city:mossoul

  • Iraq′s drought unveils 3,400-year-old palace of mysterious empire | News | DW | 28.06.2019
    https://www.dw.com/en/iraqs-drought-unveils-3400-year-old-palace-of-mysterious-empire/a-49384876

    A team of researchers in Germany will now try to interpret the cuneiform tablets. They hope that the clay tablets will reveal more about the Mittani Empire, which once dominated life in parts of Syria and northern Mesopotamia.

    Irak : un palais ancien émerge d’un réservoir à sec | www.cnews.fr
    https://www.cnews.fr/monde/2019-06-29/irak-un-palais-ancien-emerge-dun-reservoir-sec-855806

    Un palais datant de 3.400 ans a émergé d’un réservoir dans la région du Kurdistan en #Irak, suite à une baisse du niveau de l’eau causée par les fortes chaleurs et la sécheresse qui frappent le pays.

    Relevée par CNN, la découverte de ce bâtiment a mobilisé une équipe d’archéologues kurdes et allemands. Situé sur le site de « Kemune », dans le nord de l’Irak, le palais avait été inondé en raison de la construction du barrage de Mossoul et se trouvait sous le fleuve du Tigre. Déjà partiellement découvert pour la première fois en 2010, le site n’avait pas pu être exploré car le niveau de l’eau était encore trop élevé.

    Ce vestige de l’âge de bronze est « l’une des découvertes archéologiques les plus importantes dans la région au cours des dernières années », selon l’archéologue kurde Hasan Ahmed Qasim. Il remonte à l’époque où l’empire Mittani dominait la région et pourrait, selon la chaîne américaine, permettre d’en apprendre d’avantage sur ce royaume qui figure parmi les plus méconnus du #Proche-Orient.

    Dans ce palais, certains éléments ont été remarquablement préservés. Notamment des peintures murales dans les tons rouge et bleu, caractéristiques des palais de l’époque, ainsi que dix tablettes d’argile gravées d’écritures cunéiformes. À l’aide de ces textes, les chercheurs espèrent « obtenir des informations sur la structure interne de l’empire #Mittani, son organisation économique et les relations entre sa capitale et les centres administratifs des régions voisines ».

    #archéologie #climat

  • Mossoul après la guerre, RTS

    https://www.rts.ch/play/tv/histoire-vivante/video/mossoul-apres-la-guerre?id=10446386

    Les combattants de l’Etat Islamique ont été chassés de Mossoul le 9 juillet 2017 par les forces irakiennes. Ils ont contrôlé la deuxième ville du pays durant 3 ans. Comment reconstruire aujourd’hui cette cité totalement dévastée par des mois de combats ? Entre laxisme des autorités irakiennes et hésitations de la communauté internationale, le défi est énorme et crucial pour rebâtir un vivre-ensemble.

    Histoire Vivante s’est entretenu avec la réalisatrice Anne Poiret toute la semaine :

    https://www.rts.ch/play/radio/emission/histoire-vivante?id=1950967

    (5 épisodes de 30mn)

  • En octobre dernier, la presse unanime s’enthousiasmait pour les reconstitutions 3D de Palmyre, Alep, Mossoul. J’ai beau être un professionnel de la médiation culturelle utilisant les nouvelles technologies, je me demandais à l’époque comment on pouvait se réjouir d’une façon aussi indécente en des termes tels que ceux-ci :

    – Palmyre, Alep, Mossoul... Des cités millénaires ressuscitées en 3D
    https://www.geo.fr/histoire/cites-millenaires-palmyre-alep-mossoul-et-leptis-magna-ressuscitees-en-3d-a-lima

    – Réalité virtuelle : Alep, Palmyre, Mossoul, la renaissance des cités détruites
    https://www.lci.fr/high-tech/realite-virtuelle-la-renaissance-des-cites-detruites-alep-palmyre-mossoul-210085

    – L’Institut du monde arabe fait revivre les "cités millénaires" abîmées par l’EI
    https://www.france24.com/fr/20181010-cites-millenaires-exposition-institut-monde-arabe-menace-jihadist

    – Les cités millénaires du monde arabe sauvées par des images numériques ?
    https://www.telerama.fr/sortir/les-cites-millenaires-du-monde-arabe-sauvees-par-des-images-numeriques,n584

    Et ce très poétique (et chrétien) :
    – Alep, Palmyre, Mossoul renaissent de leurs cendres grâce à la 3D
    https://www.la-croix.com/Culture/Expositions/LInstitut-monde-arabe-reconstitue-virtuellement-beaux-sites-archeologiques

    Je suppose qu’aujourd’hui, tu perçois bien mieux ce qu’il y avait d’indécent à utiliser ces termes. Imagine qu’il n’y ait plus au centre de l’Île de la Cité qu’un tas de cendres fumant, et qu’on titre, réjoui : « La cathédrale millénaire ressuscitée en 3D », « Notre-Dame, la
    renaissance de la cathédrale détruite », « L’IMA fait revivre la “cathédrale millénaire” », « La cathédrale de Paris sauvée par des images numériques ? », et fort pertinent « La cathédrale Notre-Dame renaît de ses cendres grâce à la 3D ».

    Yep mon ami, comme ce serait réjouissant : ta cathédrale tu te la roules en tube et tu te la fumes, on va te me la faire « renaître de ses cendres » grâce à des images dignes de Assassin Creed dans le casque VR de ta PS4.

  • Le Régime de Macron panique après la publication du Colonel Legrier, La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? - AgoraVox le média citoyen
    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-regime-de-macron-panique-apres-212734

    L’article remarquable, ci-dessous, écrit par le Colonel François-Régis Legrier - Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019 - est d’un intérêt capital à plusieurs titres.

    Il l’est, notamment, pour la compréhension du désastre de la "stratégie" militaire menée depuis 5 mois par la "Coalition" dans la bataille d’Hajin en Syrie, des conséquences dramatiques vécues par les populations civiles mais également du profond ressentiment engendré à l’égard des Etats responsables de ce désastre.

    Ce brûlot a été publié récemment dans la Revue de la Défense Nationale - page 65 à 71 - sous le titre :

    La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?

    Le Régime de Macron a très mal pris cette publication qui pointe la responsabilité avant tout politique de ce désastre auquel a participé activement l’Etat français, vassal des US. 

    Cet article a été retiré de la publication de la RDN et selon des médias, Le Colonel Legrier risquerait des sanctions. 

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    La bataille d’Hajin (septembre 2018 – janvier 2019) du nom d’une petite localité située sur la rive Est de l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak mérite de laisser son nom dans l’histoire militaire à plus d’un titre. Elle est d’abord la dernière « bataille rangée » contre le pseudo État islamique et semble mettre un point final à sa volonté de contrôler un territoire. Elle est ensuite, pour nous Occidentaux, riche d’enseignements sur la guerre, et tout spécialement les limites de la guerre par procuration et de notre approche tournée vers la suprématie technologique.

    Au XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes était réglé en une journée – Austerlitz par exemple ; au XXesiècle, il faut compter en semaines – que l’on pense à la poche de Dunkerque en 1940 ; au XXIe siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites. Telle est la réalité de la guerre aujourd’hui qui doit nous conduire, décideurs politiques et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir et faire la guerre.

    Certes, la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? Si la réduction du dernier bastion de l’État islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ? Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche d’Hajin et épargner à la population plusieurs mois de guerre.

    Par ailleurs, en sous-traitant aux Forces démocratiques syriennes (FDS), c’est à-dire à des proxys – des troupes soutenues par les Américains qui leur ont délégué le droit de se battre à leur place – la conduite des opérations au sol, la Coalition (1) a renoncé à sa liberté d’action et perdu la maîtrise du tempo stratégique. Prise en étau entre la décision de Donald Trump de se retirer du Nord-Est syrien et le bon vouloir des FDS, elle n’a pas trouvé de meilleure solution que d’intensifier les bombardements pour en finir au plus vite, compromettant ainsi durablement l’avenir de cette province.

    In fine, la question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux, lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.). C’est là, l’approche assumée sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre et nous souhaitons ici indiquer ce qui aurait pu être fait pour mettre l’ennemi hors de combat sans transformer la poche d’Hajin en champs de ruines.

    Caractéristiques de la bataille d’Hajin : un concentré de tous les types de guerre

    Située au cœur du « Grand Jeu » entre puissances régionales et grandes puissances, la poche d’Hajin regroupe en septembre 2018 environ 2 000 combattants islamistes dont une majorité d’étrangers. S’étirant sur une trentaine de kilomètres le long de l’Euphrate en territoire arabo-kurde syrien et large d’une dizaine de kilomètres, elle est le dernier bastion du soi-disant Califat « État islamique », autant dire pas grand-chose. En réalité, nous allons voir que la bataille déborde largement de son cadre géographique pour se répandre dans le champ des perceptions, autre enjeu essentiel du combat.

    La zone d’action est une bande de terrain en V coincée entre l’Euphrate à l’Ouest et la frontière irako-syrienne à l’Est avec une zone rurale (champs et villages) le long du fleuve et une zone désertique. Soulignons que la rive Ouest de l’Euphrate est plus ou moins sous contrôle du régime syrien et des milices irakiennes qui contrôlent également une partie de la frontière. La population est estimée à quelques milliers de personnes, surtout présente dans la partie Nord de la poche (localité d’Hajin).

    Au Sud de la poche (pointe du V) et au bord de l’Euphrate, en territoire irakien, la ville d’Al-Qaïm. Au Nord de cette ville, la frontière est tenue par l’armée irakienne et légèrement en retrait se trouve la position de tir des moyens feux sol-sol de la coalition. Au Sud, la frontière est tenue par une milice affiliée à l’Iran (Katiba Hesbollah), véritable petite armée avec ses chars et ses canons. Si la frontière est globalement étanche au Nord, elle est très poreuse au Sud, la milice se livrant à la contrebande.

    Le combat au sol a été confié à des proxys, les FDS, alliance arabo-kurde conseillée par les forces spéciales américaines et bénéficiant du soutien des moyens feux sol-sol et sol-air de la Coalition. D’un volume sensiblement équivalent à celui de Daech, leur valeur combative est toute relative sachant que les combattants kurdes viennent du Nord-Est syrien où ils sont régulièrement pris à partie par les Turcs, alliés des Américains au sein de l’Otan. Ainsi, fin octobre 2018, les FDS ont annoncé la suspension des opérations suite à des frappes turques et il a fallu plusieurs semaines de négociation pour qu’ils reprennent le combat. Le même scénario a failli se répéter mi-décembre et compromettre à nouveau la prise d’Hajin pourtant bien engagée.

    Au sol, les traits distinctifs de cette bataille sont assez proches de ceux des batailles de la Première Guerre mondiale : une ligne de front entre combattants où chaque gain de 500 mètres ou 1 kilomètre de territoire représente un succès ; des contre-attaques violentes et répétées de la part d’un ennemi cerné de toute part et qui cherche à desserrer l’étau des FDS ; un emploi massif de l’artillerie, seule capable de délivrer des feux par mauvaises conditions météorologiques et qui, à plusieurs reprises, a sauvé la mise aux FDS violemment prises à partie ; des pertes importantes au regard du volume de combattants (plusieurs centaines au total de part et d’autre).

    Sur un plan purement tactique, cette bataille a fait redécouvrir toutes les vertus d’un appui-feu sol-sol (2) alliant effets de saturation par obus explosif et effets de destruction par munition de précision et surtout opérationnel par tout temps. Ainsi, c’est le 3 décembre 2018 qu’ont été tirés avec succès pour la première fois en opération, les obus antichars à effet dirigé Bonus détruisant une colonne de pickup lancée à l’assaut des lignes de défense FDS.

    Dans les airs, la suprématie occidentale est évidemment totale. Comme dans le film de Gavin Hood, Eye in the Sky (3), c’est la quintessence de la haute technologie qui se déploie quasiment sans limite avec l’emploi massif de moyens de surveillance et de renseignement, et d’avions pour observer et frapper. En l’espace de six mois, plusieurs milliers de bombes ont été déversées sur quelques dizaines de kilomètres carrés avec comme résultat principal la destruction des infrastructures.

    L’ennemi a-t-il été détruit par ces frappes ? Oui, mais pas autant qu’on a bien voulu le faire croire dans les comptes rendus alignant un BDA (4) impressionnant calculé de façon statistique et non pas par observation visuelle.

    L’ennemi a-t-il été atteint dans son moral et sa volonté de combattre ? À l’évidence, non. Il a déployé jusqu’au bout une combativité inébranlable mettant à profit les périodes de mauvaise météo, le préservant de la menace aérienne, pour contre-attaquer violemment et infliger à plusieurs reprises de sérieux revers tactiques aux FDS. La défaite devenue inéluctable, il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers.

    Ainsi, cette bataille illustre à merveille les propos du général Desportes : « Des systèmes d’armes toujours plus performants produisent des résultats toujours plus décevants » (5). Entendons-nous bien. Ils ne sont pas décevants parce que performants mais parce que mal employés ; nous y reviendrons.

    Enfin, la bataille d’Hajin dépasse largement le cadre géographique pour s’inscrire plus largement dans le champ infini des perceptions.

    Force est de constater que dans ce domaine, Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement médiatisés avec succès. En effet, à plusieurs reprises, la Coalition trop souvent en réaction sur le champ des perceptions, a dû renoncer à ses frappes face à la pression médiatique. Il y a ici tout un champ de réflexion à explorer et notamment le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la même réactivité que l’ennemi.

    Les limites de la guerre par procuration et de notre approche techno-centrée

    La guerre par procuration ou comment perdre la main sur le plan stratégique

    En s’en remettant à des proxys pour conduire la bataille au sol, les Occidentaux en ont certes retiré un avantage politique à court terme : celui d’éviter des pertes et un mouvement d’opinion contre leur politique. En revanche, sur le moyen-long terme, ce choix s’est avéré désastreux.

    En affirmant que la poche était la Main Battle Area (6) tout en refusant d’y engager des moyens terrestres ou même des hélicoptères d’attaque, les Américains ont laissé planer un doute sur leurs intentions réelles d’en finir rapidement. Il est donc permis de penser que la poche d’Hajin constituait un excellent alibi pour maintenir une présence dans le Nord-Est syrien et surtout prévenir un éventuel délitement trop rapide de la Coalition. Ainsi, au fur et à mesure de la bataille, le discours s’est articulé de la façon suivante : « il faut détruire Daech » vers « oui, Daech est bientôt éliminé en Syrie mais il se reconstitue en Irak et reste tout aussi dangereux », ce qui pose la question de la pertinence de la stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech ou contenir l’Iran ?

    Par ailleurs, la conséquence la plus immédiate d’une telle approche est la perte de la maîtrise du temps : l’opération avance au gré de la volonté des proxys et selon leur propre agenda et elle traîne en longueur quelle que soit l’ampleur des moyens consentis. Cela s’appelle un enlisement.

    Pour compliquer les choses, est apparue au grand jour la divergence de vues entre Donald Trump et son état-major. Fidèle en cela à une promesse de campagne, le Président des États-Unis a saisi l’occasion de la reprise d’Hajin mi-décembre pour annoncer la victoire sur Daech et le retrait des forces américaines de Syrie montrant ainsi, certes de façon brutale, que c’est bien le tempo politique qui détermine la stratégie et non pas l’inverse.

    En refusant d’inscrire dans leur stratégie du Moyen-Orient cette volonté de retrait pourtant annoncée depuis deux ans, l’Administration américaine et les étatsmajors se sont mis d’eux-mêmes en porte à faux. Bousculés par le décideur politique d’un côté, ayant perdu la main sur le tempo des opérations au sol de l’autre, c’est-à-dire privés de toute marge de manœuvres, la seule réaction a été d’intensifier les frappes aériennes et donc d’augmenter encore le nombre de destructions. Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction quasi complète.

    Ainsi, cette victoire tactique, par la façon dont elle a été acquise, a compromis l’avenir de cette province sans ouvrir de perspectives stratégiques intéressantes pour la Coalition. L’avenir du Nord-Est syrien est plus que jamais incertain et Daech, s’il a perdu son territoire, ne semble pas atteint dans sa volonté de continuer la lutte.

    La leçon est la suivante : il n’y a pas de stratégie et donc de victoire durable sans liberté de manœuvre. Celle-ci est au croisement du politique et du militaire. Le stratège doit impérativement inscrire son action dans une politique et doit garder la main sur les opérations dans tous les domaines, y compris les opérations terrestres s’il veut être en mesure de présenter plusieurs options stratégiques au décideur politique. Il n’y a pas d’autres solutions possibles.

