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  • Serres chauffées dans le bio : la FNSEA fait plier le gouvernement
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270619/serres-chauffees-dans-le-bio-la-fnsea-fait-plier-le-gouvernement

    En livrant bataille pour inscrire dans la réglementation française l’interdiction du chauffage des serres pour la production de fruits et légumes bio hors saison, les acteurs du bio ont mis au jour les projets de l’agro-industrie et la « conversion » des serres conventionnelles. Après avoir repoussé sa décision à la demande de la FNSEA, le ministère de l’agriculture a récemment pris le parti du chauffage.

    #Enquête #Carrefour,_Didier_Guillaume,_FNAB,_CNAB,_Olivier_Nasles,_Edouard_Philippe,_FNSEA,_INAO

    • Une fois encore, la #FNSEA fait plier un gouvernement. Le syndicat agricole majoritaire, mis en mouvement par les coopératives, a obtenu le soutien du ministère de l’agriculture pour reporter à deux reprises un vote inscrivant l’interdiction du chauffage des serres pour la production de fruits et légumes bio hors saison dans le guide de lecture du règlement européen. Le 17 juin, l’administration a mis sur la table une proposition autorisant de fait les serres chauffées.

      La proposition d’interdiction portée par les représentants historiques du bio devant le Comité national de l’agriculture biologique (CNAB) de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) doit encore être débattue le 11 juillet. Organisme public chargé de gérer les signes officiels de qualité – les labels et les appellations –, l’Inao a déjà été confronté à des batailles rangées face aux prétentions de l’industrie, notamment au sujet des fromages au lait cru dans les années 2000.

      Cette fois, l’enjeu est la défense des conditions de production des légumes biologiques. Les tenants de l’agro-industrie favorables au chauffage des serres ont fait savoir « qu’une quarantaine d’exploitations déjà en activité » utilisaient ce procédé, auxquelles devraient s’ajouter une vingtaine de projets d’ici à 2021, « qui se concrétiseront à condition d’avoir accès au chauffage ».

      Au-delà, de grosses coopératives qui ont engagé une réflexion pour convertir leurs serres en bio se déclarent opposées à la restriction du chauffage leur permettant de produire en hiver. Pour elles, pas question de restreindre ni d’interdire, au contraire.

      Des serres de la station expérimentale du Comité d’action technique et économique (CATE), à Saint-Pol-de-Léon, syndicat professionnel de la Région Bretagne, auquel appartient la coopérative Sica. © DR Des serres de la station expérimentale du Comité d’action technique et économique (CATE), à Saint-Pol-de-Léon, syndicat professionnel de la Région Bretagne, auquel appartient la coopérative Sica. © DR

      Le gouvernement est resté prudent, laissant l’administration avancer ses pions. Didier Guillaume, le ministre de l’agriculture, a juré le 19 juin qu’il n’était « pas favorable au chauffage des serres », « parce qu’il faut respecter les rythmes biologiques », mais il a aussitôt ajouté une nuance, de taille, en précisant que « si c’était interdit en France et permis dans d’autres pays européens, ça ne réglerait pas le problème de l’économie ».

      Tout en jugeant qu’il ne voyait pas « l’intérêt » « d’avoir des fraises à Noël », le ministre a souligné, dans une interview au Télégramme, que la réglementation européenne « n’interdit pas » le chauffage des serres en bio. « Pour ma part, je considère que c’est aux filières et aux responsables du bio de décider, et au consommateur d’être responsable », a-t-il déclaré.

      Mais le CNAB, qui va statuer pour avis, est composé pour moitié de représentants des groupements historiques du bio et, pour l’autre, des représentants issus du conventionnel – membres de Coop de France ou élus de chambres d’agriculture –, les cinq représentants de l’État les départageant.

      Joint par Mediapart, Olivier Nasles, le président du CNAB, a déclaré qu’il n’était « pas sûr » que « la décision » serait prise le 11 juillet. « Je n’ai pas envie d’aller vers un vote moitié/moitié », déclare-t-il, précisant que « certains acteurs sont sur des postures » – comprendre : certains acteurs militants du bio.

      Face à leur demande d’interdiction du chauffage, l’administration a mis sur la table une proposition alternative, lors de la commission réglementation du CNAB, le 17 juin dernier. Il s’agit d’interdire la distribution des légumes d’été en hiver, du 21 décembre au 21 mars, en permettant ainsi une production et une vente de printemps. « Tout le monde est d’accord sur la saisonnalité : c’est déjà une belle avancée », se félicite Olivier Nasles.

      En réalité, cette « avancée » reste très problématique, aux yeux des acteurs du bio, puisqu’elle implique de chauffer les serres de janvier à avril, pendant la période de développement des plants. En outre, elle laisse grandes ouvertes les portes de la production à l’export, et donc de la massification de l’offre.

      « Cette proposition est inadmissible, tranche Sylvie Corpart, une représentante de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB). Elle donne raison à ceux qui font pression depuis le début. On envoie toute la filière bio dans l’impasse. »

      Cette bataille a débuté il y a près d’un an. Informée de la multiplication des projets de serres chauffées en bio en Bretagne et en Vendée, la FNAB a saisi en juin 2018 la commission réglementation de l’Inao d’une demande d’ajout au guide de lecture.

      Alors que ce document indique que « le chauffage des serres est possible », la commission réglementation propose au CNAB d’ajouter quelques réserves, et non des moindres : « Le chauffage des serres est possible dans le respect des cycles naturels (pas de production à contre-saison, exemple : tomate, courgette, concombre, aubergine, poivron) [et] lorsqu’il utilise des ressources renouvelables produites sur l’exploitation, [ceci étant] sans restriction pour la production des plants et la mise en hors gel. » Le chauffage pourrait donc être interdit « à contre-saison ».

