country:tunisie

  • #Décès du président de l’association des ivoiriens de #Tunisie après une attaque au couteau lors d’un braquage

    Le président de l’#association_des_ivoiriens de Tunisie #Falikou_Coulibaly, a succombé, dans la soirée du dimanche de ses blessures, après un braquage qui a mal tourné du côté de Dar Fadhal, à la Soukra.

    Selon une source sécuritaire, citée par la radio Mosaïque FM, 6 personnes ont été arrêtées dont une personne qui aurait attaqué le jeune homme au couteau.

    La criminalité a largement augmenté en Tunisie depuis 2011.

    “Quelque 185.617 affaires criminelles, tous délits confondus ont été recensées au cours des dix premiers mois de l’année 2018, un chiffre qui pourrait atteindre le pic de 200 mille à la fin de l’année” avait affirmé en novembre dernier, le président de l’Institut Tunisien des Études Stratégiques (ITES), Néji Jalloul.

    L’Amiral, Kamel Akrout, premier conseiller à la Sécurité nationale auprès du président de la République, avait quant à lui révélé que 48% des prisonniers sont des jeunes, 58% d’entre eux ont entre 15 et 17 ans. 4% des élèves, au sein des collèges et des lycées, consomment de la drogue, et 5% parmi les étudiants.

    Pour lui, cela est dû à la situation qui règne sur le pays après le 14 janvier. “Il y a de la négligence, du laisser-aller, que ce soit de la part de la famille, qui les délaisse, ou de la société en perte de valeurs”, a-t-il signalé.

    “Il y a une justice punitive assez développée, à mon avis. Mais le plus important ce n’est pas la dissuasion, car cela est synonyme d’échec (...) Ce qu’il faut, c’est la prévention, c’est le plus important”, a-t-il affirmé, “Et la prévention n’est pas que de la responsabilité du gouvernement ou de l’État, mais de toute la société. Ce sont nos enfants, l’avenir du pays”.

    https://www.huffpostmaghreb.com/entry/deces-du-president-de-lassociation-des-ivoiriens-de-tunisie-apres-u
    ping @_kg_

    • Après la mort de Falikou Coulibaly, la communauté subsaharienne de Tunis entre stupeur et indignation (VIDÉO)

      Le président de l’association des ivoiriens de Tunisie Falikou Coulibaly a succombé à ses blessures après un braquage.

      Plusieurs dizaines d’africains subsahariens se sont réuni, lundi, devant l’hôpital Mongi Slim, à l’appel de l’Association des Étudiants et Stagiaires Africains en Tunisie, criant leur détresse face à la mort du président de l’association des ivoiriens de Tunisie, Falikou Coulibaly, à la suite d’une attaque au couteau pendant un braquage, survenu dimanche à la Soukra.

      _ AESAT
      URGENT URGENT :
      L’Association des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie condamne avec la plus grande fermeté l’agression à l’arme blanche (des coups de couteau) de notre frère Falikou Coulibaly de nationalité Ivoirienne rendant ainsi l’âme à l’hôpital de Mongi Slim. Nous lançons un appel fort à l’endroit des autorités Tunisiennes sur le devoir de la protection des Etrangers.
      Ainsi un appel à mobilisation pour un rassemblement est prévu aujourd’hui à 9h devant l’hôpital Monji Slim.
      Toutes nos condoléances à la famille de la victime et à la communauté Ivoirienne en Tunisie.

      https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2028583227177956&id=443648175671477_

      “Ici, on nous agresse, on nous tue sans savoir pourquoi” s’emporte une jeune femme. “On nous tue !” déplore pour sa part un jeune homme.

      – vidéo : https://www.facebook.com/ayebbechir.ayeb/videos/2219546101441724/?t=0

      – vidéo : https://twitter.com/medzepplin/status/1077146719392014336

      Contacté par le HuffPost Tunisie, un membre de l’AESAT, déplore cet énième acte de violence, ayant conduit cette fois-ci à la mort : “Cela devait arriver !! À force de nous faire attaquer, de nous faire injurier, de nous faire violenter, sans sanctions contre nos agresseurs, la mort était inévitable. Je ne dis pas que Falikou a été tué parce qu’il est noir, mais le fait est là, nous perdons un de nos frères les plus proches et les plus actifs au sein de la communauté”.

      Stupeur sur les réseaux sociaux

      Sur les réseaux sociaux, l’heure est à la stupeur après ce crime, entre condoléances, appels à la mobilisation et condamnations.

      Une marche spontanée, en mémoire de Falikou, vers l’ambassade ivoirienne en Tunisie se déroule actuellement.

      – vidéo : https://www.facebook.com/Union.Leaders.Africains/videos/2178537942411256/?t=0

      _ Union des leaders Africains
      L’ALDA exprime ses sincères condoléances à la famille du président de l’AIT qui a été assassiné suite à une agression à l’arme blanche (Braquage).
      Actuellement il y a une marche spontanée vers l’ambassade de Côte d’Ivoire en Tunisie.
      Nous sommes solidaires avec la communauté ivoirienne en Tunisie.

      https://www.facebook.com/Union.Leaders.Africains/posts/1138674886314256_

      _ Yamina Thabet
      Terriblement choquée par le meurtre de Coullibaly Fallikou , 33 ans , président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie .... terriblement triste et choquée par une telle violence ! Ce qui était arrivé à Najmatar comme déchaînement raciste, n’écarte pas pour moi la piste du règlement de compte ..
      Paix à son âme et sincères condoléances à toute sa famille et à la communauté ivoirienne

      https://www.facebook.com/yamina.thabet/posts/10216616546873601_

      _ Jean Marie Kone
      TRISTE NOUVELLE :
      En effet, triste nouvelle : le jeune étudiant ivoirien Falikou COULIBALY résidant enTunisie ne fêtera pas le réveillon 2018 parmis les siens.
      L’ignominie de son assassinat le week-end en pleine capitale tunisienne marquera à jamais son symbolisme sacrificiel, la marche inexorable vers la réalisation effective de l’Etat de droit en Tunisie.
      Mais, du fond de ce malheur qui noue encore les tripes, méditons froidement sur l’avenir que cet événement nous propose.
      Face à ce drame confirmé et désormais archivé dans la mémoire collective de la communauté des africains subsahariens et en particulier des ivoiriens résidents en Tunisie , je voudrais présenter toutes mes sincères condoléances à toute la famille, amis, et compatriotes du jeune frère COULIBALY.
      Je souhaite que la lumière soit faite sur cette énième assassinat que je qualifie d’inacceptable, de barbarie et sauvage.
      Heureusement, que la Tunisie et la côte d’Ivoire
      entretiennent de bons rapports depuis très longtemps et que nous n,accepterons pas qu’une minorité d’individus ni foi ni lois viennent perturber cette cohésion qui existe entre nos deux "peuples amis et frères ".
      Chers amis et chers compatriotes, je vous invite à la retenue et la sérénité totale afin que les autorités tunisiennes et ivoiriennes mènent des enquêtes pour situer les responsabilités.
      Repose en paix frero Cool !
      Bon courage à toutes et à tous !
      Vive la fraternité et l’intégration africaine !
      #JMK_

      https://www.facebook.com/africa.i.ua/posts/1116490248518762_

      Rafik Shimi
      Une nouvelle journée ordinaire pour les tunisiens, mais un début de semaine triste et sanglant pour nos amis ivoiriens résidents en Tunisie.
      Hier soir, le jeune Falikou Coulibaly, étudiant ivoirien en Tunisie et président de l’AIT ( association des ivoiriens en Tunisie) a été sauvagement poignardé par des criminels tunisiens dans la région de Soukra à Tunis, et le pauvre a trouvé la MORT, succombant à ses blessures.
      Vous vous rappelez bien mon dernier appel il y a une semaine pour le secours des africains subsahariens résidents en Tunisie, mais personne ne s’y intéressait.
      Je présente mes condoléances et mes excuses au nom des tunisiens libres à toute la famille du défunt et À Bas le Racisme !

      https://www.facebook.com/rafikbi9a/posts/10156281715308740_

      _ Mabrouka Khedir
      A dieu mon ami , paix à ton âme ...
      Le président de l’association des ivoiriens en Tunisie AIT - Association des Ivoiriens en Tunisie FALIKOU COULIBALY poignardé au couteau dans un braquage à Tunis ...

      https://www.facebook.com/mabrouka.journaliste/posts/798810053800993_

      _ #OIM Tunisie
      [Condoléances] C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la nouvelle du décès tragique de Falikou Coulibaly, survenu hier dans la nuit du Dimanche 23 Décembre 2018.
      Selon les sources sécuritaires, M. Coulibaly a perdu la vie en succombant à ses blessures suite à une agression à l’arme blanche dans le quartier de La Soukra, Gouvernorat de l’Ariana. Six suspects ont été arrêtés par les autorités locales. L’enquête suit son cours.
      Nous présentons nos sincères condoléances à la jeune épouse de M. Coulibaly et sa petite famille, à ses proches et à toute la communauté ivoirienne en Tunisie à qui nous assurons notre soutien et notre solidarité.
      Nous nous rappellerons avec gratitude de l’excellente coopération avec M. Coulibaly et de sa contribution décisive aux efforts visant à promouvoir les droits humains, l’intégration et la cohésion sociale et à célébrer le vivre-ensemble au sein de la communauté ivoirienne et migrante en Tunisie.
      Nous saluons finalement l’engagement continu de la Tunisie en matière de Droits Humains. Nous restons toutefois consternés par la mort prématurée du jeune Falikou Coulibaly et nous condamnons fermement toute forme de violence, quels qu’en soient la victime et l’auteur.

      https://www.facebook.com/iomtunis/posts/281702155880300_

      Le président de l’association des ivoiriens de Tunisie Falikou Coulibaly, a succombé, dans la soirée du dimanche à ses blessures, après un braquage qui a mal tourné du côté de Dar Fadhal, à la Soukra.

      Selon une source sécuritaire, citée par la radio Mosaïque FM, 6 personnes ont été arrêtées dont une personne qui aurait attaqué le jeune homme au couteau.

      https://www.huffpostmaghreb.com/entry/apres-la-mort-de-falikou-coulibaly-la-communaute-subsaharienne-de-t

      @deka : j’ai des vidéo témoignages en plus, partagés par les réseaux, fais signe si t’as besoin...

    • Racisme : « La Tunisie doit proclamer son africanité ! »

      Tribune. Mon pays, la Tunisie, se trouve au nord de l’Afrique, à la pointe septentrionale, si proche de l’Europe mais aussi étranger au continent auquel il appartient. Ce petit pays a réalisé d’extraordinaires avancées modernistes, comme l’abolition de l’esclavage en 1846 – une première dans le monde arabo-musulman –, avec une longueur d’avance sur les Etats-Unis et la France. Ou le code du statut personnel, qui octroie en 1956 aux Tunisiennes des droits et une liberté dont rêvent encore des millions de femmes dans le monde.

      Seule une frange de la population est restée dans l’ombre de ces avancées. Même après la « révolution » de 2011, les Tunisiens noirs peinent encore à trouver leur juste place dans la société. Les raisons sont multiples, mais la principale est la méconnaissance de l’Histoire. Dans la mémoire collective, le Noir est arrivé en #Afrique_du_Nord asservi, les chaînes aux pieds, chose que certains compatriotes nous crachent à la figure au moment où nous nous y attendons le moins. On sous-entend ceci : « Quoi que vous fassiez, n’oubliez surtout pas que vous êtes arrivés ici en tant qu’esclaves, que nous achetions pour quelques pièces. » Mais ont-ils pensé, ne serait-ce qu’une fois, que les Noirs pouvaient aussi être des enfants de la région ?
      Lire aussi A Tunis, le meurtre d’un Ivoirien cristallise la colère de la #communauté_subsaharienne

      Le grand tacticien Hannibal Barca était un guerrier noir. Pourtant, peu à peu, il est devenu méconnaissable, ses représentations prenant les couleurs et les traits d’un Nord-Africain. Fini les cheveux frisés et le nez aplati des pièces vues dans mon enfance au musée du Bardo. Tout se transforme, même l’Histoire ! Comment voulez-vous que les jeunes Tunisiens se sentent africains s’ils méconnaissent le passé du continent ? Combien d’entre eux connaissent Cheikh Anta Diop et ses œuvres capitales ? Ont-ils une idée de qui était Thomas Sankara, l’homme intègre, ou encore le président-poète Léopold Sedar Senghor, l’un des pères de la négritude, mouvement de résistance d’une Afrique qui s’éveille ?

      Crimes de haine

      Quand je leur parle de #racisme, mes compatriotes ont des réactions assez amusantes. Ils ou elles ont toujours un ou une ami(e) noir(e) avec qui ils mangent dans la même assiette. Mais seraient-ils prêts, pour autant, à l’épouser ? Le Tunisien a beaucoup de mal à reconnaître que le racisme existe dans son pays, comme partout ailleurs. Quand le racisme mène à l’#agression, les commentateurs ont vite fait de disqualifier cette motivation de l’#attaque. On parle de « déséquilibrés » qu’il ne faut surtout pas prendre au sérieux. Pourtant, ces dernières années, la liste des victimes de #crimes de haine s’est tristement allongée.

      Le 7 décembre 2016, à Tunis, une jeune Ivoirienne échappe in extremis à une tentative d’#égorgement. Dix-sept jours plus tard, à la veille de Noël, deux étudiantes congolaises sont poignardées en plein centre-ville à 11 heures du matin. Un jeune Congolais qui tente de les secourir est, lui, atteint au bras. Ces victimes ont survécu mais elles ont gardé de douloureuses séquelles physiques et psychologiques. Quant à l’agresseur, il avouera ne pas supporter de voir des Noirs parler une autre langue entre eux. Il ne sera pas inquiété par la justice car considéré comme malade.

      Quelque mois après ces attaques, un douanier tunisien noir, en vacances avec sa famille dans un hôtel à Mahdia (centre-est), est agressé par un serveur qui refuse de le servir à cause de la couleur de sa peau. Le douanier termine ses congés à l’hôpital.

      Le 23 décembre 2018, l’Ivoirien Falikou Coulibaly, 33 ans, père de deux enfants, est poignardé à mort à Tunis. Décidément, en Tunisie, les veilles de Noël ont un goût de larmes et de sang pour certaines communautés.

      Sortir du #silence

      Ce #meurtre s’est produit deux mois après l’adoption d’une loi pénalisant le racisme en Tunisie. C’était une première dans le #monde_arabe. Ce texte, que nous attendions avec impatience, a été voté par 125 députés. On notera l’absence, ce jour-là, d’environ 40 % des représentants du peuple… La Tunisie aime à dire qu’elle est africaine, mais dans les faits elle ne proclame ni son #africanité, ni son caractère #multiethnique. Une #multiculturalité qui n’est d’ailleurs pas inscrite dans la nouvelle Constitution post- « révolution ».

      Malgré tout, cette #loi permet aux victimes de racisme de sortir du silence et à la société tunisienne de s’extraire de son long déni. Mon constat est cependant amer : les lois – celle-ci ou celle à venir concernant les #migrants – sont écrites avec le sang de nos congénères, nos frères et sœurs, citoyens subsahariens. Une société change non pas grâce à ses réglementations pénalisantes mais par la volonté de tous d’adhérer à un #projet_commun, celui du « #vivre_ensemble ». La loi est un recours quand l’éducation échoue.

      Pour combattre la bête immonde, l’#Education_nationale doit lancer un travail en profondeur. Le racisme et la violence se manifestent dès le plus jeune âge, à l’école. Il est nécessaire de former les enseignants. Sur le volet de la représentation, une présence visuelle des Noirs dans les #médias, les publicités, les affiches, au cinéma, à la télévision me parait indispensable. Ceci afin que le Tunisien noir ne soit plus cette tache de naissance que l’on porte honteusement sur le visage et qu’on veut oublier ou faire disparaître, mais un joli grain de beauté.

      #Saadia_Mosbah est présidente de l’Association M’nemty (« mon rêve »), qui lutte contre les discriminations raciales en Tunisie.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/29/racisme-la-tunisie-doit-proclamer-son-africanite_5403434_3212.html

  • Tunisie. La révolution à venir devra être sociale | Thierry Brésillon
    https://orientxxi.info/magazine/tunisie-la-revolution-a-venir-devra-etre-sociale,2821

    Huit ans après l’immolation de Mohamed Bouazizi et le début du soulèvement populaire parti des zones marginalisées du territoire, la question sociale semble toujours attendre sa réponse. La classe politique a-t-elle raté l’occasion de sortir la Tunisie du piège de l’extraversion, à l’origine des disparités régionales ? Le 17 décembre 2010, quand Mohamed Bouazizi s’immolait devant le gouvernorat de Sidi Bouzid, sa protestation n’était pas seulement le résultat ponctuel d’une rupture du pacte moral implicite (...) Source : Orient XXI

  • Comment l’aide suisse au développement relève le défi de la migration

    Créer les conditions permettant aux gens de vivre en paix dans leur propre pays et de réaliser leurs rêves : c’est le but du Pacte migratoire de l’ONU. La Suisse a gelé son adhésion à cet accord. Elle soutient pourtant des projets qui poursuivent ces objectifs.
    En début de semaine, la communauté internationale a officiellement adopté le Pacte mondial sur les migrations à Marrakech, sous les auspices des Nations unies (ONU). Mais la Suisse a suspendu sa participation, car le Parlement exige d’être préalablement consulté. La Confédération soutient pourtant déjà des projets qui font le lien entre migration, développement et protection des droits humains. Voici quelques exemples :

    #Bosnie-Herzégovine : « i-plateforme »

    Depuis la guerre en ex-Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine est une nation fragmentée d’un point de vue ethnique et religieux, avec une structure politique variable. En Suisse, bien que très hétérogène, la diaspora défend sa patrie. Ses relations avec le pays d’origine sont principalement basées sur des liens personnels. De ce fait, une communication et une coopération systématiques entre les autorités locales et nationales sont en cours d’élaboration.

    Dans les années 1960 et 1980, les flux concernaient essentiellement des saisonniers non qualifiés venus en Suisse pour travailler. En 1991, la Confédération a mis fin à ce type de migrations de main-d’œuvre. En 1993, en raison de la nouvelle guerre des Balkans, le nombre de demandes d’asile a culminé à 7000 personnes, aboutissant à la décision du Conseil fédéral d’accueillir collectivement et temporairement des réfugiés de guerre. Une décision qui sera abrogée en 1995. Pourtant, même après la fin du conflit, la réconciliation nationale en Bosnie-Herzégovine est restée problématique et a rendu difficile le retour et la réinstallation des réfugiés. Depuis, les principaux motifs d’immigration en Suisse ont été motivés par le regroupement familial et la nécessité d’accueillir des cas difficiles.

    On estime à 60’000 environ le nombre de personnes originaires de Bosnie-Herzégovine vivant en Suisse. La majorité de ces personnes sont titulaires d’un permis de séjour B ou C. De 1998 à 2006, le taux de naturalisation des citoyens bosniens a augmenté, mais il a diminué depuis 2006.