    L’approche techno-centrée ou l’illusion de la puissance

    En s’en remettant principalement à des moyens air inopérants sur un plan tactique lorsque les conditions météo se dégradent et aux forces spéciales, la Coalition a perdu beaucoup de temps, d’énergie et de crédibilité, Daech ayant beau jeu de se vanter d’avoir tenu en échec la première puissance mondiale pendant des mois.

    Il faut être rentré dans une Strike Cell (7) par temps couvert pour comprendre toutes les limites de notre approche techno-centrée. En effet, en cas de pluie, de brouillard, de nuages, les écrans deviennent noirs, les gens jouent aux cartes ou regardent un film : la guerre s’arrête pour eux en attendant la prochaine fenêtre météo. Lors des violentes contre-attaques de Daech en octobre 2018 et le repli des FDS, le premier constat d’un officier général a été de dire : « C’est à cause de la météo, nous n’avions plus l’appui aérien. » Sous-entendu, Daech ne respecte pas les règles du jeu, il attaque par mauvais temps !

    Non, nous n’avons pas été tenus en échec par la météo mais par notre refus de nous adapter à notre ennemi et au réel. La guerre par procuration, c’est-à-dire ce refus d’engager des troupes au sol aptes au combat pour s’en remettre uniquement aux forces spéciales et à l’arme aérienne est l’un des facteurs principaux de nos échecs actuels. Les forces spéciales sont faites… pour les opérations spéciales et non le combat conventionnel en zone urbaine ou désertique.

    Encore une fois, ne nous y trompons pas, il ne s’agit nullement ici de critiquer l’apport indispensable aux opérations que constitue l’arme aérienne ou les forces spéciales mais de rappeler que c’est une erreur que de s’en remettre uniquement à elles pour gagner une bataille. Ce concept ultra-technologique conçu pour réduire le format des troupes conventionnelles et séduire le politique en lui faisant croire qu’on peut faire mieux avec moins est un leurre séduisant mais un leurre quand même.

    Alors que fallait-il faire ?

    La réponse est simple : comprendre que si la bataille se gagne au niveau tactique – adaptation au terrain et à l’ennemi – la guerre se gagne au niveau stratégique et politique, et qu’elle est une dialectique des volontés et non une éradication « des méchants » impossible à réaliser.

    En l’occurrence, il fallait resituer la bataille d’Hajin dans un cadre plus global : celui d’empêcher Daech de se reconstituer d’une part et de préserver l’avenir de la moyenne vallée de l’Euphrate en évitant des destructions inutiles d’autre part.

    Au niveau tactique, une bataille se gagne en disposant les moyens adéquats au bon endroit et au bon moment (principe d’économie des forces et de concentration des efforts) pour créer un rapport de force favorable. Ainsi, tout en s’appuyant sur les FDS, il fallait, en sus des moyens d’appui-feux, engager a minima un groupement tactique interarmes motorisé capable de s’emparer rapidement de la poche d’Hajin en limitant autant que faire se peut la destruction des infrastructures.

    En effet, une bataille ne se résume pas à détruire des cibles comme au champ de foire. C’est la combinaison de la manœuvre et du feu qui permet de disloquer le dispositif ennemi et de le mettre dans l’impossibilité de poursuivre la bataille par la conquête des points clés du terrain, et de ses moyens de commandement et logistique. La prise d’Hajin, en décembre, en est l’illustration tardive : l’ennemi, ayant perdu son centre de commandement, n’a plus été en mesure d’opposer une résistance coordonnée par la suite.

    Enfin, la bataille doit être menée en temps imminent dans le champ informationnel, c’est-à-dire avec un temps d’avance. Est cru par le plus grand nombre ce qui est affirmé en premier : c’est une loi immuable dont il faut tenir compte. Une plus grande réactivité aurait été nécessaire pour valoriser nos succès et disqualifier le comportement de l’adversaire quitte à assumer, et non pas justifier après coup, les dommages collatéraux.

    L’évocation de la bataille dans le champ des influences nous permet de faire la transition avec les parties hautes de la guerre, la stratégie et la politique.

    Au lieu de se focaliser de façon excessive sur la poche d’Hajin, la Coalition aurait dû l’intégrer dans une approche stratégique et ainsi découper son espace de bataille non pas en fonction de ses structures internes (répartition entre commandement des forces spéciales en Syrie et commandement conventionnel en Irak) mais en fonction de l’espace de bataille ennemi allant de Kirkuk au Nord-Est de l’Irak au désert d’Al-Anbar à l’Ouest, en passant par Hajin et Al-Qaïm.

    Seule une vue globale du problème aurait permis d’ébaucher une stratégie globale et d’éviter le constat amer de voir Daech resurgir là où on l’a chassé il y a deux ans. Seule une stratégie globale laissant entrevoir une résolution politique durable aurait permis au politique de comprendre la nécessité du temps long au lieu de brusquer les choses pour sortir de ce qui s’apparente à une impasse et un échec.

    Il faut donc rappeler avec le général Desportes que la victoire militaire doit toujours être pensée au prisme de son objectif politique et qu’elle ne peut se passer d’un engagement au contact : « La guerre à distance est un leurre : elle produit un effet militaire mais pas d’effet politique. La “projection de puissance”, c’est-à-dire la projection de destruction, sans “projection de forces”, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas ; elle détruit sans maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. » (8)

    Conclusion

    Oui, la bataille d’Hajin a été gagnée, au moins sur le terrain mais en refusant l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ? w guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate.

    François-Régis Legrier

    Colonel. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique. Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019. Auteur de Si tu veux la paix prépare la guerre aux Éditions Via Romana

    Courriel de l’auteur : frlegrier@gmail.com

    (1) Operation Inherent Resolve (OIR) : coalition dirigée par les Américains.

    (2) Il faut également souligner l’emploi massif par Daech de roquettes et de mortiers allant parfois à des consommations de 100 munitions par jour.

    (3) Sorti en 2016 : montre les ambiguïtés politico-juridiques d’une prise de décision d’une frappe aérienne.

    (4) Battle Damage Assessment : estimation des pertes ennemies.

    (5) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », Le Casoar n° 231, p 19.

    (6) L’espace de bataille prioritaire.

    (7) Centre d’opérations couvert d’écrans permettant une recopie des images fournies par les drones ou les avions. C’est à partir de là que s’effectuent les frappes aériennes et les tirs d’artillerie d’où son nom de Strike Cell.

    (8) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », op. cit.

  • Secret Défense
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-idees/le-journal-des-idees-du-mercredi-27-fevrier-2019


    Alors que des centaines de personnes ont quitté hier encore le dernier réduit du groupe Etat islamique, le colonel Legrier a critiqué la stratégie de la coalition en Syrie.

    Il était jusqu’à sa relève récente – au terme de son mandat – à la tête des 200 artilleurs qui ont contribué à la réduction des derniers bastions de Daech. Il s’exprime à propos de la bataille d’Hajin, achevée en janvier dernier, et non de celle qui est en cours à Baghouz, mais ses analyses valent également dans ce cas. Le Monde publie de larges extraits de son texte* qui dénonce une guerre par procuration, sous-traitée aux FDS arabo-kurdes sur le terrain, et une approche exclusivement « tournée vers la suprématie technologique ». La coalition aurait ainsi perdu la maîtrise du « tempo stratégique » et intensifié les bombardements au prix de la destruction des infrastructures, une approche assumée sans complexe par les Américains mais que le colonel Legrier estime ne pas être la nôtre. Il rappelle que Mossoul et Raqqa ont subi le même sort : une destruction quasi complète.

    *https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/26/la-bataille-d-hajin-victoire-tactique-defaite-strategique-le-texte-qui-embar

    #colonel_Legrier

    https://seenthis.net/messages/760517

  • Macron à Francazal : Célébration du complexe militaro-industriel et de la start-up nation à Toulouse. - IAATA
    https://iaata.info/Macron-a-Francazal-Celebration-du-complexe-militaro-industriel-et-de-la-star
    https://iaata.info/home/chroot_ml/ml-toulouse/ml-toulouse/public_html/IMG/arton3045.jpg?1547856380

    Macron à Francazal : Célébration du complexe militaro-industriel et de la start-up nation à Toulouse.
    Publié le 19 janvier 2019

    Ce jeudi 17 janvier 2019, Macron a choisi de souhaiter les vœux aux armées sur le site de la base aérienne de Francazal à Toulouse. Macron est venu défendre sa Startup Nation Army : Technologies de pointes, surveillance, arme de dernier cris, caméras, drones, robots, etc...
    (Tract distribué le jour de la venue de Macron, pendant l’action des Gilets Jaunes, boqués par des milliers de flics...)

    Ce jeudi 17 janvier 2019, Macron a choisi de souhaiter les vœux aux armées une seule fois et depuis un seul lieu (au lieu d’une traditionnelle tournée) : le site de la base aérienne de Francazal au sud de Toulouse. Si Macron visite Francazal ce n’est peut-être pas au hasard. La base et le régiment qu’il visite sont l’exemple même de l’armée de « demain » c’est-à-dire des armes de haute technologie entre les mains des corps d’élite (ici les parachutistes). Armes conçues et produites par le complexe militaro-industriel aéronautique toulousain (entre autres, Airbus Defence and Space, Thales, Safran, CNES, DGA techniques aéronautiques, etc.). Le site de Francazal est pressenti comme le futur centre européen du développement des technologies militaires et civiles de la robotique et des drones (Voir : « Un village pour drones et robots en projet dans le Sud Toulousain », la Tribune, 06/02/18). Francazal a aussi vocation à devenir le nouveau pôle européen pour les transports du futur avec l’implantation de la branche européenne de l’entreprise californienne HYPERLOOP (projet imaginé par Elon Musk chef de file du transhumanisme mondial propriétaire et fondateur de Tesla, PayPal, Space X, Neuralink, etc.). Son projet délirant : la création d’un train ultrarapide à sustentation magnétique frôlant la vitesse du son et qui se déplacera dans un tube sous vide (Voir : « A Toulouse-Francazal on croit aux transports du futur », La Dépêche, 13/10/2018).

    Macron adresse donc ses voeux à la Startup Nation Army qu’il veut construire et vient soutenir le projet de reconversion du site de Francazal en sa vitrine européenne. C’est tout un monde qui se cache derrière cette visite. Un monde protégé par une police et une armée suréquipées, augmentées technologiquement et assistées par des drones et des robots. Un monde qui creuse toujours plus les fractures entre les classes, un monde construit par et pour ceux qui pourront se payer l’hyperloop pour des aller-retours entre métropoles hyper connectées pour des réunions d’actionnaires ou des week-ends shopping de luxe, alors que la plupart ne peuvent même plus se payer l’essence nécessaire pour parcourir les kilomètres que leur travail leur oblige à faire — et ce pour une bouchée de pain en guise de salaire.

  • Le Monde Arabe-26-11-2018 ; Stanislas TAIN*

    Selon l’UNICEF, la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent ainsi « aucune forme d’aide gouvernementale ».

    En Irak, « le conflit et l’inégalité demeurent des caractéristiques fondamentales de l’enfance ». Voici ce qui ressort de la dernière étude approfondie de l’UNICEF sur le bien-être des enfants, rendue publique le 19 novembre dernier à Bagdad. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance, en coopération avec les autorités irakiennes, profitait du lancement de sa sixième « enquête à indicateurs multiples » (MICS) – mécanisme créé dans les années 1990 afin d’aider les Etats à rassembler puis analyser des quantités de données – pour remettre son rapport, « le plus complet sur les enfants depuis 7 ans ». Et c’est peu dire que le pays, sous l’emprise de l’organisation Etat islamique (EI) ces trois dernières années, qui cherche à présent à se reconstruire – dans tous les sens du terme -, a fort à faire pour procurer un cadre de vie décent à l’ensemble de sa jeunesse.

    « Le fossé grandissant »
    Selon l’UNICEF, la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent ainsi « aucune forme d’aide gouvernementale », ce qui a tendance, inévitablement, à creuser les écarts et les inégalités. En matière d’éducation notamment, où les besoins restent « immenses ». La moitié des écoles publiques d’Irak nécessitent par exemple une sérieuse réhabilitation, après des années de conflit, tandis qu’ « une école sur trois fonctionne par quarts multiples, ce qui réduit le temps d’apprentissage des enfants », déplore l’agence onusienne. Si 92 % d’entre eux sont inscrits à l’école primaire, seule un peu plus de la moitié des enfants défavorisés finiront le cycle primaire. L’écart se creusant même dans l’enseignement secondaire et supérieur, « où moins d’un quart [d’entre eux] obtiennent leur diplôme (23 %), contre les trois quarts des enfants issus de milieux plus aisés (73 %) ».
    « Les données indiquent clairement que les enfants les plus vulnérables en Irak sont ceux qui risquent le plus de prendre du retard, a ainsi déclaré Peter Hawkins, le représentant de l’UNICEF en Irak, qui regrette que les autorités irakiennes n’investissent pas plus dans l’éducation. Les gains durement gagnés pour mettre fin au conflit et assurer la transition vers un avenir stable pourraient être perdus sans investissements supplémentaires pour que tous les enfants puissent réaliser leur plein potentiel », ajoute-t-il. Selon l’UNICEF, Bagdad a besoin de 7 500 écoles supplémentaires, alors que pas moins de 1 000 établissement ont été entièrement ou partiellement détruits par les combats contre l’EI. Les heures de classes, de facto saturées, ne permettant pas aux élèves de progresser à la même vitesses que ceux dont la famille a davantage de moyens.
    « Le fossé grandissant entre ceux qui possèdent [des richesses, ndlr] et ceux qui n’en ont pas sème la discorde et sape les intérêts des enfants et de l’Irak. » Peter Hawkins, représentant de l’UNICEF en Irak.

    « L’avenir de ce pays »
    Résultat : « Quand la qualité s’effrite, les enfants quittent d’eux-mêmes l’école », accuse Peter Hawkins. Alors que, selon l’UNICEF, « la fréquentation régulière de l’école est un élément essentiel de la guérison de plus d’un million d’enfants qui auraient besoin d’un soutien psychosocial pour faire face aux blessures invisibles de la guerre ». D’autres, bien visibles, outre les carences de l’éducation nationale, concernant les problèmes liés à la santé, toujours selon le rapport de l’agence onusienne. Si l’Irak a accompli des progrès notables dans le domaine de la santé des nouveau-nés et des enfants (14 décès au cours des premiers mois pour 1 000 naissances), « les défi surgissent peu après la naissance », pointe-t-elle du doigt. Seuls 4 enfants sur 10 sont entièrement vaccinés, par exemple, quand moins de 40 % de la population a accès à l’eau potable à domicile. Ce qui expose les enfants à un risque grave de maladies d’origine hydrique.
    Pourtant, il fut un temps où l’Irak était l’un des meilleures endroits de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA) pour être un enfant, indiquait l’UNICEF en présentation de la quatrième enquête MICS, menée en 2011. Sauf que, « depuis les années 1970, le pays a perdu de l’élan et a pris beaucoup de retard. Si l’Irak avait progressé au même rythme que de nombreux autres pays, il aurait atteint en 2011 un certain nombre de ses objectifs. » Notamment en ce qui concerne la scolarisation, la mortalité infantile et l’accès à l’eau potable, trois programmes qui n’ont pas beaucoup évolué depuis. « Alors que l’Irak dépasse la violence des dernières années et se forge une nouvelle vie, il doit donner la priorité au bien-être de tous les enfants […] qui sont l’avenir de ce pays », a martelé Peter Hawkins.

    « Beaucoup de beaux discours »
    Le représentant de l’UNICEF en Irak de critiquer, à demi-mots, les gouvernement successifs, qui n’ont pas su (ou pu) faire évoluer les choses. Pourtant, « avec le bon engagement et les bonnes politiques en place, le gouvernement irakien peut faire une différence », explique-t-il. L’agence onusienne a d’ailleurs demandé aux autorités irakiennes d’investir dans des services qui profitent à des enfants touchés par le conflit et la pauvreté. Ainsi que « d’œuvrer pour mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants ». Quelques jours après la publication du rapport de l’UNICEF, au sud de Mossoul, 4 adolescents ont péri dans l’attaque du camion qui les menait à l’école. Un événement qui « pourrait compromettre les efforts considérables déployés pour ramener les enfants à l’école dans les zones où la violence était la plus forte », a notamment affirmé M. Hawkins dans un communiqué.

