city:roissy-en-brie

  • J’écoute la fabrique de l’histoire sur les matériaux de construction et j’entends un des intervenants dire à propos d’une construction ancienne : « Ils faisaient du béton armé sans le savoir ».

    Je crois au contraire que les maçons savaient parfaitement ce qu’ils faisaient (sans doute qu’ils appelaient cela autrement) mais que ce sont des savoirs et des techniques ignorées des sociétés modernes qui pensent avoir tout inventer et minimisent les savoirs anciens en les faisant passer pour des pratiques plus ou moins hasardeuses...

    • « ils faisaient du béton armé empirique » aurait été plus approprié.
      Les principes sont connus depuis longtemps, ce qu’apporte notre époque c’est de pouvoir calculer la résistance du matériau par anticipation.
      Mais ça n’est pas une garantie de bonne mise en œuvre (on se souvient de l’aérogare de Roissy ruinée en quelques mois).

    • Béton armé, par Jean Prugnot (1907-1980)


      illustration de couverture : bois gravé de Valentina la Rocca, « échafaudage », d’après Xylographie, Plein Chant, 1988.
      http://www.pleinchant.fr/titres/Voixdenbas/Prugnot2.html

      Béton armé, par Jean Prugnot (1907-1980), paru en feuilleton dans le Peuple du 14 juillet au 24 septembre 1937 avec une présentation de l’ami Henry Poulaille, fut publié en 1946 chez Grasset. Revoici Béton armé, augmenté de la mention « roman » et enrichi d’une notice, par Nicole Racine. Jean Prugnot, ingénieur électricien diplômé, nous donne, à travers ce fragment autobiographique portant sur la période où il dut se résigner en janvier 1932 à devenir chef d’équipe sur un chantier de la ligne Maginot, la description de la vie d’un travailleur non seulement exploité mais encore exposé à tout instant à la possibilité d’un licenciement, car licencié, il le fut, cinq mois après son arrivée sur le chantier. Chômeur, il rendit compte de son expérience en écrivant ce qui sera Béton armé, un document de première main écrit dans un style vivant et rapide, dénué de toute prétention littéraire mais dans lequel la plupart des travailleurs pouvaient se reconnaître. Ayant trouvé un temps un emploi de postier, Prugnot rendit compte dans PTT, le journal du syndicat CGT des postiers, d’un grand nombre d’œuvres prolétariennes dont nous avons précédemment rassemblé la substantifique moelle dans l’ouvrage de cette collection intitulé Des voix ouvrières.

      http://www.pleinchant.fr/titres/xylographies/larocca.html

  • Découvrir la #France derrière des barbelés

    Chaque année, à leur descente de l’avion, du train ou du bateau qui les a menés en France, des milliers d’étrangers sont victimes de l’arbitraire de la frontière et ne sont pas autorisés à pénétrer sur le territoire. Quand ils ne sont pas renvoyés illico, on les enferme en « #zone_d’attente ».

    Tout commence lors des contrôles des passagers. Certaines personnes sont admises sur le territoire Schengen sur simple présentation de leurs documents de voyage. D’autres, en raison de leur provenance, de leur nationalité ou de leur comportement, subissent un contrôle plus poussé.

    Claudia, Lola et Sarah [1], trois amies de nationalité dominicaine, résident à Naples depuis huit ans. Elles décident de venir en France, sans avoir réservé leur billet retour, une condition nécessaire à leur entrée sur le territoire – ce qu’elles ignorent. Lorsque Claudia passe les #contrôles_frontaliers, aucune question ne lui est posée : elle est admise sur le territoire français. Ses deux amies n’ont pas la même chance et subissent un contrôle plus approfondi. Elles ont beau présenter immédiatement leurs cartes de résidence italienne, comme pour rassurer la police française : elles ne veulent pas rester, elles ont leur vie en Italie... rien n’y fait. L’entrée leur est refusée et elles sont enfermées jusqu’à leur refoulement.

    Bienvenue en « zone d’attente ». Des lieux de #privation_de_liberté [2] qui se trouvent dans les #aéroports, les #ports et les #gares desservant l’international. En France, il en existe cent une, toutes différentes. Il peut s’agir d’une salle dans l’aéroport de Toulouse, de cellules dans le sous-sol de l’aéroport de Marseille ou encore d’une chambre d’hôtel en face de l’aéroport de Nantes.

    À #Roissy, la #Zapi_3 (Zone d’attente pour personnes en instance) s’étend sur deux niveaux et peut recevoir jusqu’à 120 personnes. Placé au bord des pistes, le bâtiment est entouré de grillages surplombés de barbelés. L’intérieur n’est pas moins oppressant : présence policière constante, caméras de surveillance, fenêtres condamnées, lumière de néons blafarde et bruit incessant des haut-parleurs appelant des personnes pour un éventuel renvoi. Surnommée « l’hôtel » par la police aux frontières, la Zapi 3 est la vitrine des zones d’attente françaises.
    *

    Lorsqu’elles ne sont pas immédiatement renvoyées vers leur pays de provenance, les personnes non-admises sur le territoire sont donc enfermées en zone d’attente, pour une durée initiale de quatre jours et une durée maximum de vingt jours, le temps pour les autorités d’organiser leur renvoi. Durant leur maintien, elles sont dépendantes de la #police_aux_frontières (#PAF) pour l’exercice de leurs droits : enregistrement d’une demande d’asile, repas, accès aux soins.

    Dina et Ehsan, un couple afghan, sont arrivés de Grèce à l’aéroport de Beauvais. Placés en zone d’attente, ils ont vécu un calvaire durant cinq jours avant d’être libérés au titre de l’asile. Dina, alors enceinte de cinq mois, souffrait de maux de ventre et de saignements abondants ; Ehsan, lui, avait une plaie au bras nécrosée et inquiétante, due à une blessure par balle. Seule une lotion vitaminée leur a été délivrée lors de leur bref passage à l’hôpital.

    Les conditions d’enfermement étaient également inhumaines : un espace extrêmement sale, des poubelles débordantes, une chaleur suffocante, l’impossibilité de se laver, pas d’accès à un espace extérieur et une nourriture en quantité et qualité insuffisantes.

    À leur arrivée, la police a refusé d’enregistrer leurs demandes d’asile, et tenté de les renvoyer à deux reprises vers la Grèce. Pendant quatre jours, le couple n’a reçu aucune explication sur ses droits, la PAF n’ayant pas fait appel à un interprète. Les agents ont refusé de leur remettre les documents administratifs relatifs au refus d’entrée et au maintien en zone d’attente.

    La procédure de demande d’asile à la frontière est un #filtre qui sert avant tout au contrôle des flux migratoires, au détriment de la protection des personnes. Elle ne tend pas à reconnaître le statut de réfugié, mais seulement à donner l’autorisation d’entrer sur le territoire français afin d’y déposer une demande d’asile. Cette première décision revient au ministère de l’Intérieur. Pour cela, le demandeur est entendu par l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) qui examinera de façon superficielle le « caractère manifestement infondé » de sa demande [3].

    Lydia est nicaraguayenne. Elle a demandé l’asile à la frontière depuis la zone d’attente de Roissy. Sur la base d’un entretien de 25 minutes avec interprète, l’Ofpra et le ministère de l’Intérieur ont considéré que sa demande était manifestement infondée, décision confirmée par le tribunal administratif qui a rejeté son recours contre la décision ministérielle. Lydia a alors subi plusieurs tentatives d’embarquement. Après vingt jours d’enfermement, elle est placée en garde à vue pour avoir refusé d’embarquer, puis directement au Centre de rétention administrative (#CRA) sur la base d’une obligation de quitter le territoire français émise à l’issue de la garde à vue. L’Ofpra lui accordera finalement le statut de réfugiée depuis le CRA.

    La situation de Lydia n’est malheureusement pas isolée. Si certaines personnes finissent par être libérées de la zone d’attente, les autres sont majoritairement refoulées ou placées en garde à vue pour leur refus d’embarquer, ce qui constitue souvent le point d’entrée d’une spirale d’enfermements successifs. Les possibilités sont nombreuses : prison, local ou centre de rétention administrative. Si le juge prononce une interdiction du territoire français, la personne est placée en rétention juste après l’audience. Si, en plus, le juge condamne la personne (le refus d’embarquer est un délit passible de trois ans de prison ferme), elle sera placée en rétention à sa sortie de prison. La police tentera de nouveau de l’éloigner et si elle persiste à refuser d’embarquer, elle pourra une nouvelle fois être placée en garde à vue et condamnée.
    *

    Pour se protéger d’un prétendu « risque migratoire » ou d’un « afflux massif », l’enfermement est un instrument central et banalisé de gestion des populations migrantes en Europe et au-delà. Les logiques frontalières sont généralement les mêmes : rejet, #invisibilisation, opacité des pratiques, fichage, violations des droits fondamentaux. L’enfermement se double d’une dimension de « #tri à l’entrée », qui renverrait à l’idée de prévention associée à l’image de « criminels » placés derrière des barreaux. Cet enfermement crée surtout des traumatismes profonds.

    http://cqfd-journal.org/Decouvrir-la-France-derriere-des

    #zones_d'attente #refoulement #push-back #refoulements #refoulements #aéroport #enfermement #détention_administrative #rétention

    ping @karine4 @isskein

  • RIP ADP : Le gouvernement a-t-il volontairement mal conçu le site de soutien ? (20 Minutes)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/16129-rip-adp-le-gouvernement-a-t-il-volontairement-mal-concu-le-site-de-

    FAKE OFF Le site lancé ce jeudi par le gouvernement pour permettre de soutenir le référendum d’initiative partagée contre la privatisation d’Aéroports de Paris est accusé d’être volontairement mal conçu

    L’aéroport de Roissy est géré par ADP. — JOEL SAGET / AFP

    Edit du 14 juin 2019 : ajout de précisions reçues du ministère de l’Intérieur après publication.

    Un lancement réussi ? Le site destiné à recueillir les signatures des électeurs opposés à la privatisation d’Aéroports de Paris figure dans les sujets les plus discutés de la journée sur Twitter, ce jeudi 13 juin.

    Sauf que cette notoriété tient principalement aux multiples remontées d’internautes, critiquant son ergonomie et ses bugs qui compliquent cette démarche censée permettre – si elle recueille 4,7 millions de signatures– (...)

  • #Gilets_noirs : les #sans-papiers envahissent #Roissy !

    Communiqué des Gilets Noirs et de #La_chapelle_debout :

    « Dimanche 19 mai, 14h : les Gilets Noirs (migrant.e.s à la rue et foyers de toute l’Ile-de-France en lutte) et le collectif La Chapelle debout viennent d’envahir l’#aéroport de Roissy Charles de Gaulle !

    Ils et elles sont plusieurs centaines.

    Contre les déportations et pour des papiers pour tous.tes ! Il veulent parler au PDG d’Air France et au premier ministre Edouard Philippe.

    Ce n’est pas par hasard que nous nous retrouvons dans ce lieu. Ce n’est pas une contestation symbolique. Ce lieu est la base arrière et l’avant poste de la guerre contre les sans papiers et tou.tes les étranger.eres illégalisé.es.

    Depuis plusieurs mois, nous nous organisons. Nous avons déjà arraché des victoires. Aujourd’hui, nous lançons aujourd’hui une campagne contre la peur et la honte et pour l’égalité, la dignité, la justice et leur déclinaison concrète :

    DES PAPIERS POUR TOUS.TES !!

    Merci de relayer le plus massivement possible le communiqué

    La lutte continue

    ثورة ثورة حتى النصر »

    Les Gilets Noirs et La chapelle debout

    Formidable !

    Grand moment de courage des plus opprimé.es de la hiérarchie sociale, dans l’antre même de la machine qui les fait travailler dans les tâches les plus humiliantes ou bien, selon l’humeur de l’État et de sa police, qui les expulse avec la collaboration de la compagnie d’Air France et de la société ADP, qui sépare touristes et expulsé.es au moyen d’un simple rideau dans l’avion comme un voile sur la réalité du monde !

    Magnifique élan de solidarité de celles et ceux qu’on surnomment désormais les gilets noirs, au cœur de la convergence des luttes. Car, nous le savons bien : nous ne nous sauverons pas seul.es, à l’écart, replié.es sur nous-mêmes dans notre petit coin du monde, dans notre petite corporation professionnelle, dans notre petite famille ou sous le tampon certifié de je ne sais quelle identité nationale.

    L’émancipation sociale sera celle de tou.tes les opprimé.es ou ne sera pas.

    Merci camarades sans-papiers, gilets noirs, sœurs et frères humains de l’exemple que vous nous offrez !

    Yannis Youlountas

    http://blogyy.net/2019/05/19/gilets-noirs-les-sans-papiers-envahissent-roissy
    #résistance #renvois #expulsions #régularisation #migrations

    ping @nepthys @reka @isskein

    • France: Hundreds of People Occupy Airport to Protest Airline’s Role in Deportations

      Several Hundred People have occupied terminal 2F of the airport #Charles-de-Gaulle in #Roissy, #France, to protest against Air France’s collaboration in deportations from France and the asylum policy of the French state.

      The protest was organised by the collective Gilets Noirs (Black Vests), a group of migrants without papers (“sans-papiers”) in the Ile-de-France region, and the pro-migrant activist group la Chapelle debout. Around 500 people occupied the terminal for two hours. The protests denounced those who benefit from the removal of people considered “illegal” and demanded that Air France stops financial, material logistic and political support of deportations. The airline was also asked to stop pressuring members of staff and passengers who oppose deportations. In the afternoon, four representatives of the Gilets Noirs were received by a delegation of the airline.

      The occupation forms part of a series of actions to protest the restrictive character of French and EU asylum policies and ask for the provision of accommodation and regularisation of the status of the migrants, most of which come from former French colonies.

      The airport is located next to one of the biggest migrant detention centres in France, the centre de rétention administrative (#CRA) of #Mesnil-Amelot. In 2018 more than 1000 people were deported from there.

      https://www.ecre.org/hundreds-of-people-occupy-airport-to-protest-air-frances-role-in-deportations
      #rétention #détention_administrative

    • « Gilets noirs » : des sans-papiers occupent Roissy pour dénoncer la « collaboration » d’#Air_France

      Plusieurs centaines de sans-papiers ont occupé l’aéroport de Roissy dimanche après-midi. Une opération menée par un collectif de « gilets noirs », pour dénoncer le rôle d’Air France dans les expulsions.

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/val-d-oise/gilets-noirs-papiers-occupent-roissy-denoncer-collabora

    • Crni prsluci: Nedokumentirani migranti bore se za prava i dostojanstvo u Francuskoj

      Inspiriran Žutim prslucima, u Francuskoj raste novi pokret pod nazivom Gilets Noirs ili Crni prsluci. Crni prsluci su pokret nedokumentiranih radnika migranata u Francuskoj koji su, zbog svog statusa, prisiljeni živjeti i raditi u nesigurnim i izrabljivačkim uvjetima.

      Njihov primarni zahtjev je da se svim migrantima bez dokumenata u Francuskoj odobri boravišni status. Također zahtijevaju poštivanje njihovih osnovnih ljudskih prava uključujući: pravo na sklonište, normalne radne uvjete, prestanak policijske represije i rasističkog postupanja od organa vlasti, zatvaranje izbjegličkih pritvornih centara...

      U petak, 12. srpnja, oko 700 pripadnika Crnih prsluka mirno je okupiralo Panteon u Parizu, iznoseći navedene zahtjeve i pozivajući na sastanak s francuskim premijerom Edouardom Philippeom. Prosvjedovali su ispod kipa na kojem piše: “Živi slobodno ili umri”.Grupa je u izjavi na Twitteru rekla: „ Zauzeli smo Panteon jer u Parizu ima 200.000 praznih domova dok mi spavamo ispod obilaznica."

      “Mi smo bez dokumenata, bez lica i bez glasa. Dolazimo do grobova vaših velikana kako bismo osudili vaše skrnavljenje uspomena naših drugova, naših očeva i majki, naše braće i sestara na Mediteranu, na ulicama Pariza, u domovima i kućnim zatvorima,“ dodaje se u priopćenju. Policija je na prosvjed odgovorila represijom. Najmanje 50 osoba je ozlijeđeno, uhićeno je njih 37 od kojih je 20 ostalo u pritvoru.

      Dosadašnje protestne akcije Crnih prsluka također su istaknule nesigurne, izrabljivačke radne uvjete, kao i općenito loše uvjete života. Prije mjesec dana, 12. lipnja, migranti-aktivisti organizirali su demonstracije okupirajući ured francuske multinacionalne ugostiteljske tvrtke Elior u poslovnoj četvrti Pariza. Elior je izabran zbog toga što tvrtka redovito iskorištava migrantske radnike bez dokumenata. Prosvjednici su naveli kako Elior neredovito isplaćuje migrante bez dokumenata te im često ne dozvoljava prekovremeni rad. Kada je jedan radnik istaknuo ovaj problem, tvrtka je zaprijetila prijavom imigracijskim vlastima.

      Osim krađe na nadnicama, Elior također profitira držanjem radnika migranata u ranjivim uvjetima. Pokret je izvijestio da Elior redovito odbija potpisivati ​​dokumente za svoje radnike migrante koji bi im omogućili da osiguraju redoviti imigracijski status. Francuske imigracijske institucije ne izdaju papire migrantima ako poslodavac ne potpiše navedene dokumente. Prosvjednici su istaknuli kako ti primjeri ukazuju da postoji partnerstvo između francuskih tvrtki i države s ciljem zadržavanja migranata u nesigurnim uvjetima kako bi ih i dalje lakše iskorištavali.

      Na spomenutim demonstracijama Crni prsluci su tražili sastanak s premijerom i predsjednikom uprave tvrtke Elior. Uspjeli su se sastati s upravom koja je potpisala sporazum u kojem se obvezuje da će poraditi na njihovim zahtjevima. Prije toga, u svibnju, Crni prsluci su zauzeli zračnu luku Charles de Gaulle(CDG) u Parizu kako bi iskazali svoj bijes protiv prisilnog protjerivanja migranata. Prosvjedi su bili usmjereni upravo na Air France koji je izvršio sve deportacije u suradnji s francuskom vladom.

      Prosvjednici su zauzeli terminal 2F zračne luke CDG koja ima glavni ured Air Francea i većinu internih EU letova. Ovom akcijom željeli su skrenuti pozornost na slobodu kretanja koju uživaju građani EU-a, dok nedokumentirani migranti ulaze u terminal samo kada ih se deportira ili kada rade kao čistači, zaštitari ili rukovatelji prtljage. Prosvjednici su zahtijevali da zrakoplovna kompanija prestane s “bilo kakvim financijskim, logističkim ili političkim sudjelovanjem u deportacijama”.

      Odgovornost je na Francuskoj

      Središnja poruka pokreta također je isticanje veze između imperijalističkih akcija Francuske i eksploatacije migrantskih radnika u Francuskoj. Mamadou, pripadnik Crnih prsluka, rekao je Lukeu Butterflyu koji piše za OpenDemocracy: “Oni ne žele da zemlje u Africi budu neovisne, jer onda ne mogu zaraditi na nama. Oni žele da ostanemo na koljenima, kako bi mogli iskorištavati naše resurse i zarađivati. Stoga je vrlo važno razgovarati i o tome dok se nalazimo u La Défenseu(pariškoj poslovnoj četvrti) budući da mnoge tvrtke odavde iskorištavaju resurse i prodaju oružje u Africi. Oni izazivaju podjele među ljudima u Africi kako bi ih mogli kontrolirati.”

      Osim što prozivaju profitere i one koji omogućavaju represiju nad migrantima, ove kolektivne akcije dale su i hrabrost mnogim ranjivim migrantima da progovore, zatraže svoja prava i budu solidarni sa svojim drugovima. Pokret radi zajedno s La Chapelle Deboutom, kolektivom za prava koji djeluje u Parizu posljednjih pet godina fokusirajući se na pomoć migrantima da dobiju pristup stanovanju i zdravstvenoj zaštiti, odupirući se deportacijama i baveći se drugim administrativnim pitanjima. Crni prsluci također rade kako bi se udružili sa Žutim prslucima, pokretom koji je inspirirao njihovu borbu.

      Ahmed Abdul Karem, sudanski izbjeglica, izjavio je nakon demonstracija protiv Air Francea: „Izbjeglice se mora tretirati dobro, kao ljudska bića. Europa je odgovorna za probleme u Africi. Europa iskorištava Afriku. Mi smo ovdje samo da bismo preživjeli, a ipak nas ne tretiraju kao ljudska bića. U priopćenju objavljenom na protestu u petak, Crni prsluci poručuju: “Mi se ne borimo samo za dokumente već i protiv sustava koji nas stavlja u ovaj položaj”.

      http://radnickaprava.org/tekstovi/novosti/crni-prsluci-nedokumentirani-migranti-bore-se-za-prava-i-dostojanstvo

  • Des centaines de migrants, les « Gilets Noirs », occupent l’aéroport de Roissy contre les déportations. Solidarité !
    https://www.revolutionpermanente.fr/Des-centaines-de-migrants-les-Gilets-Noirs-occupent-l-aeroport-

    Dimanche 19 mai, 14h : les Gilets Noirs (migrant.e.s à la rue et foyers de toute l’Ile-de-France en lutte) et le collectif La Chapelle debout viennent d’envahir l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle !

    Ils et elles sont plusieurs centaines.

    Contre les déportations et pour des papiers pour tous.tes ! Il veulent parler au PDG d’Air France et au premier ministre Edouard Philippe.

    Ce n’est pas par hasard que nous nous retrouvons dans ce lieu. Ce n’est pas une contestation symbolique. Ce lieu est la base arrière et l’avant poste de la guerre contre les sans papiers et tou.tes les étranger.eres illégalisé.es.

    Depuis plusieurs mois, nous nous organisons. Nous avons déjà arraché des victoires. Aujourd’hui, nous lançons aujourd’hui une campagne contre la peur et la honte et pour l’égalité, la dignité, la justice et leur déclinaison concrète :

    DES PAPIERS POUR TOUS.TES !!

    #migration #paf #cra #sanspapiers #déportations

  • Pas encore là, Europacity angoisse déjà les commerçants - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/04/11/pas-encore-la-europacity-angoisse-deja-les-commercants_1720690

    Aujourd’hui, ces commerçants tiennent boutique dans les rues, les centres commerciaux ou les marchés des communes d’Aulnay, Tremblay, Drancy, La Courneuve, Le Bourget, Dugny, Villepinte, Sevran, Gonesse, Roissy, Arnouville, Villiers-le-Bel et Garges-lès-Gonesse. Demain, ils en sont certains, leur chiffre d’affaires va s’écrouler, leur activité sera en péril et ils seront obligés de licencier.

    Ainsi, quand on les interroge sur l’impact d’#Europacity pour eux, ils sont 92% à craindre une diminution de leur chiffre d’affaires, qui leur paraît donc presque sûre. Et 34% à penser qu’ils devront peut-être mettre la clé sous la porte. Enfin, 25% estiment aussi qu’ils devront sans doute procéder à des licenciements.

