country:inde

  • Le Sumak Kawsay et le Buen Vivir, une alternative au développement ?

    L’émergence du « Sumak Kawsay » (en kichwa) qui a été traduit en espagnol par « Buen Vivir » représente un fait historique notable pour les mouvements autochtones d’#Abya-Yala [1], pour l’ensemble des organisations populaires d’Amérique latine et de façon plus large, pour les pays de la périphérie du système mondial et les groupes sociaux subalternes et exclus. Il constitue un projet de société original qui se démarque radicalement du modèle dominant au sein du système mondial. Porté par les dirigeants du mouvement autochtone[2] équatorien, il a émergé comme un modèle alternatif de développement post-néolibéral (Rámirez 2010), un modèle de post-développement (Escobar 2012), voire une « alternative au développement » (Acosta 2012 et Gudynas 2012). Il a été grandement légitimé par sa reconnaissance dans la constitution de l’Équateur de 2008 (Il est également inscrit dans la Constitution de la Bolivie de 2009 comme « Suma Qamaña (vivir bien) »). Un tel paradigme, en proposant l’idée du « vivre bien » comme paramètre sociétal et non celui du « vivre mieux », de posséder plus de biens ou d’augmenter le niveau de vie, se trouve à remettre en question les idées de #croissance et de #progrès qui fondent le modèle dominant de développement.

    http://redtac.org/possibles/2017/10/02/le-sumak-kawsay-et-le-buen-vivir-une-alternative-au-developpement

    #bien_vivre #développement #post-développement #alternatives #peuples_autochtones

    • Vivir Bien: Old Cosmovisions and New Paradigms

      The concept of Vivir Bien (or Buen Vivir) gained international attention in the late twentieth century as people searched for alternatives to the rampage of neoliberalism. Imperfect translations of the Andean concepts of suma qamaña and sumaq kawsay, #Vivir_Bien and #Buen_Vivir reflect an indigenous cosmovision that emphasizes living in harmony with nature and one another. As these ideas’ popularity has grown, however, their meaning has been compromised. Governments in Bolivia and Ecuador incorporated Vivir Bien and Buen Vivir, respectively, into their constitutions and governing agendas on paper, but not in spirit. Rather than radical alternatives to the dominant paradigm of development and progress, these concepts have become new branding for (un)sustainable development. The lessons are clear: to avoid state cooptation, truly revolutionary change must be based on emancipation and self-determination from below. And to succeed in our interdependent world, proponents of Vivir Bien must link up with advocates of complementary global movements on the path of a better future for all.

      http://www.greattransition.org/publication/vivir-bien

    • Forum international pour le bien vivre , qui aura lieu à #Grenoble en juin :

      Pour la première fois en Europe, élus, agents des collectivités, scientifiques, acteurs économiques et associatifs, citoyens engagés se réunissent pour penser la question des indicateurs de richesse(s) et agir ensemble face à la nécessité d’un changement de modèle. Retrouvez bientôt sur ce site le programme des conférences, tables rondes, projections, interventions artistiques, ateliers et débats ouverts à tous… et prenez date des 6, 7, 8 juin 2018 à Grenoble : 3 jours pour inventer demain !

      http://bienvivre2018.org

    • Du coup, je vais aussi mettre ici pas mal de matériel (si j’en trouve), sur le « #Bonheur_national_brut » (#BNB), indicateur utilisé au #Bhoutan, comme alternative au #PIB.

      L’Occident sait aujourd’hui que son modèle de développement a vécu. Menaces écologiques, inéquités criantes et doutes sur les finalités de la croissance économique mènent de plus en plus de chercheurs et d’acteurs à des questionnements radicaux. L’heure n’est plus aux critiques stériles mais à la construction pragmatique d’une alternative, d’une transition vers un monde viable, équitable et désirable.

      Sur ces questions, le Bhoutan nous devance et nous interpelle. Ce petit pays enclavé entre les deux géants du XXIᵉ siècle - l’Inde et la Chine - s’est rendu célèbre dès 1972 en opposant le concept de « Bonheur national brut » (BNB) à celui de « Produit national brut » (PNB). Toute décision du gouvernement est désormais soumise au critère du bonheur sociétal, appréhendé à l’aide d’un indice multidimensionnel. Peu connu chez nous, cet indicateur comporte des principes originaux susceptibles d’éclairer nos propres réflexions sur un « au-delà du PIB ».

      C’est aussi à l’initiative du Bhoutan que l’ONU a adopté, en juillet 2011, une résolution sur le thème « Le bonheur : vers une approche globale du développement », signée par soixante huit pays, dont la Belgique. Avec l’aide d’experts internationaux, un pré-rapport sur ce Nouveau Paradigme de Développement (NPD) a été déposé à l’ONU en septembre 2013 et devrait être approfondi en 2014.

      Commençons par cette #conférence de #Isabelle_Cassiers :
      Quand le Bhoutan nous interpelle : bonheur national brut et nouveau paradigme de développement
      https://lacademie.tv/conferences/bhoutan-bonheur

    • From GDP to #GNH

      Countries around the world are fixated on growing their economies – but is growth doing more harm than good? In this episode, Richard Heinberg discusses the history behind how GDP growth came to be used as a measure of success, why GDP can’t continue growing indefinitely, and why it’s time to transition to a better metric – one that better reflects human and ecological well-being.

      https://www.localfutures.org/local-bite/from-gdp-to-gnh
      #Gross_National_Happiness

    • Un reportage BD sur le « Bonheur national brut »

      Benjamin Flao, scénariste et dessinateur de bande dessinée (BD) a participé au voyage d’étude au Bhoutan organisé par le CCFD-Terre Solidaire Rhône-Alpes au mois de novembre 2015. De cette expérience, il a réalisé une BD de 26 pages publiée dans le magazine la Revue Dessinée en juin 2016, qui interroge la notion de « Bonheur national brut ». Il est désormais possible de la lire en ligne.


      https://ccfd-terresolidaire.org/infos/un-reportage-bd-sur-le-5598

      pour télécharger le reportage BD en pdf :
      https://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/bd_benjamin_flao_-_basse_def-13.pdf

  • La culture du Paléolithique moyen ancien en Inde autour de 385-172 ka redéfinit les modèles de migrations dit « Out of Africa ».
    Early Middle Palaeolithic culture in India around 385–172 ka reframes Out of Africa models | Nature
    https://www.nature.com/articles/nature25444

    La découverte, présentée dans la revue Nature, jeudi 1er février, par une équipe indo-française, repose la question épineuse de l’origine de ce type d’innovation technique.

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/01/31/des-outils-sophistiques-vieux-de-385-000-ans-decouverts-en-inde_5250039_1650

    Que dit l’article ?

    La datation par luminescence sur le site préhistorique stratifié de Attirampakkam en Inde a montré que les processus étudiés montrent la fin de la culture acheuléenne et l’émergence de la culture du paléolithique moyen vers 385 ± 64 ka, soit beaucoup plus tôt que prévu pour l’Asie du Sud.
    Le paléolithique moyen s’est poursuivi à Attirampakkam jusque vers 172 ± 41 ka.

    Notes : la chronologie des technologies du Paléolithique moyen dans les régions éloignées d’Afrique et d’Europe sont cruciales pour :
    1/ tester les théories sur la origines et l’évolution précoce de ces cultures
    2/ comprendre leur association avec les humains modernes ou homininés archaïques
    3/ comprendre leur liens avec les cultures acheuléennes précédentes et la propagation de la technique Levallois.

    La situation géographique de l’Inde et de ses riches archives du Paléolithique moyen sont idéales pour traiter ces problèmes. Cependant, les progrès dans les connaissances ont été limités par la rareté des sites et des fossiles homininés ainsi que par les contraintes géochronologique.

    Qu’a-t-on relevé à Attirampakkam ? Une désaffection progressive pour les bifaces, une prédominance des petits outils, l’apparition de flocons Levallois distinctifs et diversifiés... Tout cela souligne de façon notable qu’on s’éloigne des technologies précoces acheuléennes à grandes flocons.
    Ces résultats montre qu’un changement de comportement s’est produit en Inde vers 385 ± 64 ka, contemporain avec des processus similaires enregistrés en Afrique et L’Europe.

    Ainsi, cela suggère donc qu’il y a eu des interactions complexes entre un développement local et des transformations globales en cours. Toutes ces observations appelleraient donc une reformulation des modèles qui font débuter les origines de la culture indienne du Paléolithique moyen au moment de la dispersions des hommes modernes vers 125 ka même si

    Yanni Gunnell et ses collègues ne vont pas jusqu’à écrire qu’Homo sapiens était le fabricant des Levallois d’Attirampakkam. « Cela relèverait plus du sentiment que de la preuve », admet-il.

    Quelques éléments en faveur de la diffusion d’une telle invention, au gré des déplacements des populations humaines :

    Les fourchettes très larges des datations pourraient rendre un tel scénario envisageable : si l’on prend la marge haute de la datation des fossiles marocains (315 000 ans + 34 000 ans) et la plage basse pour le site indien (385 000 ans – 64 000 ans), les incompatibilités temporelles s’effacent.

    Sachant qu’à la même époque, on a enregistré un épisode de « Sahara vert », le tableau se complète : « Les chasseurs-cueilleurs auraient ainsi rencontré entre l’Afrique et l’Asie du Sud un continuum d’écosystèmes de steppe et de savane sans interruption majeure par une barrière désertique, favorable à la dispersion des faunes cynégétiques avec lesquelles ils ont co-évolué

    Yanni Gunnell (dans le communiqué de presse qui accompagne la publication dans Nature).

    Maintenant, qu’en disent les contradicteurs ?

    Une technologie comme le débitage Levallois [a pu être] « inventée » de façon indépendante dans diverses régions du monde, par des espèces tout aussi diverses. « Cette hypothèse de la convergence technologique correspond à l’opinion dominante

    Jean-Jacques Hublin (Collège de France, Institut Max-Planck, Leipzig)

    Les pierres taillées présentées « ne sont pas du Levallois ». [ Eric Boëda, spécialiste de la taille des outils lithiques (université Paris-X Nanterre) ] estime qu’elles correspondent à « une analogie non contrôlée » avec cette méthode de taille, à « un début de production normalisée, un débitage même pas suivi de façonnage, une simple recherche de tranchant ». Mais pas au fruit de l’anticipation subtile qui permet de débiter une série d’outils à partir d’un bloc initial.