    En matière de scolarisation comme de santé et de sécurité, il y a donc urgence à agir, selon l’ensemble des observateurs. Problème : le tout nouveau Premier ministre, Adel Abdel Mahdi, dont l’arrivée au pouvoir tient davantage du compromis politique, ne dispose pas de base très solide pour engager des réformes. Et la première d’entre elles concernera vraisemblablement la corruption, qui gangrène le pouvoir et contre laquelle les Irakiens ont d’ailleurs manifesté ces dernières semaines. « De manière générale, nous avons eu depuis 2003 des politiciens qui pensaient à leurs intérêts personnels avant l’intérêt à long terme du pays », explique le journaliste franco-irakien Feurat Alani, interrogé sur la probabilité de voir le gouvernement engager des réformes pour la jeunesse. « Il y a beaucoup de beaux discours sur la réconciliation nationale, l’éducation, les besoins du quotidien. Mais les Irakiens, dans leur majorité, n’en ont pas vu la couleur. »

  • Nadia Murad, ancienne esclave sexuelle de DAESH, se livre dans un entretien exclusif | National Geographic
    https://www.nationalgeographic.fr/actualites/nadia-murad-ancienne-esclave-sexuelle-de-daesh-se-livre-dans-un-e
    http://www.nationalgeographic.fr/sites/france/files/styles/desktop/public/30801848484_1f163fbc20_b.jpg?itok=J-l7Ms0X

    Nadia Murad, ancienne esclave sexuelle de DAESH, se livre dans un entretien exclusif
    Nadia Murad a passé 11 mois aux mains de DAESH, à Mossoul, en Iraq. Comme de nombreuses femmes yézidies, elle a été réduite en esclavage sexuel, avant de pouvoir s’échapper. Elle vient de recevoir le Prix Nobel de la Paix 2018.

    #Nadia_Murad #Nobel #daesh #ei #Yézidies

    • . . . . . . . .
      CI JOINT LA LISTE DES PERSONNALITÉS IRAKIENNES LIQUIDÉES, SELON LA LISTE ÉTABLIE PAR LE QUOTIDIEN EN LIGNE « AR RAI AL YOM »

      Dirigé par Abdel Bari Atwane, fondateur du journal trans-arabe Al Qods Al Arabi » : http://www.raialyoum.com/?p=454552

      Université de Bagdad (40 membres du corps enseignant asssassinés)

      1- Dr Mohamad Abdallah Al Rawi : Recteur de l’Université de Bagdad, Président de l’Ordre des Médecins iraien, assassiné à sa clinique sise quartier Al Mansour (Bagdad).
      2- Makki Habib Al Mou’men : diplomé de l’Université du Michigan (États-Unis), spécialiste de l’Histoire contemporaine, ancien professeur aux universités irakiennes (Bassorah, Bagdad, Irbil et Souleymaniyeh), ainsi qu’à l’Institut des Études Palestiniennes.
      3 – Mohamad Abdallah Moneim Al Azmiralli : Titulaire d’un doctorat en Chimie, scientifique distingué, en poste dans des centres de recherches spécialisés. Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Bagdad, Département de Chimie. Cet égyptien, titulaire de la nationalité irakienne, a été liquidé par les Américains dans le camp aménagé à proximité de l’aéroport de Bagdad, en 2003.
      4- Issam Charif Al Takriti : Ancien ambassadeur d’Irak en Tunisie. Titulaire de la chaire d’Histoire à l’Université de Bagdad, il a été liquidé en compagnie de 5 de ses collègues, le 22 octobre 2003, dans le secteur d’Amiryah (Bagdad) .
      5- Majed Hussein Ali : Savant atomique, spécialiste de la physique nucléaire (Université de Bagdad, Faculté des Sciences), éliminé début 2004.
      6- Imad Sarsour : Doyen de la Faculté de médecine de Bagdad, spécialiste de la chirurgie réparatrice.
      7- Soubeiry Moustapha Al Bayyat i : Chef du département de géographie de l’Université de Bagdad , tué en 2004.
      8- Ahmad Al Raw i : Professeur d’agronomie à l’Université de Bagdad, en charge du centre d’épidémiologie. Tué avec sa femme, en 2004, sur l’autoroute Bagdad-Al Ghazalyah.
      9- Housni Kamal : Physicien, Faculté des Sciences, Université de Bagdad.
      10- Marwane Mouzher Al Hayti : Ingénieur chimiste ; Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Bagdad.
      11- Moustapha Al Machahandi : Professeur de civilisation islamique. Faculté des lettres, Université de Bagdad.
      12- Khaled Mohamad Al Janabi : Titulaire de la chaire Histoire de l’Islam- Faculté des Lettres – Université de Bagdad.
      13- Hassan Abd Ali Daoud Al Rabihi : Vice doyen de la Faculté de Médecine de l’Université de Bagdad.
      14- Marwane Rachid : Vice-doyen de la Faculté de Génie- Université de Bagdad
      15- Abdel Latif Ali Al Mayyah : Adjoint au Directeur du Département du Monde arabe-Université de Bagdad. Assassiné en 2004 au lendemain de son apparition sur une chaîne de télévision arabe pour réclamer la tenue d’élections législatives.
      16- Hicham Charif : Chef département Histoire – Université de Bagdad
      17- Raad Chalah : Chef du département de Biologie – Faculté des Sciences-Université de Bagdad.
      18 -Fouad Ibrahim Mohamad Al Bayyati : Chef du département de l’Allemand (langue et civilisation allemandes) -Faculté des Langues- Université de Bagdad. Assassiné devant sa maison, quartier de Ghazala (Bagdad), le 19 avril 2005.
      19- Mohammad Kard Al Jammali : Spécialiste de la langue anglaise-Université de Bagdad. Directeur général du ministère de l’Éducation nationale. Assassiné le 10 juin 2004 dans le secteur d’Al Amiryah (Bagdad).
      20- Haifa Alawane Al Helli : Physicienne- Faculté des Sciences-Section féminine- Université de Bagdad.
      21- Abdel Razzak Al Na’as : Faculté des Sciences de la communication- Université de Bagdad. Assassiné le 28 janvier 2004.
      22- Haykal Mohammad Al Moussawi : Faculté de Médecine- Université de Bagdad.

      23- Hazem Abdel Hadi : Faculté de Médecine-Université de Bagdad.
      24- Abbas Al Attar : Doctorat en Sciences Humaines-Université de Bagdad
      25- Bassam Al Moudaress : Doctorat en Sciences Humaines-Université de Bagdad.
      26 – Bassel Al Kerkhi : Spécialiste Chimie. Faculté des Sciences – Université de Bagdad.
      27- Nasser Amir Al Obeidy : Université de Bagdad
      28- Nafeh Abboud : Spécialiste de la Littérature arabe- Université de Bagdad
      29- Marwane Al-Rawi : Génie civil – Université de Bagdad
      30- Rafi Sarkissian Vanagan : Magistère en Langue Anglaise – Professeur à la Faculté des Lettres- Université de Bagdad.
      31- Nafiha Hamad Khalaf : Professeur de Littérature arabe – Faculté des Lettres- Université de Bagdad
      32- Khalil Ismail Abd Ad Dahiry : Faculté de l’Éducation sportive – Université de Bagdad
      33- Ghaleb Al Hayti : Professeur de Chimie- Université de Bagdad. Assassiné en mars 2004.
      34- Hussein Ali Ibrahim Al Karbassy : Ingénieur géomètre- Spécialiste de la Topographie- Institut de Technologie Bagdad – Al Zaafaranyah. Assassiné le 16 avril 2006 dans le quartier Al Amiryah.
      35- Mohammad Al Douleimy : Faculté de Génie – Université de Bagdad. Assassiné en 2004.
      36- Hassan Al Rabihi : Faculté d’Art Dentaire – Université de Bagdad. Assassiné le 25 décembre 2004, alors qu’i roulait en voiture en compagnie de son épouse.
      39- Jassem Mohammad Al Issawi : Professeur de Sciences Politiques- Université de Bagdad. Membre du comité de rédaction du quotidien irakien « Al Syada » (La Souveraineté), un des négociateurs au sein du « Comité de Rédaction de la Constitution ». Assasiné le 22 juin 2005 dans le secteur Al Chaaba à Bagdad, à l’âge de 61 ans.
      40- Abdel Sattar Saber Al Khazarji : Faculté de Génie – Université de Bagdad – Assassiné le 4 juin 2005 dans la caserne « Madina Al Horra » (La Ville Libre) à Bagdad.

      Université de Bassorah – Sud de l’Irak (14)

      41 – Ala’a Daoud : Vice-Recteur de l’Université de Bassorah pour la division scientifique.
      42- Assad Salem Choureyda : Docteur en génie civil. Doyen de la Faculté de Génie- Université de Bass
      43- Omar Fakhry : Biologiste – Faculté des Sciences de l’Université de Bassorah.
      44- Khaled Chreyda : Titulaire d’un Doctorat en Génie civil -Faculté du Génie – Université de Bassorah.
      45- Abdel Latif Al Fadel : Spécialiste en Chimie. Faculté des Sciences- Université de Bassorah.
      46- Joumhour Karim Khamas Al Zarzani : Critique littéraire réputé. Chef du Département de Langue Arabe – Faculté de Lettres- Université de Bassorah. Enlevé le 7 juillet 2005, son cadavre a été retrouvé à Qiblah, à 3 kms de Bassorah.
      47- Ghadab Jaber Attar : Faculté de Génie – Université de Basssorah
      48- Kifaya Hussein Saleh : Faculté des Lettres – Université de Bassorah
      49- Ali Ghaleb Abed Ali : Faculté de Génie – Université de Bassorah
      50- Saad Al Rabihi : Biologiste- Faculté des Sciences. Université de Bassorah.
      51- Naoufal Ahmad : Faculté des Beaux-Arts-Université de Bassorah.
      52- Abdel Karim Hussein : Faculté d’Agronomie-Université de Bassorah. Assassiné le 11 avril 2006.
      53- Ala’a Abdel Hamid : Doyen Faculté de Médecine – Université de Bassorah.
      54- Haydar Al Ba’aj : Directeur du CHU de Bassorah.

      Université de Mossoul (Nord de l’Irak, capitale éphémère de L’Etat Islamique, dix ans après l’invasion américaine de l’Irak) : 12 membres

      55- Abdel Jabbar Moustapha : Doyen de l’Université de Mossoul ; Professeur de Sciences Politiques.
      56- Leila Abdallah Said : Doyenne de la Faculté de Droit de l’Université de Mossoul, assassinée en compagnie de son époux.
      57- Mounir Al Khaïrou : Professeur de Droit à l’Université de Mossoul, époux de la doyenne Leila Abdallah Said, tuée en sa compagnie.
      58- Imane Younes : Chef du département de l’Interprétariat – Université de Mossoul.
      59- Nouayl Boutros Mathew : Faculté de Médecine-Université de Mossoul.
      60- Mohammad Al-Douleimy : Génie mécanique. Faculté de Génie. Université de Mossoul.
      61- Khaled Faysal Hamad Cheikhou : Faculté de l’Éducation Sportive – Université de Mossoul.
      62- Mahmoud Younes Zannoune : Faculté des Lettres- Université de Mossou
      63- Imane Abdel Moneim Younés : Faculté des Lettres – Université de Mossoul
      64- Mahfouz Mohammad Hassan Al Kazzaz : Professeur de Lettres- Faculté des Sciences de l’Éducation – Université de Mossoul. Tué lors d’une intervention des forces d’occupation américaines, le 25 Décembre 2004, à proximité de la Mosquée Dr Oussama Kachmoula- Province de Ninive.
      65- Inmar Al Ticq : L’un des plus célèbres ophtalmologistes irakiens. Professeur à la Faculté de Médecine – Université de Mossoul. Assassiné en Octobre 2004.
      66- Madame Falha Saleh Ahmad : Professeure de Sciences Politiques- Université de Mossoul. Assassinée en 2004

      Université Al Moustansariyah (15 membres)

      67- Sabah Mahmoud Al Rabihi : Doyen de la Faculté des Sciences de l’Éducation -Université Al Moustansariyah
      68- Salem Abdel Hamid : Doyen de la Faculté de Médecine à l’Université d’Al Moustansariyah, spécialiste de la médecine préventive.
      69- Falah Ali Hussein : Doyen de la Faculté des Sciences- Université Al Moustansariyah.
      70- Ibrahim Talal Hussein : Vice-Doyen Faculté des Sciences de l’Éducation -Université Al Moustansariyah.
      71- Houba Eddine Ahmad Mahmoud : Chef du Département de l’Éducation- Faculté des Sciences de l’Éducation – Université Al Moustansariyah.
      72- Moussa Salloum Amir Al Rabihi : Vice-Doyen Faculté des Sciences de l’Éducation – Université Al Moustansariyah. Assassiné le 28 Mai 2005-Quartier Al Bayyyah (Bagdad).
      73- Abdel Samih Al Janaby : Doyen de la Faculté des Sciences -Université Al Moustansariyah. Poignardé lorsqu’il a mis en application une décision du ministère de l’enseignement supérieur prohibant la transformation des enceintes universitaires en tribunes religieuses.
      74- Mohammad Fakhr Al Douleimy : Titulaire d’un doctorat en Physique. Vice-Doyen de la Faculté des Sciences – Université Al Moustansari
      75- Zaki Zaker Al Ani : Professeur de Langue Arabe. Faculté des Lettres- Université Al Moustansariyah. Tué devant la porte d’entrée de l’Université, le 26 Août 2005.
      76- Hadi Abdel Karim : Faculté des lettres- Université Al Moustansariyah. Tué devant la porte d’entrée de l’Université, le 26 Août 2005.
      77- Mohamad Najib Al Kaissy : Département de la recherche – Université Al Moustansariyah.

      78- Samir Yelda Gergis : Vice-Doyen de la Faculté de Gestion et d’Économie- Université Al Moustansariyah. Enlevé devant l ‘entrée de l’Université, en Août 2005, son cadavre a été retrouvé un mois plus tard, dans une ruelle le 25 septembre 2005.
      79- Kazem Talal Hussein : Vice-Doyen de la Faculté de l’Enseignement Fondamental. Université Al Moustansariyah. Assassiné le 25 Novembre 2005 dans le quartier Moussayleh en compagnie de trois des ses gardes de corps.
      80- Ali Mouhaych : Doyen de la Faculté de Génie. Université Al Moustanssariyah. Assassiné le 13 Novembre 2006.
      81- Kazem Battine Al Hayani : Professeur de Psychologie – Faculté des lettres- Université al Moustanssariyah. Enlevé par des membres d’une milice religieuse le 3 Mars 2006. Son cadavre, mutilé, a été retrouvé à l’Institut Médico-légal.
      82- Mohammad Abdel Rabih Al Ani : Professeur de Droit à l’Université Al Moustansaryah. Doctorant à la Faculté des Sciences Islamiques à l’Université de Bagdad. Assassiné le 27 avril 2006 devant la Mosquée « Imam Farouq », proche de la Rue Palestine, dans le centre de Bagdad. Son cadavre a été retrouvé cinq jours plus tard le 2 Mai 2006 à l’Institut Médico-légal de Bagdad.

      Université de technologie Bagdad (8 membres)

      83- Mohie Hussein : Génie mécanique-Université de Technologie
      84- Mohammad Abbas Khodeyr : Génie mécanique- Université de Technologie.
      85- Qahtane Kazem Hatem : Faculté des Sciences-Université de Technologie.
      86- Amir Mouzher Al Dayni : Ingénieur Télécommunications.
      87-Mohamad Abdel Hassan Wahed : Institut de Gestion Technologique- Bagdad.
      88- Amr Ibrahim Hamza : Centre de Recherches sur le Cancer – Institut de Gestion Technologique.
      89- Issam Saad Abdel Karim : Géologue. Chercheur au Centre National des Recherches. Enlevé le 28 Septembre 2004, assassiné le 1 er Octobre 2005.
      90- Mohannad Saleh Mehdi : Centre de Recherches sur le Cancer – Institut de Gestion Technologique.
      91- Saad Yassine Al Ansari : Centre de Recherches sur le Cancer – Institut de Gestion Technologique.

