city:vichy

  • Guillaume QUINTIN

    Les gens qui disparaissent après une opération de police, c’était dans le Chili de Pinochet, ou sous Vichy... Apparemment, ça arrive aussi dans la france d’@EmmanuelMacron @Ccastaner, #OuEstSteve Et pendant qu’on y est, #QuiATueZineb

    Source : https://twitter.com/GuillaumeQ1T1/status/1146036319845605377

    #twitter #pinochet #vichy disparition des #opposants dans la #france #enMarche d’#emmanuel_macron

  • MITTERRAND incarne une des pires droites. | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-roche/blog/250716/mitterrand-incarne-une-des-pires-droites

    Sous le titre « Les insulteurs du parti des fusillés », l’Humanité Dimanche, organe central du PCF dresse un portrait de F. Mitterrand dans son éditorial du 14 novembre 1948 :
    « Secrétaire d ‘Ètat chargé de l’information. À ce titre il est principalement chargé de la diffusion des mensonges. Ce sous ministre aux airs de jeune premier fut l’un des premiers vichystes de France ce qui lui valut de figurer dans la liste des dignitaires de la Francisque avec la rubrique suivante : « Mitterrand François Maurice, né le 26 octobre 1916 à Jarnac Charentes, 20 rue Nationale à Vichy. »
    « L’attribution de la Francisque était subordonnée à l’engagement suivant : Je fais don de ma personne au Maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. Je m’engage à servir ses disciplines et à rester fidèle à sa personne et à son oeuvre. » M. Mitterrand n’est pas un parjure : fidèle à son serment il est toujours dans la tradition vichyste. »

    #droites_extrêmes #collaboration #Vichy #crapules

  • Occupation : la police française, précieuse alliée du IIIe Reich
    https://www.geo.fr/histoire/occupation-la-police-francaise-precieuse-alliee-du-iii-eme-reich-127070

    Les 16 et 17 juillet 1942, 9 000 policiers et gendarmes français montrent aux autorités allemandes de quoi ils sont capables lors de la rafle du Vél d’Hiv. Durant l’Occupation, du simple gardien de la paix au préfet, les fonctionnaires français vont appliquer avec zèle la politique des Allemands, devançant même parfois leurs exigences.

    Mais c’est dans la mise en œuvre de la politique anti-juive que la police française va se montrer la plus redoutable. La machine infernale se met en branle en mai 1941. Ce mois-là, à Paris, des agents frappent aux portes de quelque 6500 foyers juifs. A ceux qui leur ouvrent, les policiers tendent un papier plié comme un pneumatique, et s’en vont aussitôt. Le document remis - le « billet vert », comme on l’appelle en raison de sa couleur vert pomme - est une convocation à se rendre, dès le lendemain matin, dans trois lieux précis de la capitale : la caserne Napoléon, celle des Minimes ou le gymnase Japy. Lorsque la personne arrive sur place, les policiers lui confisquent ses papiers d’identité, avant de la faire monter dans un autobus... trois mille sept cents juifs tombent ainsi dans le piège du billet vert.

    Les 16 et 17 juillet 1942, 9 000 policiers et gendarmes français montrent aux autorités allemandes de quoi ils sont capables : selon la préfecture, lors de la rafle du Vél d’Hiv, le nombre d’arrestations s’élève à 13 152 personnes à Paris. Dans le reste de la France, on assiste à ces mêmes coups de filet gigantesques. A Montargis, la rafle se déroule en plein 14 juillet, sans crainte de choquer l’opinion. A Nancy, en revanche, la rafle du 19 juillet 1942 est un échec.

    La faute à sept policiers qui ont refusé d’obéir aux ordres. La veille de l’opération, Edouard Vigneron, chef du service des étrangers, et six de ses collègues se sont en effet réparti les fiches des personnes devant être arrêtées afin d’aller les avertir. Vigneron, resté au poste de police, couvre ses collègues. Ces derniers font du porte à porte et préviennent les juifs menacés : « Ce soir, ne dormez pas chez vous. » Ils leur demandent aussi de prévenir d’autres familles. A midi, les sept policiers déjeunent ensemble et font le point, cochant les fiches de ceux qu’ils n’ont pu avertir. Puis ils repartent en ville achever leur mission de sauvetage. Le lendemain, les Allemands préfèrent renoncer à faire partir le convoi pour Auschwitz : il n’y a pas assez de personnes interpellées.

  • 1er mai : face aux black blocs, comment Emmanuel Macron a perdu sa légitimité
    https://www.valeursactuelles.com/politique/1er-mai-face-aux-black-blocs-comment-emmanuel-macron-perdu-sa-legi

    Pour le dire autrement, le black bloc ressemble de plus en plus à un sale gosse qui, même s’il casse ses jouets et abîme les meubles du salon, ne fait jamais de mal à personne, contrairement au père de famille qui tabasse sa femme et ses enfants sous prétexte de ramener l’ordre dans la maison.

  • Des véhicules autonomes testés partout en France (Le Parisien)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15955-des-vehicules-autonomes-testes-partout-en-france-le-parisien

    Ça promet... L’avenir serat VERTIGINEUX !

    Jusqu’en 2022, des véhicules autonomes vont être testés en conditions réelles aux quatre coins de la France. Au total, 200 millions d’euros vont être investis dans ces expérimentations.

    La recherche autour du véhicule autonome s’accélère. Ce mercredi, le gouvernement a annoncé le lancement de dix-sept expérimentations dans toute la France. Ainsi, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), trois navettes électriques vont être testées. Capables de transporter une quinzaine de personnes sans intervention humaine sur un parcours de 2,8 km à travers le centre-ville, elles emprunteront tantôt les voies classiques, tantôt des voies en site propre. Même chose à Vichy (Allier), ou encore dans le bois de Vincennes, à Paris.

    Sur les routes d’Île-de-France, Renault et PSA testeront (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • La police de #Vichy : l’obéissance aveugle... jusqu’à l’abomination | Le Club de Mediapart

    https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-anselme/blog/170918/la-police-de-vichy-l-obeissance-aveugle-jusqu-l-abomination

    La police de Vichy : l’obéissance aveugle... jusqu’à l’abomination

    17 sept. 2018 Par Jean-Pierre Anselme Blog : A L’ABORDAGE !

    Sans la collaboration zélée de la police avec la Gestapo, jamais les occupants nazis n’auraient pu rafler autant de Juifs, de résistant-es, de communistes, de réfugié-es politiques … Un documentaire remarquable de Laurent Joly et David Korn-Brzoza, sur France 3, mercredi 19 septembre à 20h55, revient sur ces années honteuses des forces de l’ordre françaises. Un passé entièrement révolu ?

    Un policier français avec un SS © Mémorial de la déportation Un policier français avec un SS © Mémorial de la déportation

    « Dès le premier jour [de l’occupation], l’occupant est surpris de l’esprit de collaboration étonnant des policiers français », expose la voix off. Le documentaire La police de Vichy nous rappelle que la chasse au quotidien et les rafles des Juifs, résistants, communistes, réfugiés politiques, la livraison aux Allemands des listes d’otages à exécuter… ont principalement été le fait des policiers et gendarmes français, dans leur grande majorité inféodés au régime de Vichy, auquel ils prêtèrent serment sans état d’âme.

    #sgm

  • Notre-Dame : déferlement de cléricalisme | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/michel-pinault/blog/160419/notre-dame-deferlement-de-clericalisme

    Le dramatique incendie de Notre-Dame à peine maîtrisé, nous assistons à un déferlement -prévisible - de cléricalisme. Les journalistes médiatiques, le plus souvent sans faire preuve d’une once de culture historique, et les éditorialistes commentateurs triés sur le volet, du Figaro à Challenge, rivalisent : l’occasion est trop belle !

    Derrière eux, les Arnaud et les Pinault annoncent des « dons » prodigieux - on peut parier qu’Auteuil-Neuilly-Passy vont se mobiliser - pour contribuer à la « grande souscription nationale » aussitôt annoncée par Jupiter soudain converti en Saint-Louis, bâtisseur de cathédrales.

    Le journal Le Monde va jusqu’à écrire : « La cathédrale a résisté aux nazis, elle ne va pas nous lâcher maintenant » ! Drôle de façon de réécrire l’histoire.

    Comme on le sait, Notre-Dame n’a pas résisté aux nazis et l’Église catholique a été depuis le début et jusqu’à la dernière heure, pétainiste à fond.
    Le cardinal Suhard, archévêque de Paris, anti-communiste et anti-gaulliste, était résolument du côté du régime de Vichy, il était opposé à toute forme de résistance contre l’occupant. Le 26 août 1944, il lui a été interdit d’accueillir le général de Gaulle à Notre-Dame, lors de la messe de Te Deum. Il a été consigné dans ses appartements. C’est tout dire !

    Ce cardinal-archevêque avait accueilli la tournée triomphale de Pétain en avril 1944, et avait également présidé aux obsèques nationales du collaborateur en chef, Philippe Henriot, antisémite notoire, fondateur de la Légion et dirigeant de la Milice, exécuté en juin 1944 par la Résistance.
    Il avait négocié avec l’amiral Darlan, le ministre de l’Éducation nationale, Jérôme Carcopino1 et le ministre de l’Intérieur, Pierre Pucheu, un système de financement de l’école privée catholique, par des subventions de l’État (juillet 1941). Ces subventions étaient réparties par les préfets, dans chaque département. Un horaire commode d’enseignement religieux facultatif fut aussi instauré dans l’enseignement public.

    Le cardinal Baudrillard voyait dans "la noble entreprise" menée par l’Allemagne nazie une "nouvelle croisade". Comme l’archevêque de Paris, il a condamné « les appels à la violence et les actes de terrorisme, qui déchirent aujourd’hui le pays, provoquent l’assassinat des personnes et le pillage des demeures » (appel des évêques de février 1944).

    Aucun prélat n’a rallié Londres pendant la guerre. Si certains d’entre eux ont couvert des actes de Résistance ou même appuyé la Résistance, si bien sûr des catholiques ont été des résistants (Témoignage chrétien a été créé dans la Résistance), l’Église dans son ensemble est restée fidèle à Pétain jusqu’au bout.
    Inutile d’évoquer, en plus, le rôle bien connu du Pape Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale....

    Laisser entendre que Notre-Dame ait résisté aux nazis, laisse rêveur…

    Tout le siècle précédant ces épisodes avait été marqué par les luttes entre l’Église et la République. Monarchiste tant que cela a été possible, hostile à la démocratie, l’Église a dénoncé et combattu l’esprit et le projet de la Révolution française.
    Elle a tout fait pour préserver son emprise sur les jeunes esprits, obtenant des régimes conservateurs successifs (Restauration, Second Empire) le rétablissement et la préservation de ses privilèges en matière d’enseignement, elle a combattu de toutes ses forces l’enseignement laïc, public et obligatoire ; elle s’est opposée à l’éducation des filles. Elle s’est constamment opposée à toutes les formes d’émancipation, suffrage universel, luttes des prolétaires contre le patronat « de droit divin », droits des femmes, divorce, contraception, interruption de grossesse. J’en passe.

    Quand on dit « l’Église », il faut préciser le clergé, depuis la tête – le Pape – jusqu’à chaque curé de chaque paroisse, en passant par les ecclésiastiques (évêques, archevêques, cardinaux), les ordres et les congrégations, le catéchisme, l’immense presse confessionnelle, le culte des saints (Sainte-Vierge, Jeanne d’Arc, Bernadette Soubirous, Thérèse de Lisieux), les processions publiques, les cérémonies officielles. D’où le nécessaire anticléricalisme républicain, d’où le combat jamais achevé pour la laïcité et pour la séparation de l’Église et de l’État, comme condition de la libération de la population vis à vis de la tutelle religieuse.

    La réaction reste, en France, alignée sur ce que l’Église a de plus conservateur. Celle-ci reste, pour les élites privilégiées, l’ultime garant de l’ordre moral et social - comme l’armée et, de nos jours, les médias dominants qui se moquent comme d’une guigne que la majorité des Français sont sans affiliation religieuse. Pour ces raisons, pour les progressistes, plus que jamais, « l’anticléricalisme, c’est l’asepsie », comme on disait, dans les milieux républicains qui n’étaient pas encore majoritaires et se mobilisaient dos au mur, dans les années 1900.

    Notre-Dame, cette enclume plantée au cœur de l’île de la Cité, a longtemps symbolisé le pouvoir ecclésiastique aussi bien que le pouvoir royal. Quoi qu’il en soit de sa beauté architecturale portant l’empreinte du génie de ses constructeurs et du travail des milliers d’ouvriers qui l’ont édifiée, quoi qu’il en soit de l’œuvre de Victor Hugo qui a voulu magnifier sa dimension populaire, son caractère symbolique écrasant - qu’on a si bien su imiter et renouveler en édifiant le Sacré-Cœur - ne se laisse pas ignorer. Elle reste un lieu dont les puissants qui viennent s’y faire consacrer - souvenons-nous de la messe pour Mitterrand - usent et abusent pour signifier qu’ils restent les maîtres.

    • « Tout va au grand corps qui est là et qui brûle sous nos yeux. »

      https://www.youtube.com/watch?v=hg1QscTzwLo

      Athées ou croyants, Notre-Dame est notre cathédrale commune. Le vaisseau, la nef qui nous porte tous sur le flot du temps. Et je crois que nous l’aimons de la même façon. Il y a ceux pour qui la main de Dieu est à l’œuvre dans l’édification de ce bâtiment. Mais ils savent que si elle y parait si puissante, c’est sans doute parce que les êtres humains se sont surpassés en mettant au monde Notre-Dame. Et d’autres, ceux qui connaissent le vide de l’Univers privé de sens et l’absurde de la condition humaine, y voient par-dessus tout cette apothéose de l’esprit et du travail de milliers de femmes et d’hommes durant deux siècles et depuis plus de huit cent ans. Ils ressentent ce que la cathédrale a signifié depuis sa première heure, quand elle n’était encore qu’un plan, et à l’instant où fut planté le clou d’or d’où seront tirées toutes les lignes et commencés tous les calculs.

      Bien sûr, Notre-Dame accueille tout le monde, et la foi catholique l’anime. Mais elle n’appartient à personne ou bien seulement à tout le monde, comme les pyramides du plateau de Gizeh. Tout le monde, c’est-à-dire la cohue sans fin des générations qui se sont mise les unes sur les épaules des autres jusqu’au sommet des tours, des flèches, et ne se sont jamais arrêtés en chemin vers le ciel, l’espace, la lune, les planètes, les étoiles ! Du premier calcul pour faire tenir debout une voute de 33 mètres de hauteur à celui qui a permis à la sonde Rosetta et son émissaire Philae de parvenir jusqu’à l’astroïde Tchouri, la patate glacée dans l’espace, c’est tout un. Et avant la cathédrale, je dirai que le temple d’Apollon qui se trouvait là visait de même. Que le bâtiment soit un édifice religieux n’empêchera jamais qu’il soit l’incarnation de la victoire de nos anciens contre l’obscurantisme.

      Des croisades, on ramena les sciences mathématiques, physiques et chimiques que l’Orient avait conservées. Elles germèrent dans les esprits. Elles y mirent un terrible dilemme. Il n’a jamais quitté notre civilisation. Il a pris successivement mille visages. Il hante encore l’esprit de chacun tout entier dès qu’il pense. Le voici : il y a la vérité révélée, celle qui vient de l’extérieur, qui est affirmée par la coutume ou la religion et qui s’impose avec le visage rassurant de l’évidence. Et il y a celle que l’on trouve avec son propre cerveau, d’après sa propre enquête, ses propres calculs, celle que la science approche chaque jour d’un peu plus près. Toute la dignité de l’être humain est dans cette tension qui le pousse à décider par raison davantage que par instinct, par réflexion indéterminée plutôt que par le comportement programmé de son espèce.

      Notre-Dame est le signal d’un temps nouveau qui commençait. Il symbolise la douleur du savoir qui doute de lui-même pour avancer, l’inébranlable confiance dans l’esprit et dans sa victoire possible contre l’ombre qui masque, la mort qui soustrait et l’ignorance qui trompe. Notre-Dame est un message universel. Le peuple de France ne s’y est pas trompé. Tous ses grandes heures y ont transité. Des premiers États Généraux à la victoire sur les nazis, la nef a accueilli toutes nos clameurs libératrices. Je me dis qu’elle ne brûlera jamais tout à fait. Il en restera toujours un morceau qu’un être humain voudra continuer vers le ciel.

  • Loi «anti-manif» : un goût de Vichy
    http://labrique.net/index.php/thematiques/repressions/1052-loi-anti-manif-un-gout-de-vichy

    http://labrique.net/images/numeros/numéro58/loi_anti_casseur_version_web.jpg

    Le 11 avril dernier, la loi « anticasseurs » entre en vigueur. Déposée à l’origine par le sénateur très à droite Bruno Retailleau (LR), en réaction aux expulsions de Notre-Dame-des-Landes et du 1er mai à Paris, elle est depuis portée par la majorité En Marche et suscite la colère de toute part. Et pour cause ! Délit de dissimulation du visage, fouilles généralisées lors des manifestations, gardes à vue arbitraires sont à l’ordre du jour… Saisi début février, le Conseil constitutionnel a censuré une seule disposition du texte : les interdictions administratives individuelles de manifester. C’est en réalité une bien maigre victoire car la loi marque un tournant répressif rarement (...)

    #En_vedette #Répressions

    • La communication est une science toujours inexacte, et parfois mensongère. La majorité actuelle en fait la démonstration quotidienne. Car de la même façon que le président de la République dénonce officiellement les comptes anonymes utilisés sur les réseaux sociaux pour mieux s’en servir dans sa propagande (voir ici notre article), il ne cesse de propager des mensonges tout en prétendant combattre les « fake news ».

      C’est Emmanuel Macron lui-même qui s’est approprié cet anglicisme. Mais qu’on les nomme fake news, informations fallacieuses, « infox », fausses nouvelles, ou juste mensonges, l’intention est la même. Tromper en toute connaissance de cause.

      Il ne s’agit en effet pas ici de faire part de divergences d’analyse, de prétendre que le président ment quand il affirme que la suppression de l’impôt sur la fortune est une bonne chose pour l’économie française. Il est probable que le président croie en ce qu’il dit.

      Il ne s’agit pas non plus de s’attarder sur ses jugements à l’emporte-pièce, du type « Je traverse la rue et je vous trouve du travail ». Il est ici question de mensonges purs et durs. De faits sciemment déformés, omis ou transformés.

      Sibeth Ndiaye, la nouvelle porte-parole du gouvernement, anciennement chargée des relations presse à l’Élysée, doit se mordre les doigts d’avoir un jour dit la vérité à L’Express à propos des bobards de l’exécutif : « J’assume de mentir pour protéger le président. »

      Depuis, elle a nié avoir tenu ces propos. Mais ne dément-elle pas pour « protéger le président » ?

      Comme s’il voulait décrédibiliser par avance les informations à paraître, Emmanuel Macron assurait le 26 juillet 2018 à ses amis, aux prémices de l’affaire Benalla, que « nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité ». En réalité, c’est l’Élysée qui cherche à l’en détourner.

      Les fausses vidéos de l’affaire Benalla (Emmanuel Macron)

      Ismaël Emelien, en promotion pour la sortie de son livre écrit avec David Amiel, a eu les plus grandes difficultés à se défendre. Le 19 juillet 2018, au lendemain des révélations du journal Le Monde sur les agissements d’Alexandre Benalla, le conseiller spécial du chef de l’État avait orchestré la riposte en faisant diffuser par un compte anonyme sur les réseaux sociaux des vidéos censées dédouaner Benalla.

      Deux problèmes se posent. Tout d’abord, Ismaël Emelien a utilisé une vidéo issue des caméras de surveillance de la police, ce qui est illégal. Il prétend qu’il ne connaissait pas l’origine de ces vidéos. Qu’il n’a pas pensé à se renseigner.

      Mais l’Élysée a aussi fait circuler, avec la bénédiction de Sibeth Ndiaye qui a conseillé aux journalistes d’aller consulter ces vidéos, le film d’un homme très agité poursuivant un groupe d’hommes vêtus de noir, chaise à la main.

      Le problème, comme l’a raconté Le Monde, est qu’il ne s’agit pas du tout du jeune homme immobilisé par Alexandre Benalla place de la Contrescarpe. La vidéo a été tournée le soir, bien après l’intervention musclée d’Alexandre Benalla. Et selon une enquête publiée jeudi 4 avril par le site la-bas.org, l’homme à la chaise poursuivait en réalité des militants « antifas ».

      Mais Emmanuel Macron lui-même a endossé ce mensonge, alors que la comparaison des deux hommes sur ces vidéos ne tromperait pas un enfant familier du jeu des sept erreurs (chaussures de couleurs différentes, blouson sans fourrure…).

      Quelques jours plus tard, le 26 juillet, à la Maison de l’Amérique latine, outre le fait qu’il se plaint de cette « presse qui ne recherche plus la vérité », Emmanuel Macron lance : « Les images tournent en boucle d’une scène inadmissible et que je condamne. Je ne vois jamais la scène d’avant, la scène d’après. Quel est le contexte, qu’est-ce qui s’est passé ? S’agissait-il d’individus qui buvaient gentiment un café en terrasse ? Que s’est-il passé juste ensuite ? »

      Le chef de l’État fait ensuite clairement référence à cette vidéo tournée postérieurement. « J’ai cru comprendre qu’il y avait des images, poursuit-il. Où sont-elles ? Sont-elles montrées avec la même volonté de rechercher la vérité et d’apporter de manière équilibrée les faits ? Non. » Avant de conclure : « Je vois un pouvoir médiatique qui veut devenir un pouvoir judiciaire. »

      La réalité est tout autre. Des investigations journalistiques ont mis en lumière des faits avérés sur lesquels la justice enquête aujourd’hui.

      La perquisition à Mediapart sur les enregistrements Crase/Benalla (Nicole Belloubet)

      Après que nous avons diffusé les extraits d’une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, Mediapart a reçu, le vendredi 1er février, une demande de réquisition de ces extraits par les juges d’instruction de l’affaire du 1er Mai.

      Nous avons tout de suite fait savoir que nous ne nous opposions pas à cette réquisition judiciaire, de façon que des juges indépendants puissent authentifier les documents publiés et statuer, notamment, sur la violation du contrôle judiciaire.

      Cet accord a été renouvelé le lundi 4 février, à 9 heures.

      Pourtant, ce même lundi 4 février, peu après 11 heures, notre journal a fait l’objet d’une tentative de perquisition après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris des chefs d’« atteinte à l’intimité de la vie privée » et de « détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception et de télécommunications ou de conversations ».

      Deux procureurs du parquet de Paris se sont présentés à notre journal et nous ont annoncé qu’ils venaient pour procéder à une perquisition, et non réquisitionner les enregistrements publiés.

      Vu que nous avions déjà donné notre accord pour la réquisition judiciaire, la tentative de perquisition n’avait qu’un seul objectif : identifier nos sources, et faire peur à tous ceux susceptibles de nous parler.

      Devant l’Assemblée nationale, et pour justifier cette tentative de perquisition, la ministre de la justice Nicole Belloubet a cependant déclaré le 5 février : « Mediapart a dans un premier temps refusé cette remise, mais comme la presse s’en est fait l’écho, depuis, les bandes sonores ont été remises à la justice, ce qui est une très bonne chose, je crois, pour que toute la vérité soit faite dans cette affaire. »

      En mélangeant sciemment les deux procédures, Nicole Belloubet a menti.

