kerkennah. La route s’étire sur 300 kilomètres, en comptant le crochet par Sidi Bouzid. L’itinéraire barre horizontalement la Tunisie, passant des terres contestataires des « zones intérieures » à la riche cité côtière de Sfax. C’est celui qu’empruntent les chômeurs pour monter dans des bateaux qui rejoignent l’île italienne de #Lampedusa, porte d’entrée de l’Europe.
A Metlaoui : « Ici, c’est le phosphate ou Lampedusa »
La terre ne donne rien de végétal, à #Metlaoui. Même les oliviers ont renoncé à s’y accrocher : le sol semble mort, brûlé par un soleil trop grand et un ciel trop bleu. Les hommes, comme les plantes, n’ont pas grand-chose à faire ici. Ils sont pourtant venus fouiller le sol, et ils ont trouvé dans les replis des montagnes nues qui découpent l’horizon de la ville la plus grande richesse du pays, le phosphate. Autour de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), a poussé la ville minière, à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, la société étatique gratte chaque année 5 millions de tonnes de cette roche utilisée dans la composition des engrais.
A la sortie ouest de Metlaoui, en direction de la frontière algérienne, un café sans nom jouxte un garage. Un auvent fournit de l’ombre. Mais en milieu d’après-midi, c’est à l’intérieur de la vaste pièce blanche aux murs nus qu’il fait le plus frais. Au fond de la salle sans fenêtre, cinq hommes attendent sur des chaises en plastique. Ce sont les seuls clients. Les aînés ont des moustaches, les jeunes du gel dans les cheveux. Le plus âgé, Mohamed Atrache, est un employé de la CPG à la retraite. Comme son père, et son grand-père avant lui, embauché en 1917. Quand son fils a été pris à son tour, en janvier, il a pleuré de joie. « Il avait tenté de passer en Europe, explique-t-il. A trois reprises. La première fois, le bateau est tombé en panne. La seconde, il a été arrêté par la police. La troisième, le temps était trop mauvais. »
« A Metlaoui, le phosphate est le rêve de tous les jeunes. C’est ça ou Lampedusa », résume Ahmed Jedidi, 26 ans, titulaire d’un master de civilisation française. Il y a beaucoup de diplômés comme lui, à Metlaoui. Ahmed a été brièvement arrêté, en 2016, pour avoir pris la tête du mouvement des jeunes chômeurs qui avaient bloqué l’activité de la CPG pour exiger des embauches. La crise a duré deux mois et demi. Pourtant, la CPG recrute. Vorace, elle saute d’un gisement à l’autre, fourrageant dans les montagnes pour expédier ses wagons de cailloux noirs vers la côte. Elle a besoin de bras et de cervelles quand elle découvre un nouveau filon. La société organise alors des concours. En 2016, elle a recruté 1 700 techniciens. L’an dernier, 1 700 ouvriers non-qualifiés. C’est un pacte tacite : la compagnie doit nourrir la ville, sans quoi la ville mord la compagnie. Au total, depuis la révolution de décembre 2010, le nombre d’employés a été multiplié par trois, alors que sa production s’est effondrée. La CPG est devenue une soupape sociale pour éviter l’explosion de cette région contestataire.
Khams Fajraoui, 21 ans, a échoué au concours de janvier. Il est le seul à rester muet autour de la table du café, il ne parle pas le français. Il a une crête sur la tête, des chaussettes dans des claquettes, et un regard fixe. Il est le benjamin d’une famille de cinq frères et sœurs, tous au chômage. Son père est décédé il y a cinq ans. Il fait les moissons, là où le blé pousse, plus au nord. Hors saison, il gagne 10 à 15 dinars (3 à 5 euros) trois fois par semaine en chargeant et déchargeant les camions du souk de Metlaoui. Il ne partira pas en Europe car « ses oncles et ses tantes lui ont demandé de rester ». Il veut un travail, « n’importe lequel ».
« Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti »
Saïd Bkhairya avait aussi défendu à son fils d’émigrer. Un jour, en son absence, Koubaib, 17 ans, est parti quand même. Il faut passer sous l’ancien tapis roulant qui acheminait le phosphate vers la ville pour arriver chez Saïd. Ce cordon ombilical qui relie la mine à Metlaoui est comme une guirlande de tôle suspendue au-dessus de son quartier. Dans la cour de sa maison fatiguée, il a planté un citronnier. Black, le chien de Koubaib, est attaché derrière le poulailler. « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti. Elle avait peur de ma réaction », dit Saïd. Elle est assise à côté de lui sur le canapé. La mère a dans la main le smartphone qu’elle a acheté pour communiquer avec Koubaib sur Skype. Sa vue est mauvaise, elle doit approcher le visage tout près de l’écran pour appeler son fils. La conversation dure quelques secondes, deux ou trois phrases. « Il est fatigué, il couche dehors, explique-t-elle. Il ne fait rien, il demande de l’argent. »
Saïd a déjà deux crédits à rembourser. Il envoie irrégulièrement des petites sommes à Koubaib, qui vivrait à Mestre, près de Venise. « Je m’en fous. Dès que j’aurai amassé assez, moi aussi, un jour, je partirai », assure Wael Osaifi, un cousin de Koubaib, après que son oncle a quitté la pièce. Il a été blessé il y a cinq ans dans un accident de voiture au terme d’une course-poursuite avec la police. Wael passait de l’essence de contrebande depuis l’Algérie. « Il y a un type qui organise les départs, il est très discret. C’est une mafia. Les prix ont augmenté. C’était 3 000 dinars, maintenant c’est 5 000 [environ 1 630 euros]. J’ai des amis en Italie, certains travaillent, certains trafiquent. » A Metlaoui, il boit parfois des bières avec des amis dans une maison abandonnée. « On n’a rien d’autre à faire. Les prix sont devenus invivables. Avec Ben Ali [le dictateur renversé par la révolution, ndlr], on avait une meilleure vie, lâche-t-il. Le paquet de cigarettes Royale valait 3,5 dinars, aujourd’hui c’est 5,5 dinars… » Koubaib a quitté Metaloui il y a dix mois, en même temps qu’un groupe de 18 jeunes de la ville. « Pour certaines familles, c’est un investissement », regrette Saïd. Sur les photos que le fils envoie depuis l’Italie, il a l’air très jeune. Il ressemble beaucoup à son petit frère, qui sert le jus de mangue aux invités. Sur les images plus anciennes, Koubaib pose souvent avec son chien. Dehors, Black aboie de temps en temps depuis qu’il est parti.
A Gafsa : « Un travail légal, c’est une question de dignité »
Leur énergie a quelque chose de déconcertant dans une ville comme Gafsa. On ne devine pas, en passant devant cette rue morne de la « capitale » régionale, qui affiche un taux de chômage à 26 % (plus de 40 % pour les jeunes diplômés), qu’un tel tourbillon d’activité agite le second étage de cet immeuble de la cité Ennour. Sirine, Nejma, Abir et Khora, une Française en stage, font visiter le local de leur association, Mashhed. Elles ont entre 19 ans et 23 ans. « Les séminaires ou les concours de jeunes talents, ce n’est pas notre truc, annonce Sirine, longs cheveux noirs et chemise rayée. Notre finalité, c’est la transformation sociale. On ne fait pas de l’art pour l’art. On ne veut pas non plus "sensibiliser". On fait, c’est tout ! Des poubelles dans la rue, des projections de cinéma, des lectures, des journaux, des festivals, du montage, des jeux, des manifestations… »
Chacune a une clé du local. Elles passent à Mashhed le plus clair de leur temps. S’y engueulent, s’y échappent, s’y construisent. L’association compte 70 membres actifs et 300 adhérents. Les garçons sont les bienvenus, mais ce sont de toute évidence les filles qui mènent la danse. Les filles, elles, n’embarquent pas pour l’Europe.
Sirine : « Mon petit frère a voulu partir, ça a choqué mes parents, on a essayé de lui faire entendre raison. »
Abir : « C’est la faute d’un manque de communication dans les familles. Les gars ne trouvent personne avec qui partager leurs soucis. »
Najla : « La France, ce n’est pourtant pas le paradis ! La fuite, c’est débile. Moi, je pense qu’on peut faire en sorte d’être heureux là où on est. C’est dans la tête, le bonheur. »
Abir : « Ce n’est pas que dans la tête ! Il n’y a pas de travail. Tu sais combien c’est, un salaire de serveur, aujourd’hui ? »
Khora : « Justement, je ne pige pas comment vous faites pour sortir et faire des festins tout le temps, alors que vous êtes au chômage ! Moi, quand je suis chômeuse, je reste chez moi à manger des pâtes. »
Najla (en riant) : « C’est la solidarité arabe. Toi, tu ne connais pas ça ! »
La nuit tombe vite sur Gafsa. A 22 heures, la ville s’éteint presque complètement. A la terrasse du café Ali Baba, désert, deux hommes fument dans le noir. Le gérant de l’établissement et son ami. Ils parlent de la révolution. Quand on leur demande leur avis sur la chose, Abdeslam, 28 ans, demande s’il peut répondre en anglais. « Notre déception est immense, parce que l’espoir qu’avait suscité la chute de Ben Ali était immense, explique-t-il. On ne sait pas qu’un café est amer tant qu’on n’a pas goûté un café sucré. Maintenant, on sait. »
Il a voulu étudier le droit, s’est inscrit à l’université de #Sousse, sur la côte. Mais n’a jamais achevé sa formation, bouffé par les petits boulots qu’il effectuait pour payer ses études. Aujourd’hui, il travaille de temps en temps sur un chantier de bâtiment. « Des docteurs qui construisent des immeubles, c’est ça, la Tunisie », poursuit-il. Au fil de la discussion, le débit d’Abdeslam s’accélère. Son ami s’est levé pour ranger les tables. « Je ne veux pas partir sur la mer, je m’y refuse et puis j’ai peur. Je veux une vie adaptée, c’est tout. Je me fiche d’avoir une belle maison et une grosse voiture. Un travail légal, c’est tout ce que je demande, c’est une question de dignité. » Sa voix tremble dans le noir. Les cigarettes s’enchaînent.
On ne pose plus de questions depuis longtemps, mais la détresse pousse Abdeslam à parler encore, de plus en plus vite. « A l’école, j’étais bon en philosophie. Je lis encore Kant, Spinoza, Heidegger, Sartre… Pourtant, cette société me méprise. Gafsa enrichit l’Etat, mais l’Etat nous crache dessus », conclut-il. Sa vieille mobylette est garée toute seule dans la rue vide. Il l’enfourche, plié en deux, pour aller dormir chez ses parents. Le gérant a fini de balayer, il tire le rideau de fer.