      Université Al Anbar (Ouest de l’Irak qui abrite les deux villes rebelles à la présence américaine Ramadi et Falloujah) : (7 membres)

      92- Raad Okhsen Al Binno : Faculté de Médecine-Université Al Anbar.
      93-Ahmad Abel Rahman Al Qobeissy : Professeur faculté de Médecine-Université Al Anbar
      94- Ahmad Abdel Hadi Al Rawi : Faculté d’Agronomie – Université Al Anbar.
      95- Chaker Mahmoud Jassem : Faculté d’Agronomie – Université d’Al Anbar.
      96- Abdel Karim Mokhallaf Saleh : Faculté des Lettres – Département de Langue Arabe – Université d’Al Anbar.
      97- Nasser Abdel Hamid Moukhlef Al Douleimy : Université Al Anbar

      98- Hamid Faysal Antar : Faculté de l’Éducation Sportive – Université Al Anbar.
      99- Abdel Majid Al Karbouly : Université Al Anbar

      Université Al Nahrayne (Université des deux fleuves ; le Tigre et l’Euphrate). 3 membres

      100- Akil Abdel Jabbar Al Bahadl y : Vice-Doyen Faculté de Médecine-Université d’Al Nahrayne (Université des deux fleuves ; le Tigre et l’Euphrate).
      101- Laith Abdel Aziz Abbas : Faculté des Sciences – Université d’Al Nahrayne.

      102- Mohammad Falah Houeidy Al Jazairy : Chirurgie réparatrice- Faculté de Médecine – Université d’Al Nahrayne. Assassiné le jour de son retour du pèlerinage de La Mecque début 2006. Médecin au CHU (Centre Hospitalier Universitaire) d’Al Kazmiyah (Bagdad).

      Université de Dyala : (Ouest de l’Irak, 6 membres)

      103- Abdel Sattar Al Assady : Faculté des Lettres – Université de Dyalla. Assassiné le 19 avril 2006.
      104- Salem Hussein Al Mahdawi : Faculté des Lettres – Université de Dyalla. Assassiné le 9 avril 2006.
      105- Mouchhen Hardane Mazloum Al Alawi : Université de Dyalla. Assassiné le 19 avril 2006.
      106- Mayss Ghanem : Membre du corps professoral du Département de langue et de civilisation anglaise – Université de Dyalla.
      107- Abdel Sattar Jabbar : Faculté de Médecine Vétérinaire- Université de Dyalla. Assassiné le 22 avril 2006.
      108- Taleb Ibrahim Al Zahar : Spécialiste de physique nucléaire – Professeur-à la Faculté des Sciences- Université de Diyala. Assassiné à Ba’aqouba en Mars 2005.

      Université de Tikrit (centre de l’Irak, Région natale de Saddam Hussein)

      109- Fadl Moussa Hussein : Faculté de l’Education Sportive – Université de Tikrit.
      110- Mahmoud Ibrahim Hussein : Faculté des Lettres – Université de Tikrit

      Université Al Ma’moun

      111- Mohsen Abbas Khodeir Al Salmane : Chef du département au ministère de l’irrigation. Professeur à l’Université Al Ma’moun, tué à Falloujah en 2004

      Divers

      112- Wajih Mahjoub Al Taï : Directeur général de l’enseignement supérieur au ministère de l’Éducation Nationale
      113-Chaker Al Khafaji : Directeur de l’Office Central de la Maîtrise de la Qualité.
      114- Moustapha Abel Hamid Al Hayti : Spécialiste des maladies infantiles.
      115-Wissam Al Hachimi : Président de l’Association des Géographes d’Irak.
      116- Raad Abdel Latif Al Saadi : Linguiste. Conseiller en langue arabe au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Assassiné le 28 mai 2005, quartier d’Al Bayyah (Bagdad).

      117- Hussein Nasser Khalaf : Chercheur à la Faculté d’Agronomie. Centre des études « Al Nakhil » (Palmiers-Dattiers) de Bassorah. Enlevé le 18 Mai 2005, son cadavre a été retrouvé, quatre jours plus tard, le 22 Mai 2005, dans le quatier Al Bayyah-Bagdad.
      118- Taqi Al Talqua’ay : Titulaire d’un doctorat en physique nucléaire.
      119- Khawla Mohammad Taqi : Faculté de Médecine-Université de Coufa
      120- Zaki Jaber Lafta Al Saadi : Faculté de médecine vétérinaire.
      121- Mohsen Souleimane Al Oujeily : Faculté d’Agronomie- Université de Babel.

      122- Dr Liwa Al Sannanne Abdel Jabbar Abou Halhal : Université Al Bakr pour les Hautes Études. Assassiné à la prison d’Abou Ghraib en 2004.
      123- Ali Mabak Al Malki : Expert comptable – Direction des impôts – Ministère des Finances.
      124- Achoura Awdat Al Rabihi : Titulaire d’un Magistère en Géographie Humaine de l’Université de Michigan. Directeur du Centre d’Études « Al Mansour ». Assassiné dans le quartier Al Amriyah (Bagdad) en 2004.
      125- Moujber Al Cheikh Issa al Jouboury : Juriste. Membre du « Comité de Rédaction de la Constitution.
      126- Damman Hussein Alaoui Al Obeidy : Doyen de la Faculté de Droit de l’Université de Salaheddine et membre du « Comité de Rédaction de la Constitution ». Assassiné le 12 juillet 2005 à Bagdad.
      127- Sabah Aziz Hachem : Institut de technologie – Province de Bassorah. Tué devant l’entrée de l’établissment le 11 Avril 2006.
      128 – Faydi Mohammad Al Faydi : Membre du Haut Comité des Théologiens de l’Islam. Titulaire d’un Doctorat de l’Université de Législation islamique (promotion 1990). Tué devant la Mosquée dans le secteur d’Al Mouthanna (district de Mossoul).
      129- Amid Mounzer Al Bayati : Médecin. Asssassiné le 16 juin 2005 devant sa maison située dans le quartier Al Sayyeh.
      130- Amid Sadeq Al Abadi : Medecin. Assassiné le 1 er septembre 2005 devant le complexe médical qu’iil avait édifié pour les soins aux nécessiteux.
      131- Amer Mohammad Falah : Chef du département de Chirurgie au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Républicain de Bagdad. Assassiné devant son domicile le 3 Octobre 2004.
      132- Reda Amine : Assistant technique – CHU de Kirkouk. Assassiné le 15 septembre 2004 à Kirkouk.
      133- Abdallah Saheb Younes : Hopital Naaman-Al A’Azamiyah-Bagdad. Assassiné le 18 Mai 2005.

      134- Ibrahim Ismail : Directeur général du Département de l’Éducation Nationale à Kirkouk. Assassiné le 30 Septembre 2004, alors qu’il était en route vers l’Institut de Technologie de Kirkouk.
      135- Rajeh Al Ramadani : Inspecteur au ministère de l’Éducation Nationale. Assassiné le 29 septembre 2004, alors qu’il sortait de la Mosquée Ziad Al Iraqi à Ninive.

      Source : Madaniya, René Naba, 21-09-2018

      #génocide

  • Oh, et remettons-en une couche sur Herman et Chomsky, tant qu’on y est… (Des fois qu’on douterait encore que « liquider la gauche anti-impérialiste » est un des thèmes centraux de l’ère contemporaine.)

    La désinformation d’une partie de la gauche sur la guerre en Syrie
    https://www.slate.fr/story/158272/desinformation-syrie-media-goutha

    Certains, au sein de la gauche radicale, ont l’habitude de minorer les crimes de masse ou de critiquer leur traitement médiatique, estimant qu’ils servent de justification à des interventions militaires occidentales. Le parcours des intellectuels de gauche Noam Chomsky et Edward S. Herman, auteurs du best-seller La fabrique du consentement, est éclairant. Dans les années 70, Chomsky a critiqué le traitement médiatique du génocide au Cambodge, l’accusant d’exagérer les atrocités du régime de Pol Pot et de minorer la responsabilité des États-Unis, ce qui justifierait un durcissement de la guerre au Vietnam. Au cours des années 1990, Edward S. Herman co-écrit un essai, The politics of genocide, où sous couvert de dénoncer l’instrumentalisation de ces tragédies par les interventions occidentales, il flirte avec le négationnisme, affirmant notamment que la plupart des morts du massacre de Srebrenica sont morts de cause « indéterminée », et que la majorité des civils exterminés lors du génocide rwandais étaient hutus. En 2000, Chomsky publie un essai sur le Kosovo où il critique l’intervention de l’OTAN et dénonce la « diabolisation » de Slobodan Milosevic. Par ailleurs, il a préfacé un ouvrage négationniste de Robert Faurisson et défendu le droit de celui-ci à s’exprimer.

    Il n’aura échappé à personne que Herman et Chomsky ont publiquement soutenu la présence de Claude El Khal à Le Média (au moins autant que celle de Faurisson et Milosevic, si tu suis un peu).

    Le rapport de toute cette couillonnade avec la Syrie ? Si je comprends bien : « une certaine gauche » (anti-impérialiste) serait coupable de toujours se tromper. Et donc les pas-anti-impérialistes auraient, par opposition, raison, en particulier sur la Syrie ?

    #je_suis_un_idiot_utile_du_chomskysme

    • Hystérie générale des atlantistes sur la Syrie

      On aura tout entendu, tout vu concernant la Syrie depuis le début du conflit de la part de ceux qui ont le monopole de l’information et pensent de ce fait avoir le monopole de la vérité. Y compris en utilisant tous les moyens les plus sophistiqués de la bonne vieille propagande : observatoire des droits de l’homme qui se réduit à un individu logé à Londres, casques blancs financés par les occidentaux et apparaissant systématiquement dans le sillage des terroristes, « rebelles modérés » qui ne sont rien d’autres que des avatars d’Al Kaïda, photos truquées .... et la liste est sans fin.

      Ils ont ignoré Mossoul et les massacres massifs de population civile, ils ont ignoré Raqqa rasée pour être « libérée », ils ignorent la guerre quasi génocidaire menée contre le peuple yéménite par les alliés des occidentaux ; l’Arabie Saoudite armée par la France, le RU, les USA.

      Ce qui les rend hystériques avec la Syrie c’est la résistance victorieuse à la volonté hégémonique de ceux qui ont semé le chaos en Irak, en Lybie et ailleurs.

      Ce qui les rend encore plus hystériques c’est qu’une voix dissonnante s’élève refusant les amalgames. ll leur faut salir le journaliste qui refuse les partis pris, la diffusion d’informations non sourcées ainsi que les images à sensation, le média qui lui donne la parole et Mélenchon parce que en fin de compte c’est l’homme à abattre !!!

  • En désaccord avec le traitement médiatique du conflit syrien, Nöel Mamère quitte Le Média — RT en français
    https://francais.rt.com/international/48352-desaccord-traitement-conflit-syrien-depart-mamere-media

    Une première raison avancée qui est suivie par une seconde, d’une autre nature : « Je n’accepte pas qu’on établisse un parallèle dans le conflit syrien meurtrier, entre les responsabilités du "boucher de Damas" et celles de ses opposants. » Une attaque à peine voilée contre l’analyse du chroniqueur spécialiste du Moyen-Orient du Média, Claude El Khal, au sujet de la situation dans la région syrienne de la Ghouta orientale, thème principal du journal télévisé de 20h diffusé le 23 février.

    Etonnant cette soudaine hyper-sensibilité d’un homme qui a vécu, comme tout le monde, environ un demi-siècle avec le pouvoir Assad en Syrie sans que cela ne le bouleverse outre mesure... Je vois sur sa fiche Wikipedia qu’il est en politique depuis 1988 après avoir été journaliste. Il devait être au courant tout de même ! Par ailleurs, sa participation au « Média » doit-elle être remise en cause à cause d’un désaccord sur une chronique (pourtant fort prudente à mon avis) à propos d’une question qui n’est tout de même pas centrale par rapport à son engagement, enfin j’imagine. Etrange tout de même cette brusque passion de #syrie aujourd’hui...

    • J’ai assisté à cette chronique, exceptionnellement, chronique qui reprenait essentiellement les faits relatés par Robert Fisk.

      J’ai trouvé cette chronique vraiment équilibrée.

      Noël Mamère est bizarre, sur ce sujet. Je n’ai pas entendu son argumentation, mais bon sang, il lui faut quoi ? On n’a plus le droit de dire que Al Qaida, ce sont des gros méchants ? Finalement, Assad, c’est pire que Al Qaida ? Il est capable, lui, de faire un classement dans l’horreur ? 6 ans que ça dure, et que l’Occident entretient le conflit (en dépit des pertes humaines odieuses)... encore maintenant, par exemple en incitant les Kurdes Syriens à ne pas s’entendre avec Assad... Mais c’est toujours Assad le « méchââânt », et l’armée de Assad, y sont rien que des nazis méchants transformés en démons décérébrés pour conquérir le monde !...

      Ils sont désespérants. Noël Mamère aussi. Il va finir oublié, comme Cochet et quelques autres qui confondent équilibre et... sentimentalisme.

      Il était où Noël Mamère au moment de la destruction de Mossoul il y a quelques mois ? Pourquoi est-ce que l’OSDH n’a pas décompté les morts à Mossoul ? Parce que cépapareil ?

    • Il se trouve que je l’ai regardée aussi (grâce à SeenThis, signalé je crois me souvenir par @Palestine). Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens. Mais, de fait, pas le gloubi-boulga qu’on martelle depuis des jours. Quiconque à jamais les pieds dans la région rigole quand on compare la densité d’Alep à celle de la Ghouta à cet endroit, après des années de guerre. M’enfin...

    • Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens.

      J’y ai pensé à ce « renvoi dos à dos gage d’équilibre », mais ce n’est évidemment pas tout à fait pareil dans ce contexte. Les « pauvres-rebelles-syriens » sont tout de même bien mieux équipés et soutenus que les « palestiniens-pas-tout-a-fait-innocents ».
      L’équilibre du commentaire à mon sens était plutôt du type : « la guerre, c’est vraiment moche, et les deux partis participent à égalité dans cette guerre ».

    • Justement, ce matin, j’avais envie de poster un message sur le thème : « J’ai comme l’impression qu’une campagne va bientôt démarrer pour faire virer Claude El Khal de Le Média. » Parce que je voyais monter les messages indignés du fan club de la rébellitude syrienne après sa chronique, je sentais le truc monter.

      Ça n’aura donc pas traîné.

    • Article de Patrick Cockburn, avec témoignages des deux côtés

      Trapped in eastern Ghouta: How both sides are preventing civilians escaping the horror in Syria siege | The Independent
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/eastern-ghouta-syria-civilians-deaths-trapped-damascus-siege-assad-re

      What does emerge is that the armed opposition groups in Eastern Ghouta as well as the government have been stopping people leaving. This is confirmed by a UN-backed report called Reach, which says: “Women of all ages, and children, reportedly continued to be forbidden by local armed groups from leaving the area for security reasons.” This has been the pattern in all the many sieges in Syria conducted by all sides who do not want their own enclaves depopulated and wish to retain as much of the civilian population as possible as human shields.
      […]
      But there is another reason why people fleeing Eastern Ghouta might be in danger in government held-Damascus. Seven years of civil war has ensured that Syrians on different sides, many of whom will have lost relatives in the violence, regard each other with undiluted hatred. In Damascus, the shellfire and bombing are largely by the government into rebel areas, but there is also outgoing fire from Eastern Ghouta, mostly from mortars, into government-controlled districts.

    • @biggrizzly Non, tu n’as pas besoin d’avoir un CV impeccable pour l’ouvrir. Comme tu le sais, tu as besoin d’être impeccable si tu décides d’aborder la Syrie d’une manière à peine hétérodoxe. Autrement tout te sera pardonné.

      C’est le principe du character assassination. On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer.

      Si on prend le CV de François Burgat et Romain Caillet, ils ont quand même pondu un texte utilisant leur vernis universitaire à l’époque, prétendant démontrer que Nusra n’existait pas, et que les attentats revendiqués par Nusra, en réalité, avaient été commis par le régime lui-même, sous faux-drapeau, pour accuser les rebelles.
      http://ifpo.hypotheses.org/3540
      Wladimir Glasman, Hénin et Filiu ont également largement joué de la corde paranoïaque sur la Syrie.

      Je veux dire : je ne crois pas avoir vu personne reprocher à Burgat et Caillet leurs « positions pour le moins… étranges » à propos de la Syrie à chaque fois qu’ils l’ouvrent. Bon, Colonel Salafi a eu droit à un traitement spécifique pour sa fiche S, mais personne ne lui avait alors reproché les positions complotistes de cet ancien article. Et aujourd’hui, Conspiracy Watch participe au character assassination d’El Khal directement dans le flux Tweeter de Caillet, comme quoi il y a du complotisme qu’on a le droit, même pour un sujet aussi sensible que le jihadisme en Syrie.