    La « i-plateforme », créée en partenariat avec la DDC, permet à la diaspora en Suisse de contribuer au développement économique, social, culturel et démocratique de la Bosnie-Herzégovine. Indépendant sur le plan ethnique et confessionnel, cet outil remplit une double fonction de passerelle : tant au sein de la diaspora en Suisse que dans la société fragmentée de Bosnie-Herzégovine.

    #Sri_Lanka : « Pour une migration sans risque de la main-d’œuvre » (#Safe_Labour_Migration_Programme)

    Depuis la fin de la guerre civile, la situation au Sri Lanka reste instable, aggravée par la crise politique actuelle. La Suisse soutient le processus de réforme et de réconciliation. Entre 2005 et 2016, elle a également fourni une aide humanitaire à la reconstruction du pays après la guerre et après le tsunami de 2004.

    Chaque année, plusieurs centaines de milliers de personnes fuient la pauvreté au Sri Lanka. Avec le salaire qu’ils obtiennent à l’étranger, ces émigrants améliorent la santé et l’éducation de leurs familles restées au pays. Entre 2009 et 2018, les travailleurs expatriés sri-lankais ont transféré en moyenne plus de 500 millions de dollars US dans leur pays d’origine. Ils sont souvent exploités en raison d’une carrence d’informations et d’une méconnaissance de leurs droits. Les femmes sont particulièrement exposées, elles sont souvent victimes de violences sexuelles ou de traite des êtres humains.

    Environ 3 millions de citoyens sri-lankais vivent à l’étranger, dont environ 50’000 en Suisse. La plupart d’entre eux ont fui à la suite de la guerre civile de 1983-2009 ou à cause de la répression politique et des persécutions. En 2017, 840 demandes d’asile ont été déposées en Suisse par des ressortissants sri-lankais (environ 38% de moins que l’année précédente).

    Dans le cadre du Safe Labour Programme de l’Organisation internationale du Travail (OIT), un projet soutenu par la DDC, les travailleurs émigrés sont conseillés et informés sur leurs droits, en vue de les protéger contre l’exploitation. Le projet promeut ainsi une migration sans risque de la main-d’œuvre, maximise les aspects positifs et minimise les conséquences négatives.
    Tunisie : « Programme intégré sur le recrutement équitable » et « Communauté Tunisienne Résidente en Suisse »
    Fin de l’infobox

    Depuis le Printemps arabe, les défis sociaux, politiques et économiques à relever en Afrique du Nord, y compris en Tunisie, sont toujours nombreux. Notamment parce que la Tunisie doit faire face à un double mouvement : l’émigration de ses citoyens et l’immigration ou le transit de réfugiés en provenance d’autres pays.

    Les perspectives du marché du travail en Tunisie et dans la région sont faibles. Même les personnes qualifiées ont peu de chances de trouver un emploi. Le taux de chômage atteint 29% chez les jeunes (2017). À cela s’ajoutent les conflits, notamment en Libye et dans la Corne de l’Afrique, qui provoquent instabilité et flux migratoires.

    Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), entre 2011 et 2017, quelque 94’000 personnes ont quitté la Tunisie, dont 84% pour l’Europe. En 2018, 5000 Tunisiens ont atteint les côtes italiennes et, fin octobre, 262 demandes d’asile de citoyens de ce pays avaient été déposées en première instance en Suisse.

    Deux initiatives visent à accroître les chances des jeunes Tunisiens sur le marché du travail et à améliorer leurs conditions de travail en Tunisie. Le projet de la DDC « Communauté tunisienne résidant en Suisse », mis en œuvre avec l’ambassade de Suisse à Tunis, utilise les capacités et le savoir-faire de la diaspora tunisienne en Suisse pour le développement social et économique dans le pays d’origine. Les projets contribuent, par exemple, à mettre en adéquation les compétences des jeunes Tunisiens avec celles recherchées sur le marché du travail local. Le « Programme intégré sur le recrutement équitable »vise également à prévenir l’exploitation des travailleurs migrants et à améliorer les processus de recrutement. Avec le soutien de la DDC, ce projet de l’OIT est appliqué dans trois régions du monde particulièrement touchées par les migrations de main-d’œuvre.

    La #Corne_de_l’Afrique : Autorité intergouvernementale pour le développement

    La Corne de l’Afrique abrite 7 millions de personnes ayant dû fuir leurs pays, soit la plus forte concentration de déplacés au monde. Les pays de cette région figurent parmi les moins développés du globe, 13 millions de personnes y souffrent de pénuries alimentaires. A cela s’ajoutent les conflits violents, les attaques de groupes islamistes, tel Al-Shabaab, ainsi que les sécheresses cycliques qui déstabilisent la région.

    Dans la Corne de l’Afrique, il tombe moins de 600mm de pluie par an sur environ 70% du territoire. Dans le même temps, cette région a connu des inondations dévastatrices en 2018. Raisons pour lesquelles les terres agricoles sont rares et déclenchent des conflits tout comme une pauvreté persistante. Les attentats terroristes et le taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes (environ 60%), expliquent pourquoi la population cherche du travail et des revenus à l’étranger.

    Près de 80% des migrants et réfugiés de la Corne de l’Afrique restent sur le continent africain. Les Somaliens et les Erythréens figurent cependant parmi les 10 premiers demandeurs d’asile en Suisse. En 2017, 3375 demandes d’asile provenaient d’Érythréens (soient 34,8 % de moins que l’année précédente) et 843 de Somaliens (moins 46,7 %).

    Les huit États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, créée en 1996 et soutenue par la #DDC, le #SEM et la #Division_Sécurité_humaine sont l’Éthiopie, Djibouti, l’Érythrée, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, le Sud-Soudan et le Soudan. Notons toutefois que l’aide à l’Érythrée a été suspendue depuis 2007. Dans l’objectif d’une migration ordonnée et de la protection des migrants, la coopération régionale est encouragée et les structures nationales renforcées. Cette coopération vise également à stabiliser l’ensemble de la région et à endiguer les causes des migrations. Concernant l’Erythrée, une réintégration de ce pays est à l’étude.

    https://www.swissinfo.ch/fre/pacte-sur-les-migrations_comment-l-aide-suisse-au-d%C3%A9veloppement-rel%C3%A8ve-le-d%C3%A9fi-de-la-migration/44616782
    #Suisse #aide_au_développement #asile #migrations #réfugiés #paix #développement #global_compact #Erythrée

  • #Loi_Blanquer : Ce que la #confiance veut dire...

    « L’#école_de_la_confiance » c’est le slogan préféré de JM Blanquer , celui qui a été utilisé pour justifier sa politique tout au long de ses 18 mois de présence au ministère de l’éducation nationale. C’est encore le nom de son projet de loi sur l’école qui devrait bientôt arriver devant le Parlement. La confiance c’est, selon le Larousse, « le sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre, à quelque chose ». Mais le projet de loi de JM Blanquer redéfinit le terme et sa portée. Il éclaire du coup le véritable projet du ministre. L’école de la confiance c’est celle de la mise au pas des enseignants.

    L’article 1 de la loi Blanquer

    L’école de la confiance a déjà pris de sérieux coups depuis le phénomène #pasdevagues. Les enseignants ont largement témoigné de l’absence de confiance de l’institution à leur égard. Un sentiment bien rendu en retour. On croyait d’ailleurs le slogan enterré mais le ministre n’a pas hésité à l’utiliser à nouveau, juste avant que les lycéens apportent à leur tour un net démenti...

    Le projet de loi « pour une école de la confiance » commence par un premier article qui porte sur « l’engagement de la communauté éducative ». Comme d’autres articles de ce texte, il cache bien son jeu.

    L’article 1 du projet de loi demande d’insérer un article L. 111-3-1 dans le Code de l’éducation ainsi rédigé : « Art. L. 111-3-1 - Par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation. Ce lien implique également le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’institution scolaire et de l’ensemble de ses personnels. »

    Un mot pour révoquer facilement

    Apparemment c’est une simple déclaration philosophique dont on peut se demander ce qu’elle fait dans un projet de loi. Mais l’étude d’impact du projet de loi, un document obligatoire fourni par le ministère aux députés, éclaire singulièrement ce que JM BLanquer appelle la confiance.

    « Le Gouvernement souhaite inscrire, dans la loi, la nécessaire protection de ce lien de confiance qui doit unir les personnels du service public de l’éducation aux élèves et à leurs familles. Compte tenu de son importance, il serait en effet déraisonnable de s’en tenir à une simple consécration jurisprudentielle », explique l’étude d’impact.

    « Les dispositions de la présente mesure pourront ainsi être invoquées, comme dans la décision du Conseil d’Etat du 18 juillet 2018 précédemment mentionnée, dans le cadre d’affaires disciplinaires concernant des personnels de l’éducation nationale s’étant rendus coupables de faits portant atteinte à la réputation du service public ».

    L’arrêt en question avait annulé la décision d’une cour administrative d’appel qui était revenue sur une décision de révocation d’un enseignant. Il s’agissait d’un professeur de Montceau-les -Mines coupable et condamné avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs de quinze ans. Pour chasser cet enseignant du métier , le Conseil d’Etat a argué de « l’exigence d’exemplarité et d’irréprochabilité qui incombe aux enseignants dans leurs relations avec des mineurs, y compris en dehors du service » et de l’importance de l’atteinte portée « à la réputation du service public de l’éducation nationale ainsi qu’au lien de confiance qui doit unir les enfants et leurs parents aux enseignants du service ».

    Faire taire les profs sur les réseaux sociaux

    Exploitant cette affaire très particulière, le projet de loi Blanquer exploite cet arrêt dans un tout autre domaine. Il ne s’agit plus de délinquant sexuel condamné mais de n’importe quel prof. Il ne s’agit plus de la violation perverse de la relation pédagogique mais du lien d’obéissance au ministre. En s’appuyant sur cet article et cette évocation de la confiance, le ministre veut pouvoir sanctionner ce qu’il n’arrive pas à punir actuellement.

    L’étude d’impact donne des exemples. « Il en ira par exemple ainsi lorsque des personnels de la communauté éducative chercheront à dénigrer auprès du public par des propos gravement mensongers ou diffamatoires leurs collègues et de manière générale l’institution scolaire. Ces dispositions pourront également être utilement invoquées par l’administration dans les cas de violences contre les personnels de la communauté éducative ou d’atteintes au droit au respect de leur vie privée, notamment par le biais de publications sur des réseaux sociaux ».

    La confiance c’est la soumission

    Ainsi toute critique portée par un enseignant sur l’institution pourrait être légalement sanctionnée par une #révocation. Ce que poursuit le ministre c’est la généralisation du #devoir_de_réserve qui concerne aujourd’hui les seuls cadres du système éducatif ou des cas bien particuliers. Les violences tout comme la diffamation sont déjà punis par la loi. Le devoir de réserve peut être invoqué pour des enseignants qui feraient campagne contre l’institution (et non contre un responsable politique). Or la liberté de parole des enseignants est nécessaire à l’exercice du métier. Ils doivent éthiquement privilégier l’intérêt de l’élève avant celui de l’institution. Ils doivent pouvoir exercer librement un droit de critique sur le fonctionnement de l’institution. Celle-ci d’ailleurs le leur demande quand il s’agit des programmes par exemple.

    On mesure le glissement que permettrait le passage de cet article. JM Blanquer inscrit cet article pour permettre une systématisation des #sanctions et faire en sorte que les #enseignants se taisent, notamment sur les réseaux sociaux, dernier espace de #liberté.

    Cet article autoritaire, qui ferait des enseignants une catégorie spéciale de sous-fonctionnaires, montre à quel point le mot confiance est un piège. Si, pour Orwell, « la liberté c’est l’esclavage », pour l’auteur de ce projet de loi, la confiance c’est la #soumission.

    François Jarraud


    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/12/12122018Article636801966942543096.aspx
    #censure #éducation #France #réseaux_sociaux #école

    • https://dijoncter.info/?un-fonctionnaire-ca-ferme-sa-gueule-ou-ca-demissionne-828

      Imaginons qu’un professeur soit amené avec sa collègue enseignant l’allemand, à encadrer une sortie d’élèves, pour étudier au cinéma le film intitulé" Le jeune Karl Marx" ; très vite, il serait amené à évoquer la liberté d’expression, censée être garantie constitutionnellement : l’œuvre s’ouvre en effet sur cette scène insolite où le philosophe et économiste est interpellé par la police d’État alors qu’il se trouve en plein comité de rédaction, le seul crime qu’il est censé avoir commis étant d’avoir participé à un journal contestataire. Cela provoquait l’ire du roi de Prusse.
      Un an plus tard, en 2019, la réalité rejoint la fiction : ce même enseignant prend connaissance de la convocation de Sophie Carrouge pour crime de lèse-majesté (une tribune somme toute inoffensive à l’encontre du président-mandaté du moment). Il apprend aussi - dans les mêmes jours, d’ailleurs - que son ministère a prévu de nouvelles mesures statutaires lui imposant un bâillon à lui ainsi qu’aux milliers d’autres enseignants, sous couvert de renforcement de leur « devoir de réserve » . Sommes nous dans une république bananière ? Dans la Tunisie de Ben Ali ? Non, en France en 2019, où il apparaît légitime de remettre en cause, en toute décontraction, des droits constitutionnels, au nom d’un contrat de travail avec le meilleur des employeurs : l’État.
      Le voilà, par la force de décrets ministériels, dans une situation de sujétion accrue qu’on déguisera au mieux en loyauté à l’égard de la République, au pire en ce qu’on nommera, ce qui ne manque pas de sel ni d’ironie, une « école de la confiance ». (c’est le nom du projet de loi comportant le bâillon en question).
      Pour peu qu’il se rende au Panthéon avec ses élèves, devra-t-il encore rendre hommage à Voltaire ou à quelque autre incitateur de révoltes, qui se sont illustrés contre des institutions vermoulues à l’autoritarisme grossier ? Devrait-on souhaiter, que l’enseignant, comme n’importe quel militaire ou gendarme soumis à sa hiérarchie, soit coopté et jugés honorable que s’il est un fonctionnaire inféodé à tel ou tel gouvernement de passage ? Celui du moment perd chaque jour davantage en crédibilité et légitimité (pour ne rien dire de sa cote de séduction, en chute libre), se crispant toujours davantage sur ses pouvoirs régaliens ; où en est-il, en cherchant à faire taire le moindre professeur de province rédigeant quelques lignes sur un site à la fréquentation confidentielle ? Se met-il sérieusement en tête de traquer quelque « ennemi intérieur » ? Le porte-parole du gouvernement de passage, affolé - et opportuniste - va même jusqu’à qualifier les mouvements de résistance actuels d’ entreprises « factieuses ».

      La liste des « factieux »

      Sont ainsi stigmatisés tous les opposants à la verticalité problématique de la cinquième république désirée par De Gaulle, s’imposant toujours à nous alors qu’elle n’a de cesse de démontrer les excès de l’exécutif : elle à chaque fois chaque fois instrumentalisée par le roitelet du moment (pour cinq ans), lequel est relayé par le moindre de ses petits clones locaux dans chaque institution, chacun se faisant alors une gloire d’être la courroie de transmission de l’insanité d’en haut.
      Seront alors décrétés « Factieux » tous ceux qui osent prendre la parole ou agir hors de la mise-au -pas de la mise « en marche » : ceux qui viennent au secours des sans-papiers, les citoyens qui s’engagent dans une contestation actives, ceux qui alertent l’opinion publique des démolitions programmées des services publics par les réformes qu’on fait passer à coups de matraques, ceux qui remettent en question la dégradation systématique et organisée des services publics (organisée par ceux qui veulent les démanteler pour mieux les vendre aux copains et coquins du privé), et même désormais ceux qui défendent leurs propres élèves contre les algorithmes aveugles ou les matraques sus-citées.
      « Factieux », ceux qui s’indignent de l’annulation de l’ISF, ou du fait qu’on leur tire dessus à bout-portant avec des flash-balls, sans sommation.
      « Factieux » tous ceux qui méprisent la start-up nation et la considèrent aussi has been que Giscard.
      « Factieux » tous ceux qui défendent le véritable esprit républicain et démocratique, qui ne se limitera certes pas à un malheureux vote de barrage dont certains se sont fendus pour éviter Le Pen. Ceux qui réclament des référendums d’initiative populaire, voire une constituante, pour une sixième République : « Factieux. »
      Cela commence à en faire beaucoup, de factieux, beaucoup de citoyens qui prennent encore la parole. Il va falloir recruter encore davantage au ministère de l’intérieur, à défaut d’augmenter le nombre de professeurs, lesquels auraient l’heur d’enseigner la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 qui consacre la liberté d’expression comme un droit imprescriptible, l’article 11 dispose : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi". Les enseignants doivent-ils être traités tels des parias de la République au point qu’ils devraient s’acquitter d’une allégeance absolue à tel chef temporaire de l’exécutif et ses divers valets-exécutants zélés dans tels obscurs bureaux ? Entendu que le devoir de réserve en classe favorise l’auto-détermination de l’élève, sans la biaiser ou la fausser, est-ce à dire que le citoyen qu’est d’abord le professeur, doit désormais s’interdire toute prise de position sociale, éthique, syndicale ou politique hors de ses heures de cours ? Les intimidations feutrées prononcées à l’encontre de Sophie Carrouge doivent alerter tous les citoyens.

      La liberté de la fermer

      Le libéralisme économique cherchant à tout s’assujettir – jusqu’aux institutions de la République, même le temps de mandats – est tout de même bien tenté de s’accommoder , ce qu’il fait du reste de plus en plus, d’une dérive autoritaire, de moins en moins temporaire– l’état d’urgence théorisé par le nazi Carl Schmitt pouvant à l’occasion être fort utile pour faire taire toutes les voix discordantes. Mais bien plus retorses qu’une censure par trop directe, les propensions à susciter de l’auto-censure s’imposent discrètement, par les divers raffinements de l’intimidation, les assignations administratives, le recours à toutes les chaînes de commandement ou à toute autre injonction symbolique ; le tout s’autorisant à peu de frais de grands noms ronflants : on ose évoquer « la démocratie » (même si on l’a rabougrie au seul rite masochiste du vote), tout en évoquant bien entendu la nécessité de l’ « ordre » et de la « sécurité » - - ce qui ne manque pas de s’accorder, sans trop de peine, de fait, avec un discours échevelé sur les libertés civiques, notamment celle d’expression - elle pourra à l’occasion permettre de prendre la défense des « journalistes » de BFM.
      De toute manière, Michel Foucault le relevait déjà dans un texte ironisant à l’encontre de ceux qui ne détectent pas les subtilités prises par les formes de contrôle modernes : « il faut se faire une représentation bien inversée du pouvoir pour croire que nous parlent de liberté toutes ces voix qui, depuis tant de temps, dans notre civilisation, ressassent la formidable injonction d’avoir à dire ce qu’on est, ce qu’on a fait, ce dont on se souvient et ce qu’on a oublié, ce qu’on cache et ce qui se cache, ce à quoi on ne pense pas et ce qu’on pense ne pas penser. Immense ouvrage auquel l’Occident a plié des générations pour produire ‑ pendant que d’au­tres formes de travail assuraient l’accumulation du capi­tal – l’assujettissement des hommes ».
      L’accumulation du capital, lui, en effet, se porte bien. Par contre, la question de savoir si nous pouvons encore nous exprimer librement se pose de nouveau avec acuité, à l’heure où des agents de l’État voient leurs droits constitutionnels mis en danger par leurs tutelles administratives et managériales. Nous sommes bel et bien à l’époque du fichage des manifestants, des arrestations préventives sans fondement juridique, de la violence physique opposée aux lycéens contestataires qui prendraient un peu conscience de ce qui les attend, et de l’utilisation des leviers institutionnels pour procéder à des intimidations à l’encontre de tout citoyen un tant soit peu engagé.
      Il semblerait que la seule liberté d’expression qui soit alors concédée consisterait à laisser des avis sur Tripadvisor ou tel ou tel produit chez Amazon ; et encore, peut-être cela devra-t-il fait sous pseudo ? Que de tristes sires se livrent par ailleurs à des insultes racistes ou à d’autres tombereaux d’immondices fascisantes sur le net - cela semble par contre largement toléré, bien davantage, du moins, que les manifestations citoyennes récentes qui ont le heur de tancer le statu quo néo-libéral. Il sera loisible de les faire passer pour des ennemis internes du pacte républicain- - comme si ceux qui entraient en insurrection contre la véritable république française n’étaient pas tous ceux qui se cachent derrière leurs fonctions administratives ou leurs insignes pour se mettre au service de l’oligarchie démantelant les services publics de ce pays. Qu’une clique arguant de son mandat pour procurer des cadeaux fiscaux trouve en effet dans son sillage tout un ensemble d’opportunistes n’est pas si étonnant ; que ceux-ci profitent à ce point de l’aubaine pour renforcer encore la dérive managériale hiérarchique autrefois constatée chez France Télécom et La Poste, cela suscite d’abord notre étonnement, puis tout simplement notre mépris. Nous retournons enseigner Voltaire, Marx et Beaumarchais à nos élèves, en essayant de ne pas mourir de honte à la place de tous ceux qui n’en éprouvent plus depuis longtemps (de la honte).