A Bir el Haffey : « Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré »
Sur la route qui relie Gafsa à Sidi Bouzid, les voyageurs imaginent souvent être témoins d’un mirage. Au bord de la chaussée, des fourrures brillent au soleil, exposées dans toute leur splendeur. Du castor, du poulain, de l’ours, du lapin, du léopard… Cette panoplie appartient à un commerçant, d’un naturel méfiant. « Depuis la révolution, il y a des espions de la CIA et du Mossad partout, croit-il savoir. Il y a quinze ans, je cherchais des tours de cou, on m’a refilé un grand sac avec des manteaux à poils. J’ai commencé comme ça », dit-il pour justifier son activité insolite. Qui peut bien acheter ces fourrures à l’orée du Sahara ? « Détrompez-vous, les gens s’arrêtent. Avant, j’avais des Canadiens, des Allemands, les guides me les ramenaient. Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré. J’ai tout de même de temps en temps des Algériens ou des Libyens. »
A Sidi Bouzid : « Ils font ça juste pour avoir l’air beau »
Dans son bureau, flotte un mélange de sueur et de parfum. Zeinobi Khouloud, 28 ans, gère une salle de sport, l’une des rares activités offertes aux jeunes de Sidi Bouzid. Derrière elle, des gants de boxe et des boîtes de protéines sont exposés sur l’étagère. Son père a ouvert le club, Abidal’s Gym, il y a deux ans, au rez-de-chaussée d’un immeuble dont les étages supérieurs ne sont pas terminés. La famille est rentrée d’Arabie Saoudite après la révolution, mais s’est à nouveau éparpillée pour faire des affaires. Zeinobi, elle, est restée dans la petite ville du centre de la Tunisie, connue dans le monde entier depuis qu’un vendeur de légumes du nom de Mohamed Bouazizi s’y est immolé, le 17 décembre 2010, pour protester contre la confiscation de sa charrette par la police. Son geste désespéré a été le point de départ d’une révolution qui a emporté le dictateur Ben Ali, avant de déborder dans tout le monde arabe.
Sept ans plus tard, le visage géant de Bouazizi s’affiche en noir et blanc sur la façade d’un bâtiment municipal. Sa charrette emblématique a maladroitement été statufiée sur un terre-plein central. Mais même ici, les jeunes disent être déçus par les fruits du printemps tunisien. « Le chômage est toujours là, les jeunes n’ont rien à faire, c’est pour ça qu’ils viennent ici, décrit Zeinobi. Leurs parents les poussent à venir à la salle pour qu’ils ne traînent pas dans la rue toute la journée. Ils oublient leurs problèmes en faisant du sport. » Dans la salle, on croise des adolescents à lunettes avec des muscles de personnages de jeu vidéo. La plupart ont les cheveux rasés sur les côtés. Abidal’s Gym propose des cours de taekwondo, de muay-thaï, d’aérobic, de kick-boxing, mais ce sont avant tout les appareils de musculation, « importés d’Espagne », qui attirent les jeunes à 30 kilomètres à la ronde. « Ils font ça juste pour avoir l’air beau », se moque Zeinobi. Parmi les 900 clients, quelques femmes, « surtout l’été », précise-t-elle. « Les femmes ont beaucoup de responsabilité dans notre région, elles n’ont pas de temps libre. »
Sur la route de Regueb : « 3 euros le kilo avant, 8 maintenant »
La route est encadrée par les figuiers de barbarie de trois mètres de haut, dans lesquels viennent se ficher de loin en loin des sacs en plastique échappés des décharges à ciel ouvert.
Dans un champ, un âne détale après avoir arraché le piquet qui le retenait prisonnier. Il s’éloigne en direction des collines pelées comme les bosses d’un chameau. Ce sont les derniers reliefs à franchir avant de basculer définitivement dans la plaine de Sfax, à l’est du pays. Sur leurs flancs, des restes de minuscules terrasses en pierre sèche, que plus personne n’est assez fou ou courageux pour cultiver désormais. Il reste uniquement des bergers dans cette vallée. Les plus vieux sont toujours bien habillés, en pantalons de ville et en vestes sobres. Leur mouton, au goût particulier, est réputé dans toute la Tunisie. Mais son prix a augmenté, passant de « 3 euros le kilo avant la révolution à 8 euros maintenant », reconnaît un vendeur de viande grillée installé au bord de la route. La raison en est simple : le prix des aliments pour le bétail a flambé depuis 2011, explique-t-il.
A Regueb : « Notre seul loisir : aller au café »
Nabil, 35 ans, mâchouille l’embout en plastique de sa chicha. Il recrache la fumée entre ses dents jaunies en fixant une partie de billard : « C’est tranquille, Regueb. Trop tranquille. Notre seul loisir, c’est d’aller au café. » Son ami Aymen, 25 ans, a ouvert cette salle de jeu il y a deux ans. En plus de la table de billard, il a installé neuf ordinateurs, deux PlayStation, un baby-foot. Investissement total : 2 600 euros. L’affaire ne marche pas : « Les jeunes jouent sur leurs téléphones. » Aymen va revendre, ou fermer. L’an prochain, de toute manière, il doit effectuer son service militaire.
« Je voulais créer une petite unité de fabrication d’aliments pour le bétail, mais il fallait des papiers, et pour avoir ces papiers, on me demandait de l’argent, ressasse Nabil. L’administration est corrompue, j’ai dû renoncer. » Il vit chez ses parents, avec sa femme. Lui a pu se marier, mais « c’est rare, parce que c’est compliqué, sans travail », avoue-t-il.
A Sfax : « Ici, les gens respectent le travail »
Les industries de #Sfax signalent la ville de loin. La deuxième ville du pays est aussi son poumon économique. Les arbres d’ornementation sont étrangement taillés au carré, les rues sont propres, l’activité commerciale incessante dans la journée. La richesse des Sfaxiens est proverbiale, en Tunisie. Pourtant, Mounir Kachlouf, 50 ans, avoue qu’on s’y ennuie aussi. « Où tu vas sortir, ici ? Même moi, le week-end, je vais à Sousse ou à Hammamet ! » Il est le gérant du café-restaurant Mc Doner, installé le long de la petite promenade de Sfax, qui se vide de ses promeneurs au crépuscule. « Depuis 2002, on nous promet un port de plaisance, une zone touristique, mais on ne voit rien venir », dit-il. Le patron a même une théorie sur les raisons de cet échec : « Les Sfaxiens ont de l’argent. La Tunisie a besoin qu’ils le dépensent ailleurs pour faire tourner l’économie. S’ils développaient Sfax, les gens n’auraient plus besoin de sortir ! »
Un groupe de six jeunes femmes pressées longe la corniche, valises à roulettes sur les talons. Elles rentrent de vacances. Le lendemain, elles reprendront toutes le travail. L’une est « technicienne d’esthétique et coach personnel », les autres sont vendeuses de tissu de haute couture dans une boutique de la médina. « Nous, les Sfaxiens, on est comme les Chinois, on travaille tout le temps, surtout les femmes, s’amuse Yorshelly. C’est bien pour l’économie, mais ça rend la ville fatigante, polluée, embouteillée. Il y a du travail ici, enfin, surtout pour les non-diplômés. » Aucune d’entre elles n’est mariée. « Il y a un gros problème de "racisme" chez les familles sfaxiennes, glisse Marwa. Les parents veulent que l’on épouse un Sfaxien. Nous, honnêtement, on s’en fiche. »
Un homme a tendu l’oreille, inquiet qu’on dise du mal de sa ville dans un journal français. Il insiste pour témoigner lui aussi. « Je m’appelle Mahdi, j’ai 31 ans, je suis électricien, j’aime mon pays, je vis à Sfax car ici, les gens respectent le travail, dit-il, énervé. Les jeunes veulent de l’argent facile. Je les vois rester au café toute la journée. Je leur dis : "Venez bosser avec moi, il y a de quoi faire." Mais ils préfèrent être assis à boire et fumer ! »
A Kerkennah : « La traversée est 100 % garantie »
C’est l’île des départs. D’ici, près de 2 700 Tunisiens ont pris la mer depuis le début de l’année pour gagner Lampedusa, à 140 kilomètres en direction du Nord-Est. En 2017, ils étaient plus de 6 000. En 2018, ils représentent le plus important contingent de migrants arrivés en Italie, devant les Erythréens et les Nigérians. La traversée dure une nuit. Contrairement à une idée reçue, les émigrants ne montent pas sur des canots pneumatiques ou des barques vermoulues, comme en Libye voisine. A Kerkennah, les #passeurs comme les passés sont tunisiens. Un lien social les attache malgré tout, on ne risque pas des vies de compatriotes à la légère. « La traversée est 100 % garantie, c’est comme un aéroport », décrivait Ahmed Souissi, 30 ans, coordinateur de l’Union des diplômés chômeurs, quelques semaines avant le naufrage d’une embarcation surchargée le week-end dernier, au cours duquel plus de cinquante migrants sont morts noyés. « Les émigrants partent sur des bateaux de pêche qui ont été au préalable dépouillés de tous leurs accessoires. Quand on voit un bateau nu, on sait qu’il va y avoir un départ. »
Il faut traverser les marais salants du centre de l’île, puis les grandes étendues vides piquées de tristes palmiers sans palmes (elles sont utilisées dans la fabrication des pêcheries fixes au large de Kerkennah) pour trouver la route du chantier, installé dans une ferme derrière le village de Chergui. Une dizaine de squelettes de navires flottent dans le ciel, au-dessus des copeaux de bois. Les charpentes sont en bois d’eucalyptus. Certaines sont déjà coloriées en rouge ou en bleu. Un peintre dont la blouse ressemble à une toile de Pollock désigne du bout de son pinceau la seule embarcation toute noire : « C’est le bateau utilisé par [le futur président] Bourguiba pour fuir en Egypte pendant la période coloniale, explique-t-il. Quelqu’un y a mis le feu il y a trois ans. On travaille à sa restauration. »
Mohamed et Karim s’affairent sur le bâtiment le plus avancé du chantier. Ils sont tourneur soudeur et chaudronnier, et s’occupent de toute la partie métallique : armatures, bastingage, proue, etc. « Les migrants partent sur des 12-mètres comme celui-là, dit le premier, sans s’arrêter de souder. Il y a tellement de chômage que la police ferme les yeux. » Pollution des eaux, dégradation des fonds marins, réchauffement : « Les pêcheurs ont de moins en moins de poissons depuis deux ou trois ans, ils ont besoin d’un revenu, complète le second. Certains vendent leur bateau, des passeurs les remplissent avec 100, 120 jeunes, et les mènent à Lampedusa. Les bateaux restent là-bas. »
Le leur est une commande de Boulababa Souissi. Le capitaine est dans sa cabine, la buvette improvisée du chantier, une canette de bière à la main. « Dans cinq jours, à ce rythme-là, c’est fini, savoure-t-il, l’œil guilleret. J’ai fait venir un moteur d’occasion d’Italie. Je vais enfin retourner pêcher. » Il baptisera son chalutier Oujden, le prénom de sa fille. Coût : 50 000 euros. Le précédent va-t-il continuer à naviguer ? « Il ne remontera plus de poisson », lâche le capitaine.