    Mais , Vincent Mourre (Institut national des recherches archéologiques préventives), lui aussi spécialiste de la production des industries lithiques,

    estime que les doutes émis par Eric Boëda « ne sont pas justifiés » - même si la qualification de « laminaires » de certaines production « pourrait sans doute être tempérée ». La critique de son confrère « ne tient pas compte de la variabilité des méthodes Levallois dans le temps et dans l’espace ni de la nécessaire adaptation aux matières première locales, en l’occurrence, du quartzite ». Une des planches présentant des « nucléus », ces noyaux de pierre dont sont tirées les lames, lui semble « particulièrement convaincante ». « En l’absence de fossile humain ancien bien daté dans le sous-continent indien, les retombées immédiates sont peut-être un peu plus modestes que ce que laisse entendre le titre de l’article de Nature », tempère cependant le chercheur.

    Affaire à suivre...

    #préhistoire #industrie_lithique #inde #Levallois #paléolithique_moyen #paléolithique_supérieur
    #385-172ka


  • La prolifération des #rats dans la capitale inquiète. Ces figures des ténèbres, rongeurs hantant les soubassements autant que nos subconscients, sont l’objet de tous les fantasmes. Mais d’où nous vient cette peur du genre « Rattus » ?
    https://www.franceculture.fr/histoire/peur-rats-degout-phobie#xtor=EPR-2-[LaLettre08022018]
    https://www.franceculture.fr/emissions/nous-serons-comme-des-dieux/nos-amis-les-rats-le-dieu-elephanteau-monte-sur-son-rat

    Nous n’allons pas reparler de la naissance de Ganesh, encore qu’il y ait une autre version qui… Mais bon. Aujourd’hui, on va tenter de comprendre pourquoi le dieu grassouillet à tête d’éléphanteau circule en chevauchant un rat qui s’appelle Mushika.

    Les dieux et déesses de l’Inde ont tous un véhicule animal, leur vahana , du mot Vah en sanscrit, ce qui veut dire transporter. La monture d’un dieu n’est jamais indifférente : elle symbolise quelque chose du divin qu’elle transporte, et elle renforce ses pouvoirs. C’est ainsi que Shiva, dieu de la danse et de la virilité, a pour monture le taureau Nandi, adoré à l’égal de son maître. Sur le plan spirituel, le vahana d’un dieu ou d’une déesse représente les forces mauvaises individuelles sur lesquelles les divinités pèsent de tout leur poids, et s’agissant de Ganesh, ce poids est considérable.

    Mais d’où vient ce petit rat ? A l’origine, c’était un musicien céleste, un Gandharva, des génies ailés époux des nymphes Apsaras, et qui chantent pour divertir les dieux. Mushika ne fit pas attention où il mettait les pieds et écrasa ceux d’un sage originaire, un rishi. Les Rishis méditants ont beau être remplis de sagesse, ils piquent des colères monumentales si on leur manque de respect. Ce Rishi, qui s’appelait Vamadeva, maudit le musicien céleste et le transforma en rat géant.

    Une fois qu’ils sont calmés, les Rishis regrettent leurs malédictions, mais ne peuvent pas les annuler. Vamadeva se contenta de promettre au malheureux rat musicien qu’un jour, les dieux s’inclineraient devant lui. En attendant, le #rat géant semait la terreur dans la région. Jusqu’au jour où Ganesh s’en mêla.

    Le dieu éléphantesque sortit une longue corda, la lança et la corde vint s’enrouler autour du cou du rat. Dompté, le rat devint la monture de Ganesh. Il est rarement représenté sous sa forme géante toutefois il existe une image de Ganesh tout nu, bébé, appuyé sur son rat dont le dos est recouvert d’une somptueuse couverture. On trouve parfois Mushika tout seul, museau en l’air, représentant Ganesh en son absence. Mais dans les représentations les plus populaires, Mushika est un rat de petite taille, voire un souris si minuscule que, sous les plis du ventre de Ganesh, on ne la voit pas.

    A force, le petit rat devint celui qui porte l’esprit de son dieu dans les recoins où le gros dieu éléphant ne peut pas pénétrer, que ce soient des recoins de l’esprit ou des recoins d’un palais. Ganesh, dieu du foyer et de l’écriture- il n’a qu’une seule défense parce qu’il s’est servi de l’autre pour écrire le Mahabharata -, ne peut pas se glisser partout. Mais son rat Mushika, lui, le peut et il apporte la force de l’éléphant aux plus petits des êtres .

    Mushika peut-il représenter des pensées mauvaises ? Bien sûr que oui. Après tout, c’est un rat. Mais Ganesh pèse sur lui de façon si puissante que les pensées mauvaises, en l’occurrence débraillées, futiles ou bavardes, s’écrasent et disparaissent. Et s’il est vrai que tout humain doit devenir la monture de son dieu, alors soyons tranquilles, nous, les futiles bavards débraillés. #Ganesh nous écrasera en douceur et nous irons porter son souriant message dans les coins mystérieux des placards de nos secrets.

  • Google condamné à une amende pour abus de position dominante en Inde
    https://www.numerama.com/business/328298-google-condamne-a-une-amende-pour-abus-de-position-dominante-en-ind

    Un peu plus de 17 millions d’euros. Tel est le montant, en roupies, que Google devra régler aux autorités indiennes. L’entreprise américaine a été condamnée à une amende par une commission en charge de la concurrence pour avoir abusé de sa position dominante dans la recherche. Finalement, Google s’en sort relativement bien. Alors qu’elle aurait pu se voir infliger une amende d’un montant atteignant plusieurs milliards d’euros en Inde, la firme de Mountain View n’aura à payer que l’équivalent d’un peu (...)

    #Google #algorithme #domination

  • Voilà ce qu’il se passe quand on nomme des gauchistes au FMI…

    Le FMI alerte sur l’explosion des inégalités
    https://www.latribune.fr/economie/international/le-fmi-alerte-sur-l-explosion-des-inegalites-767309.html

    Lors d’une rencontre organisée le 2 février 2018 dans les locaux de France Stratégie, l’économiste du FMI Delphine Prady est venue dresser un constat alarmant sur l’évolution des inégalités dans le monde.

    Les inégalités inquiètent les économistes du Fonds monétaire international (FMI). Lors d’une présentation du rapport intitulé « Fiscal monitor : tackling inequality » dans les nouveaux locaux de France Stratégie vendredi dernier, l’économiste Delphine Prady est revenue en détail sur l’évolution des inégalités dans le monde rappelant que leur creusement pouvait freiner la croissance économique. Ces inégalités se sont accompagnées "d’une plus forte concentration des richesses dans le top des revenus".

    À l’heure où un collectif de vingt-quatre responsables d’ONG et d’économistes lance un appel ce lundi à Emmanuel Macron, au gouvernement et aux parlementaires pour qu’ils adoptent une loi contre les inégalités, au service de l’intérêt général, les moyens de lutter contre ces écarts de revenus sont plus que jamais d’actualité. 

    L’ancienne conseillère de François Hollande à l’Élysée a tenté de dresser un tableau nuancé de la situation. Elle a expliqué en préambule que si les inégalités mondiales, sans tenir compte des frontières nationales, ont tendance à baisser, elles se creusent dans la plupart des pays là où il existe des données robustes (94 pays pris en compte). Cette réduction au niveau global peut s’expliquer par un effet de rattrapage de grands pays émergents comme la Chine ou l’Inde. Mais l’experte souligne que les pays développés sont loin d’être épargnés par ce phénomène comme le soulignait il y a quelques mois l’OCDE. Au final, l’économiste explique que « le bilan est plutôt négatif ».

  • Ies Éditions de l’Asymétrie publient deux nouveaux livres ce mois de janvier 2018 : https://editionsasymetrie.org/2016/08/15/publications-disponibles

    Subaltern Studies. Une anthologie.

    Textes de Ranajit Guha, Shahid Amin, Asok Sen, David Arnold et Veena Das.

    Essais extraits des volumes II (1983), V (1987), VI (1989) et VIII (1994) des Subaltern Studies, Delhi-OUP.

    Traduction de l’anglais par Frédéric Cotton.

    Photographies de Javed Iqbal.

    Collection Sous les Tropismes.

    ISBN : 979 10 96441 02 0. Prix : 16 euros.

    280 pages.

    Sortie le 12 Janvier 2018

    La collection Sous les Tropismes s’attache à l’édition de textes classiques et contemporains de la théorie critique mondiale.

    Mondialement connue mais très peu traduite en Français, la revue Subaltern Studies (Études sur les subalternes) a été une tentative inédite d’écrire l’histoire de l’Inde coloniale à rebours des traditions élitistes, qu’elles soient académiques ou nationalistes, et ce en remettant au centre les dominés et exploités et leurs révoltes. Cette courte anthologie offre un aperçu de la radicalité et de la diversité des approches théoriques et méthodologiques des participants à la revue, ainsi que des nombreux débats ayant accompagné cette contribution décisive à l’histoire sociale des « Sud ».
    SITE ASSOCIÉ : https://subalternes.com

    Sur lequel on trouvera notamment :

    -Les sommaires de chaque numéro et des extraits traduits de chaque article de la revue
    -Une chronologie bibliographique
    – Des synthèses sur les débats concernant les usages de Gramsci, les luttes paysannes, « l’histoire par le bas » et l’actualité des Subaltern Studies

    HE-ZEN_COUVERTURE_A
    He-Yin Zhen La revanche des femmes

    Écrits extraits du premier journal féministe chinois Tian Yi Bao (Justice Naturelle), publié par la Société pour la Restauration du droit des femmes à Tokyo, 1907/1908.

    Traduction du chinois par Pascale Vacher.

    Aide à la traduction et relecture de Pan Whenzu.

    Préface de Jean-Jacques Gandini, avocat et écrivain.

    Postface de Marine Simon, chercheuse.

    Collection Rimanenti.

    ISBN : 979 10 96441 03 7.

    Prix : 13 euros.

    142 pages.

    Sortie le 12 Janvier 2018

    « D’autres face au même. » La collection « Rimanenti » des Éditions de l’Asymétrie s’attache à relayer les pensées et la geste critiques des Sud.