      Les coopératives et leurs soutiens sont alertés et sortent du bois début décembre. Marc Kerangueven, président de la Sica (Société d’initiatives et de coopération agricole) de Saint-Pol-de-Léon, dont les 650 exploitants commercialisent sous la marque Prince de Bretagne, juge dans une note transmise au premier ministre qu’il est « primordial que le CNAB vote contre l’adoption de cette proposition ».

      Cette « restriction inadaptée, drastique et brutale » du chauffage pourrait « avoir de lourdes conséquences » pour « l’ensemble de la production bio sous abri française, qui subirait la prise des marchés par l’import », annonce-t-il, dans son courrier cosigné par le président de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne. C’est la balance commerciale qui préoccupe avant tout la coopérative de Kerangueven, qui exporte par ailleurs 40 % de ses légumes.

      La Sica compte déjà 150 hectares de serres, toutes productions confondues. Et le bio fait partie de ses priorités, même s’il ne pèse encore que 5,7 % de son chiffre d’affaires – 8,55 millions d’euros pour 7 232 tonnes de légumes produits, un chiffre en hausse de 3 millions d’euros en 2018… Le comité bio du groupement de producteurs Cerafel, auquel cette coopérative est rattachée, revendique 20 000 tonnes de légumes bio produites l’an dernier.

      Le 10 décembre, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a demandé de son côté le report du vote de la proposition dans un courrier adressé au président du CNAB – et cosigné par les présidents de Coop de France, Felcoop, Légumes de France (branche spécialisée de la FNSEA) et de l’APCA. Selon la FNSEA et ses alliés, « les professionnels du secteur n’ont pas eu le temps de se positionner dans les délais impartis ».

      « Les premiers éléments d’analyse nous amènent à penser que nos exploitations seraient confrontées à une situation de distorsion de concurrence avec les autres États membres », font-ils valoir eux aussi.

      Alertée par ces courriers, la FNAB lance un contre-lobbying. Un texte signé par des distributeurs, et non des moindres, Biocoop et surtout Carrefour, des transformateurs et distributeurs spécialisés (Synabio) et des producteurs (Forébio, Cabso, Uni vert, Bio Loire Océan, Solébio), dénonce les « pressions » ainsi exercées sur le CNAB et soutient « l’encadrement du chauffage des serres », « dans le but d’éviter le désaisonnement ».

      « Ces dernières années, la production de fruits et légumes frais s’est développée sans recours au chauffage de serres, ce qui prouve que cette pratique est inutile », soutiennent-ils.

      « Nous avons des conditions climatiques qui ne sont pas bonnes, explique Mathieu Lancry, président de Forébio. Vouloir concurrencer des pays tiers qui ont des conditions plus favorables, je trouve ça fou. Faire chauffer les serres en bio, ça n’a pas de sens. »

      Le producteur rappelle au passage les « surproductions chroniques en tomates et concombres » de l’agriculture conventionnelle, et la destruction récente de 500 tonnes de tomates par la coopérative Solarenn en Bretagne.

      Mise aux voix lors du CNAB du 13 décembre, la demande de report par la FNSEA et les coopératives est approuvée par 19 voix contre 15, et 2 abstentions. « Les représentants de l’État ont voté le report à main levée », relève un participant. L’État s’est incliné. Le président du CNAB, Olivier Nasles, vote aussi en faveur de ce report et se montre favorable aux objections de l’agro-industrie. « La restriction du chauffage ne va pas empêcher qu’il y ait des tomates bio sur les étals, explique-t-il à Mediapart. Cette décision va bloquer les produits français, mais ne s’appliquera pas aux produits étrangers. La distorsion de concurrence est bien là. »

      Nommé par arrêté ministériel en 2017, cet oléiculteur touche-à-tout, patron pendant douze ans de l’interprofession de l’huile d’olive (Afidol), ex-secrétaire adjoint de la chambre d’agriculture d’Aix-en-Provence, œnologue de métier, n’a jamais été légitime à la présidence du comité bio de l’Inao. C’est le vignoble de sa mère, le domaine de Camaïssette, converti en bio en 2014, et dont il est salarié, qui lui a valu, selon l’Inao, d’être nommé président du CNAB. « Il produit du rosé bio », précise le service communication de l’institution.

      « Il est cordial, mais il n’est pas du métier, déplore un membre du CNAB. C’est vraiment dommageable pour la crédibilité du CNAB que ce soit quelqu’un comme lui qui pilote le guide de lecture du règlement européen. Sa nomination est une farce. On a tous été interloqués. »

      « On se demande toujours d’où il parle, comme on disait en Mai-68 », commente ironiquement un responsable du bio.

      Olivier Nasles admet qu’il ne fait pas « partie des historiques du bio », mais qu’il a été choisi parce qu’il n’était « pas partisan d’une famille ou d’une autre ». Membre de plusieurs instances de l’Inao depuis 2004, il s’attendait d’ailleurs à présider un autre comité de l’institut. S’il reconnaît qu’il n’est « pas compétent » sur le sujet du chauffage des serres, il a un avis tranché sur l’avenir du bio.

