city:raqqa

  • Au Liban, la fête du Fitr assombrie par les attaques de Tripoli
    https://www.lorientlejour.com/article/1173476/au-liban-la-fete-du-fitr-assombrie-par-les-attaques-de-tripoli.html

    Le premier jour de la fête du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, a été assombri au Liban par l’attaque meurtrière qui a fait quatre tués lundi soir dans les rangs des forces de sécurité à Tripoli. En dépit de la gravité de cette agression, les responsables se veulent rassurants quant à la situation sécuritaire dans le pays.

    Abdel Rahmane Mabsout a abattu lundi soir quatre membres des forces de sécurité avant de se faire exploser. La direction générale des Forces de sécurité intérieure a ainsi annoncé mardi dans un communiqué la mort du sergent Johnny Khalil et du caporal Youssef Faraj. Le commandement de l’armée libanaise a pour sa part annoncé la mort du lieutenant Hassan Ali Farhat et du soldat Ibrahim Mohammad Saleh.

    Il n’y a pas eu de revendication immédiate des attaques et les mobiles de l’assaillant restent inconnus. Mais selon des responsables de sécurité, l’auteur était un extrémiste récemment libéré de prison. Des médias locaux ont rapporté que cet homme, originaire de Tripoli, avait combattu à Raqqa, en Syrie, dans les rangs de l’Etat islamique. Le tireur a d’abord ouvert le feu sur une branche de la Banque centrale, puis sur un poste de police et un véhicule militaire, avant d’être coincé dans un immeuble résidentiel par les forces de sécurité et de faire détonner sa ceinture d’explosifs.

  • IS fight: US-led coalition says it killed 1,300 civilians in Syria and Iraq - BBC News
    https://www.bbc.com/news/world-middle-east-48473979

    Depuis 2014,

    A UK-based monitoring group says the true toll is much higher, estimating up to nearly 13,000 civilian fatalities.

    [...]

    Last month, an investigation by activists concluded that more than 1,600 civilians were killed in coalition attacks on the Syrian city of Raqqa alone during a five-month campaign to oust IS in 2017.

    #Etats-unis #crimes #mensonges #fake_news #civils #victimes_civiles #Irak #Syrie

  • Le Régime de Macron panique après la publication du Colonel Legrier, La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? - AgoraVox le média citoyen
    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-regime-de-macron-panique-apres-212734

    L’article remarquable, ci-dessous, écrit par le Colonel François-Régis Legrier - Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019 - est d’un intérêt capital à plusieurs titres.

    Il l’est, notamment, pour la compréhension du désastre de la "stratégie" militaire menée depuis 5 mois par la "Coalition" dans la bataille d’Hajin en Syrie, des conséquences dramatiques vécues par les populations civiles mais également du profond ressentiment engendré à l’égard des Etats responsables de ce désastre.

    Ce brûlot a été publié récemment dans la Revue de la Défense Nationale - page 65 à 71 - sous le titre :

    La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?

    Le Régime de Macron a très mal pris cette publication qui pointe la responsabilité avant tout politique de ce désastre auquel a participé activement l’Etat français, vassal des US. 

    Cet article a été retiré de la publication de la RDN et selon des médias, Le Colonel Legrier risquerait des sanctions. 

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    La bataille d’Hajin (septembre 2018 – janvier 2019) du nom d’une petite localité située sur la rive Est de l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak mérite de laisser son nom dans l’histoire militaire à plus d’un titre. Elle est d’abord la dernière « bataille rangée » contre le pseudo État islamique et semble mettre un point final à sa volonté de contrôler un territoire. Elle est ensuite, pour nous Occidentaux, riche d’enseignements sur la guerre, et tout spécialement les limites de la guerre par procuration et de notre approche tournée vers la suprématie technologique.

    Au XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes était réglé en une journée – Austerlitz par exemple ; au XXesiècle, il faut compter en semaines – que l’on pense à la poche de Dunkerque en 1940 ; au XXIe siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites. Telle est la réalité de la guerre aujourd’hui qui doit nous conduire, décideurs politiques et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir et faire la guerre.

    Certes, la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? Si la réduction du dernier bastion de l’État islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ? Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche d’Hajin et épargner à la population plusieurs mois de guerre.

    Par ailleurs, en sous-traitant aux Forces démocratiques syriennes (FDS), c’est à-dire à des proxys – des troupes soutenues par les Américains qui leur ont délégué le droit de se battre à leur place – la conduite des opérations au sol, la Coalition (1) a renoncé à sa liberté d’action et perdu la maîtrise du tempo stratégique. Prise en étau entre la décision de Donald Trump de se retirer du Nord-Est syrien et le bon vouloir des FDS, elle n’a pas trouvé de meilleure solution que d’intensifier les bombardements pour en finir au plus vite, compromettant ainsi durablement l’avenir de cette province.

    In fine, la question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux, lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.). C’est là, l’approche assumée sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre et nous souhaitons ici indiquer ce qui aurait pu être fait pour mettre l’ennemi hors de combat sans transformer la poche d’Hajin en champs de ruines.

    Caractéristiques de la bataille d’Hajin : un concentré de tous les types de guerre

    Située au cœur du « Grand Jeu » entre puissances régionales et grandes puissances, la poche d’Hajin regroupe en septembre 2018 environ 2 000 combattants islamistes dont une majorité d’étrangers. S’étirant sur une trentaine de kilomètres le long de l’Euphrate en territoire arabo-kurde syrien et large d’une dizaine de kilomètres, elle est le dernier bastion du soi-disant Califat « État islamique », autant dire pas grand-chose. En réalité, nous allons voir que la bataille déborde largement de son cadre géographique pour se répandre dans le champ des perceptions, autre enjeu essentiel du combat.

    La zone d’action est une bande de terrain en V coincée entre l’Euphrate à l’Ouest et la frontière irako-syrienne à l’Est avec une zone rurale (champs et villages) le long du fleuve et une zone désertique. Soulignons que la rive Ouest de l’Euphrate est plus ou moins sous contrôle du régime syrien et des milices irakiennes qui contrôlent également une partie de la frontière. La population est estimée à quelques milliers de personnes, surtout présente dans la partie Nord de la poche (localité d’Hajin).

    Au Sud de la poche (pointe du V) et au bord de l’Euphrate, en territoire irakien, la ville d’Al-Qaïm. Au Nord de cette ville, la frontière est tenue par l’armée irakienne et légèrement en retrait se trouve la position de tir des moyens feux sol-sol de la coalition. Au Sud, la frontière est tenue par une milice affiliée à l’Iran (Katiba Hesbollah), véritable petite armée avec ses chars et ses canons. Si la frontière est globalement étanche au Nord, elle est très poreuse au Sud, la milice se livrant à la contrebande.

    Le combat au sol a été confié à des proxys, les FDS, alliance arabo-kurde conseillée par les forces spéciales américaines et bénéficiant du soutien des moyens feux sol-sol et sol-air de la Coalition. D’un volume sensiblement équivalent à celui de Daech, leur valeur combative est toute relative sachant que les combattants kurdes viennent du Nord-Est syrien où ils sont régulièrement pris à partie par les Turcs, alliés des Américains au sein de l’Otan. Ainsi, fin octobre 2018, les FDS ont annoncé la suspension des opérations suite à des frappes turques et il a fallu plusieurs semaines de négociation pour qu’ils reprennent le combat. Le même scénario a failli se répéter mi-décembre et compromettre à nouveau la prise d’Hajin pourtant bien engagée.

    Au sol, les traits distinctifs de cette bataille sont assez proches de ceux des batailles de la Première Guerre mondiale : une ligne de front entre combattants où chaque gain de 500 mètres ou 1 kilomètre de territoire représente un succès ; des contre-attaques violentes et répétées de la part d’un ennemi cerné de toute part et qui cherche à desserrer l’étau des FDS ; un emploi massif de l’artillerie, seule capable de délivrer des feux par mauvaises conditions météorologiques et qui, à plusieurs reprises, a sauvé la mise aux FDS violemment prises à partie ; des pertes importantes au regard du volume de combattants (plusieurs centaines au total de part et d’autre).

    Sur un plan purement tactique, cette bataille a fait redécouvrir toutes les vertus d’un appui-feu sol-sol (2) alliant effets de saturation par obus explosif et effets de destruction par munition de précision et surtout opérationnel par tout temps. Ainsi, c’est le 3 décembre 2018 qu’ont été tirés avec succès pour la première fois en opération, les obus antichars à effet dirigé Bonus détruisant une colonne de pickup lancée à l’assaut des lignes de défense FDS.

    Dans les airs, la suprématie occidentale est évidemment totale. Comme dans le film de Gavin Hood, Eye in the Sky (3), c’est la quintessence de la haute technologie qui se déploie quasiment sans limite avec l’emploi massif de moyens de surveillance et de renseignement, et d’avions pour observer et frapper. En l’espace de six mois, plusieurs milliers de bombes ont été déversées sur quelques dizaines de kilomètres carrés avec comme résultat principal la destruction des infrastructures.

    L’ennemi a-t-il été détruit par ces frappes ? Oui, mais pas autant qu’on a bien voulu le faire croire dans les comptes rendus alignant un BDA (4) impressionnant calculé de façon statistique et non pas par observation visuelle.

    L’ennemi a-t-il été atteint dans son moral et sa volonté de combattre ? À l’évidence, non. Il a déployé jusqu’au bout une combativité inébranlable mettant à profit les périodes de mauvaise météo, le préservant de la menace aérienne, pour contre-attaquer violemment et infliger à plusieurs reprises de sérieux revers tactiques aux FDS. La défaite devenue inéluctable, il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers.

    Ainsi, cette bataille illustre à merveille les propos du général Desportes : « Des systèmes d’armes toujours plus performants produisent des résultats toujours plus décevants » (5). Entendons-nous bien. Ils ne sont pas décevants parce que performants mais parce que mal employés ; nous y reviendrons.

    Enfin, la bataille d’Hajin dépasse largement le cadre géographique pour s’inscrire plus largement dans le champ infini des perceptions.

    Force est de constater que dans ce domaine, Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement médiatisés avec succès. En effet, à plusieurs reprises, la Coalition trop souvent en réaction sur le champ des perceptions, a dû renoncer à ses frappes face à la pression médiatique. Il y a ici tout un champ de réflexion à explorer et notamment le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la même réactivité que l’ennemi.

