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  • #Jon_Swain, la traversée des #Khmers_rouges

    Le Cambodge déchiré est au cœur des mémoires du reporter britannique qui narre la décennie 1970-1979, en proie à la peur, à la folie et à une « tristesse majestueuse ».

    La déflagration approche. La glissade a déjà commencé. Quand Jon Swain débarque à l’aéroport Pochentong de Phnom Penh, l’Indochine est presque déjà un souvenir. Elle hante encore les discussions, nourrit l’imaginaire et sert de toile de fond au chaos qui surgit. Jon Swain a alors « à peine plus de vingt ans », la foi des aventuriers et l’envie des rêveurs d’ailleurs, égarés dans le conformisme et la grise monotonie de l’Occident. Par un matin froid de 1970, le journaliste quitte son desk anglais de l’AFP à Paris pour rejoindre les rives du Mékong. Il ne quittera plus le « spectacle vraiment grandiose » de ce fleuve, écrit-il en empruntant à Henri Mouhot, naturaliste et explorateur français du XIXe siècle qui l’accompagne dans ce voyage sans réel retour. Marqué à vie par la « tristesse majestueuse d’un pays torturé mais magnifique ».

    Jon Swain va s’immerger sans sombrer, malgré de terribles remous. Il arrive dans un « Cambodge sans avenir ». Epaulé par les Etats-Unis, le maréchal Lon Nol vient de chasser du pouvoir Norodom Sihanouk. La guerre du Vietnam déborde dans le trop petit, trop fragile et trop divisé royaume khmer. Les combats sont déjà aux portes de Phnom Penh. Swain passe son baptême du feu comme reporter embarqué dans les rangs de l’armée cambodgienne du général Dien Del. Ses hommes luttent contre les vietcongs, un boudha sculpté autour du cou pour gri-gri antiballes, des baskets aux pieds et des chapelets de grenade comme des pommes à leur ceinture. Les Khmers rouges, casquette Mao et sandales Ho Chi Minh, sortent de la forêt.

    Rêvasseries opiacées.
    Swain découvre combien la « guerre nous rend aussi romantiques que cyniques ». Quelques pages avec des rêvasseries opiacées dans les antichambres des bordels, des « beautés exotiques aux yeux en amande et à la peau caramel » fleurent bon le folklore de pacotille à la mode du Mal jaune de Lartéguy. Même si l’on comprend que le « sexe et l’opium ont été des exutoires essentiels à la survie », rappelle Swain qui a trouvé l’amour dans les bras de Jacqueline et l’amitié indéfectible aux côtés des reporters et photographes.

    Hormis ces passages, ces mémoires, pour la première fois traduits en France, sont un témoignage rare et un récit prenant, parfois effrayant, d’un monde qui sombre, de Saigon à Phnom Penh, de Hanoi au golfe de Thailande, dans cette décennie (1970-1979) qui a été un bain de sang en Asie du Sud-Est. Dans la galerie de personnages côtoyés (tenancières, diplomates, patron de bar, combattants, villageois, écrivains et journalistes), dans ces scènes qui racontent la dérobade au bord de l’abîme, on voit la « peur gagner du terrain ». Swain campe comment les Cambodgiens « vivaient simplement, naturellement. Sans la moindre idée du désastre à venir. […] Avec une foi puérile dans la capacité des Occidentaux à résoudre leurs problèmes ». Le Cambodge est au cœur du livre, en proie aux déchirures.

    Capitale ratissée.
    Swain est à Phnom Penh quand la capitale est prise par les Khmers rouges, le 17 avril 1975. Il est bientôt minuit dans le Royaume. « La folie semblait prendre le pouvoir », note le reporter du Sunday Times. Le 17 avril 1975, il est braqué par des « gamins, les yeux injectés de haine, la bouche écumante. […] Des petits paysans avec la mort au bout des doigts. […] J’étais encore assez jeune pour penser que la mort, même au Cambodge, n’arrivait qu’aux autres. Là, j’avais le sentiment qu’elle me tendait les bras. » Grâce à Dith Pran, le fixeur cambodgien du New York Times, il échappe à l’exécution. L’histoire sera au cœur de la Déchirure, le film de Roland Joffé en 1985.

    Swain est l’un des très rares journalistes présents à l’ambassade de France, dernier îlot de liberté dans une capitale ratissée par des Khmers rouges vindicatifs et sanguinaires. « Mais que pouvait la souveraineté française au milieu de ce fatras révolutionnaire et du pouvoir absurde des armes ? » Le récit de ces jours « sombres entre tristesse et effroi » (Libération du 29 juin 2010) est quasi unique. River of Time raconte le dilemme des autorités françaises qui ont dû livrer des centaines de Cambodgiens aux mains de leurs futurs bourreaux. Et rappelle le rôle joué par François Bizot, alors anthropologue, qui, lui aussi, a consigné ces moments terribles dans le Portail.

    Puis l’ambassade est évacuée, Swain transféré vers la Thaïlande. Il parcourt le Laos, le Vietnam où le nord communiste finit par avaler pour de bon le sud du pays. Dans des pages terrifiantes et noires comme de l’encre, il croise la route de boat people vietnamiens, survivants des viols, des tortures, du cannibalisme. Raconte la tragédie d’un peuple qui « supporte l’insupportable ». Funeste parabole d’un monde englouti.

    https://next.liberation.fr/livres/2019/07/03/jon-swain-la-traversee-des-khmers-rouges_1737792
    #livre #histoire #génocide #Cambodge

    ping @albertocampiphoto

    • River of time

      « Le formidable livre de Jon Swain va bien plus loin que tout ce que j’ai lu sur le tragique conflit d’Indochine. C’est à la fois une lettre d’amour à un pays qu’il adore et une introspection sans concession. River of Time est le témoignage d’événements terribles et douloureux. Ce livre est d’une honnêteté désarmante. C’est une étude brillante et perturbante sur les liens ancestraux entre la beauté, la mort, la violence et l’imagination qui se sont mêlés au Vietnam comme nulle part ailleurs. » J. G. Ballard, Sunday Times. 1970. Jon Swain a vingt-deux ans. Il couvre la guerre du Vietnam et est l’un des rares journalistes présents à Phnom Penh quand la ville tombe aux mains des Khmers rouges. Capturé, il échappe de peu à l’exécution grâce à l’interprète cambodgien du New York Times, Dith Pran. Cette histoire bouleversante a inspiré le célèbre film de Roland Joffé, La Déchirure (The Killing Fields). « Le livre de Jon Swain conjugue plus qu’aucun autre la poésie avec une description précise et rigoureuse des faits. » François Bizot, auteur du Portail. « L’un des meilleurs livres sur les guerres d’Indochine écrits par un correspondant de presse avec ceux de Michael Herr ou de Neil Sheehan. » Rémy Ourdan, Le Monde.


      https://editionsdesequateurs.fr/Actualites/Catalogue/RiverOfTime

  • Les oubliés d’#Indochine du Camp de #Saint-Livrade.

    Cinquante ans après la chute de Dien Bien Phu, des Français rapatriés d’Indochine vivent toujours dans des baraquements.

    Une route défoncée. Des dizaines de #baraquements délabrés, alignés les uns à côtés des autres, marqués d’une lettre ou d’un numéro, et surmontés d’un toit de tôle. A quelques kilomètres du coeur de Sainte-Livrade, un village d’un peu plus de 6.000 âmes, posé sur les berges du Lot, une simple pancarte indique l’entrée du « #Centre_d'accueil_des_Français_d'Indochine », le #CAFI.

    C’est là, dans cet ancien camp militaire, que sont arrivés en avril 1956, 1.160 réfugiés, dont 740 enfants, rapatriés d’Indochine. Après les accords de Genève de 1954 et le retrait de la France du Sud-Vietnam, l’Etat français a pris en charge ces #couples_mixtes ou ces #veuves de Français (soldats ou fonctionnaires), qui fuyaient la guerre et le communisme. L’Etat les a hébergés « provisoirement » -selon les mots employés en 1956 par les autorités - dans ce #camp_de_transit. Puis les a oubliés. Cela fait cinquante ans qu’ils attendent, cinquante ans qu’ils vivent là.

    « Nous sommes restés toutes ces années sans comprendre, sans rien dire », dit Jacqueline Le Crenn. Agée de 91 ans, cette vieille femme eurasienne vit dans le même baraquement depuis qu’elle a quitté le Tonkin de son enfance, il y a près d’un demi-siècle. Son appartement comprend une entrée-cuisine, une chambre-salon, et une pièce transformée en pagode, où elle voue son culte au Boudha. « Je me suis habituée au camp et à cette vie, poursuit-elle. Je veux mourir ici. »

    Jacqueline fait partie des 48 « ayants-droits » encore en vie, sur les quelque 200 personnes hébérgés au CAFI. La plupart des enfants de rapatriés ont quitté le camp. Mais les plus fragiles sont restés : les veuves, qui n’ont jamais eu les moyens de s’installer ailleurs ; les enfants qui n’ont pas trouvé de travail ; les malades et les handicapés.

