city:nîmes

    • « Les femmes c’est comme les juments, celles qui ont de grosses hanches ne sont pas les plus agréables à monter, mais c’est celles qui mettent bas le plus facilement. »

      Le professeur Renaud De Tayrac, à l’origine de cette diapositive, a également publié un communiqué afin d’expliquer sa démarche. Selon lui, son intention n’était pas de provoquer ou de polémiquer, « mais de faire un rappel historique sur la vision de l’anatomie du bassin féminin et des difficultés de l’accouchement au Moyen-Âge. » Le chef du service Gynécologie Obstétrique Maternité du Pôle Femme-Enfant du CHU de Nîmes explique qu’il voulait tout simplement « démontrer au cours de la présentation qui suivait que les connaissances obstétricales avaient beaucoup progressé depuis ».

      https://www.marieclaire.fr/femmes-juments-congres-national-des-gynecologues-obstetriciens-de-france

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      L’argument des gyneco-obstericien·nes du manque de moyens, surcharge de travail, mauvais matériel est assez spécial. Par exemple celle qui parle des mauvais scalpels qui ne coupent pas, ne dénonce pas la mise en danger du·de la patient·e mais son inconfort de travail. Ces manques de moyens, mauvais materiel, surcharge de travail sont peut etre à l’origine du gros des violences gyneco, mais le refus des gyneco de dialogué montre qu’illes préfèrent se soumettre aux contraintes de l’administration que lutter pour le bien de leurs patients. Légiféré ca peu etre fait dans le sens d’une revalorisation de certains actes, d’une augmentation du temps consacré aux patientes.

  • Ce samedi de 14h à 22h, je pense emmener ma grande à la Fabrique de Fanzines à En traits libres (#montpellier) :
    https://www.facebook.com/events/2315877432067136

    Venez participer à un atelier extraordinaire ! Sans inscription et en continu, de 14h à 22h le samedi 18 mai, venez fanziner avec l’équipe de la Fabrique de Fanzines.

    La Fabrique de Fanzines fabrique des fanzines de A à Z. Alex Baladi, Ibn Al Rabin, Yves Levasseur, Benjamin Novello, Andreas Kündig, Pierre Schilling et tous ceux qui veulent bien participer, dessinent, écrivent, photocopient, plient, agrafent, coupent et lisent des fanzines. Il y a une photocopieuse, un massicot, une agrafeuse, des stylos, du papier, des tables, des chaises, un coin pour lire avec un tapis, des coussins, de la musique. Les originaux sont scotchés au mur, un exemplaire de chaque pend à la corde à linge, des exemplaires gratuits sont offerts dans un boîte.

    • Tiens, je tombe sur la même bande réunie ici : La Fabrique de Fanzines, de Baladi, Ibn Al Rabin, Andréas Künlig, Yves Levasseur, & Benjamin Novello
      http://www.anglesdevue.com/rubriqueabrac/2011/10/la-fabrique-de-fanzines-baladi-ibn-al-rabin-kundling-levasseur-novello

      Qui s’intéresse un minimum au monde de la bédé à forcément déjà entendu parler de près ou de loin du fanzinat… mais concrètement, un fanzine, qu’est-ce que c’est ?

      Version neuvième art du Do It Yourself, le fanzine – contraction des mots « fan » et « magazine » – est un journal fait par des « fans », pour des « fans ».

      Sans but lucratif, le fanzine se vend souvent à petit prix (voire à prix libre), s’échange parfois contre d’autres fanzines, ou encore se distribue gracieusement lors d’évènements comme concerts, salons, festivals…

      Et si la plupart du temps le fanzine n’est que peu considéré, perçu uniquement comme un tremplin vers une carrière professionnelle, nombreux sont ceux qui savent voir au-delà de cette définition restrictive et affectionnent tout particulièrement ces petits bouquins autoproduits.

      C’est le cas de Baladi, Ibn Al Rabin, Andréas Kündig, Yves Levasseur, et Benjamin Novello ; cinq amoureux de cet exercice qui l’abordent plutôt comme une récréation entre deux albums destinés à un éditeur – trouvant ici une liberté de ton et un terrain d’expérience sans égal -, et même comme un acte militant, un refus de se plier au système actuel peu attentif aux souhaits, à la condition, et au sort des auteurs.

    • Ayé, on a passé notre après-midi à la Fabrique de Fanzines ce samedi. Je crois vraiment que c’est une des meilleures choses qu’on ait faites depuis qu’on est à Montpellier (où, pourtant, on en fait des choses chouettes).

      On est arrivés avec ma grande (10 ans) vers 15 heures, on est repartis vers 21h30 après une courte pause pour dîner au fish and chips à côté.

      Sur place, accueillis par les organisateurs : Baladi, Yves Levasseur et Andréas Kündig. @l_l_de_mars on leur a transmis tes salutations, ça leur a fait très plaisir. Une sacrée bande de chaleureux, ces gens.

      Ma grande s’est installée à côté de Baladi (qui l’a initiée au numérotage assez sophistiqué de l’in-quarto) et, après quelques carrés d’authentique chocolat suisse, elle s’est carrément lâchée. Sur la photo officielle du compte Bookbook d’En traits libre, c’est elle qu’on voit super-concentrée :

      Une fois le premier feuillet terminé, Yves Levasseur lui a appris le maniement de la photocopieuse recto-verso, l’art du pliage et, attention les doigts, du massicotage final.

      En début d’après-midi, c’était assez tranquille, surtout qu’il y a la Comédie du Livre avec ses grosses signatures de BD à 500 mètres.

      Comme ma puce était à l’aise toute seule comme une grande parmi les adultes, je me suis installé un peu plus loin, et tu me reconnaîtras en tenue de camouflage marron idéale pour le rayon chocolat-au-lait de chez Migros :

      Évidemment il y avait Mattt Konture entouré de ses amis de l’atelier (Gustav Janko à sa droite) :

      Un tourne-disque jouant des trucs assez improbables mais fort agréables, une photocopieuse couleur-dis-donc, un massicot et une grosse agrafeuse, et roule-ma-poule, c’est parti pour une après-midi et une soirée de dessin à peupler les cordes à linge tendues au travers de la ruelle.

      Ici avec le fond rose en couverture, la première œuvre de ma grande :

      Layal a fait six fanzines, moi j’en ai pondu deux.

      Dans l’après-midi, de plus en plus de monde, et vers 19 heures, l’endroit était bourré de dessinateurs, de retour de la Comédie du livre. Parmi les vedettes il y avait Fabcaro et Hubert Chevillard, mais aussi d’autres que je n’ai pas reconnus.

      Pas mal de participantes aussi, même si sur les photos ça se voit pas trop (surtout le soir, quasiment la moitié des gens étaient des filles), ambiance vraiment décontractée, bon esprit. Quand on est partis, les gens se retrouvaient à dessiner debout sur un coin de table, tellement l’endroit était squatté par une foule dense et rigolarde.

      Au passage, Layal a appris que Baladi a un papa libanais, c’est pour ça qu’il a un nom qui veut dire « mon pays » en arabe. Elle est allée discuter avec Fabcaro qui a bien rigolé en regardant ses fanzines (je te dis pas comment on est trop fiers). Elle a reçu les encouragements chaleureux d’Yves Levasseur, qui lui a dit que c’était pas commun les enfants qui continuent à faire d’autres fanzines après avoir passé autant de temps sur leur premier.

      Bref, un grand moment hier après-midi… Et du coup ce matin le reste de ma bande est jalouse, et j’ai maintenant toute la famille sur la table de cuisine, en pyjama, personne n’a encore ni mangé ni bu, en train de faire des fanzines à la maison…

      (Sinon, j’ai compris que la bande de Suisses en salopettes rouges tourne avec cette Fabrique de fanzines, ils seront dimanche à Nîmes par exemple, à l’Archipel de 12h à 17h. Malheureusement, les événements ne sont pas annoncés à l’avance sur leur Facebook, du coup c’est pas évident de savoir où ils vont passer.)

    • @arno je vais passer ta relation aux copains de la Fabrique, ils seront enchantés par votre enthousiasme, je pense. La rencontre avec eux à Arc et Senans dont je causais dans un lien, a été une des très belles choses (parmi tant d’autres) que je dois à ces résidences. La disparité de leurs œuvres, de leurs approches de la bande dessinée, de leurs personnalités, produit un truc assez fou, stimulant, contagieux. J’étais heureux de rencontrer d’autres adultes qui prenaient à ce point au sérieux la question du fanzine, comme une pratique politique et créatrice fondatrice et continue à la fois, comme le terrain d’expérimentation social et artistique par excellence. Les voir est toujours une source de joie.
      Oui, Alex travaille souvent sur sont socle historique personnel, soit en intriquant ses récits de questions proprement liées au monde arabe, soit en bossant avec des groupes de travail, des éditions, libanaises.
      Si Montpellier était pas si loin de chez nous, je proposerais à ta fille de compléter sa formation ici par la découverte de la sérigraphie et d’autres moyens d’impression moins courants (y’a régulièrement des gens qui viennent ici pour fabriquer des trucs, souvent pour la première fois. Des adultes jusqu’ici, mais j’ai filé des cours de fanzinat aux gosses de mon village et du village voisin, de la maternelle au CM2, je saurais me dépatouiller avec une fillette qui a l’air aussi mordue par le truc). Bref, si vous venez parfois vous perdre en Broutagne, fais un crochet.

  • A #Montpellier, le pétrin entre en gare
    https://www.liberation.fr/france/2019/03/27/a-montpellier-le-petrin-entre-en-gare_1717827

    Elle a coûté 142 millions d’euros, mais c’est une station fantôme. La nouvelle #gare « #Sud_de_France » est bâtie au milieu de nulle part, sans même un guichet, et accueille à peine huit trains par jour. Malgré les mises en garde d’écologistes et d’élus qui demandent son retrait, une deuxième de ce genre devrait bientôt voir le jour près de Nîmes.

    #gpii #sncf

  • L’#ONU classe la #France au même rang que le #Soudan et le #Zimbabwe sur les #violences_policières

    Les policiers algériens ont refusé de brutaliser les manifestants qui sont descendus dans les rues pour protester contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika . Aucun tir de flash ball ou de gaz lacrymogène. Au milieu des manifestants, ils ont été applaudis comme des héros.

    Par contre, le Haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a demandé mercredi à la France qui se proclame pays des droits de l’homme, de mener une enquête sur les cas de violences policières pendant les manifestations des Gilets jaunes.
    « Nous encourageons le gouvernement [français, ndlr] à poursuivre le dialogue […] et l’exhortons à mener une enquête complète sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force », a-t-elle déclaré devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève.

    Michelle Bachelet est même allée plus loin, comparant la situation en France à celle des répressions violentes au Venezuela, à Haïti et dans les pays africains dont le Soudan, le Zimbabwe où les manifestants « réclament un dialogue respectueux et de vraies réformes ».

    La France se dit étonnée de l’exigence formulée par l’Onu d’ouvrir une enquête sur « l’usage excessif de la force », de se retrouver sur une liste entre le Venezuela qu’elle critique et Haïti à qui elle donne des leçons de démocratie.

    Sur fond de l’exigence des Nations unies d’ouvrir une enquête sur « l’usage excessif de la force » à l’encontre des manifestants, qui a de nouveau marqué l’acte 16 des Gilets Jaunes , le porte-parole du gouvernement français , Benjamin Griveaux, s’est exprimé sur le sujet à la sortie du conseil des ministres au Palais de l’Élysée.

    « Il faut […] s’étonner tout de même de se retrouver cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti où il y a eu des morts […] des morts nombreux », a-t-il dit.
    Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a réagi lui aussi à la nouvelle.

    Poursuivant son allocution, Benjamin Griveaux a rappelé que des enquêtes avaient été lancées « notamment par l’Inspection générale de la police nationale » et a fait état de 162 enquêtes ouvertes à la date du 1er mars. Il a souligné dans ce contexte que « la moindre des choses » était d’écouter les Nations unies et « de les prendre en considération ». Avant d’ajouter toutefois :
    « Il est bien de voir le verre à moitié vide […], mais il est de mon devoir de rappeler que parfois il peut être vu à moitié plein ».

    Le Conseil d’État français a rejeté début février la demande de suspension de l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD). Il avait été saisi par la CGT, la Ligue des droits de l’Homme, le syndicat de la magistrature et le syndicat des avocats de France, qui jugent leur usage dangereux, ainsi que des personnes blessées par des tirs à Nîmes et Montpellier.

    On comprend donc maintenant pourquoi les dictatateurs d’Afrique francophone continuent à tirer à balles réelles sur des manifestants sans jamais être interpellés par le gouvernement français. L’exemple vient de la France.

    http://courrierdesjournalistes.com/blog/lonu-classe-la-france-au-meme-rang-le-soudan-et-le-zimbabwe
    #ranking #c'est_pas_glorieux #maintien_de_l'ordre #classement
    ping @davduf

    • Les tirs de #LBD face aux #gilets_jaunes ont littéralement explosé

      Un #rapport sénatorial publié ce lundi dévoile des statistiques éloquentes sur l’évolution de l’usage très controversé des lanceurs de balles de défense.

      On savait que le nombre de tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) avait explosé en réponse à la contestation inédite des gilets jaunes. On sait désormais avec précision dans quelles proportions et elles sont éloquentes.

      Le Sénat, qui examinait une proposition de loi communiste réclamant l’interdiction des LBD, a publié le rapport de la sénatrice LR, Jacqueline Eustache-Brinio, censé éclairer la commission des Lois de la Chambre haute. Comme l’a repéré le site spécialisé Dalloz Actualité, ce rapport dévoile pour la première fois des statistiques précises, obtenues auprès du ministère de l’Intérieur et de l’IGPN, sur l’évolution de l’usage très controversé des LBD tant par les forces de police (tous services confondus) que par la gendarmerie.

      On y découvre notamment que le LBD, présenté par le gouvernement comme une arme non-létale classique destinée au maintien de l’ordre, n’avait jamais été employé à une telle fréquence par le passé. Déployés à grande échelle dans le cadre des manifestations de 2016 contre la loi Travail de la ministre de l’époque Myriam El Khomri, les tirs de LBD ont connu une accélération impressionnante en 2018, essentiellement lors du dernier trimestre de l’année, marqué par la crise des gilets jaunes.

      Comme vous pouvez le voir sur le tableau ci-dessus, le nombre de tirs effectué par les seuls services de police est passé de 3814 en 2014 à 6604 en 2016. Un chiffre multiplié par trois en 2018 avec pas moins de 19.071 tirs effectués par les différents services de police.

      S’appuyant sur des données de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui enquête sur les cas de violences policières liées notamment à l’usage des LBD, la sénatrice pointe que, sur la seule période de crise des gilets jaunes, allant du 17 novembre 2018 au 5 février 2018, la police a effectué 13.460 tirs tandis que la gendarmerie en réalisait près d’un millier. Soit plus des deux tiers du volume constaté pour la seule année 2018 en l’espace de trois mois.

      Jeudi dernier, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez avait évoqué devant le Sénat « 13.095 tirs de LBD depuis le début du mouvement », et 83 enquêtes en cours concernant des tirs de cette arme controversée.
      La police loin devant la gendarmerie

      Autre confirmation apportée par le rapport sénatorial, ce sont bien les services de police et non les gendarmes qui ont eu le plus recours à cette arme non-létale pendant les trois mois de crise. Deux explications sont mises en avant. La première concerne la géolocalisation des manifestations des gilets jaunes, qui ont eu lieu essentiellement en milieu urbain, terrain de prédilection des compagnies républicaines de sécurité.

      PRÉCISION : Ce point soulevé par la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio a fait réagir les forces de gendarmerie. Après publication de cet article, une source officielle a précisé au HuffPost que les gendarmes mobiles interviennent très régulièrement en renfort en zone police, comme ce fut le cas lors de la crise des gilets jaunes, avec un taux de mobilisation qui a parfois atteint les 100% certains samedi.

      Autre facteur décisif aux yeux de la sénatrice, l’immense majorité de ces tirs ont été le fait d’unités de police non spécialisées dans le maintien de l’ordre qui ont été déployées sur le terrain « à des fins judiciaires ou de renseignement ». Selon le rapport, ces unités seraient à l’origine de 85% des tirs effectués sur les trois derniers mois.

      La présence sur le terrain de ces unités avait été pointée du doigt par les détracteurs du LBD pour expliquer le caractère alarmant des blessures graves subies par certains manifestants après des tirs au visage, pourtant expressément bannis par le protocole officiel de la police nationale.

      Le rapport sénatorial n’établit pas toutefois de lien de causalité direct entre la nature des unités de police à l’origine des tirs et les blessures infligées. Il précise en revanche que ce recours « massif » aux LBD s’est accompagné d’une « augmentation du nombre de plaintes pour blessures », affichant le nombre de 56 plaintes déposées contre les seules forces de police, contre une seule pour la gendarmerie. En séance, la présidente du groupe CRCE, Eliane Assassi, avait avancé la semaine dernière les chiffres de « 206 blessures à la tête dont plusieurs dizaines liées à des tirs de LBD », et « 22 personnes éborgnées par ces tirs ».

      Si elle a rejeté la proposition de loi visant à interdire les LBD, la commission des Lois du Sénat a, sur la base de ce rapport, souligné dans la lignée de sa rapporteure la « nécessité de renforcer la formation continue des agents jugée aujourd’hui insatisfaisante pour garantir une parfaite maîtrise de cette arme ».

      https://www.huffingtonpost.fr/2019/03/11/les-tirs-de-lbd-face-aux-gilets-jaunes-ont-litteralement-explose_a_23689540/?ncid=other_huffpostre_pqylmel2bk8
      #statistiques #chiffres

    • J’apprends dans l’article de Libé ci-dessus, posté par @le_bougnoulosophe que le nouveau préfet Didier Lallement est à l’origine de la création des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS)

      Didier Leschi, aujourd’hui directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration tempère le portrait apocalyptique fait de son compère issu, comme lui, du « chevènementisme » : « C’est un excellent technicien, à la grande rigueur intellectuelle. Au plan administratif, il est plutôt réformateur. Son passage à la tête de l’administration pénitentiaire [où il fut le créateur des équipes régionales d’intervention et de sécurité –unité d’élite] a été salué par les syndicats, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. »

      ça a en effet le mérite d’être souligné

      Composées de surveillants de plusieurs prisons, les Equipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS) ont comme mission d’intervenir « cagoulés » dans les prisons pour effectuer des d’opérations « coups de poing » afin d’assurer la sécurité. Or, comme il fallait s’y attendre, des dérapages ont déjà commencé. Intervenant comme des commandos, entraînés et préparés psychologiquement à venir à bout de toute résistance, et couverts derrière l’anonymat, ils se sont livrés, depuis le mois de mai dernier, à des excès de zèle dans les quartiers d’isolement de trois prisons (Bois d’Arcy, Lannemezan et Clairvaux). Ils entrent à plusieurs dans la cellule (10 cagoulés contre un détenu, à Bois d’Arcy), les obligent à la fouille intégrale, et en cas de refus, ils les passent à tabac et, les tenant immobilisés, les forcent à la fouille intime. A Bois d’Arcy, les récalcitrants à la fouille à corps, ont également eu droit, après le passage à tabac, à un défilé de force, nus, dans les couloirs de la prison et en présence du personnel également féminin.

      http://prison.eu.org/article.php3?id_article=3240
      http://prison.eu.org/spip.php?rubrique638

      L’armement des opérateurs des ERIS comprend :

      le pistolet Glock 17 ;
      le fusil à pompe Remington 870 ;
      le fusil d’assaut HK G36 C ;
      Flash ball (lanceur de balle de défense (LBD)), et le Taser ;
      Grenades DBD (Dispositif Balistique de Désencerclement)
      https://www.sapl-sas.com
      Avec ce genre d’attirail ce n’est plus la force qui doit rester à la loi mais la loi imposé par la force.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Lallement

      #ERIS

  • #1083_km, et pas un de plus !

    #1083 km séparent les 2 villes les plus éloignées de l’hexagone : Menton au sud-est et Porspoder un petit village au nord de Brest. Depuis le début de l’aventure 1083, nous découvrons à quel point la disparition de filières entières dans l’industrie textile française est une puissante réalité.

    Songez qu’il y a 20 ans, Romans, capitale de la chaussure, rassemblait plus de 2 000 emplois dans ce secteur… contre 300 aujourd’hui.

    Grâce aux ateliers encore en place, nous avons éco-conçu à Romans les chaussures 1083 : des sneakers unisexes, urbaines, confortables, et résistantes grâce à leur semelle cousue.

    L’histoire du jeans en France est encore plus saisissante puisque malgré l’invention du denim, à Nimes, les jeans 1083 sont les premiers à être de nouveau entièrement teints, tissés et confectionnés en France !
    Ainsi, sur un prix de vente de 89 €, près de 86 € irriguent l’#économie_locale. Seul le coton biologique ne pousse pas en France, et les rivets et boutons viennent de voisins italiens faute de fabricant français.

    Trois ans après le lancement de 1083 grâce au financement participatif, vous avez commandé plus de 30 000 jeans et #chaussures, qui nous ont permis de créer 30 emplois en France. Mesurons ainsi le potentiel d’emplois des 88 millions de jeans et 360 millions de chaussures vendus chaque année en France…

    De Menton à Porspoder, faisons le choix de « #relookaliser », ça change tout !

    #Thomas_HURIEZ


    https://www.1083.fr

    #industrie_textile #made_in_France (100%) #France #textile #habillement #mode #jeans #c'est_possible #alternatives #développement_local

    https://www.youtube.com/watch?v=o8dLfGMLkTk

  • Après dix semaines de mobilisation, comment la police analyse le mouvement des « gilets jaunes »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/01/26/apres-dix-semaines-de-mobilisation-comment-la-police-analyse-le-mouvement-de

    Semaine après semaine, ils ont été au contact des « gilets jaunes », ils ont coordonné le maintien de l’ordre ou ils ont bénéficié des remontées d’information des services de renseignement : alors que l’acte XI de la protestation doit avoir lieu samedi 26 janvier, Le Monde a interrogé des policiers, des gendarmes, des préfets pour comprendre les tendances de fond qui structurent depuis novembre 2018 ce mouvement inédit.

    Au-delà des analyses sociologiques et des chiffres de la mobilisation – imprécis et épars par nature –, nous avons cherché à identifier les grands pôles géographiques du mouvement et les différentes logiques de rassemblement à l’œuvre sur le territoire. Nous avons croisé le regard de gardiens de la paix proches du terrain, d’officiers issus de la hiérarchie intermédiaire, ou de fonctionnaires aux plus hautes responsabilités. Seules les sources syndicales ont toutefois pu être citées nommément, devoir de réserve oblige.