      Geneviève Legay, blessée à Nice par un policier (Emmanuel Macron)

      Lors de rassemblements à Nice, le 23 mars, Geneviève Legay, porte-parole d’Attac, est blessée lors d’un rassemblement de gilets jaunes.

      Le lundi 25 mars, le procureur de la République indique, lors d’une conférence de presse, que Geneviève Legay « n’a pas été touchée par des policiers. Il n’y a aucun contact direct entre un policier et cette dame ».

      Dans un entretien avec Nice Matin, publié le lundi 25 mars, le président de la République déclare à son tour, sans la moindre prudence, que « cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre ». Il ajoute quelques phrases qui ont profondément irrité Geneviève Legay : « Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. […] Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. »

      Or dès le 23 mars, comme nous l’avons révélé, un policier expliquait le jour même du rassemblement sur procès-verbal qu’au vu des premiers éléments de l’enquête, la victime, âgée de 73 ans, avait été heurtée par « un homme portant un bouclier ».

      Au cours de son audition, un autre policier, ayant participé à la charge, avait précisé : « Nous avons chargé, donc effectivement nous avons poussé les personnes devant nous. […] C’est après la charge en me retournant que j’ai constaté qu’une femme était à terre. »

      Le gouvernement et les chômeurs « trop » indemnisés (Édouard Philippe)

      Le premier ministre et la ministre du travail affirment qu’un chômeur sur cinq gagnerait plus au chômage que dans son travail précédent. Ce chiffre est en réalité totalement vicié et aboutit à un mensonge qui salit 600 000 personnes.

      Comment est-ce possible ? Le gouvernement compare deux périodes qui ne sont pas les mêmes. Avec une méthode de calcul différente, l’Unédic aboutit au chiffre de moins d’un salarié sur 25 se retrouvant dans la situation décrite par l’exécutif.

      Pour le sociologue spécialisé dans les politiques de l’emploi Mathieu Grégoire, il s’agit donc d’« un artefact statistique » et d’« une manipulation assez troublante des chiffres ».

      Selon le gouvernement, ce sont les salariés en contrats courts, généralement peu qualifiés et peu rémunérés, qui sont censés « trop » profiter de l’assurance-chômage. Et en dépit du calcul erroné, c’est sur eux que le gouvernement devrait faire porter l’essentiel des économies à venir.

      Le nombre d’ultras parmi les gilets jaunes (Emmanuel Macron)

      Le jeudi 31 janvier, Emmanuel Macron reçoit cinq journalistes pour une « discussion informelle » autour d’un café. Le président de la République se montre très offensif au moment de dénoncer les violences commises lors des manifestations des « gilets jaunes ». Selon lui, elles seraient l’œuvre « de 40 à 50 000 militants ultras qui veulent la destruction des institutions ». « Face aux violences orchestrées par les extrêmes », rapporte Paris-Match, le chef de l’État « met en garde contre la ‘‘fachosphère’’ et la ‘‘gauchosphère’’ qui ont surinvesti les réseaux sociaux ».

      Pourtant, dans les jours précédents, selon nos enquêtes, des notes des services de renseignement sont remontées à l’Élysée. Et elles disent précisément l’inverse de ce que prétend Macron.

      En effet, à ce moment-là, l’ultradroite se désengage « à Paris comme en province ». Selon la DGSI, « la scène d’ultradroite est quasi inexistante au sein des cortèges ». Même au plus fort de leur mobilisation les premières semaines du mouvement, les services ne comptaient que « quelques centaines d’individus » relevant de cette mouvance.

      À l’ultragauche, alors ? Pas plus. « L’ultragauche s’est impliquée de manière limitée dans un mouvement perçu comme populiste et réactionnaire », écrit-on à la DGSI. Des sources dans différents services de renseignement donnent un même chiffre de 300 militants « au grand maximum » d’ultras de droite et de gauche réunis au plus fort du mouvement, début décembre. En mars, ils n’étaient plus que quelques dizaines.

      Dans la même interview, le président de la République décrit le mouvement des gilets jaunes comme « une manipulation des extrêmes, avec le concours d’une puissance étrangère : la Russie de Poutine ». Or la DGSI et la DGSE n’auraient toujours pas trouvé la moindre trace d’ingérence russe. Et l’Élysée n’a jamais voulu nous faire part de ses sources sur le sujet.

      Le retour des djihadistes français (Emmanuel Macron)

      « Contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre, il n’y a pas un programme de retour des djihadistes qui est aujourd’hui conçu, nous restons sur la même doctrine », explique à l’occasion du « grand débat » Emmanuel Macron à des élus de la Région Grand Est. Selon lui, il n’y aurait donc jamais eu de programme de retour des djihadistes français. Pas question de donner l’impression de tergiverser.

      Selon nos informations, les services des ministères des affaires étrangères, de la défense, de l’intérieur et de la justice travaillaient pourtant bien depuis l’automne 2018 au retour des djihadistes détenus par les Kurdes de Syrie.

      Les conditions du programme de retour étaient tenues pour acquises par les principaux acteurs du dossier lorsque, dans la première quinzaine de février, le président de la République a changé d’avis.

      Qu’est-ce qui a fait changer Emmanuel Macron de position et l’a ainsi fait aller à l’encontre des préconisations de son administration ? L’Élysée n’a pas répondu à nos sollicitations.

      Le chlordécone ne serait pas cancérigène (Emmanuel Macron)

      « Il ne faut pas dire que ce pesticide est cancérigène. » En une phrase, le président de la République a soulevé l’indignation, en particulier des élus d’outre-mer qui lui faisaient face le vendredi 1er février, à l’Élysée, pour une rencontre dans le cadre du grand débat national.

      La discussion portait sur la dangerosité du chlordécone, un pesticide extrêmement toxique et perturbateur endocrinien, classé « cancérigène possible » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès 1979 et utilisé jusqu’en 1993 dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique. Ce jour-là, pour le président, « il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que ce produit n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs ».

      Presque tous les Guadeloupéens et les Martiniquais sont contaminés au chlordécone, selon une étude publiée par Santé publique France en 2018. Et les sols sont pollués pour quatre cents à sept cents ans.

      Estomaqués par les propos du président, l’urologue Pascal Blanchet et le chercheur à l’Inserm Luc Multigner ont répondu en rappelant, entre autres, que « l’exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate ».

      Face à la polémique, l’Élysée a maladroitement tenté de faire machine arrière, plaidant le malentendu, sans convaincre personne.

      La mort de Jamal Khashoggi (Jean-Yves Le Drian)

      Dès le 6 octobre 2018, soit quatre jours après la disparition de Jamal Khashoggi, un notable saoudien exilé aux États-Unis et devenu chroniqueur au Washington Post, qui n’est jamais ressorti de son consulat à Istanbul où il venait chercher des papiers administratifs, les autorités turques commencent à laisser filtrer des informations auprès de la presse indiquant que le journaliste a été tué dans l’enceinte diplomatique.

      Les jours suivants, la police et le gouvernement turcs distillent de plus en plus de preuves des agissements d’une équipe de tueurs saoudiens composée de proches du prince hériter Mohammed ben Salamane, qui aurait interrogé, torturé, puis découpé en morceaux la victime.

      Le 11 octobre, Ankara laisse entendre qu’elle possède un enregistrement audio de ce qui s’est déroulé à l’intérieur du consulat, qui ne laisserait aucune doute sur la culpabilité des Saoudiens.

      Le 10 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme que l’enregistrement a été fourni aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l’Allemagne et au Canada.

      Pourtant, Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères bien timide sur le dossier, nie le 12 novembre sur France 2 avoir eu connaissance de l’enregistrement. Et il ajoute : « Si le président turc a des informations à nous donner, il faut qu’il nous les donne », soulevant l’indignation des autorités turques.

      Après une longue enquête, Mediapart a obtenu la confirmation auprès de sept diplomates et fonctionnaires du renseignement français que le Quai d’Orsay, à son plus haut niveau, avait bien eu accès à ces enregistrements à la date où le ministre s’exprimait.

      L’hommage au maréchal Pétain (Florence Parly)

      À l’occasion des cent ans de l’Armistice, l’état-major des armées souhaitait organiser, « en présence du président de la République », un hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Philippe Pétain. Dans un premier temps, l’Élysée laisse passer cette option, qui se retrouve inscrite dans le programme officiel des célébrations.

      Mais face à l’ampleur de la polémique, l’hommage est finalement retiré in extremis. Ce qui n’empêche pas la ministre des armées Florence Parly de jurer au micro de BFM-TV que « l’État-major n’a jamais imaginé rendre hommage au maréchal Pétain », mais qu’il souhaitait uniquement « rendre hommage aux maréchaux qui sont aux Invalides ».

      Cette cérémonie était pourtant bel et bien prévue, comme l’a d’ailleurs confirmé l’Élysée à Mediapart. Et il n’y a pas de place pour le doute. Chaque étape de cette « itinérance mémorielle » avait été minutieusement préparée : les dossiers de presse sur le site de la Mission du centenaire et sur celui du ministère de l’éducation nationale ne faisaient pas mystère de la présence du président de la République.

      Pataugeant dans ses dénégations, Emmanuel Macron aura au passage jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », même s’il a « conduit des choix funestes » pendant la Seconde. Des déclarations qui ont fait bondir la plupart des historiens.

      Un paparazzi placé en garde à vue pour rien (l’Élysée)

      Le Palais n’a pas attendu les derniers mois pour diffuser des craques. Dès septembre 2017, l’Élysée fait fuiter dans Challenges une information censée montrer à quel point Emmanuel Macron est un président magnanime. « EXCLUSIF. Emmanuel Macron vient de décider d’abandonner ses poursuites judiciaires qu’il avait engagé [sic] contre un paparazzi. »

      La réalité est autre. Selon des informations obtenues à l’époque par Mediapart, s’il est mis un terme à cette affaire très médiatisée, c’est en fait parce que le parquet de Marseille a classé sans suite l’enquête préliminaire ouverte en août pour « harcèlement » et « atteinte à la vie privée ». La plainte de l’Élysée ne tenait pas la route : le photographe mis en cause, Thibaut Daliphard, n’avait commis aucun des délits que l’Élysée lui reprochait.

      Ce photographe avait été contrôlé une première fois par un officier de sécurité devant la résidence privée de Marseille où les époux Macron passaient quelques jours de vacances au mois d’août, et s’était vu répondre qu’il n’y aurait pas de possibilité de prendre des clichés ce jour-là.

      Le lendemain, l’Élysée venant de confirmer que le couple présidentiel y passait ses vacances, le photographe s’était présenté à nouveau devant la résidence pour aller aux nouvelles, sans appareil photo.

      Selon Thibaut Daliphard, il s’était alors heurté à un homme qu’il avait pris pour un policier et qui lui avait déclaré : « Je n’aime pas votre métier », « Ce que vous faites, c’est du harcèlement », puis « Je vais vous placer en garde à vue, je vais vous faire coffrer pour 48 heures ».

      Selon Thibaut Daliphard, alors qu’il attend les forces de l’ordre, son téléphone sonne. « Je décroche le téléphone, il me saute dessus, essaie de me l’arracher, je me débats, puis il me dit : vous êtes en garde à vue, vous n’avez pas le droit de téléphoner. » Puis arrivé au commissariat du VIIIe arrondissement de Marseille, le commissaire présent sur place lui aurait confié : « Je suis désolé, on me demande de vous placer en garde à vue. »

      Thibaut Daliphard restera six heures en cellule. Le matériel, la carte-mémoire et l’ordinateur de ce journaliste sont fouillés.

      Ce n’est qu’un an plus tard, à l’été 2018, que Thibaut Daliphard découvrira que l’homme qui l’a violenté n’était pas un policier. Mais Alexandre Benalla.

  • https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/05/les-maths-nouvelle-equation-du-secteur-de-la-beaute_5431396_3234.html

    L’intelligence artificielle se niche partout dans notre salle de bains. L’appli SkinConsult, dévoilée le 19 février par Vichy, permet d’évaluer les dégâts du vieillissement du visage grâce à un selfie. Rien n’échappera à l’œil de votre smartphone : fermeté, rides, ridules, éclat, taches pigmentaires et pores dilatés sont évalués à l’aune des « Atlas du vieillissement cutané » établis par L’Oréal, maison mère de Vichy, auprès de 4 000 personnes dans le monde. La marque peut alors juger de l’état de la peau, et l’algorithme de l’appli proposer les soins adaptés. Reste au client à glisser ces crèmes à la vitamine C dans le panier du site Internet de Vichy, accessible depuis SkinConsult.

    Je tente de relire ces trois phrases en me persuadant que ce n’est pas moi qui suis fou, mais le monde qui vient.

    ping @mona

  • Le buzz Finkielkraut, une presse conservatrice et réactionnaire au service de Macron
    https://nantes.indymedia.org/articles/44625

    Comme lors de Nuits debout, Alain Finkielkraut vient s’imposer dans un manifestation publique qu’il critique. Alors qu’il invite sur France culture Zemmour qui défend l’action de Pétain et de Vichy, Finkielkraut s’étonne des conséquence de la propagande qu’il favorise, comme Macron qui voulait commémorer la mémoire de Mauras et de Pétain. Cela échappe à la « presse de préfecture ».

    #Racisme #Répression #Resistances #antifascisme #gilets_jaunes #Racisme,Répression,Resistances,antifascisme,gilets_jaunes

  • M. Macron, le bien public, c’est la liberté d’informer
    https://www.latribune.fr/opinions/editos/m-macron-le-bien-public-c-est-la-liberte-d-informer-806617.html


    DR

    ÉDITO. Qu’Emmanuel Macron invite la presse et les journalistes à faire leur autocritique et à définir un cadre d’autorégulation, pourquoi pas. Mais que l’on imagine créer une sorte de conseil de censure, ou pire, un instrument d’autocensure, nous semble une dérive dangereuse pour la liberté de la presse et potentiellement pour la démocratie.
    Par Philippe Mabille, directeur de la Rédaction.

    Pour se sortir de la crise des « Gilets jaunes », qui en est déjà à son acte XIII ce samedi, Emmanuel Macron est en train d’inventer un nouveau concept politique, la «  délibération permanente  », qu’il a dit préférer, devant quelques journalistes triés sur le volet reçus dans son bureau à l’Élysée, aux «  commentaires permanents  » auxquels on assiste sur les chaînes d’info. Devant les mêmes journalistes, le président de la République, qui ne comprend pas pourquoi les médias donnent à «  Jojo-le-gilet-jaune  » (on admire l’élégance du propos) les mêmes égards qu’à un ministre ou un expert, s’est livré à une longue diatribe contre les médias, prenant des positions assez stupéfiantes.

    En voici quelques lignes, telles que rapportées par Emmanuel Berretta dans Le Point :
    «  Le bien public, c’est l’information. Et peut-être que c’est ce que l’État doit financer (...) Il faut s’assurer qu’elle soit neutre, financer des structures qui assurent la neutralité.  »

    Et Emmanuel Macron de proposer la création d’une sorte de comité (de salut public ?) chargé « avec des garants qui soient des journalistes » (lesquels ? choisis par qui ?), de la « vérification de l’information ».

    À ce stade, lisant cela, il est permis de se le demander : Emmanuel Macron a-t-il complètement «  pété les plombs  » avec la crise des « Gilets jaunes » ?

    Nombre de brillants éditorialistes ont déjà avec talent dénoncé ce plan de mise sous tutelle des médias, à l’exemple de l’excellent « Macron ou la tentation de la Pravda  » d’Étienne Gernelle, le patron du Point. Comment mieux décrire le «  délire orwellien  » dans lequel semble sombrer notre président de la République. Cette idée qu’il existerait une «  vérité  », une «  vérité d’État  » sans doute dans l’esprit du chef de l’État, nous heurte évidemment.

    Il ne s’agit pas de contester que la presse soit parfois critiquable, mais de dénoncer la tentation autoritaire que cela révèle de la part du pouvoir. D’autres ont dit - comme le député Charles de Courson, dont le père résistant a été poursuivi par le régime de Vichy - que la loi «  anti-casseurs  » votée cette semaine au Parlement inquiète, en ce qu’elle modifie l’équilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le judicaire, et pourrait, comme les textes qui ont institutionnalisé l’état d’urgence, se révéler un instrument redoutable placé en de mauvaises mains.

    C’est la même chose s’agissant des projets du président à propos de la presse qui viennent après la tout aussi ambiguë loi «  anti-fake news  » censée encadrer les réseaux sociaux et censurer «  le faux  » en période électorale.

    Dernière initiative, qui n’est pourtant pas une fake news, l’ex-ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a confié à l’ex-Pdg de l’AFP, Emmanuel Hoog, la création d’un «  conseil de déontologie de la presse  » financé à hauteur de 1,5 million d’euros par moitié (en fait 49 %) par l’État, une instance destinée, selon ses promoteurs, à «  permettre au citoyen d’obtenir des réponses sur le travail des journalistes en dehors de tout ce qui est encadré par la loi (diffamation, calomnie, injure ou incitation à la haine)  ». La création d’un tel conseil, qui existe dans une quarantaine de pays, est réclamée par Jean-Luc Mélenchon dont on connaît les positions particulièrement amicales à l’égard des journalistes.

    Que les choses soient claires entre nous : qu’Emmanuel Macron invite la presse et les journalistes à faire leur autocritique et à définir un cadre d’autorégulation («  Quelque part, cela doit aussi venir de la profession  », aurait-il dit), pourquoi pas. Mais que l’on imagine créer une sorte de conseil de censure, ou pire, un instrument d’autocensure, nous semble une dérive dangereuse pour la liberté de la presse et potentiellement pour la démocratie. C’est encore plus vrai à un moment où le législateur veut protéger le secret des affaires, au risque de dissuader tout travail d’enquête journalistique, lequel repose sur le secret des sources, et où un de nos confrères, Mediapart, subit la menace d’une perquisition dénoncée par les sociétés de journalistes de tous les médias.

    Que les choses soient bien claires : La Tribune et ses journalistes s’en tiennent à l’article 1 de la loi du 29 juillet 1881 qui dit que «  l’imprimerie et la librairie sont libres  », et qui est en quelque sorte notre Premier amendement au sens de la Constitution américaine. Emmanuel Macron peut chercher toutes les voies de contournement possible, son projet est tout simplement mauvais et ne peut qu’inquiéter tous ceux qui voient avec effroi la crise des « Gilets jaunes » alimenter une tentation autoritaire ou bonapartiste.

    Dans leur livre, désormais traduit en français, La Mort des démocraties (Calmann-Lévy), Steven Levitsky et Daniel Ziblatt, deux chercheurs de Harvard, ont défini quatre signaux d’alerte permettant de reconnaître les autocrates : «  On doit s’inquiéter lorsqu’un politicien
    1) rejette en actes ou en paroles les règles du jeu de la démocratie ;
    2) dénie leur légitimité aux opposants ;
    3) tolère ou encourage la violence ;
    4) affiche une propension à limiter les libertés civiques de l’opposition et des médias.
     »

    Puisqu’Emmanuel Macron nous invite, nous journalistes, à être jugés au regard de la vérité ou du mensonge, prenons-le donc au mot et proposons qu’un conseil de déontologie tout aussi indépendant indique comment évaluer les hommes et les femmes politiques français en fonction de ces quatre critères simples et transparents au sein desquels chacun d’entre eux, lisant ces lignes, pourra aisément se reconnaître.

    À bon entendeur…

  • « Affirmer que l’Europe c’est la paix est une fadaise doublée d’une mystification » Olivier Delorme
    - 27 Novembre 2018 - Le Comptoir

    https://comptoir.org/2018/11/27/olivier-delorme-affirmer-que-leurope-cest-la-paix-est-une-fadaise-doublee-

    Le Comptoir : Vous vous moquez du lieu commun européiste disant que l’Europe c’est la paix… La formation de l’Union européenne n’a-t-elle pas aidé à pacifier une Europe qui a connu deux guerres mondiales et bien d’autres encore ?


    Olivier Delorme : Nullement. En réalité, la guerre est impossible en Europe dès lors que les États-Unis d’Amérique en 1945, puis l’Union soviétique en août 1949, ont acquis l’arme atomique. En effet, au mois d’avril de cette même année 1949, dix États européens de l’Ouest se sont liés au Canada et aux États-Unis par le pacte d’assistance mutuelle qu’on appelle l’Alliance atlantique, tandis que des troupes soviétiques stationnent dans la plupart des États d’Europe de l’Est qui formeront le Pacte de Varsovie en 1955. Dès lors, les deux Grands peuvent, en Europe, se jauger, se gêner, mais pas provoquer une remise en cause de l’équilibre qui dégénérerait en conflit nucléaire, puisque chacun considère son “glacis européen” comme faisant partie de ses intérêts vitaux. C’est l’équilibre de la terreur, et rien d’autre, qui assure la paix en Europe après 1945.

    Quant à la possibilité d’une guerre franco-allemande dans ce contexte géopolitique, elle relève simplement du burlesque. Les États-Unis exerçant sur l’Europe de l’Ouest une hégémonie sans partage jusqu’en 1958, il est en effet extravagant d’imaginer que des États qui dépendent entièrement d’eux pour leur sécurité et beaucoup pour leur approvisionnement et leur reconstruction (plan Marshall), qui abritent en outre sur leur territoire des bases américaines, puissent entrer en guerre les uns contre les autres. Enfin, lorsque la France quitte l’organisation militaire intégrée de l’Alliance atlantique (1966), c’est que sa force de dissuasion nucléaire est devenue opérationnelle : aucune agression directe contre elle de la part d’une puissance non nucléaire n’est donc plus envisageable. Dans ces conditions, affirmer que “l’Europe c’est la paix” est une fadaise doublée d’une mystification.

    La réalité, c’est que ce qu’on appelle la “construction européenne” et c’est une construction américaine de guerre froide : il ne s’est jamais agi que d’organiser économiquement la partie de l’Europe sous hégémonie américaine. On sait aujourd’hui que les services spéciaux américains ont abondamment financé les mouvements paneuropéens, et que la plupart des “Pères de l’Europe” ont été ce que les archives de la CIA désignent comme des hired hands ou mains louées, ce que je propose, dans ces 30 bonnes raisons pour sortir de l’Europe, de traduire par mercenaires ou domestiques appointés. D’ailleurs, nombre de ces Pères ont aussi eu une carrière à l’OTAN et/ou une retraite dorée dans des multinationales américaines.

    Quant à la pacification des relations entre les deux blocs de la guerre froide, elle n’a elle non plus strictement rien eu à voir avec la “construction européenne”. Elle s’est faite d’abord à l’initiative du général de Gaulle, qui parlait volontiers d’Europe de l’Atlantique à l’Oural, c’est-à-dire sans aucun rapport avec l’Europe américaine de Monnet et de ses compères, et pour partie en réaction à l’échec du seul plan européen qui n’a pas été inspiré ou patronné par les Américains (Plan Fouchet, 1961-1962) et que, pour cette raison, les partenaires d’alors de la Communauté économique européenne (CEE) ont fait capoter. De même, l’autre politique de détente européenne a été initiée par un autre État-nation du continent, et de nouveau hors du cadre de la CEE. C’est l’Ostpolitik de l’Allemand Willy Brandt, qui répond d’abord à des impératifs nationaux allemands. Les États-nations ont donc joué, dans la pacification de l’Europe, un rôle bien plus actif que la “construction européenne”.