    "La guerre est venue et nous avons tout perdu"

    Selon l’association « Mémoire d’Indochine », une quinzaine de personnes handicapées vivent au CAFI, dans des conditions très précaires. Des silhouettes mal assurées hantent en effet le centre des rapatriés. Comme cet homme au teint sombre et aux yeux bridés, claudiquant le long des barraquements. Ou ce quadragénaire aux cheveux longs, qui erre dans le camp en parlant tout seul. « Certains enfants du centre ont fait des crises d’adolescence difficiles, explique le président de Mémoire d’Indochine, Georges Moll. Ils ont été conduits à l’hôpital psychiatrique, et en sont ressortis dans un état catastrophique. »

    Jacqueline Le Crenn vit seule depuis le départ de ses six enfants. La mère de cette femme au physique sec était Vietnamienne et son père, mort à la guerre de 1914-18, Français. « Nous sommes pupilles de la nation », dit fièrement Jacqueline. La vieille femme voûtée, assise à côté d’un poêle à gaz, raconte sa vie d’avant, la « vie heureuse ». La construction d’une maison au Tonkin, où son mari et elle avaient projeté de s’installer, l’achat de rizières pour leurs vieux jours. « Et puis la guerre est venue et nous avons tout perdu. »

    Après la chute de Dien Bien Phu, en 1954, la famille Le Crenn, comme la plupart des rapatriés d’Indochine, ont dû quitter le nord pour le sud du Vietnam. Ils ont ensuite attendu à Saigon, dans des camps, avant de prendre le bateau pour Marseille et d’être hébergés dans plusieurs centres de transit en France. Sainte-Livrade est l’un des deux seuls camps qui subsistent aujourd’hui, avec celui de Noyant, dans l’Allier. « C’était un déchirement, raconte encore Jacqueline. La traversée a duré un mois. Je me disais que ce n’était plus la vie. Les autres étaient sur le pont. Moi j’étais au fond du bateau et je pleurais. »

    En arrivant au camp de Sainte-Livrade, alors entouré de barbelés, le fils de Jacqueline a demandé : « Maman, c’est ici la France ? » « Le plus dur, c’était le froid, précise Jacqueline. Ensuite, il a fallu tenir, tout reconstruire, trouver de quoi vivre. » Beaucoup de rapatriés ont été embauchés dans les usines d’agro-alimentaire de la région. Ou travaillaient dans les champs de haricots.

    Claudine Cazes, 11ème de 16 enfants - et première à être née dans le CAFI, en 1957 -, se souvient des heures d’« équeutage ». « Des sacs de haricots arrivaient au camp le matin et devaient être prêts pour le soir, raconte cette aide-soignante de 47 ans, qui a quitté le camp en 1977. Tout le monde s’y mettait. » Sa mère, Vuong, âgée de 81 ans, vit toujours au CAFI. Son père, Paul, est mort l’année dernière. Français d’origine franco-chinoise, il avait fait de prestigieuses études en Indochine, et travaillait dans les forces de sécurité. Mais en arrivant en métropole, Paul Cazes n’a pas pu intégrer la police française, et a dû travailler à l’usine.

    "L’Etat français sait ce qu’il nous doit. Moi, jamais je ne lui réclamerait rien"

    Logé dans un autre barraquement du camp, Emile Lejeune, 84 ans, dit ne pas avoir de « nostalgie ». Pour sa mère et lui, le rapatriement de 1956 fut un soulagement. Militaire du corps expéditionnaire français en extrême orient (CEFEO), ce fils d’un magistrat français et d’une princesse vietnmienne a été fait prisonnier par le Vietminh en 1946, et est resté sept ans en captivité. « Là-bas, la vie et la mort étaient sur le même plan, témoigne Emile. Beaucoup de mes camarades sont morts de dysenterie, du palu, ou de malnutrition. Le pire, c’était le lavage de cerveau. On nous affaiblissait pour nous inculquer le communisme. » Sur près de 40.000 prisonniers du CEFEO, moins de 10.000 ont survécu aux camps du Vietminh.

    Chez Emile, une photo de jonque, voguant dans la baie d’Halong, des statues de Boudha, et plusieurs couvre-chefs : le traditionnel chapeau conique des vietnamiens, un chapeau colonial usé et un képi de soldat français. Son vieux képi entre les mains, le vieil homme aux yeux bridés dit qu’il n’a « pas de haine en lui ». « Mais je suis attristé, ajoute-t-il. Parce que la France en laquelle nous croyions ne nous a pas accueillis. Nous n’avons jamais été considérés comme des Français, mais comme des étrangers. Parqués, surveillés, puis abandonnés. » Emile, lui, demande juste « un peu de reconnaissance ». Au nom de « ces dames du CAFI, trop humbles pour réclamer ». Au nom de ces « épouses ou mamans de combattants, pour certains morts au champ d’honneur, morts pour la France. »

    D’abord rattachés au ministère des affaires étrangères, les rapatriés du CAFI ont ensuite été administrés par huit ministères successifs. Les directeurs du camp étaient des anciens administrateurs des colonies. « Ils reproduisaient avec nous leurs mauvaises habitudes de là-bas, se souvient Jacqueline Le Crenn. Ils nous traitaient comme des moins que rien. Nous devions respecter un couvre-feu et l’électricité était rationnée. »

    Au début des années 1980, la commune de Sainte-Livrade a racheté les sept hectares de terrain à l’Etat pour 300.000 francs, avec le projet de réhabiliter le centre. Mais ces bâtiments, contruits avant-guerre pour abriter provisoirement des militaires, n’ont jamais été rénovés. Longtemps, il n’y a eu ni eau chaude, ni salle d’eau, et des WC communs. « Pas d’isolation, pas d’étanchéité, sans parler des problèmes d’amiante, et des réseaux d’électricité hors normes », énumère la première adjointe au maire, Marthe Geoffroy.

    En 1999, la municipalité, aidée de l’Etat, a engagé un programme de réhabilitation d’urgence pour les logements ne bénéficiant pas du confort sanitaire minimal. Des travaux à « but humanitaire » dans l’attente d’une solution pour l’ensemble du CAFI. Mais depuis, rien. Le maire (UMP), Gérard Zuttion, se dit bien « un peu choqué » par cette « sorte d’abandon ». Mais il dit aussi que la commune n’a pas les moyens « d’assumer seule les déficiences de l’Etat vis-à-vis de cette population ». Le maire évoque des « projets de réhabilitation sérieux pour les prochains mois ». Puis il se ravise, parle plutôt « d’années ». « A cause de la lenteur de l’administration... »

    « C’est trop tard, tranche Claudine. Tout ce que nous voulons, au nom de nos parents, c’est la reconnaissance. » Sa mère, Vuong, écoute sa fille sans rien dire, s’affaire dans la cuisine puis s’assoit dans un grand fauteuil d’osier. Au crépuscule de sa vie, cette femme jadis ravissante, des cheveux blancs tirés dans un chignon impeccable, n’attend plus rien. Tous les matins, elle apporte une tasse de café sur l’autel où repose une photo de son mari, disparu l’année dernière. Elle dépose d’autres offrandes et brûle un bâton d’encens. Avant de mourir, l’homme de sa vie répétait à ses seize enfants : « Ma seule richesse, c’est vous. L’Etat français sait ce qu’il nous doit. Moi, jamais je ne lui réclamerait rien. Nous vivons dans le camp des oubliés. »

    http://www.rapatries-vietnam.org/oublies-indochine.php

    #camps #France #histoire #rapatriés

    Galerie photo :
    http://www.rapatries-vietnam.org/photos/cafi1/galerie-cafi.htm

    • La mémoire d’Indochine en pointillés dans le village de Sainte-Livrade

      Un fruit du dragon, un bananier, l’autel des ancêtres. Dans le sud-ouest de la France, un air d’Indochine plane sur la localité de Sainte-Livrade, 60 ans après l’arrivée de 1.160 rapatriés dont les descendants tentent de sauver la mémoire.

      C’était dans ce camp de l’armée française, comptant à l’époque 26 baraquements, un peu en dehors du village agricole de quelque 3.500 habitants, que ces « rapatriés d’Indochine », dont quelque 740 enfants, se sont installés en avril 1956, deux ans après les Accords de Genève marquant la fin de la Guerre d’Indochine, le départ des troupes françaises et l’indépendance du Vietnam et du Laos.

      Ils étaient Français, issus de couples mixtes pour certains. Il y avait aussi des veuves, et, disent certains avec une certaine pudeur, des « secondes familles » indochinoises de soldats français.

      Et alors que la France commémore la chute il y a 60 ans de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, il reste encore à Sainte-Livrade, à l’est de Bordeaux, une centaine de ces rapatriés et leurs enfants, dont une poignée vit encore dans les baraquements d’origine, à côté de maisons murées en passe d’être rasées.

      Il y a par exemple dans le « D1 » Mme Thi Lua Fanton d’Andon, qui explique fièrement qu’elle a eu 12 enfants, dont cinq nés en Indochine, d’où elle est arrivée à l’âge de 27 ans avec son mari, un militaire français.

