city:roubaix

  • Municipales à LREM: premiers candidats et méthode de start-up
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170619/municipales-lrem-premiers-candidats-et-methode-de-start

    Le mouvement présidentiel a dévoilé, le 17 juin, les dix-neuf premières têtes de liste pour les élections municipales de 2020. Malgré les tensions vives à Paris, Lille, Roubaix ou Marseille, le parti ne veut pas changer la méthode de désignation qui, pour la majorité des postulants, relève plus de la présentation d’un « business plan » que d’un projet #POLITIQUE ancré dans une histoire locale.

    #municipales,_LREM,_Stanislas_Guerini

  • Municipales chez LREM: premiers candidats et méthode de start-up
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170619/municipales-chez-lrem-premiers-candidats-et-methode-de-start

    Le mouvement présidentiel a dévoilé, le 17 juin, les dix-neuf premières têtes de liste pour les élections municipales de 2020. Malgré les tensions vives à Paris, Lille, Roubaix ou Marseille, le parti ne veut pas changer la méthode de désignation qui, pour la majorité des postulants, relève plus de la présentation d’un « business plan » que d’un projet #POLITIQUE ancré dans une histoire locale.

    #LREM,_municipales,_Stanislas_Guerini

  • Musiques expérimentales et sport | Jérôme Noetinger
    http://pilule-magazine.fr/ux-portfolio/la-playlist-de-jerome-noetinger

    Jérôme Noetinger est compositeur de musique concrète, improvisateur, fondateur du label et distributeur Metamkine. "Pilule" l’a invité à proposer sa playlist sur la thématique « musiques expérimentales et sport ». Que des pépites, de 1961 à 2019 : "Reportage d’un match international de football" de Jean Thibaudeau/Alain Trutat (1961), "Environmental Music for Dining Room of Athletes’ Village in Tokyo Olympics" de Kuniharu Akiyama (1964), "Der Ball ist rund" de Ror Wolf (1979), "Un Paris Roubaix Parmi 100 (1981 Bernard Hinault)" de Yann Paranthoën (1982), "Travelon Gamelon – Music for Bicycles" de Richard Lerman (1982), "Demain, c’est Paris-Roubaix" de Yann Paranthoën (1995), "Courir" de Christian Zanési (1996), "Curling" (...)

    http://pilule-magazine.fr/wp-content/uploads/2019/05/1.-reportage-dun-match-international-de-football.mp3

  • Croix : manifestation “contre les suppressions d’emploi” devant le siège d’Auchan AFP - 23 Mai 2019 - France 3 Régions
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/croix-manifestation-contre-suppressions-emploi-devant-s

    Près d’une centaine de personnes manifestaient ce jeudi devant le siège d’Auchan Retail à Croix (Nord), à l’appel de la CGT, pour « refuser les suppressions d’emploi » qui menacent la filiale française et réclamer « le remboursement des aides versées par l’Etat ».

    Confronté de son propre aveu à une situation économique « très difficile », Auchan France avait annoncé le 30 avril la prochaine mise en vente de 21 sites jugés insuffisamment rentables, concernant potentiellement 700 à 800 salariés.

    « Un PSE ne se négocie pas, il se combat ! Non aux licenciements », pouvait-on lire ce jeudi sur une banderole déployée devant les grilles du siège. Plusieurs dizaines de salariés, venus notamment de Roubaix, Tourcoing, Valenciennes (Nord) ou encore Amiens (Somme), et quelques « gilets jaunes » en soutien, étaient rassemblés dans le calme.

    « Les salariés sont en colère, inquiets » et « notre première requête aujourd’hui (jeudi), c’est de réclamer l’argent public ! Auchan a profité de plus de 500 millions d’aides d’Etat au titre du CICE [entre 2013 et 2018], qui devait permettre de maintenir l’emploi, le défendre et le développer, et pas le supprimer ! », a martelé Gérald Villeroy, délégué syndical central de la CGT Auchan. Il a assuré que la CGT « ne signerait pas le PSE ».

    « On a 800 personnes qui se demandent ce qu’ils vont devenir alors qu’ils ont donné leur force, leur énergie, leur temps à cette entreprise ! », s’est aussi alarmé Eric Mars, délégué du magasin de Petite-Forêt.
    . . . . . . . . .

    #auchan #mulliez #centres_commerciaux #centre_commercial #immobilier #grande_distribution #hyper_marché #CICE #licenciements

  • « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/13/violences-policieres-la-nouvelle-strategie-de-maintien-de-l-ordre-inquiete_5

    L’exécutif nie l’existence même de brutalités policières lors des manifestations des « gilets jaunes » et leur demande désormais d’aller davantage au « contact », au risque de dégrader encore la situation.

    Au moment où Roxane (le prénom a été changé) arme son lanceur de balles de défense (LBD), il est déjà tard en ce énième samedi de manifestation. Cette policière mobilisée depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » n’en est pas à sa première munition de la journée. « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions », raconte-t-elle à l’un de ses amis. La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

    La scène ne fera pas le tour des réseaux sociaux. Et pour cause, elle n’a pas été filmée, la victime n’a pas été éborgnée, et la fonctionnaire n’a connaissance d’aucune plainte, à ce jour du moins. Mais ce témoignage rapporté au Monde, d’une sincérité brute, jette une lumière crue sur la polémique qui fait rage depuis plusieurs mois sur la gestion par les forces de l’ordre des manifestations des « gilets jaunes » et sa part ombrageuse mais indissociable, les violences policières.

    « Il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous »

    La parole des agents est en effet rare, étouffée au milieu d’un débat qui a pris une ampleur nationale. D’un côté, les réseaux sociaux sur lesquels ont été lancées les premières alertes agissent comme une caisse de résonance. Les séquences de policiers en train de molester des manifestants sont diffusées en boucle. Tout y est disséqué, commenté, relayé. « On est jugé et condamné dans la même seconde, il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous », regrette un policier.

    De l’autre, le pouvoir nie contre toute évidence l’existence même des violences policières. A plusieurs reprises, le président de la République Emmanuel Macron et son ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, ont appelé à ne pas utiliser ce vocable. Une communication appréciée en interne, surtout par les syndicats, mais qui a aussi pour conséquence de laisser le policier qui a « dérapé » – l’euphémisme officiel – seul face à ses responsabilités.

    Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.
    Pour leurs collègues, il est impossible de comprendre ces scènes qui font le tour d’Internet sans prendre en compte le contexte, celui d’une ultraviolence à laquelle font face les troupes depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ».

    « Chaque tir coûte cher à l’Etat »

    Comme pour ce policier filmé dans un contexte tendu, le 1er-Mai à Paris, en train de gifler un homme qui l’invective, sous la grille d’un magasin. L’un de ses camarades se veut compréhensif : « Ça ne se fait pas, on n’apprend pas ça, ce n’est pas pro, mais franchement, c’est un craquage. C’est l’insulte de trop après vingt-cinq week-ends de manifestations. Je ne l’excuse pas, mais je le comprends. » Ou pour celui immortalisé en train de lancer un pavé dans la foule. « Des pavés, il en a probablement reçu des centaines depuis le début du mouvement, c’est un être humain, pas une machine », justifie un autre policier.

    Certaines séquences laissent tout de même les policiers pantois. Ce sont souvent les mêmes qui reviennent dans la bouche des uns et des autres pour illustrer les cas de dérapages indéfendables. La scène du tabassage de manifestants dans un Burger King à Paris, en décembre 2018, trouve peu de défenseurs. Comme celle du tir de LBD à hauteur de tête en direction d’un manifestant à Bordeaux, en janvier, juste après un lancer répréhensible de grenade de désencerclement dans les airs. Idem pour la jeune fille qui s’est fait fracasser le crâne à Marseille par plusieurs policiers.

    Trois scènes de violence parmi des dizaines d’autres qui, mises bout à bout, poussent à s’interroger sur l’existence d’un système facilitant ce type de débordements. Pour certains observateurs, le problème n’est d’ailleurs pas celui de la faillite individuelle mais de la faiblesse des structures et de la hiérarchie. « Il y a un gros problème avec l’entraînement, notamment au LBD, car chaque tir coûte cher à l’Etat, juge Laurent-Franck Liénard, avocat spécialisé dans la défense des policiers et des gendarmes. On a aussi mis des effectifs de BAC en première ligne, alors qu’ils n’ont pas le cadre rigide des troupes de maintien de l’ordre. Vu le déficit de formation et d’encadrement, ils s’en sont plutôt bien sortis. »

    « Pas un blanc-seing »

    La nouvelle doctrine mise en place par Christophe Castaner après le saccage des Champs-Elysées, le 16 mars, qui se traduit par une volonté d’aller davantage au contact, va-t-elle conduire à une dégradation de la situation ? Les nombreux journalistes du Monde présents au défilé du 1er-Mai à Paris ont tous constaté des conditions de manifestation très tendues, au milieu des gaz lacrymogènes. Plusieurs ont été touchés par divers projectiles des forces de l’ordre et l’un d’entre eux a été braqué au visage par un LBD à moins d’un mètre. Les policiers, eux, apprécient la plus grande autonomie laissée à la hiérarchie présente sur le terrain. « Ça marche très bien, ça nous donne plus de mobilité, d’initiative, de rapidité. Ça n’est pas pour autant un blanc-seing : si vous merdez, vous assumez ! », explique un gradé.
    Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de violences policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

    Si les policiers ont bien conscience d’être désormais au centre de toutes les attentions, ils sont nombreux à regretter la politisation de la question du maintien de l’ordre, qui est avant tout, pour eux, un sujet technique, qui ne doit pas varier au gré des polémiques. « Il y a un discours qui tente de faire entendre que tout usage de la force est forcément une violence, donc illégitime, abonde l’avocat Laurent-Franck Liénard. C’est très dangereux. La réalité, c’est que, confrontés à une violence délirante, les forces de l’ordre ont été très réticentes à user de la force, elles ont été très majoritairement exemplaires, souvent en retrait par rapport à ce qu’elles auraient pu faire, voire dû faire. »

    La scène des trois gendarmes, pistolet au poing face à une voiture à Nantes, samedi 11 mai, est loin d’être une exception. D’après l’avocat, depuis novembre, au moins une dizaine de policiers et gendarmes ont pris son attache après avoir dégainé leur arme au cours d’une manifestation. Ils souhaitaient tous savoir s’ils avaient le droit de tirer.

    • Le Monde continue à asséner, ni vu ni connu, l’idée que la violence vient des gilets jaunes, ce qui est factuellement faux.
      Sur un autre papier du même torche-cul, alors qu’il y un titre qui fait semblant d’interroger l’impunité policière, on retrouve toujours les mêmes éléments de langage qui reviennent à « excuser » les « débordements » policiers en créant une fausse symétrie avec les violences des manifestants.

    • La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

      Depuis le début je me demande ce qui peut bien passer dans la tête d’un ou d’une fonctionnaire de police pour tirer sur une personne dans la foule, je viens enfin d’avoir la réponse à cette question, elle est effrayante : rien, un courant d’air.

    • Vraiment très élégante, cette figure de style (double opposition « prend la fuite / reste avec ses questions » et la cible-objet / la policière-personne) :

      La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions

      Je sais pas vous, mais c’est très émouvant, cette souffrance, cette douleur, que ressent la policière (alors que « la cible », elle, se contente de prendre la fuite comme si de rien n’était). La policière, quasiment « victime » de sa « propre violence ».

    • Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de #violences_policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

      Pas le même écho ??? j’ai pas le souvenir qu’un politique se soit penché sur le lit d’hôpital d’un gilet jaune. Quand c’est un poulet, alors là c’est le défilé au chevet du pandore avec caméra et tout le toutim.
      Mort c’est les invalides et médailles à titre posthume. Je te leur en donnerai moi des médailles, à poignées.

      Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.

      circulez y’a rien à voir !

    • http://lepanierasalade.fr

      Panorama
      Maintien de l’ordre

      « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions,raconte une policière, mobilisée lors d’une manifestation. J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. (...) Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. » [Le Monde] « Nous accuser d’agresser volontairement les gilets jaunes, c’est n’importe quoi, témoigne un CRS base à Toulouse (Haute-Garonne). Les CRS n’interviennent que sur ordre de leur hiérarchie, il ne peut y avoir aucune initiative personnelle. On est là pour encadrer les manifestations pas pour agresser les manifestants. » [France 3] En six mois de manifestations, pas un syndicat de police représentatif n’a pris ses distances avec la doctrine de maintien de l’ordre : les LBD sont défendus, les violences policières sont légitimées et toute voix discordante est étouffée. [Mediapart]

       ?Face à la multiplication des vidéos montrant les policiers au travail, certains espèrent une loi obligeant à flouter les visages avant diffusion, ou comptent sur le ministère de l’intérieur pour risposter avec les vidéos qu’il possède. [L’Express]

       ?Des policiers d’une brigade de répression de l’action violente frappent un étudiant dans sa résidence universitaire à la Pitié-Salpétrière à Paris en marge des manifestations du 1er-Mai. L’IGPN a été saisie. [Mediapart] Des gendarmes ont sorti leurs armes à Nantes (Loire-Atlantique) lors des manifestations de samedi. [LCI] Les street-médics se plaignent d’un acharnement policier à Toulouse (Haute-Garonne). [La Dépêche]

      Lacrymos. « Si sur la durée, la différence ne doit pas être énorme entre CM3 et CM6, elle le devient sur l’instant : la concentration en gaz monte d’un seul coup, créant des effets immédiats plus forts que ceux obtenus par le lanceur classique », explique Pierre Bernat, membre de la Ligue des droits de l’homme à Toulouse, ajoutant que les lanceurs, et leur usage, diffèrent entre ces deux types de grenades lacrymogènes. [franceinfo] Analyses. Des « Gilets jaunes » affichent des symptômes persistants après une exposition aux gaz lacrymogènes. Des personnalités scientifiques réclament des recherches sérieuses sur les effets de ceux-ci. [Libération]

      Le sociologue Cédric Moreau de Bellaing revient sur le travail de l’IGPN : « Pour les enquêteurs, la reconstitution de la dynamique de la situation est vraiment centrale. Une même blessure peut être le résultat d’une violence légitime comme illégitime. Pour différencier l’un de l’autre, il faut savoir comment la violence a été exercée, à quel moment, pour quelle raison : c’est donc crucial du point de vue de l’IGPN. » [Le Monde]

      « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même, déclarait le 29 mai 1968 le préfet de police Maurice Grimaud. Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites. » [Le Monde]
      « Gilets jaunes » et justice

      Du collectif « Robes noires et gilets jaunes » animé par les avocats David Libeskind et Philippe de Veulle, classés à droite, à des avocats plutôt ancrés à gauche, la défense juridique des manifestants s’organise. [Le Monde]

      Une manifestante de Toulouse est poursuivie pour « usage et menace d’une arme », en l’occurrence son fauteuil roulant électrique. [Capital] Six mois après les faits, six « Gilets jaunes » paraissaient devant le tribunal correctionnel pour participation à un attroupement à une sommation à se disperser. La relaxe a été demandée. [La Voix du Nord]
      Interpellation

      Les lycéens interpellés à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et agenouillés par les policiers en décembre ont été entendus par l’IGPN. [La Gazette des Yvelines] Arié Alimi, avocat d’une vingtaine de lycéens interpellés réclame la nomination d’un juge d’instruction. [L’Humanité]

      Les mères des jeunes interpellés s’inquiètent des traumatismes causés par ces événements. « C’était un bon vivant, il aimait sortir, aller au cinéma avec ses copains. Maintenant il sort moins, il reste à la maison. Il me dit que comme ça personne ne le gêne, et qu’il ne gêne personne », raconte l’une d’elles. [Les Inrocks]
      Cour criminelle

      L’avocat Hervé Temime se lamente des cours criminelles départementales instaurée par la loi de réforme de la justice : « Je ne vois pas au nom de quoi on constituerait plusieurs catégories de crimes. Pourquoi un viol devrait être jugé par une juridiction composée de professionnels et un meurtre par la “vraie” cour d’assises ? (...) La cour d’assises actuelle, aussi critiquable soit-elle, est sans doute la juridiction où la justice est rendue avec le plus de soin, le plus de solennité et le plus de sérieux. » [Le Point] François Saint-Pierre de son côté n’apprécient pas les cours d’assise où le président seulement, contrairement au jury, a accès au dossier : « Notre système personnalise à outrance le procès sur le président et il faut en sortir. Comment ? Par ce que j’appelle la rationalisation de la procédure accusatoire. En faisant condamner la France devant la Cour européenne des droits de l’homme pour défaut de motivation des verdicts, j’ai contribué à faire évoluer les choses. Mon but est de casser ce système archaïque qui fait un peu bandouiller quelques avocats passéistes. » [Le Point]

      La boîte noire

      Info. Le ministère de la justice a décidé de ne plus diffuser les statistiques mensuelles sur la population écrouée et détenue. Seules des statistiques trimestrielles devraient être publiées ; celles des trois premiers mois de l’année devraient être publiées aujourd’hui. [Le Panier à salade] « Disposer d’une analyse statistique avec un recul de plusieurs mois permettra un meilleur aperçu des tendances de l’évolution de la population carcérale », justifie le cabinet de la ministre de la justice.

      Réaction. Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) regrette l’arrêt de ces publications : « Ces données sont extrêmement utiles au CGLPL pour l’exercice de notre mission, notamment pour vérifier les taux d’occupations réels des prisons que nous visitons, les établissements ayant une fâcheuse tendance à considérer que le nombre de places correspond au nombre de lits disponibles. Une publication à un rythme trimestriel risque d’être moins pertinente, alors que le CGLPL recommandait dans un rapport thématique sur la surpopulation carcérale que l’administration pénitentiaire se dote d’outils statistiques plus précis de l’occupation des établissements pénitentiaires. »

      En bref
      Un policier de Rennes (Ille-et-Vilaine) est soupçonné d’avoir détourné des armes saisies

       ?Un policier des stups est soupçonné d’avoir fait localiser le téléphone de sa femme

      Au Brésil, le nombre de suicides dans les rangs de la police est important

      La police nationale lance une nouvelle campagne de recrutement, proposant notamment un casque de réalité virtuelle

      Les juges doivent tenir compte d’une marge d’erreur de 8% de la valeur mesurée par les éthylomètres

      Relancée par la cour d’appel de Paris en 2013, l’enquête sur le scandale de l’IGS est au point mort

      Malgré la mort d’Eric Garner en 2014, les clefs d’étranglements sont toujours utilisées par la police de New York (États-Unis)

      Une ASVP de Nice (Alpes-Maritimes) condamnée pour avoir travaillé en parallèle au service d’une princesse arabe

      Deux policiers municipaux de Marseille (Bouches-du-Rhône) sont mis en examen après avoir tiré lors d’un refus d’obtempérer

      À Paris, des policiers recouvrent la tête d’un mineur avec un sac en tissu lors d’une interpellation ; le parquet a ouvert une enquête

      Un policier a été condamné pour avoir donné des coups de pieds à un manifestant contre les violences policières

      Un policier du commissariat de Roubaix (Nord) est condamné pour avoir détourné de l’argent saisi ; sa peine n’est pas inscrite à son casier

      La Cour de cassation rend définitif le non-lieu du gendarme ayant tiré la grenade qui a coûté à la vie à Rémi Fraisse

      Un homme est condamné à perpétuité après avoir percuté un gendarme en Ariège

      La peine de 25 ans de réclusion criminelle de Rédoine Faïd pour le braquage raté lors duquel la policière municipale Aurélie Fouquet était morte est définitive

       ?L’utilisation des caméras-piétons ne permettent pas de lutter contre les contrôles au faciès selon le DGPN ; le rapport mentionne de nombreuses pannes

      La ministre de la santé porte les premiers soins à un CRS affecté à son escorte victime d’un malaise

      La ville de Montréal (Québec, Canada) doit verser 43 000 $ à une manifestante détenue abusivement en 2014

      Une étude scientifique américaine montre le manque d’effet de la prison en matière de prévention de la violence

      Téléphone, drogue, colis : Snapchat, témoin de la vie quotidienne en prison ; le compte « Les Prisons 2 France » diffuse régulièrement des vidéos

      Un homme porte plainte après le suicide de son fils au centre pénitentiaire de Vézin-le-Coquet (Ille-et-Vilaine)

      « C’est répugnant ! » : la sénatrice Esther Benbassa a visité l’établissement pour mineurs de Porcheville (Yvelines)

      Trois ruches ont été installées à la prison de Montmédy (Meuse)

      Le Conseil constitutionnel a censuré l’article de loi utilisé pour pénaliser les surveillants pénitentiaires grévistes

      Aux Pays-Bas, le ministère de la justice a perdu la traces de 700 porteurs de bracelet électronique à cause d’un bug

      La section spécialisée C1 du parquet de Paris va bientôt laisser sa place au parquet national anti-terroriste

      La police municipale de Châteauroux (Indre) sera équipée de LBD à l’automne

      Candidate à la mairie de Paris, Rachida Dati souhaiterait armer la police municipale parisienne et encourager le lien avec la sécurité privée

      La Commission européenne travaille à une résolution pour faciliter l’accès aux preuves numériques

      1073 flash en trois mois en Normandie : les voitures radars privatisées ne flashent guère

      Aux États-Unis, les Tasers ne sont pas aussi fiables que le laisse penser leur constructeur ; parfois, ils aggravent même la situation

       ?Les policiers municipaux d’Honfleur (Calvados) testent les trottinettes électriques

    • (pour faire suite au message de @sombre, @paniersalade est même ici depuis quelques semaines, et la lettre d’info du 14 mai est disponible avec les liens à cette adresse : https://us12.campaign-archive.com/?u=93670423e9243101afcfcae19&id=d0ce6af1de et y’a moyen de s’abonner gratuitement pour la recevoir chaque mardi dans sa boîte mail)

      Le Panier à Salade propose une sélection hebdomadaire de liens de l’actualité police-justice.