    Deux mouvements parallèles : un la semaine, un le week-end

    De l’avis unanime de nombreuses sources, deux mobilisations parallèles coexistent un peu partout en France, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », le 17 novembre 2018 : la première, la semaine, sur les ronds-points, avec des revendications très sociales ; la seconde, chaque samedi, lors des manifestations, avec des mots d’ordre beaucoup plus antisystème.

    Néanmoins, la mobilisation en semaine, sur les ronds-points, symbole politique initial du mouvement, a fortement évolué ces dernières semaines. « La bascule a été constatée après les fêtes de Noël », précise un fonctionnaire. Les annonces du chef de l’Etat le 10 décembre sur le pouvoir d’achat ont satisfait une partie du mouvement. Les manifestants ont aussi, en parallèle, été progressivement évacués par les forces de l’ordre en raison du caractère illégal de leur occupation. La mobilisation s’est donc reportée sur les rassemblements du week-end, dans les villes.

    Un certain nombre de « gilets jaunes » ont par ailleurs quitté les ronds-points, mais sont allés occuper des terrains de collectivités locales ou de particuliers ayant décidé de les soutenir. Ces « points de fixation », comme les appellent désormais policiers et gendarmes, sont très éparpillés. Ils réunissent un petit nombre de personnes et demeurent essentiellement le fait d’individus en recherche de lien social, parmi lesquels de nombreux retraités, affirme un haut gradé.

    A Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), par exemple, vingt à trente « gilets jaunes » qui étaient les plus engagés se sont installés sur un terrain privé, à une centaine de mètres d’un rond-point d’accès à l’autoroute A51, qu’ils avaient occupé presque sans discontinuer du 17 novembre au 7 janvier, selon Guillaume Ryckewaert, secrétaire national du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). Des ronds-points ou des sorties d’autoroute sont encore occupés régulièrement dans le reste du département et il y a parfois des opérations « péage gratuit », à Peyruis et à Sisteron, avec dix ou vingt manifestants.

    Une protestation rurale qui s’est étendue aux villes petites et moyennes

    A l’origine, le mouvement des « gilets jaunes » part du monde rural. Faute de transports publics, la contestation de la hausse des taxes sur les carburants envisagée à l’automne par le gouvernement y a en effet trouvé un écho particulièrement fort. Mais, au fil des semaines, dans de nombreux départements, les forces de l’ordre ont constaté un report progressif de la mobilisation sur les petites et moyennes villes, avec une extension du conflit à des personnes issues du tissu périurbain.

    « De façon générale, la mobilisation parisienne a servi de prise de conscience, puis il y a eu un report sur la province », confirme un haut responsable de la sécurité intérieure.

    Dans l’Est, par exemple, les grandes villes, comme Besançon, Strasbourg, Metz, ou Reims, sont restées plutôt à l’écart de la crise des « gilets jaunes ». Des tensions sont bien progressivement apparues à Mulhouse. Mais elles sont restées très inférieures à ce qu’ont connu de plus petites villes comme Bar-le-Duc, Dole, Forbach et Thionville, dont certaines sont très paupérisées et marquées au fer rouge par la désindustrialisation. Charleville-Mézières en particulier, a été confrontée à plusieurs épisodes de violences urbaines. Cette montée des tensions tiendrait notamment aux effectifs de police et de gendarmerie. A l’exception de la Moselle, les départements de la région sont moins bien dotés pour faire face à des événements impromptus.

    Dans ce paysage, Nancy, qui est un grand pôle urbain, fait figure d’exception. Les violences ont débuté dès le 17 novembre 2018 et ont eu lieu ensuite chaque week-end. Le 22 décembre 2018, quelque 2 000 manifestants se sont rassemblés, et des fusées de clous et de billes ont été jetées sur les forces de l’ordre. Cette exception nancéienne pourrait s’expliquer par la position centrale de l’agglomération : une ville entourée de territoires plus enclavés, comme la Meuse ou les Vosges, d’où sont venus une partie des manifestants. Cette « régionalisation » du mouvement façon vases communicants a surtout été constatée dans l’Est à partir du 5 janvier.

    Beaucoup de régions ont aussi observé un afflux de manifestants qui avaient initialement pris l’habitude de venir à Paris. Des personnes motivées à l’idée d’agir désormais plus localement, ou contraintes financièrement. Ainsi les autorités ont constaté des niveaux de mobilisation baissant par endroits, tandis que d’autres villes ont pris le relais, comme Nantes ou Rennes, entrées dans le mouvement plus tardivement.

    Toulouse et Bordeaux : deux exceptions épicentres des violences

    Si, en région, les petites et moyennes villes concentrent désormais la mobilisation et les dérapages, deux métropoles échappent aujourd’hui à cette règle : Toulouse et Bordeaux. Les forces de l’ordre sont certes habituées à la « tradition contestataire » d’extrême gauche de la première. Toulouse attire, qui plus est, tous les manifestants des villes lui étant périphériques ainsi qu’un certain nombre de jeunes issus des quartiers sensibles comme le Mirail. Mais le niveau de violence qui se cristallise inquiète désormais au plus haut niveau. Chaque samedi, la mobilisation toulousaine se scinde généralement en deux, avec d’un côté l’action des « gilets jaunes » « classiques », et en deuxième rideau, un « sur-appel à manifester » de l’extrême gauche, qui se prolonge parfois très tard dans la nuit.
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    A Bordeaux, davantage connue pour son flegme bourgeois que pour ses éruptions de fureur, la récurrence des dégradations a davantage surpris les autorités. Le scénario se répète inlassablement chaque semaine depuis le 1er décembre. Le nombre de « gilets jaunes » ne faiblit pas et « pourrait continuer d’augmenter », anticipe même un haut gradé : ils étaient encore 4 000 pour l’acte X, samedi 19 janvier.

    Parmi les casseurs récurrents identifiés par la police, les plus actifs sont les groupes d’extrême gauche, antifascistes et black blocs. Les interpellations montrent que Bordeaux agit comme un aimant pour tout le Sud-Ouest. La plupart des manifestants ne sont pas bordelais et viennent plutôt des départements alentour : des Landes, de Dordogne, de Charente-Maritime, et même des Pyrénées-Atlantiques, à deux ou trois heures de voiture.

    « Chaque fois, c’est pareil, raconte un policier spécialisé dans le maintien de l’ordre en Gironde. Ils se regroupent, ils défilent, en passant par les quartiers les plus favorisés, et vers 17 heures, à la tombée de la nuit, les plus violents arrivent place Pey-Berland, où se situe la mairie. Ils font face aux forces de l’ordre et se mettent à tout dégrader. Ils s’attaquent à ce que représente la ville : un centre riche, entièrement rénové et un maire, Alain Juppé, qui a soutenu Macron. »

    Bordeaux, symbole parfait d’un affrontement de classes qui sous-tendrait le mouvement des « gilets jaunes » ? « L’exclusion, ces dernières années, des petites et moyennes classes sociales a contribué à un sentiment antibourgeois qui se caractérise de temps à autre par des réflexions faites aux habitants aisés du centre de l’agglomération », note un officier de police, pointant les loyers devenus inaccessibles pour les salaires moyens, notamment sous l’effet de l’arrivée, à l’été 2017, de la ligne à grande vitesse, qui place désormais la ville à seulement deux heures en train de Paris.

    Le Sud plus agité que le Nord

    Même si certains militants « gilets jaunes » s’y essayent, difficile d’établir une cartographie très précise du mouvement, aux yeux de nombreuses sources policières. Seule chose évidente : de façon globale, la mobilisation apparaît nettement plus forte dans le sud de la France qu’au nord. Ainsi serait en train de se former une sorte d’arc méditerranéen très virulent, allant des « contreforts pyrénéens à la vallée du Rhône », en passant par Tarbes, Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes et Avignon, résume Christophe Rouget, secrétaire général adjoint du SCSI.

    Une mobilisation parfois violente, qui peut passer inaperçue dans les médias, regrettent certains fonctionnaires. Comme à Nîmes, le 12 janvier, où se sont rassemblés tous les « gilets jaunes » d’Occitanie, soit plus de 1 250 manifestants dont 250 motards. Beaucoup de dégâts matériels ont été à déplorer, notamment sur des banques. C’est dans la région qu’a aussi eu lieu, dans la nuit du 18 au 19 décembre 2018, le spectaculaire incendie de la barrière de péage d’Agde-Bessan (Hérault) sur l’A9. Depuis, plus de 45 personnes ont été interpellées, 18 ont été mises en examen et 12 placées en détention provisoire.

    A l’inverse, le nord de la France, et plus précisément la région des Hauts-de-France, qui cumule sur le papier tous les indicateurs socio-économiques de précarité, apparaît plus en retrait du mouvement. Même si la mobilisation n’y est pas absente – des rassemblements ont lieu régulièrement à Calais (Pas-de-Calais), Laon ou Soissons (Aisne) – « le Nord bouge moins que ce que l’on pouvait imaginer, il y a une forme de “paradoxe” du Nord », confirme David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). « A Amiens, il y a eu deux ou trois manifestations dures, mais depuis, c’est le retour à la normale. »

    Le calme de Roubaix apparaît aussi comme une curiosité à de nombreux observateurs. Ils n’étaient qu’une quinzaine de « gilets jaunes », le 1er décembre, pour leur premier rassemblement… Deux hypothèses pourraient expliquer ce constat, aux yeux d’un cadre des services de renseignement. D’abord le fait que le département du Nord soit globalement assez urbain. Seconde explication possible selon lui : la précarité y est telle que les aides sociales peuvent jouer un rôle d’amortisseur. Le mouvement des « gilets jaunes » demeure majoritairement le fait d’actifs issus de la classe moyenne inférieure.

    Une mobilisation qui demeure très « sporadique »

    S’il donne l’impression d’une grande continuité depuis le début, le mouvement des « gilets jaunes » se traduit localement par un aspect très sporadique et une forte éruptivité. Certaines villes sont ainsi apparues dans les radars des autorités, avec parfois de soudains pics de violences, comme à Saint-Etienne, puis ont disparu, sans véritables explications. A l’ouest, des villes comme Tours, Le Mans, Caen ou Quimper font parler d’elles seulement depuis peu.

    Au Puy-en-Velay, l’attaque de la préfecture le 1er décembre a ainsi laissé de profondes traces. « On ne comprend toujours pas ce qu’il s’est passé, raconte un officier de police local. On s’était préparé pour du maintien de l’ordre, mais on a eu une scène de guérilla urbaine. Et en face de nous, on avait nos voisins ! Il y avait quelques mecs d’extrême gauche et d’extrême droite, mais c’était surtout des quidams, des gens modestes venus de la campagne environnante. Il y a eu un effet de meute, un peu d’alcool aussi sans doute, mais ça ne justifie pas tout. »

    La ville, qui a reçu des renforts en gendarmerie mobile importants par la suite, n’a plus connu de tels épisodes depuis. Les manifestants n’étaient plus que 200 à 300 pour l’acte X, le 19 janvier, alors qu’ils étaient 4 000 le 1er décembre 2018. Les groupuscules des extrêmes se sont eux déplacés dans d’autres villes. « Dans cette région où on a besoin de la voiture pour vivre, la revendication sur les carburants était légitime, mais maintenant il y a une lassitude, sans compter les dégâts économiques pour les commerçants », explique ce policier.
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    L’ultragauche et l’ultradroite, plus aiguillons que moteurs

    Depuis le début du mouvement, les groupes d’ultragauche et d’ultradroite sont visibles dans la plupart des rassemblements qui dégénèrent. Parfois, ils s’affrontent aussi entre eux. Le matin du 1er décembre, jour de l’apogée des violences à Paris, des militants d’extrême droite ont ainsi été vus en train de monter une barricade dans une avenue voisine de l’Arc de triomphe, tandis que des profils identifiés à l’extrême gauche tenaient le pavé sur le terre-plein central. Au fil des week-ends, ces individus se sont toutefois éparpillés sur le territoire, notamment à Nantes, Toulouse et Dijon – où existe un foyer anarchiste historique.

    A Rennes, ville habituée aux soubresauts avec un fort noyau d’extrême gauche, le mouvement des « gilets jaunes » s’est ainsi déroulé dans le calme, les premiers temps. « Ça ne s’est radicalisé que depuis quinze jours, constate David Leveau, secrétaire régional Unité SGP Police FO, l’un des principaux syndicats de gardien de la paix. On a vu ressortir les nids d’ultragauche et les black blocs, alors qu’ils ne se mêlaient pas aux “gilets jaunes” au début. » Les revendications liées au prix des carburants ne correspondaient pas à leur logiciel idéologique, note une source policière haut placée, qui estime que leur ralliement au mouvement est un effet d’opportunité.

    Une évolution sur le terrain dont témoigne aussi un policier de la brigade anticriminalité (BAC) : « Au départ, pendant les premiers samedis, c’était plutôt calme, on avait des contacts avec les manifestants, il y avait même un dialogue : ça nous a surpris vu le climat habituel à Rennes. Mais, maintenant, il y a une montée en puissance de la violence, avec des groupes d’extrême gauche virulents qui profitent de ça pour foutre le bordel. Ils viennent au contact, caillassent et vont se réfugier dans la foule en mettant des gilets jaunes. »

    Une radicalisation préoccupante d’une partie des manifestants

    La polémique sur les violences policières et l’usage du lanceur de balle de défense 40 mm (LBD 40) a également accentué les heurts sur le terrain, témoigne le même policier de la BAC à Rennes : « La violence augmente contre nous parce qu’il y a eu des blessés graves. Il y a beaucoup de “gilets jaunes” qui ont l’impression de ne pas être entendus ou d’être victimes d’interventions policières qu’ils ont du mal à comprendre. Alors ils s’en prennent à des organismes représentant l’Etat, à l’immobilier qui incarne la richesse ou à l’institution police. »
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    Une contestation de l’action des forces de l’ordre qui touche l’ensemble du pays, même dans les zones n’ayant eu à déplorer aucune violence, ni d’un côté ni de l’autre. En Ardèche, par exemple – « où aucune grenade lacrymogène n’a été tirée depuis le début du mouvement », d’après une source policière –, le mouvement, principalement animé par des retraités, s’est durci, rapporte un gardien de la paix présent sur les ronds-points. « Au début, on discutait avec eux. Je me souviens d’une femme âgée à qui j’ai parlé pendant près de deux heures un samedi. Je la recroise un mois plus tard, elle ne me reconnaît pas, et elle se met à m’insulter de tous les noms… »

    David Le Bars, patron du SCPN, le principal syndicat des commissaires, regrette aussi « cette espèce d’accoutumance à la violence verbale » ainsi que « le développement d’une rancœur nourrie d’une semaine sur l’autre dans l’affrontement avec les policiers ». « Beaucoup de violences physiques sont commises par des gens lambda », note un cadre des services de renseignement, qui estime cependant que ceux qui sont le plus actifs aujourd’hui étaient déjà souvent dans une forme de radicalité avant le début du mouvement, avec, par exemple dans le Sud, des pratiques issues des mouvements agricoles ou viticoles.

    Les autorités craignent par-dessus tout que cette radicalisation n’aboutisse à des dérapages fatals. L’interpellation d’un « gilet jaune » équipé d’un pistolet chargé, mercredi 23 janvier, à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), et la découverte chez lui d’un arsenal d’armes ont réactivé la peur d’un passage à l’acte grave.

    Des tentatives de récupération politique mais pas de lien direct avec le vote RN ou LFI

    Le mouvement des « gilets jaunes » est, depuis ses débuts, l’objet de diverses tentatives de récupération politique. Qu’elles soient locales ou le fait de responsables nationaux. Un certain nombre de mots d’ordre du mouvement sont en effet en adéquation avec les thèses de La France insoumise (LFI) ou du Rassemblement national (RN). « Certains militants sont clairement là pour encourager la mobilisation, mais les “gilets jaunes” restent majoritairement un mouvement de citoyens, rappelle un haut fonctionnaire. Ce n’est ni l’ultradroite ni l’ultragauche qui structurent le mouvement. »

    Dans le Sud, il a par exemple été constaté à plusieurs reprises sur des ronds-points que des personnes venant de bords politiques très opposés (RN et LFI) discutaient ensemble sans aucune difficulté, le tout en débattant de leur vote lors du scrutin présidentiel. Un constat qui fait dire aux forces de l’ordre ayant pu assister à ces échanges que les raisons les unissant étaient bien supérieures à leurs divisions politiques.

    Dans certaines régions, récemment, les choses sont certes allées plus loin, avec des tentatives ponctuelles de « phagocytage » du mouvement par des représentants syndicaux ou issus de LFI. Mais celles-ci ont surtout contribué à attiser les tensions et à diviser la mobilisation, estime un commissaire de police parisien qui a travaillé à centraliser les nombreuses informations venant de ses collègues sur le terrain.

    De même, la carte de France du vote RN ou LFI ne se superpose pas clairement avec le mouvement des « gilets jaunes », estiment la plupart des observateurs. La seule zone où cet emboîtement apparaît très visible concerne l’arc méditerranéen, ainsi que Bordeaux, où de nombreux manifestants viennent chaque week-end du Médoc voisin : un territoire très marqué par le vote RN.

    Ce constat général n’empêche pas de trouver des concordances à l’échelle locale. Dans le Pas-de-Calais, début décembre, La Voix du Nord a ainsi réussi à rapprocher la carte des votes RN et LFI au premier tour de l’élection présidentielle 2017 avec celle des rassemblements de « gilets jaunes » dans le département. Aucun systématisme ne se dégageait pour autant.
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    Un mouvement citoyen qui cherche à se structurer politiquement pour durer

    Le mouvement des « gilets jaunes » a compris, avec l’hiver, les vacances scolaires, et les annonces du chef de l’Etat début décembre, qu’il devait s’organiser s’il comptait durer et obtenir plus. D’où son rapprochement récent, par exemple, avec les milieux syndicaux et l’appel à la grève générale, le 5 février, de la CGT. « On est passé d’une logique de sincérité à un besoin de fédération politique, abonde un cadre de la sécurité intérieure. Il ne faut toutefois pas forcément voir dans la structuration actuelle quelque chose d’organisé politiquement. »

    Il y a surtout un besoin « d’auto-justification » du mouvement, selon ce fonctionnaire. Celle-ci passerait aujourd’hui par le besoin de fédérer les rancœurs autour de « personnalités politiques », telles que le président Emmanuel Macron ou le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Cette nécessité de resserrer les rangs passerait aussi par l’utilisation de la « victimisation », avec un vecteur tout trouvé : les violences policières. Cette « deuxième phase » du mouvement s’appuie enfin beaucoup sur le soutien affiché de l’opinion. Un soutien qui risque de s’effriter mais va sans doute durer sur le long terme, estime un haut responsable de la gendarmerie.

    Une mobilisation très dépendante du charisme des leaders locaux

    Si quelques profils ont crevé l’écran au niveau national, comme Eric Drouet, Maxime Nicolle ou Priscillia Ludosky, ou encore Ingrid Levavasseur, notamment par le biais des réseaux sociaux, le mouvement des « gilets jaunes » doit également sa réussite à l’émergence, parfois éphémère, de leaders ultra-locaux.

    « Souvent, un abcès de fixation prend parce qu’il y a une ou deux personnes qui agrègent les autres et prennent de manière implicite la tête du dispositif », témoigne un policier chargé de dégager des ronds-points.

    Quand l’un de ces chefs de file disparaît, le noyau se disloque en général assez rapidement. Ce cas de figure s’est présenté récemment à Béziers (Hérault), autour de la figure d’une femme. « Depuis son interpellation et sa condamnation à une forte peine de prison avec sursis, il y a un gros flottement sur le secteur », décrypte M. Ryckewaert, du SCSI.

    Mais si certains policiers constatent un étiolement de ce type de blocages, d’autres estiment qu’après avoir atteint son étiage, la mobilisation des « gilets jaunes » est partie pour durer. Un enkystement et une détermination que le lancement du grand débat national par M. Macron ne semble pas encore avoir entamés. « C’est une grande séance de thérapie collective ce débat, c’est bien, mais quand les gens vont se rendre compte à la fin qu’ils ne sont toujours pas soignés, il va y avoir de la frustration », prédit une source policière de haut rang. Si le mouvement des « gilets jaunes » passe l’hiver et notamment la période actuelle de grand froid, les autorités craignent qu’il bourgeonne de plus belle au printemps.

    #maintien_de_l'ordre

  • Gilets Jaunes : la mobilisation reprend de l’ampleur
    https://www.latribune.fr/economie/france/gilets-jaunes-la-mobilisation-reprend-de-l-ampleur-803631.html

    Près de 84.000 Gilets Jaunes ont défilé ce samedi pour le 9ème Acte de leur mouvement de protestation contre la politique du gouvernement. Samedi dernier, ils n’étaient que 50.000 manifestants. Des heurts ont éclaté un peu partout en France.
    Environ 84.000 personnes ont manifesté samedi dans le cadre de l’acte 9 des « gilets jaunes », contre 50.000 la semaine dernière, a annoncé le ministère de l’Intérieur, qui a également fait état de 244 interpellations sur l’ensemble du territoire.

    A Paris, où près de 5.000 membres des forces de l’ordre ont été mobilisées, 8.000 personnes ont défilé « dans le calme » et « sans incident grave signalé », selon le ministère de l’Intérieur.

    « Tout au long de la semaine, j’avais appelé à la fin des violences. Je note qu’aujourd’hui, à Paris, la responsabilité l’a emporté sur la tentation de l’affrontement. Place maintenant au grand débat national, qui va s’ouvrir mardi, et qui doit pouvoir se dérouler dans un climat serein et constructif », a affirmé le ministre Christophe Castaner dans une déclaration transmise à l’AFP.

    Sur l’ensemble du territoire, les forces de l’ordre ont procédé à 244 interpellations qui ont donné lieu à 201 gardes à vue, selon la place Beauvau.

    Celle-ci note toutefois qu"’à nouveau, il y a eu - et il y a encore à l’heure actuelle - dans certaines villes, des tensions, des dégradations et des affrontements".

    Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté dans plusieurs villes en régions comme Nîmes, Nantes, Rouen, Caen ou encore Saint-Brieuc.

    Tout au long de la semaine, les autorités ont pronostiqué une mobilisation en hausse et ont alerté sur des risques de débordements à Paris comme en province. Le gouvernement a multiplié les mises en garde promettant une réponse musclée d"’ultra-fermeté" face à « l’ultra-violence ».

    Quelque 80.000 membres des forces de l’ordre ont été mobilisées sur l’ensemble du territoire.