    He-Yin Zhen (environ 1884-ca.1920) fut une théoricienne critique et une figure centrale dans la naissance du féminisme chinois. Contrairement à ses contemporains, elle s’intéressait moins au sort de la Chine en tant que nation et plus à la relation entre le patriarcat, l’impérialisme, le capitalisme et l’assujettissement au genre en tant que problèmes historiques globaux. He-Yin présente une conception alternative qui s’appuie sur l’anarchisme et d’autres tendances radicales. En avance sur son temps, exilée au Japon, He-Yin Zhen complexifie les récits conventionnels du féminisme et de l’histoire de la Chine et du confucianisme, offrant des perspectives originales sur le sexe, le genre, le travail et le pouvoir qui restent toujours aussi pertinentes aujourd’hui. Nous proposons ici la traduction de cinq de ses articles, écrits extraits du premier journal féministe chinois Tian Yi Bao (Justice naturelle) et publiés à Tokyo en 1907, traduits par Pascale Vacher, introduits par Jean-Jacques Gandini et commentés par Marine Simon.
    SITE ASSOCIÉ : https://nannu.blog

    Sur lequel on pourra notamment trouver :

    L’intégralité du texte de l’article « La revanche des femmes »
    Un addenda aux Éléments biographiques concernant He-Yin Zhen
    Des éléments d’actualité et d’histoire des femmes et du féminisme en Chine

    https://editionsasymetrie.org/2016/11/03/a-paraitre

  • La géographie, sujet explosif en Chine
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/02/03/la-geographie-sujet-explosif-en-chine_5251316_3234.html

    En janvier, le groupe Marriott a provoqué l’ire de Pékin en représentant sur son site Web Hongkong, Macao, le Tibet et Taïwan comme quatre Etats indépendants.

    Vu de Shanghaï. Pas question de dépasser ni d’utiliser la mauvaise couleur ! Les entreprises étrangères qui opèrent sur le sol chinois sont prévenues : les cartes de Chine qu’elles présentent à leurs clients doivent être impeccables, autrement dit correspondre aux revendications territoriales du pays jusqu’au moindre îlot.

    En janvier, plusieurs sociétés, dont Zara, Audi, Muji ou Delta Airlines, en ont fait les frais, à la suite d’un scandale impliquant la chaîne d’hôtels de luxe Marriott. Sur son site Internet, Hongkong, Macao, le Tibet et Taïwan étaient représentés comme quatre Etats indépendants, ce qui n’a pas manqué de provoquer l’ire des internautes chinois.

    En la matière, le droit à l’erreur n’existe pas, surtout quand ladite erreur porte sur des territoires contestés. Si le Tibet et Hongkong sont officiellement des zones chinoises, ils ont un statut particulier. Quant à Taïwan, l’île revendiquée par Pékin possède les caractéristiques d’un Etat, avec un gouvernement indépendant et une armée propre, mais pas de reconnaissance internationale. Le sujet de l’appartenance à la mère patrie provoque des réactions épidermiques chez la plupart des citoyens chinois.

    • @reka, tu taggues « manipulation » et « chantage », et ça m’intéresse :) Est-ce que la Chine est la seule dans ce cas là ? Je me dis qu’on doit avoir les mêmes règles ici, sauf qu’on a réussi nos invasions plus tôt et que les territoires conquis ne sont pas disputés par d’autres puissances. Mais que ce passe t-il si des entités publies des cartes dans lesquelles la Corse ou des DOM-TOMs ne sont plus français ?

    • @nicolasm Pour des pays comme la France, le Royaume-Uni ou ls États-unis, puissances qui ont encore des possessions post-coloniales, les représentations qui « oublient » les territoires lointains ne posent pas de problèmes particuliers au niveau officiel. Ces états admettent très bien des représentations uniquement « métropolitaines » parce que pour eux, ces possessions lointaines sont d’importance stratégique surtout et ne servent aucune volonté nationaliste exubérante, aucun objectif émotionnel de propriété territoriale. En clair, ils ne font jamais chier personne pour des représentation cartographiques uniquement métropolitaines.

      Par contre des pays comme la Grèce, le Maroc, la Corée, le Japon, la Chine, l’Inde, le Pérou et l’Équateur, l’Arabie saoudite, l’Iran, le Vietnam sont beaucoup plus sensibles aux représentations n’incluant pas certains territoires excentrés, ou des territoires joints au territoire métropolitain mais contestés. L’oubli d’une île, ou d’une région occupée ou administré par un pays voisin, u !ne frontière contestée en trop ou en moins déclenche souvent des grosses colères ds états concernés qui considère les « représentations cartographiqus » non conforme comme ds insultes, exigent des xcuses voire des réparations, censures les journaux ou les livres qui publient ces fausses cartes" etc... Pour certains états comme la Corée, c’est une question émotionnelle très sensible débattue quasi-quotidiennement : la forme du pays, la manière de nommer un lieu, c’est l’identité nationale, ne pas se conformer aux exigences du pays (même si c’est en contradiction avec celles du pays voisin) relève de l’insulte suprème. C’est ’équivalent de bruler le drapeau ou s’essuyer les pieds dessus.

      J’ai des dizaines d’exemples, décrits ça et la entre autre sur visions carto si ça t’intéresse, on pourrait en faire une liste. Les tags, c’est pour les retrouver facilement

    • Pratiquement tous les pays qui ont des contentieux territoriaux ne tolèrent de cartes que conformes à leur revendication.

      Ainsi pour la Crimée, entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, pour la Guyane Esequibo entre le Venezuela et Guyana, pour l’Aksaï Chin entre l’Inde et la Chine, le Cachemire entre l’Inde et le Pakistan, etc. (tous pbs déjà abordés ici). Pour la France, il y a contentieux pour les Îles Eparses (avec Madagascar) ce dont tout le monde ou presque se tape ici (mais pas forcément là-bas).

      Le problème a aussi été abordé ici à propos de Google Maps qui trace les frontières en fonction du pays correspondant à l’adresse IP.

    • @reka, j’imagine que dans le cas de la France, évidemment il n’y a pas de contencieux, mais également les territoires où il y a le plus de revendications indépendantistes sont insulaires, donc effectivement une représentation métropolitaine ne choque pas plus que ça car beaucoup de raisonnements s’appliquent de toute façon à l’hexagone qui a une continuité terrestre. Mais si des cartes commencent à apparaître où il manque un bout de l’hexagone et éditée par des entreprises, ça risque de coincer j’imagine ?

    • Thatcher à envoyé la Marine pour les récupérer dans les années 1980 :) c’est stratégiquement intéressant pour eux, mais les british s’en foutent complètement que ce soit représenté ou pas sur une carte du Royaume-Uni. Par contre si tu ne représente pas une île coréenne contestée ou vietnamienne dans la mer de chine méridionale, tu t’exposes au courroux et à la censure, à la colère etc...de ces pays.

    • Que ce soit représenté ou non ils s’en foutent peut être, mais si une entité basée en UK sort une carte où c’est attribué à l’Argentine ? Encore une fois l’exemple n’est pas le meilleur car on parle d’un territoire qui est loin géographiquement, donc qui a peut de chance de ce retrouver sur une carte, mais j’avais envie de voir les réactions des états « du bien », car je soupçonne qu’on ferait pareil dans un cas de figure similaire

  • Des outils sophistiqués vieux de 385 000 ans découverts en Inde
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/01/31/des-outils-sophistiques-vieux-de-385-000-ans-decouverts-en-inde_5250039_1650


    Quelques pierres taillées du paléolithique moyen du site d’Attirampakkam, en Inde.
    Sharma Centre for Heritage Education, India

    Une énigme de plus, dans une discipline qui en regorge, la préhistoire. Pourquoi a-t-on retrouvé en Inde des pierres taillées sophistiquées, vieilles de 385 000 ans (avec une fourchette de plus ou moins 64 000 ans), alors que les plus anciens de ces outils dits de « type Levallois », en Afrique et en Europe, datent plutôt d’environ 300 000 ans ? Et qui les a façonnées ?

    La découverte, présentée dans la revue Nature, jeudi 1er février, par une équipe indo-française, repose la question épineuse de l’origine de ce type d’innovation technique.
    […]

    Comment trancher ? « Le drame de l’Inde, c’est qu’il n’y a pas de fossiles », constate Jean-Jacques Hublin. Une géologie défavorable n’a pas permis la préservation des hominidés qui l’ont arpentée jadis. Une absence qui laisse la place à l’imagination.

  • Brève à propos des trous à merde
    http://www.dedefensa.org/article/breve-a-propos-des-trous-a-merde

    Brève à propos des trous à merde

    Rébarbatif comme un bilan comptable et/ou prospectif de la Banque Mondiale, mais riche d’enseignements sur un monde en évolution rapide.

    La Banque Mondiale a estimé récemment que l’un des pays de l’Afrique de l’Est a connu une croissance de 8,5% en 2017 et a prévu une performance en 2018 autour de 8,2%. L’Ethiopie outrepasse les taux de croissance de l’Inde (6,7%) et de la Chine (6,8%).

    Il est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (102 millions d’habitants) et subit une mutation depuis quelques années. Dans les années 2000, il ne se tenait pas loin des deux pays les plus ‘pauvres’ de la planète en termes de GDP per capita, L’Afghanistan et Haïti.

    En 2000, 56% des Ethiopiens vivaient en dessous du niveau de pauvreté, en 2011, ils n’étaient plus que 31%, en raison d’une (...)

  • Inégalités. Ces dividendes qui profitent aux plus riches | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/inegalites-ces-dividendes-qui-profitent-aux-plus-riches-649119

    Selon le rapport annuel de l’organisation Oxfam, 82 % des richesses produites en 2017 dans le monde ont été accaparées par le 1 % des plus fortunés. En France, ce taux est de 28 %. La richesse des milliardaires français a été multipliée par trois en dix ans.

    Opération séduction à Versailles. Le président français, Emmanuel Macron, devait recevoir, hier soir en grande pompe, quelque 140 PDG des plus grandes multinationales de la planète (Coca-Cola, Facebook, Google, Goldman Sachs, UPS, Alibaba, Bosch, SAP, Ikea, Barilla, Siemens, Volvo ou Rolls-Royce) de passage en France, juste avant le sommet économique mondial de Davos, qui s’ouvre aujourd’hui en Suisse. Objectif de l’Élysée : vendre l’attractivité économique et financière de la France. Emmanuel Macron pourra leur montrer (ou pas) le résultat de l’enquête annuelle de l’organisation Oxfam sur les inégalités dans le monde pour les inciter à investir dans l’Hexagone. Selon ce document, la France est la « championne d’Europe de la rémunération des actionnaires », avec 44 milliards d’euros de dividendes reversés en 2017 par les entreprises du CAC 40 à leurs actionnaires. « C’est trois fois plus qu’il y a quinze ans, tandis que le salaire moyen n’a augmenté que de 14 % en France au cours de la même période. Le taux de redistribution des dividendes des entreprises du CAC 40 augmente chaque année un peu plus et dépasse désormais les 50 %, contre 33 % au début des années 2000 », constate l’organisation. Un tiers des dividendes des entreprises du CAC 40 ont été versés par trois sociétés : Total, Sanofi et BNP.

