city:mar mikhaël

  • Beyrouth : épuration sociale des quartiers populaires par le développement, à cycle de rotation ultra-rapide, du secteur de la restauration, qui conduit à la disparition de la mixité d’activités, à la transformation de la vie de quartier et in fine, à la gentrification résidentielle. Un petit article de Guillaume Boudisseau dans le Commerce du Levant fournit quelques repères (sans entrer trop dans l’analyse des conséquences sociales, c’est le Commerce du Levant quand même).

    L’évolution des loyers est à la merci de la restauration
    http://www.lecommercedulevant.com/affaires/immobilier/none-liban/l-evolution-des-loyers-est-la-merci-de-la-restauration/24396

    Il y a encore quelques années, la rue Gouraud à Gemmayzé était la destination préférée des Beyrouthins. L’ouverture de l’enseigne Paul en 2002, puis du restaurant Food Yard en 2007 avait donné un spectaculaire élan à la rue qui était devenue rapidement l’endroit où il fallait sortir et se montrer. Certains restaurateurs y ont fait fortune en très peu de temps. Au final, une centaine d’enseignes s’y étaient implantées, prenant d’assaut le moindre espace vacant.
    Et puis la nuit beyrouthine s’est déplacée vers la rue Makdessi à Hamra, vers la rue Uruguay au centre-ville et surtout vers Mar Mikhaël. Moins fréquentée, la rue Gouraud a perdu de son attrait. Les bars et les restaurants ont mis la clé sous la porte. Aujourd’hui, la rue compte une dizaine de locaux vacants. Certains sont disponibles depuis plusieurs années. Même, la baisse des loyers n’arrive pas à attirer de nouveaux locataires. Désormais, un rez-de-chaussée devrait s’y négocier autour de 200 à 300 dollars le m2.
    Devant la saturation et la cherté de Gemmayzé à partir de 2010, les professionnels ont cherché une alternative. Se déplacer vers la rue al-Nahr à Mar Mikhaël était l’option la plus logique, puisque cette rue est le prolongement de Gouraud. La demande ne cessant d’augmenter, de nombreux garages et petits artisans ont été poussés vers la sortie au profit de pubs et de restaurants.
    Aujourd’hui, la rue al-Nahr attire tous les regards. La réussite de certaines enseignes attise les convoitises et beaucoup veulent exploiter le filon. La demande y est désormais largement supérieure à l’offre. Naturellement, la flambée des loyers n’a pas tardé. Ils peuvent varier de 400 à 700 dollars le m2 par an.
    La rue Badaro est le tube de 2014 ! Alors que tout le monde était focalisé sur Mar Mikhaël, certains professionnels ont compris le potentiel de la rue Badaro : accès facile, loyers abordables et proximité du quartier d’affaires de Adlié. Il n’en fallait pas plus pour attirer des restaurateurs en quête de nouvelles opportunités à moindre coût. Bien que les locaux disponibles ne soient pas si nombreux, les loyers varient de 300 à 400 dollars le m2. La rue Badaro est la seule de Beyrouth où les loyers ont été à la hausse en 2014.

  • Journaliers de l’électricité au Liban : jusqu’au bout de confessionnalisme
    Le projet de loi sur les journaliers d’#EDL enfin approuvé par le Parlement - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/861588/le-projet-de-loi-sur-les-journaliers-dedl-enfin-approuve-par-le-parle

    Le Parlement a réussi hier matin à tourner la page d’une des sources de tension sociale qui a envenimé à plusieurs reprises le quotidien des habitants de Beyrouth. Au cours de la séance plénière de la Chambre tenue à la place de l’Étoile, les députés ont approuvé en effet un texte de loi portant sur l’intégration au cadre des journaliers d’EDL. Des amendements ont été apportés à la mouture initiale afin de tenir compte des observations formulées à cet égard par les représentants des journaliers.

    Rappelons que ce dossier avait défrayé la chronique et suscité une vive polémique au cours des derniers mois. Les journaliers réclamaient en effet d’être intégrés au cadre d’EDL, et pour accentuer leurs pressions visant à obtenir satisfaction, ils organisaient de manière récurrente des manifestations et des rassemblements devant le bâtiment d’EDL, à Mar Mikhaël, perturbant souvent la circulation automobile.