    • #Loi_sur_l’école : les débats se déportent un peu plus sur la droite

      L’examen du projet de loi « pour une #école_de_la_confiance », porté par le ministre de l’éducation nationale, a débuté le 11 février. La tonalité conservatrice des débats sur l’#uniforme, le #drapeau ou la restriction de la #liberté_d’expression des enseignants est manifeste.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/loi-sur-l-ecole-les-debats-se-deportent-un-peu-plus-sur-la-droite?onglet=f

  • Agenda du Libre pour la semaine 50 de l’année 2018
    https://linuxfr.org/news/agenda-du-libre-pour-la-semaine-50-de-l-annee-2018

    Calendrier web, regroupant des événements liés au Libre (logiciel, salon, atelier, install party, conférence), annoncés par leurs organisateurs. Voici un récapitulatif de la semaine à venir. Le détail de chacun de ces 45 événements (1 en Belgique, 42 en France, 0 au Luxembourg, 2 au Québec, 0 en Suisse et 0 en Tunisie) est en seconde partie de dépêche. lien n°1 : Aprillien n°2 : Agenda du Libre (Belgique, France, Luxembourg, Suisse et Tunisie)lien n°3 : Carte des événementslien n°4 : Proposer un événementlien n°5 : Annuaire des organisationslien n°6 : Agenda de la semaine précédentelien n°7 : Agenda du Libre QuébecSommaire

    [FR Paris] Sécurité informatique à base d’outils libres (formation) - Du lundi 10 décembre 2018 à 09h30 au mardi 11 décembre 2018 à 18h00.

    [FR Montpellier] Wikipermanence - Le lundi 10 décembre (...)

  • Sophie Wahnich : « La structure des mobilisations actuelles correspond à celle des sans-culottes », entretien avec Joseph Confavreux, Mediapart

    L’historienne Sophie Wahnich confronte la période actuelle avec la Révolution française, de La Marseillaise au portrait de Macron en Louis XVI : parallèles possibles, comparaisons outrées et potentialités à l’œuvre.

    Sophie Wahnich est historienne, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la Révolution française, à laquelle elle a consacré de nombreux livres, le dernier étant La Révolution française n’est pas un mythe, qui vient de paraître aux éditions Klincksieck. Dans cet ouvrage, elle poursuit la réflexion déjà à l’œuvre dans son précédent ouvrage, L’Intelligence politique de la Révolution française (Textuel, 2012), où elle jugeait qu’il ne fallait pas aller puiser dans le passé des « modèles », mais plutôt des « lumières », afin de transmettre « un esprit et des outils plus que des modèles ».
    Pour Mediapart, elle confronte les mobilisations actuelles, où La Marseillaise ne cesse d’être chantée et la référence à 1789 est assumée, avec la période révolutionnaire. Entretien.

    Comment une historienne de la Révolution française regarde-t-elle ce qui est train de se passer en France ?

    Sophie Wahnich : La scénographie qui se déploie ressemble sans doute davantage aux #séditions décrites en son temps par Machiavel dans les Discorsi qu’aux émeutes révolutionnaires dont le projet politique, même immanent, est sans doute plus clarifié. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de potentialités révolutionnaires dans ce qui se passe, d’autant que les raisons desdites séditions sont à chercher du côté d’une sorte de lutte de classe entre popolo minuto et popolo grosso et qu’elles sont déclenchées par les excès du popolo grosso, des grands.
    « Le plus souvent, nous dit Machiavel, les troubles sont causés par les possédants, parce que la peur de perdre engendre chez eux la même envie que chez ceux qui désirent acquérir. En effet, les hommes ne croient pas posséder en toute sécurité s’ils n’augmentent pas ce qu’ils ont. En outre, possédant déjà beaucoup, ils peuvent plus violemment et plus puissamment susciter des troubles. » À force de vouloir toujours dominer davantage et accumuler davantage et ainsi appauvrir et exaspérer le petit peuple qui, lui, veut simplement vivre dignement.

    Car selon Machiavel « le peuple désire n’être ni commandé ni opprimé par les grands, tandis que les grands désirent commander et opprimer le peuple ». Si, pour lui, tous les hommes sont « méchants », ils ne le sont donc pas à parts égales. Les grands ou la noblesse le sont par nature bien davantage que les autres car leur désir vise leur bien particulier tandis que le désir du peuple vise par nécessité un « bien » universel – la liberté de tous identifiée à leur sécurité.
    Cette dissymétrie des désirs n’est de fait pas réductible à un antagonisme ordinaire, à un simple conflit d’intérêts, ce qui s’y joue à chaque fois, c’est la possibilité d’inventer une conception de la liberté comme non-domination. Et cela, oui, a des potentialités révolutionnaires.

    Mais les données structurelles entre la période actuelle et la période révolutionnaire ne sont pas les mêmes. Entre la fin du XVIIe siècle et 1789 existe un processus d’élaboration de la liberté, une critique de l’autoritarisme, une acculturation aux Lumières qu’on retrouve aussi bien dans les couches populaires, avec les idées véhiculées dans les almanachs et les encyclopédies populaires, que dans les cercles lettrés qui fréquentent les académies et les salons.

    Le moment actuel paraît plus ambivalent. Bien sûr, les gens sont éduqués, et les lieux d’éducation populaire se sont multipliés, mais ils ne sont pas tous outillés de la même manière, les buzz sur les réseaux sociaux et la téléréalité ne préparent pas à résister à l’air du temps délétère, mais encouragent à se manifester.

    Le sentiment que nous avons d’une grande hétérogénéité politique du mouvement vient sans doute de là. Il n’y a pas de formation idéologique discursive unifiée, chacun a sa propre grammaire. Dans ce contexte de déréliction, les luttes se mènent dans l’événement et la contre-hégémonie culturelle d’extrême droite est loin d’avoir gagné la partie. C’est une bonne nouvelle d’avoir affaire à des gens « fâchés mais pas fachos ». Même si on voit un effort de l’extrême droite, en Allemagne ou aux Pays-Bas, de ramener les gilets jaunes de ce côté.

    Cela dit, la structure sociologique des mobilisations actuelles est très intéressante car elle correspond à celle des sans-culottes, en plus féminin. On a affaire, aujourd’hui comme hier, à des « hommes faits », pour reprendre l’expression de l’historien Michel Vovelle : des pères de famille, avec un travail, qui ne veulent pas que les générations suivantes vivent plus mal qu’eux. C’était en tant que tels, en tant qu’ils avaient fondé une famille et qu’ils voulaient une vie bonne que les sans-culottes faisaient la révolution.

    Ainsi le journal Le Père Duchesne d’Hébert interrogeait-il : « Braves sans-culottes, pourquoi avez-vous fait la révolution ? N’est-ce pas pour être plus heureux, foutre ? » Il jugeait qu’il « y a trop longtemps que les pauvres bougres de sans-culottes souffrent et tirent la langue. C’est pour être plus heureux, qu’ils ont fait la révolution ». C’est comparable aujourd’hui et, en cela, ce qui se passe en ce moment est très différent des émeutes de 2005 qui réclamaient la fin de l’invisibilisation, le respect et l’inclusion des habitants des banlieues ghettoïsées.

    L’autre point de comparaison, banal mais qu’il faut répéter, c’est l’inégalité de l’assiette de l’impôt. Les gravures de l’époque révolutionnaire montrent des figures populaires écrasées par des nobles et des clercs. Aujourd’hui, ce serait la même chose avec des banquiers ou des actionnaires, et les gouvernants qui les protègent. Le sentiment de commune humanité suppose une égalité devant l’impôt.

    Les gens aujourd’hui sont suffisamment conscients par expérience des dégradations du niveau de vie pour se rendre compte que la facture de l’écologie est inégalement répartie. Et ils refusent non pas la transition écologique, mais le fait que cela pèse inégalement sur les citoyens.

    Le troisième point de comparaison possible serait dans le fait que le pouvoir a été trop loin, et a perdu beaucoup de crédibilité. Avec une configuration particulière à notre époque, qui est que Macron a fait des promesses à droite et à gauche, donc que certains ont cru qu’il ferait une politique de père de famille, et qu’une partie d’entre eux est d’autant plus fâchée qu’il prend les traits d’un tyran.

    On entend aujourd’hui les mots « émeute », voire « insurrection », mais encore peu celui de révolution… Une révolution commence-t-elle toujours par des émeutes ?

    Non. La Révolution française n’a pas commencé par une émeute, mais comme une subversion, si on considère qu’elle débute avec les États généraux. Le 14 juillet, le peuple est dans la rue pour défendre ce qui a lieu de mai à juillet.

    Mais il peut y avoir des apprentissages qui circulent rapidement dans des périodes pré-révolutionnaires. Même si la plupart des gens qui manifestent aujourd’hui n’ont pas participé aux luttes contre la loi sur le travail, même si c’est pour beaucoup la première fois qu’ils manifestent, ils ont pu voir circuler des répertoires et n’arrivent pas dans la rue en toute naïveté.

    « Il n’y a pas de possibilité d’adresse au pouvoir, sinon les manifestations »

    Êtes-vous surprise de la place que tient La Marseillaise dans les mobilisations de ces dernières semaines ?

    Je pense que c’est grâce/à cause du foot. Cela permet d’être ensemble, de chanter à l’unisson, d’être dans la joie du chœur. C’est une manière de produire des effets de foule, au sens traditionnel du terme. C’est un objet qui fait le lien entre chacun et permet à chacun de se sentir plus fort. S’il n’y avait pas le foot, et seulement l’école, les gens ne sauraient pas La Marseillaise et n’en auraient pas un tel usage.

    Mais c’est un usage dialectique. Il se trouve qu’en France, l’hymne national, contrairement à d’autres pays, est aussi un chant révolutionnaire. D’ailleurs, il me semble qu’il ne faut pas entendre les mots de ce chant du XVIIIe siècle avec les cadres d’aujourd’hui. Le fameux « sang impur », à l’époque, désigne la question du sacré et de la liberté qui est sacrée. Le sang impur est ainsi celui de ceux qui refusent la liberté. Peut-être qu’aujourd’hui, certains disent « sang impur » parce qu’ils sont fascistes, mais ce n’est pas le sens initial.
    Ce qui est vrai est que la mobilisation actuelle n’a pas de vision autre que nationale. Elle ne s’intéresse ainsi pas du tout à ce qui s’est passé récemment en Grande-Bretagne, avec le mouvement Extinction Rebellion. Toutefois, même si l’extrême droite est présente dans les manifestations, il y a une hétérogénéité des manifestants qui me paraît, factuellement, contraire à ce que veulent les mouvements d’extrême droite.

    Depuis samedi dernier, existe une focalisation sur la « violence » des manifestations, mais elle semble moins choquer que dans d’autres situations où le niveau de violence semblait pourtant moins fort. Comment l’expliquer ?

    Domine le sentiment que la violence produite dans les mobilisations est une violence retournée. Il y a là quelque chose de révolutionnaire, dans cette manière de retourner la violence subie. Pour que la violence puisse paraître acceptable, voire légitime, aux yeux de beaucoup, il faut qu’il y ait eu beaucoup de retenue avant.

    Ce qui se passe ressemble à la prise des Tuileries, qui ne se situe pas au début de la Révolution française, mais arrive après des tentatives calmes de réclamations en faveur de la justice, après que cela n’a pas marché. Cela crée une forme de violence qui rend quelque peu hagard, parce qu’on sent que c’est inévitable. Cela fait vingt ans qu’on répète que cela ne peut que « péter », donc quand ça pète, on ne peut trouver ça complètement illogique ou illégitime.

    Pendant la Révolution, le citoyen Nicoleau, de la section de la Croix-Rouge, avait défendu l’idée d’un peuple « véritable souverain et législateur suprême » qu’aucune autorité ne pouvait priver du droit d’opiner, de délibérer, de voter et par conséquent de faire connaître par des pétitions le résultat de ses délibérations, les objets et motifs de ses vœux. Il espérait « que les Français ne se trouvent pas dans la fâcheuse nécessité de suivre l’exemple des Romains, et d’user contre les mandataires, non du droit humble et modeste de pétition, qu’on a cherché à leur ravir, mais du droit imposant et terrible de résistance à l’oppression, conformément à l’article 2 de la déclaration des droits ».

    Abbé Grégoire. Paris, BnF, département des estampes, 1801.
    Abbé Grégoire. Paris, BnF, département des estampes, 1801.
    L’abbé Grégoire disait également : « Si vous ôtez au citoyen pauvre le droit de faire des pétitions, vous le détachez de la chose publique, vous l’en rendez même ennemi. Ne pouvant se plaindre par des voies légales, il se livrera à des mouvements tumultueux et mettra son désespoir à la place de la raison… » Nous y sommes.
    En France, il n’y a que le droit de vote et pas de possibilité d’adresse au pouvoir, sinon les manifestations. Macron n’aime pas les corps intermédiaires, mais sans corps intermédiaires le tumulte est vite là.

    Comment comprenez-vous que les références à Mai-68, ou même à la Commune de Paris souvent citée dans les mobilisations contre la loi sur le travail, soient nettement moins présentes que celles à la Révolution française ?

    La Commune demeure une référence du mouvement ouvrier et une référence intellectuelle. Elle intéresse certains groupes mais pas l’universalité des citoyens. Et puis elle n’est pas si joyeuse que cela, parce que la Commune demeure une défaite, tandis que la Révolution française est, au moins partiellement, une vraie victoire. Même si celle-ci n’a pas été totale, la Restauration n’a pas permis de retour à l’Ancien Régime pur et simple, et il est plus agréable de se référer à une victoire qu’à une défaite.

    En outre, les gilets jaunes n’appartiennent pas au mouvement ouvrier, même s’ils peuvent être ouvriers. Beaucoup n’ont jamais manifesté auparavant, ce qui était aussi le cas dans les mobilisations contre Ben Ali en Tunisie.

    Et, contrairement à 1968, l’enjeu n’est pas libertaire, il est familial. En 1968, il s’agissait d’inventer une vie fondée sur d’autres normes. Ici, il s’agit davantage d’une forme de lutte des classes, dans le rapport à l’État plus que dans les usines, qui fait que Mai-68 demeure une référence moins disponible que la Révolution.

    Tout le monde se demande vers quoi on peut se diriger maintenant. Est-ce que l’historienne possède quelques éclaircissements ?

    L’historien peut dire ce qui est nouveau dans le mouvement, faire le « diagnostic du présent », comme disait Michel Foucault, mais son travail n’est pas d’imaginer. Personne ne peut savoir où cela va, même pas ceux qui participent au mouvement. Même s’il est intéressant de voir que les gens assument ce qu’ils font, assument un geste politique et tragique, assument y compris l’impureté, alors que l’état ordinaire de l’époque est de ne plus assumer de gestes politiques.

    Les deux hypothèses actuelles, l’état d’urgence et la dissolution de l’Assemblée, sont toutes deux cohérentes. La première signifierait plus d’autoritarisme. L’autre conduirait à reconnaître que la crise politique est réelle et qu’il faut de nouveaux représentants. Une telle option prendrait alors une vraie dimension révolutionnaire.

    Mais si l’on veut défendre l’ordre néolibéral, il va falloir faire davantage de maintien de cet ordre aujourd’hui contesté, bien que cela semble compliqué, car ce qu’on vit, ce sont aussi les effets de la destruction progressive de l’appareil d’État, le fait qu’il y ait moins de policiers disponibles, et qu’il serait sans doute impossible de tenir en même temps Paris et la province.

    D’autant qu’on voit bien que beaucoup de policiers en ont ras-le-bol, et partagent certaines colères qui s’expriment. Si l’appareil d’État qui a le monopole de la violence est susceptible de basculer du côté des insurgés, c’est vraiment une révolution. On n’en est pas là, mais cela peut aller vite.

    Ce mouvement se place frontalement contre les lieux et symboles du pouvoir, que ce soit avec sa volonté d’atteindre l’Élysée ou de s’en prendre aux emblèmes du capitalisme mondialisé dans les quartiers huppés d’une métropole emblématique. Est-ce un indice du caractère révolutionnaire d’une lutte ?

    Je n’en suis pas certaine. On peut imaginer que l’extrême gauche a ainsi exprimé son anticapitalisme. Mais si on prend du recul, au départ, la mobilisation se fait sur les ronds-points. Aujourd’hui, elle se rapproche des lieux du pouvoir, parce que ce dernier ne répond pas à la colère.

    De ce point de vue, l’incendie de la préfecture du Puy-en-Velay me paraît davantage symptomatique. Elle a été attaquée comme on pouvait, à l’époque révolutionnaire, brûler les châteaux sans vouloir nécessairement tuer les châtelains. Ici, il me semble qu’on s’en prend davantage aux symboles d’un pouvoir républicain qui fabrique des mauvaises lois qu’aux lieux de l’argent.

    #histoire

  • EN TUNISIE, L’EGALITE DEVANT L’HERITAGE ENCOURAGERAIT L’ENTREPRENEURIAT FEMININ (Le Monde Arabe-Mounira ELBOUTI-2018-12-04)

    Aujourd’hui, les Tunisiennes sont considérées comme « non capables d’assurer une succession appropriée », indique un entrepreneur tunisien.

