city:sevran

  • Paris : interdite de monter dans le bus à cause de sa jupe ? - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/paris-interdite-de-bus-parce-qu-elle-portait-une-jupe-03-05-2019-8065134.

    Trois jours après, la colère demeure toujours aussi vive. « Au XXIe siècle, dans la capitale des Lumières, c’est fou ! », répète Kamel Bencheikh, contacté par téléphone ce vendredi après-midi. Le poète algérien, auteur de l’ouvrage Préludes à l’espoir, rapporte l’histoire que lui a racontée sa fille Élise, 29 ans.

    Les faits remontent à mardi soir 23 heures. « Elise attendait le bus de la ligne 60 avec une amie, à l’arrêt Botzaris, aux Buttes Chaumont (Paris XIXe). Lorsque le véhicule est arrivé, elles n’étaient que toutes les deux. Le chauffeur les a jaugées, n’a pas ouvert les portières et a redémarré ».

    « Tu n’as qu’à bien t’habiller »

    « Le véhicule s’arrête quelques mètres plus loin à un feu rouge, poursuit l’auteur, également physicien. Ma fille a couru jusque la vitre du conducteur pour demander au chauffeur pourquoi il n’ouvrait pas les portes. » Toujours selon Kamel Bencheikh, « le machiniste lui a répondu, Tu n’as qu’à bien t’habiller en regardant ses jambes ».

    LIRE AUSSI >« Balance ton métro » : harcelées, agressées… des victimes racontent leur calvaire

    Sa fille et son amie restent plusieurs minutes sur place, estomaquées, avant de décider de prendre un taxi : « Ce type qui conduit un bus payé par mes impôts a empêché ma fille, titulaire d’un passe Navigo valide et donc en règle, qui n’a jamais rien eu à se reprocher de monter… Juste parce qu’elle portait une jupe », s’insurge encore l’auteur, né à Setif, en Algérie. Il décrit le chauffeur comme un homme « maghrébin » et « islamiste » (NDLR : des éléments de sa libre interprétation).


    L’écrivain Kamel Bencheikh s’est exprimé sur Facebook/DR

    De colère, Kamel Bencheikh publie un premier post virulent, puis un second sur Facebook. Mais il est censuré par le réseau social. « On me reproche d’inciter à la haine. Mais j’ai publié les faits parce que je voulais qu’ils soient repris. Pour dénoncer cette dérive », poursuit celui qui assume ses positions et se décrit comme un « militant anti-islamistes ». Son post Facebook commençait d’ailleurs par « Je revendique mon islamophobie ». Il affirme avoir, depuis, reçu des centaines de messages d’insultes via Messenger.
    « Il faut que la RATP s’excuse publiquement »

    « Je ne lâcherai rien », assure-t-il. Ce samedi, avec sa fille, il ira déposer une plainte : « Nous ne l’avons pas fait jusque-là, parce que ma fille est en déplacement, mais nous irons jusqu’au bout ». Ce qu’il souhaite : « Ce sont au moins des excuses. Il faut que la RATP s’excuse publiquement devant ma fille ». Il a également été contacté par Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des mères à Sevran (Seine-Saint-Denis).

    De son côté, sans plus de détails, la RATP assure que le machiniste sera entendu dans les prochains jours. Elle appelle également Kamel Bencheikh ou sa fille à rentrer en contact avec elle, s’ils le souhaitent.

    #sexisme #discrimination #jupe

    • Voyageuse refusée dans un bus : le chauffeur porte plainte pour « discrimination »
      https://www.nouvelobs.com/societe/20190510.OBS12721/voyageuse-refusee-dans-un-bus-le-chauffeur-porte-plainte-pour-discriminat

      (...) La ministre des Transports Elisabeth Borne et la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, avaient déclaré dimanche suivre « avec la plus grande attention le déroulement de cette enquête » interne de la RATP.

      « Mon client n’a aucune pratique religieuse affectant son activité professionnelle », a déclaré à l’AFP Me Samim Bolaky, dénonçant des « propos fallacieux » de Bencheikh et de sa fille.

      L’avocat a adressé jeudi au parquet de Paris une plainte pour « discrimination sur le fondement de l’appartenance, vrai ou supposée, à une religion déterminée » ainsi que pour « dénonciation calomnieuse » et pour « faux et usage de faux ».

      Selon lui, son client avait marqué l’arrêt mais les deux jeunes femmes « fumaient et continuaient à fumer devant les portes de son bus », qu’il n’avait donc pas ouvertes. Le chauffeur avait repris sa route et les deux femmes l’avaient rattrapé au feu rouge en lui demandant des explications.

      « Une dizaine de passagers occupaient le bus au moment des faits, et pourraient très facilement attester de la teneur des propos du conducteur de bus, qui n’a aucunement évoqué l’accoutrement des deux jeunes femmes », a ajouté l’avocat.(...)

  • Pas encore là, Europacity angoisse déjà les commerçants - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/04/11/pas-encore-la-europacity-angoisse-deja-les-commercants_1720690

    Aujourd’hui, ces commerçants tiennent boutique dans les rues, les centres commerciaux ou les marchés des communes d’Aulnay, Tremblay, Drancy, La Courneuve, Le Bourget, Dugny, Villepinte, Sevran, Gonesse, Roissy, Arnouville, Villiers-le-Bel et Garges-lès-Gonesse. Demain, ils en sont certains, leur chiffre d’affaires va s’écrouler, leur activité sera en péril et ils seront obligés de licencier.

    Ainsi, quand on les interroge sur l’impact d’#Europacity pour eux, ils sont 92% à craindre une diminution de leur chiffre d’affaires, qui leur paraît donc presque sûre. Et 34% à penser qu’ils devront peut-être mettre la clé sous la porte. Enfin, 25% estiment aussi qu’ils devront sans doute procéder à des licenciements.

    Au-delà de leur cas particulier, les commerçants prêtent-ils des effets positifs à l’arrivée de cet équipement hors normes pour le secteur ? Pas vraiment. Alors que l’attraction du touriste est la raison d’être d’Europacity, 46% seulement des sondés lui accordent cette qualité. Mais les trois quarts d’entre eux sont convaincus que les conséquences sur l’environnement et la circulation seront mauvaises.

    • Présentation résumée de #CARMA
      http://carmapaysdefrance.com/index.php/carma/presentation-resumee-de-carma

      Le projet CARMA (Coopération pour une Ambition agricole, Rurale et Métropolitaine d’Avenir) a démarré fin 2016 à l’occasion de l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris » , sur un site de 15 hectares situé à l’intérieur du #Triangle_de_Gonesse. Notre Groupement, qui s’inscrit dans le cadre de l’Economie Sociale et Solidaire, a été incité par de nombreux partenaires à poursuivre cette action et à lui donner toute sa dimension : un projet-phare de transition écologique pour le Triangle de Gonesse et les communes environnantes s’inscrivant dans le bassin du Grand Roissy.

      Le projet s’est développé sur les 670 ha des terres fertiles du Triangle de Gonesse, les #terres_agricoles les plus proches de Paris, à seulement 15 Km de son centre, en proposant la mise en place d’une démarche exemplaire au bénéfice du territoire, pour un cycle alimentaire sain et durable. La priorité était de répondre aux besoins des habitants du territoire.

  • De la France périphérique à la France des marges : comment rendre leur juste place aux territoires urbains marginalisés ? – Mathilde Girault, Carnet des études urbaines
    https://urbs.hypotheses.org/411

    Ce billet s’appuie en particulier sur la parution de l’ouvrage : Depraz S., 2017, La France des #marges, #géographie des #territoires « autres », Paris, Armand Colin, 288 p.

    Le Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, interrogé sur les ondes de France Inter le 28 mars 2018 au sujet de la politique de la ville en France, a déclaré que « le véritable enjeu pour notre pays, ce sont ces quartiers. On a beaucoup focalisé ces derniers mois sur le rural et l’urbain. Non : le vrai problème, c’est les quartiers, où finalement un certain nombre de jeunes désespèrent ». Cette réflexion venait répondre à la démission très médiatisée du maire de Sevran (Seine-Saint-Denis) qui entendait ainsi protester face aux difficultés de sa commune de banlieue parisienne et à la faible efficacité de l’action publique en faveur des quartiers prioritaires. Mais la phrase mentionne aussi, plus fondamentalement, une remise en question de la lecture binaire du territoire national opposant les métropoles, bien intégrées à la mondialisation, et la « France périphérique ». Cette théorie, développée par l’essayiste populaire Christophe Guilluy (2010 ; 2014), a été largement reprise derrière lui par les acteurs politiques les plus variés – la France périphérique désignant tous ces territoires à distance des métropoles, composés des petites villes de province et des espaces ruraux délaissés à la fois par la croissance économique et par l’action publique.

    Il est en effet temps de dénoncer avec force ce schéma de pensée dichotomique, tant il fausse la lecture des enjeux territoriaux en France et produit une sélection idéologique néfaste entre espaces en difficulté. La #France_périphérique, c’est une triple erreur intellectuelle.

    Edit article signalée par @lydie il y a 7 mois.

  • #Sevran (93) : feu à la rénovation urbaine
    https://fr.squat.net/2018/09/03/sevran-93-feu-a-la-renovation-urbaine

    Dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 août dans le quartier Montceleux à Sevran (Seine-Saint-Denis), deux pelleteuses d’un chantier oeuvrant à la rénovation urbaine, ont été incendiées. Ce chantier, dont l’entreprise COLAS, filiale du groupe Bouygues, est en charge, est situé entre les tours de la Belle Aurore et le foyer des Glycines. […]

    #actions_directes #Seine-Saint-Denis

  • Panthère Première » Le dilemme de Cologne
    https://pantherepremiere.org/texte/le-dilemme-de-cologne

    Été « burkini », bar de Sevran, femmes « en voie de disparition » à La Chapelle… Le débat public mêle allègrement féminisme instrumentalisé et racisme décomplexé. Entre le marteau et l’enclume, quel espace politique pour les femmes racisées ?

    Texte paru dans le numéro 1 de Panthère Première à l’automne 2017
    #féminisme #racisme #femme #islam #arabe #paternalisme #patriarcat

  • La première pierre d’une autre université : penser, refonder, bâtir

    Dans un manifeste, des lycéens, étudiants, universitaires, économistes, politiques et syndicalistes appellent à venir à Vincennes, samedi 2 juin à 17 heures, pour « bâtir ensemble ces universités qui seront les biens communs de la société que nous ambitionnons de construire ». « Cinq universités manquent, l’État se refuse à les créer ? Construisons-les ! », écrivent-ils.

    A celles et ceux qui se préoccupent de rendre de la conscience à leur vie, qui n’en peuvent plus depuis 30 ans des réformes mortifères, de la #compétition à outrance comme idéologie, seule créatrice de richesse, de la destruction de la culture, du rabougrissement des savoirs, nous lançons un appel à bâtir les nouvelles universités que l’État refuse de créer ! C’est à Vincennes, ce samedi 2 juin 2018 à 17h (Lac Daumesnil), que nous poserons la première pierre de l’Université en refondation et appellerons à lancer autant de chantiers que nécessaire partout en France.

    Dans le débat public sur l’Université, les questions les plus urgentes masquent des problèmes plus profonds. Ainsi, la comparaison entre l’algorithme APB et la mise en concurrence des étudiants et des universités par Parcoursup fait écran à des réformes plus souterraines : obsolescence programmée du baccalauréat, professionnalisation de la licence, réduction ou assujettissement des humanités, augmentation drastique des frais d’inscription, séparation de l’enseignement supérieur entre collèges universitaires paupérisés, dits « de proximité », et établissements « de recherche intensive visibles internationalement », dérégulation des formations diplômantes et transformations des statuts des universitaires.

    Toutes ces réformes pallient de faux problèmes créés de toutes pièces par la haute fonction publique pour masquer le sous-investissement chronique de l’État dans l’enseignement supérieur et la recherche. Alors que l’augmentation démographique de l’an 2000 et le désir grandissant des bacheliers de poursuivre leurs études conduit à un afflux de 150 000 étudiants en dix ans, l’État n’est plus à la hauteur de ce formidable élan : les budgets de l’Université stagnent et l’ouverture de postes d’enseignant-chercheurs diminue – 7000 postes de titulaires en moins depuis 2009. Le programme d’Emmanuel Macron avait pourtant raisonnablement chiffré les besoins à 2 milliards d’euros pour la recherche et à 2 milliards d’euros pour l’Université, mais l’arbitrage fait au nom du réalisme est sans appel : alors que nous sommes l’un des pays les plus riches du monde, il n’y aura pas un centime !

    Le problème des moyens masque lui-même d’autres questions, plus fondamentales, qui touchent à l’essence même de l’Université comme institution de diffusion et de mise en partage gratuit des savoirs produits par celles et ceux qui les créent. Force est de constater que les personnes qui président depuis quelques temps à la dénaturation du métier d’universitaire sont souvent les mêmes qui ne l’exercent pas ou plus et qui ne créent rien non plus. Comment expliquer que l’évolution des carrières universitaires consiste à toujours plus s’éloigner de l’enseignement et des premières années de Licence au fur et à mesure que l’on monte en grade, quand ces étudiants constituent précisément la future richesse de l’Université ?