    Au-delà de leur cas particulier, les commerçants prêtent-ils des effets positifs à l’arrivée de cet équipement hors normes pour le secteur ? Pas vraiment. Alors que l’attraction du touriste est la raison d’être d’Europacity, 46% seulement des sondés lui accordent cette qualité. Mais les trois quarts d’entre eux sont convaincus que les conséquences sur l’environnement et la circulation seront mauvaises.

    • Présentation résumée de #CARMA
      http://carmapaysdefrance.com/index.php/carma/presentation-resumee-de-carma

      Le projet CARMA (Coopération pour une Ambition agricole, Rurale et Métropolitaine d’Avenir) a démarré fin 2016 à l’occasion de l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris » , sur un site de 15 hectares situé à l’intérieur du #Triangle_de_Gonesse. Notre Groupement, qui s’inscrit dans le cadre de l’Economie Sociale et Solidaire, a été incité par de nombreux partenaires à poursuivre cette action et à lui donner toute sa dimension : un projet-phare de transition écologique pour le Triangle de Gonesse et les communes environnantes s’inscrivant dans le bassin du Grand Roissy.

      Le projet s’est développé sur les 670 ha des terres fertiles du Triangle de Gonesse, les #terres_agricoles les plus proches de Paris, à seulement 15 Km de son centre, en proposant la mise en place d’une démarche exemplaire au bénéfice du territoire, pour un cycle alimentaire sain et durable. La priorité était de répondre aux besoins des habitants du territoire.

  • #Acte_XIX des #Gilets_jaunes : Emmanuel #Macron appelle l’#armée en #renfort pour assurer la sécurité - 20/03/2019 - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/2019/03/20/gilets-jaunes-emmanuel-macron-appelle-larmee-en-renfort-pour-lacte-19-same
    #ah_ok

    La décision a été prise au plus niveau de l’Etat puisque c’est Emmanuel Macron qui en est à l’origine et qui l’a annoncé en Conseil des ministres. Après les débordements, les #violences et les pillages survenus à Paris à l’occasion du 18e samedi de manifestations des Gilets jaunes, le Président de la République a décidé de sortir les grands moyens. Les militaires de la mission antiterroriste Sentinelle seront en effet mobilisés de manière « renforcée » samedi prochain dans le cadre de l’acte 19 des Gilets jaunes. Le chef de l’État a décidé de faire appel à l’armée afin de protéger des bâtiments officiels et autres « points fixes ».

    « Cette initiative permettra aux forces de l’ordre de se concentrer sur les mouvements, sur le maintien et le rétablissement de l’ordre, a justifié Benjamin Griveaux. On a à notre disposition cette mission Sentinelle assurée par des militaires et qui ont parfaitement vocation à sécuriser les lieux, comme d’ailleurs nos concitoyens ont l’habitude de les voir. »

    Cette décision intervient deux jours après de nouvelles mesures sécuritaires annoncées par Edouard Philippe comme l’interdiction pour les casseurs de manifester dans certains lieux, dont la Place du Capitole à Toulouse, ou encore l’augmentation des amendes pour les participants à une manifestation interdite. Dans la foulée de ces annonces, plusieurs têtes sont tombées, dont celle du préfet de police Michel Delpuech.

    Cette nouvelle escalade sécuritaire risque d’être au centre de toutes les discussions ce soir sur BFMTV où six chefs de partis débattront en direct des issues à la crise des Gilets jaunes. À deux mois des élections européennes, qui font l’objet d’une grande défiance des Gilets jaunes, François Bayrou pour le Mouvement démocrate (MoDem), Olivier Faure pour le Parti socialiste (PS), Stanislas Guerini pour la République en marche (LREM), Marine Le Pen pour le Rassemblement national (RN), Jean-Luc Mélenchon pour la France insoumise (LFI) et Laurent Wauquiez pour les Républicains (LR) échangeront sur « la crise et après ? », dans une émission spéciale animée par la journaliste Ruth Elkrief.

  • Derrière la privatisation d’Aéroports de Paris, le contrôle d’un patrimoine immobilier qui vaut de l’or
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/19/derriere-la-privatisation-d-adp-le-controle-d-un-pactole-immobilier_5438180_

    C’est l’un des points sensibles de la privatisation du Groupe #ADP : l’acquéreur des 50,63 % de l’Etat dans les plates-formes de Roissy, d’Orly et du Bourget prendra aussi le contrôle d’un des plus beaux patrimoines fonciers d’Ile-de-France. Le groupe possède près de 6 700 hectares autour de Paris. Des terrains consacrés à l’activité aéroportuaire pour l’essentiel, mais pas tous : pas moins de 1 242 hectares, autant que les 18e et 19e arrondissements de Paris réunis, sont réservés à des opérations immobilières. Des emplacements qui valent de l’or, à proximité immédiate des aéroports et dans un Grand Paris engagé dans une croissance à marche forcée.

    « Ce portefeuille foncier est un aspect qui différencie ADP des autres groupes aéroportuaires », souligne Yan Derocles, spécialiste de l’entreprise chez l’analyste financier Oddo. En cas de privatisation, l’Etat récupérera, au terme d’une concession de soixante-dix ans, « l’intégralité du foncier » et de ce qui aura été bâti dessus, assure le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Sans apaiser une double inquiétude : que la sous-valorisation de ce patrimoine offre un magnifique cadeau de bienvenue aux acheteurs, et que la puissance publique perde toute possibilité d’orienter le développement de ces territoires stratégiquement situés.

    « Alors que la métropole du Grand Paris est confrontée à des défis d’aménagement pour lesquels la maîtrise foncière est un élément-clé, alors que la question des mobilités non polluantes va être essentielle dans les décennies qui viennent, l’Etat se prive d’un levier d’action direct sur l’usage des sols », regrette le géographe Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon et théoricien de ces « hyper-lieux » de la mondialisation dont font partie les aéroports. Lors de la privatisation des aéroports de Lyon et de Nice, l’Etat avait d’ailleurs conservé la propriété du foncier.

    A proximité immédiate des emprises d’ADP, des collectivités et l’Etat mènent leurs propres projets de développement – dont le controversé complexe de commerces et de loisirs Europacity –, projetant parcs d’affaires et zone…

    #paywall

    • sur le site du Groupe ADP

      Immobilier hors terminaux
      https://www.parisaeroport.fr/entreprises/immobilier/immobilier-hors-terminaux/presentation

      Le domaine foncier utilisable pour l’activité immobilière
      Le Groupe ADP est propriétaire de l’ensemble de son domaine foncier qui s’étend sur 6 686 hectares, dont 4 601 hectares réservés pour les activités aéronautiques, 775 hectares de surfaces non exploitables et 1 310 hectares dédiés aux activités immobilières.

      Sur les 381 hectares de réserve foncière disponible, 181 hectares sont situés à Paris-Charles de Gaulle, 136 hectares à Paris-Orly, 64 hectares à Paris-Le Bourget et sur les aérodromes d’aviation générale.

    • Le groupe possède près de 6700 hectares dans des territoires stratégiquement situés autour de Paris, un des plus beaux capitaux fonciers d’Ile-de-France.

      C’est l’un des points sensibles de la privatisation du Groupe ADP : l’acquéreur des 50,63 % de l’Etat dans les plates-formes de Roissy, d’Orly et du Bourget prendra aussi le contrôle d’un des plus beaux patrimoines fonciers d’Ile-de-France. Le groupe possède près de 6 700 hectares autour de Paris. Des terrains consacrés à l’activité aéroportuaire pour l’essentiel, mais pas tous : pas moins de 1 242 hectares, autant que les 18e et 19e arrondissements de Paris réunis, sont réservés à des opérations immobilières. Des emplacements qui valent de l’or, à proximité immédiate des aéroports et dans un Grand Paris engagé dans une croissance à marche forcée.

      Lire l’éditorial : Groupe ADP : une privatisation contestable
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/19/groupe-adp-une-privatisation-contestable_5438217_3232.html
      « Ce portefeuille foncier est un aspect qui différencie ADP des autres groupes aéroportuaires », souligne Yan Derocles, spécialiste de l’entreprise chez l’analyste financier Oddo. En cas de privatisation, l’Etat récupérera, au terme d’une concession de soixante-dix ans, « l’intégralité du foncier » et de ce qui aura été bâti dessus, assure le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Sans apaiser une double inquiétude : que la sous-valorisation de ce patrimoine offre un magnifique cadeau de bienvenue aux acheteurs, et que la puissance publique perde toute possibilité d’orienter le développement de ces territoires stratégiquement situés.

      Lire aussi Les enjeux de la privatisation d’Aéroports de Paris en 6 questions
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/03/13/loi-pacte-les-enjeux-de-la-privatisation-d-aeroports-de-paris-en-six-questio
      « Villes aéroportuaires »
      « Alors que la métropole du Grand Paris est confrontée à des défis d’aménagement pour lesquels la maîtrise foncière est un élément-clé, alors que la question des mobilités non polluantes va être essentielle dans les décennies qui viennent, l’Etat se prive d’un levier d’action direct sur l’usage des sols », regrette le géographe Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon et théoricien de ces « hyper-lieux » de la mondialisation dont font partie les aéroports. Lors de la privatisation des aéroports de Lyon et de Nice, l’Etat avait d’ailleurs conservé la propriété du foncier.

      A proximité immédiate des emprises d’ADP, des collectivités et l’Etat mènent leurs propres projets de développement – dont le controversé complexe de commerces et de loisirs Europacity –, projetant parcs d’affaires et zones commerciales. Des plans qu’un nouvel actionnaire d’ADP pourrait venir perturber en développant une offre concurrente.

      « Le nouvel opérateur va forcément accélérer le développement immobilier, qui n’a pas été très rapide ces dernières années : ADP a optimisé son patrimoine, l’a dépoussiéré, mais a finalement peu construit », estime M. Derocles.

      Le groupe a pourtant fait du développement de véritables « villes aéroportuaires » autour de ses plates-formes un de ses axes de croissance. Des campus de bureaux et des hôtels autour des terminaux sont ainsi bâtis sur des terrains ADP, moyennant un loyer, mais aussi le centre commercial Aéroville d’Unibail-Rodamco-Westfield, à côté de Roissy.

      Du centre d’affaires de Roissypole au quartier tertiaire de Cœur d’Orly, non seulement ADP aménage les terrains, mais joue de plus en plus le rôle d’investisseur et de développeur, restant propriétaire des immeubles qu’il loue à leurs utilisateurs. Le groupe commercialise ainsi 500 000 mètres carrés de bâtiments sans rapport direct avec le transport aérien. Au total, l’immobilier a généré pour ADP un chiffre d’affaires de 265 millions d’euros en 2018, en hausse de 6 %. Cette activité représente 5,9 % de ses recettes et 7,5 % de son excédent brut d’exploitation.

      « Machine à cash »

      Mais les réserves foncières d’ADP seront, pour le futur acquéreur, l’un des actifs les plus faciles à transformer en « machine à cash » pour rentabiliser son investissement. Un gros quart de ces terrains à vocation immobilière sont encore vierges de toute construction : 20 hectares pour des activités liées aux aéroports (entrepôts de fret…) et 335 hectares – deux fois la superficie du quartier d’affaires de la Défense – qui n’attendent que des projets de bureaux, d’hôtels, de commerces pour transformer ces prairies à lapins en lucratifs placements immobiliers et rentes locatives.

      L’arrivée, entre 2024 et 2030, du CDG Express et du Grand Paris Express devrait accélérer l’urbanisation des terrains et faire exploser leur valeur
      Dans ses objectifs stratégiques pour la période 2014-2020, ADP prévoyait une croissance de ses loyers immobiliers comprise entre 10 % et 15 %. Nul doute que les perspectives pour la période suivante, qui seront détaillées aux investisseurs le 5 avril, comprendront un important volet immobilier. L’arrivée, entre 2024 et 2030, du CDG Express, un train direct reliant Roissy au centre de Paris, et du Grand Paris Express, dont quatre gares desserviront les terrains d’ADP, devrait accélérer leur urbanisation et faire exploser leur valeur.
      « Pour l’instant, le manque de transports limitait la demande en bureaux, mais un nouvel opérateur va devoir aller vite pour maximiser sa rentabilité avant d’être dépossédé dans soixante-dix ans », observe l’analyste de Oddo. Comment donner une valeur à ces champs de pissenlits dans l’opération de privatisation ? « C’est très compliqué : nous sommes arrivés à un chiffre de 1,4 milliard d’euros, mais cela dépend énormément de ce qu’on y construit et à quel rythme, on peut facilement multiplier cette estimation par quatre », reconnaît Yan Derocles. Chez les candidats au rachat des parts de l’Etat, évaluées entre 8 et 10 milliards d’euros, les calculettes chauffent.

      La cession d’Aéroports de Paris, une bonne affaire pour l’Etat ?, Philippe Jacqué et Guy Dutheil
      Le gouvernement a tenté de désamorcer les critiques sur la cession d’Aéroports de Paris, débattue jeudi à l’Assemblée nationale.

      C’est la question à 10 milliards d’euros. Si l’Etat cède ses 50,6 % dans Aéroports de Paris (ADP), transformée en concession de soixante-dix ans, fera-t-il une bonne affaire en récupérant de 8 à 10 milliards d’euros, la valorisation de cette participation en Bourse ces derniers mois ?

      Pour le gouvernement, c’est tout vu. « Si l’actif est aujourd’hui relativement rentable, confirme Martin Vial, le commissaire aux participations de l’Etat, son taux de rendement en termes de dividendes a toujours été faible du fait de l’augmentation du prix de l’action. Sur dix ans, son rendement moyen a toujours été plus faible que le reste du portefeuille. »

      Autrement dit, le dividende que rapporte ADP à l’Etat (130 millions d’euros en 2017, plus de 173 millions en 2018), reste trop faible par rapport à l’importance de l’actif dans le portefeuille de l’Etat. Il vaudrait donc mieux le céder et toucher aujourd’hui 8 à 10 milliards d’euros. Cette somme réduira le déficit 2019 et permettra également de limiter la dérive de la dette. De quoi la contenir sous la barre des 100 % de PIB, l’un des objectifs de Bercy.

      Garde-fous
      « D’un point de vue financier, la cession de ses actions n’a d’intérêt pour l’Etat que si le produit de cette cession est supérieur à la somme actualisée des dividendes qu’il pourrait toucher » pendant soixante-dix ans, indique pour sa part François Ecalle, de l’association Fipeco. Aujourd’hui, la capitalisation boursière d’Aéroports de Paris (16,5 milliards d’euros pour l’ensemble) intègre en grande partie le rendement attendu par les actionnaires d’ADP, qu’il s’agisse des dividendes ou des bénéfices à venir. Le futur acquéreur devra donc proposer mieux que la valorisation actuelle de la Bourse s’il acquiert la totalité des parts de l’Etat.

      « A court terme, c’est une bonne affaire pour l’Etat de céder sa participation car il obtient de l’argent immédiatement », indique Estelle Malavolti, professeure à l’ENAC à Toulouse, chercheuse associée à la Toulouse School of Economics. En revanche, il s’agirait selon elle d’une « stratégie court-termiste » pour une société actuellement bien gérée.

      « A moyen terme, assure-t-elle, les perspectives de croissance des investissements déjà financés par l’Etat, comme l’extension de Roissy ou les travaux d’agrandissement et de modernisation à Orly, devraient encore accroître la rentabilité d’ADP. Si l’Etat vend, ces investissements bénéficieront au prochain propriétaire. »

      Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La privatisation d’ADP introduit un nouvel acteur qui sera opposé à toute évolution des politiques environnementales »
      Au-delà du prix, tout le monde garde en tête le fiasco de la concession des autoroutes. Les 15 milliards d’euros touchés par l’Etat en 2006 lors de leur cession sont apparus trop faibles au fil des ans par rapport au rendement obtenu ensuite par les sociétés privées d’autoroutes avec la hausse des péages.
      Pour éviter ces dérapages, le gouvernement prévoit cette fois-ci des garde-fous. Bercy assure ainsi que « tous les 5 ans, l’Etat et la société qui gérera ADP fixeront ensemble l’évolution des tarifs en fonction des investissements et de la rémunération du capital ».
      D’autres outils existent pour éviter que le privé lèse l’Etat en reprenant ADP. Eric Woerth, le président (LR) de la commission des finances, défend dans un amendement la mise en place dans le cahier des charges d’une « clause de complément de prix » en cas de « gains liés à une surperformance d’ADP » ces prochaines années.

      Il est également possible d’inscrire des clauses de partage des bénéfices, au-delà d’un certain niveau de profit annuel. « Tout peut se faire, confirme Stéphane Saussier, économiste spécialisé sur les partenariats public-privé, mais si un partage des bénéfices est prévu, cela fera baisser pour l’Etat le prix de la cession de l’aéroport. Rien n’est gratuit ! »

      Enfin, « tout le monde pense qu’ADP connaîtra un avenir radieux et que ses revenus ne feront qu’augmenter, ajoute M. Saussier. Mais soixante-dix ans, c’est long. La fiscalisation du kérosène des avions peut intervenir, tout comme l’irruption rapide de modes alternatifs de transport, et ainsi toucher le secteur. Il existe donc une part de risque. »

      « La privatisation d’ADP introduit un nouvel acteur qui sera opposé à toute évolution des politiques environnementales », Bruno Deffains, Professeur d’éco à l’université Panthéon-Assas,
      Thomas Perroud, Professeur de droit public à l’université Panthéon-Assas, 26 février 2019

      Dans une tribune au « Monde », l’économiste Bruno Deffains et le juriste Thomas Perroud expliquent que la situation de monopole d’Aéroports de Paris devrait suffire à stopper le projet de privatisation.

      « Il n’est même plus possible aujourd’hui de mettre en œuvre la gratuité des péages pour les transports d’intérêt général comme le SAMU ! Est-ce cela que l’on veut pour Aéroports de Paris ? »
      Tribune. L’ingénieur Paul-Adrien Hyppolite, dans Le Monde du 8 février, avance des arguments en faveur de la privatisation d’Aéroports de Paris. Cette tribune marque, en un sens, le ralliement des grands corps techniques de l’Etat à la privatisation d’un service public… alors même que ces corps ont jadis constitué le secteur public et son succès.

      C’est désormais du passé. En même temps, un article du Monde du 16 février affirme que, malgré de très bons résultats financiers, ADP ne baissera pas les redevances pour les usagers. Quel meilleur indice de l’avenir qui se profilera : des aéroports qui ne travaillent plus pour les usagers, la privatisation devant servir les intérêts des nouveaux managers et des actionnaires.

      Les arguments avancés en faveur de la privatisation nous semblent dans ces conditions mériter une discussion plus approfondie. La rentabilité de l’entreprise qui sera cédée est-elle de 7 % ou de 1,6 % ? Cette querelle oppose deux façons d’évaluer la rentabilité d’une entreprise, la rentabilité financière, qui intéresse le propriétaire, et la rentabilité économique qui mesure la performance de la mise en œuvre des capitaux, indépendamment de leur mode de financement.
      Autrement dit, la rentabilité économique d’une entreprise a pour fonction de mesurer sa capacité à être rentable dans l’exploitation de ses affaires en dehors de toute considération de dettes et de charges financières. On comprend que les propriétaires ou les actionnaires s’intéressent surtout à la rentabilité financière, car c’est la rentabilité des capitaux qu’ils ont placés dans l’entreprise.

      Comment évaluer la valeur d’un aéroport ?

      Maintenant, si l’on considère l’intérêt de la collectivité et pas uniquement des actionnaires, ce point de vue se discute fortement. Non seulement l’intérêt financier de l’Etat à l’opération à moyen et long terme est plus que douteux, mais en outre l’intérêt de la collectivité se trouve posé au regard de la rentabilité économique d’ADP. Or, c’est d’une approche globale de l’intérêt de l’opération dont nous avons besoin.
      Non seulement l’intérêt financier de l’Etat à l’opération à moyen et long terme est plus que douteux, mais en outre l’intérêt de la collectivité se trouve posé au regard de la rentabilité économique d’ADP

      Justement, l’évaluation de l’intérêt de la vente pour la société est loin d’être simple. Car comment évaluer la valeur d’un aéroport ? On n’évoque généralement qu’une seule méthode, celle de la somme des flux futurs actualisés, utilisée couramment lorsque l’on souhaite vendre une entreprise du secteur commercial. Or, cette méthode n’est pas la seule, elle est fortement dépendante des prévisions économiques et elle présente également une certaine part d’arbitraire. Pour que l’opinion publique puisse juger de la valeur d’ADP, il faudrait une évaluation reposant sur l’ensemble des méthodes disponibles. Or, ces chiffres n’ont pas été fournis.

      La méthode des flux futurs actualisés a déjà été utilisée pour l’évaluation des autoroutes. On en mesure aujourd’hui le succès. Désormais, les compagnies privées ont fini de rembourser ce qu’elles avaient payé. Les automobilistes sont captifs et l’Etat se prive tous les ans d’un argent qu’il aurait pu investir dans la construction d’autres infrastructures.
      De surcroît, l’Etat perd la main sur un élément essentiel de la politique de transport. Comment peut-on croire une seconde que le cahier des charges qui sera signé pourra prévoir sur 70 ans les politiques à mener ? Faudra-t-il indemniser l’opérateur à chaque fois qu’il sera souhaitable de réformer le transport aérien ?

      Exemples à l’étranger

      La privatisation des autoroutes et d’ADP introduit un nouvel acteur dans le jeu politique qui sera farouchement opposé à toute évolution des politiques environnementales qui pourraient réduire sa rentabilité, alors même que la politique des transports doit être en harmonie avec ces politiques. Il n’est même plus possible aujourd’hui de mettre en œuvre la gratuité des péages pour les transports d’intérêt général comme le SAMU ! Est-ce cela que l’on veut pour Aéroports de Paris ?

      Il est tout aussi pertinent de s’interroger sur l’indemnité préalable qui sera versée à ADP en avance de son hypothétique renationalisation. Là encore, le contribuable risque fort de faire une mauvaise affaire. Lorsque la loi de 2005 a donné la propriété des biens à ADP, les actionnaires ont acheté des parts d’une société qui détient des biens à perpétuité. La loi actuelle ramène cette durée à soixante-dix ans. Il faudrait donc logiquement indemniser la différence entre la perpétuité et soixante-dix ans…

      Est-il bien sérieux d’imaginer qu’un investisseur privé fasse une différence réelle entre les deux ? Les investisseurs privés ont structurellement un biais pour le court terme comme le suggèrent la plupart des analyses en économie comportementale. Les signes d’un court-termisme grandissant sont visibles partout. Dès lors, le préjudice allégué a tout l’air d’un préjudice fantôme, complètement abstrait pour la plupart des investisseurs.

      Peut-on prendre exemple des privatisations à l’étranger ? Il y a en effet, sur le papier, des privatisations réussies, si l’on prend comme indice le flux de passagers. Par exemple, Heathrow, le principal aéroport de Londres a été privatisé, mais il ne faut pas passer sous silence les problèmes de concurrence que cette privatisation a générés.

      Caractère idéologique du projet

      La Commission de la concurrence britannique a en effet, en 2009, estimé que l’opérateur privé gérant l’ensemble des aéroports de Londres devait vendre Stansted et Gatwick, car l’opérateur était en monopole ! N’est-ce pas la situation dans laquelle va se trouver l’opérateur qui achètera ADP ? C’est d’ailleurs Vinci qui a bénéficié de la vente de Gatwick et qui est en passe d’acquérir un monopole de ce côté-ci de la Manche. Aucune évaluation sérieuse de l’impact concurrentiel n’a été établie avant la mise en vente d’ADP, ce qui prouve bien le caractère plutôt idéologique de ce projet.