      Tous ont vécu dans ce logement-bâtisse d’environ 60 m2, divisé en trois pièces : un salon-cuisine et deux chambres. « Elle préfère rester là, on lui offrirait un château qu’elle n’en voudrait pas », explique Patrick Fernand, président de l’Association des amis du Cafi (Centre d’accueil des français d’Indochine) de Sainte-Livrade, lui même descendant de rapatriés.

      De sa vie d’avant, Madame Thi, 87 ans, une femme frêle au sourire doux qui cuisine toujours avec des baguettes, parle peu. Juste le souvenir ébauché de son départ de Hanoï, dans le nord, où elle vivait, pour Saïgon, dans le sud, où « il faisait très chaud », avant d’être emmenée en France.

      Pour éviter les représailles sur ces militaires, fonctionnaires ou proches de Français, les autorités avaient décidé de les évacuer et de les accueillir, dans divers centres, en particulier à Noyant (centre), à Bias (sud-ouest) et à Sainte-Livrade. Ils furent les premiers « rapatriés », bien avant ceux d’Algérie.

      Des milliers s’éparpillèrent sur tout le territoire et les plus démunis furent installés dans des camps, une situation en principe provisoire et précaire. Dans les baraquements de Sainte-Livrade, où la France a aussi reçu des Républicains espagnols, l’eau chaude faisait défaut, l’isolation était nulle et l’électricité, rationnée.

      – ’Sale chinetoque’ -

      "Nous avons été très mal accueillis. On était partout humiliés. On nous disait +sale chinetoque+, se souvient Robert Leroy, 68 ans, ouvrier à la retraite, fils d’un colonel de l’armée française. Mais ces rapatriés, qui avaient leur école dans le camp, « n’ont pas fait de bruit », complète Patrick Fernand non sans rappeler que dans la France de l’après-guerre la vie était dure pour tous.

      L’Etat, qui a cédé le camp à la commune de Sainte-Livrade au début des années 1980, « ne s’en est pas beaucoup occupé », témoigne aussi l’ancienne maire du village, Claire Pasut.

      C’est finalement au début des années 2000 que les descendants ont commencé à réclamer. Etrangement, ils craignaient la destruction des baraquements, qui, bien qu’insalubres, semblaient être le réceptacle de toute leur mémoire.

      « Des autels privés (de culte aux ancêtres) ont dû être détruits. C’est très douloureux », explique Patrick Fernand.

      Un accord a finalement été trouvé en 2008 pour la construction de nouveaux logements. Six ans plus tard, la dernière livraison de maisons est prévue en juillet.

      Le frère aîné de Patrick Fernand, Pierre, s’installera au « 17, rue de la Soie ». Un déménagement qu’il vit comme un déracinement, même s’il a lieu à quelques centaines de mètres. L’architecture évoque pourtant le Vietnam : maisons en bois, pergolas rouges, entre lesquelles poussent des cerisiers.

      Dans les deux nouvelles épiceries, on trouve tous les produits du pays : gâteaux au soja, gingembre, pho et soupe aux raviolis, très appréciés des autres habitants du village qui s’y arrêtent pour déjeuner.

      Mais les « rapatriés » espèrent que le quartier du souvenir qu’on leur a promis dans quatre anciens baraquements comprenant la pagode, la chapelle et un lieu de mémoire, sera bien construit.

      « Allez on trinque pour la dernière fois, après ils vont tout raser », dit Patrick Fernand.

      https://www.20minutes.fr/societe/1369581-20140507-20140507-memoire-indochine-pointilles-village-sainte-livr

  • Devastating Laos dam collapse leads to deforestation of protected forests
    https://news.mongabay.com/2018/12/devastating-laos-dam-collapse-leads-to-deforestation-of-protected-for

    The collapse of a dam in southern Laos released five billion cubic meters of water, killing dozens, devastating communities, and forcing thousands to flee.
    The collapse also flooded areas of protected forest. In early September, the Global Land Analysis and Discovery Lab at the University of Maryland began detecting tree cover loss along a 22-mile length of the river. By December 7, more than 7,500 deforestation alerts had been recorded.
    An investigation by Mongabay revealed collateral damage is also taking place as residents harvest wood from both downed trees and living forests in an effort to make ends meet.
    One of the companies involved with the dam reportedly blamed heavy rain and flooding for the collapse, but many have questioned their liability and believe the companies should be providing compensation.

    #Laos #barrage

  • Can Facebook Ads Tell Us Which Asian Country Is Most #crypto-Crazy?
    https://hackernoon.com/can-facebook-ads-tell-us-which-asian-country-is-most-crypto-crazy-6dc4b9

    Can Facebook Tell Us Which Asian Country Is Most Crypto-Crazy?As a marketer in the crypto/blockchain space, I’m fascinated by how similar and yet different crypto #marketing and “traditional” digital marketing are. I’ve been particularly interested in the reaction in Asia to the crypto craze, so when Facebook threw a few bucks in free #advertising credits my way, I thought: “How can I use Facebook to test crypto interest in Asia?” With that goal, I promoted a recent article about decentralized exchanges — “The Paradox of Decentralized Exchanges: Many Projects, Few Users” — targeted at 18+ year olds in China, South Korea, Japan, Singapore, Vietnam, Hong Kong, Indonesia, Malaysia, Laos, Cambodia, Thailand, Taiwan, Philippines, and Myanmar, and who show an interest in cryptocurrency as a topic.Facebook (...)

    #facebook-ads #blockchain

  • Zomia ou l’art de ne pas être gouverné
    https://www.philomag.com/les-livres/lessai-du-mois/zomia-ou-lart-de-ne-pas-etre-gouverne-6995

    Observez sur une carte cette grande zone montagneuse frontalière s’étirant des hautes vallées du Vietnam aux régions du nord-est de l’Inde, traversant le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et la Birmanie et se prolongeant vers le Nord sur quatre provinces chinoises. Le territoire n’a d’unité ni administrative, ni ethnique, ni linguistique. Pourtant, cette étendue de 2,5 millions de kilomètres carrés a été identifiée en 2002 par l’historien Willem Van Schendel : c’est Zomia, une zone difficilement accessible, restée insoumise durant des siècles à toute forme d’autorité gouvernementale. Aux yeux de plusieurs anthropologues, Zomia incarne une ultime résistance à l’ordre géopolitique contemporain et permet de relancer le débat sur les normes qui régissent les collectivités humaines.

    Pour James C. Scott, qui travaille depuis les années 1980 sur les formes de résistance à la domination – notamment dans The Weapons of the Weak (Yale University Press, 1985, non traduit) qui prend pour sujet d’étude les paysans vietnamiens –, Zomia constitue un objet de pensée incontournable. Ayant abrité jusqu’à 100 millions de personnes issues de minorités ethniques et linguistiques variées, elle ne peut être appréhendée à partir des concepts de « frontières » ou de « zones de souveraineté ». Politiquement acéphale, elle semble avoir déjoué, depuis l’invention de l’État moderne et jusqu’à la première moitié du XXe siècle, toutes les logiques d’annexion et d’« enclosure » qui ont eu prise sur les populations de la plaine. On y pratique une agriculture nomade sur abattis-brûlis, on y cultive les avantages de l’oralité, en tenant toujours à distance un certain modèle de civilisation sédentaire ancré dans l’écriture et l’assujettissement à une autorité supérieure. Mais cette indiscipline a un prix : les populations zomianes sont considérées comme « parias », non encore civilisées. Pourtant, et c’est la thèse de James C. Scott, les Zomians sont moins des barbares que des fugitifs de la civilisation qui, « dans la longue durée, incarnent un rejet délibéré de l’État dans un monde d’États auquel ils sont adaptés tout en se tenant hors de leur atteinte ».

    Compilant une vaste documentation historique sur l’Asie du Sud-Est précoloniale et coloniale, Scott cite et prolonge les thèses de Pierre Clastres dans La Société contre l’État (Minuit, 1974) qui mettaient en évidence le refus de l’État des peuples autochtones dans l’Amérique du Sud d’après la Conquête. L’enjeu anthropologique est de taille, puisqu’il s’agit d’asseoir l’idée selon laquelle « vivre en l’absence de normes étatiques a été la norme de la condition humaine » : une norme à laquelle elle eût d’ailleurs pu se tenir, avec profit. Car le mode de vie des populations zomianes est au fond, affirme Scott de façon provocatrice, particulièrement adapté aux « post-sujets », « post-sédentaires », que nous sommes. Le drame étant que les jours de Zomia sont comptés, maintenant que les réseaux de communication et de télécommunications ont décuplé le pouvoir d’intrusion de l’État dans les zones autrefois inatteignables. Ces hautes terres abritaient peut-être une « humanité du futur »… mais elle s’est progressivement éteinte à partir de 1945. Et aujourd’hui, elle a en réalité disparu. Les détracteurs de Scott ont alors beau jeu de qualifier sa tentative d’« histoire postmoderne du nulle-part », on peut plutôt y lire les bases anthropologiques d’une utopie postétatique qui continue, depuis les années 1970, d’inspirer ses défenseurs.
    Agnès Gayraud

    #autonomie #communs #commune #communisme #société_contre_l'Etat #Zomia

  • A #Phonsavan, au #Laos, il y a un centre qui s’occupe de #déminage : #MAG.
    Il faut également un travail de prévention outre que de déminage. On trouve dans la région pas mal de panneaux et affiches, notamment pour les #enfants.