      Vous lisez le Panier à salade, votre sélection hebdomadaire de liens sur l’actualité de la police et de la justice. Bonne lecture, et n’hésitez pas à partager le contenu de cette newsletter sur les réseaux sociaux ou à transférer ce message à vos amis.

  • Install Party Linux Médiathèque de Roubaix - La Grand Plage
    http://www.mediathequederoubaix.fr/agenda/install-party-linux-1

    Install Party Linux
    – Samedi 8 juin 2019
    – De 10h à 18h
    – Médiathèque de Roubaix - 3e étage - Salle multimédia

    GRATUIT - SUR RÉSERVATION

    Vous souhaitez réinstaller votre ordinateur avec un système stable et gratuit ? Nous avons une solution pour vous !

    L’équipe multimédia de la médiathèque, en partenariat avec les associations Club Linux Nord-Pas-de-Calais et Chtinux, vous propose de venir installer le système libre et gratuit Linux sur votre ordinateur le samedi 8 juin 2019

    / !\ Si vous voulez découvrir ce qu’est Linux et comment s’en servir, inscrivez-vous aussi aux ateliers des 1, 15 et 22 juin 2019

  • Aguirre, la colère de Dieu
    http://lunivers.org/evenement/aguirre-la-colere-de-dieu

    2019 : énième coulée de béton culturel labellisée Lille3000 et attractivement intitulée Eldorado. Sauf que Lille-Roubaix-Tourcoing, c’est pas les cités d’or ! Alors pour saboter les conquistadors, l’équipe d’Elnorpadcado complote quelques interventions, à l’Univers et ailleurs... Acte I, scène 2.

  • #Dagoma neutralise à distance les armes imprimées en 3D
    https://www.latribune.fr/regions/nord-pas-de-calais/dagoma-neutralise-a-distance-les-armes-imprimees-en-3d-808183.html


    « Nous ne voulions pas que nos imprimantes soient détournées à des fins criminelles », insiste Gauthier Vignon, cofondateur de Dagoma.
    Crédits : Dagoma

    Le spécialiste nordiste de l’#impression_3D Dagoma s’est lancé dans une croisade pour enrayer la prolifération des armes imprimables.

    L’opération a été menée en toute discrétion : pendant quelques semaines, les collaborateurs de Dagoma ont modifié depuis Roubaix des centaines de fichiers permettant d’imprimer des armes à feu en 3D (une pratique illégale en France). La nouvelle tendance avait quelque chose d’inquiétant, car ces armes en plastique sont par nature indétectables. « Nous ne voulions pas que nos imprimantes soient détournées à des fins criminelles : comme les fichiers 3D sont le cœur de notre métier, nous avons changé le diamètre des canons ou la taille des gâchettes, déformé les crosses ou les chargeurs afin de rendre ces armes inutilisables », explique Gauthier Vignon, cofondateur de Dagoma, une entreprise devenue le leader européen de l’impression 3D.

    Pourquoi avoir ensuite révélé au grand jour le tour de passe-passe ? « Pour nous, c’était une question de société : il fallait alerter les autres constructeurs de machines 3D pour leur faire prendre conscience des risques. »

    « Après la première étape qui a consisté à pourrir les bons fichiers, la deuxième a été de modifier nos machines afin qu’elles ne puissent pas imprimer des armes. »

    Gauthier Vignon espère même une prise de conscience pour que les internautes signalent tout fichier suspect et pour que les constructeurs se mettent à alimenter une base de données, afin de contrer les impressions illicites. « Certains nous rétorquent que, de toute façon, ces armes imprimées en 3D ne fonctionnent pas : tant mieux, nous préférons largement que cela reste un faux débat  »

  • Lille, capitale de la ségrégation
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1040-lille-capitale-de-la-segregation

    http://labrique.net/images/numeros/numéro57/segregation1.jpg

    Un record. Avec 44% d’élèves scolarisé.es dans l’enseignement privé, de la maternelle à l’université, la métropole lilloise détient rien moins que le record de France en la matière, doublant la moyenne nationale qui s’élève à 22%. Dans des communes, comme Beaucamps-Ligny et Bondues, plus de 85% des élèves étudient dans des écoles privées. Des établissements privés à Roubaix, Tourcoing, Marcq, scolarisent plus de 2000 élèves qui se massent à l’abri des classes populaires. Comment expliquer ce phénomène ? Levons le voile, chiffres à l’appui, sur la réalité de cette ségrégation scolaire, particulièrement vivace dans la métropole.

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Après dix semaines de mobilisation, comment la police analyse le mouvement des « gilets jaunes »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/01/26/apres-dix-semaines-de-mobilisation-comment-la-police-analyse-le-mouvement-de

    Semaine après semaine, ils ont été au contact des « gilets jaunes », ils ont coordonné le maintien de l’ordre ou ils ont bénéficié des remontées d’information des services de renseignement : alors que l’acte XI de la protestation doit avoir lieu samedi 26 janvier, Le Monde a interrogé des policiers, des gendarmes, des préfets pour comprendre les tendances de fond qui structurent depuis novembre 2018 ce mouvement inédit.

    Au-delà des analyses sociologiques et des chiffres de la mobilisation – imprécis et épars par nature –, nous avons cherché à identifier les grands pôles géographiques du mouvement et les différentes logiques de rassemblement à l’œuvre sur le territoire. Nous avons croisé le regard de gardiens de la paix proches du terrain, d’officiers issus de la hiérarchie intermédiaire, ou de fonctionnaires aux plus hautes responsabilités. Seules les sources syndicales ont toutefois pu être citées nommément, devoir de réserve oblige.

    Deux mouvements parallèles : un la semaine, un le week-end

    De l’avis unanime de nombreuses sources, deux mobilisations parallèles coexistent un peu partout en France, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », le 17 novembre 2018 : la première, la semaine, sur les ronds-points, avec des revendications très sociales ; la seconde, chaque samedi, lors des manifestations, avec des mots d’ordre beaucoup plus antisystème.

    Néanmoins, la mobilisation en semaine, sur les ronds-points, symbole politique initial du mouvement, a fortement évolué ces dernières semaines. « La bascule a été constatée après les fêtes de Noël », précise un fonctionnaire. Les annonces du chef de l’Etat le 10 décembre sur le pouvoir d’achat ont satisfait une partie du mouvement. Les manifestants ont aussi, en parallèle, été progressivement évacués par les forces de l’ordre en raison du caractère illégal de leur occupation. La mobilisation s’est donc reportée sur les rassemblements du week-end, dans les villes.

    Un certain nombre de « gilets jaunes » ont par ailleurs quitté les ronds-points, mais sont allés occuper des terrains de collectivités locales ou de particuliers ayant décidé de les soutenir. Ces « points de fixation », comme les appellent désormais policiers et gendarmes, sont très éparpillés. Ils réunissent un petit nombre de personnes et demeurent essentiellement le fait d’individus en recherche de lien social, parmi lesquels de nombreux retraités, affirme un haut gradé.

    A Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), par exemple, vingt à trente « gilets jaunes » qui étaient les plus engagés se sont installés sur un terrain privé, à une centaine de mètres d’un rond-point d’accès à l’autoroute A51, qu’ils avaient occupé presque sans discontinuer du 17 novembre au 7 janvier, selon Guillaume Ryckewaert, secrétaire national du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). Des ronds-points ou des sorties d’autoroute sont encore occupés régulièrement dans le reste du département et il y a parfois des opérations « péage gratuit », à Peyruis et à Sisteron, avec dix ou vingt manifestants.

    Une protestation rurale qui s’est étendue aux villes petites et moyennes

    A l’origine, le mouvement des « gilets jaunes » part du monde rural. Faute de transports publics, la contestation de la hausse des taxes sur les carburants envisagée à l’automne par le gouvernement y a en effet trouvé un écho particulièrement fort. Mais, au fil des semaines, dans de nombreux départements, les forces de l’ordre ont constaté un report progressif de la mobilisation sur les petites et moyennes villes, avec une extension du conflit à des personnes issues du tissu périurbain.

    « De façon générale, la mobilisation parisienne a servi de prise de conscience, puis il y a eu un report sur la province », confirme un haut responsable de la sécurité intérieure.

    Dans l’Est, par exemple, les grandes villes, comme Besançon, Strasbourg, Metz, ou Reims, sont restées plutôt à l’écart de la crise des « gilets jaunes ». Des tensions sont bien progressivement apparues à Mulhouse. Mais elles sont restées très inférieures à ce qu’ont connu de plus petites villes comme Bar-le-Duc, Dole, Forbach et Thionville, dont certaines sont très paupérisées et marquées au fer rouge par la désindustrialisation. Charleville-Mézières en particulier, a été confrontée à plusieurs épisodes de violences urbaines. Cette montée des tensions tiendrait notamment aux effectifs de police et de gendarmerie. A l’exception de la Moselle, les départements de la région sont moins bien dotés pour faire face à des événements impromptus.

    Dans ce paysage, Nancy, qui est un grand pôle urbain, fait figure d’exception. Les violences ont débuté dès le 17 novembre 2018 et ont eu lieu ensuite chaque week-end. Le 22 décembre 2018, quelque 2 000 manifestants se sont rassemblés, et des fusées de clous et de billes ont été jetées sur les forces de l’ordre. Cette exception nancéienne pourrait s’expliquer par la position centrale de l’agglomération : une ville entourée de territoires plus enclavés, comme la Meuse ou les Vosges, d’où sont venus une partie des manifestants. Cette « régionalisation » du mouvement façon vases communicants a surtout été constatée dans l’Est à partir du 5 janvier.

    Beaucoup de régions ont aussi observé un afflux de manifestants qui avaient initialement pris l’habitude de venir à Paris. Des personnes motivées à l’idée d’agir désormais plus localement, ou contraintes financièrement. Ainsi les autorités ont constaté des niveaux de mobilisation baissant par endroits, tandis que d’autres villes ont pris le relais, comme Nantes ou Rennes, entrées dans le mouvement plus tardivement.

    Toulouse et Bordeaux : deux exceptions épicentres des violences

    Si, en région, les petites et moyennes villes concentrent désormais la mobilisation et les dérapages, deux métropoles échappent aujourd’hui à cette règle : Toulouse et Bordeaux. Les forces de l’ordre sont certes habituées à la « tradition contestataire » d’extrême gauche de la première. Toulouse attire, qui plus est, tous les manifestants des villes lui étant périphériques ainsi qu’un certain nombre de jeunes issus des quartiers sensibles comme le Mirail. Mais le niveau de violence qui se cristallise inquiète désormais au plus haut niveau. Chaque samedi, la mobilisation toulousaine se scinde généralement en deux, avec d’un côté l’action des « gilets jaunes » « classiques », et en deuxième rideau, un « sur-appel à manifester » de l’extrême gauche, qui se prolonge parfois très tard dans la nuit.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : « Un terreau contestataire » fait de Toulouse une « capitale de la colère jaune »

    A Bordeaux, davantage connue pour son flegme bourgeois que pour ses éruptions de fureur, la récurrence des dégradations a davantage surpris les autorités. Le scénario se répète inlassablement chaque semaine depuis le 1er décembre. Le nombre de « gilets jaunes » ne faiblit pas et « pourrait continuer d’augmenter », anticipe même un haut gradé : ils étaient encore 4 000 pour l’acte X, samedi 19 janvier.

    Parmi les casseurs récurrents identifiés par la police, les plus actifs sont les groupes d’extrême gauche, antifascistes et black blocs. Les interpellations montrent que Bordeaux agit comme un aimant pour tout le Sud-Ouest. La plupart des manifestants ne sont pas bordelais et viennent plutôt des départements alentour : des Landes, de Dordogne, de Charente-Maritime, et même des Pyrénées-Atlantiques, à deux ou trois heures de voiture.

    « Chaque fois, c’est pareil, raconte un policier spécialisé dans le maintien de l’ordre en Gironde. Ils se regroupent, ils défilent, en passant par les quartiers les plus favorisés, et vers 17 heures, à la tombée de la nuit, les plus violents arrivent place Pey-Berland, où se situe la mairie. Ils font face aux forces de l’ordre et se mettent à tout dégrader. Ils s’attaquent à ce que représente la ville : un centre riche, entièrement rénové et un maire, Alain Juppé, qui a soutenu Macron. »

    Bordeaux, symbole parfait d’un affrontement de classes qui sous-tendrait le mouvement des « gilets jaunes » ? « L’exclusion, ces dernières années, des petites et moyennes classes sociales a contribué à un sentiment antibourgeois qui se caractérise de temps à autre par des réflexions faites aux habitants aisés du centre de l’agglomération », note un officier de police, pointant les loyers devenus inaccessibles pour les salaires moyens, notamment sous l’effet de l’arrivée, à l’été 2017, de la ligne à grande vitesse, qui place désormais la ville à seulement deux heures en train de Paris.

    Le Sud plus agité que le Nord

    Même si certains militants « gilets jaunes » s’y essayent, difficile d’établir une cartographie très précise du mouvement, aux yeux de nombreuses sources policières. Seule chose évidente : de façon globale, la mobilisation apparaît nettement plus forte dans le sud de la France qu’au nord. Ainsi serait en train de se former une sorte d’arc méditerranéen très virulent, allant des « contreforts pyrénéens à la vallée du Rhône », en passant par Tarbes, Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes et Avignon, résume Christophe Rouget, secrétaire général adjoint du SCSI.

    Une mobilisation parfois violente, qui peut passer inaperçue dans les médias, regrettent certains fonctionnaires. Comme à Nîmes, le 12 janvier, où se sont rassemblés tous les « gilets jaunes » d’Occitanie, soit plus de 1 250 manifestants dont 250 motards. Beaucoup de dégâts matériels ont été à déplorer, notamment sur des banques. C’est dans la région qu’a aussi eu lieu, dans la nuit du 18 au 19 décembre 2018, le spectaculaire incendie de la barrière de péage d’Agde-Bessan (Hérault) sur l’A9. Depuis, plus de 45 personnes ont été interpellées, 18 ont été mises en examen et 12 placées en détention provisoire.

    A l’inverse, le nord de la France, et plus précisément la région des Hauts-de-France, qui cumule sur le papier tous les indicateurs socio-économiques de précarité, apparaît plus en retrait du mouvement. Même si la mobilisation n’y est pas absente – des rassemblements ont lieu régulièrement à Calais (Pas-de-Calais), Laon ou Soissons (Aisne) – « le Nord bouge moins que ce que l’on pouvait imaginer, il y a une forme de “paradoxe” du Nord », confirme David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). « A Amiens, il y a eu deux ou trois manifestations dures, mais depuis, c’est le retour à la normale. »

    Le calme de Roubaix apparaît aussi comme une curiosité à de nombreux observateurs. Ils n’étaient qu’une quinzaine de « gilets jaunes », le 1er décembre, pour leur premier rassemblement… Deux hypothèses pourraient expliquer ce constat, aux yeux d’un cadre des services de renseignement. D’abord le fait que le département du Nord soit globalement assez urbain. Seconde explication possible selon lui : la précarité y est telle que les aides sociales peuvent jouer un rôle d’amortisseur. Le mouvement des « gilets jaunes » demeure majoritairement le fait d’actifs issus de la classe moyenne inférieure.

    Une mobilisation qui demeure très « sporadique »

    S’il donne l’impression d’une grande continuité depuis le début, le mouvement des « gilets jaunes » se traduit localement par un aspect très sporadique et une forte éruptivité. Certaines villes sont ainsi apparues dans les radars des autorités, avec parfois de soudains pics de violences, comme à Saint-Etienne, puis ont disparu, sans véritables explications. A l’ouest, des villes comme Tours, Le Mans, Caen ou Quimper font parler d’elles seulement depuis peu.

    Au Puy-en-Velay, l’attaque de la préfecture le 1er décembre a ainsi laissé de profondes traces. « On ne comprend toujours pas ce qu’il s’est passé, raconte un officier de police local. On s’était préparé pour du maintien de l’ordre, mais on a eu une scène de guérilla urbaine. Et en face de nous, on avait nos voisins ! Il y avait quelques mecs d’extrême gauche et d’extrême droite, mais c’était surtout des quidams, des gens modestes venus de la campagne environnante. Il y a eu un effet de meute, un peu d’alcool aussi sans doute, mais ça ne justifie pas tout. »

    La ville, qui a reçu des renforts en gendarmerie mobile importants par la suite, n’a plus connu de tels épisodes depuis. Les manifestants n’étaient plus que 200 à 300 pour l’acte X, le 19 janvier, alors qu’ils étaient 4 000 le 1er décembre 2018. Les groupuscules des extrêmes se sont eux déplacés dans d’autres villes. « Dans cette région où on a besoin de la voiture pour vivre, la revendication sur les carburants était légitime, mais maintenant il y a une lassitude, sans compter les dégâts économiques pour les commerçants », explique ce policier.
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    L’ultragauche et l’ultradroite, plus aiguillons que moteurs

    Depuis le début du mouvement, les groupes d’ultragauche et d’ultradroite sont visibles dans la plupart des rassemblements qui dégénèrent. Parfois, ils s’affrontent aussi entre eux. Le matin du 1er décembre, jour de l’apogée des violences à Paris, des militants d’extrême droite ont ainsi été vus en train de monter une barricade dans une avenue voisine de l’Arc de triomphe, tandis que des profils identifiés à l’extrême gauche tenaient le pavé sur le terre-plein central. Au fil des week-ends, ces individus se sont toutefois éparpillés sur le territoire, notamment à Nantes, Toulouse et Dijon – où existe un foyer anarchiste historique.