  • Gilets jaunes : éclats de grenades, brûlures, membres arrachés… retour sur 82 blessures graves - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/01/11/gilets-jaunes-eclats-de-grenades-brulures-membres-arraches-retour-sur-82-

    Ils s’appellent Patrick, Franck, Cédric, Ayhan ou Fiorina. Leur nom, les photos de leur visage et surtout leurs mutilations sont connus des gilets jaunes. Avec des dizaines d’autres blessés, ils font partie du « mur de la honte », une liste partagée massivement sur Facebook, dans de nombreux groupes de soutien au mouvement. Parce qu’il est arrivé que, parfois, des clichés de blessés antérieurs au mouvement se glissent dans les diaporamas des victimes, Libération a analysé des centaines de photographies, de vidéos et de déclarations afin d’en détacher une liste, non exhaustive, de 82 manifestants blessés gravement - et d’une femme morte à cause d’une grenade lacrymogène.

    Blessures retenues : les membres arrachés, les organes ayant perdu leur fonction principale, les os fracturés, les pieds et jambes incrustés de bouts de grenades, les brûlures graves, mais aussi toutes plaies ouvertes au niveau de la tête. Ainsi, les hématomes, parfois exceptionnellement vastes, causés par des tirs de lanceur de balles de défense (LBD) ou des coups de matraques n’ont pas été comptabilisés. Enfin, nous n’avons gardé que les cas où nous pouvions identifier la victime, soit par son prénom ou parce que nous avions suffisamment d’images d’elle.

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    De ces 82 blessés graves, dont l’âge varie entre 15 et 80 ans, on remarque que la très grande majorité sont des hommes. Dix femmes, toutes touchées à la tête, ont été recensées. Parmi elles, on compte Zineb, l’octogénaire morte, ainsi que Fiorina, une étudiante de 20 ans éborgnée par un tir de lanceur de balles de défense (LBD), selon ses proches, en plein visage. Cette arme - fortement critiquée pour les dégâts qu’elle peut causer et dont le Défenseur des droits, Jacques Toubon, préconise l’interdiction pour le maintien de l’ordre - est celle à l’origine des coupures et fractures de quelque 60 victimes.

    Le ministère de l’Intérieur, de son côté, a été incapable de donner un nombre précis et circonstancié des blessés. Estimant qu’ils étaient, au lendemain de l’acte VIII, « une cinquantaine » de manifestants blessés gravement. Son porte-parole justifie cette indistinction par le caractère évolutif de la gravité. « Parfois les pompiers vont catégoriser une personne en urgence absolue mais elle sera finalement traitée, après diagnostic, comme une urgence relative », explique Beauvau, avant d’énumérer de manière générale « environ 1 700 blessés du côté des manifestants et environ 1 000 pour les forces de l’ordre ».

    Concernant le nombre de morts, le ministère rappelle que 11 personnes ont été tuées pendant le mouvement des gilets jaunes : à l’exception de l’octogénaire touchée par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets pendant une manifestation à Marseille, les autres victimes ont été renversées à proximité des ronds-points.
    « Mur de la honte »

    Si la liste du « mur de la honte » ainsi qu’une photo compilant une vingtaine de blessés avec leurs prénoms font partie des sources les plus partagées sur les réseaux sociaux au sujet des gilets jaunes, il s’avère que leurs auteurs ne sont pas directement liés au mouvement. A l’origine de cette liste, on trouve ainsi le site Désarmons-les, un collectif « contre les violences d’Etat » actif depuis 2012. A la veille des manifestations de ce samedi, son recensement comptait 81 blessés.

    Pour notre recensement, nous nous sommes appuyés sur leur liste et leurs photos, ainsi que sur les nombreux signalements du journaliste David Dufresne sur Twitter, afin de reconnaître les victimes, identifiant parfois plusieurs photos d’une seule et même personne, comme Thomas, un étudiant originaire de Nîmes, dont les différents clichés à divers moments de ses pansements pouvaient laisser penser qu’il s’agissait de plusieurs personnes. Lors de nos vérifications, il nous est aussi arrivé de ne pas trouver traces de certaines victimes sur les réseaux sociaux. Résultat : elles ne font pas partie de notre décompte.

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    Contacté par Libération, Ian, un des membres fondateurs de cet observatoire des violences policières, explique la genèse de cette liste de blessures « sans précédent », créée « dans les jours qui ont suivi la manifestation du 24 novembre », alors que Jérôme, avec qui l’association va entrer en contact, a perdu un œil. Pour établir ce recensement, le collectif compte sur plusieurs éléments : sa participation aux manifestations, principalement à Paris, une veille des réseaux sociaux, ainsi que des contacts d’avocats ou de street medics (soignants volontaires dans les manifestations) dans plusieurs villes de France.

    A ceux-là s’ajoutent des témoignages directs de victimes ou de leurs proches, que Désarmons-les vérifie. En effet, toutes les victimes ne figurent pas dans ce recensement non exhaustif, explique Ian : « S’il n’y a qu’une photo, on n’en fait rien. Soit on retrouve la personne et on la contacte. Soit la personne ou ses proches se manifestent et on vérifie auprès d’eux, en leur demandant de nous fournir des preuves de leur récit. Comme on bosse avec des medics, on sait distinguer si une blessure a été causée par une grenade ou un lanceur de balles de défense. » Le collectif ne compte pas les bleus ou les blessures légères.
    « 200 signalements »

    Priorisant la gravité des blessures comme critère pour ce décompte, Libération n’a pour l’instant pas noté toutes les intentions de plaintes qui devraient être déposées pour ces 82 blessés. Au micro de la matinale de France Inter, Eric Morvan, le patron de la Direction générale de la police nationale, indiquait vendredi que « l’IGPN a reçu sur sa plateforme 200 signalements et elle est aujourd’hui saisie par l’autorité judiciaire de 78 dossiers ».

    Une procédure qui n’est pas toujours envisagée par les victimes. A l’image d’Alexandre, coupé au-dessous de l’œil par un projectile lancé par la police en fin de manifestation à Lyon samedi dernier. « J’y ai pensé, mais si je le fais, je pense que je passerai par un avocat. Je n’ai pas envie de me retrouver face à quelqu’un qui ne prendra pas ma plainte », confie-t-il à Libération. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’être assis face à un policier pour signaler un abus à la police des polices. « On a une plateforme en ligne de l’IGPN, où tout citoyen peut faire un signalement », rappelle Beauvau.

    #maintien_de_l'ordre

  • Ces suicides à répétition que la SNCF ne veut pas voir
    https://www.mediapart.fr/journal/france/100119/ces-suicides-repetition-que-la-sncf-ne-veut-pas-voir

    Chercheurs, professionnels de santé, syndicats, cheminotes et cheminots ont tiré maintes fois l’alarme, pour obliger l’entreprise à se regarder en face. La #SNCF a encore connu en 2018 une série de #suicides qui interrogent sur la profonde mutation que vit le groupe ferroviaire public. Pour nombre d’agents, il s’agit d’un changement à « marche forcée ».

    Le 21 mai 2018, Julien Pieraut, cheminot de 26 ans, se jette sous un train. Le 5 octobre, un cadre âgé de 51 ans se lance du sixième étage d’une tour SNCF, à Lyon. À Nîmes, le même mois, une agente tente de mettre fin à ses jours, depuis le troisième étage de son lieu de #travail. Le 16 octobre, un cheminot de 35 ans se jette à son tour sous le TGV du matin, le premier à partir de la gare de Marseille-Saint-Charles pour relier Paris. Il y a un an, un cadre s’était déjà suicidé à Marseille, provoquant un émoi énorme dans l’établissement. Et le 21 novembre dernier, un conducteur de Charleville-Mézières meurt en se plaçant devant un train, au tout petit matin.

    Le décompte est macabre, mais partiel. Pour établir cette liste de suicides récents à la SNCF, Mediapart a dû additionner des alertes syndicales qui lui sont parvenues, des brèves à la rubrique faits divers dans les journaux régionaux, ou encore des cas évoqués spontanément au cours d’entretiens.

    Les suicides se sont multipliés ces dernières années à la SNCF, sur les « emprises ferroviaires ». © Reuters Les suicides se sont multipliés ces dernières années à la SNCF, sur les « emprises ferroviaires ». © Reuters

    Pour l’année 2017, le syndicat CGT, majoritaire dans l’entreprise, avait estimé à 57 le nombre de suicides d’agents sur les « emprises ferroviaires » (les voies, gares et bureaux de l’entreprise). Un chiffre qui correspond à peu près aux relevés de Sud Rail (3e force syndicale), qui estime qu’une cinquantaine de suicides de cheminots sont commis chaque année à la SNCF.

    Au plus fort de la crise qu’a traversée France Télécom, autre géant public privatisé au début des années 2000 dans un processus proche de celui que vit aujourd’hui la SNCF, une soixantaine de salariés se sont donné la mort entre 2006 et 2009. « Nous sommes nombreux à nous poser la question, confie un conducteur de train à Charleville-Mézières. Pourquoi on ne parle pas de ça chez nous ? » De nombreux chercheurs, professionnels de santé, auteurs de rapports, ont pourtant tiré la sonnette d’alarme, à l’extérieur et à l’intérieur de l’entreprise, comme l’a établi Mediapart durant cette enquête. Sans pour autant provoquer l’électrochoc désiré.

    La SNCF refuse de communiquer un quelconque chiffre sur le sujet, préférant mettre en garde le média qui l’interroge, citant l’Organisation mondiale de la santé, qui avertit les journaux quant au « risque d’imitation » (voir le détail en boîte noire) : « Sans vouloir en aucune manière empiéter sur votre légitime et nécessaire liberté de journaliste (…), nous a répondu la direction, il existe une responsabilité certaine pour les professionnels des médias à faire preuve de prudence pour trouver, au moment de traiter du suicide, un juste équilibre entre des impératifs tels que le “droit du public à l’information” et le risque d’imitation. » En 2009, Didier Lombard, PDG de France Télécom, avait qualifié les drames à répétition qui se jouaient dans son entreprise de « mode », avant de s’excuser.

    En interne, la direction de la SNCF fait preuve de la même réserve. En 2011, elle avait accepté après moult demandes de communiquer aux syndicats ses chiffres des années précédentes : officiellement, il y a donc eu trois cas de suicide en 2007, deux cas en 2008 dont un sur les emprises, sept cas en 2009 dont deux dans les emprises. Le décompte s’emballe ensuite : 19 cas en 2010, dont quatre sur le territoire SNCF, et neuf suicides d’agents pour le premier semestre 2011.

    Cette année-là, et sans explication à propos de l’augmentation particulièrement significative à partir de 2010, la direction referme le couvercle sur son recensement et refuse depuis de communiquer ses chiffres. En 2013, le PDG Guillaume Pepy, en poste depuis 2008, directement interpellé sur le risque suicidaire chez les agents, donne sa version de ce silence dans un courrier adressé aux syndicats, qui réclament des informations plus complètes : « La médiatisation que vous cherchez à donner systématiquement à ces drames constitue pour eux [pour les familles et les proches – ndlr] une épreuve supplémentaire que vous pourriez leur épargner. »

    Jean-René Délépine, administrateur de SNCF Réseau sous les couleurs de Sud Rail, n’en démord pas. « En conseil d’administration, nous avons posé maintes fois la question, sans préjuger évidemment de la responsabilité du travail dans tous les cas de suicide. Mais simplement, combien y en a-t-il ? Si nos chiffres sont faux, corrigez-nous ! La direction refuse de répondre. »

    Comment procèdent alors les syndicats ? En s’appuyant sur les communications internes, les signalements des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) disséminés à travers la France, et même, le cas échéant, sur des articles dans la presse locale. L’information consentie aux 150 000 cheminots est cependant traitée avec plus ou moins de rigueur selon les lieux des passages à l’acte, ce qui complique singulièrement la tâche.

    Les syndicats eux-mêmes, bien souvent, ne sont pas très à l’aise avec la question. « Il y a ce cadenas extraordinaire de la SNCF, mais aussi des postures syndicales, les difficultés personnelles des militants, des compétences aussi, qui font qu’on n’arrive pas à faire décoller cette histoire de suicides ni à se la réapproprier collectivement », estime Jean-René Délépine. « Les syndicats, les militants qui vivent ces situations sont traditionnellement formés à la lutte collective contre les patrons, pas forcément pour être à l’écoute de la souffrance personnelle d’un collègue », rappelle Vincent de Gaulejac, sociologue, auteur entre autres du livre Travail, les raisons de la colère.

    Concernant le suicide de Laurent, le 21 novembre à Charleville-Mézières, les syndicats estiment que la SNCF a fait correctement son travail : « Nous avons été avertis, ils ont même permis aux agents qui travaillaient d’aller aux funérailles », explique Sud Rail à Reims. A contrario, « le 16 octobre 2018, à Marseille, la SNCF n’a carrément pas communiqué du tout sur le suicide de notre collègue de l’équipement, raconte François Tejedor, secrétaire général des cheminots CGT en Paca. La direction aurait normalement dû mettre en place une cellule de crise, au moins pour ses proches collègues qui travaillaient avec lui. On ne sait même pas si sa famille a été reçue… Il y a beaucoup de zones d’ombre. » D’après nos informations, une enquête interne a bien été ouverte, mais à Paris, sans le concours des élus locaux.

    Selon une psychologue de la SNCF (la société possède son propre service de santé au travail), qui témoigne sous le couvert de l’anonymat, l’estimation de cinquante suicides par an correspond peu ou prou à ses observations au contact des agents. « J’entends parler de suicide ou de tentative de suicide quatre ou cinq fois par mois. Mais il y a un déni général de ce sujet par tous les dirigeants. On ne compte plus, c’est disséminé, du coup on reste dans le flou et ça arrange tout le monde. »

    Michel Lejoyeux, professeur en psychiatrie à l’hôpital Bichat à Paris, est détaché un jour par semaine à la direction de la cellule psychopathologique à la SNCF. Lorsque nous l’interrogeons, début novembre 2018, il ne sait pas que deux suicides mortels et une tentative de suicide ont eu lieu dans l’entreprise au cours du mois écoulé. « Je comprends votre surprise, mais notre objectif c’est d’être dans la prévention, dans le repérage de pathologie psychiatrique, argumente le médecin. Le nombre de suicides est un indicateur, mais cet indicateur, je ne l’ai pas aujourd’hui. »

    Au-delà du décompte, la responsabilité du travail, de son organisation et du management de la SNCF dans ces passages à l’acte semble taboue. Joël et Valérie Pieraut, respectivement le père et la belle-mère de Julien, décédé en mai 2018, en font les frais. Ils s’indignent du peu de réponses qu’ils obtiennent de l’entreprise ferroviaire, au sujet de la mort de leur fils, cheminot pendant huit ans.

    La délibération sur l’ouverture d’une enquête CHSCT, après le suicide de Julien, signée par les élus syndicaux comme la direction, mentionne explicitement que « le rapport d’enquête pourra être transmis à la famille de Julien Pieraut si celle-ci en fait la demande ». Les ressources humaines du technicentre est-européen en Île-de-France, où travaillait Julien, refusent désormais de communiquer les éléments de l’enquête « en dehors de l’entreprise ». Ils ont néanmoins proposé aux parents de venir consulter le rapport dans leurs bureaux, ce que la famille a refusé, s’en tenant à la promesse initiale.

    « Quand je m’adressais par mail au directeur des ressources humaines, pour connaître les horaires de Julien la semaine du suicide par exemple, j’avais une réaction rapide, très gentille. Mais depuis que l’on insiste lourdement pour avoir ce rapport, c’est silence radio », raconte Valérie Pieraut, la belle-mère de Julien. La demande de reconnaissance de la famille en accident du travail, faite auprès de la caisse de prévoyance et de retraite du personnel SNCF, a été rejetée, sans justification. La famille a déposé un recours.

    Si sa famille concède des difficultés personnelles et amoureuses, elle pointe aussi l’intense souffrance au travail que vivait Julien et, par ricochet, la peine immense de sa famille aujourd’hui. Le jeune homme, « un mec tout gentil, timide même, qui ne faisait pas beaucoup de bruit », selon ses collègues, endurait près de trois heures de transport quotidiennement pour relier Chauny, dans l’Aisne, et Pantin, en Seine-Saint-Denis. Toutes ses demandes de mutation ont été refusées, tout comme ses demandes de logement en région parisienne, afin de se rapprocher de son poste de travail.

    Quelques mois avant sa mort, la direction lui impose le passage en 3 × 8, des horaires décalés en plus des week-ends d’astreinte, ce qui désole le jeune homme. « Il disait qu’il n’en pouvait plus, il a développé une telle phobie des transports qu’il a fallu un jour aller le chercher à Compiègne, il n’était plus capable de rouler jusqu’à Paris nord, détaille sa belle-mère. Je l’ai déjà vu vomir au cours d’un trajet. »

    Suivi par un psychiatre depuis juillet 2017, Julien a vu ses arrêts maladie se multiplier, et grever ses fiches de paye. « J’ai su que la SNCF lui faisait des salaires à trois chiffres seulement, c’est inhumain… Même dans le privé on ne fait pas ça », tonne son père, ancien cadre. Plusieurs salariés ont confirmé à Mediapart le contrôle très assidu que la sécurité sociale de la SNCF maintient sur ses agents en arrêt de travail. « Jusque très récemment, même pour une gastro, on avait une visite… », explique un salarié.

    Julien Pieraut a confié à ses proches qu’il souhaitait quitter l’entreprise, et avait même commencé à préparer son CV. Le 21 mai, jour de la Pentecôte, il se lève pour aller au travail, s’arrête au passage à niveau de Condren, gare sa voiture et se couche face contre terre. « Je ne veux pas qu’il parte comme ça et qu’on l’oublie, souligne son père, très meurtri. Si nous n’arrivons pas à avoir ce rapport, automatiquement il y aura un dépôt de plainte au procureur. Et si le rapport est alarmant, il y aura une suite. Nous pensons aussi à ses collègues, il ne faut plus que ces choses-là arrivent. »

    La direction tient dur comme fer à l’idée qu’un suicide ayant des causes multiples, tout autant personnelles que professionnelles, il est donc quasiment impossible de faire le tri. Guillaume Pepy, en 2013, présente dans le courrier aux syndicats évoqué plus haut ce qui semble effectivement être la doctrine de l’entreprise : « Cette question du lien entre le travail et les démarches suicidaires est extrêmement délicate car de tels actes résultent d’un faisceau de causes entremêlées, où vie personnelle et vie professionnelle se confondent. » Pour la direction, « il n’y a une seule et unique donnée indiscutable, pour qu’un suicide soit effectivement considéré en lien avec l’environnement de travail : son classement en “accident du travail” par la caisse d’assurance maladie des cheminots après enquête demandée par l’officier de police judiciaire ou la famille ».

    L’assurance maladie, la caisse des salariés au régime général, reconnaît entre dix et trente cas de suicides en accident du travail en moyenne chaque année. Mais la SNCF dispose de sa propre caisse pour son personnel. La direction ne nous a pas répondu sur ce point précis, mais les syndicats estiment que moins d’une dizaine de suicides ont été reconnus comme accident du travail par la caisse de prévoyance et de retraite (CPR) depuis une dizaine d’années. « À chaque fois, c’est un parcours du combattant : la CPR refuse le classement sans dire pourquoi, nous sommes obligés de multiplier les recours pour finalement aboutir devant le tribunal des affaires sociales, détaille Jean-René Délépine. Mais quand l’agent est décédé et que l’on traite avec la famille, ce n’est pas évident, elle est vite découragée, en pleine période de deuil, et c’est aussi très lourd à porter pour les militants syndicaux qui les accompagnent. Cette technique de refus systématique porte donc ses fruits. »

    Nathalie Bonnet, cheminote, siégeait jusqu’au mois de novembre 2018 au sein du conseil d’administration paritaire de la CPR, au nom de Sud Rail, à Marseille. Au sein de ce conseil, chargé de trancher les litiges, la direction a une voix prépondérante si aucun accord n’est trouvé en première instance. « Les refus sont quasi systématiques, tout comme pour les cas de dépression ou de harcèlement moral. »

    Didier Fontaine, qui a lui aussi longtemps siégé à la CPR, fait le même diagnostic. « La direction considère qu’elle ne peut reconnaître un accident de travail ou de trajet que s’il y a des témoins. Pour les suicides, c’est évidemment problématique, même si le faisceau de témoignages pourrait inverser la tendance et que le suicide a eu lieu sur le lieu de travail. » De fait, l’un des rares cas à avoir été reconnus ces dernières années concerne un cheminot de la SUGE (service de la sûreté ferroviaire), qui s’est suicidé en utilisant son arme de service.

    En septembre 2017, une collègue de Sébastien Chatillon s’est allongée sur les rails du chemin de fer, dans une gare de Seine-et-Marne. « J’ai été appelé deux heures après les faits par la direction, se rappelle le syndicaliste, on nous a dit immédiatement que c’était un chagrin d’amour. J’ai trouvé ça curieux de l’annoncer tel quel, si vite. L’enquête du CHSCT a été bloquée par la direction. La demande de reconnaissance en accident de trajet a été rejetée par la Caisse de prévoyance et de retraite (CPR). La famille n’a pas fait les démarches, ça s’est arrêté là. » Et pourtant, des liens de « causalités » avec le travail, estime Sébastien Chatillon, auraient pu être examinés : « Nous venions de subir l’une des plus grosses restructurations qu’on ait connue, son poste avait changé d’horaire, cela nous semblait légitime de mener une enquête correcte pour savoir ce qui pouvait avoir un rapport avec le travail. »

    En 2009, dans une communication sur le « stress » à la SNCF après la vague de suicides à France Télécom, la direction affichait encore plus explicitement sa ligne : « Il n’existe pas – et heureusement – de lien direct avéré entre le contexte professionnel, le stress subi par un agent, l’effet de celui-ci sur sa santé (notamment la dépression) et le risque suicidaire. » Plus loin, il est écrit qu’un comportement suicidaire traduit pratiquement toujours une « prédisposition sous-jacente », ce que conteste une partie du corps médical.

    L’autre argument est celui de la moyenne nationale, pour une entreprise qui compte environ 150 000 salariés sur tout le territoire. Il figure déjà dans une note éditée la même année – que Mediapart s’est procurée – à destination des dirigeants de la SNCF, et qui édicte les éléments de langage à utiliser, notamment vis-à-vis de la presse, lorsqu’un suicide survient. « On estime que 8 à 9 % des femmes et 3 à 5 %
 des hommes de plus de 18 ans ont fait une tentative de suicide, soit plus de 200 000 tentatives de suicide par an en moyenne en France. Si l’on transpose ces chiffres à la SNCF, on pourrait “s’attendre” à environ 50 suicides de cheminots par an. » Michel Lejoyeux ajoute par ailleurs, pour temporiser la régularité des cas de suicide dans l’entreprise, que « l’absence de travail et le chômage sont des facteurs de détresse encore plus grands que le travail. Dire que le travail ne joue pas est une aberration totale. Dire que ce n’est que ça, c’est tout aussi faux ».