    Fin novembre dernier, le Conseil des ministres adoptait le projet de loi consacrant l’égalité entre les femmes et les hommes devant l’héritage en Tunisie. Et dans la foulée, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, à l’origine de la réforme, le soumettait à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui ne devrait pas se prononcer dessus avant plusieurs mois. L’initiative, une première dans le monde arabe, résulte notamment des recommandations de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE). Qui, en juin dernier, avait estimé que Tunis devait effectuer des réformes substantielles concernant l’égalité entre les sexes et les libertés individuelles dans le pays. Réformes qui, longtemps revendiquées par une partie de la société civile tunisienne, doivent in fine servir à remettre en cause le système patriarcal en Tunisie, largement fondé sur la subordination des femmes.
    Ce n’est pas un hasard si le « berceau » des printemps arabes a décidé de s’emparer le premier du sujet. Le pays accorde bien plus de droit aux femmes que tout autre dans la région, et permet depuis un an aux Tunisiennes de confessions musulmane, d’épouser des hommes non musulmans. Ce qui n’empêche pas une fracture, dans la société, entre les pro et les anti-égalité de genre devant l’héritage. (Le système actuel, fondé sur la loi islamique, permet généralement aux hommes d’hériter du double de ce qu’une femme recevrait.) Face aux vives critiques provenant, notamment, d’Ennahdha – le parti islamiste, qui dispose de 30 % des sièges parlementaires, est le seul à avoir annoncé son opposition au projet de loi -, le président tunisien a assorti son texte de quelques exceptions. Les familles désirant poursuivre sous le régime de la charia étant autorisées à le faire.

    « Dynamisme, prudence et conformité »

    Si l’adoption de la loi est fondamentale pour le droit des femmes – dont les revendications doivent nécessairement s’émanciper de la question de l’ « identité arabo-musulmane » afin d’être traitées sur le terrain des droits humains, nous expliquait Leïla Tauil, chercheure et spécialiste de la question féministe, en octobre dernier -, elle s’avère également très intéressante d’un point de vue économique.
    Au printemps dernier, la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale pour le secteur privé, a publié un rapport, intitulé « Miser sur les femmes en Tunisie », soulignant l’importance des prêts bancaires aux Tunisiennes pour l’économie du pays. Or, lors de l’évaluation d’un projet, les banques ne s’intéressent en général pas à sa qualité ni à celle de l’entrepreneur, mais aux garanties apportés par ce dernier. Et la loi sur l’héritage actuelle, qui réduit de facto l’autonomie économique des femmes, les empêche d’accéder à la propriété – les Tunisiennes ne sont que 12 % à posséder une maison et 14 % un terrain. Difficile, dans ces conditions, d’obtenir un prêt bancaire pour démarrer ou poursuivre une activité entrepreneuriale. Si bien que les femmes, en Tunisie, ne possèdent qu’entre 18 et 23 % des entreprises, selon le rapport de la Société financières internationale. Qui indique également que la différence de crédit combiné, pour les petites sociétés, entre les femmes et les hommes, atteint près de 600 millions de dollars…
    « Bien que la Tunisie dispose des lois les plus progressistes de la région en matière de droits des femmes […] cela ne s’est pas traduit proportionnellement par une participation économique à grande échelle des femmes », pointe du doigt le rapport de la Société financière internationale.
    Un sacré frein au développement de leur business, qui pourrait cependant être un peu plus lâche, si les Tunisiennes obtenaient davantage de biens, et donc de garanties, grâce à… un héritage égalitaire. La Société financière internationale l’a bien compris et incite vivement à accélérer les opportunités financières pour les Tunisiennes – et, globalement, toutes les citoyennes. D’autant plus que les établissements bancaires en sortiraient gagnants. Selon l’enquête de l’organisation internationale, les femmes seraient plus fidèles que les hommes à leur banque, à condition d’être traitées sur un même pied d’égalité et d’y recevoir des services satisfaisants. Sans compter que les entreprises qu’elles gèrent affichent de meilleurs résultats, et « sont connues, en particulier parmi les institutions de micro-finance, pour leur dynamisme, leur prudence et leur conformité ».

    Le paradoxe Ennahdha

    Interrogé sur l’impact de l’égalité entre femmes et hommes devant l’héritage en Tunisie, Wajdi Ben Rjeb, entrepreneur tunisien, estime que la loi donnerait « un coup de pouce au leadership féminin, par le biais de l’entrepreneuriat ou de la succession ». Aujourd’hui, explique-t-il, les femmes, souvent considérées comme « non prioritaires ou non capables d’assurer une succession appropriée », se voient attribuer « un héritage moins intéressant que leurs frères, aussi bien en terme de valeur que de potentiel ». Ce qui explique qu’il y a « peu de femmes aux commandes des entreprises familiales tunisiennes ayant passé le cap de la 2ème génération », dirigées plutôt par les fils. Un tropisme qui pourrait s’équilibrer avec la loi sur l’héritage, qui, selon Wajdi Ben Rjeb, « va apporter une égalité des chances en matière de succession et encouragera l’accès des femmes aux postes de haute direction et aux conseils d’administration des entreprises familiales. »
    Car cela n’est pas encore assez le cas. D’après l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), qui a publié en mars dernier un rapport sur l’économie tunisienne, en termes d’emplois, « les disparités hommes-femmes sont moins importantes que dans les autres pays MENA [Moyen-Orient et Afrique du Nord, ndlr] mais le taux d’emploi est bien plus faible pour les femmes que pour les hommes et les femmes occupent souvent des emplois moins qualifiés. » Et si les autorités tunisiennes, qui composent avec une embellie économique, veulent rendre la croissance davantage inclusive, elles doivent « favoriser le recrutement des femmes par des campagnes de sensibilisation sur les conséquences des choix éducatifs et de la formation sur les possibilités d’emploi et d’entrepreneuriat », estime l’OCDE.
    A charge pour Tunis, si la loi est adoptée à l’ARP, de faire progresser la notion d’entrepreneuriat féminin, en multipliant ainsi les initiatives éducatives pour aider les Tunisiennes à comprendre comment tirer parti de leurs nouveaux droits et atouts. Les débats, en raison des postures conservatrices d’une partie des politiques, promettent d’être mouvementés. Mais « le Parlement devrait adopter ce projet de loi et réaffirmer la place de la Tunisie comme leader régional dans le démantèlement de la discrimination juridique fondée sur le sexe », a déclaré Ahmed Benchemsi, directeur de la communication et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord chez Human Rights Watch. Ce dernier de noter toutefois le paradoxe Ennahdha, luttant « contre l’égalité dans les lois relatives aux successions, alors que le parti a soutenu d’autres réformes en faveur des droits de femmes. » Réponse dans quelques mois.

  • À propos de la révolution citoyenne des gilets jaunes | Jean-Luc Mélenchon
    https://melenchon.fr/2018/12/02/a-propos-de-la-revolution-citoyenne-des-gilets-jaunes

    De cela je vois un signal clair : la présence en force des femmes dans le processus actuel. Les femmes en action sont toutes dans des logiques de survie. Raison pour laquelle, le plus souvent elles ne peuvent participer aux actions protestataires. Surtout quand elles paraissent vaines et purement symboliques. Dès lors, leur présence en force dans l’action porte un message irrépressible : la logique de survie passe par l’action. Et l’engagement alors prend une exigence d’efficacité et de résultat immédiat qui sont des bombes sous les trônes. Ce qu’ont connu Louis XVI, le tsar Nicolas II et Ben Ali en Tunisie récemment quand les femmes en entrant dans l’action ont abattu leur pouvoir. Ce que nous voyons y ressemble.

  • Sur le mouvement des #Gilets_jaunes - Temps critiques
    http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article386

    La perte de légitimité de l’État-nation

    2 À partir de la fin des années 1970, les restruc­tu­ra­tions indus­triel­les et le pro­ces­sus de glo­ba­li­sa­tion/ mon­dia­li­sa­tion s’enclen­chent alors, dans ce qui n’est pas pour nous une contre-révolu­tion (il n’y a pas vrai­ment eu révolu­tion), mais une révolu­tion du capi­tal. Elle s’initie puis prospère sur les limi­tes du der­nier cycle de lutte de clas­ses et épuise la dyna­mi­que his­to­ri­que de l’égalité portée par l’idéologie uni­ver­sa­liste de la première bour­geoi­sie sou­te­nue par la classe ouvrière au sein de l’État-nation. Désor­mais l’équité rem­place l’égalité, la lutte contre les dis­cri­mi­na­tions rem­place la lutte contre les inégalités

    3 Des formes précapi­ta­lis­tes de rap­ports sociaux subor­donnés réémer­gent alors : les rela­tions socia­les (« le piston »), l’hérédité sociale, repren­nent de l’impor­tance à l’intérieur même du pro­ces­sus démocra­ti­que comme le montre la situa­tion dans l’éduca­tion où de plus en plus d’élèves entrent dans le cycle supérieur sans que le pour­cen­tage d’enfants d’ouvriers s’élèvent pour autant ; comme le montre aussi une aug­men­ta­tion des taxes qui, dans le système redis­tri­bu­tif français où 50 % de la popu­la­tion ne paie pas d’impôt sur le revenu, est la façon la plus directe de faire contri­buer les pau­vres, comme sous l’Ancien régime fina­le­ment. Toutes ces mesu­res sont à la racine de la révolte fis­cale actuelle. C’est d’autant plus injuste que contrai­re­ment à ce qui se dit sou­vent sur la part res­pec­tive de chacun à la pol­lu­tion, ce ne sont pas les moins aisés qui pol­lue­raient le plus (on accuse l’auto­mo­bile et le diesel), mais les plus riches. Tout cela est posé en termes indi­vi­duels comme si cela était du res­sort de chacun et non pas du rap­port social capi­ta­liste dans son ensem­ble. 

    4 D’après des sta­tis­ti­ques3 récentes, un cadre supérieur sera beau­coup plus pol­lueur et aura une empreinte car­bone supérieure (à cause sur­tout de ses loi­sirs supérieurs et des dépenses en essence bien supérieu­res, en valeur abso­lue, à un ouvrier ou une aide-soi­gnante, mais sa dépense en essence représen­tera une part pro­por­tion­nelle bien moins impor­tante de son budget en valeur rela­tive. Statistiquement en France, les 10 % les plus riches émet­tent quatre fois plus d’empreinte car­bone que les 50 % les plus pau­vres donc chaque foyer des 10 % des plus riches émet­tent vingt fois plus que les plus pau­vres alors que le mode de vie des plus riches (avions, gros­ses voi­tu­res, 4x4) est non seu­le­ment préservé, mais en voie de démocra­ti­sa­tion avec crédit et voya­ges low cost4. Ces données s’ins­cri­vent en faux contre l’image donnée des Gilets jaunes comme de gros beaufs pol­lueurs. Certes, ils accor­dent sûrement moins d’atten­tion idéolo­gi­que à l’écolo­gie que les cadres ou pro­fes­sions intel­lec­tuel­les, mais leurs pra­ti­ques sont moins contra­dic­toi­res que les leurs.

    5 L’aug­men­ta­tion de la CSG avait déjà eu cet effet de taxa­tion de tous (pau­vres comme retraités), mais comme toutes les taxes, elle est pro­por­tion­nelle et non pas pro­gres­sive avec donc elle n’a aucun caractère redis­tri­bu­tif, bien au contraire puis­que cer­tai­nes taxes tou­chent des pro­duits qui représen­tent une plus grande part du budget des famil­les en dif­fi­culté que des famil­les riches (c’est par exem­ple le cas de la TVA). Il ne faut donc pas s’étonner de voir des petits retraités dont beau­coup vivent mal le paie­ment de la CSG, être très actifs sur les bar­ra­ges, d’autant qu’ils ont le temps dis­po­ni­ble pour eux. C’est donc la fonc­tion sociale de l’impôt qui est remise en ques­tion du fait du sen­ti­ment de déclin des ser­vi­ces publics de proxi­mité au profit de leur contrac­tua­li­sa­tion (pres­ta­tions-clients, numérisa­tion) par­ti­culièrement évidente en ce qui concerne la SNCF, ce qui pro­duit une réaction indi­vi­duelle face à l’impôt fai­sant la balance entre ce qui est payé et ce qui est reçu. Toute soli­da­rité, même abs­traite, s’efface devant des réflexes indi­vi­dua­lis­tes qui se por­te­ront faci­le­ment vers et sur des boucs émis­sai­res.

    6 Si toute aug­men­ta­tion des prix sur des pro­duits de consom­ma­tion cou­rante a ten­dance à plus tou­cher les ménages à petit budget, les indi­vi­dus réagis­sent en général moins à ces mou­ve­ments de prix qui leur appa­rais­sent comme quasi natu­rels, au moins dans les pays capi­ta­lis­tes développés. Néanmoins, de plus en plus de prix leur appa­rais­sent comme des prix arti­fi­ciels soit parce qu’ils sont admi­nistrés par l’État et subis comme des prix poli­ti­ques entraînant une aug­men­ta­tion des dépenses contrain­tes, soit comme des prix de mono­pole imposés par les firmes mul­ti­na­tio­na­les et la grande dis­tri­bu­tion. Mais, hormis dans les DOM-TOM et encore aujourd’hui à la Réunion, ces prix sont rare­ment attaqués de front dans des émeutes popu­lai­res qui exis­tent pour­tant dans les pays pau­vres (Tunisie, Égypte). Il n’y a pas d’émeutes de la faim dans des pays comme la France et la lutte contre les prix s’avère indi­recte dans le cadre d’une lutte contre les aug­men­ta­tions de taxes qui appa­rais­sent sou­vent incompréhen­si­bles, du moins en France, vu le prin­cipe de non-affec­ta­tion. Il n’en faut donc pas plus pour que les Gilets jaunes et leurs sou­tiens refu­sent une taxa­tion soi-disant « verte » qui en fait ren­floue la caisse glo­bale de l’État qui ensuite seu­le­ment procède aux arbi­tra­ges budgétaires5. Question sociale et ques­tion envi­ron­ne­men­tale res­tent donc séparées, même si elles sont reconnues comme légiti­mes, car beau­coup de présents sur les bar­ra­ges ou dans les mani­fes­ta­tions refu­sent l’image de « beauf » qui leur a été collée et qu’ils res­sen­tent comme un mépris de caste si ce n’est de classe. Il n’empêche que la phrase énoncée dans les ras­sem­ble­ments : « Les élites par­lent de la fin du monde quand nous par­lons de fin du mois » est peut être la plus forte enten­due parce qu’elle consa­cre cette ten­sion.

    7 La révolte contre l’impôt ou les taxes ne peut donc être assi­milée au refus pur et simple exprimé par de nom­breu­ses cou­ches supérieu­res, pro­fes­sions libérales et autres petits patrons crou­lant sous les char­ges socia­les.

    8 D’où aussi des contes­ta­tions contre les nou­veaux « privilèges », et contre la paupérisa­tion de la vie quo­ti­dienne. Un autre argu­ment joue en faveur de cette thèse d’un soulèvement du peuple fédéré : la carte des révoltes et des soulèvements des Fédérés de l’été 17936 cor­res­pond assez bien à la carte des régions où les blo­ca­ges et les actions des Gilets jaunes sont les plus forts. Mais, là encore, la spécifi­cité de l’État français et de son cen­tra­lisme qui per­dure malgré la crise générale de la forme État-nation, empêche cette révolte de suivre la ten­ta­tion ita­lienne ou espa­gnole de l’auto­no­mie (Padanie) ou de l’indépen­dance (Catalogne) ou encore de la séces­sion européenne comme avec le Brexit7. Il n’empêche que le redéploie­ment de l’État-nation en État-réseau ne se fait pas d’un coup de baguette magi­que. La contra­dic­tion entre le ver­ti­ca­lisme cen­tra­liste de ce qui per­dure d’État-nation dans la ges­tion des rap­ports sociaux se heurte à la forme décen­tra­lisée que prend l’aménage­ment des ter­ri­toi­res. Une forme qui privilégie le dévelop­pe­ment des métro­po­les au détri­ment des villes peti­tes et moyen­nes qui se trou­vent dans le dilemme inso­lu­ble d’avoir à pren­dre plus de choses en charge avec moins de moyens. D’où le mou­ve­ment de démis­sions des maires qui se pro­duit aujourd’hui et un sen­ti­ment de solde pour tout compte qui fait resur­gir un « Peuple » qui n’a pas attendu Marine Le Pen où Mélen­chon et leur notion de « peuple cen­tral » pour être affirmé. Une notion qu’on retrou­vait déjà chez Arlette Laguiller dont on se moquait de la for­mule plus popu­laire que prolétarienne : « tra­vailleu­ses, tra­vailleurs, on vous exploite, on vous spolie8 » et qui semble assez proche de la per­cep­tion actuelle de beau­coup de mani­fes­tants qui ont à la fois l’impres­sion d’être exploités (chômage, CDD, allon­ge­ment des temps de trans­port) et spoliés par des taxes qui por­tent en soi l’injus­tice dans la mesure où elles tou­chent pro­por­tion­nel­le­ment davan­tage les pau­vres que les riches. C’est parce qu’ils sont arrivés à une grande connais­sance intui­tive de cette situa­tion d’exploi­ta­tion (qui ne passe pas par la case « cons­cience de classe ») que la radi­ca­li­sa­tion du méconten­te­ment n’épouse pas les formes d’orga­ni­sa­tion tra­di­tion­nel­les (par exem­ple syn­di­ca­les) et diffère dans sa com­po­si­tion sociale. Mais pour­quoi s’en étonner quand les restruc­tu­ra­tions du capi­tal ont liquidé les ancien­nes for­te­res­ses ouvrières et qu’on est bien loin de l’époque où domi­nait la figure de l’ouvrier-masse de Renault ou de Fiat. L’ouvrier de petite entre­prise, du bâtiment, des ser­vi­ces, l’employé du Mac Do trou­vent à cette occa­sion un lieu d’expres­sion de la révolte qui a du mal a existé sur des lieux de tra­vail frac­turés où les col­lec­tifs de tra­vail pei­nent à s’agréger. L’ancrage local des points de fixa­tion ren­force cette pos­si­bi­lité de ras­sem­ble­ment, hors des cadres struc­turés et ins­ti­tu­tion­na­lisés. Cette connais­sance intui­tive s’appuie sur le fait que la crois­sance des reve­nus en valeur abso­lue qui apparaît dans les sta­tis­ti­ques et qui est répercutée par les médias entre en contra­dic­tion avec une baisse du pou­voir d’achat à cause de l’aug­men­ta­tion des dépenses contrain­tes (char­ges fixes). Mais cette connais­sance intui­tive n’est pas sans matérialité objec­tive. En effet, si ce sont les habi­tants des régions rura­les et périur­bai­nes qui ont ten­dance à mani­fes­ter c’est aussi en rap­port avec un budget dédié à la « cohésion ter­ri­to­riale » qui vient d’être amputé de 1,4 Mds d’euros.

