C’est intéressant, mais en reprenant les mêmes arguments que les propagandistes du système (ce sont les gouvernements les plus ouverts qui sont les plus menacés par Wikileaks), il me semble qu’il passe à côté d’un point important :
The Wikileaks method punishes a nation — or any human undertaking — that falls short of absolute, total transparency, which is all human undertakings, but perversely rewards an absolute lack of transparency. Thus an iron-shut government doesn’t have leaks to the site, but a mostly-open government does.
Se réclamer d’un « gouvernement largement ouvert », c’est tout de même se réclamer d’une démocratie libérale. Et c’est là que Wikileaks fait mal. Pas parce que ces « démocraties libérales » sont « ouvertes » (et paieraient donc le prix de leur ouverture) ; mais parce qu’elles sont prises en train de mentir à grande échelle à leur propre peuple. Ce faisant, elles ne sont plus (ou, beaucoup moins) des démocraties libérales.
Les démocraties libérales ne paient pas leur « ouverture » à cause de Wikileaks. Elles paient toutes les situations où elles se mettent volontairement en contradiction avec le principe même de démocratie libérale (elles ne représentent pas leur peuple, elles soutiennent des politiques contraires à la volonté de leur peuple, elles imposent des politiques contraires à la volonté des autres peuples, elles soutiennent et participent à la corruption à grande échelle des institutions publiques par des entreprises privées...). Ce ne sont donc pas les « sociétés les plus ouvertes » qui paient : ce sont les institutions qui mentent sur cette ouverture.
Le vieux paradoxe de Chomsky : ce sont les démocraties qui recourent à la propagande, parce qu’elles ont besoin d’obtenir le consentement populaire ; les dictatures n’en ont pas besoin, parce qu’elles utilisent simplement la violence.