      La Constitution s’oppose-t-elle à la privatisation ? Les partisans de la privatisation d’ADP prennent argument de l’avis que le Conseil d’Etat vient de rendre sur la privatisation. Dans cet avis le Conseil réitère un critère qu’il avait lui-même dégagé dans l’affaire Bayrou, en 2006, dans laquelle il avait validé la privatisation des autoroutes ! Il prend prétexte de ce que ADP est… régional.

      Absurde quand on sait que ADP est la porte d’entrée de notre pays pour 80 % des dizaines de millions de visiteurs étrangers – 95 % de non Européens – qui arrivent dans notre pays par avion. Autrement dit, l’interprétation du Conseil d’Etat repose en réalité sur une interprétation erronée de la situation d’ADP eu égard aux obligations constitutionnelles qui découlent du préambule.

      Tout montre qu’ADP est bien en position de monopole, comme l’entreprise qui détenait les aéroports londoniens… En somme, et contrairement aux arguments mis en avant, la défense de la privatisation est basée sur des considérations qui ne sont ni précises ni justes.

      Bruno Deffains et Thomas Perroud sont les auteurs de « La privatisation d’Aéroports de Paris et l’alinéa 9 du préambule de la Constitution de 1946 : Aéroports de Paris est un monopole de fait ! »

  • Aéroports de Paris privatisés : tous les partis sont contre cette arnaque, sauf En Marche...
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15750-aeroports-de-paris-privatises-tous-les-partis-sont-contre-cette-arn

    Aéroports de Paris privatisés. Vente d’Orly et Roissy, billet aller simple pour le privé. Et le prix à payer sera pour nous.

    Découvrez :

    ▶️ comment Macron veut brader la poule aux œufs d’or.

    ▶️ pourquoi c’est tellement aberrant que TOUTES les forces politiques sauf En Marche sont CONTRE ce projet.

    ▶️ après le scandale des autoroutes privatisées, Macron veut privatiser ADP qui gère Roissy, Orly, le Bourget.

    ▶️ ADP est une entreprise stratégique et très rentable et qui rapporte chaque année de plus en plus de dividendes à l’Etat. 185 millions en 2018

    ▶️ découvrez les raisons qui font de cette privatisation une énorme arnaque, pour l’Etat, pour nous et même pour l’écologie. Accrochez vos ceintures, c’est parti :)

    Osons Causer (7 mars 2019) :

    La pétition à signer : (...)

  • Martine Orange "AÉROPORTS DE PARIS : LA PRIVATISATION DE TOUS LES SOUPÇONS"
    Médiapart 18 février 2019

    Tout est étrange dans le projet de loi portant sur la privatisation du groupe ADP. Le texte est volontairement flou, les règles choisies sont hors norme, la durée de 70 ans de concession sans comparaison. Le gouvernement prévoit même de payer les actionnaires minoritaires pour privatiser et de payer pour reprendre le bien public à la fin de la concession. De quoi soulever nombre de doutes et de soupçons.

    « Heureusement, il y avait l’affaire Benalla. On craignait que la procédure d’indemnisation que nous avons prévue pour la privatisation d’ADP [anciennement Aéroports de Paris – ndlr] soulève des oppositions. En fait, les députés ont à peine regardé. Tout est passé sans problème. »

    Aigline de Ginestous est en verve lors de ce dîner parisien, un soir de septembre. Le projet de loi Pacte, dans lequel est inscrite la privatisation des aéroports de Paris, est alors en discussion en commission à l’Assemblée nationale. Mais les parlementaires ont l’esprit ailleurs, semble-t-il, troublés par ce qui se passe à la commission des lois au Sénat.

    Aigline de Ginestous est alors manifestement très investie dans ce projet. Ancienne salariée de la banque Rothschild, très active dans la levée de fonds d’En Marche ! lors de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, elle est devenue, après les élections, collaboratrice parlementaire de Roland Lescure, président de la commission des affaires économiques et rapporteur général de la loi Pacte. Elle a aussi beaucoup travaillé sur ADP. Alors ce soir-là, elle se laisse aller aux confidences, face à des invités un peu médusés de découvrir tant de choses restées dans l’ombre dans ce projet de privatisation.

    Elle pourrait d’ailleurs continuer à suivre le projet à l’avenir. Depuis le 16 octobre, à l’occasion du remaniement ministériel, Aigline de Ginestous a été nommée cheffe de cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances. Contactée, elle n’a pas répondu à notre message.

    Les initiateurs du projet de loi sur la privatisation d’ADP avaient raison de s’inquiéter de la façon dont serait reçu le texte par les parlementaires. Car payer des indemnités aux actionnaires actuels pour privatiser est sans précédent dans une opération de privatisation. C’est l’une des étrangetés, mais pas la seule, dans ce projet de privatisation d’ADP.

    Tout semble volontairement flou, opaque. Même le Conseil d’État, pourtant de tradition peu contestataire, ne peut s’empêcher de relever en introduction de son avis « le caractère singulier de la réforme envisagée par le gouvernement qui conduit à prévoir, dans le projet de loi, un mécanisme “sui generis” d’indemnisation de la société ADP présentant une grande complexité ».

    « C’est un texte presque incompréhensible. Pour en comprendre le sens et la finalité, il faudrait savoir l’objectif que les politiques poursuivent », analyse l’avocat Dominique Schmidt, spécialiste en droit des sociétés et droit boursier.

    Les chiffres clés d’ADP en 2018. © ADP
    Les chiffres clés d’ADP en 2018. © ADP
    L’ennui est que le gouvernement n’a jamais articulé une argumentation convaincante sur ce dossier : pourquoi veut-il vendre à toute force ADP ? La société représente un caractère stratégique évident : elle contrôle la dizaine d’aéroports civils d’Île-de-France dont Roissy, Orly, Le Bourget et l’héliport d’Issy-les-Moulineaux.

    Roissy est classé comme le dixième aéroport mondial pour son trafic passager. Mais si l’on additionne les seuls trafics passagers d’Orly et de Roissy, ADP devient la première société aéroportuaire du monde, devant Atlanta, Pékin et Dubaï. Ces dernières années, la société a enregistré une croissance annuelle de 10 à 30 % de son chiffre d’affaires. Son bénéfice représente une marge nette de 14 %. Elle verse quelque 100 millions de dividendes par an à l’État.

    Alors pourquoi se séparer d’un tel actif ? Même les États-Unis ont gardé la propriété publique de leurs aéroports, les considérant comme des infrastructures stratégiques. L’aéroport de Francfort, troisième aéroport européen, est contrôlé majoritairement par le Land de Hesse et la ville de Francfort. Quant à la Grande-Bretagne, les autorités de la concurrence ont imposé que les deux principaux aéroports de Londres, Heathrow et Gatwick, soient séparés avant d’être privatisés afin de ne pas constituer un monopole.

    Or dans le projet de loi, aucune des précautions n’apparaît : le gouvernement ne prévoit ni maintien d’une présence publique ou des collectivités territoriales, ni séparation pour éviter une situation de rente excessive. Tout doit être cédé d’un bloc à un seul exploitant pendant 70 ans.

    « Les explications du gouvernement ne tiennent pas la route. Sa justification pour privatiser ADP, Engie et La Française des jeux est qu’il veut dégager 10 milliards d’euros pour créer un fonds d’innovation de rupture. Une fois placées, ces sommes doivent lui permettre d’obtenir 300 millions d’euros. Tout cela n’a aucun sens. L’État peut facilement trouver 300 millions d’euros sans ces opérations », soutient le député Charles de Courson qui, tout en ne se disant pas hostile par principe à la privatisation d’ADP, a beaucoup bataillé contre le gouvernement lors de la discussion du texte.

    Lors du débat parlementaire, le ministre des finances Bruno Le Maire a tenté de répondre en avançant des arguments d’une grande faiblesse. Les trois sociétés versent quelque 800 millions d’euros de dividendes par an à l’État, soit bien plus que les 300 millions attendus. Mais cet argent a un rendement de seulement 2,2 %, selon le ministre des finances, alors que l’argent tiré de ces ventes et placé pourrait lui offrir un rendement de 2,5 % (voir le compte-rendu des débats ici).

    La bonne opération avancée par le gouvernement a des allures de placement du livret A. Comment justifier l’abandon au privé pendant 70 ans d’un tel bien commun, qui constitue de fait une rente, en mettant en face de tels chiffres ? D’autant que le motif invoqué revient, alors que l’État s’appuie déjà sur la Caisse des dépôts et la BPI, à créer un fonds d’investissement à risque, ce qui ne relève ni de ses missions ni de ses compétences.

    Après l’Assemblée, le texte a été discuté au Sénat début 2019. Entretemps, il y a eu le cruel rapport de la Cour des comptes sur la privatisation des aéroports régionaux, le fiasco confirmé de la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le scandale renouvelé des autoroutes privatisées. Ces précédents justifiaient de ne pas réitérer l’expérience, surtout avec une société de l’importance d’ADP, ont expliqué les sénateurs. Droite et gauche unies, les sénateurs ont repoussé à début février cette privatisation, ainsi que celle de La Française des jeux et d’Engie.

    « Nous aurons le dernier mot », ont répliqué des députés LREM. La majorité semble bien décidée à rétablir les privatisations prévues dans le cadre de la loi Pacte. Car le gouvernement y tient par-dessus tout.

    Pourquoi tant d’acharnement ? Au bénéfice de qui ? Analyse d’un projet de privatisation qui soulève nombre de doutes et de soupçons.

    Sous le regard de la Constitution
    Jusqu’alors, tous les gouvernements qui se sont succédé ont exclu ADP du champ des privatisations. Même quand la société a été transformée en 2005, afin de permettre l’entrée d’actionnaires minoritaires, il a été inscrit qu’elle resterait contrôlée majoritairement par l’État. La raison invoquée était simple : Aéroports de Paris n’était pas privatisable.

    Selon de nombreux juristes, ADP s’inscrit dans le champ d’application de la Constitution, si l’on invoque le 9e alinéa du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 : « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. »

    « ADP n’est pas constitutionnellement privatisable : cette société gère directement une frontière vitale placée au cœur de notre capitale économique et politique ; 80 % du trafic aérien de l’étranger vers la France s’effectue en recourant à ses services. Force est donc de constater que l’exploitation de la société ADP a un caractère de service public exercé à l’échelon national », rappellent dans une tribune publiée fin janvier dans Le Mondeplusieurs personnalités, dont Patrick Weil et Paul Cassia (lire le billet de ce dernier dans le Club de Mediapart), parties en guerre contre ce bradage.

    Le caractère inconstitutionnel a été soulevé à plusieurs reprises dans les débats parlementaires. Dans son argumentaire, le gouvernement se retranche derrière l’avis du Conseil d’État donné sur la loi Pacte. En quelques lignes, celui-ci a balayé l’obstacle d’un revers de main : « Si la société ADP est chargée, à titre exclusif, d’exploiter une dizaine d’aéroports civils, ceux-ci sont tous situés dans la région d’Île-de-France. Il estime donc qu’ADP, nonobstant l’importance des aéroports qu’elle exploite, n’exerce pas une activité présentant le caractère d’un service public national ou d’un monopole de fait, au sens et pour l’application du neuvième alinéa du préambule de 1946. »

    Mais sur quoi se fonde le Conseil d’État pour émettre un tel avis ? Lorsqu’une société accueille 80 % des trafics passagers d’un pays, peut-on se limiter à sa seule implantation régionale pour déterminer qu’elle n’exerce pas un monopole national parce qu’elle n’est que francilienne ? Pour trancher ces questions complexes, a-t-il par exemple consulté l’Autorité de la concurrence, dont la mission est notamment de déterminer les marchés pertinents, le caractère monopolistique ou non d’une société ?

    Interrogé par Mediapart, le Conseil d’État a répondu que non, il n’a pas sollicité l’Autorité de la concurrence. Il dit s’en être tenu à la jurisprudence du Conseil constitutionnel sur la question, et notamment sur celle qui avait prévalu lors de la privatisation de Gaz de France. « Le commentaire de la décision du 30 novembre 2006[du Conseil constitutionnel] relève ainsi que la notion de marché à laquelle se réfère implicitement le Conseil constitutionnel pour l’application du neuvième alinéa du préambule de 1946 est beaucoup plus large que celle de “marché pertinent” retenue par le Conseil de la concurrence pour l’application du droit de la concurrence », précise le Conseil d’État.

    Mais sur quoi se fonde l’appréciation, si ce n’est pas sur des critères économiques ? Sans étude, sans estimation chiffrée, sans comparaison, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État ont donc leur propre estimation de ce qui constitue un monopole. Leur évaluation semble n’avoir qu’un lointain rapport avec ce que dit l’Autorité de la concurrence et, plus largement, avec les théories économiques sur le sujet. Ce qui permet toutes les interprétations, en toute opportunité.

    « Je ne crois pas qu’ADP constitue un monopole physique. Ils sont très rares. Pour ADP, on peut dire que Paris est en concurrence avec le hub de Londres, de Francfort ou d’Amsterdam. C’est là où sont les nouvelles concurrences », dit Charles de Courson.

    Le député de la Marne ne cache pas qu’il a une position un peu originale, même dans son camp. « La privatisation d’ADP, pourquoi pas ? Mais pour quoi faire ? Est-ce que cela permet d’inscrire Paris dans un réseau aéroportuaire international, qui semble être la tendance lourde du développement des services aéroportuaires ? Est-ce que la préservation d’Air France est prise en compte ? Est-ce que cela répond à l’intérêt général ? Si les conditions sont réunies, on peut le faire. Sinon, il faut s’abstenir. »

    Jusqu’à présent, le gouvernement a été incapable d’apporter des réponses à ces questions, de démontrer en quoi cette privatisation répondait à l’intérêt général. À aucun moment, il n’a présenté une vision à long terme, expliqué comment il voyait évoluer le transport aérien, quel rôle pouvait avoir ADP, pourquoi le transfert d’une telle rente au privé avait un sens. Aucun plan, aucun schéma directeur n’a été avancé, comme si l’avenir de Roissy et d’Orly relevait de la seule compétence du futur concessionnaire.

    Le seul projet évoqué est celui de la direction d’ADP : la construction d’un quatrième terminal à Roissy. Ce nouvel équipement, d’un coût estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, justifie selon le gouvernement à la fois la privatisation et une concession hors norme de 70 ans. Dans les sociétés, de tels projets s’amortissent plutôt sur 20 ou 30 ans.

    Ce projet d’extension est vivement contesté par les riverains, qui dénoncent une centralisation accrue du trafic aérien sur Roissy. Ils redoutent que leur quotidien ne devienne invivable. Un tel projet démontre bien en tout cas la tentation de concentration – monopolistique aurait-on envie de dire – d’ADP, au contraire de tout ce qui a été affirmé.

    Tout est hors norme dans le projet de loi sur la privatisation d’ADP : les mécanismes imaginés pour la réaliser, les schémas juridiques, la période sur laquelle elle doit s’étendre, et comment l’État envisage de récupérer son bien à la fin.

    En 2005, ADP a changé de statut. L’État lui avait apporté la propriété de tous les actifs aéroportuaires et, pour renforcer son bilan, la propriété foncière de quelque 8 600 hectares de domaine public, avant de l’introduire en Bourse. Mais il était bien inscrit que l’État en garderait le contrôle majoritaire.

    C’est cette architecture qui embarrasse le gouvernement et qu’il veut casser. Pour cela, il lui fallait d’abord résoudre la question foncière. Plus de 8 000 hectares en région parisienne, cela vaut beaucoup d’argent. Pour ne pas avoir à réévaluer la valeur d’ADP, tout en n’ayant pas l’air de brader le patrimoine public, le gouvernement – ou plus exactement Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée à la manœuvre sur le dossier – a imaginé transformer la société en concession.

    Les apparences sont ainsi sauves : officiellement, les terrains restent la propriété de l’État. Le concessionnaire aura-t-il, cependant, la liberté de l’utiliser comme il l’entend pendant la durée de la concession ? Rien n’est dit sur le sujet. Mais tout laisse craindre, au vu des précédents des contrats autoroutiers, que les intérêts de l’État ne soient, une fois de plus, jamais défendus et que le concessionnaire soit libre de faire ce que bon lui semble, sans en avoir payé le prix.

    Une privatisation hors norme
    Cette transformation a conduit le gouvernement à proposer un schéma singulier « d’une rare complexité », comme le dit le Conseil d’État. L’imagination, il est vrai, a été au pouvoir. Le gouvernement a estimé que les actionnaires minoritaires actuels perdaient une partie de la valeur de leur investissement, puisque ADP n’allait plus être une société dont la durée de vie était illimitée, mais bornée dans le temps, la concession étant limitée à 70 ans. Selon l’analyse juridique soutenue par le gouvernement, cela revient à une sorte d’expropriation ou de nationalisation. Il convient donc d’indemniser les actionnaires existants pour cette perte.

    Ainsi, le gouvernement s’apprête à payer pour privatiser ADP. C’est sans précédent. En dépit de nombreuses recherches, il nous a été impossible de trouver un cas semblable en France ou à l’étranger.

    Selon les premiers chiffres avancés par le gouvernement, les indemnités s’élèveraient entre 500 millions et 1 milliard d’euros. Alors que la vente d’ADP est estimée autour de 8 milliards, l’État se priverait ainsi d’une partie de la somme pour dédommager les actionnaires actuels. Parmi ceux-ci figurent Vinci, actionnaire à 8 %, qui a depuis longtemps mis un pied dans la porte de la société, et Schiphol Group, qui exploite notamment l’aéroport d’Amsterdam, actionnaire lui aussi à hauteur de 8 %.

    « L’État a choisi cette formule parce que c’est plus facile à privatiser comme cela, plutôt que de désintéresser les actionnaires minoritaires. En fait, il leur fait bénéficier de la prime de contrôle qui lui revient en tant qu’actionnaire majoritaire », analyse l’avocat Dominique Schmidt, qui a souvent défendu l’Autorité des marchés financiers (AMF) devant les tribunaux.

    « Cette procédure semble logique et habituelle comme mécanisme. C’est le même principe qu’une indemnité d’éviction pour un locataire exploitant. L’idée est de compenser un préjudice lié au fait qu’il y avait une durée infinie pour exploiter qui se réduit à 70 ans et donc un préjudice. Pour autant, compte tenu de la durée assez inhabituelle dans le monde des affaires (70 ans), cette approche reste pour le coup seulement éventuelle à mon sens et très théorique », explique de son côté Olivier Arthaud, président de la chambre régionale des commissaires aux comptes de Lyon.

    L’étrangeté de l’opération ADP ne s’arrête pas là. Le droit des concessions est inscrit de longue date dans la pratique en France : à la fin de la durée de vie de la concession, le concessionnaire doit restituer l’ensemble des actifs et des biens en état à la puissance concédante – État ou collectivités locales – gratuitement. Aucun dédommagement n’est prévu. Mais pas dans le cas d’ADP : l’État a prévu de lui racheter les actifs au terme de la concession.

    Là aussi, c’est une situation sans précédent. Le risque est que l’État doive débourser des sommes gigantesques à la fin de la concession. Comme il est toujours impécunieux, il y a de fortes chances pour qu’il reconduise la concession plutôt que de la racheter. Sans le dire, c’est une concession à perpétuité pour le privé qui risque de se mettre en place.

    Afin de diminuer la valeur de rachat futur – en vieillissant, les actifs perdent de leur valeur – et d’économiser les deniers publics – c’est en tout cas la présentation qui en a été faite lors des débats parlementaires –, le gouvernement se propose d’allonger la valeur de la concession : 70 ans ! Là encore, aucune concession n’a jamais été aussi longue. D’autant qu’il ne s’agit pas de construire des aéroports, de créer ex nihilo des équipements. Ils existent, ils sont exploités et entretenus.

    « C’est le temps pour permettre une stabilité et une visibilité de l’exploitation à long terme », a justifié Bruno Le Maire pour expliquer cette durée hors norme. En termes économiques, cela s’appelle une rente perpétuelle, injustifiée. D’autant que le gouvernement a rejeté tous les amendements qui proposaient d’encadrer au moins un peu la procédure, de prévoir des clauses de revoyure, de révision.

    Un épais silence entoure aussi la possibilité que la société concessionnaire – en la matière, sa durée de vie est moins garantie que celle de l’État – change de mains, soit victime d’une OPA durant cette période. Qu’advient-il alors ? L’État aura-t-il la possibilité de récupérer la concession d’ADP, si celle-ci tombe aux mains de capitaux chinois par exemple ? Mystère.

    Cette question délicate n’est pas dans la loi mais est renvoyée au contrat de concession, le gouvernement semblant considérer qu’un droit d’agrément suffit pour préserver ses intérêts. Pendant 70 ans, le concessionnaire d’ADP doit avoir les mains libres, selon le gouvernement. On se saurait brider l’initiative privée.

    Une formule d’indemnisation sur mesure

    Le diable est souvent dans les détails. Dans le projet de loi sur la privatisation d’ADP, il se cache dans la formule comptable retenue pour calculer les indemnités à verser aux actionnaires existants. La première bizarrerie est que le gouvernement soit tenu d’inscrire cette méthode d’évaluation dans la loi.

    Pour calculer le montant des indemnités à verser aux minoritaires, il a choisi de ne retenir qu’un seul critère : les flux de trésorerie disponibles actualisés. Interrogé par Mediapart sur les motifs qui l’avaient conduit à retenir cette méthode, le ministère des finances n’a pas répondu.

    Cette méthode d’évaluation (pour les modes de calcul, voir ici) est censée permettre d’évaluer les ressources financières et les profits futurs que pourra dégager une entreprise. Mais cela repose sur des facteurs bien subjectifs. « Tout repose sur l’histoire que veut raconter l’entreprise. Surtout dans cette méthode, il a un facteur particulièrement souple : c’est le taux d’actualisation. C’est là que cela se passe. Selon le taux choisi, la valeur peut varier du simple au quadruple. »

    Olivier Arthaud, commissaire aux comptes, confirme l’analyse : « Faire varier le taux d’actualisation d’un point peut avoir un impact de plus de 20 % sur la valeur. C’est donc très “facile” de pousser une tendance ou une autre dans ce type d’approche. »

    Les observateurs sont encore plus perplexes sur la durée choisie pour effectuer les estimations. En général, le temps de référence se situe entre 5 et 7 ans, rarement au-delà. « 70 ans, cela tient de la divination », ironise Dominique Schmidt. « On est dans l’exercice théorique », abonde Olivier Arthaud, ajoutant qu’il voudrait au moins prévoir des clauses de revoyure tous les dix ans pour s’assurer de la vie future d’ADP. À ce stade, le gouvernement l’a exclu.

    La façon alambiquée dont répond le Conseil d’État sur cette méthode traduit un suprême embarras. Tout en relevant qu’au-delà de 20 à 30 ans, il est difficile d’avancer la moindre prévision, il statue finalement que « l’exercice n’est pas impossible » (voir son avis).