      « Le monde du bio va changer, parce que l’économie est entrée dedans, juge-t-il. Bien sûr qu’il va y avoir une industrialisation du bio. On a suscité une demande chez les consommateurs. Il y a des gens qui sont entrés qui ne sont pas des bio historiques. »

      En janvier, la FNSEA et les coopératives ont communiqué des éléments chiffrés sur les serres chauffées en bio, qui confirment les craintes de l’autre camp. Selon leur décompte, 14 exploitations équipées de serres ayant recours au chauffage tournent déjà en Bretagne sur 13 hectares, et envisagent de passer à 19 hectares. Les Pays de la Loire comptent quatre exploitations en fonctionnement sur 11 hectares, mais surtout dix-neuf en cours de constitution, avec des permis de construire accordés sur 22 hectares supplémentaires. Dans le Sud, vingt exploitations sous serres tournent déjà à plein régime sur 33 hectares.

      « Plus de 50 hectares sont ainsi concernés aujourd’hui ; une surface qui pourrait progresser rapidement à moyen terme », relève la synthèse du syndicat. Des surfaces encore dérisoires, rapportées aux territoires engagés en agriculture biologique en France – deux millions d’hectares en 2018, entre les mains de 41 623 producteurs –, mais très productives.

      « Ces surfaces représentent des volumes considérables de légumes français biologiques déjà produits et commercialisés : plus de 9 500 tonnes à ce jour d’après nos estimations, et potentiellement près de 15 000 tonnes à l’horizon 2021/22 », poursuit le document. Les syndicalistes vantent l’efficacité en « technique culturale » du chauffage, notamment par « la maîtrise des risques sanitaires », grâce à la déshumidification – contre le mildiou, par exemple.

      Le camp du bio explique de son côté que « tout usage sanitaire du chauffage allant au-delà des limites du hors gel (5 °C) implique potentiellement le développement végétatif de la plante, donc la production ». « Par exemple, pour améliorer l’efficacité du biocontrôle [l’activité des insectes, auxiliaires de culture – ndlr], la température des serres à tomates est portée entre 18 et 25 °C. Or, ces températures correspondent parfaitement à l’optimum de température pour le développement végétatif de la tomate. » L’argument sanitaire est opportuniste.

      Les services juridiques de l’Inao pèsent dans le même sens. Ils rappellent l’une des bases du règlement européen qui stipule que « l’agriculture biologique doit établir un système de gestion durable, respectueux des systèmes et des cycles naturels ». Si le chauffage sous serres n’est pas interdit, il est d’abord conditionné à l’utilisation d’énergies renouvelables. Il peut être mis au service de production des plants pour amorcer la production ou la mise en hors gel, mais la production bio se doit d’éviter toute production à contre-saison.

      Cependant, la mobilisation des agriculteurs conventionnels pèse plus lourd que les remarques d’un service juridique. « Entre décembre et mars, il y a eu une vraie levée de boucliers. Vindicative. C’est l’Ouest qui a bougé, juge une agricultrice en bio. On était traités d’irresponsables. »

      Le 3 avril, le CNAB se réunit une nouvelle fois, mais le président Nasles et l’administration, contre toute attente, ne mettent pas le sujet à l’ordre du jour comme prévu. « Le premier report, on s’est dit : on va leur concéder… commente Sylvie Corpart, représentante de la FNAB. Mais le deuxième report, c’était un vrai scandale. Nous avons quitté la salle. »

      La polémique déborde sur l’interprofession des fruits et légumes, l’Interfel. Le poste de corapporteur du comité bio d’Interfel est attribué à Bruno Vila, dirigeant d’une importante coopérative du sud de la France, Rougeline, qui développe massivement des cultures de tomates sous serres, hors sol – en s’appuyant sur un modèle de serre hollandais, qui coûte entre 700 000 et 1,4 million d’euros à l’hectare.

      Vila est l’alter ego du breton Kerangueven dans le Sud. Forte de 340 hectares de cultures de tomates, fraises et concombres sous serres – et 700 hectares en terre –, et de 230 producteurs, Rougeline fait un chiffre d’affaires de 123 millions d’euros. L’élection de Vila, vécue comme une « provocation » par le camp du bio, entraîne la sortie de la Confédération paysanne du comité bio. Interfel a refusé de répondre aux questions de Mediapart sur cette crise interne et Bruno Vila n’a pas donné suite à nos demandes.

      « Il y a un traumatisme lié à la pression que subissent les producteurs conventionnels avec la concurrence de l’Espagne et du Maroc, explique à Mediapart Guillaume Riou, président de la FNAB. Au sein de ces grosses coopératives, certains pensent qu’ils vont s’en sortir en reproduisant le modèle productiviste dans le bio. Ils n’ont pas compris que l’alimentation et l’agriculture doivent respecter les cycles naturels. »

      Le 17 juin, l’administration revient devant la commission réglementation avec une proposition d’interdiction de distribution des légumes d’été en hiver jusqu’au 21 mars, une version revue du dispositif validant en réalité l’utilisation du chauffage des serres durant l’hiver pour amorcer la production. Elle propose aussi d’inscrire la perspective d’une obligation d’utilisation d’énergies renouvelables à l’horizon 2025, alors même que cette obligation figure en toutes lettres dans le règlement européen.

      Or la question de l’énergie n’est pas secondaire, loin de là. Selon l’étude FoodGES de l’Ademe, une tomate produite en France sous serre chauffée est responsable de quatre fois plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’une tomate importée d’Espagne et huit fois plus qu’une tomate produite en France en saison. « Les chauffeurs de serres auront six ans devant eux sans cadre pour produire, et d’ici là, ils pourront au moins tripler leur production », objecte un communicant du bio.

      Pour amplifier la protestation, la FNAB – soutenue par Réseau action climat, la Fondation Nicolas-Hulot et Greenpeace – a lancé le 29 mai une pétition en ligne, « Pas de tomate bio en hiver : non aux serres chauffées », demandant au ministre de l’agriculture « de soutenir un encadrement strict du chauffage des serres en bio afin d’interdire la production de fruits et légumes bio hors saison ».