Les visiteurs débarquent à Kerkennah, 15 500 habitants, par un ferry arrivant de Sfax. Puis, une route remonte l’archipel du Sud au Nord. La simplicité des maisons - des agrégats de cubes blancs - leur donne un air moderne. Des constructions, ou des agrandissements, sont souvent en cours. « C’est l’argent des harragas », ricane une femme, en passant devant un portail refait à neuf. Les « harragas », « ceux qui brûlent » en arabe, est le terme utilisé pour désigner les clandestins. « Ils ne se cachent même plus, comme au début. Dans une petite île où tout le monde se connaît, on les repère tout de suite, indique Ahmed Souissi. Pour la police, c’est difficile de contrôler les ports de Kerkennah. Les bateaux peuvent sortir de n’importe quelle ville ou plage. D’ailleurs, tout le monde les voit. » Ne sont-ils pas arrêtés ? « Les flics arrivent trop tard. Ou n’arrivent jamais. Pourtant, ça ne demande pas beaucoup d’intelligence de savoir qui organise les passages, dit l’activiste. Mais l’État n’est pas pressé de voir la fin des subventions européennes au titre de la lutte anti-immigration. Et puis, je crois que ça arrange tout le monde que les jeunes chômeurs sortent de Tunisie. »
Tout au bout de la route, il y a le port de Kraten. En direction du Nord, quelques îlots plats, rocailleux, taches claires dans la mer sombre, sans vague. Les derniers mètres carrés solides de Tunisie. En cette fin de matinée, les pêcheurs démêlent et plient les filets, au soleil. Les camionnettes frigorifiques des acheteurs sont déjà reparties, à moitié vides. Sur le ponton, on marche sur des carcasses de crabes bruns qui craquent sous les chaussures. Les Tunisiens ont surnommé cette espèce « Daech ». « Ils sont arrivés d’Egypte il y a quelques années, et ils remontent le long de la côte, commente un marin, l’air dégoûté. Ils mettent les pêcheurs sur la paille : ils coupent les filets, ils bouffent le poisson ! Si ça continue, ils vont débarquer en Europe. La pêche n’est plus rentable. » Lui est là pour aider son père ce dimanche, mais en semaine il occupe un emploi de professeur de sport à Sfax.
Au petit café de la jetée, le patron moustachu sert l’expresso le plus serré de Tunisie en bougonnant. Il jure qu’aucun bateau ne part de « son » port. « Les jeunes, ils peuvent aller se faire foutre, ils ne pensent qu’à l’argent. » Contre le mur, un pêcheur de 55 ans, « dont trente-quatre en mer », pull rouge et bonnet bleu, philosophe : « Cette révolution était un don. Elle nous a montré qu’on peut régler nous-mêmes nos problèmes, on doit garder ça en tête. Ce crabe Daech, par exemple, on ne doit pas le détester, Dieu nous a envoyé cette satanée bête pour qu’on corrige nos façons de pêcher. On me regarde comme un vieux fou quand je critique les collègues qui pêchent au chalut en ravageant les fonds, mais ce sont eux qui ont fait disparaître les prédateurs des crabes », assène Neiji.
Son français est chantant. Il fait durer son café. « Les jeunes qui partent, c’est aussi naturel, reprend-il. Sans cela, ils rejoindraient peut-être le vrai Daech, qui sait ? C’est la logique humaine d’aller tenter sa chance. Moi, si je n’avais pas une femme et trois filles, je crois que j’aurais aussi filé. » Neiji tire sur sa cigarette en aspirant la fumée très lentement, avant d’expirer sans bruit. « Ce va-et-vient, c’est la vie. Les pêcheurs sont des gens intelligents, il faut me croire. »
Célian Macé
Très bon reportage, avec photos dans l’article source. La fin de l’article avec les propos du pêcheur, est à méditer.
]]>One day we will find a language for this.
►https://africasacountry.com/2018/05/one-day-we-will-find-a-language-for-this
e are bombarded daily with news of capsized boats and vast numbers of dead migrants as they traverse deserts and oceans. In the midst of our constant attempt to redefine ethics against the backdrop of shame, photographer Mario Badagliacca assembles, photographs, and re-renders objects left behind by migrants and refugees in the “boat cemetery” in Lampedusa, Italy. It is displacing to contemplate a child’s milk bottle, tattered t-shirts or a pair of worn-out shoes, as they cannot help but mapping vividly a poetic of loss. “One day we will find a language for this,” the author Maaza Mengiste writes in her accompanying lyric response piece to Badagliacca’s work which reflects on the migrant crisis.
Badagliacca’s gut-wrenching artwork, titled “Frammenti” (fragments), and Mengiste’s reflection appear together in Mediterranean, the first print volume published by Warscapes magazine. Cumulatively Mediterranean is an attempt to explore an archeology of memory and the travels of migrants and refugees, well beyond mainstream portrayals of these desperate experiences.
Warscapes, an online initiative that was started seven years ago, has always shown a powerful instinct for spotting new frames of reference and allowing for urgent ideas to emerge. I had the privilege of collaborating with Warscapes very early on and have always bowed to the idea that Warscapes never tended to be determined too much by monetary logic or internet trends. Founded by New York duo Bhakti Shringarpure and Michael Bronner, and sustained by the unwavering commitment of Shringarpure as editor-in-chief and a gang of talented editors, Warscapes has remained a gentle, artistic and politically committed presence in a rapidly changing and ideologically wavering digital zeitgeist.
Mediterranean defies framing; it is fresh and ever-changing with each page. The mix of disciplines, the complex juxtapositions within and between pieces, and the sparks of deep humanity underscoring the work make this collection a potent tool for reinventing our way of reading the horror of a crisis that has been fed by shameful and recurring stereotypes for far too long. Beautiful to touch and feel, this first Warscapes print text seems located somewhere between magazine and book. It resembles periodicals such as Granta and n+1, yet it could be a stand-alone volume that’s easy on the eye. and which shows great attention to detail and design.
]]>ITALIE ISOLÉE DANS LA TEMPÊTE MIGRATOIRE
Article de JÉRÔME GAUTHERET
Sur les 600 000 migrants arrivés en Italie depuis 2014, la plupart ont traversé la #Méditerranée. Des milliers d’autres y ont péri. L’île de #Lampedusa, avant-poste de l’accueil, est débordée par cette crise humanitaire fortement liée au chaos qui règne en #Libye.
On rejoint le jardin public en poussant les portes d’une grille qui ne ferme plus depuis longtemps. Puis, après une courte promenade au milieu des agaves et des myrtes, on arrive à un étrange réseau de grottes sommairement aménagées à proximité d’un vieux puits. L’endroit est à peine mentionné par les guides de voyage, mais il mérite qu’on s’y arrête : en effet, le vrai cœur de Lampedusa est là, en ces vestiges
à peine entretenus d’un sanctuaire millénaire, témoignage unique de ce qu’était l’île avant sa colonisation systématique, au début du XIXe siècle.
LAMPEDUSA, UNE ÎLE AU CENTRE DU MONDE
Avant de devenir un paradis touristique perdu au milieu de la Méditerranée, à 150 kilomètres des côtes tunisiennes, en même temps que, pour le monde entier, le symbole de l’odyssée des centaines de milliers de migrants qui, chaque année, bravent tous les dangers pour atteindre l’Europe, Lampedusa a été un havre, un lieu de repos pour les marins de toutes origines qui sillonnaient la mer.
Marchands phéniciens, arabes ou grecs, chevaliers francs revenant de croisade, pirates barbaresques, pêcheurs en détresse : Lampedusa était leur île. Elle appartenait à tous et à personne. Chacun, du roi de France revenant de Terre sainte au plus humble pêcheur, venait s’abriter ici durant les tempêtes, prier ses dieux et reprendre des forces, en attendant l’accalmie. Aujourd’hui, une chapelle dédiée à
la Vierge a été aménagée dans la pierre, à deux pas de la grotte, et les habitants viennent, de loin en loin, y déposer quelques fleurs ou prier, dans un calme absolu.
La " porte de l’Europe ", pour reprendre le nom d’une œuvre d’art installée sur une plage faisant face à l’infini, à la pointe sud de Lampedusa, peut bien être présentée comme une des extrémités de l’Union européenne, un bout du monde exotique. Mais, dès que l’on pose le pied sur l’île, on est assailli par le sentiment inverse : celui d’être au centre d’un espace fluide, au sein duquel les populations ont navigué de rive en rive, depuis toujours. L’impression est encore plus
saisissante lorsqu’on observe, grossièrement sculptées dans la roche, les traces de ce passé enfoui.
L’homme qui nous conduit dans ce sanctuaire, un matin d’hiver, s’appelle Pietro Bartolo. Il est né sur l’île en 1956, il en est parti à 13 ans et y est revenu au milieu des années 1980, une fois achevées ses études de médecine. C’est lui qui a fondé, un peu à l’écart du bourg, le petit hôpital qui, aujourd’hui encore, constitue le seul lieu d’assistance, sur terre comme sur mer, à plus de 100 milles nautiques (185 km) à la ronde.
En tant que directeur de l’#hôpital de Lampedusa, il a accueilli, ces dernières années, des dizaines de milliers de candidats à l’exil sur le quai minuscule qui tient lieu de débarcadère, et les a soignés. Il a aussi eu la terrible responsabilité d’ouvrir, du même geste, des centaines et des centaines de ces grands sacs verts dans lesquels on
ramène à terre les corps des naufragés. Un film documentaire sorti en 2016, nominé pour l’Oscar, Fuocoammare. Par-delà Lampedusa, dans lequel il jouait son propre rôle, lui a valu une notoriété internationale. A sa manière, lui aussi est devenu un symbole.
Comme c’est courant ici, l’histoire familiale de Pietro Bartolo est africaine autant qu’italienne. A l’exemple de ces milliers de Siciliens poussés par la misère qui, pendant des décennies, ont pris la mer en sens inverse des migrants d’aujourd’hui pour chercher du travail dans les colonies et protectorats d’Afrique du Nord, la famille de sa mère s’était installée un temps en Tunisie. Cette multitude d’odyssées ordinaires, dont le souvenir est entretenu par les histoires familiales, explique une bonne part des différences de perception du phénomène migratoire entre le nord et le sud de l’Italie.
LE TEMPS DES " TURCS "
A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, #Pietro_Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.
Le gouvernement, lui, ne considère pas encore le phénomène comme préoccupant. D’autant plus que, depuis le début des années 1990, l’#Italie a la tête ailleurs. L’arrivée dans les Pouilles, au printemps et en été 1991, de plusieurs dizaines de milliers d’Albanais fuyant la ruine de leur pays a provoqué un choc terrible. Le 8 août, le #Vlora, un cargo venu du port albanais de Durres, est entré dans celui de Bari avec à son bord 20 000 migrants, bientôt installés dans l’enceinte du stade de la ville. La désorganisation est totale : le maire multiplie les appels aux dons et à la solidarité, tandis qu’à Rome le gouvernement cherche un moyen de renvoyer chez eux ces arrivants illégaux… Rien ne sera plus jamais comme avant.
A l’aune de ce bouleversement venu des Balkans, qui force l’Italie, pour la première fois de son histoire, à se poser la question de l’accueil et de l’intégration, les arrivées sporadiques à Lampedusa ne sont pas perçues au départ comme beaucoup plus qu’une anecdote. Selon les souvenirs des habitants, les migrants venaient surtout des côtes tunisiennes, ils étaient jeunes et en relative bonne santé. La plupart du temps, la traversée était assurée par des passeurs, payés une fois le but atteint. Bref, la route de la #Méditerranée_centrale vivait à l’heure d’une migration "artisanale".
Mais au fil du temps, dans les années 2000, le phénomène change de nature et d’échelle. "Il ne s’agit pas seulement de géopolitique. Il s’est produit un changement anthropologique dans la jeunesse africaine il y a une quinzaine d’années", assure le vice-ministre italien des
affaires étrangères et de la coopération, Mario Giro, qui, avant d’entrer en politique, a consacré de nombreuses années à des missions en Afrique comme responsable des questions internationales de la Communauté de Sant’Egidio. "Avant, il s’agissait de projets collectifs : une famille se cotisait pour envoyer un de ses fils en Europe, dit-il. Désormais, ce sont des #hommes_seuls qui décident de
partir, parce qu’ils considèrent que partir est un droit. Dans les villes africaines, la famille a subi les mêmes coups de la modernité que partout dans le monde. Ces jeunes gens se sont habitués à penser seuls, en termes individuels. Dans leur choix, il y a une part de vérité – les blocages politiques – et la perception que l’avenir n’est pas dans leur pays. Alors, ils partent."