    9 Il y a conjonc­tion entre trois éléments, un « ça suffit » qui ne vise pas seu­le­ment Macron, comme avec le « Dix ans ça suffit » contre de Gaulle, en Mai-68, mais l’ensem­ble du corps poli­ti­que ; une exi­gence d’égalité, de jus­tice et de fra­ter­nité, même si on ne sait pas bien jusqu’où s’étend cette dernière, devant des rap­ports sociaux dont la dureté ne semble plus com­pensée par les acquis sociaux des années 1960-1970 et l’air de grande liberté (“libération”) qui l’accom­pa­gnait ; enfin des condi­tions matériel­les de vie sou­vent dif­fi­ci­les eu égard aux stan­dards en cours dans une société capi­ta­liste avancée.
    La soudaineté de l’événement

    10 Ce mou­ve­ment échappe aussi aux divers cor­po­ra­tis­mes qui ont pu être à la base d’autres mou­ve­ments plus anciens sou­vent désignés comme « inclas­sa­bles » comme l’était celui de Poujade (rat­taché aux commerçants et arti­sans avec l’UDCA9). La preuve en est qu’alors que les syn­di­cats de taxis et des trans­ports rou­tiers (FNTR) res­tent à l’écart ou même condam­nent le mou­ve­ment (la FNTR demande au gou­ver­ne­ment de dégager les routes !) puis­que ce sont des orga­ni­sa­tions qui ont négocié et obtenu quel­ques avan­ta­ges, de nom­breux rou­tiers et des chauf­feurs Uber sont aperçus sur les blo­ca­ges. Les rou­tiers jouant d’ailleurs sou­vent au « bloqué-blo­queur » et conseillant par­fois les novi­ces du blo­cage à déter­mi­ner les bons objec­tifs comme les dépôts d’essence (cf. Feyzin dans le Rhône, Fos-sur-Mer ou Brest). De la même façon, cer­tains s’aperçoivent que les blo­ca­ges des grands axes ont des réper­cus­sions sur l’appro­vi­sion­ne­ment en pièces pour les gran­des entre­pri­ses qui sous-trai­tent au maxi­mum. Ainsi, l’usine Peugeot de Montbéliard s’est retrouvée momen­tanément à l’arrêt.

    11 On assiste bien là à un sur­gis­se­ment événemen­tiel qui se situe en dehors des habi­tuel­les conver­gen­ces ou appels à conver­gence des luttes socia­les tra­di­tion­nel­les, parce qu’il pose, dans l’immédiateté de son expres­sion directe sa capa­cité à faire ras­sem­ble­ment10 en mêlant à la fois le caractère « bon enfant » et une grande déter­mi­na­tion. Il faut dire que beau­coup de mani­fes­tants en sont à leur première mani­fes­ta­tion. Ils s’éton­nent, naïvement de l’écart entre les enga­ge­ments for­mels à par­ti­ci­per qui pleu­vent sur les réseaux sociaux et le nombre rela­ti­ve­ment res­treint des présents sur les bar­ra­ges et aux mani­fes­ta­tions. Le fait de les inter­ro­ger sur leur absence ou indifférence aux mani­fes­ta­tions de ces dernières années les inter­lo­quent, mais ne les aga­cent pas tant ils ont l’impres­sion d’un dévoi­le­ment sou­dain, d’être à l’ori­gine de quel­que chose de nou­veau. Certains res­sen­tent bien la contra­dic­tion entre d’un côté le fait de rester calme et en même temps la nécessité de rester décidés et déterminés dans une ambiance qui ne peut tour­ner qu’à la confron­ta­tion (deux morts, 500 blessés, dont une ving­taine de graves, y com­pris chez un com­man­dant de police11) si ce n’est à l’affron­te­ment vio­lent (le 24 novem­bre à Paris). Il s’en suit un chan­ge­ment de posi­tion pro­gres­sif vis-à-vis des forces de l’ordre qui passe par­fois de la compréhen­sion mutuelle à l’invec­tive ren­forcée par le fait que le mou­ve­ment ne cher­che pas d’abord et avant tout à négocier et ne déclare pas ses points de blo­cage, qu’il développe des moyens de com­mu­ni­ca­tion par réseau et des moyens d’action qui sont plus ceux des asso­cia­tions que des grou­pes poli­ti­ques ou syn­di­cats (les « flash­mob12 », par exem­ple). De la même façon qu’une ligne de par­tage de classe ne par­court pas le mou­ve­ment (nous y revien­drons), les tenants de la ligne amis/enne­mis, comme ceux de la ligne droite/gauche en seront pour leur frais. Certains s’essaient à des varian­tes comme « la France d’en bas contre la France d’en haut » ou, plus ori­gi­nal, comme D. Cormand, secrétaire natio­nal d’Europe-écolo­gie-les-Verts qui retient la sépara­tion entre ceux qui crai­gnent la fin du monde et ceux qui crai­gnent la fin du mois13 ou une déloca­li­sa­tion et le chômage comme les salariés de Renault-Maubeuge qui ont eu le gilet jaune facile avant l’action du samedi 17 car l’exem­ple ne vient évidem­ment pas d’en haut, bien au contraire. La com­mu­ni­ca­tion gou­ver­ne­men­tale, par­ti­culièrement mala­droite parce que peu au fait des stratégies poli­ti­ques s’avère par­ti­culièrement contre-pro­duc­tive. Les phra­ses macro­nien­nes sur le fait de n’avoir qu’à tra­ver­ser la rue pour trou­ver du tra­vail ont fait plus pour réintégrer les chômeurs dans la com­mu­nauté vir­tuelle du tra­vail que tout popu­lisme de gauche. De même la phrase de cer­tains élus de la majo­rité sur les Gilets jaunes « de la clope et du diesel » a exprimé au grand jour que la ciga­rette n’était pas, pour l’État et le pou­voir une ques­tion de santé publi­que, mais de santé morale dans le monde asep­tisé dont ils rêvent14.

    La tarte à la crème de l’interprétation en termes de classes moyennes

    12 On ne sait pas encore si c’est « l’insur­rec­tion qui vient », mais comme dit Patrick Cingolani dans Libération du 21 novem­bre 2018, on a déjà « un peuple qui vient ». Il est tou­jours dif­fi­cile de savoir ce qu’est « le peuple », mais concept mis à part, faut-il encore que ce « peuple » ne soit pas celui cons­titué autour de l’iden­tité natio­nale, fut-elle de gauche qui clôture­rait le choix entre popu­lisme de droite et popu­lisme de gauche, mais un « peuple » qui se cons­ti­tue­rait dans le mou­ve­ment en dépas­sant la coexis­tence de différentes luttes et dans une sorte de coex­ten­sion.

  • L’impact de BDS en 2018
    BDS National Committee, le 29 novembre 2018
    https://www.bdsfrance.org/limpact-de-bds-en-2018

    -Juste la semaine dernière, Airbnb a décidé de ne plus profiter des colonies israéliennes tout à fait illégales sur la terre volée aux Palestiniens. Ceci faisait suite à une campagne internationale menée par la coalition d’organisations #StolenHomes (maisons volées), affiliée au mouvement BDS pour les droits des Palestiniens, et des organisations de défense des droits de l’Homme.
    -Plus tôt ce mois-ci, Ilhan Omar est entrée dans l’histoire en devenant le premier membre du Congrès américain à souscrire publiquement à BDS en séance.
    -Rashida Tlaib, première femme palestino-américaine élue au Congrès, a fait l’éloge du mouvement BDS et a soutenu la réduction de l’aide militaire américaine à Israël.
    -Des mobilisations à travers le monde ont convaincu l’équipe nationale de football d’Argentine, menée par son capitaine Lionel Messi, à annuler sa rencontre amicale avec Israël.
    -La chanteuse vedette Lana Del Rey est devenue l’une des 19 artistes à se retirer du Festival Meteor d’Israël, après que des milliers de fans et de militants du monde entier l’ait exhortée à respecter l’appel au boycott des Palestiniens. Shakira et Lorde font partie des autres grandes artistes qui ont annulé leurs concerts cette année en Israël. Plus de 100 DJ et artistes de musique électronique ont rejoint le boycott culturel sous le #DjsForPalestine.
    -D’importantes organisations du mouvement des femmes indiennes, qui représentent plus de 10 millions de femmes, ont souscrit au mouvement BDS et réclamé la libération de tous les enfants palestiniens prisonniers.
    -Amnesty International a appelé à un embargo sur les armes pour Israël. Elle a dénoncé les États Unis et l’Union Européenne pour leurs accords militaires avec Israël et les a tenus pour responsables de « l’alimentation de violations massives » des droits fondamentaux des Palestiniens.
    -Le Parti Travailliste britannique a récemment voté le gel des ventes d’armes à Israël. En Irlande, un ministre d’État et 50 députés irlandais ont appelé l’Irlande à cesser de fournir des armes à Israël. Plus tôt, Dublin est devenue la première capitale européenne à souscrire à BDS pour les droits des Palestiniens.
    -Des parlementaires d’Espagne et du Portugal ont pris position pour les droits des Palestiniens et ont dénoncé les crimes de guerre d’Israël et sa loi raciste « d’État-nation du peuple juif ». Plusieurs villes d’Italie et l’État espagnol ont appelé à un embargo des armes sur Israël.
    -Le Mouvement Black lives matter a émis une vigoureuse déclaration de solidarité avec le peuple palestinien et a appelé les États Unis à mettre fin à son aide militaire annuelle de 38 milliards de dollars à Israël.
    -40 organisations internationales juives pour la justice sociale reconnaissent que le mouvement BDS a un engagement reconnu dans le « combat contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme et de fanatisme ». Elles condamnent les tentatives pour étouffer la critique de la politique israélienne.
    -Le Prix Nobel 2018 de Chimie, le professeur George P. Smith, a exprimé son soutien au mouvement BDS et à la baisse de l’aide militaire américaine à Israël.
    -Adidas a cessé de parrainer l’Association de Football d’Israël (IFA), qui comprend des équipes basées dans les colonies illégales construites sur la terre volée aux Palestiniens, à la suite d’appels venus de plus de 130 clubs de sport palestiniens.
    -Des syndicalistes et des militants des droits de l’Homme de Tunisie et du monde arabe ont obligé la compagnie maritime israélienne Zim à suspendre ses trajets vers la Tunisie.
    -La Fédération Canadienne des Étudiants, qui représente plus de 500.000 étudiants, vient de voter à son Assemblée Générale annuelle le soutien au mouvement BDS.
    -Leeds est devenue la première université britannique à se désinvestir de sociétés impliquées dans le commerce des armes avec Israël, suivant ainsi une campagne BDS par des militants de la solidarité avec la Palestine. L’université a désinvesti plus de 1.2 million de dollars d’avoirs de corporations qui font du commerce de matériel militaire avec Israël.
    -Les Quakers sont devenus la première église du Royaume Uni à dire qu’elle « n’investira dans aucune société qui profite de l’occupation [militaire israélienne] ». Récemment, plusieurs églises américaines ont elles aussi voté le désinvestissement des sociétés israéliennes et internationales complices des violations des droits fondamentaux des Palestiniens par Israël.
    -Depuis l’Afrique du Sud,Nkosi Zwelivelile Mandela, membre du parlement et petit-fils de Nelson Mandela, a affirmé le rôle essentiel joué par BDS pour mettre fin à l’apartheid israélien.

    #Palestine #BDS #bilan

  • DÉMISSION par Badia Benjelloun - 29 Novembre 2018 - Librairie Tropiques
    http://www.librairie-tropiques.fr/2018/11/demission.html

     

    La présentation de la Programmation pluriannuelle de l’énergie a été l’occasion pour le président Macron de mécontenter à la fois les #escrologistes et les protestataires de la France d’en bas pour désigner en une périphrase gentillette, ceux qui n’en peuvent plus de vivre avec un découvert bancaire souvent dès la moitié du mois. Autrement dit, les prolétaires, ceux que leurs salaires ne nourrissent plus. L’insuffisance des ressources concerne deux Français sur cinq qui sont contraints de payer entre 8 à 16% le #crédit http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/jackpot-pour-les-banques-12-07-2016-5960487.php à très court terme que constitue l’autorisation de ‘découvert’ aux particuliers. Les banques engrangent ainsi un bénéfice de plusieurs milliards d’euros annuels extorqués justement aux plus ‘démunis’.

    Le report à l’échéance de 2035 de la réduction à 50% de la part du nucléaire au lieu de 2025 comme prévu dans la programmation antérieure s’additionne aux incertitudes sur les filières alternatives aux énergies polluantes. De quoi indisposer la petite fraction de la population sérieusement préoccupée de dégradations irréversibles des conditions de vie sur la planète. L’ensemble des observateurs a pu noter l’absurdité de la proposition technocratique de la mise en place d’un Haut Conseil sur le climat, il existe déjà pléthore de commissions et de comité pour cela. Ce dit Conseil aurait la charge d’évaluer l’impact des réformes et mesures environnementales décidées par le gouvernement, c’est-à-dire de mesurer si les prochaines taxes seront acceptables, ce que devraient savoir les fonctionnaires préposés au budget ainsi que les députés censés représenter le peuple. Faire dépendre l’avenir des prochaines centrales nucléaires type #EPR de la réussite du site de Flamanville, le réacteur devait démarrer en 2012 puis 2016 et maintenant 2020, devrait laisser présager de leur abandon. Le prototype est très coûteux, plus de trois fois le coût initial il a été mal budgétisé et de nombreuses malfaçons l’ont retardé, #Bouygues en particulier y a mal encadré des #travailleurs_détachés et des non déclarés.

    Le verbiage inconsistant mouliné à l’adresse des Gilets jaunes a ben sûr raté sa cible. La taxe sur le diesel n’a été que le godet de plus qui a fait déborder la piscine. Elle pénalise surtout le travailleur pauvre pour qui la voiture est une extension nécessaire de son être de travailleur. Elle n’allait pas alimenter des programmes de transition énergétique mais plutôt permettre à la province française de l’#union_européenne de respecter les limites imposées du déficit budgétaire. En décidant de supprimer l’#ISF, l’État s’est privé d’une rentrée fiscale de près de 5 milliards http://www.perdre-la-raison.com/2017/10/suppression-de-lisf-enfumage-de-bercy.html d’euros. La cohérence aurait été d’adopter comme l’ont fait les Usa une imposition universelle, où qu’il vive un citoyen étasunien doit envoyer une déclaration de revenus au pays. La rigueur aurait dû imposer une lutte efficace contre l’évasion fiscale, 3500 ménages https://www.marianne.net/economie/suppression-de-l-isf-quelques-arguments-pour-ne-pas-avaler-la-soupe-de-mac français cachent plus de 140 milliards dans les #paradis_fiscaux.

    Une solution écologique honnête aurait été de renforcer les #transports_publics, les améliorer et non de supprimer des lignes ‘peu rentables’ comme cela s’est pratiqué ces vingt dernières années. Cet abandon du service public, les transports en commun en sont un, au même titre que l’enseignement (et non pas l’éducation) et la santé, a été dicté justement par l’Union européenne et son dogme de concurrence non faussée.
     
    https://www.youtube.com/watch?v=fXY_fw9C01w


     
    Les Gilets jaunes à défaut d’avoir un programme politique ou économique précis ont en revanche un slogan dépourvu d’ambiguïté ‘#Macron, #démission’. Ils ne semblent pas vouloir déposer les armes ni raccrocher leur gilet. Le cynisme du personnel mis au pouvoir par des manœuvres de ‘communicants’ a eu raison de la crédulité des plus crétins d’entre eux. Les difficultés des retraités, des travailleurs précaires et des temps partiels forcés sont concrètes. Elles ne sont plus solubles dans les traitements psychoactifs des troubles de l’humeur et des dépressions ni supportées par des addictions. Elles s’épanchent dans la rébellion et l’espoir qu’elle aboutisse.

    La culture catholique (et ouvrière) de ce pays est incompatible avec l’acceptation de la grâce et de l’élection de certains par le Seigneur comme c’est le cas chez toutes les variantes du protestantisme. Elle est à même de contester les inégalités et les injustices. Quand #Jésus a voulu chasser les marchands du Temple, il voulait le rachat certes des péchés mais surtout des dettes de ses coreligionnaires. La Maison de Dieu était à la fois une boucherie (sacrifice des bêtes organisé par des ministres à fonction héréditaire) mais aussi un lieu de prélèvement d‘une dîme religieuse et sans doute aussi une banque. C’est ce qu’a montré Michael Hudson dans son dernier ouvrage ‘Efface leur dette’ fondé sur le travail d’archéologues spécialisés dans l’Age de bronze en Mésopotamie.

    Ce Mouvement macronien n’est structuré sur rien d’autre qu’une direction, celle de ce capitalisme embourbé dans des dettes de toute nature qui asservissent soit par l’exploitation de leur travail, soit par leur exclusion du travail la majorité.

    Incapable de percevoir que ce système est depuis longtemps en ééquilibre métastable, il se montre décontenancé par le rappel de cette réalité. Son talent, rapprocher par des négociations un vendeur et un acheteur de gros secteurs de l’économie, pouvait s’exercer sans aucun risque sinon celui d’empocher de grosses commissions une fois réalisée la transaction. Il ne peut en faire un capitaine par gros temps quand les atteintes des droits des travailleurs ne sont plus endiguées dans des défilés normalisés les samedi ensoleillés entre République et Nation.

    La diversion tentée vers la voie trop souvent empruntée de cellules terroristes découvertes et désamorcées n’a pas fait recette. Elle a vite été étouffée sous l’avalanche des déclarations d’un Sinistre de l’intérieur qui ne voyait sur les Champs Elysées que séditieux et extrême droite nauséabonde.
     
    Lundi, on apprenait l’arrestation de #Benoît_Quennedey, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/11/26/01016-20181126ARTFIG00322-un-haut-fonctionnaire-du-senat-interpelle-pour-de un haut fonctionnaire du Sénat, suspecté d’espionner pour le compte d’une puissance étrangère. Cet énarque, d’une érudition rare, est en charge du patrimoine et des jardins au palais du Luxembourg, fonction qui ne l’expose pas à accéder à des informations ‘sensibles’. La transmission de plans de palais ou de jardins à la Corée du Nord ne risquerait pas de mettre en danger la sécurité de l’Etat français. Car Benoît Quennedey est en effet président de l’association d’amitié franco-coréenne qui a connu trois présidents avant lui, toutes personnalités honorables et d’obédience politique différente. Quennedey appartient depuis longtemps au parti des Radicaux de gauche qui n’a pas pour vocation d’entreprendre une révolution bolchevik. Les entrefilets que la presse dominante a consacrés à cette interpellation sont plutôt prudents. Circonspects, ils n’excluent pas l’hypothèse que lui soit simplement reprochée son admiration pour un pays ‘totalitaire’ dans lequel il a voyagé plusieurs fois, comme tous les membres de cette association. On sait qu’à son arrivée à l’Elysée, Macron a voulu refonder les renseignements et s’est attaché une unité anti-terroriste mise sous son contrôle direct. Il est difficile de comprendre la teneur politique de cette garde à vue (loufoque et tragique) pour suspicion de crime très grave de haute trahison.

    Diversion médiatique offerte par la #DGSI quand la rue conteste avec une ampleur inattendue le chef de l’Etat.
    Mise à distance (désaveu ou critique discrète) de Trump qui a procédé à un rapprochement spectaculaire avec la République populaire et démocratique de Corée du Nord quand celle-ci a montré sa capacité à se protéger grâce à son programme balistique intercontinental ?
La France est le deuxième pays à ne pas avoir de représentation diplomatique avec la RPDCN après l’Estonie.