      Le groupe Carrefour est le seul groupe de distribution de premier plan à s’être rangé derrière la FNAB contre les serres chauffées. « On s’est engagés aux côtés de la FNAB sur ce sujet dès le mois d’octobre 2018, précise auprès de Mediapart Benoît Soury, directeur bio de Carrefour. Nous nous engageons à fournir des produits grandis naturellement, et nous voulons aller plus loin en faisant en sorte que nos produits bio ne soient que d’origine France – la proportion est de 3/4 aujourd’hui. »

      Ce positionnement « politique » du groupe s’inscrit dans une vraie logique d’investissement de Carrefour, qui a réalisé 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires dans le bio en 2008. Le distributeur se dit toutefois prêt à « réétudier » sa position « si un compromis est trouvé ».

      Si l’administration revient avec sa proposition devant le CNAB, le 11 juillet, et obtient un vote favorable aux serres chauffées, elle pourrait créer une fracture irrémédiable au sein de la structure chargée d’encadrer l’agriculture biologique. Certains historiques du bio sont tentés par un repli autour d’un nouveau label privé portant leurs valeurs et un cahier des charges strict, comme il en existe en Allemagne.

      « C’est vrai que la question est posée avec insistance au sein du réseau, confirme Sylvie Corpart. Est-ce que la fédération a encore intérêt à être présente dans une structure où les jeux et les décisions se font dans les couloirs, et nous échappent ? Les dés étant pipés, il faut peut-être arrêter de perdre notre temps à défendre le label “AB” et créer autre chose. »

    • Merci pour le signalement, de cette approche - en effet - intéressante. On remarquera quand même que Michel Serre donne un exemple pris dans l’antiquité grecque et écrit deux fois le mot « putain » alors qu’en fait « prostituée » aurait certainement été beaucoup plus approprié. No more comments, autre que celui de quelqu’un ici qui suggérait de dissoudre l’académie et ses membres dans l’acide. Les pourvoyeurs de mépris sont partout.

    • Cette observation de M. Serre pourrait découler de l’évolution de la relation entre le possesseur et la chose possédée. À mesure que les objets techniques se compliquent leurs possesseurs les comprennent (intimement) sans cesse moins, et délèguent davantage d’opérations (maintenance...) à des professionnels. En ce qui concerne les voitures le mode de conception et de fabrication le reflète car concepts, machines, matières et pièces constitutives sont « factorisés » entre constructeurs, qui eux-mêmes se raréfient, donc dans une gamme donnée ~10 modèles apparemment distincts sont en réalité 3 offres techniquement vraiment distinctes, de plus la réglementation les rend toutes similaires. Le gros des clients paie un service « moyen de transport adéquat à ma disposition », plutôt qu’un objet « voiture ». Le concept n’est pas nouveau car, comme M. Volle me l’a révélé, Aristote (Rhétorique) l’avait exprimé ("l’essence de la richesse consiste plutôt dans l’usage que dans la propriété, car l’exercice de la propriété consiste dans l’usage et l’usage même est une richesse").

      Sur le plan de la forme je suppose que M. Serre utilise « putain » parce que ce mot est à présent... « commun » (sinon « propre »).

      http://makarevitch.org/rant/itoffer.html

  • #Jean_de_Beins

    Il s’est engagé à 13 ans comme arquebusier à cheval. Entre 1590 et 1594, il participe au siège de Paris entre mai et septembre 1590 et y est blessé. En février 1591, il est dans la compagnie de Charles de Balsac, baron de Dunes, au siège de Chartres où il de nouveau blessé. Il participe au siège de Rouen entre décembre 1591 et juillet 1592. Il est blessé au siège de Dreux. En 1596, il est envoyé à Perpignan, sous les ordres du maréchal d’Ornano où il est de nouveau blessé. En 1597, il est en Savoie sous les ordres du duc de Lesdiguières pendant la campagne contre le duc de Savoie. Il s’y fait reconnaître par la « générosité de son courage ». Il fait la connaissance du duc de Lesdiguières. Il reste militaire jusqu’à la paix de Vervins, en 1598.

    Après 1598, Jean de Beins « s’était estudié aux mathématiques et rendu capable de la science des fortifications et de la géographye... ». Il sert ensuite comme commis et géographe du roi aux fortifications du Dauphiné sous les ordres de Raymond de Bonnefons, ingénieur pour le roi en Dauphiné, Bresse et Provence1. Le lieutenant général du Dauphiné était le duc de Lesdiguières. Il se forme alors sur le tas.

    Lors de la guerre franco-savoyarde (1600-1601), il participe aux sièges de Montmélian, Charbonnière, Bourg-en-Bresse et du fort Sainte-Catherine, près de Genève2. La guerre se termine avec le traité de Lyon, le 17 janvier 1601. Le département de Raymond de Bonnefons s’agrandit de Bresse, du Bugey, du Valromey et du Pays de Gex.
    En 1601, Raymond de Bonnefons et Jean de Beins travaillent au Fort Barraux3, à Exilles et à Bourg-en-Bresse.

    Jean de Beins est désigné comme « ingénieur entretenu par le Roy » dans une ordonnance signée par Sully en 1606 et indique qu’il a « mis en mains de Sa Majesté des Cartes du païs de Dauphiné et de Bresse ».