    La revendication des journaliers avait toutefois été rejetée par les principaux partis chrétiens, plus précisément le courant aouniste, les Forces libanaises et les Kataëb, en raison du déséquilibre confessionnel que ne manquerait pas de provoquer une intégration de tous les journaliers au cadre d’EDL. Compte tenu de la position ferme adoptée sur ce plan par les partis chrétiens, un compromis avait été conclu entre le précédent cabinet Mikati et les journaliers, avec l’accord des grands blocs parlementaires, notamment les partis chrétiens, Amal et le Hezbollah. Ce compromis prévoit qu’un concours serait organisé de manière à sélectionner les journaliers qui seraient intégrés au cadre. Ceux qui échoueraient au concours seraient indemnisés.

    Le texte de loi inscrit à l’ordre du jour de la séance parlementaire qui a débuté en début de semaine a toutefois été contesté par les représentants des journaliers qui ont émis des réserves au sujet des conditions d’organisation du concours et du montant des indemnités versées à ceux qui rateraient le concours. Afin de faire entendre leur voix sur ce plan, les journaliers ont organisé hier et mardi des sit-in devant le siège d’EDL et non loin du Parlement.

    Les députés ont fini par tenir compte des observations des protestataires lors du vote du texte de loi, hier matin. À l’issue de la séance parlementaire, les députés Ibrahim Kanaan (courant aouniste), Ali Bazzi (mouvement Amal) et Ali Ammar (Hezbollah) ont tenu, place de l’Étoile, une conférence de presse conjointe pour exprimer leur satisfaction à la suite du règlement de ce dossier. Parallèlement, les journaliers devaient organiser un ultime rassemblement symbolique, en brandissant des portraits du président de la Chambre et leader d’Amal, Nabih Berry, afin de célébrer leur « victoire ».

    #Liban #électricité #énergie #luttes_sociales #grève

    • Confessionnalisme et… ingérence ? Article du 28 mars dernier : Kamal Hayek, PDG d’EDL, chevalier de la Légion d’honneur
      http://www.lorientlejour.com/article/860731/kamal-hayek-pdg-dedl-chevalier-de-la-legion-dhonneur.html

      L’ambassadeur de France au Liban, Patrice Paoli, a remis les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Kamal Hayek, président-directeur général d’Électricité du Liban (EDL), au cours d’une cérémonie organisée à la Résidence des Pins.

    • merci pour le lien qui m’avait échappé... ingérence dans la question des journaliers, je ne sais pas trop. En revanche, ce qui est certain, c’est que M. Hayek a su régulièrement attribuer des contrats à EDF et à d’autres entreprises françaises (Schneider, de mémoire, pour la modernisation du dispatching), sans parler des sous-traitants d’EDL pour la distribution qui contractent aussi avec des entreprises françaises (ERDF par ex.). Il a donc surement bien mérité de la France !

    • Le compte rendu de la session est encore plus intéressant dans le Daily Star, et souligne encore la dimension confessionnelle et clientéliste de l’accord

      The bill fulfills the workers’ demand that their respective fields be taken into consideration when the test is drawn up.

      The law also stipulates that workers be paid an indemnity sum once they retire, a demand they were also pressing for. The sum will be worth two monthly salaries for every year of employment in the state-run electricity company.

      Workers who are ineligible to take the exam because they are over 56 would also receive compensation based on the same calculation.

      An argument broke out in Parliament after Kataeb party and Lebanese Forces MPs proposed that workers at the Qadisha Power Plant should benefit from the law as well.

      Most of the staff at the power plant are Christians, while the majority of EDL contract workers in Beirut are Muslims.

      Speaker Nabih Berri ended the discussion, saying that the law would apply to all EDL contract workers in Lebanon, including those from Qadisha.

      Most contract workers in Beirut are supporters of Berri’s Amal Movement. Christian parties earlier expressed their opposition to making all EDL contract staff work full time, arguing that this would disrupt the sectarian balance.