    Ajoutons encore que, à Chypre, l’Union européenne (UE) n’a fait qu’entériner l’occupation et la colonisation illégale (depuis 1974) de 37 % d’un État qui en est devenu membre en 2004 (la République de Chypre) par un État candidat à l’Union (la Turquie) : situation parfaitement ubuesque ! Et l’UE n’a jamais sérieusement tenté quoi que ce soit, ni exercé la moindre pression significative sur la Turquie, afin de dégager une solution politique à ce conflit. Elle n’a pas davantage manifesté la moindre solidarité aux Chypriotes qui, depuis plusieurs mois, doivent faire face à des intimidations de la marine de guerre turque destinées à empêcher la mise en valeur de gisements gaziers situés dans la zone économique exclusive de la République de Chypre.


    De même l’UE n’a-t-elle jamais rien tenté de sérieux pour obtenir de la Turquie – qu’elle finance pourtant largement au titre de la pré-adhésion et, plus récemment, à celui du chantage aux migrants – qu’elle mette fin à ses innombrables violations des espaces maritime et aérien grecs, c’est-à-dire à la violation des frontières de l’Union ! Et lorsque, en 1996, la Turquie occupe les îlots grecs d’Imia (de nouveau menacés le printemps dernier), conduisant les deux pays au bord du conflit (trois morts dans le crash d’un hélicoptère grec), la Commission et le Conseil se taisent. Seul le Parlement vote une résolution, sans la moindre conséquence pratique, réaffirmant les droits souverains de la Grèce et invitant le Conseil à « prendre les mesures qui s’imposent pour améliorer les relations entre la Grèce et la Turquie ». Ce qu’il ne fera pas. C’est finalement une médiation américaine qui rétablira le statu quo.

    Or, la permanence de la menace turque, qui a connu un regain ces derniers temps sans plus de réaction de l’UE, contraint la Grèce à soutenir un effort militaire disproportionné : elle est le pays de l’OTAN qui consacre, après les États-Unis, la part la plus importante de son PIB aux dépenses militaires. Et cet effort a largement contribué à la “construction” de la fameuse dette grecque, tout en enrichissant les industries de défense allemande et française, dont la Grèce figure régulièrement parmi les clients les plus importants.

    Enfin, ce qu’on appelait alors les “Communautés européennes” a joué un rôle singulièrement toxique dans le déclenchement des guerres de sécession yougoslaves, et fait la démonstration que la prétendue solidarité européenne ne pèse rien dès que des intérêts nationaux puissants sont en jeu. En effet, si le 16 décembre 1991 le Conseil européen fixait à l’unanimité les critères de reconnaissance des indépendances slovène et croate et chargeait une commission d’arbitrage de les apprécier, l’Allemagne puis l’Autriche, soucieuses de se reconstituer un espace d’influence plus ou moins exclusive sur d’anciennes terres austro-hongroises devenues yougoslaves en 1918, violaient la décision du Conseil dès le 23 décembre, mettant ainsi le feu aux poudres. De même, les décisions européennes, comme je l’explique dans le troisième tome de La Grèce et les Balkans (Gallimard, 2013) contribuèrent-elles largement au déclenchement des hostilités intercommunautaires en Bosnie-Herzégovine. Donc non seulement la “construction européenne” n’a pas créé les conditions de la paix en Europe, mais elle s’est montrée incapable de contribuer à la maintenir.

    On parle beaucoup de “faire l’Europe”, et les euro-libéraux mettent en avant qu’il s’agit de la seule façon de s’opposer aux grandes nations comme les USA, la Chine ou la Russie. Mais n’est-ce pas contradictoire avec l’implication grandissante de l’OTAN au sein de l’UE ? Quels sont d’ailleurs ces liens avec cette organisation issue de la Guerre froide ?
    OTAN et UE ont une même origine – la Guerre froide – et un même but : l’intégration entre les deux rives de l’Atlantique. Comme l’ont de nouveau montré la rage de la Commission européenne à négocier le TAFTA dans la plus totale opacité, de manière à cacher la réalité à des opinions européennes largement hostiles à cet accord, et sa volonté de contourner les parlements nationaux dans la ratification du CETA.

    Si l’on examine la chronologie, la création en 1952 de la première Communauté européenne, celle du charbon et de l’acier (CECA), conçue par Monnet, agent d’influence américain – stipendié ou non peu importe – est suivie de peu par la substitution1, dans les importations des pays de cette CECA, du charbon américain en surproduction au charbon polonais, de bien meilleure qualité mais se trouvant dans une Europe avec laquelle les États-Unis veulent que les échanges commerciaux cessent. Puis les États-Unis accordent à la CECA, dès 1953, un prêt dont la contrepartie est l’augmentation des achats de leur charbon au coût minoré par des subventions au fret. Au final, la CECA a permis aux États-Unis d’exporter en Europe leur surproduction, ce qui conduit, à terme, à la fermeture des mines des États membres de la CECA eux-mêmes.

    Ajoutons que le premier ambassadeur américain près la CECA, nommé à la demande pressante de Monnet, est David Bruce, qui fut chef de la branche européenne de l’OSS (l’ancêtre de la CIA) puis un très interventionniste ambassadeur en France (1949–1952) ; il le sera ensuite en Allemagne (1957-1959) et au Royaume-Uni (1961-1969). Bruce sera également chargé de pousser à la constitution de la Communauté européenne de défense (CED), destinée à répondre aux exigences américaines d’un réarmement allemand après le début de la guerre de Corée (juin 1950). Car les États-Unis devant envoyer des troupes en Corée, ils demandent aux Européens de participer davantage à leur propre défense (ça ne date pas de Trump !). La CED est imaginée de nouveau par Monnet (ou par ceux qui lui soufflent ses idées) pour neutraliser les oppositions en Europe à la renaissance d’une armée allemande cinq ans après la fin du second conflit mondial, et le gouvernement français de René Pleven la fait sienne (octobre 1950). Le traité est signé en mai 1952, mais l’opposition des gaullistes et des communistes fera échouer sa ratification au Parlement français en août 1954.
    Parallèlement, en février 1952, la conférence de Lisbonne des États membres de l’Alliance atlantique adopte le rapport d’un comité de sages – dont Monnet, l’indispensable bonne à tout faire des Américains, est bien sûr l’un des membres – qui crée une organisation militaire intégrée, l’OTAN, destinée à placer sous commandement américain l’armée dite européenne (CED) qui n’a d’autre fonction que d’être une troupe de supplétifs. Enfin, on confie aussi à Bruce la tâche de promouvoir la création d’un organe politique européen unique. Moins d’un an après la mort de la CED, se réunit la conférence de Messine (juin 1955) qui lance la négociation sur les traités de Rome signés le 25 mars 1957. Et le 16 mai suivant, le Belge Paul-Henri Spaak, qui a été le principal artisan de ces traités, devient le 2e secrétaire général de l’OTAN, poste dans lequel un autre des “pères-signataires” de Rome en 1957, le Néerlandais Joseph Luns, sera le recordman de durée (1971-1984). OTAN et “construction européenne” sont intimement liées : elles ont toujours été les deux faces d’une même monnaie !
    Et la “défense européenne”, aujourd’hui comme au temps de la CED, n’a jamais été qu’un leurre. Lors de la négociation du traité de Maastricht, il s’est rapidement avéré que la plupart des États ne pouvaient concevoir que le “pilier” de défense et de sécurité commune fût autre chose que l’OTAN. On y a mis les formes parce que la France n’avait pas encore liquidé l’héritage gaullien, mais la réintégration de celle-ci dans cette organisation militaire sous commandement américain, ébauchée par Chirac, conclue par Sarkozy et ratifiée (malgré des engagements contraires) par Hollande, rend inutiles les circonlocutions d’autrefois. Ce n’est pas tant qu’il y ait une “implication grandissante” de l’OTAN dans l’UE, c’est juste qu’on dissimule moins une réalité consubstantielle à la “construction européenne”.
    Par ailleurs, pour les États de l’Europe anciennement sous hégémonie soviétique, l’intégration à l’UE a été l’antichambre de l’intégration à l’OTAN (raison pour laquelle Moscou a réagi si vigoureusement lors de l’association de l’Ukraine à l’UE). Et j’oserais dire que, pour eux, l’appartenance à l’OTAN est beaucoup plus importante que leur appartenance à l’UE.


    Mais ce qui est aujourd’hui le plus drôle, c’est que les orientations de la nouvelle administration américaine viennent troubler ce très vieux jeu. Parce que la monnaie européenne, largement sous-évaluée pour les fondamentaux de l’économie allemande (et largement surévaluée pour la plupart des économies de la zone que cette monnaie étouffe), est devenue un redoutable instrument de dumping au service des exportations allemandes, Trump range désormais l’UE parmi les ennemis des États-Unis et remet en cause le libre-échange avec cet espace. Alors qu’on sait que, par le passé, les États-Unis ont été à la fois les moteurs du libre-échange (qui est toujours la loi du plus fort… mais les États-Unis n’étant plus aujourd’hui les plus forts, ils n’y ont plus intérêt) comme de la monnaie unique. L’ouverture des archives américaines a ainsi révélé un mémorandum de la section Europe du département d’État américain, en date du 11 juin 1965, dans lequel Robert Marjolin, l’ombre de Monnet et vice-président de la Commission (1958-1967), se voyait prescrire « de poursuivre l’union monétaire à la dérobée (ou en rusant), jusqu’au moment où ‘l’adoption de ces propositions serait devenue pratiquement inéluctable »²… Ceci est à mettre en parallèle avec la décision du sommet européen de La Haye, en décembre 1969, de confier à une commission présidée par le Luxembourgeois Pierre Werner l’élaboration du premier projet (rapport remis en octobre 1970) d’union économique et monétaire.

    Par ailleurs, le même Trump n’a plus de mots assez durs pour l’OTAN qui, à ses yeux, coûte trop cher aux Américains. D’autant que ses relations avec Poutine semblent indiquer qu’il souhaite sortir de l’actuel remake de Guerre froide. On oublie souvent, en Europe, que le principe fondamental de la diplomatie américaine, depuis l’indépendance jusqu’en 1948, a été le refus des alliances permanentes. Ce n’est que le contexte de la Guerre froide qui a justifié le vote au Congrès de la résolution Vandenberg autorisant le président des États-Unis à conclure des alliances en temps de paix. Trump entend-il refermer ce qui pourrait n’avoir été qu’une parenthèse de soixante-dix ans ?

    Hostilité à l’UE et désintérêt pour l’OTAN – deux créations états-uniennes –, c’est en tout cas ce qui cause aujourd’hui une forme d’affolement chez beaucoup de dirigeants européens et dans la nomenklatura de l’UE : comment des marionnettes pourront-elles vivre sans leur marionnettiste ?

    Vous plaidez pour l’indépendance de la France, mais la France n’est-elle pas trop petite pour s’imposer sur la scène internationale ?
    Non. Hier comme aujourd’hui, la question de la taille est une fausse question. Je ne vais pas vous faire la liste de tous les Empires, colosses aux pieds d’argile – jusqu’à l’URSS –, qui ont péri non en dépit mais, en tout ou partie, à cause de leur taille et de leur hétérogénéité. Ni la liste des petits États qui ont profondément marqué l’histoire de l’humanité – les cités grecques plus que l’immense Empire perse – ou le monde contemporain, quoi qu’on pense par ailleurs de leur action – Israël, par exemple. Le petit Uruguay est aujourd’hui un laboratoire politique, économique et social qui a engrangé bien plus de réussites que ses deux voisins géants, l’Argentine et le Brésil.

    Un État n’est pas fort parce que son territoire est étendu ou sa population nombreuse. Il est fort parce que s’y exprime une volonté d’exister et de se projeter dans l’avenir en tant que peuple, une conscience d’avoir des intérêts communs, de former une communauté qui se traduit en volonté politique.

    L’UE n’est pas une volonté – parce les Européens ne forment pas et ne formeront pas un peuple, en tout cas pas avant très longtemps. Elle n’est pas davantage une addition de volontés. Parce que ses États membres, et les peuples dont ils sont l’expression, n’ont ni les mêmes intérêts, ni la même vision du monde, ni la même conception de leur rôle dans ce monde, ni le même mode de vie, etc. L’UE n’est jamais que la soustraction de vingt-huit ou vingt-sept objections à chaque décision qu’elle doit prendre, et chaque décision n’est, au final, que le plus petit commun dénominateur entre vingt-sept ou vingt-huit intérêts divergents. Un plus petit commun dénominateur qu’il faut à chaque fois négocier âprement pendant que passent les trains de l’histoire. On ne joue aucun rôle, on ne pèse rien quand on est un plus petit commun dénominateur : on ne fait que subir la volonté de ceux qui ont le courage de l’exprimer.


    En réalité, l’UE n’est que l’expression de vingt-sept lâchetés, de vingt-sept renoncements à exister par soi-même ; l’UE ne peut-être qu’un monstre mou, un géant aboulique et privé d’agilité. Aujourd’hui comme hier, et peut-être plus qu’hier, mieux vaut être une puissance moyenne, agile, qui sait ce qu’elle veut et coopère tous azimuts avec d’autres, sur la base de l’égalité et des avantages mutuels, plutôt qu’une partie impuissante d’un Empire impotent – plutôt le roseau que le chêne, pour paraphraser La Fontaine.

    Par ailleurs, que dire d’un pays comme la Belgique, morcelée de l’intérieur et de faible envergure tant du point de vue géographique et militaire que du point de vue démographique ? Pablo Iglesias pour les mêmes raisons refuse d’envisager une sortie de l’UE. La sortie n’est-elle pas l’apanage des nations privilégiées ?
    Comme je l’ai dit plus haut, la question n’est pas la taille mais la volonté de faire communauté politique. Il y a, je crois, 193 États membres de l’ONU, c’est-à-dire qu’il n’y a jamais eu autant d’États sur notre planète, et des États de toutes tailles. Prétendre donc que le temps des États nationaux serait révolu est une baliverne : nous vivons précisément le triomphe des États nationaux, indépendamment de leur taille, du niveau de leur PIB ou de l’importance de leur population.

    En revanche, plus vous éloignez le citoyen des centres réels de décision, plus vous soustrayez le pouvoir réel à tout contrôle démocratique réel, plus vous décrédibilisez à la fois la démocratie et l’État national. Mais, contrairement au plan des eurolâtres, cette décrédibilisation ne se traduit pas par une demande de “plus d’Europe”, elle produit un repli vers l’infranational. Puisqu’on sait que l’État national ne protège plus et que l’Europe ne protège pas, on se replie vers des identités – réelles ou fantasmées – culturelles, linguistiques, religieuses… dont on attend une autre forme de protection. Et ce phénomène est particulièrement sensible dans certains États de formation récente ou fragiles du fait de régionalismes forts comme la Belgique, l’Espagne ou l’Italie.

    Quant aux responsables politiques de gauche dite radicale ou populiste, leur pusillanimité à l’égard de la question européenne tient à mon avis à deux méprises qui risquent d’être mortelles pour eux. Ils pensent qu’on ne peut pas gagner une élection en expliquant pourquoi la sortie de l’UE est indispensable à la reconstruction de la démocratie et de l’État social. Mais lors du référendum grec de 2015, on a pilonné les Grecs, du soir au matin et du matin au soir, avec une propagande extravagante professant que s’ils votaient “non”, la Grèce serait expulsée de l’euro et de l’Union. Et les Grecs ont pourtant voté “non” à 61,31 %, avec une participation de 62,5 %. Ils n’étaient certes pas tous pour la sortie, mais ils en ont tous pris le risque. Puis il y a eu le Brexit. De même, les calamiteux taux de participation aux élections européennes (on a atteint 13 % en Slovaquie en 2014, et péniblement 43 % dans l’ensemble des pays, seulement parce que certains pratiquent le vote obligatoire) sont un excellent indicateur de l’absence totale d’adhésion populaire à ce projet. Et on va probablement voir, au printemps prochain, un affaissement supplémentaire de la participation conjugué à des gains substantiels pour les partis plus ou moins hostiles à l’UE – avec à la clé un parlement probablement très différent de l’actuel et une Commission où siégeront sans doute un nombre non négligeable d’eurosceptiques plus ou moins déterminés.

    La deuxième raison, c’est qu’à gauche on continue à s’aveugler sur la nature intrinsèque, c’est-à-dire non réformable, de l’UE. Autrement dit à prendre les vessies ordolibérales et libre-échangistes de l’UE pour les lanternes de l’internationalisme.


    La France forme-t-elle vraiment un couple avec l’Allemagne ? De l’extérieur, on a plutôt l’impression d’un maître et son valet suivant à la lettre ses demandes…
    Cette histoire de “couple franco-allemand” relève de la mystification. Comme toute relation bilatérale, celle de la France et de l’Allemagne est fondée sur un rapport de force et connaît des hauts et des bas – plus de bas que de hauts si on fait le compte avec un minimum de bonne foi.
    La fable du couple commencerait avec le tant célébré traité franco-allemand de 1963. Initiative française prise en réponse à l’échec du Plan Fouchet dont j’ai parlé plus haut, ce traité est signé par le chancelier Adenauer. Mais il déchaîne, au sein de son gouvernement comme au Bundestag, une telle opposition haineuse qu’Adenauer fut obligé de s’engager à démissionner pour obtenir sa ratification et que le Bundestag lui ajouta – cas unique dans l’histoire diplomatique –, un préambule interprétatif unilatéral – en partie rédigé par l’inévitable Monnet ! – qui… vidait le texte de son contenu politique en précisant que les liens de la RFA avec les États-Unis primeraient toujours ses engagements envers la France. Là-dessus, Ludwig Erhard remplaça Adenauer à la chancellerie : il était l’homme des Anglo-Américains depuis 1947, et sans doute le politique allemand le plus francophobe de son temps. Sacré mariage !

    Le seul véritable couple fut celui d’Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981). On sait combien Mitterrand vécut mal la réunification à marche forcée imposée par Kohl et sa politique yougoslave à l’opposé de ce que voulait la France. Puis vint le temps – bientôt un quart de siècle – où la France, prisonnière du piège mortel de l’euro, se trouve confrontée aux perpétuelles injonctions allemandes à faire les “réformes nécessaires” pour satisfaire à des règles toujours plus imbéciles et contraignantes d’une monnaie unique absurde. Vingt-cinq ans durant lesquels les gouvernements français – pour préserver le “couple” et par délire eurolâtre – ont renoncé à défendre les intérêts de la France face au gouvernement d’un pays, l’Allemagne, qui mène une politique économique et monétaire dictée par ses seuls intérêts : si couple il y a, il n’est plus que celui du patron et de son larbin.

    Vous parlez de l’influence ordolibérale sur la volonté de soustraire des décisions politiques (liées à des élections) les enjeux économiques. Antonin Cohen qui retrace les liens entre Vichy et la communauté européenne rappelle que la déclaration de Schuman de 1950 visait précisément à promouvoir l’avènement d’une technocratie économique – une déclaration qui rappelle les théories d’inspiration technocratique des années 1930. D’où vient cette méfiance profonde pour la politique et la démocratie sous toutes ses formes ?


    Si on lit Monnet, que de Gaulle définit comme l’inspirateur de toute cette “construction”, ce qui frappe c’est la méfiance qu’il a pour les peuples. En la résumant avec à peine d’exagération pédagogique, la doctrine Monnet c’est : les peuples sont bêtes et donc inclinés à faire des bêtises ; notre rôle, à nous gens raisonnables et sachants, est de les empêcher d’en faire. En conséquence et dès l’origine, le principe central de la “construction européenne” consiste à dessaisir les instances démocratiques des leviers essentiels pour remettre ceux-ci entre les mains de sages qui savent mieux que les peuples ce qui est bon pour eux.

    C’est aussi vieux que la politique ! Lorsque Hérodote, au Ve siècle avant notre ère, fait dialoguer trois hiérarques perses sur le meilleur régime politique, il met les mots suivants dans la bouche de celui qui défend l’oligarchie : « choisissons un groupe d’hommes parmi les meilleurs, et investissons-les du pouvoir ; car, certes, nous serons nous-mêmes de leur nombre, et il est dans l’ordre de la vraisemblance que les hommes les meilleurs prennent les meilleures décisions ». Monnet ET la “construction européenne” sont tout entiers là-dedans.

    Car en dépit de ce que serinent certains, l’Europe n’est pas une “belle idée” détournée de ses fins initiales. Le projet européen vise, dès l’origine et intrinsèquement, à placer en surplomb des démocraties nationales une oligarchie qui vide ces dernières de tout contenu, qui les réduit à des formes creuses, à un rite électoral sans signification puisque ce qui est en jeu n’est plus que de désigner celui qui conduira, dans son pays, la politique unique déterminée dans le sein de l’oligarchie européenne à partir des principes qu’elle a fait graver dans le marbre des traités.

    En outre, l’échec de la CED convainc Monnet que, pour parvenir au but, il faut que les peuples l’ignorent. Il convient donc, plutôt que de présenter un projet fédéral condamné à l’échec, d’empiler les faits accomplis d’apparence technique qui, à terme, rendront inéluctable la réalisation de l’objectif politique. La “méthode européenne” n’a jamais consisté qu’à accumuler les micro coups d’État technocratiques, invisibles sur le moment, qui dessèchent les démocraties nationales de l’intérieur, les privant d’efficacité et de crédibilité. Si l’on refuse de voir ces réalités, on se réduit à l’impuissance face au Moloch européen.


    Alors oui, l’illusion technocratique est au cœur de l’histoire du XXe siècle : les tyrannies totalitaires comme les démocraties nationales d’après-guerre qui ont cherché à concilier démocratie, efficacité et justice partagent ce goût des “experts”. Mais, dans le cas européen, la technocratie est un instrument au service d’un projet oligarchique.

    Ainsi voit-on en Grèce et en Italie, en novembre 2011, à moins d’une semaine d’intervalle, l’UE combiner, et en réalité imposer, le remplacement de deux chefs de gouvernement issus d’élections, un social-démocrate et un conservateur (Papandréou et Berlusconi), par deux technocrates sans la moindre légitimité démocratique : Papadimos, ex-banquier central grec et ex-vice-président de la Banque centrale européenne, et Monti, ex-professeur en économie et management et ex-commissaire européen, tous deux membres de haut niveau de la nomenklatura technocratique européenne. Et l’on voit aujourd’hui en France un gouvernement qui est à la fois le plus technocratique, le plus autoritaire et le plus méprisant pour les droits du Parlement qu’il entend réduire, en même temps qu’il est le plus européen. Exemple qui, pas plus que les deux autres, ne doit rien au hasard mais doit tout à la réalité du projet européen.

    Notes :
    1 Voir Régine Perron, Le Marché du charbon, en enjeu entre l’Europe et les États-Unis de 1945 à 1958 (Publications de la Sorbonne, 2014).
    2 « The State Department also played a role. A memo from the European section, dated June 11, 1965, advises the vice-president of the European Economic Community, Robert Marjolin, to pursue monetary union by stealth. It recommends suppressing debate until the point at which “adoption of such proposals would become virtually inescapable“. » Ambrose Evans-Pritchard, « Euro-federalists financed by US spy chiefs », The Telegraph (19 septembre 2000).

    #UE #Union_européenne #Communautés_européennes #nomenklatura #guerre #Paix #Allemagne #Belgique #Chypre #France #Italie #Turquie #Yougoslavie #construction_européenne #OTAN #TAFTA #CETA #CECA #BREXIT

  • Macron s’effondre, et emporte les médias avec lui Mačko Dràgàn - 12 Novembre 2018 - Le blog de médiapart
    https://blogs.mediapart.fr/macko-dragan/blog/121118/macron-seffondre-et-emporte-les-medias-avec-lui

    Il règne une atmosphère de fin de règne en Macronie. Pourquoi cependant ne donne pas-t-elle pas lieu, dans les médias grand public, à un « Macron Bashing » semblable à celui subi par Hollande lors de son mandat ? Peut-être parce qu’il est la dernière chance, le dernier tour de piste, d’un système à bout de souffle, et qui refuse de mourir...