    Le sujet a néanmoins été suffisamment pris au sérieux par la SNCF pour que Loïc Hislaire, alors directeur adjoint des ressources humaines, commande en 2011 une recherche sur cinq collectifs de travail cheminots touchés par des cas de suicide. Après avoir été présenté à la direction en octobre 2012, le rapport d’une centaine de pages, très détaillé, a été « mis sous le boisseau », selon l’un des chercheurs ayant participé à sa rédaction, et classé « confidentiel ».

    « Dans nos conclusions, nous ne disions pas que ces suicides étaient entièrement liés au travail, cela aurait été stupide, explique l’un des chercheurs ayant participé à ce travail. Mais nous disions aussi qu’il était très réducteur de dire que ce n’était que personnel. » Pour faire face au problème, la direction souhaitait alors « réarmer les managers de proximité », les « DPX » dans le jargon maison, ces chefs d’équipe de niveau intermédiaire, traditionnellement proches des agents. « Nous étions contre, poursuit ce chercheur. Il fallait surtout que les hauts dirigeants s’assoient autour d’une table et prennent leurs responsabilités, qu’ils comprennent que le modèle d’entreprise qu’ils imposent fait des perdants. Sur ce désaccord, le rapport a été enterré. »

    Ce document, que Mediapart a pu consulter, décrit effectivement une organisation du travail très pathogène. La découpe progressive de la SNCF en trois pôles (réseau, voyageurs et gares), formalisée en 2015 mais déjà à l’œuvre en 2012, ainsi que les nombreuses restructurations ont modifié « profondément les organisations, les liens hiérarchiques et les façons de travailler ». Les « brigades » d’autrefois, « éclatées », opèrent sur des territoires beaucoup plus grands, avec moins d’autonomie et en compagnie de nombreuses entreprises prestataires, sur des horaires de plus en plus atypiques.

    Surtout, le collectif de travail, la célèbre « culture cheminote », ne sert plus d’amortisseur suffisant au changement. Sur ce point, le document est sévère : « Ils [les agents] disent “on est les derniers dinosaures” et tout se passe comme si, dans une vision darwinienne, ils ne devaient pas survivre faute d’avoir su s’adapter. Certains agents semblent sidérés et privés des moyens de juger ce qui leur arrive, comme si ne plus savoir de quoi l’avenir sera fait était un fait tellement nouveau à la SNCF qu’il était impensable. »

    Les chercheurs relaient aussi la parole de managers, dont un certain nombre semblent en grande détresse et décrivent des « agents démoralisés complet », « qui ne croient plus en rien ». L’un d’entre eux estime même que l’entreprise entretient un « double discours » : « D’un côté elle fait et dit beaucoup de choses au sujet de l’écoute et la compréhension des agents et de l’autre elle poursuit les transformations dont on sait qu’elles produisent de la souffrance. »

    Le chercheur Vincent de Gaulejac a mené plusieurs interventions à la SNCF : « Nous n’avons pas cessé de répéter ça aux cadres, au management, à monsieur Pepy ces quatre dernières années, mais ils ne veulent rien entendre », raconte celui qui travaille depuis les années 1970 sur la « corrélation entre la révolution managériale et l’émergence de nouveaux symptômes ou de mal-être, le burn-out, le stress… jusqu’au suicide ». Il s’est d’abord intéressé aux grands groupes privés, puis aux organisations publiques ou parapubliques. « Ce n’est pas par insensibilité ou volonté de nuire, mais les pressions sont telles sur la réorganisation ou la rentabilité, que si on admet des effets sur le personnel, ça place les dirigeants en grande difficulté. D’ailleurs les cadres supérieurs sont souvent les premiers à vivre ces symptômes, à subir ces outils de gestion, cette perte de sens et de valeur. »

    « Il ne faut pas dire que la SNCF ne fait rien, insiste cependant Vincent de Gaulejac. Leur réponse, ce sont des prescriptions et des formations pour rendre les managers vigilants. Non pas pour agir sur les causes, mais pour être vigilant sur les effets. »

    La direction l’assure, elle n’est pas restée les bras ballants. En 2009, au moment de la crise à France Télécom, la SNCF crée son observatoire de la qualité de vie au travail, un organisme paritaire direction-syndicats, qui établit des « diagnostics » et propose des « actions ». En 2017, le groupe public ferroviaire a également organisé une Commission paritaire de prévention des risques psychosociaux.

    Depuis 2012, 10 000 managers de proximité sont également formés à l’évaluation des risques psychosociaux, rappelle la communication du groupe. Sans compter un numéro d’assistance téléphonique, et la cellule psychopathologique, sous l’autorité de Michel Lejoyeux, conseiller de la SNCF depuis une dizaine d’années. « Sur cette période, on note une grande stabilité des taux d’anxiété et de dépression, constate d’ailleurs le psychiatre. Mais on a un gros tamis, on repère les pathologies mentales caractérisées. Le mal-être et les inquiétudes, on ne les repère pas forcément. Donc il faut être prudent. Mais il n’y a pas d’épidémie de maladies anxieuses ou de maladies dépressives à la SNCF, ça, il faut le dire. »

    Jean-René Délépine, chez Sud Rail, ne se prive pas pour critiquer l’approche du conseiller de la SNCF en la matière et moque la « méthode Lejoyeux », que le psychiatre a détaillée dans plusieurs livres : « Michel Lejoyeux est dans la logique des risques psychosociaux, un euphémisme pour ne pas dire souffrance au travail. Dans cette logique, c’est l’individu qui est porteur du risque, et c’est donc l’individu qu’il faut traiter, y compris en lui disant de sourire et de manger des cornichons. Nous croyons que l’organisation du travail aussi est à soigner. »

    Les réorganisations, elles, se poursuivent à un rythme cadencé. Et le grand chamboule-tout que vit la SNCF depuis dix ans crée des victimes collatérales. Pour une partie de ses collègues, la mort du cheminot et syndicaliste Édouard Postal, décédé dans la nuit du 10 mars 2017 en se jetant sous un train à la gare Saint-Lazare, en est le symbole.

    Édouard Postal, reconnu travailleur handicapé, très actif syndicalement, était depuis quelques années en conflit ouvert avec sa direction, récemment placé « en mission », donc sans poste fixe. « Il a été agent de maîtrise au centre opérationnel escale de Paris-Saint Lazare, la vitrine de la SNCF, pendant neuf ans, rappelle Éric Bezou, l’un de ses collègues, syndiqué chez Sud Rail, lui-même plusieurs fois sous la menace de mesures disciplinaires. C’est un lieu où l’on traite tous les problèmes de circulation, un travail épuisant. »

    Toutes les demandes d’Edouard Postal pour monter en grade restent lettre morte. En 2012, il avait déjà obtenu aux prud’hommes la condamnation de sa direction pour « discrimination salariale et harcèlement », un jugement confirmé en appel en 2015. En septembre 2016, la Cour de cassation avait annulé l’arrêt de la cour d’appel pour des causes de forme et non de fond.

    La même année, la ligne de Transilien L, au départ de Saint-Lazare, est choisie pour expérimenter la restructuration des équipes en « petits collectifs », afin d’améliorer la productivité et la polyvalence des agents commerciaux notamment, où les cheminots ne dépendent plus d’une gare, mais d’une zone. Cette transformation, en germe depuis 2011, est très critiquée, par plusieurs rapports d’expertise. Fermement opposé à cette réorganisation, en conflit permanent sur son cas avec sa hiérarchie et membre du CHSCT, « Édouard était un caillou dans la chaussure de la nouvelle direction, c’était un affrontement mano a mano à chaque réunion », raconte Éric Bezou. En mars, le cheminot fait même un malaise lors d’une visite de ses supérieurs, devant témoin, ce qu’il déclare en accident du travail, sans avoir eu, avant son décès, de réponse définitive de la caisse de prévoyance de la SNCF.

    La pression s’accentue au fil des jours. Édouard Postal, en arrêt de travail depuis son altercation, finit par écoper d’une mutation disciplinaire à Brétigny-sur-Orge (Essonne), lieu de triste mémoire pour les cheminots : le 12 juillet 2013, un accident ferroviaire y a fait sept morts. Le cheminot vit cette décision comme une punition, alors même qu’il présente des certificats médicaux mettant en garde contre un changement brutal d’environnement. Il est mort l’avant-veille de cette mutation. Le parquet a demandé quelques mois plus tard l’ouverture d’une enquête judiciaire.

    La même année, une cheminote, également reconnue travailleuse handicapée, en conflit avec sa hiérarchie, a elle aussi fait une tentative de suicide sur son lieu de travail à la gare Saint-Lazare, en avalant des médicaments. En arrêt maladie depuis, elle a été « réformée » pour inaptitude l’an dernier, tout en restant pensionnée par l’entreprise. « La direction des ressources humaines m’a convaincue de partir, raconte aujourd’hui Betty Curier, 52 ans, qui ne s’en sort pas seule avec ses 702 euros de pension. Mes collègues et les syndicats me disaient de ne pas accepter. Mais j’ai cédé. Parce que ce n’était pas vivable. Si j’étais restée, je me serais foutue en l’air pour de bon. »

    Françoise François, fondatrice de la Maison souffrance et travail à Poissy en Île-de-France, reçoit un certain nombre d’agents SNCF, « à ramasser à la petite cuillère » dans son bureau. En 2016 et 2017, elle a écrit plusieurs courriers d’alerte sur la souffrance des cheminots à Guillaume Pepy, restés sans réponse. Après le décès d’Édouard Postal, qui consultait également à Poissy, elle réitère, jugeant « dégueulasse » la manière dont la SNCF a traité son agent. « Je l’ai rencontré, ce n’était pas une épave, il vivait chez ses parents, c’est trop facile d’incriminer les raisons personnelles dans son cas, raconte Françoise François. À la SNCF, les transformations doivent se faire, et tant pis pour ceux qui résistent, c’est très violent. »

    Dans ce courrier, en date du 20 mars 2017, elle alerte, mettant en copie le procureur de la République : « J’ai, depuis quelques semaines, écrit à vos médecins du service de santé au travail afin qu’ils se penchent attentivement sur certaines situations très critiques. J’ai rencontré des assistantes sociales qui se retrouvent elles-mêmes bien démunies face à cette souffrance prégnante. Oui, vous avez mis des moyens renforcés, seulement ils se retrouvent en difficulté. Le problème, c’est qu’ils sont eux-mêmes submergés par des demandes toujours grandissantes des agents en souffrance pour lesquelles ils n’ont pas de réponse adaptée. »

    L’onde de choc produite par le suicide d’Édouard Postal n’a pas eu l’effet escompté, regrettent ses collègues de la ligne L. Les syndicats voient s’accumuler les dossiers de souffrance au travail, notamment pour des personnes ayant déjà des problèmes de santé, à tel point qu’une enquête CHSCT sur les risques psychosociaux et « un management potentiellement agressif » est ouverte au début de l’année 2018, sur le secteur de Cergy, après un droit d’alerte des délégués du personnel. Sur toute la région Saint-Lazare, les petits collectifs ont été pérennisés et certaines innovations managériales, très contestées, sont mises en place.

    « J’ai l’impression de travailler un boulet au pied, raconte aujourd’hui Vanessa, agente commerciale sur la zone, une semaine de service le matin, l’autre le soir, ce qui oblige son fils qu’elle élève seule à vivre une partie du temps chez ses grands-parents. Je prends mon service à Cergy, puis je suis dispatchée au cours de la journée dans différentes gares du secteur. Plus personne n’est attaché à une gare en particulier. Je ne vois plus mes collègues, tout le monde bouge tout le temps. »

    L’an dernier, alors qu’elle est déjà en mi-temps thérapeutique, la SNCF demande sa mutation à Versailles, ce que Vanessa refuse. « À deux heures de chez moi, je fais comment avec mon enfant ? » Le jour J, la jeune femme fait une crise d’angoisse en gare, ce qu’elle déclare en accident du travail. Refusé par la CPR.

    Pour éviter de changer de poste, Vanessa accepte la polyvalence exigée par l’organisation en « petit collectif » : de la vente, de l’escale, de l’accueil, voire du contrôle. Son médecin lui a pourtant déconseillé de s’approcher des voies, pour protéger la cheminote, et en a informé sa direction par courrier. « J’ai beaucoup d’idées suicidaires. Pour continuer de travailler, je prends un traitement, mais je ne dois pas aller sur les quais. »

    La fermeture de guichets, à divers endroits du territoire, a également contribué à transformer le travail des cheminots, ce que Mediapart avait déjà détaillé dans ce reportage, sur la ligne Saint-Étienne-Clermont : « Pour certains agents, rentrés à la SNCF pour faire de l’accueil, se retrouver à mener des opérations de contrôle provoque de vrais conflits de valeurs, rapporte Julie (prénom d’emprunt), ergonome ayant réalisé plusieurs expertises sur les conditions de travail au sein de la SNCF l’an passé. La spécialiste le constate, au fil des dizaines d’entretiens qu’elle a pu conduire auprès d’agents de tout type : « La vente, l’escale, la traction, le fret… chacun est touché par une ou plusieurs réorganisations. C’est la multiplicité et la fréquence qui posent problème. »

    Au fil de ces restructurations continues, les cheminots les plus âgés, présentant des problèmes de santé, parfois placardisés, peuvent se retrouver dans les « cellules alpha », vantées par la direction de la SNCF, comme le montre cet article de BFM Business. Ces salariés ne sont pas licenciables, mais ne correspondent plus vraiment au niveau de productivité demandé au groupe : « On y trouve des aiguilleurs qui vont déménager un bureau, repeindre une gare, raconte Julie. Même si les agents connaissent parfaitement un secteur, un métier, leurs connaissances sont niées. Or certains ont déjà été reclassés deux fois à cause de réorganisations. Et c’est pour ça que l’on pense à des scénarios à la France Télécom. »

    La direction s’enorgueillit d’avoir trouvé une « solution » à la marginalisation de ses agents, par le biais de ses Espaces initiative et mobilité (EIM). La réalité s’avère souvent difficile à vivre, comme l’a également constaté la psychologue de la SNCF qui témoigne à Mediapart : « Certains cheminots disent qu’ils sont “déportés en EIM”, c’est vous dire… Ils effectuent des missions, refont leur CV, répondent à des offres en interne, mais ont le sentiment d’être en surplus, en trop. Oui, la SNCF fait son devoir, elle s’en occupe, mais dans une entreprise qui embauchait à vie, le contrat paraît rompu. »

    La hiérarchie, notoirement pesante dans l’entreprise ferroviaire, ainsi que la déconnexion de plus en plus grande entre les cadres et le terrain ne favorisent pas le dialogue. Pour cette psychologue de la SNCF, « c’est plus dur depuis cinq ou dix ans » : « On intervient beaucoup dans les crises d’équipe, entre des gens qui se haïssent. Désormais, le management ne régule plus rien. Il n’y a plus de réunions d’équipe régulières, de moments de convivialité. Je le vois à SNCF Réseau, à la maintenance, un peu partout… C’est laissé au bon vouloir du manager qui, lui-même, n’a plus le temps, car il est aux manettes sur son tableau de bord, dans une logique gestionnaire. »

    Cet agent de Charleville-Mézières a vécu le suicide d’un ami cheminot en octobre, puis celui d’un collègue en novembre. Mediapart l’a interrogé moins d’un mois après ce drame. « On ne fait que parler de ça depuis, c’est très dur. C’est la façon surtout : le collègue s’est mis devant un train qui passait, avec son gilet orange, la tenue identifiable du cheminot. Il a laissé une lettre, dans sa voiture, c’est la police qui est tombée dessus. »

    Lui-même a fait un burn-out il y a quelques années, suivi de quatre mois d’arrêt maladie. « Le boulot a eu raison de moi, heureusement j’étais bien entouré à la maison. » L’homme pointe spontanément les dérives du management dans la souffrance des agents et des cadres : « Ça a commencé à déconner quand on a embauché des jeunes sortis des écoles. Ils ont suivi une formation de conducteur en express, et sont devenus chefs. Mais ils ne connaissent rien à la culture ferroviaire ! Les directeurs, pareil, ils viennent d’ailleurs, le dernier était auparavant chez Lidl ! » L’annonce de l’ouverture à la concurrence des trains régionaux du Grand Est ne passe pas davantage. « Tout ça crée une énorme rancœur vis-à-vis de la direction, on a l’impression qu’elle nous a lâchés. »

    En PACA, région endeuillée par au moins deux suicides en 2017 et 2018, François Tejedor, secrétaire général des cheminots CGT de la région, masque mal son inquiétude… et son désarroi. « Pour être sûr que le travail est impliqué, il faut creuser aussi dans la vie personnelle des gens, et personne n’aime mettre la vie personnelle des collègues sur la place publique. »

    Le syndicaliste a néanmoins lui aussi alerté sa direction à plusieurs reprises. « Les “petits collectifs”, c’est expérimenté en Côte d’Azur et ça crée des tensions. L’an dernier, on a vécu une fusion d’établissements, cette année, la mise en place du pilotage par axe, des fermetures de guichets, de gares… Tous les trois mois, on a une nouvelle organisation qui tombe, nous n’avons jamais connu un rythme aussi effréné. » Sans compter la mise en place de la réforme du statut, après un conflit social dur, au printemps 2018. « Cela va conduire à des destructions d’emplois, on nous parle même désormais de ruptures conventionnelles, du jamais vu chez nous. Voilà le contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui. »

    Se conformant aux nouvelles règles du dialogue social, la SNCF va en 2019 modifier et fusionner ses instances de représentation du personnel, réduisant au passage drastiquement le nombre de représentants du personnel : les 600 CHSCT actuels vont être remplacés par 33 commissions au sein des nouveaux CSE (Conseil social et économique). « Souvent, tout le travail de collecte sur les suicides, c’est un boulot méticuleux qui était fait par les CHSCT », s’alarme Sébastien Chatillon, à Sud Rail, gare de Lyon, qui craint que ces transformations rendent davantage invisible encore la souffrance au travail.

    « Après les drames à France Télécom, il y a eu un effet médiatique, plusieurs rapports sont sortis, à l’Assemblée nationale, au Sénat, au CESE, on a alors pensé qu’il y aurait une réaction, souligne Vincent de Gaulejac. Depuis, la chape de plomb est retombée, car personne ne veut prendre la mesure du problème. Les agents ont continué à se suicider dans les commissariats, à la RATP, dans les hôpitaux, à la SNCF, mais on n’en parle plus. Parce que ça met à mal tout le monde. »

    Jean-René Délépine et ses collègues veulent croire, à force d’alertes, que cette agitation n’est pas vaine. « Parfois, le travail sauve aussi. La question, c’est de savoir pourquoi rien ne retient la personne qui s’effondre à la SNCF. Pourquoi, pour certains, le travail n’est plus une ressource suffisante pour tenir le coup. »

    • @colporteur : c’est largement un portfolio, voilà le texte :

      Les gueules cassées du Flash-Ball Près de trente gilets jaunes ont eu le visage meurtri par des tirs non-réglementaires. Entre traumatisme et incompréhension, ils essaient de se reconstruire.

      23 déc. 2018 - par Paul Conge / Photos : T.Biju-Duval et P.C

      David court comme si le diable était à ses trousses. Les Champs-Elysées ne sont plus qu’un enfer de gaz et de déflagrations ce 1er décembre. Le trentenaire en gilet jaune zigzague à l’aveugle, loin de cette « guerre », et le voilà rue Paul-Valéry, nez-à-nez avec des CRS. Il prend la main de Laure, sa compagne, ils avancent vers eux en douceur et les bras en l’air. David, formel : « Il n’y a pas eu de sommation. » Juste ce bruit sourd, cette cartouche tirée à toute vitesse, cet uppercut foudroyant dans sa bouche. David s’écroule, Laure crie, David crache du sang et quatre de ses dents.

      Pendant qu’il est sonné, David a quelques flashs : l’air épouvanté d’un pompier à la vue du trou dans sa lèvre, la spatule en bois qu’une infirmière glisse dans sa bouche, la « soucoupe de lumière » du bloc opératoire à l’hôpital Saint-Joseph... « J’ai cru que j’allais y rester », remet-il.

      Quinze jours d’ITT plus tard — le médecin lui en a prescrit 45 — David se terre maintenant dans son salon carrelé, à Bouafle (Yvelines), un gros sparadrap sur la lèvre pour cacher le trou. Ce tailleur de pierre à la gueule d’ange ignorait tout des armes à feu. Il sait à présent que son visage a été buriné par une cartouche en caoutchouc propulsée à 330km/h par un lanceur de balle de défense (LBD, ex-Flash-Ball). « C’était un tir pour blesser, de la violence gratuite », estime cet Yvelinois de 31 ans accro à sa moto.

      26 blessés au visage
      Os de la mâchoire éjectés, multiples fractures, gencive arrachée, sinus défoncés, de même que les dents, « de la canine à la première molaire »... « J’ai l’impression de ne plus avoir de mâchoire », dit le jeune gilet jaune, en cherchant ses organes disparus avec sa langue. On lui a un peu rafistolé la lèvre, mais il en manque un morceau. Sous morphine, codéine et antidépresseurs, il attend ses futures opérations, ainsi qu’une greffe d’os, qu’on lui extraira de la hanche. Mais il a toutes les chances de rester défiguré à vie.

      David
      Opposant pas très farouche à la loi CPE en 2006, David était venu défiler à Paris pour montrer à sa petite-amie « ce que c’est une manif ». Et par solidarité : « Je suis intérimaire. Les chantiers sont super loin. Les impôts nous saignent. On se sent tous concernés. »

      Avant qu’il ne fasse les frais de ce tir non-réglementaire. Car les cartouches de LBD 40 ne sont en aucun cas censées percuter le visage. La notice d’utilisation enjoint bien au contraire à viser « sous les épaules ». Pourtant, beaucoup de balafres similaires ont été relayées sur les réseaux sociaux. Thomas, 20 ans, de Nîmes, a eu la joue déchiquetée. Maxime, 40 ans, d’Avignon, a eu la mâchoire fracturée. Fiorina, 20 ans, d’Amiens, a perdu un œil... Selon le décompte d’Explicite, parmi les centaines de blessés, au moins 26 ont eu le visage touché.

      LBD 40, plus dangereux que le Flash-Ball
      « Le visage agit comme un pare-choc de voiture, il se casse pour protéger la boîte crânienne », relève Ludovic Bénichou, chef du service de chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital Saint-Joseph, où furent hospitalisées plusieurs des victimes du LBD 40. « Quand le projectile est lancé à haute vélocité, il emmagasine une forte énergie cinétique, absorbée ensuite par l’impact, ce qui fait des dégâts : la maxillaire peut partir en miettes, l’orbite peut casser, il y a des pertes de tissus... Quand ça atteint la bouche, ça emporte pas mal de dents. »

      « Le LBD40 fait évidemment plus de dégâts »
      Le chirurgien poursuit : « Pour les soigner, on utilise la traumatologie faciale, qui a été inventée pendant la Première Guerre mondiale pour réparer les ’gueules cassées’ » - ces « poilus » dont le visage a été massacré par les balles allemandes. Chirurgie reconstructrice, chirurgie esthétique, greffes osseuses... « Au bout, ce ne sera pas comme s’il n’y avait rien eu, mais ça améliore les choses », poursuit le médecin.