    Nous entendons affirmer ici que le savoir n’est ni affaire de managers, ni affaire de bureaucrates et appelons à la refondation de l’Université. Retournons à ses sources, faites de liberté, de collégialité, d’exigence et d’émancipation. Plutôt que de fermer les universités aux classes populaires par le jeu de la sélection de Parcoursup, ouvrons-les ! Ce qui est en œuvre aujourd’hui, c’est une offensive généralisée contre toute possibilité de dire le vrai sur le monde et sur la société. Par le fléchage des crédits des laboratoires et l’imposition de réorientations thématiques, la recherche est de plus en plus soumise à des impératifs de rentabilité. L’instrumentalisation et la professionnalisation des disciplines visent à affaiblir les savoirs critiques en les soumettant au marché de l’emploi.

    Pour retrouver prise sur notre monde et le ré-inventer, il est nécessaire de ré-instituer l’Université comme lieu de pensée ouvert, en savoirs comme en actes. Pour engager ce chantier, nous entendons renouer avec l’idée d’Université expérimentale, telle qu’elle a pu émerger à Vincennes, il y a 50 ans, et mettre en œuvre une alternative au modèle aliénant de la concurrence généralisée. Nous aspirons au meilleur de la formation Universitaire, en nous réappropriant nos pratiques, débarrassées de l’emprise de la bureaucratie gestionnaire. Il s’agit, enfin, de faire pression sur l’État pour renouer avec les principes fondateurs de l’Université, conformes aux aspirations émancipatrices, et pour en obtenir les moyens.

    Cinq universités manquent, l’État se refuse à les créer ? Construisons-les !

    Nous appelons celles et ceux qui le souhaitent – architectes, maçons, charpentiers, ouvriers, universitaires (précaires ou non), lycéens, étudiants, parents ou simples citoyens – à bâtir ensemble ces universités qui seront les biens communs de la société que nous ambitionnons de construire. Retrouvons-nous à Vincennes pour poser symboliquement la première pierre d’une université renouvelée et en asseoir les fondations. Nous profiterons de ce moment pour débattre et affirmer que nous préemptons notre droit au savoir et que nous sommes déterminés à nous mettre en chantier, c’est-à-dire, avant tout, à faire. « Faire » est une qualité ; « faire » c’est envisager l’autre comme acteur, actrice, de son propre dépassement ; « faire », c’est juguler la fragmentation, l’isolement, l’individualisme et l’anomie qui dévitalisent notre société tout entière ; « faire », c’est mettre en chantier en engageant sa vie de la première pierre jusqu’à la fête inaugurale, dans un débordement permanent.

    Tant il est vrai que « créer, c’est résister, et résister, créer ».

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/310518/la-premiere-pierre-d-une-autre-universite-penser-refonder-batir
    #université #alternative #fac #résistance #manifeste #bien_commun

  • LesInrocks - Café « interdit aux femmes » à Sevran : un responsable de France Télé reconnaît un « bug »
    https://www.lesinrocks.com/2018/02/09/actualite/medias-actualite/cafe-interdit-aux-femmes-sevran-un-responsable-de-france-tele-reconnait-

    Un reportage décrié

    Dès le lendemain de la diffusion, les contestations se font entendre. Notamment de la part des habitants de Sevran et des habitués de ce bar PMU, qui affirment que leur café n’est pas interdit aux femmes. Dans une lettre ouverte publiée le 13 décembre 2016 sur RMC, le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, exprime son mécontentement face à ce reportage et fait remarquer un manque de respect.

    Sur le Bondy Blog, un habitant de Sevran s’insurge. Il soutient que "factuellement, ce café est avant tout un bar PMU. Un lieu de paris, un lieu de jeux. Lorsque le reportage nous parle de problème religieux, en mettant l’accent sur des personnes typées arabes, des femmes voilées, on comprend bien que l’on parle d’islam. Or, il me semble que les PMU ne sont pas vraiment des fiefs de radicaux prosélytes musulmans". Selon le Bondy Blog, le propriétaire du bar en question a porté plainte contre France Télévisions pour diffamation et provocation à la haine raciale en juin 2017.

    Un responsable de France Télévisions évoque un "bug"

    Plus d’un an après la diffusion d’un reportage, Hervé Brusini, directeur en charge du numérique et de la diversité à France Télévisions, a reconnu une erreur et évoqué un "bug" lors d’une audition devant la commission "image des quartiers" au Ministère de la Cohésion des Territoires le 29 janvier dernier. Accompagné de TF1, de BFM-TV et de Radio France, les médias y étaient invités à expliquer comment leurs rédactions représentaient les quartiers populaires.

    « Il y a eu un bug, oui, et un problème qui s’est manifestement posé avec ce reportage, a par la suite confirmé Hervé Brusini au Bondy Blog. Comment analyser ce bug ? Ça, je ne sais pas ? Je ne suis pas mandaté pour en parler. »

    #Fake_news

  • Enquête sur les petites mains du deal de #cannabis
    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2018/01/25/les-soutiers-du-deal_5246663_3224.html

    Selon le rapport publié fin 2016 par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et intitulé « Estimation des marchés des #drogues illicites en France », il réalise à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 1,1 milliard d’euros et compte plus de 240 000 personnes. Presque autant que #La_Poste.

    • Entre stress du « métier », violence du milieu et salaires de misère, de jeunes recrues racontent le quotidien des vendeurs et des guetteurs. Le business du cannabis emploie plus de 200 000 personnes en France.

      LE MONDE | 25.01.2018, Par Louise Couvelaire

      C’est indiqué en gras et en lettres capitales sur l’affichette postée sur la Toile : « On recherche guetteur. » « Profil recherché : jeune, physionomiste, maîtrise du deux-roues appréciée, respectueux envers les clients et les clientes », décrit la petite annonce avec barres d’immeubles et feuilles de chanvre en arrière-plan. « Horaires de travail : de 10 heures à 22 heures (adaptés aux horaires de vente). Prix : 100 euros/jour ». Comme s’il s’agissait d’une banale offre d’emploi.

      Le trafic de cannabis est un business – presque – comme un autre, un modèle de néolibéralisme avec ses grandes entreprises et ses PME, ses stratégies marketing habiles et son management impitoyable, ses patrons grassement rétribués et ses petites mains sous-payées. Mais sans syndicat. En France, il représente la moitié du marché des stupéfiants.

      Selon le rapport publié fin 2016 par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et intitulé « Estimation des marchés des drogues illicites en France », il réalise à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 1,1 milliard d’euros et compte plus de 240 000 personnes. Presque autant que La Poste.

      Un poids lourd de l’économie française, en somme, qui opère en toute illégalité mais recrute à tour de bras « des armées de larbins qui triment pour moins que le smic », dénonce un médiateur d’une cité des Yvelines. Le chercheur Nacer Lalam, coauteur du rapport de l’INHESJ, les appelle « le prolétariat du cannabis », dont les revenus ne font, le plus souvent, qu’assurer la survie. « Comme dans les entreprises normales, les patrons s’enrichissent, pas les employés », résume un officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.

      Un « boulot très ennuyeux et stressant »
      On l’appellera Marvin. Il a 22 ans et vend du shit dans un quartier de l’est de Paris depuis deux ans. Ce soir de janvier, frigorifié dans son petit blouson noir zippé jusqu’au menton, il attend le « clicos » (le client) sur un bout de macadam désert depuis cinq heures déjà. Il lui reste cinq heures de plus « à poireauter dehors », jusqu’à minuit. A intervalles réguliers, il étire son cou et balaye du regard les environs, histoire de s’assurer de l’absence de policiers. « C’est l’enfer, commente-t-il, la mine lasse. C’est un boulot à la fois très ennuyeux et très stressant. »
      Horaires à rallonge, pressions et craintes des représailles physiques sont le lot quotidien du jeune homme, dont le salaire hebdomadaire varie en fonction des ventes et de l’humeur de son patron : 450 euros maximum, 250 euros le plus souvent. Pas de quoi gagner son autonomie – il vit chez un cousin – ni mener grand train.

      « Vu tous les risques que je prends – les gardes à vue, la prison, les règlements de comptes –, c’est pas cher payé », se lamente-t-il.
      Loin des idées reçues et des fantasmes d’argent facile, le deal ne profite en réalité qu’à un petit nombre de personnes haut placées dans les réseaux qui, « par leur train de vie et leur visibilité quotidienne, assurent la publicité et la pérennité du contre-modèle qu’elles incarnent », écrit Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, dans son rapport de recherche sur « L’implication des mineurs dans le trafic de stupéfiant » (décembre 2016).

      « Ça gagne que dalle »
      A 19 ans, Amine (le prénom a été modifié) mène une carrière à faire saliver d’envie ses petits camarades qui se voient déjà au volant d’une berline aux vitres teintées. A 12 ans, il jouait les guetteurs contre quelques billets ; depuis ses 18 ans, en tant que chef des vendeurs, il empoche jusqu’à 250 euros par jour, prétend-il. De quoi entretenir son image.

      « Moi, ça se voit que je deale, j’ai toujours des nouvelles baskets et de nouvelles fringues, se targue le jeune homme, qui vend de la “beuh” dans le Val-d’Oise et espère obtenir un poste plus important d’ici peu. Mais le grand patron, lui, c’est un invisible. Personne dans la cité ne sait qui c’est. »
      Chouf (guetteur, chargé de prévenir de l’arrivée de la police), rabatteur (dont la mission est d’aller chercher le client), portier (quand le trafic a lieu au sein d’un hall d’immeuble), coupeur (conditionnement des sachets de shit ou de beuh), bicraveur ou charbonneur (vendeur)… « Tous ces postes sont nuls, ça gagne que dalle », lance Amine. De fait, cette main-d’œuvre bon marché turbine au bas de l’échelle pour quelques euros de l’heure dans des conditions de travail « infernales », martèle Marvin. D’où le fort taux de #turnover.



      Dans l’économie parallèle, les conflits sociaux se règlent souvent par la violence physique, et la concurrence s’élimine à coups de pompes et, parfois, à la kalachnikov. Si certaines têtes de réseaux optent pour une méthode de management « douce », voire paternaliste, d’autres emploient la manière forte. Retardataires tabassés, guetteurs brûlés à la cigarette lorsqu’ils ont tardé à alerter les vendeurs de l’arrivée de la police… Et malheur aux rabatteurs des cités voisines : « Ceux-là, si on les chope, on les fracasse », dit Amine. Même lorsque les trafiquants tentent une approche « courtoise », la menace reste l’argument massue.
      Cette affichette à destination des habitants, placardée dans le hall d’un immeuble de Seine-et-Marne, en témoigne : « Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour la gène occasionnée due au commerce au sein de votre bâtiment. De ce fait, il est de votre devoir de garder le silence et de ne pas coopérer avec la police. (…) Pour votre plus grand bien, nous vous recommandons de bien vouloir vous taire, à défaut de représailles. Nous vous remercions de votre compréhension et restons à votre entière disposition. »

      « C’est une histoire de dette »
      Meilleur vendeur de son réseau, Marvin a été roué de coups par son patron et menacé avec un couteau lorsqu’il a voulu démissionner. Le jeune homme n’attend qu’une seule chose : que la police démantèle son réseau et mette ainsi fin à son « cauchemar ». Son cas est loin d’être isolé, selon l’officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.
      « Toutes les méthodes et tous les prétextes fallacieux sont utilisés pour les prendre au piège, raconte-t-il. Le plus souvent, c’est une histoire de dette. »
      Faire crédit à un jeune consommateur local pour lui réclamer ensuite le remboursement immédiat de son ardoise est l’un des ressorts classiques de l’entrée dans le trafic. Le même mécanisme s’appliquera pour le contraindre à y rester. « Les gérants du réseau accusent un vendeur d’avoir perdu de la marchandise ou financent les frais d’avocats lorsqu’il se fait arrêter et réclament ensuite d’être remboursés sur le champ, poursuit le policier. Il n’a alors pas d’autre choix que de reprendre son poste. »

      Marvin est pourtant titulaire d’un CAP de menuiserie et rêve d’une formation en ébénisterie. « Cela fait plus d’un an que je cherche et que je ne trouve pas. Je n’ai plus le courage, confie-t-il. J’ai proposé mes services au dealer il y a deux ans parce que je n’avais rien : j’étais à la rue et sans emploi. Ils m’ont embauché tout de suite. »
      Avoir un rôle dans l’entreprise « virile » du trafic
      Là où l’économie légale leur ferme les portes, l’économie de la pauvreté, ou de la débrouille, prend le relais. « Le secteur des stups n’est pas discriminant et accepte les non-diplômés, principalement des jeunes hommes issus de milieux défavorisés, observe l’économiste Christian Ben Lakhdar, maître de conférences à l’université de Lille-II. C’est un marché du travail auquel ils ont accès. »
      Dans les quartiers où les taux de chômage et de décrochage scolaire atteignent parfois 50 %, « l’école de la rue » se substitue à l’école républicaine. « Des jeunes se pointent tous les jours pour du boulot, à l’heure d’ouverture des points de vente », raconte Amine.