    Raymond de Bonnefons meurt en enclouant des canons, en 1607, comme l’écrit Sully au roi Henri IV le 25 juillet : « Il est arrivé un accident en Provence qui m’apporte du desplaisir ; c’est la mort de deux de vos ingénieurs à scavoir Bonnefons et le jeune Errard qui n’en savait guère moins que son père ». Après l’avis de Sully, en 1607, la charge de Raymond de Bonnefons est partagée entre son fils, Jean de Bonnefons, nommé ingénieur ordinaire en Provence et Languedoc, et Jean de Beins, nommé ingénieur pour le Roi, géographe de Dauphiné et Bresse.

    Jean de Beins va alors être le grand fortificateur du Dauphiné. En 1607, il travaille sur le fort Barraux pour faire de cette place la plus forte du Dauphiné. On le voit :

    en 1606 : au fort de L’esluse, au fort de Brescon en Languedoc ;
    en 1607 : à Bourg, Puymore, Embun, Exilles ;
    en 1608 : à Château-Queyras, Château Dauphin, Valence, Livron ;
    en 1609 : à Nyons, Serres, Sisteron, Exilles.

    Le 15 mai 1605, Sully avait rédigé un « Règlement que le Roy veult estre doresnavant observé pour les fortifications qui seront faictes en chacune Province de son Royaume ». L’ingénieur doit avant chaque chantier dresser la « description du travail et les devis ».

    De Beins dresse ainsi un « Estat sommaire à quoy pourront monter les ouvrages de Massonnerye, creusement de fossez et autres (charpenterye) qu’il convient faire pour les fortifications et reparations de la ville de Grenoble suyvant la dernière visite qui en a esté faite »4.

    Ingénieur et géographe, il a pour mission d’informer le roi et son ministre des fortifications de la province du Dauphiné, mais aussi de son visage géographique par sa cartographie. En 1607, Henri IV avait demandé à Sully de « faire faire les cartes des frontières de son royaume ». Le roi « aimait avec passion les cartes chorographiques et tout ce qui étoit des sciences mathématiques »5. De cette activité de cartographe, il reste 75 planches qui se trouvent au British Museum6.

    Il est anobli en mars 1610. Pendant le règne de Louis XIII il prend une part importante aux guerres à la frontière du Piémont.

    Il a dessiné les plans de la nouvelle enceinte de Grenoble et a travaillé à Puymaure7, fort construit par les Huguenots pour surveiller la catholique Gap et détruit sur ordre de Richelieu en 1633.


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Beins
    #cartographie #cartographie_historique

    • Les Alpes de Jean de Beins

      Après quatre mois de présentation, les cartes originales de Jean de Beins, qui donnaient à voir, pour la première fois, une représentation détaillée et réaliste de la province du Dauphiné au 17e siècle, ont été retournées aux institutions qui ont en charge leur conservation.

      L’exposition aurait dû fermer ses portes, si la rencontre avec des collectionneurs avait incité le musée à prolonger celle-ci pour présenter des œuvres inédites provenant de fonds privés. La nouvelle version des Alpes de Jean de Beins conserve la présentation des copies des cartes de la British Library et de la Bibliothèque nationale de France, mais elle met en valeur les dernières œuvres découvertes.

      Aux trois cartes manuscrites sur le haut Dauphiné : Gapençais, Queyras, Champsaur, s’ajoute une nouvelle sur le Briançonnais que l’on ne croyait jusqu’ici pas représenté par Jean de Beins. Celles-ci ont sans doute servi de base à la confection de la grande carte imprimées de 1617, exposée dans son édition originale et complétée de trois gravures de cette même carte réduite. Un document manuscrit de Jacques Fougeu, grand cartographe français, contemporain de Jean de Beins, parachève le parcours.

      Cette présentation de nouveaux trésors patrimoniaux confirme la qualité artistique et l’intérêt historique de l’œuvre de Jean de Beins, ce pionnier de la #cartographie_moderne.


      http://www.ancien-eveche-isere.fr/3817-les-alpes-de-jean-de-beins.htm
      #Alpes #montagne #paysage

    • Une doctorante au laboratoire LARHRA
      Une thèse sur ce cartographe est en cours à l’Université de Grenoble :
      #Perrine_Camus :

      "Les Alpes intelligibles. Représentations cartographiques et paysagères dans les territoires de montagne au temps de Jean de Beins (1577-1651)"

      Espace habité autant que fantasmé, les Alpes sont, à la fin du XVIe siècle, un espace difficile à se représenter. Nombre d’images, qu’il s’agisse de cartes, de peintures ou de gravures apparaissent au début du XVIIe siècle. À partir de l’étude de sources iconographiques, ce travail de thèse a donc pour ambition de comprendre les processus qui permettent de rendre cet espace visible et compréhensible.

      http://larhra.ish-lyon.cnrs.fr/membre/631

    • Les Alpes de Jean de Beins : la carte et le paysage

      Aux merveilles du Dauphiné, si la liste en était encore extensible, on pourrait ajouter les cartes réalisées par le géographe Jean de Beins sous le règne de Henri IV. D’une clarté extraordinaire, elles permettent de s’immerger dans la vie alpine au tout début du XVIIe siècle. Loin de se contenter de localiser les lieux, le cartographe a mis en scène les villes et leurs systèmes de défense, les vallées et leurs cultures, les rivières et leurs gués, voire les armées et leurs stratèges. Des documents exceptionnels et jamais exposés à découvrir au musée de l’Ancien Évêché ! Par Perrine Camus, doctorante en histoire moderne à l’université Grenoble-Alpes.


      http://www.lalpe.com/lalpe-79-paysages-monde-a-fenetre

  • Lisez les Panthères en dehors de Panthère Première ! Hyperactives et multiformes, elles mènent d’autres projets en solo ou en collectif.