    « Mais qui a pu écrire un tel texte ? », s’amuse un connaisseur du dossier en commentant l’avis du Conseil d’État. « Y aurait-il quelque cabinet qui lui aurait suggéré la rédaction en lui faisant passer leur avis par quelque “porte étroite” [l’appellation fait référence aux interventions des lobbies qui s’adressent dans la plus totale opacité aux membres du Conseil constitutionnel (voir notre article) – ndlr] ? »

    Lorsque nous lui avons demandé comment il justifiait une telle méthode de calcul et s’il avait reçu des avis extérieurs, le Conseil d’État a répondu : « Le Conseil d’État s’est prononcé à partir des éléments qui lui étaient fournis par le gouvernement, après lui avoir posé toute question utile et dialogué avec lui. »

    Au bon vouloir du gouvernement
    « Mais pourquoi ne prévoyiez-vous pas un appel d’offres public ? Prévoir une procédure de gré à gré ne pourra qu’entretenir le soupçon. » Lors des débats parlementaires, plusieurs députés ont interpellé le ministre des finances sur les procédures choisies pour privatiser ADP et sur l’opacité régnant autour de ce dossier. « Je les ai prévenus. je leur ai dit qu’un appel d’offres les protégerait. Ils n’ont rien voulu entendre », dit Charles de Courson.

    À toutes les remarques et suggestions présentées par les parlementaires, le ministre des finances a opposé une fin de non-recevoir. Pas question de faire un appel d’offres public, pas question de publier le cahier des charges, pas question de s’expliquer.

    Pour bien montrer qu’il avait l’intention d’avoir de bout en bout la main sur le dossier, le gouvernement a soutenu des amendements opportunément déposés par des membres de la majorité LREM. Ceux-ci prévoient d’encadrer strictement le temps d’instruction du dossier de la commission des participations et des transferts.

    Chargée par la loi d’évaluer les conditions de privatisation de tous les biens publics, cette autorité voit réduire son rôle à une simple chambre d’enregistrement des volontés du gouvernement sur ce dossier : elle n’aura, selon les amendements déposés, que trente jours pour se prononcer sur la privatisation d’ADP.

    Il est donc à craindre que tout se passera – et est peut-être même déjà engagé – ailleurs. Pour le conseiller, le gouvernement a déjà choisi depuis longtemps son banquier d’affaires : c’est Bernard Mourad. Ancien dirigeant du groupe Altice, ce proche d’Emmanuel Macron a rejoint En Marche !, où il était lui aussi chargé de la collecte de fonds, pendant la campagne présidentielle.

    Après l’élection présidentielle, il a créé une petite banque d’affaires puis a rejoint la filiale parisienne de Bank of America, dont il a pris la direction. Et c’est cette banque qui a été choisie comme conseil de l’État dans le dossier ADP. Comme Bernard Mourad le dit à Vanity Fair, « c’est challenging ».

    Dans son rapport sur les privatisations des aéroports régionaux, la Cour des comptes avait rappelé à l’ordre le ministère des finances, en lui rappelant que les règles de déontologie s’appliquaient aussi à lui, que les conflits d’intérêts n’étaient pas qu’une question théorique. Compte tenu du rôle joué par Bernard Mourad pendant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, n’aurait-il pas été préférable que Bercy applique un devoir d’abstention, afin d’éviter tout soupçon ? Interrogé, le ministère des finances n’a pas répondu.

    Car le soupçon est là, toujours plus pesant, au fur et à mesure que le dossier chemine au Parlement. Avant même que la procédure ne soit officiellement ouverte, Vinci, qui possède déjà les aéroports de Nantes, Lyon et Gatwick (Angleterre), et est candidat pour reprendre celui de Toulouse – ce qui devrait normalement soulever au passage quelques problèmes de concurrence –, est présenté comme le grand vainqueur.

    Au point que le PDG du groupe de BTP et de concessions, Xavier Huillard, a fini par s’énerver lors de la présentation de ses résultats. « Nous sommes absolument convaincus que ce modèle de gestion privée est plus que jamais efficace pour renforcer l’attractivité des territoires », a-t-il soutenu, en récusant tous les procès d’intention faits à son groupe sur sa gestion des autoroutes, dont il est aussi le premier concessionnaire en France.

    Selon certaines rumeurs, il pourrait être amené à partager ADP avec quelques autres actionnaires extérieurs qui viendraient l’accompagner. Le nom de la Caisse des dépôts du Québec – dont le rapporteur général du projet de la loi Pacte, Roland Lescure, est un ancien premier vice-président – est souvent évoqué. Elle est peut-être déjà présente au capital d’ADP, mais son nom n’apparaît pas car elle n’a pas franchi le seuil de déclaration.

    L’institution canadienne, présente en France depuis plus de vingt ans, essentiellement dans l’immobilier, a de grands projets en France. Elle a justement ouvert un bureau en France, spécialisé dans les infrastructures.

    Mais on cite aussi des fonds d’investissement, des banques d’affaires comme Macquarie Group ou Goldman Sachs. Bref, beaucoup de personnes, particulièrement dans le monde financier, semblent très attirées par ADP. Ce qui devrait normalement amener le gouvernement à reconsidérer son analyse sur le dossier, à se demander si vraiment il faut privatiser un tel actif. Mais non. Le gouvernement veut vendre, vendre à tout prix le groupe ADP.

    Dans sa décision du 26 juin 1986, le Conseil constitutionnel avait fixé les grands principes qui devaient conduire les privatisations : « L’État ne peut céder des actifs en dessous de leur valeur et le choix des acquéreurs doit se faire “sans privilège” », avait-il tenu à préciser. Pourquoi, dans le dossier ADP, le gouvernement donne-t-il tant l’impression de vouloir passer outre ce principe ? Pourquoi a-t-on le sentiment, avant même que la privatisation ne soit engagée, que tout est opaque et que tous les dés sont pipés ?

  • Au mépris du climat et des riverains, l’aéroport de Roissy veut 40 millions de passagers supplémentaires par an
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15655-au-mepris-du-climat-et-des-riverains-l-aeroport-de-roissy-veut-40-m

    Hérésie.... hélas, dans l’air du temps....

    L’aéroport de Roissy, au nord de Paris, veut construire un nouveau terminal, pouvant accueillir 40 millions de passagers par an, en sus des 70 millions actuels. Les nuisances pour les riverains vont s’aggraver, tandis que les émissions de gaz à effet de serre croîtront encore. Alors qu’une concertation - sans débat public - commence, Reporterre fait le point.

    L’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, au nord de Paris, est le théâtre d’un projet faramineux de nouveau terminal. Le T4 permettrait à lui seul d’absorber jusqu’à 40 millions de passagers supplémentaires [1], par an, à l’horizon 2037. C’est plus que l’aéroport d’Orly et ses 30 millions de passagers annuels. La future aérogare occuperait 167 hectares, sur un espace comprenant l’actuel terminal 3. Sa (...)

    https://www.liberation.fr/france/2019/01/31/privatisation-apres-les-autoroutes-les-aeroports-de-paris_1706689
    https://www.bruitparif.fr/pages/Actualites/2019-02-09%20Impacts%20sanitaires%20du%20bruit%20des%20transports%20dans%20la%20zone%20dense%20de%20la%20région%20Île-de-France/2019-02-09%20-%20Impacts%20sanitaires%20du%20bruit%20des%20transports%20d
    https://terminal4-cdg.groupeadp.fr/uploads/2019/01/ADP-T4_dossier_de_concertation_18-01-2019_pages.pdf
    https://terminal4-cdg.groupeadp.fr/uploads/2019/01/AvisdelAE-160119.pdf
    https://blogs.mediapart.fr/j-lorthiois/blog/250119/betisier-du-pole-de-roissy-1-utilite-locale-pour-son-territoire-6


    https://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%A9roport_de_Paris-Charles-de-Gaulle#/media/File:CDG_P1020431.JPG
    https://www.bruitparif.fr/pages/Actualites/2019-02-09%20Impacts%20sanitaires%20du%20bruit%20des%20transports%20dans%20la%20zone%20dense%20de%20la%20r%C3%A9gion%20%C3%8Ele-de-France/2019-02-09%20-%20Impacts%20sanitaires%20du%20bruit%20des%20transports%20d
    https://www.flickr.com/photos/husseinabdallah/4136677495/in/photolist-7ixy6M-s7fKJR-7iBtgu-7wF3Eg-rjHnUn-7EqWNu-aiSwt-4EAtNh-7DVtEt-eUgW
    Flickr

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Departures_Paris_CDG_2009.jpg

  • Au mépris du climat et des riverains, l’aéroport de Roissy veut 40 millions de passagers supplémentaires
    https://reporterre.net/Au-mepris-du-climat-et-des-riverains-l-aeroport-de-Roissy-veut-40-millio

    L’#aéroport de #Roissy-Charles-de-Gaulle, au nord de Paris, est le théâtre d’un projet faramineux de nouveau terminal. Le T4 permettrait à lui seul d’absorber jusqu’à 40 millions de passagers supplémentaires [1], par an, à l’horizon 2037. C’est plus que l’aéroport d’Orly et ses 30 millions de passagers annuels. La future aérogare occuperait 167 hectares, sur un espace comprenant l’actuel terminal 3. Sa construction impliquerait de nouvelles liaisons de transport en commun et de nouvelles routes. Le projet est donc intrinsèquement lié au développement des gares et des lignes du Grand Paris Express.

    L’ouverture d’un premier fragment du terminal, un temps envisagée pour les #Jeux_Olympiques de 2024, est prévue pour 2028, à la demande de la compagnie aérienne Air France : le T4 lui serait dédié. Le coût de la construction et du développement de la plate-forme aéroportuaire, à l’horizon 2037, est estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, entièrement pris en charge par le Groupe ADP (Aéroports de Paris), dont l’État est (encore) l’actionnaire majoritaire.

    #folie

  • En banlieue parisienne, la colère monte contre « le train des riches » | L’interconnexion n’est plus assurée
    http://transports.blog.lemonde.fr/2019/02/06/en-banlieue-colere-contre-train-des-riches


    La foule des voyageurs à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

    « Les gens voient bien que les trains du quotidien ne sont pas la priorité, contrairement à ce qui est affirmé officiellement. La frustration monte ». Pour Arnaud Bertrand, usager quotidien du RER et fondateur de l’association Plus de trains, la confirmation du #CDG_Express par le gouvernement, annoncée ce 6 février, risque de provoquer une colère sans précédent parmi les millions d’utilisateurs quotidiens du réseau de transports de la région parisienne.
    […]
    Cristallisation des colères locales. Le pessimisme de M. Bertrand est étayé par ses nombreux contacts. Ce salarié d’une banque à La Défense travaille depuis 5 ans, avec son association, à aménager les horaires des lignes de l’ouest parisien. Cela l’amène à entretenir des liens avec des élus, les associations d’usagers et les opérateurs. Il connaît bien le réseau francilien, les angoisses et les agacements des voyageurs. Pour lui, le chantier du CDG Express, qui a démarré avant même l’annonce officielle du gouvernement, pourrait cristalliser « toutes les colères locales » qui s’expriment les jours de galère. Cette position est d’ailleurs partagée, sous le couvert de l’anonymat le plus strict, par des agents de la RATP et de la SNCF, qui ne comprennent pas que l’on privilégie les passagers de Roissy au détriment des usagers du RER.

    17 000 voyageurs contre 900 000. Le CDG Express doit acheminer 17 000 personnes par jour, « soit 150 à 200 par train, à raison d’un train tous les quarts d’heure », a calculé M. Bertrand. Il partagera une partie de son itinéraire avec la partie nord du RER B. Chaque jour, 900 000 voyageurs empruntent cette ligne, au nord comme au sud de la capitale, et la dégradation des conditions à un endroit entraîne souvent des conséquences pour l’ensemble des voyageurs. En outre, avec ses 17 000 voyageurs, contre 900 000 pour le RER B, la navette rapide ne contribuera aucunement à « désengorger » la ligne existante, contrairement à ce que l’on entend parfois.

  • Retoqué sur ses redevances, ADP revoit l’augmentation de ses tarifs à la baisse
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/retoque-sur-ses-redevances-adp-revoit-l-augmentation-de-ses-tarifs-a-la-ba

    Après le refus de l’Autorité de supervision indépendante des redevances aéroportuaires (ASI) d’homologuer l’augmentation de 3% des redevances prévue en 2019, le gestionnaire des aéroports parisiens de Roissy et d’Orly propose désormais une hausse de 1% pour l’année en cours.

    Deuxième proposition tarifaire pour ADP. Après le refus le 15 janvier de l’Autorité de supervision indépendante des redevances aéroportuaires (ASI) d’homologuer l’augmentation de 2,957% des redevances qu’il avait prévue en 2019, ADP a présenté de nouveaux tarifs.

    Selon des sources concordantes, le gestionnaire des aéroports parisiens de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly, propose désormais une hausse de 1% de ses redevances pour l’année en cours, par « souci d’apaisement » dit-on au sein du groupe. L’ASI a désormais 21 jours pour se prononcer. En cas de nouveau refus, les tarifs de 2018 seront appliqués.

    L’Autorité de supervision avait notamment justifié sa décision de ne pas homologuer la première proposition ne jugeant que "le niveau de rémunération des capitaux investis pris en compte par ADP pour la détermination des tarifs des services publics aéroportuaires était trop élevé". Elle avait également estimé que le coût pondéré moyen du capital (CPMC), un facteur de rentabilité, était également trop élevé.

    Si elle a ravi les compagnies aériennes qui ne cessent de dénoncer la cherté des redevances aéroportuaires d’ADP et demandaient un gel voire une baisse de celles-ci, la décision de l’ASI a interpellé plusieurs observateurs dans la mesure où l’augmentation tarifaire initiale d’ADP était conforme au contrat de régulation économique (CRE) signé avec l’Etat. Mais aussi parce que l’ASI s’arrogeait, selon eux, le pouvoir de définir le CPMC des aéroports, qu’aucun texte ne l’autorise à faire. Un point qui pourrait d’ailleurs constituer un angle d’attaque juridique selon l’un d’eux.

  • La lutte dans les centre de rétention continue et s’amplifie !

    Depuis le 3 janvier des luttes collectives dans les centre de rétention (Vincennes et Mesnil Amelot) et sont relayés et soutenue a l’extérieur ! Depuis le 11 janvier, une trentaine de retenus du centre de rétention de Oissel près de Rouen ont rejoint la lutte ! A bas les cra ! Besoin de soutien à l’extérieur !

    Communiqué des prisonniers en lutte de Oissel (Rouen) !

    Aujourd’hui 11 janvier, nous rejoignons nous aussi la lutte dans les centres de rétention contre les conditions d’enfermement et les violences policières quotidiennes. Nous sommes déjà presque 40 en grève de la faim.
    Sur les conditions d’enfermement ici y a beaucoup à dire. Déjà la bouffe n’est pas bonne, rien n’est propre. Quand on mange, les policiers ils nous regardent et utilisent leurs smartphones. On a l’impression qu’ils nous snap, ce qui est sûr c’est qu’ils se moquent de nous.
    /.../ Pour boire de l’eau c’est aux toilettes. Si tu tombes malade, c’est qui qui te soigne ? Pas la police en tout cas !
    On nous traite comme des animaux, et pendant les visites la porte continue d’être ouverte et les policiers continuent de nous écouter. Ils continuent de nous empêcher tout contact avec nos proches, même de faire la bise à ta femme.
    Ici il y a eu des histoires de viols pendant la fouille.
    On a décidé de pas tout casser. Parce qu’on veut pas se faire accuser « d’ancien taulard vener », pourtant y a de quoi ici. Ici tu peux même pas cantiner et la bouffe est vraiment dégueulasse. /.../

    Plus d’infos sur : https://abaslescra.noblogs.org
    Pour nous contacter pour s’organiser : anticra@riseup.net
    A bas les cra !

    https://abaslescra.noblogs.org/post/2019/01/12/communique-des-prisonniers-en-lutte-de-oissel-rouen

    Pour rappel il y a quelques semaines un communiqué était déjà sortit de ce même centre de rétention (disponible ici : http://abaslescra.noblogs.org/post/2018/12/28/communique-des-prisonniers-du-centre-de-oissel). Les prisonniers avaient des revendications très clair que nous recopions ici :

    Nous revendiquons :

    La fermeture de ce centre de rétention qui n’est plus en état d’accueillir des humains dignement.
    Le changement de l’équipe de policiers de jours, présente depuis trop longtemps et qui se comporte comme une mafia.
    La fin des violences policières au centre de rétention et pendant les déportations.
    La fin des condamnations inutiles a de la prison, comme quand on est condamné pour avoir refusé d’aller voir le consul.
    Un véritable accès aux soins.
    Respect de l’intimité des parloirs, et des parloirs qui durent plus longtemps pour respecter le besoin de voir ses proches.
    Un accès permanent à la cour.
    La fin de l’isolement, qui est un moyen de pression à l’intérieur. C’est un endroit où on nous torture moralement et physiquement.
    La fin des actes racistes de l’administration ou de la police.

    Des retenus du centre d’Oissel, le 27/12/2018

    Rassemblement de soutien au CRA de Mesnil-Amelot

    Depuis mardi, près de 70 détenus du CRA de Mesnil-Amelot sont en grève de la faim.
    Pour montrer notre solidarité aux retenus du CRA de Mesnil-Amelot en grève de la faim, rendez-vous lundi à 19h à la station du RER B Roissy-Charles de Gaulle 1, sortie gare routière. Pour celleux qui partent de Paris, rendez-vous à gare du Nord sur le quai du RER B direction Roissy-Charles de Gaulle pour un départ collectif.

    Ce rassemblement est dans la continuité de celui de lundi dernier devant le CRA de Vincenne, également en lutte : https://abaslescra.noblogs.org/post/2019/01/05/appel-a-se-rassemblement-devant-le-cra-de-vincennes-ce-lundi-7-j

    On se réunit pour s’organiser en soutien aux retenus qui luttent dans les CRA, le mercredi 16 à 18h30 à l’Echarde (m9 - Robespierre).

    ++ en pdf les communiqué des détenus du CRA de Mesnil-Amelot & Vincennes à retrouver sur @paris : https://paris-luttes.info/la-lutte-dans-les-centre-de-11478 et https://paris-luttes.info/rassemblement-de-soutien-au-cra-de-11481

    #sans-papiers | #centres_de_rétention | #migrants | #exils | #Répression | #prisons

    • #Ile-de-France : une centaine de personnes en grève de la faim dans deux centres de rétention

      Au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) et au Bois de Vincennes (Paris), des étrangers dénoncent « les #violences_policières » et leurs conditions de rétention.


      http://www.leparisien.fr/societe/ile-de-france-une-centaine-de-personnes-en-greve-de-la-faim-dans-deux-cen

    • France : une centaine de migrants en grève de la faim dans deux centres de rétention

      Une quarantaine de personnes du centre de rétention de Vincennes, et 70 personnes du centre de rétention du Mesnil-Amelot, tous deux en région parisienne, observent une grève de la faim. Les migrants grévistes dénoncent notamment leurs conditions de rétention, les violences policières et le manque d’accès aux soins.

      « Même les animaux sont mieux traités que nous ». Depuis le 3 janvier, une quarantaine de personnes retenues dans le centre de rétention (CRA) de Vincennes, en région parisienne, observent une grève de la faim. Ils ont été suivis mardi 8 janvier par environ 70 migrants enfermés dans le CRA du Mesnil-Amelot, à proximité de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, au nord de Paris.

      Les revendications de ces grévistes sont nombreuses. Ils dénoncent notamment leurs conditions de vie dans les CRA. « Nous sommes considérés comme des prisonniers alors qu’on a juste des problèmes de papier », se plaint à InfoMigrants Rachid*, un Algérien présent au Mesnil-Amelot depuis 11 jours, joint par InfoMigrants. « Même en prison, ils sont mieux traités que nous. C’est le paradis à côté d’ici », assure ce jeune homme de 22 ans qui a passé quelques mois derrière les barreaux avant d’être envoyé en CRA.

      La Cimade, une association qui vient en aide aux migrants enfermés dans huit CRA de France, dont celui du Mesnil-Amelot, a dit comprendre les raisons de cette grève de la faim. « Les conditions de vie y sont insupportables », a déclaré un membre de la Cimade, qui préfère garder l’anonymat.

      « Le CRA, s’il ne dépend pas légalement de l’administration pénitentiaire, n’en ressemble pas moins à une prison : policiers présents partout, cellules d’isolement, barbelés, grilles, haut-parleurs, miradors (…). Tout est inspiré de l’univers carcéral », écrivait l’année dernière l’association dans son rapport 2017 sur les centres et locaux de rétention administratifs.

      Les centres de rétention administratifs sont des lieux de privations de liberté où s’entassent les migrants sans papiers en attente de leur expulsion. Il existe à ce jour, 25 centres de rétention administratifs sur le territoire français. Selon la Cimade, 47 000 personnes sont passées en CRA en 2017.

      « On vit dans la crasse »

      Les grévistes de la faim disent ne plus supporter la saleté des locaux, notamment les douches, toilettes et chambres. « On peut se laver mais les douches sont bouchées, c’est dégoûtant », explique encore Rachid. « Les espaces ne sont pas régulièrement nettoyés, on vit dans la crasse ». Une vidéo diffusée par le site StreetPress en mars 2018 montrait en effet des sanitaires complètement bouchées au CRA du Mesnil-Amelot.

      La nourriture est également source de plaintes. Plusieurs personnes retenues, de confession musulmane, se plaignent de l’absence de nourriture halal. D’autres, parlent quant à eux de nourriture « immonde ».

      >> À lire sur InfoMigrants : Le CRA de Marseille, un centre de rétention administrative à la sinistre réputation

      Mais les revendications ne s’arrêtent pas là. Ces derniers accusent les forces de l’ordre de violence lors des transferts vers leur pays d’origine. « On est frappé, secoué même quand on ne se débat pas. De toute façon, comment voulez-vous qu’on résiste alors qu’il y a une dizaine de policiers autour de nous ? », signale Rachid.

      Un constat déjà observé par la Cimade. « Lors des expulsions, des violences, des coups, sont régulièrement rapportés par les [personnes] retenu[e]s au moment de l’embarquement à bord d’un avion et les techniques autorisées officiellement sont très dures : personnes attachées, casquées, maintenues en place de force par les policiers », pouvait-on lire dans le rapport de 2017.

      « L’accès aux soins est très limité dans les CRA »

      Le manque d’accès aux soins pose également problème. « Il n’y a pas de médecin présent sur place 24h/24h. L’accès aux soins est très limité dans les CRA », précise à InfoMigrants un membre de La Cimade.

      Mohammed*, un Égyptien qui vivait en France depuis 10 et aujourd’hui enfermé au CRA du Mesnil-Amelot, raconte à InfoMigrants que le personnel lui a refusé l’accès à un médecin. « Je souffrais d’un mal de dents très intense. Mais les policiers m’ont dit que je n’avais pas le droit de voir un médecin. Ils m’ont emmené à l’infirmerie mais je n’ai eu qu’un Doliprane », explique-t-il.