    • Claude El Khal
      ‏3 hours ago

      Quand autant de gens malhonnêtes s’emploient à vous lyncher, c’est que vous avez raison. Ils utilisent les méthodes les plus abjectes pour vous faire taire. Mais ce néo-maccarthysme ne passera pas. Et je ne me tairai pas. Merci à celles et ceux qui me soutiennent ! #NoPasaran

    • Lundi matin hurle avec la meute !

      Quand on en est à colporter les propos de Raphaël... Enthoven sur Twitter et à s’en faire le messager c’est qu’on est en plein « naufrage » dixit Sarah Kilani et Thomas Moreau sur Lundi matin . @colporteur
      Pour ma part il me semble qu’il y autant de fanatiques en ISraël qu’en ISIS ; et ceci ne relève pas de la théorie du complot :)

    • Comment Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis...

      FranceQ a donc confié la tâche de l’estocade anti LeMedia à une jeune chroniqueuse des Matins, Mathilde Serrell.

      A priori, les vieux routiers de l’info FranceQ ont préféré s’abstenir, ... pour le moment.
      Cette jeune journaliste est donc revenue, ce matin, sur la « démission » de Noël Mamère, laquelle fut annoncée sur cette chaîne de radio publique.
      Et voilà que notre Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis.
      Elle aussi, à son insu, est victime des techniques de persuasion clandestine utilisées par les « mass media indépendants ».
      En effet, pour défendre Noël Mamère et ses arguments, elle reprend la vision dichotomique du conflit syrien : le méchant dictateur qui bombarde les gentils « rebelles » encerclés dans la Ghouta. Et elle sous entend que Claude Elkhal se situerait plutôt du côté du fils Assad (dur, dur, pour quelqu’un qui combattit les armées du père Assad au sein de l’armée libanaise...).

      https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-mercredi-28-fevrier-2018

      Claude Elkahl a bien pris soin de rappeler que les « rebelles » en question étaient des groupes affiliés au Djihad et à Al Quaïda. Et, (ne te vexe pas Mathilde), je fais davantage confiance à Claude Elkhal qu’à toi pour définir plus avant la véritable nature de ces « rebelles ».
      Donc, Claude ne veut point diffuser d’images se rapportant à ce conflit sans pouvoir vérifier l’origine de ces images vidéo. Il redoute de se faire manipuler tout autant par les media du complexe dictatorial russo-syrien que par ceux des groupes djihadistes
      Il ne prend pas parti pour un clan ou un autre, il en revient simplement aux fondamentaux de son métier de journaliste...

    • La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes
      https://seenthis.net/messages/673469

      ISISRAEL et les articles sur la Daech conspiracy

      Avant tout, je me dois de préciser que le jeu de mots et les articles en question ne sont en rien liés. Le jeu de mots déniché par les inquisiteurs pour me faire passer pour un antisémite a été publié sur les réseaux sociaux pendant la guerre contre Gaza en 2014. Les massacres de civils commis par l’armée israélienne dans cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza n’ont rien à envier, à mes yeux, aux méthodes barbares de Daech (ISIS). Les crimes commis par Tsahal contre la population civile palestinienne ont été documentés et dénoncés par tous les organismes internationaux, les organisations de défense des droits de l’homme, la presse de gauche israélienne et de nombreux citoyens et artistes israéliens, comme la regrettée Ronit Elkabetz.

      On peut trouver le jeu de mot excessif, on peut en débattre, mais l’utiliser pour m’accuser de telle ou telle chose n’est rien d’autre que de la diffamation. Ils auraient pu dénicher d’autres jeu de mots de la même facture qui dénonçaient les exactions du régime syrien, comme Bachar d’assaut ou Blood Baath, ou même Bilad el Shame. Mais non, ils ont précisément choisi ISISRAEL pour leur entreprise de character assassination.

      Par ailleurs, on peut se demander en quoi ce jeu de mots qui les choque tant est plus grave que le négationnisme de Benjamin Netanyahu qui a osé déclarer en octobre 2015 qu’Adolf Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs. Curieusement, les hurleurs d’aujourd’hui n’ont pas poussé des hauts cris comme ils auraient dû le faire face aux propos scandaleux du Premier ministre israélien. Moi, par contre, je l’ai dénoncé avec force dans une note intitulée When Netanyahu absolves Hitler.

      Quant aux articles sur la Daech conspiracy, ils ont été écrits après que l’organisation terroriste s’est implantée au Liban, au su et au vu de toute la communauté internationale, sans que celle-ci ne bouge le petit doigt pour l’en empêcher. Si Daech, comme le prétendent encore certains, n’a existé que pour combattre le régime syrien, pourquoi s’est-il implanté au Liban ? Je me suis donc penché sur le sujet et cherché à comprendre.

      Le Liban est entouré par la Syrie et Israël, qui ont chacun de leur côté cherché à le dominer et à détruire tout ce qui leur résistait. Ils l’ont parfois fait de concert, comme le 13 octobre 1990, quand l’aviation syrienne, chapotée par l’aviation israélienne, a bombardé ce qu’on appelait alors le « réduit chrétien » et mis fin au rêve d’indépendance des Libanais.

      Israël n’est pas un ami du Liban – c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis que je suis né, il y a déjà 50 ans, l’état hébreu bombarde régulièrement la population civile libanaise. Pendant les cinq décennies qui nous séparent de ma naissance, l’armée israélienne a envahi le pays des cèdres à plusieurs reprises, l’a occupé pendant plus de vingt ans, y a créé une milice qui n’avait rien à envier à celle qui a sévi en France durant l’occupation allemande (souvenez-vous de la prison de Khiam), y a commis de nombreux massacres (peut-on oublier Cana ?), a pillé ses ressources naturelles (notamment l’eau du Litani), et violé un nombre incalculable de fois sa souveraineté, ses eaux territoriales et son espace aérien.

      Les terroristes de Daech, venus de Syrie, sont entrés au Liban dans un silence international assourdissant. Et Israël, d’habitude si soucieux des organisations paramilitaires qui s’implantent au Liban, et qui n’hésite jamais à les dénoncer et à les attaquer, n’a ni moufté ni bronché. De quoi se poser des questions. Des questions légitimes que je me suis évidemment posé, tout comme bon nombre de Libanais.

      J’ai donc fait des recherches et posé la problématique dans un premier article : What’s Daech doing in Lebanon ? Dans cet article, j’ai cité, entre autres, une source attribuée à Edward Snowden (en précisant qu’elle n’était pas vérifiée), et une correspondance attribuée à David Ben Gourion et Moshe Sharett qui préconisait la division du Moyen-Orient en mini-états confessionnels, que Daech a mis en œuvre en créant un mini-état sunnite à cheval entre l’Irak et la Syrie. Dans un second article, qui faisait suite au premier, j’ai écarté ces deux éléments – la source attribuée à Snowden s’étant révélé être une fake news, et je n’avais pas pu vérifier la véracité de la correspondance entre Ben Gourion et Sharett.

      Ne pouvant, en toute honnêteté, rien affirmer, j’ai posé des questions légitimes et claires. Mais ma réflexion sur les origines de la création de Daech ne s’est pas limitée à ces questions auxquelles je n’ai pas encore trouvé de réponses, et à Israël. J’ai exploré d’autres possibilités et écrit plusieurs articles sur le sujet (Daech est sans doute le sujet que j’ai le plus traité sur mon blog), dont l’un s’interroge sur le parallèle géopolitique troublant entre la montée du nazisme en Europe et du daechisme au Moyen-Orient : History repeating ?

      Mais pour Éric Naulleau ou Raphaël Enthoven (pour ne citer qu’eux, le second étant plus fin que le premier qui a implicitement demandé mon renvoi du Média), la lecture ne peut être que franco-française, voire parisiano-parisienne. Leur monde, c’est Paris et ses plateaux télé. Pour eux, je ne suis peut-être qu’un Arabe sans grande importance, sans Histoire et sans passé. Qui n’a pas le droit à sa singularité, voire son individualité, et surement pas à sa liberté de penser, de s’interroger et de s’exprimer en dehors de leurs clous à eux.

      Je leur rappelle, ainsi qu’à tous les autres, que j’ai combattu l’occupation de mon pays par une armée étrangère, les milices totalitaires qui y régnaient en maître et le régime policier qui y sévissait, que j’ai risqué ma vie pour avoir le droit d’être libre et de m’exprimer comme bon me semble. Avant de m’interpeller du haut de leur célébrité et me jeter à la gueule toutes sortes d’anathèmes, qu’ils me montrent donc leur CV, qu’ils me fassent part de leurs combats et des risques qu’ils ont pris pour défendre leurs idées, qu’ils me démontrent ce qui leur donne le droit de me juger !

      Bref. Tout ce que j’ai écrit n’a rien à voir avec le complotisme (quel mot imbécile pour faire taire celles et ceux qui osent questionner les versions officielles des gouvernements, comme si ces derniers ne mentent jamais) et l’antisémitisme. Prétendre que je suis antisémite est aussi ridicule que d’affirmer que je mesure 1m90, que je suis blond aux yeux bleus et que je chausse du 54. Et surtout, de par mon passé, de par mes amitiés et mes amours, cette accusation m’est insupportable. Tout futur accusateur devra en répondre devant la justice française.

      Quant au complotisme, on m’accuse d’être un partisan de la théorie du complot liée aux attentats du 11 septembre (the 9/11 conspiracy explained in less than 5 minutes). Ils ont balayé d’un revers de main méprisant l’explication que j’ai donnée sur Twitter, qui disait que c’était de l’humour et du second degré. Mais si ces inquisiteurs à la petite semaine avaient fait correctement leur sale boulot, ils auraient trouvé d’autres notes de blog qui se moquent des théories du complots : The Gay conspiracy, The iPhone X anti-Lebanese conspiracy, Red Moon : the communists are taking over the heavens, sans oublier Le complot dont personne ne parle, celui de mes voisins du dessus qui ne font du bruit que lorsque je me mets à écrire !
      Claude El Khal

      @colporteur

    • Soutien et Total Respect à Claude El Khal ! Son intervention pour refuser la dictature si facile de l’opinion dominante m’a convaincue. Parce que je suis contre ceux @ colporteur « qui ont jeté aux chiens l’honneur d’un homme ».

      J’ai dit au cours d’un débat téléphonique sur France culture diffusé ce matin : « Il n’y a rien de plus similaire à une image de guerre qu’une autre image de guerre ». Voici un exemple en deux images, l’une a été prise en #Syrie et l’autre en #Irak (les deux nous viennent de l’AFP)


      Conclusion hallucinante de la présentatrice qui invitait Claude El khal ou plutôt le prenait en tenaille : "Faisons confiance aux journalistes...". Puis, juste après, le slogan de la station "FranceCulture, l’esprit d’ouverture"...
      sauf aux critiques du journalisme !

      #Syrie #meute_médiatique #character_assassination #attaques_en_diffamation #lynchage_médiatique_parisianiste
      #nouvelle_inquisition #police_de_la_pensée_dominante
      #bouffon_c'est_celui_qui_dit_qui_y_est !

    • « Le Média » est sur la bonne voie. Le journal du vendredi 2 mars était excellent, et en progrès sensible. Les interviews- chloroforme de Noël Mamère ne manqueront pas à la qualité de son contenu, et son départ, ainsi que les volte-face d’autres représentants de la mouvance ex-PS ne soulignent, une fois de plus, que l’instabilité de leurs opinions.

      Bon Vent ! aussi à

      – Aurélie Filippetti
      – Gérard Mordillat (dommage !)
      – Patrick Pelloux
      – François Morel et Judith Chemla
      – Cécile Amar de L’Obs
      – Edouard Perrin de Cash investigation
      – Giovanni Mirabassi et Médéric Collignon.

      Les rats quittent le navire ?
      La ligne de flottaison n’en sera que plus haute !  ;)

  • Syrie : la Ghouta orientale, nouvelle martyre après Alep et Homs - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/international/syrie-la-ghouta-orientale-nouvelle-martyre-apres-alep-et-homs-21-02-2018-

    La Ghouta orientale, enclave en périphérie de Damas, est la cible d’une intense campagne aérienne du régime syrien depuis début février. Plusieurs zones rebelles ont été écrasées par des bombardements et un siège asphyxiant force les insurgés à déposer les armes et les civils à fuir.

    Mossoul n’est donc pas une ville martyr. A moins que #cépapareil, c’est en Irak.

  • Attention : Colonel Salafi est aussi un spécialiste de Notre-Dame-des-Landes…
    https://mobile.twitter.com/romaincaillet/status/962418470037139458

    Plusieurs sources confirment que des zadistes de Notre-Dame-des-Landes ont combattu avec les #YPG (#PKK) en #Syrie, certains zadistes se trouveraient encore sur zone et auraient été déployés sur le front d’#Afrin pour affronter la #Turquie.

    Voilà qui illumine ma soirée… (bientôt, les Black Bloc et milices chiites irakiennes)

  • Si quelqu’un n’a que ça à faire dans la vie, je suggère d’étudier la notion de Syrie utile, qui a fleuri entre, disons, 2013 et 2016. Tout le monde s’y est mis, et c’est devenu une sorte d’incantation familière. Si tu voulais faire « expert de la Syrie », tu disais « Syrie utile » et voilà…

    Le thème est tellement banal qu’il fait l’objet d’un fiche (particulièrement indigente) sur Wikipédia :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Syrie_utile

    Il faudrait étudier l’intérêt d’une telle expression, qui peut se justifier dans une logique de pure stratégie militaire (le régime n’a pas intérêt à perdre ses grandes villes et ses principaux centres de production, parce que sinon, ça s’appelle assez bêtement « perdre la guerre »), mais ça devient très problématique au-delà. Or, le terme est devenu clairement la prétention à définir le « but de guerre » du régime syrien, puis de la Russie (on a de très beaux articles de 2016 qui regrettent que « Bachar », contrairement aux Russes, voudrait reconquérir « plus » que la Syrie utile). Exemple :
    http://www.lefigaro.fr/international/2016/12/13/01003-20161213ARTFIG00280-contre-l-avis-de-moscou-assad-veut-plus-que-la-sy

    Alors à aucun moment il n’est expliqué :
    – comment le régime structuré autour du parti Baas pourrait maintenir sa cohérence et sa « légitimité » interne (je mets les guillemets exprès : c’est une dictature) en revendiquant soudainement juste une « Syrie utile » ;
    – comment le Hezbollah, dont le fondement idéologique même est la défense (au mètre près) de l’intégrité territoriale, accepterait de se battre pour un régime dont le but serait d’abandonner des pans entiers du territoire national (les Fermes de Chebaa, si on va par là, font-elles partie du « Liban utile » ?) ;
    – comment le PSNS, qui est un des premiers partis impliqués dans le conflit aux côtés du régime, y compris chez les druzes syriens, aurait soudainement redéfini les frontières de la Syrie naturelle (dite, plus couramment, « Grande Syrie ») comme celle d’une « Syrie utile » amputée de près des deux tiers de sa superficie…
    – comment les Iraniens accepteraient l’idée d’une Syrie « à l’Ouest », rompant sa ligne stratégique jusqu’à la Méditerranée ;
    – et comment les Russes pourraient tolérer la création d’un État né d’une rébellion largement islamique, alors que toute une partie de sa doctrine stratégique est liée à l’Afghanistan et à la Tchétchénie et au rôle, selon elle, des milices islamistes comme outil de sédition à son encontre depuis les années 1980.

    Je pense qu’au delà de la pure logique militaire, le concept de « Syrie utile », attribué comme but de guerre au régime syrien, est devenu une façon à la fois de dénoncer la duplicité de ce régime (voyez, il serait prêt à sacrifier une partie de son territoire), renforcer l’idée que ce régime serait purement sectaire (à la libanaise, il viserait à créer une « petite Syrie » constituée d’alaouites et de chrétiens), prétendre qu’une possible partition de la Syrie serait en réalité un souhait du régime (ou une conséquence de sa stratégie), « à l’insu du plein gré des gentils miliciens révolutionnaires » et de leurs soutiens en quelque sorte, et enfin soutenir que, même si « personne » ne peut gagner la guerre (et notamment pas l’opposition présentable), l’issue de la guerre ne serait pas forcément une victoire totale du régime, celui-ci étant uniquement intéressé par son petit territoire « utile » (comprendre : même si le régime tient « la Syrie utile », à terme on doit pouvoir lui arracher assez facilement une partition où les rebelles auraient droit à leur part de Syrie-pas-utile).