    C’est désormais officiel : Macron est dans les choux. Il serait laborieux de dresser l’inventaire exhaustif des symptôme de l’effondrement, car, de l’affaire Benalla jusqu’à la polémique sur Pétain en passant par la démission de Hulot et Collomb, la fronde contre la hausse du diesel et j’en passe, sur fond de résultats économiques décevants, voire catastrophiques, il est évident que plus rien ne va en Macronie. Notre monarque se retrouve à poil en tonneau à bretelle, seul au milieu des ruines. 

    Ceci est évident, mais pas pour tout le monde. Car il est un petit milieu qui continue à défendre le président envers et contre tout, quand même ses plus proches soutiens prennent leur distance et, en off, démontent l’ex roi-soleil, devenu crépusculaire : et ce milieu, c’est celui des médias (ou, pour le dire plus précisément, et pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, celui des éditorialistes).

    Il a suffit que la Méluche (quoiqu’on pense du personnage) se fasse tout rouge et hausse le ton le temps d’une vidéo devenue virale pour que le tempo d’une semaine de matraquage intensif soit lancé, sans que ne soient posés (y compris du côté de Mediapart, ce qui fut pour moi une déception) les questionnements cruciaux que pourtant cette affaire imposait. L’un des rares à avoir soulevé les lièvres les plus intéressants, à ce sujet, fut Daniel Schneidermann, dans ses chroniques matinales, que je me permets de citer avant de passer à autre chose : « De toute l’histoire des perquisitions dans des scandales de recettes ou de dépenses de campagnes électorales, c’est la première fois, assurent les Insoumis (et il me semble bien qu’ils ont raison) qu’un domicile personnel est perquisitionné. Pourquoi ? Que cherchait le parquet, hiérarchiquement soumis au gouvernement, qui dirige l’enquête ? […] A l’article de Mediapart, il ne manque qu’une chose : la description du piège dans lequel ils se sont eux-mêmes retrouvés. Et, éventuellement, sa dénonciation » ; « La double casquette de Sophia Chikirou, responsable de la campagne et prestataire, rendait cette campagne, d’emblée, légitimement soupçonnable (même s’il semble, d’après notre enquête auprès de professionnels, que cette campagne n’a nullement été surfacturée). Mais le très professionnel procureur de Paris, avec son bandeau d’aveugle sur les yeux, est, dans le système français de nomination, tout aussi légitimement soupçonnable ».

    Mais inutile de revenir plus encore sur cette affaire. Que la presse et les télévisions grand public n’aiment pas tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la gauche n’est plus une surprise. Ce qui stupéfie l’observateur même le mieux disposé, c’est la passion sans bornes qui continue, en pleine tourmente, d’unir nos éditorialistes à un président qui s’abîme pourtant dans un gouffre d’impopularité, massivement (il suffit de vivre dans le monde réel pour s’en rendre compte) rejeté par la société civile, et dont l’absence totale de compétence en terme de gestion de l’État est désormais plus que criante.

    En son temps, Pépère (Hollande) était rapidement devenu la risée de la quasi-intégralité des médias nationaux, qui le descendaient à coup de "unes" ravageuses avec un degré de mauvaise foi qui frôlait parfois les plus hautes cimes du ridicule –ce qui, à la longue, avait fini par me le rendre (presque) sympathique, malgré le caractère profondément détestable de sa politique.

    Pas Macron. Les médias mainstream, semble-t-il, le défendront jusqu’à leur dernier souffle, avec les dents s’il le faut. L’affaire Benalla ? Une dérive individuelle. La démission de Hulot ? Le pétage de plomb d’un homme sensible. Les improbables péripéties qui ont entouré le départ de Collomb ? C’est le vieux malappris qui est coupable de haute trahison, pas le président. La bêtise crasse de bon nombre de députés LREM ? R.A.S. Le pathétique remaniement ministériel, sans cesse ajourné en raison de manque d’effectif pour intégrer un gouvernement dont plus personne ne veut ? Un nouveau souffle, s’exclament-t-ils tous ébahis. La polémique sur Pétain ? Une fatigue passagère –qui n’a jamais vanté Vichy un soir de coup de mou ? Les sorties ineptes du président sur les chômeurs, et les français en général ? Le recul sur les lois environnementales ? Les prévisions économiques à la baisse ? Les mesures antisociales ? Les échecs diplomatiques ? Circulez, il n’y a rien à voir et tout va bien.

    Ceci est proprement hallucinant.

    Voir à ce point ce qu’il est impossible de désigner autrement que comme les représentants du système médiatique faire corps autour du leader qu’ils se sont choisi, au détriment de toute déontologie, sans même prendre la peine de mettre un vernis de neutralité sur le fanatisme idéologique néolibéral qui les anime a au moins un intérêt : mettre à nu les rouages éculés de la pensée dominante.

    Avec Hollande, les tenants de la pensée hégémonique pouvaient encore espérer plus à droite, plus libéral. Ils se sont comportés avec lui comme avec un domestique maladroit dont on attend la fin du contrat intérim pour le congédier. Avec Macron, la chose est différente : d’une certaine façon, alors que tout craque, que tout s’effondre, que le système est à nu, il est la dernière chance. Il va donc falloir le défendre jusqu’au bout, contre tout, même –et surtout- contre l’évidence. Parce qu’il n’est pas sûr qu’il sera possible, très bientôt, de remettre une pièce dans la machine. Frédéric Lordon l’avait bien vu, à l’époque, lors de la campagne du jeune prodige attalien :
    « Les riches veulent rester riches et les puissants puissants. C’est le seul projet de cette classe, et c’est la seule raison d’être de son Macron. En ce sens, il est le spasme d’un système qui repousse son trépas, sa dernière solution, l’unique moyen de déguiser une continuité devenue intolérable au reste de la société sous les apparences de la discontinuité la plus factice, enrobée de modernité compétitive à l’usage des éditorialistes demeurés. De là ce paradoxe, qui n’en est un que pour cette dernière catégorie : Macron, auto-proclamé « anti-système » est le point de ralliement où se précipitent, indifférenciés, tous les rebuts du système, tous les disqualifiés qui se voyaient sur le point d’être lessivés et n’en reviennent pas d’une telle faveur de la providence : la possibilité d’un tour supplémentaire de manège ».

    Et ce tour sera peut-être le dernier.

    Il y a de cela quelques jours, j’ai entendu #Léa_Salamé manquer de s’étouffer d’indignation chaque fois que son invité de ce jour-là, le jeune et par ailleurs plutôt sympathique #Quatennens, utilisait l’expression « les médias ». « Encore les médias ! Encore à critiquer les médias ! », s’exclamait-elle, comme si cela n’existait pas, comme si « les médias » n’était que le délire d’une bande d’illuminés dans laquelle les gauchistes crapotent aux côtés des soraliens et des complotistes. 

    « Les médias » existent. Nous ne parlons évidemment pas de la horde de pigistes précaires qui constituent le gros des rédactions, et qui, invisibles, n’ont pas voix au chapitre. Nous ne parlons pas non plus des quelques enclaves (notamment chez les humoristes de France Inter et dans la presse indépendante) où règne encore une totale liberté de ton. Mais les faiseurs d’opinion, ceux qui ont porté Macron au pouvoir après avoir lâché Juppé, sont une douloureuse réalité de notre société qui se voudrait pluraliste et démocratique. Il serait temps, en ces heures ce dévoilement et de dévoiement, de ne plus nier cet état de fait.

    Et il serait temps, surtout, de leur part, de songer à un mea culpa.

    Parce que le jour où le discrédit de médias trop visiblement aux ordres sera total et définitif, il ne faudra pas s’étonner si les citoyens s’en vont biberonner des sources plus fangeuses encore que celles de #BFMTV.

    J’en appelle donc à nos éditorialistes : sortez du manège, lâchez Macron ! Sinon, tel le joueur de flûte de Hamelin, il vous entraînera avec lui, droit dans le mur. Et personne, je le crains, ne sera gagnant dans ce désastre. 

    Quelque chose se prépare. Avec ou sans vous.

    Salut & fraternité,
    M.D.

    P.S. : je ne résiste pas à la tentation, tardive, de mentionner cet article affligeant pondu par les "décodeurs" du Monde ; ou quand la propagande prend les traits du fact-checking : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/17/non-la-perquisition-subie-par-jean-luc-melenchon-et-la-france-insoumise-n-es

    #journulliste #merdias #journullistes #medias #manu #émmanuel_macron #françois_hollande #décodex #fact-checking
     

  • Aux éditions Oeuvres ouvertes : Laurent Margantin | Roman national

    Un homme s’installe dans un obscur bureau de la place Beauvau et, à travers l’étude de quelques personnages qui s’y sont succédé — de Fouché, chef de la police après la Révolution française et sous la Restauration, à Mitterrand passé par Vichy avant de devenir ministre de l’Intérieur et de la Justice pendant la guerre d’Algérie — se forge son propre roman national.

    http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4070

  • Vichy France a fortement défendu l’idée traditionnelle de la famille. Les femmes mariées n’étaient pas autorisées à travailler. Il est devenu plus difficile d’obtenir un divorce et le fait d’abandonner leur famille était une infraction pénale. L’avortement était considéré comme un crime contre la sécurité de l’État. L’État a également mis en place des mesures financières pour encourager la maternité, telles que des prestations pour les mères et des rations supplémentaires de lait.

    http://historium.tumblr.com/post/179957686672/a-housewife-will-save-you-money-vichy-france
    #travail_famille_patrie #tumblr

    • Il n’empêche que c’est le gouvernement de Vichy qui a institué la « Fête des Mères », cette célébration de toutes les assignées à résidence, qui a perduré jusqu’à nos jours et qui fut complaisamment relayée par l’école, où chaque enfant se devait d’apprendre un petit « compliment » et fabriquer un « collier de nouilles » pour l’occasion. Bon après, les marchands ont fait le job ...

      En 1942, le maréchal Pétain s’adresse à la radio aux femmes en ces termes : « Vous seules, savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui font les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne ».

      (Henry d’Humières, Vérités sur l’action du Maréchal Pétain, Paris, Lettres du monde, 2003, 316 p. (ISBN 2-7301-0167-5), p. 43.)
      Henry d’Humières était un militaire aux ordres de Pétain. En 1942, quand fut dissoute l’"armée d’armistice", il s’engagea dans la résistance.

    • Et pour celles et ceux que ça intéresse, la connaissance de l’herboristerie et le commerce des simples, donc les moyens d’indépendance pour se soigner, ont été supprimés par Pétain.
      Ce fut pour soutenir l’industrie pharmaceutique, mais dans la logique précédente pour retirer aux femmes l’exercice du pouvoir des plantes.
      #sorcières un jour …

      Ne croyez pas que cela ait changé, la france fait encore figure d’exception.

      https://www.senat.fr/questions/base/2010/qSEQ10020825S.html

      Question orale n° 0825S de M. Jean-Luc Fichet (Finistère - SOC)
      publiée dans le JO Sénat du 25/02/2010 - page 409

      M. Jean-Luc Fichet attire l’attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur la reconnaissance d’un diplôme d’herboriste en France. Ce diplôme a en effet été supprimé en 1941 par le Maréchal Pétain. Alors qu’il est rare que des dispositions prises par l’État français soient encore en vigueur dans notre droit actuel, celle-ci demeure, provoquant l’incompréhension de ceux qui veulent légitimement aspirer à exercer le métier d’herboriste.

      http://www.leparisien.fr/environnement/entreprises/le-metier-d-herboriste-l-exception-francaise-17-12-2015-5372141.php

      Un monopole que les pharmaciens entendent bien défendre, l’Ordre se constituant souvent partie civile dans des procès pour exercice illégal de la profession tel que celui auquel a dû faire face Michel Pierre, qui dirige depuis 1972 l’Herboristerie du Palais-Royal à Paris. Ainsi que le souligne Sabah Rahmani, journaliste au Monde qui a écrit sur ce procès, l’étonnant plaidoyer final du procureur de la république est sur ce point assez parlant : "Formellement, vous serez déclaré coupable, mais j’ai totalement conscience des limites de cette loi puisque l’on est dans une impasse totale. On peut aussi déplorer que le savoir-faire des herboristes, qui existe depuis des siècles, voire depuis toujours, et qui sont les ancêtres des pharmaciens, se perde...

      https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/pourquoi-diable-le-marechal-petain-134970

      Je me souviens d’un slogan de manif
      « Pétain, revient, t’as oublié tes chiens » …

      #herboristerie

  • Pétain, Macron et la mémoire, par Alain Garrigou (Les blogs du Diplo, 8 novembre 2018)
    https://blog.mondediplo.net/petain-macron-et-la-memoire

    Quelle mouche a piqué le président Emmanuel Macron en évoquant le maréchal Pétain lors des commémorations de la Grande Guerre, le 7 novembre à Charleville-Mézières ? L’ignorance : ignorance sur la première guerre mondiale, sur Vichy et enfin sur les luttes de mémoire. Selon un ordre chronologique.

  • Macron et Pétain : la curieuse rhétorique
    https://www.fnlp.fr/news/596/17/Macron-et-Petain-la-curieuse-rhetorique/d,lp_detail.html

    Quand le général Pershing débarqua à Saint-Nazaire en 1917 à la tête du corps expéditionnaire US, la légende dit qu’il cria « La Fayette, nous voilà ! » Avec #Emmanuel_Macron pour le 100e anniversaire du 11 novembre 1918, c’est plutôt :  « La boulette, nous voici ! ». Mais y aurait-il une simple erreur de communication dans son hommage rendu à #pétain. Qui suit qui ?

    Si l’on en croit le Point : « Alors qu’Emmanuel Macron avait soutenu cette idée de rendre hommage au maréchal Pétain ce samedi aux Invalides, en début de soirée, l’Élysée a assuré le contraire. Le chef de l’État avait notamment jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain samedi aux Invalides, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », même s’il a « conduit des choix funestes pendant la Seconde. » Et à propos de celui qui fut condamné en 1945 à l’indignité nationale et à la mort pour « collaboration avec l’Allemagne nazie » il rajouta : « Il a été un grand soldat, c’est une réalité. »

    Rappelons aussi que parler sans cesse du « maréchal » Pétain est un faux juridique, il a été condamné à l’indignité nationale en 1945 et déchu du titre de maréchal et. Il ne peut donc plus être question de lui décerner ce titre aujourd’hui. Il n’y a pas plus de « maréchal Pétain » que de beurre en branche. Mais tout cela est-il aussi innocent qu’il y paraît ?

    La version officielle macronesque est donc (au mépris de la vérité) : « Pétain a été un grand chef de guerre en 1914-1918, il s’est mal comporté ensuite. Il faut distinguer 1914-1918 de 1939-1945 ». Voici ce qu’en dit sa biographe réputée : « L’historienne Bénédicte Vergez-Chaignon, auteure d’une biographie de Pétain (éditions Perrin, 2014), écorne cependant le mythe du héros et du « plus humain des chefs ». Si Pétain économise la vie des soldats, explique-t-elle en substance, ce n’est ni par humanisme ni par compassion, mais parce qu’il dispose de ressources humaines limitées. Pour mater les mutineries de 1917, il améliorera le quotidien du poilu, mais continuera de faire fusiller « pour l’exemple ». (Source : Le Point)

    Appliquons le raisonnement macronesque à d’autres cas célèbres

    « Il faut distinguer le #Hitler du début du XXe siècle à l’horrible dirigeant #nazi qu’il fut ensuite. Il fut un aquarelliste honorable à Vienne et un excellent caporal en 1914-1918. La Guerre de 1939, les pogromes contre les Juifs, Auschwitz et les 6 millions de #Juifs assassinés sont à examiner à part. » Qui pourrait colporter une telle version ignoble ? Qui ne serait pas légitimement indigné d’une telle déclaration ?

    « Il faut distinguer le #Staline au XIXe siècle qui fut un pas-très-brillant #séminariste et le Staline après 1924 qui fut un assassin patenté, qui a plus de sang de #communistes sur les mains qu’’Hitler et qui a persécuté le clergé orthodoxe, comme il a persécuté tout le monde. » Qui pourrait croire à une telle fadaise ?

    C’est pourtant bien la curieuse rhétorique que nous sert Emmanuel Macron à propos du chef de l’Etat français condamné pour collaboration avec l’#Allemagne nazie. Qui n’y voit pas une réhabilitation larvée du Pétain de #Vichy avec tous les crimes qui vont avec ?

    Il y a quand même de curieux points de convergence entre Pétain et Macron

    Il y a le logo de #En_marche ! Le même que celui du régime de Vichy. Il y a ensuite aujourd’hui la volonté de disloquer la loi de 1905 de Séparation des #Églises et de l’#Etat, en reprenant les mêmes dispositions financières et réglementaires que la loi du 25 décembre 1942 de Pétain.

    Il y a ensuite toute la conception sociale et économique de la société : le corporatisme issu de la Doctrine sociale de l’Eglise catholique qui fut mis en œuvre par Pétain, à l’instar de Salazar, Franco, Mussolini, Hitler. Voici ce qu’en dit La Croix du 26 juin 2018 (que l’on ne peut suspecter d’#anticléricalisme primaire) : « Son action montre qu’il [Macron-NDLR] est certes sensible aux thèses libérales d’amélioration des performances de notre #économie, mais aussi attentif aux mécanismes de solidarité collective, dont il conviendrait d’améliorer l’efficacité. Au fond, cela rejoint le discours de la Doctrine sociale qui, de Léon XIII jusqu’à François, s’est toujours prononcé pour une solidarité institutionnellement organisée sans pour autant tomber dans l’écueil de l’assistanat contre quoi Jean-Paul II cherchait à nous prémunir : « L’État a par ailleurs le devoir de surveiller et de conduire l’application des droits humains dans le secteur économique, (…) mais en intervenant directement et en privant la société de ses responsabilités, l’état de l’assistance provoque la déperdition des forces humaines, l’hypertrophie des appareils publics, animés par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d’être au service des usagers, avec une croissance énorme des dépenses » (Centesimus annus). »

    On peut remarquer que la stigmatisation "l’état assistance" tout comme la prétendue "hypertrophie des appareils publics" inspire directement la remise en cause des services publics, leurs #privatisations ou la réduction de leurs budgets de fonctionnement.

    Comment ne pas voir aussi que la destruction du #Code_du_Travail par les lois Travail de #Hollande et de Macron est directement inspirée des #encycliques sociales papales ? Tout cela commence à faire beaucoup. Il n’y a donc peut-être pas qu’une « boulette » ou un faux pas dans tout ce scénario grotesque d’hommage à Pétain par Emmanuel Macron.

    Si vous voulez en savoir plus, la #Libre_Pensée vous conseille de vous procurer le volume IV (Tome 6) des Actes du Colloque tenu à #Lyon sur Pétain. C’est un ouvrage complet et complété qui fait suite aux trois premiers volumes déjà publiés.

    • A propos du 11 novembre, savez-vous que… FNLP
      https://www.fnlp.fr/news/590/17/A-propos-du-11-novembre-savez-vous-que/d,lp_detail.html

      Il a été annoncé sur un air de sonnerie militaire que #Donald_Trump allait participer au défilé et à la parade pour le centième anniversaire du #11_novembre 1918. Cela n’a l’air de rien, mais c’est très significatif. Depuis 1918, il n’y a jamais eu de défilé militaire pour le 11 novembre, sauf le 11 novembre 1944, qui a mélangé les civils et les militaires. C’était la Libération. Mais autrement, JAMAIS il n’y a eu de parade militaire à cette occasion. Les anciens combattants, les soldats, les victimes de guerre, les « #gueules_cassées » ont interdit depuis 1918, la glorification de la guerre le 11 novembre. Le défilé de la « Victoire », c’était le 14 juillet 1919. Les 14 juillet, il y a depuis le défilé militaire pour « exalter » la force militaire de l’#impérialisme français.

      Les survivants de la boucherie impérialiste de 1914-1918 ont imposé que le 11 novembre prenne un caractère contre la guerre, pour la paix et l’entente entre les peuples. « Plus jamais cela ! ». Et on nous annonce qu’Emmanuel Macron et Donald Trump vont présider un défilé militaire à Paris le 11 novembre 2018 !

      Et aussi :
      Le symbole est clair : c’est la guerre qui dure, c’est la guerre qui vient. C’est la guerre comme seul horizon

      Quelle autre signification que le maintien de la guerre et de l’exploitation ?

      A la recherche d’une commémoration

      Le 11 novembre : Commémoration religieuse ou journée des Poilus ?

      Trois ans d’attente

      Qui a fait le 11 novembre ?

      Qu’ont-ils fait du 11 novembre ?

  • La légitime défense, une « arme au service des dominants »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/071118/la-legitime-defense-une-arme-au-service-des-dominants

    Dans Légitime défense. Homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières (CNRS éditions, septembre 2018), Vanessa Codaccioni retrace l’évolution de cette notion, montrant comment l’État français a réussi, par une politique volontariste, à faire diminuer depuis les années 1990 ces homicides en légitime défense. L’historienne met également en garde contre la tentation, sur le modèle du Canada, d’étendre cette notion aux femmes battues qui tuent leur compagnon. Entretien.

    Vous décrivez un véritable Far West français dans les années 1980-1990. Comment expliquer cette multiplication des homicides présentés en légitime défense ?

    Vanessa Codaccioni : Il y a plusieurs raisons. La politisation de l’insécurité par le gouvernement, les médias ainsi que le marché de l’autodéfense va se conjuguer à la hausse des atteintes aux biens, qui débute dans les années 1950. Dans les années 1970, on atteint un pic de vols et cambriolages. De cette utilisation des chiffres du crime et de la peur du crime résulte une augmentation du sentiment d’insécurité de la population.

    Il y a une popularisation de la notion de légitime défense, qui était tombée en désuétude. Dans les archives du magistrat Étienne Bloch, fondateur du Syndicat de la magistrature, j’ai trouvé une petite note qui disait : « On ne parlait plus de la légitime défense et aujourd’hui on ne parle que de ça. » En 1978, une association nommée Légitime défense va médiatiser ce sujet, en appelant les citoyens à s’armer contre les délinquants, les voleurs, à leur tirer dessus, en leur promettant l’acquittement. Cette association fait croire qu’existe un droit à la légitime défense, ce qui est faux, et qu’en plus, il y a une impunité à tuer un supposé cambrioleur.

    Pourquoi la légitime défense n’est-elle pas un droit ?

    Historiquement, elle a toujours été considérée comme un droit. Si vous êtes attaqué, vous vous défendez, vous pouvez même tuer pour protéger votre vie. C’est un droit à l’autoconservation. Mais au Moyen Âge, une rupture se produit : on considère que ces actes de légitime défense sont assimilables à une forme de justice privée. Or la construction de l’État et d’une justice publique suppose l’éradication de cette justice privée. Les actes de légitime défense deviennent un crime excusé. Les juges vont vérifier qu’il y a bien eu légitime défense.

    C’est aussi un moyen pour le roi de disciplinariser les nobles. À partir du XVIe siècle, si un noble tue et se déclare en état de légitime défense, il doit demander le pardon du roi et des juges dans une cérémonie où il se met à genoux. On passe ainsi d’un droit à un crime excusable. Dans le premier code pénal de 1810, la légitime défense devient une cause d’irresponsabilité pénale, comme la folie. Si vous êtes reconnu en état de légitime défense, vous n’êtes pas jugé, vous êtes libre et n’allez même pas en prison.

