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  • Vasectomie mon amie : acte 1, il n’est jamais trop tard pour bien faire | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/christian-andreo/blog/200619/vasectomie-mon-amie-acte-1-il-nest-jamais-trop-tard-pour-bien-faire

    Devant le peu de témoignages disponibles sur la vasectomie, j’ai décidé de relater mon parcours en quelques billets. Par la même occasion, si cela peut contribuer à faire sauter le pas à quelques messieurs, soulager quelques dames et éviter quelques naissances ce sera toujours ça de gagné. Voici la première étape du parcours : le rendez-vous avec le médecin traitant.

    Bon, voilà ça y est.

    C’est décidé.

    Etant donné qu’il est hors de question que je me reproduise à nouveau, je vais m’engager dans un “parcours de vasectomie”. Oui, les mots sont importants et il s’agit bel et bien d’un parcours, parce que les étapes sont multiples et le temps éventuellement long.

    Enfin, quand je dis “je vais m’engager”, il faut bien préciser que dans ma situation c’est une décision qui se prend un tout petit peu à deux, ne serait-ce qu’en raison du caractère définitif de l’opération. Parce que si dans notre couple nous n’avons absolument aucun droit sur le corps de l’autre - et nous tenons fermement à ce principe, la contraception dans un couple de longue durée est un processus qui DEVRAIT impliquer les deux parties de la façon la plus équitable possible.

    Or, bien entendu il n’en est rien. Et c’est ma compagne qui se cogne la responsabilité - et les impacts divers et variés - de la contraception depuis une vingtaine d’années. Il était donc grand temps de renverser la tendance et de choisir cette contraception à ma portée : la stérilisation par la vasectomie, la vraie, celle qui fonctionne et qui est définitive, pas comme celle de Victor Newman (les vrais savent, les autres vérifieront drapés dans leur honte).

    Après quelques errances sur les internets pour essayer de trouver un peu de témoignages et n’ayant déniché qu’un bout d’interview sur le site du Figaro - dont on ne pourra que louer les efforts d’encourager ses lecteurs à la stérilisation, décision sera prise d’écrire ces quelques billets pour donner un peu d’infos, et surtout DE-DRA-MA-TI-SER. Rappelons que la vasectomie est une intervention bénigne qui consiste à sectionner les canaux déférents, ceux qui transportent les spermatozoïdes : en clair emmurer les spermatozoïdes et les laisser se faire bouffer par les macrophages.

    Circuit court.

    Pour le reste Rocco, pas de panique, tout continue à fonctionner comme avant.

    Rendez-vous est donc pris chez mon généraliste - secteur 1 s’te plait - que j’ai la chance de pouvoir consulter assez facilement. (non, je ne donnerai pas ses coordonnées).

    Le jour J, je me réveille une bonne heure trop tôt - un peu de pression, peut-être ? Heureusement, dès le petit déjeuner mon pré-ado préféré se montre suffisamment désagréable pour me conforter dans mon choix.

    “Alors Monsieur Andreo, qu’est-ce qui vous amène ?”

    “Et bien je voudrais faire une vasectomie - enfin qu’on me fasse une vasectomie. Bref, vous avez compris.”

    Sourire, sans plus.

    Bon, j’avais répété une belle phrase d’attaque 50 fois dans ma tête mais on ne se refait pas. Là mon docteur traitant me pose quelques questions un peu obliques pour s’assurer que je me suis un peu renseigné sur la question, malgré ma calamiteuse entrée en matière. J’en viens à faire une allusion pas fine du tout à Yves Montant et mon immunité totale face au risque de pulsion de paternité tardive et l’interrogatoire s’arrête là.

    “Et vous avez déjà identifié un spécialiste pour votre opération ?”

    “Alors non, mais j’en ai identifié un auquel je ne veux surtout pas avoir recours… c’est Bernard Debré”

    Là par contre, grosse rigolade.

    “Vous m’étonnez, il est carrément flippant”

    I love my doc. Et me voilà donc avec ma lettre de recommandation, pour un urologue lambda. Il ne me restait plus qu’à prendre rendez-vous en urologie à l’Hôpital Saint Louis parce que APHP je t’aime.

    C’est là qu’intervient un conseil stratégique : APHP je t’aime mais mieux vaut passer par internet pour les prises de rendez-vous !

    Le service étant géré par un opérateur privé, je n’en parlerai pas mais si vous voulez absolument passer par le téléphone, demandez au standard "le bureau des rendez-vous".

    Rendez-vous est donc pris, je n’ai pas choisi le ou la praticienne car je voulais le premier créneau disponible.

    Et j’ai donc rendez-vous... dans un mois.

    Affaire à suivre...

    #contraception #contraception_masculine #vasectomie

  • BnF - Bestiaire du Moyen Âge
    http://expositions.bnf.fr/bestiaire/index.htm

    C’est vraiment intéressant de voir des sites d’il y a quinze ans. De remarquer leur aspect bricolage qui prévalait alors.

    Il y a de belles images d’animaux qui sont zoomables. J’aime bien celle des renards qui fuient le feu.


    Psautier de Saint Louis : Samson brûlant les moissons des Philistins.
    (J’y voyais plutôt une femme chamane)

  • 1938 : le monde ferme ses portes aux réfugiés

    Des réfugiés qui fuient en masse le nazisme, des gouvernements qui leur barrent l’accès à leur territoire, des exilés contraints d’embarquer clandestinement sur des bateaux de fortune, une diplomatie prête à donner des gages aux pires dictatures et néanmoins impuissante, comme l’atteste l’échec prévisible de la conférence d’Évian en 1938 : les analogies sont décidément troublantes entre l’attitude des États à l’égard des Juifs dans les années 1930 et celle qu’ils adoptent aujourd’hui à l’égard des réfugiés.

    Les États européens, obsédés par le « risque migratoire », mettent depuis de longues années toute leur énergie à tenir à distance les flux de migrants, demandeurs d’asile inclus, et à leur interdire l’accès à leurs territoires. Cette tendance a été poussée à son paroxysme au moment de la « crise migratoire » de 2015, face à l’afflux de réfugiés venus de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan ou d’Érythrée. Au point que plusieurs observateurs n’ont pu s’empêcher de faire le parallèle avec l’attitude qui fut celle des États, dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, à l’égard des Juifs fuyant le nazisme [1].

    Ce parallèle non seulement n’a rien de scabreux, mais il s’impose. Il n’a rien de scabreux car si les Juifs, à l’époque, sont persécutés, spoliés, humiliés, pourchassés, physiquement agressés, personne ne peut alors anticiper la « solution finale ». Il s’impose tant les analogies sont frappantes : la fermeture de plus en plus hermétique des frontières à mesure que la persécution s’aggrave et que les flux d’exilés augmentent ; des réfugiés contraints à embarquer clandestinement sur des bateaux de fortune avec l’espoir, souvent déçu, qu’on les laissera débarquer quelque part ; en guise de justification, la situation économique et le chômage, d’un côté, l’état de l’opinion dont il ne faut pas attiser les tendances xénophobes et antisémites, de l’autre ; le fantasme, hier, de la « cinquième colonne » – agitateurs communistes, espions nazis –, aujourd’hui de la menace terroriste ; et finalement une diplomatie qui n’hésite pas à pactiser avec les pires dictatures, hier pour tenter de sauver la paix (on sait ce qu’il en est advenu), aujourd’hui pour tenter d’endiguer les flux de réfugiés.

    L’évocation du passé donne, hélas, le sentiment que l’histoire bégaie : car la Realpolitik qui prenait hier le pas sur les préoccupations humanitaires continue aujourd’hui à dicter l’attitude des États, alors même qu’ils ont collectivement décidé d’accorder au droit d’asile une place éminente parmi les droits de l’Homme et se sont engagés à le respecter.

    Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la communauté internationale, inquiète des risques de déstabilisation engendrés par les masses de réfugiés qui, par centaines de milliers, fuient les guerres civiles, les dictatures, les persécutions, décide de se saisir du problème.

    Mais l’action diplomatique en faveur des réfugiés reste subordonnée à la défense par les États de leurs intérêts propres et de leurs prérogatives souveraines. Entre 1922 et 1928, une multitude d’« arrangements » sont passés sous l’égide de la Société des Nations, visant à accorder un minimum de protection aux réfugiés. C’est notamment le fameux « passeport Nansen » qui leur confère, à eux qui ne sont plus reconnus ni protégés par leur pays d’origine, un minimum d’existence juridique. Mais la portée de ces textes, applicables au départ aux réfugiés russes, puis aux Arméniens, puis aux Assyro-Chaldéens, est très limitée, tant par la faiblesse des garanties qu’ils confèrent que par leur absence de caractère obligatoire. Avec l’aggravation de la situation économique consécutive à la crise de 1929, les États n’hésitent pas à refouler ou expulser les réfugiés, considérés comme un fardeau. À l’approche de la guerre, viendront s’ajouter à ces considérations économiques des considérations de police et de sécurité.

    Des arrangements sans contrainte

    C’est dans ce contexte que les États vont être confrontés à la question des réfugiés provenant d’Allemagne puis, après l’Anschluss, d’Autriche. La diplomatie s’active timidement : un « arrangement provisoire intergouvernemental concernant le statut des réfugiés venant d’Allemagne » est signé le 4 juillet 1936, dont les dispositions sont reprises dans la convention du 10 février 1938 : les États s’engagent à délivrer aux réfugiés un titre de voyage ou un document tenant lieu de passeport ; lorsqu’ils les ont autorisés à séjourner, ils ne peuvent les expulser ou les refouler qu’en cas de risque pour la sécurité nationale ou l’ordre public, et, en aucun cas, vers l’Allemagne sauf « s’ils ont de mauvaise foi refusé de prendre les dispositions nécessaires pour se rendre dans un autre territoire ». Mais la convention n’est signée que par sept pays : la Belgique, la Grande-Bretagne, le Danemark, l’Espagne, la France, la Norvège et les Pays-Bas, et elle n’aura guère le temps, de toute façon, de produire des effets avant le déclenchement de la guerre.