      Pour la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (une coopération entre la Mairie de Paris et le département de la Seine-Saint-Denis), avoir un rôle dans l’entreprise « virile » du trafic procure au jeune le « sentiment intense d’exister » et la satisfaction d’obtenir un « statut » dans la cité, mais aussi d’accéder à une forme de normalité, en lui permettant d’avoir une place dans la société de consommation.
      « Demander à sa mère, c’est le cafard, estime le dealer du Val-d’Oise. Avec ses 1 200 euros par mois en tant que femme de ménage dans un hôtel, on ne va nulle part. Moi, je voulais de l’argent. »
      Ceux qui, comme lui, parviennent à gravir les échelons, « coffrent » leurs économies pour ouvrir un commerce légal le plus souvent. Les autres déchantent, sans un sou en poche mais avec un casier judiciaire bien rempli.

      #emploi_informel #caillasse

    • Les vendeurs de cannabis, des salariés comme les autres ? Le Monde, 25.01.2018, Louise Couvelaire

      Capacité à prendre des risques, compétences en marketing… des initiatives tentent de valoriser l’expérience des dealeurs pour les aider à s’en sortir.

      Ce n’est pas le genre d’expérience que l’on peut inscrire sur un CV ni faire valoir lors d’un entretien d’embauche. Pourtant, Sofiane (le prénom a été modifié), 17 ans, est un patron avant l’âge. Il n’est pas encore sorti de l’adolescence qu’il s’exprime déjà comme un homme d’affaires aguerri. Faussement nonchalant, les mains dans les poches de son survêtement siglé d’un blanc immaculé, il parle « recrutement », « stratégie marketing » et « fidélisation du consommateur ».

      En quelques années, il a gravi les échelons de son organisation du Val-de-Marne à une vitesse record, passant de livreur de sandwichs à « bras droit » du « big boss » chargé du management, de la comptabilité et des importations. Une succession de postes qu’il a occupés à temps plein depuis l’arrêt de ses études, en classe de 3e. Mais sa carrière s’est arrêtée net un matin d’avril 2017, lorsque les policiers ont enfoncé la porte du domicile de sa mère. Son interpellation s’est soldée par un séjour de quatre mois à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne).

      Sofiane dirigeait un « four », un point « chaud » de deal de résine et d’herbe de cannabis, réalisant un chiffre d’affaires de 6 000 euros par jour en moyenne et employant une trentaine de personnes. « Faire tourner un trafic de stups, c’est comme gérer une société, lance-t-il. Donnez-moi les clés de n’importe quelle entreprise et je vous garantis des bénéfices. » Son aplomb masque mal une réalité dont il a conscience : son ascension fulgurante dans le deal ne lui ouvrira pas les portes du CAC 40.

      Savoir-faire comptable et commercial

      « Certains dealeurs sont pourtant très ingénieux et développent de vraies capacités, souligne Karima Esseki, éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse. Mais ce n’est pas comme ça que la société les voit. » Face à une politique répressive que beaucoup jugent inefficace, certaines initiatives tentent une nouvelle approche : repêcher les acteurs de l’économie souterraine pour en faire de bons élèves de l’économie légale.

      Effacement du casier judiciaire, processus de valorisation de l’expérience acquise, transfert de compétences…

      « L’idée est de modifier la posture que l’on a face à eux, explique Emmanuel Meunier, de la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (coopération entre la Mairie de Paris et le département de la Seine-Saint-Denis). La plupart sont en totale perte de confiance en eux, ils sont persuadés qu’ils ne savent rien faire et que la société ne veut pas d’eux. Or, les aptitudes qu’ils acquièrent sont souvent proches de celles recherchées dans l’économie classique. »

      Capacité à prendre des risques et à juger des rapports de force, savoir-faire comptable et commercial, habiletés en communication et en management, ponctualité, don d’observation, résistance au stress… Parmi la liste des « connaissances acquises » les plus citées figurent aussi les stratégies marketing, calquées sur celles des industriels.

      Une filière d’apprentissage parmi d’autres

      « La plupart de nos clients sont des petits-bourgeois parisiens, raconte Sofiane. Il faut s’adapter pour les fidéliser. » De plus en plus de dealeurs appâtent désormais le chaland grâce à des opérations de promotion – « jusqu’à minuit, 1 gramme acheté, 0,5 offert » –, du merchandising (briquet offert, feuilles de papier à rouler…), un packaging léché (couleurs pop, liserés dorés…) et une diversification du réseau de distribution par la mise en place de « drive » et de livraisons à domicile. « Les vendeurs-livreurs développent une vraie relation clientèle », juge un officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.

      Le deal, une filière d’apprentissage parmi d’autres, en quelque sorte, dont ils sont plusieurs milliers à sortir chaque année. Dans ce secteur, on fait rarement de vieux os. « Passer son temps à regarder derrière soi, c’est pas une vie », confie Sofiane. A part quelques têtes de réseau, la plupart quittent le métier avant 25 ans.

      « Au-delà, ceux qui n’en sortent pas sont perçus comme des cas sociaux, rappelle Luc-Henry Choquet, coordinateur du livre Protéger la jeunesse contre l’usage et le trafic de drogues (LEN, 2017), distribué à 1 500 éducateurs. La norme sociale reprend le dessus. »

      Pour le chercheur Nacer Lalam, de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, « le recours quasi systématique à la violence pour gérer les conflits est une limite au principe de “compétences transférables” ». Un obstacle qui peut être levé, selon Omer Mas Capitolin, de la Maison communautaire pour un développement solidaire, à Paris. « Lorsque l’on sort du deal, on sort de la violence, dit-il. Comme on ne se retourne plus toutes les trente secondes dans la rue pour vérifier que personne ne veut vous régler votre compte, la pression baisse mécaniquement. » Et de tempérer : « C’est au cas par cas, en fonction de la sensibilité de chaque jeune. »

      Expériences fictives

      Encore faut-il faire oublier son passé pour avoir les meilleures chances de se reconvertir. Certaines associations acceptent ainsi de combler rétroactivement les trous figurant dans le CV, en attestant d’expériences fictives. D’autres organismes vont plus loin, comme le Collectif jeunesse prévention des conduites à risques de la ville de Sevran (Seine-Saint-Denis) : depuis septembre 2016, il facilite les démarches légales d’effacement du casier judiciaire, avec une permanence juridique hebdomadaire tenue par une avocate et un conseiller d’insertion.

      « L’aspect le plus délicat à traiter dans ce processus [de reconversion], c’est celui du cash immédiat, estime Omer Mas Capitolin. Ces jeunes avaient l’habitude de toucher des sommes en liquide régulièrement, et, d’un coup, plus rien. »
      Depuis quelques années, il participe à un programme baptisé « Paris par rues méconnues ». Le principe ? Faire de ces jeunes, dans un délai record, des guides touristiques de leur quartier, « qu’ils connaissent mieux que personne », afin de leur procurer au plus vite un salaire de remplacement, le temps qu’ils trouvent un emploi plus pérenne.

      #dealeurs #Business_School_of_the_streets #livreurs

  • Mathieu Rigouste‏
    @MathieuRigouste

    #Complotisme
    Les gens sont cons, ils croient qu’on leur a menti sur le financement de la campagne Sarko, sur l’amiante, la colonisation, le sang contaminé, l’égalité femmes-hommes, le Rwanda, les emplois fictifs, la justice sociale, les irlandais de Vincennes, les armes de Sadam, l’affaire Adama Traore, la guerre d’Algérie, la couleur de peau de Jesus, l’honnêteté de Fillon, le bar de Sevran interdit aux femmes, les diamants de Bokassa, les bébés de l’hopital de Benghazi, les ventes d’armes, le nucléaire, la neutralité de la justice, l’égalité des chances, la culpabilité de Dreyfus, le ruissellement et la main invisible, les frégates de Taïwan, la caisse noire de l’UIMM, les armes de la ZAD, la mission civilisatrice, le trou de la sécu, la casse de l’hôpital Necker, l’uranium au Niger, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

  • Pannes d’ascenseurs : à Bobigny, ras-le-bol à tous les étages - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/30/pannes-d-ascenseurs-a-bobigny-ras-le-bol-a-tous-les-etages_1613705

    Dans un immeuble de la ville de Seine-Saint-Denis, les deux élévateurs de la tour de 15 étages sont souvent à l’arrêt. 50 000 personnes ont signé une pétition adressée à Macron et une cinquantaine se sont réunies dans le hall.

    Lundi soir, une cinquantaine d’habitants ont réfléchi tout haut sur leur condition dans un hall de HLM. Et verbalisé la routine de leur bâtiment de quinze étages situé à Bobigny, au 19 rue René Camier : les pannes fréquentes et anarchiques de leurs deux ascenseurs. Première séquence : un trentenaire en tee-shirt assure qu’il y a quelques semaines, il a manqué de perdre son boulot en restant bloqué à l’intérieur de l’un d’eux. Gros retard, son chef s’est fâché. Il précise qu’il est employé à la Rotonde, « là où Macron mange ». Qu’il voulait arrêter de payer les loyers pour faire passer un message fort. Son épouse l’en a dissuadé. La peur de l’expulsion, le stress du conflit.

    Seconde séquence : une dame s’assoit dans un coin, sur une chaise apportée par une voisine, avec un nouveau-né dans les mains, tout de rose vêtu. Elle raconte sa grossesse à grimper et dévaler les marches, et sa hantise, au moment d’accompagner son aîné à l’école, que ce dernier oublie quelque chose à la maison. Cela signifiait devoir remonter le ventre arrondi, redescendre, puis une fois le môme déposé en classe, remonter encore. Comme dans chaque récit du même type, on conclut en relativisant : il y en a des encore moins bien lotis. Les malades, les claustrophobes, les personnes âgées qui s’essoufflent plus vite que les autres dans la faible lumière jaune de la cage d’escalier étroite.

    Une retraitée se souvient de l’un de ses coups de fil au bailleur : « Au téléphone, on m’a dit "je vous comprends" après une panne. J’ai répondu "non, vous ne me comprenez pas car vous ne me connaissez pas". » Un quinqua du voisinage, venu soutenir le mouvement, déroule quelques mots clés, parmi lesquels « sans dents » et « sans voix ».

    Maison hantée

    Les dizaines de témoignages convergent tous : les dysfonctionnements réguliers, qui pourrissent les journées, les nuits et les week-ends, finissent par alourdir les têtes. Le renoncement à recevoir des invités, la sensation de se faire avoir, l’attente du réparateur, la flemme de sortir en pensant à une potentielle ascension au retour, l’angoisse de l’accident, l’obligation de stocker ses courses dans la voiture quand la machine a lâché. Parfois, il arrive que des résidents écartent eux-mêmes les portes quand ils restent coincés entre deux étages. Comme s’ils avaient été engloutis par une bête de fer aveugle. ICF Habitat la Sablière (le bailleur) qualifie cela de « vandalisme » (les pièces s’abîment), les locataires de « démerde » (le sauvetage peut traîner en longueur). Deux mères du onzième étage décrivent une scène de maison hantée. Un jour, les portes de l’un des ascenseurs se sont mises à claquer toutes seules. Il a fallu caler un objet pour s’épargner le boucan en attendant le réparateur.

    Au milieu de la mini-foule, Fouad Ben Ahmed, militant local, met en garde contre les dangers de la résignation et des comportements que celle-ci fabrique. En aparté, il dit : « Dans les milieux modestes, on intériorise trop vite l’idée que l’on mérite ce qui nous arrive. » Puis : « Le projet n’est pas de laisser éclater sa colère une fois ou deux sur la place publique. C’est de travailler sur la durée : il faut que les habitants se réapproprient leurs combats. »

    Avant le premier tour de la présidentielle, quelques membres de l’équipe de Benoît Hamon s’étaient retrouvés à Bondy pour dérouler des propositions sur le long terme à mettre en place dans les périphéries. L’emploi, l’éducation, la lutte contre les discriminations. La séance d’échanges avec le public a tourné en questionnements sur le très court terme. Comment faire quand des dealers planquent de la came dans le cartable des gosses ? Et comment vendre l’égalité à des personnes qui n’arrivent même pas à jouir de leur ascenseur dans des blocs vétustes ? Gros blanc - ce n’était pas prévu. Ce qui se passe actuellement au 19 rue René Camier : la politique dans sa dimension la plus pragmatique.

    A la mi-novembre, Christie et Karima, deux locataires, ont contacté via Facebook Fouad Ben Ahmed, 41 ans, encarté au Parti socialiste, lui-même originaire de Bobigny et référent d’un collectif nommé « Plus sans ascenseurs ». Ils s’étaient ensuite retrouvés un jeudi soir dans l’immeuble malade pour faire du porte-à-porte et sonder les familles. Réactions schizophréniques dans les étages, entre le soulagement d’extérioriser le malaise et la lassitude de rabâcher le champ lexical de la défaite, celui qui fait dire que c’était mieux avant et que tout va de mal en pis à l’intérieur de l’immeuble, mais aussi à l’extérieur.