    Un personnage relie votre précédent travail sur la justice d’exception et ce livre sur la légitime défense : François Romerio, ex-président de la Cour de sûreté de l’État et créateur de l’association Légitime défense.

    C’est un personnage incroyable. François Romerio est un juge de l’exception : un juge qui a toujours exercé des fonctions d’exception ou qui a toujours recherché la proximité avec les politiques. Cet ancien juge colonial a exercé en Indochine, où il mettait en œuvre une justice coloniale. Il était donc déjà habitué à des pratiques arbitraires. Il a été président des assises, puis de la Cour de sûreté de l’État de 1965 à 1975. Pendant dix ans, il a jugé les ennemis politiques : l’OAS [Organisation armée secrète], les manifestants de mai 1968, les maos de la Gauche prolétarienne, les premiers indépendantistes corses, basques, bretons. Et dans ses mémoires, François Romerio fait une distinction très claire entre les ennemis politiques et les droits-communs, pour lesquels il a une véritable aversion. Ce qui va se manifester dans la création de l’association Légitime défense, clairement dirigée contre ce qu’il appelle la « racaille » et la « vermine ».

    À la Cour de sûreté de l’État, avait-il une pratique aussi sévère ?

    Non, au contraire, il avait presque une forme d’admiration pour les ennemis politiques déférés devant ce tribunal d’exception [créé en 1963 et dissous en 1981 – ndlr]. Par exemple, il leur permettait de parler pendant des heures. Il acceptait que des militants du FLNC fassent de longues déclarations politiques. Les journalistes n’avaient jamais vu ça. En revanche, après son départ à la retraite, son discours devient extrêmement répressif. Il diffuse une idéologie sécuritaire très conservatrice. Il a un discours d’animalisation du délinquant : c’est un loup, c’est un chien, une bête sauvage. Et si c’est une bête, ce n’est donc pas un homme, on peut le tuer. Son discours est presque d’eugénisme : le délinquant ronge la société française. Il faut assainir la société, presque dans une perspective évolutionniste.

    Et, chose importante, François Romerio considérait que le délinquant n’est pas récupérable. Pour la droite et l’extrême droite, la criminalité ne peut s’expliquer par des facteurs sociaux – enfance difficile, parcours scolaire difficile, précarité – mais uniquement par l’égoïsme. C’est pour cela qu’il existe toujours un lien entre la légitime défense et la peine de mort. Vu que les délinquants ne sont pas récupérables, il faut les tuer par la peine de mort ou par la légitime défense. Quand on a commencé à évoquer l’abolition de la peine de mort, à la fin des années 1970, François Romerio a prévenu qu’il resterait la légitime défense, perçue comme un palliatif à cette abolition.

    Comment ce Far West se traduit-il dans les faits ?

    Entre 1978 et 1980, uniquement en termes de crimes sécuritaires, il y a 41 cambrioleurs ou voleurs supposés qui périssent dans le cadre de la légitime défense en France. La plupart sont des faux cas de légitime défense.

    Outre ces crimes sécuritaires, parmi les nombreux cas présentés comme des « affaires de légitime défense » par la presse, beaucoup sont en réalité, selon vous, des bavures policières et des « crimes racistes ». Comment l’expliquez-vous ?

    L’association Légitime défense naît d’un comité de soutien au brigadier de police Marchaudon qui, en 1977, a vidé son chargeur sur un jeune Algérien de 21 ans, Mustapha Boukhezer, qui rôdait autour d’un bureau de poste. En 1974, ce brigadier avait déjà tué un jeune Algérien de trois balles dans le dos, au métro Anvers. C’est un récidiviste.

    À partir des années 1970, les affaires de bavure policière sont beaucoup plus médiatisées. Les policiers ont toujours beaucoup tué, mais on parlait finalement peu de ces homicides. Pensez au silence qui a entouré le 17 octobre 1961. Mon hypothèse est qu’on en parle davantage parce que ces affaires sont dites « en légitime défense », qui est alors un sujet d’actualité.

    L’un des cas les plus connus est celui, en 1972, de Mohamed Diab, un chauffeur de poids lourd algérien tué d’une rafale de pistolet-mitrailleur par un sous-brigadier, au prétexte qu’il se serait rebellé dans le commissariat. Sauf que le sous-brigadier a dit, avant de le mitrailler : « Oui, je te tue, sale race, je te tue. » Le sous-brigadier ne sera jamais jugé, il bénéficiera d’une ordonnance de non-lieu. Il y a quelques rares procès de policiers, qui sont pour la plupart acquittés.

    Puis, parmi les homicides dits en légitime défense, il y a ce que j’appelle les homicides querelleurs. Ce sont des hommes qui se disputent, le beau-père et son ex-beau-fils, deux personnes en conflit dans une petite ville, et ça finit mal. Enfin, il y a énormément de crimes racistes qui sont justifiés par la légitime défense à partir de la fin des années 1970.

    Pour comprendre la légitime défense, vous vous intéressez au profil tant des auteurs que des victimes. Quel est-il ?

    Ceux qui tuent en état de légitime défense sont toujours des hommes. De 1978 au milieu des années 1990, il n’y a qu’un seul cas de femme, c’est l’affaire de la boulangère de Reims qui, en 1989, tue d’une balle dans la tête Ali Rafa parce qu’il aurait voulu voler des pains au chocolat. Le phénomène des femmes battues qui retournent la violence contre leur conjoint, à l’image de Jacqueline Sauvage, est extrêmement récent.

    Mon point de départ est de vouloir déconstruire cette idée selon laquelle la légitime défense est une arme pour les plus faibles. C’est le discours tenu historiquement par les juristes, les hommes politiques, les criminologues. Or, quand on regarde qui tue et qui est tué, on voit très bien que c’est l’inverse. La légitime défense est une arme au service des dominants, c’est-à-dire ceux qui ont toujours monopolisé la violence. Ce n’est qu’une disposition de plus qui permet aux détenteurs du monopole de la violence de tuer presque en impunité : des hommes qui ont des armes, des chasseurs, des policiers, des vigiles.

    Toujours des hommes d’âge mûr, blancs, qui exercent des professions qui peuvent leur attirer de la sympathie – commerçants, artisans, garagistes – ou dites respectables comme les policiers, les vigiles. Ce profil d’honnêtes gens leur sert au moment du procès. Ces hommes n’étaient pas prédestinés à tuer. Alors, s’ils sont des honnêtes gens, ce sont les personnes en face qui n’étaient pas des gens respectables. Cela joue en miroir contre ceux qui sont tués.

    Qui sont-ils ?

    Ce sont plutôt des jeunes en situation d’exclusion sociale, soit au chômage, soit exerçant des petits boulots précaires, souvent vivant en banlieue et souvent racisés, noirs ou arabes. Dans la période 1978-1990 sur laquelle j’ai travaillé, ce sont souvent des jeunes de banlieue issus de l’immigration maghrébine. La moyenne d’âge est de 22 ans. Certains sont très jeunes. Ce sont des « délinquants », des « racailles », donc, dans cette façon de penser, ils sont tuables, quel que soit leur âge. Il y a presque deux idéotypes opposés : les honnêtes gens ou les bons flics, et la racaille. Souvent, les personnes tuées avaient un passé de délinquance, étaient connues des services de police ou avaient un casier judiciaire. Et ça va justifier leur mort.

    De façon étonnante, vous racontez que l’association Légitime défense va militer pour faire passer ces procès du tribunal correctionnel aux assises.

    Les affaires de légitime défense sont des procès qui vont toujours être politisés. Il y a toujours un enjeu politique derrière : le droit de posséder des armes, de défendre sa vie, ses biens, son commerce, etc. Les affaires de légitime défense ont toujours été jugées au tribunal correctionnel, qu’il s’agisse de policiers ou de citoyens. Mais ce n’est pas la bonne juridiction pour politiser la légitime défense, car c’est un petit tribunal, qui ne permet pas de faire des grandes plaidoiries politiques, des grands défilés de témoins. Et les magistrats professionnels du tribunal correctionnel sont plutôt sévères envers les auteurs de légitime défense. Ils condamnent souvent symboliquement à du sursis ou à une peine d’amende pour signifier qu’il y a eu mort d’homme.

    Or le fait qu’un auteur d’homicide dit défensif soit condamné, même à du sursis, est inacceptable pour les avocats de Légitime défense. Ils vont demander que leurs clients soient passibles des assises, ce qui est du jamais-vu : des avocats qui demandent à aggraver la situation pénale de leurs clients. Ils disent : ce n’est pas un homicide involontaire puisque mon client avait vraiment l’intention de tirer sur cette personne. C’est très risqué, car les peines en cour d’assises peuvent être beaucoup plus lourdes. Mais c’est une stratégie payante : les jurys vont acquitter très majoritairement les tireurs.

    Au début des années 1980, l’État veut être de plus en plus sévère contre les auteurs de légitime défense en les traduisant devant les cours d’assises. Deux camps opposés, qui réclament l’un la limitation de la légitime défense, l’autre son extension, vont se retrouver sur la juridiction où les tireurs doivent être jugés, la cour d’assises.

    Comment les cours d’assises traitent-elles ces homicides ?

    Ma thèse est que la légitime défense impose aux jurés d’assises une problématique particulière. On passe de la question habituelle : « L’accusé est-il coupable ou innocent ? », à une autre question : « L’accusé a-t-il tiré en état de légitime défense ? ». Ce qui modifie complètement les questions des juges, la plaidoirie des avocats, la perception des jurés.

    Le juré d’assises va toujours s’identifier avec celui qui a tiré parce qu’il y a des proximités en termes de classe sociale et de vision du monde. Les jurés d’assises ont toujours été très sévères envers les atteintes aux biens. Dans une société où on martèle qu’il y a de l’insécurité, les jurés ont tendance à acquitter celui qui a tiré sur un voleur supposé, aperçu sur un toit, en train de s’enfuir dans leur jardin.

    Il y a cette croyance qu’on peut défendre ses biens par les armes, alors qu’en France l’atteinte aux biens a toujours été exclue des crimes de sang. On peut être excusé si on tue en état de légitime défense, quand on protège sa vie, mais pas quand on protège un bien, sauf si on entre chez vous la nuit ou qu’on essaie de vous voler avec une extrême violence.

    Le profil de la victime semble également déterminant. Qu’attend-on d’une bonne victime ?

    Les jurys d’assises ne jugent pas tant celui qui a tiré que celui qui a été tué. C’est le mort qui est en procès : avait-il une bonne vie ? Était-il un délinquant ? Était-il en train de commettre un crime ou un délit ? Dans ces procès, on assiste à une criminalisation post mortem de la personne tuée. Cela débouche souvent sur deux affirmations : soit « il l’a bien mérité », soit « il est responsable de son propre décès », s’il commettait un délit au moment où il a été tué. Par exemple, quand un voleur est tué, les avocats du tireur diront que ce sont les risques du métier.

    Les bonnes victimes de la légitime défense sont très rares. Il n’y a que trois configurations où les tireurs sont condamnés et où la famille de la victime peut obtenir justice. Premier cas, les jurés ne peuvent vraiment pas croire que la personne était en état de légitime défense parce qu’elle a inventé une menace ou a maquillé la scène du crime. Les jurés ne peuvent alors pas croire à sa peur.

    Deuxième cas, lorsque le tireur a un rapport problématique aux armes, est un fanatique des armes. C’est le cas du gardien de supermarché qui a tué Moussa Mezzogh, qui venait de dérober des blousons. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis. La police avait trouvé chez lui un arsenal.

    Le troisième cas, c’est lorsque le racisme est reconnu comme le mobile unique. Dans les crimes racistes, pour que la question du racisme apparaisse lors des audiences, il faut qu’il n’existe aucune autre possibilité. Pour que la thématique du racisme apparaisse, il faut que la personne tuée soit « blanche comme neige », si je peux me permettre l’expression : qu’elle n’ait aucun passé délinquant et ne fasse absolument rien au moment où elle est tuée.

    Les médias ont un rôle très important, car ils participent à l’idéologie de l’insécurité en mettant l’accent sur les faits divers. Et ils ont tendance à participer à la criminalisation post mortem de la victime. Soit ils ne parlent pas de la personne tuée, qui est invisibilisée, soit ils insistent sur sa mauvaise conduite.

    Aujourd’hui, hors quelques cas médiatisés comme celui du bijoutier de Nice, en 2013, les homicides en légitime défense ont diminué. Comment l’expliquer ?

    Il y a effectivement de moins en moins de cas de légitime défense mortels. Entre 2015 et 2017, il y a eu une cinquantaine de cas où l’argument de la légitime défense est avancé au procès, dont moins d’une dizaine mortels. Donc, moins de dix cas mortels en deux ans contre quarante cas mortels juste pour des cambriolages ou des vols en 1978 et 1980.

    Cela rentre dans un processus plus général de pacification des mœurs, mais aussi dans une politique volontariste de l’État français pour réduire la légitime défense. Il limite les ventes d’armes d’autodéfense les plus utilisées, notamment la carabine 22 long rifle. Dans les années 1980, on achetait ces armes à la FNAC, au BHV, sur catalogue à La Redoute, etc.

    Mais l’État ne pourra jamais limiter l’une des principales armes de légitime défense : le fusil de chasse. Les cas récents montrent que c’est ce fusil de chasse qui est utilisé dans les affaires mortelles dites de légitime défense.

    À partir de 1994, il inclut dans le code pénal des critères, issus de la jurisprudence, qui encadrent la légitime défense : l’immédiateté, la simultanéité, la proportionnalité et la nécessité d’avoir une menace réelle et non imaginaire. Et l’État impose ce qu’est une bonne autodéfense : appeler la police, ne pas garder d’argent chez soi, s’assurer contre le vol, ne pas ouvrir quand on frappe, être très méfiant. L’État français construit un sujet résilient, acteur de sa propre sécurité, qui développe des sentiments de suspicion envers autrui mais qui a confiance envers la police.

    Reste l’exception policière : les policiers ont eux, au contraire, connu ces deux dernières années une extension du champ de la légitime défense, au nom de la menace terroriste.

    La légitime défense policière s’analyse comme un dispositif d’exception qui, après les attentats du 13 novembre 2015 et après l’état d’urgence, est devenu permanent. J’ai découvert que la France avait déjà étendu la légitime défense pour les policiers à deux reprises, sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, en leur permettant d’utiliser plus facilement leurs armes. Ce sont les moments les plus répressifs de notre histoire récente, où on a inventé le plus de dispositifs d’exception et dans lesquels on va puiser des mesures aujourd’hui, dans le cadre de la lutte antiterroriste.
    Sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, on avait déjà aligné la légitime défense policière sur les règles d’ouverture du feu militaires, dans un cas, pour abattre plus facilement des résistants, dans l’autre, pour abattre des indépendantistes ou leurs soutiens. Mais après Vichy et après la guerre d’Algérie, on avait refermé cette parenthèse. La légitime défense policière était redevenue ordinaire.

    Après les attentats, au contraire, on a étendu par deux lois, en 2016 et 2017, la possibilité pour les policiers de tirer. C’était une très vieille revendication, à la fois des syndicats de policiers et de la droite et de l’extrême droite, au moins depuis le début des années 1980. Et tous les chefs d’État, gouvernements, tous les ministres de l’intérieur s’y étaient toujours opposés. Même Charles Pasqua, connu pour avoir couvert de graves bavures policières, était contre, car il disait que c’était trop dangereux. En 2015, dans le contexte traumatique post 13-Novembre et de l’état d’urgence où l’État a beaucoup demandé aux policiers, il a accédé à leurs revendications.

    Cela a-t-il eu un impact sur le nombre de personnes tuées par la police ?

    Je ne crois pas. Il y a eu 14 morts l’an dernier, or on sait que la police a tué plus de 450 personnes en 40 ans [de juillet 2017 à mai 2018, 14 personnes ont été tuées lors d’opérations policières, selon un recensement inédit de l’IGPN, qui ne comptabilisait pas ces morts auparavant – ndlr]. En revanche, il y a une augmentation exponentielle du nombre de tirs policiers. En 2017, la police a tiré 394 fois, soit une augmentation de 54,5 % par rapport à 2016. Il va falloir observer les effets de ces lois sur le temps long.

    Après les attentats à Londres de 2005, les officiers de Scotland Yard ont adopté la théorie du shooting to kill, qui vise à abattre le plus rapidement possible un potentiel terroriste avant qu’il ne déclenche une possible ceinture d’explosifs. Quelques semaines après l’adoption de cette doctrine, en juillet 2005, un électricien brésilien, Jean Charles de Menezes, a été tué de sept balles dans la tête, dans le métro londonien, par deux policiers qui l’avaient pris pour un suspect pakistanais. Cela a été considéré comme une affaire de légitime défense.

    Une nouvelle problématique s’est mise en place, qui est celle du « faire mourir le terrorisme ». Michel Foucault parlait des techniques du « faire mourir » et du « laisser vivre ». Aujourd’hui, il me semble que nous sommes dans une réflexion sur le « faire mourir les terroristes ». Comment les tuer ? À quel moment ? Cela répond à la militarisation de la police, qui fait suite à cette expression entendue partout après le 11 septembre 2001 : « On est en guerre. » Si nous sommes en guerre, alors la police doit pouvoir tuer, comme l’armée, et avoir une possibilité de tir plus étendue sans être inquiétée par la justice.

    Et chez nos voisins européens, comment cette législation sur la légitime défense évolue-t-elle ?

    C’est assez inquiétant. Nos voisins européens sont dans une démarche totalement différente de la nôtre sur la légitime défense citoyenne. Au début des années 2000, le Royaume-Uni a par exemple entamé une réflexion sur la possibilité d’étendre la légitime défense pour les particuliers, notamment quand il s’agit de cambriolage. En 2008, une loi a mis en place la légitime défense subjective, qui a toujours été refusée en France. C’est considérer que quelqu’un qui croyait honnêtement être en légitime défense ne sera pas inquiété par la justice. Celle-ci s’applique aussi aux policiers.

    Le pire à venir est en Italie. La Ligue du Nord a fait de la légitime défense un enjeu central de ses campagnes en politisant les affaires de vols, de cambriolages. En 2015, elle a réussi à la faire étendre. Et le ministre de l’intérieur Matteo Salvini, qui porte des tee-shirts en faveur de la légitime défense [comme ici, en mai 2017 – ndlr], défend des propositions de loi pour aller plus loin. Ce qui est très préoccupant, car il y a énormément d’armes en circulation en Italie, avec un fort lobby des armes. Et ce n’est pas un hasard si, depuis quelques mois, on assiste à une multiplication des fusillades racistes visant des Noirs.

    Sans parler de la République tchèque, qui dit qu’il faut s’armer contre les terroristes islamistes. Avec notre État centralisé très fort qui veut centraliser la violence, nous sommes un peu une exception par rapport à nos voisins.

    Aujourd’hui, certaines féministes revendiquent une extension de la légitime défense aux femmes battues, comme c’est déjà le cas au Canada, au vu notamment du cas de Jacqueline Sauvage, condamnée pour le meurtre de son mari. Cela vous semble-t-il souhaitable ?

    En France, les femmes battues ne sont jamais reconnues en état de légitime défense, car deux critères leur font défaut quand elles tirent. Celui de la simultanéité : il faut que la femme tue son compagnon violent au moment même où elle est battue, ce qui est extrêmement rare. C’était le cas d’Alexandra Lange qui, en 2009, a poignardé son mari au moment où il l’étranglait. Elle a été acquittée en avril 2012. Mais souvent, les femmes les tuent après la séquence de violence conjugale, soit d’une balle dans le dos, soit dans leur sommeil. Et il y a celui de la proportionnalité : peut-on tirer sur quelqu’un qui vous a donné une gifle ?

    Le cas le plus ahurissant est celui de Fatiha Taoui, condamnée en mars 2018 à cinq ans de réclusion criminelle, dont trois ferme, aux assises de la Haute-Vienne. Elle a été battue pendant plusieurs années, son mari avait été condamné trois fois pour violences conjugales et harcèlement, il avait des injonctions à ne pas s’approcher du domicile. Il défonçait sa porte à coups de hache, il la menaçait de mort, elle et ses enfants. Un soir, il est arrivé avec un fusil de chasse chez elle et elle l’a tué. Les juges ont trouvé son discours incohérent, car elle a affirmé l’avoir abattu dans un corps à corps, alors qu’elle a utilisé un fusil long. C’est représentatif, car les femmes qui tuent leur conjoint ne sont quasiment jamais reconnues en état de légitime défense.

    Au Canada, en 1990, une législation a créé la légitime défense différée. Elle supprime ce critère de simultanéité. Un expert décide si la femme qui a tué est atteinte d’un syndrome de la femme battue (SFB). Ce qui est une manière aussi de pathologiser ces femmes, mais cela leur permet de pouvoir mobiliser la légitime défense comme les hommes. On considère qu’elles ont tellement été battues qu’elles ne sont plus en état de décider si c’est bien ou mal au moment où elles tirent.

    Est-ce transposable en France ?

    Je suis réservée parce que la légitime défense a été faite pour les hommes, ceux qui disposent des armes, qui monopolisent la violence, qui vont à la chasse, qui sont inscrits dans un club de sport de tir. Ne faut-il pas laisser la légitime défense aux hommes et imaginer autre chose ?

    En tout cas, il faut être extrêmement prudent dès qu’on parle d’extension de la légitime défense, pour deux raisons. En Angleterre, on a étendu la légitime défense citoyenne. Immédiatement, ça s’est appliqué aux policiers. En 2014, Christian Estrosi (LR) et Éric Ciotti (LR) avaient déposé une proposition de loi pour étendre la légitime défense pour les commerçants. Ils ont justifié cette extension en prenant l’exemple des femmes battues au Canada ! C’est-à-dire que les causes féministes peuvent être utilisées pour justifier la légitime défense des dominants et des hommes.

  • Un héros de notre temps - Brave Patrie
    https://bravepatrie.com/politique/un-heros-de-notre-temps,2035

    Cette puissance de l’acceptation et du réalisme politique, le président Macron en a pris la pleine mesure depuis son accession aux plus hautes responsabilités nationales. Il sait bien qu’il est vain et infantile de nier plus longtemps la victoire écrasante des puissances de l’argent sur le monde global. Il sait que la raison ordonne la collaboration avec les puissants de ce monde et que l’insoumission se paiera cher.

  • « La pacification de l’Algérie n’a pas été un long fleuve tranquille, bien au contraire » – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/07/la-pacification-de-lalgerie-na-pas-ete-un-long-fleuve-tranqu

    Mohsen Abdelmoumen : Vous avez écrit « Coloniser. Exterminer ». D’après vous, l’Algérie a-t-elle été un laboratoire colonial ?