    Ayant juridiquement toute latitude pour agir à leur guise, les États n’ont aucun scrupule à fermer leurs frontières. Les États-Unis s’en tiennent à la politique adoptée depuis l’Immigration Act de 1924 et à un quota annuel de 27 370 immigrants pour l’Allemagne et l’Autriche. Après l’Anschluss, le ministre de l’intérieur britannique, s’adressant à la Chambre de communes, affirme que le pays maintient sa tradition d’asile, mais qu’il faut « éviter de donner l’impression que la porte est ouverte aux immigrants de toutes sortes. Car alors de prétendus émigrants se présenteraient dans les ports en si grand nombre qu’il serait impossible de les admettre tous ; les services d’immigration auraient de grandes difficultés à décider qui devrait être admis et d’inutiles épreuves seraient imposées à ceux qui effectueraient un infructueux périple à travers l’Europe [2] ». Pour les Britanniques, au demeurant, la question centrale reste celle de la Palestine : depuis l’arrivée de Hitler au pouvoir, l’immigration est passée de 9 500 personnes par an à 30 000 en 1933 et à près de 62 000 en 1935. Alors que ce territoire apparaît comme le seul lieu de refuge potentiel pour les Juifs, la Grande-Bretagne, confrontée à l’hostilité des Arabes, remet en question son engagement en faveur de l’établissement d’un Foyer national juif : le Livre blanc du printemps 1939 limite le quota annuel d’immigrants vers la Palestine à 10 000 personnes par an pour les cinq années suivantes. Des navires de la Royal Navy patrouillent pour empêcher les réfugiés d’accoster. S’ils n’ont pas de certificat ils sont refoulés ou bien internés à Chypre, sur l’île Maurice ou en Palestine même.

    En France, en 1933, les premiers réfugiés passent facilement la frontière. Mais, très vite, les pouvoirs publics s’inquiètent de cet afflux des exilés et, dès la fin de l’année, l’attitude change : nombre de candidats à l’entrée sont refoulés et ceux qui, ayant réussi à entrer, ne sont pas en règle sont expulsés. L’arrivée au pouvoir du Front populaire marque une accalmie temporaire, mais la situation des réfugiés, considérés comme une menace pour la sécurité, voire comme une porte d’entrée pour les espions et les agitateurs, se dégrade à nouveau sous le gouvernement Daladier. En aucun cas, dit le ministre de l’intérieur de l’époque ,« la France ne saurait consentir à ouvrir ses frontières inconditionnellement et sans limitation à des individus par le fait seul qu’ils se prévaudraient de leur qualité de réfugiés. En effet l’état de saturation auquel nous sommes arrivés en matière d’immigration étrangère ne nous permet plus d’adopter une politique aussi libérale [3] ».

    La Suisse entrouvre sa porte aux réfugiés allemands en 1933 – mais ne peuvent se revendiquer de cette qualité que les personnes menacées pour leurs activités politiques. Une directive du Département fédéral de justice et police dit très explicitement que seuls les « hauts fonctionnaires, les dirigeants des partis de gauche et les écrivains célèbres » doivent être considérés comme réfugiés [4]. Les Juifs, eux, sont considérés comme de simples étrangers en transit et se voient reconnaître au mieux un droit de résidence temporaire, sans possibilité de travailler. Après l’Anschluss, le gouvernement décide la fermeture des frontières à tous ceux qui ne sont pas formellement habilités à entrer et l’expulsion de ceux qui sont en situation irrégulière. Pour faciliter le travail des autorités suisses amenées à faire le tri parmi les ressortissants du Reich, une négociation s’engage avec les autorités nazies pour que soit apposé un cachet spécial sur les passeports des Juifs – un grand J rouge de trois centimètres de hauteur – qui permet de repérer ceux qui doivent demander une autorisation spéciale pour entrer dans le pays [5].

    « Un seul serait déjà trop »

    Il n’est guère étonnant, dans ces conditions, que la #conférence_d’Évian, réunie en juillet 1938 pour chercher des solutions concrètes au problème des réfugiés juifs allemands et autrichiens, se solde par un échec [6]. Face à la détérioration de la situation et à la pression exercée par une partie de l’opinion publique, mais désireux aussi d’éviter un brusque afflux de réfugiés aux États-Unis, Roosevelt a en effet pris l’initiative de réunir une conférence internationale qui se tient à Évian du 6 au 15 juillet.

    Les représentants des 32 États présents, tout en affirmant leur implication dans le règlement de la question des réfugiés, se retranchent derrière des considérations économiques et politiques pour justifier la fermeture de leurs pays à l’immigration et le refus d’accueillir des réfugiés juifs.

    Les pays d’Europe occidentale se disent tous « saturés » : la Grande-Bretagne, la France, la Belgique, le Danemark, la Suède, la Suisse se déclarent les uns après les autres dans l’incapacité d’accueillir des réfugiés et n’envisagent d’accorder que des visas de transit. Le représentant de l’Australie déclare sans complexe que : « N’ayant aucun réel problème racial en Australie, nous ne sommes pas désireux d’en importer en encourageant une large immigration étrangère. » Et le délégué canadien, interrogé sur le nombre de réfugiés que son gouvernement pourrait envisager d’accueillir, répond : « Un seul serait déjà trop. »

    Même les pays d’Amérique du Sud, terres traditionnelles d’immigration, font part de leurs réserves : les uns invoquent la crise économique, les autres craignent de déplaire à l’Allemagne à laquelle les lient des accords commerciaux. La Colombie dit pouvoir accepter des travailleurs agricoles, l’Uruguay également, à condition qu’ils possèdent quelques ressources. Seule la République dominicaine de Trujillo offre d’accueillir 100 000 réfugiés juifs autrichiens et allemands, pour des raisons qui ont peu à voir avec la compassion humanitaire : c’est une occasion de « blanchir » une population jugée trop noire ; et cette offre généreuse vise aussi à redresser l’image d’un pays ternie par le massacre, en octobre 1937, à l’instigation des autorités, de milliers de Haïtiens travaillant dans les plantations.

    La conférence d’Évian se conclut donc sur un constat d’impuissance de la communauté internationale. Ce qui permet au journal allemand Reichswart d’ironiser : « Juifs à céder à bas prix – Qui en veut ? Personne !? » Hitler en effet peut triompher : personne ne veut accueillir ses Juifs.

    Impuissante, cette diplomatie est également sans scrupule, prête à toutes les concessions face à Hitler si tel est le prix à payer pour sauver la paix. Les orateurs à la tribune se bornent à exprimer le vœu d’« obtenir la collaboration du pays d’origine », pays jamais nommé et jamais stigmatisé pour ses agissements ; à aucun moment il n’est fait ouvertement mention du fait que ces réfugiés sont juifs, pour ne pas fournir un argument supplémentaire à la campagne fasciste contre les démocraties « enjuivées ». Dans la résolution finale, purgée de toute appréciation morale sur les persécutions, les termes « réfugiés politiques » sont remplacés par « immigrants involontaires » pour éviter de froisser le Troisième Reich.

    Le seul résultat concret de la conférence est la création d’un Comité intergouvernemental d’aide aux réfugiés allemands et autrichiens qui aura pour mission d’entreprendre « des négociations en vue d’améliorer l’état des choses actuel et de substituer à un exode une émigration ordonnée ». Aux yeux des pays occidentaux, en effet, de la même façon que la voie de la paix doit être recherchée en discutant avec Hitler, le problème des réfugiés ne peut être résolu qu’en accord avec les nazis.

    Les « petits bateaux de la mort »

    Visas refusés, frontières closes : les réfugiés sont acculés, en désespoir de cause, à prendre la mer, le plus souvent clandestinement. À la veille de la guerre, des dizaines, des centaines de bateaux, parfois des paquebots de ligne, souvent des bâtiments de fortune ou de contrebande qui ont pris leurs passagers en charge frauduleusement, naviguent sur les océans à la recherche d’un port où ils seront autorisés à débarquer : le Cairo part le 22 avril 1939 de Hambourg pour Alexandrie ; l’Usaramo pour Shanghai ; l’Orbita pour le Panama en juin 1939 ; l’Orinoco, vers Cuba [7]

    D’autres restent bloqués pendant des semaines ou des mois dans les ports roumains de la mer Noire ou sur le Danube. D’autres encore errent en Méditerranée, avec l’espoir vain de pouvoir accoster en Palestine. La presse française se fait l’écho de ces « vaisseaux fantômes » voguant de port en port sans qu’on laisse leurs passagers débarquer, ne serait-ce qu’en transit, transportant par milliers « ces hommes, ces femmes, ces enfants dont personne ne veut », qui sillonnent les mers en se heurtant à l’inhospitalité des côtes [8].

    Même ceux qui ont des papiers d’immigration en règle ne sont pas assurés d’être admis, comme le montre l’histoire cruelle du Saint-Louis. Ce paquebot transatlantique quitte Hambourg le 13 mai 1939 en direction de La Havane. Ses 937 passagers, presque tous des Juifs fuyant le Troisième Reich, sont en possession de certificats de débarquement émis par le directeur général de l’immigration de Cuba. Mais, dans l’intervalle, le président cubain a invalidé ces certificats. On interdit donc aux passagers de débarquer. Le bateau repart, et lorsqu’il passe le long des côtes de Floride une demande est adressée au président des États-Unis afin qu’il leur accorde l’asile – elle ne reçoit pas de réponse. Le 6 juin 1939, le Saint Louis reprend sa route vers l’Europe. In extremis, avant que le bateau ne soit contraint de revenir en Allemagne, le Jewish Joint Commitee réussit à négocier avec les gouvernements européens une répartition des passagers entre la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et les Pays-Bas qui n’acceptèrent de les accueillir qu’à condition qu’il ne s’agisse que d’un transit dans l’attente d’une émigration définitive vers une autre destination. Temporairement sauvés, une majorité d’entre eux connaîtra le sort réservé aux Juifs dans les pays occupés par l’Allemagne.

