city:villon

  • J’ai trouvé ce poème assez court sur mon parebrise dans le parking de mon nouveau travail, apparemment je me suis trompé d’emplacement de stationnement. Dans un premier temps, j’ai eu envie de l’apprendre par cœur, comme on le faisait, au XXème siècle, de poèmes tels que La Ballade des pendus de Villon ou de L’Albatros de Baudelaire, avant de comprendre, qu’au contraire, je devais absolument me tenir éloigné de la puissance poétique d’un tel texte, que cette dernière risquait de me ronger de l’intérieur et que ce texte contenait une poétique capable de tarir toute poésie et que le ou la poète qui l’avait écrit était bien plus forte que tous les autres poètes, Villon et Baudelaire compris, qui, pourtant, sont très forts, justement parce que ce ou cette poète avait le pouvoir de détruire toute poésie. Et je me suis dit, tandis que je démarrais ma voiture rescapée in extremis, que ce ou cette poète devait tellement souffrir dans son existence pour écrire de tels poèmes et j’ai plaint tous les poètes qui, tous les jours, écrivent de tels poèmes. J’ai même pleuré pour elles et eux.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

  • L’exil du précaire, récits de vie en marge du travail, 1986 - Patrick Cingolani, #livre_en_ligne - CIP-IDF
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7840

    Introduction

    1. Du #travail atypique au #précaire
    1. L’insaisissable travailleur précaire
    2. Trois manières de travailler, une manière de s’y #refuser
    3. Une aversion pour la #discipline_productive, un sentiment d’indignité
    4. Les démarcations du précaire

    2. Le prix du loisir
    1. Une singulière épargne
    2. Liberté existence... une typologie des précaires
    3. Un besoin d’être contre le monde de l’avoir et ses places
    4. L’expérience du quotidien

    3. Une identité vacillante
    1. Échapper au classement
    2. Trouver sa forme d’expression
    3. Une manière d’être qui boite

    4. Les fractures de l’histoire, les partages du présent
    1. Non-conformation au classement et non-conformation aux #normes
    2. Petits #illégalismes et loi
    3. La précarité devant l’inégalité
    4. Le « non » du précaire

    5. La précarité entre l’#égalité et la différenciation sociale
    1. Travailler/Imiter
    2. Les écueils du changement

    Conclusion.
    Annexes

    • En ces temps de grisaille et de #chômage critique où le travail est devenu la valeur suprême et le chef d’entreprise le nouveau kalos kagathos des temps modernes, Patrick Cingolani s’en est allé à la rencontre de ces travailleurs qu’on dit précaires. Ce qui intéresse notre sociologue enquêteur n’est pas la précarité des temps de crise, celle du travailleur intérimaire, de l’employé à temps partiel, du chômeur périodique, tous travailleurs « précarisés », mais la précarité voulue, choisie, de ceux qu’il appelle les exilés volontaires du travail, de ceux qui refusent de se soumettre complètement à l’esclavage salarié, en attendant ou non le « grand soir ». L’enquête, « qualitative » - c’est-à-dire non quantitative au sens où la population enquêtée n’est statistiquement pas représentative d’un ensemble par définition non chiffrable - effectuée à Paris et en banlieue, au hasard des rencontres, porte sur une trentaine de personnes et nous donne à entendre les discours d’hommes et de femmes, plutôt jeunes mais aussi moins jeunes, qui parlent de leur rapport au travail. A partir de ces interviews et de quelques biographies reconstituées, Patrick Cingolani analyse les attitudes, les comportements et les expériences de ces marginaux qui vivent au moindre coût de travail et tente de les classer (eux qui se refusent à tout classement) dans les cadres d’une typologie du précaire axée sur le refus du travail, de l’intégration au monde du travail vécu comme aliénation et perte de soi. Le but du précaire est de retrouver une certaine qualité de la vie au prix d’une situation matérielle que d’aucuns, selon les critères généralement admis aujourd’hui, jugeraient souvent voisine de la misère. Le précaire est bien obligé de travailler pour vivre mais il ne veut pas vivre pour travailler. Vieux dilemme. La dignité du travail, cette dimension fondamentale de l’identité qu’on prête au prolétaire, à l’ouvrier (valeur essentiellement « bourgeoise » : cf. Marx), le précaire la nie. En quoi il est aussi (sans le savoir ?) le continuateur d’une certaine tradition, celle de l’ouvrier qui se veut sans attaches et change, à son gré, de patron et d’emploi (la fixation de la main-d’œuvre fut œuvre de longue haleine...). Aux yeux du précaire, ce qui compte avant tout c’est la réalisation de soi, non dans la richesse matérielle, dans la possession ou la consommation de biens, mais dans l’être en soi, la #disponibilité, la découverte, l’autonomie culturelle, la gamberge, voire le farniente, l’expression personnelle quelle qu’elle soit. Pour atteindre cet idéal de vie, le #temps constitue un superflu vital nécessaire, et ce temps on le gagne sur soi, à travers la réduction des besoins matériels, le mépris de toute promotion sociale, pour ne pas perdre sa vie à la gagner. Etrange pauvreté que celle du précaire qui se cultive, voyage, sort, flâne, libre de son temps, la vraie richesse. Libre de penser par lui-même. Pour vivre comme il l’entend, le précaire bricole et se faufile dans les interstices encore libres de la société, petits boulots temporaires, combines, expédients et emprunts de toutes sortes... Cependant si chambre individuelle et débrouillardise voilent souvent l’aspect collectif de ce petit monde, il n’en constitue pas moins quelque part une micro-société, un milieu fait de réseaux, un espace social comme on dit mais aussi un espace historique, espace que l’on peut situer dans un courant périodiquement invisible, qui conduit de Villon aux subcultures des années soixante et soixante-dix, espaces que l’ouvrage ne met peut-être pas suffisamment en valeur.