    Sanofi et Total se classent également dans le top 10 des entreprises mondiales qui ont versé le plus de dividendes en 2016. « Ces entreprises ne sont pas seulement généreuses avec leurs actionnaires mais également avec leur PDG : Olivier Brandicourt, le PDG de Sanofi, gagne ainsi en moins d’une journée le revenu annuel moyen d’un Français », écrit Oxfam dans ce rapport intitulé « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent ».
    les écarts de revenus et de patrimoines avec le reste de la population continuent de grandir

    « En bout de chaîne, ceux qui en paient le prix sont les travailleurs et travailleuses sur qui s’exerce une pression importante et qui ne reçoivent pas le salaire et les ressources à la hauteur de leurs efforts. Ainsi, il faudrait 11 674 années à un salarié du textile au Bangladesh pour gagner ce que gagne en une année le PDG de Carrefour, dont sa marque Tex produit une partie de ses vêtements au Bangladesh », poursuit l’ONG. Avant d’asséner : « À l’inverse, 10 % des dividendes versés par Carrefour à ses actionnaires en 2016 suffirait à assurer un niveau de vie décent pour plus de 39 000 travailleurs du secteur du textile au Bangladesh. »

    Conséquence de cette générosité à l’égard des actionnaires, les milliardaires français se portent de mieux en mieux et les écarts de revenus et de patrimoines avec le reste de la population continuent de grandir, même si cela reste sans commune mesure avec des pays extrêmement inégalitaires, comme les champions du monde que sont les États-Unis, l’Inde ou le Brésil. La richesse des milliardaires français a été multipliée par trois en dix ans. Les trente premières fortunes de l’Hexagone possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population française, assure l’étude.

    « L’année dernière, les 10 % les plus riches détenaient plus de la moitié des richesses nationales », affirme le rapport. En vingt ans, la fortune totale des dix plus grandes fortunes françaises a été multipliée par 12 pendant que le nombre de pauvres augmentait de 1,2 million de personnes. Selon Oxfam, au cours de cette période, les milliardaires sont passés de 15 à 38.

    « Si les plus riches accumulent ainsi davantage de richesses, c’est parce qu’ils sont les premiers bénéficiaires des fruits de la croissance : en 2017, 28 % des richesses créées en France ont profité aux 1 % les plus riches alors que les 50 % les plus pauvres ne se sont partagé que 5 % de cette croissance. » t cela devrait continuer grâce à la réforme fiscale mise en place par Emmanuel Macron. Selon une étude récente de l’OFCE, les 5 % les plus riches devraient capter 42 % des gains liés à la réforme, les 1 % les plus riches bénéficieront même d’une hausse de revenus de 9 600 euros en 2018 contre une baisse moyenne de 60 euros pour les 5 % les plus pauvres.

    La tendance à l’enrichissement des plus fortunés n’est pas une spécificité française. Elle s’observe partout ailleurs et dans des proportions bien plus énormes. Selon Oxfam, en 2017, pas moins de « 82 % des richesses créées dans le monde l’année dernière ont bénéficié aux 1 % les plus riches ». Concrètement, ces derniers ont empoché au total 762 milliards de dollars. Cette somme représenterait sept fois le montant qui permettrait de mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde. Résultat, le nombre de milliardaires est en plein boom. Il en apparaît un tous les deux jours ! Une hausse spectaculaire et inédite. Le patrimoine de ces nantis a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an en moyenne.
    « Le boom des milliardaires n’est pas le signe d’une économie florissante »

    « Porter les salaires des 2,5 millions d’ouvrières et ouvriers du textile vietnamiens à un niveau décent coûterait 2,2 milliards de dollars par an. Cela équivaut à un tiers des sommes versées aux actionnaires par les cinq plus grands acteurs du secteur du textile en 2016 », commente Oxfam.

    « Ces chiffres vertigineux démontrent que le boom des milliardaires n’est pas le signe d’une économie florissante, mais d’abord le symptôme d’un système économique défaillant qui enferme les plus vulnérables dans la pauvreté et porte aussi atteinte à la prospérité économique de toutes et tous, comme le reconnaissent de plus en plus d’institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) ou l’OCDE », analyse Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam.

    Le phénomène des dividendes record intervient sur fond de réduction de l’extrême pauvreté. Celle-ci a été divisée par deux en vingt ans. Mais, selon le rapport, « si les inégalités n’avaient pas augmenté parallèlement sur la même période, 200 millions de personnes supplémentaires auraient pu sortir de la pauvreté ». « Face à l’indignation que suscitent les inégalités, les entreprises et les responsables politiques se trouvent maintenant à un carrefour : laisser perdurer ce système biaisé ou prendre le problème à bras-le-corps car les inégalités ne sont pas une fatalité mais le fruit de choix politiques et économiques. Des solutions existent pour les combattre ! » assure Manon Aubry. À la fin de cette enquête, Oxfam dresse une liste de mesures. Il demande au gouvernement français de « réguler les multinationales afin que les richesses soient mieux partagées et de défendre les droits des personnes pauvres, notamment les femmes, victimes des inégalités ». En clair, passer des actions à l’action.
    Damien Roustel

    Avons-nous encore les moyens d’entretenir tous ces #riches #nantis #aristocrates ?

    voir aussi : https://seenthis.net/messages/661987

  • Inde et Israël : une « love story » entre marchands de canons
    Vijay Prashad – 21 janvier 2018 – Al- Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine
    http://chroniquepalestine.com/inde-israel-marchands-de-canons

    Si vous pensez que le peuple indien fait de façon unanime bon accueil au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, c’est que vous avez été trompé.

    Les médias dominants – tant en Inde qu’en Israël – se sont concentrés sur les communiqués de presse des bureaux des Premiers ministres et ont acheté des hameçons, des lignes et des plombs dans leur propagande bien orchestrée.

    Il y a eu les visites obligées : au Taj Mahal, à l’ashram [ermitage] Sabarmati de Gandhi et au samadhi (mémorial) de Gandhi. Il y a eu l’ouverture d’un centre de technologie ainsi qu’une réunion avec des chefs d’entreprise.

    Pourtant, non seulement les médias n’ont pas couvert le véritable but de la visite de Netanyahu, mais ils ont aussi ignoré les Indiens qui protestaient contre cette visite et qui appelaient à la solidarité avec la Palestine. (...)

  • En Inde, des caméras de vidéosurveillance installées dans les classes
    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/en-inde-des-cameras-de-videosurveillances-installees-dans-les-classes_19773

    D’ici 3 mois, 1000 écoles de la région de Delhi vont être pourvues de caméras dans leurs salles de cours. Une façon de protéger les élèves ou de surveiller les enseignants ? Des écoles sous vidéosurveillance. En Inde, toutes les classes de Delhi, la capitale, et ses alentours, vont bientôt être pourvues de caméras, a indiqué mercredi le gouvernement. « Tous les parents auront la possibilité de voir leurs enfants étudier en classe en temps réel, grâce à leur téléphone », a indiqué sur Twitter le ministre en (...)

    #smartphone #CCTV #étudiants #enseignants #surveillance #vidéo-surveillance

  • Une autre histoire de l’Inde racontée par ses photos
    https://lejournal.cnrs.fr/videos/une-autre-histoire-de-linde-racontee-par-ses-photos

    Dans le sud-est de l’Inde, une équipe d’anthropologues tente de préserver, pour mieux les étudier, les archives photographiques produites dans les studios. Comme l’explique cette vidéo publiée avec Le Monde, ces derniers fournissaient accessoires ou bijoux à leurs clients – souvent pauvres – et retouchaient les négatifs à la peinture pour valoriser les sujets. Des astuces que les chercheuses doivent prendre en compte dans leur enquête anthropologique...

  • Muriel Salmona : Le mouvement #MeToo en France face au déni et à la culture du viol : Remettons le monde à l’endroit !
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2018/01/article-de-muriel-salmona-le-mouvement.html

    Alors qu’en ce début d’année 2018, médusées, nous retenions notre souffle face au fabuleux mouvement #MeToo de libération de la parole, de solidarité et de reconnaissance des femmes victimes de violences sexuelles qui, depuis l’affaire Weinstein, se propage sur toute la planète jusqu’en Inde, au Pakistan et en chine, le choc a été rude quand nous avons découvert le 8 janvier en première page de Monde, une tribune signée par 100 femmes, avec comme figure de proue l’actrice Catherine Deneuve, défendant « une liberté d’importuner indispensable à la liberté sexuelle ».

    Nous nous attendions, bien sûr, à des retours de balancier, mais pas à celui de femmes à la parole suffisamment décomplexée pour oser faire l’apologie de la domination masculine en matière de sexualité avec tous les stéréotypes éculés que nous dénonçons depuis si longtemps, pour nier la réalité des violences sexuelles et de leurs conséquences sur la vie et la santé de celles qui en sont victimes, pour ne pas reconnaître le droit des femmes à ne pas subir des atteintes à leur intégrité physique et mentale et à leur dignité, et pour attaquer, mépriser et culpabiliser les femmes qui ont eu le courage de témoigner de ce qu’elles ont subi et les féministes qui les soutiennent : en résumé, pour tenir un discours d’adhésion au déni et à la « culture du viol », le discours caractéristique du système agresseur et de ses complices.

    Pourtant nous aurions dû nous en douter puisque les résultats de notre enquête "Les Français.e.s et les représentations sur le viol et les violences sexuelles" conduite par IPSOS en 2016 à la demande de notre association Mémoire Traumatique et Victimologie les résultats avait révélé à quel point les stéréotypes sexistes et la culture du viol étaient répandus et que les femmes n’étaient pas en reste. Elles pouvaient même être plus nombreuses que les hommes à adhérer au mythe d’une sexualité pulsionnelle difficile à maitriser pour les hommes (65%/61%), à penser qu’une femme peut prendre du plaisir lors d’une relation forcée (22%/20%), et, pour les femmes de plus de 45 ans, plus nombreuses à rendre les victimes de viols en partie responsables de ce qu’elles ont subi et à déresponsabiliser les agresseurs, par exemple pour les victimes qui acceptent de se rendre seules chez un inconnu (22%/15% pour l’ensemble des répondants) ou qui ont eu une attitude provocante en public (22%/14% pour l’ensemble des répondants), et tout aussi nombreuses, 40%, à penser que si une victime se défend vraiment elle peut le faire fuir, et également 25% à estimer que "lorsque l’on respecte certaines règles simples de précaution, on n’a quasiment aucun risque d’être victime de viol ». Dans l’enquête IPSOS ce sont donc les femmes de plus de 45 ans qui sont les plus promptes à blâmer les victimes en raison de leur comportement et à déresponsabiliser l’agresseur, l’âge constitue ici un critère clivant, particulièrement chez les Françaises, et on constate un effet de génération chez les femmes sur l’ensemble des situations testées, effet de génération que l’on retrouve chez la grande majorité des femmes qui ont signé la tribune.