      >> À lire sur InfoMigrants : L’enfermement en centre de rétention, un traumatisme dès le plus jeune âge

      Les personnes retenues s’élèvent aussi contre une nouvelle disposition prise dans la loi Asile et immigration l’an dernier, à savoir le passage de 45 à 90 jours de la durée maximale de rétention administrative.

      Enfin, les grévistes dénoncent ce qu’ils appellent « les vols cachés » : les migrants sont prévenus au dernier moment de l’avion dans lequel ils monteront. « Ainsi, ils n’ont pas la possibilité de rassembler leurs soutiens à l’extérieur et cela évite qu’ils se cachent en amont de l’expulsion », précise La Cimade.

      Contactée par InfoMigrants, la préfecture de police de Paris, en charge de la gestion des centres de rétention, n’a pour l’heure pas répondu à nos sollicitations.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/14431/france-une-centaine-de-migrants-en-greve-de-la-faim-dans-deux-centres-

    • Grève de la faim en cours au CRA de Vincennes : communiqué des prisonniers !

      Nouvelle grève de la faim en cours au centre de rétention de Vincennes. 27 prisonniers du batiment 2A ont commencé aujourd’hui a lutter ensemble face a la violence des déportations et des keufs. Appel à solidarité !

      Aujourd’hui, 3 janvier 2019, les prisonniers ont décidé de réagir face à une série de déportations violentes et cachés, face à la violence physique et psychologique quotidienne des policiers.
      Ca continue de bouger au centre de rétention de Vincennes.. Mi décembre déjà des retenus du centre avaient entamé une grève de la faim réclamant la libération de tous les prisonniers. Ce communiqué est disponible ici :

      Nous relayons leurs communiqués et leurs appels a soutien :

      Nous sommes des retenus du centre de rétention administrative de Vincennes en banlieue Parisienne.
      Nous demandons la libération de tous les prisonniers, l’application de l’égalité entre tous le monde : On est comme tous le monde.
      Aujourd’hui 3 janvier 2019, nous, 27 retenus du centre de rétention (du batiment 2A) se sont mis en grève de la faim pour demander la libération tout de suite de tout le monde.
      Nous savons que d’autres enfermés dans au moins un autre batiment sont eux aussi en grève de la faim (il parait au moins une quinzaine).
      On a tous une histoire différente, qu’on soit travailleur, étudiant depuis peu en france ou vivant ici depuis presque 20 ans.. Et on a tous le droit de vivre ici, où on a nos attaches. Mais nous sommes enfermés dans ce centre de rétention.
      Si on s’est mis aujourd’hui en grève de la faim c’est aussi pour dénoncer tout ce qui se passe dans cette prison.
      Ces derniers jours il y a eu beaucoup de vols cachés et violents. Des anciens d’ici nous on raconté qu’il y a plusieurs années la police, ici, était déjà violente.
      Il y a eu des copains tabassés puis déportés en étant casqué, bailloné et scotché. Il y a eu des copains drogués qui se sont reveillés de retour dans un pays où ils ne connaissaient plus grand monde.
      Les policiers ne respectent la loi que quand c’est contre nous, même quand légalement on devrait être libéré souvent le juge n’en a rien a foutre et la police te déporte quand même.
      La police comme toujours elle s’en fout, et l’etat français aide. Si l’etat n’était pas d’accord et si les biznesman faisaient pas d’argent tout ca ne marcherait pas.
      Ce centre de rétention, il est sale, les toilettes et les douches elles sont dégueulasse. La bouffe, elle est immonde.

      Nous revendiquons :
      – La libération de tous les prisonniers
      – Etre respecte et traiter dignement, on est pas des chiens.
      – La fermeture de ce CRA, qui a des gros problèmes d’hygiènes.
      – Le respect de l’égalité entre tous le monde
      – La fin des violences policières
      – La fin des vols cachés et violents
      – De la bonne nourriture
      – Un véritable accès au soin

      Si on s’est mis en grève de la faim, c’est parce que quand on est allé voir les assos pour se plaindre on nous a dit qu’y avait rien a faire.
      Nous allons continuer notre grève demain et les prochains jours nous appelons un maximum de monde a nous soutenir dehors. On en a marre d’être traiter comme des chiens !

      Les retenus du batiment 2 A
      03/01/2019

      https://paris-luttes.info/greve-de-la-faim-en-cours-au-cra-11416

    • Grèves de la faim en CRA : #lettre_ouverte aux parlementaires

      Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

      Vous avez voté l’année dernière la loi « Asile et Immigration » (loi du 10 septembre 2018). Ce texte allonge en particulier la durée maximale d’enfermement en rétention administrative de 45 à 90 jours.

      La politique d’enfermement dans les centres de rétention était déjà désastreuse (cf. le Rapport 2017 sur les centres et locaux de rétention administrative : https://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2018/07/La_Cimade_Rapport_Retention_2017.pdf), les personnes retenues subissant toutes sortes de violences institutionnelles les poussant à des actes désespérés (automutilation, tentatives de suicide). Le doublement de la durée maximale de la rétention s’ajoute désormais aux pressions déjà subies, d’autant que, en réponse aux instructions du Ministre de l’Intérieur, le recours à l’enfermement en CRA par les préfectures s’est fortement accru.

      Depuis début janvier, au moment où cet allongement de la durée de rétention est entré en vigueur, des personnes enfermées ont engagé une mobilisation pour dénoncer leurs conditions de vie, à travers des grèves de la faim observées notamment dans les CRA de Vincennes, du Mesnil-Amelot et d’Oissel.

      Selon les communiqués des personnes enfermées, des grévistes de la faim subiraient des pressions policières, voire seraient exposés à des actes graves.

      Depuis de longues années, les organisations rassemblées dans l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) réclament la possibilité de pouvoir pénétrer dans les CRA, comme dans les zones d’attentes et autres lieux de privation de liberté des personnes étrangères, pour y exercer un « droit de regard citoyen » (voir ci-dessous le communiqué de l’OEE du 3 février 2011). À ce jour, elles n’ont pas été entendues. Ainsi, nous, associations de défense des droits, du fait du fonctionnement extrêmement opaque de ces lieux d’enfermement, ne pouvons obtenir des informations précises sur ces événements.

      Mesdames et Messieurs les Parlementaires, créer le droit crée des responsabilités et des obligations. Vous avez le droit de visiter à tout moment tous les lieux d’enfermement (article 719 du code de procédure pénale). Nous vous demandons donc de l’exercer pour permettre un contrôle citoyen et ainsi contribuer à briser l’opacité de ces structures, inadmissible dans un Etat de droit.
      Le 23 janvier 2019

      Organisations membres de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers :

      ANAFE
      Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT)
      Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE)
      COMEDE
      Droits d’urgence
      FASTI
      Genepi
      GISTI
      La Cimade
      Ligue des droits de l’homme
      MRAP
      Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau
      Revue Pratiques
      Syndicat de la magistrature (SM)
      Syndicat de la médecine générale (SMG)
      Syndicat des avocats de France (SAF)

      https://www.gisti.org/spip.php?article6079

    • Face à une situation intenable au CRA du Mesnil-Amelot, La Cimade se retire pour trois jours

      Jeudi 11 juillet, après plusieurs jours d’une violence extrême, La Cimade a pris la décision de retirer ses équipes du centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot pour trois jours.

      La politique menée par le ministère de l’intérieur en rétention a des conséquences d’une extrême violence pour les personnes enfermées. Ces derniers jours, ces violences ont atteint un degré intenable : tentatives de suicide répétées, automutilations, enfermement en cellule d’isolement disciplinaire pour réprimer une grève de la faim, etc.

      Dans ce CRA, le plus gros centre de France, situé au pied des pistes de l’aéroport de Roissy en Seine-et-Marne, ces violences ne permettent plus aux équipes de La Cimade d’exercer leur mission d’accompagnement juridique dans de bonnes conditions.

      Ce retrait de trois jours intervient seulement deux semaines après la lettre envoyée au ministre de l’intérieur par La Cimade et 21 autres associations lui rappelant l’urgence de la situation en rétention et la nécessité notamment de prendre en charge les personnes atteintes de troubles psychiques graves. Sa réponse reçue cette semaine mentionne seulement que « la prise en charge psychologique des personnes retenues va faire l’objet d’un renforcement là où les besoins seront identifiés. » Le ministre ne semble pas comprendre l’ampleur du phénomène ni mesurer ses conséquences pour la vie et la santé des personnes enfermées sous sa responsabilité. Pour le reste, dans sa réponse, Christophe Castaner nie la violence de la politique du tout enfermement, la maltraitance institutionnelle de ces lieux de privation de liberté ainsi que les pratiques illégales des préfectures.

      https://www.lacimade.org/presse/face-a-une-situation-intenable-au-cra-du-mesnil-amelot-la-cimade-se-retire

  • Amazon devient l’entreprise la plus chère du monde
    https://www.courrierinternational.com/article/amazon-devient-lentreprise-la-plus-chere-du-monde

    Avec “seulement” 796 milliards de dollars, la valeur boursière du géant du commerce en ligne est aujourd’hui supérieure à celle de Microsoft, qui avait dépassé celle d’Apple fin novembre.

    Nos services “Amazon.com Inc. est le dernier titan technologique en date à revendiquer la couronne de la plus importante valorisation boursière du monde”, note le Wall Street Journal. Lundi 7 janvier à Wall Street, l’action du groupe dirigé par Jeff Bezos a terminé la séance à 1 629,51 dollars, portant la capitalisation (...)

    #Apple #Microsoft #Amazon #bénéfices

    • #résistance - Je suis toujours en train de me demander comment nous pourrions lutter contre la puissance Amazon. Il est impossible que ce soit pas (ou plus) possible, il doit nécessairement y avoir des solutions alternatives (mais il faudrait sans doute convaincre un très très large collectif de personne pour y arriver). Tout·e seul·e ça parait compliqué.

      Un exemple : une des institutions qui assurent mes frais de voiyages pour une mission en Asie me propose de dormir à l’hotel Ibis à Roissy pour attraper une connexion un dimanche matin très tôt. Je viens de refuser en arguant que je boycotte la chaine du fait que l’Ibis de Roissy loue un étage aux flics pour servir de prisons à migrant (en terme administratif une « zone d’attente »). Ce qui me déprime, c’est que ça ne sert à rien si je fais ça tout seul...

  • « Je suis devenu fou, je veux retourner au bled » : les migrants qui optent pour un #retour_volontaire

    L’aide au retour volontaire a concerné en 2018 plus de 10 000 personnes, dont beaucoup d’Afghans.

    Il a les yeux rouge vif. A plusieurs reprises, il demande s’il pourra aller aux toilettes après l’enregistrement. Dans un hall de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, Noorislam Oriakhail vit ses derniers moments en France, fébrile. Il prend l’avion pour la première fois de sa vie. Au bout du voyage : l’Afghanistan. Comme 1 055 Afghans en 2018, des hommes majoritairement, Noorislam a choisi de rentrer. Ils étaient déjà 970 à avoir opté pour un « retour volontaire » depuis la France en 2017. Volet peu connu de la politique d’éloignement des étrangers en situation irrégulière, l’aide au retour volontaire a concerné cette année plus de 10 000 personnes au total, un chiffre en hausse de 58 % sur un an.

    Après les Albanais et devant les Moldaves, les Afghans sont les plus concernés par ce dispositif mis en œuvre par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Une situation qui s’explique : ils sont les premiers demandeurs d’asile en 2018. En outre, précise Didier Leschi, le directeur général de l’OFII, « lorsqu’ils arrivent en France, ils ont déjà déposé en moyenne près de deux demandes d’asile en Europe, principalement en Allemagne et en Suède, où elle a été rejetée ». Ils entrent donc dans la catégorie dite des « Dublinés », ne peuvent pas demander l’asile en France avant un délai de six à dix-huit mois. Dans l’intervalle, ils sont en situation irrégulière.

    L’OFII assume une politique volontariste à leur endroit : « Nous les démarchons pour leur proposer l’aide au retour, d’autant que les retours forcés sont très difficiles », reconnaît Didier Leschi. Au premier semestre, avec 23 éloignements, le taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français prononcées à l’encontre des Afghans atteignait 4 %. En plus d’être moins onéreux qu’un éloignement forcé, les retours volontaires ont beaucoup plus de succès.

    « Trop de pression »

    Noorislam est « fatigué » de ne pas parvenir à s’extirper d’une situation précaire. D’un voyage entamé en 2006 et financé par son père et un oncle, il est arrivé « jeune et fort » sur le continent, avec l’Angleterre en ligne de mire. « C’était un rêve, reconnaît-il. J’ai essayé cinq ou six fois avant de réussir à monter dans un camion. » Outre-Manche, il est pris en charge en tant que mineur. Mais, à sa majorité, sa demande d’asile est rejetée et il devient « illégal ».

    Dans la ville de Loughborough (centre de l’Angleterre), Noorislam s’enfonce, affaibli par des soucis de santé. Le petit sac à dos qui lui fait office d’unique bagage après plus d’une décennie en Europe est « rempli de médicaments ». Le jeune homme souffre d’une dystrophie de la rétine – une maladie génétique caractérisée par un déficit visuel très important – et, depuis un an et demi, il explique avoir des problèmes d’incontinence. « Les médecins disent que c’est dans ma tête, assure-t-il, en montrant sa boîte d’antidépresseurs. Si je n’avais pas été malade, j’aurais pu m’en sortir mais, vu ma situation, je lutte pour tout. »

    « Si je n’avais pas été malade, j’aurais pu m’en sortir mais, vu ma situation, je lutte pour tout », témoigne Noorislam Oriakhail avant de monter dans l’avion

    Avec le sentiment d’avoir « perdu [son] temps », Noorislam s’est glissé dans un camion en janvier pour faire le chemin inverse de celui réussi il y a dix ans. Arrivé à Calais, après une nuit dans « le froid et la pluie », il croise des agents de l’OFII. Il est hébergé et on l’informe sur l’asile et le retour volontaire. « J’avais deux semaines pour choisir ou je devais quitter le centre », se souvient-il. Après des atermoiements, Noorislam s’oriente vers l’asile. Mais il est « dubliné », ce qui signifie qu’il risque d’être transféré vers l’Angleterre ou, à défaut, d’errer plusieurs mois avant de pouvoir déposer une demande en France. Il jette l’éponge. « C’est trop de pression », confie-t-il. Le jeune homme rentre en Afghanistan mais, en réalité, il ne doit pas s’y attarder. Sa famille s’est installée au Pakistan alors qu’il était enfant. « Mon père m’a dit qu’il m’aiderait à passer la frontière. »

    Le jour où Noorislam a embarqué, un autre Afghan devait prendre l’avion, mais il ne s’est jamais présenté. En 2018, quelque 1 500 personnes se sont ainsi désistées après avoir demandé une aide au retour. « Ce sont des gens qui peuvent être instables psychologiquement, justifie Didier Leschi. Il y a quelques semaines, un Pakistanais a fait une crise d’angoisse et a dû être débarqué avant le décollage. Depuis, il veut repartir. »

    Qu’est-ce qui motive un retour au pays ? « On ne connaît pas le parcours de ces gens », reconnaît Nadira Khemliche, adjointe au chef du service voyagiste de l’OFII, qui accompagne les candidats au départ à Roissy ou à Orly, jusqu’à leur embarquement sur des vols commerciaux. Nadira Khemliche ne distingue que des profils, les Arméniens qui voyagent en famille, les Chinois qui ont des vols tous les jours, les Ethiopiens qu’elle ne croise que deux ou trois fois l’an… « Parfois, on se demande pourquoi ils veulent rentrer en sachant qu’il y a des bombes chez eux, confie-t-elle. Mais bon, ici, ils n’ont rien. » « Quel est le choix réel de ces gens ?, s’interroge Clémence Richard, en charge des questions « expulsions » à la Cimade. Ils sont à la rue, épuisés socialement, précarisés administrativement. »

    Candidatures marginales

    Pour promouvoir le retour volontaire, l’OFII se déplace sur des campements, dans des centres d’hébergement du 115 ou des centres de demandeurs d’asile dans lesquels s’éternisent des déboutés. L’office tient même des stands dans des salons « diasporiques ». Le retour volontaire donne droit à un billet d’avion et à un « pécule » dont le montant varie. Les Afghans ont actuellement droit à 1 650 euros. Un programme européen permet aussi de financer un projet de réinsertion à hauteur de 3 500 euros.

    Sur un pan de mur de son bureau, à Calais, Laura Defachel, agent du retour volontaire et de la réinsertion de l’OFII, a accroché des photos d’hommes devant des troupeaux de bêtes, dans les montagnes afghanes. « Beaucoup ont saisi l’opportunité pour se lancer dans l’élevage, ouvrir une épicerie ou un magasin de pièces détachées, devenir taxi, assure-t-elle. C’est déterminant pour ceux qui sont partis de leur pays avec la promesse de faire mieux. » Depuis deux mois, toutefois, ce programme a été suspendu, dans l’attente d’un renouvellement. En 2016, l’année du démantèlement de la « jungle », le bureau de Calais a monté plus de 500 dossiers de départs volontaires, les trois quarts en direction de l’Afghanistan et du Pakistan.

    Les candidats au départ restent toutefois marginaux. « Ce sont surtout les personnes épuisées qui ne souhaitent pas demander l’asile en France ou des personnes qui rentrent pour des raisons familiales », analyse Laura Defachel. Elle se souvient de cet homme qui a souhaité partir après la mort de son frère, qui avait fait le voyage avec lui. Il était monté à bord d’un camion et, réalisant qu’il ne prenait pas la direction de l’Angleterre, est descendu en marche. Il s’est tué sur l’autoroute.

    Warseem Mohamad Kareem rentre dans la première catégorie. « C’est Londres ou l’Afghanistan », résume-t-il. Alors qu’il s’apprête à embarquer pour un vol retour, le jeune homme de 27 ans dit avoir dépensé 11 000 dollars (9 645 euros) pour rejoindre l’Europe. Arrivé en France il y a trois mois, il s’est retrouvé dans un cul-de-sac, à Calais et à Grande-Synthe, dans des tentes ou sous un pont. Avec des passeurs afghans ou kurdes, il a tenté vingt ou trente fois de monter dans des camions pour l’Angleterre. A chaque fois, il a été attrapé par la police.

    Le froid, la pluie, la police qui le chasse tous les matins, l’échec ont finalement eu raison de sa détermination. Lors du dernier démantèlement de Grande-Synthe, il a croisé les maraudeurs de l’OFII. « Nous avons faim de paix, pas d’argent », dit-il à l’agent qui lui remet, dans la salle d’embarquement, une enveloppe de billets. Warseem ne s’interdit pas de revenir, un jour. Il semble ignorer qu’il fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire et d’une interdiction de retour pendant un an. Une pratique que toutes les préfectures ne mettent pas en œuvre, mais que l’OFII souhaite développer pour éviter les désistements et les retours. Des méthodes « déloyales », dénonce Clémence Richard : « Cela supprime de fait le droit au désistement. En outre, ces personnes ne rentrent pas dans les catégories de la loi susceptibles de se voir prononcer une interdiction de retour, c’est illégal et ça a aussi des conséquences graves, car cela rend quasi impossible toute demande de visa ultérieure. »

    A court d’argent et d’aide

    En matière de départ volontaire, la contrainte affleure. A partir du 1er janvier 2019, dans le cadre de la loi asile et immigration votée en 2018, les agents de l’OFII iront promouvoir l’aide au retour dans les centres de rétention administrative. Partir de gré, pour ne pas risquer de partir de force. C’est peut-être le dilemme qui aurait fini par se poser à Noorullah Nori. Débouté de l’asile en Allemagne, puis en France, à court d’argent et d’aide, il a signé pour un retour en Afghanistan, après quatre ans en Europe.

    « Moi aussi l’OFII m’a proposé le retour, mais jamais je ne rentrerai », jure Karimi, un Afghan qui a accompagné Noorullah à l’aéroport, après l’avoir recueilli tandis qu’il dormait à la rue. Passé par les errances d’un « Dubliné », Karimi est désormais réfugié en France. A voix basse, il dit à propos de son compatriote : « Il a des problèmes psychologiques. Il est resté longtemps sans parler à personne, avec des pensées négatives. » Il n’est pas le seul, dans le hall de Roissy, à sembler accuser le coup. Un autre Afghan a été déposé à l’aéroport par des infirmiers hospitaliers, prenant de court les agents de l’OFII qui n’avaient pas été informés et ont dû se procurer un fauteuil roulant tandis que l’homme, apathique, laissait son regard se perdre dans le vide, immobile.

    Un Soudanais s’apprête aussi à embarquer. Son air triste intrigue deux Afghans qui veulent savoir ce qui l’accable. Salah Mohamed Yaya a 19 ans. Il dit que depuis des mois il n’a plus de traitement contre le VIH. Cela fait deux ans qu’il est en France, passé par Toulouse, Paris, Nantes, les foyers pour mineurs, la rue, l’hôpital. « Je suis devenu fou, dit-il. Je veux retourner au bled. » Salah n’a pas fait de demande d’asile, sans que l’on sache s’il a vraiment été informé qu’il pouvait le faire. La veille de son départ, il a dormi porte de Villette. Il sent encore le feu de bois.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/31/je-suis-devenu-fou-je-veux-retourner-au-bled_5403872_3224.html

    #retour_au_pays #réfugiés_afghans #France #Afghanistan #asile #migrations #réfugiés

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce jeudi 27 décembre 2018
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/15410-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour à toutes et à tous, , veuillez trouver ci-dessous une nouvelle méga Revue de presse de notre Contributeur Gâchette (et on l’en remercie). Comme vous le constatez chacun a son propre style et son propre spectre, c’est tout l’intérèt d’etre à plusieurs contributeur sur ce petit blog. Et comme d’habitude pour prendre rapidement le pouls de la planète, la toute nouvelle DEFCON-Room vous tend les bras dès ce matin et tout au long de la journée 24h/24 et 7j/7. ; )))))

    Amitiés,

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette / Doudou / Gâchette

    La Revue de presse du jour comprenant les informations de ce qui fait l’actualité française et internationale du mardi 25 décembre 2018 vues par notre Contributeur Gâchette .

    

    Panique à l’aéroport de Roissy après que deux (...)

    https://www.ouest-france.fr/politique/affaire-benalla/affaire-benalla-compagne-introuvable-coffre-fort-disparu-les-zones-d-om
    https://www.lexpress.fr/actualite/politique/alexandre-benalla-mis-en-examen_2027131.html
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290818/affaire-benalla-le-conseiller-special-d-emmanuel-macron-cible
    https://www.marianne.net/politique/affaire-el-guerrab-un-apres-les-coups-de-casque-ou-en-est-l-enquete
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270918/la-justice-enquete-sur-les-indemnites-d-un-proche-d-emmanuel-macron
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040918/laura-flessel-des-demeles-fiscaux-derriere-sa-demission-du-gouvernement
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130918/roxana-maracineanu-la-nouvelle-ministre-des-sports-occupe-un-logement-soci
    https://www.nouvelobs.com/politique/20180828.OBS1480/travaux-non-declares-la-version-de-francoise-nyssen-mise-a-mal.html?xtor=
    https://www.mediapart.fr/journal/france/030918/affaire-kohler-la-police-judiciaire-multiplie-les-perquisitions
    https://www.francetvinfo.fr/politique/gerald-darmanin/abus-de-confiance-gerald-darmanin-obtient-un-non-lieu-et-son-avocat-ann
    https://www.francetvinfo.fr/sante/decouverte-scientifique/inserm-le-mari-d-agnes-buzyn-retire-sa-candidature_2875625.html
    https://www.marianne.net/politique/le-mari-medecin-de-la-ministre-buzyn-recase-comme-conseiller-juridique-du-

  • La mobilisation des « Gilets jaunes », nouvelle étape des luttes en France Rémy Herrera - 22 Novembre 2018
    https://www.investigaction.net/fr/author/remy-herrera

    C’est une mobilisation de masse profondément nouvelle qui a surgi ces dernières semaines en France : celle des « gilets jaunes » – du nom et de la couleur de la chasuble de haute visibilité (tout automobiliste étant supposé en posséder une à bord de son véhicule et l’utiliser, pour sa sécurité, en cas de nécessité) que portent, en signe de ralliement, des centaines de milliers de Français manifestant leur désapprobation vis-à-vis de l’action du Président Emmanuel Macron.
     