    A Rennes, ville habituée aux soubresauts avec un fort noyau d’extrême gauche, le mouvement des « gilets jaunes » s’est ainsi déroulé dans le calme, les premiers temps. « Ça ne s’est radicalisé que depuis quinze jours, constate David Leveau, secrétaire régional Unité SGP Police FO, l’un des principaux syndicats de gardien de la paix. On a vu ressortir les nids d’ultragauche et les black blocs, alors qu’ils ne se mêlaient pas aux “gilets jaunes” au début. » Les revendications liées au prix des carburants ne correspondaient pas à leur logiciel idéologique, note une source policière haut placée, qui estime que leur ralliement au mouvement est un effet d’opportunité.

    Une évolution sur le terrain dont témoigne aussi un policier de la brigade anticriminalité (BAC) : « Au départ, pendant les premiers samedis, c’était plutôt calme, on avait des contacts avec les manifestants, il y avait même un dialogue : ça nous a surpris vu le climat habituel à Rennes. Mais, maintenant, il y a une montée en puissance de la violence, avec des groupes d’extrême gauche virulents qui profitent de ça pour foutre le bordel. Ils viennent au contact, caillassent et vont se réfugier dans la foule en mettant des gilets jaunes. »

    Une radicalisation préoccupante d’une partie des manifestants

    La polémique sur les violences policières et l’usage du lanceur de balle de défense 40 mm (LBD 40) a également accentué les heurts sur le terrain, témoigne le même policier de la BAC à Rennes : « La violence augmente contre nous parce qu’il y a eu des blessés graves. Il y a beaucoup de “gilets jaunes” qui ont l’impression de ne pas être entendus ou d’être victimes d’interventions policières qu’ils ont du mal à comprendre. Alors ils s’en prennent à des organismes représentant l’Etat, à l’immobilier qui incarne la richesse ou à l’institution police. »
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    Une contestation de l’action des forces de l’ordre qui touche l’ensemble du pays, même dans les zones n’ayant eu à déplorer aucune violence, ni d’un côté ni de l’autre. En Ardèche, par exemple – « où aucune grenade lacrymogène n’a été tirée depuis le début du mouvement », d’après une source policière –, le mouvement, principalement animé par des retraités, s’est durci, rapporte un gardien de la paix présent sur les ronds-points. « Au début, on discutait avec eux. Je me souviens d’une femme âgée à qui j’ai parlé pendant près de deux heures un samedi. Je la recroise un mois plus tard, elle ne me reconnaît pas, et elle se met à m’insulter de tous les noms… »

    David Le Bars, patron du SCPN, le principal syndicat des commissaires, regrette aussi « cette espèce d’accoutumance à la violence verbale » ainsi que « le développement d’une rancœur nourrie d’une semaine sur l’autre dans l’affrontement avec les policiers ». « Beaucoup de violences physiques sont commises par des gens lambda », note un cadre des services de renseignement, qui estime cependant que ceux qui sont le plus actifs aujourd’hui étaient déjà souvent dans une forme de radicalité avant le début du mouvement, avec, par exemple dans le Sud, des pratiques issues des mouvements agricoles ou viticoles.

    Les autorités craignent par-dessus tout que cette radicalisation n’aboutisse à des dérapages fatals. L’interpellation d’un « gilet jaune » équipé d’un pistolet chargé, mercredi 23 janvier, à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), et la découverte chez lui d’un arsenal d’armes ont réactivé la peur d’un passage à l’acte grave.

    Des tentatives de récupération politique mais pas de lien direct avec le vote RN ou LFI

    Le mouvement des « gilets jaunes » est, depuis ses débuts, l’objet de diverses tentatives de récupération politique. Qu’elles soient locales ou le fait de responsables nationaux. Un certain nombre de mots d’ordre du mouvement sont en effet en adéquation avec les thèses de La France insoumise (LFI) ou du Rassemblement national (RN). « Certains militants sont clairement là pour encourager la mobilisation, mais les “gilets jaunes” restent majoritairement un mouvement de citoyens, rappelle un haut fonctionnaire. Ce n’est ni l’ultradroite ni l’ultragauche qui structurent le mouvement. »

    Dans le Sud, il a par exemple été constaté à plusieurs reprises sur des ronds-points que des personnes venant de bords politiques très opposés (RN et LFI) discutaient ensemble sans aucune difficulté, le tout en débattant de leur vote lors du scrutin présidentiel. Un constat qui fait dire aux forces de l’ordre ayant pu assister à ces échanges que les raisons les unissant étaient bien supérieures à leurs divisions politiques.

    Dans certaines régions, récemment, les choses sont certes allées plus loin, avec des tentatives ponctuelles de « phagocytage » du mouvement par des représentants syndicaux ou issus de LFI. Mais celles-ci ont surtout contribué à attiser les tensions et à diviser la mobilisation, estime un commissaire de police parisien qui a travaillé à centraliser les nombreuses informations venant de ses collègues sur le terrain.

    De même, la carte de France du vote RN ou LFI ne se superpose pas clairement avec le mouvement des « gilets jaunes », estiment la plupart des observateurs. La seule zone où cet emboîtement apparaît très visible concerne l’arc méditerranéen, ainsi que Bordeaux, où de nombreux manifestants viennent chaque week-end du Médoc voisin : un territoire très marqué par le vote RN.

    Ce constat général n’empêche pas de trouver des concordances à l’échelle locale. Dans le Pas-de-Calais, début décembre, La Voix du Nord a ainsi réussi à rapprocher la carte des votes RN et LFI au premier tour de l’élection présidentielle 2017 avec celle des rassemblements de « gilets jaunes » dans le département. Aucun systématisme ne se dégageait pour autant.
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    Un mouvement citoyen qui cherche à se structurer politiquement pour durer

    Le mouvement des « gilets jaunes » a compris, avec l’hiver, les vacances scolaires, et les annonces du chef de l’Etat début décembre, qu’il devait s’organiser s’il comptait durer et obtenir plus. D’où son rapprochement récent, par exemple, avec les milieux syndicaux et l’appel à la grève générale, le 5 février, de la CGT. « On est passé d’une logique de sincérité à un besoin de fédération politique, abonde un cadre de la sécurité intérieure. Il ne faut toutefois pas forcément voir dans la structuration actuelle quelque chose d’organisé politiquement. »

    Il y a surtout un besoin « d’auto-justification » du mouvement, selon ce fonctionnaire. Celle-ci passerait aujourd’hui par le besoin de fédérer les rancœurs autour de « personnalités politiques », telles que le président Emmanuel Macron ou le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Cette nécessité de resserrer les rangs passerait aussi par l’utilisation de la « victimisation », avec un vecteur tout trouvé : les violences policières. Cette « deuxième phase » du mouvement s’appuie enfin beaucoup sur le soutien affiché de l’opinion. Un soutien qui risque de s’effriter mais va sans doute durer sur le long terme, estime un haut responsable de la gendarmerie.

    Une mobilisation très dépendante du charisme des leaders locaux

    Si quelques profils ont crevé l’écran au niveau national, comme Eric Drouet, Maxime Nicolle ou Priscillia Ludosky, ou encore Ingrid Levavasseur, notamment par le biais des réseaux sociaux, le mouvement des « gilets jaunes » doit également sa réussite à l’émergence, parfois éphémère, de leaders ultra-locaux.

    « Souvent, un abcès de fixation prend parce qu’il y a une ou deux personnes qui agrègent les autres et prennent de manière implicite la tête du dispositif », témoigne un policier chargé de dégager des ronds-points.

    Quand l’un de ces chefs de file disparaît, le noyau se disloque en général assez rapidement. Ce cas de figure s’est présenté récemment à Béziers (Hérault), autour de la figure d’une femme. « Depuis son interpellation et sa condamnation à une forte peine de prison avec sursis, il y a un gros flottement sur le secteur », décrypte M. Ryckewaert, du SCSI.

    Mais si certains policiers constatent un étiolement de ce type de blocages, d’autres estiment qu’après avoir atteint son étiage, la mobilisation des « gilets jaunes » est partie pour durer. Un enkystement et une détermination que le lancement du grand débat national par M. Macron ne semble pas encore avoir entamés. « C’est une grande séance de thérapie collective ce débat, c’est bien, mais quand les gens vont se rendre compte à la fin qu’ils ne sont toujours pas soignés, il va y avoir de la frustration », prédit une source policière de haut rang. Si le mouvement des « gilets jaunes » passe l’hiver et notamment la période actuelle de grand froid, les autorités craignent qu’il bourgeonne de plus belle au printemps.

    #maintien_de_l'ordre

  • L’envers des friches culturelles | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/231218/l-envers-des-friches-culturelles

    Terrains vagues, bâtiments désaffectés, rails à l’abandon… Un peu partout en France, ces espaces qui faisaient auparavant l’objet d’occupations illégales sont convertis en lieux culturels par une poignée d’entrepreneurs ambitieux. Ces sites, souvent éphémères, se présentent comme « engagés » et « créatifs » et participant à la revalorisation de quartiers dépréciés. Mais cette « valorisation » semble avant tout financière. Une enquête parue dans le numéro 11 du Crieur, toujours en librairie.

    • C’est que Ground Control s’inscrit plus largement dans une politique foncière en pleine expansion au sein de la SNCF : l’urbanisme transitoire. « Cette démarche dite d’“urbanisme temporaire” ou transitoire est un levier essentiel de valorisation, avance Fadia Karam, directrice du développement de SNCF Immobilier. Cela permet d’intensifier l’usage de nos sites parfois vides et d’éluder des coûts de gardiennage, d’entretien et de sécurité, en limitant la détérioration et l’obsolescence de notre patrimoine. En dotant nos sites de nouveaux usages, nous développons la valeur de nos actifs. »

      icf-habitat

      La stratégie d’urbanisme transitoire du groupe ferroviaire prend naissance en 2013, quand une galerie de street art propose à ICF Habitat, filiale logement de la SNCF, d’investir provisoirement une de ses tours de logement destinée à la démolition. L’initiative, baptisée Tour Paris 13, est une telle réussite – trente mille visiteurs en un mois – que la SNCF entrevoit rapidement dans ce site culturel éphémère un formidable outil de communication sur la future HLM qui s’érigera en lieu et place de la tour. Et, par ricochet, d’augmentation de l’attractivité de ce quartier résidentiel grâce aux artistes graff les plus célèbres de la scène mondiale venus s’approprier l’immeuble en friche.

      Rapidement surnommée la « cathédrale du street art », la tour a été l’objet d’une grande attention médiatique, à l’image de Télérama, qui ira jusqu’à suivre en direct, avec trois caméras, la destruction du bâtiment en 2014. Trois ans plus tard, le même journal publiait un article élogieux sur le nouvel « immeuble HLM à l’architecture délirante » situé dans l’« eldorado parisien du street art ». Une opération de communication bénéficiant à la fois à l’acteur privé – la galerie Itinerrance – et à la SNCF, qui a pu aisément vendre ses logements flambant neufs à un prix lucratif.

      En 2015, deux ans après Tour Paris 13, l’occupation temporaire du dépôt de train de la Chapelle par Ground Control est appréhendée par SNCF Immobilier comme un projet pilote en vue de mieux formaliser sa démarche d’urbanisme transitoire. Après cette expérience concluante de friche culturelle éphémère, la filiale lance en fin d’année un appel à manifestation d’intérêt afin que seize de ses espaces désaffectés soient reconvertis provisoirement en « sites artistiques temporaires ».

      En réinvestissant une deuxième fois le dépôt de la Chapelle en 2016, puis la Halle Charolais de la gare de Lyon, Denis Legat devient, avec son concept Ground Control, le fer de lance de l’urbanisme transitoire prôné par la société nationale des chemins de fer. Au plus grand bonheur de Marie Jorio, cadre développement au sein de SNCF Immobilier qui, à propos du site de la Chapelle, déclare sans ambages : « Avec Ground Control, nous avons fait exister cette adresse plus rapidement et avons créé de l’attractivité : les opérateurs ont envie d’y aller et d’innover ! »

      Aux yeux de la SNCF, la friche culturelle Ground Control a en effet servi d’outil marketing pour mieux promouvoir l’aménagement urbain qui prévoit la construction de cinq cents logements dans ce coin morne du XVIIIe arrondissement. Quant aux visiteurs, ils ont été les cobayes de la future identité urbaine de ce quartier dévitalisé, Ground Control constituant un showroom hype au service du complexe immobilier en devenir. « L’ADN ferroviaire du site du dépôt Chapelle est ressorti très fortement dans l’appétence et le succès du concept, révèle ainsi SNCF Immobilier. Le projet urbain en cours de définition fera revivre cet ADN et cette identité ferroviaire très forte qui constituent un actif immatériel et un capital fort. »

      Le recours aux occupations temporaires pour accroître la valeur financière d’un projet immobilier et préfigurer ses futurs usages est de plus en plus systématique. En janvier 2018, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France avait recensé pas moins de soixante-dix-sept projets d’urbanisme transitoire en région francilienne depuis 2012 – dont plus de la moitié sont en cours. Quatre cinquièmes des propriétaires des sites sont des acteurs publics ( collectivités locales, établissements publics d’aménagement, SNCF, bailleurs sociaux ) et les occupations à dimension culturelle sont largement prédominantes.

      Les pouvoirs publics locaux ont par ailleurs décidé d’accompagner pleinement cette dynamique d’optimisation foncière. Le conseil municipal de Paris et le conseil métropolitain du Grand Paris ont tous deux récemment adopté le vœu qu’à l’avenir, tout projet d’aménagement urbain soit précédé d’une opération d’urbanisme transitoire. De plus, sur la quarantaine de projets d’urbanisme temporaire actuels, vingt-sept sont soutenus par la région Île-de-France dans le cadre de son appel à manifestations d’intérêt sur l’urbanisme transitoire lancé en 2016. Une enveloppe qui s’élève à 3,3 millions d’euros.

      Là encore, malgré les incantations à l’« innovation urbaine » et à la « transition écologique » de cet appel à projets, c’est avant tout l’argument économique qui fait mouche. « Il faut en moyenne douze ans pour qu’une ZAC [ zone d’aménagement concerté ] sorte de terre, avançait l’an dernier Chantal Jouanno, alors vice-présidente de la région. Durant ce laps de temps, les immeubles ne servent à personne, peuvent être squattés et perdre leur valeur. » La nature a horreur du vide. Les édiles parisiens également.
      Espace public, bénéfice privé

      Cultplace et La Lune rousse ne se contentent pas d’accaparer des friches. L’ensemble de leurs sites éphémères et établissements présentent en effet la particularité d’être des espaces hybrides, à la fois publics et privatisables, culturels et commerciaux. Des logiques tout autant artistico-festives que marchandes, qui ont permis aux entrepreneurs culturels de s’approprier une dénomination en vogue : celle de « tiers-lieu ».

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      Conceptualisé par le sociologue américain Ray Oldenburg dans un ouvrage intitulé The Great Good Place ( 1989 ), le tiers-lieu désigne à l’origine les espaces de sociabilité situés en dehors du domicile et du travail, comme les cafés ou les parcs publics. Cette expression aux contours flous a été employée afin de qualifier les premiers fablabs, les hackerspaces et autres jardins urbains partagés. Mais au grand dam des tenants de l’éthique open source et de l’esprit collectif de la débrouille, le terme de tiers-lieu s’est progressivement dénaturé jusqu’à qualifier de facto tout espace hébergeant des activités pluridisciplinaires, gratuites comme lucratives.

      « Je vois nos sites comme des écrins pour l’initiative, pour l’émergence d’envies, s’enflamme ainsi Renaud Barillet. Mais la réalité économique d’un tiers-lieu comme la friche 88 Ménilmontant fait qu’on a besoin de clients. Ce que l’on fabrique, ce sont des initiatives privées mais qui peuvent avoir une quote-part d’intérêt général. »

      Loïc Lorenzini, adjoint au maire du XVIIIe arrondissement chargé des entreprises culturelles, porte néanmoins un autre regard sur l’émergence de ces tiers-lieux. « Ground Control au dépôt de la Chapelle, cela n’a pas été évident avec eux au début, se souvient l’élu. Il y avait un service d’ordre avec des vigiles à l’entrée du lieu, ce qui n’a pas vraiment plu aux habitants du quartier. »

      Sa circonscription héberge actuellement deux sites artistiques temporaires de la SNCF : L’Aérosol – un hangar de fret reconverti en espace dédié au graffiti – et La Station-gare des mines – ancienne gare à charbon devenue salle de concert. Ces deux occupations de sites ferroviaires en friche préfigurent d’importants projets d’aménagement urbain comportant des logements, des bureaux ou encore l’Arena 2, une salle omnisports qui devrait être inaugurée en vue des Jeux olympiques de 2024.

      « Ces entreprises culturelles sont venues bousculer la vision classique de la culture, c’est-à-dire une vision subventionnée, avance Loïc Lorenzini. L’enjeu avec ces tiers-lieux, c’est qu’ils ne deviennent pas le cache-sexe de projets privés urbanistiques. Notre rôle est de rappeler que dans un arrondissement populaire comme le XVIIIe, il y a des enjeux locaux forts, telle la gentrification. »

    • Dernier avatar en date des tiers-lieux culturels qui foisonnent dans la capitale, La Recyclerie se présente comme « une start-up innovante qui réinvente le concept du tiers-lieu ( ni la maison ni le travail ) et fédère un large public sur le thème de l’écoresponsabilité ». Inauguré en 2014, cet établissement, composé d’un café-cantine, d’un atelier de réparation et d’une mini-ferme urbaine, est implanté au sein d’une station de train désaffectée de la Petite Ceinture, la gare Ornano, au nord du XVIIIe arrondissement.

      Les quais de la gare désaffectée du boulevard Ornano sur la ligne de Petite Ceinture. Les quais de la gare désaffectée du boulevard Ornano sur la ligne de Petite Ceinture.

      Un emplacement loin d’être anodin : la station à l’abandon se situe en effet porte de Clignancourt, à deux pas des échoppes discount des puces de Saint-Ouen, de la préfecture de police chargée des demandes d’asile de la capitale et d’un bidonville de Roms installé en contrebas de l’ancienne voie ferrée. Un carrefour où vendeurs à la sauvette, chiffonniers et migrants tentent de survivre par l’économie informelle.

      Malgré le fait qu’un tiers-lieu culturel ne soit pas de prime abord le projet urbain le plus pertinent en termes de besoins sociaux dans ce quartier populaire, « le maire de l’époque, Daniel Vaillant, a personnellement appuyé notre dossier, dévoile Marion Bocahut, présentée comme cheffe de projet écoculturel du lieu. La mairie du XVIIIe n’avait pas les moyens financiers d’acheter la gare Ornano, nous avons donc racheté l’intérieur du bâtiment ».

      La Recyclerie appartient à Sinny & Ooko, une société « créatrice de tiers-lieux et d’événements » dirigée par Stéphane Vatinel. Figure du milieu de la nuit, connu pour avoir fondé en 1992 le Glaz’art, un club électro emblématique installé dans un ancien dépôt de bus, l’entrepreneur a repris de 2003 à 2008 les rênes du Divan du monde, salle de spectacle historique de Pigalle.

      Par l’intermédiaire de son entreprise, ce quinquagénaire hyperactif est aujourd’hui l’exploitant de La Machine du Moulin rouge, l’incontournable discothèque techno du nord de la capitale, et du Pavillon des canaux, une bâtisse abandonnée sur les bords du bassin de la Villette réhabilitée en coffice – mi-café, mi-espace de travail.