    Je mets ici des images prises dans le centre et des panneaux trouvées dans différents endroits autour de Phonsavan.
    Ironie du sort, le centre est aussi financé par les Etats-Unis (financement commencé sous Obama et encore actif, apparemment). Mais le principaux bailleur est le Royaume-Uni.

    Le site de MAG :
    https://www.maginternational.org

    Et quelques images :

    Des pierres pour marquer le territoire : rouge et blanc selon que le terrain a été contrôlé ou pas :

    #mines_anti-personnel #bombes

    Plus sur les #bombardements au Laos de la part des américains :
    https://seenthis.net/messages/695957

    (comme toujours ces derniers temps, pas sure de pouvoir tout mettre ce soir, je continuerai à charger les images dans les prochains jours)

    cc @reka

  • #Musée de la #révolution à #Hanoi... quelques images aussi, après celles du musée des femmes vietnamiennes (https://seenthis.net/messages/707246) d’un musée qui est très « altmodisch » diraient les allemands... mais qui reste un témoignage intéressant des luttes contres les Français et contre les Etats-Uniens...

    Là aussi, long à charger, donc il faudra revenir sur ce fil de discussion de temps à autre pour voir les ajouts d’images qui suivront dans les prochains jours/semaines...

    (images pas droites, pour éviter les lumières... pas bien placées du tout... et, mea culpa, on n’a pas pris les salles dans le bon ordre, du coup... voilà, c’est pas toujours très chronologique)

    https://i.imgur.com/Ug2W6Bs.jpg https://i.imgur.com/t1ZUE4y.jpg https://i.imgur.com/aeCd6qY.jpg https://i.imgur.com/vTfaShn.jpg https://i.imgur.com/ApRAxL2.jpg https://i.imgur.com/TGrResM.jpg https://i.imgur.com/paXrqhU.jpg https://i.imgur.com/ZBhLGzI.jpg https://i.imgur.com/u84IyjT.jpg https://i.imgur.com/bjsXCQq.jpg https://i.imgur.com/1Ae66FS.jpg https://i.imgur.com/2eJGGHp.jpg https://i.imgur.com/6K54dZO.jpg https://i.imgur.com/4JODZBU.jpg https://i.imgur.com/P8L44ON.jpg https://i.imgur.com/DDHNnJ7.jpg https://i.imgur.com/aElsgc4.jpg https://i.imgur.com/lu5EEPk.jpg https://i.imgur.com/NErB1jD.jpg https://i.imgur.com/9lKRTby.jpg https://i.imgur.com/1fubQuG.jpg https://i.imgur.com/WpdVZBN.jpg https://i.imgur.com/MlAY8cb.jpg https://i.imgur.com/yDZW3Wr.jpg https://i.imgur.com/uCGStym.jpg https://i.imgur.com/aEfzk87.jpg https://i.imgur.com/qwgUZRb.jpg https://i.imgur.com/xJ2VMXY.jpg https://i.imgur.com/8qk9m4T.jpg https://i.imgur.com/lS5Cm6B.jpg https://i.imgur.com/yUwwChD.jpg https://i.imgur.com/VxLwz1i.jpg https://i.imgur.com/UfTkQNY.jpg https://i.imgur.com/p8r31Wf.jpg https://i.imgur.com/SVU9nZU.jpg https://i.imgur.com/7s8IzIu.jpg https://i.imgur.com/AXzNb6P.jpg https://i.imgur.com/S4CnOmO.jpg https://i.imgur.com/LUgCLRw.jpg https://i.imgur.com/xaQEdq5.jpg https://i.imgur.com/lthsIsQ.jpg https://i.imgur.com/NRpTlA5.jpg https://i.imgur.com/WTRugn2.jpg https://i.imgur.com/Mzuwn7H.jpg https://i.imgur.com/CIqylXX.jpg https://i.imgur.com/asBl33m.jpg https://i.imgur.com/xoVtB1b.jpg https://i.imgur.com/aaf0Wuc.jpg https://i.imgur.com/iwlOS7e.jpg https://i.imgur.com/E8vBmUd.jpg https://i.imgur.com/yZV3oiC.jpg https://i.imgur.com/funUk9J.jpg https://i.imgur.com/z9GXuz6.jpg https://i.imgur.com/CZimQ4J.jpg https://i.imgur.com/JTEWQHB.jpg https://i.imgur.com/EwSbLVh.jpg https://i.imgur.com/fGs34LY.jpg https://i.imgur.com/jpBNjPZ.jpg https://i.imgur.com/xEt08vc.jpg https://i.imgur.com/eTIe1j0.jpg

    #Vietnam
    cc @reka

    • Petit à petit la collection se remplit, si vous avez vu, mais il faudra encore quelques jours avant d’avoir toute la collection sur seenthis... puis sera le tour des images autour des barrages hydroélectriques au Laos
       :-)

  • Critically Endangered Giant Fish on Menu at Luxury Restaurants in Vietnam
    https://www.nationalgeographic.com/animals/2018/07/illegal-giant-fish-cambodia-vietnam-cuisine-delicacy-wildlife-wa

    Hogan is a scientist, not a wildlife trade investigator, but in January 2018 he and National Geographic set out to search for answers to basic questions about the trade: Why are these fish now appearing in restaurants in Vietnam? Where are they coming from? Finding that out is a crucial piece of the puzzle for stopping the trade.

    Monsters have long lived in the Mekong, one of the world’s most biodiverse rivers. Starting in the Tibetan Plateau and meandering through Myanmar, Laos, Thailand, Cambodia, and Vietnam, its 2,600-mile-long, latte-brown vein conceals a fantastical array of nearly a thousand fishes, many found nowhere else. Thanks to the river’s enormity and productivity, about a dozen of them grow to record proportions.

    “These are some of the largest, most extraordinary, and iconic fish in the world,” Hogan said. “They’re big enough to strike even the most experienced fishermen with awe.”

    #poissons_géants #pêche #pêche_illégale #Mékong

  • Traquer la biodiversité grâce à l’ADN

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/05/28/traquer-la-biodiversite-grace-a-l-adn_5305949_1650684.html

    Détecter des espèces discrètes, voire invisibles, c’est aujourd’hui possible, grâce à l’ADN présent dans l’environnement. Une technique qui révolutionne les études naturalistes et les comptages écologiques, dans tous les milieux où la vie se cache.

    Le protocole est souple comme une porte de prison. Onze points, de quoi couvrir le corps d’un scientifique de la pointe des surchaussures au sommet de la charlotte, avec combinaison stérile, masque et double paire de gants, le tout à usage unique. L’entrée dans le laboratoire s’effectue par un sas, maintenu en surpression pour repousser les impuretés. Tout objet extérieur doit rester dehors. « Même le calepin », a précisé Tony Dejean. Le maître des lieux explique : « Chaque détail compte, la moindre contamination fausserait tous les résultats. Ici, c’est un peu Les Experts Miami, sauf qu’on ne s’intéresse pas aux hommes. Nous sommes la police scientifique de l’environnement. »

    Spygen, la start-up qu’il a créée en 2011 au Bourget-du-Lac (Savoie), s’est en effet fixé pour mission d’« améliorer le suivi et la conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale ». Pas en envoyant des enquêteurs aux quatre coins du monde observer les espèces en voie d’extinction, mais en traquant leur présence dans les sols, sédiments, matières fécales ou simplement dans l’eau recueillie sur place.

    Ce champ de la recherche, qui s’apprête à bouleverser notre mode d’observation de la nature, et par là sa connaissance, a un nom : ADN environnemental. Balbutiant il y a encore cinq ans, il connaît une véritable explosion avec quelque 170 articles publiés au cours des cinq premiers mois de 2018 contre 20 pour toute l’année 2013.

    Le 2 mai, par exemple, des scientifiques français décrivaient dans la revue Science Advances la mise en évidence du « code-barres » de requins supposés disparus dans l’eau de mer au large de la Nouvelle-Calédonie. Quelques mois plus tôt, des Américains établissaient la présence d’une faune inconnue autour d’Anvers Island, dans l’Antarctique. Dans tous les milieux, mammifères, amphibiens, poissons, oiseaux, plantes ou champignons livrent leurs secrets. « C’est assez vertigineux, commente, admiratif, Claude Miaud, écologue à l’Ecole pratique des hautes études, à Montpellier. On peine à voir les limites de cette méthode. »


    La découverte d’ADN ancien dans le permafrost, comme ici dans le nord du Canada, a ouvert la voie à la recherche de traces génétiques d’espèces dans tous les milieux.

    Petits bouts de génome

    Comme dans les enquêtes criminelles, le défi consiste à relever des traces génétiques là où personne n’imaginerait les dénicher. Sauf qu’en l’espèce, ce ne sont pas les cellules vivantes d’une plante ou d’un animal, susceptible d’apporter son code génétique complet, que l’on cherche. « Ce serait trop facile », ironise le chercheur Danois Eske Willerslev.