    Les embarquements clandestins se poursuivent une fois la guerre déclenchée, les réfugiés prenant des risques croissants pour tenter de rejoindre clandestinement la Palestine depuis les ports de la mer Noire, à travers le Bosphore, les Dardanelles et la mer Égée. Un gigantesque marché noir s’organise, avec la bénédiction des nazis qui, avant la programmation de la « solution finale », y voient une façon de débarrasser l’Europe de ses Juifs. Beaucoup de ces « bateaux cercueils », comme on les a appelés, font naufrage, d’autres sont victimes des mines ou des sous-marins allemands, et les épidémies déciment ceux qui ont réussi à survivre [9]. Lorsque, ayant surmonté tous ces obstacles, y compris percé le blocus britannique, ils arrivent à Haïfa ou Tel-Aviv, ils sont, dans le meilleur des cas, arrêtés et incarcérés, sinon refoulés et contraints de reprendre la route vers la Bulgarie ou la Roumanie.

    On voit ici, comme un clin d’œil de l’histoire, la place géographiquement stratégique, déjà à l’époque, de la Turquie, qui contrôle la route empruntée par les réfugiés obligés de traverser les détroits du Bosphore et des Dardanelles. La Turquie interdit l’accès à son territoire aux réfugiés qui ne détiennent pas de visa pour la Palestine et, sous la pression de la Grande-Bretagne, ne laisse pas les bateaux faire escale dans ses ports, ce qui provoquera la catastrophe du #Struma (voir encadré). Décidément, on a parfois l’impression que l’histoire bégaie.
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    Le Struma

    Le 12 décembre 1941, 767 réfugiés juifs originaires de Bucovine et de Bessarabie – où sévissent les Einsatzgruppen – embarquent sur le Struma, un navire bulgare vétuste, prévu pour une centaine de passagers. Le navire part du port roumain de Constanza, sur la mer Noire, en direction d’Istanbul où les réfugiés espèrent pouvoir déposer des demandes de visa pour la Palestine. Le 16 décembre le bateau arrive dans un port turc au nord du Bosphore, mais la Grande-Bretagne fait pression sur la Turquie pour qu’elle l’empêche de poursuivre sa route. Le Struma reste ainsi bloqué 70 jours, pendant l’hiver 1941-1942, sur le Bosphore. Les réfugiés souffrent de la faim, de l’entassement. Ils finissent par être ravitaillés grâce aux dons des associations juives et avec l’aide de la Croix-Rouge. Les autorités turques décident de le refouler vers la mer Noire et le 23 février 1942 le bateau reçoit l’ordre d’appareiller : ce sont finalement les garde-côtes turcs qui doivent remorquer le Struma, hors d’état de naviguer. Quelques heures plus tard, il est touché par erreur par une torpille soviétique et coule rapidement. Il n’y aura qu’un seul survivant.)


    https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2016-4-p-39.htm
    #fermeture_des_frontières #asile #migrations #réfugiés #juifs #histoire #Evian

  • Franz-Olivier Giesbert en pèlerinage sur les traces de Charles Maurras | Samuel Gontier
    http://www.telerama.fr/television/franz-olivier-giesbert-en-pelerinage-sur-les-traces-de-charles-maurras,n548

    Chez Ardisson, dans sa rubrique “Simplet reporter”, Franz-Olivier Giesbert multiplie les coups d’éclat. Ce dimanche, il est allé à Martigues, devant la maison de Charles Maurras, pour tendre son micro à des militants d’Action française, ennemis, comme lui, du politiquement correct. Source : Ma vie au poste

    • http://www.gala.fr/stars_et_gotha/franz-olivier_giesbert
      #people
      FOG part en croisade.
      http://www.lphinfo.com/cri-sioniste-de-franz-olivier-giesbert

      Le cri “sioniste” de Franz-Olivier Giesbert
      Samedi soir, lors de l’émission hebdomadaire “On n’est pas couché” sur France 2, l’un des hauts-lieux du politiquement correct médiatique français, le journaliste et éditorialiste Franz-Olivier Giesbert a tenu des propos rarement entendus et à contre-courant de ce qui est généralement entendu dans ce microcosme de la bien-pensance. Il était invité pour présenter son dernier livre “Belle d’amour”. Ce roman se situe à l’époque des Croisades et du roi Louis IX (dit Saint Louis).

      L’auteur a expliqué vouloir jeter un regard différent sur les guerres de religion entre Chrétienté et Islam à cette époque. Sans minimiser les horribles massacres perpétrés par les Croisés, Franz-Olivier Giesbert a dit “vouloir rétablir la vérité sur les Croisades car c’est une fausse histoire qui est racontée depuis le début avec des Croisés qui furent les méchants et les Arabes les gentils”. Il expliquait que le saccage du St Sépulcre ne fut que l’une des causes des Croisades, mais une autre cause furent les “invasions permanentes des Arabes même après la fameuse histoire de Charles Martel”. Faisant un lien avec l’actualité, l’auteur rappelle que les Croisades ont commencé suite aux invasions musulmanes, à la création d’un immense empire, et que même lors des Croisades, ces conquêtes musulmanes se sont poursuivies.

      “Il y a des choses qui ne sont pas dites mais moi j’ai voulu les dire”, s’emportait le journaliste, qui continua de manière surprenante : “C’est la même chose pour la Palestine ! La Palestine est une terre juive ! Elle est juive ! Il faut le dire, ça aussi ! On m’a prévenu de faire attention à ce que je vais dire, mais je le dis : les Juifs ont habité la Palestine pendant 12 siècles avant que ne vinrent des envahisseurs perses, romains, arabes, turcs etc. Mais au départ c’était une terre juive et cela reste une terre juive”.

      Après cette profession de foi courageuse, Franz-Olivier Giesbert a rajouté ne pas craindre le flot de réactions sur les réseaux sociaux, ni les attaques dont il est souvent l’objet de la part de confrères, citant Bruno Masure, ancien présentateur sur France 2, connu pour ses positions anti-israéliennes.

  • NE RIEN FAIRE EST VITALE POUR LA SANTÉ

    Un célèbre neuropsychologue explique comment le fait de “ne rien faire” est en fait vitale pour la santé.

    Contrairement aux idées reçues, il est bon pour la santé de ne rien faire même si cela est généralement mal perçu en société, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle.

    En effet, une étude a été menée qui démontre que lorsque le corps humain ne fait pas d’activité, son cerveau se met en mode ” par défaut ” et fait alors le tri des informations qu’il contient. Cette étape est absolument indispensable pour le neuropsychologue Francis Eustache qui exerce au CHU de Caen.

    De cette façon, il pourra mieux comprendre l’environnement qui l’entoure et pourra mieux composer avec les situations ultérieures qui se présenteront à vous.

    En consultant cette vidéo, vous pourrez avoir la preuve que l’oisiveté n’est pas forcément un vilain défaut et qu’elle est essentielle pour votre cerveau. Conservez là bien sous la main car si on vous fait des reproches, vous aurez de quoi justifier votre choix de ne rien faire et mettre un terme à toute polémique. Désormais, vous pouvez rester allongé (e) sur votre canapé pendant des heures ou prolonger considérablement votre grasse matinée sans culpabiliser !

    https://share2give.eu/un-celebre-neuropsychologue-explique-comment-le-fait-de-ne-rien-faire-est

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    NE CULPABILISEZ PAS DE GLANDER

    Selon le neurochirurgien Caennais Francis Eustache, ne rien faire le dimanche aprèm est une chose absolument vitale pour votre moral, mais aussi pour votre mémoire. Oui, VITALE.

    Le scientifique, qui officie au CHU de Caen, en Normandie et qui travaille principalement sur la mémoire traumatique explique, dans un reportage consacré à l’art de ne rien faire pour France Télévisions, que lorsque l’on ne fait rien, une activité cérébrale vitale se met en place. Ce phénomène, nous l’appelons le « mode par défaut ».

    Le « mode par défaut » désigne ces instants d’oisiveté, faits de voyages de la pensée, ces pensées qui vont et qui viennent, ces mêmes instants qui nous permettent de consolider notre mémoire : « On se tourne vers nos pensées, on se tourne vers des informations récentes, auxquelles on a été confronté. Notre cerveau va permettre de faire en quelque sorte une synthèse entre ces informations nouvelles ou relativement nouvelles et des informations plus anciennes. […] C’est un des temps indispensables à la création de notre autobiographie. Si on n’a pas ces moments, notre autobiographie va manquer de pages, mais surtout une cohérence d’ensemble » explique le neurochirurgien.

    Nous sommes stimulés en permanence par des éléments extérieurs. Constamment sollicités par nos responsabilités personnelles et professionnelles, mais aussi par nos ordinateurs et nos smartphones, nous croulons, parfois sans le savoir, sous un flux astronomique d’informations.

    Et si vous mettiez fin, pour quelques heures seulement, à l’hyperstimulation que vous vivez au quotidien ? Et si, le temps d’un dimanche après-midi, vous fermiez le robinet des informations ? Cette fois, ne culpabilisez plus : c’est pour la bonne cause. Protégez votre « mode par défaut ».

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    QUE FAIT LE CERVEAU QUAND IL NE FAIT RIEN ?

    Même au repos, le cerveau demeure très actif. En fait, il ne s’arrête jamais. Plusieurs régions cérébrales, distantes les unes des autres mais activées de façon synchrone, forment un réseau étendu dont on découvre l’implication dans de nombreuses pathologies neuropsychiatriques comme la maladie d’Alzheimer, la dépression, la schizophrénie, l’autisme.