#facteurs_push #push-factors
Des gouvernements européens essaient de passer des accords avec les Etats africains pour qu’ils arrêtent en Afrique les candidats à l’Europe, ce qui a pour effet de criminaliser l’activité des #passeurs. Des réseaux de plus en plus violents et organisés se mettent en place.
VIE ET MORT DE MOUAMMAR KADHAFI
Un acteur central du jeu régional comprend très tôt le parti à tirer de ce phénomène, face auquel les pays européens semblent largement démunis. C’est le chef de l’Etat libyen, Mouammar #Kadhafi, qui cherche depuis le début des années 2000 à retrouver une forme de respectabilité internationale, rompant avec la politique de soutien au terrorisme qui avait été la sienne dans les années 1980 et 1990.
Grâce aux immenses recettes de la rente pétrolière, dont il dispose dans la plus totale opacité, le Guide libyen multiplie les prises de participation en Italie (Fiat, Finmeccanica) et les investissements immobiliers. Il entre même au capital du club de football le plus prestigieux du pays, la Juventus de Turin. En contrepartie, le groupe énergétique ENI, privatisé à la fin des années 1990 mais dans lequel l’Etat italien garde une participation importante, conserve le statut d’Etat dans l’Etat dont il jouit en Libye depuis la période coloniale (1911-1942).
Bientôt, la maîtrise des flux migratoires devient un aspect supplémentaire dans la très complexe relation entre la Libye et l’Italie. " De temps en temps, tous les deux ou trois ans, Kadhafi réclamait de l’argent pour la période coloniale. Et quand ça n’allait pas assez bien pour lui, il faisait partir des bateaux pour se rappeler à nous. C’était devenu pour lui un moyen de pression de plus, et ça signifie également qu’en Libye, des réseaux étaient déjà en place", se souvient Mario Giro.
#chantage
Entamées à l’époque du deuxième gouvernement Prodi (2006-2008), et émaillées de moments hauts en couleur – comme cette visite privée à Tripoli du ministre des affaires étrangères italien Massimo D’Alema, un week-end de Pâques 2007, au terme de laquelle Kadhafi a affirmé que l’Italie lui avait promis de construire une autoroute traversant le pays d’est en ouest –, les négociations sont poursuivies par le gouvernement de Silvio Berlusconi, revenu aux affaires au printemps 2008. Elles débouchent sur la signature d’un accord, le 30 août de la même année. En échange de 5 milliards d’euros d’investissements sur vingt-cinq ans et d’#excuses_officielles de l’Italie pour la #colonisation, le dirigeant libyen s’engage à cesser ses reproches, mais surtout à empêcher les départs de migrants depuis ses côtes. Plus encore, les migrants secourus dans les eaux internationales seront ramenés en Libye, même contre leur gré et au mépris du droit de la mer.
#accord_d'amitié
L’Eglise et plusieurs ONG humanitaires peuvent bien chercher à alerter l’opinion sur les conditions dans lesquelles sont ramenés à terre les candidats à la traversée, ainsi que sur les innombrables violations des droits de l’homme en Libye, elles restent largement inaudibles. Le colonel Kadhafi peut même se permettre de pittoresques provocations, comme ses visites officielles à Rome en 2009 et 2010, où il appelle publiquement à l’islamisation de l’Europe. Le gouvernement Berlusconi, embarrassé, n’a d’autre solution que de regarder ailleurs.
L’irruption des "#printemps_arabe s", début 2011, va faire voler en éclats ce fragile équilibre. Le soulèvement libyen, en février 2011, un mois après la chute du président tunisien Ben Ali, est accueilli avec sympathie par les chancelleries occidentales. Mais en Italie, on l’observe avec préoccupation. "Bien sûr, l’Etat libyen de Kadhafi n’était pas parfait, concède #Mario_Giro. Mais il y avait un Etat… Dans les premiers mois de 2011 – je travaillais encore pour Sant’Egidio –, alors que la France semblait déjà décidée à intervenir en Libye, le ministre des affaires étrangères du Niger m’a demandé d’organiser une entrevue avec son homologue italien, Frattini. Nous étions trois, dans un bureau du ministère, et il nous a expliqué point par point ce qu’il se passerait en cas de chute de Kadhafi. Le chaos en Méditerranée, les armes dans tout le Sahel… Tout s’est passé exactement comme il l’a dit. Mais personne n’a voulu l’écouter". Il faut dire qu’en ce début d’année 2011, le prestige international de l’Italie est au plus bas. Très affaiblie économiquement et victime du discrédit personnel d’un Silvio Berlusconi empêtré dans les scandales, l’Italie est tout simplement inaudible.
En mai 2011, les membres du G8, réunis à Deauville, appellent Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir. "Lors de ce sommet, Silvio Berlusconi a plusieurs fois tenté de prendre la défense du Guide libyen, mettant en avant son aide sur le dossier des migrants et le fait qu’il s’était amendé et avait tourné le dos au terrorisme", se souvient un diplomate français, témoin des discussions. "Mais
personne n’en a tenu compte." Le chef libyen, chassé de Tripoli en août, mourra le 20 octobre, à Syrte. Quatre semaines plus tard, le gouvernement Berlusconi 4 cessait d’exister.
Sur le moment, entre l’euphorie de la chute de la dictature et le changement d’ère politique en Italie, ces tensions entre puissances semblent négligeables. Il n’en est rien. Au contraire, elles ne cesseront de resurgir dans le débat, nourrissant en Italie un procès durable contre la #France, accusée d’avoir déstabilisé la situation en Méditerranée pour mieux laisser l’Italie en subir, seule, les conséquences.
CHAOS EN MÉDITERRANÉE
Car dans le même temps, les "printemps arabes" provoquent un bouleversement de la situation en Méditerranée. Une fois de plus, c’est à Lampedusa que les premiers signes de la tempête apparaissent. Sur cette île minuscule, en hiver, on compte à peine 5 000 habitants d’ordinaire. Là, ce sont plus de 7 000 personnes venues de #Tunisie qui y débarquent en quelques jours, entre février et mars 2011. La population les accueille avec les moyens du bord, dans des conditions très précaires. Des "permis temporaires de séjours" de trois mois
sont délivrés aux arrivants par les autorités italiennes. Ainsi, les candidats à l’exil pourront-ils circuler aisément dans tout l’espace Schengen. Plus de 60 000 migrants débarqueront en 2011 ; la grande majorité d’entre eux ne resteront pas en Italie.
#migrants_tunisiens
Passé les mois de désorganisation ayant suivi la chute du président tunisien #Ben_Ali, Rome et Tunis concluent en 2012 un #accord_de_réadmission, formalisant le retour au pays des migrants d’origine tunisienne expulsés d’Italie. Assez vite, se met en place une coopération qui, de l’avis de nos interlocuteurs dans les deux pays, fonctionne plutôt harmonieusement.
En revanche, en Libye, du fait de la déliquescence du pouvoir central, Rome n’a pas d’interlocuteur. Dans un pays livré aux milices et à l’anarchie, des réseaux de trafiquants d’êtres humains s’organisent à ciel ouvert. Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. "J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis."
En une dizaine de jours, l’opération "#Mare_Nostrum" est mise sur pied. Concrètement, il s’agit d’une opération navale, à la fois militaire et humanitaire, visant à lutter contre les réseaux de passeurs, tout en évitant la survenue de nouveaux drames. Ses effets sont immédiats : en moins d’un an, plus de 100 000 migrants sont secourus et le nombre de morts diminue spectaculairement. Pourtant, le gouvernement Renzi, qui succède à Letta un an plus tard, décide d’y mettre un terme, à l’automne 2014. "Ça ne coûtait pas très cher, environ 8 millions d’euros par mois, et nous avons sauvé des centaines de vie avec ce dispositif, tout en arrêtant de nombreux trafiquants, avance Enrico Letta pour défendre son initiative. Mais très vite, Mare Nostrum a été accusée de provoquer un #appel_d'air… "
De fait, en quelques mois, le nombre de départs des côtes africaines a explosé. Surtout, une évolution capitale se produit : peu à peu, les passeurs changent de stratégie. Pour ne pas voir leurs bateaux saisis, plutôt que de chercher à gagner un port italien, ils se contentent, une fois arrivés à proximité des eaux italiennes, de débarquer les migrants à bord de petites embarcations, les laissant ensuite dériver
jusqu’à l’arrivée des secours. La marine italienne, trouvant les migrants en situation de détresse, n’a alors d’autre choix que d’appliquer les règles immuables du #droit_de_la_mer et de les conduire en lieu sûr.
La suppression de Mare Nostrum par le gouvernement Renzi vise à sortir de cet engrenage. En novembre 2014, est annoncée l’entrée en vigueur de l’opération "#Triton", coordonnée par l’agence européenne #Frontex. Un dispositif de moindre envergure, financé par l’Union européenne, et dans lequel la dimension humanitaire passe au second plan. Las, le nombre de départs des côtes libyennes ne diminue pas. Au contraire, en 2015, plus de 150’000 personnes sont secourues en mer. En 2016, elles seront 181’000. Et pour suppléer à la fin de Mare Nostrum, de nouveaux acteurs apparaissent en 2015 au large des côtes libyennes : des navires affrétés par des #ONG humanitaires, aussitôt
accusés, eux aussi, de former par leur présence une sorte d’appel d’air facilitant le travail des trafiquants d’êtres humains.
L’ITALIE PRISE AU PIÈGE
Pour Rome, les chiffres des secours en mer sont bien sûr préoccupants. Mais ils ne disent pas tout du problème. L’essentiel est ailleurs : depuis la fin de 2013, les pays limitrophes de l’Italie (#France et #Autriche) ont rétabli les contrôles à leurs frontières. Là où, jusqu’alors, l’écrasante majorité des migrants empruntant la route de la Méditerranée centrale ne faisaient que traverser le pays en direction du nord de l’Europe, ils se trouvent désormais bloqués sur le sol italien, provoquant en quelques années l’engorgement de toutes les structures d’accueil. Et les appels répétés à la solidarité européenne se heurtent à l’indifférence des partenaires de l’Italie, qui eux-mêmes doivent composer avec leurs opinions publiques, devenues très hostiles aux migrants.
#frontière_sud-alpine
Considéré jusque-là comme un impératif moral par une large part de la population, l’accueil des demandeurs d’asile est l’objet de critiques croissantes. En 2015, en marge du scandale "#Mafia_capitale ", qui secoue l’administration de la commune de Rome, l’Italie découvre que plusieurs coopératives chargées de nourrir et d’héberger les migrants se sont indûment enrichies. S’installe dans les esprits une l’idée dévastatrice : l’#accueil des réfugiés est un "#business " juteux plus qu’une œuvre humanitaire.