    Ou trop difficile : comment, en effet, retrouver une cellule vivante hors la présence de son hôte ? Non, en réalité, c’est l’ADN lui-même, ou plutôt des portions d’ADN, que les chasseurs d’informations vont débusquer. De petits fragments issus des mitochondries ou du chloroplaste (pour les plantes) qui, après la mort d’une cellule et sa désintégration, viennent se lier à de la matière organique ou minérale trouvée dans son environnement. Ainsi protégés, les petits bouts de génome gardent leur secret à peu près intact pendant plusieurs jours (dans l’eau) ou plusieurs… millénaires.

    C’est, du reste, la quête d’ADN ancien qui a conduit celui qui n’était encore qu’un étudiant en paléontologie de l’université de Copenhague à ouvrir cette nouvelle fenêtre sur le vivant au début des années 2000. Pour sa maîtrise, le jeune homme avait étudié l’ADN de cellules de champignons et d’algues conservées dans des carottes glaciaires. Il raconte :

    « Je devais trouver un sujet de thèse. Je voulais travailler sur l’ADN ancien mais les squelettes n’étaient pas accessibles. C’était l’automne. Je me souviens avoir regardé par la fenêtre les feuilles tomber et en même temps avoir vu un chien faire ses besoins. Tout ça allait disparaître, emporté par l’eau et le vent, mais est-ce que l’ADN pouvait rester dans le sol ? Quand j’en ai parlé à mon superviseur, toute la cafétéria a rigolé et lui m’a dit qu’il n’avait jamais rien entendu d’aussi stupide. Mais avec mon collègue Anders Hansen, on a voulu essayer. On s’est dit que si un milieu pouvait conserver des biomolécules, ce devait être le permafrost, ce sol gelé en profondeur depuis des milliers d’années. J’ai contacté un scientifique russe qui faisait des forages en Sibérie. Il a donné son accord.

    Ça n’a pas tout de suite marché. On faisait des choses trop compliquées. Finalement, on a pris 2 grammes de permafrost, on a extrait ce que nous trouvions comme matériel génétique, avons amplifié les séquences susceptibles de provenir de mammifères ou de plantes et les avons clonées dans une bactérie. C’était la méthode disponible à l’époque. Ensuite, nous avons séquencé ces portions insérées. Les premières séquences sont sorties le jour de Noël. J’étais seul au labo. J’ai comparé ça aux séquences disponibles dans les banques de gènes. Il y avait un mammouth laineux, un renne, un bison, un lemming et diverses plantes. C’était incroyable ! Avec 2 grammes de sol, on pouvait retrouver toute la communauté biologique même en l’absence de fossiles. Je savais qu’on avait trouvé un truc important. »

    L’article paraît en mai 2003 dans la revue Science. Eske Willerslev a assis sa découverte avec l’analyse d’échantillons de sols tempérés, dans des grottes en Nouvelle-Zélande. Il y a retrouvé de l’ADN de moas, ces oiseaux géants disparus depuis plusieurs siècles de l’île du Pacifique sud. Enfin, il a ajouté l’analyse de terres « contemporaines » et a mis en évidence l’ADN de plusieurs végétaux actuels. Pour le scientifique danois, c’est le début d’une carrière fulgurante, qui en fera l’une des stars mondiales de la paléogénétique, professeur à Copenhague et à Cambridge. Pour l’ADN environnemental, un véritable acte de naissance.

    Une échelle macroscopique

    L’expression traînait dans les articles scientifiques depuis la fin des années 1980. Elle désignait alors une façon de détecter la présence de bactéries et d’autres micro-organismes dans des milieux naturels. Désormais, c’est d’une tout autre échelle qu’il s’agit, macroscopique. Willerslev court les colloques présenter sa découverte. De nombreux scientifiques doutent. Tant d’informations tirées de fragments si petits et si vieux, est-ce bien possible ? Quelques-uns veulent y croire. Lors d’une session à Bordeaux, un biologiste français le prend à partie. « Il a été assez critique, raconte Willerslev. Il m’a dit que le sujet avait un grand potentiel pour l’étude de la biodiversité mais que ma méthode était approximative, qu’on pouvait faire beaucoup mieux… »


    Echantillon prélevé dans une rivière en Ardèche, dont on extrait ensuite l’ADN environnemental en laboratoire.

    La grande gueule s’appelle Pierre Taberlet. Professeur de sciences naturelles au lycée pendant dix ans, il est entré au CNRS en 2004 pour travailler sur les méthodes non invasives de détection de la faune sauvage. Il a ainsi commencé par mettre en évidence l’ADN mitochondrial de l’ours des Pyrénées dans des poils et des fèces retrouvés sur place. Et a poursuivi avec quelques autres bêtes, plus ou moins rares.

    Au laboratoire d’écologie alpine (LECA) de Grenoble, qu’il a fondé, trouver les bons marqueurs pour caractériser une espèce est devenu une spécialité locale. « Nous avons commencé une collaboration, poursuit Willerslev. Effectivement, Pierre pouvait faire mieux. Il a développé les méthodes, les a appliquées aux milieux d’eau douce, leur a donné des noms. Environmental DNA pour caractériser tout ce champ, c’est lui. Metabarcoding pour la recherche de plusieurs espèces simultanément, lui aussi. Bon sur le terrain, excellent biologiste moléculaire, très fort en bio-informatique, imaginatif, capable de diriger une collaboration internationale… Je ne sais pas si vous mesurez la chance que vous avez, en France, d’avoir une pépite pareille. »

    Agé de 64 ans, ladite pépite s’apprête à prendre sa retraite. En dix ans, il a largement contribué à faire de cette technique marginale un outil essentiel de la biodiversité, créant les équipes, formant les jeunes chercheurs, décrochant les subventions européennes. « C’est sûr qu’au départ, on ne nous prenait pas tellement au sérieux. On a un peu changé d’image », avance-t-il. Il a ainsi fait du LECA la première plate-forme spécialisée en ADN environnemental au monde. Surtout, il a multiplié preuves de concept et applications. Avec l’apparition en 2005 des premiers séquenceurs dits de « nouvelle génération », il saute la phase de clonage et décrypte directement l’ADN. « Ça a fait gagner beaucoup de temps et de fiabilité et permis de multiplier les applications », explique-t-il.

    « Ce qui paraissait hors de portée devient possible »

    En 2008, il commence par l’eau douce. Avec son collègue écologue Claude Miaud, alors au LECA, il retrouve l’ADN de la grenouille taureau dans plusieurs mares où l’amphibien invasif a déjà été repéré. « Le résultat m’a stupéfait… A l’inverse, il n’y avait rien là où la grenouille n’avait jamais été vue, se souvient Claude Miaud, aujourd’hui directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, à Montpellier. On n’avait pas de faux positifs. » Quatre ans plus tard, un nouvel article mettra en évidence la supériorité de l’ADN environnemental sur le suivi classique. Là où une première observation avait repéré l’envahisseur dans sept mares du Périgord Limousin, l’analyse génétique retrouve sa trace dans 37 points d’eau. Une vérification attentive donnera raison à l’ADN.


    Echantillon prélevé dans une mare, dont on extrait ensuite l’ADN environnemental en laboratoire.

    En 2009, Taberlet et son équipe passent aux régimes alimentaires. Il analyse ainsi les excréments de marmottes, d’ours bruns, de grands tétras, d’escargots et de sauterelles recueillis au Pakistan et en France. Ce n’est plus une espèce qu’il traque mais tous les végétaux. A cette échelle, il parvient à détailler l’ensemble des familles concernées. « C’était tellement surprenant que la première revue à qui nous l’avons proposé a refusé l’article, et la seconde l’a gardé des mois avant de répondre », sourit Pierre Taberlet. Aujourd’hui, la publication fait référence et, des léopards des neiges aux tortues marines, la méthode offre un point de vue unique sur la chaîne alimentaire.

    Des herbivores aux carnivores, de l’eau à la terre, des forêts aux montagnes, l’équipe grenobloise, souvent en collaboration avec d’autres scientifiques, écume les terrains. Avec toujours ce même résultat : « La méthode est efficace, presque toujours supérieure aux observations directes. Surtout quand le terrain est difficile d’accès », résume Tony Dejean, le patron de Spygen, comme beaucoup formé au LECA.