    Un intérêt est également de faire passer l’idée que, si le régime tient cette partie du territoire, c’est uniquement parce qu’il met les moyens militaires sur cette « Syrie utile », et non parce que les habitants de cette région préfère ce régime aux joyeux drilles de l’autre camp (même pour des raisons discutables). Or c’est un des points de Balanche (et, je crois de Landis et Cole) : le régime a tenu en large partie parce qu’une grosse partie de la population reste derrière lui ; ce que le terme « Syrie utile » permet d’occulter.

    Or, l’idée que le régime et ses alliés auraient soudainement rallié une idéologie de la « Syrie utile », j’aimerais savoir d’où ça sort, en dehors de quelques lectures extrêmement biaisées des discours d’Assad. Et à quel moment les Russes auraient fait savoir que leur but de guerre était de… ne pas gagner la guerre mais de laisser la situation s’enliser face à une rébellion à forte teneur islamique, je trouve ça extrêmement mystérieux.

    Dit autrement : je pense que le concept de « Syrie utile » restera comme un des éléments de langage centraux de la propagande de guerre en Syrie.

    • petite recherche vite fait (ngrams viewer)

      Et sur gg (tout court) un seul lien avant 2010, un article du Diplo (avec cartes de @reka)

      Comment l’Empire ottoman fut dépecé, par Henry Laurens (Le Monde diplomatique, avril 2003)
      https://www.monde-diplomatique.fr/2003/04/LAURENS/10102

      En 1918, la question pétrolière devient dominante. Selon l’accord, la France devrait contrôler la région de Mossoul, où se trouvent d’importantes réserves potentielles, mais les Britanniques, eux, ont les droits de concession. Georges Clemenceau veut bien satisfaire le groupe de pression colonial, mais en se limitant à une « Syrie utile » ne comprenant pas la Terre sainte, mais permettant un accès aux ressources pétrolières. Une trop grande extension territoriale impliquerait de lourdes charges d’administration sans commune mesure avec les revenus que l’on pourrait en tirer. C’est l’abandon de la revendication de la « Syrie intégrale » (on dirait actuellement « Grande Syrie »). Au lendemain de l’armistice, il traite directement et sans témoin avec Lloyd George du partage du Proche-Orient.

    • En anglais, je ne trouve pas d’occurrences avant novembre 2015. Les deux premières…

      6/11/2015 (assez éloquent, présenté comme une « création » du « régime »,…)
      USEFUL SYRIA or WHOLE SYRIA ?
      http://orient-news.net/en/news_show/93549/0/USEFUL-SYRIA-or-WHOLE-SYRIA

      The “Assad regime” has always bragged about a sovereign powerful and formidable state; but when Syrians rose against this regime, Syria became the country for only those who defend the regime. That is in the words of the head of the regime himself. Early on the first days of the people’s rise, Syria turned into something so cheap in the regime’s eyes to the extent that it spread the slogan that says: “We either rule it, or we put it into flames”. Due to the Syrian opposition’s resistance and the influx of Isis, the Syria under the regime’s control began to shrink to a point where the regime- with all the help of Iran, Hezbollah and other mercenaries- does not control more than 18% of the Syria known before March 2011. Those 18% came to be known and referred to by the regime and its allies, in particular Iran, as USEFUL SYRIA.

      et le 19/11/2015 MEI, particulièrement clairvoyant
      Will Assad Create a « Useful Syria » ? | Middle East Institute
      https://www.mei.edu/content/at/will-assad-create-useful-syria

      After nearly five years of throwing its own forces and Iranian assets against the rebellion, the Syrian regime remains unsuccessful in its attempt to quell it. With a further injection of forces through Russian intervention, a new chapter of the Syrian conflict has commenced. However, the assumption that Russia will succeed where neither the regime nor Iran have prevailed ignores the structural weaknesses in Damascus’ capacity that make such a situation unlikely. The prospects of the regime regaining control of Syria as a whole, or even a “Useful Syria," comprised of already controlled territories, seem faced with insurmountable obstacles.

    • En France, on a bien des choses dès le début 2013 : Syrie : chronique d’une lente agonie du 15 mars 2013
      https://www.franceinter.fr/emissions/partout-ailleurs/partout-ailleurs-15-mars-2013

      Débordé dans les premiers mois, Bachar Al-Assad a compris qu’il ne pourrait controler le territoire dans sa totalité. Damas s’est concentré sur une stratégie de contre-insurrection qui lui permet de garder le pouvoir sur une « Syrie utile », entendons les axes stratégiques comme les grandes villes.

    • La première mention que j’ai trouvée, c’est du Malbrunot en juin 2012 : Syrie : pourquoi le régime durcit la répression
      http://www.lefigaro.fr/international/2012/06/13/01003-20120613ARTFIG00732-syrie-pourquoi-le-regime-durcit-la-repression.php

      Face à la persistance de la guérilla, Assad aurait opté pour une stratégie de défense de la « Syrie utile », c’est-à-dire des trois plus importants bassins de population : autour de Damas, d’Alep et de Homs (là où sont rassemblés la majorité des 70 % de Syriens encore passifs).

  • L’Etat islamique en 2018, vu par les services secrets
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040218/l-etat-islamique-en-2018-vu-par-les-services-secrets

    Photo d’un djihadiste dans un tunnel de Mossoul Depuis plusieurs mois, l’organisation terroriste anticipait la perte de son califat. Les services de renseignement français craignent désormais la relocalisation des troupes sur d’autres théâtres de djihad et l’envoi de clandestins en Europe par le biais d’un mystérieux « Comité d’émigration et de logistique », basé en Turquie, au Liban et en Jordanie.

    #International #Abou_Bakr_Al-Baghdadi #Abou_Mohamed_al-Joulani #Amniyat #Attentats_du_13-Novembre #comité_d'émigration_et_de_logistique #DGSI #Emmanuel_Macron #Etat_islamique #Hay’at_Tahrir_al-Sham #Omar_Diaby #Tracfin

  • Le #WSWS ne fait pas dans la dentelle. L’avantage avec les mauvaises nouvelles, c’est qu’elles sont tellement prévisibles ...

    The Economist : L’humanité au bord de la guerre mondiale - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2018/01/31/pers-j31.html

    The Economist envisage un futur dystopique, violent, avec le déploiement de l’armée américaine pour intimider ou détruire les prétendus défis à sa domination partout.

    Au cours des 20 prochaines années, The Economist prédit que « le changement climatique, la croissance démographique et les conflits sectaires ou ethniques » sont susceptibles de faire plonger une grande partie du monde dans des « guerres intra-étatiques ou civiles ». De tels confits se dérouleront de plus en plus dans les villes entourées de « taudis » peuplées de millions d’habitants, donnant lieu à de « combats rapprochés, quartier par quartier ». L’avenir réservé à de grandes parties de l’humanité est celui du carnage qui a été observé lors des batailles meurtrières de l’an dernier contre la ville irakienne de Mossoul et la ville syrienne d’Alep.

    Mais plus effrayant encore, c’est la série de scénarios qu’il décrit comme une escalade majeure des tensions entre les Etats-Unis et la Russie et la Chine, présentés comme ses adversaires stratégiques, qui menacent à tout moment de provoquer un holocauste nucléaire.

    #guerre #militarisation #dystopie

  • « Un porc, tu nais ? »
    Par Leïla Slimani, Ecrivaine, prix Goncourt 2016 — 12 janvier 2018 à 09:27
    http://www.liberation.fr/france/2018/01/12/un-porc-tu-nais_1621913

    Marcher dans la rue. Prendre le métro le soir. Mettre une minijupe, un décolleté et de hauts talons. Danser seule au milieu de la piste. Me maquiller comme un camion volé. Prendre un taxi en étant un peu ivre. M’allonger dans l’herbe à moitié dénudée. Faire du stop. Monter dans un Noctambus. Voyager seule. Boire seule un verre en terrasse. Courir sur un chemin désert. Attendre sur un banc. Draguer un homme, changer d’avis et passer mon chemin. Me fondre dans la foule du RER. Travailler la nuit. Allaiter mon enfant en public. Réclamer une augmentation. Dans ces moments de la vie, quotidiens et banals, je réclame le droit de ne pas être importunée. Le droit de ne même pas y penser. Je revendique ma liberté à ce qu’on ne commente pas mon attitude, mes vêtements, ma démarche, la forme de mes fesses, la taille de mes seins. Je revendique mon droit à la tranquillité, à la solitude, le droit de m’avancer sans avoir peur. Je ne veux pas seulement d’une liberté intérieure. Je veux la liberté de vivre dehors, à l’air libre, dans un monde qui est aussi un peu à moi.

    Je ne suis pas une petite chose fragile. Je ne réclame pas d’être protégée mais de faire valoir mes droits à la sécurité et au respect. Et les hommes ne sont pas, loin s’en faut, tous des porcs. Combien sont-ils, ces dernières semaines, à m’avoir éblouie, étonnée, ravie, par leur capacité à comprendre ce qui est en train de se jouer ? A m’avoir bouleversée par leur volonté de ne plus être complice, de changer le monde, de se libérer, eux aussi, de ces comportements ? Car au fond se cache, derrière cette soi-disant liberté d’importuner, une vision terriblement déterministe du masculin : « un porc, tu nais ». Les hommes qui m’entourent rougissent et s’insurgent de ceux qui m’insultent. De ceux qui éjaculent sur mon manteau à huit heures du matin. Du patron qui me fait comprendre à quoi je devrais mon avancement. Du professeur qui échange une pipe contre un stage. Du passant qui me demande si « je baise » et finit par me traiter de « salope ». Les hommes que je connais sont écœurés par cette vision rétrograde de la virilité. Mon fils sera, je l’espère, un homme libre. Libre, non pas d’importuner, mais libre de se définir autrement que comme un prédateur habité par des pulsions incontrôlables. Un homme qui sait séduire par les mille façons merveilleuses qu’ont les hommes de nous séduire.

    Je ne suis pas une victime. Mais des millions de femmes le sont. C’est un fait et non un jugement moral ou une essentialisation des femmes. Et en moi, palpite la peur de toutes celles qui, dans les rues de milliers de villes du monde, marchent la tête baissée. Celles qu’on suit, qu’on harcèle, qu’on viole, qu’on insulte, qu’on traite comme des intruses dans les espaces publics. En moi résonne le cri de celles qui se terrent, qui ont honte, des parias qu’on jette à la rue parce qu’elles sont déshonorées. De celles qu’on cache sous de longs voiles noirs parce que leurs corps seraient une invitation à être importunée. Dans les rues du Caire, de New Delhi, de Lima, de Mossoul, de Kinshasa, de Casablanca, les femmes qui marchent s’inquiètent-elles de la disparition de la séduction et de la galanterie ? Ont-elles le droit, elles, de séduire, de choisir, d’importuner ?

    J’espère qu’un jour ma fille marchera la nuit dans la rue, en minijupe et en décolleté, qu’elle fera seule le tour du monde, qu’elle prendra le métro à minuit sans avoir peur, sans même y penser. Le monde dans lequel elle vivra alors ne sera pas un monde puritain. Ce sera, j’en suis certaine, un monde plus juste, où l’espace de l’amour, de la jouissance, des jeux de la séduction ne seront que plus beaux et plus amples. A un point qu’on n’imagine même pas encore.

  • Les batailles de l’après-Raqqa
    https://www.mediapart.fr/journal/international/171017/les-batailles-de-l-apres-raqqa

    Un combattant des Forces démocratiques syriennes, lundi 16 octobre 2017, à #Raqqa © Reuters Avec la perte de ses deux capitales autoproclamées, Raqqa en #Syrie et Mossoul en Irak, c’est tout le califat qui s’effondre. Mais les conditions qui l’ont fait apparaître n’ayant pas changé, le djihadisme ne disparaît pas pour autant. L’État islamique peut aussi compter sur les divisions de ses ennemis.

    #International #Etat_islamique

  • Tribulations-tweet du dernier empereur de Washington
    http://www.dedefensa.org/article/tribulations-tweet-du-dernier-empereur-de-washington

    Tribulations-tweet du dernier empereur de Washington

    Qui se souvient encore de Robert de Caix ?

    En France, certainement peu en dehors d’un petit cercle étroit de diplomates avec un peu de culture historique qui auraient porté leur intérêt sur la généalogie de la politique arabe de la France.

    En Syrie, les effets de sa politique coloniale se font encore ressentir jusqu’à ce jour.

    Le 1er décembre 1918, Clémenceau promet, lors d’une visite à Londres à son homologue Lloyd George, de lui laisser Mossoul et Jérusalem. L’un et l’autre s’entendaient pour le dépeçage de l’Empire Ottoman entre les deux puissances de l’Entente, ne tenant nullement compte de la promesse faite au chérif Hussein de la création d’un vaste royaume arabe englobant l’Irak et la grande Syrie. Conseillé par l’éminent orientaliste Louis (...)

  • ARAB WORLD MAPS – La lente agonie du Califat | The Maghreb and Orient Courier

    http://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/focus/arab-world-map-la-lente-agonie-du-califat

    Il y a 3 ans, Abu Bakr Al Baghdadi déclarait depuis Mossoul la restauration du Califat. A ce moment, une nouvelle ère semblait s’ouvrir en Syrie et en Irak : les soldats de l’armée irakienne, démoralisés et désorganisés s’étaient enfuis de Mossoul abandonnant Hummers et armes lourdes, l’EI était aux portes de Baghdad, contrôlant plus d’un tiers du territoire irakien. En Syrie, le chaos qui y régnait leur avait permis de s’installer durablement sur près de la moitié du territoire et d’établir leur capitale à Rakka, une ville de 200 000 habitants sur l’Euphrate. Plus symbolique encore, l’EI avait effacé l’ancienne frontière Sykes-Picot, issue de la période des mandats français et anglais. Le Califat semblait s’installer pour de nombreuses années.

    #daech #isis #syrie #irak #is #ei #cartographie #visualisation

  • Ce que révèle l’enquête judiciaire sur les agissements du cimentier Lafarge en Syrie

    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/09/20/ce-que-revele-l-enquete-judiciaire-sur-les-agissements-du-cimentier-lafarge-

    « Le Monde » a eu accès à l’enquête sur les activités de Lafarge qui tentait de préserver sa cimenterie en Syrie pendant la guerre civile. Des responsables ont reconnu le versement de sommes à l’EI.

    Une date suffit à condenser le parfum de soufre qui émane de ce dossier. Le 29 juin 2014, l’organisation Etat islamique (EI) proclame l’instauration du « califat » : un immense territoire à cheval entre l’Irak et la Syrie bascule « officiellement » sous le joug de l’organisation terroriste. Le même jour, à Rakka (Syrie), un cadre d’une usine du cimentier français Lafarge, située dans le nord du pays, informe par mail ses supérieurs qu’il a pris rendez-vous avec un « responsable de l’Etat islamique » pour négocier la sécurité des employés du site.

    Ce rendez-vous surréaliste marque le point culminant d’un engrenage commencé trois ans plus tôt. Depuis son implantation en Syrie, fin 2010, Lafarge n’a qu’une obsession : maintenir coûte que coûte l’activité de son usine de Jalabiya, à 87 kilomètres de Rakka, quitte à financer indirectement des organisations terroristes. Une aventure industrielle hasardeuse qui se conclura de façon dramatique, le 19 septembre 2014, par la prise de la cimenterie par les troupes de l’EI.

    Après la révélation de ce scandale par Le Monde, en juin 2016, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, en octobre 2016, faisant suite à une plainte du ministère des finances pour « relations financières illicites entre la France et la Syrie ». Dans cette enquête confiée aux douanes judiciaires, que Le Monde et Le Canard enchaîné ont pu consulter, les neuf principaux responsables de Lafarge – fusionné en 2015 avec le suisse Holcim – et de sa filiale Lafarge Cement Syria (LCS) ont été entendus.

    Leurs auditions décrivent de l’intérieur les mécanismes qui ont entraîné l’entreprise dans ce naufrage judiciaire et moral. Elles racontent, mois par mois, l’entêtement d’un groupe aveuglé par une obsession : ne pas abandonner la cimenterie LCS, promise à l’appétit destructeur des belligérants, afin de conserver un avantage stratégique dans la perspective de la reconstruction du pays.

    Cette enquête révèle deux faits majeurs. Tout d’abord, la décision du leader mondial des matériaux de construction de rester en Syrie a reçu l’aval des autorités françaises, avec lesquelles le groupe était en relation régulière entre 2011 et 2014. Ensuite, les responsables de l’usine ont omis de préciser aux diplomates le prix de leur acharnement : plusieurs centaines de milliers d’euros versés à divers groupes armés, dont 5 millions de livres syriennes (20 000 euros) par mois à l’EI.