      Future Movement MP Mohammad Qabbani abstained from voting, while his colleague in the same bloc Nabil de Freij expressed reservations. Kataeb MP Nadim Gemayel expressed his opposition to the draft law

      http://www.dailystar.com.lb/News/Lebanon-News/2014/Apr-03/252146-edl-staff-elated-as-draft-law-is-passed.ashx#ixzz2xoKO9qN6

    • Sur la « revendication » confessionnelle, je viens de me souvenir d’une discussion à ce sujet l’été dernier (parce que la question de la régularisation des journaliers d’EDL, c’est un vieux serpent de mer).

      Là, la bizarrerie est d’organiser un concours pour « rééquilibrer » la répartition confessionnelle qui, sans ce concours, défavoriserait les Chrétiens. N’est-ce pas une idée bizarre dans l’absolu (sauf à imaginer que les Chrétiens réussissent mieux les concours que les autres…) ?

      Si je me souviens de ce qu’on m’avait raconté : l’idée des aounistes (le ministre était Gebran Bassil si je ne me trompe pas), c’est que certes il faut régulariser le statut des journaliers d’EDL, mais que dans le même temps une bonne partie de ces journaliers sont simplement des « emplois fictifs » donnés selon les critères usuels du clientélisme confessionnel.

      Le concours serait donc destiné à faire la différence entre les vrais employés, capables de faire la différence entre courant alternatif et courant continu, et les faux employés, seulement capables de faire la différence entre courant du futur et courant amal.

      Et là où le confessionnalisme réapparaîtrait, ce serait parce que les Chrétiens considéreraient que ce sont les autres confessions qui ont le plus abusé du clientélisme à EDL. Ça, j’ignore pourquoi. Ce qui, comme toujours avec le cancer confessionnel, ferait que la dénonciation du confessionnalisme « des autres » est en soit une forme de confessionnalisme malsain.

      En même temps, j’ignore si cette histoire de concours pour chasser les emplois fictifs est justifiée, ou si c’est avant tout un argument anti-social pour éviter de régulariser tout le monde.

      [MÀJ] J’étais en train de rédiger mon billet en même temps que tu référençais le Daily Star. Je crois qu’on va dans le même sens.

    • jolie formule : « les vrais employés, capables de faire la différence entre courant alternatif et courant continu, et les faux employés, seulement capables de faire la différence entre courant du futur et courant amal. » ;-)

  • Electricité du Liban est sur le point de s’effondrer, avertit son directeur général
    http://www.lorientlejour.com/category/À+La+Une/article/768585/Electricite_du_Liban_est_sur_le_point_de_s'effondrer,_avertit_son_dir

    Plus tôt dans la journée, des journaliers d’EDL ont annoncé avoir entamé une grève de la faim pour réclamer le paiement de leurs salaires des mois de mai et juin, ont rapporté des médias locaux.
     
    Les grévistes imposent depuis la semaine dernière la fermeture des guichets au siège d’EDL, à Mar Mikhaël, à Beyrouth. Ils ont affirmé qu’ils ne mettront fin à leur grève que lorsque leurs demandes seront réalisées.
     
    Parallèlement, plusieurs journaliers ont manifesté lundi devant les locaux de la compagnie à Jounieh, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Les grévistes qui tentaient d’entrer dans le bâtiment ont été repoussés par les forces de l’ordre, ajoute l’agence. Un incident similaire s’est produit devant les locaux de l’EDL à Batroun.
     
    Par ailleurs, dans la Békaa, des journaliers en colère ont brièvement coupé l’autoroute reliant Baalbeck à Riaq, dans les deux sens, avec des pneus et des pierres.
     
    Début juillet, le Parlement libanais avait approuvé le projet de loi pour l’embauche des journaliers d’EDL sur base d’un temps partiel, autrement dit leur inscription au cadre d’EDL. Une décision qui avait suscité de vives réactions de la part des députés chrétiens, à savoir ceux du Courant patriotique libre (CPL), du parti Kataëb ainsi que des Forces libanaises (FL) qui craignaient que cette décision n’engendre un déséquilibre confessionnel au sein d’EDL.