    Sur son palier, une maman longiligne à lunettes s’était étonnée du décalage entre la communication de la mairie et la situation précaire des destinataires. « Je voulais écrire "MDR" [mort de rire, ndlr] sur l’un de leur courrier. Car je pensais que nous étions invisibles. » Devant sa porte entrouverte du quinzième étage, un trentenaire barbu en survêtement râle contre les plus jeunes. « Ils constatent que l’ascenseur ne fonctionne pas et ça les fait marrer. Pourquoi cela ne provoque pas une autre réaction ? Je ne comprends pas. »

    Une pétition en ligne lancée par le collectif - apolitique - en est presque à 50 000 signataires. Le destinataire : Emmanuel Macron, président de la République. La genèse du mouvement : en juillet 2016, Martine Fontaine, en fauteuil roulant, sèche une paella entre amis, lesquels s’inquiètent de son absence. L’ascenseur de son immeuble d’un autre quartier de Bobigny était en rade, ça faisait des semaines qu’elle ne quittait plus son appartement. Des médias s’intéressent au cas de la dame, immobilisée après des pépins de santé, le bailleur se presse pour régler la situation en quelques jours. Victoire symbolique. Sur les réseaux sociaux, des habitants de Seine-Saint-Denis profitent de l’opportunité pour alerter sur leur situation dans des blocs de Sevran, Aulnay-sous-Bois ou encore Epinay-sur-Seine.

    Palliatif

    700, 800, 900 euros : les locataires du 19 rue René Camier aiment à rappeler le prix des loyers. Christie, trentenaire aux yeux bleus qui vit au douzième, s’interroge. En substance : est-ce normal d’avoir parfois honte de l’endroit où l’on vit ? Et pourquoi faut-il tant de temps pour mobiliser autour d’une cause si concrète ? L’amicale des locataires a disparu depuis des lunes, faute de tauliers pour la faire tourner. Il est désormais question de la reconstituer. Entendu plusieurs fois dans ce coin-ci de Bobigny, sur le ton de la fatalité : l’individualisme grignote de plus en plus dans les quartiers populaires, qui comptent parmi les fiefs historiques de la solidarité - érigée traditionnellement par ceux qui y vivent en palliatif aux manques de moyens. Marcella, auxiliaire de vie sans emploi, habitante de la ville et membre de « Plus sans ascenseurs » : « Le boulot fatiguant, les distances avec la maison, l’éducation des enfants, le poids des factures : c’est un tout dans les milieux très modestes. Est-ce qu’on est toujours conscient de ce que l’on vit ? On finit par accepter parce que le quotidien aspire tout. »

    Etau

    Du côté d’ICF Habitat la Sablière, un responsable admet que les équipements sont fatigués au 19 rue René Camier. Avance que près de la moitié des pannes sont dues à des actes de vandalisme, dont l’ouverture forcée des portes : « Des gamins sautent dans la cabine, des gens urinent à l’intérieur, ce qui use les pièces. » Pointe du doigt des dealers que les pannes arrangeraient pour contrôler les allées et venues. « Je ne dis pas que c’est la cause du problème, simplement un constat. » Ironie, l’immeuble est situé à deux pas du commissariat, à quatre du tribunal.

    Quelle que soit la configuration, les locataires trinquent à la fin. Etau. Fouad Ben Ahmed : « Plus c’est sale et en mauvais état, moins certains respectent. Il faut remettre à neuf. Une fois que ce boulot est fait, la pédagogie commence auprès des habitants. Et les sanctions financières éventuellement prises par le bailleur pourront être transparentes : on verra clairement ce qui a réellement été dégradé ou sali. » Mardi, le collectif a reçu l’assurance du bailleur que le changement d’ascenseurs serait prévu dans le budget de l’année 2018. Et qu’il recevrait une délégation de locataires pour discuter. La veille, le soir du rassemblement, des habitants se sont mis à évoquer la saleté dans les parties communes. Karima, feuilles de papier et stylo à la main, les a conjurés de patienter. Un problème après l’autre, sinon, la revendication de départ se noie. Tout finit alors par se mélanger et du coup, plus personne ne s’écoute.
    Ramsès Kefi Photo Cyril Zannettacci

    #pauvreté #quartiers_populaires #hlm #ascenseurs
    Où ce genre de situation peut-elle perdurer si ce n’est dans les cités où vivent les noirs et les arabes ?

  • L’Académie Française un organe d’état pour la promotion du racisme et de la misogynie ;

    « L’un des objectifs de la campagne #balancetonporc était de noyer le poisson de l’islam : oubliée Cologne, oubliée la Chapelle-Pajol, oubliés les cafés interdits aux femmes à Sevran ou Rillieux-la-Pape, on traquait le sexisme là où il était une survivance honnie et l’on couvrait du voile pudique de la lutte contre les discriminations les lieux où il façonnait encore les mœurs. »

    et

    « L’écriture inclusive prétend remonter aux origines du mal. Le pouvoir des hommes commence dans les mots, affirment ses partisans. Alors, pour extirper les racines du viol, ils disent mécaniquement “celles et ceux”, “chacune et chacun”, “toutes et tous”, ils écrivent besogneusement “Les Marseillais·e·s ont déferlé” ou “vos député·e·s En marche !” et ils abîment un peu plus, par ce bégaiement ridicule, une langue qui n’avait vraiment pas besoin de ça. L’écriture inclusive est l’inepte caricature du féminisme originel. »

    « féminisme originel » Ah ces féministes quelles bande de pécheresse.
    Je sais qu’il y a pas grand chose à dire de #Finkielkraut mais comme c’est un de nos académicien j’archive ce que dit ce représentant de l’état sacré « Immortel » par la République Française.

    #racisme #islamophobie #misogynie #masculinisme #antiféminisme et n’oublions pas le #capacitisme ou #validisme avec sa moquerie du béguayement.
    #académie_française

  • À Aulnay-sous-Bois, les échauffourées se poursuivent après la mort d’un jeune homme
    Bondy Blog | mercredi 27 septembre 2017 |Par Alban Elkaïm
    http://www.bondyblog.fr/201709271708/a-aulnay-sous-bois-les-echauffourees-se-poursuivent-apres-la-mort-dun-jeun

    À l’origine de ces tensions, le décès de Yacine, 24 ans. Il a été retrouvé sans vie le 14 septembre dans la cave de son immeuble situé dans le quartier Savigny dans des circonstances troubles : face contre terre, le pantalon baissé et une barre de fer sous son corps. Dans un communiqué de presse publié le 15 septembre, le parquet de Bobigny indique que l’autopsie n’a “pas révélé de traces de coups susceptibles d’entraîner le décès et conduit à écarter l’hypothèse d’une mort violente ”. Le lendemain, il a fait savoir que l’analyse toxicologique a “ révélé la présence de cocaïne à un taux très élevé compatible avec un décès par surdose ”.
    #Yacine #Aulnay-sous-Bois
    Les proches de Yacine soulignent plusieurs zones d’ombre dans cette version officielle et réclament une nouvelle autopsie. Ils relèvent notamment des hématomes sur le visage qui ressemblent à des marques de coups. “ Quand on nous ment ouvertement, on nous dit qu’il a juste une trace sur le front et ensuite quand vous voyez son visage… ça n’est pas normal. On n’accuse personne. On voudrait juste pouvoir faire la contre-autopsie, pour que tout le monde connaisse la vérité et que ma mère puisse faire son deuil ”, demande Billel, le grand frère de Yacine.

    La manière dont l’enquête a été menée me dérange, poursuit le trentenaire. Les enquêteurs concluent tout de suite à l’overdose. Ils font une perquisition chez nous. La scène de crime a été laissée ouverte et sans surveillance, ce qui n’a pas permis de préserver les indices éventuels ”. Pour déposer une plainte pour “homicide volontaire contre X”, “ ça a été le parcours du combattant”, témoigne Billel. On m’a envoyé de commissariat en commissariat : Bobigny, Aulnay, Montreuil, Sevran, Aulnay à nouveau où j’ai enfin pu enfin déposer plainte ”, raconte-t-il, d’une voix fatiguée, le ton usé. “ Je travaille, je paie des impôts… La police n’est pas là que pour nous verbaliser. Elle est aussi là pour nous protéger et nous aider. Ils doivent jouer leur rôle quand on a besoin d’eux ”.

    #Yacine #Aulnay-sous-Bois

  • La Chapelle, Sevran, Francfort, le burkini... Comment se créent et se propagent les “paniques identitaires”
    https://nantes.indymedia.org/articles/37883

    La mobilisation de Parisiens contre les trafics et le harcèlement de rue dans leur quartier du 18e arrondissement s’est muée en une accusation contre la population migrante et musulmane. Un phénomène comparable à d’autres situations d’hystérie collective nées de faits divers exagérés ou transformés.

    #anti-repression

  • Entre racisme et sexisme : retour sur la polémique de #La_Chapelle
    https://www.mediapart.fr/journal/france/240517/entre-racisme-et-sexisme-retour-sur-la-polemique-de-la-chapelle

    Le quartier de La Chapelle à Paris serait-il devenu un coupe-gorge pour les femmes, au point que celles-ci n’oseraient plus sortir de chez elles ? Relayée par Le Parisien, une pétition suscite la polémique depuis plusieurs jours, rappelant les débats occasionnés à la suite de Cologne et Sevran.

    #France

  • Les habitantes du quartier La Chapelle répondent au journal « Le Parisien »
    https://blogs.mediapart.fr/la-chapelle-en-lutte/blog/210517/les-habitantes-du-quartier-la-chapelle-repondent-au-journal-le-paris

    Reprenant une campagne de stigmatisation des réfugiés orchestrée par les Républicains, un article du Parisien prétend que le quartier La Chapelle (18° arrondissement) serait dangereux pour les femmes. Les habitantes répondent dans une vidéo : le problème ce n’est pas les réfugiés, c’est votre propagande xénophobe qui salit notre vie de quartier ! Source : La Chapelle en lutte

    • Pour bien connaître le quartier puisque j’y habite, mon expérience est conforme à cet article. C’est vrai que la place de la chapelle c’est le chaos, la pollution, la bousculade, une quantité d’hommes qui stationnent impressionnante, des voitures dans tous les sens qui klaxonnent continuellement et s’engagent sur les passage piéton, des trottoirs étroits et occupé par les vendeurs de clops, casque audio, téléphones et autres et les migrants qui dorment rue Pajol en errance. J’ai pas vécu de harcelement de rue dans le quartier. J’ajoute que je suis toujours avec mes écouteurs dans la rue lorsque je suis seule, ca me rend moins réceptive à ce que les hommes peuvent me dire. Aussi je n’aime pas la proximité physique et traversé la zone est quant même éprouvante alors je doit avoir une mine assez renfrognée quant je passe par là et j’évite tous les regards comme les petits singes en Inde quant ils sont en surpopulation près des temples à l’heur des repas. Du coup on me fiche la paix.
      Je suis bien d’accord avec le fait que le problème viens de l’aménagement de la zone mais si la zone est aménagé l’augmentation des loyers va participé à la gentrification du quartier et ces homme vont devoir trouver un autre endroit pour leur activitées ou non activitées, cette fois probablement hors de Paris. C’est déjà le cas avec la hall Pajol aménagée récemment et où des sans abris s’étaient installés qui est surveillé depuis par des vigiles. L’article évoque les loyers, je pense que les loyers d’un bout à l’autre de la rue Pajol doivent être bien différents. Et si le problème d’aménagement du quartier est résolu ces hommes en seront chassés et avec eux les femmes et les enfants des classes populaires.
      L’instrumentalisation du féminisme auquel on assiste depuis au moins 20 ans (via les « voiles », « burqa », « burkini ») me semble de plus en plus forte et difficile à contrer. Merci pour ce texte qui me concerne doublement, et qui me permet d’avancer dans ma réflexion.


    • Question naïve (et facile) : quel genre d’hommes cette photo (prise et publiée par Femen France) stigmatise-t-elle ?
      https://lignesdeforce.wordpress.com/2017/05/22/quand-femen-sinspire-de-torchons-racistes

      Quand #Femen s’inspire de torchons racistes
      Lisez cet appel de Femen France : les deuxième et troisième paragraphe sont recopiés dans Le Parisien libéré, journal de gauche et féministe bien connu ! Le « sentiment d’insécurité » qui suit appartient au vocabulaire des #journalistes, des marchands de peur et des politicards.

      Oh ! certes, Femen France se défend – sincèrement je n’en doute pas – de tout racisme. Seulement à force de pratiquer le militantisme politique comme on mène des campagnes publicitaires, en sautant sur toutes les occasions de rameuter les photographes, on finit par tomber dans les pièges médiatiques les plus grossiers.

      Au passage, je ne vois pas la différence entre les fabricants de lingerie et Femen (les unes ont d’ailleurs posé pour les autres) : il s’agit toujours de mettre de la femme dénudée à la une pour vendre son produit. Faire seins nus (comme on dit sur les plages) ne peut éternellement tenir lieu d’analyse des rapports de genre.