    Complaisance vis-à-vis du Japon liée à l’arrestation et la détention humiliante de #Carlos_Ghosn, toujours patron en théorie de #Renault ? Le rachat de titres Renault en 2015 par le ministre de l’économie Macron avait permis de réduire à zéro https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/emmanuel-macron-a-l-origine-de-la-guerre-entre-renault-et-nissan- les voix #Nissan dans le Conseil d’administration gros actionnaire de Renault en raison de l’application de la loi Florange.

    S’agit-il d’installer et de conforter un climat de répression de toute opposition réelle ou seulement probable, supposée ou à peine soupçonnée ? Dans la droite ligne de la mise en examen de Fillion et des perquisitions à l’encontre de la France Insoumise dans un contexte de régime d’exception institué depuis l’état d’urgence après les attentats de 2015. Les 5000 perquisitions ordonnées dans la foulée de supposés radicalisés fichés S n’avaient abouti à quasiment aucune mise en détention. L’arrestation d’innocents sans motif sérieux est le premier pas qui conduit à la perte de la personne juridique. La non protection par la loi du commun induit une insécurité et constitue l’arbitraire. Le régime de l’arbitraire est l’argument constitutif du totalitarisme qui se définit par la destruction, ici subtile, de l’opposition et par la détention d’innocents qui ignorent leur délit et la nature de leur peine.

    Quennedey serait alors victime d’une de ses raisons ou d’une combinaison de certaines d’entre elles. Peut-être l’est-il d’une raison plus triviale, une bourde potache de la DGSI ?

    Pour chacun de ces raisons, les #Giletsjaunes auraient raison de continuer à scander leur slogan. Démission. En Tunisie et en Egypte, les mêmes sans gilets criaient ‘Dégage !’.
    A peine un an et demi après l’élimination de rivaux qui n’étaient pas assez déterminés à prendre le pouvoir, confortablement installés dans une position d’éternels opposants, Macron avec moins 25% d’approbation de son public, lassé de son mépris, est sinon démissionnaire, d’ores et déjà démis.
     
    Badia Benjelloun.

     
    1. http://www.lefigaro.fr/societes/2018/11/27/20005-20181127ARTFIG00004-emmanuel-macron-devoile-le-futur-de-la-politique-
    2. http://www.leparisien.fr/espace-premium/fait-du-jour/jackpot-pour-les-banques-12-07-2016-5960487.php
    3. http://www.perdre-la-raison.com/2017/10/suppression-de-lisf-enfumage-de-bercy.html
    4. https://www.marianne.net/economie/suppression-de-l-isf-quelques-arguments-pour-ne-pas-avaler-la-soupe-de-mac
    5. https://www.marianne.net/economie/les-3-520-menages-les-plus-riches-de-france-planquent-140-milliards-d-euro
    6. https://en.wikipedia.org/wiki/Michael_Hudson_(economist)
    7. https://www.amazon.com/Forgive-Them-Their-Debts-Foreclosure/dp/3981826027
    8. Un haut fonctionnaire du Sénat interpellé pour des soupçons d’espionnage
    9. https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/11/27/un-haut-fonctionnaire-du-senat-soupconne-d-espionnage-au-profit-de-la-coree-
    10. http://www.lefigaro.fr/international/2017/09/06/01003-20170906ARTFIG00181-quelles-relations-la-france-entretient-elle-avec-
    11. https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/emmanuel-macron-a-l-origine-de-la-guerre-entre-renault-et-nissan-

  • « Résilients », les touristes algériens en Tunisie à l’origine d’un nouveau record - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/international/201811291039109351-touristes-algerie-tunisie-record

    « Les Algériens, surtout, n’ont pas beaucoup de choix au niveau des destinations. Pour le Maroc, la fermeture des frontières terrestres depuis 1994, mais aussi un rapport qualité/prix plus élevé, opèrent comme barrière à l’entrée, barrière infranchissable pour beaucoup d’Algériens. La Turquie, elle, a bien essayé d’attirer le marché algérien, sans succès. D’abord en raison de l’exclusivité du transport aérien comme voie d’accès, ce qui se traduirait par un coût important vu les taux de change, d’autant plus que le prix du billet représente, à lui seul, 40% du coût des offres en mode package. De plus, le marché turc est bien plus structuré qu’en Tunisie. Le circuit informel est plus difficile à emprunter. Le produit égyptien, quant à lui, n’a pas revu ses tarifications à la baisse depuis les événements de 2011, contrairement au marché tunisien. Quant à l’offre locale algérienne, il n’y a rien qui corresponde aux attentes des Algériens ou pouvant concurrencer l’offre tunisienne. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que beaucoup d’Algériennes préfèrent les plages tunisiennes pour des considérations liées aux libertés individuelles. Elles savent qu’elles y seront à l’abri des tracasseries liées à leur choix vestimentaire », compare Moez Kacem.

    Suis en Tunisie, avec mon bikini, je résiste à ma manière aussi, et suis ravie de cette résistance des femmes algériennes ??????
    — madiha ellaffi (@MaEllaffi) 6 août 2017

    ​Côté algérien, c’est une certaine amertume qui règne de voir les touristes algériens passer entre les mailles des frontières et se détourner « de l’un des pays les plus beaux au monde ». En effet, le plus grand État du continent regorge de potentiels pouvant en théorie en faire un pôle d’attractivité touristique de premier plan. D’ailleurs, en matière de tourisme, l’Algérie avait connu dans les années 1970 ses heures de gloire. Des complexes touristiques étaient construits et des Zones d’Extension Touristiques (ZET) aménagées. La prestigieuse école du tourisme « l’Aurassi » attirait ensuite, de nombreux candidats aux carrières du tourisme, y compris des Tunisiens. Mais depuis les années 1980, la succession de crises économiques et sécuritaire, ainsi que des choix politiques, ont entravé l’éclosion d’une véritable tradition touristique. Aujourd’hui, Badis Khenissa, analyste et acteur politique, regrette un manque à gagner important alors que le pays est à la recherche d’une diversification de son économie pour sortir de l’indépendance aux hydrocarbures.

    #tourisme #algérie #tunisie #maghreb

  • MbS est-il un pestiféré ?
    http://www.dedefensa.org/article/mbs-est-il-un-pestifere

    MbS est-il un pestiféré ?

    28 novembre 2018 – Les signes s’accumulent pour substantiver la menace que Vincent Hervouët résumait d’une formule hier soir sur LCI, à l’occasion de la visite mouvementée en Tunisie du jeune Mohammed ben Salman, le ministre de la défense saoudien et n°1 royal de facto de l’Arabie saoudite, et bien embarrassé par l’assassinat du journaliste (Washington Post), dissident et opposant venu de la cour saoudienne elle-même, Jamad Khashoggi : “MbS est en train de devenir un pestiféré”. Des manifestations de protestation et de dénonciation de l’assassinat ont marqué en effet la visite de MbS en Tunisie, mais ce n’est évidemment pas tout. Il y a aussi la nouvelle, qu’on jugera principale, qu’il est très probable qu’il n’y aura pas de rencontre entre Trump et MbS au G-20 qui se tient en (...)

  • Agenda du Libre pour la semaine 48 de l’année 2018
    https://linuxfr.org/news/agenda-du-libre-pour-la-semaine-48-de-l-annee-2018

    Calendrier web, regroupant des événements liés au Libre (logiciel, salon, atelier, install party, conférence), annoncés par leurs organisateurs. Voici un récapitulatif de la semaine à venir. Le détail de chacun de ces 50 événements (1 en Belgique, 45 en France, 0 au Luxemboug, 4 au Québec, 0 en Suisse et 0 en Tunisie) est en seconde partie de dépêche. lien n°1 : Aprillien n°2 : Agenda du Libre (Belgique, France, Luxembourg, Suisse et Tunisie)lien n°3 : Carte des événementslien n°4 : Proposer un événementlien n°5 : Annuaire des organisationslien n°6 : Agenda de la semaine précédentelien n°7 : Agenda du Libre QuébecSommaire

    [FR Montpellier] Meetup Python - Le lundi 26 novembre 2018 de 19h00 à 21h00.

    [FR Saint-Étienne] Permanence du libre - Le lundi 26 novembre 2018 de 19h30 à 22h00.

    [FR Lyon] Lundi entraide et (...)

  • EXCLUSIF : La #propagande antiterroriste britannique auprès des jeunes du monde arabe | Middle East Eye
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/exclusif-la-propagande-antiterroriste-britannique-aupr-s-des-jeunes-d

    Le Service européen pour l’action extérieure a fourni jusqu’à présent 11 millions d’euros pour la deuxième phase ; 3,65 millions de dollars devraient ainsi être dépensés en moyenne en Tunisie, au Maroc et au Liban. Ce montant représente une augmentation significative par rapport à la première phase du projet, lors de laquelle les dépenses moyennes dans chaque pays s’élevaient à 1 101 372 euros.

    Au vu des programmes (sport à Tripoli au Liban, tag, « sous la discrète protection de policiers », en Tunisie, film montrant qu’il est dangereux - sic- de s’adonner au terrorisme...) il ne fait aucun doute que leur utilité est ailleurs que dans la prévention du #terrorisme.

    #farce

  • RFC 8404 : Effects of Pervasive Encryption on Operators

    La #vie_privée sur l’Internet fait aujourd’hui l’objet d’innombrables attaques et l’une des techniques de défense les plus efficaces contre ces attaques est le #chiffrement des données. Il protège également contre une autre menace, la modification des données en transit, comme le font certaines FAI (par exemple Orange Tunisie). Il y a de nombreuses campagnes de sensibilisation pour promouvoir le chiffrement, avec des bons résultats. Évidemment, ce chiffrement gène ceux qui voudraient espionner et modifier le trafic, et il fallait donc s’attendre à voir une réaction. Ce #RFC est l’expression de cette réaction, du côté de certains opérateurs réseaux, qui regrettent que le chiffrement empêche leurs mauvaises pratiques.

    https://www.bortzmeyer.org/8404.html

  • Visite de MBS en Tunisie : un comité d’ avocats dépose plainte
    https://www.mosaiquefm.net/fr/actualite-national-tunisie/448871/visite-de-mbs-en-tunisie-un-comite-d-avocats-depose-plainte

    Le groupe de 50 avocats pour la défense des libertés a été chargé par des journalistes, des blogueurs et des avocats de porter plainte devant les tribunaux tunisiens dans le but de s’opposer à une visite du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane en #Tunisie, a indiqué Me Nizar Boujlel, coordinateur du groupe.

    #arabie_saoudite

  • Le prince Mohammed Ben Salmane se cherche une légitimité en Algérie - Algérie Patriotique
    https://www.algeriepatriotique.com/2018/11/23/le-prince-heritier-mohammed-ben-salmane-se-cherche-une-legitimit

    Il va sans dire que Mohammed Ben Salmane cherche à se refaire une virginité auprès des « frères arabes », en donnant sa version des tenants et des aboutissants de cette affaire qui a confirmé la nature brutale et sauvage du régime saoudien et, par là même, à sauver son trône qu’il apprête à occuper en dépit d’une grande opposition au sein même de la famille régnante.

    Le prince héritier cherche aussi une légitimité « arabe et islamique » dans la crainte que ses rivaux prennent le pouvoir par la force et le privent de la fonction de gardien des deux Lieux saints de l’islam en remplacement de son père vieillissant.

    Réactions peu favorables à cette visite dans l’opinion en Algérie. L’Egypte, la Tunisie et la Mauritanie sont aussi au programme. Mais pas le Maroc...

    #mbs #khashoggi #arabie_saoudite

  • 21.11.2018 – UE - Tunisie - Conseil d’association - Priorités stratégiques

    Décision n° 1/2018 du Conseil d’association UE-Tunisie du 9 novembre 2018 adoptant les priorités stratégiques UE-Tunisie pour la période 2018-2020

    (...)

    Consolider le partenariat privilégié UE-Tunisie : priorités stratégiques pour la période 2018-2020

    (...)

    2.3. Rapprochement entre les peuples, mobilité et migration

    Le rapprochement entre les sociétés tunisiennes et européennes constitue un pilier essentiel du partenariat privilégié, à travers le renforcement des échanges entre peuples, sociétés et cultures. Cette dimension mobilité revêt une importance particulière dans la mise en œuvre du partenariat pour la Jeunesse. La mise en œuvre effective de l’association de la Tunisie à Horizon 2020 et sa participation à Europe Créative et Erasmus+ seront les pierres angulaires de ces efforts.

    La gestion concertée de la migration est une priorité politique, tant pour la Tunisie que pour l’Union européenne. Les deux parties s’engagent à intensifier le dialogue et la coopération, notamment par la mise en œuvre du partenariat pour la mobilité, le renforcement de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière, ainsi qu’une disponibilité européenne pour soutenir la mise en place d’un système d’asile tunisien. Cette coopération, qui reflétera aussi la dimension régionale de ces problématiques, inclura :

    -- la mise en œuvre de la stratégie nationale tunisienne en matière de migration, couvrant également l’asile et la protection internationale, y inclus la mise en œuvre d’un cadre législatif approprié,

    -- la conclusion des négociations d’accords de réadmission et de facilitation des visas,

    -- la bonne gouvernance de la migration légale, par une meilleure coordination avec les États membres de l’Union européenne dans le respect de leurs compétences, y compris à travers la mise en place de schémas pilotes de mobilité et une meilleure intégration des migrants dans les pays hôtes,

    --

    le soutien à la mobilisation des Tunisiens de l’étranger pour les investissements dans les secteurs innovants en Tunisie,

    -- le soutien à la prévention de la migration irrégulière, en particulier par une meilleure prise en compte des questions migratoires dans les stratégies de développement ; ceci passe également par une gestion des frontières renforcée et par des campagnes de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière,

    -- le soutien aux activités de prévention, et de lutte contre le trafic des migrants et la traite des êtres humains, y compris à travers la détection et la poursuite des réseaux criminels, et

    -- la consolidation de la coopération en matière de retour et réadmission, y compris à travers le soutien à la réinsertion durables des Tunisiens de retour.

    –-> https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=uriserv:OJ.L_.2018.293.01.0039.01.FRA&toc=OJ:L:2018:293:TOC

    http://www.europeanmigrationlaw.eu/fr/articles/actualites/ue-tunisie-conseil-d-association-priorites-strategiques.html
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #Tunisie #EU #UE #Europe

    Commentaire de Claudia Charles sur la mailing-list Migreurop :

    En complément du message envoyé par Alizée, voici un article sur la décision n° 1/2018 du conseil d’association (en vertu de l’#accord_d'association UE - Tunisie) "adoptant les priorités stratégiques UE - Tunisie pour la période 2018 - 2020

    Le point sur « rapprochement entre les peuples, mobilité et migration » se résume (rien de nouveau) à l’adoption, par la Tunisie, d’une réglementation en matière de migration et d’asile, des mesurettes concernant la mobilité (ce qui était déjà dit à multiples occasions et enceintes (processus de Rabat, Sommet de Malte, FFU, partenariat pour la mobilité), et les #accords_de_réadmission / facilitation de #visa.

    L’#OIM aura sa part du gâteau : « la consolidation de la coopération en matière de retour et #réadmission, y compris à travers le soutien à la #réinsertion durables des Tunisiens de retour. »

    #IOM #retours #renvois #expulsions

    ping @_kg_

    • L’émigration irrégulière : Conception de l’opération et parade

      L’émigration vers l’Europe n’est pas un phénomène nouveau en Tunisie car elle date depuis 1970. Par contre, l’émigration irrégulière (la #Harga) entre les côtes tunisiennes et italiennes a commencé en 1990 lorsque l’#Italie a ratifié les accords #Schengen imposant ainsi des #visas d’entrée pour les ressortissants tunisiens.

      Une étude élaborée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) montre qu’avant la révolution de 2011, 30% des Tunisiens de moins de 35 ans exprimaient le désir de migrer vers l’Europe. En raison de la #crise_économique qui ne cesse de frapper le pays durant la période de transition démocratique, ce chiffre a grimpé à 54% en 2017.

      La recrudescence de l’#émigration clandestine à partir de 2015 s’est traduite par des chiffres très alarmants. En effet, 119.369 migrants sont arrivés en Italie en 2017 alors que le nombre de victimes en 2016 est de 5000 selon un rapport publié par les Nations Unies.

      Face à cette situation préoccupante, l’Europe cherche à coordonner avec les #pays_de_transit en vue de trouver une solution à ce quelle considère une menace asymétrique qui pèse sur la sécurité de l’Occident.

      Aujourd’hui, les causes de l’émigration irrégulière sont connues et toute solution au problème doit passer par une combinaison de mesures politiques, économiques, sociales et sécuritaires.
      Sachant que les mesures politiques et socio-économiques ont fait l’objet de plusieurs études, le présent article est consacré à l’explication du volet opérationnel de l’émigration irrégulière. Une explication sans laquelle toute mesure sécuritaire reste incomplète et non concluante.

      Ainsi, après une présentation succincte de l’importance géographique de la Tunisie qui fait du pays un tremplin pour l’Europe, je prendrai en détails la conception de l’opération d’émigration clandestine avant de proposer les actions à entreprendre pour interdire ou contrer cette opération.

      1. Importance géographique de la Tunisie

      Selon une carte tracée par l’Union Européenne, les flux de l’émigration clandestine à destination de l’Europe suivent trois routes en mer méditerranéenne : La route occidentale qui passe par Gibraltar, la route centrale qui passe par la Tunisie et la Libye (carte nr1) et la route orientale qui passe par la Turquie et la mer Egée.

      Sur cette route centrale, la Tunisie occupe une place privilégiée. En effet, située sur le canal de Sicile qui constitue un pont entre l’Afrique et l’Europe et marquée par des conditions météorologiques clémentes sur la quasi-totalité de l’année, elle offre plusieurs possibilités pour rallier l’Italie (carte nr2) :

      Au nord, on trouve deux routes : La Galite-La Sardaigne (130 km) et Bizerte-Mazzara (175km).
      le nord-est présente trois options : Kélébia-Pantelleria (70km), Al Hawaria-Mazzara (160km) et Béni Khiar-Lampedusa (195km).
      au sud, trois autres itinéraires vers Lampedusa : à partir de Chebba (135km), de Kerkennah (140km) et de Zarzis (250km).