#mafia
Deux ans plus tard, une série de procédures à l’initiative de magistrats de Sicile en vient à semer le doute sur les activités des ONG opérant en Méditerranée. Le premier à lancer ces accusations est le procureur de Catane, Carmelo #Zuccaro, qui dénonce en avril 2017 – tout en admettant qu’il n’a "pas les preuves" de ce qu’il avance – les ONG de collusion avec les trafiquants. Après trois mois de rumeurs et de fuites organisées dans la presse, début août 2017, le navire de l’ONG allemande #Jugend_Rettet, #Iuventa, est placé sous séquestre, tandis qu’il a été enjoint aux diverses organisations de signer un "code de bonne conduite", sous le patronage du ministre de l’intérieur, Marco #Minniti, visant à encadrer leurs activités en mer. La plupart des ONG, dont Médecins sans frontières, quitteront la zone à l’été 2017.
#code_de_conduite
Tandis que le monde entier a les yeux tournés vers la Méditerranée, c’est en réalité en Libye que se produit, mi-juillet, une rupture majeure. En quelques jours, les départs connaissent une chute spectaculaire. Moins de 4000 personnes sont secourues en mer en août, contre 21’000 un an plus tôt, à la même période. La cause de ce coup d’arrêt ? Le soutien et l’équipement, par Rome, des unités libyennes
de #gardes-côtes, qui traquent les migrants jusque dans les eaux internationales, au mépris du droit de la mer, pour les reconduire dans des camps de détention libyens. Le gouvernement italien conclut une série d’accords très controversés avec différents acteurs locaux en
Libye.
#accord #gardes-côtes_libyens
v. aussi : ►http://seen.li/cvmy
Interrogé sur les zones d’ombre entourant ces négociations, et les témoignages venus de Libye même affirmant que l’Italie a traité avec les trafiquants, Marco Minniti nie la moindre entente directe avec les réseaux criminels, tout en mettant en avant l’intérêt supérieur du pays, qui n’arrivait plus, selon lui, à faire face seul aux arrivées. "A un moment, confiait-il fin août 2017 à des journalistes italiens, j’ai eu peur pour la santé de notre démocratie."
De fait, l’accueil de 600’000 migrants depuis 2014 et l’attitude des partenaires européens de l’Italie, qui ont poussé à l’ouverture de "#hotspots" (centres d’enregistrement des migrants) en Sicile et dans le sud de la Péninsule, sans tenir leurs engagements en matière de #relocalisation (à peine 30 000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce concernés à l’automne 2017, contre un objectif initial de 160’000), a nourri le rejet de la majorité de centre-gauche au pouvoir. Il a alimenté le discours xénophobe de la Ligue du Nord de Matteo Salvini et la montée des eurosceptiques du Mouvement 5 étoiles. A quelques jours des élections du 4 mars, celui-ci est au plus haut dans les sondages.
Depuis l’été, les départs des côtes africaines se poursuivent
sporadiquement, au gré de la complexe situation régnant sur les côtes libyennes. Resteque des centaines de milliers de candidats à l’exil – ils seraient de 300’000 à 700’000, selon les sources – sont actuellement bloqués en Libye dans des conditions humanitaires effroyables. Pour le juriste sicilien Fulvio Vassallo, infatigable défenseur des demandeurs d’asile, cette politique est vouée à l’échec, car il ne s’agit pas d’une crise migratoire, mais d’un mouvement de fond. "Pour l’heure, l’Europe affronte le problème avec
la seule perspective de fermer les frontières, explique-t-il. Et ça, l’histoire des vingt dernières années nous démontre que c’est sans espoir. Ça n’a pas d’autre effet que d’augmenter le nombre de morts en mer."
Depuis 2014, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 13’500 personnes au moins ont trouvé la mort en mer, sur la route de la Méditerranée centrale. Sans compter la multitude de ceux, avalés par les eaux, dont on n’a jamais retrouvé la trace.
Un nouveau mot pour la collection de @sinehebdo sur les mots de la migration : #Les_Turcs
A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, Pietro Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.
#abandon de l’Italie :
Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. « J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis. »
Gisti | Villes-refuge, villes rebelles et néo-municipalisme
▻https://asile.ch/2018/01/22/gisti-villes-refuge-villes-rebelles-neo-municipalisme
En septembre 2015, les maires de Barcelone, Paris, Lesbos et Lampedusa lançaient un appel pour la constitution d’un réseau de villes-refuge garantissant au niveau local ou municipal des conditions d’accueil décentes pour les exilés, migrants et demandeurs d’asile cherchant refuge en Europe. Dans un contexte de durcissement progressif du contrôle des frontières européennes et des […]
]]>#Kerkennah, l’île aux mille #passeurs
▻https://www.mediapart.fr/journal/international/301217/kerkennah-l-ile-aux-mille-passeurs
Le port d’Attaya. © L. B. Au large de Sfax, cette île tunisienne est devenue l’un des principaux pôles de transit pour accéder à la Sicile ou à Lampedusa. Face aux difficultés de la pêche artisanale, les bateaux y ont changé de mains, et d’usage.
]]>Communiqué des jeunes tunisiens à Lampedusa - ftdes
▻https://ftdes.net/communique-jeunes-tunisiens-a-lampedusa
Appel à l’opinion publique internationale
Nous sommes un groupe de jeunes venant du Rdeyef (sud-ouest de la Tunisie, là où a émergé le soulèvement du bassin minier en 2008) et d’autres régions de la Tunisie. Devant les défaillances économiques et sociales des politiques de notre pays, l’abandon de l’Etat de ses obligations et l’échec politique à l’échelle locale et internationale, nous avons dû abandonner notre rêve de 2008 d’un Etat démocratique qui garantit la liberté, la dignité et la justice sociale. Et malgré qu’on soit fière de notre pays et de son peuple, nous devions surmonter le danger de la migration non réglementaire direction le nord-ouest de la mer Méditerranée, cette route devenue dangereuse à cause des politiques migratoires européennes qui ferment les frontières à nos rêves et à nos ambitions de tenter une nouvelle expérience d’une manière réglementaire.
Nous nous trouvons actuellement dans le centre d’hébergement des migrants sur l’île de Lampedusa dans des conditions humanitaires difficiles. Nous sommes menacées d’expulsion forcée qui viole les conventions internationales qui garantissent la liberté de circulation, qui s’oppose aux politiques d’expulsion et aux conventions bilatérales inéquitables qui priorisent la sécurité des frontières au détriment des droits universels.
Nous annonçons que nous allons entrer dans une grève de la faim pour réclamer notre droit de circulation et pour protester contre l’expulsion forcée.
]]>Paris : « RAFLES, TRI, CAMPS : C’EST ÇA SELON VOUS L’ACCUEIL DES MIGRANTS ? »
▻http://lahorde.samizdat.net/2016/09/17/paris-rafles-tri-camps-cest-ca-selon-vous-laccueil-des-migrants
Tract distribué ce matin sur les marches de l’Opéra Bastille : Aujourd’hui, Pascal Brice (directeur de l’Ofpra) Anne Hidalgo (maire de Paris) et Giusi Nicolini (maire de Lampedusa) viennent parler à l’Opéra Bastille de leur enga- gement sur la question des #réfugiés. Nous, personnes solidaires des migrant.e.s, non conviées, pas plus d’ailleurs que les migrants [&hellip
]]>Des associations étrillent la #modération de Twitter, Youtube et Facebook - Le Monde
▻http://alireailleurs.tumblr.com/post/144492566424
Les associations SOS Racisme, SOS Homophobie et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont procédé à un premier « testing » commun des pratiques de modération sur Twitter, YouTube et Facebook, rapporte Le Monde. Les résultats sont sans appel : seule une toute petite minorité des contenus haineux est supprimée, mais avec des différences significatives d’une plate-forme à l’autre. Seuls 77 contenus sur 586 signalés ont été supprimés (4% sur Twitter, 7% sur Youtube, 34% sur Facebook).
]]>Luttes de prisonnier·e·s en Belgique, en France, en Grèce et en Italie
▻https://blogs.radiocanut.org/petitecuillere/2016/05/12/emission-du-12-mai-2016
Nous parlons des mutineries dans les prisons belges, de la mobilisation dans le quartier femmes de la taule de Fleury-Mérogis et des rassemblements de soutien devant cette prison, de la révolte dans le centre de rétention de Lesbos (Grèce), de la révolte des migrant-e-s enfermé-e-s à Lampedusa contre le contrôle par empreintes digitales, de la mobilisation menée par les détenues contre les conditions de détention dans la taule de Fresne. Source : Radio Canut
▻https://blogs.radiocanut.org/petitecuillere/files/2016/05/petite_cuillere_12mai.mp3
]]>#Lampedusa, «Mandateci via da questa prigione»
Scesi in piazza ieri, nel centro di Lampedusa, per chiedere di poter lasciare l’isola, dove sono bloccati da mesi, più di 70 rifugiati sono in sciopero della fame e della sete contro le identificazioni e il “sistema hotspot”. Altri 400 persone sono sbarcati sull’isola in 24 ore
▻http://www.repubblica.it/solidarieta/immigrazione/2016/05/07/news/lampedusa-139305423
#hotspots #asile #migrations #réfugiés #grève_de_la_faim #résistance #manifestation #Italie
Traces dispersées de la Route des Balkans
►http://visionscarto.net/balkans-traces-dispersees
par Aron Rossman-Kiss Le témoignage d’un artiste plasticien, étudiant en ethnologie, dans les Balkans et à Lampedusa. C’est l’aube, et il n’y a pas encore de pluie. Plus tard dans la journée, il va faire froid et une pluie grise, d’automne déjà, va tomber ; à quelques kilomètres de là, de nombreuses personnes vont courir le long des rails en tenant des sacs en plastique au-dessus de leurs têtes. D’autres vont se servir de sacs pour se les attacher autour des pieds — certains portent seulement des tongs, (...)
]]>Compte-rendu du Conseil des ministres du mercredi 3 septembre 2014 - Présidence de la République
▻http://www.elysee.fr/conseils-des-ministres/article/compte-rendu-du-conseil-des-ministres-du-mercredi-3-septembre-201
En octobre 2013, le naufrage de migrants à Lampedusa a conduit à une réponse de l’Union européenne (UE), avec les travaux de la « Task force Méditerranée », et une réponse de l’Italie, qui a lancé l’opération « Mare nostrum ». Cette opération de sauvetage de la marine militaire italienne a permis le sauvetage de nombreux migrants en mer, mais a aussi eu pour conséquences de créer des points de fixation des migrants dans le nord de la France, de favoriser les activités des passeurs et d’augmenter les risques de drames humains en mer.
Il fallait le voir pour le croire !!
]]>À bord du « #Phoenix » pour une expédition de #sauvetage réussie en #Méditerranée
Alors que plus de 150 000 migrants sont arrivés en Europe via la Méditerranée depuis le début de l’année, le journaliste italien Stefano Liberti a pu participer début juillet à une opération de secours privée au large de la Libye, au cours de laquelle 217 personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont été sauvées. Il a navigué à bord du Phoenix, affrété par une ONG – #MOAS – financée par deux riches courtiers en assurances.
▻http://www.mediapart.fr/journal/international/010815/bord-du-phoenix-pour-une-expedition-de-sauvetage-reussie-en-mediterranee?o
#asile #migrations #réfugiés #naufrage #mourir_en_mer
La Cour européenne des droits de l’homme condamne l’Italie pour la détention irrégulière de migrants à Lampedusa
▻http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2015/09/01/la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme-condamne-litalie-pour-la-detention-irr
La Cour européenne des droits de l’homme condamne l’Italie pour détention irrégulière et refoulement collectif vers la Tunisie. L’arrêt de la Cour daté du 1 septembre 2015, revient sur des faits qui se sont déroulés en 2011 sur l’île de Lampedusa.