    Tout commence en novembre 1992 par une découverte fortuite faite par Bharat Biswal, un étudiant ingénieur électricien alors âgé de 25 ans. Voulant se former en biophysique et neurosciences, il se voit proposer un poste dans le département de radiologie de la faculté de médecine du Wisconsin, à Milwaukee (Etats-Unis). Il entreprend alors de réduire le bruit de fond des signaux générés par l’IRM fonctionnelle (IRMf) afin d’améliorer l’interprétation des données recueillies lors de la réalisation d’une tâche motrice.

    « Je ne pouvais travailler que tous les samedis soir car le reste du temps presque tous les scanners étaient pris par les cliniciens. A ma grande surprise, j’ai remarqué la présence d’une forte corrélation entre l’activité des cortex moteurs gauche et droit, alors même que le sujet était parfaitement immobile ! », se souvient Bharat Biswal, aujourd’hui ingénieur biomédical au département de radiologie de la New Jersey Medical School. Il venait de découvrir l’existence d’une activité spontanée, au repos, entre des régions distantes du système moteur qui apparaissent fonctionnellement couplées.

    « Réseau du mode par défaut »

    « D’autres études montreront qu’il existe dans le cerveau au repos, lorsque notre activité cognitive n’est pas dirigée vers un objectif spécifique, une activité cérébrale intense et soutenue dans des régions spatialement éloignées, indique le professeur Francis Eustache, qui dirige l’unité Inserm du laboratoire de neuropsychologie du CHU de Caen. « Ces structures sont fortement connectées sur le plan fonctionnel et forment un réseau caractérisé par la présence de fluctuations synchrones de basse fréquence. »

    Ce réseau est composé de régions du cortex préfrontal en avant et du cortex pariétal en arrière. Dans un article paru en 2001 dans les « Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS) », Marcus Raichle, professeur de radiologie à la Washington University School of Medicine (Saint Louis, Missouri), l’a baptisé « réseau du mode par défaut » pour signifier qu’il fonctionne même lorsque l’on ne fait rien. Depuis, cet article a été cité 2 595 fois dans la littérature scientifique.

    Le cerveau reste donc actif au repos. Un repos très relatif dans la mesure où « le cerveau, qui représente seulement 2 % de la masse corporelle totale, consomme au repos 20 % de l’énergie du corps. De plus, la réalisation d’une tâche n’exige qu’un faible surcoût d’énergie par rapport à celle consommée par un cerveau au repos : moins de 5 % », indique Marcus Raichle.

    Activités mentales d’introspection

    L’activité au repos du réseau par défaut (RD) présente la particularité de diminuer dès lors que le sujet réalise n’importe quelle tâche cognitive. Autrement dit, le RD se « désengage » lorsque le sujet réalise une action avec un objectif spécifique, tandis que l’activité des réseaux liés à une tâche diminue. Les activités de ces réseaux et celle du RD sont « anticorrélées », variant en sens inverse. Ainsi, une récente étude japonaise, conduite lors du visionnage de vidéos de « Mr Bean », a révélé que les clignements des yeux s’accompagnent d’un bref désengagement du réseau attentionnel en même temps que d’une activation du RD.

    Le RD serait associé à des activités mentales d’introspection, de référence à soi. Il serait également lié à la capacité de construire des simulations mentales basées sur des souvenirs autobiographiques, les expériences présentes, mais également sur des projections dans le futur. « Cette projection de soi par anticipation serait un élément-clé de l’activité cérébrale au repos. Le RD interviendrait dans l’élaboration de scénarios mentaux visant à imaginer ou planifier le futur, comme lorsqu’on se voit déjà se prélasser sur une plage en pensant à ses prochaines vacances d’été. Le RD pourrait également être requis lorsqu’on imagine des situations alternatives, qu’elles soient réalistes ou fantaisistes », déclare Gaël Chételat, directrice de recherche au CHU de Caen.

    De même, l’activité du RD serait sollicitée pour notre capacité à comprendre les états mentaux d’autrui. Autrement dit, à voyager dans la tête des autres. Enfin, l’activité de régions-clés du RD apparaît corrélée à la fréquence des rêveries diurnes, ces moments durant lesquels on se perd dans ses pensées.

    Evaluation de nombreuses hypothèses

    Selon le professeur Andreas Kleinschmidt, neurologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, notre cerveau passerait son temps au repos à évaluer de nombreuses hypothèses concernant une situation qui pourrait se produire dans le futur. « Il s’agit d’un processus dynamique et évolutif, qui n’arrête pas de tourner. Selon nous, le cerveau cherche constamment à rétablir un équilibre entre les mondes intérieur et extérieur, ce qui sous-entend qu’il nous permet d’éviter les mauvaises surprises en faisant des hypothèses sur l’avenir. »
    Ainsi, poursuit-il, « lorsque nous sommes au volant de notre voiture, notre cerveau n’arrête pas de mettre à jour des spéculations qui nous préparent à nombre de situations qui pourraient se produire », comme anticiper que la voiture qui nous précède tombe brusquement en panne ou qu’un animal traverse subitement la route. Si cela devait se produire en réalité, nous serions à même de réagir rapidement.

    Pour le professeur Maurizio Corbetta, de la Washington University School of Medicine, Saint Louis (Missouri), « cette activité spontanée est une façon de garder opérationnels des processus qui peuvent servir. Cela prend moins d’énergie et cela va plus vite de garder un ordinateur avec tous ses programmes en mode veille, mais actifs, que de le rallumer à chaque fois quand vous faites quelque chose ».

    Niveau de conscience résiduelle des patients comateux

    L’activité du RD n’est pas altérée lors des premiers stades du sommeil, peu ou pas pendant une anesthésie légère ou en état d’hypnose. De façon encore plus surprenante, l’équipe du professeur Steven Laureys, de l’université de Liège, a montré que le RD des patients atteints du « locked-in syndrome », éveillés et conscients, mais incapables de bouger si ce n’est les yeux, est quasiment identique à celui de sujets sains. En revanche, l’activité du RD est significativement diminuée chez les patients en état végétatif, inconscients mais présentant un état d’éveil minimal, et chez les patients comateux. Elle serait complètement absente lors d’un coma irréversible.

    Les chercheurs belges considèrent que le niveau de connectivité au sein du RD pourrait renseigner sur le niveau de conscience résiduelle des patients comateux totalement incapables de communiquer et serait associé à la capacité de récupération de certains patients présentant un état de conscience altéré. Selon eux, l’IRMf au repos pourrait constituer un outil particulièrement intéressant, mais qui reste à valider, pour aider le clinicien à prédire les chances de récupération.

    Le RD n’est qu’un des « réseaux de l’état de repos », même si c’est celui qui possède les interconnexions les plus robustes et constantes, ainsi que l’activité métabolique la plus intense. De nombreux réseaux fonctionnels au repos ont été décrits, en rapport avec des systèmes cérébraux aussi divers que ceux impliqués dans la motricité, l’attention, la vision, l’audition, le langage. Ces réseaux liés au repos sont présents chez les primates et les rongeurs.

    Facteurs génétiques et environnementaux

    Le professeur Michael Greicius, du département de neurologie de la faculté de médecine de Stanford, en Californie, voit dans l’activité de ces réseaux fonctionnels au repos « un moyen de conserver les connexions qu’ils entretiennent constamment entre eux. On sait que les synapses [les points de liaison entre neurones] tendent à disparaître lorsqu’elles ne montrent pas une activité minimale. Ainsi, l’activité cérébrale au repos permettrait de préserver ces réseaux qui participent à l’organisation globale du cerveau ».

    Reste à comprendre les facteurs génétiques et environnementaux qui interviennent dans la construction et le maintien des réseaux liés à l’état de repos, mais également « les mécanismes cellulaires qui sous-tendent leur activité, ce que l’on ignore totalement aujourd’hui », souligne Marc Raichle.

    « Le but ultime est de comprendre comment des comportements humains complexes émergent de l’activité et de l’interaction de ces réseaux cérébraux fondamentaux, résume Michael Greicius. L’IRM fonctionnelle permet une acquisition relativement aisée des données d’activité des réseaux fonctionnels au repos, dont le RD. Contrairement à d’autres techniques d’imagerie, l’IRMf peut être utilisée chez des patients souffrant de démence ou de troubles psychiatriques sévères incapables de réaliser des tâches. La seule chose que l’on demande au sujet est de rester tranquille pendant environ huit minutes. » Cette facilité d’accès explique l’engouement de très nombreuses équipes pour cette technique.
    L’IRMf au repos a été utilisée pour analyser l’activité du RD dans une trentaine de troubles neuropsychiatriques, ainsi que pour évaluer l’impact de la privation de sommeil, de la méditation, de la musique sur ce réseau.

    « Hyperactivité du RD dans la schizophrénie »

    Susan Whitfield-Gabrieli, du département cerveau et sciences cognitives du MIT (Cambridge, Massachusetts), a rapporté la présence d’une « hyperactivité du RD dans la schizophrénie qui pourrait témoigner d’une amplification de la focalisation sur le monde mental intérieur dont témoigne la paranoïa ». Cette chercheuse a par ailleurs observé « une activité accrue du RD chez des individus sains, parents de premier degré de patients schizophrènes, ce qui suggère que ces perturbations fonctionnelles seraient associées aux processus physiopathologiques plutôt qu’une conséquence de la maladie ».
    Le réseau par défaut a été étudié dans les épisodes dépressifs majeurs. « Il existe une connectivité fonctionnelle accrue du RD dans la dépression, maladie dans laquelle on observe une rumination, les patients ne cessant de ressasser des idées négatives sur eux-mêmes », indique le professeur Philippe Fossati, psychiatre (centre émotion, CNRS, Pitié-Salpêtrière, Paris).