    La conclusion des douanes est sans appel : Lafarge a « indirectement » financé des groupes « terroristes », par le truchement d’un intermédiaire, produisant au besoin « de fausses pièces comptables ». Et si seuls trois responsables ont avoué avoir eu connaissance de ces pratiques, « il est tout à fait vraisemblable que d’autres protagonistes aient couvert ces agissements », dont l’ex-PDG du groupe, Bruno Lafont, le « directeur sûreté », Jean-Claude Veillard, et « certains actionnaires ».

    Aucun de ces responsables n’a été amené à s’expliquer devant un tribunal à l’issue de cette enquête. Mais les investigations suivent leur cours. Une information judiciaire, ouverte le 9 juin 2017 pour « financement du terrorisme » et « mise en danger d’autrui » après une plainte déposée par l’ONG Sherpa, a été élargie, le 23 juin, aux faits visés par le travail des douanes.

    2008-2010 : le pari de Lafarge en Syrie

    L’engrenage qui a conduit Lafarge à se compromettre dans le conflit syrien débute à la fin des années 2000. En 2008, le cimentier, qui vient de racheter la société égyptienne Orascom afin de renforcer son implantation dans la région, valide la construction d’une usine dans le nord de la Syrie, près de la frontière turque. Deux ans plus tard, la cimenterie LCS sort de terre. L’investissement s’élève à 680 millions de dollars, l’amortissement est prévu sur vingt ans. Mais l’histoire va quelque peu bousculer ces prévisions comptables.

    Mars 2011 : le début des troubles

    L’usine vient à peine de commencer sa production de ciment quand d’importantes manifestations embrasent le sud du pays et se propagent rapidement aux principales agglomérations. En relation avec les autorités françaises, les responsables du groupe décident de rester.

    « On est informés, forcément. On avait vu ce qui s’était passé pour les “printemps arabes”, mais on était dans l’incapacité totale d’anticiper et de prévoir », explique l’ancien PDG de Lafarge Bruno Lafont, devant les enquêteurs des douanes judiciaires. « L’usine est au nord, près de la frontière turque, très isolée. Au début, et pendant toute l’année 2011, il ne se passe absolument rien », tempère Bruno Pescheux, PDG de LCS jusqu’en juin 2014.

    Tout au long de son aventure syrienne, Lafarge est resté en contact permanent avec l’ambassade de France à Damas – qui sera fermée par Nicolas Sarkozy en mars 2012 –, puis avec l’ambassade de France en Jordanie. Jean-Claude Veillard, un ancien fusilier marin dans les forces spéciales et les commandos, est également en relation avec la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

    « Jean-Claude avait de bons contacts avec les services, notamment la DGSE », explique Eric Olsen, ancien DRH, puis directeur général de Lafarge. Il « me tenait informé des mouvements des Kurdes et de l’Armée syrienne libre, poursuit-il. Je comptais sur l’expertise et la protection de l’Etat français pour nous tenir au courant ».

    Chaque mois, au siège de Lafarge à Paris, un comité de sûreté réunissant les opérationnels, le département juridique, l’assurance, le directeur du siège et les ressources humaines fait le point sur les pays où le groupe est implanté, dont la Syrie.

    Mai 2011 : les premières sanctions

    Le 9 mai 2011, le Conseil de l’Union européenne (UE) adopte un embargo sur les armes et le pétrole syriens. Celui-ci sera étendu le 18 janvier 2012 pour un ensemble élargi de matériaux, notamment certains ciments. A cette époque, Lafarge, dont le marché est local, ne s’estime pas concerné par les sanctions. « D’après ce que j’avais compris, explique Bruno Pescheux, il s’agissait essentiellement de prohibition d’exportations depuis la Syrie vers l’UE. Or, nous étions dans l’autre sens, on importait. »

    Décembre 2011 : Total quitte la Syrie

    Le 1er décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme déclare la Syrie en état de guerre civile. Quatre jours plus tard, le pétrolier Total annonce son départ du pays. Dans les mois qui suivent, Air liquide et les fromageries Bel plient bagages à leur tour. Fin 2012, Lafarge est le dernier groupe français présent en Syrie.

    « Pourquoi Lafarge reste en Syrie ?, demandent les enquêteurs aux responsables du cimentier.

    – On pouvait toujours fonctionner en sécurité et en conformité. Donc on a continué, répond laconiquement Bruno Lafont.

    – Mais en janvier 2012, la situation dégénérait…, intervient l’enquêteur.

    – Ce n’est pas ce que disait le Quai d’Orsay, insiste Christian Herrault, ancien directeur général adjoint opérationnel du groupe. Le Quai d’Orsay dit qu’il faut tenir, que ça va se régler. Et il faut voir qu’on ne peut pas faire des allers-retours, on est ancrés et, si on quitte, d’autres viendront à notre place… »

    Juillet 2012 : l’évacuation des expatriés
    A l’été 2012, l’armée du régime perd le contrôle de la frontière turque. A l’ouest, la zone passe sous l’emprise des Kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD), à l’est, sous celle de l’Armée syrienne libre et de divers groupes islamistes. La ville de Kobané, à 55 kilomètres de l’usine, est tenue par les Kurdes, tandis que Manbij, à 66 kilomètres, est sous le contrôle des rebelles.

    « Cette nouvelle redistribution des cartes ne vous fait-elle pas craindre pour vos salariés et votre usine ?, s’enquiert l’agent des douanes.

    – Un peu, oui, répond M. Lafont. Mais, là encore, je me fie à ce que mes collaborateurs me disent. »

    Les « collaborateurs » de M. Lafont semblaient pourtant bien au fait des risques encourus par le personnel du site. « On a même interrompu l’usine à l’été 2012, faute de sûreté suffisante », relate M. Pescheux. Le directeur de la cimenterie demande alors aux employés chrétiens et alaouites de ne plus venir travailler, pour raison de sécurité. Les expatriés – une centaine de salariés sur plus de 300 – sont quant à eux exfiltrés du pays en juillet 2012.

    A partir de la fin de l’été, seuls les employés sunnites et kurdes sont autorisés à continuer à travailler sur le site. Afin de limiter les trajets, de plus en plus périlleux, leur patron leur demande de se domicilier à Manbij, ou d’emménager directement dans la cimenterie. M. Pescheux, lui, déménage ses bureaux de Damas au Caire, en Egypte, d’où il dirige l’usine à distance, en toute sécurité.

    Malgré la dégradation de la situation, le directeur de LCS justifie devant les enquêteurs la décision de maintenir l’activité du site avec le personnel local : « L’idée était de préserver l’intégrité de l’usine en la faisant fonctionner, même de manière discontinue. On voulait éviter la cannibalisation de l’usine, qui serait arrivée si elle avait été perçue comme à l’abandon. »

    Davantage que le profit immédiat – la production de ciment a rapidement chuté, passant de 2,3 millions de tonnes en 2011 à 800 000 tonnes en 2013 –, c’est la volonté acharnée d’occuper le site dans la perspective de la reconstruction du pays qui motivera les décisions du groupe. A cette date, personne, au sein de l’entreprise, pas plus qu’au Quai d’Orsay, ne semble anticiper la tragédie dans laquelle la Syrie est en train de sombrer.

    Septembre 2012 : une « économie de racket »

    A la fin de l’été 2012, la situation dégénère. « L’économie de racket a commencé en septembre ou octobre 2012 », se souvient M. Herrault. En septembre, deux responsables du groupe, Jean-Claude Veillard, le directeur de la sûreté, et Jacob Waerness, gestionnaire de risque sur le site de l’usine LCS, se rendent à Gaziantep, en Turquie, pour y rencontrer des milices de l’opposition syrienne.

    « Il était très clair qu’elles étaient indépendantes et ne voulaient pas se coordonner. Et il était très clair qu’elles voulaient taxer ce qui passait par les routes, poursuit M. Herrault. C’était clairement du racket, même si c’était les “bons” qui rackettaient. Tous les six mois, on allait voir le Quai d’Orsay, qui nous poussait à rester.

    – Vous vous souvenez du nom de ces milices ?, demande l’enquêteur.

    – Ah non, elles changent d’allégeance… Ce qui était un peu fou, c’est que toutes ces milices étaient alimentées en armes et argent par le Qatar et l’Arabie saoudite, sous le regard américain, sans aucun discernement. On aime bien mettre des noms sur les choses, mais là-bas rien n’est si simple… »

    A l’issue de la réunion de Gaziantep, LCS missionne un ancien actionnaire minoritaire de l’usine, Firas Tlass, pour monnayer la sécurité de ses employés sur les routes. Entre septembre 2012 et mai 2014, cet homme d’affaires – fils de l’ex-ministre de la défense du président Bachar Al-Assad, ayant fait défection au régime – se voit remettre entre 80 000 et 100 000 dollars par mois pour négocier avec les groupes armés qui tiennent les checkpoints autour de l’usine.

    A cette période, l’Etat islamique en Irak, ancêtre de l’EI, n’a pas encore fait irruption dans la guerre civile syrienne. L’usine est en revanche encerclée par les milices kurdes et des groupes islamistes, dont le Front Al-Nosra. Selon le directeur de l’usine, M. Pescheux, il n’existait pas de liste précise des destinataires des fonds versés par Firas Tlass : « Ceux qui gardaient un checkpoint pouvaient changer d’allégeance », assure-t-il.

    Octobre 2012 : neuf employés kidnappés

    En octobre 2012, neuf employés de l’usine sont pris en otage. Le directeur sûreté de Lafarge, M. Veillard, raconte : « Ces employés alaouites avaient été écartés de l’usine pour leur sécurité confessionnelle. Ils étaient au chômage technique, à Tartous [dans l’ouest de la Syrie]. Ils étaient payés jusqu’au jour où le DRH de l’usine leur a demandé de venir percevoir leur salaire à l’usine. Les neuf employés sont venus en bus, via Rakka, et se sont fait enlever par des Kurdes, puis [ont été] revendus à des milices locales. Lafarge a payé 200 000 euros, en livres syriennes. »

    Avril 2013 : Lafarge, « c’est le drapeau français »

    Début 2013, le pays bascule dans une nouvelle ère. Le 6 mars, Rakka est prise par différents groupes islamistes, dont le Front Al-Nosra, qui prête allégeance à Al-Qaida et tombe donc sous le coup des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU. Un mois plus tard, le 9 avril, l’Etat islamique en Irak, qui s’est implanté en Syrie, se rebaptise « Etat islamique en Irak et Levant » (EIIL). Le groupe prend le contrôle de Rakka le 13 juin.

    « Comment Lafarge peut-elle conserver une usine dans cette guerre qui devient de plus en plus sale, qui dégénère ? demande un enquêteur aux dirigeants du groupe.

    – C’est là où on se pose la question si on reste ou pas, répond le PDG, Bruno Lafont. On commence à penser qu’on va se replier. On a eu des feedbacks de nos gars. On pouvait visiblement continuer.

    – Ce qu’il faut comprendre, c’est que lorsque cette guerre a commencé, l’usine venait de démarrer, insiste le patron de l’usine, Bruno Pescheux. On pensait que quand tout serait fini, il y aurait au moins une cimenterie qui pourrait fournir du ciment pour reconstruire la Syrie…

    – On allait voir, tous les six mois, l’ambassadeur de France pour la Syrie [à Paris], et personne ne nous a dit : “Maintenant, il faut que vous partiez”, précise Christian Herrault. Le gouvernement français nous incite fortement à rester, c’est quand même le plus gros investissement français en Syrie et c’est le drapeau français. Donc oui, Bruno Lafont dit : “On reste.” »

    Octobre 2013 : « Daech s’inscrit dans le paysage »
    Le 11 octobre 2013, le Conseil européen confirme les sanctions à l’encontre de certaines entités terroristes, dont le Front Al-Nosra, Al-Qaida et l’EIIL. « Pourquoi Lafarge a pris le risque de rester en Syrie, où ces trois organisations sont présentes ? », demande l’enquêteur. La réponse du directeur général adjoint opérationnel est un pur modèle de rationalisation économique :

    « On gérait les risques par cette économie de racket, et il n’y a pas eu de phénomène marquant jusqu’à fin 2013 », explique Christian Herrault, oubliant au passage l’enlèvement de neuf employés alaouites de l’usine un an plus tôt.

    « Quel est ce phénomène marquant ?

    – Daech s’inscrit dans le paysage. Ils affichent la volonté de taxer les routes. Un des chefs se réclamant de Daech convoque Bruno [Pescheux] et Jacob [Waerness] à Rakka (…). C’est Firas [Tlass], ou un de ses hommes, qui y va et voit la situation. Daech vient dans la liste des racketteurs, ça fait 10 % des sommes, dont la moitié était pour les Kurdes.

    – A ce moment-là, que vous dit le Quai d’Orsay ?

    – Pas de changement de leur position. Encore une fois, pas de solution intermédiaire, soit on partait, soit on restait. Le rackettage de Daech, c’était l’équivalent de 500 tonnes… Sachant qu’on a trois silos de 20 000 tonnes… Est-ce qu’on va tout plier pour 500 tonnes ? »

    C’est l’ancien actionnaire minoritaire M. Tlass qui sera chargé de payer les groupes armés en utilisant le cash de l’usine. Pour entrer ces dépenses dans la comptabilité, « on utilisait des notes de frais que je signais “frais de représentation”, explique M. Herrault. Donc là, c’était les notes de Bruno [Pescheux], mais il n’y avait rien dessus, il n’y avait aucun nom de milice. »

    Bruno Pescheux, lui, se souvient avoir vu les noms de Daech et du Front Al-Nosra mentionnés sur des documents :

    « Avez-vous vu le nom de Daech ? demande l’enquêteur.

    – Oui, répond le directeur de l’usine.

    – Avez-vous une idée du montant prévu pour Daech ?

    – De l’ordre de 20 000 dollars par mois. »

    Juin 2014 : un rendez-vous avec l’organisation Etat islamique
    A l’été 2014, l’EIIL contrôle le nord-est de la Syrie et fait une percée vers l’ouest. Le 29 juin, l’organisation proclame le « califat » et se baptise « Etat islamique ». Au sud de l’usine, les combats font rage entre le Front Al-Nosra et l’EI, qui est aux prises avec les Kurdes au nord du site. L’étau se resserre : à 500 mètres de l’usine, un checkpoint marque la sortie de la zone kurde ; à 20 kilomètres, un barrage signale l’entrée de la zone contrôlée par l’EI.

    Ce 29 juin, le nouveau responsable sûreté de l’usine, un ancien des forces spéciales jordaniennes qui a remplacé M. Waerness, envoie un mail au DRH local, avec le directeur de LCS, M. Pescheux, en copie : « Je viens d’arriver de Rakka. Le responsable de l’Etat islamique est toujours là, il est à Mossoul en ce moment. Notre client de Rakka m’a arrangé un rendez-vous avec lui, concernant nos expatriés au Pakistan et en Egypte. Une fois que j’aurai l’autorisation, je vous informerai. »

    « Pourquoi aller voir cette personne de l’El ?, demande l’enquêteur au directeur de l’usine.

    – L’idée était de dire : pour faire fonctionner cette usine, les locaux ont beaucoup de mal. L’idée était de faire revenir des expats pour les épauler, mais il fallait garantir leur sûreté : pas de kidnapping ou de choses comme ça », répond M. Pescheux.

    Juillet 2014 : « La situation autour de l’usine a empiré »
    Début juillet, l’El attaque les Kurdes à Kobané, à 50 kilomètres de la cimenterie. Les combats font plusieurs centaines de morts. Le 8 juillet, le responsable jordanien de la sûreté de l’usine envoie un mail alarmiste à M. Pescheux, qui a été versé au dossier par la plainte de Sherpa :

    « La situation autour de l’usine a empiré après que le camion-suicide a explosé au checkpoint du PYD [parti kurde] hier, à minuit. C’était à 10 kilomètres à l’est de l’usine, les quatre passagers ont été tués. L’Etat islamique a commencé une campagne discrète contre le PYD dans notre région (…). Le PYD a établi de sérieuses mesures de sécurité autour de l’usine, et a demandé la fermeture et l’évacuation de l’usine. »

    « A ce moment-là, on me dit que la situation est de plus en plus difficile. Je sais, à ce moment-là, qu’on va partir », assure Bruno Lafont. Le directeur sûreté du groupe, M. Veillard, est moins alarmiste : « Pour moi, l’attentat à 10 kilomètres n’existe pas. Il n’y a rien autour de l’usine. Le premier village doit être à 30 kilomètres. Maintenant, c’est peut-être un type qui s’est fait sauter. En aucun cas, il n’y avait un risque pour les employés et l’usine. »

    Le 17 juillet, un responsable de l’usine envoie pourtant un nouveau mail sans équivoque au PDG de LCS : « Notre personnel à l’usine est très perturbé et inquiet. Ils se sentent comme des prisonniers au sein de l’usine (…). L’EI est en train de s’emparer du contrôle de l’entrée de l’usine et n’autorise personne à entrer ou sortir (…). Nous ne sommes pas capables de rassurer nos employés (…). Nous avons besoin de votre aide pour régler cette question avec nos voisins. »

    27 juillet 2014 : l’usine interrompt sa production

    A la fin du mois de juillet 2014, la dégradation de la situation militaire contraint la cimenterie à interrompre son activité. Malgré les injonctions du chef militaire kurde d’évacuer les lieux, LCS reprendra pourtant la production cinq semaines plus tard.