]]>Une très belle série de reportages #audio sur la #Méditerranée, proposée par la RTS : #Eclats_de_Méditerranée
Plus de 20 pays se partagent ses rives. Mais si la terre peut être une patrie, qu’est-ce que la mer ? En cet été 2015 où la Grande Bleue devient une nouvelle frontière, Sonia Zoran vous invite à découvrir des hommes et des femmes qui racontent cet espace commun. Et leurs destins. Des plages de Beyrouth à celles de Lampedusa, des cités de Toulon ou Marseille aux voyages des poissons ou des poètes : des voix, des histoires, des éclats de Méditerranée.
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee
Je mets ici la liste des émissions, pour archivage :
Au cœur de la Méditerranée, à #Lampedusa
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6858270-eclats-de-mediterranee-du-29-06-2015.html
Les passants de Lampedusa
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6858346-eclats-de-mediterranee-du-30-06-2015.html
#mourir_en_mer #asile #réfugiés #migrations
Quand Padre Mimmo raconte Lampedusa...
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6858601-eclats-de-mediterranee-du-01-07-2015.html
Aimer et penser notre #mer
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6858657-eclats-de-mediterranee-du-02-07-2015.html
#Thierry_Fabre
Traversées avec Thierry Fabre
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6858772-eclats-de-mediterranee-du-03-07-2015.html
Avec Djaoued à la #Cité_Berthe
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6885253-eclats-de-mediterranee-du-06-07-2015.html
#banlieue #La_Seyne-sur-Mer
A la plage des Sablettes avec Djaoued
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6887745-eclats-de-mediterranee-du-07-07-2015.html
Avec les #femmes de la Cité Berthe en pause-café turquoise
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6891094-eclats-de-mediterranee-du-08-07-2015.html
Danse, henné et gourmandise avec les femmes de la Cité Berthe
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6894037-eclats-de-mediterranee-du-09-07-2015.html
#Rudy_Ricciotti, architecte face à la mer
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6896544-eclats-de-mediterranee-du-10-07-2015.html
#architecture
A #Cassis, dans les couleurs de #Gwendoline_Pieters
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6902083-eclats-de-mediterranee-du-13-07-2015.html
#Marcel_Rufo et la mer
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6903527-eclats-de-mediterranee-du-15-07-2015.html
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6903540-eclats-de-mediterranee-du-16-07-2015.html
A #La_Ciotat avec Moussu T
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6903653-eclats-de-mediterranee-du-17-07-2015.html
A #Sète se croisent les voix vives des poètes
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6903963-eclats-de-mediterranee-du-20-07-2015.html
Marc di Rocco, pêcheur de thon marié avec la mer
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6903987-eclats-de-mediterranee-du-21-07-2015.html
#pêche #thon
Une sirène et des poissons
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6925212-eclats-de-mediterranee-du-22-07-2015.html
Voyage dans le monde des #poissons avec Patrice Francour
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6927582-eclats-de-mediterranee-du-23-07-2015.html
Rêver devant une carte avec du bleu au milieu
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6927831-eclats-de-mediterranee-du-24-07-2015.html
Se sentir bien d’une rive à l’autre comme sur un divan
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6928078-eclats-de-mediterranee-du-27-07-2015.html
#Liban
La mer n’est pas un continent et ça change tout
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6928221-eclats-de-mediterranee-du-28-07-2015.html
L’odyssée d’un #Kabyle, avec Ameziane Kezzar
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6928370-eclats-de-mediterranee-du-29-07-2015.html
Dans le bleu et le soleil turcs avec Elif Deniz 1/2
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6928437-eclats-de-mediterranee-du-30-07-2015.html
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6928498-eclats-de-mediterranee-du-31-07-2015.html
Des vagues de la Seine aux plages de #Beyrouth avec #Darina_Al_Joundi (1/2)
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6928932-eclats-de-mediterranee-du-03-08-2015.html
Femmes de Méditerranée orientale avec Darina Al Joundi (2/2)
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6929023-eclats-de-mediterranee-du-04-08-2015.html
#Yvan_Sorel, spartiate des quartiers Nord
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6929220-eclats-de-mediterranee-du-05-08-2015.html
Le tour de la mer avec #Nicolas_Wadimoff
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6929303-eclats-de-mediterranee-du-06-08-2015.html
Entre désert et mer, avec #Nora_Aceval (1/2)
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6929458-eclats-de-mediterranee-du-07-08-2015.html
L’histoire plurielle de Nora Aceval (2/2)
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6929749-eclats-de-mediterranee-du-10-08-2015.html
#Marseille-#Alger avec #Elisabeth_Leuvrey et sa Traversée
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6929779-eclats-de-mediterranee-du-11-08-2015.html
A Lampedusa, une île entre rire et larmes, avec Peppe, charpentier de marine
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6929959-eclats-de-mediterranee-du-12-08-2015.html
Couscous au poisson et chansons chez #Antoine_Michel à Lampedusa
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6930028-eclats-de-mediterranee-du-13-08-2015.html
Face à la mer avec les jeunes de Lampedusa. Passionnés et engagés
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6930049-eclats-de-mediterranee-du-14-08-2015.html
#Giacomo_Sferlazzo raconte Lampedusa et son énergie particulière
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6930428-eclats-de-mediterranee-du-17-08-2015.html
#musique
Au dispensaire des #tortues, à Lampedusa, avec Daniela Freggi
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6930485-eclats-de-mediterranee-du-18-08-2015.html
Histoires croisées à Lampedusa
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6930812-eclats-de-mediterranee-du-19-08-2015.html
Le Mur grec avec #Nicolas_Verdan
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6930914-eclats-de-mediterranee-du-20-08-2015.html
La mer qui ressemble à la vie avec #Vassilis_Alexakis
▻https://www.rts.ch/la-1ere/programmes/eclats-de-mediterranee/6930980-eclats-de-mediterranee-du-21-08-2015.html
cc @daphne
Sombre
▻http://laviemanifeste.com/archives/10370
L’Europe forteresse est celle des cœurs endurcis et sans amour. Elle a pour politique et la guerre et la peur. Reste les habitants de Lampedusa seuls à tendre la main. Texte : Renverse I, Amandine Andre ; Mare nostro che non sei nei cieli, Erri De Luca. Documents : Lettre de Giusi Nicolini, Maire de Lampedusa ; Extrait de Week-End, Jean-Luc Godard (1967). Musique : Yannis Kyriakides & Andy Moor. Durée : 19 min. Source : La vie manifeste
]]>#parution #revue
#Lampedusa, #îles méditerranéennes, #frontières et #migrations
1Ce numéro de L’Espace politique fait écho à une actualité migratoire particulièrement inédite, marquée par l’augmentation spectaculaire des flux de migrants qui ont été plus de 200 000 à franchir les frontières maritimes de l’Europe méditerranéenne en 2014, contre 60 000 en 2013, et 70 000 en 2011, aux temps forts des Printemps arabes. C’est bien dans la recrudescence et la brutalité des conflits qui secouent nombre d’Etats africains et moyen-orientaux qu’il faut voir les racines de ce mouvement qui a poussé des hommes, des femmes et des enfants d’origines diverses, quoique principalement syriennes et érythréennes, à suivre la route de l’exil. L’urgence à fuir la guerre combinée au renforcement des contrôles migratoires aux frontières ont ainsi contribué à produire une mortalité inégalée jusqu’à présent, avec près de 3500 disparus en mer recensés par l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés en 20141. Pour difficile et dramatique qu’elle soit par certains aspects, la situation des derniers mois n’est pas fondamentalement nouvelle mais s’inscrit au contraire dans le prolongement des problématiques migratoires européennes des dernières décennies. C’est sur celles-ci, et plus spécifiquement sur la question de la production et de la contestation des frontières en Méditerranée que ce numéro souhaite apporter un éclairage, à travers le prisme insulaire. De nombreux travaux ont mis en évidence la fluidité d’une frontière européenne réticulaire, réactive aux recompositions des flux, se relocalisant sans cesse à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE et productrice de multiples catégories de migrants (Cultures et conflits, 2008, 2011 ; Clochard, 2010 ; Migreurop, 2012), mais le rôle spécifique des espaces insulaires dans ces processus a été relativement peu exploré (Schmoll & Bernardie-Tahir, 2014a, 2014b), ce qui contraste avec la formidable visibilité médiatique des îles vers lesquelles convergent aujourd’hui des flux migratoires de nature et de formes inédites.
Les articles de ce numéro :
Nathalie Bernardie-Tahir et Camille Schmoll
Iles, frontières et migrations méditerranéennes : Lampedusa et les autres [Texte intégral]
Paolo Cuttitta
La « frontiérisation » de Lampedusa, comment se construit une #frontière [Texte intégral]
The “borderization” of Lampedusa, how to produce a border
Annalisa Lendaro
« No finger print ! » : Les mobilisations des migrants à Lampedusa, ou quand l’espace compte [Texte intégral]
« No fingerprint ! » : Mobilizations of migrants in Lampedusa, or when space matters
Marie Bassi
Politiques de contrôle et réalités locales : le cas du #centre_d’accueil (pour demandeurs d’#asile) de #Mineo en #Sicile [Texte intégral]
Control policies and local realities : the case of the Mineo center for asylum seekers of Mineo in Sicily
Laurence Pillant
Les conséquences socio-spatiales des nouvelles modalités du contrôle migratoire à la #frontière_gréco-turque [Texte intégral]
Changes of the migratory control at the greek-turkish border and their socio-spatial consequences
Karen Akoka et Olivier Clochard
Régime de #confinement et gestion des migrations sur l’île de #Chypre [Texte intégral]
Confinement regime and migration management on the island of Cyprus
Au moins 29 migrants meurent de froid au large de #Lampedusa
Au moins 29 migrants sont morts de froid alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Union européenne. Certains sont décédés au cours de leur rapatriement à terre à Lampedusa effectué par les garde-côtes italiens. La maire de l’île met en cause la fin de l’opération italienne #Mare_Nostrum remplacée par une mission européenne de moindre envergure, #Triton.
▻http://www.mediapart.fr/journal/international/100215/au-moins-29-migrants-meurent-de-froid-au-large-de-lampedusa?onglet=full
#mourir_en_mer #Forteresse_Europe #migration #asile #décès #naufrage #réfugiés
]]>Morts de trente migrants proche de l’Île de Lampedusa en #Italie !
▻http://grigrinews.com/morts-de-trente-migrants-proche-de-ile-de-lampedusa-en-italie/2720
« 10/02/2015, Lampedusa, Italie : Vingt-neuf migrants originaires d’Afrique sub-saharienne sont morts de froid sur une embarcation secourue dans la nuit de dimanche 8 à lundi 9 par des gardes-côtes italiens. »
]]>Lampedusa : un 3 octobre sous le signe de la solidarité
▻http://www.secours-catholique.org/actualite/lampedusa-un-3-octobre-sous-le-signe-de-la-solidarite,13359.html
À Lampedusa, petite île italienne de la Méditerranée, la nuit apporte un peu de fraîcheur aux habitants. Pour la famille de Bartolomeo, dit Lilo, un rituel commence vers 21 heures : devant la porte de l’appartement au rez-de-chaussée d’une bâtisse carrée, on sort les chaises en bois de la cuisine, on s’installe sur le large trottoir en béton qui sert de terrasse et on discute avec les voisins sous la faible lumière orangée des lampadaires.