      Une remarque pour finir : les personnes qui écrivent, à propos de n’importe quelle question sociale « La réponse à cette situation ne peut-être exclusivement policière » sont des ordures ou des crétins, supplétives toutes trouvées de la flicaille et des gens de plume chargés de les justifier.

      Ces dégueulasseries une fois pointées, redisons que oui ! le monde sexiste est hostile aux femmes, y compris aux simples passantes, et que cela doit être combattu. Les féministes, qui organisent par exemple des manifestations de nuit pour se réapproprier la ville, n’ont pas attendu les Femen pour s’en préoccuper.

      #La_Chapelle #Claude_Guillon

    • Cette histoire me rappel qu’Anne Hidalgo avait un projet d’aménagement de 7 places parisiennes : https://www.paris.fr/vosplaces
      mais ce sont 7 places dans des quartier moins populaires, rien de prevu pour la « place » de la chapelle.

      Aussi dans le 18°-19° Caroline de Haas se présente aux législatives (fondatrice de Osez le féminisme et instigatrice de la pétition contre la loi travaille). Elle se présente contre El Komri et du coup je soupçonne de basses manœuvres dans ce contexte. Je trouve que l’apparition de ce sujet sur ce secteur à ce moment est peut être un moyen de la mettre en mauvaise posture. Je vais voire si je trouve une réaction de sa part sur le sujet. Vu la collision entre la presse et le PS ca m’entonnerait pas que le but réel soit de lui savonner la planche électorale de la part de El Komri et autres saussialistes en marche.

      edit : voici la réaction de Caroline de Haas
      https://www.youtube.com/watch?v=D4ghYQ_uRSw


      Elle propose un élargissement des trottoirs et amélioration de l’éclairage mais pas de réponse répressive policière.

      edit2 : sur le sujet voire plutot la réaction de Caroline de Haas sur son blog médiapart que je découvre :
      https://blogs.mediapart.fr/carolinedehaas/blog/210517/la-chapelle-lextreme-droite-dans-ses-oeuvres-encore

      J’ai de mon côté répondu aux questions de France 3. Lors de l’échange avec la journaliste, j’ai rappelé plusieurs choses :

      1. D’abord, que les violences sexuelles à l’encontre des femmes ont lieu partout. Dans tous les pays du monde, dans tous les quartiers du monde, dans tous les immeubles du monde, dans tous les bureaux du monde. 230 femmes sont violées chaque jour. 1 sur 5 subit du harcèlement sexuel au travail. 100% des femmes ont été harcelées dans les transports en commun à Paris. Les violences sexistes et sexuelles sont massives.

      2. Ensuite, j’ai proposé qu’on passe de l’indignation à l’action. Des dizaines de chercheuses et chercheurs, responsables d’associations, militantes et militants féministes ont travaillé sur le harcèlement, notamment le harcèlement de rue. On connaît les solutions, à La Chapelle comme ailleurs : 1. la prévention et l’éducation (les moyens ne cessent de se réduire du côté des centres sociaux) 2. les sanctions (elles existent mais ne sont jamais appliquées, essayez d’aller porter plainte pour harcèlement de rue) 3. l’aménagement de l’espace urbain (plus d’espace, de l’éclairage). Pourquoi ne les met on pas en place ?

      3. Enfin, j’ai rappelé qu’à chaque fois que des citoyennes, citoyens ou partis politiques, expliquent (ou sous entendent) que les violences ne sont le fait que d’une catégorie de la population, non seulement ils mentent (les 230 femmes violées chaque jour le sont dans 80% des cas par un homme de leur entourage) mais ils alimentent le racisme. Ils n’apportent aucune solution aux violences que subissent les femmes et en plus, ajoutent la violence subit par les racisé.e.s.

      On n’entend jamais la droite ou l’extrême-droite sur les violences que subissent les femmes. Sauf lorsque ces violences sont commises par des étrangers. Comme si lorsqu’un français violait, c’était moins grave. Une violence sexuelle est une violence sexuelle. Qu’elle soit subie à La Chapelle, à Bourg en Bresse ou à Bordeaux, qu’elle soit le fait d’un père, d’un voisin, d’un migrant ou d’un manager, elle est intolérable.

      #racisme #instrumentalisation #urbanisme #législatives #féminisme #femmes #mixité #non-mixité #harcèlement

    • Voir aussi :

      Des hordes de harceleurs à Paris ? Quand le féminisme arrange les politiques
      Olympe, Le Plafond de Verre, le 21 mai 2017
      https://seenthis.net/messages/600774

      « Soit on les laisse mourir devant les yeux de nos enfants, soit… »
      Collectif Solidarité Migrants Wilson, Revue Projet, le 22 mai 2017
      https://seenthis.net/messages/600735

      Les habitantes du quartier La Chapelle répondent au journal « Le Parisien
      Paris Luttes Info, le 22 mai 2017
      https://seenthis.net/messages/600745

      L’affaire de La Chapelle
      Tieri Briet, L’Autre Quotidien, le 22 mai 2017
      https://seenthis.net/messages/600930

    • Réseau Classe/Genre/Race, Fatima Ouassak, le 22 mai 2017
      https://www.facebook.com/ClasseGenreRace/posts/1929933270584671

      On se souvient de l’article du Parisien publié le 18 mai intitulé « Paris : des femmes victimes de harcèlement dans les rues du quartier Chapelle-Pajol », et des politiciens qui s’étaient saisi de l’affaire. C’est maintenant au tour des Femen d’investir cette question du « harcèlement de rue » dans le quartier de la Chapelle. Une activiste s’y est faite photographier poitrine nue ce matin.

      Pour information, les questions de « non-mixité dans l’espace public » et de « harcèlement de rue » sont dans les cartons de l’action publique depuis de nombreuses années déjà, bien avant cet épisode à la Chapelle ou même celui du reportage bidonné sur le « PMU de Sevran » :
      – Les acteurs institutionnels disent : « c’est une question centrale, elle est liée à la nature même des hommes qui vivent dans ces territoires, à leur culture, à leur religion ».
      – Les médias répètent : « c’est une question centrale, elle est liée à la nature même des hommes qui vivent dans ces territoires, à leur culture, à leur religion, allons faire un reportage dans le 18ème ou à Sevran »
      – Les associations s’activent : « oui c’est vrai que cette question est centrale, on va demander une subvention aux acteurs institutionnels qui nous suivent là-dessus pour organiser une action dans le 18ème ou à Sevran, et on va appeler les médias pour filmer ».

      Le traitement politique et médiatique de cette question s’inscrit dans les mêmes logiques :
      – une logique culturaliste : on réduit un fait social complexe à une lecture réduite au caractère culturel, et en réalité racial, des protagonistes. Caractère culturel qu’on essentialise. Et ça donne : « ces femmes sont harcelées dans la rue parce que ces hommes sont arabes ou noirs, et donc ils sont violents avec les femmes, par définition ».
      – une logique coloniale : Les pouvoirs publics de la France républicaine se doivent de « sauver » les femmes qui vivent dans ces quartiers, les protéger de leurs barbares de frères/maris/cousins
      – une logique raciste/sexiste : on invisibilise le sexisme structurel en France et on sur-visibilise le sexisme dans les quartiers. D’ailleurs, le fait de sur-visibiliser le second permet d’invisibiliser le premier. Et ça donne : « en France, il y a l’égalité hommes-femmes, sauf en banlieue »

      La présence policière (qui est en soi une violence policière) plus importante dans les quartiers populaires, par rapport aux quartiers pavillonnaires par exemple, se justifie par l’argument selon lequel dans les quartiers populaires, il y a des « zones de non droit » où « l’on a davantage besoin de la police ».
      Sur quoi s’appuie-t-on pour parler de zones de non-droit : les « trafics de drogue », « l’islamisme », « le potentiel terrorisme », et aussi, et c’est important de le noter, « les violences faites aux femmes » qui sont construites comme étant plus importantes là qu’ailleurs.

      La manière dont on traite médiatiquement et politiquement les « rapports entre hommes et femmes » dans les quartiers populaires, a entre autres comme fonction de justifier une présence policière plus importante dans ces quartiers où vivent des classes/races jugées dangereuses.

      L’offensive politico-médiatique visant à légitimer encore davantage la présence policière dans les quartiers populaires, prenant appui sur « les rapports entre hommes et femmes » dans ces quartiers", est en train de monter en puissance.
      Des textes de loi se préparent...
      Restons vigilant-es, et surtout organisons politiquement pour ne pas laisser nos causes être instrumentalisées à des fins classistes, sexistes et racistes.

      Réseau Classe/Genre/Race

  • FN : Briois et Rachline visés par une information judiciaire pour propos haineux - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/sevran-93270/fn-briois-et-rachline-vises-par-une-information-judiciaire-pour-propos-ha

    Au tribunal de Bobigny, un juge d’instruction a été nommé pour faire la lumière sur des messages visant Stéphane Gatignon (UDE), le maire de Sevran, en Seine-Saint-Denis et postés par des élus du FN.

    Les élus (FN) Steeve Briois et David Rachline seront-ils inquiétés par la justice pour des propos publiés sur leurs comptes Facebook ? Au tribunal de Bobigny, un juge d’instruction a été nommé pour faire la lumière sur des messages visant Stéphane Gatignon (UDE), le maire de Sevran, en Seine-Saint-Denis.

    L’élu de Sevran avait fait l’objet d’un déferlement de propos haineux après la diffusion d’un reportage diffusé sur M 6 consacré à l’islam et à la ville de Sevran après le départ de plusieurs jeunes pour la Syrie.

    Les messages diffusés par des internautes sur les comptes Facebook des deux leaders frontistes juste après la diffusion qualifiaient le maire de Sevran de « belle ordure à exterminer avec le reste », réclamaient la « démission du maire qui a vendu son âme aux mécréants salafistes, une petite bombe sur l’école le dimanche quand les responsables sont réunis. Et une bastos pour le maire ».

    #Linfiltré #PhoneStories #FN #Fachosphere

  • Incroyable : il y aurait des Écolos aux Pays-bas !

    Vous êtes bien assis ? Attention à la révélation : il existe, aux Pays-Bas, d’autres figures politiques que l’affreux, le menaçant Geert Wilders. Il existe même, vous ne rêvez pas, un mouvement écologiste. Il est dirigé par Jesse Klaver, 30 ans, père marocain, mère à moitié indonésienne. Et (je vous jure que je n’invente rien) c’est même le principal vainqueur des élections d’hier : il devrait passer de 4 à 16 sièges au parlement (Wilders, pour sa part, gagne 5 sièges, mais espérait nettement mieux).
    C’est ballot, parce que ce parti est le seul dont les envoyés spéciaux français, à quelques exceptions près, n’avaient pas décelé l’existence. Au hasard, prenez le journal de Pujadas (vous savez bien, ce spécialiste de l’investigation, qui a gagné ses galons dans les bars de Sevran). Trois soirs durant, son envoyé spécial, Valéry Lerouge, a sillonné le royaume, pour tenter de répondre aux questions de son chef : « pourquoi le populisme est-il si haut dans ce pays prospère ? La question de l’identité a été au coeur de la campagne ». Et le brave journaliste, parcourant les marchés (avec les bistrots, les marchés sont le terrain favori de l’investigation sur France 2) de tenter de répondre : « ils sont nombreux, à ressentir un ras le bol de l’immigration ».
    C’était fait, c’était plié. Pujadas, deux jours avant le vote (alors que Lerouge explique que Wilders « a perdu un peu de terrain ces derniers jours ») : « si l’extrême-droite l’emporte, est-elle en mesure de gouverner le pays ? » Et la veille encore : « on s’attend à une poussée de Geert Wilders ». Et Lerouge, docile, de commencer son reportage par l’image de Wilders sortant de l’isoloir : « tous les regards sont tournés vers Wilders aujourd’hui ».
    En fait de « poussée », donc, c’est une poussée de Groenlinks, parti de Klaver, que Libé décrit comme « europhile, opposé à l’évasion fiscale, favorable à l’accueil des réfugiés, au multiculturalisme, aux énergies renouvelables ». Et opposé à l’austérité, ajoute, dans La Tribune, l’excellent Romaric Godin, le seul journaliste français à souligner aussi la déroute du parti de Jeroen Dijseelbloem, le président de l’Eurogroupe et, à ce titre, bourreau de la Grèce toutes ces dernières années, lequel passe de 38 à 9 sièges. Le temps pour France 2 de préparer pour ce soir un reportage sur Groenlinks, et ils pourront enfin consacrer leurs faibles forces à interroger les consommatrices régulières du Jockey club de Sevran. A ce propos, le patron de l’établissement était ce matin sur RMC chez Bourdin, pour annoncer sa décision de porter plainte contre France 2. Bourdin devrait certainement pouvoir communiquer son numéro de portable à ses confrères de France 2.

    http://www.arretsurimages.net/chroniques/2017-03-16/Incroyable-il-y-aurait-des-ecolos-aux-pays-bas-id9668

    #Media
    #France2
    #Pujadas
    #Populisme

  • A l’ensemble des parlementaires de France, à l’ensemble des citoyens-ne-s : JUSTICE POUR THEO : UNE COMMISSION D’ENQUETE DOIT FAIRE TOUTE LA LUMIERE
    https://secure.avaaz.org/fr/petition/A_lensemble_des_parlementaires_de_France_a_lensemble_des_citoyensnes_JUSTICE_POUR_THEO_UNE_COMMISSION_DENQUETE_DOIT_FAIR/?pv=1

    Pourquoi c’est important
    JUSTICE POUR
    THEO : UNE COMMISSION D’ENQUETE DOIT FAIRE TOUTE LA LUMIERE

    APPEL

    Elu.e.s de Seine‐Saint‐Denis,
    citoyens‐ne‐s, militants des droits humains, personnalités, nous voyons de trop
    près le mépris dans lequel les jeunes se sentent tenus du fait de certains
    comportements policiers trop fréquents.

