Etonnant article du Nouvel Obs qui prend acte du retournement de conjoncture régionale (guerre déclarée contre Da3ech) et nationale en faveur d’Assad.
▻http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140825.REU7805/bachar-al-assad-conforte-par-la-montee-de-l-etat-islamique.html
« Il est clair qu’Assad est dans une dynamique de victoire et qu’il va finir par l’emporter », souligne Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à la Maison de l’Orient. « La question est de savoir à quelle vitesse il va rétablir son contrôle sur le territoire, si c’est sur l’ensemble du territoire ou s’il va laisser des zones autonomes ».
On y critique, par le biais de la voix de divers spécialistes, les analyses qui le voyaient un peu vite à bas :
« Bachar al Assad n’est plus considéré aujourd’hui de la même manière qu’en août 2013 », lorsque Paris et Washington étaient prêts à mener des frappes contre les positions du régime, selon Didier Billion, spécialiste Moyen-Orient et directeur-adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
« On est revenu à un début de jeu diplomatique, il y a eu un changement substantiel puisque jusqu’alors personne ne voulait parler avec Bachar sauf ses soutiens », dit le chercheur.
« Tous les va-t-en-guerre qui voulaient intervenir ou qui avaient des velléités d’intervention contre Assad se sont retrouvés gros-jean comme devant, la France en premier », après la volte-face américaine et l’accord russo-américain sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien.
Et on y éreinte même l’aveuglement de la ligne du quai d’Orsay :
« La France est bien embarrassée », estime Fabrice Balanche. « Laurent Fabius est critiqué pour avoir manqué de prudence, avoir fait croire que le régime allait tomber et qu’il n’y avait que très peu d’islamistes dans les rangs des rebelles syriens. »
"Aujourd’hui, il n’y a plus guère que la France et l’Arabie saoudite qui sont contre le régime syrien, les Etats-Unis ont dit que c’était une illusion de croire que l’opposition pourrait remplacer Bachar, on a compris depuis un an que le régime allait rester en place", estime-t-il.
La marge de manoeuvre de la France, qui continue d’affirmer que Bachar al Assad n’a pas d’avenir, s’annonce donc limitée.
« Quand on continue à exiger le départ de Bachar al Assad, ça nous rend un peu impuissant. On s’est engagés trop vite, trop loin et dans une fausse direction », déclaré Didier Billion. « On va peut-être changer de position, ça va être compliqué à expliquer et ça ne va peut-être pas être très crédible. »
Et pour ce qui est des erreurs des journalistes ? Cela fera l’objet d’un article ultérieur, probablement...