Ce soir du 2 octobre, le quinquagénaire est assis à côté de Tima*. Le jeune Érythréen de 25 ans échange avec lui quelques mots, mais surtout des sourires et des accolades. Son précédent passage à Lampedusa date de l’année dernière : Tima est l’un des rescapés du naufrage du 3 octobre 2013 qui a fait 368 morts sur les 500 passagers clandestins.
« Un soir, nous étions ici même, dehors, à boire le café, se souvient Lilo, quand j’ai vu un homme pleurer assis par terre. Alec avait survécu mais ne savait pas où dormir. » L’Italien lui a ouvert sa porte, comme à Tima et beaucoup d’autres durant quatre mois. « Alec est aux Pays-Bas, mais il n’a pas de papier, il n’a pas pu venir. »
Tima, en procédure en Norvège pour obtenir le statut de réfugié, a pu venir, lui, commémorer le naufrage avec une trentaine d’autres Érythréens, rescapés et familles des victimes. Ils ont été invités par le Comité du 3 octobre, créé par des Italiens et réfugiés il y a un an, pour faire de cette date une Journée du souvenir et de la mémoire de l’immigration. Une manière de lutter contre l’indifférence face aux décès survenus en mer. Pour ce premier "anniversaire", le Comité et l’association italienne Arci, qui promeut l’action sociale et les droits de l’homme à travers la culture, ont organisé un festival du 1er au 5 octobre. Avec de nombreux partenaires dont Migreurop et Caritas Italie, ils ont rassemblé 350 personnes pour réfléchir aux causes et conséquences de l’immigration clandestine. L’objectif : interroger les politiques publiques nationales et européenne, tout en soutenant les rescapés.
Pour Adal, dont le frère était sur le bateau, « ce drame aurait pu être évité ». L’homme massif aux cheveux noirs et frisés sait ce qu’il en coûte de vouloir fuir une dictature et de se heurter aux frontières de l’Europe : il a fait la traversée il y a quelques années. Placé en centre de rétention à Malte, il a été renvoyé en Érythrée, où il a connu la prison et la torture. Il s’est échappé et a trouvé refuge en Suède depuis 2005. « Mais nous ne sommes pas là pour le passé, insiste-t-il. Nous sommes aujourd’hui ensemble, unis, pour aller de l’avant et penser à l’avenir. »
]]>Histoires de migrants morts en #Méditerranée
De Calais en France à Lampedusa en Italie, la question des flux migratoires laisse les pays européens désemparés. Chaque mois, des centaines de migrants perdent la vie en Méditerranée, des tragédies qui rappellent que le tout sécuritaire ne pourra jamais tout régler. RFI consacre à ces « Perdus à la frontière : ces migrants morts en Méditerranée », une série de #reportages en collaboration avec l’émission #Accents_d’Europe : « Vivants ou morts, ramener les corps à terre » (1), « Identifier les corps et retrouver les familles » (2), « Rapatrier les corps dans le pays d’origine » (3), « Donner une #sépulture aux corps non-identifiés » (4). Un cinquième reportage intitulé « Honorer la mémoire des #disparus » sera mis en ligne ce 12 septembre.
Ce monsieur, Pavlos Pavlidis...
▻http://www.rfi.fr/europe/20140911-histoires-migrants-morts-mediterranee
#décès #mourir_en_mer #enterrement #identification #asile #migration #mort #réfugiés #cadavre
cc @reka
L’Europe et l’immigration : la construction d’une forteresse continentale
▻http://www.approches.fr/spip.php?page=dossier&id_mot=243
Je référence ce dossier pour le retrouver (et merci à @cdb_77 de l’avoir signalé), des articles anciens et très intéressant, surtout l’excellent article de 2003 d’Olivier Clochard sur lequel il faudra revenir.
De Calais à Lampedusa, l’immigration est devenue un débat à l’échelle européenne.
Si des propositions existent pour la création d’un programme européen d’immigration économique, la délivrance des cartes de séjour et l’asile restent pour l’heure des compétences réservées aux États membres. Toutefois, depuis plusieurs années, l’Union européenne s’empare de plus en plus de la question des migrations… mais sous l’angle unique du contrôle des « flux migratoires » : surveillance des frontières et lutte contre l’immigration irrégulière.
Approches Cultures & Territoires vous propose un tour d’horizon des différents aspects de cette politique.
Reportage : #Tunisie – #Libye, aux #frontières de la guerre et de l’oubli
Chaque crise impose ses changements. Celle de la guerre civile en Lybie a influé sur toute la région, y compris sur la Tunisie. Avec ces changements brusques et rapides, de nouvelles frontières se dessinent, desitinéraires inédits et de nouveaux commerces naissent, alors que d’autres cèdent et disparaissent. Entre Ras Jedir, le #camp_de_réfugiés de #Choucha, #Djerba et #Zarzis, des histoires de #migration, de #guerre civile, de #viol, de #mort et d’#oubli se tissent et se détissent au fil des quêtes. Nous en avons recueillis quelques unes.
Le lieu de l’#incident survenu le 11 février 2011 entre la frégate « Horria 302 » de l’armée nationale et l’embarcation « Raïes Ali 2 », au large de l’île de Kerkennah. Photo Bruno Giuliani.
Riadh n’a pas peur de sauter dans le prochain bateau qui arrivera ou pas à bonne destination. Il a survécu, à chaque fois, et a acquis une expérience inégalable dans le domaine. Mais cette chance, d’autres migrants ne l’ont pas eu, comme les jeunes Tunisiens de Zarzis, qui ont trouvé la mort, la nuit du 11 février 2011, sur un bateau de fortune qui se dirigeait vers Lampedusa. Ce drame qui a fait 5 morts et 22 disparus a fait le tour des médias, à l’époque, avant d’être oublié, sauf par les familles des victimes. Les survivants ont accusé la garde nationale de vouloir tuer les 120 émigrés qui étaient sur le bateau
cc @reka
#Immigration : quand les plus beaux #mots deviennent des #gros_mots
« #Solidarité, cette parole qui fait peur au monde développé. Ils essaient de ne pas la prononcer. C’est presque un gros mot pour eux. » C’est le Pape François qui le dit, après sa visite à Lampedusa et sa rencontre avec des demandeurs d’asile à Rome.
Et que dire de l’#hospitalité ? Un autre gros mot, qui fait peur car il porte une dimension d’accueil, d’ouverture et de rencontre avec un « autre » à l’égal de nous-même !
▻http://temoignagechretien.fr/articles/divers/immigration-quand-les-plus-beaux-mots-deviennent-des-gros-mots
]]>MOURIR A #CALAIS
"Une chose terrible est arrivée…"
Il avait réussi à fuir la dictature d’Erythrée, franchi les déserts et la mer, traversé l’Europe et il s’est noyé dans un port français, à quelques encablures de l’Angleterre, le but ultime de son #périple de cinq ans. En marchant depuis Lampedusa sur les pas de Robiel, le clandestin, “le Nouvel Observateur” a reconstitué sa folle #odyssée
▻http://www.grands-reporters.com/MOURIR-A-CALAIS,1140.html
#forteresse_Europe #Érythrée #érythréen #mort #décès #réfugiés #asile #migration #itinéraire_migratoire #parcours_migratoire
]]>La maire de #Lampedusa dénonce « un #holocauste moderne » en Méditerranée
Après la diffusion d’une vidéo choc sur les conditions de vie indignes dans le centre pour migrants de Lampedusa, Mediapart a rencontré la maire de l’île italienne. #Giusi_Nicolini critique les #politiques_migratoires « inhumaines » de l’Union européenne. De #Frontex à l’opération #Mare_nostrum, elle estime que les leçons du #naufrage du 3 octobre 2013 n’ont pas été tirées. Elle appelle de ses vœux des changements radicaux pour mieux traiter les #demandeurs_d'asile.
▻http://www.mediapart.fr/journal/international/251213/la-maire-de-lampedusa-denonce-un-holocauste-moderne-en-mediterranee?onglet
]]>ITALIE • « Si ce sont des hommes » : la vidéo choc de Lampedusa | Courrier international
▻http://www.courrierinternational.com/article/2013/12/18/si-ce-sont-des-hommes-la-video-choc-de-lampedusa
Des corps nus, en plein air, aspergés au tuyau, les uns après les autres. La vidéo de la « désinfection » des clandestins du centre d’accueil de Lampedusa, tournée à la sauvette par un migrant et vue par des milliers de personnes, est en train de déclencher une intense polémique en Italie.
Diffusée au cours du journal de Rai 2 lundi soir, cette vidéo de quelques dizaines de secondes montre des survivants du naufrage de Lampedusa du 3 octobre dernier brutalement désinfectés de la gale par des équipes du centre d’accueil. Debout, dehors, en plein hiver, ils sont aspergés sans ménagement et se voient balancer des vêtements avec désinvolture. « On nous traite comme des animaux », commente un migrant interviewé par la Rai.
▻https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Yn3eCUrUklw
Les réactions ont été immédiates. « On ne peut s’empêcher de penser aux camps de concentration, a commenté Giusi Nicolini, la maire de Lampedusa, connue pour son franc-parler. Une opération sanitaire de ce type ne se fait pas en plein air, en pulvérisant le produit sur des corps nus. J’ai honte de ces pratiques d’accueil », a-t-elle ajouté, rappelant que la gestion des centres de premiers secours et d’accueil étaient du ressort du ministère de l’Intérieur et non des autorités locales. ....
]]>« Les Evadés » : l’#intégration des migrants de #Lampedusa est possible
Dans le journal de France 2, ce samedi, un très beau sujet magazine sur les migrants de Lampedusa. Signé par Michel Mompontet et cinq autres journalistes.
Le #reportage commence en mer, la nuit, lors de l’opération de sauvetage d’un bateau. On y voit les migrants dans un état second, après dix jours de voyage – des enfants même pas en âge de parler serrés contre leurs mères. La voix-off explique que ce groupe là va s’en sortir, il a eu la chance de croiser les #gardes-côtes (l’équipe du sympathique commandant Indelicato).
Les autres, les centaines de familles qui coulent chaque année, terminent dans des #cercueils. Le reportage nous les montre : ils sont marrons pour les adultes et blancs pour les enfants. Tous numérotés.
Puis, ce qui est plus rare, le reportage raconte la #vie des #survivants.
Les journalistes passent du temps dans un centre de rétention de Lampedusa. Les migrants vivent dans des grandes #tentes bleues, la plupart du temps ils sont exploités par des producteurs locaux (payés 1,70 euro par heure). Ils sont aussi soumis aux règles mafieuses du camps. La maire de Lampedusa, qui tente d’améliorer leurs conditions de vie, subit des menaces.
Puis, dans la dernière partie, le reportage change de ton et il devient passionnant. Une #alternative est proposée à la mort et l’exploitation, nous explique-t-on. Les journalistes suivent des jeunes filles venues d’Erythrée, installées dans le petit village italien d’ #Acquaformosa. Le maire de la ville, Giovanni, a lancé un #programme_d’intégration, il y a trois ans, financé par des fonds européens. Le téléspectateur suit les jeunes femmes qui partent à la rencontre des habitants. Neema, qui parle un peu anglais et pas un mot d’italien, ne semble pas encore savoir quoi faire de cette nouvelle vie. Elle est passée par une prison du Soudan, avant d’arriver ici.