      Quand il rachète la gare Ornano pour installer son tiers-lieu empreint « des valeurs collaboratives et du Do It Yoursef », Stéphane Vatinel fait appel à son ami Olivier Laffon, qui s’investit financièrement dans l’opération. Cet ancien magnat de l’immobilier devenu millionnaire a été le promoteur de mégacentres commerciaux, à l’instar de Bercy Village, Vélizy 2 ou Plan de campagne dans les Bouches-du-Rhône. Mais avec sa holding C Développement, Olivier Laffon s’est reconverti dans l’entreprenariat social.

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      Sa réalisation la plus célèbre demeure le Comptoir général, un ancien entrepôt au bord du canal Saint-Martin reconverti en 2009 en bar et « espace événementiel écosolidaire » à l’ambiance exotique. Devenu une référence quasi caricaturale du « Paris branché », le Comptoir général a fait appel jusqu’en 2013 aux services de Sinny & Ooko afin de développer et d’animer sa programmation. Une alliance pérenne entre les deux hommes d’affaires puisque C Développement avait précédemment investi dans le rachat du Divan du monde et dans La Machine du Moulin rouge, établissements gérés par Stéphane Vatinel…

      Pour les événements écoculturels de La Recyclerie, Sinny & Ooko a fait appel à un partenaire des plus édifiants : la fondation Veolia. L’entreprise du CAC 40, connue pour être le géant mondial de la privatisation de l’eau, finance en effet en grande partie la programmation du lieu et est partenaire de son cycle de conférences sur l’économie circulaire. La bibliothèque de La Recyclerie a de surcroît été ouverte avec des livres offerts par la multinationale. « Veolia nous accompagne aussi dans notre développement, notamment avec Scale up ( “changement d’échelle” ), un programme de l’Essec Business School qui nous a permis de savoir comment dupliquer un lieu comme La Recyclerie », détaille Marion Bocahut.

      Le concept de La Recyclerie a effectivement depuis peu changé d’échelle. Sinny & Ooko a inauguré en août dernier un nouveau tiers-lieu écoculturel baptisé la Cité fertile. Ici, comme pour Ground Control, SNCF Immobilier a fait signer à Sinny & Ooko, à l’aune de son appel à projets sur l’urbanisme transitoire, une convention d’occupation de trois ans de son ancienne gare de fret basée à Pantin. « Nous sommes là pour opérer une transition entre une gare de marchandises et le futur écoquartier de la ville de Pantin », assume Clémence Vazard, cheffe du projet de la Cité fertile.

      L’écoquartier prévoit mille cinq cents logements et près de cent mille mètres carrés de bureaux et de locaux commerciaux. Une opération foncière des plus rentables pour SNCF Immobilier et les promoteurs. Surnommée la « Brooklyn parisienne », Pantin constitue depuis peu un eldorado de la spéculation immobilière : l’ancienne cité industrielle a vu flamber de 15 % en cinq ans le prix du mètre carré, un record parmi les villes de la petite couronne parisienne.

      En attendant, sur près d’un hectare, la Cité fertile veut « explorer et imaginer la ville de demain » en attirant un million de curieux par an avec ses ateliers, ses conférences et sa cantine approvisionnée en circuits courts. Clémence Vazard explique que l’équipe a consulté la municipalité de Pantin afin d’« identifier les acteurs locaux et demander leurs contacts ». Parmi la cinquantaine de personnes salariées sur le site, une seule pourtant se consacre à cette ouverture sur les Pantinois. « En tout cas, si on a un partenariat comme Veolia qui peut se présenter, ce serait le meilleur pour nous », souligne la cheffe de projet. Avant de préciser : « Sinny & Ooko possède l’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale ( Esus ), en aucun cas nous ne faisons du greenwashing. »

      L’originalité de cette friche éphémère réside cependant ailleurs. La Cité fertile héberge en effet depuis septembre le « campus des tiers-lieux », école de formation et incubateur d’entreprises dont le but est de développer les tiers-lieux culturels en tant que modèles économiques d’avenir. « Depuis l’an dernier, Sinny & Ooko est certifié comme organisme de formation. Nous proposons un module pour apprendre à être responsable de tiers-lieu culturel, détaille Clémence Vazard. Nous avons déjà formé une soixantaine de personnes, dont certaines ont récemment monté leur propre tiers-lieu à Montreuil – la Maison Montreau – ou à Niamey, au Niger – L’Oasis, un espace de coworking parrainé par Veolia. »

      Selon les formateurs Sinny & Ooko, le tiers-lieu culturel est un modèle démultipliable à souhait, telle une unité standardisée qui se résume, selon sa plaquette de présentation, à un « HCR [ hôtel café restaurant ] à portée culturelle », où une activité économique « socle » de bar-restauration permet de financer une programmation qui fait vivre le lieu.
      Friche partout, créativité nulle part

      En moins de cinq ans, Cultplace, La Lune rousse et Sinny & Ooko ont édifié un véritable petit empire économique en Île-de-France. Elles ont même l’ambition de s’implanter durablement à travers l’Hexagone en reproduisant des fac-similés de leurs tiers-lieux respectifs. Renaud Barillet a ainsi récemment remporté deux appels à projets à Bordeaux et un autre à Lyon afin d’édifier « des projets très proches en termes d’ADN et de ventilation des espaces de ce qu’est La Bellevilloise ».

      En Charente-Maritime, à Rochefort, Cultplace est en train de mettre sur pied Grand foin, « une déclinaison rurale de La Bellevilloise », aux dires de Renaud Barillet. Par ailleurs, depuis 2016, Denis Legat et son équipe débarquent chaque été aux Rencontres de la photographie d’Arles, où ils investissent un ancien hangar de la SNCF avec leur habituelle formule Ground Control.

      Stéphane Vatinel, quant à lui, doit ouvrir d’ici 2023 La Halle aux Cheminées, un tiers-lieu dans une ancienne friche militaire de Toulouse dont le concept n’est autre qu’un copier-coller de La Recyclerie. Autant de jalons d’une hégémonie économico-culturelle dont se défend du bout des lèvres Renaud Barillet : « C’est vrai que ceux qui ont commencé à réaliser des tiers-lieux arrivent aujourd’hui à se développer et je pense que pour un nouveau venu, ce n’est pas si simple. Les appels d’offres demeurent très économiques et orientés vers l’immobilier. »

      Ce business model des friches est si bien rodé et rencontre un tel succès qu’il en devient vecteur d’une certaine uniformisation. À Paris, en plus du Poinçon, la gare de Montrouge rénovée par Cultplace, et de La Recyclerie, ex-gare Ornano, la plupart des seize stations de la Petite Ceinture deviendront des tiers-lieux, à l’instar du Hasard ludique, « lieu culturel hybride » niché porte de Saint-Ouen, ou de La Gare-jazz à la Villette – en lieu et place de l’ancien squat artistique Gare aux gorilles.

      La gare Masséna vue depuis la rue Regnault. La gare Masséna vue depuis la rue Regnault.

      Dans le cadre de Réinventer Paris, l’ancienne gare Masséna sera quant à elle réhabilitée en « lieu de vie et de proximité » d’ici 2019 avec bar et cantine, ferme urbaine, boutiques bio, espaces artistico-culturels et bureaux. Enfin, Stéphane Vatinel a l’an dernier remporté l’exploitation de deux sites en friche grâce à Réinventer la Seine, un appel à projets visant à « la construction d’un territoire métropolitain évident et d’envergure internationale ». Une usine désaffectée à Ivry et l’ancien tribunal de Bobigny seront ainsi, à l’horizon 2022, reconvertis tous deux en tiers-lieux écoculturels estampillés Sinny & Ooko.

      À cette dynamique de duplication des tiers-lieux s’ajoutent les dizaines de terrasses temporaires qui essaiment chaque été dans les interstices urbains de la capitale, à l’image de la Base Filante, une friche éphémère de trois mille mètres carrés qui a ouvert ses portes en juillet dernier à deux pas du Père-Lachaise. L’initiative est portée par quatre collectifs, dont certains ont déjà pris part à la conception d’une autre terrasse temporaire, la friche Richard Lenoir, ou à l’aménagement de La Station-gare des mines.

      Au programme de la Base Filante, le sempiternel quatuor bières artisanales, cours de yoga, tables de ping-pong et musique électronique. « On assiste à une sorte de standardisation qui annihile toute créativité : tout espace en friche se voit devenir un lieu éphémère avec un bar et des transats, s’alarme Quentin, du collectif Droit à la ( Belle )ville. La créativité s’arrête dès qu’il y a une tireuse à bière artisanale… »

      Enfin, la mise en avant quasi généralisée de l’imaginaire « squat », via la scénographie récup’ et DIY, comme à travers la rhétorique de l’alternative et du collaboratif dans la communication de ces lieux festifs, participe également à cette uniformisation des sites culturels. « Ces friches font croire à une fausse occupation de l’espace alors qu’il y a des vigiles à l’entrée, fulmine Quentin. On vend de faux espaces de liberté où on dit aux gens ce qu’ils doivent consommer et où. »

      Pour les chercheuses Juliette Pinard et Elsa Vivant, « cette esthétique du squat […], donnant la part belle aux atmosphères brutes et industrielles, participe à la mise en scène de ces lieux temporaires en tant qu’“espaces alternatifs” et expérience singulière ». En institutionnalisant les occupations transitoires, les friches culturelles éphémères ont réussi le tour de force de neutraliser la portée subversive des squats artistiques, qui contestaient la propriété privée en privilégiant le droit d’usage, tout en s’appropriant leurs codes esthétiques.

      « Et le squat devient fréquentable », titrait ainsi Télérama en avril dernier à propos des occupations transitoires après que Libération eut publié sur son blog Enlarge Your Paris un entretien intitulé « Les friches font entrer les villes dans l’ère des squats légaux ».

      Dans le quartier Darwin. Dans le quartier Darwin.

      Le phénomène des friches culturelles se circonscrit de moins en moins à la région Île-de-France. À Bordeaux, les instigateurs du site culturel Darwin Écosystème, installé depuis 2009 dans l’ancienne caserne Niel et qui se présente comme un « lieu d’hybridation urbaine mêlant activités économiques et initiatives citoyennes », ne se sont jamais cachés de s’être inspirés directement de La Bellevilloise. Le promoteur immobilier Résiliance a de son côté mis à disposition un terrain vague de vingt hectares situé au nord de Marseille à Yes We Camp, un collectif de cinquante salariés spécialisé dans la création de friches culturelles éphémères, à Paris comme à Roubaix.

      Depuis cette année, la vaste parcelle en jachère accueille un « parc métropolitain d’un nouveau genre, à la fois lieu de vie, de mémoire, de pratiques culturelles et sportives ». Le site, baptisé Foresta, est inséré dans un projet d’aménagement porté par Résiliance et articulé autour d’un immense entrepôt commercial réservé aux grossistes du marché textile chinois.

      Quant aux anciens abattoirs de Rezé, dans l’agglomération nantaise, ils hébergent depuis juillet dernier Transfert, trois hectares de friche culturelle définie par ses concepteurs comme un « espace qui se mue en un lieu de transition où l’on imagine, invente et fabrique ensemble un lieu de vie qui questionne la ville de demain ». L’occupation provisoire durera cinq ans, le temps nécessaire à accroître l’attractivité et la valeur immobilière de ce no man’s land qui doit accueillir un gigantesque projet d’aménagement urbain prévoyant trois mille logements.

      Cette politique de l’éphémère à fin mercantile semble ainsi définitivement être sur les rails qui la conduiront à se pérenniser et à s’étendre à l’ensemble du territoire. « Nous avons désormais un vivier de porteurs de projets qui nous sollicitent, affirme Charlotte Girerd, de SNCF Immobilier. Depuis 2015, une vingtaine de projets d’urbanisme transitoire ont été mis en œuvre. Notre ambition est que d’ici 2019-2020, deux à trois sites répondant à la démarche d’urbanisme transitoire soient lancés chaque année, avec la volonté de travailler de plus en plus hors d’Île-de-France. »

      Une filiale de la SNCF à la manœuvre d’opérations immobilières spéculatives, des collectivités publiques au service du développement économique, des entreprises culturelles de plus en plus hégémoniques… Si les friches culturelles viennent « questionner la ville de demain », elles soulèvent aussi une tout autre question : comment faire exister une politique culturelle affranchie de toute logique économique ?

    • L’envers des friches culturelles | Mickaël Correia
      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/231218/l-envers-des-friches-culturelles

      ( ai manqué publié un doublon ; j’ajoute ici pour mémoire l’ensemble de l’article et des #)

      MICKAËL CORREIA
      Terrains vagues, bâtiments désaffectés, rails à l’abandon… Un peu partout en France, ces espaces qui faisaient auparavant l’objet d’occupations illégales sont convertis en #lieux_culturels par une poignée d’#entrepreneurs ambitieux. Ces sites se présentent comme « engagés » et participant à la revalorisation de quartiers dépréciés. Mais cette « valorisation » semble avant tout financière. Une enquête parue dans le numéro 11 du Crieur, toujours en librairie.

      En haut de la rue de Ménilmontant, dans l’Est parisien, une palissade court le long du numéro 88. Pour les passants, impossible de deviner ce que cachent ces hautes planches de bois. Mais depuis l’an dernier, le 88 ouvre ses portes dès les prémices de l’été. Et il suffit de montrer patte blanche à un vigile nonchalant pour y découvrir une vaste friche réhabilitée en terrasse éphémère.

      Tables et chaises de guingois, mobilier en palettes de chantier et buvette en pin, décoration de bric et de broc, fresques street art… Tout respire l’esthétique récup’ et Do It Yourself. Sous la chaleur écrasante, certains sont avachis sur une chaise longue et sirotent une bière. D’autres s’adonnent paresseusement à une partie de ping-pong sur fond de musique électro.
      Durant tout l’été, dans cette scénographie naviguant entre squat urbain et guinguette, la #friche dénommée sobrement 88 Ménilmontant propose pêle-mêle initiations au yoga, ateliers de sophrologie ou performances artistiques. Entre deux palmiers en pot et une « fresque végétale collaborative », quelques rares graffitis semblent avoir été tracés bien avant la réhabilitation de cet espace en jachère. « Ce sont de vieux graffs qu’on pourrait presque qualifier d’historiques, assure une habitante du quartier. Avant, il y avait un squat d’artistes ici et tout a été rasé ! »

      À peine quatre ans auparavant, en lieu et place du 88 Ménilmontant, se dressaient d’anciens ateliers d’artisans miroitiers. Occupé depuis 1999 par un collectif libertaire, le bâtiment, rebaptisé La Miroiterie, était au fil des ans devenu un #squat incontournable de la scène musicale underground parisienne. Ses concerts éclectiques – hip-hop francilien, punk suédois, rap libanais, sans compter les interminables jam-sessions jazz du dimanche – attiraient chaque semaine un public bigarré.

      Certes, le lieu commençait à être insalubre, la qualité sonore n’était pas toujours au rendez-vous et les murs tagués sentaient la bière éventée. Mais comme le soulignent Emy Rojas et Gaspard Le Quiniou, qui y ont organisé une trentaine de concerts sous l’étiquette Arrache-toi un œil, « en passant le portail du squat, il y avait une sensation de liberté difficile à retrouver dans des lieux plus institutionnels ». Avec ses soirées à prix modiques, ses ateliers d’artistes indépendants et ses stands proposant fanzines et autres disques autoproduits, cet espace autogéré incarnait un îlot de #contre-culture mythique bien au-delà des frontières de la capitale.

      En avril 2014, l’effondrement d’un mur vétuste lors d’un concert sonne le glas de cette aventure singulière. Menacés d’expulsion depuis 2009 par un promoteur immobilier ayant acquis la parcelle, les occupants de La Miroiterie sont évacués sans ménagement ni projet de relogement, et ce malgré quinze années d’animation du quartier et le soutien de nombreux habitants.

      À deux pas de l’ex-Miroiterie siège l’imposante Bellevilloise. Fort de ses deux mille mètres carrés de salle de concert, d’espace d’exposition et de restaurant, cet établissement culturel est aujourd’hui l’un des repaires incontournables du Paris branché. Chaque année, le site accueille près de deux cent mille visiteurs qui viennent clubber ou applaudir des groupes estampillés « musique du monde ». À ces activités festives s’ajoutent des débats publics, avec parfois des invités de prestige comme Edgar Morin ou Hubert Reeves, et des soirées privées de grandes entreprises telles que Chanel et BNP Paribas.

      La façade de La Bellevilloise à Paris.

      Plus qu’un temple dédié à la #culture et aux grands événements parisiens, La Bellevilloise est aussi la figure de proue des friches urbaines reconverties en sites culturels. Ancienne coopérative ouvrière de consommation créée peu de temps après la Commune, bastion militant où Jean Jaurès tenait ses rassemblements, l’immeuble à l’abandon, qui hébergea après guerre une caisse de retraites, a été racheté au début des années 2000. À la manœuvre de cette opération immobilière, un trio de jeunes entrepreneurs issus du monde du spectacle et de la publicité. « Nous étions assez pionniers à l’époque. Mobiliser une surface aussi importante sur Paris pour des activités culturelles, c’était novateur », reconnaît Renaud Barillet, l’un des trois fondateurs et directeur général associé de La Bellevilloise.

      Quand le site est inauguré en 2006, le chef d’entreprise est pleinement dans l’air du temps. Motrice de nombreuses occupations illégales de friches industrielles, la vague techno qui a submergé l’Europe à la fin des années 1980 est alors en train de progressivement s’éteindre. Les warehouses berlinoises, ces entrepôts désaffectés investis le temps d’une soirée clandestine, se transforment en clubs électros commerciaux. À Paris, l’organisation en 2001 d’une fête techno sauvage dans l’ancienne piscine désaffectée Molitor, en plein XVIe arrondissement, marque le chant du cygne des free parties urbaines.

      La façade de La Condition publique à Roubaix.

      Le tournant des années 2000 voit dès lors les débuts de la réhabilitation des lieux industriels en #espaces_culturels. L’ancien marché couvert Sainte-Marie à Bruxelles est reconverti en 1997 en complexe culturel baptisé Les Halles de Schaerbeek. De son côté, la manifestation Lille 2004 Capitale européenne de la culture fait émerger nombre d’établissements dans des usines abandonnées par l’industrie textile locale. « Nous nous sommes inspirés de La Condition publique, un lieu culturel installé dans un ancien entrepôt de laine à Roubaix depuis Lille 2004, mais aussi de ce que fabriquait Fazette Bordage, la créatrice du Confort moderne à Poitiers, première friche culturelle en France », détaille Renaud Barillet.

      Du point de vue de l’équipe de La Bellevilloise, se pencher sur le 88 de la rue de Ménilmontant était une démarche des plus évidente. « Nous avons toujours été préoccupés par ce que La Miroiterie allait devenir, car un squat, par définition, c’est éphémère, explique l’entrepreneur. Comme elle est située juste derrière La Bellevilloise, nous nous sommes dit que si une opération immobilière se préparait, il fallait être attentif à l’ensemble architectural, aux problèmes de nuisances sonores, etc. »

      Ayant eu vent de ce que le récent propriétaire du lieu voulait édifier un immeuble d’un seul tenant, les dirigeants de La Bellevilloise interpellent Bertrand Delanoë, à l’époque maire de la capitale. À peine quelques mois plus tard, #Paris_Habitat, bailleur social de la ville de Paris, rachète le lot immobilier et un projet de réhabilitation est ficelé avec Renaud Barillet et ses comparses : côté rue, des logements étudiants avec, au rez-de-chaussée, sept ateliers-boutiques d’artistes design. En fond de cour, l’entrepreneur a prévu « une fabrique d’image et de son [ un studio de production et une salle de concert – ndlr ], des espaces de coworking, des bureaux et un spa à dimension artistique ».

      Bertrand Delanoë en 2010.