    Les patients dépressifs ayant une tendance à une focalisation sur soi excessive, les processus de référence à soi ont été étudiés en relation avec le RD. Ceux-ci interviennent à chaque fois que l’on se pose la question de savoir si un terme évoquant un trait de personnalité (avare, généreux, susceptible, etc.) s’applique à nous-même. L’équipe de Philippe Fossati a montré que la partie antérieure du réseau par défaut, normalement sollicitée dans les processus de référence à soi chez le sujet sain, était activée de manière excessive chez l’individu déprimé.

    Imagerie cérébrale

    Par ailleurs, certaines études ont montré une corrélation entre le niveau de connectivité au sein du RD et la durée de l’épisode dépressif. Des résultats obtenus par l’équipe de Philippe Fossati, non encore publiés, montrent que les données de l’imagerie cérébrale permettraient de prédire la réponse à tel ou tel type de traitement antidépresseur, ce qui ferait gagner du temps dans une prise en charge médicamenteuse efficace.

    De très récentes études tendent à montrer l’existence d’altérations du RD qui pourraient en partie expliquer certaines anomalies du comportement social chez des individus atteints d’autisme. On observerait une moindre activation au sein du RD, qui serait par ailleurs corrélée au degré des difficultés sociales éprouvées chez ces patients.

    Des anomalies du RD ont également été décrites chez les enfants d’âge scolaire souffrant de « trouble déficit d’attention/hyperactivité ». Enfin, des travaux ont évalué les altérations de certains réseaux fonctionnels au repos après survenue d’un dommage cérébral de moyenne gravité, qu’il s’agisse d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’un traumatisme.
    « Nous avons montré en IRMf, après AVC, l’existence de perturbations de l’activité des réseaux fonctionnels au repos, même dans des régions intactes sur le plan structurel, et rapporté qu’elles sont corrélées à des déficits comportementaux ainsi qu’aux capacités de récupération », indique Maurizio Corbetta, directeur du département de neuroréhabilitation (Saint-Louis, Missouri).

    Comprendre les mécanismes par lesquels des troubles neuropsychiatriques fort différents induisent des perturbations de la connectivité du réseau par défaut, et dans quelle mesure son atteinte renseigne sur le pronostic des patients : tel est désormais l’objectif majeur de ces recherches.

    Marc Gozlan, le Monde science et techno, 21/03/2013
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    https://youtu.be/566kRI-y3Uw

  • Ce que les « Monsanto Papers » révèlent du Roundup

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/03/18/ce-que-les-monsanto-papers-revelent-du-roundup_5096602_3244.html

    La justice américaine a déclassifié des correspondances internes de la firme. Dès 1999, cette dernière s’inquiétait du potentiel mutagène du glyphosate.

    Rarement hasard du calendrier aura été plus embarrassant pour une agence d’expertise. Dans le cadre d’une action intentée contre Monsanto, la justice fédérale américaine a déclassifié, jeudi 16 mars, plus de 250 pages de correspondance interne de la firme agrochimique, montrant que cette dernière s’inquiétait sérieusement, dès 1999, du potentiel mutagène du glyphosate, principe actif de son produit phare, le Roundup, et molécule phytosanitaire la plus utilisée au monde.

    Or le 15 mars, à la veille de la publication de cette documentation confidentielle, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) annonçait qu’elle ne considérait le glyphosate ni comme cancérogène ni même mutagène – c’est-à-dire capable d’engendrer des mutations génétiques.

    Pour Monsanto, l’affaire est cruciale : le Roundup est la pierre angulaire de son modèle économique, fondé sur la vente liée de ce pesticide et des cultures transgéniques capables de le tolérer.
    Ces documents internes de la firme de Saint Louis (Missouri) ont été rendus publics dans le cadre d’une action collective portée devant une cour fédérale de Californie par plusieurs centaines de travailleurs agricoles touchés par un lymphome non hodgkinien (un cancer du sang). S’appuyant sur un avis rendu en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), les plaignants attribuent leur maladie au contact prolongé avec l’herbicide commercialisé par Monsanto.

    Connivences

    Les précédentes archives déclassifiées dans le cadre de cette affaire ont notamment montré que Monsanto avait bénéficié de connivences au sein de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), chargée aux Etats-Unis d’évaluer la sûreté du glyphosate (Le Monde daté du 17 mars).
    Cette fois, les courriels mis au jour racontent une autre histoire. En 1999, les cadres de Monsanto souhaitent faire appel aux services d’une autorité scientifique incontestable pour plaider la cause du glyphosate auprès des régulateurs européens. Tout l’enjeu est de les convaincre que le produit n’est pas génotoxique.

    « Prenons un peu de recul et regardons ce que nous voulons vraiment faire, écrit un cadre de l’entreprise à ses collègues. Nous voulons trouver quelqu’un qui est familier du profil génotoxique du glyphosate/Roundup et qui peut avoir une influence sur les régulateurs, ou conduire des opérations de communication scientifique auprès du public, lorsque la question de la génotoxicité [du glyphosate] sera soulevée. »
    Les messages échangés suggèrent qu’en interne, la crainte est forte que le glyphosate ne soit considéré comme génotoxique, c’est-à-dire nocif pour le matériel génétique et donc capable d’y induire des mutations susceptibles d’initier des cancers.
    Un rapport jamais rendu public

    La firme de Saint Louis jette son dévolu sur James Parry, alors professeur à l’université de Swansea (Pays de Galles), l’un des papes de la génotoxicité – auteur de près de 300 publications. Mark Martens, alors directeur de la toxicologie de Monsanto pour l’Europe et l’Afrique, est chargé de cornaquer le savant britannique et le faire accoucher d’un rapport sur le sujet.
    Hélas ! James Parry semble n’avoir pas saisi les règles tacites de l’exercice. Au lieu de défendre le glyphosate en mobilisant ses connaissances, il fait valoir de sérieuses inquiétudes. Le rapport qu’il remet à Monsanto ne sera jamais rendu public, ni transmis aux autorités de régulation.

    Et pour cause : sur la base d’études alors récentes, écrit M. Parry, « je conclus que le glyphosate est un clastogène potentiel in vitro ». Une substance « clastogène » est un mutagène capable de casser l’ADN et d’induire des aberrations chromosomiques. Sur la foi d’observations menées sur des cellules sanguines (lymphocytes) bovines et humaines, James Parry ajoute que « cette activité clastogénique [du glyphosate] pourrait se produire in vivo dans les cellules », à l’exception des cellules germinales (spermatozoïdes et ovocytes).

    James Parry précise que le mécanisme en jeu serait la capacité du glyphosate à induire un « stress oxydatif » sur les cellules – c’est précisément ce processus qui sera identifié par le Centre international de recherche sur le cancer, dans sa monographie de mars 2015. Une monographie que Monsanto qualifiera immédiatement, dans un communiqué, de « science pourrie »…

    L’impact sanitaire des « surfactants »

    Le rapport de Parry est fraîchement accueilli. Le 31 août 1999, un cadre de la firme écrit à ses interlocuteurs qu’il est « déçu » par le texte rendu et interroge : « A-t-il déjà travaillé pour l’industrie sur ce genre de projet ? » Le scientifique britannique suggère à Monsanto, dans son rapport, de conduire des tests spécifiques pour explorer plus avant le potentiel mutagène du glyphosate.

    En septembre 1999, l’un des toxicologues de Monsanto écrit à ses collègues que « Parry n’est pas la personne qu’il nous faut et cela prendrait pas mal de temps, de dollars et d’études pour l’amener à l’être ». « Nous n’allons simplement pas conduire les études qu’il suggère, ajoute-t-il à l’adresse de Mark Martens, le cornac de James Parry. Mark, penses-tu que Parry peut devenir un avocat solide sans mener ces travaux ? Sinon, nous devrions commencer sérieusement à chercher une ou plusieurs autres personnalités avec qui travailler. » L’intéressé ajoute, à propos de la génotoxicité possible du glyphosate : « Nous sommes actuellement très vulnérables. »

    En interne, l’affaire crée des remous pendant plusieurs mois. Dans un courriel collectif envoyé en 2001 par une haute responsable de la firme, Mark Martens est stigmatisé : « Mark n’a pas bien géré cela et on en est presque arrivé à voir Parry déclarer le glyphosate génotoxique… »
    Ce n’est pas tout. L’impact sanitaire des « surfactants » (ces produits ajoutés au glyphosate pour démultiplier son pouvoir herbicide) apparaît comme une autre épine dans le pied du géant de l’agrochimie. Selon les plaignants, leur présence augmenterait l’absorption du glyphosate par la peau, accroissant ainsi l’exposition des travailleurs agricoles au produit.

    Monsanto conteste la classification de l’OMS

    Interrogée le 11 janvier 2017 par les avocats des plaignants, Donna Farmer, l’une des toxicologues de Monsanto, assure « n’avoir aucune donnée certifiant » ce soupçon. Las ! Dans les documents déclassifiés, un rapport interne de 2001 et signé de scientifiques de la firme, liste six mécanismes par lesquels « les surfactants sont capables d’augmenter l’absorption du glyphosate par la peau ».
    Interrogée par Le Monde, Monsanto rappelle que toutes les agences réglementaires considèrent le glyphosate comme sûr et conteste la classification de l’Organisation mondiale de la santé, qui l’estime mutagène et cancérogène probable pour l’homme.

    Que pense M. Parry de l’affaire ? Difficile de le savoir : il est décédé en 2010. La firme de Saint Louis assure, elle, que le rapport du scientifique britannique ne faisait que « répondre à quelques études isolées », rudimentaires et irréalistes (injection directe de la substance, etc.). « Le Dr Parry a initialement cru que ces études montraient des effets génotoxiques possibles du Roundup et a suggéré à Monsanto de conduire plus d’analyses, par le biais d’études de génotoxicité », précise la société au Monde.