Accueillis avec douceur et bienveillance
A Acquaformosa, les migrants sont accueillis avec douceur et bienveillance car ils permettent d’envisager un #avenir (la population est très vieillissante). Grâce à eux, l’école est remplie, l’équipe de foot renaît, le petit village s’anime. Un petit garçon venu du Nigeria mange des carbonara. Une famille Afghane invite la prof d’italien à prendre le thé. La voix-off rappelle que ce village a été bâti par une population immigrée d’Albanie. Tout s’y passe bien. Demain, seize nouveaux migrants doivent arriver.
Selon les journalistes, les maires des village italiens d’à côté viennent « en apprentissage » à Acquaformosa, afin de s’inspirer de l’initiative de Giovanni. La formule pourrait se répandre dans la vallée.
Cette solution d’intégration coûte beaucoup moins cher à l’Europe que les camps de rétention, nous explique la voix-off :
« Et pourtant, neuf fois sur dix, ce sont les #barbelés plutôt que l’#humanité qui sont choisis. »
▻http://www.rue89.com/zapnet/2013/11/12/les-evades-lintegration-migrants-lampedusa-est-possible-247436
]]>Lampedusa, terre d’exil où se noie la conscience européenne
▻http://www.bastamag.net/article3451.html
« La pire tragédie de l’immigration de ces dernières années », a-t-on entendu à propos du naufrage à Lampedusa le 3 octobre dernier, dans lequel ont péri plus de 300 Somaliens et Érythréens. Un drame similaire a pourtant fait près de 500 morts en 2011. Notre mémoire flanche. Les chiffres se succèdent. Et l’indifférence gagne. Au risque d’oublier, aussi, que Somalie et Érythrée sont d’anciennes colonies italiennes. Que sur leurs rivages, poubelles de l’Europe, flottent aujourd’hui d’étranges containers. Que (...)
]]>Une famille de migrants sauvée près des côtés libyennes alors qu’elle était sur le point de naufrager (vidéo d’animation) - BBC News
▻http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-24669906?post_id=283601162_680824622677#_=
A lire, sur Orient XXI Égypte, Sinaï, Libye, Israël : les routes sanglantes des migrations ►http://orientxxi.info/magazine/egypte-sinai-libye-israel-les,0388
À partir de 1990, encouragés par le président Mouammar Kadhafi, des centaines de milliers de migrants, parmi lesquels des réfugiés rejoignent la Libye pour y travailler. Le trafic clandestin se développe, lui, surtout à partir des années 2000. Inquiète de cet afflux, l’Europe exige plus d’efforts de la part de la Libye. Kadhafi s’exécute, impose des visas, arrête les migrants illégaux et les renvoie chez eux.
Pourtant, en 2008, 40 000 migrants2 sont détectés sur les côtes de Malte et de Lampedusa. Ils ne seront plus que 4 500 en 2010 suite à un accord signé l’année précédente entre la Libye et l’Italie. La baisse sera de courte durée : les soulèvements en Tunisie puis en Libye renforceront la pression migratoire dans cette zone. Début 2011, les migrants subsahariens font face à un nouveau risque : celui d’être lynchés, car ils sont alors assimilés aux mercenaires africains de Kadhafi3. La plupart rentrent chez eux, mais cette perspective est impossible pour les Érythréens. Coincés à Salloum en Égypte pendant plusieurs mois, ils sont peu à peu réinstallés dans des pays tiers.
En Libye, la situation des réfugiés ne s’améliore pas : arrestations arbitraires, mauvais traitements et emprisonnements pour des durées indéfinies4. La plupart des détenus sont érythréens, somaliens, éthiopiens, et parmi eux, on trouve beaucoup de femmes et d’enfants. Pour ceux-là, la Libye ne peut plus être un pays d’accueil, elle n’est plus qu’un point de passage, un pays de transit. Depuis début 2013, 31 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes et maltaises.
]]>« Seuls les morts pourront rester. »
►http://cqfd-journal.org/Seuls-les-morts-pourront-rester
Durant quelques heures, l’ampleur de la tragédie a semblé ébranler le discours bien rodé qui mêle larmes de crocodile versées sur les victimes et dénonciation des infâmes trafiquants d’êtres humains. L’Italie a décrété un jour de deuil national. Le pape François Ier a parlé de « honte » pour un monde qui « globalise l’indifférence » et place l’argent au-dessus de l’humain. La maire de Lampedusa, en pleurs, a invité l’Europe à venir compter les morts avec elle. Laurent Fabius, ministre des Affaires françaises extérieures, a affirmé que « la Méditerranée ne [pouvait] pas rester un immense cimetière à ciel ouvert », avant de décréter qu’il fallait agir : « Ça veut dire quoi, agir ? Ça veut dire “développement, contrôles, sanctions”. » La mairie de Rome a proposé d’accueillir les survivants. Le chef du gouvernement italien a promis que « toutes les victimes » seraient naturalisées – mais, réflexion faite, les « victimes » ne sont que les morts et les survivants sont placés en centre de rétention, passibles d’une amende de 5 000 euros et d’une expulsion vers leur pays d’origine. Les pêcheurs et autres riverains qui se sont portés au secours des naufragés bien avant les frégates de la Guardia di finanza – ô le sibyllin symbole ! – sont également passibles de poursuites pour « trafic d’êtres humains »…
]]>« Seuls les morts pourront rester. » - CQFD
►http://cqfd-journal.org/Seuls-les-morts-pourront-rester
Durant quelques heures, l’ampleur de la tragédie a semblé ébranler le discours bien rodé qui mêle larmes de crocodile versées sur les victimes et dénonciation des infâmes trafiquants d’êtres humains. L’Italie a décrété un jour de deuil national. Le pape François Ier a parlé de « honte » pour un monde qui « globalise l’indifférence » et place l’argent au-dessus de l’humain. La maire de Lampedusa, en pleurs, a invité l’Europe à venir compter les morts avec elle. Laurent Fabius, ministre des Affaires françaises extérieures, a affirmé que « la Méditerranée ne [pouvait] pas rester un immense cimetière à ciel ouvert », avant de décréter qu’il fallait agir : « Ça veut dire quoi, agir ? Ça veut dire “développement, contrôles, sanctions”. » La mairie de Rome a proposé d’accueillir les survivants. Le chef du gouvernement italien a promis que « toutes les victimes » seraient naturalisées – mais, réflexion faite, les « victimes » ne sont que les morts [1] et les survivants sont placés en centre de rétention, passibles d’une amende de 5 000 euros et d’une expulsion vers leur pays d’origine. Les pêcheurs et autres riverains qui se sont portés au secours des naufragés bien avant les frégates de la Guardia di finanza – ô le sibyllin symbole ! – sont également passibles de poursuites pour « trafic d’êtres humains [2] »…
A lire, sur Orient XXI Égypte, Sinaï, Libye, Israël : les routes sanglantes des migrations. Des réfugiés repoussés par tous
►http://orientxxi.info/magazine/egypte-sinai-libye-israel-les,0388
]]>Un #naufrage et 366 #enterrements - #funérailles à l’italienne
Ce lundi 21 octobre, une commémoration en mémoire des victimes des naufrages de Lampedusa a été organisée en Sicile, à Agrigente. Sans les cercueils qui ont tous été enterrés à la va-vite, sans les survivants qui n’ont pas pu honorer leurs morts, sans la maire de l’ile de Lampedusa, mais en présence de l’ambassadeur d’Erythrée - une des pires dictatures au monde - et du ministre de l’intérieur, Angelino Alfano, qui a été hué dans sa ville natale.
▻https://soundcloud.com/mathilde-auvillain/un-naufrage-et-366
]]>Égypte, Sinaï, Libye, Israël : les routes sanglantes des migrations
►http://orientxxi.info/magazine/sinai-libye-israel-les-routes,0388
Égypte, Sinaï, Libye, Israël : les routes sanglantes des migrations
Des réfugiés repoussés par tous
Orient XXI > Magazine > Séverine Evanno > 17 octobre
Le naufrage de réfugiés, en majorité érythréens, à Lampedusa a retenu l’attention des médias. Avec au moins 360 morts auxquels il faut ajouter les disparus, il s’agit du pire bilan depuis plus de dix ans pour un incident de ce type, au large de l’Italie. Huit jours plus tard, le 11 octobre, une embarcation de réfugiés syriens disparaissait aussi, près des côtes égyptiennes cette fois. Au-delà de l’émotion, se pose la question des responsabilités et du lien entre les révoltes arabes et la démarche de ces réfugiés, prêts à tout pour fuir mauvais traitements, tortures, viols et trafic humains en Libye, Égypte ou Israël. Mais aussi celle des pays riches qui refusent de les accueillir, alors que l’immense majorité des réfugiés vit souvent dans des camps, dans les pays pauvres.
]]>#Lampedusa e spese militari
Quella missione Nato inutilizzata
–-> Lampedusa et #dépenses_militaires. Cette mission de l’#OTAN inutilisée
Il governo schiera la flotta a Lampedusa. Ma da dieci anni le marine occidentali presidiano già il Mediterraneo. Senza fare nulla contro gli schiavisti. Un’operazione che all’Italia è già costata oltre 200 milioni
–-> Le gouvernement envoie une flotte à Lampedusa. Mais depuis 10 ans les marines occidentales président la Méditerranée. Sans rien faire contre les passeurs. Une opération qui a déjà coûté 200 millions à l’Italie
▻http://espresso.repubblica.it/inchieste/2013/10/14/news/lampedusa-altro-che-nuove-spese-militari-lo-scandalo-della-missi
]]>Le bilan toujours plus meurtrier de la Forteresse Europe
▻http://www.wsws.org//fr/articles/2013/oct2013/fort-o12.shtml
La responsabilité de cette immense tragédie sociale revient aux gouvernements de l’Union européenne et leur politique de création d’une « Forteresse Europe. »
Avec l’augmentation du nombre de morts et de la colère populaire, le gouvernement italien et divers représentants de l’Union européenne (UE) ont adopté une position hypocrite de compassion envers les victimes. La pire de toutes étant les commentaires du premier ministre italien Enrico Letta qui a annoncé que « les centaines de gens qui ont perdu la vie au large de Lampedusa hier sont des citoyens italiens à compter d’aujourd’hui. »
Quant aux survivants de la tragédie, dont beaucoup ont perdu des membres de leur famille et des amis, ils risquent toujours d’être déportés une fois que les autorités en auront décidé ainsi. Les 155 personnes traumatisées sont détenues à Lampedusa sous étroite surveillance dans un refuge surpeuplé, et sont considérées comme des « immigrés clandestins. » D’après des lois passées en 2002, ils risquent non seulement la déportation mais aussi des amendes allant jusqu’à 5000 euros.
L’hypocrisie du gouvernement italien a continué avec l’annonce mercredi que des funérailles nationales seraient organisées pour les immigrés décédés.
Si ce type de déclarations étaient délibérément rédigées pour faire une satire de la politique réactionnaire de l’UE, elles seraient au niveau d’un Jonathan Swift. Pour qu’un immigré obtienne un statut légal qui lui accorde des droits démocratiques élémentaires, il lui faudrait d’abord mourir au large des côtes européennes dans d’atroces circonstances.
Depuis le désastre, les demandes du gouvernement italien et de l’UE ne visent pas un relâchement des restrictions sur le nombre de migrants qui entrent en Europe, mais un durcissement.
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