    Longue analyse et réponse de la docteure Muriel Salmona au manifeste des 100 femmes masculinistes.

  • Pierre Bourdieu, cible et repère

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/11/pierre-bourdieu-cible-et-repere_5240483_3232.html

    Dans le débat public, le nom du chercheur, mort en janvier 2002, resurgit à chaque attaque contre la sociologie. C’est parce qu’il a marqué la discipline : les querelles autour de son œuvre sont à la mesure de son importance.

    A chaque attaque contre la sociologie, le nom de Pierre Bourdieu resurgit. En 2015, il était déjà dans la ligne de mire de l’essayiste Philippe Val, qui s’en prenait au « sociologisme » dans ­Malaise dans l’inculture (Grasset). Quand l’ancien premier ministre Manuel Valls déclare, quelques mois plus tard, qu’« aucune excuse sociale, sociologique et culturelle » ne doit être cherchée au terrorisme, c’est encore à lui qu’on pense.

    Et c’est toujours lui qui est au cœur d’une charge venue, cette fois, de l’intérieur de la discipline : dans Le Danger sociologique (PUF, 2017), qui a suscité un émoi médiatique, Gérald Bronner et Etienne Géhin accusent Bourdieu d’avoir contribué à propager la « théorie du déterminisme social », sans considération pour la liberté des acteurs sociaux.

    « Les progrès de la neurobiologie et des sciences cognitives ne permettent plus aux sociologues de tout ignorer des ressources d’un organe qui est le moyen de la pensée, de l’intelligence, de l’inventivité, du choix, et par là, d’un certain libre arbitre », écrivent-ils.
    Gérald Bronner, professeur à l’université Paris-Diderot, persiste et signe : « Tout n’est pas prédictible. Si un chercheur n’est jamais surpris par ses résultats, c’est quand même un problème ! » Dans la foulée, la revue Le Débat consacre notamment son numéro de novembre-décembre 2017 à « la sociologie au risque d’un dévoiement » ; la sociologue Nathalie Heinich, très virulente, y reproche au « courant bourdieusien » la reprise « de grilles de perception du monde directement importées du vocabulaire militant ».

    Mais pourquoi ce chercheur agite-t-il autant le débat public seize ans après sa mort ? Comment expliquer que l’évocation de son seul patronyme continue d’échauffer les esprits dans la sphère publique ? Ou autre façon de poser la question : y a-t-il un Pierre Bourdieu médiatique, qui sentirait encore le soufre, et un Pierre Bourdieu académique, devenu un auteur classique ?

    Crispations hexagonales

    Il est vrai que brandir son nom revient à raviver des crispations hexagonales. Comme le rappelle Marc Joly, chercheur associé au CNRS, membre du Laboratoire Printemps et auteur d’un essai à paraître sur le sociologue :

    « Il fait partie des quatre grands noms de la sociologie française des années 1970, avec Michel Crozier, Raymond Boudon et Alain Touraine. Tous se sont retrouvés susceptibles d’être jugés par Raymond Aron. Mais celui qui est reconnu, c’est Bourdieu. »

    En effet, dès les années 1960, les travaux sur l’Algérie de ce normalien, fils de postier, attirent l’attention de la sommité, qui en fait son assistant. Bourdieu est âgé d’à peine plus de 30 ans quand il se voit confier le poste de secrétaire du Centre de sociologie européenne.

    Il rêve de réveiller une discipline qui a perdu de son crédit et d’y réinjecter une ambition scientifique. En tant qu’agrégé de philosophie et ancien élève de l’Ecole normale supérieure, il a toute légitimité pour le faire. Dans Le Métier de sociologue (Mouton/Bordas, 1968), Bourdieu fixe, avec Jean-Claude Chamboredon et Jean-Claude Passeron, les principes élémentaires de la discipline. Son champ d’influence s’étend très vite : déjà directeur d’une collection aux Editions de Minuit, il fonde une revue, Actes de la recherche en sciences sociales, qui existe toujours, crée le Centre de sociologie de l’éducation et de la culture, et dirige, enfin, le Centre de sociologie européenne, qui fusionnera avec le Centre de recherches politiques de la Sorbonne.

    En 1982, il obtient la chaire de sociologie au Collège de France, qu’il occupera vingt ans. « Bourdieu a marqué l’espace académique », résume le sociologue Stéphane Dufoix, professeur de sociologie à l’université Paris-Nanterre. « Une des caractéristiques de la postérité de Bourdieu, c’est qu’il est le seul à avoir réussi à faire école parmi les sociologues français de sa génération. Rares sont, par exemple, les chercheurs en sciences sociales qui se réclament exclusivement de l’influence de Raymond Boudon », ajoute Philippe Coulangeon, directeur de recherche au CNRS.

    Aujourd’hui, ses héritiers sont actifs, à l’image de Frédéric Lebaron, professeur de sociologie à l’Ecole normale supérieure Paris-Saclay, Gisèle Sapiro ou Louis Pinto, tous deux directeurs de recherche au CNRS. Mais l’influence du maître va bien au-delà du cercle de ses disciples : « A quelques exceptions près, les grands noms de la sociologie française encore en activité sont tous d’anciens proches ou d’anciens collaborateurs de Bourdieu : Jean-Claude Passeron, Luc Boltanski, Nathalie Heinich, Jean-Louis Fabiani, Bernard Lahire… », ajoute Stéphane Dufoix.

    Les tensions que suscite une recherche sont évidemment proportionnelles à son influence. Bourdieu a touché à tous les domaines : la justice, la littérature, les médias, la religion, l’école… Pour décrire le monde social, il a inventé des outils efficaces : le terme « habitus », par exemple, permet de rendre compte du processus qui conduit les gens à incorporer des manières d’agir et de penser propres au contexte dans lequel ils grandissent et vivent, donc à leur milieu social, au pays dans lequel ils sont nés, à leur genre, leur rang dans la fratrie ou à leur carrière professionnelle. La notion de « champ », qui vient en complément, désigne les contextes différenciés – artistique, politique ou encore économique – dans lesquels se forme et s’exprime l’habitus. La fréquentation précoce d’un champ permet, enfin, d’accumuler des « capitaux », et en particulier du « capital culturel », lequel renvoie au niveau de connaissance d’un individu, à ses diplômes comme à ses goûts littéraires ou musicaux.

    « Beaucoup ont critiqué Bourdieu parce que c’est lui qui dominait scientifiquement et qui continue de le faire. Et, d’une certaine manière, c’est normal : dans une discipline, on se bat pour essayer de trouver les failles et de faire avancer les problèmes », souligne Bernard Lahire, professeur à l’Ecole normale supérieure de Lyon et membre du Centre Max-Weber. Lui-même admet volontiers avoir voulu « tuer le père » : « On me l’a souvent dit et ça ne me gêne pas. La science n’est que dépassement permanent de l’acquis. On passe notre temps à critiquer nos maîtres. Mais la question est de savoir si le meurtre est parfait. Je veux être reconnu comme un tueur professionnel ! », ­blague-t-il. « La plupart des sociologues qui ont été formés par Bourdieu ont voulu tuer le père pour tenter de fabriquer quelque chose de singulier », confirme Stéphane Dufoix.

    Mais la controverse actuelle lancée par Gérald Bronner est d’une autre nature. Il ne s’agit pas d’un dépassement ou d’une critique. L’élève de Raymond Boudon rejoue plutôt une bataille des idées née dans les années 1970. Pour aller vite, deux courants s’opposent alors : le déterminisme, qui veut que les individus soient façonnés par les structures sociales, et l’individualisme méthodologique, qui insiste sur la liberté des acteurs sociaux. C’est la fameuse querelle avec Raymond Boudon, qui s’est invitée dans les manuels scolaires.

    En 1973, ce dernier publie en réponse au courant déterministe L’Inégalité des chances (Fayard). Pour Boudon, la réussite des enfants est moins corrélée à leur origine sociale qu’aux attentes des parents vis-à-vis de l’école. L’ouvrage divise « structuralistes » et « individualistes », au prix de raccourcis de chaque côté. La querelle est-elle aujourd’hui dépassée ? « L’opposition déterminisme/liberté continue de sous-tendre le débat en sciences sociales sous des formes diverses. Ce sont cependant de fausses oppositions le plus souvent, explique Gisèle Sapiro. Ce n’est pas parce qu’on réfléchit au poids des structures sociales sur les individus qu’on est déterministe au sens strict. Le déterminisme causal ne s’applique pas aux sciences sociales, qui relèvent du domaine de la probabilité. Bourdieu parle de dispositions, et non de conditionnement au sens du béhaviorisme. » Il n’empêche : si elle est moins rigide qu’il n’y paraît, la théorie de Bourdieu reste assez tranchante. Elle ramène au rang de mythes de grands idéaux : « Ce qui rend ses concepts insupportables aux yeux de certains, c’est qu’ils remettent en cause la liberté, par exemple, ou la méritocratie », suggère Marc Joly.

    A la mort de Bourdieu, en 2002, Alain Touraine déclare, au passé : « Il était une référence positive ou négative indispensable. » Peut-être pressent-il alors que cette relation passionnée, mélange d’amour et de haine, va devoir évoluer. Et, en effet, débute à ce moment-là une période de latence. Le fantôme de Pierre Bourdieu plane sur les sciences sociales, mais plus grand-monde n’ose s’en revendiquer. L’auteur de La Misère du monde (Seuil, 1993) sent le soufre, probablement aussi en raison de la forme qu’a prise son engagement politique dans les dernières années de sa vie, et notamment à partir des grandes grèves de l’automne 1995 contre le « plan Juppé ». Ce que d’aucuns considèrent comme une entorse à l’exigence de « neutralité axiologique » héritée de Max Weber rejaillit soudain sur l’ensemble de son œuvre.

    Nouvelle génération de chercheurs

    En tout état de cause, « à la fin de la vie de Bourdieu, et peut-être encore plus après sa mort, être ouvertement bourdieusien était un handicap pour le recrutement, par exemple au CNRS. Quand j’ai soutenu ma thèse, en 2010, on ne pouvait toujours pas vraiment le citer sans risque. On parlait d’“espace” plutôt que de “champ”, de “ressource” plutôt que de “capital” », témoigne Wilfried Lignier, membre du Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP). En 2012, la publication aux éditions du Seuil d’un premier cours au Collège de France – Sur l’Etat – marque une nouvelle étape dans l’héritage.