    Les travaux conduits en Guyane par Sébastien Brosse, de l’université de Toulouse, en offrent un exemple parfait. « Ici, la diversité est immense, explique-t-il : 400 espèces de poissons d’eau douce contre 80 pour toute la métropole. L’eau est souvent trouble, donc on les voit mal. Elle est très peu minéralisée, donc peu conductrice, ce qui rend impossible l’usage de la pêche électrique. Longtemps, on a utilisé un pesticide, la Roténone, mais ça n’étourdissait pas les poissons, ça les tuait et on polluait les rivières, c’est aujourd’hui interdit. L’arrivée de l’ADN environnemental a changé notre perspective. Ce qui paraissait hors de portée, à savoir réaliser un inventaire complet, devient désormais possible. »

    Accélération des inventaires

    A une tout autre échelle, Claude Miaud a lui aussi fait ses comptes : « On considère que 86 % des espèces existantes sur la Terre et 91 % des espèces dans l’océan attendent toujours leur description. Au rythme actuel de découverte, cela nécessiterait quatre cent quatre-vingts années pour finir le travail. »

    Avec l’ADN environnemental, tout s’accélère. En quelques mois de prélèvements, des scientifiques ont ainsi retrouvé dans le bassin du Rhône l’équivalent de dix années de pêches scientifiques. Dans l’Arctique, une équipe franco-norvégienne a relevé du matériel génétique d’ours polaire dans de simples traces laissées dans la neige. A l’autre bout du monde, d’autres chercheurs ont confirmé la présence du poisson-chat géant dans le Mekong, au Laos, ou encore du muntjak de Truong Son dans les forêts vietnamiennes. De ce petit cervidé, on ne connaissait jusqu’ici que quelques squelettes, découverts en 1997, et de furtives images captées par des caméras infrarouges. Pour pister l’animal, les collaborateurs d’Eske Willerslev ont ramassé de grandes quantités de sangsues, les ont broyées et ont analysé la pâte. Et l’ADN a parlé : au milieu des lapins, blaireaux et saros de Chine est apparu le code-barres du rarissime mammifère.

    Les services de gestion de l’environnement ont compris tout le parti qu’ils pouvaient tirer de cette révolution. En octobre 2017, l’Agence française pour la biodiversité a ainsi organisé la première journée d’études sur l’ADN environnemental. « On doit se préparer à un déploiement à large échelle, souligne Nicolas Poulet, chargé de mission à l’agence. En termes de rapport coût/bénéfice, c’est un candidat sérieux. Une pêche électrique ou une campagne de surveillance, c’est très lourd. Là, avec deux personnes sur le terrain, vous abattez un travail considérable et obtenez des résultats très rapides. Pour les invasions biologiques, où il faut réagir vite, c’est essentiel. »

    Des start-up se lancent. Sur la base Technolac, au Bourget-du-Lac, deux anciennes de Spygen on ainsi créé leur propre entreprise, Argaly. Suivi de la faune autour de Tchernobyl, analyse du régime alimentaire d’oiseaux suisses ou de sols agricoles dans le cadre de la lutte contre les ravageurs mais aussi programme de formation de chercheurs : « En six mois, nous avons déjà obtenu plusieurs contrats, souligne Eva Bellemain. La demande est très importante. »


    Extraction d’ADN environnemental au sein du laboratoire de Spygen, au Bourget-du-Lac (Savoie).

    La panacée ?

    Inventorier la biodiversité, prévenir les invasions biologiques, suivre les comportements alimentaires, détecter des espèces rares – voire inconnues, comme s’apprête à le faire une poignée de chercheurs dans le Loch Ness – le tout par des méthodes non invasives… L’extension du domaine de l’ADN environnemental semble sans limite.

    Philip Thomsen, un ancien étudiant d’Eske Willerslev, aujourd’hui professeur associé à l’université d’Aarus, est même parvenu à tirer de traces d’ADN de requin-baleine des informations quantitatives sur l’abondance de population du géant des mers. Dans la même étude, publiée en 2016 dans Plos One, le chercheur danois a également mis en évidence, grâce à de grands fragments d’ADN, ce que les généticiens nomment des haplotypes, des ensembles de gènes permettant d’identifier des sous-groupes à l’intérieur d’une espèce. « Bientôt, nous pourrons faire de la génétique des populations sans prélever le moindre animal », s’enthousiasme Claude Miaud.

    La panacée, donc ? Tony Dejean met en garde. Lui qui, pour sa start-up, brevète dispositifs de prélèvements et d’analyse (filtres, drones aquatiques), et rêve d’une « industrialisation » de la méthode, en connaît les limites : « A tous les niveaux, il y a des risques car on manie de l’ADN rare. Contamination lors des prélèvements, erreurs dans l’amplification des fragments ou lors de l’analyse bio-informatique. Sans compter que les bases de référence de l’ADN restent incomplètes. Or, comme pour une empreinte génétique en police scientifique, pour identifier une trace, il faut qu’elle soit répertoriée quelque part. »

    Pierre Taberlet va plus loin. « Le marché qui se développe et l’emballement actuel qui en découle conduisent beaucoup de gens à faire n’importe quoi », souligne le pionnier. Dans ses conférences, le biologiste aime évoquer une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature Communications. « Un modèle de ce qu’il ne faut pas faire… Dans un litre d’eau d’un torrent suisse, les auteurs retrouvaient toute la biodiversité du bassin versant. Ils avaient aussi détecté du crabe, de la méduse, des poissons marins mais ils ont simplement écarté ces données sans remettre en cause leur protocole. »

    D’autres redoutent la mainmise de la biologie moléculaire sur l’étude de la nature. Pourquoi, en effet, lancer des spécialistes pendant des mois sur le terrain si l’ADN environnemental peut déterminer la répartition d’une espèce, ses zones de reproduction, son régime alimentaire, bientôt sa filiation ? « C’est absurde, rassure l’écologue Claude Miaud. Les enregistreurs d’ultrasons n’ont pas tué les spécialistes des chauves-souris, ils les ont aidés. Ça sera pareil pour nous : nous aurons plus de données et plus de temps pour répondre à des questions encore plus intéressantes. » Après Les Experts, le retour de Sherlock Holmes.

  • #Eternal_Harvest - USAF Bombing in Laos

    Here we have a data visualization of the bombings. Between June 9, 1964, and April 26, 1973, the US carried out the largest bombing campaign, per capita, in history, in Laos. US forces dropped, on average, 1.3 million pounds of bombs a day. For 3,243 days. On a country of 2.5 million people.

    This data was originally compiled by the US Department of Defense. This video shows missions from October 1965 through April, 1973.

    This video shows most of the logged attack missions flown over Laos by the US Air Force, Navy and Marines. This does not include missions without target coordinates, non-attack missions, missions flown by other countries, or missions flown before October, 1965.

    https://vimeo.com/264174642


    #cartographie #visualisation #bombardements #bombes #Laos #guerre_du_vietnam

  • On China’s New Silk Road, Democracy Pays A Toll – Foreign Policy
    http://foreignpolicy.com/2018/05/16/on-chinas-new-silk-road-democracy-pays-a-toll

    To understand how the #Belt_and_Road Initiative can threaten human rights and good governance, consider first how its projects are financed.To understand how the Belt and Road Initiative can threaten human rights and good governance, consider first how its projects are financed. Thus far, China has largely favored loans over grants. It is not a member of the Paris Club of major creditor nations, and it has shown little inclination to adhere to internationally recognized norms of debt sustainability, such as the sovereign lending principles issued by the United Nations Conference on Trade and Development. At the same time, many of the recipient countries participating in the project lack the capability to assess the long-term financial consequences of China’s loans — or they may simply accept them, assuming the bills will come due on a future government’s watch.

    Ballooning, unsustainable debt is the predictable result. Sri Lanka, where in 2017 some 95 percent of government revenue went to debt repayment, represents the best-known example of Belt and Road’s negative impact on a country’s balance sheet. But Sri Lanka is only the most prominent case; a recent study by the Center for Global Development identified eight countries — Djibouti, the Maldives, Laos, Montenegro, Mongolia, Tajikistan, Kyrgyzstan, and Pakistan — that are at particular risk of debt distress due to future Belt and Road-related financing.
    […]
    China’s planned development of a “#new_digital_Silk_Road ” has received comparatively less attention than other elements of the initiative but is equally troubling. China’s digital blueprint seeks to promote information technology connectivity across the Indian Ocean rim and Eurasia through new fiber optic lines, undersea cables, cloud computing capacity, and even artificial intelligence research centers. If realized, this ambitious vision will serve to export elements of Beijing’s surveillance regime. Indeed, Chinese technology companies already have a track record of aiding repressive governments. In Ethiopia, likely prior to the advent of Belt and Road, the Washington Post reports that China’s ZTE Corporation “sold technology and provided training to monitor mobile phones and Internet activity.” Today, Chinese tech giant Huawei is partnering with the government of Kenya to construct “safe cities” that leverage thousands of surveillance cameras feeding data into a public security cloud “to keep an eye on what is going on generally” according to the company’s promotional materials. Not all elements of China’s domestic surveillance regime are exportable, but as the “New Digital Silk Road” takes shape, the public and online spaces of countries along it will become less free.
    […]
    States financially beholden to China will become less willing to call out Beijing’s domestic human rights abuses, for instance, and less eager to object to its foreign-policy practices. This dynamic is already playing out within the European Union. In mid-2017, for the first time, the EU failed to issue a joint condemnation of China at the U.N. Human Rights Council. Greece, which had recently received a massive influx of Chinese investment into its Port of Piraeus, scuttled the EU statement.