      Comment expliquer un telle quantité de blessés au visage ? Par deux phénomènes au moins. D’abord, le remplacement progressif du Flash-Ball par des lanceurs de balles de défense 40mm, ou « LBD 40 » dans le jargon. « Le LBD 40, plus précis, fait évidemment plus de dégâts, puisque la cartouche est plus fine », note Guillaume Verney-Carron, directeur général de l’entreprise qui fabrique le Flash-Ball.

      D’autre part, un glissement dans la doctrine du maintien de l’ordre : « Avant, le Flash-Ball était utilisé pour se sortir d’une situation délicate, embraye le directeur. Maintenant, on en a changé la doctrine d’emploi : le LBD 40 est utilisé à toutes les sauces, et à plus grande distance. » Ainsi, rien que sur la journée du 1er décembre, quelque 776 cartouches de LBD 40 ont été tirées, preuve de leur utilisation massive.

      Réveils en sursaut et libido à zéro
      « Cette arme ne devrait pas exister. J’en vois pas l’intérêt. Les policiers ont des matraques et ils savent très bien s’en servir », s’agace David qui souhaite désormais leur disparition de l’arsenal de la police. « C’est du maintien de l’ordre, pas la guerre ! » Comme certains blessés militaires, David se réveille en sursaut de ses cauchemars, la nuit, persuadé d’avoir entendu des bruits de déflagration.

      Il y a d’autres séquelles post-traumatiques. Sa libido est à zéro, il a perdu 10 kilos, il ne peut plus se moucher et prend pour seul repas des boissons protéinées. Devant une glace, il n’accepte pas son visage déformé. « On m’a enlevé une partie de moi-même, énonce David en fondant en larmes. J’ai failli prendre ma moto et me foutre en l’air. » Son visage se clôt : « Ce tir a détruit beaucoup. Des années de ma vie. Je veux qu’on me rende ma mâchoire. »

      Le monde à travers le trou de la serrure
      Les traumatisés, tels des animaux blessés, se terrent dans leur tanière. Ainsi, Jérôme, éborgné par un tir de LBD 40, le 24 novembre dernier, ne quitte plus trop la pénombre de l’appartement familial de Chartres (Eure-et-Loire). « Je supporte mal la lumière », confie-t-il, un bandeau de pirate sur l’œil gauche. Alors le salon est tristounet à quelques jours de Noël, stores baissés de moitié et lampadaires tournés vers les murs.

      Jérôme
      Il faut le voir, ce costaud au crâne rasé, ancien agent de sécurité, les 40 ans marqués, qui s’est petit à petit replié sur lui-même. « Il a changé, s’attriste son épouse en voyant son regard viser le sol. Avant c’était un ’bonhomme’, comme on dit. Maintenant, il est fragilisé, son visage n’est plus éclairé, ses épaules sont rentrées... »

      « Une des seules choses que j’aimais chez moi, c’était mon regard »
      Cet ancien maître-chien était à la recherche de sa femme sur les Champs-Elysées lorsque c’est arrivé : « Ça a juste fait boum dans ma tempe ». Cette cartouche fatale a chamboulé sa vie. « J’ai l’impression de regarder le monde par le trou de la serrure », déplore âprement Jérôme. Son champ de vision s’est rétréci comme peau de chagrin. Le drame pour cet homme qui adorait piloter sa vieille Audi GT 80 et les séries de science-fiction. Aujourd’hui commercial, il n’est pas sûr d’oser affronter le regard des clients. Dans la rue, il est reluqué. « Le regard des gens n’est pas évident », souffle cet ancien parachutiste.

      Jérome et son épouse
      Pour Jérôme, qui jure qu’il n’était pas hostile, cette blessure est une énième injustice et un énième couperet. Lui qui, déjà, vilipendait ce monde « dominé par une poignée d’individus milliardaires », quand lui devait se résoudre « à prendre des crédits à la consommation pour payer les loyers en retard ». Pour que ses filles puissent se nourrir, « des fois, je ne mangeais rien pendant trois jours », dit-il. Et les fins de mois sont toujours aussi ric-rac.

      Maintenant, il souffre de terribles maux de tête, et le traumatisme l’a rendu plus anxieux. « J’ai peur qu’il m’arrive le moindre truc à l’autre œil, et que je devienne aveugle. Quand je me regarde, je me sens diminué. Je me suis jamais trouvé très beau.. mais une des seules choses que j’aimais chez moi, c’était mon regard. C’est celui de mon oncle », dit-il. Une larme s’échappe soudain de son œil de pirate, dernier signe de vie qui émanera de cet organe mort.

      Un mauvais tir ?
      Jérôme, entraîné aux armes quand il était militaire, ne croit pas à l’erreur de tir : « Je pense qu’il a visé la tête intentionnellement. Certains y prennent presque du plaisir. » Avocat de flics, maître Laurent-Franck Lienard n’est pas tendre à ce sujet avec ses clients : « Lorsqu’ils disposent d’armes intermédiaires, [les policiers] ne sentent pas la même inhibition et montrent une tendance très nette à y recourir, y compris lorsque la situation ne le justifie pas. (…) On ne compte plus les usages de cette arme en dehors de tout cadre légal, pour ’faire du bruit’, ’faire courir les jeunes’ ou ’se faire plaisir’… des notions bien éloignées de l’action policière ! »

      « Comme à la chasse, vous pouvez faire un mauvais tir », nuance le fabriquant du Flash-Ball. Habilitée au LBD 40, une source policière lui emboîte le pas : « On n’est pas tireurs d’élite et ça n’est pas une arme de précision. C’est comme à la boxe : ne pas viser la tête, ne pas viser la colonne… On fait toujours, toujours, au mieux. Mais on n’est pas infaillible. Ça dépend si la personne court, de la distance, des conditions climatiques, s’il y a du vent... »

      « Comme à la chasse, vous pouvez faire un mauvais tir »
      Seul hic, beaucoup de ces gueules cassées ne présentaient aucun danger immédiat. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent au contraire des personnes pacifiques percutées de plein fouet par des tirs de LBD. Sollicitée, la place Beauvau n’a pas donné suite à nos demandes.

      « Tout ça alors qu’on défendait des droits... », conclut Jérôme. « Je ne regrette pas malgré tout. Je ne regrette rien, parce qu’il y a eu une prise de conscience collective... et je souhaite du plus profond de mon être qu’il se passe quelque chose. Je suis content d’avoir participé à ça, même si je l’ai payé très cher. »

    • Dans une interview à #Chasse_Passion de septembre, Guillaume Verney Caron pleure pour être soutenu par la france dans la fabrication d’armes à tuer des humains.

      Interview Guillaume Verney-Carron au sujet du VCD10
      https://www.youtube.com/watch?v=GLKmCoNyH4M

      Jamais mieux servi que par soi même, il écrit des articles à sa gloire dans la tribune.


      https://acteursdeleconomie.latribune.fr/debats/opinion/2016-09-16/la-fin-du-famas-pour-l-armee-francaise-et-maintenant-qu

      Le Famas, produit à Saint-Etienne et qui équipait depuis 1979 l’armée française sera bientôt remplacé par un modèle allemand HK 416. Son fabricant Heckler und Koch ayant remporté l’appel d’offres de l’Etat. Le sentiment d’amertume passé, Guillaume Verney-Carron, directeur général de l’entreprise stéphanoise éponyme, qui avait postulé pour maintenir la production de l’arme française sur son territoire historique, lance un appel pour que la filière française puisse continuer à vivre, et qu’elle retrouve ses lettres de noblesse.

      A quoi travaillent les lobbys de chasse à l’assemblée nationale ?

      #industrie_de_l'armement

    • La violence est une tradition française à préserver

      Verney Carron
      Verney-Carron Security. Since back in 1650, and then again the watershed year 1820, the family-run business has demonstrated wisdom, intelligence and level-headedness needed to navigate the transition from expert craftsmanship to cutting-edge, avant-garde industrial expertise, enabling us to carve out a position as trade-leading pace-setter.
      [Search domain www.verney-carron-security.com/en/] https://www.verney-carron-security.com/en

  •  ?Gilet Jaune ? Bilan provistoire des blessés et victimes
    https://www.facebook.com/groups/310403819778193/permalink/366279254190649

    Bilan provisoire :
    ZINEB REDOUANE, 80 ans, a été tuée par une grenade lacrymogène reçue en plein visage à Marseille le 1er décembre 2018.
    JEROME H. a perdu son œil gauche à cause d’un tir de LBD 40 à Paris le 24 novembre 2018.
    PATRICK, a perdu son œil gauche à cause d’un tir de LBD 40 à Paris le 24 novembre 2018.
    ANTONIO, 40 ans, vivant à Pimprez, a été gravement blessé au pied par une grenade GLI F4 à Paris le 24 novembre 2018.
    GABRIEL, 21 ans, apprenti chaudronnier vivant dans la Sarthe, a eu la main arrachée par une grenade GLI F4 à Paris le 24 novembre 2018.
    SIEGFRIED, 33 ans, vivant près d’Epernay, a été gravement blessé à la main par une grenade GLI F4 à Paris le 24 novembre 2018.
    MAXIME W., a été brûlé à la main et a perdu définitivement l’audition à cause d’une grenade GLI F4 à Paris le 24 novembre 2018.
    CEDRIC P., apprenti carreleur vivant à la Possession (Réunion), a perdu son œil gauche à cause d’un tir de LBD 40 à la Possession le 27 novembre 2018.
    GUY B., ~60 ans, a eu la mâchoire fracturée par un tir de LBD 40 à Bordeaux le 1er décembre 2018.
    AYHAN, ~50 ans, technicien Sanofi vivant à Joué-les-Tours, a eu la main arrachée par une grenade GLI F4 à Tours le 1er décembre 2018.
    BENOIT, 29 ans, a été gravement blessé à la tempe par un tir de LBD 40 à Toulouse le 1er décembre 2018. Il a été placé dans le coma pour 15 jours, sa vie est en danger.
    MEHDI, 21 ans, a été gravement blessé lors d’un passage à tabac à Paris le 1er décembre 2018.
    MAXIME I., 40 ans, a eu une double fracture de la mâchoire à cause d’un tir de LBD 40 à Avignon le 1er décembre 2018.
    FREDERIC R., 35 ans, a eu la main arrachée par une grenade GLI F4 le 1er décembre 2018 à Bordeaux.
    DORIANA, 16 ans, lycéenne vivant à Grenoble, a eu le menton fracturé et deux dents cassées par un tir de LBD 40 à Grenoble le 3 décembre 2018.
    ISSAM, 17 ans, lycéen vivant à Garges les Gonesse, a eu la mâchoire fracturée par un tir de LBD 40 à Garges-les-Gonesse le 5 décembre 2018.
    OUMAR, 16 ans, lycéen vivant à Saint Jean de Braye, a eu le front fracturé par un tir de LBD 40 à Saint Jean de Braye le 5 décembre 2018.
    JEAN-PHILIPPE L., 16 ans, a perdu son œil gauche à cause d’un tir de LBD 40 le 6 décembre 2018 à Bézier.
    RAMY, 15 ans vivant à Vénissieux, a perdu son œil gauche à cause d’un tir de LBD 40 ou une grenade de désencerclement à Lyon le 6 décembre 2018.
    ANTONIN, 15 ans, a eu la mâchoire et la mandibule fracturées par un tir de LBD 40 à Dijon le 8 décembre 2018.
    THOMAS, 20 ans, étudiant vivant à Nîmes, a eu le sinus fracturé par un tir de LBD 40 à Paris le 8 décembre 2018.
    DAVID, tailleur de pierre vivant en région parisienne, a eu la maxillaire fracturée et la lèvre arrachée par un tir de LBD 40 à Paris le 8 décembre 2018.
    FIORINA L., 20 ans, étudiante vivant à Amiens, a perdu son œil gauche à cause d’un tir de LBD à Paris le 8 décembre 2018.
    ANTOINE B., 26 ans, a eu la main arrachée par une grenade GLI F4 à Bordeaux le 8 décembre 2018.
    JEAN-MARC M., 41 ans, horticulteur vivant à Saint-Georges d’Oléron, a perdu son œil droit à cause d’un tir de LBD 40 à Bordeaux le 8 décembre 2018.
    ANTOINE C., 25 ans, graphiste freelance vivant à Paris, a perdu son œil gauche à cause d’un tir de LBD 40 à Paris le 8 décembre 2018.
    CONSTANT, 43 ans, technico-commercial au chômage vivant à Bayeux, a eu le nez fracturé par un tir de LBD 40 à Mondeville le 8 décembre 2018.
    CLEMENT F., 17 ans, a été blessé à la joue par un tir de LBD 40 à Bordeaux le 8 décembre 2018.
    NICOLAS C., 38 ans, a eu la main gauche fracturée par un tir de LBD 40 à Paris le 8 décembre 2018.
    YANN, a eu le tibia fracturé par un tir de LBD 40 à Toulouse le 8 décembre 2018.
    PHILIPPE, a été gravement blessé aux côtes, avec hémorragie interne et fracture de la rate par un tir de LBD à Nantes le 8 décembre 2018
    ALEXANDRE F., 37 ans, a perdu son œil droit à cause d’un tir de LBD 40 le 8 décembre 2018 à Paris.
    MARIEN, 27 ans, a eu une double fracture de la main droite à cause d’un tir de LBD 40 le 8 décembre 2018 à Bordeaux.
    FABIEN, a eu la pommette fendue et le nez fracturé par un tir de LBD 40 le 8 décembre 2018 à Paris.

    #Maintien_de_L'ordre #GiletsJaunes

  • Citoyens et consommateurs dévisagés pour garantir leur « bien-être »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/citoyens-et-consommateurs-devisages-pour-garantir-leur-bien-etre_5399814_323
    #pub #smile_you_re_being_analyzed
    #video_surveillance

    Une start-up de Metz, Two-I, rencontre un succès rapide en développant des solutions d’analyse des images de #caméras de surveillance, qui permettent non seulement de compter les passants, mais de décrypter en temps réel leur sexe, leur âge et les émotions exprimées par leur visage. Son credo : s’imposer comme un « outil de la #smart_city » en fournissant une mesure objective du « bien-être » pour guider la gestion de la ville.

    Les métropoles de #Metz, de #Nancy, de Nice et quelques autres se sont déjà laissé convaincre, comme plusieurs gestionnaires de stades. Depuis cet automne, la société signe également des contrats à Dubaï, où ses technologies pourraient être mises à profit par le « ministère du bonheur » créé par les Emirats arabes unis pour garantir le « bien-être social » et la « positivité ».

    L’analyse des émotions permet aussi d’évaluer « l’expérience client » dans un centre commercial, ou le ressenti face à une #publicité. « Nous avons de grosses commandes à #Dubaï liées à l’affichage publicitaire », indique M. Trombini. Grâce aux caméras intégrées aux écrans, les annonceurs savent si leur message est bien vu par le public voulu ou s’il rate sa cible, et comment il est perçu.

    Après une première levée de fonds de 250 000 euros lors de la création de la #start_up, en juillet 2017, la société, qui compte désormais quatorze collaborateurs, a réuni un million d’euros supplémentaires en mai. « On fera peut-être encore un tour de table, mais notre objectif est d’atteindre la rentabilité en 2019. On entre en phase d’industrialisation », indique Julien Trombini.

    • Comment des villes « hyper connectées » contrôlent l’espace public
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/au-nom-de-la-smart-city-des-villes-sous-surveillance_5399527_3234.html

      De Nice à Valenciennes (Nord), de Marseille à la Défense ou à Nîmes, de plus en plus de collectivités se laissent tenter par des plates-formes numériques organisées autour des outils de surveillance et de contrôle de l’espace public.

      Un mouvement de fond, en phase avec de puissants intérêts industriels et porté par des subventions publiques, qui prospère dans un certain flou juridique et inquiète les associations de défense des libertés publiques. Construits autour d’une vidéoprotection dernier cri, dopée à l’intelligence artificielle, aux algorithmes et au « big data », ces dispositifs ont l’avantage de rendre bien concret l’un des rêves fondateurs de la smart city : la gestion centralisée de la ville depuis un poste unique de commandement.

      C’est le début d’une révolution : la fibre optique et les technologies numériques permettent l’interopérabilité de tous les systèmes, une interconnexion des différents métiers de la ville, qui fonctionnaient jusque-là en silos : l’éclairage public, la mobilité et le stationnement, la sécurité, les parcs et jardins, les réseaux d’eau ou d’énergie… « Le même matériel permet d’imbriquer la sécurité avec d’autres enjeux et d’autres fonctions. En mutualisant les équipements, nous multiplions les services, que ce soit dans la gestion quotidienne, pour les grands événements ou en cas de crise », explique Nathalie Allegret, directrice du marché Villes et territoires connectés chez Engie Ineo, l’un des poids lourds du secteur.

    • https://www.laquadrature.net/2018/12/19/reconnaissance-faciale-au-lycee-lexperimentation-avant-la-generalisati

      Le 14 décembre dernier, le Conseil Régional de #PACA a voté une mesure visant à faire installer, à partir de 2019, des dispositifs de #reconnaissance_faciale à l’entrée de deux #lycées de Nice et de Marseille. Dès le mois d’octobre, La #Quadrature_du_Net avait demandé à la CNIL la communication des documents en sa possession sur ce dossier, cette dernière ayant été consultée par la région pour la mise en place de ces dispositifs. L’analyse de ces documents, ainsi que les précisions apportées par Christian Estrosi, confirment l’impuissance de la CNIL à enrayer la banalisation d’une technologie particulièrement liberticide et qui vise ici à s’étendre à l’ensemble des établissements scolaires de la région.

      De quoi s’agit-il ? En octobre 2017, Renaud Muselier, président de la région PACA, demande les conseils de la CNIL pour la mise en place dans deux lycées de Nice et de Marseille de dispositifs de « portiques virtuels » associant « des moyens classiques d’identification (…) à un dispositif biométrique utilisant des technologies de comparaison faciale, seuls à même d’après nos premières investigations, d’apporter une solution fiable et rapide dans un contexte de contrôle d’accès portant sur un nombre potentiellement élevé de personnes ». Cette nouvelle étape est la suite logique de sa politique sécuritaire ayant conduit, entre 2016 et 2017, à ce que plus de 1 300 caméras de vidéosurveillance soient installées dans l’ensemble des lycées de la région. La technologisation à outrance est également présentée par la région comme une réponse au contexte d’austérité budgétaire :

  • Comment des villes « hyper connectées » contrôlent l’espace public
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/au-nom-de-la-smart-city-des-villes-sous-surveillance_5399527_3234.html

    Ni fantasme ni science-fiction : ces dispositifs sont très exactement ceux que des villes françaises commencent à expérimenter sous le nom générique de « safe city » (la ville sûre), avatar en uniforme de la « smart city », la « ville hyper connectée ». « La sécurité est, avec la mobilité, le pilier le plus réaliste de la smart city, estime Marc Darmon, directeur général adjoint du groupe Thales. Il y a un marché porteur pour ces technologies, par la conjonction de l’urbanisation, de la numérisation et de risques qui s’aggravent. »
    Un mouvement de fond

    De Nice à Valenciennes (Nord), de Marseille à la Défense ou à Nîmes, de plus en plus de collectivités se laissent tenter par des plates-formes numériques organisées autour des outils de surveillance et de contrôle de l’espace public.

    Un mouvement de fond, en phase avec de puissants intérêts industriels et porté par des subventions publiques, qui prospère dans un certain flou juridique et inquiète les associations de défense des libertés publiques. Construits autour d’une vidéoprotection dernier cri, dopée à l’intelligence artificielle, aux algorithmes et au « big data », ces dispositifs ont l’avantage de rendre bien concret l’un des rêves fondateurs de la smart city : la gestion centralisée de la ville depuis un poste unique de commandement.

    Mais dans ce schéma, les outils de surveillance occupent une place à part. Au point de faire de la sécurité la première priorité. « La vidéoprotection n’est qu’une partie de la smart city, mais c’est peut-être la plus importante, car elle donne une vision instantanée du territoire : c’est le cœur et le poumon de la ville, c’est un outil qui sert à la gestion ordinaire de l’espace urbain », assume Bernard Serafino, responsable de la sécurité au cabinet du maire de Nîmes.
    « Big data de la tranquillité publique »

    La préfecture du Gard a déployé, avec Engie Ineo, un système de vidéosurveillance intelligente à l’échelle des quinze communes de l’agglomération : 600 caméras, reliées à un centre de supervision high-tech, qui permettent de gérer l’espace urbain et de rechercher et de suivre un individu ou un véhicule d’un bout à l’autre de l’agglomération.

    La ville de Marseille, de son côté, se fait fort depuis le printemps de mettre en place un « big data de la tranquillité publique » grâce aux technologies de Engie Ineo et à une plate-forme de données Oracle, un dispositif censé être opérationnel début 2019. « La safe city est la première brique de la smart city, c’est un outil d’aide à la décision pour la collectivité », décrit Caroline Pozmentier, l’adjointe au maire chargée de la sécurité publique.

    « Une logique de surveillance massive »

    Dans ce contexte, les plates-formes safe city « made in France » sont cofinancées par la Banque publique d’investissement (Bpifrance), subventionnées par les collectivités et encouragées par le Comité de la filière industrielle de sécurité (Cofis), placé sous la tutelle du premier ministre Edouard Philippe.

    « C’est important pour les villes de se dire qu’il y a des acteurs français sur ces sujets clés : notre droit est plus contraignant que celui de la Chine ou des Etats-Unis sur la gestion des données », estime Nathalie Allegret, chez Engie Ineo.