    Et, dans la foulée du succès que celui-ci rencontre à l’étranger, les usages commencent à changer dans l’Hexagone. Désormais, mobiliser ses concepts, sans réinventions ni reformulations, est davantage possible. Une nouvelle génération de chercheurs, indifférente à l’ancienne guerre des chefs, pioche dans cette boîte à outils pour comprendre le métier d’agent immobilier, les relations entre enfants dans les cours de récréation, les choix d’école par les parents, la récupération des victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), les tensions dans le corps des officiers de l’armée de terre, l’entre-soi dans les clubs de loisirs privés…

    « Cette référence à Bourdieu est en train de devenir positive, voire incontournable dans certains domaines de recherche », avance M. Lignier. Au risque de perdre de son mordant ? De l’avis de Philippe Coulangeon, « le capital culturel, par exemple, est aujourd’hui une notion banalisée dans les sciences sociales, mais beaucoup d’auteurs l’utilisent pour désigner seulement les ressources culturelles, alors que Bourdieu, plus exigeant, l’utilisait en référence à la notion marxiste de capital. En voyageant dans le temps et dans l’espace, ces concepts finissent parfois par s’affadir ». L’œuvre est en tout cas un canon de la discipline.

    « Dès les années 1980, La Distinction [Minuit, 1979] a largement contribué à la reconnaissance académique de Bourdieu à l’étranger. Et depuis sa mort, tandis que des colloques lui étaient consacrés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Inde ou au Chili, il est devenu un classique », affirme Gisèle Sapiro. Entre 2003 et 2012, il grimpe dans les statistiques américaines, au point de devancer Emile Durkheim (1858-1917) : il devient le sociologue le plus cité aux Etats-Unis selon la revue European Journal of Sociology, qui souligne « un taux de croissance fortement positif ».

    En France, depuis une décennie, une abondante production bibliographique le prend pour objet afin de le discuter, de le présenter, le relire, le vulgariser : depuis le Pourquoi Bourdieu (Gallimard, 2007), de Nathalie Heinich, ont suivi trois publications intitulées Pierre Bourdieu, par Patrick Champagne (Milan, 2008), Edouard Louis (PUF, 2013) et Jean-Louis ­Fabiani (Seuil, 2016). Et deux autres ouvrages sont attendus rien que pour le mois de février : Foucault, Bourdieu et la question néolibérale, de Christian Laval (La Découverte), et Pour Bourdieu (CNRS), de Marc Joly.

    Les anciens conflits sont en voie de s’apaiser, les positions sont moins binaires, la discipline plus spécialisée et aussi plus éclatée. « En fait, la sociologie française actuelle est surtout dominée par une absence d’école. Il n’existe pas de paradigme dominant, pas de véritable conflit entre deux manières d’interroger le social », affirme Stéphane Dufoix. Dans ce climat dépassionné, la polémique récente ressemble donc plutôt à un ultime soubresaut. Volonté de se positionner dans un champ aujourd’hui éclaté pour créer la surprise ? Tentative pour se frayer un chemin vers le monde médiatique et intellectuel ? Les deux se mêlent, selon Arnaud Saint-Martin, chargé de recherche au CNRS, qui y voit une « stratégie d’intervention médiatique ainsi que, in fine, une recherche de pouvoir institutionnel dans la discipline ».

    Match déterminisme/liberté

    Pour Olivier Galland, directeur de recherche au CNRS, « Gérald Bronner veut redonner vie et visibilité dans la vie intellectuelle au courant de l’individualisme méthodologique, orphelin en France depuis la mort de Raymond Boudon [en 2013]. Ce courant n’a jamais été très puissant en France, beaucoup moins que dans la sociologie internationale. Même s’il va falloir d’abord juger sur pièces à partir des travaux de recherche qui seront produits, ce n’est pas une ambition médiocre ». Lui pense que la postérité n’a pas encore fait son œuvre et que le canon n’est pas fixé ad vitam aeternam : « C’est une question de cycle ou de mode. Attendons de voir si les concepts de Bourdieu résistent au temps… »

    Reste que le match déterminisme/liberté semble aujourd’hui quelque peu anachronique, à en croire les usages qui sont faits des concepts sociologiques par une génération qui ne se reconnaît pas dans les guerres de tranchées. « La sociologie telle qu’elle se pratique aujourd’hui est loin de ces traditions représentées par deux ou trois totems sur lesquels on serait censé gloser pour toujours », affirme Arnaud Saint-Martin. Le sociologue Marc Joly préfère regarder vers l’avenir : « On est dans un moment de transition où l’on solde des querelles anciennes pour pouvoir passer à autre chose. »

  • The Cinema Travellers
    http://www.nova-cinema.org/prog/2018/164-laissez-bronzer-les-cadavres/the-cinema-travellers/article/the-cinema-travellers

    Shirley Abraham & Amit Madheshiya, 2016, IN, DCP, VO ST FR ANG, 96’

    Une fois par an, des cinémas itinérants parcourent les tréfonds de l’Inde rurale pour apporter la magie des images à un public toujours aussi émerveillé. Avec la même dimension foraine et festive qu’on peut trouver lors d’un PleinOPENair, le public se rassemble dans un lieu improbable et s’agglutine autour du projecteur. Le moteur ronronne, une étincelle, la machine se lance, la bobine se déroule, le faisceau lumineux jaillit et l’image apparaît. La fascination se lit sur les visages. Loin des téléchargements en ligne, la salle de projection demeure un lieu de communion. Les problèmes techniques, qui sont le lot quotidien des projectionnistes, tiennent la foule en haleine, elle qui doit parfois faire des cérémonies pour (...)

  • Les paysages de la Création
    17 juillet 2008

    Je lisais « Art et société au Moyen-Âge » (Georges Duby, éd. octobre 1997) lorsqu’une phrase me fit penser à la Création ou du moins au origine du monde.

    D’abord l’extrait du livre : « Dans une réflexion sur l’histoire des arts européens, ne faut-il pas faire place à cette oeuvre d’art immense et diverse que constituent les paysages ? Quatre, cinq générations de laboureurs, de viticulteurs les ont construits. ils remplissaient inconsciemment les fonctions que les intellectuels assignaient en ce temps à l’homme nouveau : parachever l’ouvrage du Créateur, mettre en valeur le jardin d’Eden… » Nous y voilà. Du jardin d’Eden à la Création, aux origine du monde, il n’y a qu’un pas…

    Et finalement création, Création et origine du monde sont intimement liées : ainsi cette oeuvre de Kimio Tsuchiya « ever » 1990 (Vassivière, Limousin) fait bien sûr penser à une pomme de pin mais me rappelle aussi l’oeuf.

    http://www.ciapiledevassiviere.com/helper.aspx?id=44&page=bois_de_sculptures

    L’oeuf qui « est souvent représenté comme le germe contenant l’univers en puissance, par exemple pour l’orphisme. Il symbolise la rénovation périodique de la nature, la possibilité de renaissance du monde. L’éclosion de l’œuf donne naissance à l’Univers (Pan Gu en Chine, Partholon chez les Celtes, Puruska en Inde, Nommo au Mali ) » (d’après Wikipédia).
    Mais une question demeure : le paysage existe-t-il avant l’homme ou l’homme donne-t-il naissance au paysage ?

    Je répondrais que l’homme a donné naissance au paysage, celui-ci étant « l’ensemble des traits issus de la géographie naturelle ET des apports accumulés des civilisation qui ont façonné successivement le cadre initial et sont entrés dans la conscience de groupe des occupants » (P. George).
    Nature et culture. Création et création…

    #paysages #création

  • Un postcolonialisme à la française ?

    http://www.achac.com/blogs/188


    PDF : http://achac.com/colonisation-et-post-colonialisme/wp-content/uploads/2018/01/article-Cite.pdf

    La théorie postcoloniale, si elle demeure fortement controversée dans l’espace académique français, est désormais partie prenante des sciences sociales dans la plupart des pays où la recherche est dynamique, des États-Unis à la Grande-Bretagne, du Brésil à l’Inde, de l’Allemagne aux pays nordiques, des universités africaines aux universités sud-américaines. C’est un fait. Elle est un élément du débat intellectuel et pourtant elle occupe, dans le même temps, une position spécifique en France, fruit d’un contexte quasi unique dans le monde scientifique international. En France, elle est marginalisée dans le champ académique et particulièrement dans les sciences sociales.

    Aux États-Unis principalement, la théorie postcoloniale est enseignée depuis plus de trois décennies dans différents départements universitaires (littérature, histoire, sciences politiques…) aux côtés d’autres courants intellectuels (Ethnic Studies, Racial Studies, Gender Studies…), comme le souligne l’ouvrage que nous venons de codiriger en juin 2016 avec Dominic Thomas, Colonial Legacy in France. Fracture, Rupture, and Apartheid (Indiana University Press). A contrario, en France, elle fait l’objet d’une critique théorique et académique, qui s’articule à une critique politique et idéologique, laquelle renvoie au syndrome français face au passé colonial et à l’interprétation – ou à la négation – des conséquences à long terme de la colonisation sur la société française.

    Qu’est-ce que le postcolonialisme ? Ce courant, qui s’origine dans les travaux des subalternistes (collectif d’historiens indiens cherchant, dans les années 1970, à renverser l’historiographie de la décolonisation de l’Inde en montrant en particulier le rôle joué par les castes inférieures), et l’ouvrage inaugural d’Edward Saïd, L’Orientalisme (1978), qui déconstruit les discours de l’Occident sur l’Orient, peut être défini, très rapidement, comme un ensemble de recherches visant, d’une part, à rompre avec les chronologies fondées sur l’histoire politique, en contestant la « rupture » des décolonisations et en favorisant la longue durée et, d’autre part, à envisager la colonisation comme un processus dialectique affectant aussi bien les métropoles que les territoires colonisés, afin de se départir d’une vision occidentalocentrée de l’histoire. Mais l’objet du présent article n’est pas tant de revenir sur une longue définition des études postcoloniales ou de défendre les tenants de cette « théorie », de nombreux travaux et écrits l’ont fait avant nous, mais bien de souligner la spécificité du débat français en analysant sans tabou les blocages et les déraisons, les passions et les aveuglements, les enjeux aussi, comme les rapports de force.