    Celles-ci auraient été conduites et auraient finalement changé l’opinion de M. Parry. Pour en avoir le cœur net, les avocats des plaignants demandent donc l’accès à plus de documents internes, dont les correspondances entre M. Parry et son cornac. Les révélations des « Monsanto Papers » ne font peut-être que commencer.

  • LA PHRASE DU JOUR = Hollande: "La femme voilée d’aujourd’hui sera la Marianne de demain"
    http://www.brujitafr.fr/2016/10/la-phrase-du-jour-hollande-la-femme-voilee-d-aujourd-hui-sera-la-marianne-

    1..pas d’amalgame ? 2...remplacement électoral ? 3..tous Charlie ? 4...le vivre ensemble ? Jeanne d’Arc et Saint Louis apprécieront Dans Un président ne devrait pas dire ça..., une enquête aux mille facettes de Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Stock) sur...

  • Au #Sénégal, des soldats américains s’entraînent à une intervention d’urgence en #Afrique
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/26/au-senegal-des-soldats-americains-s-entrainent-a-une-intervention-d-urgence-

    L’« Africa Readiness Training » (ART, Formation aux situations d’urgence en Afrique), une opération pour préparer les forces américaines à une intervention d’urgence en Afrique, est la première du genre sur le continent, selon les Américains.

    [...]

    Ce n’est pas le premier entraînement de soldats américains au Sénégal. Le pays avait accueilli en février, pour la troisième fois, Flintlock, un exercice #militaire international organisé annuellement par les #Etats-Unis en Afrique.

    L’exercice militaire international Flintlock 2016 démarre au Sénégal
    http://french.dakar.usembassy.gov/mobile//flintlock16fr.html

    L’Ambassadeur Zumwalt s’est adressé aux soldats qui participent à l’exercice Flintlock en leur disant : « Lorsque vous serez à Podor, Bakel, Saint Louis, Kédougou, Dakar ou Thiès, et que vous parlez avec des gens qui, peut-être, n’interagissent pas souvent avec des hommes et des femmes de l’armée ou de la police, dites-leur pourquoi vous êtes ici. Parlez-leur des bonnes choses qu’une région sécurisée pourra apporter à leur vie. Montrez-leur qu’à travers nos actions collectives, les forces militaires de l’Afrique, de l’Europe, du Canada et des États-Unis sont professionnelles et dignes de l’appui de la population, parce que vous êtes l’alternative au terrorisme et à l’extrémisme. Les gens connaissent déjà et apprécient la protection que leurs propres forces sénégalaises offrent, mais vous pouvez démontrer que les armées de plus de 30 nations se tiennent aux côtés des Sénégalais pour la sécurité et la stabilité dans la région ».

  • À Saint-Louis, la montée des eaux engloutit les maisons du littoral
    http://observers.france24.com/fr/20160715-montre-eau-saint-louis-guet-ndar-rechauffement-climatiq
    http://scd.observers.france24.com/files/imagecache/1024x576/article_images/whatsapp-image-20160715.jpeg

    Comme beaucoup des habitants de Guet N’Dar, à #Saint-Louis, Samba Dipo est pêcheur. Ce jeune homme de 21 ans a contacté Les Observateurs de France 24 pour tirer la sonnette d’alarme : son quartier est menacé par la montée des eaux. Situé sur la Langue de Barbarie, bande de terre entre le fleuve Sénégal et l’Océan Atlantique, Guet N’Dar est particulièrement exposé aux caprices de l’océan, dont le niveau de cesse d’augmenter. Selon un rapport d’ONU habitat en 2008, Saint Louis serait la ville la plus touchée par la #montée_des_eaux. Certains experts locaux estiment même que l’#eau y monterait d’un mètre par an.

    #océan #climat #élévation_des_mers #déplacés_climatiques

  • La discrète influence de Monsanto
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/07/11/la-discrete-influence-de-monsanto_4967784_1650684.html

    La société #Monsanto a-t-elle exercé des #pressions sur la revue Food and Chemical Toxicology (FCT) pour voir rétractée l’étude du biologiste français Gilles-Eric #Séralini (université de Caen), qu’elle avait publiée en septembre 2012 ? Depuis le retrait formel de celle-ci, en novembre 2013, la rumeur va bon train. Pour en avoir le cœur net, US Right to Know (USRTK), une association américaine militant pour l’étiquetage des #OGM, a ­obtenu copie des échanges entre l’un des éditeurs de la revue et la firme de Saint Louis (Missouri). Ces courriels, récupérés en vertu de la loi américaine sur l’accès à l’information (Freedom of Information Act, FOIA) et que Le Monde a pu consulter, dévoilent l’influence des firmes agrochimiques sur certains personnels académiques et sur la construction de la #connaissance.

    #Paywall

  • Les juifs de saint Louis
    http://www.laviedesidees.fr/Les-juifs-de-saint-Louis.html

    Un livre collectif approfondit la connaissance du règne de Louis IX sans occulter la politique anti-juive des rois de France, ni confiner les juifs aux « pages sombres » de l’expulsion. Il s’agit, en réinscrivant le #judaïsme médiéval dans l’histoire de France, de normaliser l’histoire juive.

    Livres & études

    / #minorités, #Moyen_Âge, judaïsme

    #Livres_&_études

  • Emotions médiévales, par Benoît Bréville
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/04/BREVILLE/55219 #st

    (…) les #émotions du #Moyen_Age, loin d’être figées, varient selon les groupes sociaux — la colère est un affect des puissants, la honte sied aux femmes et aux jeunes gens — et changent dans l’espace et le temps. Avec la « christianisation des émotions » qui s’empare de l’Occident à partir du IIIe siècle, elles sont renvoyées du côté du péché originel et interprétées comme un signe de la faiblesse humaine. Jésus n’ayant jamais ri, le rire est interdit dans les monastères. Cette méfiance persiste pendant près d’un millénaire : au XIIIe siècle, Saint Louis ne rit jamais le vendredi…

    Puis le regard change, et les effusions publiques deviennent monnaie courante. Comme lors des wapeningen : au XVe siècle, sitôt qu’une menace pesait sur leur corporation, les membres des guildes des villes flamandes se munissaient de bâtons, puis investissaient la place du marché, où ils exprimaient leur fureur ou leur déception. L’émotion populaire devient un moyen d’attirer le regard du pouvoir pour le pousser à négocier.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/24449 via Le Monde diplomatique

  • Pressurisation
    http://audioblog.arteradio.com/post/3066966/pressurisation

    Megacombi vous fait voyager, en commençant par un petit détour dans la tour de contrôle générale de la sécurité aérienne internationale et en suivant 2 militants écolo dans le Paris Pékin d’Air France... - Place Tobbie Rabatel, Lyon 1er, 19

    Ali, kurde en grève de la faim à Lyon

    Des nouvelles sous pressions

    Zied et Bouna, 10 ans après, retour sur le procès

    Le recycleur de Saint Louis du Sénégal

    Sayyed et les frontière, 7e épisode, le visa Durée : 1h01. Source : Radio Canut

  • Le bureau d’Aspasie : Michel Pastoureau : la couleur au Moyen Âge
    http://lebureaudaspasie.blogspot.ch/2015/09/michel-pastoureau-la-couleur-au-moyen.html

    J’ai eu la chance d’assister hier à une conférence donnée par Michel Pastoureau à la Sainte-Chapelle (un cadre plutôt sympathique pour une conférence, il faut le reconnaître). Michel Pastoureau est un historien spécialiste de l’héraldique (la science des blasons et des armoiries), qui s’est ensuite tourné vers l’étude des couleurs et des animaux au Moyen Âge. La conférence portait sur la couleur au Moyen Âge, et plus spécialement au XIIIe siècle, car c’est à cette époque que le roi de France Louis IX, futur saint Louis, fit bâtir la Sainte-Chapelle (entre 1242 et 1248 plus précisément) pour abriter les reliques de la Passion du Christ qu’il avait achetées.
     Voici donc le compte-rendu de cette conférence (je précise que toutes les expressions entre guillemets sont celles qu’a utilisées Michel Pastoureau).

    #couleur #histoire #historiographie

  • Le rejet de l’islam est-il une spécificité française ?

    L’anthropologue américain John R. Bowen observe la montée, en Europe comme aux Etats-Unis, d’un populisme d’extrême droite qui instrumentalise les citoyens musulmans à des fins électoralistes.

    Quand un anthropologue américain scrute, de son regard caustique, le rapport à l’islam des sociétés occidentales, et déconstruit les idées fausses qui alimentent le rejet des musulmans, cela donne l’Islam, un ennemi idéal (Albin Michel, 2014). John R. Bowen a enseigné à Siences-Po Paris, à la London School of Economics et enseigne à la Washington University of Saint Louis.

    Votre livre s’intitule l’Islam, un ennemi idéal , en quoi est-il « idéal » ?

    De tout temps, dans l’histoire occidentale, certains groupes ont fait l’objet de haine : les juifs, les catholiques, les Roms, les homosexuels. Aujourd’hui, les cibles de cette haine sont les musulmans. L’islam étant une religion méconnue, on peut y projeter toutes sortes de fantasmes : « Les musulmans battent leurs femmes » ; « ils assassinent les juifs, les chrétiens ». C’est très facile d’en faire le bouc émissaire de n’importe quoi. Depuis le 11 Septembre, un sentiment anti-islamique s’est répandu aux Etats-Unis sous l’influence du protestantisme évangélique. En Europe, les différents attentats semblent confirmer l’idée qu’une guerre fait rage entre l’islam et l’Occident. Par ailleurs, la visibilité de l’islam depuis les années 80, par la demande de mosquées, le port du voile, les boucheries halal, change les habitudes et le paysage. Or la réticence à voir la société changer s’exprime par la haine.

    Face à l’intégrisme islamique, cette peur n’est-elle pas légitime ?