      Partant, l’ancienne Miroiterie est démolie. Afin de rentabiliser cette friche et d’engranger des recettes qui serviront à la construction du nouvel établissement (dont l’ouverture est prévue en 2021), l’équipe a mis sur pied une terrasse éphémère dès le printemps 2017. Bien éloigné des visées culturelles à but non lucratif de La Miroiterie, le 88 Ménilmontant n’est pas sans susciter l’ire des riverains et des anciens occupants du squat.

      Figure historique de La Miroiterie, Michel Ktu déclare ainsi par voie de presse : « Ils montent des salles en piquant nos idées parce qu’eux n’en ont pas. Ils récupèrent un décor de squat, mettent des câbles électriques apparents, des trous dans le mur, des canapés défoncés et des graffs, mais ils ne savent pas accueillir les gens ni les artistes. » « Il y a une surface vide, autant qu’elle soit utilisée, se défend Renaud Barillet. Quant à la forme “transat et tireuses à bière”, on ne va pas réinventer l’eau chaude : c’est un modèle basique et provisoire. »

      Faire du blé sur les friches

      Renaud Barillet n’en est pas à son galop d’essai. Avec son acolyte, Fabrice Martinez, également cofondateur de La Bellevilloise et ancien chef de publicité chez Nike et Canal+, il a récemment créé le groupe Cultplace, qui s’affiche comme une « fabrique de lieux de vie à dimension culturelle ». Les ambitieux entrepreneurs ont ainsi reconverti en 2013 un coin des halles de La Villette, anciens abattoirs aux portes de la capitale rénovés au début des années 2000. Dans cet écrin de métal et de verre appartenant au patrimoine public, ils ont conçu un restaurant-scène de jazz baptisé La Petite Halle.

      La rotonde du bassin de la Villette.

      Au sud du bassin de la Villette, La Rotonde, ex-barrière d’octroi du nord de Paris datant du XVIIIe siècle, a quant à elle été réhabilitée par ces businessmen en Grand Marché Stalingrad, hébergeant des « comptoirs food », un concept-store design et un club. Le bâtiment, alors à l’abandon, avait été restauré à l’initiative de la ville de Paris en 2007.

      Durant la seule année 2018, deux friches industrielles reconverties en site culturel ont ouvert sous la houlette de #Cultplace. L’ancienne gare désaffectée de Montrouge-Ceinture a été confiée par Paris Habitat et la mairie du XIVe arrondissement à Renaud Barillet afin d’être rénovée en café-restaurant culturel. Sur les bords du canal de l’Ourcq, à Pantin, les gigantesques Magasins généraux ont été quant à eux réhabilités en 2016. Longtemps surnommés le « grenier de Paris », ces entrepôts stockaient auparavant les grains, farines et charbons qui approvisionnaient la capitale.

      Si l’immeuble de béton accueille depuis peu le siège du géant de la publicité BETC, Cultplace y a niché à ses pieds Dock B – le B faisant référence à La Bellevilloise –, mille deux cents mètres carrés de cafés-comptoirs, scène artistique et terrasse qui devraient être inaugurés à la rentrée 2018. « Tous nos lieux sont indépendants, car nous ne sommes pas sous tutelle publique ni même subventionnés, insiste Renaud Barillet. Nous ne dépendons pas d’un grand groupe ou d’un seul investisseur. »

      Logo de CultPlace.

      Cultplace n’est cependant pas la seule entreprise partie à la conquête des friches industrielles de la métropole parisienne. En vue de concevoir et d’animer le Dock B, Renaud Barillet s’est associé à l’agence Allo Floride. Avec La Lune rousse, une société organisatrice d’événementiels, cette dernière a été à l’initiative de Ground Control, un bar temporaire inauguré en 2014 à la Cité de la mode et du design. Depuis cette première expérience lucrative, La Lune rousse s’est fait une spécialité : l’occupation provisoire, sous l’étiquette Ground Control, de sites désaffectés appartenant à la SNCF.

      Ainsi, en 2015, quatre mille mètres carrés du dépôt ferroviaire de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement, ont été mis à disposition de l’entreprise le temps d’un été afin de le reconvertir en « bar éphémère, libre et curieux ». La manifestation s’est révélée si fructueuse en termes d’affluence qu’elle a été renouvelée l’année suivante par la SNCF, attirant quatre cent mille personnes en cinq mois.

      Espace insolite chargé d’histoire industrielle, musique électro, transats, ateliers de yoga, comptoirs food et esthétique récup’, le concept Ground Control utilise exactement les mêmes ficelles que Cultplace pour produire ses friches culturelles. Quitte à réemployer les mêmes éléments de langage. Se définissant ainsi comme un « lieu de vie pluridisciplinaire » ou comme une « fabrique de ville, fabrique de vie », Ground Control, couronné de son succès, a pris place depuis 2017 au sein de la Halle Charolais, un centre de tri postal de la SNCF situé près de la gare de Lyon. Un million de visiteurs annuels sont cette fois-ci attendus dans le hangar à l’abandon.

      Ouvertes en février, la « Halle à manger », qui peut servir trois cents couverts par jour, les boutiques et les galeries-ateliers de Ground Control se réclament toutes d’un commerce équitable ou bio. Et si, sur la cinquantaine de #salariés sur le site, quarante-deux sont employés en tant que #saisonniers, ce « laboratoire vivant d’utopie concrète », aux dires de ses créateurs, n’hésite pas à s’afficher comme un « lieu engagé » accueillant tous ceux qui sont en « mal de solidarité ».

      Toutefois, Denis Legat, directeur de La Lune rousse, ne s’est pas seulement attelé à la réhabilitation d’une jachère urbaine en friche culturelle « alternative et indépendante ». Depuis plus de vingt ans, cet homme d’affaires s’est solidement implanté dans le business de l’organisation des soirées d’entreprise. Sa société compte à son actif la mise en œuvre de la Nuit électro SFR (si_ c)_ au Grand Palais, afin de « célébrer l’arrivée de la 4G à Paris », ou encore la privatisation de la salle Wagram lors d’une soirée Bouygues Bâtiment.

      Récemment, La Lune rousse a conçu un « bar à cocktail domestique et connecté » pour le groupe Pernod Ricard, présenté lors d’un salon high-tech à Las Vegas, et scénographié la summer party de Wavestone, un cabinet de conseil en entreprise coté en bourse. Des clients et des événements bien éloignés des « initiatives citoyennes, écologiques et solidaires » brandies par Ground Control…

      Malgré l’ambivalence éthique de La Lune rousse, la SNCF s’est très bien accommodée de cette entreprise acoquinée avec les fleurons du secteur privé français pour occuper plusieurs de ses friches. « Ce sont des lieux qui nous appartiennent et que nous ne pouvons pas valoriser immédiatement, justifie Benoît Quignon, directeur général de SNCF Immobilier, la branche foncière du groupe. Nous choisissons donc de les mettre à disposition d’acteurs qui se chargent de les rendre vivants. »

      En faisant signer à La Lune rousse une convention d’occupation temporaire de la Halle Charolais jusque début 2020, l’objectif de SNCF Immobilier est assurément de rentabiliser financièrement cet espace vacant sur lequel un programme urbain dénommé « Gare de Lyon-Daumesnil » prévoit la création de six cents logements, de bureaux et d’équipements publics d’ici 2025.

      C’est que #Ground_Control s’inscrit plus largement dans une politique foncière en pleine expansion au sein de la SNCF : l’#urbanisme_transitoire. « Cette démarche dite d’“urbanisme temporaire” ou transitoire est un levier essentiel de valorisation, avance Fadia Karam, directrice du développement de SNCF Immobilier. Cela permet d’intensifier l’usage de nos sites parfois vides et d’éluder des coûts de #gardiennage, d’entretien et de #sécurité, en limitant la détérioration et l’obsolescence de notre patrimoine. En dotant nos sites de nouveaux usages, nous développons la valeur de nos actifs. »

      La stratégie d’urbanisme transitoire du groupe ferroviaire prend naissance en 2013, quand une galerie de street art propose à ICF Habitat, filiale logement de la SNCF, d’investir provisoirement une de ses tours de logement destinée à la démolition. L’initiative, baptisée Tour Paris 13, est une telle réussite – trente mille visiteurs en un mois – que la SNCF entrevoit rapidement dans ce site culturel éphémère un formidable outil de #communication sur la future HLM qui s’érigera en lieu et place de la tour. Et, par ricochet, d’augmentation de l’attractivité de ce quartier résidentiel grâce aux artistes graff les plus célèbres de la scène mondiale venus s’approprier l’immeuble en friche.

      Rapidement surnommée la « cathédrale du #street_art », la tour a été l’objet d’une grande attention médiatique, à l’image de Télérama, qui ira jusqu’à suivre en direct, avec trois caméras, la destruction du bâtiment en 2014. Trois ans plus tard, le même journal publiait un article élogieux sur le nouvel « immeuble HLM à l’architecture délirante » situé dans l’« #eldorado parisien du street art ». Une opération de communication bénéficiant à la fois à l’acteur privé – la galerie Itinerrance – et à la SNCF, qui a pu aisément vendre ses logements flambant neufs à un prix lucratif.

      En 2015, deux ans après Tour Paris 13, l’occupation temporaire du dépôt de train de la Chapelle par Ground Control est appréhendée par SNCF Immobilier comme un projet pilote en vue de mieux formaliser sa démarche d’urbanisme transitoire. Après cette expérience concluante de friche culturelle éphémère, la filiale lance en fin d’année un appel à manifestation d’intérêt afin que seize de ses espaces désaffectés soient reconvertis provisoirement en « sites artistiques temporaires ».

      En réinvestissant une deuxième fois le dépôt de la Chapelle en 2016, puis la Halle Charolais de la gare de Lyon, Denis Legat devient, avec son concept Ground Control, le fer de lance de l’urbanisme transitoire prôné par la société nationale des chemins de fer. Au plus grand bonheur de Marie Jorio, cadre développement au sein de SNCF Immobilier qui, à propos du site de la Chapelle, déclare sans ambages : « Avec Ground Control, nous avons fait exister cette adresse plus rapidement et avons créé de l’attractivité : les opérateurs ont envie d’y aller et d’innover ! »

      Aux yeux de la SNCF, la friche culturelle Ground Control a en effet servi d’outil #marketing pour mieux promouvoir l’#aménagement_urbain qui prévoit la construction de cinq cents logements dans ce coin morne du XVIIIe arrondissement. Quant aux visiteurs, ils ont été les cobayes de la future identité urbaine de ce quartier dévitalisé, Ground Control constituant un showroom hype au service du complexe immobilier en devenir. « L’ADN ferroviaire du site du dépôt Chapelle est ressorti très fortement dans l’appétence et le succès du concept, révèle ainsi SNCF Immobilier. Le projet urbain en cours de définition fera revivre cet ADN et cette identité ferroviaire très forte qui constituent un actif immatériel et un capital fort. »

      Le recours aux occupations temporaires pour accroître la valeur financière d’un projet immobilier et préfigurer ses futurs usages est de plus en plus systématique. En janvier 2018, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France avait recensé pas moins de soixante-dix-sept projets d’urbanisme transitoire en région francilienne depuis 2012 – dont plus de la moitié sont en cours. Quatre cinquièmes des propriétaires des sites sont des acteurs publics ( collectivités locales, établissements publics d’aménagement, SNCF, bailleurs sociaux ) et les occupations à dimension culturelle sont largement prédominantes.

      Les pouvoirs publics locaux ont par ailleurs décidé d’accompagner pleinement cette dynamique d’optimisation foncière. Le conseil municipal de Paris et le conseil métropolitain du Grand Paris ont tous deux récemment adopté le vœu qu’à l’avenir, tout projet d’aménagement urbain soit précédé d’une opération d’urbanisme transitoire. De plus, sur la quarantaine de projets d’urbanisme temporaire actuels, vingt-sept sont soutenus par la région Île-de-France dans le cadre de son appel à manifestations d’intérêt sur l’urbanisme transitoire lancé en 2016. Une enveloppe qui s’élève à 3,3 millions d’euros.

      Là encore, malgré les incantations à l’« innovation urbaine » et à la « transition écologique » de cet appel à projets, c’est avant tout l’argument économique qui fait mouche. « Il faut en moyenne douze ans pour qu’une ZAC [ zone d’aménagement concerté ] sorte de terre, avançait l’an dernier Chantal Jouanno, alors vice-présidente de la région. Durant ce laps de temps, les immeubles ne servent à personne, peuvent être squattés et perdre leur valeur. » La nature a horreur du vide. Les édiles parisiens également.

      Espace public, bénéfice privé

      Cultplace et La Lune rousse ne se contentent pas d’accaparer des friches. L’ensemble de leurs sites éphémères et établissements présentent en effet la particularité d’être des espaces hybrides, à la fois publics et privatisables, culturels et commerciaux. Des logiques tout autant artistico-festives que marchandes, qui ont permis aux entrepreneurs culturels de s’approprier une dénomination en vogue : celle de « #tiers-lieu ».

      Conceptualisé par le sociologue américain Ray Oldenburg dans un ouvrage intitulé The Great Good Place ( 1989 ), le tiers-lieu désigne à l’origine les espaces de sociabilité situés en dehors du domicile et du travail, comme les cafés ou les parcs publics. Cette expression aux contours flous a été employée afin de qualifier les premiers fablabs, les hackerspaces et autres jardins urbains partagés. Mais au grand dam des tenants de l’éthique open source et de l’esprit collectif de la débrouille, le terme de tiers-lieu s’est progressivement dénaturé jusqu’à qualifier de facto tout espace hébergeant des activités pluridisciplinaires, gratuites comme lucratives.

      « Je vois nos sites comme des écrins pour l’initiative, pour l’émergence d’envies, s’enflamme ainsi Renaud Barillet. Mais la réalité économique d’un tiers-lieu comme la friche 88 Ménilmontant fait qu’on a besoin de clients. Ce que l’on fabrique, ce sont des initiatives privées mais qui peuvent avoir une quote-part d’intérêt général. »

      Loïc Lorenzini, adjoint au maire du XVIIIe arrondissement chargé des entreprises culturelles, porte néanmoins un autre regard sur l’émergence de ces tiers-lieux. « Ground Control au dépôt de la Chapelle, cela n’a pas été évident avec eux au début, se souvient l’élu. Il y avait un #service d’ordre avec des #vigiles à l’entrée du lieu, ce qui n’a pas vraiment plu aux habitants du quartier. »

      Sa circonscription héberge actuellement deux sites artistiques temporaires de la SNCF : L’Aérosol – un hangar de fret reconverti en espace dédié au graffiti – et La Station-gare des mines – ancienne gare à charbon devenue salle de concert. Ces deux occupations de sites ferroviaires en friche préfigurent d’importants projets d’aménagement urbain comportant des logements, des bureaux ou encore l’Arena 2, une salle omnisports qui devrait être inaugurée en vue des Jeux olympiques de 2024.

      « Ces entreprises culturelles sont venues bousculer la vision classique de la culture, c’est-à-dire une vision subventionnée, avance Loïc Lorenzini. L’enjeu avec ces tiers-lieux, c’est qu’ils ne deviennent pas le cache-sexe de projets privés urbanistiques. Notre rôle est de rappeler que dans un arrondissement populaire comme le XVIIIe, il y a des enjeux locaux forts, telle la gentrification. »

      Les friches culturelles, têtes de pont de la gentrification ? C’est justement ce que dénonce le collectif d’habitants Droit à la (Belle)ville, créé en 2015 dans l’est de Paris. « Ces tiers-lieux excluent symboliquement les #habitants les plus #précaires du quartier, fustige Claudio, l’un des membres de l’association. On autorise temporairement des occupations de friche par des acteurs privés mais en parallèle, dès qu’il y a une occupation informelle de l’espace public à Belleville, comme quand, encore récemment, des jeunes font un barbecue improvisé dans la rue ou des militants organisent un marché gratuit, la police est systématiquement envoyée. »
      Et Quentin, également du collectif, d’ajouter : « Pour ces entrepreneurs et pour les élus, les artistes ne sont que des créateurs de valeur. Les sites culturels qui les hébergent participent à changer l’image de notre quartier, à le rendre plus attractif pour les populations aisées. Ce sont des espaces qui sont pleinement inscrits dans la fabrication de la ville pilotée par le #Grand_Paris. »

      Ambitionnant de faire de la région Île-de-France une métropole compétitive et mondialisée, le projet d’aménagement territorial du Grand Paris entrevoit dans les tiers-lieux culturels un outil de promotion de son image de #ville_festive, innovante et écoresponsable à même d’attirer une « #classe_créative ». Une population de jeunes cadres qui serait, aux yeux des décideurs, vectrice de développement économique.

      Les futures friches estampillées La Bellevilloise sont ainsi pleinement ancrées dans la stratégie de développement urbain et de #marketing_territorial portée par les élus de la #métropole. Dans l’ancienne station électrique Voltaire, au cœur du XIe arrondissement, Renaud Barillet prévoit pour 2021 un cinéma et un « restaurant végétalisé et solidaire ». L’exploitation de ce bâtiment industriel a été remportée par l’entrepreneur dans le cadre de Réinventer Paris, un appel à projets urbains lancé fin 2014 par la mairie de Paris afin de développer « des modèles de la ville du futur en matière d’architecture, de nouveaux usages, d’innovation environnementale et d’écoconstruction ».

      Le dirigeant de La Bellevilloise vient même de réussir à faire main basse sur l’ancienne piscine municipale de Saint-Denis, via le concours Inventons la métropole du Grand Paris. Avec l’aide d’un investissement financier de la part de #Vinci Immobilier, la piscine dyonisienne à l’abandon sera « à la frontière entre l’hôtel, le gîte et l’auberge de jeunesse » et le relais d’« initiatives entrepreneuriales, culturelles, artistiques, sportives et citoyennes ».

      « On est conscient de notre impact dans un quartier mais la gentrification est un rouleau compresseur sociologique qui nous dépasse », assure pourtant Renaud Barillet. « Nous ne sommes pas dans un processus naturel mais bien dans un conflit de classes. À Paris, nous sommes dans une continuité d’expulsion des #classes_populaires qui a débuté depuis la Commune en 1871, analyse Chloé, du collectif Droit à la (Belle)ville. Dans ces friches, les entrepreneurs vont jusqu’à récupérer le nom, l’imaginaire politique, les anciens tags de ces espaces pour les transformer en valeur marchande. »

      La Bellevilloise n’hésite ainsi nullement à s’afficher sur ses supports de communication comme « Le Paris de la Liberté depuis 1877 » et, dans le futur projet du 88 de la rue Ménilmontant, le spa pourrait s’appeler « Les Thermes de La Miroiterie ». « Ils accaparent des ressources que les habitants ont créées, que ce soient les ouvriers qui ont mis sur pied La Bellevilloise à la fin du XIXe siècle ou les punks libertaires de La Miroiterie au début des années 2000, souligne Claudio. Ces tiers-lieux culturels transforment des valeurs d’usage en valeur d’échange… »

      Rien ne se perd, tout se transforme

      Dernier avatar en date des tiers-lieux culturels qui foisonnent dans la capitale, La Recyclerie se présente comme « une start-up innovante qui réinvente le concept du tiers-lieu ( ni la maison ni le travail ) et fédère un large public sur le thème de l’écoresponsabilité ». Inauguré en 2014, cet établissement, composé d’un café-cantine, d’un atelier de réparation et d’une mini-ferme urbaine, est implanté au sein d’une station de train désaffectée de la Petite Ceinture, la gare Ornano, au nord du XVIIIe arrondissement.