    Les limites de la guerre par procuration et de notre approche techno-centrée

    La guerre par procuration ou comment perdre la main sur le plan stratégique

    En s’en remettant à des proxys pour conduire la bataille au sol, les Occidentaux en ont certes retiré un avantage politique à court terme : celui d’éviter des pertes et un mouvement d’opinion contre leur politique. En revanche, sur le moyen-long terme, ce choix s’est avéré désastreux.

    En affirmant que la poche était la Main Battle Area (6) tout en refusant d’y engager des moyens terrestres ou même des hélicoptères d’attaque, les Américains ont laissé planer un doute sur leurs intentions réelles d’en finir rapidement. Il est donc permis de penser que la poche d’Hajin constituait un excellent alibi pour maintenir une présence dans le Nord-Est syrien et surtout prévenir un éventuel délitement trop rapide de la Coalition. Ainsi, au fur et à mesure de la bataille, le discours s’est articulé de la façon suivante : « il faut détruire Daech » vers « oui, Daech est bientôt éliminé en Syrie mais il se reconstitue en Irak et reste tout aussi dangereux », ce qui pose la question de la pertinence de la stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech ou contenir l’Iran ?

    Par ailleurs, la conséquence la plus immédiate d’une telle approche est la perte de la maîtrise du temps : l’opération avance au gré de la volonté des proxys et selon leur propre agenda et elle traîne en longueur quelle que soit l’ampleur des moyens consentis. Cela s’appelle un enlisement.

    Pour compliquer les choses, est apparue au grand jour la divergence de vues entre Donald Trump et son état-major. Fidèle en cela à une promesse de campagne, le Président des États-Unis a saisi l’occasion de la reprise d’Hajin mi-décembre pour annoncer la victoire sur Daech et le retrait des forces américaines de Syrie montrant ainsi, certes de façon brutale, que c’est bien le tempo politique qui détermine la stratégie et non pas l’inverse.

    En refusant d’inscrire dans leur stratégie du Moyen-Orient cette volonté de retrait pourtant annoncée depuis deux ans, l’Administration américaine et les étatsmajors se sont mis d’eux-mêmes en porte à faux. Bousculés par le décideur politique d’un côté, ayant perdu la main sur le tempo des opérations au sol de l’autre, c’est-à-dire privés de toute marge de manœuvres, la seule réaction a été d’intensifier les frappes aériennes et donc d’augmenter encore le nombre de destructions. Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction quasi complète.

    Ainsi, cette victoire tactique, par la façon dont elle a été acquise, a compromis l’avenir de cette province sans ouvrir de perspectives stratégiques intéressantes pour la Coalition. L’avenir du Nord-Est syrien est plus que jamais incertain et Daech, s’il a perdu son territoire, ne semble pas atteint dans sa volonté de continuer la lutte.

    La leçon est la suivante : il n’y a pas de stratégie et donc de victoire durable sans liberté de manœuvre. Celle-ci est au croisement du politique et du militaire. Le stratège doit impérativement inscrire son action dans une politique et doit garder la main sur les opérations dans tous les domaines, y compris les opérations terrestres s’il veut être en mesure de présenter plusieurs options stratégiques au décideur politique. Il n’y a pas d’autres solutions possibles.

    L’approche techno-centrée ou l’illusion de la puissance

    En s’en remettant principalement à des moyens air inopérants sur un plan tactique lorsque les conditions météo se dégradent et aux forces spéciales, la Coalition a perdu beaucoup de temps, d’énergie et de crédibilité, Daech ayant beau jeu de se vanter d’avoir tenu en échec la première puissance mondiale pendant des mois.

    Il faut être rentré dans une Strike Cell (7) par temps couvert pour comprendre toutes les limites de notre approche techno-centrée. En effet, en cas de pluie, de brouillard, de nuages, les écrans deviennent noirs, les gens jouent aux cartes ou regardent un film : la guerre s’arrête pour eux en attendant la prochaine fenêtre météo. Lors des violentes contre-attaques de Daech en octobre 2018 et le repli des FDS, le premier constat d’un officier général a été de dire : « C’est à cause de la météo, nous n’avions plus l’appui aérien. » Sous-entendu, Daech ne respecte pas les règles du jeu, il attaque par mauvais temps !

    Non, nous n’avons pas été tenus en échec par la météo mais par notre refus de nous adapter à notre ennemi et au réel. La guerre par procuration, c’est-à-dire ce refus d’engager des troupes au sol aptes au combat pour s’en remettre uniquement aux forces spéciales et à l’arme aérienne est l’un des facteurs principaux de nos échecs actuels. Les forces spéciales sont faites… pour les opérations spéciales et non le combat conventionnel en zone urbaine ou désertique.

    Encore une fois, ne nous y trompons pas, il ne s’agit nullement ici de critiquer l’apport indispensable aux opérations que constitue l’arme aérienne ou les forces spéciales mais de rappeler que c’est une erreur que de s’en remettre uniquement à elles pour gagner une bataille. Ce concept ultra-technologique conçu pour réduire le format des troupes conventionnelles et séduire le politique en lui faisant croire qu’on peut faire mieux avec moins est un leurre séduisant mais un leurre quand même.

    Alors que fallait-il faire ?

    La réponse est simple : comprendre que si la bataille se gagne au niveau tactique – adaptation au terrain et à l’ennemi – la guerre se gagne au niveau stratégique et politique, et qu’elle est une dialectique des volontés et non une éradication « des méchants » impossible à réaliser.

    En l’occurrence, il fallait resituer la bataille d’Hajin dans un cadre plus global : celui d’empêcher Daech de se reconstituer d’une part et de préserver l’avenir de la moyenne vallée de l’Euphrate en évitant des destructions inutiles d’autre part.

    Au niveau tactique, une bataille se gagne en disposant les moyens adéquats au bon endroit et au bon moment (principe d’économie des forces et de concentration des efforts) pour créer un rapport de force favorable. Ainsi, tout en s’appuyant sur les FDS, il fallait, en sus des moyens d’appui-feux, engager a minima un groupement tactique interarmes motorisé capable de s’emparer rapidement de la poche d’Hajin en limitant autant que faire se peut la destruction des infrastructures.

    En effet, une bataille ne se résume pas à détruire des cibles comme au champ de foire. C’est la combinaison de la manœuvre et du feu qui permet de disloquer le dispositif ennemi et de le mettre dans l’impossibilité de poursuivre la bataille par la conquête des points clés du terrain, et de ses moyens de commandement et logistique. La prise d’Hajin, en décembre, en est l’illustration tardive : l’ennemi, ayant perdu son centre de commandement, n’a plus été en mesure d’opposer une résistance coordonnée par la suite.

    Enfin, la bataille doit être menée en temps imminent dans le champ informationnel, c’est-à-dire avec un temps d’avance. Est cru par le plus grand nombre ce qui est affirmé en premier : c’est une loi immuable dont il faut tenir compte. Une plus grande réactivité aurait été nécessaire pour valoriser nos succès et disqualifier le comportement de l’adversaire quitte à assumer, et non pas justifier après coup, les dommages collatéraux.

    L’évocation de la bataille dans le champ des influences nous permet de faire la transition avec les parties hautes de la guerre, la stratégie et la politique.

    Au lieu de se focaliser de façon excessive sur la poche d’Hajin, la Coalition aurait dû l’intégrer dans une approche stratégique et ainsi découper son espace de bataille non pas en fonction de ses structures internes (répartition entre commandement des forces spéciales en Syrie et commandement conventionnel en Irak) mais en fonction de l’espace de bataille ennemi allant de Kirkuk au Nord-Est de l’Irak au désert d’Al-Anbar à l’Ouest, en passant par Hajin et Al-Qaïm.

    Seule une vue globale du problème aurait permis d’ébaucher une stratégie globale et d’éviter le constat amer de voir Daech resurgir là où on l’a chassé il y a deux ans. Seule une stratégie globale laissant entrevoir une résolution politique durable aurait permis au politique de comprendre la nécessité du temps long au lieu de brusquer les choses pour sortir de ce qui s’apparente à une impasse et un échec.

    Il faut donc rappeler avec le général Desportes que la victoire militaire doit toujours être pensée au prisme de son objectif politique et qu’elle ne peut se passer d’un engagement au contact : « La guerre à distance est un leurre : elle produit un effet militaire mais pas d’effet politique. La “projection de puissance”, c’est-à-dire la projection de destruction, sans “projection de forces”, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas ; elle détruit sans maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. » (8)

    Conclusion

    Oui, la bataille d’Hajin a été gagnée, au moins sur le terrain mais en refusant l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ? w guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate.

    François-Régis Legrier

    Colonel. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique. Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019. Auteur de Si tu veux la paix prépare la guerre aux Éditions Via Romana

    Courriel de l’auteur : frlegrier@gmail.com

    (1) Operation Inherent Resolve (OIR) : coalition dirigée par les Américains.

    (2) Il faut également souligner l’emploi massif par Daech de roquettes et de mortiers allant parfois à des consommations de 100 munitions par jour.

    (3) Sorti en 2016 : montre les ambiguïtés politico-juridiques d’une prise de décision d’une frappe aérienne.

    (4) Battle Damage Assessment : estimation des pertes ennemies.

    (5) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », Le Casoar n° 231, p 19.

    (6) L’espace de bataille prioritaire.

    (7) Centre d’opérations couvert d’écrans permettant une recopie des images fournies par les drones ou les avions. C’est à partir de là que s’effectuent les frappes aériennes et les tirs d’artillerie d’où son nom de Strike Cell.

    (8) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », op. cit.

  • Secret Défense
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-idees/le-journal-des-idees-du-mercredi-27-fevrier-2019


    Alors que des centaines de personnes ont quitté hier encore le dernier réduit du groupe Etat islamique, le colonel Legrier a critiqué la stratégie de la coalition en Syrie.

    Il était jusqu’à sa relève récente – au terme de son mandat – à la tête des 200 artilleurs qui ont contribué à la réduction des derniers bastions de Daech. Il s’exprime à propos de la bataille d’Hajin, achevée en janvier dernier, et non de celle qui est en cours à Baghouz, mais ses analyses valent également dans ce cas. Le Monde publie de larges extraits de son texte* qui dénonce une guerre par procuration, sous-traitée aux FDS arabo-kurdes sur le terrain, et une approche exclusivement « tournée vers la suprématie technologique ». La coalition aurait ainsi perdu la maîtrise du « tempo stratégique » et intensifié les bombardements au prix de la destruction des infrastructures, une approche assumée sans complexe par les Américains mais que le colonel Legrier estime ne pas être la nôtre. Il rappelle que Mossoul et Raqqa ont subi le même sort : une destruction quasi complète.