    La déclaration de l’IGPN, qui prétend
    que les sévices et le viol subis par Théo sont « un accident », est
    proprement insupportable. Elle entraîne des soulèvements de désespoir, de
    colère mais aussi une détermination légitime à toute épreuve de cette jeunesse
    consciente et éveillée sur le monde qui l’entoure.

    Les mères et largement les habitants des
    quartiers les plus concernés en sont à manifester pour que leurs enfants ne
    soient plus tués ou gravement blessés.

    Encore récemment, Adama Traore a été tué
    du fait des violences policières, les mensonges qui ont prévalu trop longtemps
    sur cette affaire ont fini par être démasqués.

    Pour Théo et afin d’éclaircir les
    agissements des policiers à Aulnay, nous demandons la constitution d’une
    commission d’enquête afin d’examiner de façon totalement impartiale les faits
    et les conclusions du rapport de l’IGPN.

    Nous voulons la vérité et pas
    les « vérités » officielles de la police, ni pour Adama Traore, ni
    pour Théo et ses amis‐es à Aulnay. Il faut tirer au clair tous ces cas,
    dénoncés à juste titre comme racistes, de contrôles au faciès aux
    violences dont les auteurs ne doivent pas rester des fonctionnaires.

    Nous voulons, ainsi,
    ré‐ouvrir les débats nécessaires sur les contrôles d’identité et le récépissé,
    ainsi que le rôle de la BAC, de la Brigade de Surveillance du Territoire et de
    son remplacement nécessaire par une police de proximité.

    Nous invitons tous les
    élu.e.s, tous les citoyens, militants et toutes les personnalités qui le
    souhaitent à se joindre à cette initiative. en signant et en faisant signer
    massivement cet appel...

    Premières
    signatures :

    Bally BAGAYOKO Maire Adjoint Saint‐Denis, Ensemble, Insoumis,
    Groupe Rouge et Vert,

    Patrick BRAOUEZEC, membre honoraire du parlement,

    Pierre LAPORTE, Vice‐président du Conseil départemental de Seine Saint Denis,

    Patrice LECLERC, Maire de Gennevilliers

    Jacqueline ROUILLON, ancienne maire de Saint‐Ouen et Conseillère générale Seine
    Saint‐Denis

    Pierre COURS‐SALIES, sociologue, Ensemble

    Stéphane LAVIGNOTTE, Ensemble, Pasteur

    Patrick VASSALO, Maire Adjoint Saint‐Denis, Groupe Rouge et Vert

    Sonia PIGNOT Maire Adjointe Saint‐Denis, Groupe Rouge et Vert

    Madjid MESSAOUDENE, Maire Adjoint Saint‐Denis,

    Martine ROGERET conseillère municipale Saint‐Denis, Groupe Rouge et Vert

    Conchita DIEZ SOTO‐DIEZ, conseillère municipale Saint‐Denis, Groupe Rouge
    et Vert

    Vincent HUET, Maire Adjoint Saint‐Denis, groupe Rouge et Vert

    Claudie GILLOT‐DUMOUTIER, militante associative, ancienne élue départementale

    Etienne PENISSAT militant associatif et chercheur,

    Beatrice GEYRES Conseillère municipale Saint‐Denis, groupe Rouge et Vert

    Sébastien VILLE, Ensemble, Enseignant à Sevran

    Capucine LARZILLIERE, Ensemble, conseillère municipale Montreuil

    Djénéba KEITA, Maire Adjointe Montreuil, Vice‐Présidente Est Ensemble

    Alain CYROULNIK, Ensemble Bagnolet,

  • Les #femmes sont-elles évincées de l’espace public ?
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231216/les-femmes-sont-elles-evincees-de-l-espace-public

    Un reportage, diffusé sur #France 2, montrant des femmes accueillies très froidement dans des cafés des banlieues parisiennes ou lyonnaises, a vite pris un virage nauséabond, à la mode burkini. L’inégalité entre les femmes et les hommes dans l’espace public est cependant loin d’être l’apanage de certains quartiers populaires, d’une culture ou d’une religion.

    #discrimination #Espace_public #genre #La_Barbe #pouvoir #urbanisme #villes

    • @mad_meg

      Voir aussi le texte d’Elise Olmedo sur visionscarto au sujet des femmes dans l’espace public à Casablanca.

      –---

      GENRE Entretien

      Les femmes sont-elles évincées de l’espace public ?
      23 décembre 2016 Par Faïza Zerouala et Mathilde Goanec

      Un reportage, diffusé sur France 2, montrant des femmes accueillies très froidement dans des cafés des banlieues parisiennes ou lyonnaises, a vite pris un virage nauséabond, à la mode burkini. L’inégalité entre les femmes et les hommes dans l’espace public est cependant loin d’être l’apanage de certains quartiers populaires, d’une culture ou d’une religion.

      Que voit-on dans le reportage diffusé le 7 décembre dans le 20 heures de France 2 ? Des femmes, accueillies avec peu d’entrain voire refoulées de certains cafés de Sevran, près de Paris, ou de Rillieux-la-Pape, dans les environs de Lyon. « Aller dans un bar, ici, c’est braver un interdit, commente la journaliste, Caroline Sinz. Dans certains quartiers populaires, les hommes occupent les lieux et les femmes subissent. »

      © Mediapart

      La polémique a immédiatement enflé, entre ceux qui se désolent d’un énième reportage sur la banlieue, systématiquement renvoyée à son machisme, un lieu où l’islam ferait la loi, imposant aux femmes tenues et fonction, et d’autres qui crient à l’angélisme face aux « zones de non-droit » de la République, le combat féministe en étendard. Tout le monde ou presque y est allé de son refrain, monde politique compris, dans un mimétisme quasi total avec le débat de l’été dernier autour de l’interdiction ou non du burkini sur les plages.

      Pourquoi réagir ? N’est-ce pas encore l’une de ces polémiques nauséabondes, servies par trois minutes de télévision caricaturales où, pour signifier l’absence des musulmanes du combat pour la réappropriation des cafés, on laisse dérouler subrepticement, en arrière-plan, l’image d’une femme en niqab ? Parce que tout comme le droit des femmes à disposer de leur corps, la place des femmes dans l’espace public est un enjeu essentiel de l’égalité des sexes. Et que la mixité ou la non-mixité de certains lieux est loin d’être l’apanage des seuls quartiers populaires, comme a tenté de l’expliquer la journaliste Rokhaya Diallo sur un plateau d’iTélé, avant de se faire couper la parole par trois hommes, dans un pur moment de sexisme…

      Chris Blache et Isabelle Clair, nos deux invitées de ce débat, ne disent pas autre chose. La première est cofondatrice et coordinatrice de la plateforme de recherche et d’action (notamment auprès des collectivités) Genre et Ville, par ailleurs membre du collectif La Barbe. La deuxième est sociologue au CNRS, spécialiste du genre et de la sexualité dans les quartiers populaires. Toutes les deux confirment la part d’instrumentalisation du féminisme dans ce type de débat, ainsi que le ciblage quasi systématique de « l’homme jeune maghrébin de banlieue » lorsque qu’il s’agit de parler d’égalité homme-femme. « Que les femmes de Sevran ou d’ailleurs ne puissent pas accéder à des cafés, même si on ne parle pas de toutes les femmes mais plutôt des plus jeunes, est un fait réel et c’est un problème, que j’ai également pu constater sur le terrain, souligne Isabelle Clair. Que ces entraves s’inscrivent dans des logiques sociales qui excèdent complètement celles de la ville de Sevran, c’est évident, et il serait bon de les dénoncer pour de vrai. Le problème, c’est de systématiquement utiliser des faits qui sont réels pour une cause qui n’a rien à voir. »

      Ainsi, les deux invitées de ce débat rappellent l’évidence : les lieux de pouvoir sont souvent des espaces non mixtes. « Quand nous faisons des interventions inopinées dans les cercles du pouvoir, dans des panels exclusivement masculins avec le collectif La Barbe, nous pourrions calquer ce qui se dit dans ce café !, remarque Chris Blache. On reçoit les mêmes injonctions que ces femmes de Sevran. Nous sommes donc bien dans une logique structurelle, profonde, même si les manifestations de rejet peuvent différer… Se focaliser ainsi sur un aspect conduit à une instrumentalisation qui est grave, surtout dans le contexte politique qui est le nôtre. » Un point de vue complété par la sociologue Isabelle Clair : « Les espaces qui comptent pour les hommes vont varier selon les classes sociales, et ce sont souvent des espaces qui excluent des femmes. À Sevran, pour ces hommes-là, le lieu de pouvoir va être ce café. Pour les hommes du CAC 40, ce sera autre chose… Cela ne veut pas dire que ça n’existe pas. »

      Si les hommes se sentent ainsi en situation de « dominer » l’espace public, c’est aussi qu’il est davantage construit pour eux. « On est dans quelque chose de massif, contrôlé et structurel, répète Chris Blache, qui travaille notamment avec Genre et Ville sur l’urbanisme. D’accord, le banc public n’a pas de sexe physique, mais il a un sexe social. Et son usage va être différencié selon que l’on soit un homme ou une femme… » Idem pour les équipements sportifs, les cafés de banlieue ou ceux des soirs de match, l’Assemblée nationale, la rue. Même la nuit, espace en soi, est loin d’être mixte, les femmes y étant soumises à une somme d’injonctions.

      Et pour aller plus loin, relire les articles, publiés sur Métropolitiques, consacrés aux questions de genre, ainsi que les ouvrages d’Isabelle Clair, répertoriés ici. Pour en savoir plus sur les actions menées par La Barbe ou le collectif Place aux femmes, c’est par là. Enfin, retrouvez notre machoscope sur Mediapart.

    • J’ai détesté ce reportage pour son traitement nauséeusement islamophobe :

      Cette fois, c’est prouvé : les « maîtres des lieux » maintiennent par la terreur des territoires de la République sous le règne de la loi islamique qui interdit la présence des femmes dans l’espace public. Le « grand remplacement » est en marche, comme s’empresse de le clamer la fachosphère, arguant que même France 2 l’atteste…

      Lire : Grand remplacement sur France 2 et tapis rouge à Le Pen sur BFM : http://television.telerama.fr/television/grand-remplacement-sur-france-2-et-tapis-rouge-a-le-pen-sur-bfm,

      Alors qu’il présente des scènes qui ont pour moi un goût de déjà vu : les rues et les bars réservés aux hommes ? c’est kif-kif pareil au bar des chasseurs du village et dans certaines rues au cœur de Paris. Aussi, je suis quelque peu soulagée que la journaliste, Caroline Sinz, précise après coup :

      Mon reportage est filmé dans des banlieues, mais on pourrait aussi parler de certaines campagnes en France, ajoute-t-elle, alors questionnée quant aux risques de caricature des banlieues.

      Lire : Des femmes indésirables dans un café : la journaliste de France 2 s’explique : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/des-femmes-indesirables-dans-un-cafe-la-journaliste-de-france-2-s-explique_

      Me reste quand même le sentiment que ce sujet sert une autre cause que celle qu’il prétend défendre : la place des femmes y est prétexte à nourrir la xénophopbie exactement comme la pédocriminalité justifie de surveiller internet, comme les droits des mômes justifie l’homophobie LMPT…

    • Merci de vos commentaires : je n’emploie pas le mot islamophobie, le mot racisme me suffit. Les femmes et leurs droits font toujours les frais des bonnes âmes moralisantes et surtout des différentialistes culturel.les. Les droits des femmes sont toujours secondaires et doivent s’effacer devant des causes toujours plus importantes que les nôtres.

    • A mon avis @hypathie la cause des femmes n’est pas une lutte secondaire pour @tetue

      En fait cette video me semble être un cas de « fémo-nationalisme » ; une instrumentalisation de la cause des femmes à des fins racistes. Il est parfaitement vrai que les femmes ne sont pas bienvenues dans les cafés, les bars, l’espace publique en générale. Le reportage accuse l’Islam et la culture du Bled, mais la culture traditionnelle catholique est strictement la même au niveau femmes et bistrot (ou femme et pub chez les protestants) et le reportage de Pujadas oublie ce fait d’importance et tombe dans le racisme grossier.