    À l’automne, Claire Richard a publié chez L’Échappée Young Lords. Une histoire des Black Panthers latinos.
    Et pour rencontrer l’auteure et discuter du livre, c’est le 26 janvier à l’Alimentari, à Montreuil.
    Courez-y, c’est palpitant, c’est radical, c’est beau.
    http://www.lechappee.org/young-lords

    Aude Vidal a coordonné On achève bien les éleveurs. Résistances à l’industrialisation de l’élevage, paru à l’automne chez L’Échappée et illustré par Guillaume Trouillard. On y trouve des entretiens avec Jocelyne Porcher, Jean-Pierre Berlan, le Groupe Marcuse, les fermiers du Pic-Bois, et d’autres qui nous racontent comment les logiques technocratiques s’immiscent dans l’agriculture et les rapports humain-animal.
    http://www.lechappee.org/on-acheve-bien-les-eleveurs

    Mais on peut aussi lire son petit opus bien envoyé, Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur. Go les bobos !
    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/egologie.html

  • Mes Datas et Moi : l’Observatoire
    https://www.mesdatasetmoi-observatoire.fr/article/adolescents-et-internet-des-pratiques-non-hegemoniques

    Par Cécile Dolbeau-bandin

    « Prendre soin, de la jeunesse et des générations »(1), c’est exactement ce que fait Anne Cordier ici. Elle s’appuie sur des observations de terrain, des rencontres et des échanges avec des adolescents âgés de 11 à 17 ans. Son enquête repose sur un travail de récolte de données commencé en 2009 et poursuivi en 2015 dans des collèges et lycées français. Elle y observe au quotidien leur rapport au numérique, aux médias sociaux et à l’information. Ses recherches qualitatives lui permettent de développer une meilleure connaissance des imaginaires et des pratiques développés par les adolescents ; et d’entrer dans « l’environnement informationnel, personnel et social de ces adolescents. » (2) Cet ouvrage s’appuie aussi sur de multiples recherches scientifiques françaises et internationales.

    Ces résultats inattendus vont à l’encontre des discours médiatiques et marketing et des thèses de M. Prensky et M. Serres concernant les jeunes. Selon elle, « ces discours ne traitent pas en réalité d’internet mais des potentialités de changement sociétal que renfermerait le numérique. » (4) Elle préconise comme P. Breton (2000) d’adopter un discours laïque des Technologies d’Information et de Communication (TIC) ; et de s’éloigner de ces préjugés pour comprendre et surtout mieux connaître les adolescents pour (enfin) les considérer « comme des êtres sociaux aux prises avec les conflits de la réalité qu’ils veulent comprendre, expliquer. »

    Ce livre fait écho à celui de d. boyd qui considère la complexité des dynamiques interpersonnelles des adolescents lors de leurs pratiques numériques. Les adolescents soulignent le plaisir qu’ils ont à être accompagnés par un tiers. Les médiateurs (enseignants, professeurs documentalistes, éducateurs, parents) ont bien leur place dans ce processus. Proposer aux jeunes des tablettes, des cartables numériques, des ENT (espace numérique de travail), TBI (tableau blanc interactif) ne suffit pas à l’école. Il leur faut des « mentors » pour guider, éduquer, former, informer, favoriser des échanges, identifier, nommer, repérer, classer, repérer les différents types de documents, aider, « faire du lien », démystifier, favoriser un regard critique, apprendre à questionner le réseau et ses principaux acteurs (9) et écouter avec bienveillance leurs requêtes. Il faut faire des ponts entre les adultes et les adolescents tout en ayant connaissance de leur pratique ordinaire de l’information numérique, afin de mettre à distance les outils numériques et la mystification dont ils font l’objet, et de favoriser un enrichissement mutuel entre les générations.

    #C&Féditions #Anne_Cordier #Adolescents #Culture_informationnelle

  • [Tutoriel] Serres Mobiles
    http://www.latelierpaysan.org/Tutoriel-Serres-Mobiles

    Les serres mobiles ont deux intérêts agronomiques principaux : l’anticipation / prolongation des cultures & la régénération du sol. En effet, l’insertion de la serre mobile dans un plan de culture adapté permet de ne pas surexploiter une seule parcelle sous tunnel fixe. Retrouvez l’article complet décrivant les usages agronomiques et la conversion à la mobilité des serres : Bonne lecture... Sur les formations à venir deuxième moitié de 2017 Nous pouvons accompagner en formation la conversion de (...)

    Actualités

  • Dominique Marchal, malade des #Pesticides, sera-t-il reconnu victime par la #Justice ?
    http://www.bastamag.net/Dominique-Marchal-malade-des-pesticides-sera-t-il-reconnu-victime-par-la

    Agriculteur à Serres en Meurthe et Moselle, Dominique Marchal souffre depuis 2002 d’une sorte de leucémie (le syndrome myéloprolifératif). Catherine Marchal, son épouse, soupçonnant dès le départ la responsabilité des herbicides et insecticides déversés par son mari sur ses champs de céréales, a décidé de faire analyser des échantillons de plusieurs des produits utilisés. « L’objectif, c’était de vérifier s’ils contenaient, ou non, du benzène, qui fait partie des causes reconnues du syndrome myéloprolifératif (...)

    En bref

    / Pesticides, Justice, Quelle agriculture pour demain ?, Santé , Menaces sur la santé (...)