    *https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/26/la-bataille-d-hajin-victoire-tactique-defaite-strategique-le-texte-qui-embar

    #colonel_Legrier

    https://seenthis.net/messages/760517

  • PressTV-Raqqa : le QG des forces françaises explose
    http://217.218.67.231/Detail/2019/02/12/588408/Raqqa-explosion-espionnage-QG-forces-franaises

    Une explosion a secoué le mardi 12 février vers 19 h, heure locale, la cellule de renseignement et d’espionnage des forces françaises, située dans un lieu qui était avant la guerre une usine sucrière, à Raqqa, en Syrie.

    Selon l’agence de presse Sputnik, cet endroit est à présent la cellule d’opération des forces françaises sur la rive est de l’Euphrate.

    Personne n’a réussi jusqu’à présent à pénétrer dans le lieu de l’explosion et de plus amples informations sur le niveau des pertes et dégâts causés par l’explosion, entendue dans toute la ville de Raqqa, se font toujours attendre.

    Des camions de pompiers et des ambulances ont pourtant été aperçus alors qu’ils se rendaient vers le lieu de l’explosion, autour duquel les forces de la coalition américaine ont immédiatement établi un périmètre de sécurité, ajoute Sputnik.

    Ces brèves informations laissent imaginer que cette explosion, apparemment provoquée par une motocyclette piégée, a causé un grand nombre de tués et de blessés, précise l’agence de presse russe.

    L’usine sucrière de Raqqa se situe sur la route Raqqa-Hassaké au nord de la ville de Raqqa et abrite le QG des forces françaises.

    Selon l’agence de presse Sputnik, des sources syriennes ont rapporté que l’armée américaine s’était enfuie en pleine nuit de la ville de Tabqa lundi, dans la banlieue sud-ouest de Raqqa et que les Syriens avaient brûlé des drapeaux américains dans la ville.

    Selon le rapport, une colonne militaire composée de 30 véhicules était partie en direction du centre de la province de Raqqa et les Forces démocratiques syriennes avaient coupé l’électricité des villes et villages situés dans la banlieue ouest de Raqqa pour faciliter la fuite des Américains.

    Les forces américaines se seraient installées dans l’une des écoles primaires sur l’île Ayed.

    Ces sources ajoutent que les principales forces américaines se sont retirées de Tabqa et que seule une unité d’espionnage est restée dans une école au sud de la ville, avec pour mission de brouiller les systèmes de communication et de perturber leur fonctionnement.

    Des habitants syriens de la province de Raqqa ont manifesté le samedi 9 février pour réclamer une fois de plus le retrait des forces américaines et françaises de Syrie et la fin des ingérences étrangères dans leur pays.

    #syrie (la source est iranienne)

  • Syria: Thousands of digital activists to track how US-led air strikes destroyed Raqqa | Amnesty International
    https://www.amnesty.org/en/latest/news/2018/11/syria-thousands-of-digital-activists-to-track-how-us-led-air-strikes-destro
    https://www.amnesty.org:443/remote.axd/aineupstrmediaprd.blob.core.windows.net/media/19239/251291.jpg?center=0.5,0.5&preset=fixed_1200_630

    Thousands of digital activists around the world will take part in an innovative new crowdsourcing data project Amnesty International is launching today, which uses satellite imagery to help plot how the US-led military coalition’s bombings destroyed almost 80% of the Syrian city of Raqqa.

    “Strike Tracker” is the next phase of an in-depth Amnesty International investigation, in partnership with Airwars, into the shocking scale of civilian casualties resulting from four months of US, UK and French bombardment to oust the armed group calling itself Islamic State (IS) from Raqqa.

    Amnesty International’s field investigations and analysis since the battle ended in October 2017 presented compelling evidence of apparent violations of international humanitarian law (the laws of war) by the US-led Coalition. They prompted the Coalition to revise its civilian death toll statistics upwards from 23 to more than 100 – a 300% increase.

    “Based on our meticulous on-the-ground investigations, hundreds of interviews amid the rubble of Raqqa, and expert military and geospatial analysis, we’ve been able to push the US-led coalition to admit to almost every civilian death case we’ve documented so far. But with bodies still being recovered from the wreckage and mass graves more than a year later, this is just the tip of the iceberg,” said Milena Marin, Senior Adviser for Tactical Research on Amnesty International’s Crisis Response team.

    With thousands of ‘Strike Trackers’ on the case to help us narrow down precisely when and where Coalition air and artillery strikes destroyed buildings, we can significantly scale up our ability to map out the apocalyptic destruction in Raqqa.

  • Credibility Gap
    United Kingdom civilian harm assessments for the
    battles of Mosul and Raqqa.
    PDF . https://airwars.org/wp-content/uploads/2018/09/Credibility-Gap-Airwars-submission-to-UK-Parlt-Defence-Select-Committee-Sep

    The United Kingdom’s role in the battles of Mosul
    and Raqqa represented some of the heaviest military
    action by its forces in over a half century. The MoD
    deployed a range of fighter and bomber aircraft
    and armed Reaper RPAs, which launched significant
    numbers of munitions at almost 1,000 targets.
    Yet the patterns and indicators of civilian harm are also there:
    Coalition and British strikes took place in large numbers in densely
    populated areas. These strikes frequently hit buildings, the likely
    location of ISIS fighters. Yet according to conservative estimates by
    researchers at Airwars, at least 2,600 civilians and possibly many
    more were killed by Coalition actions during the battles for both
    cities – most reported killed when buildings collapsed around them.
    After the US, the United Kingdom was the largest single international
    contributor to the successful campaign to dislodge ISIS from
    its strongholds. However, unlike the United States (as well as
    Australia, which conducted markedly fewer strikes) British
    authorities have not admitted to a single incident of civilian harm
    in either city. All evidence nevertheless points to the inevitability
    of such casualties in a hard-fought urban-focused war. The UK’s nonadmission
    of harm therefore represents a shortfall in accountability.
    As of this report, Airwars is not aware of any specific claims that
    UK forces might have violated International Humanitarian Law.56
    To date, the broader Coalition has admitted to 892 civilian deaths
    in Iraq and Syria, including 367 fatalities at Mosul and Raqqa –
    all without finding that its forces had violated international law.
    The issue here however is also one of civilian harm mitigation.
    Even accepting that civilians were not unlawfully killed by Coalition
    actions, it is still incumbent upon all belligerents properly to
    understand where, when and how such casualties might have
    resulted from their own actions. Only then can lessons be learned,
    and future conflict casualties reduced.
    By claiming zero civilian casualties from its actions at Mosul and
    Raqqa, the Ministry of Defence is demonstrably failing in this task.
    This disparity additionally sets a poor example to others, providing
    the UK with less leverage when criticizing belligerents such as
    Russia or Syria, which take far fewer precautions or indeed may
    deliberately target civilians or civilian infrastructure – while
    insisting that their own actions too result in no civilian harm.
    Part of the way forward lies in addressing systemic challenges in UK
    civilian harm assessments from the air. At present there is a clear bias
    towards acknowledging incidents that are observable, primarily using
    ISR tools. This is a Coalition-wide problem – and one which the
    United Kingdom government can help take the lead in addressing.

  • US, French forces carry out archeological excavations in Syria’s Raqqa
    https://www.almasdarnews.com/article/us-french-forces-carry-out-archeological-excavations-in-syrias-raqqa

    American and French forces began excavations in an archeological hilltop near the northern city of Raqqa, local activists reported.

    A local activist released a photo which purportedly features heavy machineries for the US-led coalition in al-Mansoura hilltops of Raqqa western countryside.

    Mohab Nasser, originally from the city of Raqqa, said that similar excavations have been underway for months in the west and northwest countryside of Tabqa; particularly near Ja’bar, Al-Jarniyah and al-Kreen.

    AMN hasn’t yet been able to verify this claim.

    Pendant la guerre “l’#archéologie” continue ? #syrie

  • L’évacuation des « Casques blancs » de Syrie est-elle le prélude de l’ultime bataille ?
    Robert Fisk - 26 juillet 2018 – The Independent – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
    http://www.chroniquepalestine.com/evacuation-casques-blancs-syrie-prelude-ultime-bataille

    (...) Pour quelle autre raison Poutine viendrait-il d’annoncer un investissement russe de 43 milliards d’Euros dans l’industrie pétrolière et gazière iranienne ? Ne s’agirait-il pas tout simplement de rétribuer l’Iran pour son investissement dans la guerre de Syrie ? Un cadeau de Moscou qui signifierait « merci pour tout, vous pouvez rentrer chez vous maintenant » qui serait couronné par la marche triomphale à Téhéran des forces « victorieuses », de retour en Iran après avoir fait leur devoir révolutionnaire islamique en Syrie ?

    Après avoir rencontré Poutine au Kremlin il y a moins de deux semaines, Ali Akbar Velayati, le conseiller principal du « Guide suprême » Khamenei pour les affaires étrangères, a convenu que leurs entretiens « concernaient la coopération russo-iranienne… ainsi que la situation dans la région, y compris l’évolution de la situation en Syrie ». Et donc on y est : la Russie soutient l’économie iranienne, et en échange Poutine décide de ce que fait l’Iran en Syrie.

    Il était temps pour les Iraniens, à mon avis. J’ai été fort choqué de voir les Iraniens de la classe moyenne, riches et très riches, arriver en masse à Belgrade le mois dernier, apportant à l’Ouest avec eux leur argent et leurs objets de valeurs, à travers l’un des rares pays européens qui autorise encore l’entrée sans visa des Iraniens sanctionnés. Des vols bon marché en provenance de Téhéran et d’autres villes iraniennes atterrissent quotidiennement en Serbie, et les hôtels de Belgrade regorgent de clients parlant farsi, tous prêts – vraisemblablement – à entamer une nouvelle vie en occident. L’Union européenne, évidemment, menace le président de Belgrade de supprimer le droit qu’ont les citoyens serbes de circuler sans visa dans le reste de l’Europe, si la Serbie n’empêche pas les lucratifs « touristes » iraniens d’entrer sur son territoire.