      Un emplacement loin d’être anodin : la station à l’abandon se situe en effet porte de Clignancourt, à deux pas des échoppes discount des puces de Saint-Ouen, de la préfecture de police chargée des demandes d’asile de la capitale et d’un bidonville de Roms installé en contrebas de l’ancienne voie ferrée. Un carrefour où vendeurs à la sauvette, chiffonniers et migrants tentent de survivre par l’économie informelle.
      Malgré le fait qu’un tiers-lieu culturel ne soit pas de prime abord le projet urbain le plus pertinent en termes de besoins sociaux dans ce quartier populaire, « le maire de l’époque, Daniel Vaillant, a personnellement appuyé notre dossier, dévoile Marion Bocahut, présentée comme cheffe de projet écoculturel du lieu. La mairie du XVIIIe n’avait pas les moyens financiers d’acheter la gare Ornano, nous avons donc racheté l’intérieur du bâtiment ».

      La Recyclerie appartient à #Sinny_&_Ooko, une société « créatrice de tiers-lieux et d’événements » dirigée par Stéphane Vatinel. Figure du milieu de la nuit, connu pour avoir fondé en 1992 le Glaz’art, un club électro emblématique installé dans un ancien dépôt de bus, l’entrepreneur a repris de 2003 à 2008 les rênes du Divan du monde, salle de spectacle historique de Pigalle.

      Par l’intermédiaire de son entreprise, ce quinquagénaire hyperactif est aujourd’hui l’exploitant de La Machine du Moulin rouge, l’incontournable discothèque techno du nord de la capitale, et du Pavillon des canaux, une bâtisse abandonnée sur les bords du bassin de la Villette réhabilitée en coffice – mi-café, mi-espace de travail.

      Quand il rachète la gare Ornano pour installer son tiers-lieu empreint « des valeurs collaboratives et du Do It Yoursef », Stéphane Vatinel fait appel à son ami #Olivier_Laffon, qui s’investit financièrement dans l’opération. Cet ancien magnat de l’immobilier devenu millionnaire a été le promoteur de mégacentres commerciaux, à l’instar de Bercy Village, Vélizy 2 ou Plan de campagne dans les Bouches-du-Rhône. Mais avec sa holding C Développement, Olivier Laffon s’est reconverti dans l’#entreprenariat_social.

      Sa réalisation la plus célèbre demeure le Comptoir général, un ancien entrepôt au bord du canal Saint-Martin reconverti en 2009 en bar et « espace événementiel écosolidaire » à l’ambiance exotique. Devenu une référence quasi caricaturale du « Paris branché », le Comptoir général a fait appel jusqu’en 2013 aux services de Sinny & Ooko afin de développer et d’animer sa programmation. Une alliance pérenne entre les deux hommes d’affaires puisque C Développement avait précédemment investi dans le rachat du Divan du monde et dans La Machine du Moulin rouge, établissements gérés par Stéphane Vatinel…

      Pour les événements écoculturels de La Recyclerie, Sinny & Ooko a fait appel à un partenaire des plus édifiants : la fondation Veolia. L’entreprise du #CAC_40, connue pour être le géant mondial de la privatisation de l’eau, finance en effet en grande partie la programmation du lieu et est partenaire de son cycle de conférences sur l’économie circulaire. La bibliothèque de La Recyclerie a de surcroît été ouverte avec des livres offerts par la multinationale. « Veolia nous accompagne aussi dans notre développement, notamment avec Scale up ( “changement d’échelle” ), un programme de l’Essec Business School qui nous a permis de savoir comment dupliquer un lieu comme La Recyclerie », détaille Marion Bocahut.

      Le concept de La Recyclerie a effectivement depuis peu changé d’échelle. Sinny & Ooko a inauguré en août dernier un nouveau tiers-lieu écoculturel baptisé la Cité fertile. Ici, comme pour Ground Control, SNCF Immobilier a fait signer à Sinny & Ooko, à l’aune de son appel à projets sur l’urbanisme transitoire, une convention d’occupation de trois ans de son ancienne gare de fret basée à Pantin. « Nous sommes là pour opérer une transition entre une gare de marchandises et le futur #écoquartier de la ville de Pantin », assume Clémence Vazard, cheffe du projet de la Cité fertile.

      L’écoquartier prévoit mille cinq cents logements et près de cent mille mètres carrés de bureaux et de locaux commerciaux. Une opération foncière des plus rentables pour SNCF Immobilier et les promoteurs. Surnommée la « Brooklyn parisienne », Pantin constitue depuis peu un eldorado de la spéculation immobilière : l’ancienne cité industrielle a vu flamber de 15 % en cinq ans le prix du mètre carré, un record parmi les villes de la petite couronne parisienne.

      En attendant, sur près d’un hectare, la Cité fertile veut « explorer et imaginer la ville de demain » en attirant un million de curieux par an avec ses ateliers, ses conférences et sa cantine approvisionnée en circuits courts. Clémence Vazard explique que l’équipe a consulté la municipalité de Pantin afin d’« identifier les acteurs locaux et demander leurs contacts ». Parmi la cinquantaine de personnes salariées sur le site, une seule pourtant se consacre à cette ouverture sur les Pantinois. « En tout cas, si on a un partenariat comme Veolia qui peut se présenter, ce serait le meilleur pour nous », souligne la cheffe de projet. Avant de préciser : « Sinny & Ooko possède l’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale ( Esus ), en aucun cas nous ne faisons du greenwashing. »

      L’originalité de cette friche éphémère réside cependant ailleurs. La Cité fertile héberge en effet depuis septembre le « campus des tiers-lieux », école de formation et incubateur d’entreprises dont le but est de développer les tiers-lieux culturels en tant que modèles économiques d’avenir. « Depuis l’an dernier, Sinny & Ooko est certifié comme organisme de formation. Nous proposons un module pour apprendre à être responsable de tiers-lieu culturel, détaille Clémence Vazard. Nous avons déjà formé une soixantaine de personnes, dont certaines ont récemment monté leur propre tiers-lieu à Montreuil – la Maison Montreau – ou à Niamey, au Niger – L’Oasis, un espace de coworking parrainé par Veolia. »

      Selon les formateurs Sinny & Ooko, le tiers-lieu culturel est un modèle démultipliable à souhait, telle une unité standardisée qui se résume, selon sa plaquette de présentation, à un « HCR [ hôtel café restaurant ] à portée culturelle », où une activité économique « socle » de bar-restauration permet de financer une programmation qui fait vivre le lieu.

      Friche partout, créativité nulle part

      En moins de cinq ans, Cultplace, La Lune rousse et Sinny & Ooko ont édifié un véritable petit empire économique en Île-de-France. Elles ont même l’ambition de s’implanter durablement à travers l’Hexagone en reproduisant des fac-similés de leurs tiers-lieux respectifs. Renaud Barillet a ainsi récemment remporté deux appels à projets à Bordeaux et un autre à Lyon afin d’édifier « des projets très proches en termes d’ADN et de ventilation des espaces de ce qu’est La Bellevilloise ».

      En Charente-Maritime, à Rochefort, Cultplace est en train de mettre sur pied Grand foin, « une déclinaison rurale de La Bellevilloise », aux dires de Renaud Barillet. Par ailleurs, depuis 2016, Denis Legat et son équipe débarquent chaque été aux Rencontres de la photographie d’Arles, où ils investissent un ancien hangar de la SNCF avec leur habituelle formule Ground Control.

      Stéphane Vatinel, quant à lui, doit ouvrir d’ici 2023 La Halle aux Cheminées, un tiers-lieu dans une ancienne friche militaire de Toulouse dont le concept n’est autre qu’un copier-coller de La Recyclerie. Autant de jalons d’une hégémonie économico-culturelle dont se défend du bout des lèvres Renaud Barillet : « C’est vrai que ceux qui ont commencé à réaliser des tiers-lieux arrivent aujourd’hui à se développer et je pense que pour un nouveau venu, ce n’est pas si simple. Les appels d’offres demeurent très économiques et orientés vers l’immobilier. »

      Ce business model des friches est si bien rodé et rencontre un tel succès qu’il en devient vecteur d’une certaine uniformisation. À Paris, en plus du Poinçon, la gare de Montrouge rénovée par Cultplace, et de La Recyclerie, ex-gare Ornano, la plupart des seize stations de la #Petite_Ceinture deviendront des tiers-lieux, à l’instar du Hasard ludique, « lieu culturel hybride » niché porte de Saint-Ouen, ou de La Gare-jazz à la Villette – en lieu et place de l’ancien squat artistique Gare aux gorilles.

      La gare Masséna vue depuis la rue Regnault.

      Dans le cadre de Réinventer Paris, l’ancienne gare Masséna sera quant à elle réhabilitée en « lieu de vie et de proximité » d’ici 2019 avec bar et cantine, ferme urbaine, boutiques bio, espaces artistico-culturels et bureaux. Enfin, Stéphane Vatinel a l’an dernier remporté l’exploitation de deux sites en friche grâce à Réinventer la Seine, un appel à projets visant à « la construction d’un territoire métropolitain évident et d’envergure internationale ». Une usine désaffectée à Ivry et l’ancien tribunal de Bobigny seront ainsi, à l’horizon 2022, reconvertis tous deux en tiers-lieux écoculturels estampillés Sinny & Ooko.

      À cette dynamique de duplication des tiers-lieux s’ajoutent les dizaines de #terrasses_temporaires qui essaiment chaque été dans les interstices urbains de la capitale, à l’image de la Base Filante, une friche éphémère de trois mille mètres carrés qui a ouvert ses portes en juillet dernier à deux pas du Père-Lachaise. L’initiative est portée par quatre collectifs, dont certains ont déjà pris part à la conception d’une autre terrasse temporaire, la friche Richard Lenoir, ou à l’aménagement de La Station-gare des mines.

      Au programme de la Base Filante, le sempiternel quatuor bières artisanales, cours de yoga, tables de ping-pong et musique électronique. « On assiste à une sorte de standardisation qui annihile toute créativité : tout espace en friche se voit devenir un lieu éphémère avec un bar et des transats, s’alarme Quentin, du collectif Droit à la ( Belle )ville. La créativité s’arrête dès qu’il y a une tireuse à bière artisanale… »

      Enfin, la mise en avant quasi généralisée de l’imaginaire « squat », via la scénographie récup’ et DIY, comme à travers la rhétorique de l’alternative et du collaboratif dans la communication de ces lieux festifs, participe également à cette uniformisation des sites culturels. « Ces friches font croire à une fausse occupation de l’espace alors qu’il y a des vigiles à l’entrée, fulmine Quentin. On vend de faux espaces de liberté où on dit aux gens ce qu’ils doivent consommer et où. »

      Pour les chercheuses Juliette Pinard et Elsa Vivant, « cette #esthétique_du_squat […], donnant la part belle aux atmosphères brutes et industrielles, participe à la #mise_en_scène de ces lieux temporaires en tant qu’“espaces alternatifs” et expérience singulière ». En institutionnalisant les occupations transitoires, les friches culturelles éphémères ont réussi le tour de force de neutraliser la portée subversive des squats artistiques, qui contestaient la propriété privée en privilégiant le droit d’usage, tout en s’appropriant leurs codes esthétiques.

      « Et le squat devient fréquentable », titrait ainsi Télérama en avril dernier à propos des occupations transitoires après que Libération eut publié sur son blog Enlarge Your Paris un entretien intitulé « Les friches font entrer les villes dans l’ère des squats légaux ».

      Dans le quartier Darwin.

      Le phénomène des friches culturelles se circonscrit de moins en moins à la région Île-de-France. À Bordeaux, les instigateurs du site culturel Darwin Écosystème, installé depuis 2009 dans l’ancienne caserne Niel et qui se présente comme un « lieu d’hybridation urbaine mêlant activités économiques et initiatives citoyennes », ne se sont jamais cachés de s’être inspirés directement de La Bellevilloise. Le promoteur immobilier Résiliance a de son côté mis à disposition un terrain vague de vingt hectares situé au nord de Marseille à Yes We Camp, un collectif de cinquante salariés spécialisé dans la création de friches culturelles éphémères, à Paris comme à Roubaix.
      Depuis cette année, la vaste parcelle en jachère accueille un « parc métropolitain d’un nouveau genre, à la fois lieu de vie, de mémoire, de pratiques culturelles et sportives ». Le site, baptisé Foresta, est inséré dans un projet d’aménagement porté par Résiliance et articulé autour d’un immense entrepôt commercial réservé aux grossistes du marché textile chinois.

      Quant aux anciens abattoirs de Rezé, dans l’agglomération nantaise, ils hébergent depuis juillet dernier Transfert, trois hectares de friche culturelle définie par ses concepteurs comme un « espace qui se mue en un lieu de transition où l’on imagine, invente et fabrique ensemble un lieu de vie qui questionne la ville de demain ». L’occupation provisoire durera cinq ans, le temps nécessaire à accroître l’attractivité et la valeur immobilière de ce no man’s land qui doit accueillir un gigantesque projet d’aménagement urbain prévoyant trois mille logements.

      Cette politique de l’éphémère à fin mercantile semble ainsi définitivement être sur les rails qui la conduiront à se pérenniser et à s’étendre à l’ensemble du territoire. « Nous avons désormais un vivier de porteurs de projets qui nous sollicitent, affirme Charlotte Girerd, de SNCF Immobilier. Depuis 2015, une vingtaine de projets d’urbanisme transitoire ont été mis en œuvre. Notre ambition est que d’ici 2019-2020, deux à trois sites répondant à la démarche d’urbanisme transitoire soient lancés chaque année, avec la volonté de travailler de plus en plus hors d’Île-de-France. »

      Une filiale de la SNCF à la manœuvre d’opérations immobilières spéculatives, des collectivités publiques au service du développement économique, des entreprises culturelles de plus en plus hégémoniques… Si les friches culturelles viennent « questionner la ville de demain », elles soulèvent aussi une tout autre question : comment faire exister une politique culturelle affranchie de toute logique économique ?

  • Sécurité sociale : il existerait 1,8 million de numéros de sécurité sociale attribués sur la base de faux documents qui coûterait « 14 milliards d’euros par an »
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15396-securite-sociale-il-existerait-1-8-million-de-numeros-de-securite-s

    Ça vous étonne que l’Assemblée nationale ne fasse rien ? Alors je me permets de vous rappeler que la France à signé le 11 décembre 2018 le pacte de Marrakech qui prévoie, planifie et légalise, l’installation de 5 à 89 millions d’immigrés en France d’ici 2050, ceci pour le plus grand plaisir du patronat, et dont les prestations sociale, éducative, médicale seront assurées par nos impôts, privatisation des profits et socialisation des pertes comme pour les ... Banques... La conséquence d’Emmanuel Macron serat Marine Le Pen à la présidence de la République française, et c’est voulu, après avoir mis le pied à l’étrier à Emmanuel Macron, Jacques Attali ne se vantait il pas de connaître LA future présidente de la France en 2022 ?

    Le Sénat a adopté un amendement prévoyant que le (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

    • * Roubaix-Lille Une faute médicale provoque la mort d’une jeune mère de 25 ans au CHRU
      http://lavdn.lavoixdunord.fr/509783/article/2018-12-19/une-faute-medicale-provoque-la-mort-d-une-jeune-mere-de-25-ans-au

      Le 5 juin 2017, une Roubaisienne de 25 ans tout juste opérée d’une appendicite au CHRU est renvoyée chez elle malgré une forte fièvre. Elle décédera cinq jours plus tard, laissant une fillette orpheline de 8 ans. L’hôpital a reconnu des manquements et devra sous quatre mois indemniser la famille de la victime.

      C’était le lundi de Pâques. Dans la matinée, Salima Ghrib est arrivée aux urgences du CHRU, se plaignant de douleurs au ventre. Elle sera opérée dans la soirée d’une « appendicite aiguë perforée ».


      La fièvre ne la quitte pas. « Le 4 juin, elle avait 38,7º degrés et le 5 au matin, sa CRP, (marqueur d’une infection dans le sang NDLR), est à 378 alors que la normale est inférieure à 6 », souligne aujourd’hui, Me Angélique Opovin qui représente la famille Ghrib. « On la renvoie malgré tout chez elle, le 5 juin en lui disant que ses douleurs sont une suite opératoire normale  », s’indigne l’avocate. «  Le 9 juin, alors qu’elle est chez ses parents, alitée dans une chambre, elle est soudain si mal que sa fillette qui était avec elle fait irruption dans le salon en criant : « maman est en train de mourir. » »

      De la fièvre et le mauvais antibiotique
      Salima est ramenée en urgence à l’hôpital. Les médecins ne pourront rien faire pour la sauver. Elle meurt le 10 juin, laissant sa famille avec de multiples questions. Du côté du centre hospitalier de Lille, les bévues s’enchaînent : le dossier médical remis aux parents de Sabrina Ghrib est incomplet. Le CHR leur adresse une nouvelle version sous forme d’un CD-Rom qui s’avérera être le dossier d’un autre patient.

      En avril 2018, Me Angélique Opovin saisit la commission de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux, une procédure civile qui évite le recours au tribunal correctionnel. Un médecin expert en chirurgie viscérale et digestive conclut sans ambiguïté : « Salima Ghrib présentait un cas d’appendicite très lourd, la CRP à 378 aurait dû alerter et entraîner des examens supplémentaires », rapporte l’avocate.

      L’expert relève une autre faute médicale : la patiente a été renvoyée de l’hôpital avec un traitement à base d’Augmentin alors qu’une analyse de sang faite avant la sortie révélait que l’infection de Salima Ghrib était résistante à cette souche d’antibiotiques. L’expert vient de considérer que la faute a contribué au décès de la jeune femme, à hauteur d’au moins 80 %.

      Plusieurs vies bouleversées
      Le CHR n’a jamais contesté sa responsabilité dans la mort de Salima Ghrib et a reconnu des manquements. L’hôpital a dorénavant quatre mois pour indemniser la famille. Reste à savoir si les proches seront dédommagés à la hauteur du bouleversement économique qui s’ajoute à leur douleur.

      * Salima était le pivot d’une auto-école créée avec ses deux sœurs, près de la gare à Roubaix. Il a fallu tout réorganiser sans elle. Mais surtout Salima Ghrib élevait seule sa fillette. L’enfant habite désormais chez ses grands-parents. Un couple de gens âgés d’une soixantaine d’années, aux revenus modestes et à la santé fragile, qui ont dû se replonger dans l’éducation d’une fillette de 8 ans.

      #Hopital déglingué #Femme Merci le #PS , Merci aussi aux députés #enmarche, et à #emmanuel_macron de continuer la destruction du systéme de santé français.

  • Roubaix : Ce qu’il faut savoir sur le festival de pop française à La Condition publique
    http://www.lavoixdunord.fr/488405/article/2018-11-14/ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-festival-de-pop-francaise-la-condition-publ

    Agar Agar, Flavien Berger, Clara Luciani ou The Pirouettes. Pendant trois jours, le Grand Mix de Tourcoing, toujours en travaux, met en lumière à travers sa programmation hors les murs la nouvelle scène française à La Condition publique.

    Une programmation hors les murs

    La salle de concert du Grand Mix est fermée pendant le très grand chantier d’agrandissement. Depuis sa fermeture, la structure tourquennoise tourne encore et programme dans plusieurs salles de concert de la métropole lilloise. Sa programmation hors les murs passe par Roubaix...

  • Roubaix. La pop française à l’honneur pour le festival Pop Factory – actu.fr
    https://actu.fr/hauts-de-france/roubaix_59512/roubaix-pop-francaise-lhonneur-le-festival-pop-factory_19416195.html

    Le festival Pop Factory accueille plusieurs artistes de pop française du jeudi 15 au samedi 17 novembre 2018, à la Condition publique de Roubaix

    Vendredi sur mer et Clara Luciani seront présentes pour cette première édition du festival Pop Factory, qui aura lieu à la Condition publique de Roubaix (Nord), du 15 au 17 novembre 2018. (©VSM officiel et Manuel Obadia-Wills CMJN)
    Nous vous annoncions déjà il y a quelques jours la venue de Vendredi sur Mer, à Roubaix (Nord), pour le festival Pop Factory. Lille Actu vous donne le programme complet de l’événement dédié à la pop française, qui se déroulera du jeudi 15 au samedi 17 novembre 2018 à la Condition publique.