    Bien sûr, des formes de violence existent. Mais regardons de plus près. En Europe, sur les dix dernières années, il y a davantage de morts qui résultent du terrorisme non islamique. Rappelons tout de même que les personnes qui vont faire le jihad en Syrie sont considérées comme des terroristes alors qu’il y a deux ans, ils étaient nos alliés contre Bachar al-Assad. Alors il faut décider ! Doit-on traiter ces individus comme des terroristes ? Il faudrait pouvoir poser la question mais cette question est malheureusement taboue.

    La semaine dernière, en France, Valeurs actuelles titrait « Touche pas à mon église ». Ce type d’instrumentalisation politique de la peur de l’islam est-elle spécifique à la France ?

    C’est un exemple type de désignation de l’islam comme ennemi commun. On oublie que dans les années 80, certaines églises avaient donné une place aux musulmans pour qu’ils puissent prier. Il ne s’agissait pas d’églises désacralisées. Il y a toute une histoire de collaboration entre les différents cultes. Aux Etats-Unis, certains politiques jouent sur cette même peur de l’invasion. Mais comme il n’y a pas le principe d’un espace républicain uniforme comme en France, il est plus difficile de soutenir qu’il y a un danger général. En Angleterre, la possibilité de vendre une église à une association islamique serait considérée comme une affaire privée. Ça ne soulèverait probablement pas la même émotion. En Allemagne par contre, on peut imaginer le même genre d’emballement. Il est aussi devenu très utile, d’un point de vue électoraliste, de blâmer l’islam en lui imputant tout un ensemble de problèmes sociaux. Presque partout en Europe, comme aux Etats-Unis, un populisme d’extrême droite s’est implanté, et des politiciens appartenant à une droite plus modérée, comme Nicolas Sarkozy, se sont évertués à reconquérir une partie de leur électorat en s’associant à la condamnation de l’islam. Le populisme est une église accueillante. Plus généralement, nous ne vivons pas un moment de tendresse vis-à-vis des immigrés.

    Le multiculturalisme propre à la société américaine et qui fait peur à certains en France permet-il de réduire les tensions identitaires ?

    La grande différence avec la France, c’est que l’identité nationale américaine est composée d’identités multiples : afro-américains, hispano-américains… Dès le départ, il y a donc moins de tensions. La présence d’un menu sans viande est acceptée. A l’aéroport de Dallas, il y a des femmes en foulard à la douane, même les fonctionnaires peuvent porter le foulard. La liberté religieuse prime. Le problème identitaire américain se situe davantage au niveau du racisme anti-Noir qui persiste. En France, l’islamophobie est un racisme culturel avec l’idée que les musulmans sont identifiables. Ce n’est pas parce que quelqu’un croit en Dieu ou se réfère au Coran que c’est un ennemi, mais parce qu’il est différent.

    La laïcité française n’est-elle pas en train de devenir inégalitaire ?

    Dans les faits, on peut dire que oui. Rappelons d’abord que la loi de 1905, même si elle affirme un principe de neutralité de l’Etat envers toutes les confessions, n’a jamais été appliquée aux églises catholiques. Les églises construites avant 1905 sont devenues propriété de l’Etat et sont donc entretenues par l’Etat. Tandis que la grande majorité des églises évangéliques, plus de la moitié des synagogues et bien sûr toutes les mosquées construites après 1905, n’ont pas bénéficié de ce soutien de l’Etat. Symboliquement cette loi est intouchable mais dans les faits, elle a beaucoup évolué. Prenons l’exemple des écoles islamiques sous contrat, il y en a deux en France : à Lille et à Lyon. Il y a eu plusieurs tentatives de développer les écoles islamiques, mais un blocage politique au niveau du ministère de l’Education nationale l’empêche. Là encore, il faudrait être vraiment neutre. On a fait le choix de garder des écoles religieuses, il faut donc appliquer ce principe de manière équitable à toutes les religions. Une autre tradition en France, qui date de Philippe le Bel au XVe siècle : l’idée que l’Etat a son mot à dire dans les affaires religieuses et sa volonté de traiter avec des entités représentatives. On le voit avec le Conseil français du culte musulman. En France, il faut avoir un numéro de téléphone pour parler avec l’islam. Ce volontarisme politique n’est pas forcément négatif. Depuis les années 80, l’Etat travaille sur le sujet de la viande halal pour que tous les musulmans aient de la viande pour l’Aïd, par exemple.

    A propos de la loi sur l’interdiction de la burqa, vous laissez penser que c’est une atteinte à la liberté religieuse ?

    L’Assemblée nationale a proscrit le port de la burqa, en dépit de l’avis négatif du Conseil d’Etat, qui soulignait que cette loi violerait les droits constitutionnels et conventionnels de la liberté religieuse. Elle a sollicité le Conseil constitutionnel pour que celui-ci trouve un moyen d’en assurer la constitutionnalité. Le Conseil constitutionnel a ainsi inventé de toutes pièces un nouveau principe de la vie commune : la réciprocité. Pour avoir de la réciprocité, il faut pouvoir se voir. Mais si on part de ce principe, il faut interdire le port des lunettes de soleil parce c’est avec les yeux qu’on communique.

    http://www.liberation.fr/monde/2015/07/16/john-r-bowenle-populisme-est-une-eglise-accueillante_1348877

  • A #Ferguson, ambiance tendue à l’approche du verdict

    Le grand jury appelé à statuer sur l’inculpation du policier blanc qui a abattu le 9 août le jeune Noir #Michael_Brown doit se prononcer dans les tous prochains jours. Dans la banlieue de Saint Louis, au Missouri, les préparatifs s’accélèrent.


    http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/17/a-ferguson-ambiance-tendue-a-l-approche-du-verdict

  • La #monarchie enquête
    http://www.laviedesidees.fr/La-monarchie-enquete.html

    Louis IX, dit saint Louis, ordonna au cours de son règne plusieurs enquêtes de réparation. Celles-ci permettaient d’obtenir autant le consentement des populations à la domination royale que le salut du roi lui-même. En ce sens, elles constituent un jalon important dans la construction de la monarchie française.

    Livres & études

    / monarchie, #sotériologie, #gouvernement

    #Livres_&_études

  • La #monarchie enquête
    http://www.laviedesidees.fr/Verite-et-monarchie-au-Moyen-Age.html

    Louis IX, dit saint Louis, ordonna au cours de son règne plusieurs enquêtes de réparation. Celles-ci permettaient d’obtenir autant le consentement des populations à la domination royale que le salut du roi lui-même. En ce sens, elles constituent un jalon important dans la construction de la monarchie française.

    #Revue

    / monarchie, #sotériologie, #gouvernement

  • Ce qu’il se passe à Ferguson ne reste pas à Ferguson - Investig’Action
    http://www.michelcollon.info/Ce-qu-il-se-passe-a-Ferguson-ne.html

    La semaine dernière, le gouverneur du Missouri a déclaré l’état d’urgence et a déployé la Garde Nationale à Ferguson, dans la banlieue de Saint Louis, afin de mettre un terme aux agitations qui duraient depuis deux semaines à la suite du meurtre par la police de Michael Brown, un adolescent noir non armé.

    ...

    Dans cet état d’exception permanent et mondialisé, la traditionnelle distinction entre le public et le privé devient ici de plus en plus floue. À Fallujah, les fournisseurs privés avaient été appelés afin de maintenir l’ordre public, tandis que l’armée américaine, au détriment de la dette publique, veillait à protéger les intérêts privés 24 heures sur 24.

    ...

    Les États-Unis dépensent l’argent public en menant des guerres à l’étranger à des fins privés, et, dans le même temps, ils permettent que les intérêts privés financent directement les services de police locaux, qui disposent aujourd’hui des armes excédentaires provenant de ces mêmes guerres, afin de maintenir l’ordre public national. La sécurité devient la préoccupation première du gouvernement, bien que celui-ci cède presque toujours aux intérêts privés en faisant fi de la sécurité sociale.

    ...

    Là où la richesse se concentre entre un nombre toujours plus restreint de personnes, où la population est reléguée dans certains quartiers ou vit dans la misère des bidonvilles, la « démocratie » tant vantée du marché mondial rejoint les ambitions totalitaires de l’État Nation. « L’état d’exception », explique G. Agamben, « apparaît comme le seuil d’indétermination entre la démocratie et l’absolutisme. »

    ...

    Selon G. Agamben, l’état d’exception peut clairement être comparé à un camp, qui « délimite un espace où l’ordre est de facto interrompu et où le fait de commettre ou non des atrocités dépend non pas de la loi mais du caractère civilisé et éthique de la police qui agit provisoirement en tant que souverain. »

    ...

    Pour les Afro-américains, donc, l’état d’urgence a toujours été un état permanent, il n’a pas commencé avec le meurtre de Michael Brown et il ne se terminera certainement pas avec le retrait de la Garde Nationale de Ferguson par le gouverneur Nixon. Cette fois, la différence réside dans le fait que les gens se sont révoltés contre le meurtre, à une nouvelle reprise, d’un autre jeune adolescent noir par la police, et ils ont choisi de répondre à la violence légitime de la répression policière qui s’en est suivie par un violence « extra » légitime dont ils se sont permis l’usage.

    ...

    la prétendue « violence » des manifestations de Ferguson, qui fait pâle figure à côté de la violence du capital financier et de celle de l’État, peut se révéler hautement productive. Et tandis que l’idée d’une violence « pure » en dehors de la loi peut paraître menaçante pour certains, il ne faut pas oublier que l’émeute urbaine, malgré les destructions sans raisons apparentes et l’évanescence spectaculaire, a été dans le passé un grand moyen vers le progrès.

    Ce que nous appelons aujourd’hui la démocratie n’existerait pas sans ces émeutes.

    #Ferguson #États-Unis

    • Je re-cite le dernier paragraphe :-)

      Et tandis que l’idée d’une violence « pure » en dehors de la loi peut paraître menaçante pour certains, il ne faut pas oublier que l’émeute urbaine, malgré les destructions sans raisons apparentes et l’évanescence spectaculaire, a été dans le passé un grand moyen vers le progrès.