      En outre, la Tunisie est devenue le seul pays de transit après la fermeture des routes partant de la Libye. En effet, le flux d’émigrés à partir de ce pays a significativement tari suite à la signature d’un mémorandum d’entente le 2 février 2017 entre Rome et Tripoli (appuyé par les dirigeants européens dans la déclaration de Malte). Aux termes de cet accord, l’Italie doit coopérer avec les forces armées et les garde-frontières libyennes afin de juguler l’afflux de migrants illégaux. Un dispositif a été alors mis en place et 20.000 émigrants ont été interceptés en 2017 et reconduits en Libye, dans des centres de détention. Ainsi, le flux venant essentiellement des pays du Sahel africain a basculé sur le territoire tunisien.
      2. Déroulement d’une opération d’émigration clandestine

      De prime abord, il est à signaler que Les voyages clandestins sont organisés par des réseaux criminels. Le trafic est devenu transnational et apporte beaucoup d’argent. Une étude publiée par le journal d’actualités américain « The Christian Science Monitor » souligne « l’apparition de groupes mafieux d’envergure internationale italiens, albanais, libyens et autres » qui se livrent à ce trafic et gagnent 400 milliards de dollars à travers leurs actions qui englobent toute la région. Selon la même étude, Le candidat à l’émigration clandestine à partir de la Tunisie doit dépenser entre 3000 et 8000 dinars.
      L’organisation d’une opération d’émigration irrégulière passe par trois phases :
      2.1. La phase de recrutement

      Il s’agit de se servir d’agents et intermédiaires pour chercher et d’identifier les postulants à l’émigration sur le territoire national. Les quartiers pauvres et les zones grises du pays sont visés en priorité. Le contact se fait soit directement de bouche à l’oreille dans les cafés et les lieux publics soit par internet et notamment à travers les réseaux sociaux. Ceux qui viennent des pays étrangers sont recrutés et regroupés dans les pays limitrophes avant de les transférer par des passeurs en Tunisie.
      2.2. La phase de préparation logistique

      Tout d’abord, il faut trouver des caches (locaux) où regrouper les postulants au voyage et stocker des vivres pour subvenir à leur besoin durant la période d’attente. Ensuite, on prévoit le moyen de transport. Il est généralement un moyen vétuste acheté à moindre coût pour effectuer un aller sans retour (canot pneumatique, embarcation ou un vieux chalutier). Ce moyen est dépourvu de tout équipement de sécurité, de navigation et de communication. Enfin, le chef de réseau doit coordonner avec ses agents locaux et ses pairs à l’étranger pour fixer les moyens et les procédures nécessaires pour passer et/ou diriger les émigrés sur le lieu du regroupement. Cette phase englobe aussi une collecte de renseignement sur les dispositifs de sécurité déployés sur le théâtre de l’opération.
      2.3. Phase de préparation du transit

      C’est la phase la plus importante car elle fait appel à une bonne expérience pour choisir l’itinéraire, la période propice au voyage et le passeur (patron) qui sera chargé de la traversée.

      2.3.1. Choix de l’itinéraire : Le choix de la route doit prendre en compte la caractéristique physique du milieu marin, la sûreté du transit et le temps mis pour la traversée :

      La route La Galite-La Sardaigne est relativement longue (130km). Elle traverse une zone connue par la faible densité du trafic maritime et le mauvais temps. Elle est donc favorable à la détection radar (difficulté de dissimulation) et défavorable à la navigation des petites embarcations.
      Les deux routes à destination de Mazzara à partir de Bizerte (175km) et de Hawaria (160km) sont similaires. Elles sont longues et traversent une zone de séparation de trafic par laquelle passe plusieurs centaines de navires par jour. La zone est caractérisée par des courants giratoires relativement forts. Elle est donc favorable à la dissimulation mais défavorable à la navigation des petites embarcations.
      La route Kélébia-Pantellaria est la plus courte (70km). Cependant, elle est risquée en raison des patrouilles, de la couverture radar et du dispositif de sécurité mis en place par les autorités italiennes.
      La route Béni Khiar-Lampedusa (195km) est longue et traverse une zone peu fréquentée sur une grande partie de l’année. Elle est donc très défavorable à l’emploi des embarcations pneumatiques qui sont handicapées par le manque d’autonomie et le mode de propulsion.
      Les deux routes à destination de Lampedusa à parir de Chebba (135km) et de Kerkenah (140km) sont très similaires. Elles ont la même distance et traversent la zone de pêche réservée délimitée par l’isobathe de 50m (la zone verte sur la carte nr3). C’est une zone de haut fond qui s’étend jusqu’aux approches de Lampedusa. Cette zone est très hospitalière pour les petits navires. Elle est fréquentée par plusieurs milliers de chalutiers et embarcations. L’environnement est donc très favorable à la navigation et la dissimulation.

      La route Zarzis-Lampedusa est la plus longue (250km). L’emploi de petites embarcations sur cette route est très risqué à moins qu’elles soient utilisées comme relais pour rallier une plate-forme plus grande stationnée au large (navire ou chalutier).

      2.3.2. Le critère de compétence : Les iles Kerkennah se distinguent par le nombre de compétences (des anciens pêcheurs) qui coopèrent avec les réseaux criminels. Ces pêcheurs reconvertis en passeurs sont chargés de la traversée. Cette reconversion s’explique par une pollution maritime qui a mis ces gens de mer au chômage. En effet, les déchets chimiques provenant des industriels dont notamment Thyna Petroleum Services (TPS) et Petrofac ont dégradé l’environnement marin détruisant ainsi la faune marine (poissons, poulpes et éponges). victime de cette pollution et de la pêche illicite, la mer n’est plus généreuse comme au bon vieux temps. D’après The Christian Science Monitor, “les pêcheurs gagnaient jusqu’à 40$ - 100$ par jour (entre 100 et 250 dinars tunisiens). Maintenant, ils ont du mal à gagner 4 à 7$ (entre 10 et 17 dinars) par jour”. Ils ce sont alors livrés aux contrebondiers et leurs embarcations sont vendues aux réseaux criminels à un coût qui fait trois fois le prix réel.

      C’est cette qualité de pêcheur qui explique l’enrôlement des Kerkéniens dans les réseaux de trafic de migrants. Les statistiques du ministère de l’intérieur montrent que la majorité des patrons d’embarcations arrêtés lors des opérations avortées sont originaires de l’archipel.

      2.3.3. Le choix de la période et lieu d’embarquement :

      C’est le critère le plus important pour décider de l’exécution de l’opération. Tout s’explique par la force et la direction du vent. Une étude élaborée par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques ( ITES) montre des chiffres très significatifs tirés à partir des opérations avortées en 2017 :

      le gouvernorat de Sfax est classé premier sur la liste avec 62 opérations suivi par Nabeul (34 opérations), Bizerte (24 opérations) et Zarzis (11 opérations). En outre, les statistiques montrent que 60% de ces opérations sont effectuées pendant les mois de septembre et d’octobre, 14% pendant juin et juillet. Le reste (26%) est réparti sur toute l’année. Ceci s’explique par la force et la direction (moyenne sur toute l’année) du vent dans ces régions (voir tableau).
      En effet, dans la région de Sfax, le vent atteint sa force la plus faible durant septembre et octobre (inférieur à 10 km/h). Il souffle du secteur Est engendrant de petites vagues qui ne gênent pas le mouvement des embarcations qui naviguent bout au vent (face au vent). Les accidents qui surviennent durant cette période sont causés essentiellement par un manque de stabilité en raison d’un excès de chargement. Ces caractéristiques du vent qui s’ajoutent aux caractéristiques physiques de l’environnement et aux compétences des pêcheurs font de Kerkénah le port préféré pour l’embarquement.
      Le fait que Nabeul et Bizerte occupent respectivement la deuxième et la troisième place s’explique par le vent du secteur Ouest qui souffle sur ces régions et qui pousse les embarcations (vent arrière) sur les côtes de Pantellaria et Mazzara. Les itinéraires partant de la Galite vers la Sardaigne et de Béni Khiar vers Lampeduza, qui sont déjà discriminés par le facteur physique, sont écartés en raison du vent très défavorable (vent de travers).
      La place occupée par Zarzis (4ème place) s’explique uniquement par sa proximité des frontières libyennes et par le vent modéré qui domine la région.

      3. Comment lutter contre le fléau ?

      Tout d’abord, il faut signaler que nos voisins européens déploient leur force (Opération Sofia) sur nos frontières et cherchent à s’ingérer dans nos affaires intérieures sous prétexte de lutter contre l’immigration clandestine. Plusieurs déclarations de responsables européens rentrent dans ce sens :

      Le 15 février 2011, le ministre de l’intérieur italien Roberto Maroni propose de déployer des policiers italiens en Tunisie. Le 9 avril de la même année, il parle de « débarquement » de 22.000 Tunisiens sur les côtes italiennes.
      Le 26 mai 2011, le député maire de Nice, Christian Estrosi, déclare “On constate aussi qu’une partie d’entre eux (les imigrés) – et cela est plus grave – appartiennent aux 10 000 délinquants condamnés et évadés des prisons.”
      Le 3 juin 2018, le nouveau ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini déclare « Il y a de plus en plus de migrants clandestins qui arrivent de Tunisie ici. Ce ne sont pas des réfugiés de guerre mais bien souvent des délinquants et ex-détenus. »
      Dans son projet de rapport 2018/2044(INI), la commission spéciale sur le terrorisme demande au parlement européen « que le mandat de l’opération #EUNAVFOR_MED Sophia soit étendu et que sa portée territoriale soit élargie afin de mieux répondre à l’évolution des schémas migratoires tels que les débarquements fantômes en provenance de la Tunisie, et que la lutte contre le terrorisme soit spécifiquement couverte par son mandat ». Elle propose aussi de « saisir Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’adopter une résolution permettant à Sophia d’accéder aux eaux territoriales des États côtiers afin d’effectuer des contrôles sur les navires suspects ».
      Ensuite, il faut appliquer les textes juridiques propres à la matière :
      le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer, additionnel à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée en 2000.
      notre réglementation intérieure en matière de lutte contre l’émigration clandestine et notamment la loi du 3 février 2004 relative à la traite des personnes et au trafic des migrants.
      Les accords bilatéraux (avec la France et l’Italie) concernant les migrants.

      Sur le plan opérationnel, la lutte doit se baser sur deux volets ; le renseignement et l’intervention. Le renseignement est la seule solution pour compenser le manque de moyens matériels dont souffrent nos unités.

      Aujourd’hui, l’intervention est handicapée par le manque d’unités navales et la diversité des intervenants en mer qui appartiennent aux différents ministères (marine nationale, garde maritime nationale et douane). Pour assurer notre souveraineté sur les espaces maritimes qui nous reviennent de droit et remplir nos missions en mer (dont la lutte contre l’émigration clandestine), il faut agir en deux directions :

      Adopter le concept de la sauvegarde maritime pour assurer la synergie des efforts entre tous les intervenants en mer,
      Déployer nos unités en fonction des impératifs du moment. A titre d’exemple, basculer des unités sur le port de Sfax, durant les mois de septembre et d’octobre pour couper la route à l’émigration clandestine entre Kerkennah et Lampedusa.

      Ainsi, ce sont quelques idées proposées aux décideurs pour les éclairer sur le coté opérationnel de l’émigration irrégulière. La guerre contre ce fléau ne peut être gagnée qu’avec la combinaison de mesures d’ordre économique et social.

      http://www.leaders.com.tn/article/25601-l-immigration-irreguliere-conception-de-l-operation-et-parade
      #émigration_irrégulière #migrations #asile #réfugiés #Tunisie #statistiques #chiffres #histoire #opération_sophia #externalisation
      ping @_kg_

  • Enquête L’Economiste-Sunergia : « Je veux quitter le Maroc » | L’Economiste
    https://leconomiste.com/article/1036563-enquete-l-economiste-sunergia-je-veux-quitter-le-maroc

    La dernière enquête de Sunergia pour le compte de L’Economiste ressort des chiffres pour le moins inquiétants. En effet, 4 Marocains sur 10 affirment être prêts à quitter le pays si une opportunité venait à se présenter. Mais partir pour aller où ? Pour faire quoi ? Et à quel prix ? Que cherche vraiment à fuir ces personnes ?

    « La réponse à cette question est complexe. Il y a la migration des démunis, ceux qui cherchent à sortir d’une situation de grande détresse, notamment par la migration clandestine, mais aussi les migrations professionnelles, les migrations de transit, ou encore la migration estudiantine (relativement courte) », indique Jean Zaganiaris, sociologue et enseignant chercheur à l’EGE Rabat, et l’Université Mohammed VI Polytechnique. « Mais l’une des principales raisons pour laquelle on quitte son pays, c’est que l’on est convaincu que ce sera mieux ailleurs. On adhère au discours de nos compatriotes qui disent mener une vie confortable à l’étranger », poursuit-il.

    Selon le sociologue, il y a une symbolique sociale fortement intériorisée par certaines catégories sociales pour qui le mot « Occident » est synonyme d’Eldorado. « Même si cette image est aujourd’hui plus nuancée, notamment après la crise économique de 2008, elle reste très présente comme le montre la littérature marocaine », explique-t-il.

    Les plus obnubilés par cette idée sont les jeunes âgés de 15 à 24 ans, dont 59% cherche à partir. Ces jeunes semblent avoir « perdu espoir en leur pays ». Dans l’enquête qualitative sur « la vision des jeunes du Maroc » (Cf : L’Economiste N°:5336 du 17 août 2018), ils ont dressé pour la plupart un portrait sombre du Maroc, toutes CSP confondues. Ils sont suivis de ceux ayant entre 35-44 ans (42%), et entre 25-34 ans (40%). Les moins motivés par l’immigration sont les sexagénaires. A peine 1 personne sur 10 âgée de plus de 65 ans souhaite partir.

    Les femmes sont celles qui ont exprimé le plus l’envie de quitter le pays. Près de 5 sur 10 envisagent cette option si l’occasion se présentait, contre 31% pour la gent masculine. « Ce pourcentage rompt avec le cliché selon lequel ce serait l’homme qui part et la femme qui reste », souligne Jean Zaganiaris.

    Dans l’écrasante majorité des cas c’est bien l’homme qui part, pour des raisons assez faciles à deviner. Par ailleurs, le même sondage en Algérie et même en Tunisie donnerait des résultats encore plus spectaculaires...

    #migrants #maghreb #maroc

  • Les étudiants africains, laissés-pour-compte de la nouvelle stratégie universitaire française, Maryline Baumard
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/11/19/les-etudiants-africains-laisses-pour-compte-de-la-nouvelle-strategie-univers

    Place aux #étudiants choisis… Baptisé « Stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », le plan qu’a dévoilé le premier ministre français, Edouard Philippe, dans le cadre des Rencontres universitaires de la francophonie, lundi 19 novembre, vise à augmenter le nombre d’étudiants étrangers en France… ou plutôt de certains étudiants.

    Quatrième pays d’accueil avec plus de 324 000 étudiants étrangers (dont 245 000 préparent un diplôme), la France serait en « risque de décrochage » dans la bataille des cerveaux qui se joue beaucoup sur la séduction des meilleurs étudiants. Raison pour laquelle il fallait lancer une campagne de sensibilisation aux charmes de l’Hexagone, baptisée « Choose France » . C’est la première campagne de ce genre sous Emmanuel Macron, mais la guerre des talents, elle, est récurrente depuis une vingtaine d’années.

    La logique est toujours la même. L’accueil d’étudiants internationaux est vu comme un élément du soft power d’un pays, un moyen de promouvoir ses valeurs et son économie en accroissant son rayonnement. Les étudiants en mobilité rapporteraient 4,5 milliards d’euros (pour un coût de 3 milliards d’euros) et seraient ensuite des ambassadeurs de la France.

    « Etudiants indiens, russes, chinois »
    Reste que les propositions annoncées par le premier ministre semblent surtout avoir vocation à faire le ménage dans le groupe de ceux qui viennent traditionnellement et qu’on accueille davantage en sciences humaines que dans les disciplines scientifiques à haut potentiel. Déjà, le discours sur la langue française et la francophonie prononcé par Emmanuel Macron à l’Institut de France, le 20 mars, donnait quelques indices. Il précisait que « la France devra accroître le nombre d’étudiants étrangers sur son territoire et le nombre de ceux qui viennent des pays émergents doublera ». Et d’ajouter, s’il fallait être plus clair : « Etudiants indiens, russes, chinois seront plus nombreux et devront l’être. »

    L’#Afrique, elle, n’est pas citée. Ce continent est pourtant le plus présent dans les universités françaises. Selon Campus France, six pays africains sont dans la liste des dix qui envoient le plus d’étudiants en France (Maroc, Algérie, Tunisie, Sénégal, Côte d’Ivoire et Cameroun). Plus globalement, 45 % des étudiants étrangers présents en France sont originaires du continent. Difficile de parier qu’il en sera de même, demain, avec l’augmentation des frais d’inscription qui se prépare.

    Comme l’a annoncé le premier ministre, le #droit_d’étudier sera désormais fixé à 2 770 euros en licence (contre 170 euros aujourd’hui) et 3 770 euros en master et doctorat (contre 243 euros en master et 380 euros en doctorat jusqu’à présent). C’est toujours moins du tiers du coût réel de la formation, explique-t-on, mais c’est néanmoins assez dissuasif pour les moins fortunés. Même avec les 6 000 bourses d’établissement et l’augmentation du nombre de bourses d’Etat réservées aux étudiants étrangers, qui passeront de 7 000 à 15 000 et « concerneront prioritairement les étudiants en provenance du Maghreb et des pays d’Afrique », précise le détail du plan. En fait, seul un étudiant africain sur sept pourra y prétendre, puisque ces derniers sont plus de 150 000 à choisir la France.

    Donc le soft power c’est de former les enfants de la grande bourgeoisie chinoise et de ne plus le faire pour les Africains et Maghrébins pas assez friqués venus d’ailleurs (on en a assez qui sont de chez nous pour assurer au loin des fonctions d’encadrement ?) alors que la Chine taille des croupières au vieux modèle de la Françafrique ? Où de s’assurer que ceux qui vont racheter les barrages hydrauliques et aéroports aient pu baigner dans la ’culture française au préalable ? Est-ce qu’il faudra une collaboration avec les flics chinois pour policer les facs, à l’instar de ce qui se passe à Paris où les touristes fortunés venus d’Asie sont en butte à diverses formes de réappropriation ? Avec ce machin viennent aussi de futurs directeur de fac de banlieue issus de la gendarmerie, comme l’est le nouveau principal [edit proviseur adjoint ] du Lycée Utrillo à Stains ?

    #immigration_choisie #université #privatisation #sélection #xénophobie_d'État #frais_d'inscription

  • Agenda du Libre pour la semaine 46 de l’année 2018
    https://linuxfr.org/news/agenda-du-libre-pour-la-semaine-46-de-l-annee-2018

    Calendrier web, regroupant des événements liés au Libre (logiciel, salon, atelier, install party, conférence), annoncés par leurs organisateurs. Voici un récapitulatif de la semaine à venir. Le détail de chacun de ces 45 événements (1 en Belgique, 42 en France, 0 au Luxembourg, 2 au Québec, 0 en Suisse et 0 en Tunisie) est en seconde partie de dépêche. lien n°1 : Aprillien n°2 : Agenda du Libre (Belgique, France, Luxembourg, Suisse et Tunisie)lien n°3 : Carte des événementslien n°4 : Proposer un événementlien n°5 : Annuaire des organisationslien n°6 : Agenda de la semaine précédentelien n°7 : Agenda du Libre au QuébecSommaire

    [FR Toulouse] Appel à candidatures IONIS 361 Toulouse - Du lundi 29 octobre 2018 à 12h00 au dimanche 25 novembre 2018 à 23h00.

    [FR Paris] Les outils libres de la PAO Scribus, GIMP, Inkscape (...)