    Pendant ce temps, l’armée syrienne, qui combat les derniers groupes islamistes qui ne veulent pas se rendre autour de Deraa, va revenir au bord de la zone tampon des Nations Unies sur le Golan où elle était basée avant le début de la guerre civile en 2011. En d’autres termes, le « Front sud » va tomber, ne laissant que la citadelle d’Idlib et la ville de Raqqa aux mains des milices encore fidèles aux États-Unis – peut-être plus pour très longtemps vu que Trump les a abandonnées à leur sort. Poutine peut probablement résoudre ce problème, s’il ne l’a pas déjà fait pendant son pow-wow avec Trump. (...)

    #Syrie

  • Syrie : Amnesty international dénonce l’ampleur des pertes civiles à Raqqa
    http://www.lefigaro.fr/international/2018/06/05/01003-20180605ARTFIG00008-syrie-amnesty-international-denonce-l-ampleur-des

    Dans ses recommandations, Amnesty demande donc aux États membres de la coalition de respecter le droit humanitaire, « notamment en annulant les attaques qui risquent d’être aveugles », bannir l’usage des bombes à large impact sur les zones densément peuplées, prévenir les civils lorsque les circonstances le permettent à l’approche d’une attaque imminente, ou encore prévoir des plans d’évacuation concrets pour ces populations, suffisamment en amont des opérations militaires.

    Les expressions « Boucher de Hamas » ou « Poutine » n’apparaissent pas dans le texte. J’en déduis qu’il s’agit de propagande anti-occidentale publiée dans un média « state owned »...

  • Les Américains enquêtent sur les liens entre Lafarge/GBL et les groupes terroristes en Syrie. Martin Buxant - 4 Mai 2018 - L’Echo
    https://www.lecho.be/tablet/newspaper/une/les-activites-syriennes-de-gbl-interessent-les-americains/10008983.html

    Cela commence à faire tache du côté de Gerpinnes, le QG de la famille Frère, actionnaire de référence de GBL. Depuis plusieurs mois, le holding financier du baron Albert Frère est dans le collimateur des enquêteurs belges et, singulièrement, du parquet fédéral, la plus haute autorité belge en matière d’antiterrorisme. Celui-ci a ouvert un dossier en novembre dernier et désigné un juge d’instruction pour enquêter sur des faits commis par le cimentier #Lafarge en Syrie – une entreprise dont #GBL est aujourd’hui actionnaire à 9,43% (20% jusqu’en 2015, date de la fusion avec le Suisse Hocim).


    680 millions de dollars
    Deux préventions sont, à ce stade, explorées par les enquêteurs. Financement d’un groupe #terroriste et participation aux activités d’un groupe terroriste. Lafarge a en effet travaillé entre autres avec l’organisation État islamique (EI) et le Front al Nosra (lié à Al-Qaïda) en vue de préserver les intérêts de son implantation de Jalabiya, une usine située à 90 kilomètres de Raqqa, capitale de l’EI. Cette implantation a représenté un investissement de 680 millions de dollars pour Lafarge en 2010.

    Entre 2011 et 2015, des dizaines millions de dollars auraient été versés via différents canaux (commissions, droits de passage, revente de matériel,…) aux groupes terroristes – ceci alors que la Belgique et les forces de la coalition étaient engagées en pleine guerre contre l’EI en Syrie et en Irak.

    D’après une source judiciaire, « les billets de banque retrouvés dans la poche d’un #Abaaoud ou d’un autre provenaient peut-être de Lafarge. C’est de cela qu’il s’agit. C’est ce cercle du financement du terrorisme que l’on doit casser ».

    Le parquet fédéral a donc ouvert un dossier GBL. Dans un premier temps, les Belges se sont contentés d’épauler les autorités judiciaires françaises qui mènent le dossier Lafarge mais le volet belge a pris de l’ampleur, entre autres via des perquisitions et saisies chez GBL mais aussi via la mise sur écoute téléphonique de plusieurs responsables du holding financier.

    L’ampleur du dossier est devenue telle qu’il a aujourd’hui éveillé la curiosité des autorités américaines. Deux agences, le #FBI et le DOJ (Ministère de la Justice), ont demandé l’accès à toutes les pièces des dossiers « syriens » Lafarge/GBL.

    Interrogé, le parquet fédéral n’indique pas si les pièces ont été transmises. Étant donné le haut degré de collaboration antiterroriste entre Belges, Français et Américains, il apparaît peu probable que l’accès au dossier Lafarge/GBL soit refusé aux autorités américaines…
    Une seule question se pose désormais avec acuité aux enquêteurs dans ce dossier : est-il possible que les représentants de GBL au sein de Lafarge aient pu tout ignorer des agissements du cimentier en Syrie en vue de préserver les intérêts de leur usine ?

    Dommages collatéraux
    A ce stade, les documents saisis sont encore en cours d’analyse. « Le degré d’implication et de connaissance des dirigeants de GBL n’est pas arrêté, mais une chose est déjà certaine : on se trouve à tout le moins face à des comportements complètement #immoraux et #anti-éthiques. C’est très grave », selon une source.

    Plusieurs responsables du groupe, dont Gérald Frère, Gérard Lamarche, Thierry de Rudder, Victor Delloye et Albert Frère, ont été mis sur écoute, selon certains compte-rendus consultés par Le Monde.
    D’après plusieurs sources, l’intérêt américain pour le dossier n’est pas encore très clair mais Washington met en avant la théorie des effets, c’est-à-dire que potentiellement les activités de Lafarge en Syrie ont impacté son économie et sa sécurité nationale. Potentiellement, pour Lafarge/GBL, les dommages collatéraux peuvent être importants puisque les Etats-Unis, en vertu des législations antiterroristes, peuvent empêcher certains groupes qu’ils ont dans leur viseur judiciaire de travailler sur leur territoire.

    Autre effet potentiel, souligne un analyste, le Suisse #Holcim pourrait se retourner contre Lafarge/GBL pour ne pas avoir été mis au courant des déboires judiciaires de Lafarge.

    À ce stade, il est peu probable qu’un procès du groupe GBL se tienne en Belgique : la voie privilégiée par les autorités judiciaires belges est de fournir tous les éléments aux Français qui, eux, pilotent le dossier Lafarge.

    Les autorités belges ont fait de la lutte contre la #corruption internationale une priorité. Des trafics de faux passeports aux dossiers d’adoption bidouillés en République démocratique du Congo, jusqu’aux commissions payées en #Syrie. Une directive a été donnée aux enquêteurs de pousser leur travail le plus loin possible.

    « C’est notre enquête interne qui a permis de révéler ces faits »
    Chez GBL, on trouve la pilule judiciaire particulièrement amère et – pour tout dire – injuste. Le holding financier a engagé les services de #Linklaters, un important cabinet d’avocats bruxellois pour défendre ses intérêts. Les conseils du groupe préfèrent s’exprimer off the record mais la ligne de défense est claire : « Le groupe GBL et ses représentants n’avaient strictement aucune connaissance des activités et du mode opératoire de Lafarge en Syrie et actuellement le groupe GBL collabore pleinement et entièrement avec la justice belge. »

    Du côté de GBL, on met l’accent sur le fait que c’est un audit diligenté au sein de Lafarge à la demande expresse de GBL qui est à l’origine des révélations sur les agissements avec l’#État_islamique. Cet audit a été réalisé par le cabinet Baker & McKenzie et toutes les conclusions ont été transmises aux enquêteurs belges et français, insiste-t-on du côté de GBL. « C’est quand même à souligner : c’est nous-mêmes qui avons permis que ces faits soient mis au jour via un travail de bénédictin », dit-on.

    GBL pointe le fait que tous les documents nécessaires ont pu être saisis lors des perquisitions dans les bureaux du groupe. Et les conseils du groupe expliquent ceci : GBL est une holding financière détenant des participations dans une dizaine de sociétés. Le fonctionnement du groupe est celui-ci : GBL délègue des représentants dans les conseils et comités des structures où elle a investi, mais c’est d’abord et avant tout les aspects financiers qui sont scrutés. « Le profil des représentants le prouve, ce ne sont pas des opérationnels. Ils reçoivent des dossiers de la part du management, ils discutent des ordres du jour, mais ils sont actifs sur les points financiers. Nos représentants n’ont évidemment jamais entendu parler de #Daech ou quoi que ce soit et dès que ça a été le cas il y a eu audit interne et transmission des pièces à la justice. »

    La justice estime que certaines pièces et PV sont manquants : « Si des pièces sont manquantes, c’est chez Lafarge, nous n’avons jamais eu accès à ces pièces. » Sur le fait que les comptes rendus de certaines écoutes téléphoniques laissent entendre que des représentants de GBL auraient pu se douter des agissements de Lafarge en Syrie : l’instruction judiciaire est en cours et les avocats du groupe GBL n’ont pas encore eu accès au dossier judiciaire complet et ne peuvent donc prendre position. « Personne chez GBL n’était au courant. Ces informations ne sont pas remontées depuis Lafarge. À présent, c’est à la justice à déterminer qui savait quoi, comment et à quel moment. » Interrogé également, le CEO du groupe GBL Gérard Lamarche assure ne jamais avoir été mis au courant des agissements de Lafarge en Syrie.

    #grand_homme #grand_patron #javel #terrorisme #argent #LafargeHolcim #multinationales #influence #attentats #BNB

    Suite de https://seenthis.net/messages/652093

  • Let’s banish the term ’Arab world’. What does it mean anyway? | Neheda Barakat | Opinion | The Guardian

    https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/apr/18/lets-banish-the-term-arab-world-what-does-it-mean-anyway

    Labelling 381 million people from 22 countries as monolithic ‘Arabs’ is misleading and inaccurate

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    Wed 18 Apr 2018 06.42 BST

    a family rides a motorcycle on a street that was damaged during fighting, Raqqa, Syria.
    A family rides a motorcycle in a war-damaged Syria. As conflict rages, the language we use in covering this region becomes ever more important. Photograph: Hussein Malla/AP

    With conflicts raging on in Syria, Palestine, Yemen and Iraq and a diaphanous calm in the rest of the Middle East, the language we use in covering this region is not only hindering our understanding of the issues, but it is also misguiding strategic policies.