    Dr. Olivier Le Cour Grandmaison : Oui, on peut effectivement considérer que l’Algérie a été une sorte de laboratoire pour l’élaboration d’un certain nombre de techniques de la guerre que l’on peut qualifier de guerre contre-révolutionnaire et de techniques répressives, notamment après la nomination de Bugeaud au poste de gouverneur général de l’Algérie en 1840. La nomination a pour objectif de mener à bien ce que les militaires et les responsables politiques de l’époque nomment déjà « la pacification de l’Algérie » et pour ce faire, le général Bugeaud va employer un certain nombre de méthodes de guerre et de techniques répressives parmi lesquelles les razzias dont il faut préciser qu’elles débouchent parfois sur la destruction de villages et d’oasis entiers, l’objectif étant d’expulser les populations « indigènes », comme on le dit à l’époque, et, comme cela se dit aussi très couramment, de procéder ainsi au refoulement des « Arabes », de les chasser des territoires qu’ils occupaient jusqu’à présent de façon à pouvoir faire en sorte que les Européens en général et les Français en particulier, les colons, puissent s’installer dans un environnement « pacifié ». Par ailleurs, on sait, et c’est parfaitement établi, que le général Bugeaud a également contribué à développer des techniques répressives comme l’internement administratif et la responsabilité collective qui vont être utilisés par la suite sous la IIIe République lors de la construction de l’empire entre 1881 et 1912 et enfin lors de la dernière guerre d’Algérie, à partir du 1er Novembre 1954 et jusqu’en 1962. Des officiers supérieurs de l’armée française vont rendre des hommages tout à fait officiels au général Bugeaud qu’ils considèrent comme un père fondateur des guerres coloniales.

    Je trouve qu’il y a une similitude entre le sort du peuple algérien et celui des Amérindiens. Ne pensez-vous pas que les deux ont subi une extermination d’État ?

    Il faut préciser tout d’abord que jusqu’en 1945, le terme « extermination » n’est pas du tout synonyme de « génocide » qui désigne les massacres de masse. Il est utilisé effectivement par des philosophes écrivains et par des écrivains, je pense en particulier à Tocqueville qui parle en effet d’extermination à propos des Indiens d’Amérique. Je pense à Émile Zola qui parle d’extermination à propos de la Commune de Paris. On peut et on doit d’ailleurs établir un parallèle, ce qui ne veut pas dire forcément que tout est similaire, mais effectivement entre les méthodes de conquête coloniale développées par la France en Algérie et le processus d’expansion de la démocratie américaine à l’Ouest des États-Unis, dans les deux cas en effet, les populations autochtones ont été refoulées, exterminées, c’est-à-dire massacrées en masse et privées de tout ou partie de leur territoire.

    Tous vos ouvrages sont extrêmement intéressants et référentiels. Ainsi, dans votre livre La République impériale, vous évoquez le concept d’impérialisation des institutions. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce concept ?

    En ce qui concerne le concept d’impérialisation que j’ai forgé, il s’agissait pour moi de rendre compte des effets de la construction de l’empire sur la IIIe République, donc entre 1881 et 1912, sur les institutions à la fois politiques, académiques, et universitaires de la IIIe République, mais aussi sur les différentes sciences qui ont progressivement émergé et notamment ce qui va assez rapidement s’appeler les sciences dites « coloniales ». On s’aperçoit en effet que précisément parce que la France est devenue très rapidement la seconde puissance impériale du monde, il a fallu mettre en place un certain nombre d’institutions politiques et juridiques en métropole, dont la fonction est de gérer les territoires et les populations de l’empire, et il a fallu également développer un droit particulier, le droit colonial, et développer des sciences singulières et spécifiques, les sciences dites coloniales qui sont doublement coloniales, une première fois parce qu’elles prennent pour objet les colonies et les populations qui y vivent, et une seconde fois parce qu’au fond, ces sciences coloniales ont pour objectif d’aider les responsables de la IIIe République de mener à bien la gestion des populations indigènes, comme on le dit à l’époque.

    Ne pensez-vous pas que le Code de l’indigénat est une aberration ?

    Il faut rappeler que le Code de l’indigénat a été mis en place en 1875 et n’a été véritablement aboli qu’à la Libération, et rappeler que c’est un code qui réunit un certain nombre de dispositions d’exception discriminatoires et racistes. C’est évidemment très important de le préciser puisque ce code, comme son nom l’indique d’ailleurs, n’est appliqué qu’aux seuls indigènes algériens, et plus tard aux seuls indigènes de l’empire. Il faut rappeler aussi que son caractère exceptionnel, les contemporains en étaient parfaitement conscients puisque certains d’entre eux, y compris ceux qui étaient favorables à ce code, ont nommé ce Code de l’indigénat « monstre juridique ». Parce qu’effectivement, il contrevient à tous les principes républicains et à tous les principes démocratiques garantis et établis en métropole mais qui, dans les colonies, sont violés de façon substantielle entre autres par ce Code de l’indigénat et un certain nombre d’autres dispositions d’exception du droit colonial.

    Dans votre livre « De l’indigénat : Anatomie d’un monstre juridique », vous introduisez la notion de racisme d’État. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce racisme d’État ?

    En ce qui concerne le racisme d’État, il me paraît parfaitement établi d’une part dans le droit colonial qui est un droit de part en part raciste et discriminatoire, qui repose fondamentalement sur une représentation du genre humain hiérarchisée et sur la thèse – partagée par beaucoup – selon laquelle les peuples et les races inférieurs de l’empire ne sauraient être soumis à des dispositions démocratiques et républicaines équivalentes à celles qui sont établies en métropole. Et par ailleurs, pour revenir au Code de l’indigénat, on est parfaitement en droit et l’on peut considérer que l’un des monuments de ce racisme d’État, c’est évidemment le Code de l’indigénat auquel il faut ajouter le principe de la responsabilité collective appliqué jusqu’à la Libération, ainsi que l’internement administratif et toute une série de dispositions qui, une fois encore, sont des dispositions d’exception qui ont été votées par les parlementaires sous la IIIe République et qui ont perduré jusqu’à la Libération et n’ont été abolies qu’à ce moment-là.

    Vous avez aussi écrit « L’empire des hygiénistes » dans lequel vous dites que même la science était mise au service du colonialisme. Pourquoi les scientifiques et les écrivains nous ont-ils refusé d’être des humains et d’avoir une histoire et une civilisation ?

    Effectivement, pour beaucoup de contemporains de la IIIe République, à la fin du XIXe et au début du XXesiècle, qu’ils soient savants, ethnologues, historiens, responsables politiques, tous ou beaucoup d’entre eux partagent une même conviction qui est la suivante : les Arabes et les musulmans appartiennent certes à une civilisation mais à une civilisation qui est considérée non seulement comme inférieure mais également dangereuse, c’est pourquoi il est impossible de lui appliquer des dispositions institutionnelles, politiques et juridiques, équivalentes à celles qui valent en Europe. C’est pourquoi aussi il est nécessaire d’établir un État colonial que l’on peut et que l’on doit qualifier d’état d’exception permanent avec, évidemment, un certain nombre de dispositions juridiques qui sont cohérentes avec cet état d’exception permanent. Et donc, au cœur de l’ensemble de ces représentations et institutions, il y a cette conviction d’un genre humain hiérarchisé, les Arabes et les musulmans se trouvant dans une position intermédiaire, supérieure à ceux que l’on qualifie de « sauvages » – et l’incarnation la plus emblématique du sauvage à l’époque, c’est le noir – et évidemment inférieur aux Européens qui pensent occuper le sommet de la hiérarchie des races, des peuples, et des civilisations.

    L’Algérie revient souvent dans la sémantique pour désigner « l’ennemi ». D’après vous, la France a-t-elle guéri de son passé colonial ?

    Je ne pense pas que la France soit particulièrement guérie de son passé colonial. J’en veux pour preuve notamment, que comparativement à d’autres anciennes puissances coloniales, c’est vrai pour la Grande-Bretagne, c’est vrai pour l’Allemagne, pour une part aussi des États-Unis, du Canada, de la Nouvelle Zélande et de l’Australie, et relativement au sort indigne qui a été réservé aux populations dites autochtones, la France jusqu’à présent, par la voix des plus hautes autorités de l’État, n’a jamais véritablement reconnu les crimes coloniaux commis en Algérie depuis l’occupation d’Alger en 1830, pas plus d’ailleurs que la France n’a reconnu les crimes coloniaux commis dans l’ensemble des territoires de l’empire sous la IIIe République, et de ce point de vue-là, contrairement à l’image que cherchent à donner les responsables politiques de droite comme de gauche, en ces matières, la France n’est pas à l’avant-garde, elle occupe au contraire le dernier wagon de queue.

    La reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française n’est-elle pas une diversion d’Emmanuel Macron pour ne pas reconnaître la souffrance de tout le peuple algérien ?

    En ce qui concerne la reconnaissance par Emmanuel Macron du sort tragique qui a effectivement été réservé à Maurice Audin, arrêté, torturé, et « disparu » par la faute militaire, il faut dire deux choses : d’une part, pour la famille d’Audin, pour la vérité et la justice, c’est évidemment un pas très important, reste effectivement que l’on peut dire qu’il y a, au-delà de la personne de Maurice Audin, des dizaines de milliers, sans doute, de Maurice Audin algériens, français musulmans d’Algérie, pour lesquels, pour le moment, il n’y a aucune déclaration officielle des plus hautes autorités de l’État. Et d’ailleurs, la déclaration d’Emmanuel Macron est tout à la fois contradictoire et oublieuse. Contradictoire justement parce qu’il qualifie la torture en Algérie de systématique, mais si elle est systématique, alors il faut reconnaître qu’elle a été employée bien plus largement et cela exigerait effectivement une déclaration générale relativement à celles et ceux qui ont été arrêtés de façon arbitraire, torturés et qui sont, jusqu’à ce jour, portés disparus. Par ailleurs, cette déclaration est oublieuse aussi parce qu’à aucun moment celles et ceux qui ont rédigé ce texte, et Emmanuel Macron qui en porte la responsabilité politique, n’ont utilisé cette qualification juridique de « crime contre l’humanité » alors même que nous savons que la disparition forcée est bien un crime contre l’humanité. En ce qui me concerne, je pense qu’il ne s’agit pas d’un oubli, il s’agit d’une volonté tout à fait assumée afin d’éviter d’une part un tollé de la droite et de l’extrême-droite, et sans doute aussi d’éviter des actions contre l’État français dans la mesure où l’une des caractéristiques essentielles du crime contre l’humanité, c’est d’être imprescriptible.

    Dans la même semaine où il reconnait l’assassinat de notre camarade Maurice Audin, Emmanuel Macron rend hommage aux harkis. J’ai parlé un jour avec le général Meyer et je lui ai dit que l’affaire des harkis était une affaire franco-française et il m’a concédé que la France avait abandonné ses soldats, les harkis, n’ayant pas l’intention d’embarquer tout le monde. Pourquoi les responsables politiques français nous sortent-ils les harkis – qui ne concernent que la France puisque ce sont des soldats supplétifs qui ont choisi la France – à chaque fois que l’on parle de l’Algérie ?

    Parce que, fondamentalement, ces affaires de reconnaissance, du point de vue d’Emmanuel Macron et des responsables politiques antérieurs, notamment François Hollande, sont moins un souci de vérité qu’un souci politique visant à plaire à une partie de leur électorat et à ne pas s’aliéner certains électeurs français, d’où cette impression effectivement que le chef de l’État satisfait certains à gauche et satisfait ensuite certains à droite.

    Notamment les Pieds noirs.

    Et ce qui en pâtit à chaque fois, c’est évidemment une reconnaissance plus globale et un souci plus précis et particulier de la vérité historique et de la reconnaissance que cette vérité historique impliquerait.

    C’est-à-dire que la victime de cette instrumentalisation électoraliste est la vérité historique ?

    C’est à la fois la vérité historique et à la fois celles et ceux qui ont été victimes des violences coloniales, leurs descendants et les héritiers de l’immigration coloniale et postcoloniale qui sont bien forcés de constater une fois encore qu’ils sont victimes d’une discrimination mémorielle et commémorielle.

    Vous êtes président de l’association 17 Octobre 1961 contre l’oubli, pensez-vous que cette date est connue du peuple français ?

    Cette date commence à être connue plus largement en effet grâce à la mobilisation de très nombreuses associations de partis politiques et d’organisations syndicales qui, à chaque date anniversaire, le 17 octobre, et encore il y a quelques jours le 17 octobre 2018, se réunissent au Pont St Michel, mais il y a également des rassemblements dans plusieurs villes de banlieue et en province qui ne se contentent pas de commémorer mais d’exiger que des reconnaissances soient faites, d’exiger aussi l’ouverture des archives, exiger enfin la construction d’un lieu de mémoire à la mémoire de ceux qui ont été arrêtés, massacrés, torturés et assassinés le 17 octobre 1961, dans les jours précédents et dans les jours qui ont suivi cette date sinistre, ce qui fait qu’effectivement, une partie de l’opinion publique sait ce qui a été perpétré à l’époque par la police française qui agissait sous les ordres du préfet de police de l’époque Maurice Papon.

    Je n’ai jamais compris pourquoi on nous appelait « les musulmans » au lieu de dire « les Algériens ». Pourquoi la France coloniale nous a-t-elle refusé notre algérianité et nous renvoyait-elle vers une confession ?

    Pour des raisons, me semble-t-il, qui ne sont pas forcément simples mais qui sont aisées à comprendre. Qualifier les populations indigènes et les populations autochtones d’Algériens, comme on l’a vu après 1945, entraînait quasiment immédiatement la reconnaissance du peuple algérien. C’est exactement ce que les responsables de la IVe République, qu’ils soient de gauche ou de droite, ne voulaient pas, d’où effectivement l’appellation tout à fait singulière de « Français musulmans d’Algérie », d’autant plus singulière sous la IVeRépublique que celle-ci venait de rappeler qu’elle condamnait toute discrimination de quelque origine que ce soit, or, à l’évidence, l’appellation « Français musulmans d’Algérie » visait à distinguer au sein de celles et ceux qui vivaient en Algérie, une catégorie particulière, de la distinguer des Français venus de métropole et, au fond, de constituer ces Français musulmans d’Algérie comme un corps spécifique d’exception sur lequel va s’appliquer, après le déclenchement de la Guerre d’Algérie, de nouveau, hélas, des dispositions et des principes d’exception, dispositions juridiques et pratiques d’exceptions relatives à la guerre et contre-révolutionnaires.

    Nous sommes là, je pense, au cœur du concept « racisme d’État ».

    C’est l’une des manifestations, effectivement, du racisme d’État et qui va perdurer sous la IVe et sous la VeRépublique au moins jusqu’à 1962.

    Le colonialisme n’est-il pas une aberration ?

    Ce jugement peut être porté de façon rétrospective sans doute, mais du point de vue des contemporains, le colonialisme n’était pas du tout pour eux une aberration, c’était au contraire un moyen absolument essentiel, et notamment pour les fondateurs de la IIIe République et pour la France en particulier, de rétablir la France comme grande puissance européenne parce que grande puissance coloniale et, pour eux, il s’agissait donc d’une entreprise à laquelle ils accordaient la plus grande importance parce qu’ils étaient convaincus que c’était la seule façon d’éviter une décadence à la fois économique, sociale, politique, de la France, comparativement aux autres États européens et de cela, ils étaient extrêmement fiers puisque ce sont les républicains qui ont permis à la France de devenir la seconde puissance impériale du monde. Et donc, d’un point de vue économique, politique, et géopolitique, pour eux et à leurs yeux, ce n’était absolument pas une aberration mais une nécessité nationale, internationale et géopolitique.

    D’après vous, pourquoi le mensonge est-il structurel dans l’histoire coloniale ?

    Il l’est en partie parce qu’un certain nombre de dispositions juridiques et de dispositions répressives, de techniques de répression et de techniques de guerre sont évidemment absolument contraires aux principes républicains et aux principes démocratiques. D’où la nécessité, pour éventuellement occulter ces contradictions, de forger un grand récit impérial républicain qui est évidemment un grand récit mythologique et, dans les cas les plus graves, de forger ce qu’il faut effectivement appeler un véritable mensonge d’État. Je pense à deux événements particulièrement terribles : les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata et, évidemment, même si les massacres sont beaucoup moins importants, au massacre du 17 octobre 1961 pour lequel va être forgé, effectivement, ce qu’il faut bien appeler un véritable mensonge d’État tendant à accréditer l’idée que ce sont les manifestants pacifiques appelés par le FLN qui portent la responsabilité des morts et à minimiser de façon très spectaculaire le nombre de morts algériens à l’époque, par conséquent, à minimiser aussi la responsabilité de l’État en général et de Maurice Papon en particulier.

    À propos de Maurice Papon, ne pensez-vous pas qu’il est un criminel contre l’humanité ?

    Il faut tout d’abord rappeler que Maurice Papon a effectivement été condamné pour complicité de crimes et de génocide en raison de ses responsabilités pendant la période de Vichy. Relativement au 17 octobre 1961, il faut rappeler et ce sera une façon de lui rendre hommage, qu’un certain nombre d’avocats et notamment Maître Nicole Dreyfus considéraient que les massacres du 17 octobre 1961 étaient constitués d’un crime contre l’humanité et qu’à ce titre, Maurice Papon portait une responsabilité politique, policière et personnelle écrasante et qu’on était en droit effectivement de considérer qu’il avait commis là un crime contre l’humanité.

    La responsabilité de François Mitterrand est aussi établie, notamment dans l’affaire Fernand Iveton, notre camarade qui a été guillotiné. Mitterrand était Ministre de la Justice à l’époque et a refusé sa grâce. N’est-ce pas toute l’administration française qui est impliquée dans la politique répressive ?

    En ce qui concerne le 17 octobre 1961, Mitterrand n’est pas aux affaires. Ceux qui sont impliqués sont le ministre de l’Intérieur Roger Frey, le Premier ministre Michel Debré, mais, vous avez raison, je n’oublie pas les responsabilités de François Mitterrand en tant que ministre sous la IVe République, et qui a déclaré que la France s’étendait de Dunkerque à Tamanrasset et, effectivement, sa responsabilité dans l’exécution d’un certain nombre de militants du FLN et, comme vous l’avez cité précédemment, de Fernand Iveton.

    Aujourd’hui, l’Algérie fait face comme certains autres pays, à un néocolonialisme déchaîné ; je pense à l’attaque de l’OTAN sur la Libye, de la déstabilisation de la Syrie, etc. D’après vous, toutes ces guerres ne sont-elles pas une continuation des guerres coloniales ?

    Il y a effectivement des phénomènes de continuité entre le passé colonial de la France et un certain nombre de ses interventions militaires actuelles assurément, mais il y a aussi des phénomènes de discontinuité et dans un certain nombre d’États africains et anciennes colonies françaises, qui se trouvent dans un état économique, social et financier absolument catastrophique, on ne peut pas exempter les responsables de ces États de leurs responsabilités. Ils portent une responsabilité première et on pourrait ajouter que la France est souvent complice de l’état dans lequel se trouvent ces pays.

    Il y a un courant révisionniste sur les deux rives de la Méditerranée, en France et en Algérie, qui veut blanchir le colonialisme. Ne pensez-vous pas que ces personnalités qui ont pignon sur rue poursuivent l’œuvre de nombreux intellectuels tels que Victor Hugo, par exemple, en prétendant que le colonialisme était un bienfait ? Comment expliquez-vous le retour du révisionnisme en Algérie et en France ?

    Pour ce qui est de la France, il faut rappeler que cette offensive du révisionnisme de l’histoire coloniale débute notamment avec la loi du 23 février 2005, qui est une entreprise politique et juridique de réhabilitation sans précédent du passé colonial français, et rappeler que contrairement à ce que beaucoup pensent encore aujourd’hui, cette loi n’a toujours pas été abrogée et donc, on est en droit de considérer que cette loi est une loi scélérate parce qu’elle porte atteinte à des droits et à des principes démocratiques élémentaires et notamment un principe démocratique élémentaire qui est que l’État, quelle que soit sa nature et à fortiori si c’est un État qui se dit démocratique, ne peut pas et ne doit pas intervenir dans l’Histoire et moins encore chercher à établir une version officielle de l’Histoire en général et de l’histoire coloniale en particulier.

    Que signifie pour vous les insurrections de l’émir Abdelkader, des Bouamama, des Mokrani, etc. et de mes ancêtres, les Abdelmoumen, qui ont tenu le siège de Constantine en 1830 ?

    Contrairement au discours officiel des responsables politiques de l’époque et des militaires, la pacification de l’Algérie n’a pas été un long fleuve tranquille, bien au contraire, puisque, effectivement, les autorités politiques et militaires françaises n’ont pas cessé de se heurter à des résistances, des insurrections, qui prouvent que, contrairement à ce qui est dit parfois, ceux qu’on appelait à l’époque « les indigènes » avec beaucoup de mépris n’étaient pas du tout résignés mais ont cherché, à chaque fois que cela était possible et en dépit des risques qu’ils encourraient pour leur liberté et pour leur vie, à s’opposer à l’entreprise impériale et coloniale française.

    Que signifie pour vous la Révolution algérienne du 1er Novembre 1954 ?

    Cela signifie très clairement que les dirigeants de l’époque ayant acquis la conviction parfaitement établie et légitime que le colonialisme français en Algérie ne céderait pas d’un pouce par la voie pacifique et la voie des négociations, et qu’il était nécessaire de combattre ce colonialisme par la force des armes afin de faire triompher ce qui est pourtant acquis pour cette même république mais refusé aux Algériens, à savoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Comment expliquez-vous que des résistants au nazisme pendant la guerre 39-45 aient pu commettre, pour certains d’entre eux, les crimes du 8 mai 1945, qu’ils soient de gauche ou de droite ?

    C’est effectivement assez difficile à comprendre aujourd’hui, ceux qui avaient pris les armes contre l’occupant ne considéraient pas moins que pour défendre la France, son autorité européenne et son autorité internationale, il fallait défendre coûte que coûte l’empire colonial français en général et l’Algérie française en particulier. Ce qui permet effectivement de comprendre pourquoi des forces de droite comme de gauche, parti communiste compris, se sont engagées pour défendre l’empire au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, parce que, encore une fois, par la défense de l’empire, il s’agissait de rétablir la France comme grande puissance européenne et mondiale et de rétablir la France dans le camp des vainqueurs.

    La France d’aujourd’hui ne doit-elle pas cesser de soutenir des régimes africains, y compris le pouvoir algérien, pour ses propres intérêts même si cela va à l’encontre de l’intérêt des peuples ?

    Il me semble relativement clair que dans un certain nombre de cas d’anciennes colonies françaises dirigées par des dictateurs ou des régimes autoritaires, la France porte encore aujourd’hui une responsabilité écrasante ne serait-ce que parce que, pour des raisons géopolitiques, économiques, financières, militaires, la France soutient effectivement ces régimes et, une fois encore, se moque des intérêts des peuples concernés.

    Est-ce une continuité de son passé colonial ou est-ce juste par intérêt géopolitique et économique ?

    Je pense qu’il y a des deux en ce sens que la France entretient des relations privilégiées avec un certain nombre d’États au Maghreb et en Afrique noire subsaharienne parce que ce sont des anciennes colonies et donc évidemment ce passé est un passé qui pèse sur les relations franco-africaines, pour le dire très largement, et par ailleurs, il y a aussi des enjeux géopolitiques, économiques, financiers et militaires qui déterminent le maintien de ces relations et le soutien appuyé, y compris militaire, à des régimes notoirement autoritaires et notoirement dictatoriaux.

    Vous êtes un intellectuel engagé et un Juste, je tiens à le préciser, et un porteur de lumière. Ne pensez-vous pas que votre engagement doit être un modèle pour les jeunes générations ? Ne doivent-ils pas s’inspirer des parcours comme le vôtre ?

    Je me garderais bien de conclure en ce sens. Chaque génération doit affronter les problèmes qui sont les siens avec les instruments intellectuels et politiques à sa disposition.

    Avez-vous connu des pressions dans votre travail ?

    Je n’ai eu aucune pression quelconque en ce qui concerne l’élaboration, la rédaction et la publication des ouvrages qui sont les miens.