    Une première
    Si cet événement ne vous dit rien, c’est normal : c’est la première édition du festival qui voit le jour en 2018.

    Le Grand Mix de Tourcoing, à l’origine de l’événement, conte l’histoire de ses origines et de ses inspirations.

    Un jour, Etienne Daho a inventé la pop française. C’était en 1986, sous une bannière frappée d’un idéogramme bouddhiste tellement significatif : ’Satori’ désigne l’éveil spirituel. L’album culte Pop Satori a guidé la chanson française vers les si impeccables plates-bandes anglo-saxonnes. D’un french-kiss rennais, la pop à jamais tomba pour la France.

    Une trentaine d’année plus tard, la pop française est fière, multiple, encore jeune et en appétit. Le Grand Mix et la Condition Publique la célèbreront à la fin de l’année en feuilletant le nuancier le plus éclatant de la jeune création musicale pop lors de la première édition du festival : Pop Factory, la scène française sous condition.

  • Protection de l’enfance : mouvement d’inquiétude dans le Nord - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2018/11/06/protection-de-l-enfance-mouvement-d-inquietude-dans-le-nord_1690263

    Mardi après-midi, quelque 650 agents de l’Aide sociale à l’enfance ont manifesté devant l’hôtel du département, à Lille. Ils s’alarment d’un manque de moyens qui aboutit à la mise en danger de ceux qu’ils sont censés protéger.

    A chaque fois qu’elle parle de lui, Luisa (1) a l’estomac noué, et la mine légèrement déconfite, rongée par l’angoisse et la culpabilité. Son propos est grave : « Tous les matins je me réveille en pensant à lui et je me demande si aucun drame n’est arrivé dans la nuit. » Luisa, 48 ans, est assistante socioéducative à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Roubaix. Depuis quatre mois, elle tâche désespérément de trouver une place en foyer pour Malo, 14 ans, en « danger immédiat » dans son milieu familial. Cet été, le tribunal pour enfants de Lille a ordonné son placement dans un lieu sûr : « Malo vit seul avec sa mère suicidaire. Elle n’est malheureusement plus en mesure de prendre soin de lui, détaille Luisa. Son fils est livré à lui-même dans une maison mortifère. La situation est devenue trop dangereuse pour lui. » Problème : malgré la décision judiciaire de placement, Malo habite toujours chez sa mère car il ne reste plus aucune place de disponible pour lui en structure d’accueil. « La faute au département du Nord et à son président Jean-René Lecerf [divers droite] », selon Luisa, auquel elle reproche d’avoir « fait le choix » de supprimer 700 lits de foyers sur les 5 000 existants sur la période 2015-2018 (un lit coûte en moyenne 55 000 euros par an et par enfant). Une politique d’économies budgétaires lourde de conséquences pour les agents de l’ASE chargés de l’exécution des placements : aujourd’hui, un enfant peut attendre des jours, des semaines voire de mois dans sa famille avant qu’on ne lui trouve une solution. « Si la mère de Malo se suicide dans la semaine avec son gamin à la maison, qui est responsable ? » s’alarme-t-elle.

    Ce mardi après-midi, cette agente de l’ASE a manifesté aux côtés de 650 collègues devant les fenêtres de l’hôtel du département, à Lille, afin d’obtenir des « moyens concrets » pour pouvoir assurer la protection de « l’ensemble des enfants du territoire en péril dans leur environnement familial ». Des collègues venus des Unités territoriales de prévention et d’action sociale de Lille, Tourcoing, Wasquehal, Mouvaux, Haubourdin, Lambersart, Anzin, Saint-Amand-les-Eaux, Gravelines. Ils ont démarré le mouvement de protestation début octobre par une grève de dix jours, accusant le département de « non-assistance à enfants en danger ».

    Record de placements

    Car l’histoire de Malo n’est plus exceptionnelle. Dans l’agglomération lilloise, les situations dramatiques se sont accumulées. A Lille-Moulins, un nouveau-né a été « maintenu » quasiment deux mois à la maternité car aucune famille d’accueil n’est disponible dans le secteur, et reste pour l’heure en pouponnière. Faute de places définitives, Tom et Marine, frère et sœur de six et neuf ans, se font ballotter de foyer en foyer et rejoindront la semaine prochaine leur quatrième structure en l’espace de six mois. Martin, huit ans, vit pour sa part toujours chez ses parents malgré la décision de placement pour « négligences et maltraitances psychologiques » prise il y a quatre semaines. Même situation alarmante du côté d’Alice, seize ans, victime de violences physiques épisodiques par son père mais toujours logée sous son toit. Sans compter ces adolescents fugueurs qui décident un matin de frapper à la porte de l’ASE mais qui disparaissent dans la nature le soir venu, démoralisés de constater qu’aucune solution n’a pu leur être proposée. Ils ne reviennent jamais le lendemain.

    Selon les derniers chiffres officiels, le Nord est le département français qui enregistre le plus de mesures de placement (10 400 en 2015), bien loin devant le Pas-de-Calais (6 400) et la Seine-Saint-Denis (4 600). Sandrine, une collègue de Luisa : « Malheureusement, sur notre territoire, tous les signaux sociaux sont au rouge et nous conduisent inévitablement à un nombre très élevé de placements judiciaires. Beaucoup de familles sont en grosse difficulté économique. Certains quartiers détiennent des records en matière de taux de pauvreté et de taux de chômage. Des parents accablés sombrent dans la dépression, l’alcool, la drogue, et négligent leurs mômes sans vraiment s’en rendre compte, ou les maltraitent dans les pires cas. C’est justement à l’Aide sociale à l’enfance de proposer à ces enfants un avenir plus lumineux. On ne peut pas les abandonner à leur sort. Ou les balader de foyer en famille d’accueil alors qu’ils ont besoin de sécurité et de stabilité. Parfois, il m’arrive de me dire que nous sommes devenus plus maltraitants que ce qui se passe dans ces familles. »

    Rien que pour le secteur de Roubaix-Ville, 22 enfants sont actuellement en attente de placement. Pour la ville de Wasquehal, les agents de l’ASE en évoquent au moins dix. A Tourcoing-Mouvaux, le chiffre monte à 24 pour le mois d’octobre. Et le phénomène risque d’empirer : « Lors de la fermeture des 700 lits, on a essayé de replacer le plus d’enfants dans des familles d’accueil. Sauf que ces familles d’accueil ne se démultiplient pas à l’infini. Aujourd’hui, plus aucun assistant familial n’est disponible non plus, alerte Marie, assistante socioéducative de 28 ans. Certains ont le profil pour être épanouis en famille d’accueil, d’autres sont plus heureux en foyer. Il y a encore quelques années, on cherchait une place adaptée pour chaque gamin. Aujourd’hui, on cherche juste une place. Il n’y a plus de projet de fond, on ne fait plus que de la mise à l’abri », résume Rose, travailleuse sociale depuis dix ans.

    L’offre et la demande

    La mission est loin d’être évidente. D’après les travailleurs sociaux, l’ASE du Nord fonctionne désormais sur le modèle de l’offre et de la demande : les foyers, en position de force, peuvent se permettre de « choisir » les enfants qu’ils accueilleront. Les jeunes aux profils les plus complexes (problèmes psychologiques ou psychiatriques graves) deviennent des « incasables ». Et les lieux de placement ne se gênent plus pour procéder à des « fins de prise en charge » entraînant le retour immédiat de l’enfant dans son environnement familial, sans information ni autorisation préalable du juge pour enfants. « Chaque unité territoriale de prévention et d’action sociale en vient à se concurrencer et à devoir vendre la détresse de l’enfant dont il est référent pour obtenir la place en foyer, déplore Rose. On doit limite montrer le CV du môme et justifier pourquoi il mérite plus la place qu’un autre, pourquoi il ne décevra pas les éducateurs et se comportera de manière respectueuse etc. Nous sommes le service public, c’est ubuesque ! »

    D’un point de vue juridique, le département du Nord se trouve de fait dans une situation strictement illégale. « Lorsqu’on ordonne le placement d’un mineur, celui-ci doit être exécuté immédiatement. Si le département n’applique nos décisions que des mois plus tard, il est dans l’illégalité la plus totale », pointe Judith Haziza, juge pour enfants à Lille et déléguée régionale du Syndicat de la magistrature. Par voie de communiqué, le Syndicat a apporté son soutien officiel au mouvement social, « considérant que le manque de moyens matériels et humains alloués par le département à la protection de l’enfance a une incidence directe sur l’exécution des décisions de justice. » « Ce n’est pas à la justice d’adapter ses jugements en fonction du nombre de places disponibles en structures d’accueil. C’est à la politique départementale de s’adapter à la réalité du territoire et à nos décisions », souligne Judith Haziza.

    Désarroi

    Fin octobre, lors d’une conférence de presse, Jean-René Lecerf s’était défendu en expliquant qu’il n’avait pas supprimé mais « transformé » ces 700 lits en « 350 places pour les mineurs non accompagnés et 350 places en soutien éducatif à domicile ». Doriane Bécue, vice-présidente chargée de l’enfance du département avait pour sa part confirmé vouloir « réformer le système en privilégiant le préventif plutôt que le curatif ». Contacté par Libération, le département du Nord a simplement ajouté qu’il « souhaitait éviter la séparation par un placement et inverser la tendance en "réparant" les familles ». Judith Haziza : « Concrètement, depuis trois ans, qu’est-ce qui a été mis en place pour augmenter les moyens de la prévention ? On n’en voit aucun résultat. A l’heure actuelle, le nombre de saisines judiciaires dans notre tribunal ne diminue toujours pas. »

    Tout le désarroi des agents de l’ASE du Nord se trouve là : ils sont asphyxiés, coincés entre l’impossibilité de placer les enfants et l’incapacité d’intervenir correctement en « prévention éducative ». L’argent n’est nulle part, la bricole, quotidienne. Et les répercussions sur les enfants plus que préoccupantes. « Aujourd’hui, le département nous dit qu’on sauvera les jeunes par la prévention. C’est bien joli, mais on n’a aucun gros moyen pour le faire, donc on ne le fait pas, ou mal, explique Hélène, assistance sociale. Il faut détecter au plus tôt les négligences en famille. Le manque de stimulation pour la tranche d’âge 0-3 ans peut être irrévocable à vie. De même, un enfant victime de maltraitance risque de reproduire le même schéma une fois adulte. Plus on tarde à les placer, plus on les récupère profondément abîmés. » Et de conclure, en forme d’avertissement : « Si ces enfants ne sont pas protégés, ils n’arriveront pas à s’insérer dans la société. Ils auront besoin d’aides financières, de suivi médical et psychologique à vie. Tout cela coûte cher. Le département veut faire des économies ? Il fait un très mauvais calcul. »

    (1) A la demande des intéressés, tous les noms ont été modifiés.

    Les juges de Bobigny aussi

    Tandis que la colère gronde dans le Nord contre le manque de moyens humains et matériels affectés à l’Aide sociale à l’enfance pour exécuter les décisions de justice, la sonnette d’alarme a également été tirée en Seine-Saint-Denis. Dans une tribune publiée ce lundi par le Monde et France Inter, les quinze juges des enfants du tribunal de grande instance de Bobigny ont lancé un « appel au secours » et dénoncé « la forte dégradation » des dispositifs de protection de l’enfance. « Des mineurs en détresse ne peuvent ainsi plus recevoir l’aide dont ils ont besoin, faute de moyens financiers alloués à la protection de l’enfance par le conseil départemental, tributaire en partie des dotations de l’Etat », ont-ils écrit. Ce à quoi la ministre de la Justice, Nicole #Belloubet, a répondu : « Je ne nie pas la responsabilité de l’Etat, mais je dis que la mise en œuvre des décisions de nature civile comme celles dont vous me parlez qui concernent les enfants, cela appartient aux départements. » Retour à l’envoyeur, en somme.
    Anaïs Moran envoyée spéciale à Roubaix, Photos Antoine Bruy. Tendance Floue

    #ASE #protection_de_l_enfance #maltraitance #conseil_départemental #nord #seine_st_denis #état #manifestations #juge_pour_enfants

  • Piscine, garderie, cantine... comment les collectivités locales font flamber la note _ Sandrine Trouvelot - 20 Avril 2018 - capital
    https://www.capital.fr/economie-politique/piscine-garderie-cantine-comment-les-collectivites-locales-font-flamber-la-n

    Certes, les élus ont limité les hausses d’impôts cette année. Mais ils vont se rattraper en facturant leurs services.

    Pas étonnant que les parents vivant à Saint-Julien-en-Genevois, en Haute-Savoie, soient inquiets. Fin décembre, ils ont reçu une lettre signée du maire expliquant que les coûts de la restauration scolaire – dont les tarifs s’échelonnent de 1,30 euro à 7,20 euros selon les revenus – avaient beaucoup augmenté, notamment à cause de la suppression des emplois aidés, et qu’il devra prochainement « arbitrer sur la répartition de ces coûts entre les usagers et les contribuables ». « On n’a pas de nouvelles, mais on nous a laissé entendre qu’il faudrait au minimum relever le prix des repas au niveau de leur coût de revient, soit 3 euros », se désole-t-on à la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves).

    Décidément, les collectivités locales sont de plus en plus nombreuses à se lâcher sur les prix de leurs services. Si certaines limitent les horaires d’ouverture, voire suppriment des prestations – la mairie de Paris, par exemple, a récemment annoncé la fermeture des colonies de vacances Arc-en-ciel, qui ont permis à 4.200 enfants de partir l’an dernier –, la plupart préfèrent raboter leurs subventions.

    Résultat : de la cantine à la garderie en passant par les piscines ou les conservatoires, les tarifs ne cessent de flamber pour les usagers. « Les élus n’ont plus tellement le choix, et cette tendance va nécessairement se poursuivre », assure Pierre-Olivier Hofer, directeur du cabinet Exfilo.

    Il est vrai que les collectivités locales sont confrontées à une situation inédite. Non seulement elles reçoivent moins de dotations de l’Etat – au total, elles ont perdu plus de 10 milliards d’euros depuis 2013 et Emmanuel Macron leur a demandé 13 milliards d’économies supplémentaires sur le quinquennat –, mais elles peuvent difficilement augmenter encore les impôts vu le ras-le-bol fiscal des Français. Or, malgré les nombreux gaspis, elles ont du mal à tailler dans leurs dépenses – les trois quarts de ces dernières concernant le personnel, ce n’est pas toujours simple.

    Pour boucler leurs fins de mois , elles font donc payer les citoyens. Avec des choix politiques divergents selon les collectivités : certaines choisissent de mettre à contribution tout le monde, d’autres de concentrer les augmentations sur les plus aisés. En utilisant parfois un prétexte tout trouvé : l’harmonisation des tarifs découlant des fusions d’intercommunalités.
    Centres de loisirs, piscines, cantines… un peu partout, les tarifs valsent

    Le centre de loisirs à Bourgtheroulde : + 100%
    Pas étonnant que les habitants du territoire de Bourgtheroulde, en Normandie, l’aient mauvaise. Leur centre de loisirs est désormais deux fois plus cher, car la communauté de communes dont ils dépendent (Roumois-Seine) a relevé les tarifs le 1er janvier 2018.

    La piscine de Caen : + 40% 
C’est une sacrée douche froide pour les Caennais. Depuis septembre dernier, le prix d’entrée au centre nautique Eugène-Maës a grimpé de 40% (4 euros pour un adulte, contre 2,90 euros avant). Idem pour les activités qui y sont proposées : + 27% pour l’aquagym et même + 64% pour l’aquabike.

    La cantine à Montesson : + 45% 
Normal que les parents de cette commune des Yvelines râlent. Depuis septembre, les tarifs de la cantine, qui étaient l’an dernier de 4,41 euros pour tous, varient entre 3,85 et 6,41 euros. « Cela représente une hausse de 30 à 45% pour 71% des familles ! », dénonce la FCPE.

    La restauration à Venette : + 217% 
Plutôt salée l’addition de la cantine dans cette ville de l’Oise ! En septembre 2017 , la facture a bondi de 38% pour les plus aisés (de 5 à 6,90 euros) et de 0,46 à 1,46 euro pour les familles modestes. Soit, pour ces dernières, une hausse annuelle par enfant de près de… 200 euros.

    Le conservatoire de Lille : + 270% 
Fini la générosité avec les élèves musiciens résidant en dehors de la ville ! Dans un contexte budgétaire tendu, la mairie a fixé pour eux un tarif unique de 1.866 euros à partir de septembre 2017. Jusque-là, la facture ne dépassait pas 500 euros, et pouvait même tomber à… zéro.

    Les concessions à Quesnoy-sur-Deûle : + 10% 
Sous prétexte qu’elle a investi près de 50.000 euros dans son cimetière, cette commune proche de Roubaix a relevé de 2% le prix de ses concessions funéraires. La hausse atteint même 10% pour une niche dans un columbarium (désormais à 386,87 euros pour une durée de cinquante ans).

    La location de salles à Saint-Pair-sur-Mer : + 55% 
Certes, la plupart des tarifs municipaux de cette ville normande n’ont quasiment pas bougé. Mais la location des salles a, elle, flambé comme jamais. Les habitants devront désormais payer 155 euros pour réserver la salle polyvalente, soit 55% de plus qu’en 2017 !

    Les internats dans l’Aube : + 10% 
Mauvaise surprise pour les familles. Sous prétexte d’harmonisation, la région Grand Est a décidé une hausse des tarifs dans les lycées de l’Aube d’ici 2020 (+ 10% pour l’internat et jusqu’à + 22,5% pour la cantine). « Comme c’est sur trois ans, on a failli ne rien voir ! », râle-t-on à la FCPE.

    Les piscines de Paris : + 16% 
Après avoir alourdi en 2014 les tarifs des cantines et des conservatoires (+ 115,6% pour les plus hauts revenus), la capitale a relevé ceux de ses 39 piscines en juillet 2017. La hausse s’élève à 16,6% pour une entrée normale et même à 17,6% pour les jeunes.

    La garderie à Etouy : + 154% 
Colère dans cette commune de l’Oise. Depuis le 1er janvier, les repas scolaires coûtent en effet 5,50 euros (+ 37%), et la garderie 3,30 euros pour tous, soit pour certains parents une envolée de 154% ! « Les emplois aidés ont été supprimés, et la qualité est meilleure », se défend le maire.

    La place dans le port de Bordeaux : + 157% 
Certes, des travaux, actuellement en cours, permettront de doubler, d’ici l’été, la capacité d’accueil du port de plaisance de la ville de Juppé. Mais les usagers devront aussi payer plus cher. Pour un bateau de 10,50 mètres, par exemple, il faudra alors débourser 1.800 euros, contre 700 auparavant.

    #collectivités_locales #communes #mairies #Cantine #Musique #Piscine

  • Déconsommation : mode ou nécessité ? Aurélie Kieffer et Lise Verbeke - 28 Septembre 2018 France Culture
    https://www.franceculture.fr/emissions/grand-reportage/deconsommation-mode-ou-necessite

    L’ère est à la déconsommation. Consommer moins, mieux et autrement. Depuis quelques années, cette tendance se confirme. Nous achetons moins de viande, de produits d’hygiène, de vêtements. Chaque déconsommateur a ses raisons, économiques, environnementales ou simplement pour se sentir mieux.