    #monde_arabe #discussion #mots #terminologie

  • #syrie #kurdistan
    http://www.lefigaro.fr/international/2018/03/29/01003-20180329ARTFIG00386-la-france-envoie-des-renforts-au-kurdistan-syrien

    Selon une délégation kurde reçue à l’Élysée, des soldats français pourraient être déployés dans le secteur de Mambij.

    La France a décidé de soutenir ses alliés kurdes syriens. Après avoir longuement tergiversé depuis le début de l’offensive lancée par la Turquie contre les forces kurdes le 20 janvier dernier dans le nord de la Syrie, les Francais et les Américains ont finalement pris la décision de s’opposer aux menées turques en envoyant des troupes en renfort à Mambij.

    Ce déploiement vise à empêcher une offensive des forces turques, qui se préparaient à lancer une opération visant à reprendre aux Kurdes du YPG le contrôle de cette ville stratégique dans la haute vallée de l’Euphrate, dans le nord de la Syrie. L’ambassadeur de France à Ankara a été chargé de transmettre la décision au president turc, Recep Tayyip Erdogan. Le president Emmanuel Macron a reçu jeudi une délégation de représentants kurdes et arabes syriens, et leur a annoncé que des troupes françaises seraient déployées dans le secteur de Manbij. Contacté par Le Figaro, l’Élysée a indiqué « ne pas présenter les choses de cette manière » et a renvoyé à son communiqué.

    « Afrine n’est plus seule », a déclaré Khaled Issa, le représentant du Rojava en France dans une conférence de presse jeudi soir à Paris. « La France a été à la hauteur de son engagement dans la lutte contre le terrorisme ».

    La Turquie a lancé le 20 janvier dernier son armée en territoire syrien dans le canton d’Afrine. Cette opération, baptisée Rameau d’olivier, visait à déloger les forces kurdes du YPG de cette zone frontalière. Les troupes turques étaient accompagnées par des milices armées syrienne, souvent des combattants djihadistes, qui offraient une caution arabe à l’opération. Cette offensive a été lancée avec l’accord de la Russie, qui contrôle l’espace aérien dans cette partie de la Syrie. Après plusieurs semaines de combats, les forces kurdes, dépourvues d’armements lourds et d’armes, ont été forcées de se replier. Une grande partie des habitants kurdes d’Afrine ont aussi fui le canton, livré au pillage des milices arabes.

    Le president turc avait annoncé ces derniers jours son intention de poursuivre l’offensive et de chasser les « terroristes » de la zone frontalière. Ankara considere les forces kurdes des YPG, branche syrienne du PKK, le parti séparatiste kurde de Turquie, comme une organisation terroriste. Les forces kurdes, qui forment l’ossature des Forces démocratiques syriennes, ont fourni le gros des troupes au sol engagées contre l’organisation État Islamique depuis 2015. Appuyées par l’aviation et les forces spéciales américaines et occidentales, les FDS ont repris Raqqa, la capitale de Daech en Syrie, et combattent encore les djihadistes dans la region de Deir Ezzor. L’offensive turque a obligé les Kurdes à redéployer une partie de leurs forces vers le nord. On ignore encore le volume des forces qui seront déployées, ni dans quels délais, mais la décision franco-américaine est un coup de théâtre qui gêne considérablement les plans de la Turquie en Syrie

    « La France a été à la hauteur de son engagement dans la lutte contre le terrorisme »

    Khaled Issa, représentant du Rojava en France

  • Des tactiques d’#annihilation...

    Fight against ISIS has shifted to “annihilation tactics,” Mattis says - CBS News
    https://www.cbsnews.com/news/fight-against-isis-has-shifted-to-annihilation-tactics-mattis-says

    ... à l’annihilation des responsabilités

    They’re Still Pulling Bodies Out of ISIS’ Capital
    https://www.thedailybeast.com/theyre-still-pulling-bodies-out-of-isis-capital

    An investigation by Airwars.org shows that Coalition-inflicted casualties were vastly higher than acknowledged, and the Trump administration doesn’t want to know.

    #Raqqa #civils #victimes_civiles #etats-unis #indignation_sélective

  • Dans le nord de la Syrie, le « laboratoire » kurde

    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/12/29/dans-le-nord-de-la-syrie-le-laboratoire-kurde_5235529_3210.html

    « Après le califat » (4|5). Les Kurdes, qui ont joué un rôle central dans la bataille contre l’Etat islamique, mettent en place un modèle de gouvernance calqué sur l’idéologie du Parti des travailleurs.

    Voilà bien longtemps que l’on ne projette plus de films dans l’ancien cinéma d’Al-Thawra. La petite salle appartient au temps révolu où cette ville nouvelle syrienne des bords de l’Euphrate était appelée à devenir la cité idéale du baathisme autoritaire et triomphant des années 1970. Des ingénieurs soviétiques affectés à la construction du barrage voisin — un fleuron national, visible sur les anciens billets de 500 livres syriennes — y vivaient avec leurs familles et celles de leurs collègues locaux.

    Autour du cinéma, les rues sont tracées au cordeau, les immeubles d’habitation ressemblent à des blocs de béton brut de quatre étages. Des figures schématiques d’épis de blé et d’engrenages industriels servent d’ornement urbain. L’ensemble, construit selon les canons de l’urbanisme alors en vogue en URSS, alliée du régime syrien, raconte la promesse non tenue d’un avenir radieux.

    Quatre décennies après sa construction, ce songe architectural soviétique perdu aux confins de la Mésopotamie est tombée aux mains de l’organisation Etat islamique (EI), en même temps que le bourg voisin de Tabqa, en 2014. Rakka, l’ancienne capitale syrienne du « califat », est à une quarantaine de kilomètres en aval.

    Etrange rémanence de l’histoire… Ces quartiers ont accueilli un temps des djihadistes originaires d’ex-URSS. Mais leur utopie totalitaire, elle aussi, a vécu. Au printemps, les frappes de la coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, les ont chassés de ce paysage à l’optimisme décrépi, désormais ponctué de bâtiments effondrés. Aux djihadistes ont succédé, en mai, les Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupement arabo-kurde allié au sol de la coalition dans sa guerre contre l’EI.

    Abdullah Öcalan, l’inspirateur

    Depuis, les murs du cinéma d’Al-Thawra ont été repeints. En ce matin gris du début du mois de novembre, la salle est pleine. Sur la scène, deux femmes et deux hommes, dont l’un porte une tenue traditionnelle de chef tribal, discourent. Au-dessus d’eux, cet écriteau : « Administration civile démocratique de Tabqa ». Cette nouvelle structure mise en place par l’encadrement kurde des FDS nomme ce jour-là son conseil exécutif, sous le regard bienveillant et vigilant des kadros, les commissaires politiques du mouvement kurde qui s’adressent à tous en donnant du « camarade ».

    Femmes et hommes au physique dur, marqués par leurs années de guérilla, combattants à la parole précise, forgée par une formation théorique implacable, ils sont présents partout où les FDS ont pris pied dans le nord de la Syrie. Leur rôle : superviser l’instauration, sur les décombres du « califat », d’institutions conformes à l’idéologie mise au point par Abdullah Öcalan, le fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

    Autrefois marxiste-léniniste, ce mouvement politique et militaire, en guerre contre l’Etat turc, a presque l’âge de la ville idéale d’Al-Thawra. Sa création remonte à 1978, au cours d’une réunion nocturne dans un village kurde reculé d’Anatolie orientale. Elle doit beaucoup à la volonté d’un groupe d’étudiants kurdes de Turquie. Formés aux méthodes de la gauche radicale locale, ils sont décidés à faire d’un nationalisme kurde, alors moribond, une force anticoloniale dirigée contre Ankara.


    Monument aux martyrs kurdes à Kamechliyé, ville syrienne située à la frontière turque, le 23 novembre.

    Près de quarante ans ont passé. Même s’il est toujours en conflit avec Ankara, le PKK a renoncé à la sécession et professe dorénavant un assemblage de principes autogestionnaires, féministes et écologistes. Il s’est éloigné du nationalisme kurde pour embrasser le projet d’une émancipation des peuples du Moyen-Orient par leur « autoadministration » et l’abandon du modèle de l’Etat-nation.

    Öcalan, le fondateur vénéré comme une icône, a beau être détenu sur une île-prison de la mer de Marmara, au large d’Istanbul, depuis son arrestation, en 1999 au Kenya par les forces spéciales turques, le PKK est plus puissant que jamais. L’organisation veille à entretenir son ancrage chez les Kurdes de Turquie, délocalisant ses bases de guérilla dans les zones montagneuses du Kurdistan d’Irak pour mieux les protéger et étendant ses ramifications au Moyen-Orient et en Europe. C’est pourtant le conflit syrien qui lui a permis d’ouvrir une nouvelle page de son histoire, et la lutte contre l’EI qui en a fait un acteur majeur de la scène régionale.

    Dès les premiers troubles révolutionnaires de 2011 en Syrie, les enclaves kurdes du nord du pays, qui avaient fourni à l’organisation d’Öcalan une part non négligeable de ses recrues depuis les années 1980, sont investies par des cadres du PKK. Le régime syrien ne conserve qu’une présence très limitée dans ces zones. Elles offrent ainsi au PKK et à ses cousins syriens un terrain idéal pour la mise en pratique de leur idéologie.

    De nouvelles institutions sont mises sur pied. La parité est imposée aux postes à responsabilités. Des komin — communes populaires — sont établies, censées être la cellule de base de l’écosystème sociopolitique qui voit le jour sous la houlette des kadros. Ils ne veulent pas prendre part à une révolution contre le régime syrien qu’ils estiment perdue d’avance, mais profiter de la vacance du pouvoir pour créer leur propre mode de gouvernance.

    Un appareil sécuritaire et militaire

    Dans le même temps, la machine politique se double d’un appareil sécuritaire et militaire structuré. Les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection de la femme (YPJ) sont créées dans les trois « cantons kurdes » d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, de la Djezireh, dans le Nord-Est, et de Kobané, à la frontière turque. L’offensive de l’EI contre cette petite localité kurde isolée, à la fin de 2014, change la donne. Alors que Kobané est sur le point de tomber aux mains des djihadistes malgré la résistance acharnée de ses défenseurs — filmée par les caméras du monde entier de la Turquie voisine —, la coalition internationale à dominante américaine intervient dans les airs.