    Françaises ou non, ces technologies soulèvent quelques inquiétudes. « La safe city, c’est la prolifération d’outils issus du milieu du renseignement, dans une logique de surveillance massive, d’identification des signaux faibles, des comportements suspects », dénonce Félix Tréguer, un responsable marseillais de l’association La Quadrature du Net. « Ces outils permettront un contrôle social très sophistiqué quand leur potentiel sera optimisé, estime-t-il. Nous ne trouvons pas rassurant que la police municipale devienne le service de renseignement de l’espace public urbain et de son double numérique. »

    « Améliorer les secours, la circulation, c’est légitime, mais la généralisation de la vidéosurveillance nous inquiète, et scruter les réseaux sociaux, ce n’est pas le rôle d’un maire ! Sans aucun garde-fou, un outil pareil ne peut pas faire preuve de la neutralité indispensable, redoute Henri Busquet, de la Ligue des droits de l’homme à Nice. C’est potentiellement un outil de destruction politique, qui fait courir un risque particulier aux opposants, aux journalistes… »

    La tentation du contrôle social

    L’inquiétude est d’autant plus vive que certains élus ne cachent pas vouloir repousser les limites du cadre légal. « On pourrait faire beaucoup mieux, estime M. Estrosi, qui s’est plusieurs fois heurté à la CNIL. Ce qui nous limite, c’est la loi, notamment la loi Informatique et libertés de 1978. Je demande à ce que le législateur fasse évoluer les textes, au rythme où évolue la société. Je dispose du logiciel qui permettrait dès demain matin d’appliquer la reconnaissance faciale et d’identifier des individus fichés où qu’ils se trouvent dans la ville… Pourquoi se l’interdire ? Est-ce qu’on veut prendre le risque de voir des gens mourir au nom des libertés individuelles, alors qu’on a les technologies qui permettraient de l’éviter ? »

    #Capitalisme_surveillance #Videosurveillance #Smart_city #Safe_city

  • Gilet jaune : Vinci Autoroutes veut faire payer ceux qui ont profité du « péage gratuit »
    https://www.lesoir.be/196061/article/2018-12-17/gilet-jaune-vinci-autoroutes-veut-faire-payer-ceux-qui-ont-profite-du-peage

    Le gestionnaire d’autoroute justifie sa décision par souci d’équité vis-à-vis des autres automobilistes. En France, les automobilistes qui sont passés gratuitement à un péage grâce aux gilets jaunes seront facturés par la société Vinci Autoroutes. Le gestionnaire d’autoroute compte identifier les usagers passés sans payer à l’aide de caméras de surveillance installées sur les péages et ensuite, envoyer la note par courrier postal. Fortement impacté par les dégradations de ces dernières semaines, le groupe (...)

    #Vinci #immatriculation #CCTV #automobile #vidéo-surveillance #surveillance

  • Vinci Autoroutes va envoyer une facture aux automobilistes passés pendant les opérations « péage gratuit » des « gilets jaunes »
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/vinci-autoroutes-va-envoyer-une-facture-aux-automobilistes-passes-penda

    L’entreprise compte identifier les véhicules passés sans payer à l’aide des caméras de surveillance installées sur les péages.

    Où tu découvres que les sociétés d’autoroute ont le moyen d’écrire aux automobilistes en utilisant leur immatriculation.

    Où tu te dis que ces gens ont une vraie envie de paix civile.

  • Le temps des forêts de François-Xavier Drouet, un documentaire hautement recommandable tant par sa force cinématographique tranquille et les questions qu’il pose et la manière très efficace avec laquelle il met certains de ses protagonistes en face de leurs contradictions.

    Hier soir à la rencontre au Kosmos à Fontenay il a mentionné des extraits supplémentaires du film en ligne, mais je ne parviens pas à mettre la main dessus.

    Et sinon la bande-annonce est plutôt pas mal faite :

    https://vimeo.com/281983111

    ping @odilon

  • Les Gilets jaunes sur les Champs-Elysées : « Pourquoi on ne taxe pas les riches ? » 26 novembre 2018 / Andrea Fuori et Nno Man Cadoret (Reporterre)
    https://reporterre.net/Les-Gilets-jaunes-sur-les-Champs-Elysees-Pourquoi-on-ne-taxe-pas-les-ric

    Samedi 24 novembre, des milliers de « Gilets jaunes » ont manifesté sur les Champs-Elysées. Leurs revendications ne sont pas tant contre les mesures écologiques que contre l’injustice fiscale. Reportage.

    Paris, reportage
    Samedi 24 novembre, la « plus belle avenue du monde » a un visage méconnaissable. À la place des touristes, une marée jaune fluo en colère. Au lieu des voitures, d’imposantes barricades. Les terrasses des cafés huppés sont désertes, leurs chaises en osier crépitent dans des brasiers de fumée noire.

    La fermeture des stations de métro, les 3.000 gendarmes mobilisés, le bouclage de tout le quartier n’auront pas suffi : dès la matinée, la foule déborde le dispositif et déferle sur une partie de cette avenue symbolique, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. Le Champ de Mars, proposé par le gouvernement, restera presque désert.
    Vers 9h30, la journée paraît mal engagée. Les réseaux sociaux mentionnent des groupes de manifestants nassés aux abords du dispositif. Au bout de la rue de Rivoli, les gendarmes mobiles bloquent l’accès à Concorde. Une petite foule hétéroclite scande « Macron, démission ! », « La police avec nous ! ».

    Le cordon de gendarmes tient, mais en une demi-heure, les petites grappes deviennent plusieurs centaines qui s’engouffrent dans les rues du 8e arrondissement et contournent la ceinture policière.
    « Où sont les autres ? Ou va-t-on ? Comment peut-on passer ? ». L’ambiance est confuse et les informations circulent avec peine. Mais le cortège improvisé grossit de minute en minute. Et la détermination est partagée. « On ne va pas se laisser dicter nos vies et où manifester ! », explique une manifestante prenant la rue pour la première fois de sa vie. Peu habitués aux mouvements sociaux, les gilets jaunes ne jouent pas selon les codes habituels des manifestations.

    Lorsque ce cortège improvisé arrive aux Champs vers 11 h, le tableau est sidérant. En bas de l’avenue, plusieurs milliers de gilets se massent près des forces de l’ordre. Il y a des banderoles, mais les drapeaux qui flottent sont principalement bleu-blanc-rouge. Dans le cortège, une grappe de cheminots chante « Tous ensemble, grève générale ! » ou « L’Internationale ». Mais on entend surtout les « Macron Démission ! » et la Marseillaise. Des quads et des scooters font rugir leur moteur sous les clameurs électriques de la foule. De quoi brouiller tous les repères.

    Lydia et Emmanuel : « On vivait mieux dans les années 80, maintenant, on doit tout compter. »
    « C’est la première fois qu’on vient manifester, on en a marre d’être taxés ! » expliquent Emmanuel et Lydia, conducteur d’engins de travaux publics et aide-soignante, venus tôt ce matin d’un petit village des Yvelines. « Avant on ne manifestait pas, mais cette fois on a touché le fond de la cuvette. On vivait mieux dans les années 80 que maintenant, où on doit tout compter. » Ils déplorent une politique qui a privilégié « les métropoles au détriment de la province. Chez nous, tous les commerces et services ont fermé. Le premier magasin est à 10 km. Un bus passe le matin, l’autre le soir. Comment faire sans la voiture ? »

    Rémi, cheminot retraité, est venu du Cher à l’aube : « J’ai fait partie de la CGT, mais les manifs du mouvement social s’épuisent. Là il y a de tout : droite, gauche, des cheminots, des postiers, des paysans, des artisans, toutes les classes confondues. Cette manifestation vient de la base, du peuple. »

    Difficile de classer la diversité des participants. Les gilets indiquent souvent l’origine des manifestants : « 77 nord », « 44 BZH », « 22 Côtes-d’Armor ». Mais aussi de Bordeaux, de Périgueux, Bretagne, Nîmes, de région parisienne, de Colmar, des Vosges, de Franche-Comté... Le « ras-le-bol » sur toutes les lèvres dépasse largement la question du carburant.

    Karim, 43 ans, n’a d’ailleurs pas de voiture : « Je suis là pour tout ceux qui n’arrivent pas à finir leur mois et manger à leur faim. Ce mouvement c’est une question d’humanité ! C’est le peuple qui est ici ! » Il regardait la journée sur sa télé puis est venu lui-même grossir les rangs en solidarité. « Nous sommes au SMIC quand d’autres se gavent. Moi je n’ai plus rien d’un homme : aujourd’hui je ne peux même plus offrir un café à un ami… »

    Partout, et malgré les gazages massifs des forces de l’ordre toute la journée, des petits groupes épars discutent, partagent leur situation. Jean, 72 ans, est « cultivateur retraité de pommes de terre » dans les Côtes d’Armor. Il n’avait plus manifesté depuis ses 25 ans. « Là on fait une overdose. J’ai mille euros de retraite par mois, comme la plupart des agriculteurs. Comme disait mon père, qui a fait 5 ans de captivité pendant la guerre : c’est pas assez pour vivre, trop pour crever de faim ! Vivre ce n’est pas juste se nourrir : on a aussi le droit de partir une semaine en voyage une fois par an découvrir quelque chose ! Là on ne peut plus. »

    Chez toutes les personnes interrogées on rencontre ce même malaise profond, celui d’une classe moyenne aux contours de plus en plus flous qui voit depuis une trentaine d’années le coût de la vie augmenter, les taxes progresser, les aides diminuer, ses salaires stagner. Et qui n’en peut plus de se sentir méprisée. La hausse des prix du carburant est un détonateur : « Pourquoi on taxe les plus pauvres sur le gasoil ? Pourquoi on ne taxe pas les riches ? Pourquoi on leur fait autant de cadeaux fiscaux ? » demande Stéphane, balayeur-nettoyeur de l’Essonne, qui bat aussi le pavé pour la première fois.
    Jean-Louis a la soixantaine, il est aide-soignant en EHPAD pour personnes Alzheimer à Colmar. Pour lui, c’est plus qu’un malaise : « Des maladies psychiatriques mettent parfois 30 ans à éclater. Ce mal-être des gens qu’on ne considère plus c’est cela qui explose aujourd’hui. Et je pense en France, les gilets jaunes, verts, rouges, peu importe la couleur, vont enflammer l’Europe ! »

    « Il y en a marre de faire semblant de faire de l’écologie ! »
    Les revendications sont bel et bien celles des mouvements sociaux, même si ce n’est pas le public habituel. Au risque d’une « l’infiltration par l’extrême-droite », comme le gouvernement le prétend ? Samedi dernier, une minorité de petits groupes organisés paraissaient être affiliés à l’extrême-droite, que ce soit le GUD, Civitas, ou d’autres, qui se regroupaient autour de drapeaux français à pointe...

    Mais pour Aurélie, peintre-décoratrice à Disneyland depuis 17 ans, c’est loin de résumer le mouvement. « C’est à nous gilets jaunes d’être présents et de faire respecter les mots d’ordres : pas de racisme, de sexisme, d’homophobie, de partis politiques ! L’extrême-droite, il faut l’endiguer par la parole. » Les agressions sur des automobilistes, la délation de migrants cachés dans des camions-citernes à Calais, les insultes homophobes et racistes ? « Ce sont des faits réels, mais minoritaires par rapport au nombre ! »

    À Montpellier, ce samedi, les gilets jaunes ont d’ailleurs fait une haie d’honneur à la manifestation « Nous Toutes » contre les viols et les violences sexuelles, qui se tenait en parallèle dans 50 villes en France. Et l’écologie alors ? Pour Vanina, qui arrive de Gray en Franche-Comté, c’est l’une des premières revendications. Cette maraîchère de formation « regrette le manque d’accompagnement pour la conversion en agriculture biologique, le fait qu’il soit impossible d’échanger les semences anciennes, que les cahiers des charges soient très contraignants... » Elle manifeste aussi pour la première fois dans ce mouvement de « ras-le-bol où tout le monde porte ses idées ».

    Valérie : « Il faudrait taxer les transports aériens, les paquebots des croisières, et les importations ! »
    Le financement de la transition écologique par la taxation du carburant ? « C’est un gros mensonge pour s’en mettre plein les poches ! Ce n’est pas en taxant le carburant qu’il faut financer la transition : il faut plutôt cibler les grosses entreprises ! » Valérie, infirmière syndiquée à FO, habituée des mouvements sociaux, dit la même chose : « Il faudrait taxer les transports aériens, les paquebots des croisières, et les importations ! »

    Bien souvent le sujet ne vient pas naturellement dans la discussion. Mais tous s’accordent à dire qu’il est important, voire prioritaire, sans pour autant exprimer une vision systémique. « Moi, je fais des petits gestes, j’ai mon jardin, un compost, par économie et par principes » explique Vanina. Stéphane raconte : « J’ai pris une hybride pour moins consommer de gasoil, réduit ma consommation d’eau et d’électricité. Nous on fait des efforts : que le gouvernement en fasse aussi ! ». Christine proclame : « On a promu le diesel pendant des années, parce que ça consommait moins, et maintenant il faudrait revenir en arrière : qu’ils s’en prennent directement aux constructeurs de voiture ! ».

    « Ils gazent le peuple ! La prochaine fois, on viendra équipés. »
    Si les manifestants scandaient le matin « la police avec nous ! », on entendait plutôt, l’après-midi, dans l’épaisse nappe lacrymale recouvrant les Champs et la place de l’Étoile, « Ils gazent le peuple ! », « Elle est où la démocratie ? Elle est morte ! », « Nous sommes en dictature ! ». Les témoignages de toutes les personnes que Reporterre a interrogé sont unanimes : ce sont bien les forces de l’ordre qui, dès le matin, ont ouvert les gaz. Radicalisant la plupart des manifestants pacifistes.

    Au beau milieu des gaz, Hervé (prénom changé), peintre en bâtiment, tousse et suffoque. « Je pensais que les policiers étaient gentils, mais c’est des ordures ! Ils gazent le peuple. Si je savais que c’était comme ça, je serais venu avec mes armes. Je suis chasseur. Plus on me fait du mal, plus on me durcit : avant j’étais tranquille mais la prochaine fois je vais investir dans des gants, un casque, des lunettes, pour revenir plus équipé ! ».

    Le ton de la journée était donné. Dés 12 h on pouvait donc voir, au beau milieu de l’avenue la plus célèbre de France, une centaine de personnes construire avec joie une grande barricade puis en enflammer certaine partie, avançant puis reculant au gré des charges policières. « C’était légitime ! » dit Valérie, « à cause de cette répression il y a eu beaucoup de pacifistes retournés. »

    Dispersés par les charges suffocantes, les manifestants ont joué tout l’après-midi puis en soirée au chat et à la souris dans tout le quartier. Qui eut cru que des barricades fleuriraient rue François 1er et avenue Georges V, au milieu de touristes interloqués et du train-train huppé des hôtels chics ? Mais si le dispositif policier a clairement été débordé, la plupart des vitrines des magasins de luxe sont restées intactes, à part quelques terrasses de bar et une boutique Dior et Givenchy.

    Pour la suite, les gilets jaunes interrogés ne comptent pas s’arrêter là. « Aujourd’hui, on a pris les Champs. C’était l’acte 2. Pour l’acte 3, on prendra l’Élysée ! » confie, à la nuit tombée, un manifestant réjoui sur l’avenue illuminée par les guirlandes de Noël, les gyrophares et les feux des barricades. Le prochain rendez-vous est appelé samedi prochain. Toujours sur les Champs.

    • Les affrontements ont été violents, et un manifestant a eu une main arrachée par une grenade explosive, comme en a été témoin notre reporter photographe.

    #GiletsJaunes #paris

  • Libération.fr – 220 femmes : tuées par leur conjoint, ignorées par la société
    https://www.liberation.fr/apps/2017/06/220-femmes-tuees-conjoints-ignorees-societe

    Ils sont les grands oubliés des violences conjugales, mais y sont directement confrontés. Ces trois dernières années, d’après les calculs de Libération, 51 enfants mineurs (et huit enfants majeurs) étaient présents lors du meurtre de leur mère par celui qui était, le plus souvent, leur père. Onze d’entre eux ont perdu la vie en même temps que leur mère. La délégation aux victimes du ministère de l’Intérieur confirme cette exposition des plus jeunes à la violence conjugale : d’après ses chiffres, en 2015, 36 enfants ont été tués en France dans le cadre des violences dans le couple, dont 11 enfants tués par leur père en même temps que leur mère. 68 enfants, souvent en bas âge, étaient présents au domicile au moment des faits, dont 13 témoins directs du meurtre. Dans d’autres cas, c’est l’enfant qui retrouve le corps inanimé ou agonisant de sa mère, par exemple en rentrant de l’école. Il peut aussi assister au suicide de son père, ainsi qu’à l’intervention des secours et de la police et à l’arrestation de son père. Autant de scènes traumatisantes pour les enfants à l’issue desquelles ils deviennent orphelins d’un parent, voire des deux, et voient leur structure familiale définitivement explosée. Les professionnels sont unanimes : la présence des enfants n’est pas un frein pour l’auteur. L’enfant est même souvent l’élément déclencheur de la violence, explique Karen Sadlier, docteure en psychologie clinique qui a notamment écrit l’Enfant face à la violence dans le couple (Dunod) : « Les trois quarts des passages à l’acte violents dans le couple sont liés à la question de l’éducation des enfants : savoir quand il doit prendre son bain, s’il a fait ses devoirs, s’il a fini son assiette… » énumère-t-elle, tandis que l’enfant, de son côté, peut être pris dans un « conflit de loyauté », se sentant partagé entre ses deux parents.

    • « Je l’aimais tant, que pour la garder, je l’ai tuée ». Un peu comme dans la chanson Requiem pour un fou de Johnny Hallyday, la presse a souvent tendance à avoir recours au champ lexical de la folie quand elle traite d’un homicide conjugal. Ces actes de violence apparaissent souvent présentés comme incompréhensibles, insensés, et dû, forcément, au « coup de folie » (L’indépendant, 20 août 2014) d’un homme « rongé par la jalousie » (Le Progrès, 13 janvier 2016). L’« impensable folie d’un père », titre ainsi le Parisien après le meurtre d’une femme et de ses trois enfants en 2014 dans le Nord, La personnalité jalouse du meurtrier - voire de la victime - est souvent mise en avant, les médias évoquant de manière fréquente un « meurtre sur fond de jalousie », ou une « femme tuée par jalousie ». Si l’on en croit la presse, l’excès d’amour tue. A la lecture de ce genre d’articles, le lecteur n’a pas le sentiment d’être face à un récit décrivant un phénomène de société, mais à un fait divers isolé. On donne l’impression que rien de tout cela n’était prévisible ou évitable.

      Article du journal Le Parisien daté du 23 octobre 2015.

      Les paroles de la police ou des avocats alimentent aussi cette idée, et sont ensuite retranscrites telles quelles dans les pages du journal. « Rien ne laissait présager que cela pouvait arriver », commente ainsi un commissaire dans L’Indépendant en 2016. « On n’est pas dans le cadre de violences conjugales » affirme même le gradé à propos de l’affaire (une femme tuée par son mari). « La jalousie à l’origine du drame », peut-on lire là encore dans le titre. Les proches, eux, voient souvent dans le geste fatal du conjoint violent un acte romantique, une preuve ultime d’amour. « J’ai l’impression qu’il a voulu protéger sa famille », justifie par exemple la sœur d’un auteur. L’homme, âgé de 26 ans, a égorgé sa femme et ses deux enfants de 10 mois et 6 ans. « Quand un homme a un chagrin d’amour, il est capable de tout », défend un voisin dans une autre affaire, survenue en Guadeloupe en 2015. Souvent, les membres de la famille ou les amis justifient l’acte par l’impossibilité supposée pour l’auteur de vivre sans sa compagne, et d’accepter la rupture. « Il ne se voyait pas vivre sans elle, c’était un couple très uni », commente un proche après le meurtre d’une femme puis le suicide de son mari à Pornichet. « Il ne pouvait tout simplement pas imaginer vivre sans elle », lit-on à la fin d’un papier de l’Est Républicain, dans lequel un proche réagit au meurtre d’une quinquagénaire par son compagnon, qui s’est ensuite suicidé. Là encore, l’homme « n’aurait pas supporté l’idée de la voir partir ».
      Insister sur la personnalité du suspect, un « homme bien »

      Le geste semble d’autant plus incompréhensible que l’auteur est souvent présenté comme un homme bien sous tous rapports, qui n’avait rien à se reprocher, et qui formait avec sa compagne un « couple sans histoire ». Les commentaires sont souvent élogieux : « c’est un garçon serviable, le locataire modèle », vante le voisin d’un homme accusé d’avoir poignardé à mort sa compagne à Auch en 2016. A propos d’un homme ayant tué son épouse et sa fille avec son fusil de chasse avant de se suicider la même année, dans la Vienne cette fois, la Nouvelle république décrit un « ex-gardien de château sans histoire, ancien combattant plusieurs fois décoré, chasseur émérite ».

      Les antécédents judiciaires de l’auteur sont également souvent occultés ou minimisés. « Il était quasiment inconnu de la justice » détaille ainsi la Voix du Nord à propos d’un infirmier qui a tué trois personnes dont son ex lors d’un réveillon près d’Arras, avant de préciser que le casier judiciaire de l’auteur portait « une seule mention pour violence conjugale dans le cadre d’un divorce en 2013 ». « Il était le premier à rendre service. Il était très correct et cordial », affirme le voisin d’un sexagénaire qui a tué son ex-compagne avant de se suicider dans l’Orne en 2016. L’homme avait pourtant déjà été placé en garde à vue pour menace de mort envers la victime. Les articles, souvent rédigés dans l’urgence après les faits, ne sont pas forcément fidèles à la personnalité de l’auteur, aucune enquête n’ayant encore eu lieu. En août 2014, un retraité tue son épouse à coup de hache près de Rennes, après 56 ans de vie commune. Ouest France décrit alors l’auteur comme « un homme rigoureux et travailleur, avec qui tout le monde avait des relations courtoises ». Lors de son procès, l’homme est pourtant dépeint comme « un tyran domestique », à la « détermination monstrueuse ».

      Plus la victime est d’un milieu social favorisé, plus l’on parle d’un notable, plus la presse se montre prudente et a tendance à dresser un portrait flatteur du meurtrier présumé, quitte à occulter totalement sa victime. Le Parisien relaie ainsi le témoignage d’un maire, incrédule après le meurtre d’une épouse par son mari qui s’est ensuite suicidé, un « drame » d’autant plus incompréhensible que le couple habitait un « beau pavillon avec de belles tourelles ».

      Un fait divers survenu en 2015 à Paris est particulièrement éloquent. Le meurtrier, Charles Lüthi, était secrétaire général de l’Automobile Club de France, un club très sélect - et interdit aux femmes. Lui et son épouse Marie-France vivaient dans le cossu XVIe arrondissement. Le dimanche 7 juin, on retrouve le corps de Marie-France Lüthi, le corps criblé de coups de couteau, dans l’appartement familial, ainsi que celui de son époux, défenestré du huitième étage de leur appartement - un témoin racontera très rapidement qu’il a vu l’homme sauter. Dans les principaux articles de presse sur le sujet, on assiste à un effacement de la victime, au profit du meurtrier. On remarque aussi une curieuse formulation dans l’AFP, reprise par plusieurs médias : « Le secrétaire général de l’Automobile club de France défenestré, sa femme poignardée ». Ce titre laisse entendre que nous serions face à un double meurtre commis par une tierce personne, alors même que l’enquête s’est très vite orientée sur l’hypothèse du meurtre de l’épouse par son mari, suivie de son suicide. Plusieurs articles gomment aussi la personne de Marie-France Lüthi pour se concentrer uniquement sur la mort du prestigieux époux, comme le prouve ce délicat communiqué de l’Automobile Club de France, qui ferait presque croire à un accident arrivé au seul époux : « Le président Robert Panhard, tous les membres et le personnel de l’Automobile Club de France, très peinés d’apprendre le grand malheur qui vient d’affecter la famille Lüthi, tiennent à saluer la mémoire de Charles Lüthi, secrétaire général de l’ACF, qui vient de décéder à son domicile dans des circonstances personnelles tragiques. » Le JDD rapporte de son côté les propos d’un ami du meurtrier, abasourdi, et en fait le titre même de l’article : « Je n’arrive pas à imaginer Charly un couteau à la main ».