    • « La justice ne consiste pas à se soumettre à des lois injustes, il est temps de sortir de l’ombre et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, d’affirmer notre opposition à la confiscation criminelle de la culture publique. Lorsque nous serons assez nombreux de part le monde, nous n’enverrons pas seulement un puissant message de l’opposition à la privatisation de la connaissance, nous ferons en sorte que cette privatisation appartienne au passé. Serez-vous des nôtres ? »

      #université #édition_scientifique #articles_scientifiques #sci-hub #inégalités #partage #vidéo #film #culture_publique #désobéissance_civile #injustice #open_access #résistance #Carl_Malamud #jstor #MIT

      –-

      ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
      https://seenthis.net/messages/1036396

    • Petit message à celles et ceux qui ont mis une petite étoile à ce post (grand #merci @val_k d’avoir signalé cette vidéo !)... j’ai moi-même (et d’autres bien entendu) pas mal posté d’articles et documents sur l’édition scientifique sur seenthis, vous les retrouvez avec le tag #édition_scientifique. J’ai aussi du matériel stocké dans mon ordi, si jamais quelqu’un a envie de se pencher sur cette question qui devrait plus largement être débattue publiquement... A bon entendeur...

    • #Guerilla_Open_Access_Manifesto

      Information is power. But like all power, there are those who want to keep it for
      themselves. The world’s entire scientific and cultural heritage, published over centuries
      in books and journals, is increasingly being digitized and locked up by a handful of
      private corporations. Want to read the papers featuring the most famous results of the
      sciences? You’ll need to send enormous amounts to publishers like Reed Elsevier.

      There are those struggling to change this. The Open Access Movement has fought
      valiantly to ensure that scientists do not sign their copyrights away but instead ensure
      their work is published on the Internet, under terms that allow anyone to access it. But
      even under the best scenarios, their work will only apply to things published in the future.
      Everything up until now will have been lost.

      That is too high a price to pay. Forcing academics to pay money to read the work of their
      colleagues? Scanning entire libraries but only allowing the folks at Google to read them?
      Providing scientific articles to those at elite universities in the First World, but not to
      children in the Global South? It’s outrageous and unacceptable.

      “I agree,” many say, “but what can we do? The companies hold the copyrights, they
      make enormous amounts of money by charging for access, and it’s perfectly legal —
      there’s nothing we can do to stop them.” But there is something we can, something that’s
      already being done: we can fight back.

      Those with access to these resources — students, librarians, scientists — you have been
      given a privilege. You get to feed at this banquet of knowledge while the rest of the world
      is locked out. But you need not — indeed, morally, you cannot — keep this privilege for
      yourselves. You have a duty to share it with the world. And you have: trading passwords
      with colleagues, filling download requests for friends.

      Meanwhile, those who have been locked out are not standing idly by. You have been
      sneaking through holes and climbing over fences, liberating the information locked up by
      the publishers and sharing them with your friends.

      But all of this action goes on in the dark, hidden underground. It’s called stealing or
      piracy, as if sharing a wealth of knowledge were the moral equivalent of plundering a
      ship and murdering its crew. But sharing isn’t immoral — it’s a moral imperative. Only
      those blinded by greed would refuse to let a friend make a copy.

      Large corporations, of course, are blinded by greed. The laws under which they operate
      require it — their shareholders would revolt at anything less. And the politicians they
      have bought off back them, passing laws giving them the exclusive power to decide who
      can make copies.

      There is no justice in following unjust laws. It’s time to come into the light and, in the
      grand tradition of civil disobedience, declare our opposition to this private theft of public
      culture.

      We need to take information, wherever it is stored, make our copies and share them with
      the world. We need to take stuff that’s out of copyright and add it to the archive. We need
      to buy secret databases and put them on the Web. We need to download scientific
      journals and upload them to file sharing networks. We need to fight for Guerilla Open
      Access.

      With enough of us, around the world, we’ll not just send a strong message opposing the
      privatization of knowledge — we’ll make it a thing of the past. Will you join us?

      Aaron Swartz

      July 2008, Eremo, Italy

      https://archive.org/stream/GuerillaOpenAccessManifesto/Goamjuly2008_djvu.txt

      En français, notamment ici:
      https://framablog.org/2013/01/14/manifeste-guerilla-libre-acces-aaron-swartz

    • #Celui_qui_pourrait_changer_le_monde

      Aaron Swartz (1986-2013) était programmeur informatique, essayiste et hacker-activiste. Convaincu que l’accès à la connaissance constitue le meilleur outil d’émancipation et de justice, il consacra sa vie à la défense de la « culture libre ». Il joua notamment un rôle décisif dans la création de Reddit, des flux RSS, dans le développement des licences Creative Commons ou encore lors des manifestations contre le projet de loi SOPA (Stop Online Piracy Act), qui visait à restreindre les libertés sur Internet. Au fil de ses différents combats, il rédigea une impressionnante quantité d’articles, de textes de conférences et de pamphlets politiques, dont une partie est rassemblée ici. L’adolescent, qui était déjà un libre-penseur brillant, laisse progressivement place à l’adulte, toujours plus engagé, se prononçant sur des sujets aussi variés que la politique, l’informatique, la culture ou l’éducation, et annonçant nombre de questions débattues aujourd’hui. Tiraillé entre ses idéaux et les lois relatives à la propriété intellectuelle aux États-Unis, harcelé par le FBI à la suite d’un procès intenté à son encontre, Aaron Swartz a mis fin à ses jours à l’âge de 26 ans.

      http://editions-b42.com/books/celui-qui-pourrait-changer-le-monde
      #livre

      Avec cet intéressant débat sur seenthis : pourquoi ce livre n’est pas en open access ? Débat introduit par la question de @supergeante : « ça ne choque personne ? »
      http://seen.li/cpal

    • #Alexandra_Elbakyan, la Kazakhe pirate d’articles scientifiques

      Rebelles high-tech (4/6). L’ancienne étudiante en neurosciences a créé un site Web de mise à disposition illégale de rapports de recherche. Le monde entier y a accès, au détriment des éditeurs.