    Cette assistance apportée dans l’urgence se mue bientôt en un partenariat militaire durable. Les forces kurdes sont dotées d’un encadrement efficace, d’une idéologie forte qui les rend imperméables au radicalisme islamique. Au-delà, elles ne considèrent pas la lutte contre le régime de Damas comme une priorité. Dès lors, elles constituent le partenaire idéal qu’il manquait à la coalition pour vaincre l’EI en Syrie.

    « Kobané a tout changé pour nous », admet un haut kadro kurde, le « camarade » Badran. « Il y a eu un changement dans l’équilibre des forces, se souvient-il. Nous sommes devenus les partenaires de la coalition pour combattre le terrorisme. Et cela nous a permis de jouer un rôle plus important qu’avant sur le terrain. » Dès 2015, les unités YPG et YPJ sortent des enclaves kurdes et progressent le long de la frontière syro-turque, dont elles interdisent l’accès aux djihadistes, tout en se préparant à lancer l’offensive sur Rakka.

    L’aide de la coalition se renforce et les unités à dominante kurde, désormais regroupées avec leurs alliés arabes au sein des FDS, avancent vers le sud, finissant par s’emparer de Rakka en octobre 2017, avant de poursuivre leur progression vers la frontière irakienne, le long de l’Euphrate et à travers le désert de l’Est syrien.

    Femmes en uniformes et chefs tribaux arabes

    C’est ainsi qu’en Syrie, la guerre menée par la coalition a provoqué l’émergence dans son sillage d’un territoire politique dont l’étendue correspond grossièrement à la rive gauche de l’Euphrate. Ce sont les FDS, emmenés par un corps de cadres kurdes, qui l’ont organisé et se sont chargés de lui faire prendre forme. Ces hommes et ces femmes, inspirés par une organisation issue de l’extrême gauche turque et du nationalisme kurde convertie aujourd’hui à l’autogestion, ont organisé un vaste territoire à large majorité arabe à mesure qu’offensive après offensive, l’EI en était chassé.

    Dans l’ancienne salle de cinéma d’Al-Thawra, alors que l’Administration civile démocratique de Tabqa élit son conseil exécutif local et ses comités paritaires, l’avenir nébuleux de l’après-guerre se lit dans les travées et sur les murs. L’assistance composée de jeunes femmes kurdes en uniformes, de chefs tribaux arabes en habits traditionnels, de dames aux voiles fleuris et de garçons en tenues décontractées, approuve à main levée la nomination de ses délégués. La salle est décorée de banderoles couvertes de slogans : « La réalité de la nation démocratique est la coexistence entre les peuples » ; « Les femmes ont le droit de s’auto-organiser de manière indépendante »


    A Tabqa, certains quartiers ont été endommagés par la guerre. Malgré leurs habitations en partie détruites, les civils y vivent encore. Des enfants jouent à la guerre devant une de ces maisons ravagées.

    Ces slogans ont été écrits uniquement en arabe. La rhétorique est bien celle des cadres kurdes mais ici, à Al-Thawra et à Tabqa, il n’est pas opportun de mettre cette identité en avant. « Nous sommes d’abord syriens ! », dit une kadro kurde présente sur le parvis du cinéma alors que la réunion se termine et que l’assistance hétéroclite s’éparpille en petits groupes. « Nous participons à la construction d’une Syrie démocratique pour tous les peuples en suivant les idées du président Öcalan », précise cette femme d’une quarantaine d’années.

    Alliances de circonstances

    La mise sobre, voire ascétique, qu’elle arbore, son air militaire malgré les vêtements civils, son phrasé kurde, émaillé de néologismes propres au mouvement, racontent la nature d’une organisation en mesure de transformer le corps et l’esprit de celles et ceux qui la servent. Cette avant-garde, formée dans les bases reculées de l’organisation, au Kurdistan irakien, est déployée partout où le mouvement combat, gouverne ou maintient une présence. Ses membres ont perdu leurs noms de naissance, remplacés par des pseudonymes. Le mariage leur est interdit, de même que les possessions matérielles. Leur existence est vouée au PKK et à son implacable aspiration à transformer le réel.

    Leur présence tranche, devant l’ancien cinéma, avec celle de certaines personnalités tribales de la région, connues pour avoir frayé avec les anciens maîtres djihadistes de Tabqa. « Bien entendu, nombreux sont les chefs de tribu qui ont fait allégeance à Daech, reconnaît le cheikh Hamid Al-Freidj, coprésident du Conseil de Tabqa. Ils sont ensuite venus voir les camarades [des FDS] et il y a eu une procédure de réconciliation. Ils leur ont donné une nouvelle chance. » L’entrée de la salle, désormais vide, est surmontée d’un slogan qui semble sonner plus juste que les pétitions de principe affichées ailleurs avec grandiloquence : « Nos victoires ne sont pas définies par le nombre des ennemis tués mais par le nombre de ceux que nous rallions. »

    Alors que l’idéologie de l’encadrement kurde a remplacé celle des djihadistes de l’Etat islamique, les cheikhs tribaux collaborent au nouveau système comme ils s’étaient accommodés du précédent. « Il faut réunir les gens de bonne volonté pour avancer… », justifie un cadre kurde, le camarade Shiyar, face au paradoxe apparent de la politique menée par les FDS : proposer un changement révolutionnaire en s’appuyant sur les structures sociales les plus conservatrices.

    Pas seulement un projet kurde

    La cheville ouvrière de ce grand dessein paradoxal s’appelle Omar Allouche. Ancien homme d’affaires originaire de Kobané, M. Allouche n’est pas un cadre mais un compagnon de route du mouvement kurde. Il déclare avoir été l’un des premiers à accueillir Abdullah Öcalan, lorsqu’en 1979 celui-ci était venu se réfugier en Syrie pour échapper aux forces de sécurité turques. Depuis le retour de l’organisation dans le pays, il a mis à sa disposition son entregent et un vaste réseau de contacts parmi les notables arabes. « Depuis le début, nous savions qu’il allait falloir compter avec les populations arabes et que notre projet en Syrie ne pourrait pas être seulement un projet kurde », précise Omar Allouche.


    Statue à l’effigie d’un soldat kurde martyr mort au combat à Kobané, le 20 novembre. Le doigt sur la gâchette, car il est mort dans cette position.

    De fait, les trois enclaves kurdes du nord du pays que le mouvement aspirait à réunir en une bande territoriale continue sont séparées par de vastes zones de populations arabes. « Nous avons commencé par créer des partis politiques arabes, mais ça n’a pas fonctionné. La seule solution, c’était de s’appuyer sur les tribus », dit M. Allouche.

    Le début du partenariat entre les forces kurdes et la coalition internationale a conforté les dirigeants des FDS dans leur pari tribal. En reculant, les djihadistes laissaient derrière eux une société sinistrée où l’encadrement politique kurde pouvait faire émerger des intermédiaires. « Le politique ne peut pas se faire sans le militaire », confiait au printemps Omar Allouche dans la bourgade d’Aïn Issa, où se trouvent les locaux du Conseil civil de Rakka, alors que les FDS s’apprêtaient à lancer l’assaut sur la capitale djihadiste.

    Isolés par la Turquie

    « Avant chaque offensive, nous avons travaillé à la constitution de conseils locaux composés de personnes hostiles à Daech, tout en maintenant des contacts avec des notables présents à l’intérieur des zones qui étaient visées », expliquait-il alors. L’installation de ces institutions dans les zones reprises à l’EI va ensuite de pair avec le recrutement massif de jeunes hommes arabes dans des FDS, bien qu’elles demeurent encadrées par des commandants kurdes.

    La mise sur pied du Conseil civil de Rakka a suivi cette logique. Sa composition occupait déjà Omar Allouche plus d’un an avant le début des opérations militaires. « La coalition internationale considère que sa mission en Syrie est de détruire l’Etat islamique. Elle s’intéresse uniquement au militaire, pas au politique », dit-il, tout en regrettant le manque d’engagement en matière civile de la part des alliés occidentaux des FDS. Si le Conseil civil de Rakka a finalement été reconnu comme l’acteur de référence pour la gouvernance de cette ville et de ses environs, il ne bénéficie que d’un soutien diplomatique limité. En cause, la position de la Turquie. « Les pays occidentaux coopèrent avec nous militairement mais ils ne sont pas prêts à s’investir davantage en raison de leurs relations avec la Turquie », constate Omar Allouche.

    Du point de vue turc en effet, le territoire que se sont taillé les FDS dans le nord de la Syrie est perçu comme une menace existentielle, tandis que le PKK poursuit sa guérilla contre les forces armées d’Ankara dans les régions kurdes du sud-est du pays, contiguës du territoire des FDS. Pour cette raison, la nature révolutionnaire du mouvement, l’ampleur de son projet et sa vocation universaliste tendent à échapper à ses interlocuteurs étrangers. Souvent perçu comme un simple représentant des intérêts de la minorité kurde de Syrie, le mouvement entend se distinguer nettement de cette posture, ses revendications ne concernant pas les droits d’une population particulière mais un modèle de gouvernance.


    Un soldat des forces démocratiques syriennes, (FDS) chauffe de l’eau à Raqqah, le 17 novembre.

    Face au régime de Damas

    « Les gens qui dirigent ce projet pensent sincèrement que les Etats-nations ont échoué. Il faut qu’ils continuent à effacer toute trace de nationalisme dans leur pratique, estime à Kamechliyé, Hikmet Al-Habib, un membre arabe d’une des structures de gouvernance instaurées par les FDS. Mais ils font des efforts. Au début les Kurdes appelaient cette zone le “Kurdistan occidental”, ensuite le Rojava (« l’ouest » en kurde). Maintenant ils parlent du nord de la Syrie… »

    Si la direction des FDS demeure essentiellement kurde, la formation de cadres locaux a commencé. « Pas besoin de les envoyer dans les montagnes, assure Hikmet Al-Habib. Des académies ont été créées ici pour former des kadros arabes. » L’enseignement qui y est dispensé est directement inspiré de l’idéologie du mouvement et de son chef historique, Abdullah Öcalan.

    Avec le reflux de l’EI, l’ancien territoire du « califat » en Syrie est désormais partagé entre le mouvement kurde et ses alliés locaux d’une part, et le régime de Damas de l’autre. La vallée de l’Euphrate dessine la limite entre ces deux blocs. « En Syrie, aujourd’hui, il n’y a plus que nous et le régime », rappelait, après la chute de Rakka, la camarade Badran : « Soit on coopère, soit c’est le chaos. » De fait, le mouvement kurde et les FDS contrôlent non seulement le grenier à blé du pays mais également ses principales infrastructures hydroélectriques, ainsi que d’importantes ressources naturelles. A l’automne 2016, à la suite de la chute de Rakka, les FDS ont ainsi chassé les djihadistes des vastes champs d’hydrocarbures de la province de Deir ez-Zor, y compris le champ gazier d’Omar, le plus grand de Syrie.