      Article du journal Le Figaro daté 7 juin 2016.

      On ne saura pas grand chose non plus de Christelle Delval, épouse de Frédéric Delval, figure locale d’Anglet, au Pays basque. Son époux est accusé de l’avoir tué, elle et leurs deux filles, en juin 2016, avant de se suicider. Sud Ouest rend hommage dans plusieurs articles à un « homme complexe et torturé », « qui pouvait se montrer attachant avec un désir quasi obsessionnel de justice ».

      Ce mécanisme n’est pas nouveau. Déjà, en 1980, dans le cas de Louis Althusser, dont il fut question plus haut, la personnalité publique du philosophe, figure intellectuelle marquante des Trente Glorieuses, semblait compter davantage dans le récit du meurtre que celle de la victime. Dans le premier numéro de la revue Perspectives critiques, un autre philosophe, André Comte-Sponville, assumait ainsi son absence d’empathie pour Hélène Rytmann, l’épouse de Louis Althusser : « L’annonce du meurtre, le 16 novembre 1980, nous bouleversa tous, élèves et amis, même si notre compassion, il faut le dire, allait davantage à lui qu’à son épouse. C’était injuste et compréhensible. Il était notre maître ; nous ne la connaissions presque pas. Puis mourir est le lot commun. La folie, non. L’homicide, non. L’enfermement, non. »

      Dans un texte publié sur le site Les mots sont importants, le professeur de science politique François Dupuis-Déri écrit : « Althusser a donc été l’objet de bien des théorisations quant à son profil et ses motivations psychologiques, y compris par des personnes qui ne l’ont jamais rencontré et qui n’ont jamais pu consulter son dossier médical ». Et d’expliquer qu’un processus « similaire » a été à l’œuvre dans le cas du terroriste qui a tué 14 femmes à l’École polytechnique de Montréal en 1989. Un massacre à l’évidence antiféministe (le meurtrier l’a dit à plusieurs reprises pendant la prise d’otages, et on a retrouvé sur lui une liste de femmes à abattre). Cependant, la grille de lecture de cet attentat, que ce soit par la presse ou par les autorités locales (la Ville de Montréal, par exemple) fut d’abord psychologique. Pour la sociologue Mélissa Blais, « les comparaisons des différents crimes commis spécifiquement contre les femmes et les analyses cherchant à trouver des explications dans les rapports sociaux sont mises de côté ou se trouvent submergées par les commentaires […] dans le domaine de la psychologie ».
      Minorer les faits ou mal les qualifier

      Un « couple retrouvé mort », « un couple tué par balles », « deux morts par balles » : à la lecture de ces titres, rien n’indique que l’on a affaire à un homicide conjugal - formulation quasiment absente des médias - suivi d’un suicide de l’auteur. Comme pour le cas du couple Lüthi évoqué plus haut, ce type de titres, qui laissent penser qu’il s’agit d’un double meurtre, commis par un tiers, est fréquent. Il faut parfois lire plusieurs lignes pour comprendre qu’une femme a en fait été tuée par son compagnon, qui s’est ensuite donné la mort. Certaines militantes féministes épinglent régulièrement sur les réseaux sociaux les médias qui, avec ces titres trompeurs, qui participent à « minimiser les violences patriarcales ». Les homicides conjugaux ne sont pas les seuls concernés : la presse a tendance à minorer toutes les formes de violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, souvent en les qualifiant de manière erronée. Ce qui relève de la tentative d’agression sexuelle doublée de coups et blessures deviendra par exemple de la séduction dans les colonnes du journal Paris Normandie, qui titrait encore récemment le récit d’une audience d’un « l’apprenti séducteur condamné ».

      Autre exemple, également relevé par le Tumblr Les mots tuent (« compilation d’articles pour dénoncer le traitement journalistique des violences faites aux femmes »), un article du Berry Républicain consacré à « Pascal de Vierzon ». « Que voulez-vous, c’est l’amour vache », commente le journaliste, qui s’amuse : « On picole, on rigole chez Pascal… Enfin, on rigole… Faut pas trop le chatouiller non plus, le Vierzonnais. Il a des fusils non déclarés plein les pognes, des cartouches en haut de l’armoire et le poignet souple pour la détente. Toutefois, il ne chasse ni le garenne, ni la poule d’eau. Mais, avec sa poulette régulière, il n’est pas très tendre. »

      Alors qu’elles ne reposent sur aucun fondement juridique, les expressions « drame conjugal », « drame de la séparation », ou « crime passionnel » reviennent également régulièrement sous la plume des journalistes. Nous avons recensé plus d’une cinquantaine d’utilisation du mot « drame » - le plus souvent « drame passionnel » ou « drame conjugal » - sur les 220 cas traités par la presse entre 2014 et 2016. « Ces affaires [...] suscitent le sentiment que la mort violente est un des risques naturels, objectifs, d’une rupture d’initiative féminine, et que personne n’y peut rien », écrivait Libération en 2004 lors d’un recensement du nombre de femmes tuées par leur conjoint.
      Culpabiliser la victime

      « Il aurait fallu qu’elle parte. Qu’elle quitte ce foyer où la violence écrasait tous les mots. Elle en avait eu l’occasion l’année dernière quand son concubin a été incarcéré pour avoir exercé sur elle des violences conjugales mais elle ne l’a pas fait. C’était à l’été 2013 : Carole Stepien avait été sérieusement blessée par son concubin, elle avait dû être hospitalisée pendant plusieurs jours... mais n’avait pas porté plainte. Comme deux ans auparavant, en mars 2011, Jean-Noël Hannebicque avait été rattrapé par la justice et condamné. On avait alors entrevu une porte de sortie pour sa concubine mais elle l’a toujours ignorée ». Ainsi, un article de La Voix du Nord relatant l’histoire de Carole Stepien, 47 ans, assassinée en 2015 près de Douai par son conjoint, insiste lourdement sur le fait que si la victime était partie, on n’en serait pas là. Alors même que la question de l’emprise psychologique se pose dans de nombreux cas, alors même que les choses ne sont pas si simples, alors même que le plus important n’est pas qu’une femme aurait dû ou non quitter le foyer conjugal afin de ne pas mourir, mais sans doute qu’elle ne soit pas tuée en premier lieu.

      « Mais bon sang, pourquoi n’est-elle pas partie ? », semble se dire le rédacteur de l’article. Culpabiliser la victime, même après sa mort : le procédé n’est pas rare. Lorsque ce n’est pas la coupable léthargie de la victime qui est évoquée, on s’interroge : après tout, si elle avait répondu favorablement aux avances du meurtrier, si elle n’avait pas voulu le quitter, peut-être tout cela ne serait-il pas arrivé. « Amoureux éconduit, il écrase son ex-copine », ont ainsi titré plusieurs médias dont le Figaro après le meurtre d’une jeune fille de 17 ans à Marseille en 2014, renversée volontairement en voiture par son ex-petit ami. Elle l’avait quitté quelques jours plus tôt. Si elle ne l’avait pas « éconduit », que se serait-il passé ? Et quel sens revêt le mot « éconduire », sachant que dans la bouche de certains rédacteurs d’articles de faits divers, il correspond à « repousser une tentative de viol ou d’agression sexuelle » ? « Le criminel est excusé en raison du caractère imprévisible de son acte, mais, de plus, la contribution de la victime à la genèse du crime est fréquemment invoquée », écrit Marie-France Hirigoyen dans Femmes sous emprise.

      La femme, pourtant victime, est aussi tenue, après sa mort, pour responsable du sort de son conjoint violent. « Une femme décédée. Un homme derrière les barreaux. Une véritable catastrophe humaine », s’émeut ainsi dans la République du Centre le maire d’une commune du Loiret théâtre d’un homicide conjugal. Dans Midi Libre, un avocat insiste sur la souffrance de son client, accusé d’avoir tué sa petite amie de 20 ans à Nîmes, en 2016 : « Il craignait qu’elle le trompe et avait une véritable passion pour cette jeune fille. Aujourd’hui, il y a deux familles brisées », déplore l’avocat, avant de décrire le suspect comme « totalement anéanti ».
      Former les journalistes dans les écoles et les rédactions

      Comment les médias sont-ils sensibilisés à ces questions ? En 2014, le collectif de femmes journalistes Prenons la une* publiait une tribune intitulée « Le crime passionnel n’existe pas », rappelant que l’Espagne a adopté dès 2001 une charte de bonnes pratiques médiatiques pour évoquer les violences faites aux femmes. Si les écoles de journalisme ont également un rôle à jouer, elles sont rares à intégrer la question des violences faites aux femmes, par exemple lors de leurs sessions sur le journalisme judiciaire. Et de manière générale, les violences de genre ou les inégalités femmes-hommes sont assez peu abordées.

      Dans les Côtes-d’Armor, l’IUT de Lannion est l’une des rares écoles de journalisme françaises à évoquer le traitement des inégalités femmes-hommes dans ses cours. Sandy Montanola, responsable pédagogique du DUT journalisme, fait en sorte que les étudiants réalisent des dossiers sur une thématique différente chaque année. « Cette année, ils ont travaillé sur "la violence gynécologique". Nous insistons sur le fait que les mots sont porteurs de sens et surtout symbolisent les luttes discursives portées par des acteurs ou des mouvements sociaux. Ainsi, certains termes permettent d’invisibiliser des acteurs, de rejeter la faute sur d’autres etc. Notre objectif est d’amener les étudiants à comprendre le mécanisme pour ensuite être en mesure de l’appliquer sur l’ensemble des thèmes. » Elle poursuit : « Les étudiants ont des cours sur les stéréotypes et des interventions de chercheurs sur le thème des assignations (de genre, classe, âge) et sur les mouvements sociaux (histoire du féminisme, des sexualités, des luttes, les violences symboliques). En licence professionnelle, nous leur demandons d’identifier leurs représentations sociales pour anticiper par exemple, l’effet dominant/dominé dans les interviews, mais également le choix du sexe des interviewés, les désignations... ». Il y a quelques années, le collectif Prenons la Une avait proposé à la Conférence nationale des écoles de journalisme (qui regroupe 14 écoles) afin de leur proposer des interventions sur ce thème - sans succès.

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      « Mais bon sang, pourquoi n’est-elle pas partie ? »
      quant elles partent le juge donne la garde partagé des enfants à leurs tortionnaires parcequ’il ne faut pas séparé les enfants de leur tortionnaire. Les impôts l’obligent à être en contacte avec leur tortionnaire car c’est lui qui reçoit et détiens les avis d’imposition sans lequel aucune démarche administrative n’est possible. Enfin la plus part des femmes assassinée par leur conjoint, l’on été parce qu’elles essayait de partir.

    • @mad_meg, il me semble que « l’abandon de domicile » est toujours puni par la loi. J’ai une amie qui en a fait les frais il y a 25 ans, le père lui tapait dessus et la violait, coquard sur l’œil elle part se réfugier chez des potes et dépose une main courante, mais ça ne suffit pas car le père a obtenu la garde de l’enfant devant le juge (ça a été super dur pour elle de se défendre car elle parlait mal le français).
      Elle m’a raconté cette histoire longtemps après, en pleurant, le père était mon frère.

  • Nîmes : la plateforme Auchan bloquée par les « gilets jaunes » C.R. - 22 Novembre 2018 - Le Midi libre

    Sur la zone industrielle de Saint-Césaire, à Nîmes, les gilets jaunes laissent passer la plupart des véhicules mais interdisent aux routiers de livrer la plateforme Auchan. 

    https://www.midilibre.fr/2018/11/22/nimes-la-plateforme-auchan-bloquee-par-les-gilets-jaunes,4956656.php

    A Saint-Césaire (Nîmes), ce jeudi matin, les camions desservant la plateforme Auchan ont dû faire demi tour. « On laisse circuler le peuple et on bloque les livraisons à la grande distribution... On ne bloque que l’économie », commente Momo qui, depuis mardi, est l’un des référents du mouvements sur ce site.

    « On ne bloque que l’économie »
    « On ne bloque pas les chauffeurs. On leur dit qu’ils ne peuvent livrer et ils font demi tour », rappelle Momo. A Nîmes, le mouvement des gilets jaunes en est à son sixième jour. Et depuis mardi, une cinquantaine de manifestants se sont installés avenue Joliot-Curie.
    #giletsjaunes #auchan #Nimes #enmarche vers la #décroissance !

  • Jean-Yves Le Drian ou l’intensité du désir.
    Chris au « Monde » : « la Russie ne doit pas s’ingérer dans nos affaires » 

    Formule 1, la dernière monarchie absolue d’Afrique
    Elections fantômes en eSwatini : le mercato pour l’année 2019 connu à 60%

    Assurance-Chômage : « Nous sommes dans une impasse
    Theresa May à propos du Brexit : le gouvernement veut plus de 3 milliards d’économies sur trois ans.

    Au Brésil, la haine de Theresa May dope l’extrême droite
    Lula : « je n’ai plus honte de ce que je suis, j’ai décidé de ne plus me cacher »
    Gilles Brocard, ancien prête : « nous sommes dans une impasse »

    La Polynésie française représentera la France aux Oscars 2019
    « La Douleur » d’Emmanuel Finkiel repousse l’âge d cela retraite à 62 ans.

    L’ »Aquarius » en quête d’un port pour onze migrants unis par la foudre qui ne les a pas tués
    Les miraculés d’Azerailles secourus en mer

    Ligue 1 : les Démocrates tenus en échec par Nîmes
    Dons, sensibilisation… Monaco redouble d’efforts pour mobiliser les électeurs américains

    En Allemagne, la bombe de l’homéopathie
    Efficacité sociale du logement cher, que dit la science ?

    Le fondateur des centres dentaires low cost Dentexia, assassiné au Mexique
    Un journaliste mis en examen, le neuvième depuis le début de l’année

    #de_la_dyslexie_creative

  • PAKITO BOLINO « VOMIR DES YEUX, 25 YEARS OF GRAPHIC INFECTION »
    https://laspirale.org/peinture-579-pakito-bolino- vomir-des-yeux-25-years-of-graphic-infection.html

    PAKITO BOLINO « VOMIR DES YEUX, 25 YEARS OF GRAPHIC INFECTION »Depuis les profondeurs de son bastion de la Belle de Mai marseillaise, Pakito Bolino esquisse, cisèle, dissèque et sérigraphe les travers de notre monde. Snuff-movies latino-américains, grands anciens à la Lovecraft, bondage et sadomasochisme en direct des caves munichoises, ses estampes passent à la moulinette et révèlent nos fantasmes les plus inavouables.

    Évènement à ne pas manquer ! Parmi la roborative liste des célébrations du vingt-cinquième anniversaire du Dernier Cri, son atelier de sérigraphie, alternatif collectif et structure éditoriale underground tous azimuts, le camarade Bolino s’effeuillera le temps d’une carte blanche, forcément bruyante et décapante, à l’édition 2018 de l’Étrange Festival.

    Au menu des autres festivités, une (...)

    #laspirale #Pakito_Bolino #Le_Dernier_Cri #Hopital_Brut

  • Quand l’âne attaque ! | Réalités Biomédicales
    http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2018/07/28/quand-lane-attaque

    Les attaques d’êtres humains par de gros animaux concernent le plus souvent des ours, des félins, des hippopotames, des requins, des crocodiles, plus rarement des zèbres. Des animaux domestiques peuvent également attaquer l’Homme, comme des chiens (pitbull, rottweiler, berger allemand, golden retriever) ou des chevaux. Il est en revanche bien plus rare qu’un âne s’en prenne à un être humain au point de le tuer. Un tel cas a été rapporté en mai 2018 par des médecins légistes australiens dans l’American Journal of Forensic Medicine and Pathology. Il concerne un homme de 65 ans qui circulait en moto sur une route de campagne. Son corps sans vie a été retrouvé. Deux ânes domestiques, un mâle et une femelle, d’une ferme voisine se trouvaient à proximité du cadavre.

    A l’autopsie, la victime était porteuse de multiples lacérations et lésions de morsures provoquées par un animal. Celles-ci siégeaient au visage et du cuir chevelu. Des fractures de plusieurs côtes ont été notées, de même qu’une contusion pulmonaire. A l’avant-bras gauche porteur de lacérations, le radius et le cubitus étaient fracturés avec multiples fragments. L’os du bassin était également le siège d’une fracture. Des lésions de morsures étaient visibles à la cuisse gauche et au bras droit. Sur la fesse droite, les légistes ont observé deux abrasions semi-circulaires de 4 cm sur 6 cm. A l’aisselle droite, ils ont noté deux abrasions en arc de cercle de 5 cm sur 9 cm. Enfin, une lésion semi-circulaire de 3,5 cm était visible sur la joue gauche.

    
Le décès a été attribué à un traumatisme thoracique fermé, autrement dit sans plaie ouverte. Selon les légistes de l’université d’Adélaïde, un ou deux ânes ont été percutés par le motocycliste. Ces animaux l’ont ensuite traîné sur la route sur une distance de 50 mètres tout en le mordant et le piétinant.

    Un moulage de la dentition des deux ânes a été réalisé. Les arcades dentaires correspondaient aux lésions de la victime, notent les auteurs qui soulignent qu’il n’a pas été possible de déterminer si la victime avait été mordue par un seul âne ou les deux. Ils précisent que le motocycliste avait un taux d’alcoolémie de 1,4 g/L qui aurait pu l’empêcher de se défendre efficacement.

    En 2011, un décès imputable à une attaque par un âne avait été rapporté par des médecins italiens. Un homme de 65 ans avait été retrouvé mort dans la cour de sa ferme. Près du corps se trouvait un âne adulte, apparemment docile et non intéressé par le corps de son maître. Les enquêteurs avaient remarqué un filet de sang sur la lèvre inférieure de l’âne et avaient prélevé un échantillon.

    
La victime portait une plaie très profonde à la face antérieure du cou. Les médecins légistes ont constaté que la trachée avait été sectionnée et que le cartilage thyroïde du larynx était porteur de multiples fractures. Il s’en était suivi une hémorragie intra-trachéale. Une importante quantité de sang dans les lobes pulmonaires inférieurs avait été observée à l’autopsie. La cause du décès avait été attribuée à une hémorragie massive associée à une asphyxie par inhalation de sang dans les poumons.

    Le cadavre portait par ailleurs de multiples abrasions cutanées sur le visage, le bras droit et le thorax. Plusieurs fractures de la main droite, sans doute des plaies de défense, ont également été notées.

    Des empreintes dentaires de l’âne ont été réalisées. Il ressort que les lésions de morsures sur le corps de la victime correspondaient aux dents antérieures de l’animal. Par ailleurs, le sang prélevé sur la lèvre inférieure de l’âne était celui de la victime. 


    Cas pédiatriques

    En 1976, un enfant âgé de deux ans et demi décédait en Israël après avoir été mordu en de nombreux endroits sur le corps par un âne appartenant à sa famille. Il présentait également des fractures de la jambe gauche. Le décès était survenu le lendemain de son hospitalisation. L’autopsie avait révélé une embolie graisseuse massive au niveau pulmonaire et cérébral. Cette complication, généralement consécutive à une fracture de membre inférieur, est due à la migration dans les vaisseaux sanguins de globules graisseux provenant de la moelle osseuse rompue et qui finissent par obstruer les capillaires des poumons et du cerveau.

    En 2009, des chirurgiens orthopédistes de Bamako (Mali) ont rapporté deux cas de fractures ouvertes de jambe par morsure d’âne chez deux garçons de 11 et 13 ans. Une antibiothérapie, une vaccination antirabique et antitétanique avaient été réalisées. L’évolution avait été favorable dans les deux cas. L’âne qui avait mordu le plus jeune enfant était enragé. L’enfant avait été traîné sur plusieurs mètres. L’animal n’avait pas lâché prise malgré avoir reçu de nombreux coups de bâton. Il n’avait finalement succombé qu’après avoir reçu plusieurs coups de machette.

    
En 2002, des médecins de Ouagadougou (Burkina Faso) ont rapporté le cas d’un garçon de 9 ans qui avait eu deux paupières arrachées par la morsure d’un âne. La petite victime donnait à manger à l’animal quand un autre enfant avait donné un coup de bâton à l’animal. Celui-ci avait réagi en se ruant sur l’enfant qui le nourrissait, le mordant au visage et à la jambe gauche. L’enfant avait été pris en charge un mois plus tard en Europe par une équipe de chirurgiens ophtalmologistes et plasticiens. Ils avaient reconstruit la région palpébrale à partir d’un greffon prélevé sur la muqueuse buccale. Malgré la qualité des soins reçus, le résultat fonctionnel est resté catastrophique. L’enfant avait quasiment perdu son œil, l’acuité visuelle restant réduite à la seule perception lumineuse 18 mois plus tard.

    Tous ces cas cliniques montrent que les morsures d’âne sont graves. Cet ongulé a la réputation d’être travailleur et docile. Il peut cependant devenir agressif lors de la période de reproduction. Aux conséquences fonctionnelles et esthétiques s’ajoute le risque de contracter la rage.

    
Pour conclure, signalons qu’en 2017 des chirurgiens urologues italiens ont rapporté le cas d’un jeune homme de 23 ans ayant subi une phalloplastie, intervention chirurgicale visant à reconstruire le pénis. A l’âge de 3 ans, il avait été mordu à travers ses vêtements par un âne au niveau des organes génitaux externes. La morsure avait entraîné une amputation partielle de la verge.

    Marc Gozlan

    #nos_ennemis_les_bêtes #ânes

    • Attaques d’araignées Loxosceles rufescens vers Montpellier

      cc @arno je découvre qu’il y a des prédateur·ices serieux·ses vers chez toi
      http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2017/01/23/il-etait-plusieurs-fois-la-morsure-dune-araignee-p

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      Une école envahie par des araignées-loup à Montpellier, sept classes fermées

      http://www.leparisien.fr/societe/une-ecole-envahie-par-des-araignees-loup-a-montpellier-sept-classes-ferme

      A l’école Olympe-de-Gouges, à Montpellier (Hérault), sept classes ont été fermées durant près d’une semaine.

      A l’école Olympe-de-Gouges de Montpellier (Hérault), il ne vaut mieux pas être arachnophobe. Depuis une semaine, des araignées loups ont élu domicile dans les classes. Sept salles ont dû être fermées, comme le rapporte Midi Libre.