    #OBOR

  • Rights in poorer nations must be upheld as Thai firms go abroad, activists say
    https://www.reuters.com/article/us-thailand-landrights-lawsuit-analysis/rights-in-poorer-nations-must-be-upheld-as-thai-firms-go-abroad-activists-s

    It is the first time plaintiffs from another country have filed a class-action lawsuit against a Thai company in a Thai court over its operations outside Thailand.

    The two plaintiffs represent about 3,000 people who say they were forcibly removed from their homes and land in five villages in Oddar Meanchey province in Cambodia’s northwest, to make way for a Mitr Pohl sugarcane plantation between 2008 and 2009.

    As cross-border investments in the region increase to tap resources, markets and cheaper labor, cases such as these will become more common because of differences in legislation and inadequate protections for workers and residents, experts said.

    “This is about ensuring that Thai companies respect human rights in the countries they operate in, and holding them accountable for violations,” said Sor Rattanamanee Polkla at the Community Resource Centre, which is representing the plaintiffs.

    “There is no Thai law against irresponsible outbound investment, and countries like Laos, Cambodia and Myanmar do not have proper frameworks for environmental and social impact assessments. We had no choice but to file a suit,” she said.

    The plaintiffs are asking for their land to be returned and 4 million baht ($130,000) in total compensation, she said.

    #Cambodge #Thaïlande #agroindustrie #canne_à_sucre #terres #drots_humain

  • Comment la #Chine stimule la métamorphose économique du #Laos
    https://www.mediapart.fr/journal/international/020418/comment-la-chine-stimule-la-metamorphose-economique-du-laos

    Des ouvriers chinois au travail sur le chantier d’une nouvelle route entre Vang Vieng et Vientiane. © Laure Siegel Ce pays de vallées, de rivières et de montagnes compte seulement sept millions d’habitants, éparpillés sur un territoire dont la superficie est comparable à celle du Royaume-Uni. Le Laos, successivement sous influence du Siam, l’ancien royaume des voisins thaïlandais, de la France et du Vietnam, vit une profonde métamorphose, stimulée par les investissements chinois.

    #International #mekong #route_de_la_soie

  • La #CNR planche sur un nouveau #canal en Amérique latine

    Après avoir conçu des écluses au Panama, la #Compagnie_nationale_du_Rhône (CNR) vient d’annoncer la signature d’un protocole d’étude pour permettre la navigation sur le #fleuve_Paraná, entravée par un #barrage à la frontière du #Brésil et du #Paraguay. Cet accord, signé par Élisabeth Ayrault, présidente de CNR, et James Spalding, directeur général paraguayen de #Itaipu_Binacional (société gestionnaire du barrage contrôlée à parité par le Brésil et le Paraguay), prévoit des actions en matière d’ingénierie et de renforcement de capacités sur le projet d’#écluses et la prise en main future d’ouvrages de navigation. Le barrage et la #centrale_hydroélectrique d’#Itaipu, situés à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, ont été construits par ces deux pays entre 1975 et 1982. Mais ce barrage constitue un obstacle sur la voie navigable du fleuve (près de 4.000 km) et de ses affluents, qui pourrait être levé au moyen d’un canal de navigation et d’écluses. « Le savoir-faire de CNR est reconnu dans plus de 30 pays », souligne le concessionnaire du Rhône et premier producteur français d’énergie exclusivement renouvelable. Spécialisé en ingénierie hydroélectrique et fluviale, CNR Ingénierie a notamment réalisé des études sur la conception des écluses de Panama - Grand Prix national de l’Ingénierie en 2011 - ou l’aménagement durable du cours principal du Mékong (Laos, Cambodge, Vietnam, Thaïlande). L’activité de CNR Ingénierie se répartit entre deux tiers de missions internes et un tiers de contrats pour le compte de clients externes, en France et à l’international. Depuis 2000, ses activités ingénierie sont certifiées Iso 9.001. La société Itaipu Binacional est pour sa part membre des Initiatives pour l’avenir des grands fleuves (IAGF).

    https://www.lantenne.com/La-CNR-planche-sur-un-nouveau-canal-en-Amerique-latine_a40170.html
    #barrage_hydroélectrique

    ping @simplicissimus

  • Japan had 20,000 applications for asylum in 2017. It accepted 20 | World news | The Guardian

    https://www.theguardian.com/world/2018/feb/16/japan-asylum-applications-2017-accepted-20

    Des nouvelles de la politique d’ouverture japonnaise.

    #asile #droit_d_asile #migrations #réfugiés #japon

    Japan accepted just 20 asylum seekers last year – despite a record 19,628 applications – drawing accusations that the country is unfairly closing its door on people in genuine need.

    Since 2010, Japan has granted work permits to asylum seekers with valid visas to work while their refugee claims were reviewed, a change the government says has fuelled a dramatic rise in “bogus” applications from people who are simply seeking work.

    • Demandes d’asile : le Japon continue de durcir sa politique

      Avec vingt réfugiés accueillis en 2017, l’archipel confirme son statut de terre réticente en matière d’asile.

      L’année dernière, 19 628 personnes ont déposé une demande d’asile au Japon pour un résultat très mitigé : seulement 20 d’entre eux ont obtenu une réponse positive, a annoncé mardi le ministère de la Justice. Selon Reuters, ces heureux élus viennent principalement d’Afghanistan, d’Egypte ou de Syrie. En 2016, le Japon avait validé 28 demandes sur les 10 901 reçues – une hausse de 44% par rapport à l’année précédente.

      Si le pays compte un peu plus de 126 millions d’habitants actuellement, d’ici à 2060, sa population devrait baisser jusqu’à 87 millions. La population vieillit et diminue, la main-d’oeuvre en fait autant. L’immigration est au centre de nombreux débats au Japon, avec l’idée qu’elle pourrait être une option face au déclin démographique. Les étrangers y sont toutefois une infime minorité : en 2016, 2,38 millions d’étrangers vivaient au Japon, soit moins de 2% de la population.

      Assouplissement… juste pour les Jeux

      Il y a trois ans, Libération évoquait déjà le peu d’investissement japonais dans l’accueil des réfugiés. Les choses ont peu évolué.
      Fin décembre, le gouvernement japonais annonçait vouloir limiter les permis de travail pour les demandeurs d’asile à partir de 2018. En effet, jusqu’à présent, les demandeurs d’asile étaient encore autorisés à travailler durant l’examen de leur dossier. De peur que certains n’abusent de ce système, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Plus aucun demandeur d’asile ne sera autorisé à travailler au Japon. Selon l’Office national de l’immigration, si les chiffres officiels de demandes d’asile augmentent autant, c’est parce qu’il y a des « faux réfugiés » parmi les candidats : des personnes qui introduisent des demandes pour chercher un travail au sein de la troisième puissance mondiale et non parce qu’ils craignent d’être persécutés dans leur propre pays.

      Tout en finançant des programmes humanitaires internationaux pour les réfugiés, la politique nippone vis-à-vis des demandeurs d’asile se durcit… selon les circonstances. Avec la perspective des Jeux olympiques d’été de Tokyo 2020, la législation s’assouplit depuis quatre ans pour répondre en priorité à une pénurie de personnel dans des secteurs peu rémunérés ou peu qualifiés, comme le secteur de la construction ou celui des services d’aide à la personne. Le gouvernement ouvre régulièrement ses portes à des infirmiers ou à des aides-soignants étrangers pour des emplois limités dans le temps et sans qu’ils puissent faire venir leur famille. Il a également inauguré dans le même temps des programmes étudiants et de stage à travers tout le pays. Cette succession d’assouplissements et de durcissement successifs dans la politique d’accueil nippone reste cohérente avec son histoire récente.

      Guerre froide

      Tout commence en 1978. En pleine guerre froide et troisième guerre d’Indochine, 1,5 million de personnes fuient le Laos, le Vietnam et le Cambodge. Sous la pression internationale, le Japon, qui n’avait jamais accueilli de réfugiés jusqu’alors, accepte en 1981 de ratifier la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Dans un même mouvement, il s’engage à ouvrir ses frontières pour accueillir les réfugiés du sud-est asiatique.

      Un communiqué du ministre de la Justice annonçait en 2012 qu’entre 1981 et 2011, le gouvernement japonais avait accueilli 11 319 réfugiés de l’Asie du sud-est et 598 en provenance d’autres régions du monde.

      Le programme d’accueil des réfugiés d’Asie du sud-est s’est arrêté à la fin des années 90, avec la cessation des combats dans cette région. Minako Suzuki, professeure de sciences sociales à l’Université de Hitotsubashi à Tokyo, confirme cette tendance : « La politique d’asile s’est réorientée vers la prise en compte des [autres] réfugiés, mais dans un contexte de passivité et d’indifférence qui n’a cessé de se confirmer. »

      http://www.liberation.fr/planete/2018/02/15/demandes-d-asile-le-japon-continue-de-durcir-sa-politique_1629422

  • India strengthens ties with ASEAN countries - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/en/articles/2018/02/05/asea-f05.html

    Late last month Indian Prime Minister Narendra Modi hosted leaders from all 10 members of the Association of Southeast Asian Nations (ASEAN), in a clear move to strengthen Delhi’s geo-strategic and economic ties and counter China’s growing influence in the region.