      L’intérêt de cet objet de recherche, qui relève paradoxalement de la sociologie du travail (on y parle finalement beaucoup de ce travail qu’on abhorre et plus rarement de ce que l’on vit) c’est qu’il va à contre-courant des préoccupations actuelles des sciences sociales et de la réflexion politique. Mais l’accroissement du chômage nous autorise-t-il à abandonner la critique du travail salarié ? La pénurie du travail doit-elle nous empêcher de penser la perspective d’une société sans travail où l’homme serait enfin libre de se réaliser dans le non-travail ? Ce but lointain, assigné à l’humanité par un certain Marx et quelques autres, les précaires n’ont pas le temps de l’attendre. « Individualisme bourgeois », diront certains... Plus positivement on pourrait dire que les précaires, dans leur recherche d’une vie autre, constituent une sorte de micro-laboratoire de la société future, la question de savoir si ces gens sont des déclassés ou bien s’ils préfigurent le visage du nouveau prolétaire (ce que l’auteur semble croire) restant à l’appréciation de chacun.

      Beaurain Nicole. Patrick Cingolani, L’exil du précaire, Klincksieck, (Coll. Réponses sociologiques), 1986. In : L Homme et la société, N. 85-86, 1987. Les droits de l’homme et le nouvel occidentalisme. pp. 191-192.

  • Au dos du mur, #photographie de #Stanislas_Guigui

    Des hommes et des femmes humiliés par la vie, dévorés par la drogue, font face. Ils se savent poursuivis par la police, pourchassés par les paramilitaires, et, par-dessus tout, traqués par l’agonie qui se présente. Cependant dans le Cartucho, au royaume des forces élémentaires, quelque chose de plus fort bondit ; un puissant désir d’être, de mener jusqu’au bout cette épreuve. Face à l’objectif, certains d’entre eux sourient, sachant pourtant que la chose est absurde. Un par un, alignés selon les prescriptions du photographe, ils jaillissent du fonds lumineux, exacerbant formes et couleurs. En acceptant l’invitation du photographe, les exclus font preuve d’un orgueil et d’une lucidité qu’on ne trouve nulle part ailleurs, si ce n’est dans le désespoir.

    Ces gens ont pour habitude de se tuer entre eux, aussi. Et leur fraternité est sans aucune mesure. Monde paroxystique où le repos ne connaît que deux états, l’hébétude de la fumée ou la mort. Le reste du temps se partage entre trafics, combines et bagarres. Le mur devant lequel pose le malheur s’appelle fatalité. Et son horizon est indépassable. Quand prédomine l’envie de demeurer dans le monde des vivants, quand le morbide se retire un instant, quand nous pensons que rien n’est inéluctable, nous entrevoyons une fin à la photographie. Ce ne sont pas des spectres qui rôdent mais des proies qui errent dans le non-sens. Leur histoire n’a plus d’intérêt. Ou plutôt, il est bien trop tard pour que l’on s’intéresse à leur destin. Ils ont échoué au Cartucho, ce mur sur lequel s’inscrit la fin, ce cul-de-sac dont on ne revient pas. Le Cartucho, c’est une certitude, ne croit en rien, si ce n’est en ses propres lois.

    Nulle part on ne voit mieux qu’ici combien est difficile la relation entre l’empathie et la photographie. Nous sommes au bout du témoignage, au bout de la morale. Le moment est venu où les misérables se jouent de l’appareil et de son opérateur. Sans illusions, sans réel espoir, ils se montrent, s’exhibent même, dans l’attente d’une dignité retrouvée. Car derrière ce mur, où ils nous savent autour, ils nous envoient ces images silencieuses, arrachées au destin et volées à la mort.

    Cette assemblée de vaincus portant, tant bien que mal, leurs corps émaciés, répète le chant que Villon nous faisait entendre. C’est ce même chant que Brecht reprit. Le royaume des voleurs, des mendiants, des miséreux apparaît là dans sa forme moderne. Il n’y a pas d’autres formes possibles à ce récit dantesque. Le photographe rejoint ici sa terre et ses amis. Il fait preuve de passion solidaire, sans plus.

    https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQ4aaWyi_VL4KJbjNVwfXsOfzoTOBSw28cjoAm39IH

    https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcR4Y44co1Y8-t9MWhpnaiehLwEkeIZj1-XunvdAj-U

    http://www.stanislasguigui.com/fr/texte-25623-atras-del-muro.html

    #pauvreté

    cc @albertocampiphoto

  • Prochaines rencontres avec Pièces et main d’oeuvre
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=440

    Projection-débat : « RFID, la police totale », vendredi 4 octobre 2013 à 21 h à Tailhac en Haute-Loire (à la Grange à Palabres) Conférence-débat : « L’homme augmenté : biotechnologies et autres utopies posthumaines », mercredi 16 octobre 2013 à 20h30 à Belfort (à la Maison du Peuple) Conférence-débat : « L’homme augmenté : biotechnologies et autres utopies posthumaines », jeudi 17 octobre 2013 à 20h30 à Vesoul en Haute-Saône (à l’espace Villon, quartier Montmarin) Conférence-débat : "L’homme augmenté : (...)

    #Nécrotechnologies