    #Quelle_agriculture_pour_demain_ ? #Santé_ #Menaces_sur_la_santé_publique

  • Délire névrotique à la sauce solférinienne.
    Arrestation d’un dangereux terroriste présumé
    http://cafardages2.canalblog.com/archives/2016/02/01/33292408.html

    C’est le jeudi 14 Janvier dernier que la DGSI se met en rapport avec la brigade de gendarmerie de Réquista dans l’Aveyron : un terroriste présumé se préparerait à partir pour la Syrie faire le Djihad.

    Il n’en faut pas plus au brigadier-chef Jean-Loup Sanaïre pour mettre en place un plan épervier sur le Réquistanais. Une opération d’envergure qui a porté ses fruits puisque quelques heures plus tard, sur la D 902 qui relie la commune de Réquista à Cassagnes-Begonhès, le suspect barbu est intercepté au lieu dit « Le moulin de Clary ».

    A bord de son véhicule, une Citroën C15, c’est un vrai arsenal que découvrent les gendarmes : arme blanche de type couteau Laguiole en corne de vache Aubrac véritable, une hachette à manche fibré bi-matière de marque MacTruchon de chez Brico Pipo, un fusil de chasse a priori bien entretenu, une cartouchière richement fournie de plombs Tunet n°6 ainsi qu’un sac complet d’engrais Monsatanas qui entre, notamment, dans la composition de certaines bombes artisanales.

    Le suspect, Raymond Cubombet, un Réquistanais de 57 ans jusqu’alors inconnu des services de la gendarmerie, est immédiatement placé en garde à vue pour y être interrogé. Ce n’est que 7 heures plus tard qu’il en ressortira libre mais choqué par cette expérience. Il témoigne :

    « Bon, c’est vrai que cet été, entre le fauchage, l’agnelage tardif et les moissons, raconte-t-il, j’ai pas trop eu le temps de faire du bois… On s’est vite retrouvé à court à la maison avec les températures de ces jours-ci ! Du coup, j’ai appelé mon épouse sur mon Nokia pour lui dire que je partais pour la scierie. Acheter des chutes de bois quoi… C’est moins cher… Je pensais pas me retrouver au trou ! »

    Une bavure qu’ont bien du mal à dissimuler les gendarmes de la petite bourgade. Le brigadier-chef Sanaïre s’explique :

    « Dès le début de l’interpellation on a eu des doutes. Alors qu’on s’attendait à entendre ‘Allahou Akbar’ comme il est de coutume avec les terroristes, le suspect n’arrêtait pas de répéter ‘Diou me damne ! Diou me damne !’ à tout bout de champ. »

    Il a donc fallu que Raymond Cubombet apporte la preuve de ses bonnes intentions pour finalement être mis hors de cause.

    « Bon, c’est vrai que je porte la barbe, reconnaît-il. Mais ça fait 40 ans que je la cultive ! Vous savez, il fait pas chaud l’hiver ici, et la seule fois où je l’ai rasée, ma femme ne m’a plus parlé jusqu’à ce qu’elle repousse… Après, ils m’ont reproché d’être basané. Moi je veux bien, mais quand on a passé presque 60 ans de sa vie le cul dans un Massey (Note de la rédaction : diminutif pour la marque Massey-Ferguson qui est au tracteur ce que Harley-Dadidson est à la moto) à bronzer derrière un pare-brise, ça tanne la peau vous savez… »

    Et quand on demande à Raymond de s’expliquer sur les armes retrouvées à l’intérieur de son véhicule, il n’est pas avare d’arguments.

    « Ben, la hachette c’était pour faire du petit bois, c’est plus pratique pour allumer le feu. L’engrais, c’est pour les champs. Je venais juste d’aller le chercher à la coop’. Et le fusil c’était pour tuer un ou deux lièvres cet après-midi mais c’est foutu maintenant… Ils m’ont coupé la chique avec leur histoire de terroriste… Quant au couteau, c’est traditionnel. Vous connaissez beaucoup d’Aveyronnais qui porte pas de Laguiole sur lui, vous ? En plus ça permet de me couper un bout de saucisse sèche en cas de fringale. »

    Un bout de saucisse sèche qui a changé le destin de Raymond Cubombet puisque, en menant leurs investigations, les gendarmes ont retrouvé un bout de ladite charcuterie estampillée « Serres d’Alban » dans un coin de la boîte à gant, le mettant définitivement hors de cause.

    La DGSI s’est longuement excusée pour le désagrément occasionné expliquant : « On est un peu tendus en ce moment. »

    Véronica Lash

  • Les paysans grecs se préparent à des lendemains d’élection difficiles
    http://www.rtbf.be/info/economie/detail_les-paysans-grecs-se-preparent-a-des-lendemains-d-election-difficiles?id

    « C’est absurde ce qui se passe dans ce pays, maintenant nous allons voir le secteur agricole s’écrouler à son tour », soupire cette mère de deux enfants, dont le mari a quitté un emploi dans l’industrie textile en difficulté pour l’accompagner dans la reprise d’un élevage de vaches près de Serres (Nord).

    L’ajustement fiscal prévu pour les agriculteurs compte parmi le long catalogue de mesures et de réformes exigées de la Grèce pour obtenir un troisième plan d’assistance financière en cinq ans. D’ici 2016, ils verront leur taux d’imposition grimper par étapes de 13 à 26%, leurs contributions sociales augmenter et une ristourne sur le carburant passer à la trappe.

    Pour ces professionnels, jusqu’ici relativement épargnés par la rafale de hausses d’impôts infligées aux Grecs depuis 2009, c’est la perspective dans quelques années « de voir des villages abandonnés et les exploitations rachetées par des grandes entreprises. C’est ça le plan de l’Europe pour nous ? » s’interroge Thanassis Gegas, un agriculteur de 43 ans.