      En ce jour ensoleillé de juin, le parc boisé du -musée Kolomenskoïe, à Moscou, accueille le Geek Picnic, un festival techno artistique en plein air. Parmi la foule, une jeune femme ronde et souriante, à l’allure sage et modeste, parle devant une caméra pour une interview qui sera diffusée sur YouTube. Elle explique, une fois de plus, le fonctionnement de Sci-Hub, son site Internet de publication d’articles scientifiques gratuit et ouvert à tous. Alexandra Elbakyan, 28 ans, originaire du Kazakhstan, est inconnue du grand public. Mais sur les campus et dans les labos de recherche de nombreux pays, c’est une star.
      Avec 62 millions d’articles stockés et référencés, près de 700 000 téléchargements quotidiens et des millions de visiteurs réguliers sur tous les continents, Sci-Hub s’est imposé comme une source majeure de documentation scientifique. Dans les pays pauvres, c’est un outil quotidien pour les chercheurs qui n’ont pas les moyens de se payer les abonnements coûteux des services des grands éditeurs. Dans les pays riches, des chercheurs ayant accès aux services payants utilisent Sci-Hub car il est simple et accessible de partout, sans formalités. Seul problème : Sci-Hub est un site pirate, qui vole les articles aux éditeurs et enfreint toute une série de lois sur la propriété intellectuelle et la sécurité des réseaux. Alexandra Elbakyan est poursuivie par la justice américaine.
      La création de Sci-Hub remonte à 2011. Alors étudiante en neuro-sciences, Alexandra se fait remarquer pour ses recherches sur les ondes cérébrales, ce qui lui vaut d’être invitée à aller étudier en Europe et en Amérique. Mais lorsqu’elle rentre au Kazakhstan, elle n’a plus accès aux textes scientifiques dont elle a besoin – un seul article peut coûter entre 30 et 40 dollars (entre 25 et 35 euros). Un jour, elle s’aperçoit que des biologistes russes s’entraident discrètement et s’échangent des articles sans se soucier des problèmes de copyright. Elle décide d’étendre et d’industrialiser cette pratique en créant un serveur de stockage et de distribution pour toutes les disciplines. Très vite, elle reçoit le soutien de chercheurs occidentaux : des partisans du mouvement « Open Access », militant pour la libre circulation intégrale de l’information scientifique, ainsi que des auteurs s’estimant victimes du modèle commercial dominant (dans le monde scientifique, les auteurs donnent leurs articles gratuitement aux éditeurs privés, qui les revendent très cher aux autres chercheurs).
      Complicités et marché noir
      Parmi les admirateurs d’Alexandra, beaucoup travaillent pour des universités abonnées aux services payants, et certains décident de transmettre discrètement leurs identifiants et leurs mots de passe à Sci-Hub, qui peut ainsi récupérer des articles en se faisant passer pour eux. Quand un lecteur demande un article présent dans ses serveurs, il le reçoit aussitôt. Si Sci-Hub ne possède pas l’article, il va le chercher chez un éditeur grâce à un complice, l’envoie au demandeur, puis l’archive dans la base. Bien sûr, rien n’est simple. Alexandra Elbakyan reconnaît que « Sci-Hub se procure des mots de passe de nombreuses sources différentes », ce qui laisse supposer qu’elle s’approvisionne aussi auprès de hackeurs, qui savent subtiliser des mots de passe sans l’accord de leur propriétaire… Elle a également travaillé en liaison avec un site russe, LibGen, qui distribue toutes sortes de produits piratés, mais elle affirme que, désormais, elle est autonome : « J’ai passé un temps considérable à monter mes propres serveurs, pour stocker et envoyer les articles. »
      Une fois son site lancé, Alexandra entame des études d’économie et de droit : « Un temps, j’ai envisagé de travailler pour le gouvernement, afin de changer les lois sur le copyright. » Puis elle se tourne vers l’informatique et décroche un poste de recherche qui lui laisse le temps de se consacrer à son site : « A partir de 2014, j’ai réécrit tout le code et analysé les statistiques (…). J’ai noté quels étaient les éditeurs les plus demandés, et j’ai chargé tout leur contenu. » Côté finances, Alexandra reçoit des dons anonymes de la part de lecteurs reconnaissants. Par ailleurs, elle a découvert très tôt le bitcoin, et a su spéculer sur cette nouvelle crypto-monnaie : « J’ai acheté des bitcoins quand ils valaient 20 dollars, et, aujourd’hui, ils valent cent fois plus. Cela me permet de me financer. »
      Cela dit, Sci-Hub suscite l’hostilité de nombreux universitaires, bibliothécaires ou conservateurs qui font la chasse aux tricheurs : quand un compte se met soudain à charger de gros volumes de documents, il attire l’attention des administrateurs, qui peuvent intervenir. D’autre part, et surtout, les éditeurs ont déclaré la guerre à Sci-Hub, devenu pour eux une menace existentielle. Le plus actif est le groupe anglo-hollandais Elsevier, leader mondial du secteur. En 2015, Elsevier porte plainte contre Sci-Hub devant un tribunal fédéral new-yorkais. Sans se soucier des questions de territorialité, la justice américaine s’empare de l’affaire et accuse Alexandra de piratage, un crime puni d’emprisonnement. Le juge commence par bloquer l’adresse Sci-hub.org, qui dépend d’un prestataire américain, ce qui oblige Alexandra Elbakyan à créer une série de nouvelles adresses.
      « Proche de l’idéal communiste »
      Convoquée à New York par le juge, elle refuse de s’y rendre. Elle envoie au tribunal une lettre provocatrice, et décide de ne plus aller dans les pays susceptibles de l’extrader vers les Etats-Unis. Elle cache son lieu de résidence, délaisse les réseaux sociaux américains comme Facebook et se rabat sur le réseau russe VKontakte. En revanche, elle participe, par Skype, à des colloques organisés par des universités occidentales. Peu à peu, elle en vient à contester la propriété sous toutes ses formes : « Je me sens proche de l’idéal communiste. Chez les scientifiques, on peut clairement distinguer deux classes : ceux qui travaillent, les chercheurs, et ceux qui les exploitent, les éditeurs. La théorie communiste explique comment cela fonctionne, et pourquoi une révolution est nécessaire. »
      Le procès décuple la célébrité d’Alexandra. Des universitaires consacrent des thèses à Sci-Hub, des comités de soutien se forment sur Internet, des députés européens prennent sa défense. En décembre 2016, la revue scientifique Nature publie une liste de dix jeunes gens exceptionnels ayant fait progresser la science au cours de l’année. Alexandra Elbakyan y figure en bonne place – un effort méritoire pour Nature, qui appartient au groupe d’édition allemand Holtzbrinck, et fait partie des victimes de Sci-Hub. Dans la foulée, The Custodians, un groupe international de militants de l’Internet libre et d’artistes numériques, lance une campagne pour la nomination d’Alexandra Elbakyan au « Disobedience Award » : ce prix de 250 000 dollars est décerné par le MIT de Boston à une personne qui aura fait progresser le bien commun en désobéissant à une loi injuste, tout en restant « efficace, responsable et éthique ». Pour les admirateurs de Sci-Hub, Alexandra Elbakyan est la lauréate idéale. En face, ses détracteurs, notamment américains, élargissent le débat en lui reprochant de vivre en Russie. Ils font valoir qu’elle ne désobéit pas vraiment aux lois de son pays, et sous-entendent qu’elle bénéficie en sous-main de la protection du régime de Vladimir Poutine.
      Le 21 juin 2017, le tribunal new-yorkais condamne Alexandra Elbakyan et ses complices éventuels à verser 15 millions de dollars de dommages et intérêts à Elsevier. Il exige aussi que Sci-Hub cesse toute activité et détruise ses fichiers. En réponse, Alexandra publie, sur VKontakte, un texte sarcastique, en russe : « Encore une victoire de la liberté américaine et de la démocratie… Comment la lecture gratuite d’articles scientifiques pourrait-elle causer des dommages à la société et violer les droits de l’homme ? »
      Après six années de stockage intensif, 95 % des articles demandés par les lecteurs sont déjà dans sa base – désormais, le piratage sert surtout pour les mises à jour. -Selon une étude menée en 2017 par le bio-informaticien allemand Bastian Greshake, les plus gros utilisateurs sont désormais l’Iran, isolé par les sanctions internationales, la Grèce, toujours en faillite financière, plusieurs pays d’Amérique latine, plus l’Inde et la Chine, en bonne place à cause de la taille de leur population. Cela dit, l’Allemagne est aussi très présente : fin 2016, soixante universités allemandes ont décidé de boycotter Elsevier pour protester contre l’augmentation du prix des abonnements, et d’autres sont en passe de les rejoindre. Désormais, leurs chercheurs se procurent les articles dont ils ont besoin par d’autres moyens…
      Parfois, la machine semble s’emballer, hors de tout contrôle. Dans certains pays comme l’Iran, des serveurs aspirent des gros volumes d’articles de Sci-Hub, pour créer leurs propres bases de données à usage local. Ailleurs, des groupes organisés téléchargent tous les articles consacrés à la chimie : selon Bastian Greshake, cette discipline est désormais la plus demandée sur Sci-Hub. Le 23 juin 2017, l’American Chemical Society (ACS), qui gère les intérêts des ayants droit des articles de chimie, porte plainte à son tour contre Sci-Hub devant un tribunal de Virginie.
      Imperturbable, Alexandra répète qu’elle est à l’abri, « quelque part dans l’ancienne Union soviétique ». Elle réaffirme qu’elle n’a aucune relation avec les autorités et assure que son site n’est pas en danger : « Il a été conçu pour résister à la pression. » Elle étudie à présent l’histoire des sciences et s’intéresse à l’hermétisme médiéval, mais promet que Sci-Hub va continuer à croître et embellir.

      https://www.lemonde.fr/festival/article/2017/07/27/alexandra-elbakyan-la-kazakhe-pirate-d-articles-scientifiques_5165479_441519

    • J’ajoute ici un long texte sur #Aaron_Swatrz écrit àla suite de l’attentat contre #Charlie_Hebdo et qui fait un rapprochement important sur le sujet des dommages « collatéraux » de l’anti-terrorisme :
      #JeSuisParsNaturae
      https://pascontent.sedrati-dinet.net/index.php/post/2015/02/09/JeSuisParsNaturae

      Avant tout, j’aimerais confier ici ce qui a occupé mon dimanche 11 janvier 2015, alors que près de quatre millions de personnes descendaient dans la rue à Paris, en France et ailleurs. Sans m’étendre plus en avant sur mes sentiments personnels, ce jour-là je pleurais la mort d’Aaron Swartz, qui s’est suicidé jour pour jour deux ans plus tôt, à l’âge de 26 ans, suite aux persécutions dont il faisait l’objet de la part du département de la justice des États-Unis[1], pour avoir téléchargé, caché dans un débarras du MIT, des millions d’articles scientifiques.

      L’histoire d’Aaron Swartz est documentée dans un film que j’ai donc regardé ce dimanche et qui montre – c’est tout ce qui nous intéressera ici – comment ce jeune homme, plus impliqué que quiconque dans la défense de la liberté d’expression et l’accès à l’information, a été l’objet d’un acharnement judiciaire dont à la fois les responsables, les causes et les motivations nous ramènent au terrorisme proclamé de la tuerie à Charlie Hebdo. Bien que le mot ne soit jamais prononcé dans ce documentaire, la question du terrorisme y est omniprésente et constitue en fait la principale clé de compréhension de ce drame.

  • 100 000 livres sur l’histoire de l’art disponibles en téléchargement gratuit
    https://www.presse-citron.net/100-000-livres-sur-lhistoire-de-lart-disponibles-en-telechargement-gr

    La plateforme Getty Research Portal offre son cadeau de Noël à tous les amateurs d’histoire de l’art et d’ouvrages anciens.

    Les passionnés d’art vont être gâtés pour Noël. Pour fêter la quatrième bougie de sa plateforme, Getty Research Portal met à disposition, et ce de manière totalement gratuite, 100 000 livres dédiés à l’histoire de l’art.
    Une immense collection de livres rares disponibles sur Getty Research Portal

    Parmi les nombreux ouvrages proposés, on retrouve des écrits rares qui ne sont présents que dans quelques institutions réparties dans le monde. On retrouve ainsi des collections issues, entre autres, de l’Art Institute of Chicago, du Guggenheim Museum Library à New York ou encore du Warburg Institute Library à Londres.

    Hormis la collection d’œuvres issue de ces musées américains, le Getty Research Institute cherche également à élargir sa bibliothèque virtuelle avec d’autres écrits venus directement d’Inde, du Japon ou d’Iran.

    Comme l’explique Annie Rana, la responsable de ce projet, Getty Reseach Portal « aspire à offrir une collection plus vaste que n’importe quelle autre bibliothèque. Avec ces documents téléchargeables, les chercheurs et universitaires peuvent désormais être en possession de copies de livres rares et d’autres titres sans avoir à voyager dans des endroits reculés ».

    #Bibliothèques #Domaine_public

  • L’Inde deviendra la 5e puissance économique mondiale en 2018
    https://www.crashdebug.fr/international/14348-l-inde-deviendra-la-5e-puissance-economique-mondiale-en-2018

    (c) Indranil MUKHERJEE / AFP | La monnaie indienne est exprimée en roupie

    L’Inde s’apprête à dépasser le Royaume-Uni et la France pour devenir, l’an prochain, la cinquième puissance économique mondiale, selon un rapport publié jeudi.

    La hiérarchie économique mondiale est en train de changer. Actuellement au 7e rang, l’Inde grimpera à la 5e place en 2018 puis à la 3e en 2032, a affirmé le Centre for Economics and Business Research (CEBR), un institut basé à Londres, dans son classement annuel.

    L’économie indienne a certes été ralentie durant le premier trimestre, à cause du retrait brutal de la circulation des billets de banque de grande valeur en novembre 2016 et le lancement d’une réforme fiscale. La croissance est ainsi descendue à 5,7% au deuxième trimestre, avant de (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • Inde-Chine : jeux de drones dans l’Himalaya - Asialyst

    https://asialyst.com/fr/2017/12/18/inde-chine-jeux-drones-himalaya

    Il y a quelques semaines, un drone de surveillance indien pénétrait dans l’espace aérien chinois. L’occasion de faire un point sur les relations bilatérales entre les deux géants asiatiques, comme sur l’utilisation grandissante des drones dans la région.

    #inde #chine #frontière #conflits #drones

  • Loin d’être révolu, l’esclavage touche plus d
    http://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/infographie-loin-d-etre-revolu-l-esclavage-touche-plus-de-40-millions-de-pe

    Sur les 40 millions d’esclaves, 25 millions ont été victimes de #travail_forcé (+25 % en 4 ans). La grande majorité est touchée par le travail forcé dans des activités qui relèvent du secteur privé comme la #servitude_domestique, la construction, la production ou encore l’#agriculture… Ce travail rapporte illégalement chaque année plus de 150 milliards de dollars. Mais il faut noter que quatre millions de personnes sont assujettis par des États pour des travaux de développement économique, pour rejoindre les rangs des armées ou pour d’autres travaux d’intérêt général.

    #esclavage