    En tant qu’anticolonialiste, que pouvez-vous dire à tous les résistants anticolonialistes et anti-impérialistes qui résistent dans le monde ?

    Que la lutte continue pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes contre les dictatures et les régimes autoritaires quels qu’ils soient et pour l’émancipation et contre l’exploitation.

    Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen

    Qui est le Dr. Olivier Le Cour Grandmaison ?

    Olivier Le Cour Grandmaison est un politologue et historien français spécialiste des questions de citoyenneté sous la Révolution française et des questions qui ont trait à l’histoire coloniale. Il est professeur de sciences politiques à l’Université d’Évry-Val d’Essonne et a dirigé et animé plusieurs séminaires au Collège international de philosophie.

    Il est président de l’association « 17 octobre 1961 : contre l’oubli » qui préconise la reconnaissance officielle des crimes commis par la Ve République lors du massacre des manifestants pacifiques algériens le 17 octobre 1961 à Paris.

    Il est aussi juge-assesseur désigné par le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), à la cour nationale du droit d’asile (CNDA). Par ailleurs, il appartient au comité de soutien de l’Association Primo Levi à Paris qui est un centre de soins et de soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique.

    Le Dr. Le Cour Grandmaison est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels « Les Citoyennetés en Révolution (1789-1794) », Paris, PUF, 1992 ; « Les Constitutions françaises », Paris, La Découverte, 1996, « Haine(s) : Philosophie et politique », avant-propos d’Étienne Balibar, Paris, PUF, 2002 ; « Coloniser, exterminer. Sur la guerre et l’État colonial », Paris, Fayard, 2005 (édité en arabe en 2007, Algérie) ; « Le Retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo » avec G. Lhuilier et J. Valluy, Autrement, 2007 ; « La République impériale : politique et racisme d’État », Paris, Fayard, 2009 (édité en arabe en 2009, Algérie) ; « Douce France. Rafles, rétentions, expulsions », collectif, Le Seuil/Resf, 2009 ; « De l’indigénat. Anatomie d’un « monstre » juridique : le droit colonial en Algérie et dans l’empire français », Paris, Zones/La Découverte, 2010 (édité en arabe) ; « L’Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies », Paris, Fayard, 2014.

     » » https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2018/10/28/dr-olivier-le-cour-
    URL de cet article 34034
    https://www.legrandsoir.info/la-pacification-de-l-algerie-n-a-pas-ete-un-long-fleuve-tranquille-bie

  • Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française René Naba - /oumma.com
    https://oumma.com/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaiseune-lecture-frac
    http://www.les7duquebec.com/7-au-front/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaise

    Une lecture fractale de l’Histoire de France : Réponse à Bruno Gollnisch, Philippe Val, Philippe Douste Blazy et Nicolas Sarkozy

    La scène se passait en juin 1998, il n’y a pas si longtemps, huit ans environ à peine, un mois avant la grande communion multicolore du Mondial, la première victoire de la France bariolée dans le championnat du Monde de Football : Bruno Gollnisch, le successeur potentiel du dirigeant du Front National Jean Marie Le Pen, exhibait, au terme d’une conférence de presse, un attaché-case, dont il révélait le code secret de verrouillage comme un trophée de guerre (1).

    Le code secret par définition doit demeurer secret. Il se conserve comme une sainte relique. Pour M.Gollnisch, cela n’est évidemment pas le cas : le secret est public surtout lorsqu’il s’agit de stigmatiser, surtout lorsqu’il s’agit de glaner un succès à bon compte. Chacun a les satisfactions intellectuelles de son niveau d’éducation.

    Ménageant ses effets, il déclame en public sa combinaison magique de trois chiffres, l’égrenant lentement 7-3-2 dans un mouvement jouissif libérateur. 732. l’effet est assuré. 732, #Poitiers. La victoire controversée de #Charles_Martel sur les troupes arabes d’Abdel Rahman.

    Cela se passait donc en 1998 et #Gollnisch prenait pour référence un événement datant de 1266 ans. 1266 ans de rumination historique. Sans doute la marque manifeste du zèle d’un néophyte. 1266 ans de rumination pour ce Français de la troisième génération, comme l’on désigne en France les petits fils d’immigrés, en l’occurrence un petit fils d’immigrés allemands.


    Correspondant de guerre sur les théâtres d’opérations extérieurs du territoire métropolitain, l’exhibition impudique de Bruno Gollnisch, la passivité des #journalistes présents devant sa vaine et vaniteuse démonstration ont opéré comme un déclic en moi me propulsant dans une navigation sidérante dans le tréfonds de la conscience française, dont je souhaite vous livrer les conclusions sans appétence polémique particulière, dans le droit fil de la thématique de ce colloque « D’une rive à l’autre, Ecrire l’Histoire, Décoloniser les Esprits ».

    L’exercice ne relève ni de la démagogie, ni d’un populisme de bon aloi, de bonne guerre il est vrai, dans ce genre de démonstration. Il vise à apporter une contribution à la clarification sémantique et psychologique du débat post-colonial par le pistage des non-dits de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français.

    Ni populisme, ni démagogie, ni dénigrement non plus. Mais l’application de l’analyse de contenu à de constats qui s’ils sont lapidaires ne sont nullement sommaires ni rudimentaires.

    Une thérapie par électrochocs en somme. Un voyage révélateur des présupposés d’un peuple, des ressorts psychologiques d’une nation et de la complexion mentale de ses dirigeants.

    Embarquons nous donc pour ce voyage de #déconstruction des mythes fondateurs de la #grandeur_française avec un grand merci pour Bruno Gollnisch d’en avoir été, involontairement, l’élément déclencheur.
    .
    Le Panache français ou le mythe de la grandeur
    Le propos n’est pas anodin. Il correspond à une réalité indéniable : la dernière grande victoire militaire française remonte à deux siècles. Oui deux siècles exactement. #Austerlitz. Certes il y eut #Valmy et le Pont d’Arcole. Puis Austerlitz. Le panache français en somme. Puis. Plus rien….drôle de panache. Ce fut ensuite Waterloo (1815), face aux Anglais, Sedan (1870), face aux Allemands, Fachoda (1898), qui brisa net l’accès de la France aux sources du Nil, au Soudan. Soit près d‘un siècle de désastres militaires ininterrompus, compensés, il est vrai, par les conquêtes coloniales notamment l’#Algérie. A croire que les expéditions coloniales sont d’utiles palliatifs aux désastres nationaux et par transposition au débat contemporain, les immigrés d’indispensables dérivatifs aux difficultés internes.

    #VERDUN 1916 et Rethondes I (l’armistice du 11 novembre 1918), cent ans après Waterloo refermeront la parenthèse néfaste. Mais là, les Français ne sont pas seuls. Ils ne peuvent plus revendiquer la victoire à leur bénéfice exclusif. C’est une « victoire alliée » qu’ils devront partager avec leurs alliés britanniques et américains mais aussi avec les nouveaux venus de la scène internationale : les #Basanés. 550.449 soldats de l’Outre mer dont 173.000 Algériens, soit 20 pour cent des effectifs et 10 pour cent de la population du pays participeront à l’effort de guerre de la France. 78.116 #ultramarins tomberont sur le champ d’honneur, soit l’équivalent de la totalité de la population de #Vitrolles et d’#Orange prises ensemble, les deux fiefs de l‘extrême droite française contemporaine.

    La pensée peut paraître sacrilège mais elle correspond, là aussi, à la réalité : Verdun est à ce titre autant une victoire française qu’une victoire arabe et africaine. Certes la « chair à canon » était présentée comme étant de peu de valeur face à la qualité des stratèges du Haut commandement. Mais le fait est là aussi démontré : Après Verdun beaucoup avaient cru naïvement que la France s’était réconciliée avec la victoire. Et bien non. 1940 et #Rethondes Bis (la capitulation de #Montoire du 21 juin 1940) apporteront la preuve du contraire. #Monte_Cassino (1944) lavera l’honneur français mais la plus grande victoire française de la Deuxième Guerre mondiale est une victoire mixte : Cent mille (100.000) soldats alliés, contre 60.000 Allemands, ainsi que 4000 ressortissants du #Maghreb auront payé de leur vie cette victoire. 4.000 originaires du Maghreb sur 6.300 tués dans les rangs français, soit les 2/3 des effectifs. Monte Cassino est donc tout autant une victoire alliée, qu’une victoire française, arabe et africaine.

    Le schéma est identique en ce qui concerne le domaine naval. Le dernier fait d’armes français -controversé tout de même- remonte à #Aboukir (1799). Puis ce fut au tour de Trafalgar (1805), Toulon (1942), le Charles de Gaulle et son hélice manquante durant la guerre d’Afghanistan (2001), la première guerre du XXI me siècle, enfin les pérégrinations de l’ancien joyau de la flotte française, le Clemenceau, en 2005. On aurait rêvé meilleur traitement à De Gaulle et à Clemenceau, tout de même deux personnages considérables de l’Histoire de France.

    Victorieuse avec ses anciens colonisés, la France retrouvera le chemin de la défaite lorsqu’elle se dressera contre eux. Carbonisée à #Dien_Bien_Phu (1954) contre le Vietnam, première victoire d’un pays du tiers monde sur un pays occidental, ainsi qu’en Algérie (1954-1962).
    .
    Le tryptique républicain (#Liberté, #Egalité, #Fraternité), le mythe fondateur de l’exception française.
    A) La liberté : 
La Colonisation est la négation de la Liberté. La #Colonisation n’est pas, loin s’en faut, « la mise en valeur des richesses d’un pays transformé en #colonie » selon la plus récente définition du dictionnaire « Le Petit Robert » Edition -2007

    La liberté et La colonisation sont proprement antinomiques. Car la colonisation est l’exploitation d’un pays, la spoliation de ses richesses, l’asservissement de sa population au bénéfice d’une #Métropole dont elle est, en fait, un marché captif, le réservoir de ses matières premières et le déversoir de son surplus démographique, de sa main d’œuvre et de sa surpopulation, le volant régulateur du chômage et de l’inflation dans les sociétés occidentales.

    Contraire aux idéaux de Liberté, d’Egalité et de fraternité, les principes fondateurs de la Révolution Française, la colonisation est le fossoyeur de l’#idéal_républicain. Elle l’aura été quand bien même d’illustres figures françaises, telles Léon Blum, la conscience morale du socialisme, auront voulu – déjà- en célébrer les bienfaits comme un devoir de faire accéder à la civilisation les peuples primitifs (2).

    Par transposition au débat contemporain, la rhétorique de #Léon_Blum est comparable à celle de la nouvelle conscience de la nouvelle gauche française, le philosophe #André_Glucksman, présentant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 comme une contribution occidentale à l’instauration de la démocratie en terre arabe et non comme la mainmise américaine sur les gisements pétroliers de ce pays. « Le fardeau de l’homme blanc », théorisé par l’anglais Kipling, est un alibi commode, le thème récurrent à toutes les équipées prédatrices du monde occidental.
    B ) L’Egalité : 
L’exception française est une singularité : Premier pays à avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement, avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française (1794), la France sera aussi le premier pays à inaugurer la #piraterie_aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien Ahmad Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem), donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte pour leur indépendance.

    La récidive dans la singularité est aussi un trait de l’exception française : En effet, ce pays jacobin, égalisateur et égalitaire se singularisera, aussi, en étant le seul pays au monde à avoir officialisé le « #gobino-darwinisme juridique », à avoir codifié en Droit « la théorie de l’inégalité des #races », une codification opérée sans discernement, pour promouvoir non l’égalité, mais la #ségrégation.

    La « Patrie des Droits de L’Homme » et des compilations juridiques modernes -le code civil et le code pénal- est aussi le pays de la codification discriminatoire, le pays de la codification de l’abomination : le pays du« #Code_Noir » de l’esclavage, sous la Monarchie, du « Code de l’#indigénat » en Algérie, sous la République, qu’il mettra en pratique avec les « expositions ethnologiques », ces « #zoos_humains » (3) dressés pour ancrer dans l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une infériorité durable des « peuples de couleur », et, par contrecoup, la supériorité de la race blanche comme si le blanc n’était pas une couleur, même si elle est immaculée, ce qui est loin d’être le cas.

    Un chiffre suffit à démontrer l’inanité de ce principe d’égalité : Trois membres du dernier gouvernement de l’ère chiraquienne présidé par Dominique De #Villepin (2005) ont été affectés à la mise en œuvre de ce principe dans ses diverses déclinaisons : la cohésion sociale (Jean Louis Borloo), la promotion de l’égalité des chances entre Français de souche et Français naturalisés (Azouz Begag) enfin la parité Hommes-femmes (Catherine Vautrin).

    Ce principe d’égalité est pourtant l’un des principes fondateurs de la République, entériné comme bien commun de la nation depuis deux siècles. Que n’a-t-on songé à le mettre en œuvre auparavant ? A croire que la laïcité ce concept unique au monde ne s’est forgé que pour servir de cache-misère à un #chauvinisme récurrent de la société française.

    Les hochets offerts épisodiquement non aux plus méritants mais aux plus dociles, en guise de lot de consolation, loin d’atténuer cette politique discriminatoire, en soulignent la parfaite contradiction avec le message universaliste de la France. Ils l’exposent à de douloureux retours de bâtons.

    C) Fraternité : Le #Bougnoule, la marque de stigmatisation absolue, le symbole de l’ingratitude absolue.
    La fraternisation sur les champs de bataille a bien eu lieu mais la fraternité jamais. Jamais pays au monde n’a autant été redevable de sa liberté aux peuples basanés et pourtant jamais pays au monde n’a autant compulsivement réprimé ses alliés coloniaux, dont il a été lourdement redevable de sa survie en tant que grande nation. De Fraternité point, mais en guise de substitut, la stigmatisation, la #discrimination et la #répression à profusion.

    Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à #Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de #Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à #Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

    ((A noter qu’en Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population #Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -#Canada, #Australie, #Nouvelle Zélande, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’#Inde et du #Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (#Indochine, Algérie).

    « Bougnoule » tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante-mortem.
    La revendication ultime préludant au sacrifice suprême -« Aboul Gnoul, apporte l’#alcool »- le breuvage galvanisateur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

    Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique : « Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux #Nord-Africains. Synonyme de #bicot et de #raton » (4). Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les « mélanodermes », #arabo-berbères et #négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par « #ratonnade » une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

    Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse, d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral…….Une revanche posthume du bougnoule, en quelque sorte.
    .
    La France du triptyque républicain : une vision ethniciste face au phénomène exogène.
    L’affirmation peut paraître péremptoire, n’y voyons aucune malice, mais correspond néanmoins à la réalité historique : Le clivage communautaire a préexisté en France dans l’esprit des autorités et des citoyens du pays d’accueil bien avant qu’il ne prenne corps dans l’esprit des migrants.

    Par transposition du schéma colonial à l’espace métropolitain, l’immigré en France a longtemps été perçu comme un indigène, ce qui faisait paradoxalement de l’immigré, l’indigène de celui qui est étymologiquement l’indigène (5), une main-d’oeuvre relevant de la #domesticité de convenance, dont l’expatriation assurait sa subsistance et l’obligeait par voie de conséquence à un devoir de gratitude envers le pays hôte.

    D’extraction modeste, affecté à des taches subalternes et pénibles de surcroît non valorisantes, l’immigré, parqué en marge des villes, était par définition et par destination un être en marge de la société, un élément #marginal et non une composante de la société française. Il n’avait de ce fait ni droit de cité, ni droit de regard, ni a fortiori droit de parole.

    L’immigré a été d’autant plus occulté qu’il deviendra durant les années 1950-1970 responsable de tous les maux diplomatiques et économiques français : du désastre de Dien Bien Phu, en 1954, à la Guerre d’Algérie, à l’expédition franco-britannique de Suez contre le symbole du nationalisme arabe Nasser, en 1956, à l’affrontement de Bizerte et la décolonisation de l’Afrique, en 1960, à la 3ème guerre israélo-arabe de juin 1967, à la première crise pétrolière, en 1973, autant d’événements qui ont fini par diaboliser l’immigré notamment “#arabo-musulman” dans le regard du français.

    Dans le domaine de l’imaginaire et le champ de la production intellectuelle, l’arabe représentait alors par compensation “le mal absolu” identifié dans le langage courant par cette rodomontade musculatoire : “le bougnoule à qui l’on doit faire suer le burnous”.

    Par un faux effet d’optique, la France se donnera l’illusion de venger ses avatars d’Algérie et, par un philosémitisme actif, l’illusion de sa rédemption, substituant une arabophobie à une judéophobie, en somme une injustice à une autre injustice, feignant par là même d’ignorer que l’injustice ne se combat pas par une autre #injustice.

    Symptomatique de cet état de fait, le #harki, celui-là même qui dans le schéma mental français devait représenter le bon arabe ou le bon immigré puisqu’il s’était rangé de son côté, c’est à dire du bon côté, sera gommé de la conscience nationale et dissimulé dans les recoins arides du pays, dans une démarche symbolique destinée à refouler ce « déchet du colonialisme » dans le tréfonds de la conscience.

    La crispation identitaire française remonte, en fait, sur le plan national, aux premières vagues d’immigration de l’ensemble arabo-musulman, principalement du Maghreb, le ponant du monde arabe, plus précisément à la Première Guerre Mondiale (1914-1918). Avec 1,4 millions de morts, 900 000 invalides, la France déplorera la perte de 11 pour cent de sa population active du fait du premier conflit mondial, à laquelle il conviendrait d’ajouter les dégâts économiques : 4,2 millions d’hectares ravagés, 295 000 maisons détruites, 500 000 endommagés, 4.800 km de voies ferrées et 58.000 km de routes à restaurer et 22 900 usines à reconstruire et 330 millions de m3 de tranchées à combler.

    Les premiers travailleurs immigrés, des #Kabyles, arriveront en France dès 1904 par petits groupes, mais la Première Guerre Mondiale provoquera un effet d’accélérateur entraînant un recours massif aux « travailleurs coloniaux » auxquels se superposeront les renforts des champs de bataille comptabilisés sous une autre rubrique.

    L’indigène lointain cède la place à l’immigré de proximité. De curiosité exotique que l’on exhibe dans les zoos humains pour glorifier l’action coloniale française, le mélanoderme deviendra progressivement une donnée permanente du paysage humain de la vie quotidienne métropolitaine, sa présence vécue comme une contrainte, exacerbée par la différenciation des modes de vie entre immigrés et métropolitains, les fluctuations économiques et les incertitudes politiques du pays d’accueil

    Paradoxalement, dans la période de l’entre-deux guerres (1918-1938), la France va favoriser la mise en place d’une « République Xénophobe » (6), matrice de l’idéologie vichyste et de la « préférence nationale », alors que son besoin en main d’oeuvre est criant. Bien que contribuant à sortir la France de son champ de ruine, les travailleurs immigrés seront tenus en suspicion, pistés au sein d’un grand « fichier central ».

    Soumis pour l’obtention de la carte de séjour à une taxation équivalant parfois à un demi mois de salaire, source de revenus complémentaire pour l’Etat français, ils seront de surcroît perçus comme porteurs d’un triple péril : péril économique pour leurs concurrents français, péril sanitaire pour la population française dans la mesure où l’étranger particulièrement les Asiatiques, les Africains et les Maghrébins étaient présumés porteurs de maladies, péril sécuritaire pour l’Etat français.

    Près de deux cent mille « #travailleurs_coloniaux » (200 000) seront ainsi importés d’Afrique du Nord et du continent noir par de véritables corporations négrières, telle la « Société générale de l’immigration » (#SGI), afin de pallier la main d’oeuvre française principalement dans le bâtiment et l’industrie textile en remplacement des soldats français partis au front. Dans la cohorte de travailleurs immigrés, venus d’abord principalement d’Italie et de Pologne, les Maghrébins feront l’objet d’une attention spéciale de la part des pouvoirs publics.

    Un « Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains chargé de la répression des crimes et des délits » est constitué le 31 mars 1925. Un bureau spécial rien que pour les Maghrébins, précurseur du « service des #questions_juives » que le pouvoir vichyste mettra en place en 1940 pour la surveillance des nationaux français de « race ou de confession juive » durant la Seconde Guerre mondiale.
    ((NDLR Citation de l’article de la juriste Danièle Lochak « La race, une catégorie juridique ? »
    (http://www.anti-rev.org/textes/Lochak92a ) :
    « la loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs dispose : “Est regardé comme juif pour l’application de la présente loi toute personne issue de trois grands parents de race juive ou de deux grands parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif”. Cette définition, qui laisse en suspens la question de savoir comment sera déterminée l’appartenance des grands-parents à la race juive, sera remplacée, dans la loi du 2 juin 1941, par une définition plus explicite : “Est regardé comme juif :

    1° celui ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d’au moins trois grands-parents de #race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive. Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive ;

    2° celui ou celle qui appartient à la religion juive et qui est issu de deux grands-parents de race juive”. »

    L’intitulé de l’office en dit long quant à l’opinion du gouvernement français et de ses intention à l’égard des « indigènes » d’Afrique du Nord. Le phénomène ira en s’amplifiant avec la Deuxième Guerre Mondiale et les trente glorieuses années de l’après-guerre (1945-1975) qui suivirent la reconstruction de l’Europe, où le besoin de « chairs à canon » et d’une main d’oeuvre abondante à bas prix provoqueront un nouveau flux migratoire égal en importance au précédent.

    Luxe de raffinement, le recrutement s’opérait selon des critères d’affinités géographiques au point de constituer de véritables couples migratoires en particulier entre Renault et l’embauche kabyle, charbonnages de France et les travailleurs du sud marocain, de même qu’en Allemagne, Wolkswagen et les immigrés turcs.

    A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, les travailleurs coloniaux faisaient même l’objet d’une #notation en fonction de leur nationalité et de leur race (7) avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance notamment au sein des Algériens où les Kabyles bénéficiaient d’un préjugé plus favorable que les autres composantes de la population algérienne. Le Kabyle était invariablement noté 5/20, l’arabe 4/20 et l’Indochinois 3/20. Ho Chi Minh témoin de cette humiliante notation ethnique lors de son séjour parisien, se vengera trente ans plus tard en infligeant à son ancien maître l’une des plus humiliantes défaites militaires du monde occidental, la défaite de Dien Bien Phu en 1954.

    Muettes, les blessures de l’histoire ne cicatrisent jamais.
    La France s’affiche volontiers révolutionnaire mais se révèle, en fait, profondément conservatrice. La France du triptyque républicain a eu un comportement liberticide avec la colonisation, ethniciste dans sa politique migratoire, un comportement sociocide dans sa structuration socio-culturelle et démographique.
    .
    Le mythe de la politique arabe de la France
    Philipe Val, le directeur conformiste de l’hebdomadaire faussement anarchiste Charlie Hebdo, impute la collaboration vichyste anti-juive à « la politique arabe de la France ». Ce mémorialiste des temps modernes qui se vit en rival contemporain du cardinal de RETZ, s’imagine, par ce raccourci non pas audacieux mais hasardeux, exonérer la France de l’#antisémitisme récurrent de la société française.

    Sauf à prêter aux Arabes une capacité d’anticipation d’une hardiesse rare confinant à un machiavélisme suprême, en vue de soudoyer l’Etat-Major français pour le conduire à faire condamner pour « haute trahison » un officier français de confession juive, le Capitaine Alfred Dreyfus, ou encore à gangrener le haut commandement politico-militaire français en vue de savourer le désastre de 1940, l’antisémitisme en France a préexisté à la présence arabe et musulmane en France.