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10084-28.09.2018-ITEMA_21828392-0.mp3

    Nous achetons moins de viande, moins de plats préparés, moins de vêtements. La déconsommation n’est pas une vue de l’esprit, mais une tendance qui infuse doucement dans la société. 

    La preuve par les chiffres : le bureau d’études IRI a établi, pour le premier semestre de l’année 2018, « une baisse des volumes d’un niveau jamais atteint en 5 ans ». Et le plus flagrant concerne l’alimentation et les produits d’hygiène, les ventes ont baissé de 1,2% selon la société d’études. 

    La fièvre acheteuse des Trente Glorieuses ne s’empare plus des consommateurs. Les supermarchés voient leur nombre de clients diminuer lentement. Mais si le consommateur achète moins et différemment, ses motivations sont diverses. 

    Consommer moins, pour boucler ses fins de mois
    L’une des premières raisons lorsque le consommateur se lance dans un processus de déconsommation reste d’ordre économique. Comment vivre correctement, sans frustration et manque, tout en gardant son compte bancaire dans le vert à la fin du mois ? Herveline Verbeken s’est posée cette question avec son mari, quand ils se sont lancés dans un projet immobilier. Cette Normande de 38 ans, assistante de direction, a d’abord décidé de décortiquer ses relevés bancaires des derniers mois. 

    Nous n’avions pas de problème d’argent, mais nous avions tout de même l’impression d’être pris à la gorge et de ne pas épargner. Nous achetions des montres, des bijoux, du maquillage, sans compter, sans faire les comptes, comme beaucoup de gens, je pense. Quand je me suis penchée sur mes dépenses, là, ça nous a fait mal, car nous nous sommes rendus compte que nous avions une grosse case « indéterminée », on ne savait pas où était parti l’argent.

    A coup de tableaux, de colonnes recettes et dépenses, Herveline a établi un budget, sur le mois, mais aussi sur plusieurs années pour parer à toutes dépenses. 


    Chaque dépense et recette d’Herveline et sa famille sont répertoriées dans un tableau au centime prés.• Crédits : Lise Verbeke - Radio France

    Avec une amie, Marie Lefèvre, elles ont toutes les deux créé un groupe Facebook : « Gestion budgétaire, entraide et minimalisme ». Plus de 130 000 personnes y adhèrent aujourd’hui, pour « aider les personnes à s’en sortir mieux financièrement avec des astuces écologiques et éthiques ». On y partage des recettes de lessive au lierre, des conseils pour réduire sa facture EDF, des idées de cadeaux de Noël faits maison, des exemples de tableaux pour apprendre à gérer son budget. Une entraide pour parvenir à consommer moins, mieux, autrement. 

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=D3ULyERfYmE

    Pour aller plus loin que cette simple entraide virtuelle, un peu partout en France, s’est développé depuis quelques années le concept de Repair Café. Dans la métropole lilloise, il en existe une vingtaine. En plein centre de Lille, le Repair Café a lieu tous les troisièmes mardis du mois, à la Maison régionale de l’environnement et des solidarités. Des bénévoles, souvent des retraités, aident et apprennent aux gens à réparer leurs objets cassés. C’est Christophe qui a monté ce Repair Café, « en voyant un reportage sur le premier café de ce genre à Amsterdam en 2009 ». 


    Chaque troisième mardi du mois, une cinquantaine de personnes viennent au Repair Café de Lille. • Crédits : Lise Verbeke - Radio France

    Tous les milieux sociaux se retrouvent au Repair café, des jeunes et des moins jeunes, le café fait le plein à chaque rencontre. « Ils en ont marre de jeter, marre de racheter, mais certains veulent aussi réparer de vieux objets qui ont une valeur sentimentale à leurs yeux », détaille Christophe.

    Pour nous, le principe du Repair Café, c’est qu’il doit être le plus local possible, proche des gens, pour participer à la transition écologique mais cela créé aussi du lien entre les gens - Christophe 

    Consommer moins, pour protéger la planète
    Au-delà des questions économiques, décider de réduire sa consommation s’inscrit aussi dans une démarche écologique, pour ceux qui se considèrent comme des consom’acteurs. C’est le cas de Fabien, trentenaire, chargé de communication dans un grand groupe. Sensibles aux questions environnementales, lui et sa femme ont peu à peu modifié et réduit leur consommation, « pour faire un geste, à notre échelle ». Il a trouvé des solutions près de chez lui, dans la métropole lilloise. Il réduit ses emballages, achète ses légumes, fruits, produits laitiers et viande au Courtcircuit.fr, un « drive fermier », avec des producteurs des Hauts-de-France.


    L’un des points de retraits du Courcircuit.fr à la gare Lille Europe, où Fabien va chercher ses légumes chaque vendredi. • Crédits : Lise Verbeke - Radio France

    Chaque mois, Fabien se rend aussi à Roubaix, une ville considérée comme la pionnière du « zéro déchet » en France, dans une épicerie vrac où il remplit ses bocaux de pâtes, de riz, de chocolat ou de thé en ne prenant que la quantité dont il a besoin pour éviter tout gaspillage. 


    Coline Huc, la gérante de la boutique en vrac, « Un Grain dans le bocal », à Roubaix. • Crédits : Lise Verbeke - Radio France

    La gérante de la boutique « Un grain dans le bocal », la première épicerie de ce genre à Roubaix, s’est installé il y a un an. « J’étais responsable de communication dans la grande distribution, explique Coline Huc, j’avais envie de changer et j’ai regardé un reportage sur le zéro déchet à Roubaix. J’ai essayé de le faire chez moi, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire et je me suis lancée ». L’avantage du vrac est que le consommateur achète uniquement la quantité dont il a besoin et évite le gaspillage alimentaire.

    Consommer moins, pour se sentir mieux
    Je consomme, donc je suis ? Ce mantra est balayé d’un revers de main par Camille et Delphine. Déconsommer devient une mode, un nouvel art de vivre. 
    Camille habite Clamart, au sud de Paris. Dans sa maison, chaque objet est éthique, sain, fait en matériaux non polluant et naturels, les jouets de son fils, les meubles, les matelas, les vêtements. La blogueuse s’est lancé un défi l’année dernière, un défi « zéro conso ». 

    Je me suis mise à consommer plus quand j’ai compris comment bien consommer. Quand j’allais dans des vide-greniers, je remplissais la maison de choses saines, cools, pas polluantes, mais je n’en avais quand même pas besoin. J’ai donc compris qu’il fallait que j’arrête de me donner des besoins là où je n’en avais pas. Et aujourd’hui, je n’ai pas de frustration. Par exemple, quand je vois sur Instagram un super beau tapis, alors que j’en ai acheté un il y a trois ans, l’envie passe. Mais ce sont des étapes, car il y a quelques années, je l’aurais acheté !

    Parfois, le processus de déconsommation est poussé jusqu’à l’extrême, jusqu’à ne plus posséder que le minimum. Delphine se définit comme appartenant au mouvement des minimalistes. Cette quadragénaire vit dans un appartement épuré, près de Genève, avec son fils de 6 ans. Le minimalisme n’a pourtant pas toujours été son mode de vie.

    Delphine a travaillé pendant 10 ans dans le secteur de la banque à Genève. 

    J’étais une shopping addict, je ne vivais que par ça. J’étais une sur-consommatrice. J’étais dépendante à cette petite adrénaline que je ressentais quand j’insérais ma carte bancaire, j’étais dépendante à ce petit plaisir là.


    Delphine vit à Genève et tient un blog « Mon truc en moins » où elle décrit son mode de vie minimaliste• Crédits : Lise Verbeke - Radio France

    Un jour, elle a eu un déclic, lors d’un séjour à Londres où elle se réjouissait de refaire sa garde robe. Elle s’est rendue compte que rien ne lui faisait envie. Puis, son médecin l’a arrêtée pour burn-out. « J’ai passé 15 jours à ne rien faire d’autre que ranger chez moi, et lire des choses sur le minimalisme ». Un mouvement dans lequel elle se retrouve et depuis, elle s’est débarrassée de beaucoup de choses chez elle, des vêtements, des livres, des produits de beauté, et même des souvenirs, des photos, des lettres d’amour. 

    Grand Reportage de Lise Verbeke

    #Déconsommation #consommation #gaspillage #minimalisme #repair-café #courses
    Origine de l’information : La revue de presse https://seenthis.net/people/lescrises
    https://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-06-10-2018

  • Super interview de 2013 : Rachid Taha : « Liberté, égalité, fraternité, c’est devenu un slogan publicitaire »
    Rosa Moussaoui et Marie-José Sirach, L’Humanité, le 22 novembre 2013
    https://www.humanite.fr/culture/rachid-taha-liberte-egalite-fraternite-c-est-deven-553643

    Un reportage sur Carte de Séjour en 1982 :
    https://www.youtube.com/watch?v=9vDc4YuZz1k

    L’Hymne antifasciste de 1993, Voilà Voilà :
    https://www.youtube.com/watch?v=YoUk9ksOKP4

    Ya Rayah en 1997, le clip officiel :
    https://www.youtube.com/watch?v=zp1m0xbkap4

    1,2,3 Soleils, le concert du siècle en 1999, avec Ida :
    https://www.youtube.com/watch?v=vVRsnDo0qcY

    Alliance punk arabe, il était logique qu’il adapte Rock el Casbah en 2004. Il était aussi logique qu’il la chante avec Mick Jones, en 2006 :
    https://www.youtube.com/watch?v=U76JhPVIoIs

    Le dernier morceau de son dernier disque studio en 2013 était une reprise de Voilà Voila, avec Brian Eno, Agnès b., Femi Kuti, Mick Jones, Christian Olivier, Eric Cantona, Camélia Jordana, Oxmo Puccino, Rachida Brachni, Sonia Rolland et Rodolphe Burger, conscient que la lutte contre le fascisme n’était pas terminée, mais sans lui ce sera encore plus difficile :
    https://www.youtube.com/watch?v=A6WIbvwcVUg

    Aussi ici :
    https://seenthis.net/messages/721451
    https://seenthis.net/messages/721454
    https://seenthis.net/messages/721475

    Très triste, encore... après Jacques Higelin et Aretha Franklin

    #Rachid_Taha #Musique #mort_en_2018

  • Roubaix : les salariés d’Happychic (Brice, Bizzbee, Jules) mécontents après la présentation du plan social Q.V avec AFP - 11 Septembre 2018 - France « Régions
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/roubaix/roubaix-salaries-happychic-brice-bizzbee-jules-meconten

    88 fermetures de magasins sont prévues, avec 460 suppressions de postes.

    Les organisations syndicales ont affiché mardi leur mécontentement après la présentation à Roubaix du plan social par la direction d’Happychic, qui doit conduire à la suppression de 466 emplois, https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/roubaix/plus-460-suppressions-postes-dont-centaine-roubaix-grou principalement dans les enseignes Jules et Brice.

    « On demande qu’on respecte les personnes qui sont dans ce PSE (plan de sauvegarde de l’emploi, ndlr) et qu’il y ait des indemnités correctes », a déclaré Laurent Petit, délégué syndical CGT à l’issue du Comité d’entreprise (CE). 

     ?
    « On discute de la mendicité, j’ai honte, 700 euros par année d’ancienneté ! Et 17.000 euros pour des gens qui ont 20 ans dans la même boite, ce n’est même pas une année de salaire... », a renchéri Patrick Digon, délégué syndical CFDT, en larmes.

    Véronique Carnin (FO) s’est interrogée sur la mise en place d’un PSE « alors qu’il y a eu depuis trois ans près de 1.200 démissions », signe « que l’entreprise s’épure toute seule ».
    https://www.youtube.com/watch?v=j4XTyr0b_PA

    La direction d’Happychic, qui appartient à la galaxie Mulliez et qui a annoncé ce PSE mi-juillet, a rétorqué que les négociations n’étaient « qu’au démarrage » et a évoqué « un marché de la mode en pleine transformation » pour justifier la fermeture des 88 magasins. 

    « On a une structure de coûts disproportionnée par rapport au chiffre d’affaires. Il va y avoir une mutualisation des entreprises, des équipes, des organisations Jules et Brice sous un seul et même maillot », a expliqué le directeur d’Happychic, Jean-Christophe Garbino, lors d’une conférence de presse. La troisième marque d’Happychic, Bizzbe, qualifiée, elle, de « pépite », doit « prendre son autonomie », a-t-il ajouté. 

    « L’industrie de la mode ne s’est pas réinventée depuis une quarantaine d’années, on est probablement la dernière industrie à produire consciemment et volontairement plus d’offre que de demande. Ce modèle là est en train de craquer et notre objectif, humblement, est de contribuer à inventer un nouveau modèle », a-t-il dit. 

    Payer pour les erreurs de gestion

    Pour Laurent Petit, les employés « payent » aujourd’hui des erreurs de gestion des précédentes directions : « aux CE, on disait qu’il fallait stabiliser le parc de magasins » alors que les ouvertures se multipliaient. 

    Les négociations entre les syndicats et la direction entreront dans le vif du sujet le 18 septembre pour se terminer au plus tard le 17 janvier. Les premiers licenciements pourraient avoir lieu mi-février. 

    Happychic compte 734 magasins, dont 629 en France, et 3.191 employés dans l’Hexagone. Le chiffre d’affaire mondial est d’environ 673 millions d’euros TTC (chiffres de fin 2017), d’après la direction.

    #licenciements #Roubaix #Auchan, #Adeo, #Décathlon, #Oosterdam-Pimkie, #Acadie #Maison-Familiale ) #Kiabi #Happychic ( #Jules, #Brice ), HTM Group ( #Boulanger etc ...), #Agapes ( #Flunch ...), #Cultura , #Mobivia ( #Norauto ), #Mulliez 

  • Pile : Permis de démolir
    http://www.nova-cinema.org/prog/2018/166-lebanon-days-of-tomorrow/varia/article/pile-permis-de-demolir

    Lucas Roxo & Simon Pillan, 2017, FR, DCP, VO FR ,71’

    Depuis des décennies, à Roubaix, le quartier du Pile se vide progressivement de ses habitants ; en attestent ses dizaines de maisons ouvrières murées par les pouvoirs publics. Elles sont dans l’attente du lancement d’un projet de rénovation dont l’objectif serait de « dédensifier » un quartier, peu adapté aux constructions modernes et aux objectifs de « mixité sociale » fixés par la mairie. Désireux de pouvoir être associés à la rénovation de leur quartier, de nombreux habitants se rendent comptent du peu de place qui leur est accordée. Ils décident alors de s’organiser, avec le soutien d’associations locales. Ce documentaire du collectif Hiatus suit leur lutte pendant plus de deux ans. Le film sera suivi d’une rencontre avec les (...)

    • C’est un colloque et c’est sur 3 jours, 16-17-18 janvier
      Colloque « Faire face aux discriminations. Expériences et (dé)mobilisations dans les quartiers populaires »
      http://ceraps.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/enseignants/Talpin/20190116-18_-_COLLOQUE_FAIRE_FACE_AUX_DISCRIMINATIONS.pdf

      (j’ai demandé à @aude_v si elle connaissait des personnes pouvant m’héberger. Je ne sais pas non plus si ce colloque intéresse d’autres personnes vers Lille : @sandburg, @tintin, ... ?)

      Faire face aux discriminations
      Expériences et (dé)mobilisations dans les quartiers populaires
      Lille, 16-18 janvier2019
      Le colloque se déroulera à l’Université de Lille, 1 place Déliot à Lille, M° Porte de Douai.

      Colloque organisé par Julien Talpin et le collectif D.R.E.A.M. (Discriminations, racismes, engagements et mobilisations)

      Ce colloque constitue l’évènement scientifique de clôture du projet de recherche ANR EODIPAR (“Expérience des discrimination, participation et représentation”) coordonné par le collectif DREAM (Discriminations, racismes, engagements et mobilisations).
      Les premières et troisième journées seront consacrées à la présentation des résultats de l’enquête collective comparative menée dans neuf quartiers populaires en France (Le Blanc Mesnil, Lormont, Mistral à Grenoble, Roubaix, Vaulx-en-Velin, Villepinte) en Angleterre (Londres), au Canada (Montréal) et aux Etats-Unis (Los Angeles) entre 2015 et 2018. Reposant sur 250 entretiens biographiques et l’observation d’une quinzaine de collectifs militants et de dispositifs d’action publique, ces recherches seront discutées par des cherheur.e.s spécialistes de ces questions.
      La deuxième journée d’étude, ouverte suite à un appel à communication, sera consacrée à la question des formes de disqualification et de répression qui affectent les mobilisations de minorités et issues de quartiers populaires.

      Le collectif DREAM (Discrimination, Racisme, Engagements et Mobilisations) est composé de : Hélène Balazard, Marion Carrel, Angéline Escafré-Dublet, Virginie Guiraudon, Samir Hadj Belgacem, Camille Hamidi, Sumbul Kaya, Alexandre Piettre, Anaïk Purenne Guillaume Roux, Julien Talpin

      16 janvier 2019
      Faire l’expérience des discriminations :
      Incidences sur les trajectoires et rapport au politique

      17 janvier 2019
      Démobiliser les quartiers populaires
      Répression, disqualification et cooptation comme stratégies de gouvernement

      18 janvier 2019
      Lutter contre les discriminations : stratégies,
      répertoires et changement social

      (je mettrai tout le programme si j’ai le temps, et sinon, n’hésitez pas.)

    • ok, c’est bon pour le logement et voilà !
      Si y’a des personnes intéressées (ça commence ce mercredi matin) :

      ENTREE GRATUITE

      LIEU : Université de droit-Campus Moulins, 1 place Déliot, Lille
      Salles :
      le 16/01 : Salle GUY DEBEYRE (Bâtiment A, 3ème étage, salle A.3.01)
      les 17 et 18/01 : AMPHI CASSIN (Bâtiment T, rez-de-chaussée)

      INSCRIPTION OBLIGATOIRE dans le plan Vigipirate
      Ecrire à l’adresse mail suivante : eodipar@gmail.com en communiquant votre identité afin d’avoir accès aux salles du colloque.
      Par précaution, avoir une pièce d’identité à présenter si besoin.

      http://ceraps.univ-lille2.fr/en/colloque-faire-face-aux-discriminations.html

      (je taggue aussi @raspa & @georgia , c’est à Lille cette semaine)

      #discriminations #quartiers_populaires #luttes

  • Choisir un système d’exploitation et installer Linux Médiathèque de Roubaix - La Grand Plage
    http://www.mediathequederoubaix.fr/agenda/choisir-systeme-dexploitation-installer-linux

    Vous préférez choisir vous-même le système d’exploitation installé sur votre ordinateur tout neuf, vous en avez marre de l’obsolescence programmée et voulez donner une deuxième vie à un ordinateur ? La Médiathèque vous propose un cycle d’ateliers vous permettant de reprendre en main notre vie numérique.

    – le 02/06 : Qu’est-ce-qu’un système d’exploitation, qualités et défauts
    – le 09/06 : Emmenez votre ordinateur et installez Linux
    – le 16/06 : Faire une mise à jour, configurer une imprimante
    – le 23/06 : Installer un logiciel
     

    De 10h à 12h30

    Médiathèque La Grand-Plage / 3ème étage - salle multimédia
    Sur réservation - Gratuit

  • Fabriquer un serveur avec le Raspberry Pi Médiathèque de Roubaix - La Grand Plage
    http://www.mediathequederoubaix.fr/agenda/fabriquer-serveur-raspberry-pi

    Un atelier pour monter soi-même un serveur auto-hébergé et mettre ses ordinateurs en réseau, sauvegarder ses données, sécuriser internet, etc. 

    Une belle idée pour les geeks ou les petits budgets !

    De 10h à 12h30

    Médiathèque La Grand-Plage / 3ème étage - salle multimédia
    Sur réservation - Gratuit