    ASEAN leaders were the chief guests at the Indian Republican Day celebrations on January 26, having attended an India-ASEAN Commemorative Summit a day earlier. Modi also held bilateral talks in New Delhi with each ASEAN country leader—from Vietnam, Malaysia, Indonesia, Singapore, Myanmar, the Philippines, Thailand, Brunei, Laos and Cambodia.

    #inde #anase #asean #Integration_économique

  • The Killing of History
    https://consortiumnews.com/2017/09/21/the-killing-of-history

    I watched the first episode in New York. It leaves you in no doubt of its intentions right from the start. The narrator says the war “was begun in good faith by decent people out of fateful misunderstandings, American overconfidence and Cold War misunderstandings.”

    The dishonesty of this statement is not surprising. The cynical fabrication of “false flags” that led to the invasion of Vietnam is a matter of record – the Gulf of Tonkin “incident” in 1964, which Burns promotes as true, was just one. The lies litter a multitude of official documents, notably the Pentagon Papers, which the great whistleblower Daniel Ellsberg released in 1971.

    There was no good faith. The faith was rotten and cancerous. For me – as it must be for many Americans – it is difficult to watch the film’s jumble of “red peril” maps, unexplained interviewees, ineptly cut archive and maudlin American battlefield sequences. In the series’ press release in Britain — the BBC will show it — there is no mention of Vietnamese dead, only Americans.

    “We are all searching for some meaning in this terrible tragedy,” Novick is quoted as saying. How very post-modern.

    All this will be familiar to those who have observed how the American media and popular culture behemoth has revised and served up the great crime of the second half of the Twentieth Century: from “The Green Berets” and “The Deer Hunter” to “Rambo” and, in so doing, has legitimized subsequent wars of aggression. The revisionism never stops and the blood never dries. The invader is pitied and purged of guilt, while “searching for some meaning in this terrible tragedy.” Cue Bob Dylan: “Oh, where have you been, my blue-eyed son?”

    What ‘Decency’ and ‘Good Faith’?

  • The U.S. wants to deport more Eritreans. Here’s what would happen if they were forced to return.

    “Our goal is to get countries to agree to accept the return of their nationals,” David Lapan, a Department of Homeland Security (DHS) spokesman, told reporters Wednesday.

    https://www.washingtonpost.com/news/worldviews/wp/2017/08/24/the-us-wants-to-deport-more-eritreans-heres-what-would-happen-to-the

    #renvois #expulsions #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_érythréens #Etats-Unis

    On y apprend ici (http://www.washingtontimes.com/news/2017/aug/23/4-countries-sanctioned-because-of-refusal-to-accep) qu’il y a 12 pays considérés comme #récalcitrants par les USA:

    Twelve countries are currently on U.S. Immigration and Customs Enforcement’s list of “recalcitrant” nations that seriously hinder deportations: China, Cuba, Vietnam, Laos, Iran, Guinea, Cambodia, Eritrea, Myanmar, Morocco, Hong Kong and South Sudan.

    #Chine #Cuba #Vietnam #Laos #Iran #Guinée #Cambodge #Erythrée #Myanmar #Birmanie #Maroc #Hong_Kong #Soudan_du_Sud #Sud_Soudan

    Les possibles #sanctions?

    He wouldn’t name the four countries that will be hit with visa sanctions, saying it is up to the State Department to decide how severely to punish the countries, but under the law at least some of their citizens — if not all — could be denied the ability to obtain immigrant or visitor visas to travel to the U.S.

    #visas

  • Israel: The Cluster-Bomb Nation

    The cluster bombs are aimed mainly at densely populated areas. There they can kill most effectively. That’s why the Israeli army wants them.

    Gideon Levy Aug 10, 2017
    read more: http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.806016

    Israel wants to kill as many innocent people as possible. Under no circumstances does it want to belong to the community of enlightened nations. There is no other way to understand Gili Cohen’s chilling report (Monday’s Haaretz) that the defense establishment decided to prefer an Israeli-made cannon that has yet to be completed to a German one, merely to sidestep the international ban on cluster bombs.
    More than 100 states signed the international treaty banning the use of cluster bombs; Israel, as usual, isn’t one of them. What has Israel to do with international treaties, international law, international organizations – it’s all one big unnecessary nuisance. Israel’s fellow rejectionists are, as usual, Russia, Pakistan, China, India and of course the United States, the world’s greatest spiller of blood since World War II. This is the company Israel wants to keep, the club it belongs to.
    Cluster bombs are an especially barbarous weapon, a bomb that turns into countless bomblets, spreading over a wide area, killing and wounding indiscriminately. They sometimes explode years after were fired. The world was appalled and disgusted by such a weapon of mass destruction, and for good reason. The world – but not Israel. We’re a special case, as is commonly known. We’re allowed to do anything. Why? Because we can.
    This has been proved. We used cluster bombs in the Second Lebanon War and the world was silent. We also use flechettes, unmercifully. In 2002 I saw a soccer field in Gaza hit by IDF flechette shells, which spray thousands of potentially lethal metal darts. All the children playing on it had been hit.
    Another time I saw the thousands of darts sprayed by the flechette shells stuck into the walls of houses in Gaza. It wasn’t hard to imagine what those darts did to people’s bodies.
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    Flechettes are also banned in the world but permitted to Israel. Why? Perhaps because we’re the Chosen People, perhaps because we’re allowed to do anything. We fight for our desperate, precarious existence, flimsy leaf in the wind that we are, so we’re allowed to use cluster bombs, flechettes, white phosphorus, you name it. We are, after all, fighting for our survival against the advanced army of the Republic of Gaza and the terrifying divisions of the West Bank armies. We’re pitted against the Balata air force and the Deheisheh naval fleet, and above all against “the appalling brutality” of the Palestinians. So we need weapons, as many as possible, with no restrictions.

    The cluster bombs sowed shocking mayhem and destruction in Kosovo, Laos, Afghanistan and Iraq. Israel wants to do the same. The killing fields in the next war for the occupation, which will certainly come, will be like the killing fields in Laos, thanks to the cluster bombs fired by the new, sacred Israeli-made cannon. Otherwise, why do we need cluster bombs? Don’t we have enough regulation weapons in our arsenal? The cluster bombs are aimed mainly at densely populated areas. There they can kill most effectively. That’s why the IDF wants them.
    The next time you use the argument that the whole world is against us and the criticism and animosity against Israel don’t stem from its actions – remember the cluster bomb. Israel is excluding itself with its own hands from the family of nations, joining the most brutal states, flouting international decisions – and then moaning that the world hates it for no reason. The next time you think of the IDF, the most moral army in the world, think about the cluster bomb.
    The cluster bomb affair is no less atrocious than the submarines affair, yet sparks no interest in Israel. The submarines are money, state witnesses and suspects. It’s sexy to deal with them. The cluster bomb concerns the lives of innocent people, and who cares about that?
    The submarines are the corruption, which the nation is against. The cluster bomb is the arrogant, ongoing disregard for international law, which doesn’t interest anyone in this country. That same defense establishment, rotten to the core, is behind both deals – corruption of one kind in the submarines case, and corruption of another kind in the cluster bombs case. But the defense establishment can calm down. Nobody will be put on trial for using cluster bombs.

  • China approves 10 international agricultural parks
    https://af.reuters.com/article/zambiaNews/idAFL4N1KT1P2

    China has approved plans to establish international agricultural demonstration zones in 10 countries, the agriculture ministry said on Monday, as Beijing looks to extend its influence in the global farm sector.

    The projects include an agriculture technology park in Laos, an agricultural products processing zone in Zambia and a fisheries park in Fiji, the ministry said in a statement on its website.

    The demonstration zones are based on existing projects set up by Chinese firms, which will be given government backing to serve as platforms for other Chinese companies.

    China also approved 10 pilot agricultural parks at home, which will be open to overseas investment. They are located in coastal, river and border regions to help encourage overseas cooperation and local connections.

    The agricultural parks are part of China’s Belt and Road initiative, an ambitious plan to expand infrastructure and trade links between Asia, Africa, Europe and beyond.

    #Chine #OBOR #agriculture


  • Les trois petits pays constituant l’ancienne Indochine française, (Viêt Nam, Laos et Cambodge) virent se déverser sur eux 6 fois le tonnage de bombes utilisé durant toute la seconde guerre mondiale, le Viêt Nam recevant à lui seul 3,5 fois ce tonnage. Parallèlement des agents chimiques y furent épandus entre 1961 et 1971 ( dates officielles de l’opération Ranch Hand "ouvrier agricole" ) mais dans la réalité, ils furent utilisés jusqu’en 1974 par l’armée U.S. Ces agents chimiques (herbicides et défoliants) étaient utilisés à des dosages qui en firent la pire des armes de destruction massive chimique.
    André Bouny ( Le Sarkophage )
    #Viêt_Nam #agent_orange #Mosanto #écocide #guerre_chimique #USA
    https://www.agent-orange-vietnam.org/documents/le-livre-agent-orange-apocalypse-viet-nam