      Au total, 130 élèves ont été délogés de leurs classes, suite à la découverte des insectes. « Sept classes parmi les 16 de l’école n’ont plus de locaux, puisqu’elles ont été envahies par un spécimen d’araignées loups, détectées par les agents d’entretien qui ont eu des démangeaisons et des problèmes cutanés à la suite de leur intervention dans les classes », explique Alexandra Seoane, la directrice de l’école, au Midi Libre.
      Le fonctionnement de l’école « perturbé »

      Peu attrayantes, araignées loups sont connues pour transporter leurs petits sur leur abdomen. Elles se nomment ainsi car elles ont la particularité de ne pas tisser de toile mais de chasser leurs proies.

      Par sécurité, la cheffe de l’établissement a donc décidé de fermer les locaux, le temps que la mairie fasse venir une équipe de désinfection. En attendant, « les enfants sont répartis dans les autres classes, ce qui perturbe le fonctionnement de l’école entière », déplore Alexandra Seoane.

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      Montpellier : des salles de classe fermées à cause d’araignées-loups

      http://www.lagazettedemontpellier.fr/42522/montpellier-des-salles-de-classe-fermees-a-cause-daraignees-l

      Il faut avoir le cœur bien accroché lorsqu’on tombe nez à nez avec la demoiselle. Depuis jeudi dernier, sept classes de l’école élémentaire et primaire Olympe de Gouges, dans le quartier Ovalie, ont été fermées pour des raisons sanitaires. En cause : des araignées-loups avaient élu domicile dans les salles de classe.

      « Nous avons alerté les services de la mairie la semaine dernière, dès que nous avons constaté que les araignées se multipliaient et que c’était une invasion », explique une enseignante. En attendant que le problème soit réglé, les enfants ont été répartis dans les dix autres classes que compte l’école.

      Pendant le week-end, une entreprise privée est venue éradiquer les araignées à coup de pulvérisateur. Mais ce lundi, les enfants ne pouvaient toujours pas réintégrer leurs classes. Les services de la Ville n’ont pas donné leur aval pour rouvrir les classes.

      « Nous n’avions aucune indication quant aux risques encourus par les élèves et les personnels », pointe la professeure.

      Elle chasse en meute

      Ce mardi, à midi, les services techniques de la ville ont informé la direction de l’école qu’"il n’y a plus aucun risque sanitaire pour les enfants à réintégrer les locaux". Les enseignants et leurs élèves ont ainsi pu regagner leurs classes respectives à partir de 14 h.

      Sans danger pour l’homme, l’araignée-loup est toutefois impressionnante, surtout lorsqu’elle transporte ses petits sur son dos. Elle est commune partout, de la lisière de forêt jusqu’aux jardins, même urbains. Le nom d’araignée-loup semble venir du fait que ces araignées sont souvent assez nombreuses à chasser sur un même territoire, ce qui a pu faire imaginer qu’elles chassaient en meute, comme les loups.

      –----
      Montpellier : sept classes fermées une semaine à cause d’une invasion d’araignées
      https://www.midilibre.fr/2018/10/16/montpellier-7-classes-fermees-pendant-une-semaine-a-cause-dun-invasion-dar

      Agde
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      Béziers
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      Lodève
      Lunel
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      Montpellier : sept classes fermées une semaine à cause d’une invasion d’araignées

      Une des araignées photographiée dans l’école.
      Une des araignées photographiée dans l’école. DR

      Publié le 16/10/2018 à 13:55 / Modifié le 16/10/2018 à 17:05
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      Faits divers, Montpellier, Enseignement et formation
      Dans le quartier Ovalie, sept classes sont restées fermées depuis mercredi 10 octobre alors que les préfabriqués ont été envahis d’araignées-loups. Après un traitement vendredi et des opérations de nettoyage, sept classes de l’école Olympe-de-Gouges doivent finalement rouvrir ce mardi après-midi.

      A l’école Olympe-de-Gouges, dans le quartier Ovalie, sept classes sont restées fermées plusieurs jours en raison d’une invasion d’araignées, suivie d’une opération de désinfection puis de nettoyage. Ce mardi 16 octobre au matin, Alexandra Seoane, la directrice de l’école, tirait la sonnette d’alarme alors que les services techniques de la Ville n’avaient pas encore donné leur aval pour rouvrir les classes.
      Une espèce qui chasse en meute
      Depuis la découverte de ces arachnides, vraisemblablement des araignées-loups, les 130 élèves de maternelles et de classes élémentaires, habituellement répartis dans les locaux préfabriqués, avaient été intégrés au reste de l’établissement. Certaines classes de cette école placée en zone Rep avaient vu leurs effectifs augmenter de façon conséquente.
      Des inquiétudes

      Face à cette situation ubuesque, les parents d’élèves n’avaient pas manqué de réagir. Ce mardi, Cécile Finou notamment interrogeait : le nettoyage a-t-il été complètement effectué ? Les enfants peuvent-ils retourner dans leurs locaux ? La situation sanitaire est-elle revenue à la normale ?
      Levée de doutes

      Ce mardi, à midi, les services techniques de la ville informaient la direction de l’école qu’"il n’y a plus aucun risque sanitaire pour les enfants à réintégrer les locaux". Les enseignants et leurs élèves pouvaient donc regagner leurs classes respectives à partir de 14 h.

      Reste que d’autres araignées de cette espèce auraient été observées à l’extérieur des locaux...

      J. M.

      Un commentaire permet (enfin) de savoir de quelle araignée il s’agit :

      Il s agit d une lycose de Narbonne, caracteristique de notre region ,(proche de la tarentule d Italie). J ai toujours vu ces araignées dans notre region, déjà petit je les observais dans le jardin de mes parents près de Montpellier (il y a plus de 40 ans), elle aimaient les herbes seche et les zones tres seches. Il s agit de la plus grosse araignee de France et il est vrai que sa morsure peut être douloureuse mais elle n attaque pas et ne mord que pour se defendre. Ceux qui font de la course à pied le soir, à la tombee du jour avec une lampe frontale ont déjà vu plein de petits points lumineux dans l herbe : il s agit de leurs yeux qui reflettent la lumiere. Par ailleurs elles sont tres utiles par le nombre d insectes qu elles mangent (elles ne font pas de toile et chassent à cour)
      Donc inutile d en faire un plat, elles ont toujours été chez nous et ne sont pas réellement dangereuse, contrairement à d autres espèces arrivées depuis peu beaucoup plus nuisible et surtout inutiles..

      –-----
      La fiche wikipédia ne parle pas de « chasse à cour » ni de « chasse en meute ».

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Lycosa_tarantula

      Sur ce lien qui décrit un peu les techniques de chasse de Lycosa tarantula il n’est pas fait mention de chasse à cour ni de chasse en meute :
      http://worldofreptile.com/fiche-descriptive-lycosa-tarantula

      Cette araignée ne tisse pas ou pratiquement pas de toile.
      Elle recouvre l’entrée de son terrier avec des brindilles et des petits cailloux.

      Afin de s’alimente et donc chasser, elle pratique la chasse à l’affut, elle va se positionner à un endroit et attendre sans bouger qu’une proie intéressante passe devant elle pour lui sauter dessus, parfois elle traquera une proie.

      –----
      ici un joli texte sur la Lycose de Narbonne
      https://www.e-fabre.com/e-texts/souvenirs_entomologiques/lycose_narbonne.htm

      D’autres aranéides font encore mieux. Telle est la Lycose de Narbonne où Tarentule à ventre noir (Lycosa narbonensis Walck.), dont les prouesses ont été racontées dans un précédent volume. Rappelons son terrier, son puits de l’ampleur d’un col de bouteille, creusé dans les terrains caillouteux aimés du thym et des lavandes. L’embouchure a pour margelle un bastion de graviers et de débris ligneux cimentés de soie. Rien autre autour de la demeure, ni toile, ni lacets d’aucune sorte.

      De sa tourelle, haute d’un pouce, la Lycose guette le Criquet passant ; elle bondit, poursuit la proie et l’immobilise soudain d’une morsure à la nuque. La consommation de la pièce se fait sur place ou bien dans le repaire, consommation que ne rebutent pas les téguments coriaces de l’acridien. La robuste chasseresse n’est pas une buveuse de sang comme l’Epeire : il lui faut aliment solide, qui craque entre les mâchoires. C’est le chien dévorant son os.

      Tenez-vous à l’amener au jour du fond de son puits ? Introduisez une fine paille dans le terrier et agitez.

      Inquiète de ce qui se passe là-haut, la recluse accourt, monte et s’arrête, menaçante, à quelque distance de l’orifice. On voit briller dans l’ombre ses huit yeux, semblables à des diamants ; on voit bâiller ses puissants crocs venimeux, prêts à mordre. Qui n’a pas l’habitude de cette horreur, remontant de dessous terre, ne peut se défendre d’un frisson. Brrr ! laissons la bête tranquille.

    • Pour commencer, les plages en ville, si tu as la possibilité, c’est à fuir : Palavas, Carnon, et même la Grande Motte, c’est exactement tout ce que je déteste à la plage. La prochaine serviette est à deux mètres, il y a des niards qui courent partout, il y a tellement de monde qu’en gros, tu as pas mal de chances pour ne même pas avoir la vue sur l’eau depuis le sable… et les basses de la techno d’ambiance du restaurant de plage derrière toi qui achèvent de te gâcher le plaisir… et, évidemment, l’ambiance hyper-commerciale avec sa collection de glaces italiennes et de restaurants authentiques juste au bord de la plage.

    • Un moindre mal : le très long lido qui sépare Carnon et la Grande Motte, intitulé le petit Travers et le grand Travers.

      Très beau sable, les plages sont aménagées (douches, WC… - ce qui est assez nécessaire avec de jeunes enfants). Paillotes à intervalle régulier (perso j’ai horreur, mais bon).

      À part les paillotes, rigoureusement aucune construction sur le littoral, et comme c’est surtout accessible en voiture, il y a nettement moins de monde que dans Palavas, Carnon ou la Grande Motte.

      Et pour ceux qui aiment les bêtes plus que mes enfants, quelques entrées de plage où les chiens sont autorisés.

    • Je note, mais je ne connais pas encore : une immense plage de sable fin, dont je lis partout que c’est magnifique, c’est la Plage de l’Espiguette. C’est assez loin à l’est de Montpellier, à l’entrée de la Camargue (et comme nous on est dans l’ouest de Montpellier, c’est pas vraiment la porte à côté).

      De ce que je lis, c’est relativement sauvage, parce qu’il faut beaucoup marcher avant d’arriver à la mer (donc chouette dans l’absolu, mais plus difficile avec de jeunes enfants).

      Si j’ai bien lu : il y a une zone naturiste. (Et possiblement de l’échangisme dans les dunes, mais c’est pas trop documenté sur le site de la mairie.)

    • Un bon compromis familial (relativement accessible, douches, WC…), c’est la plage de Maguelone, en face de la cathédrale.

      Le sable est assez grossier, avec des coquillages et des galets, on arrive à poser la serviette sans être trop les uns sur les autres, la pente dans l’eau est très douce, on peut donc marcher très loin avant de se noyer.

      Et donc : paysage magnifique (avec dans le dos : vue sur la cathédrale, les étangs, le Pic Saint-Loup…), aucunes constructions, pas de zicmu, moins de monde… Accès à pied ou à vélo par Palavas, ou bien en voiture par le parking à l’extrémité de Palavas, ou derrière la cathédrale via Villeneuve-lès-Maguelone (5 euros, pfff, quelle que soit la durée), puis petit train gratuit tous les 15-20 minutes.

      Apparemment, jusqu’à il y a quelques années, c’était une plage « mixte » (maillot optionnel), mais désormais c’est « tenue correcte exigée » par arrêté municipal.

      Actuellement il y a un food-truck pour manger, et au poste de secours il y a des toilettes où on peut remplir sa bouteille d’eau.

    • Carrément magique : le long lido entre Palavas et Frontignan, totalement sauvage. Depuis Frontignan, c’est la plage des Aresquiers, et depuis Palavas c’est la partie non surveillée de la plage de Maguelone. C’est une fine bande de plage entre la mer et l’Étang de Vic, sur plusieurs kilomètres, il n’y a rigoureusement aucune construction, et c’est absolument superbe. La différence avec les Travers, c’est que c’est totalement inaccessible en voiture, et non surveillé.

      Plage connue, historiquement, pour sa tolérance (il y a plusieurs études sociologiques à son sujet – si je te le dis…), des hippies aux naturistes en passant par les gays. Il est facile de poser sa serviette à plus de 100 mètres de la prochaine serviette, autant dire que tu es carrément tranquille (évidemment, c’est toujours plus difficile pour les femmes seules, qui préfèrent se rapprocher des zones plus peuplées).

      C’est pas vraiment familial parce que c’est pas très facile d’accès (il faut beaucoup marcher), il n’y a aucun service de plage (pas de douches, pas de WC, pas de surveillance…). Et le maillot est optionnel (plus ou moins obligatoire à divers endroits, tels que le centre de voile, et le spot de kite-surf).

      Accès depuis les parkings payants (puis petit train) de Maguelone et Palavas. À Frontignan, possibilité (tôt le matin) de se garer gratuitement au niveau du pont des Aresquiers (mais c’est très très vite blindé). Le chemin le long du canal du Rhône à Sète n’est plus accessible aux voitures, et on ne peut plus s’y garer.

      Regarde-moi ça : 18h40, mon vélo et personne à proximité. En continuant un peu plus loin avec le vélo, j’ai fait un bon kilomètre sans croiser personne.

    • Pour venir depuis Montpellier en vélo :
      – prendre (avec le vélo) le tramway, ligne 3, jusqu’à Lattes Centre.
      – de là, prendre le chemin piétos-vélos qui longe le Méjean puis l’étang de Pérols (six ou sept kilomètres, tout plats), de Lattes à Palavas ;
      – arrivé à Palavas, si on continue tout droit, on peut aller à la plage au centre de Palavas (c’est horrible, et je ne vois pas quoi faire du vélo…) ;
      – en fait, à l’entrée de Palavas, descendre à droite après le pont, au niveau croisement entre le Lez et le canal, et prendre la voie des 4 Canaux, puis le chemin de halage du canal du Rhône à Sète. Là c’est magique.

      Le hic : le chemin de halage est officiellement fermé au public, parce que travaux – mais on peut passer. En gros, il y a 300 mètres au milieu du chemin de halage où il faut descendre du vélo et marcher pour éviter de la vase sur le chemin (pourquoi ils laissent ça comme ça, alors que ce serait pas bien difficile de stabliser un chemin pour les vélos…).
      – et on arrive derrière la cathédrale de Maguelone. De là, direction la plage de Maguelone, et on n’a pas croisé une voiture.

      À priori, si on poursuit le long du canal après Maguelone, on peut pousser jusqu’aux Aresquiers, mais j’ai pas encore tenté le coup.

    • Une grosse demi-heure à l’Ouest de Montpellier, le Pont du Diable. Belle plage, on se baigne dans l’eau douce de l’Hérault, et on peut sauter depuis les rochers (hum…).

      Plage très appréciée des locaux : parce qu’on n’y croise pas les plagistes de Palavas (il faut la voiture).

      (Le détail à placer dans une conversation : historiquement, le « Pont du Diable » a réellement été construit par le diable. #puisque_je_te_le_dis)

      Juste à côté, la grotte de la Clamouse, le village (à voir absolument) de Saint-Guilhem le Désert. En option, visiter Saint-Jean-de-Fos, et avec les enfants l’Argiléum.

    • Ma nouvelle idée du paradis : à 45 minutes à l’Ouest de Montpellier, le lac du Salagou, lac de retenue du barrage éponyme, avec les ruines du village abandonné de Celles.

      L’eau est magnifique, la terre est rouge (le ciel est bleu…). J’ai pris des photos de mes enfants, on dirait des publicités pour des vacances au Club Méd :-))

      C’est immense, j’ai pas encore compris s’il y avait une base nautique où l’on pourrait louer des bateaux (parce qu’il y en a sur le lac).

      En tout cas les gamins ont adoré. Les gens les plus proches étaient à 100 mètres. (Après, aucun service de « plage », ni de maître-nageur, alors tes gosses dans l’eau, c’est toi qui les surveilles. À moins, encore une fois, qu’il y ait une base nautique plus organisée quelque part – mais du coup, avec sans doute plus de foule.)

      Le soir, ce sont les pêcheurs qui prennent la relève. Et on m’a prévenu (vu que j’avais les gamins), si on pousse plus loin le long du lac, le maillot devient optionnel.

    • Je note pour plus tard, mais je ne connais pas encore :
      – la source du Lez, vers Prades-le-Lez, tout près de Montpellier donc ;
      – les gorges de l’Héric au nord de Béziers (ça commence à faire loin)
      – les cascades du Sautadet au nord de Nîmes (là ça fait vraiment loin)
      – le lac de Cécélés (une demi-heure au nord de Montpellier)
      – à une heure au nord-ouest de Montpellier, sur la Vis, des cascades à Saint-Laurent-le-Minier et à Saint-Maurice-Navacelles
      – Saint-Etienne-d’Issensac, à 40 minutes au nord-ouest de Montpellier
      – le Lac de Jouarres, à plus d’une heure et demi à l’ouest
      – le lac du Crès, donc quasiment « dans » Montpellier (Le Crès est un village dans la périphérie nord-est de la ville, entre Castelnau et Vendargues). A priori, il y a du monde (mes enfants iront cet été avec le centre de loisir, d’ailleurs).

    • Je confirme pour la plage de l’Espiguette, il faut traverser les dunes dans une impression de désert assez exceptionnelle. J’y suis allée avec des potes qui vivent à l’ENTAV, un centre de recherche INRA sur la vigne qui dispose de plusieurs hectares près de cette plage. Il y a des envolées de parachutes c’est un peu ventu mais vraiment peu de monde, ça a peut-être changé ceci dit, c’était il y a 6/7 ans.

    • Le centre aquatique Neptune à la Mosson est très agréable, avec un grand bassin de 50 mètres à l’extérieur. Ouvert uniquement le matin jusqu’à 14h30 au public, les après-midi sont réservées à des activités pour les enfants.
      https://www.guide-piscine.fr/herault/centre-nautique-neptune-piscine-de-montpellier-202_P

      La piscine extérieure est bordée d’une grande terrasse « en dur » (c’est-à-dire pas en gazon), il y a un bassin intérieur de 25 mètres, et dehors une pateaugeoire pour les plus petits.

      Sur la photo du site, on voit des tubes et des toboggans : ces équipements n’existent plus, c’est désormais une piscine très classique. Les plongeoirs également ont été démontés.

      Je vois que des grands travaux sont prévus prochainement :
      https://e-metropolitain.fr/2017/12/09/montpellier-neptune-metropole-se-jette-a-leau

    • Sinon, nouvelle tentative pour rejoindre la mer en vélo : ça se fait très bien depuis le centre ville.

      À partir de la (nouvelle) mairie jusqu’à la mer, il y a moyen de faire tout le trajet sans quasiment croiser une voiture.

      – De la mairie au centre de Lattes, à peine plus de 4 kilomètres le long du Lez, à plat, sur la piste cyclable.

      – Du centre de Lattes au Pont des 4 canaux à l’entrée de Palavas, 5,5 kilomètres par le chemin cyclable qui passe entre les étangs.

      – Du croisement des 4 canaux à la plage de Maguelone, en passant par le chemin de halage du canal du Rhône à Sète, environ 5 kilomètres.

      Du coup, depuis la mairie, environ 15 kilomètres, à plat, pour rejoindre la très belle plage de Maguelone, entièrement sur des chemins totalement séparés des voitures. C’est très faisable… Et ça va plutôt plus vite que de prendre le tram…

    • Puisque la grande vient d’y terminer un stage d’une semaine de canoë-kayal : la base de La Valette, au nord du zoo de Montpellier :
      http://www.montpellier3m.fr/equipement/base-de-canoe-kayak-de-la-valette

      C’est a priori réservé au canoë-kayak (outre le club et ses stages, on peut aussi simplement louer du matériel pour quelques heures), mais l’endroit est charmant et ombragé, et il y a en ce moment quelques familles qui y passent l’après-midi tranquillement.

      Bon, ce n’est pas le spot le plus couru de Montpellier, mais c’est mignon. À vue de nez, le soir vers 17 heures, en ce moment, il y a une vingtaine de personnes qui ne font pas de kayak, et une petite poignée qui se baignent. (C’est tranquille, quoi.)

      Après, la rivière qui se jette dans le Lez à cet endroit, ce n’est pas aussi propre que le Lez, d’après le moniteur de ma grande, qui conseille de prendre une douche après. (Hum.)

    • Nous avons tenté l’Espace Grand Bleu, qui est la piscine municipale de la Grande Motte.
      https://www.lagrandemotte.com/grand-bleu/23/Espace-Le-Grand-Bleu---Piscine-de-La-Grande-Motte-Reouverture-Lundi-3

      C’est pas la piscine municipale du premier bled venu, c’est plus un parc aquatique avec des toboggans, des jets d’eau, plein de bassins différents, une piscine à vagues (qui n’a pas l’air de fonctionner, en tout pas quand on y était).

      – Pour de la piscine municipale, c’est assez hors de prix : 11,60€ pour les adultes, 8,90€ pour les mineurs. Un peu moins cher en tarif famille, mais ça reste tout de même bonbon. En ce moment (ou juste le jour où on y était), les piscines intérieures sont fermées, alors tarif unique à 6 euros.

      – Alors là, c’est la pleine saison : il y a un de ces peuples, c’est pire que la plage. Dans les bassins, si tu arrives à être à plus d’un mètre d’un gamin qui saute dans tous les sens en hurlant de bonheur (oui, le gamin mouillé hurle de bonheur quand il fait chaud), tu as de la chance. Queue interminable aux toboggans (donc grosso modo inaccessibles avant 18 heures).

      Je pense que si on y retourne, ce sera hors-saison, ou alors le matin. Là, l’après-midi le week-end en août, avec la canicule, je pense qu’on ne pouvait pas plus mal tomber.

      [edit] Selon la Gazette, 2400 visiteurs par jour. Tu m’étonnes que j’ai eu l’impression qu’il y avait du monde…

  • Condamnation de Moussa : face à la criminalisation des sans papiers : solidarité !
    https://rebellyon.info/Verdict-pour-Moussa-19365

    Moussa Camara, militant à Aides est menacé par les autorités de quitter le territoire français. Malgré une lutte acharnée à Nîmes, pendant son séjour au centre de rétention, les forces de l’ordre ont tenté d’expulser Moussa à l’aéroport de Saint-Exupéry le 3 Mai pour un vol direction Conakery. Moussa a finalement été jugé le Mardi 12 Juin au tribunal correctionnel de Lyon et condamné. Retour sur un rendu écœurant.

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