    (Article rédigé le 22 novembre ; une suite est prévue)
     
    Une mobilisation nouvelle par son origine, son ampleur et ses formes de rébellion populaire. Tout a débuté à petite échelle à la fin du mois d’octobre par une simple pétition citoyenne, sans étiquette partisane ni syndicale, sans leaders ni organisations, diffusée sur les réseaux sociaux. Elle réclamait l’annulation de l’augmentation de la taxe sur le carburant récemment décidée par le gouvernement. Quelques jours plus tard, pas loin d’un million de personnes l’avaient signée, et des slogans commençaient à appeler à « bloquer le pays ». Le mouvement de protestation, qui concernait initialement le prix de l’essence et le poids des impôts, s’étendit très rapidement à « la vie chère », au « faible pouvoir d’achat », aux « grands magasins à boycotter », pour se concentrer finalement sur un mot d’ordre, clair : « Macron démission ! ». Le point commun de ces contestations, fusant tous azimuts, était d’exprimer un mal être généralisé, un « ras-le-bol » de la population, un refus des inégalités sociales causées par l’application du projet néolibéral.
     
    Le paroxysme allait être atteint le samedi 17 novembre : quelque 280 000 « gilets jaunes » (selon les chiffres de la police), éparpillés en plus de 2 000 rassemblements sur l’ensemble du territoire français, bloquaient l’accès à des axes routiers névralgiques, péages autoroutiers ou supermarchés. Inexpérimentés pour la plupart, spontanément sortis dans la rue, ils participaient souvent à leur première action – moins de 10 % des manifestations ayant d’ailleurs été déclarées en préfecture. Dans beaucoup de villages des zones rurales, c’était même la toute première fois qu’avait lieu une manifestation. Le bilan de la journée se solda par un mort (une malheureuse femme « gilet jaune » fauchée par une conductrice ayant perdu le contrôle de son véhicule), près de 500 blessés, dont une dizaine grièvement (et 93 policiers), plus de 280 interpellations pour « actes de violence » (en majorité des automobilistes ayant forcé les barrages filtrants)…
     
    À Paris, dans une pagaille indescriptible – et incontrôlable par les forces de l’ordre –, une foule de plusieurs dizaines de milliers de « gilets jaunes », extrêmement hétérogène et absolument inclassable, réunissant de jeunes adultes (avec leurs enfants parfois), des retraités (y compris des grand-mères excédées par la baisse de leurs pensions), des employés de bureau, des ouvriers, des artisans, des motards, des routiers, des chauffeurs de taxi, des fonctionnaires, des aides-soignants, des lycéens, de jeunes entrepreneurs même, des femmes voilées, des jeunes des cités, des rastas, des gens de toutes couleurs et religions, de toutes les couches populaires, déferlaient dans un désordre incroyable sur les Champs-Élysées en chantant La Marseillaise, « Paris, debout, soulève-toi » et, bien sûr… « Macron démission ! ».
     
    De multiples petits groupes de « gilets jaunes », improvisés, arrivant de partout, très mobiles, parvenaient à se frayer un passage et à contourner – sans violence – les lignes de policiers et de gendarmes, débordés de toutes parts. Des barricades étaient improvisées en divers endroits de la capitale, faites de barrières de sécurité, de palettes de bois, de vélos, de tout ce qui traînait sur la chaussée. Des poubelles étaient incendiées. Les boutiques de luxe des beaux quartiers préférèrent fermer leurs portes – bien qu’aucune vitrine n’ait été brisée, ni aucun vol signalé. Ici, on lisait un tag : « Aux armes ! » (paroles de l’hymne national) ; là, on voyait la banderole : « Ni Macron ni fachos, Black Blocage Total » (Total étant la multinationale pétrolière française qui, semble-t-il, ne se serait pas acquittée de ce qu’elle doit au fisc), sur une autre, une guillotine dessinée, sans commentaire ; ailleurs, on entendait : « C’est comme en mai 68 », « Colère », « C’est la guerre », ou encore « Macron au bûcher ! ». Malgré les cordons de CRS, plusieurs milliers de manifestants, pacifiques, mais résolus à se faire entendre, réussissaient à s’engager dans la rue menant au Palais de l’Elysée, avant d’être repoussés par les boucliers, matraques et gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, et de finir par se disperser dans le calme. Tout le monde restait abasourdi – « gilets jaunes » et policiers compris. On n’a jamais vu ça…
     
    Le lendemain, les protestations se poursuivaient dans toute la France, et le surlendemain, lundi 19 novembre, les accès à une vingtaine de raffineries de pétrole se trouvaient bloqués. Le 20, à Paris, des voies de chemin de fer de la gare du Nord étaient envahies et les trajets vers l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle ralentis. Dans presque toutes les régions de France, maintes actions de blocages continuaient également d’être menées : à Toulouse, autour de Lyon, à Bordeaux, en Île-de-France, dans le Vaucluse, en Normandie, en Bretagne, dans le Nord, en Corse, et jusqu’aux Départements d’Outre-Mer… Sur l’île de La Réunion (à plus de 9 300 km de Paris), où les inégalités sociales sont criantes, les manifestations virèrent à l’émeute. L’armée y fut appelée en renfort, et le couvre-feu instauré dans les communes les plus remuantes. Sur les réseaux sociaux, les « gilets jaunes » ont déjà prévenu : prochain rendez-vous, le samedi 24 novembre…
     
    Acteur hors pair, sourire en coin et plein de mépris, le Président Macron fait mine d’ignorer ce soulèvement de masse, aussi inédit qu’hétéroclite, mais motivé et déterminé à poursuivre la lutte. Le pourra-t-il longtemps quand les sondages révèlent qu’entre 75 et 85 % des Français disent soutenir les « gilets jaunes » ? Pour l’heure, le Président s’est contenté de prévenir qu’il se montrera « intraitable » face au « chaos »… réunionnais. D’ordinaire si sûr de lui, le Premier Ministre Édouard Philippe est apparu sur la défensive en affirmant que « le gouvernement ne changera pas de cap » et « ne tolérera pas l’anarchie ». Le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, surjoue quant à lui la fermeté. Appelé à la rescousse, le Ministre de l’Écologie et de l’Énergie, François de Rugy, déclare, sans rire, que la taxe sur les carburants devrait servir à financer la « transition écologique » – pour combien de centimes d’euro, si la France n’a pas de politique de l’environnement ? L’inquiétude du pouvoir est palpable.
     
    Que la droite et l’extrême-droite essaient de « récupérer » la mobilisation des « gilets jaunes », dépourvue de leaders visibles, est évident. Que les grands médias insistent insidieusement, pour discréditer le mouvement et jeter de l’huile sur le feu, sur de (rarissimes) propos xénophobes ou homophobes tenus lors de ces actions par quelques manifestants (d’ailleurs immédiatement stoppés par leurs propres amis sur place) l’est tout autant. À l’heure du capitalisme sauvage et d’une idéologie dominante qui attise les haines et dresse les uns contre les autres pour tenter de sauver les élites, le peuple qui endure et qui souffre est aussi fait de ces contradictions-là, hélas ; mais c’est justement le rôle des progressistes militants et éclairés que d’être à ses côtés dans les luttes pour montrer à celles et ceux qui s’égarent le chemin de la solidarité et de la fraternité. Faudrait-il que le visage des exploités soit toujours souriant ? Voudrait-on par-dessus le marché que les pauvres qui se battent pour leur survie et leur dignité soient photogéniques ?
     
    Beaucoup plus préoccupant est le fait que les directions des partis et des syndicats de gauche se tiennent – pour l’instant encore, et assez largement – à distance de cette rébellion populaire. Ne comprennent-elles pas que s’ouvre, avec la révolte des « gilets jaunes », la deuxième étape des luttes du peuple français contre la tyrannie néolibérale et pour la justice sociale ? Ne saisissent-elles pas qu’il s’agit de la continuation, sur un mode innovant, combatif, vivant, et une échelle extraordinairement élargie, du même processus de généralisation des mobilisations qui a lancé dans les grèves et manifestations des milliers de camarades syndiqués au printemps dernier ? Ne voient-elles pas que les « gilets jaunes », à leur façon (non sans courage, ni risque et danger) sont décidés à occuper le vide béant laissé par l’abandon par la gauche institutionnalisée, depuis des décennies maintenant, de la défense des intérêts de classes de tous les travailleurs et de l’internationalisme à l’égard des peuples du monde ? Ne savent-elle pas que c’est la lutte des classes qui fait l’histoire ?
     
    Heureusement, les choses peuvent changer. Et ce qui paraît oublié dans les hautes sphères, les bases se chargeront de leur rappeler. Mardi 20 novembre, un premier syndicat de transporteurs annonçait son soutien aux « gilets jaunes ». Le 21 au soir, les actions des électriciens et gaziers reprenaient (si tant est qu’elles aient vraiment cessé depuis juin), en s’intensifiant : plusieurs raffineries et dépôts pétroliers (à Gonfreville-L’Orcher et Oudalle à proximité du Havre, Feyzin en banlieue lyonnaise, La Mède près de Marseille, mais aussi sur d’autres sites, notamment ceux ravitaillant les aéroports de Blagnac [Toulouse] et Saint Exupéry [Lyon]…) se déclaraient en grève. Au même moment, on apprenait que le « capitaine d’industrie » Carlos Ghosn, PDG du groupe automobile français Renault et Président du Conseil d’administration de Nissan, était arrêté et entendu par la justice japonaise pour suspicion de fraude fiscale et détournement de fonds de l’entreprise à des fins personnelles. La révolte d’un peuple contre ce monde-là est-elle si compliquée à comprendre que cela ?

    #GiletJaunes #Rémy_Herrera

  • La bataille de Tourville : Victoire des Gilets Jaunes

    Cet après-midi, à force de persévérance et avec une intelligence redoutable, les gilets jaunes auront fermé l’intégralité d’une des plus grandes zones commerciales de la région.

    Si plusieurs actions ont eu lieu aujourd’hui autour de Rouen, celle des gilets jaunes de Tourville La Rivière a le mérite d’être d’une efficacité redoutable. Pour la 3e fois depuis le début de la mobilisation, le centre commercial Carrefour, sa galerie commerciale et la quasi totalité des grandes enseignes du site : IKEA, Leroy Merlin, Décathlon, Darty, Mac Donald, a été totalement fermée dans la journée.

    Jamais un mouvement n’aura pris autant au sérieux la question du blocage économique et de mémoire de manifestants, jamais ce site n’aura été contraint de fermer ses portes deux samedis de suite, dont celui du tant attendu Black Friday. Comment 200 personnes qui, pour la plupart, n’ont jamais manifesté ou bloqué quoi que ce soit de leur vie, ont malicieusement déjoué un dispositif de 70 gendarmes mobiles et d’une trentaine de flics du coin ?

    https://a-louest.info/La-bataille-de-Tourville-Victoire-des-Gilets-Jaunes-602

    La bataille de Tourville : Victoire des Gilets Jaunes

    Cet après-midi, à force de persévérance et avec une intelligence redoutable, les gilets jaunes auront fermé l’intégralité d’une des plus grandes zones commerciales de la région.

    #actions #Rouen #mobilisation #Carrefour #IKEA #Leroy_Merlin #Décathlon #Darty #Mac_Donald #mouvement #blocage #Black_Friday #Tourville #Victoire #GiletsJaunes

    • Gilets jaunes à Paris : « Ce n’est que le début de la révolte ! »
      "« Je bosse aux 3-8 dans une usine de moteurs électriques et je gagne le Smic, une misère », explique Clémentine. Pour elle, Emmanuel Macron « mène une politique pour les riches, il ne se met pas à la place de ceux qui travaillent dur ». Nicolas abonde : « Quand Macron dit qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot, c’est du mépris total. » Même sentiment de « ne plus respirer » chez Vadim, séparé de la mère de son enfant. « Toutes les six semaines, je fais 1400 kilomètres aller-retour pour aller chercher mon gamin. Avec le prix de l’essence, il ne me reste plus rien à la fin du mois, même si j’ai beau faire des heures sup’ ! » Les dernières vacances du trio ? Une semaine à Berck-sur-Mer, à une centaine de kilomètres de chez eux.

      Installées sur un banc pour souffler quelques instants au milieu d’une atmosphère saturée par les gaz lacrymogènes, Céline, Isabelle et Mélanie dressent le même constat : celui d’une vie passée à travailler pour des « clopinettes ». Ces habitantes des Yvelines et de l’Oise sont respectivement préparatrice de commandes, aide-soignante et équipière-caisse dans un magasin. « On gagne le Smic et après le loyer, les assurances et les taxes, il ne reste plus grand-chose pour manger », soupire Céline, la plus âgée. « A chaque élection, on se dit pourtant que ça peut difficilement être pire… Mais là Macron a battu les records ! » Elle ne supporte plus ce président de la République qu’elle souhaiterait voir « démissionner » : « Il n’y a plus rien à en tirer. Il est imbu de sa personne, il ne sait pas ce qu’est une fin de mois difficile, et pourtant il ose nous rabaisser en nous traitant de fainéants. »"

      Gilets jaunes à Paris : « Ce n’est que le début de la révolte ! »
      Par Sylvain Mouillard et Gurvan Kristanadjaja — 24 novembre 2018 à 16:33

      Ce samedi de mobilisation dans tout le pays a été marqué par divers débordements sur les Champs-Elysées. Entre selfies et cris de colère, des gilets jaunes livrent leurs témoignages et pistes pour l’avenir du mouvement.

      Gilets jaunes à Paris : « Ce n’est que le début de la révolte ! »

      La scène se voulait symbolique pour ce deuxième acte de la mobilisation : les Champs-Elysées, la plus belle avenue du monde selon la formule consacrée, prise par les gilets jaunes. Peu après 10 heures, 5000 personnes - équipées pour beaucoup de masques de ski, lunettes de plongée et autres protections -, ont tenté de pénétrer sur l’avenue malgré l’interdiction de la préfecture, provoquant des affrontements avec les forces de l’ordre. « Ils disent qu’on est 5000, mais on est bien plus ! C’est nous le peuple, pas les boutiques de luxe, c’est notre argent et notre avenue ! », clame un manifestant énervé près d’un barrage de fortune.

      Dès lors, jusqu’au milieu de l’après-midi, plusieurs feux ont été allumés aux abords de l’Arc de Triomphe, notamment de scooters électriques et vélos en libre-service, et des barricades ont été dressées. La police a répliqué à plusieurs reprises avec des jets de grenades lacrymogènes et en déclenchant son canon à eau pour disperser la foule, sans succès.

      La mobilisation a rapidement tourné au concours de faits d’armes. Un des manifestants sort en courant d’un affrontement avec les CRS. Il interpelle son copain en mimant un coup de poing : « J’ai pris un flic par le dos mais il faut se barrer vite sinon tu prends de la gardav (garde à vue, ndlr) ». Un autre, aux abords d’un feu de scooter électrique avenue Friedland, s’adresse à sa compagne, drapeau français à la main : « Tu peux me prendre en photo ? ». Puis pose fièrement, l’étendard flottant entre ses bras tendus.

      Au même moment, face à l’arrivée imminente d’un nouveau nuage de gaz lacrymogène, un autre manifestant lance, amusé : « Y’a un Décathlon qui vend des masques de piscine pas loin. » Il y a aussi ces autres manifestants, inspirés par la vidéo virale de Jacline Mouraud, en partie à l’origine de la mobilisation des gilets jaunes. Ils se filment, eux aussi, en selfie et commentent en direct sur les réseaux ce qu’ils voient. « Là, vous voyez, un gros feu et une barricade. On lâche rien, on est là ! », dit l’un d’eux. Il croise une autre manifestante aussi occupée à se filmer en direct en selfie, chapeau, sac et chaussures jaunes. Ils comparent leurs audiences : « T’en es à combien de spectateurs, toi ? 122, 123 ? », interroge-t-il. Et le procédé semble fonctionner : à chaque accalmie, les manifestants se partagent sur leurs téléphones des vidéos d’autres barrages dans d’autres villes, les galvanisant un peu plus encore.

      Au soleil, sous la pluie

      Devant l’une des barricades près de l’Arc de Triomphe, faite de barrières métalliques de travaux, un autre « gilet jaune » fait résonner la chanson Les Champs Elysées de Joe Dassin dans son sac, en partie couverte par les bourdonnements incessants de l’hélicoptère de la préfecture de police. Avec sa compagne, ils sont venus de Normandie jusqu’à Paris, principalement pour protester contre la baisse de leur pouvoir d’achat. « Les taxes on en paye plein, mais on voit pas le prix de ce qu’on donne », dit l’un d’eux. « C’est la province qui monte à Paris », s’exclame une autre manifestante. Au pied de l’Arc de Triomphe, on croise Clémentine, Vadim et Nicolas, la trentaine, venus de Béthune, dans le Pas-de-Calais. Ils ont pris un bus, affrété par l’association « Robin des bus ». 15 euros l’aller-retour, une somme abordable pour ces trois ouvriers décidés à crier leur « ras-le-bol ».

      « Je bosse aux 3-8 dans une usine de moteurs électriques et je gagne le Smic, une misère », explique Clémentine. Pour elle, Emmanuel Macron « mène une politique pour les riches, il ne se met pas à la place de ceux qui travaillent dur ». Nicolas abonde : « Quand Macron dit qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot, c’est du mépris total. » Même sentiment de « ne plus respirer » chez Vadim, séparé de la mère de son enfant. « Toutes les six semaines, je fais 1400 kilomètres aller-retour pour aller chercher mon gamin. Avec le prix de l’essence, il ne me reste plus rien à la fin du mois, même si j’ai beau faire des heures sup’ ! » Les dernières vacances du trio ? Une semaine à Berck-sur-Mer, à une centaine de kilomètres de chez eux.

      « Macron, il n’y a plus rien à en tirer »

      Installées sur un banc pour souffler quelques instants au milieu d’une atmosphère saturée par les gaz lacrymogènes, Céline, Isabelle et Mélanie dressent le même constat : celui d’une vie passée à travailler pour des « clopinettes ». Ces habitantes des Yvelines et de l’Oise sont respectivement préparatrice de commandes, aide-soignante et équipière-caisse dans un magasin. « On gagne le Smic et après le loyer, les assurances et les taxes, il ne reste plus grand-chose pour manger », soupire Céline, la plus âgée. « A chaque élection, on se dit pourtant que ça peut difficilement être pire… Mais là Macron a battu les records ! » Elle ne supporte plus ce président de la République qu’elle souhaiterait voir « démissionner » : « Il n’y a plus rien à en tirer. Il est imbu de sa personne, il ne sait pas ce qu’est une fin de mois difficile, et pourtant il ose nous rabaisser en nous traitant de fainéants. » Pour sa fille Mélanie, l’attitude des CRS sur la place de la Concorde « reflète l’état d’esprit de Macron » : « Ils nous gazent et nous traitent comme des chiens. »

      De son côté, Frédéric, 48 ans, n’en veut pas aux forces de l’ordre : « Quand on discute avec eux, on comprend qu’ils nous soutiennent mais bon, ils travaillent pour l’Etat. » L’homme, qui vit à Crépy-en-Valois (Oise), a rejoint la capitale en train : « C’était une obligation de venir car c’est le seul moyen pour nous faire entendre. » Son message ? Un « ras-le-bol des taxes et des conditions de vie et de travail. » Lui bosse à l’aéroport de Roissy, souvent en horaires décalés. « Je me lève parfois à 4 heures du matin, ou alors je rentre à minuit. Les transports en commun, à ces heures-là, il ne faut pas y penser. »

      Pourtant, Frédéric a conscience que « la planète est en danger » et qu’il faudrait faire plus pour l’environnement. « On veut bien payer des impôts, mais il faut qu’ils servent à quelque chose. Ce que fait le gouvernement, c’est bénin et ça touche les plus fragiles. » Il ne se remet pas de la suppression de l’impôt sur la fortune : « Irresponsable », tranche-t-il. « Jusqu’alors, les Français étaient très dociles. Ils se rendent compte des abus. Ils réalisent qu’ils peuvent exprimer leur mécontentement sur les réseaux sociaux, alors que les médias traditionnels, eux, font bloc avec le gouvernement en minimisant la mobilisation alors qu’il y a un réel malaise. »

      Barricades improvisées

      La suite ? Le groupe de Béthune souhaiterait que les « gilets jaunes » passent à la vitesse supérieure. « Bloquer les ronds-points, ça ne sert pas à grand chose, à part à faire chier les Français », tranchent-ils. Leur idée ? « Bloquer les points économiques, les raffineries, sans que les policiers ne soient au courant, même si c’est dur de continuer à mobiliser avec la fatigue et les heures de boulot. » D’autant, selon Nicolas, que la précarité économique risque de s’accentuer prochainement « avec les augmentations en janvier des prix du diesel, du gaz, des timbres ». Il en est persuadé, « ce n’est que le début de la révolte ».

      A 16 heures, malgré l’interpellation de 19 personnes, la mobilisation des gilets jaunes dans la capitale ne semblait pas s’éteindre. Tout autour des Champs Elysées, des barricades improvisées se montent, entassement de barrières métalliques très vite enflammées. En difficulté face à ces groupuscules très nombreux et mobiles, les forces de l’ordre peinent à reprendre le contrôle de la situation.

      Sylvain Mouillard , Gurvan Kristanadjaja

      https://www.liberation.fr/france/2018/11/24/gilets-jaunes-a-paris-ce-n-est-que-le-debut-de-la-revolte_1694052

  • Ambulanciers en grève : 408 kilomètres de bouchons ce lundi matin en Ile-de-France suite à des opérations escargot
    https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/ile-de-france-grosses-perturbations-sur-l-a4-et-le-peripherique-suite-a-u

    Frankreich erlebt eine landesweite Protestwelle nach Angriff der Macron-Regierung auf das Sytem des Krankentransports. Bisher wurden Patienten die Kosten des Krankentransports von der nationalen Krankenversicherung erstattet, wobei nach einer Verschreibung feste Preise gezahlt wurden. Mit der kürzlich in Kraft getretenen Gesetzesänderung wird der Krankentransport Teil der Gesundheitsleistung, die durch Kliniken erbracht und deren Preis von ihnen mit den Fahrdiensten individuell verhandelt werden.