    15 août 2014 : « J’ai fait la recommandation de fermer l’usine »

    Le 15 août 2014, une résolution de l’ONU interdit toute relation financière avec les groupes terroristes présents en Syrie, pouvant être « considérée comme un appui financier à des organisations terroristes ». « Que s’est-il passé chez Lafarge à ce moment-là ? », s’enquiert un enquêteur des douanes.

    « Frédéric [Jolibois, qui a remplacé Bruno Pescheux à la tête de LCS] envoie un mail au service juridique pour la conduite à tenir. Il faut voir que Daech n’avait alors rien fait en dehors de la Syrie, il n’y avait pas eu Charlie, le Bataclan… C’était alors une affaire syrienne, relativise M. Herrault. Je précise au service juridique que Daech, vers le 16 août, est bel et bien une organisation terroriste. Ce que je sais, c’est que rien n’a été payé après le 15 août. »

    La directrice juridique de Lafarge est consultée. Elle explique aux douaniers : « J’ai été informée sur deux points (…). Le deuxième était : l’Etat islamique demande des taxes aux transporteurs. Peut-on traiter avec ces transporteurs ? C’était en août 2014. L’avis juridique a été rendu début septembre 2014 et était très clair : oui, il y a un risque juridique. J’ai fait la recommandation de fermer l’usine. »

    1er septembre 2014 : le laissez-passer de l’EI

    Malgré l’avis de la direction juridique, l’usine se prépare à reprendre ses activités. Un laissez-passer pour ses clients et transporteurs, daté du 1er septembre 2014 et tamponné par le gouverneur de l’El à Alep, a été versé au dossier. Son contenu laisse entendre que l’usine a passé un « accord » avec l’EI : « Au nom d’Allah le miséricordieux, les moudjahidine sont priés de laisser passer aux barrages ce véhicule transportant du ciment de l’usine Lafarge, après accord avec l’entreprise pour le commerce de cette matière. »

    9 septembre 2014 : reprise de l’activité

    Passant outre les injonctions du commandant kurde, l’usine reprend sa production le 9 septembre. Le lendemain, son nouveau directeur, M. Jolibois, se rend à l’ambassade de France en Jordanie. Selon le compte rendu qu’a fait l’ambassade de cet entretien, il réaffirme la volonté du groupe de se maintenir en Syrie pour « préserver ses actifs et ses activités futures ».

    Le directeur de LCS assure aux autorités françaises que Lafarge « ne verse rien au PYD ou à l’Etat islamique ». Il reconnaît seulement que les « transporteurs locaux » doivent obtenir des laissez-passer « sans impliquer l’usine ou Lafarge », ce qui semble contredit par l’exemplaire daté du 1er septembre qui a été retrouvé. Le compte rendu de l’ambassade conclut : « Jolibois ne semblait pas particulièrement inquiet des conséquences, pour la sécurité de l’usine et de son personnel, de la présence de l’Etat islamique à quelques kilomètres d’Aïn-Al-Arab [nom arabe de Kobané]. »

    « Nous sommes à cinq jours d’une attaque décisive de l’El dans la région. Comment pourrait-on caractériser ces déclarations : un manque de lucidité, la cupidité ou business as usual ?, s’enquiert l’agent des douanes.

    – Je ne suis pas au courant, élude le PDG, M. Lafont. Je pense qu’il faut poser la question à M. Jolibois. Je ne sais pas de quoi il était au courant. »

    Dans leur rapport de synthèse, les douanes s’étonnent des réponses systématiquement évasives du PDG de Lafarge : « Bruno Lafont disait tout ignorer des pratiques de son personnel en Syrie (…). Il serait tout à fait étonnant que M. Lafont n’ait pas demandé à son équipe de direction d’avoir un point précis de la situation d’une cimenterie dans un pays en guerre depuis plusieurs années. »

    Le jour de l’entretien de M. Jolibois à l’ambassade de France en Jordanie, ce dernier a en effet envoyé un mail à plusieurs responsables du groupe, à Paris, évoquant un plan d’évacuation de l’usine : « La semaine prochaine, Ahmad [le directeur sûreté de l’usine] partagera notre plan d’évacuation avec le département de sécurité de Lafarge, et il devrait être en mesure de nous envoyer la version à jour d’ici deux semaines. » L’usine sera attaquée dix jours plus tard…

    19 septembre 2014 : l’attaque de l’usine

    Le 18 septembre, un employé de l’usine est informé d’une attaque imminente de l’EI et en fait part à son patron. Le directeur de l’usine envoie par mail ses dernières consignes de sécurité. Il suggère de « préparer des matelas, de la nourriture, de l’eau, du sucre, dans les tunnels techniques de l’usine ». « Si les affrontements arrivent à l’usine, déplacer les équipes dans les tunnels et attendre », précise-t-il.

    Quelques heures plus tard, les troupes de l’EI sont aux portes de l’usine. La plupart des employés sont évacués en catastrophe par bus vers Manbij. Mais le plan d’évacuation est défaillant. Les bus ne reviennent pas à l’usine. Une trentaine d’employés bloqués sur place doivent s’enfuir par leurs propres moyens, entassés dans deux véhicules abandonnés sur le site. L’usine sera prise d’assaut dans la nuit.

    Quatre employés de Lafarge sont arrêtés par l’EI pendant l’évacuation, et retenus en otage une dizaine de jours. Parmi eux, deux chrétiens arrêtés dans un des bus affrétés par Lafarge sont contraints de se convertir à l’islam avant d’être relâchés.

    Le 21 septembre, un employé en colère écrit un mail au directeur de la cimenterie : « Nous vous demandons fermement de commencer une enquête afin de vérifier les faits suivants (…). Après plus de deux ans de réunions quotidiennes portant sur la sécurité, qui est responsable de l’absence de plan d’évacuation de l’usine de notre équipe, et qui a abandonné plus de trente de nos braves employés une heure avant l’attaque de l’El et l’explosion du réservoir de pétrole ? »

    Quelques jours plus tard, M. Jolibois se félicitera pourtant, dans un mail envoyé au groupe, du succès de l’évacuation : « Malgré la complexité de la situation et l’extrême urgence à laquelle nous avons été confrontés, nous avons réussi à sortir nos employés de l’usine sains et saufs. Les choses ne se sont probablement pas déroulées telles que nous les avions planifiées ; néanmoins, nous avons atteint le but principal. Lafarge Cement Syria n’est pas morte. Je suis convaincu que nous gagnerons la dernière bataille. »

  • Durant trois ans, ce faux photographe de guerre a berné le monde entier avec des images volées

    Un crime parfait pour une histoire ahurissante. Un faux photographe a trompé des médias du monde entier en vendant des images de guerre volées, avant de disparaître dans la nature.

    Il a piégé Al-Jazeera, le Deutsche Welle, le Wall Street Journal, Le Point, France Culture, BBC Brazil, directement ou via des agences comme Getty ou l’AFP, auxquels sont abonnés nombre de médias. Un faux photographe brésilien est devenu maître dans l’art de l’arnaque en revendant ses images à de respectables médias à travers le monde… Avant de disparaître dans la nature.

    VOIR AUSSI : Ces photos de la bataille de Mossoul sont maintenant libres de droits, puisque personne ne voulait les acheter

    Il est supposé se nommer #Eduardo_Martins, être originaire de Sao Paulo et être âgé de 32 ans. Mais l’on ne sait rien de sa véritable identité. Ce que l’on sait, c’est que depuis trois ans, cet homme se présente comme un photographe et documentariste de guerre affilié aux Nations unies.

    Il se serait rendu sur les terrains de conflits les plus chauds, comme la bande de Gaza, la Syrie, l’Irak, où il affirmait même avoir observé et photographié la bataille de Mossoul. Sur Instagram, son profil cumulait plus de 120 000 abonnés incluant, notamment, des photographes très connus et le compte officiel des Nations unies. Le compte a désormais été supprimé.

    L’arnaque du siècle

    L’histoire de ce #photographe_arnaqueur est totalement surréaliste. Le pot aux roses a été raconté en détail par la BBC Brazil dans une enquête en portugais publiée vendredi 1er septembre. Le média australien SBS l’a relayé en anglais.

    Ils expliquent que l’homme vendait des images d’autres photographes, en utilisant un renversement horizontal et en les photoshopant afin que les médias ne se rendent pas compte de la supercherie. Il donnait aussi des interviews dans le monde entier en expliquant son histoire : Eduardo Martins, passionné de surf et photographe de guerre par vocation, aurait eu une leucémie à l’âge de 25 ans, à laquelle il aurait survécu par miracle.

    Tout ceci est évidemment faux. Selon la BBC, la personne sur l’image ci-dessus se nomme Max Hepworth-Povey, un professeur de surf pour Ticket to Ride et un collaborateur du magazine Wavelenght Surf Mag. Dans une interview avec BBC Brazil, datant du 4 septembre, il explique qu’il était « en train de se relaxer, en buvant du vin, lorsqu’un ami de Walenght magazine m’a appelé en me disant que quelqu’un me volait mon identité pour une sorte de blague sur Internet ».
    Comment ne pas se faire attraper

    Avant la BBC, le premier à avoir repéré la supercherie d’ #Eduardo_Martins est Fernando Costa Netto, photographe de guerre et reporter occasionnel pour le site de surf brésilien Waves. Il avait noué, un mois plus tôt, une certaine amitié en ligne avec notre arnaqueur. Il l’avait même interviewé pour son magazine, racontant une vie qui lui semblait hallucinante et faisant l’éloge d’un « talent exceptionnel ».

    Un jour, après avoir vu son article, deux journalistes, l’un anglophone et l’autre brésilien, lui téléphonent coup sur coup pour lui demander s’il a déjà rencontré Eduardo Martins dans la vie réelle. Ce n’est pas le cas. Les journalistes lui expliquent leurs doutes sur le personnage puis, après avoir raccroché, Fernando Costa Netto fait l’erreur de demander des comptes à son « ami » sur l’appli WhatsApp.

    Quelques minutes plus tard, Eduardo Martins supprimait son compte #Instagram et son site Web. Il répondit à Netto : « Je suis en Australie. J’ai pris la décision de passer un an dans un van. Je vais supprimer tout ce qui est en ligne sur moi et je n’aurais pas Internet. Je vais être en paux, on se verra quand je reviens [au Brésil]. Pour quoi que ce soit, écris-moi à dudumartisn23@yahoo.com. Un gros calin. Je vais supprimer l’appli. Dieu soit avec toi. »

    Peu de temps après, le 31 août dernier, Fernando Costa Netto publia un article en ligne, intitulé « Edu Martins est mort », pour dénoncer la supercherie. Le photographe brésilien Ignacio Aronovich, qui n’avait jamais entendu parler d’Eduardo Martins, tomba sur l’article et le lut par pure curiosité. En voyant ses images en ligne, il comprit immédiatement comment le faux photographe procédait pour voler les images.

    En faisant des recherches inversées des photographies, il découvrit que le véritable auteur de la majorité des images était l’américain Daniel C. Britt, qui vit en Turquie. Sur sa page Facebook, #Ignacio_Aronovich publia les images manipulées et les originales :

    Selon SBS Portugese, les images d’Eduardo Martins étaient vendues à 575 dollars l’unité sur #GettyImages, qui n’a pas souhaité s’exprimer sur l’argent touché par le faux reporter. Vice News et BBC Brazil affirment ne pas avoir payé pour utiliser les images et l’on ne sait pas quelle somme l’homme a empoché. Avait-il également simulé une identité bancaire parallèle ? On ne sait pas. Personne, aucune autorité publique, ni en Irak, ni en Syrie ou à Gaza, n’a jamais entendu parler du soi-disant photographe. Et aucune de ses petites amies en ligne ne l’a jamais vu réellement, selon la BBC.

    Il a disparu dans la nature. Le crime parfait.

    Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.
    http://mashable.france24.com/monde/20170905-durant-trois-ans-ce-faux-photographe-de-guerre-berne-le-
    http://scd.mashable.france24.com/sites/default/files/styles/mashable_1200x675/public/thumbnails/image/eduardoune.jpg?itok=cxFjhyIQ

    #photojournalisme #fraude

  • #Syrie, #Irak : l’État islamique dans ses derniers retranchements
    https://www.mediapart.fr/journal/international/260817/syrie-irak-letat-islamique-dans-ses-derniers-retranchements

    À Tal Afar, #Raqqa et bientôt Deir ez-Zor, #Daech mène ses dernières batailles. Pour autant, même quand l’organisation islamiste aura perdu tous les territoires qu’elle contrôlait il y a encore deux ans, l’Irak et la Syrie demeureront profondément déstabilisés.

    #International #Bachar_al-Assad #civils #Etat_islamique #guerre #Mossoul

  • Terrorismes, guérillas, stratégie et autres activités humaines
    http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2017/07/23/black-flags

    Sous le drapeau noir

    En attendant que les historiens nous livrent leurs réflexions, et tandis que les spécialistes tentent de donner un sens aux événements, certains journalistes – pas tous, hélas – se livrent à deux tâches essentielles : d’une part, ils recueillent les faits (et nous les rapportent), et d’autre part les plus courageux essayent déjà de les assembler. Les livres qu’ils publient alors ne sont ni des travaux scientifiques aux conclusions définitives ni des compilations de données assemblées sans thèse. Ce travail d’éclairage, précieux, vient compléter les analyses rédigées par les chercheurs, quand il ne les alimente pas.

    Déjà auteur d’un livre remarquable, The Triple Agent, consacré aux origines de l’attentat de Camp Chapman, Joby Warrick a publié en 2016, Sous le Drapeau noir, récit fascinant et terrifiant de la naissance de l’Etat islamique, entre les prisons jordaniennes, les camps afghans, les montagnes du Kurdistan irakien et les villes de la Syrie insurgée.

    L’aisance avec laquelle l’auteur parvient à présenter la complexité du contexte et les causes multiples ayant conduit à l’embrasement actuel est d’autant plus impressionnante qu’il a eu accès à quantité de témoins et à des archives qu’on rêverait de pouvoir consulter. Jamais, pourtant, on ne se sent noyé sous les données et tout s’assemble parfaitement. A la différence de faux chercheurs dont les travaux branlants servent d’abord les positions politiques, Warrick ne cache rien ni des erreurs stratégiques majeures américaines, ni de l’ahurissante impréparation qui a présidé à la gestion de l’Irak conquis, ni du jeu pour le moins ambigu de Damas. Le rôle des services syriens entre 2003 et 2005 ou les calculs du régime dans les premiers mois de la révolution de 2011 sont ici parfaitement exposés. A ce titre, on ne peut que se demander si certains commentateurs, qui appellent à un rapprochement avec la Syrie au nom d’un supposé pragmatisme, s’ils ne sont pas les idiots utiles d’un saboteur.

    Au-delà de la clarté du propos, on est frappé, à la lecture de ce livre, par sa modestie. Aucune ligne n’est ici assénée, et seul l’enchaînement des faits permet de discerner la mécanique à l’œuvre. Lignes de force stratégiques et itinéraires personnels sont recensés et nous donnent à réfléchir aux logiques de l’Histoire. Sous le Drapeau noir nous livre, en réalité, un éclairage primordial, qui tranche spectaculairement avec les thèses ressassées et laborieusement démontrées qui sont notre quotidien. Alors que la bataille de Mossoul prend fin, dans les conditions que l’on sait, et que d’autres s’annoncent, le livre de Joby Warrick a aussi le terrible mérite de rappeler que les jihadistes de l’EI ont déjà été vaincus, sous un autre nom, et qu’ils ont su revenir. La leçon mérite, plus que jamais, d’être apprise, mais il semble qu’il soit déjà trop tard.