    • Entre les années 2004 et 2014, le nombre de ressortissants non tunisiens résidant en Tunisie a évolué de 66%, passant de 35192 à 53490 personnes. Cela exclut toutefois les plus de 10’000 migrants subsahariens en situation irrégulière qui vivraient dans le pays et pour lesquels aucune statistique fiable et à jour n’est disponible, révèle la source.
      En réponse au manque d’informations sur la migration de l’Afrique subsaharienne vers la Tunisie et ses dynamiques les plus récentes, REACH et Mercy Corps ont voulu creuser la question et ont collecté entre le 9 août et le 2 septembre 2018 des données auprès des trois principaux centres de migration en Tunisie pour les migrants subsahariens à savoir Tunis, Sfax et Medenine.

      Chiffres à retenir :
      – Plus de 83% d’entre eux ont prévu de se rendre vers la Tunisie dès leur départ
      – Environ 14% entre d’eux sont motivés par les facilités de #visas
      – 1/3 des migrants subsahariens considèrent la Tunisie comme étant un tremplin
      – 1/3 des travailleurs subsahariens estime trouver des #emplois plus attractifs que dans leur pays d’origine
      – Près de la moitié des #étudiants subsahariens estiment que l’#éducation est de qualité
      – Ils sont peu nombreux ceux qui ont l’intention de rejoindre l’Europe clandestinement
      – Plus de 90% des interrogés sont venus en Tunisie par avion
      – 50% ont décidé de résider sur le Grand #Tunis
      – 3/4 des migrants subsahariens ont des difficultés d’accès au #permis_de_séjour
      – La majorité des migrants subsahariens envisagent de rester en Tunisie

      #pays_de_destination #pays_de_transit #migrations #statistiques #chiffres #travail

      Ces chiffres servent aussi à relativiser les #préjugés sur la #ruée_vers_l'Europe (v. notamment ici la référence au livre de #Stéphen_Smith : https://seenthis.net/messages/673774), l’#invasion et l’ #afflux...

  • L’ALGÉRIE EN 1992 : LE PREMIER PRINTEMPS ARABE QUI N’A JAMAIS LAISSÉ PLACE À L’ÉTÉ - RipouxBliquedesCumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2018/10/l-algerie-en-1992-le-premier-printemps-arabe-qui-n-a-jamais-laisse

    http://www.middleeasteye.net/#Algérie

    Peter Speetjens
    14 janvier 2017

    La guerre civile algérienne oubliée, qui a tué jusqu’à 200 000 personnes, a donné le ton au « printemps arabe » et au paradoxe de la démocratie

    Ce 11 janvier, cela faisait exactement 25 ans que les forces armées algériennes menèrent un coup d’État visant à empêcher le Front islamique du salut (FIS) de remporter les premières élections multipartites après l’indépendance du pays.

    Ce qui aurait pu être le début d’un printemps algérien – des années avant que quiconque n’ose parler d’un pseudo printemps arabe – a déclenché à la place une guerre civile cruelle et sale pendant une décennie.

    Le meurtre, la torture, les disparitions et le massacre de villages entiers devinrent monnaie courante. On estime que 150 000 à 200 000 personnes furent tuées dans ce qui est aujourd’hui un chapitre largement oublié.

    Un printemps algérien

    Malheureusement, le conflit algérien présente des parallèles remarquables avec les événements qui se sont déroulés dans le monde arabe depuis la fin de l’année 2010.

    Par exemple, tout a commencé de manière très semblable avec une série de manifestations de masse et d’émeutes.

    Alors que les prix du pétrole baissaient et que l’économie algérienne entrait en crise, la jeunesse désenchantée était descendue dans la rue en 1988 pour protester contre l’augmentation du chômage et de la pauvreté. Ceci venait s’ajouter à la croyance largement partagée que les immenses richesses pétrolières et gazières du pays ne retombaient jamais dans les poches des individus lambda.

    En réponse aux manifestations, qui firent des centaines de morts, le Front national de libération (FLN), unique entité politique d’Algérie, modifia la constitution pour permettre des élections multipartites libres pour la première fois depuis l’indépendance.

    Ainsi, en 1989, le FIS fut créé. Fortement influencé par les Frères musulmans, ce parti gagna rapidement en popularité. Il devint le plus grand parti lors des élections municipales de juin 1990 et remporta le premier tour des élections législatives en décembre 1991 avec deux fois plus de voix que le FLN au pouvoir.

    Des partisans du FIS se rassemblent dans les rues d’Alger au lendemain du premier tour des élections législatives libres organisées par l’Algérie le 27 décembre 1991 (AFP)

    Cependant, ce dernier avait toujours été intimement lié à l’armée, qui était alors sérieusement inquiète face à la perspective de perdre son pouvoir et ses privilèges. Les militaires n’étaient pas les seuls à commencer à s’inquiéter.
    Bénédictions de l’Occident

    Les Américains n’étaient pas satisfaits de la vive opposition du FIS à la première guerre du Golfe, ni de sa position pro-palestinienne.

    La France, ancienne puissance coloniale à la tête de l’Algérie qui continuait à avoir une mainmise sur l’économie du pays, s’inquiétait de plus en plus de la rhétorique du FIS concernant l’élimination de la langue, de la culture et de l’influence françaises.

    C’est ainsi que Washington et Paris donnèrent le feu vert à l’armée algérienne le 11 janvier 1992 pour annuler le second tour des élections législatives et déclarer l’état d’urgence. Deux mois plus tard, le FIS fut complètement interdit.

     

    Un membre des forces de sécurité algériennes arrête deux sympathisants du FIS dans le quartier de Bab el Oued à Alger le 31 janvier 1992 (AFP)

    En voyant le coup d’État égyptien de juillet 2013 et l’interdiction subséquente des Frères musulmans, il semble que l’armée égyptienne n’ait pas oublié le début du printemps algérien.
    « Nous avons poursuivi une politique d’exclusion des fondamentalistes radicaux en Algérie alors même que nous reconnaissions que cela était en contradiction avec notre soutien à la démocratie », a expliqué plus tard l’ancien secrétaire d’État américain James Baker.

    Le peuple algérien allait payer un lourd tribut pour cet amour sélectif de la démocratie. Après le coup d’État, des dizaines de milliers de membres et de sympathisants du FIS furent arrêtés. Ceux qui ne se retrouvèrent pas en camp de détention au Sahara s’exilèrent ou prirent les armes.

    Arrivée du mystérieux GIA

    Au début, la lutte fut dominée par le Mouvement islamique armé (MIA), qui était lié au FIS. Mais bientôt, le mystérieux Groupe islamique armé (GIA) fit son apparition.

    Opérant à et autour d’Alger, c’est surtout le GIA qui commit les atrocités les plus horribles. Les décapitations, par exemple, se produisaient régulièrement en Algérie bien avant que l’État islamique (EI) ne les filme et choque le monde à travers YouTube.

    Bien qu’officiellement « islamistes », il est aujourd’hui douloureusement clair que le GIA fut infiltré par les services secrets algériens. Plusieurs anciens officiers des renseignements algériens l’ont admis.

    L’objectif des atrocités était de montrer les islamistes algériens sous un mauvais jour, de briser leur base de soutien et de forcer le peuple algérien à choisir le régime militaire comme le moindre de deux maux. Certains soutiennent que le régime syrien, du moins dans une certaine mesure, a joué un jeu similaire avec l’EI.

    On pourrait arguer que, du point de vue du régime algérien, cette stratégie a fonctionné. Peu à peu, la violence a décliné et la guerre s’est terminée avec la mort du dernier émir du GIA, Antar Zouabri, en 2002.

    Héritage répressif

    Le pays est toujours régi par un triumvirat composé de l’armée, du FLN et des services de sécurité. Bien que l’état d’urgence ait été levé en 2011, ce sont eux qui décident des principales politiques, attributions de postes et sphères d’influence du pays.

    Un exemple de l’état général des choses en Algérie est que, pendant de nombreuses années, l’homme le plus puissant du pays était le général Mohamed « Toufik » Mediène, chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS). De 1990 à 2015, le chef de l’espionnage algérien a pu faire ou briser n’importe qui.

    Pendant ce temps, l’Algérie n’a guère avancé sur l’échelle de la liberté. Les libertés d’expression, d’association et de réunion sont strictement restreintes.

    En 2016, un journaliste a été arrêté pour s’être interrogé sur la santé du président Bouteflika, un autre pour avoir remis en cause la corruption.

    La corruption est endémique en Algérie. En 2010, le scandale de la Sonatrach a éclaté. Responsable d’environ 98 % des recettes en devises étrangères du pays, la compagnie pétrolière publique algérienne a excellé dans les pots de vin et les dessous-de-table pour les personnes liées à ceux au pouvoir.

    Une entreprise italienne, par exemple, aurait payé 207 millions de dollars pour obtenir un contrat de 8,4 milliards de dollars. L’autoroute principale du pays reliant l’est et l’ouest est considérée comme la route la plus chère jamais construite au monde.

    Cependant, pendant que des pays comme la Tunisie et l’Égypte étaient confrontés à des soulèvements populaires, l’Algérie est restée relativement calme ces dernières années.

    Un mélange de réformes politiques minimales et une augmentation des dépenses du secteur public semblent avoir suffi à maintenir les gens satisfaits et éloignés de la rue.

    La question est : pour combien de temps ? En termes de liberté, de représentation équitable et de répartition égale, quasiment rien n’a changé dans le pays depuis la fin des années 1980.

    Pourtant, comme à la fin des années 1980, le prix du pétrole a chuté et l’Algérie estconfrontée à une crise économique croissante.

    En 2015, les exportations ont quasiment diminué de moitié, la monnaie locale a diminué en valeur, tandis que le déficit budgétaire a presque doublé et le chômage des jeunes a augmenté à près de 30 %.

    Si les autorités étaient obligées de couper certaines des nombreuses subventions qui maintiennent les pauvres sur leurs pieds, le 11 janvier 1992 pourrait soudainement sembler beaucoup moins lointain.

    – Peter Speetjens est un journaliste néerlandais qui a vécu plus de vingt ans au Liban, voyage régulièrement en Inde et s’intéresse plus particulièrement au rôle qu’ont joué les auteurs du XIXe siècle dans la conception actuelle du monde.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Photo : plusieurs milliers de partisans du FIS assistent à un rassemblement de campagne au stade olympique d’Alger, trois jours avant le premier tour des élections législatives, le 23 décembre 1991 (AFP).

    Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

    http://lequotidienalgerie.org/2017/01/22/lalgerie-en-1992-le-premier-printemps-arabe-qui-na-jamais-laisse

  • Traversées de la Méditerranée : quand la jeunesse tunisienne, désespérée, se jette à la mer (4/4)

    Depuis l’été 2018, de plus en plus d’embarcations partent de Tunisie pour traverser la mer Méditerranée. En face, l’Union européenne grince des dents. Pourtant, Tunis ne réagit pas, ou si peu. Déjà confronté à une crise économique et sociale majeure, le pays n’a pas - encore - fait de la crise migratoire une priorité. La Tunisie n’a toujours pas mis en place une politique nationale d’asile et il n’existe presqu’aucune structure d’aide pour les migrants. À l’instar des Africains subsahariens, la jeunesse tunisienne prend elle aussi - et de plus en plus souvent - le chemin de la mer pour atteindre l’Europe. Si la dictature a disparu, leurs espoirs d’une vie meilleure aussi.

    Miloud n’a pas l’air contrarié quand il évoque le sujet. « C’est comme ça », dit-il, fataliste. « Il est pêcheur, il connaît la mer ». Miloud, un chauffeur de taxi de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, n’a pas cherché à retenir son petit frère quand il a pris la mer, un matin en direction de l’Europe. La Méditerranée est pourtant pernicieuse, imprévisible, « mais pour les pécheurs de Zarzis, elle ne fait pas peur », affirme le trentenaire en souriant.

    Depuis l’été 2018, de plus en plus de barques partent de Tunisie et de la région de #Zarzis, notamment, en direction de l’Italie. « Près de 50 canots en juillet et en août », affirme Chamseddine, un pêcheur de la région, assis à côté de Miloud, dans un café de la ville. Le projet paraît fou : sur ces minuscules canots à moteur, il faut naviguer plus de 20 heures avant d’atteindre les côtes siciliennes, « 25 heures, si le moteur n’est pas de bonne qualité », ajoute Miloud qui précise que son petit frère est arrivé sain et sauf en Italie. « Mais les jeunes ici n’ont peur de rien, ils n’ont pas peur de la mer ».

    Contrairement aux départs depuis la Libye, seule une poignée des candidats à la traversée sont des Africains subsahariens. « L’écrasante majorité, 90% environ, sont des Tunisiens », affirme Ben Amor Romdhane, le chargé de communication du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants, notamment. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), près 5 000 Tunisiens ont en effet atteint l’Italie depuis le début de l’année. Ils représentent aujourd’hui la principale nationalité des arrivées dans la péninsule.

    Le profil de ces jeunes a souvent un même dénominateur commun : ils ont moins de 30 ans, et ils sont les premières victimes de la #crise_économique. Dans la région de Zarzis, écrasée par le soleil et le #chômage, Miloud, lui, fait un peu figure d’exception dans le paysage. « Je connais plein de Zarzisiens qui sont arrivés aujourd’hui en France, mais moi, mon activité de taxi marche bien. Je n’ai pas envie de traverser ».

    La mer attire aussi les diplômés sans emploi et les #travailleurs_pauvres

    Pour le FTDES, le gouvernement tunisien est en grande partie responsable de cette vague migratoire. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs d’une vie meilleure aussi.

    « Il n’y a aucun message d’optimisme de la classe politique », affirme Ben Amor Romdhane. « Le sentiment, c’est que l’école ne sert à rien, elle ne donne que des chômeurs ». Et ce sentiment a contribué à grossir inlassablement les rangs des candidats au départ vers l’Europe. « Si vous regardez ces jeunes, vous verrez qu’il y a parmi eux des étudiants qui ne trouvent pas de travail, des travailleurs avec des salaires bas. Ce n’est plus seulement les personnes les plus pauvres qui traversent ».

    Pour atteindre l’Europe, le petit frère de Miloud a embarqué avec 10 autres Tunisiens. Loin des grosses embarcations de plus de 100 personnes dont les médias ont diffusé d’innombrables clichés, les jeunes Tunisiens tentent, eux, la traversée sur des petits bateaux de 10 à 20 places. « Les passeurs achètent désormais des petits canots, avec des moteurs puissants. C’est plus discret et plus efficace », explique Ben Amor Romdhane.

    Parfois aussi, les jeunes partent sans passeur et préparent leur voyage de manière autonome, sans intermédiaire. Ils se cotisent, expliquent Miloud et Chamseddine. Un canot neuf avec moteur coûte environ 13 000 dinars (4 000 euros). Si chaque participant apporte 1 000 dinars (300 euros) – « c’est cher mais possible » – le départ a de grandes chances de prendre forme.

    De l’importance des #réseaux_sociaux

    Le rôle des réseaux sociaux est fondamental dans les incitations aux départs : « Les jeunes filment les traversées, les tentatives, il y a des groupes Facebook, des échanges entre jeunes, des partages de vidéos, d’images, de conseils. Les premiers encouragent les autres à partir », précise encore Ben Amor Romdhane.

    Combien de jeunes hommes et de jeunes femmes ont quitté les côtes tunisiennes depuis le début de l’année ? Difficile de savoir. Mais beaucoup atteignent les terres siciliennes, affirme Valentin Bonnefoy, un autre membre de l’association FTDES, coordinateur du département « Initiative pour une Justice Migratoire ». « Je pense que presqu’un Tunisien sur deux arrive en Italie sans se faire arrêter par les autorités italiennes. Nous recevons des témoignages en ce sens, des personnes qui ne sont pas interpellées, donc pas recensées dans les chiffres officiels ».

    Des drames arrivent aussi. Le 7 octobre, un Tunisien de 23 ans s’est noyé lors d’un #naufrage au large de Djerba. Le trajet dans de telles conditions est dangereux, rappellent les pêcheurs zarzisiens. « Il ne suffit pas de savoir naviguer, il faut savoir rester immobile sans bouger pendant des heures, les canots sont parfois de très mauvaise qualité, si quelqu’un se lève, il peut se renverser », explique Chamseddine. Il y a aussi des risques d’incendie. « Pour atteindre l’Italie avec de si petites embarcations, il faut caler 30 bidons d’essence à l’intérieur. Pour l’instant, il n’y a pas eu d’accident. Mais imaginez si quelqu’un allume une cigarette trop près… », ajoute de son coté Salaheddine, un autre pêcheur de Zarzis qui a déjà vu une quinzaine d’embarcations prendre le large cet été.

    Les appréhensions des pêcheurs de Zarzis

    Face aux départs, les autorités apportent une réponse sécuritaire. La surveillance des côtes a été renforcée, un complexe sécuritaire a vu le jour sur l’île de Kerkennah (dans la province de Sfax, au sud du pays), d’où partent aussi de nombreuses embarcations. « Mais le fond du problème reste le même, aucune politique n’est mis en place pour retenir les jeunes », déplore Ben Amor Romdhane de FTDES. « Pour le gouvernement, la priorité, ce sont les élections [présidentielles et législatives] de 2019 ».

    Les bateaux humanitaires, peu nombreux en mer, ne sont pas présents au large de la Tunisie pour secourir les éventuels naufragés. C’est souvent aux pêcheurs qu’incombe ce devoir malgré leurs craintes. « Nous apportons notre aide quand nous voyons des personnes en détresse, mais nous avons peur de la réaction des autorités », confesse Salaheddine. Depuis l’arrestation d’un de ses confrères, #Chamseddine_Bourassine, soupçonné d’être un passeur après avoir tracté une barque avec 14 migrants à bord en direction de Lampedusa, les pêcheurs de la région ont peur d’être assimilés à des trafiquants.

    « Souvent, les jeunes en difficulté, dans les eaux internationales, nous supplie de ne pas les ramener en Tunisie », explique Salaheddine qui a déjà secouru deux petites embarcations l’année dernière. « Ils veulent aller en Italie », et ils savent que la zone de pêche des Zarzisiens n’est pas loin de l’île italienne de Lampedusa. « C’est vraiment triste. Parfois, ces jeunes Tunisiens veulent tellement atteindre l’Europe qu’ils menacent de se faire du mal si nous les ramenons en Tunisie », conclut-il. « Et pourtant, je ne peux pas les emmener en Italie. Je ne peux pas leur faire cette promesse-là et aucun pêcheur de la région ne le pourra ».

    http://www.infomigrants.net/fr/post/12954/traversees-de-la-mediterranee-quand-la-jeunesse-tunisienne-desesperee-
    #Tunisie #émigration #jeunesse #migrations #jeunes #migrants_tunisiens #Méditerranée #mourir_en_mer #décès #mort #sauvetage #pêcheurs #pêcheurs_tunisiens

    Je mets en évidence ce passage :

    « Si vous regardez ces jeunes, vous verrez qu’il y a parmi eux des étudiants qui ne trouvent pas de travail, des travailleurs avec des salaires bas. Ce n’est plus seulement les personnes les plus pauvres qui traversent ».

    #pauvreté #développement

    ping @_kg_