    Bisher beauftragte der Kranke regelmäßig seinen Lieblingschauffeur und rechnete die Kosten mit der staatlichen Versicherung ab. Jetzt veranstalten die Kliniken Ausschreibungen und lassen die Krankentransporte vom billigsten Anbieter durchführen. Die internationalen Vermittler von Mobilitätsdientleistungen stehen in den Startlöchern für das Rennen um den neu geschaffenen Markt.

    Diese Entwicklung wird zahlreiche kleine Unternehmen in den Ruin und ihre Angestellten in die Arbeitslosigkeit zwingen. Die bereits jetzt niedrigen Löhne werden voraussichtlich brutal mit allen bekannten Tricks unterhab des Mindestlohnniveaus gedrückt. Dies ist der Plan von Präsident Macron und seiner Gesundheitsministerin Agnès Buzyn, die ungeachtet landesweiter Proteste an der sozialschädlichen Umstrukturierung festhalten.

    Lundi 5 novembre 2018 - Les ambulanciers manifestent ce lundi contre la réforme du financement des transports sanitaires et ils ont organisé des opérations escargot ce matin en Ile-de-France. Il y avait 408 kilomètres de bouchons vers 09h00. Les cortèges sont attendus vers 16h00 devant le ministère de la Santé.

    Ambulanciers en grève. Le périphérique parisien bloqué, 14 interpellations
    https://www.ouest-france.fr/ile-de-france/paris-75000/ambulanciers-en-greve-le-peripherique-parisien-bloque-14-interpellation

    Publié le 06/11/2018 - Le périphérique parisien a été de nouveau bloqué ce mardi, au deuxième jour d’une mobilisation d’ambulanciers contre une réforme du financement des transports sanitaires menaçant selon eux les petites et moyennes entreprises.

    Ils sont en colère, certains désespérés - « Nous ne partirons pas ! ». Bloquant encore ce mardi matin le périphérique parisien, les ambulanciers ont entamé ce mardi 6 novembre leur deuxième jour d’action. Ils sont mobilisés contre la réforme du financement des transports sanitaires qui, selon eux, menacent les petites et moyennes entreprises.

    Certains ambulanciers sont restés la nuit et une bonne partie de la matinée sur le périphérique, notamment vers la porte de Bercy, avant l’intervention des CRS.

    Une ambulance mise à la fourrière

    Au total, 14 d’entre eux ont été interpellés pour participation délictueuse à un attroupement, entrave à la circulation et obstacle à l’enlèvement, selon la préfecture de police. Une ambulance a également été enlevée et mise à la fourrière. Le blocage a été levé à 10 h 35.

    Dans la ligne de mire des manifestants, l’article 80 du projet de budget de la sécurité sociale 2017, entré en vigueur le 1er octobre 2018.

    Depuis cette date, la prise en charge des transports des patients revient directement aux hôpitaux et cliniques plutôt qu’à l’Assurance maladie, tout comme le choix des ambulances privées, auparavant réservées aux patients.

    « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a affirmé Olivier Meraud, directeur des ambulances Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne. Il cite, pêle-mêle « la hausse des prix du gasoil, la tarification des transports qui n’a pas été revalorisée depuis 2013, les normes ».

    Un mouvement parti du terrain
    Le mouvement, auquel ne participaient pas les principales fédérations du secteur, est parti de coordinations de terrain, mené par l’Association pour la défense du transport sanitaire (ADTS), créé il y a un mois. « Les syndicats ne nous représentent pas », selon Olivier Meraud, qui a participé au mouvement lundi, « car légal et déposé en préfecture », mais n’est pas resté jusqu’à mardi matin.

    Sinan Cakir, gérant des ambulances du Châtelet (Seine-et-Marne), a continué la mobilisation et compte poursuivre « jusqu’à ce que l’on soit reçu par la ministre ». « L’article 80, c’est la mort des petites structures, qui ne peuvent concurrencer les grosses sur les appels d’offres des hôpitaux », justifie-t-il.

    De source aéroportuaire, une quinzaine d’ambulanciers bloquaient en milieu de journée les routes menant aux terminaux de Roissy, rendant la circulation « difficile » près du Terminal 1.

    La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a rejeté les inquiétudes exprimées par les ambulanciers lundi soir, disant avoir été « très attentive à ne pas favoriser l’uberisation » du secteur. « Les dépenses de transport ont considérablement augmenté d’année en année », a par ailleurs rappelé la ministre, qui veut inciter les hôpitaux à « rationaliser les transports ».

    Des ambulanciers en colère ont paralysé les routes de l’Aveyron - 09/11/2018 - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/article/2018/11/09/2903382-operation-escargot-cours-ambulanciers-a75-aveyron.html

    Publié le 09/11/2018 - La «  loi 80  » a du mal à passer chez les ambulanciers aveyronnais et lozériens, qui ont tour à tour perturbé la circulation, organisé un barrage filtrant et investi la ville de Rodez pour exprimer leur colère. Plus de 150 véhicules étaient présents lors du mouvement.

    Les transporteurs sanitaires se mobilisent contre l’article 80 du financement de la Sécurité sociale de 2017. Ce texte, entré en vigueur au 1er octobre, modifie le financement des ambulanciers : c’est désormais aux hôpitaux et aux cliniques de payer les transporteurs, et non plus à la Caisse primaire d’assurance maladie elle-même. Un changement qui inquiète les ambulanciers à plus d’un titre.

    Prix cassés, uberisation, non-respect du choix du patient

    Désormais, l’Etat sera chargé de donner une enveloppe aux établissements de santé qui servira à payer les ambulanciers. "Notre crainte c’est que les hôpitaux et les cliniques tirent les prix vers le bas, car ils sont déjà étranglés par leur budget", explique Jean-Marc Ginesty, gérant d’une entreprise d’une vingtaine de salariés. Qui dit établissement public, dit également appel d’offres. Pour être concurrentiel par rapport aux autres entreprises, il faut être en mesure de proposer des remises. Impossible pour les petites structures de s’aligner. "Au final, ça peut avoir un impact sur l’emploi", redoute Jean-Marc Ginesty. 

    Il craint même une "uberisation" des ambulances : "certaines sociétés attendent que les transports se libéralisent pour pouvoir proposer leurs services et casser les prix". "Cela risque de faire travailler des personnes non formées au métier d’ambulancier", estime Hervé Guilhot, gérant de la société Ambulances Arnal à Millau.

    Autre motif de contestation : "le non-respect du choix du patient pour les transports" pour les trajets entre hôpitaux et les consultations externes, affirme Hervé Guilhot. Avant, quand le patient choisissait, on créait des liens avec lui. Désormais, il n’aura plus le choix de son transporteur, c’est l’hôpital qui choisira pour lui", regrette Hervé Guilhot. "Dans ce travail, le contact humain est très important, le client nous donne sa confiance", confirme Jean-Marc Ginesty.

    Circulation perturbée

    Après avoir exprimé leur mécontentement en gênant la circulation aux abords de Rodez et Millau tôt ce matin, ces derniers, rejoints par leurs homologues lozériens, ont choisi d’employer la manière forte, en réalisant dans la foulée une nouvelle opération escargot sur la RN88 et suivi d’un barrage sur l’A75 obligeant les automobilistes à faire un détour par l’aire de l’Aveyron.

    Le barrage en question a été levé vers 16 heures et une opération escargot entre Sévérac et la Lozère a pris le relais. Une nouvelle action s’est ensuite mise en place à Rodez où une dizaine de manifestants a été reçue en préfecture.

    https://www.flickr.com/photos/galinette/2839628794/sizes/o

    Flickr

    https://www.flickr.com/photos/galinette/2839628570/in/photostream
    Flickr

    https://www.flickr.com/photos/galinette/2838795627/in/photostream
    Flickr

    https://www.flickr.com/photos/galinette/2839628650/in/photostream
    Flickr

    https://www.flickr.com/photos/galinette/2838795463/sizes/o
    Flickr

    #disruption #Frankreich #Gesundheit #Personentransport #Krankenversicherung

  • « Prisonniers du passage » : une ethnographie de la #détention_frontalière en #France

    A partir des années 1980, les conditions d’entrée dans les pays européens deviennent plus restrictives. Amorçant ce qui est désormais devenu la norme en Europe quels que soient les gouvernements, les politiques publiques migratoires se caractérisent par l’arrêt de l’immigration de travail, le durcissement des critères d’attribution de l’asile politique, l’expulsion des étrangers irréguliers ou ayant reçu une condamnation pénale et les modifications du code de la nationalité. Par ailleurs, dans le processus de construction européenne, la gestion des circulations s’organise à travers un régime double et différentiel, de libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace européen, et de construction renforcée des frontières extérieures. Ce cadre européen met en place un espace stratifié et complexe qui saisit les acteurs de la circulation dans un quadrillage de pratiques et de normes. Cet espace est fait de superpositions, de différences nationales, selon la culture et l’histoire de chaque pays européen, et d’homogénéisations – notamment à travers les accords de Schengen en 1985 et 1990 et le règlement de Dublin1 dont la troisième mouture est en vigueur, la quatrième en préparation.
    2

    Dans ce contexte, le contrôle des voyageurs et des migrants passe couramment par leur enfermement dans des espaces plus ou moins pénitentiaires. En France, la zone d’attente est une zone extraterritoriale de détention où les étrangers refusés à la frontière sont maintenus en attente de leur admission ou de leur « refoulement » pour une période allant jusqu’à vingt jours. Les zones d’attente sont situées dans ou à proximité des zones internationales aéroportuaires, portuaires, routières ou ferroviaires. En tant qu’assistante juridique pour l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), j’ai eu accès à l’intérieur de la zone d’attente, où j’ai mené une observation de 2004 à 20082 . Cette ethnographie d’une forme particulière de contrôle s’offre comme point de départ pour réfléchir sur le régime mis en place en Europe depuis quelques décennies en partant des différents espaces par lesquels ce régime procède.
    « Une frontière, c’est quoi ? Juste une ligne, rien de plus »
    3

    Comment se retrouve-t-on détenu « à la » frontière ? Que s’y passe-t-il ? Comment en sort-on ? Et qu’y a-t-il de l’autre côté ? La mise au ban dont témoignent les centres fermés aux frontières est une réalité difficile à saisir : les barrières instituées de l’illégalité, les enjeux de clandestinité, d’anonymat, d’identification font qu’en pratique, ce parcours ne se raconte pas et se dérobe face à l’observation empirique. En s’appuyant sur les expériences vécues d’enfermement et de circulation qui se tissent autour du maintien en zone d’attente, il s’agit d’approcher cette réalité en sondant les lieux par où les individus transitent et les techniques qui mettent en branle leur circulation faite de passages, d’immobilisations et de retours. Cette « errance individuelle »3 , dans la rugosité de ses parcours improbables, nous renseigne en retour sur l’évolution de l’espace public, du rapport au temps et au (non-)lieu qui fondent une modalité inédite de l’inclusion dans l’organisation politique étatique. Imaginons donc un parcours fait de multitude de parcours : un collage d’expériences qui fait surgir les nœuds du voyage et trace les possibles, suit les bifurcations, pointe les tensions. Entrons dans le dispositif.

    Kadiatou Fassi est née à Conakry en Guinée il y a seize ans. Son père était venu d’un village pour étudier dans la capitale, qu’il n’a plus quittée. Sa mère a rejoint son mari en ville après le mariage, mais « elle n’a pas duré » : elle est morte un peu après la naissance de sa fille. Le père de Kadiatou tenait un commerce, et la situation n’était pas mauvaise. Lors des grèves de 20074 , alors qu’on avait déclaré l’état de siège et le couvre-feu – Kadiatou préparait le dîner dans la cour – Monsieur Fassi est blessé par balle lors d’une émeute dans la rue commerçante où se trouve sa boutique. Il meurt.
    5

    Après l’enterrement de son père, Kadiatou rencontre un de ses anciens clients, qui lui propose de l’aider à partir du pays. Kadiatou sait qu’une cousine maternelle est en France, et elle rêve de s’appuyer sur cette cousine pour venir en France elle aussi. Elle explique son projet, pour lequel elle dispose de l’héritage laissé par son père. L’homme répond que cela tombe bien : il doit aussi se rendre en France. Il lui demande où est sa cousine. Elle ne le sait pas, mais elle a son numéro de téléphone. Kadiatou possède cinq millions de francs (CFA). Le client lui demande trois millions et fait fabriquer un passeport pour Kadiatou : il va devoir changer sa date de naissance pour qu’elle apparaisse comme majeure. Kadiatou accepte. Le client vient ensuite chercher le reste de l’argent : 2 millions. Kadiatou Fassi prend l’avion avec le client de son père, qui s’est occupé de ses papiers d’identité, de son billet d’avion, pour lequel il faut présenter un passeport et un visa, et de leur passage aux comptoirs de vérification à l’aéroport de Conakry.
    6

    Ils débarquent dans un pays dont elle n’a jamais entendu parler : l’Ukraine. Elle ne connaît personne et ne comprend pas la langue ; elle demande au client de l’emmener chez sa cousine. Il lui demande d’attendre. Il la loge à Kiev, à l’arrière d’un restaurant. Il vient la voir parfois. Deux semaines passent : Kadiatou redemande au client de l’emmener chez sa cousine, comme c’était prévu. Les visites du client s’espacent. Puis il revient, accompagné d’autres hommes. Il déclare à Kadiatou qu’elle doit payer le reste de son voyage. Un jour, il lui rend son passeport, le billet de retour et lui annonce qu’elle rentrera seule le mardi suivant. Elle lui répond qu’elle ne sait pas prendre l’avion. L’homme la fait monter dans un taxi et l’accompagne à l’aéroport : il écrit le nom de la compagnie aérienne, avec lequel Kadiatou Fassi embarque sans encombre pour le voyage du retour : Kiev-Conakri avec une escale à Paris5 .

    Jana Fadhil, son mari Iman et son fils de quatre ans sont arrivés de Damas où ils s’étaient installés après leur départ de Bagdad. Celui qui a organisé leur voyage leur demande de l’attendre à la descente de l’avion, le temps d’emmener leurs passeports et leurs formulaires de douane auprès de ses « connaissances » parmi les policiers, pour les faire tamponner. Leur voyage a coûté 13 000 euros, payables en deux fois. Ils ont avec eux 5 000 euros, la deuxième partie de la somme, qu’ils remettent comme convenu à leur accompagnateur dès leur arrivée à Roissy, et quelques centaines d’euros pour leur séjour. Au bout de quelques heures, voyant que l’homme ne revient pas, Iman part le chercher de-ci, de-là dans le terminal : perdus dans l’aéroport, ils tournent en rond et marchent. Ils restent à attendre dans le hall du terminal avant les douanes jusqu’au soir. Jana Fadhil est enceinte de sept mois. Elle et son fils s’allongent sur le sol ; son mari dort sur une chaise. Ils se nourrissent au comptoir snack du terminal : une bouteille d’eau coûte 4,5 euros, un gâteau, 1,5 euro. Le jour suivant, ils ont déjà dépensé 260 euros en nourriture et téléphone et commencent à être à court d’argent. Dans l’après-midi suivant, Jana fait un malaise et prend peur de perdre son bébé : ils se dirigent vers les postes de douane. Ils restent deux heures devant un poste en essayant de capter l’attention des officiers qui vont et viennent. Finalement, l’un d’eux se tourne vers eux ; Iman lui dit en anglais :

    - Un homme nous a laissés ici.

    - Venez avec nous.

    8

    En escale à Paris, Kadiatou Fassi ne prend pas la correspondance pour Conakry. La police l’intercepte dans le terminal : elle est emmenée au poste pour un interrogatoire. Les policiers la questionnent sur son accompagnateur, lui demandent où il se trouve à présent. Dans l’après-midi, ils la conduisent au prochain vol vers Conakry. Kadiatou refuse de monter dans l’avion : elle dit à la police qu’elle ne sait plus comment vivre chez elle : comme elle a donné son argent pour venir, elle a été délogée de sa maison. Les policiers lui demandent à nouveau de monter dans l’avion, en la menaçant de lui mettre des menottes s’il elle ne le fait pas. Elle a peur et se met à pleurer. Ils la reconduisent dans le poste de police. Kadiatou attend dans une cellule fermée à clé, une vitre donne sur le couloir du poste. Il y a un banc en ciment et un téléphone au mur qui ne marche pas. Sans trop savoir de quoi il s’agit, Kadiatou Fassi se souvient qu’en Guinée, certains disaient qu’« il y a l’asile qu’on demande pour ne pas qu’on te retourne ». Un policier ouvre la porte quelques heures plus tard : elle lui demande de « l’aider à demander l’asile ». Au comptoir du poste, un policier imprime une série de documents, lui demande d’en signer certains et lui tend la pile de ses « papiers de police ». Trois agents la conduisent, en compagnie de plusieurs autres hommes, femmes et enfants, dans le centre de Zapi 3. Une employée de la Croix-Rouge les accueille à l’étage : elle leur donne à chacun des draps et une serviette, et leur montre leur chambre. Kadiatou Fassi a une chambre seule, dans la partie réservée aux « #mineurs_isolés ».

    Djibril Ba attend dans le couloir, assis sur le rebord d’une cabine de douche. En fin de matinée, une voix lui demande en anglais de descendre avec ses papiers de police. Il se rend au bureau de la Croix-Rouge qui se trouve à quelques mètres en disant qu’il vient d’être appelé. Une médiatrice lui dit qu’il doit descendre et sonner à l’interphone dans le hall, la police lui ouvrira. En bas, un policier lui ouvre : « police papers », puis l’accompagne le long d’un couloir au plafond immense jusqu’à une double porte électrifiée qu’il ouvre à l’aide de cartes magnétiques. Il se trouve dans un hall d’attente, dans lequel la lumière du jour entre par une porte vitrée qui donne sur une deuxième salle d’attente, à l’entrée du centre. Deux policiers sont assis à une petite table et discutent entre eux. Le hall donne sur plusieurs pièces : certaines sont réservées aux visites entre les maintenus et leur famille ou leur avocat ; d’autre aux entretiens de demande d’asile avec un agent de la division asile à la frontière. Djibril Ba attend sur les chaises alignées du hall, il est seul avec les deux policiers assis devant le petit bureau. Une porte s’ouvre au fond du couloir, un des policiers appelle Djibril et le fait entrer dans le bureau de l’agent de l’Ofpra. L’homme d’une trentaine d’années est assis derrière un ordinateur, dans un bureau très clair garni d’une grande fenêtre à poignées qui donne sur des haies d’arbustes. L’agent de l’Ofpra laisse d’abord Djibril parler, puis il lui pose quelques questions factuelles. Il fait des photocopies de sa carte de militant et de photos que Djibril Ba a emmenés avec lui. L’entretien dure une heure, puis Djibril est reconduit à travers les sas et les couloirs vers le centre d’hébergement à l’étage. Dans l’après-midi, Djibril Ba entend à nouveau son nom au haut-parleur : on lui demande de descendre avec ses papiers de police. Un policier le reconduit vers les bureaux de l’Ofpra, où l’attend le même agent :

    - Avez-vous un dernier mot à ajouter ?

    - Non, tout ce que je voulais dire, je l’ai dit. Je veux avoir l‘asile, car j’ai des problèmes dans mon pays.

    - Ok. Je photocopie tous vos documents et je les mets dans votre dossier pour le ministère de l’Intérieur. Mon avis est consultatif, mais ce sont eux qui prennent les décisions.6

    Djibril Ba remonte dans sa chambre. Dix minutes plus tard, il est appelé à descendre et il est reçu encore une fois dans le bureau par l’agent qui est accompagné cette fois d’un autre officier. On lui pose de nouvelles questions : Pourquoi a-t-il fui le Mali mais est-il arrivé par la Côte d’Ivoire ? Pourquoi est-il entré dans la rébellion ? À la fin de l’entretien, on lui redemande pourquoi il demande l’asile. Il l’explique à nouveau. Les deux hommes s’interrogent du regard et le second opine : « Ce sera tout merci ». L’entretien dure quelques minutes.

    Le lendemain de son entretien, James est appelé en bas avec ses papiers de police et ses bagages. Il a peur. Il ne veut pas descendre. Il me demande plusieurs fois pourquoi il doit descendre avec son sac. James est petit et coquet, un béret beige sur la tête, des bottines en crocodiles, une valise rigide grise métallisée. Il sent la crème hydratante. Il était syndicaliste à Lagos, au Nigeria. Il a demandé l’asile et attend une réponse. Il a retranscrit son récit d’asile sur quatre feuilles qui traînent sur sa table de nuit. Très peu de Nigérians obtiennent l’asile politique : le Nigeria fait partie des « principales nationalités des déboutés » de l’asile en France entre 2003 et 20077 . Il fait calmement, minutieusement son sac. Il me demande de l’attendre : il va aller aux toilettes. Après cinq bonnes minutes, il finit de boucler sa valise, plie les feuilles et les met dans sa poche. On descend ensemble. Je veux vérifier que sa notification de refus de demande d’asile ne lui sera pas remise au moment où ils vont l’emmener pour un embarquement forcé. Si c’est le cas, il faudra se plaindre à la police, car la notification doit avoir lieu avant l’embarquement. Mais ça ne changera rien pour James. Le problème est que je ne connais pas le nom de famille de James : ça sera difficile de déposer une plainte sans pouvoir donner le nom de famille du maintenu. Je n’ai pas le temps de demander le nom de James ; on est arrivé dans le hall du rez-de-chaussée, James a sonné, un policier a ouvert et lui a demandé ses papiers de police :

    - Oui c’est bon, veuillez me suivre.

    - Excu…

    J’essaie de placer un mot, mais la porte s’est déjà refermée sur moi. Je le laisse partir, je ne peux rien dire. Légalement, il n’y a rien d’anormal à ce qui vient de se passer. Louis, un demandeur d’asile nigérian que j’ai rencontré tout à l’heure nous a suivi dans le hall :

    - Qu’est-ce qui est arrivé à mon collègue ?

    - Je ne sais pas.

    Il me le demande plusieurs fois. Un policier en tenue d’escorte8 passe devant nous. Je lui demande s’il sait « où est parti le Nigérian ». « Quel Nigérian ? Quel est son nom ? Vous avez son numéro de MZA9 ? » Il ne peut pas m’aider s’il ne connait pas son nom ; mais il sait qu’un Nigérian a eu l’asile politique aujourd’hui. C’est rare. Je me demande si c’est James. Plus tard, depuis la fenêtre du bureau, je vois James mettre sa valise grise dans une voiture de la Croix-Rouge. Elle va le conduire au kiosque d’orientation de l’aéroport de Roissy pour ceux qui ont été admis à demander l’asile en France.
    11

    Au Terminal 1 de l’aéroport, au niveau des arrivées, derrière la porte à deux battants nº 24, accessible par les escaliers réservés au personnel technique, se trouve le bureau de la Croix-Rouge où Halima Seyum a été conduite après avoir été admise à sortir de zone d’attente au titre de l’asile. Une employée de la Croix-Rouge lui a remis une feuille listant les numéros de téléphone utiles pour son parcours d’asile : France terre d’asile, pour la domiciliation, la préfecture de la Seine Saint-Denis, pour le dépôt de sa demande, la Cimade, ouverte tous les mardis matins à partir de 8 h (prévoir d’être sur place une heure avant), si elle a besoin de conseil juridique. L’employée explique à Halima que la police lui a remis un « récépissé » de demande d’asile. Elle doit absolument se présenter à la préfecture d’ici huit jours pour enregistrer sa demande (l’examen en zone d’attente est une présélection qui l’a uniquement admise à présenter sa demande d’asile : la procédure reste entièrement à faire). Elle doit d’abord disposer d’une adresse. À ce sujet, elle devra se présenter à l’association France terre d’asile, qui la domiciliera : elle passera tous les deux jours vérifier le courrier administratif qui lui sera dès lors envoyé à cette adresse. Mais il reste à trouver un hébergement. Je reçois l’appel d’une assistante sociale de la Croix-Rouge à Roissy, de la part d’Halima Seyum. En effet, oui, je la connais : je l’ai aidée à préparer son entretien de demande d’asile (je l’ai « briefée ») et je lui ai laissé mes coordonnées. Halima ne sait pas où dormir ce soir : ils n’ont pas de place pour elle, est-ce que je pourrais l’accueillir ? Je dis que c’est impossible (je loge moi-même chez un ami).