  • Eclairage : Lorsque « le complot » pointe son nez... | Politique Liban | L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/760095/Eclairage_%3A_Lorsque_%3C%3C+le_complot+%3E%3E_pointe_son_nez....html

    S’il y a donc des conclusions à tirer des derniers événements, elles se résument aux yeux du 8 Mars à trois : le Hezbollah et le 8 Mars ne comptent pas se laisser entraîner dans un affrontement avec les sunnites. Ni les provocations verbales ni la fermeture des routes, notamment celles du Sud et de la Békaa vitales pour la résistance, ne le pousseront à modifier son attitude.

    Deuxième conclusion : il est désormais clair pour le 8 Mars que toutes les parties internes (sans parler de l’opposition syrienne au Nord et dans la Békaa) possèdent des armes, et à Tarik Jdidé, les partisans du courant du Futur ont utilisé des roquettes B7, les dégâts à la permanence de Berjaoui le montrent clairement. De même, le courant du Futur et ses alliés se sont comportés, ajoute le 8 Mars, comme des formations totalitaires refusant la diversité et l’existence d’une force sunnite qui ne partage pas leur point de vue.

    Enfin, lorsque l’armée avait tiré sur des manifestants désarmés proches du Hezbollah et d’Amal qui protestaient contre l’absence de courant électrique dans leur quartier, faisant huit morts parmi eux à Mar Mikhaël, les deux formations s’étaient empressées de multiplier les appels au calme et d’empêcher les habitants chiites du quartier de réagir, alors que de nombreux députés du courant du Futur préfèrent utiliser un discours confessionnel et inciter à la discorde...

    Intéressant commentaire de S. Haddad même si elle minimise les tensions internes au 14 mars me semble t il. Car selon les commentateurs d’Al Akhbar ces jours derniers, il y a aussi une marginalisation du Courant du Futur et de Hariri avec la montée des salafistes tripolitains.
    Voir par exemple Ibrahim al-Amin : http://english.al-akhbar.com/content/lebanon%E2%80%99s-sunni-street-takes-charge

    • Effectivement très intéressant.

      Note qu’elle ne « minimise » pas les tensions internes du 14 Mars : elle n’utilise carrément pas l’expression « 14 Mars » dans son article ! Elle utilise à chaque paragraphe le « 8 Mars » qui dénonce un complot, mais pas le 14 Mars.

      Je pense que, dans la logique du 8 Mars, le 14 Mars n’est qu’un instrument local à des politiques décidées et financées ailleurs (États-Unis, Arabie séoudite, aujourd’hui Qatar…).

      Par ailleurs, ce que décrit Scarlett Haddad est, largement, la lecture qu’on a pu avoir du #cablegate libanais.

    • le 14 Mars n’est qu’un instrument local à des politiques décidées et financées ailleurs (États-Unis, Arabie séoudite, aujourd’hui Qatar…).

      oui, mais pour autant, on perçoit dans les commentaires de ces derniers jours des tiraillements internes au Courant du Futur (entre ceux qui suivent le mouvement voire qui soufflent sur les braises, ceux qui font de la surenchère pour ne pas être marginalisé, comme Harir) et aussi avec les alliés chrétiens : Gemayel demandant que le 14 mars ne se jette pas dans la bataille en Syrie (http://english.al-akhbar.com/content/amin-gemayel-march-14-keep-out-syria) et Geagea qui se demande si ces électeurs vont le suivrent (http://www.dailystar.com.lb/Opinion/Columnist/2012/May-17/173662-will-tripoli-make-samir-geagea-pay.ashx#axzz1vaTAMpvR)

    • Oui, je suis d’accord.

      Mais l’article de Haddad est basé sur la description d’un complot tel que décrit de longue date par le 8 Mars (dans la continuation de la contre-enquête soutenue par le Hezbollah à propos du meurtre de Hariri, puis de l’enquête internationale et les magouilles de Saad, puis les fuites du cablegate libanais…). Et dans cette logique, certes le 14 Mars est l’acteur local principal, peut-être actuellement en compétition avec des jihadistes à Tripoli, mais quand le 8 Mars dénonce l’« attaque contre le Liban et la Résistance », il décrit bien la source (décision, financement, théorisation…) de cette attaque comme étant en dehors du Liban (Israël, États-Unis, Arabie séoudite…).

      Dans le story-telling 8 Mars, les péripéties électorales de Geagea (et même de Saad) sont des anecdotes propres à faire perdre le fil d’une évolution plus large.