    L’espoir d’une reconnaissance politique

    Bien que les deux parties aient un intérêt mutuel à coopérer, leur vision de l’avenir diffère. Le régime de Bachar Al-Assad entend reprendre possession de l’ensemble du territoire national et y restaurer son autorité. Les FDS, eux, entendent obtenir la reconnaissance formelle de leurs acquis politiques dans le Nord par une nouvelle Constitution. « Nous refusons tout arrangement ponctuel avec le régime sans cadre général », répondait en novembre Fawza Youssef, membre éminente du mouvement kurde en Syrie. « Il faut que nous négociions un accord global alors que nous sommes en position de force, ajoutait-elle. Les accords locaux donnent l’occasion au régime de se renforcer pour redevenir une menace dans quelques années. Nous voulons un changement de Constitution et la construction d’une Syrie fédérale et démocratique. Jusqu’à ce que cet accord soit trouvé, nous renforçons notre modèle : une autonomie géographique, qui n’est pas fondée sur l’appartenance ethnique. »

    En octobre et en décembre, des élections locales et législatives ont eu lieu dans les zones tenues par les FDS. Ces scrutins, qui n’avaient rien de déterminant du point de vue politique, visaient à approfondir un système qui continue d’évoluer et de se structurer tant qu’il a l’espace pour le faire.

    Face à Damas, la partie kurde est prête à négocier l’intégration des FDS, qui n’ont pas cessé de recruter depuis la bataille de Rakka, à une nouvelle armée syrienne, ainsi qu’à partager le contrôle des frontières et à organiser celui des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles. Le régime, en revanche, multiplie les signaux négatifs, révélateurs de son raidissement : le territoire en formation dans le nord de la Syrie est systématiquement désigné comme un espace à reconquérir et ceux qui le dirigent comme des « traîtres ».

    Sans le soutien de la coalition, que les FDS jugent dépourvue de vision politique en Syrie, le mouvement a placé ses espoirs dans un éventuel rôle de médiation de la Russie, alliée du régime et avec laquelle il coopère localement dans l’enclave kurde d’Afrine, dans le Nord-Ouest. La posture offensive du régime de Damas et la rhétorique de plus en plus incendiaire de ses responsables risquent cependant de semer le trouble parmi les alliés arabes du mouvement kurde. Hikmet Al-Habib, un cadre arabe des FDS, l’admettait récemment :

    « Beaucoup de chefs tribaux sont des opportunistes qui suivent le sens du vent. Maintenant que l’Etat islamique est vaincu et que le régime et nous sommes face à face, ils hésitent à choisir leur camp. »

  • Raqqa’s dirty secret - BBC News

    http://www.bbc.co.uk/news/resources/idt-sh/raqqas_dirty_secret

    Impressionnant

    The BBC has uncovered details of a secret deal that let hundreds of IS fighters and their families escape from Raqqa, under the gaze of the US and British-led coalition and Kurdish-led forces who control the city.

    A convoy included some of IS’s most notorious members and – despite reassurances – dozens of foreign fighters. Some of those have spread out across Syria, even making it as far as Turkey.

    #syrie #ei #daeh

  • Inside #Rukban Camp, One of Syria’s Most Desperate Settlements

    The situation in the Rukban camp for internally displaced persons near the border with Jordan is rapidly deteriorating. International humanitarian groups are close to being overwhelmed, despite local NGOs and rebel groups trying to help out as well.

    https://www.newsdeeply.com/refugees/articles/2017/10/30/inside-rukban-camp-one-of-syrias-most-desperate-settlements-2
    #camps_de_réfugiés #IDPs #déplacés_internes #asile #migrations #réfugiés #Syrie #réfugiés_syriens

    • Situation humanitaire « catastrophique » pour 50 000 déplacés syriens, cantonnés en plein #désert

      Malgré l’arrivée récente d’un convoi humanitaire plusieurs fois retardé, la situation reste critique dans le camp de déplacés d’al-Rukban, enclavé aux confins du désert syrien et presque totalement dénué d’infrastructures. Pris au piège entre la frontière fermée par la Jordanie et un blocus imposé par le régime de Damas, ses habitants manquent de tout : nourriture, eau, vêtements et médicaments. Alors que des négociations diplomatiques sont toujours en cours, le devenir de ces naufragés du désert reste incertain.

      C’est un camp de réfugiés oublié du monde et des grandes célébrations pour la paix. 50 000 déplacés syriens – selon les chiffres de l’Onu – sont installés aux confins du désert à proximité de la frontière jordanienne, dans le camp de fortune d’al-Rukban, en Syrie. Totalement enclavés, ses habitants y survivent, certains depuis plusieurs années, dans des conditions d’une précarité extrême, vivant sous des tentes ou des maisonnettes en terre. Le 3 novembre, un convoi humanitaire de l’Onu et du Croissant rouge syrien a finalement réussi à l’atteindre. Les habitants du camp n’avaient plus reçu aucune aide significative depuis une livraison effectuée via la Jordanie, par dessus la frontière et à l’aide de grues, au mois de janvier 2018. Depuis plusieurs semaines, les appels à l’aide se multipliaient depuis l’intérieur du camp, de la part de l’Onu, ou encore des travailleurs humanitaires, à mesure que la situation ne cessait de se dégrader, la nourriture, l’eau – malgré un apport depuis la Jordanie – et les médicaments se faisant de plus en plus rares.

      Selon l’Onu, alors que le camp a subi récemment de multiples épisodes de pluie – qui frappent aussi la Jordanie – et de tempêtes de sable, et que l’hiver s’approche, des rations alimentaires, des vêtements et une assistance médicale ont été délivrés par le convoi. Celui-ci a finalement pu quitter Damas, après que son départ ait été retardé à de multiples reprises par le gouvernement syrien. L’Onu comptait en profiter pour vacciner les 10 000 enfants de moins de cinq ans au sein de la population du camp, et équiper de vêtements chauds 15 000 enfants en tout. « La population souffre de malnutrition, de diarrhées, de maladies. Les enfants sont les plus touchés », constate le Dr Anas Chaker, porte parole de la branche française de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), joint par Basta !. Le médecin qualifie la situation sur place de « catastrophique ». L’UOSSM, qui a pour objectif d’apporter des soins à la population en Syrie, est en contact avec des habitants d’al-Rukban, bien qu’il soit impossible pour les ONG et les travailleurs humanitaires d’être présents directement à l’intérieur du camp.

      Échec des négociations avec le régime

      Ces dernières semaines, de multiples décès y ont été rapportés, sans que des chiffres précis n’aient été établis. « Il y a des décès tous les jours, et là encore les enfants sont les premiers affectés », alerte le Dr Anas Chaker. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des tombes de fortune, simplement recouvertes de pierres. En marchant plusieurs kilomètres, les habitants du camp peuvent rejoindre, au compte-goutte, une installation médicale établie du côté jordanien. Comme le rapporte le site Irin news, spécialisé sur les questions humanitaires, les cas les plus graves, s’ils parviennent jusque-là, sont parfois pris en charge dans les hôpitaux jordaniens, mais sont ensuite renvoyés au sein du camp.

      La situation s’est particulièrement dégradée au début du mois d’octobre, lorsque le régime syrien a coupé tout accès au camp depuis la Syrie [1]. La contrebande permettait jusque-là d’assurer un approvisionnement minimal de ces naufragés du désert. Selon Mohamad Taha, Syrien exilé en France qui maintient un contact régulier avec al-Rukban – où il a notamment soutenu, à distance, la création et le fonctionnement d’une école –, ce blocus ferait suite à l’échec de négociations menées entre Damas et des représentants du camp concernant le devenir de ses habitants. Le régime syrien aurait refusé le retour des déplacés dans la région de Palmyre, dont une grande part des occupants d’al-Rukban sont originaires, et proposé à la place leur réinstallation à Homs, la grande ville de l’ouest du pays ravagée par les combats et vidée d’une partie de ses habitants. Toujours selon Mohamad Taha, lui-même originaire de Palmyre, le refus de cette option aurait entraîné le blocus du camp, en guise de moyen de pression sur ses habitants.

      Le site Irin news, de même que le média basé à Amman Syria direct, relatent en outre des négociations menées sous l’égide de la Russie depuis plusieurs semaines. Celles-ci auraient envisagé d’évacuer une partie des habitants du camp, ainsi qu’une milice rebelle présente sur place – également au centre des discussions – en direction de la zone contrôlée par la Turquie dans le nord de la Syrie. Des négociations qui n’auraient, à ce jour, pas abouti. « Le plan semble avoir calé au mois d’octobre, déclenchant les restrictions » sur l’approvisionnement du camp, précise de son côté Irin news.
      Beaucoup viennent de Palmyre, vidée de ses habitants

      Cette « stratégie de la faim » rappelle les sièges infligés à certains quartiers de Homs et d’Alep, à la ville de Daraya, ou encore à la Ghouta orientale, la banlieue est de Damas, qui ont systématiquement conduit à l’évacuation forcée de la population (lire notre article ici). Nombre de déplacés d’al-Rukban ont échoué dans ce carré de désert suite à la prise de Palmyre par l’État islamique (EI) en mai 2015, et aux combats qui s’en sont suivis jusqu’à la reprise de la ville – depuis totalement vidée de ses habitants – par le régime, soutenu par l’armée russe, l’année suivante. D’autres déplacés d’al-Rukban sont originaires de la région de Homs, ou bien ont fui les combats contre l’EI à Raqqa et à Deir-Ezzor, dans l’est du pays.

