Les forêts d’Europe ne tempèrent pas le réchauffement climatique
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Kim Naudts et ses collègues ont reconstruit 250 ans d’histoire de la gestion des forêts européennes, du milieu du XVIIIe siècle à nos jours, et fait tourner un modèle reproduisant leur croissance ainsi que les interventions humaines qui les ont fait évoluer. Plusieurs paramètres ont été intégrés. L’augmentation de la superficie boisée du continent qui, après un recul de 190 000 km2 entre 1750 et 1850, a bénéficié ensuite de 386 000 km2 de reboisement, soit un gain net de 196 000 km2. La conversion de peuplements de feuillus (comme le chêne), qui ont perdu 436 000 km2 depuis 1850, en populations de conifères (pin sylvestre et épicéa) au marché plus porteur, qui ont gagné 633 000 km2. La conversion encore de 218 000 km2 de taillis en futaies. Mais aussi le remplacement des forêts naturelles par des forêts gérées, qui représentent aujourd’hui plus de 85 % du couvert boisé européen.
Les résultats de cette modélisation sont pour le moins surprenants. Sur les deux siècles et demi écoulés, les forêts d’Europe ont stocké environ 10 % de carbone de moins (précisément 3,1 milliards de tonnes) que si elles étaient restées gérées comme en 1750, c’est-à-dire majoritairement peuplées d’essences feuillues et proportionnellement moins exploitées. « Les forêts gérées séquestrent temporairement davantage de carbone que les forêts non gérées, mais le stock de carbone accumulé sur le long terme y est largement inférieur », explique Aude Valade, chercheuse à l’Institut Pierre-Simon Laplace et cosignataire de ce travail.