      Le taux de chômage est évoqué mais le sujet ne fait pas le lien avec la classe sociale et la manière dont la misogynie masculine s’exprime dans ces classes et préfère parler d’une spécificité musulmane et africaine (cf le Bled). Les mots féminisme et patriarcat ne sont même pas présent dans le sujet.

      Le femmes sont privés de ces lieux dans toutes les classes sociales. Si elles vont dans ces lieux elles le payent chers en agressions sexuelles, harcèlement et autres. Et dans n’importe quel bar il faut s’attendre à se faire emmerdé par « un gros lourd », euphémisme commun pour ne pas dire « oppresseur de femmes en action ». Il y a des actions anti-machiste dans toute sorte de bars et pas seulement dans les bars PMU-Foot fréquenté par les hommes des classes pauvres et racisées. Je vais voire ce que je retrouve à ce sujet.

      (edit - A Lille un label « bar sans relou » http://www.madmoizelle.com/label-bar-sans-relou-lille-348333
      J’ai aussi vu des affichettes dans un bar lyonnais avec une action similaire )

      Cette interdiction faite aux femmes des lieu de socialisation à un impacte aussi sur les salaires, et sur le plafond de verre, comme c’est expliqué ici : https://seenthis.net/messages/524400

      A mon avis il faut faire très attention de pas se laisser embarquer par ces racistes, ni laisser la cause des femmes être invisibilisé par les antiracistes. Je me méfie autant des uns que des autres et c’est plus prudent de mordre des deux cotés quant ces deux coté nous prennent pour leurs propriété.

      #fémo-nationalisme

    • Ah et puis j’avais pas fait gaffe, mais invoqué l’Islam dans cette histoire de bar c’est tout de même assez grandiose. La position de l’Islam sur la consommation d’alcool est la même pour les femmes que pour les hommes.

    • « Je sais que je vais me faire agonir ce soir, mais il y a une île, tout ce qu’il y a de plus française, où dans les cafés, les femmes aussi sont mal accueillies. Donc essayons de regarder le problème dans son entièreté. Il n’y a pas que dans le 93, et c’est un scandale, où les femmes sont mal accueillies ou pas accueillies dans les bars et dans les cafés », a déclaré Maurice Szafran, l’ex-patron de l’hebdomadaire Marianne, vendredi sur le plateau du Grand Journal de Canal+, avant de confirmer qu’il parlait bien de la Corse.

      http://www.liberation.fr/france/2016/12/11/femmes-dans-les-bars-corses-france-3-repond-avec-humour-a-maurice-szafran

      Relancé par les chroniqueurs de l’émission, Maurice Szafran précisait vendredi qu’en dehors de la Corse et de la banlieue parisienne, il n’a « jamais vu ça en province », où il affirme y passer sa vie puisqu’il a « une maison dans le Sud ». Le journaliste aurait dû regarder le reportage de France 2 en entier, puisqu’on y voit aussi un groupe de femmes qui se bat contre ce phénomène – sans grand succès – à Rillieux-la-Pape, en banlieue lyonnaise. En « province », donc.

    • Lettre ouverte d’un habitant de Sevran à France 2 | Bondy Blog
      http://www.bondyblog.fr/201612120843/lettre-ouverte-dun-habitant-de-sevran-a-france-2

      Le Sevranais que je suis est en fait un très proche voisin de ce café.
      Et certains aspects de ma ville, de cet endroit, ont été volontairement occultés. 
      Factuellement, ce café est avant tout un bar PMU.
      Un lieu de paris, un lieu de jeux.
      Lorsque le reportage nous parle de problème religieux, en mettant l’accent sur des personnes typées arabes, des femmes voilées, on comprend bien que l’on parle d’islam.
      Or, il me semble que les PMU ne sont pas vraiment des fiefs de radicaux prosélytes musulmans.
      Par ailleurs, je suis de ceux qui aiment se balader à travers la France et qui apprécient particulièrement la campagne. Et j’ai croisé bon nombre de bars dans les villages, plein d’hommes, où rarement une femme se mêlait à ces échanges de turfistes sur fond de demie et d’expresso.
      Cela n’excuse en rien ce machisme ordinaire, mais la récupération politique sur le dos des Sevranais, des banlieusards en général et des musulmans dans leur ensemble laisse un goût particulièrement amer.
      Ce pays tout entier, cette société moderne est frappée du mal de la domination masculine.

    • Admettons, il y avait aussi Rillieux la Pape dans la région lyonnaise :)) Si on arrive dans un bar d’un bourg breton, il n’y a que des mecs dedans, mais si une femme rentre, on ne la regarde pas sévèrement, et on ne fait pas de remarque sur sa présence. Bon, OK, biais, je suis une femme d’aspect castrateur, ils préfèrent me foutre la paix dans un rayon, disons de 50 mètres de possibilité de fuite. Et ce n’est pas possible dans un bar.

    • Autre point de vue, de Nadia Remadna de la « brigade des mères » : à Sevran, « j’ai le sentiment d’être de retour en Algérie en 1990 » – Bellica - Linkis.com
      http://linkis.com/yaos2

      L’enfermement n’est pas réservé aux musulmans originaires du Maghreb qui vivent en banlieue parisienne. Dans notre association, la Brigade des mères, nous avons aussi des catholiques des quartiers chics de Paris qui luttent contre le même phénomène d’enfermement.

      Mon engagement associatif me coûte parfois cher. La plupart des mères qui ont commencé la Brigade avec moi ont fini par s’en aller par peur de représailles. L’attention que les médias nous ont porté les a effrayées. C’est dommage.

    • Le maire de Sevran s’exprime suite à ce reportage :
      http://rmc.bfmtv.com/emission/pourquoi-stigmatiser-sevran-pour-quelle-nouvelle-haine-quels-nouveaux-aff

      Sevran, une ville française où il y a des enjeux de mixité, d’égalité femmes-hommes, un combat pour la laïcité. Quelle ville peut dire qu’elle n’a pas à se mobiliser autour de ces enjeux ? Sevran, une ville française où il y a des problèmes de vivre ensemble. Quelle ville peut dire qu’elle n’en vit pas ?

      […]

      Ce reportage pose un problème de sens des responsabilités en stigmatisant, toute une ville, toute une population. Sans savoir. Sans égards. Sans respect. Où va-t-on avec ça ? Vers quelle haine ? Vers quels affrontements ?

    • On m’a parlé de ce « reportage » il y a une semaine mais ne regardant pas la télé je ne l’avais pas encore vu. J’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’il soit présenté sur seenthis sans aucun esprit critique. Depuis quand y a t’il des gens ici qui croient que les media de masse sont intéressés par la condition des femmes ? La télé a pour objectif (entre autres) de perpétuer une image dégueulasse des quartiers populaires, des noirs, des arabes et des musulmans, ce qu’elle fait avec beaucoup d’efficacité.
      Aux soi-disant-e-s féministes qui sont d’accord avec ça, assumez au moins le fait que votre pseudo lutte pour les femmes sert à nourrir votre profond racisme avant toute chose tout en pouvant passer pour les rebelles de service : trop courageuses ! À défaut de faire avancer les choses en matière d’égalité, vous creusez les inégalités entre les blanc-he-s et les autres. Bravo, vous avez au moins le mérite d’être dans l’air du temps et dans le troupeau !
      Il suffit pourtant d’écouter les propos de la femme qui s’exprime à 5:04 qui explique qu’elle ne comprend pas l’intérêt de ces revendications. « Je ne ressens pas le besoin d’aller dans les bistrots ». Tout simplement. C’est marrant mais moi non plus, et encore moins dans les PMU. Et après les blanches de la vidéo se demandent pourquoi les femmes musulmanes ne sont pas là. Question qui restera sans réponse lol
      Je vous donne une réponse parmi d’autres par le texte qu’une musulmane des quartiers populaires a écrit et fait circuler après avoir vu cette propagande :

      La journaliste de France 2 Caroline Sinz a déclaré qu’en envoyant deux femmes arabes (qui militent au Printemps Républicain, mouvement islamophobe), entrer dans un PMU de Sevran (ville visée depuis deux ans par une offensive médiatique raciste spectaculaire), elle n’a « pas regardé les choses avec une orientation politique », et qu’elle a juste voulu qu’on regarde « le sort de ces femmes ».
      Madame Caroline Sinz, le jour où vous enverrez ces deux femmes arabes essayer d’entrer dans un club à cigares pour riches réservé aux hommes, strictement interdit aux femmes, là peut-être que vous serez un peu crédible. Parce que même la porte blindée placée 500 mètres avant le bar, elles ne la passent pas les deux Arabes. Vous-même, Madame Caroline Sinz, vous ne la passez pas cette porte. Et en réalité, vous-même il ne vous viendrait pas à l’idée ne serait-ce que d’oser penser passer cette porte. Donc soucie toi déjà de ton sort à toi et des bars d’où tu te ferais jeter comme un chien galeux si par miracle t’arrivais à entrer, avant de venir t’apitoyer sur notre sort à nous.
      Parce que nous qui sommes des femmes arabes et habitant ces quartiers populaires, on s’en bat la race des PMU de quartier, on n’a jamais voulu y entrer de notre vie, JAMAIS. Comme d’habitude, les imposteurs nous inventent des combats qui n’existent pas.
      Par contre, nous on veut entrer dans le comité de rédaction de France 2, comme toi Caroline Sinz. Nous on veut entrer dans un grand appartement parisien, comme le tien Caroline Sinz. Nous on veut entrer dans le chalet savoyard où t’es sûrement en train de passer tes vacances d’hiver, Caroline Sinz.
      Le reportage de Caroline Sinz a contrairement à ce qu’elle prétend, une orientation éminemment politique : cette orientation est raciste, elle est aussi sexiste puisqu’elle contribue à invisibiliser le système sexiste blanc, elle est islamophobe, et elle s’inscrit dans la lutte que mènent les classes moyennes supérieures blanches contre les classes populaires racisées.
      Le reportage de France 2 sur le PMU de Sevran est politique. Il s’inscrit dans la longue tradition (post)coloniale d’instrumentalisation de la cause des femmes non-blanches. Il faut donc le combattre politiquement.
      Femmes racisées, organisons-nous en tant que telles, politiquement.
      Fatima Ouassak - Réseau Classe/Genre/Race

    • Je ne ressent pas le besoin d’aller au bistrot non plus, pas plus que le besoin d’aller dans un sous marin ou dans l’armée ou la police et tout un tas d’endroits. Mais si tous ces endroits où je ne veux pas aller me sont interdits du fait que je suis une femme, je militerai pour que des femmes si elles veulent aller au bistrot, dans des sous marins, a l’armée ou dans la police, puissent le faire. Le fait que les femmes soient harceles dans les bistrots, dans la rue, sur leur lieu de travail et en fait partout est une réalité. Ce qui est raciste c’est de faire de ce harcelement une spécificité arabe-maghrébine-musulmane car ce n’est pas le cas.

    • Ce qui est raciste c’est, comme le dit Fatima Ouassak, de créer des luttes déconnectées des priorités des premières concernées. Je cite :

      Comme d’habitude, les imposteurs nous inventent des combats qui n’existent pas.

      Ce qui est raciste c’est aussi de lutter sans ces 1ères concernées.
      On ne libère personne par la contrainte et chaque femme est suffisamment autonome pour savoir quelles sont les actions qui la rendront plus libre. Et il n’est pas difficile de comprendre que l’enjeu est d’avoir accès aux lieux de pouvoir.

    • Les deux femmes du reportage ont l’air elles, de vouloir y allé dans les bars et elles ont l’aire d’être elles aussi des « premières concernées ».

      A Montreuil il y a eu une initiative similaire il y a quelques années, des femmes qui ont monté une asso et un label pour les bars qui voulaient bien leur faire accueil car elles se sentaient indésirables dans ces lieux elles aussi. Elles aussi premières concernées qui ne sont pas d’accord avec tes « premières concernées ». A lyon et à Lille il y a aussi des bars avec un label anti sexiste comme on disait plus haut. C’est bien qu’il y a aussi la bas des femmes premières concernées qui voudraient bien pouvoir allé boire un coup et se détendre sans se faire emmerdé par les hommes. Pourquoi réduire ca à un problème raciale ? C’est ce que fait Pernault et les politicien·ne·s racistes mais illes instrumentalise la question de l’accès à l’espace publique à des fins racistes. Ca s’appel du #fémonationalisme et il faut le dénoncé pour ce que c’est sans tombé dans l’invisibilisation des problèmes de genre.

      Prétendre que les premières concernées par le harcelement masculin dans les bars sont les femmes racisées est faux. Prétendre qu’aucune femme racisée n’a jamais envie d’allé au bistrot me semble faux aussi. Pourquoi aucune femme racisée ne voudrait aller profité d’un matche de foot en collectif avec des amies au bar du coin pendant que leur compagnon ou compagne fait sa part de travail domestique et parental au domicile ? Perso je ne croie pas que toute femme racisée est hostile à l’idée d’un moment de détente en terrasse d’un café avec des ami·e·s sans se faire traité de pute ou regarder de travers ou demander son 06 ou subir je ne sais quoi qu’inventent les hommes pour nous renvoyé au foyer.