      Malgré une situation désespérée, la perspective de repasser sous le joug du régime semble loin d’enthousiasmer la population du camp. Une partie des familles aurait ainsi été prête à accepter une évacuation vers le nord du pays sous contrôle turque. « Les gens d’al-Rukban sont considérés comme des opposants », affirme le Dr Anas Chaker. « La plupart des habitants du camp sont contre le régime, estime aussi Mohamad Taha. Mais même les autres ont peur d’être tués ou enrôlés de force dans l’armée s’ils repassent sur les territoires contrôlés par Damas. » Avant de subir l’État islamique, sa police des mœurs et ses exécutions sommaires, la population de Palmyre avait déjà connu une brutale répression de la part du régime Assad, suite à la révolution de 2011 [2].
      Les États-Unis ne sont pas venus en aide aux déplacés d’al-Rukban

      A ce jour, le camp est cependant à l’abri d’une intervention de l’armée du régime. Il est établi à l’intérieur d’une zone militaire de 55 km de rayon contrôlée par les États-Unis, qui ont installé à cet endroit, également tout proche de la frontière irakienne, une base destinée à la lutte contre l’EI. Washington maintient aussi sa présence sur cette zone stratégique afin de couper l’axe reliant l’Iran à la Syrie via Bagdad, la capitale de l’Irak, dans le cadre de sa politique d’opposition au régime iranien. Mais les États-Unis ne sont pas venus en aide aux déplacés d’al-Rukban, pourtant tout proche. Pas plus d’ailleurs que la Jordanie, qui a fermé sa frontière – isolant presque totalement al-Rukban et dégradant encore la situation sécuritaire en son sein – après des attentats menés par l’EI depuis l’intérieur du camp en 2016. Malgré l’aide apportée par le convoi humanitaire, et alors que des négociations diplomatiques concernant le devenir du camp sont toujours en cours, les déplacés d’#al-Rukban, dont l’histoire apparaît comme un concentré des tragédies du conflit syrien, comptent toujours les jours et les nuits passés au milieu du désert.

      https://www.bastamag.net/Situation-humanitaire-catastrophique-pour-50-000-deplaces-syriens-cantonne

  • Syria trends

    http://www.synaps.network/syria-trends

    http://www.synaps.network/data/files/organization/147266/image/derivative/scale~1200x1200~screenshot-1505045576-69.png?1502116153

    Satellite imagery has been used in various publications to illustrate the magnitude of destruction of Syrian cities such Aleppo, Homs, Dayr Zor and Raqqa. One promising but underexploited form of such imagery is that provided by light signatures: maps that capture the average intensity of nighttime illumination in a given locality. By way of example, Synaps has been exploring a set of free images, representing monthly nightlight averages spanning April 2012 to July 2017, made available by the National Oceanic and Atmospheric Administration, a branch of the United States Department of Commerce. While such images are by nature abstract and impressionistic, they can nonetheless provide valuable insight into the social, political and economic trends that have transformed—and continue to transform—the country.

    #syrie

  • Syrie : les djihadistes de Hetech peuvent-ils succéder à Daech ? - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/guerre-en-syrie/20170830.OBS4002/syrie-les-djihadistes-de-hetech-peuvent-ils-succeder-a-daech.ht

    « Abu Muhammad al-Joulani comprend bien qu’une fois le groupe Etat islamique défait, la coalition menée par les Etats-Unis, mais aussi la Russie, la Turquie, l’Iran, retourneront les armes vers son groupe », écrit-il. « Il n’a peut-être qu’une année ou deux devant lui. »

    « Son objectif n’est donc pas de créer un émirat islamique permanent dans la région d’Idlib, mais plutôt d’y établir une base de recrutement pour son armée djihadiste, en accord avec les principes d’Al-Zawahiri : ’La stratégie du djihad pour le Cham [#Syrie et #Irak, NDLR] doit se concentrer sur la guérilla ; ne cherchez pas à tenir des territoires’. »

    Après des années de prudence et de double jeu avec la communauté internationale, la franchise d’#Al-Qaida pourrait-elle de nouveau menacer l’Occident par des attentats à l’étranger ? « On ne peut pas écarter l’hypothèse », glisse Frédéric Pichon. Pour Fabrice Balanche, la coalition doit même réagir au plus vite, sans attendre la destruction complète de l’Etat islamique : « HTS se renforce chaque jour, et se reposer sur leurs rivaux ne suffira pas à les contrer », conclut-il. « La communauté internationale doit poursuivre la même approche contre HTS à Idlib que contre l’Etat islamique à Raqqa et ailleurs. Échouer à le faire aujourd’hui, c’est s’exposer à un coût bien plus élevé plus tard. »

  • Turkey Leaks Secret Locations of U.S. Troops in Syria
    http://www.thedailybeast.com/turkey-leaks-secret-locations-of-us-troops-in-syria

    The eight outposts, often hidden behind signs warning of a “prohibited area,” are being used both for active military operations, such as shelling into the city of Raqqa, and for desk jobs such as training and operational planning, the report said.

    It claimed bases used for military operations house artillery batteries with high maneuverability, multi-barrel rocket launchers, various mobile equipment for intelligence, and armored vehicles for general patrols and security.

    In Hasaka province, the U.S. has three outposts, all used to train Kurdish militia members, according to Turkish security officials. Anadolu even gave the number of U.S. Special Forces troops it believed were stationed at two of the three outposts.

    There are three U.S. military outposts in Syria’s Raqqa province, Anadolu said. French special forces troops are stationed at two of them. It said one of the locations serves as a communication center for the International Coalition fighting ISIS and is also used to disrupt ISIS communications.

    In Manbij, which the Kurdish YPG militia captured last August, the U.S. now has two outposts. The U.S. sends out patrols, the agency noted acerbically, to protect the Kurdish People’s Protection Unit (YPG) forces from Syrian rebels operating out of the Turkish controlled part of Syria known as the Jarablus pocket.

  • L’Etat islamique prend pied aux Philippines
    https://www.mediapart.fr/journal/international/290617/l-etat-islamique-prend-pied-aux-philippines

    L’émir Isnilon Hapilon. © (capture d’écran vidéo) Assiégé à Mossoul et à Raqqa, le califat d’Abou Bakr al-Baghdadi se tourne vers l’Asie du Sud-Est pour conquérir de nouvelles provinces. C’est en tout cas l’objectif proclamé par des groupes djihadistes issus d’anciennes rébellions et qui se battent désormais sous le drapeau de Daech au sud des Philippines.

    #International #Asie_du_Sud-Est #djihadisme #Etat_islamique

  • Airwars: Rise in Civilian Deaths from Coalition Strikes Unprecedented
    https://www.newsdeeply.com/syria/community/2017/06/26/airwars-rise-in-civilian-deaths-from-coalition-strikes-unprecedented

    “KAFAA AL-MUSTAPHA AND two of her relatives were on their way to work in the Raqqa countryside when their car was hit by an alleged coalition airstrike last month. All three of the women, along with up to 20 other agricultural workers, were reportedly killed. They are among more than 700 estimated civilian victims of airstrikes by the U.S.-led international coalition fighting so-called Islamic State in the last three months in and around Raqqa.

    The attack that killed Kafaa was just one of 160 reported “coalition casualty” events Airwars, which archives the war against IS, tracked in Iraq and Syria during May 2017. According to our estimates, last month was second only to March as the deadliest for civilians since coalition airstrikes began in August 2014.

    We have seen an unprecedented and sustained rise in reported civilian deaths since January, when the campaigns to liberate Raqqa and Mosul began to escalate. Airwars is not alone in noting this trend: U.N. investigators have cited a “staggering” loss of civilian life from coalition airstrikes in Raqqa, and there is now serious concern for the estimated 100,000 people still trapped in Mosul’s Old City.”

  • La coalition internationale bombarde Raqqa au phosphore blanc
    http://observers.france24.com/fr/20170613-coalition-raqqqa-phosphore-blanc-etats-unis-kurdes-etat

    Des vidéos très explicites, confirmées par les militants de l’opposition syrienne, le montrent : la coalition internationale conduite par les États-Unis a effectué en fin de semaine dernière plusieurs bombardements au phosphore blanc sur la ville de Raqqa, fief syrien de l’organisation État islamique. Ce composant, qui peut brûler et tuer une personne, est pourtant interdit dans des zones où les civils sont proches des forces armées.

  • A Washington, #Erdogan mesure l’échec de sa politique syrienne
    https://www.mediapart.fr/journal/international/190517/washington-erdogan-mesure-l-echec-de-sa-politique-syrienne

    En visite aux États-Unis, le président turc Recep Tayyip Erdogan n’est pas parvenu à convaincre son homologue #Donald_Trump de renoncer à armer les milices kurdes de #Syrie, considérées par Ankara comme des adversaires irréductibles de la #turquie, mais choisies par l’administration américaine pour mener l’assaut contre les djihadistes de l’État islamique à Raqqa.

    #International #Etats-Unis

  • #Syrie : des affrontements autour d’un barrage stratégique inquiètent l’ONU
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20170329-syrie-affrontements-autour-barrage-strategique-inquietent-onu

    L’inquiétude grandit en Syrie autour du #barrage de Tabqa, sur l’#Euphrate. L’immense édifice est désormais au coeur des affrontements qui opposent l’organisation Etat islamique aux combattants kurdes et arabes soutenus par les Etats-Unis et par la coalition anti-jihadiste.

    Enjeu stratégique majeur, le barrage de Tabqa revêt également une grande importance pour les habitants de Raqqa et de la vallée de l’Euphrate. Une destruction, ou même un dysfonctionnement pourrait en effet avoir des conséquences désastreuses dans la région.

    Ce sont les Nations unies qui ont tiré le signal d’alarme au début de l’offensive lancée pour s’emparer de la ville de Raqqa. « En cas de dommage sur le barrage », prévient l’ONU, « les conséquences humanitaires seraient catastrophiques : avec des inondations à grande échelle sur Raqqa et sur la province de Deir Ezzor ».

    Depuis cet avertissement lancé il y a une dizaine de jours, le pire a pu être évité, mais la crainte persiste. Depuis dimanche, les systèmes de contrôle du barrage sont hors d’état de fonctionner et une équipe d’ingénieurs syriens a été envoyée sur place pour tenter de réparer les dégâts. Ce mercredi, selon l’agence Reuters, les ingénieurs ont dû quitter précipitamment le barrage durant plusieurs heures, en raison de tirs imputés à l’organisation jihadiste.

    Sur place la situation est extrêmement confuse. La plus grande partie de l’édifice reste aux mains de l’organisation Etat islamique. Mais les combattants kurdes et arabes soutenus par les Etats-Unis ont pris pied sur l’une des extrémités du barrage et chaque camp s’accuse mutuellement de mettre en péril la stabilité de l’ouvrage.