    #Grèce #agriculture #multinationales #grande_distribution #coopérative

  • Petit tour d’horizon des orientations d’Ivan Illich, par Olivier Rey dans Entropia en 2013. Sur le site de @tranbert.

    Olivier Rey, L’unité d’inspiration de la pensée d’Ivan Illich, 2013 | Et vous n’avez encore rien vu...
    http://sniadecki.wordpress.com/2014/05/23/rey-illich

    Par ailleurs, penser que le respect du proportionné est soumission pure et simple à la nature serait une erreur. En effet, il appartient à l’humain de ne pas être dans cette soumission pure et simple (ce qui ne signifie pas être dans l’arrachement radical) ; il s’agit de respecter les limites au-delà desquelles l’arrachement devient délétère. Illich prend au sérieux l’idéal moderne d’autonomie, mais il se rend compte que la voie suivie pour l’accomplir autant que faire se peut est mauvaise, parce qu’elle entraîne une perte du sens de l’approprié. À rebours, il invite à réélaborer un rapport au monde inspiré par le principe du proportionné – proportion entre les moyens et les fins, d’une part (pas de déchaînement technique pour remplir des tâches frivoles, ou qui pourraient être accomplies plus simplement), entre les fins poursuivies et les facultés de l’être humain d’autre part (ce que permet la technique doit demeurer commensurable avec les facultés humaines ; sans quoi, la technique humilie, asservit et défait l’homme au lieu de le servir). Il ne s’agit pas tant, ici, d’être antimoderne, que de prendre en compte les conditions à respecter pour que les promesses d’émancipation de la modernité soient tenues.

    J’aime bien la référence à Serres, haha :

    Freud reprochait à l’éducation de son temps de dissimuler aux adolescents les agressions dont ils étaient destinés à devenir l’objet :

    « En lâchant la jeunesse dans la vie avec une orientation psychologique aussi inexacte, l’éducation ne se comporte pas autrement que si l’on équipait des gens partant pour une expédition polaire avec des vêtements d’été et des cartes des lacs lombards. » [22]

    Avec Serres, Petite Poucette part pour les pôles en slip de bain et munie du plan d’un Center Parc.

    Pow.

    #Ivan-Illich #Olivier-Rey #philosophie #épistémologie #critique_techno #proportions

    • ce qu’il dit sur la proportion me fait penser à ce que dit Augustin Berque sur la notion d’échelle http://www.peripheries.net/article185.html

      Le mot qui cristallise tout, c’est le mot d’échelle. C’est l’image qui sert de point de départ au livre : l’un des sens d’« échelle » était autrefois celui de « port ». Le port permet de quitter une île, un monde clos, et de voguer vers d’autres mondes. On ne doit jamais l’oublier. La modernité, en établissant un système d’objets, en procédant par objectification, a nié le principe même d’échelle, qui est ce qui permet d’établir des relations ; c’est là un immense problème, car l’échelle est indispensable pour nous relier à la biosphère, qui est le fondement de notre existence.

      La perte de référence - la perte d’échelle - conduit à la fermeture sur soi d’un système. Or c’est d’abord faux : le logicien mathématicien Kurt Gödel a démontré que, pour prouver la validité d’un système, on est obligé de prendre une référence à l’extérieur. Donc, si vous voulez avoir un sens de vérité, vous ne pouvez pas le prendre dans le système lui-même. Et le besoin de vérité va avec le besoin de sens. C’est justement cela qui est terrible, dans le discours des intellectuels français : cette façon de clore le sens sur lui-même, dans des systèmes de signes. C’est une entreprise destructrice de la société - non pas la société dans le sens conservateur, réactionnaire, d’ordre social, pas du tout ! Mais dans le sens de ce qui permet d’être dans un monde. Là, vous êtes coincé dans un petit système, et il n’y a plus d’échelle qui vous ouvre vers le monde, le grand monde. Le grand monde, c’est-à-dire d’autres mondes.

      La logique du développement de la modernité est celle d’une déconnexion croissante entre tous les domaines : l’esthétique, l’éthique, le rationnel... Tout cela, on peut le résumer par la perte de cosmicité, la cosmicité étant un lien, ressenti par tous ceux qui vivent dans un certain monde, entre des domaines que le rationalisme moderne oblige à déconnecter, à ne pas mêler. Il ne s’agit pas, à l’inverse, de fondre tout cela dans un confusionnisme prémoderne, non ! Mais de voir, au-delà de la modernité, la nécessité fondamentale de trouver des liens. Parce que sans ça, vous n’arrivez pas à fonder le sens. Et si vous ne fondez pas le sens, vous ne faites plus tenir la société. Si le sens n’est pas fondé cosmiquement, cosmologiquement, vous n’avez pas le droit de l’imposer aux autres s’ils n’en veulent pas.

  • Serres : « Ce n’est pas une crise, c’est un changement de monde » - leJDD.fr
    http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Serres-Ce-n-est-pas-une-crise-c-est-un-changement-de-monde-583645

    Regardez le printemps arabe, le rôle des #nouvelles_technologies, le rôle des femmes alphabétisées dans ces pays, tout cela est déjà à l’œuvre. Et puis, reprenons l’histoire. En Grèce, avec l’#écriture, arrivent la géométrie, la #démocratie et les religions du Livre, monothéistes. Avec l’#imprimerie arrivent l’#humanisme, les banques, le protestantisme, Galilée, la physique mathématique… Il suffit de voir tout ce qui a changé lors du passage à l’écriture et à l’imprimerie. Ce sont des changements colossaux à chaque fois. On vit une période historique.