    C’est bien ce que je pensais… On va essayer de lui trouver une place à l’Aftam 93, les foyers pour demandeurs d’asile ; mais tout est plein en ce moment. Au pire, on lui trouvera une chambre d’hôtel pour ce soir.

    12

    À 6 h du matin, un groupe de maintenus est conduit de la zone d’attente vers le Tribunal de grande instance. En début d’après-midi, les maintenus sont accompagnés par une dizaine de policiers dans la salle des audiences du 35 quater, où un juge des libertés et de la détention examine la légalité de leur procédure de détention, et se prononce sur le prolongement de leur maintien en zone d’attente. Jana Fadhil a été hospitalisée le lendemain de son transfert en zone d’attente ; l’avocat commis d’office présente au juge le certificat médical établi à l’hôpital en insistant sur les problèmes de santé de Jana, enceinte, et d’Iman, diabétique. Le juge décide de ne pas prolonger le maintien de la famille. À la sortie de l’audience, Jana, Iman et leur fils se font indiquer la direction du métro vers Paris.

    La cousine de Kadiatou Fassi est venue à l’audience du 35 quater avec les documents que l’avocat lui a demandé d’apporter : un certificat de naissance pour attester de ses liens de famille avec Kadiatou ; un avis d’imposition qui prouve qu’elle a des ressources suffisantes pour s’en porter garante. Mais Kadiatou n’est pas présentée au juge ce jour-là. Sa cousine appelle la zone d’attente, où un officier lui explique que Kadiatou Fassi a « bien été réacheminée » vers Conakry la veille.

    Djibril Ba a contacté un avocat avec l’aide d’un cousin en France dont il avait les coordonnées. Celui-ci lui a demandé 900 euros d’honoraires et a exigé l’intégralité de la somme d’avance. Durant l’audience, il soulève quelques points de procédure ; le juge décide cependant de maintenir Djibril Ba (comme toutes les autres personnes qui lui sont présentées ce jour-là) en zone d’attente, « attendu que l’intéressé a formé une demande d’asile [qui] est en cours d’examen ».
    14

    Quatre jours après avoir eu un entretien d’asile, Abdi Hossein est appelé par la police. L’officier qui lui ouvre le fait entrer et l’accompagne jusqu’à un bureau. Un agent imprime deux feuilles, et lui demande de signer en bas de la seconde. Puis on le raccompagne dans le hall.

    Considérant que X… se disant M. Abdi Hossein déclare qu’il serait de nationalité somalienne, qu’il serait né et résiderait à Afgoy, qu’il serait cultivateur, qu’il serait membre du clan minoritaire Sheikhal et du sous-clan Djazira, que le clan Habar Guidir serait majoritaire à Afgoy, que par crainte pour sa sécurité il ne serait pas beaucoup sorti de son domicile, qu’en décembre 2006, son père aurait été assassiné par balle en sa présence, devant la porte de sa boutique, par un groupe armé appartenant au clan Habar Guidir qui voulait extorquer son argent ; que ces miliciens connaîtraient ce quartier, viendraient enlever des personnes et les déposséder de leur bien, que suite à cet événement et en raison de la guerre civile, il aurait décidé de quitter son pays ; qu’un ami de son père lui aurait conseillé de se rendre en France afin d’y solliciter l’asile et aurait organisé son voyage via le Kenya ;

    Considérant toutefois que le récit de l’intéressé qui prétend être de nationalité somalienne et fuir son pays afin de sauvegarder sa sécurité n’emporte pas la conviction, que ses déclarations revêtent un caractère convenu, imprécis et dénué de spontanéité, notamment en ce qui concerne les circonstances dans lesquelles son père aurait été assassiné, en sa présence, en décembre 2006, par des personnes armées appartenant au clan de Habar Guidir, que de plus il reste très évasif à propos de la politique récente à Afgoy où il affirme pourtant avoir toujours résidé et de cette zone géographique – il ignore jusqu’aux noms des principaux quartiers de sa ville, que de surcroît il n’est guère plus explicite s’agissant des conditions dans lesquelles il aurait quitté son pays, qu’enfin il n’apport aucune explication sur son départ du Kenya et se borne à indiquer qu’il aurait suivi le conseil d’un ami de son père lui recommandant de solliciter l’asile en France, que l’ensemble de ces éléments incite à penser que contrairement à ce qu’il affirme, il n’est pas originaire de Somalie, que dès lors, sa demande ne saurait aboutir ;

    Qu’en conséquence, la demande d’accès au territoire français formulée au titre de l’asile par X… se disant M. Abdi Hossein doit être regardée comme manifestement infondée.

    Considérant qu’il y a lieu en application de l’article L.213-4 du Code d’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, de prescrire son réacheminement vers le territoire de la Somalie ou, le cas échéant, vers tout territoire où il sera légalement admissible.

    15

    Abdi Hossein se rend au bureau de la Croix-Rouge pour comprendre ce qu’il y a écrit sur le document que la police vient de lui remettre. Un employé de la Croix-Rouge lui conseille d’aller au bureau de l’Anafé, au fond du couloir. Lise Blasco, bénévole à l’Anafé, reçoit Abdi et lui explique son rejet de demande d’asile, avec l’aide d’un traducteur bénévole en somali, contacté par téléphone. Elle décide de présenter un recours juridique devant le Tribunal administratif pour contester le rejet de la demande d’asile d’Abdi. À nouveau, elle interroge longuement Abdi Hossein avec l’aide de l’interprète. Puis elle l’accompagne à l’infirmerie du centre, afin que le médecin de garde lui établisse un certificat médical attestant des impacts de balle qu’Abdi dit avoir reçu dans chaque jambe. Ensuite, Lise Blasco ferme la porte du bureau à clé et se met à rédiger le référé qu’elle faxe aux greffes du Tribunal administratif en début de soirée. Quelques heures plus tard, Abdi Hossein est appelé à descendre avec ses bagages.
    16

    Amadou Mporé arrive ému dans le bureau. Il s’assoit devant moi et sort de sa poche une boule de tissu, un débardeur déchiré, en sang, qu’il pose sur la table.

    À 10 h du matin, je suis appelé en bas avec mes bagages. Je descends avec mon sac et je sonne à l’interphone. Le policier me fait entrer dans une salle d’attente et me demande de patienter. Je reste assis deux heures. À l’appel du repas de midi, le policier me dit d’aller manger en laissant mon sac ici et me demande de revenir sonner après le repas. Il me raccompagne dans le hall où je rejoins les autres qui vont au réfectoire. À table, des gens me demandent ce que je faisais avec la police, où j’étais et pourquoi. Je ne parle pas : je ne les connais pas, et puis un policier surveille le réfectoire. Je reviens dans la salle d’attente vers 12 h 30. Deux policiers en uniforme bleu-marine, avec des Rangers aux pieds, des gants en cuir noir, une matraque à la ceinture, entrent peu après. Il me disent qu’ils vont m’emmener à l’aéroport : ‘Tout se passera bien si tu te tiens tranquille, mais si tu fais des difficultés, on va t’attacher’. Je crie, je ne veux pas qu’on m’attache. Les policiers se dirigent vers moi, ils sont au nombre de six. Ils ont été rejoints par leurs collègues en chemise bleu ciel et képi, qui étaient assis dans la salle d’attente. Ils ont commencé à m’attacher avec des bandes. Je criais : ‘Laissez-moi ! Laissez-moi !’ J’ai pleuré. J’ai enlevé ma chemise, je me suis trouvé en débardeur. Les policiers m’ont pris par le cou et m’ont renversé en avant. Je suis tombé le visage à terre, je me suis ouvert la lèvre. Ils se sont mis à frapper : ils ont piétiné ma jambe avec leurs chaussures, le tibia, le genou gauche, le pied droit. L’un d’entre eux a mis son genou sur ma joue, il a plaqué mon visage contre le sol. La bagarre a duré entre dix et vingt minutes peut-être. Une camionnette de police est venue se garer devant la porte de sortie qui relie le poste de police au parking, mais on ne m’y a pas emmené. Je suis allé m’asseoir. Certains policiers en tenue d’escorte et d’autres en chemise bleue claire ont voulu me donner un verre d’eau. J’ai dit : ‘Non, je ne veux pas d’eau’. J’ai pleuré, pleuré. Le jeune policier qui m’a donné l’eau m’a conseillé :

    - Prends un avocat.

    - Si j’avais volé, vous pouviez me faire ça. Mais je n’ai pas volé. Vous ne pouvez pas me faire ça. Je vais prendre un avocat. Je vais prendre un avocat.

    Les policiers me disent d’attendre. Je leur dis que je veux me laver. Un policier en bleu marine (un métis, costaud) m’a accompagné chez le médecin. Lui n’était pas là en même temps que les autres, il est venu plus tard avec la camionnette ; lui ne m’a pas touché. Dans le cabinet médical, une infirmière prend ma tension, un médecin m’ausculte, il me demande où j’ai mal. Il me donne un comprimé contre la douleur. Non, il ne me donne pas de certificat médical : ce qu’il a écrit, il l’a gardé pour lui. Puis je suis monté directement chez toi ici.

    Six jours après son arrivée en zone d’attente, Djibril Ba est appelé à descendre avec ses bagages. Il est menotté et escorté par trois agents de l’Unité nationale d’escorte, de soutien et d’intervention (UNESI) vers Bamako, où il est remis aux mains des officiers de la police locale.
    18

    À 23 h 15, Abdi Hossein est placé en garde à vue. Il comparaît deux jours plus tard devant la 17e chambre du Tribunal correctionnel pour « infraction d’entrée ou séjour irrégulier et soustraction à l’exécution d’une mesure de refus d’entrée en France ». Il est condamné à un mois de prison ferme et transféré à la prison de V.
    19

    Halima Seyum me rappelle depuis un foyer Emmaüs dans le 14e arrondissement de Paris. Elle y est logée pour une nuit seulement, car c’est un foyer d’urgence pour les gens sans domicile. Elle attend d’être placée dans un foyer Aftam 93. Je vais la voir dans son foyer vers 16 h. Il ressemble à une vieille école, un bâtiment qui date du début du vingtième siècle, une esthétique de lieux publique des années 1960 : linoléum gris, meubles en bois véritable dépareillés, chaises d’école aux barreaux gris vert métallisés, odeur de gras. Nous allons boire un café dans le réfectoire, sur des tables longues couvertes de nappes en plastique. Tout est propre et patiné, pas encore aligné sur les matières plastiques et les formes rondes grossières que l’on trouve partout dans le neuf aujourd’hui, et aussi en zone d’attente. Son récépissé de huit jours, dans le délai desquels elle doit faire une demande d’asile à la préfecture, expire le lendemain. Le responsable du centre dit qu’ils enverront d’ici là sa demande d’asile à la préfecture, le cachet de la poste faisant foi.
    20

    Quelques jours plus tard, le téléphone sonne. C’est un employé de l’hôtel « Première Classe » à D. qui m’appelle à la demande de Halima Seyum. Elle n’a pas eu de place au foyer Aftam, mais elle a désormais une chambre jusqu’au 30 avril dans cet l’hôtel, où l’Aftam a logé, sur le même étage, d’autres demandeurs d’asile n’ayant pas pu être hébergés en foyer. Situé à une sortie du périphérique extérieur, l’hôtel ressemble à un « Formule 1 » de luxe, avec des orchidées sur le comptoir, une salle à manger propre et avenante, des distributeurs de café, de gâteaux et toutes les commodités nécessaires à un service sans personnel. Des cars de touristes sont alignés sur le parking. Halima est inquiète pour la nourriture. À l’Aftam, on lui a donné vingt euros pour la semaine, et la semaine prochaine, on lui donnera encore vingt euros. Ce n’est pas beaucoup. Quand elle est revenue de l’Aftam, elle avait très faim, elle se sentait mal. Alors elle a acheté une part de pizza dans la rue, mais elle a dépensé quatre euros sur les vingt qu’elle possède pour la semaine ! Elle voudrait partir en Angleterre : elle parle l’anglais, mais pas un mot de français, et sa compagne de chambre lui a dit qu’on pouvait travailler là-bas. Demandeuse d’asile renvoyée de Belgique sous le règlement « Dublin II », cette dernière est en Europe depuis quelques années déjà, et connait la ville.
    21

    Il faut bien réfléchir à cette question de départ vers l’Angleterre. Halima a été admise à la frontière comme demandeuse d’asile, ce qui indique qu’elle a de bonnes chances d’obtenir l’asile – l’examen aux frontières est paradoxalement réputé plus difficile que l’examen de fond de la demande d’asile par l’Ofpra. Nous avons pris du café, nous sommes montées dans sa chambre, nous nous sommes assises sur son lit, dans une belle lumière de fin d’après-midi :

    La guerre entre l’Érythrée et la Somalie a fait beaucoup de morts. La guerre est bête. Nous vivons ici, eux vivent là-bas, et l’on décrète qu’il y a une frontière, là, et pour cette frontière, juste pour une ligne, on va s’entretuer, on va faire la guerre et tuer des milliers de gens. Pour cette ligne. Une frontière, c’est quoi ? Juste une ligne, rien de plus. La Somalie et l’Érythrée se sont disputées pour cette ligne, ils ont envoyé beaucoup de monde à la guerre, beaucoup de gens sont morts. Mes deux frères ont été envoyés à la guerre. Les deux : d’abord un, et puis ils sont venus chercher d’autres jeunes et ils ont pris le deuxième. Mes frères et sœurs avaient peur. On n’a eu aucune nouvelle. On ne savait pas où ils étaient : personne ne disait rien et les nouvelles non plus ne disaient rien. Il y a eu beaucoup de morts. Un jour, un train est arrivé, tout le monde est allé à la gare et l’on attendait les noms : ils lisaient une liste, et ceux qui étaient sur la liste, on savait qu’ils étaient morts. J’avais peur. J’ai attendu dans la peur et quand j’ai entendu le nom de mon frère, j’ai pleuré. Et je restais encore devant la liste. Et puis ils ont dit le nom de mon deuxième frère et je me suis évanouie. Les voisins m’ont ramenée à la maison. Mon père était très malade déjà à ce moment-là… Ah, ce ne sont pas des choses gaies. Excuse-moi, je t’ennuie en te racontant ces choses. Toi tu es ennuyée, mais moi ça me fait du bien, ça me soulage le cœur.

    On s’est dit au revoir en début de soirée. On s’est rappelées plus tard : je partais quelques semaines au Canada. Halima m’a souhaité bon voyage et m’a dit que si l’on ne se revoyait pas d’ici mon départ, elle me disait au revoir. Je suis passée à l’hôtel avant de partir, mais elle m’avait prévenue qu’elle ne serait sans doute pas là, parce qu’elles allaient, avec sa compagne de chambre, à l’Armée du salut pour chercher de la nourriture. Pas encore rentrée ? Déjà partie ? À mon retour du Canada en mai, j’ai appelé Pierre Gilles, du foyer Emmaüs, qui m’a amicalement donné le contact de la personne qui s’occupait de Halima à l’Aftam. Je l’ai appelé pour avoir des nouvelles ; il m’a dit un peu sèchement : « elle a disparu dans la nature ».

    #Confinement et #subjectivation

    Comment le contrôle frontalier fonctionne-t-il au quotidien ? Quelles fonctions garde-t-il dans une perspective à plus long terme de parcours dans le pays d’accueil ? Comment les gestions institutionnelles de la circulation produisent-elles de nouvelles façons de gouverner les non-nationaux, aussi bien « étrangers » qu’« apatrides » : ceux dont le lien à l’État et à la Nation est de fait suspendu ? Voici quelques questions qui se posent au regard des parcours esquissés. Chacun bien sûr entre dans ces apnées administratives avec son bagage : ses connaissances, ses résistances, ses références, ses ressources, ses peurs. Fereydoun Kian mesure deux mètres pour une centaine de kilos : il sera directement placé en garde à vue sans subir de tentative de renvoi sous escorte. Sylvie Kamanzi s’en tient fermement aux connaissances administratives qu’elle a développées au cours de dix ans d’exils successifs entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) : d’abord, ne pas laisser savoir que l’on est rwandaise ; ensuite, face aux extorsions et aux violences de la police, toujours refuser de se rendre à un interrogatoire et garder le silence. Ces leçons tirées de l’expérience la mèneront très vite à un malentendu indénouable avec l’administration et à son refoulement dans le premier avion du retour.
    23

    Si les personnes placées dans des centres de rétention administrative (CRA) pour les sans-papiers arrêtés sur le territoire français ont toutes fait l’expérience, quoique différente, d’une vie en France et souvent d’un parcours administratif10 , ceux qui débarquent des avions ne partagent aucune expérience commune. Il n’existe pas de seuil, même minimal, de connaissance partagée de la culture administrative nationale, de la culture matérielle globale qui prévaut dans les aéroports et les nouveaux centres aseptisés11 , des codes moraux et humanitaires de la démocratie occidentale12 ; pas de continent commun, de langue commune ni de formation politique identique. Comment comprendre l’expérience intime du maintien en zone d’attente en s’attachant à des situations et des trajets si variés, dont le vécu s’inscrit dans des grammaires culturelles, un univers symbolique, des savoirs pratiques différents ? Est-ce que le même mot de « maintenus » est suffisant pour conférer une situation commune à ce kaléidoscope d’expériences qui se croisent dans le temps court de la détention frontalière ?

    https://www.politika.io/fr/notice/prisonniers-du-passage-ethnographie-detention-frontaliere-france
    #frontières #rétention #détention_administrative #zone_d'attente #MNA #mineurs_non_accompagnés #disparitions #Guinée_Conakry #aéroport #Zapi_3 #Ofpra #asile #migrations #réfugiés #Croix-Rouge #Aftam_93 #police #violences_policières #Unité_nationale_d'escorte_de_soutien_et_d'intervention #UNESI #hébergement #logement #CRA #débouté #sans-papiers

  • Choix du futur terminal 4 de Roissy : les compagnies aériennes en colère
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/choix-du-futur-terminal-4-de-roissy-les-compagnies-aeriennes-en-colere-794

    Après 18 mois de discussions avec les compagnies aériennes sur la configuration du prochain terminal 4 de l’aéroport de Roissy, ADP a tranché sur un projet que ne partagent pas les compagnies clientes, au motif notamment qu’il engendrerait des contraintes opérationnelles coûteuses. La première tranche de cette aérogare colossale est prévue en 2024.
    […]
    Dans des courriers envoyés à ADP, l’association internationale du transport aérien (Iata), mais aussi Air France du temps où la compagnie était dirigée par Franck Terner (jusqu’à fin septembre), ont détaillé leur divergences qu’ils avaient avec le projet souhaité par ADP, et ont plaidé pour le deuxième projet qui était sur la table, jugé, selon elles, plus adapté à leurs besoins. Il s’agissait d’un projet dit « satellitaire », constitué par deux barres de terminaux comme les S3 et S4 de CDG2E, à la différence près que l’une des deux barres devra avoir une nouvelle zone publique dotée d’une zone d’enregistrement. Ce projet diffère de celui retenu par ADP dans lequel les deux grandes barres d’embarquement existent bien mais sont reliées par une imposante structure centrale. C’est toute la différence.

    Selon les compagnies, ce système dégrade la performance opérationnelle car il ne permet pas aux avions de circuler entre les deux « barres ». Ce schéma entraînerait une augmentation des temps de roulage de 34 secondes, dont le coût annuel est estimé à 60 millions d’euros par Air France. « C’est tout le bénéfice de la collaboration ces dernières années entre l’aéroport, la navigation aérienne qui va s’envoler », peste-t-on au sein de la compagnie.

    Un argument que l’on réfute chez ADP, en expliquant que « ce chiffre n’est ni démontré, ni étayé par les études et qu’il ne tient pas compte des progrès techniques qui vont voir nécessairement le jour d’ici à 2035 ». Pour le gestionnaire des aéroports parisiens, le projet retenu présente un « avantage sur de nombreux points » tandis que celui défendu par les compagnies n’est avantageux que sur un seul. La fluidité des passagers en l’absence de rupture de charge est l’un des éléments mis en avant par les partisans du projet d’ADP et sur lequel a été sensible la DGAC (direction générale de l’aviation civile). Certains, au sein des compagnies aériennes justifient le choix d’ADP par la volonté du gestionnaire des aéroports parisiens de faire la part belle aux commerces. Ce que rejette une nouvelle fois ADP en affirmant que la surface commerciale est la même dans les deux cas.

  • Délit de faciès : un prof de fac sénégalais arrêté et enfermé à Roissy
    StreetPress | par Tomas Statius | 4 Octobre 2018
    https://www.streetpress.com/sujet/1538663414-prof-de-fac-senegalais-arrete-enferme-roissy

    Karamoko Kallouga Demba, professeur de droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, se souviendra toute sa vie de sa semaine dans les filets de la police aux frontières françaises. « Je me suis senti humilié », lâche l’universitaire, quand on le rencontre à deux pas du Panthéon. Il potasse des ouvrages de droit patrimonial, sa spécialité, à la bibliothèque Cujas.

    Venu en France pour un voyage d’études d’un mois organisé par sa faculté, Monsieur Demba a été arrêté puis envoyé à la zone d’attente de Roissy, cette prison pour sans-papiers au pied des pistes de l’aéroport. L’homme dispose pourtant de tous les documents nécessaires à son entrée sur le territoire français. « Ça ressemble à du racisme », finit-il par concéder :

    « C’est une façon de ne pas respecter les hommes africains que nous sommes. » (...-

    #France #Racisme #Douane #Frontière #Aéroport

    • En plus ça sent carrément le complexe du blanc qui rencontre un colonisé bien plus instruit que lui et qui lui fait payer très cher !
      Et sinon pas de sanction pour la mise en détention sans argument de droit valable ?

      Ils m’ont dit que ça ne changeait rien. Qu’ils avaient une liberté d’appréciation et que je ne pouvais toujours pas rentrer en France »

      En gros les gars ils peuvent tout faire selon leur « appréciation » très orientée et sans devoir en répondre devant aucune institution ? C’est quoi ce truc ?

      #abus_de_pouvoir