      Ce que nous appelons aujourd’hui la démocratie n’existerait pas sans ces émeutes.

  • A Ferguson, la garde nationale mobilisée après un nuit de violences


    Après une fin de semaine relativement calme, les rues de la ville de Ferguson, dans le Missouri, ont à nouveau été le théâtre de violences, dans la soirée du dimanche 18 août, entre manifestants refusant d’évacuer les lieux et policiers à cran. La colère dans cette ville de la banlieue de Saint Louis ne retombe pas, plus d’une semaine après la mort de Michael Brown, un adolescent noir tué par un policier.
    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/08/18/etats-unis-affrontements-a-ferguson-avant-le-couvre-feu_4472690_3222.html
    #usa #ferguson #michael_brown #violences_policieres #police_violence

  • Les élèves du lycée Saint Louis solidaires de Madagascar on Vimeo
    http://vimeo.com/41124796

    Depuis le mois de janvier 2012, sous l’impulsion de Bruno Leclerc, enseignant de lettres-histoire et passionné d’informatique, un groupe de 12 élèves s’est formé pour reconditionner des ordinateurs. Ils travaillent en partenariat avec Vendée-Madagascar, association à but humanitaire, afin de mettre à disposition des écoles, des hôpitaux, des bibliothèques, des ordinateurs en bon état de marche.
    Un premier lot de 20 ordinateurs est déjà prêt et est actuellement stocké en attente d’un départ imminent.
    Tous les mercredis après-midi, les élèves démontent, testent, réparent et remettent en état les ordinateurs.

    #recycler-vieux-pc
    #madagascar
    #lycée

  • Produire et acheter français : une farce sinistre. | Tant qu’il y aura de l’argent ...
    http://www.tantquil.net/2013/06/11/produire-et-acheter-francais-une-farce-sinistre

    Les idées nationalistes resurgissent en Europe. C’est qu’en temps de crise, le passé fait recette. Et on ne parle pas ici de mettre en avant la danse folklorique dans le Poitou et les plus belles chansons de Patrick Sébastien : Nos nouveaux Saint Louis et Jeanne d’Arc (ou Mireille, on sait plus) s’attaquent à l’économie. Alors voici un petit Kit de démontage de ces discours, qui font l’objet d’un quasi consensus sur l’échiquier politique, depuis l’extrême-droite version Soral, jusqu’à la gauche du PS.

    De nos jours, un ouvrier tout jaune coûte moins cher qu’un ouvrier « made in France » (même s’il est tout jaune d’ailleurs… à vous dégoûter d’employer des français). Et comme dans la pub Duracell, un ouvrier chinois travaille carrément plus longtemps. Du coup, les patrons tendent à s’installer à Pékin plutôt qu’à Maubeuge.

    Alors, depuis quelques années des discours protectionnistes se développent. Pour contrer les délocalisations, il faudrait « produire et acheter français ». Et si les gens préfèrent acheter chinois quand même : qu’a cela ne tienne, on taxe fortement les produits en provenance de Chine, et bing, ils valent super cher, et ne sont donc plus si compétitifs que ça.

  • Ce matin, je fouillais dans les archives de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). J’y cherchais confirmation du passage à l’hôpital Saint Louis de Lavalette, le communard dont je remonte l’histoire.

    Dans le monde des archivistes, il y a des gens très agréables. Et puis il y a ceux tels qu’on les imagine, tatillons et pas marrants, qui font remplir des papiers et des papiers pour donner à consulter d’autres papiers.

    Alors je fais mes recherches, une chanson dans la tête :
    http://grooveshark.com/s/Les+Petits+Papiers/4k4jhn?src=5

    Un médecin, Eugène Guibout, racontait dans un livre comment il avait accueilli Lavalette à l’hôpital Saint Louis puis l’avait aidé à fuir Paris aux mains des Versaillais :
    http://seenthis.net/messages/56193#message58977

    Voici ce que disait notamment le bon médecin :

    Le [...] 28 mai, jour de la Pentecôte, nous assistâmes, dans notre belle cathédrale [de Troyes], aux offices [...].
    Aussitôt que nous eûmes la possibilité de rentrer à Paris, nous partîmes. [...]
    Le lendemain matin, je trouve l’hôpital Saint-Louis occupé militairement par les Versaillais ; ils gardaient à vue les soldats de la Commune blessés et très nombreux dans les salles.
    Mon interne, M. Poupon, m’apprit tout de suite avec émotion, qu’une heure avant l’arrivée des Versaillais, un chef de la Commune s’était présenté à lui, en disant J’ai sauvé votre maître, sauvez-moi ; les Versaillais sont là, je suis perdu !
    « Alors, me raconte ce brave jeune homme, j’ai fait entrer cet homme dans ma chambre, il s’est déshabillé, j’ai déchiré tous ses vêtements, que j’ai jetés dans la fosse d’aisance ; je l’ai revêtu d’une capote de l’hôpital, coiffé d’un bonnet de coton, je lui ai signé un billet d’admission comme fiévreux, et je l’ai conduit dans la salle Saint-Charles, où il est couché ; mais je tremble pour lui, car il est entouré de Communards ; les Versaillais montent la garde à toutes les portes et dans l’intérieur même de la salle, il y a plusieurs factionnaires. »

    Je cherchais donc confirmation de ce témoignage, paru en 1892 - soit 21 ans après les évènements.

    Lavalette apparaissait-il sur le registre des admissions ?

    Eh ! bien oui ! Notre communard est bien inscrit au registre des entrées de l’hôpital Saint Louis le 25 mai 1871. L’orthographe de son nom a été légèrement modifiée : Lavelatte et non Lavalette. Mais le prénom est bien Gilbert. Son numéro au registre des entrées est le 3612. Ce qui me permet de retrouver ailleurs d’autres informations : Lavelatte, Gilbert, âge 42 ans, gazier. L’adresse semble : 97, rue de Belleville, dans le XIXe arrondissement. Sa ville de naissance : Lurcy-Lévy dans l’Allier.

    « Marié à Suzanne Chantelot » précise le registre. C’est nouveau ça ! J’avais jusqu’à présent une concubine nommée Anna Moulin. Au cimetière où est enterré le communard est indiqué : Anna Lavalette, née Germillon... Je pensais donc qu’elle avait pu être mariée précédemment à un M. Moulin, puis s’être remariée avec Lavalette. Mais le registre laisse aussi penser que celui-ci avait aussi été marié précédemment...

    Le registre indique effectivement « fiévreux », comme l’écrivait le docteur Guibout dans son livre. Il précise par contre salle Saint-Louis et non Saint-Charles. Lit 20.

    Lavalette serait sorti le 11 juin et aurait passé 17 jours dans cet hôpital. Les dates semblent difficilement traficables, les noms étant inscrits au fur et à mesure sur le registre des entrées.

    Les archives des hôpitaux de Paris confirment donc le témoignage du médecin, au seul détail du nom de la salle où il a été alité. Elle donnent une autre information : Lavalette serait entré le jeudi 25 mai.

    Jusqu’à présent, je pensais qu’il s’était battu avec les derniers communards retranchés au cimetière du Père Lachaise. Mais c’était lire un peu trop vite ce rapport de police :

    « A l’arrivée des troupes, il s’est replié à l’intérieur de Paris. Dans les premiers jours, il a présidé à l’installation des batteries des insurgés au Père Lachaise et il en a dirigé le tir. »

    http://seenthis.net/messages/56193#message57972

    Il a donc organisé la défense du Père Lachaise au début de la Semaine sanglante, le 22 mai. Mais il n’a pas participé aux derniers combat dans ce cimetière.

    (Gravure ci-dessus : derniers combats parmi les tombes du Père Lachaire)

    Ce qui explique qu’il soit resté en vie et n’ait pas été fusillé au « mur des fédérés » où furent alignés les ultimes combattants.

    Lavalette a arrêté de sa battre le 25 mai 1871. Il s’est réfugié à l’hôpital Saint Louis. Au même moment, à deux pas de là, sur la place du Château d’eau, l’actuelle place de la République, le délégué à la guerre de la Commune, Charles Delescluze, grimpait désespéré sur une barricade et se laissait volontairement tuer.

    http://lacomune.perso.neuf.fr/medias/delescluzetrait3.jpg

    (Images ci-dessus : Charles Delescluze)

    Les registres de l’hôpital Saint Louis nous apprennent d’autres éléments sur cette Semaine sanglante. Sur des pages et des pages, les noms des maladies des personnes admises sont remplacées par « plaie par arme à feu », « balle ayant traversé le bras », « coup de feu à la cuisse », « plaie à la tête par balle », « blessé par éclat d’obus », etc. Beaucoup d’amputations. Près d’un quart des personnes meurent. Et beaucoup de blessés « remis à la disposition de l’autorité militaire ».

    Peu sont des militaires. Sur des pages de trente noms, un en moyenne correspond à un militaire versaillais. Le reste est occupé par le petit peuple de Paris : « journalier », « coche de pompe funèbre », « horloger », « passementier », « femme de ménage », « maçon », « fleuriste », « employé », « taillandier », « tourneur »...

    Des hommes, peu de femmes. Pour celles qui arrivent, on indique parfois « fiévreux ». Est-ce une manière, comme pour Lavalette, de leur éviter des problèmes ? Les femmes sont généralement là pour accoucher. Quel moment terrible pour cela : en plein apocalypse, alors que l’on fusille sans pitié et que le sang de plus de vingt milles Parisiens coule sur les pavés.

    Lorsqu’un registre administratif se cogne à la réalité, cela donne pour la case « Nature de la maladie » : « grossesse ».

    #A_la_recherche_de_Lavalette #Lavalette #Commune_de_Paris #communard #communeux #Belleville #archives #Eugène_Guibout #Guibout