      Perso je ne sort plus dans les bars parceque je ne supporte plus l’attitude de certains hommes dans ces lieux et la tolérance des autres à ces comportement au mieux qualifié de « lourds ». Si je sort quant même dans un bar je vais faire très attention à ma tenue et je serais de toute façon sur mes gardes ce qui me gache le plaisir. Je ne suis pas racisées. Et je pense être une « première concernée » moi aussi par l’accès aux lieux publiques dont les bars font partis.

      Et je ne comprend pas en quoi ca dérange des femmes qui ne veulent pas allé au bistrot, que d’autres s’organisent pour vouloir y allé. Aucune asso de femmes ne demande une obligation de bistrot pour toutes les femmes et pas plus pour les femmes racisées. Juste le droit d’y allé sans subir de harcèlement masculin pour celles qui ont envie si ca leur chantent qu’elles soient racisées ou pas.

      Enfin par rapport à l’autonomie de chaque femme pour se liberés seule, ca me semble très individualiste et dépolitisant. Si les femmes étaient autonome pour se libéré seul, à quoi bon être féministe et à quoi bon se réunir en collectif ? Chacune se libère dans son coin sur son petit problème perso selon ses envie et puis celles qui voudraient allé boire un coup au bistrot (ou sortit en mini jupe, ou porter un voile), n’ont qu’a se débrouilles seules avec leur autonomie pour encaissé les stigmates de la salope, le harcèlement et l’hostilité masculine. Le sexisme est un système on ne peu pas lutter contre un système seule avec son autonomie.
      La lutte collective c’est tout de même l’idée de se soutenir, même pour des trucs qu’on a pas envie de faire sois même. Par exemple, j’ai absolument pas envie de porter un voile moi même, et pourtant je suis pour que les femmes qui ont cet envie puisse le faire sans qu’on les emmerde et j’ai pas envie de porter de mini jupe non plus, mais je suis aussi pour que celles et ceux qui ont envie d’en porter une puissent le faire en paix tout autant.

    • Merci @aude_v

      Pour revenir a ces histoires de bistrot. C’est claire que le reportage de Pernault est raciste et j’ai pas vu que cet aspect était nié dans cette discussion. Par contre ce qui est dit c’est que ce problème d’accès aux lieux publiques (dont font partie les bars) existe réelement et qu’il est en lien avec la masculinité patriarcale.

      En 1999 le Fouquet’s avait interdit son accès aux femmes seules, soupçonnées d’être des prostituées. Pour moi c’est exactement la même chose qui se passe au Fouquet’s que dans les bars de Sevran.
      http://www.lexpress.fr/informations/les-bannies-du-fouquet-s_635690.html
      ici le communiqué des CDG de l’époque : https://chiennesdegarde.com/Action1999-FouquetsPubliq.html
      Il y a un article de l’Huma sur le sujet :
      http://www.humanite.fr/node/217232

      edit : Cet exemple du Fouquet’s montre que ce n’est pas plus un problème de classe que de race, contrairement à ce que je laissait entendre plus haut ( https://seenthis.net/messages/549828#message550478 ).

    • Voici le communiqué d’une asso de femmes qui milite sur ce sujet depuis 5 ans à Aubervillers.

      https://placeauxfemmes.wordpress.com
      « Pour la mixité dans l’espace public et les cafés d’Aubervilliers »

      Depuis deux semaines se succèdent des reportages télés ou articles de presse qui réduisent la lutte des femmes pour l’espace public à une lutte contre les hommes musulmans ou de culture musulmane.
      Nous sommes extrêmement choquées par cette vision des médias visant à stigmatiser de la façon la plus malsaine et nauséabonde une partie de la population française. Ce dérapage relève d’une parole raciste que nous n’acceptons pas.
      Nous ne pouvons tolérer que les problèmes que les femmes rencontrent quotidiennement soient résumés à une simple question culturelle et religieuse tant nous sommes souvent confrontées et à tous les échelons de la société à un machisme dont les racines se trouvent au cœur même des fondements patriarcaux et capitalistes de cette même société.
      L’inégalité de l’occupation de l’espace public par les femmes n’est malheureusement pas une particularité de la banlieue ou du 93. Des femmes de toute la France, de tout âge, de toute culture et de toute religion s’interdisent certaines parties de l’espace public à certaines heures, certains endroits, vers certains équipements culturels et sociaux. Soit elle n’est la bienvenue sur aucun trottoir, soit lorsqu’elle s’y trouve, elle risque d’être rappelée à sa condition de femme par des remarques et réflexions déplacées.
      C’est pour cela que Place aux femmes se réunit dans les cafés : ni contre telle ou telle culture, ni contre certains territoires où l’espace public est encore plus largement confisqué qu’ailleurs.
      Aubervilliers est traditionnellement une ville d’immigration d’hommes, souvent seuls, qui se retrouvent dans les innombrables cafés existants, car le café est un lieu chaleureux et convivial. Il est donc facile et inquiétant de voir se développer des attaques contre le 93 en exploitant les ficelles racistes bien connues.
      Le collectif « Place aux femmes » d’Aubervilliers utilise depuis maintenant 5 ans le café comme lieu symbolique de l’espace public d’où les femmes sont absentes. Il s’adresse autant aux hommes qui prennent possession de cet espace qu’aux femmes qui ne revendiquent pas leur place. Nos rencontres au café sont un acte militant qui interpelle toute la population.
      Nous appelons les femmes à occuper l’espace public partout où il leur est confisqué, dans les stades, dans la rue, en terrasse de cafés, à certaines heures du soir et de la nuit, etc. Les femmes connaissent cette mainmise partout. Elle existe avec des aspects différents dans tous les milieux sociaux et culturels, dans tous les lieux urbains et provinciaux, dans tous les mondes du travail, des usines aux banques, des traders aux PMU. Les lieux de domination masculine ne manquent pas.
      Tout en restant vigilantes par rapport aux agressions machistes, quels que soient leurs prétextes culturels, nous refusons les amalgames dangereux et continuons notre travail sur l’espace public, dans le respect de toutes les citoyennes et de tous les citoyens d’Aubervilliers.

    • Je vous rappelle quand même que cette vidéo a été postée sans aucun recul critique alors que son parti pris est clairement raciste. Si vous voulez traiter des problématiques d’accès des femmes à l’espace public faites le au moins avec un support intègre concernant les formes de discrimination qu’il peut induire par ailleurs, c’est quand même le minimum. Surtout vu le contexte de racisme hyper violent en ce moment. Parce que j’ai vraiment du mal à croire que c’est de la naïveté vu les grosses ficelles du discours islamophobe.
      Je suis sûre que sur n’importe quel autre sujet rien que le fait que les images soient de France2 et passent à un moment de grande écoute vous aurait alerté-e-s.
      Concernant les premières concernées je rappelle comme le dit Fatima Ouassak, que les deux femmes en questions font partie de la brigade des mères et militent au Printemps Républicain. Renseignez-vous sur ces mouvements ! On peut être arabes ou kabyles et islamophobes. D’ailleurs il y a une grande tradition de la part des instances de pouvoir à mettre en avant des femmes arabes pour faire passer des idées dégueulasses : je ne vous rappellerai pas Amara, Dati, Bougrab et toutes les autres. Les perspectives pour les femmes noires et arabes étant tellement bouchées professionnellement, il est facile de comprendre les avantages énoooooormes qu’elles vont récolter si elles s’opposent publiquement à leur communauté d’origine.
      Quant à Caroline Sinz, ce n’est ni une débutante ni une pigiste, c’est une journaliste bien en place donc ça va.

    • Petite précision par rapport à certaines réactions le « reportage » n’est pas de Pernault mais de

      Caroline Sinz, journaliste au service société de France 2 et auteure de l’enquête

      @Aude sur le local de Violette : je ne sais pas si ça marche ou pas, je ne fréquente pas ce lieu.
      Mais quand je lis qu’il faut

      sortir du modèle ou des femmes blanches avec du capital social ouvrent des lieux pour les mêmes.


      je ne suis pas sûre que ce soit mieux que des femmes blanches avec du capital social ouvrent des lieux pour les autres. Déjà « capital social » ça ne me plaît pas du tout comme expression. Et en plus ou bien tu fais un projet commun et il est commun dès la mise en œuvre du projet ou alors selon moi il vaut mieux que ce soit effectivement pour soi-même. Je l’ai déjà dit, je ne crois pas à la libération des femmes noires et arabes par les blanches, sinon on en arrive aux cérémonies de dévoilement en 58 à Alger ! De toute façon je ne crois pas à la libération de quiconque par des autres qui ne partagent pas les mêmes conditions sociales. La lutte collective n’est pertinente que par les premières concernées sinon on tombe dans le paternalisme ou matérialisme, au mieux.
      Mais je sais que Fatima Ouassak est venu faire un week-end d’atelier chez Violette sur le racisme vis à vis des femmes noires et arabes il y a peu de temps. Donc je suppose que les choses avancent.

    • Bon après j’arrête lol mais voilà un article sur un blog de Mediapart qui parle précisément des positions idéologiques du Printemps Républicain " « Printemps républicain » : le rappel à l’ordre de la bourgeoisie jacobine ".
      https://blogs.mediapart.fr/philippe-marliere/blog/080416/printemps-republicain-le-rappel-l-ordre-de-la-bourgeoisie-jacobine
      Très intéressant : il n’y a que du beau monde. Même Caroline Fourest trouve les positions trop extrémistes c’est dire.
      On y évoque aussi une de nos protagonistes

      Nadia Remadna, présidente de l’association « La brigade des mères », décrit des « banlieues islamisées et arabisées ».

      Sympa tout ça non ?

    • Je pense être assez claire dans mes propos pour que les personnes concernées par les positions que je dénonce se reconnaissent. De toute façon je ne suis pas là pour donner des bons ou des mauvais points. Quant au lieu chez Violette je ne l’ai pas critiqué en tant que tel mais juste la façon dont il était présenté. Je n’aurais pas la malhonnêteté intellectuelle de critiquer un lieu que je ne fréquente pas. J’ai même dit que des ateliers intéressants semblaient y avoir eu lieu. Et non seulement ce n’est pas un problème de faire les choses pour soi même mais c’est justement ce qu’il faut faire avant tout. Donc si les meufs ont ouvert un truc pour elles c’est bien c’est tout, du moment qu’elles ne se mettent pas en tête d’avoir une mission de sauvetage de femmes qui ne leur ont rien demandé. Et c’est ce qui fait qu’une initiative réussit : quand elle est faite avec sincérité et sans intention cachée.
      Bon après je vais arrêter de me justifier sous prétexte que certaines personnes sont vexées en lisant ce que j’écris ou la façon dont je l’écris.

    • Je pense qu’il est intéressant de mettre le lien vers l’article du Bondy blog
      http://www.bondyblog.fr/201703101815/bar-pmu-de-sevran-la-contre-enquete-du-bondy-blog
      qui a voulu revenir sur cette histoire et a complètement déconstruit les accusations faites par les deux femmes membres de la brigade des mères. L’article est très complet. À noter, le propriétaire du PMU subit des insultes et baisse de sa clientèle et a décidé de porter plainte contre France 2.

  • Le Cercle, une résidence théâtrale autour de trois clubs de sports de combat de Seine-Saint-Denis (via @lucile)
    http://lecercle.lacommune-aubervilliers.fr/projet/presentation

    Oui,
    Nous aimons rencontrer des gens qui ont des pratiques qui ne sont pas les nôtres.
    Nous aimons observer.
    Nous aimons poser des questions.
    Nous aimons nous poser des questions.
    Nous aimons poser des hypothèses, sous forme de spectacles.
    Nous aimons aller physiquement et métaphoriquement là où nous ne sommes jamais allés.

    Oui,
    Nous pensons que la rencontre gestuelle entre deux corps est une forme essentielle de langage.
    Nous pensons que le fait d’apprendre à affronter physiquement un adversaire dans un cadre réglé est utile dans l’apprentissage de l’altérité.
    Nous pensons que la violence n’est pas tant dans ces combats que dans la société.
    Nous pensons que l’intelligence, la finesse et l’imagination sont à l’œuvre dans ces duels sportifs.

    (…)

    Depuis 2014, nous explorons les clubs de #sports_de_ combat dans le cadre d’une résidence de création en Seine-Saint-Denis.

    Nous avons décidé de privilégier les sports de combat où la rencontre entre les combattants est décisive, au détriment des arts dits martiaux où cette rencontre est plus suggestive qu’effective.

    Nous avons choisi trois sports incarnés par trois clubs de Seine[Saint[Denis : la lutte avec le Bagnolet Lutte 93 (Les Diables Rouges), la boxe anglaise avec le Boxing Beats à Aubervilliers, le MMA (Mixed Martial Art) avec le CLS à Sevran.

    Avec une sélection de textes appréciable :
    http://lecercle.lacommune-aubervilliers.fr/documentation/bibliographie/divers