    Le plus grand déferlement d’Arabes et de Musulmans en France est survenu à l’occasion de la Deuxième Guerre Mondiale, non pour l’appât du gain -« pour manger le pain des Français »-, mais bien pour libérer avec d’autres le pays du joug nazi, pour aider à la défense d’un pays que ses habitants n’ont pas su, pas pu ou pas voulu défendre… C’est-à-dire près de cinquante ans après l’affaire Dreyfus et dans la foulée de la capitulation de Montoire.

    Et, que je sache, le « Bureau des affaires juives », a eu pour précurseur immédiat « le Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains » dont la création, en 1925, n’a pas suscité la moindre protestation des Français sans doute trop occupés à l’époque à magnifier leur supériorité dans l’admiration des « zoos humains »

    La thèse de Philipe Val ne résiste pas à une analyse un tant soit peu sérieuse. Mais qui a jamais soutenu que Philippe Val était un analyste ? Sérieux de surcroît ? Elle participe néanmoins d’une falsification de l’Histoire, d’un sournois travail de révisionnisme anti-arabe.

    Une politique se juge sur la durée. A l’épreuve des faits, la politique arabe de la France, dogme sacré s’il en est, se révèle être, par moments, une vaste mystification, un argument de vente du complexe militaro-industriel français. Qu’on en juge. L’histoire en est témoin.

    La contribution des Arabes à l’effort de guerre français en 1914-1918 pour la reconquête de l’Alsace-Lorraine a été franche et massive. Sans contrepartie. La France, en retour, vingt ans après cette contribution, a témoigné de sa gratitude à sa façon…… en amputant la #Syrie du district d’Alexandrette (1939) pour le céder à la Turquie, son ennemi de la Première guerre mondiale.

    Dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale, la France, récidiviste, carbonisera la première manifestation autonomiste des Algériens, à Sétif, le jour même de la victoire alliée, le 9 mai 1945, une répression qui apparaîtra rétrospectivement comme une aberration de l’esprit sans doute unique dans l’histoire du monde, dont les effets se font encore sentir de nos jours.

    Dix ans plus tard, en 1956, de concert avec Israël et la Grande Bretagne, la France se livre à une « expédition punitive » contre le chef de file du nationalisme arabe, Nasser, coupable d’avoir voulu récupérer son unique richesse nationale « le Canal de Suez ». Curieux attelage que cette « équipée de Suez » entre les rescapés du génocide hitlérien (les Israéliens) et l’un de leur ancien bourreau, la France, qui fut sous Vichy l’anti-chambre des camps de la mort.

    Curieux attelage pour quel combat ? Contre qui ? Des Arabes, ceux-là mêmes qui furent abondamment sollicités durant la deuxième guerre mondiale pour vaincre le régime nazi, c’est-à-dire l’occupant des Français et le bourreau des Israéliens. A moins qu’il ne s’agisse d’une forme élaborée de l’exception française, on aurait rêvé meilleure expression de la gratitude.

    Très concrètement, la politique arabe de la France a consisté, historiquement, en une opération de restauration de la souveraineté nationale dans les centres de décision du pouvoir politique français, après la guerre de juin 1967, par la rupture de la relation fusionnelle qui existait qui, au mépris de l’intérêt national, entre services français et israéliens.

    Bon nombre d’entre vous se rappellent peut-être le chef de la mission d’achat militaire israélienne en France disposait, à l’époque, non pas à l’ambassade israélienne, mais au sein même du ministère français des armées, d’un bureau jouxtant celui du directeur de cabinet du ministre, une proximité sans précédent même dans les pays colonisés.

    Bon nombre d’entre vous gardent peut être présent à l’esprit l’implication des services israéliens et français dans l’enlèvement du chef charismatique de l’opposition marocaine #Mehdi_Ben_Barka, en 1965, en plein jour, en plein Paris, ou encore le vol des cinq vedettes de Cherbourg par les Israéliens (Décembre 1969), la plus concrète manifestation sinon de la connivence du moins de la passivité des services français à l’égard des coups de main israéliens.

    L’ouverture de la France vers les pays arabes, en 1967, au terme d’une rupture de onze ans consécutive à l’expédition de Suez, lui a valu un regain de prestige après deux décennies de déboires militaires en Indochine et en Algérie, la conquête des marchés pétroliers, notamment l’#Irak, l’ancienne chasse gardée des Anglais, la percée majeure de la diplomatie gaulliste de la seconde moitié du XXme siècle, ainsi que de fabuleux contrats militaires de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars, notamment avec l’Irak, la Libye et l’Arabie saoudite,

    L’illustration patente de la disparité de traitement entre Français et Arabes est la première crise de l’#énergie en 1973. A cette date, la France est officiellement le partenaire privilégié du Monde arabe, officiellement épargnée par le boycottage pétrolier anti-occidental, le principal bénéficiaire du boom pétrolier, le principal bénéficiaire des contrats pétro-monarchiques, mais les Français se cramponnent à une xénophobie lancinante, crispés sur un comportement guidé par une psychorigidité nourrie d’une nostalgie de grandeur.

    Tout le monde garde présent à l’esprit les traits d’humour d’une époque où les Français exultaient de compenser leur absence de ressources naturelles par une prétendue supériorité intellectuelle, affichant leur fierté de ne “pas avoir de pétrole mais des idées”, formule qui peut se décrypter de la façon suivante : “pas d’essence, mais la quintessence de l’esprit”, humour que sous-tendait une #arabophobie ambiante dans une période où les arabo-musulmans étaient cloués au pilori pour avoir osé frigorifier les Français avec leur crise de l’énergie.

    Le renchérissement du coût du pétrole était vécu comme un crime de lèse-majesté, alors qu’il s’agissait d’un problème de rajustement des prix du brut, longtemps outrageusement favorables aux économies occidentales.

    La contradiction entre l’ouverture pan-arabe de la diplomatie française et la crispation identitaire de l’opinion française posait déjà à l’époque le problème de la mise en cohérence de la politique française à l’égard du fait arabo-musulman.

    L’universalisme français a pratiqué à destination du monde arabo-musulman une « politique des minorités », contraire à ses principes fondateurs, institutionnalisant et instrumentalisant le confessionalisme et le communautarisme, se servant des Maronites (au Levant) et des Kabyles (au Ponant) comme levier à une re-christianisation de la rive méridionale de la Méditerranée, interdisant aux Algériens sur le sol même de leur patrie, l’usage de leur langue nationale, infligeant à ce pays un dégât plus important que les ravages de 130 ans de la colonisation, le dommage de l’esprit,— l’acculturation—, dont les effets corrosifs et pernicieux se font encore sentir de nos jours et qui expliquent pour une large part les crises cycliques entre les deux pays.

    La politique arabe de la France c’est cela aussi. Muettes et douloureuses, les blessures de la mémoire ne cicatrisent jamais.
    .
    La France : Aimez- là ou quittez-là ou le mythe de l’excellence française
    Ce mot d’ordre n’a même pas le mérite de l’originalité. IL a été emprunté à #Ronald_Reagan, le président Rambo des Etats-Unis de la décennie 1980 (1980-1988) qui entendait par cette formule neutraliser les critiques contre l’aventurisme américain dans la période post Vietnam (1975-1980).

    Empruntée à Reagan en vue de son application électoraliste en France par le dirigeant de la droite traditionaliste #Philippe_de_Villiers, reprise et amplifiée par…#Nicolas_Sarkozy, ce « Français de la deuxième génération » selon la dénomination en vigueur en France pour les citoyens originaires du tiers monde.

    Le clonage de l’Amérique n’est pas la marque de l’originalité.

    Les basanés de France sont là et bien là. Durablement ancrés dans le paysage politique et social français. Eux dont « le rôle positif » n’a jamais été célébré avec solennité, sinon que d’une manière, incidente quand il n’a pas été plus simplement nié ou controversé.

    En France, non pas leur pays d’accueil, mais leur pays d’élection.

    Déterminés à défendre la haute idée que la France veut donner d’elle-même au Monde.

    A combattre tous ceux qui fragilisent l’économie par une gestion hasardeuse, tous ceux qui discréditent la politique par une connivence sulfureuse,

    Tous ceux qui polluent l’image de la France, à coups d’emplois fictifs et de responsabilité fictive, de rétro-commissions et de frais de bouche, de délits d’initiés et d’abus de biens sociaux

    Ces messieurs des frégates de Taiwan et de Clearstream,
    Du Crédit Lyonnais et de la Compagnie Générale des Eaux,
    D’Elf Aquitaine et d’EADS,
    D’Executive Life et de Pechiney American-Can
    Des marchés d’Ile de France et de HLM de Paris, de la MNEF et d’Urba-Gracco,
    Ceux qui dévalorisent leur justice à coups d’affaires d’#Outreaux, d’écoutes téléphoniques illégales, de tri sélectif et de « #charters de la honte »
    Qui dévalorisent leurs nationaux à coups de bougnoule et de ratonnades, de racaille et de Karcher.

    Contre la « France d’en bas » qui gouverne le pays, la France des basses manoeuvres et des bas calculs, des « zones de non droit et de passe-droits », des nominations de complaisance et des appartements de fonction, la France qui refuse de donner un coup de pouce au SMIC, qui « cristallise », c’est-à-dire, fige à sa portion congrue, les retraites des anciens combattants « basanés » de l’armée française, mais qui relève de 70 pour cent le salaires des ministres nantis, qui gorge de « stock options et de parachutes dorés » les gérants en déconfiture, tels ceux de Vinci et de Carrefour, qui recycle la forfaiture dans l’honorabilité, propulsant au Conseil d’Etat, le temple de la vertu républicaine, en guise de rétribution pour services rendus dans la diversion de la justice, tel ministre de la justice, passé dans l’histoire comme le plus célèbre intercepteur d’hélicoptères des annales judiciaires internationales.

    En un mot contre cette posture du mépris et de l’irresponsabilité la singulière théorie du fusible à la française » qui exonère le responsable de toute responsabilité par une sorte de privilège anti-démocratique tirant sa justification dans une idéologie protofasciste inhérente à un pan de la culture française.

    Contre la criminalisation du politique, cet état de fait symptomatique de la France contemporaine illustré particulièrement par la présidence Chirac, dont la double mandature (1995-2000), douze ans, aura été polluée par de retentissants scandales politico-financiers en rapport avec l’argent illicite, sans pour autant que soit discrédité le chef de l’état français -le parangon de la « fracture sociale », de « l’état modeste » et d’un « siècle de l’Ethique », réélu en dépit des dérives autoritaro-mercantiles de son magistère.

    Le président Chirac précisément et non son prédécesseur François Mitterrand, en application de l’aveu d’un spécialiste du brigandage politique, Jean Montaldo, un chiraquien désabusé qui soutient, paroles d’expert, que « de Mitterrand à Chirac nous sommes passés du stade artisanal au stade industriel », dans le domaine de la corruption (8).

    N’y voyez aucune interférence électoraliste ou partisane : L’histoire d’aujourd’hui est la mémoire de demain et il importe d’être vigoureux dans la dénonciation des dérives contemporaines pour prévenir de douloureuses réminiscences de la mémoire future.

    « Le casier judiciaire de la République » présente ainsi l’édifiant bilan suivant : Neuf cent (900) élus mis en examen soit pour #délinquance financière, soit pour atteintes aux biens et aux personnes y compris les crimes sexuels. Ce bilan porte sur la décennie 1990-2000. Gageons que le bilan de la présente décennie est en passe d’être identique.

    La « #tolérance_zéro » à l’égard de la criminalité en col blanc se devrait d’être pourtant un impératif catégorique de l’ordre républicain en vertu du principe de l’exemplarité de l’Etat.

    La capitulation de Sedan face à l’Allemagne en 1870-71 a donné naissance à la III me République, la capitulation de Montoire (9) face à Hitler en 1940 à la IV me République (1946), celle de Dien Bien Phu et d’Algérie en 1955, à la V me République (1958), avec leurs cortèges de grandes institutions : Sedan à la création de « sciences po », l’Institut des Etudes Politiques de Paris et Montoire à la fondation de l’ENA, l’Ecole Nationale d’Administration (1945). Le pays des « Grandes Ecoles », des concours pépinières des élites, des scribes et des clercs, -cinq millions de fonctionnaires en France en l’an 2.000, le plus fort contingent de l’Union européenne, soit 20 pour cent de la population active- ne tolère pas de retour sur son passé. Il ne conçoit que les perspectives d’avenir. Jamais de rétrospectives, ni d’introspection. toujours des prospectives. Une fuite en avant ?

    Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat s’impose tant sur la contribution des « peuples basanés » à la libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement de leur pays d’accueil, en guise de mesure de prophylaxie sociale sur les malfaisances coloniales dont l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la France, telles que -simple hypothèse d’école ?- la correspondance entre l’amnésie sur les « crimes de bureau » de 1940-44 et l’impunité régalienne de la classe politico administrative sur les scandales financiers de la fin du XX me siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie contemporaine.

    Cette dérive a été sanctionnée d’ailleurs lors de la première consultation populaire à l’échelon national du XXI me siècle. « Une des plus grandes bévues démocratiques de l’histoire contemporaine de la France », selon l’expression de l’écrivain indo britannique Salman Rushdie, la présidentielle de 2002 qui avait mis aux prises un « superfacho » et un « supermenteur », -selon la formule en vigueur à l’époque-, révélera aux Français et au Monde médusés, le délitement moral d’un pays volontiers sentencieux et le discrédit de son élite non moins volontairement obséquieusement arrogante, incapable d’assumer au terme d’un pouvoir monopolisé par les élites depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale (1945), au niveau économique, la mutation postindustrielle de la société française, au niveau sociologique, sa mutation #postcoloniale, au niveau de son opinion nationale, sa mutation psychologique, signe de l’échec patent de la politique d’intégration de sa composante afro musulmane. Cinq siècles de colonisation intensive à travers le monde auraient dû pourtant banaliser la présence des « basanés » sur le sol français, de même que treize siècles de présence continue matérialisée par cinq vagues d’émigration conférer à l’Islam

    le statut de religion autochtone en France où le débat, depuis un demi siècle, porte sur la compatibilité de l’#Islam et de la République, comme pour conjurer l’idée d’une agrégation inéluctable aux peuples de France de ce groupement ethnico-identitaire, le premier d’une telle importance sédimenté hors de la sphère européo-centriste et judéo-chrétienne.

    Premier pays européen par l’importance de sa communauté musulmane, la France est aussi, proportionnellement à sa superficie et à sa population, le plus important foyer musulman du monde occidental. Elle compte davantage de musulmans que pas moins de huit pays membres de la Ligue arabe (Liban, Koweït, Qatar, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Palestine, Iles Comores et Djibouti). Elle pourrait, à ce titre, justifier d’une adhésion à l’Organisation de la #Conférence_Islamique (OCI), le forum politique panislamique regroupant cinquante deux Etats de divers continents ou à tout le moins disposer d’un siège d’observateur.

    L’intégration présuppose une conjonction d’apports et non une amputation de la matrice identitaire de base. La troisième génération issue de l’immigration est certes extrêmement sensible à son environnement international comme en témoignent les flambées de violence à caractère confessionnel en rapport avec l’intifada palestinienne, la guerre du Golfe (1990-91) ou encore la guerre d’Afghanistan (2001-2002), la guerre d’Irak et la guerre du Liban (2006).

    Elle n’en demeure pas moins porteuse d’une dynamique interculturelle en raison de ses origines, de son profil culturel et de ses croyances religieuses.
    Facteur d’intermédiation socioculturelle, les bougnoules des temps anciens, #sauvageons des temps modernes, paraissent devoir tenir leur revanche dans leur vocation à devenir de véritables « passeurs de la #Francophonie », l’avant-garde de « l’arabofrancophonie culturelle » (10) que la France s’ingénie tant à mettre sur pied afin de faire pièce à l’hégémonie anglo-américaine et de favoriser le dialogue des cultures par le dépassement de son passé colonial.

    A l’entame du IIIème millénaire, la « patrie de la mémoire courte » souffre d’évidence d’un blocage culturel et psychologique marqué par l’absence de fluidité sociale. Reflet d’une grave crise d’identité, ce blocage est, paradoxalement, en contradiction avec la configuration pluriethnique de la population française, en contradiction avec l’apport culturel de l’immigration, en contradiction avec les besoins démographiques de la France, en contradiction enfin avec l’ambition de la France de faire de la Francophonie, l’élément fédérateur d’une constellation pluriculturelle ayant vocation à faire contrepoids à l’hégémonie planétaire anglo-saxonne, le gage de son influence future dans le monde.
    .
    Conclusion
    Cinq ans après la bourrasque lepéniste aux présidentielles françaises de 2002, alors que la France s’apprête, en 2007, à se choisir un nouveau président, il m’a paru salutaire de pointer les incohérences françaises. De démystifier le discours politique officiel, et, au delà du clivage droite-gauche de la classe politique française, de recentrer le débat sur le fait migratoire en mettant l’imaginaire français à l’épreuve des faits historiques et de la réalité quotidienne nationale en vue d’apporter ma contribution à la mutation post-coloniale de la France.

    L’exception française si hautement revendiquée d’une nation qui se réclame de la grandeur est antinomique d’une culture de l’#impunité et de l’#amnésie, une culture érigée en un #dogme de gouvernement et, à ce titre, incompatible avec la déontologie du commandement et les impératifs de l’exemplarité.

    Mes remerciements renouvelés vont donc en premier lieu à Bruno Gollnisch, Philippe Val, le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste Blazy, initiateur, en tant que député de Toulouse, du projet de loi controversé sur le « rôle positif » de la colonisation, ainsi que naturellement à Nicolas Sarkozy, pour leur inestimable contribution à la remise en ordre de ma formation universitaire, un exercice qui m’a permis de prendre conscience du « rôle positif » de la colonisation….. des Colonies par rapport à la Métropole et des colonisés à l’égard de leurs colonisateurs-oppresseurs.

    Merci aussi aux organisateurs de ce colloque qui m’ont donné la possibilité devant un auditoire savant, patient ( et indulgent à mon égard ), de procéder à une « déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française », pour le plus grand bénéfice du débat public contradictoire et de la recherche universitaire.

    Notes
    1) Contribution de l’auteur au colloque de SEPTEMES-LES-VALLONS 6- 7 OCTOBRE 2006, organisé par Festival TransMediterranée (fmed@wanadoo.fr) sur le thème « D’UNE RIVE A L’AUTRE, ECRIRE L’HISTOIRE, DECOLONISER LES MEMOIRES »
    2 Léon Blum invoquera son « trop d’amour » pour son pays « pour désavouer l’expansion de la pensée et de la civilisation française ». « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture », écrira-t-il dans le journal « Le Populaire » en date du 17 juillet 1925) cf « Quand Tocqueville légitimait les boucheries » par Olivier le Cour Grandmaison et « une histoire coloniale refoulée » par Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Nicolas Bancel- Dossier général sous le thème « Les impasses du débat sur la torture en Algérie »-Le Monde Diplomatique juin 2001. Alexis de Tocqueville légitimera les boucheries considérant « le fait de s’emparer des hommes sans armes, des femmes et des enfants, comme des nécessités fâcheuses auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ». De son côté, Jules Ferry soutiendra dans un discours au Palais Bourbon le 29 juillet 1895 qu’ « il y a pour les races supérieures un droit par ce qu’il y a un devoir pour elle. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».
    3) « Zoos humains, de la Vénus Hottentote aux Reality Show » Ed. La Découverte Mars 2002, ouvrage réalisé sous la direction d’un collectif d’historiens et d’anthropologues membres de l’Association connaissance de l’Afrique contemporaine (Achac-Paris),Nicolas Bancel (historien, Université Paris XI), Pascal Blanchard (historien, chercheur CNRS), Gilles Boetsch (anthropologue, Directeur de recherche au CNRS), Eric Deroo (cinéaste, chercheur associé au CNRS) et Sandrine Lemaire (historienne, Institut européen de Florence). De 1877 à 1912, trente spectacles ethnologiques seront donnés au jardin d’acclimatation à Paris, puis aux expositions universelles de Paris de 1878 et de 1889 dont le clou pour celle de 1889 étaient aussi bien l’inauguration de la Tour Eiffel que la visite d’un « village nègre ». Suivront les expositions de Lyon (1894), les deux expositions coloniales de Marseille (1906 et 1922), enfin les grandes expositions de Paris de 1900 (diorama sur Madagascar, 50 millions de spectateurs) et de 1931 dont le commissaire général n’était autre que le Maréchal Lyautey. cf. « Le spectacle ordinaire des zoos humains » et « 1931. Tous à l’Expo » par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, Manière de voir N°58 Juillet Août 2001, op cité.
    4 Dictionnaire Le Petit Robert 1996.
    5 « Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » René Naba-Editons l’Harmattan-2002
    6 « La République Xénophobe, 1917-1939 de la machine d’Etat au « crime de bureau », les révélations des archives » de Jean Pierre Deschodt et François Huguenin Editions JC Lattès septembre 2001.
    7 « Une théorie raciale des valeurs ? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre » par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in « L’invention des populations », ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).
    8 Jean Montaldo, auteur de deux ouvrages sur la corruption présidentielle : « Chirac et les 40 menteurs » Albin Michel 2006, « Mitterrand et les 40 voleurs » Albin Michel.
    9 l’armistice a été signé le 22 juin 1940 symboliquement à Rethondes au même endroit, dans le même wagon, que l’armistice du 11 novembre 1918. Toutefois l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre Pétain et Hitler a scellé la collaboration entre la France et l’Allemagne nazie. Si l’armistice constituait une cessation des hostilités, la rencontre de Montoire a représenté dans l’ordre symbolique le voyage à Canossa de Pétain et constitué en fait une capitulation dans la mesure où Pétain a cautionné la collaboration avec le régime nazi quand bien même l’Allemagne reniant ses promesses avait annexé l’Alsace-lorraine, août 1940.
    10 « Arabo-francophonie culturelle : l’expression a été forgée en 1995-1996 par Stellio Farangis, ancien secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie.

  • https://www.lemonde.fr/festival/article/2014/05/22/le-jour-ou-le-monde-a-publie-la-tribune-de-faurisson_4422239_4415198.html

    Un article pour le coup assez équilibré qui revient sur la fameuse bourde du Monde publiant la tristement célèbre tribune de Faurisson intitulée le problème des chambres à gaz

    Robert Faurisson connaît chaque signature du Monde, guette chaque promotion ou chaque disparition dans l’ours du journal. Il est venu, au début des années 1950, trouver Hubert Beuve-Méry, à l’issue d’une conférence en Isère, pour lui expliquer que, vraiment, ses colonnes donnaient trop de place aux communistes. Il n’hésite pas à se déplacer jusqu’à la rue des Italiens, se pointe à l’accueil, monte les vieux escaliers, demande le « rédacteur en chef, Bernard Lauzanne », ou un autre.

    Et puis, évidemment, il abreuve le quotidien de courriers postés de Vichy. Des lettres tapées à la machine, avec son adresse et son numéro de téléphone, souvent précédées d’un « à publier » autoritaire. Sans succès. Les tribunes où il argue que « plus aucun institut historique ne persiste à dire qu’il a existé une seule chambre à gaz dans tout l’ancien Reich » atterrissent à la poubelle ou, au mieux, dans les archives de la « doc », comme la lettre jaunie de juin 1977. « En quatre ans, il a écrit vingt-neuf fois au Monde au sujet des chambres à gaz », recensera, en 1980, l’historienne Nadine Fresco dans un article fondateur des Temps modernes, « Les redresseurs de morts ».