• #images et #pouvoirs : #Berlusconi et les « #veline ». Entretien avec #Francesca_Martinez_Tagliavia

    Quels sont les effets de la #culture_visuelle sur la construction du pouvoir politique ? Loin d’une vision instrumentale qui ne verrait dans les images que des moyens neutres utilisés par les chefs et leur entourage pour asseoir leur pouvoir, Francesca Martinez Tagliavia pense leur signification politique à partir de la manière dont elles sont produites, tant par les acteur-ices que par les spectateurs·ices. En étudiant le rôle et l’histoire des veline, ces femmes qui accompagnaient Silvio Berlusconi sur les plateaux de télévision, l’autrice propose de déconstruire le pouvoir d’un chef à partir du discours de celles qui ont contribué, par leur image, à produire son charisme. C’est par une critique venue des marges du pouvoir qu’on peut, selon elle, élaborer un discours à la hauteur de nos exigences politiques.


    https://vacarme.org/article3078.html
    #velina #télévision #femmes #patriarcat #publicité #corps #image #pouvoir

    • Faire des corps avec les images : La contribution visuelle de la velina au charisme de Berlusconi

      À la fin des années 2000, l’image de la velina – soubrette hyper-érotisée de la télévision italienne – endosse dans les discours de la critique anti-berlusconienne le rôle de symbole de la marchandisation des corps féminins et de la subalternité féminine dans l’espace public, qui caractérise le ventennio berlusconien. Puisant ses outils dans l’épistémologie des Visual Studies anglo-saxons et dans la culture visuelle italienne contemporaine, la thèse vise d’abord à analyser les manières dont les images font le corps de la velina. La généalogie de la velina rassemble des images emblématiques et opposées de la féminité comme les Jeunes Italiennes fascistes, les Tiller Girls américaines et les héroïnes du cinéma softcore italien des années soixante-dix, pour se cristalliser ensuite dans cette image, au moment où elle fait irruption dans l’émission télévisuelle Striscia la notizia (Mediaset, groupe Berlusconi) en 1989. Par l’analyse d’une étude de cas spécifique – les pratiques et les micropolitiques quotidiennes de l’image de Giulia Calcaterra, velina de l’édition 2012-2013 de Striscia la notizia – on déconstruit ensuite le point crucial des argumentaires excluant les veline du savoir et de la politique. Selon la critique mainstream, la velina serait un sujet aliéné, ornement passif du Spectacle. À partir de sa propre parole au sujet de son action, elle émerge au contraire comme un sujet autoréflexif et intelligent, et comme une actrice privilégiée de l’économie esthétique et culturelle, sur la base de laquelle Silvio Berlusconi a construit son consensus politique à partir de la fin des années soixante-dix. La thèse se concentre ensuite sur le rapport entre l’image de la velina et l’image de Berlusconi, par l’analyse d’images qui connectent la velina au « chef » Berlusconi. Le « charisme » de Berlusconi est visuellement construit par Berlusconi lui-même, par les intermédiaires culturels de son parti, la presse anti-berlusconienne, le cinéma et d’autres productions visuelles, en connexion avec l’image de la velina. On retrace différents moments-clés de l’exercice d’une propagande politique fondée sur des politiques et des pratiques visuelles qui s’entrelacent à des pratiques discursives et à d’autres types de pratiques politiques, scientifiques, techniques et sociales visant à susciter dans l’électorat un « amour de la domination », à travers une « domination de l’amour ». Si l’image de la velina contribue activement au « charisme » de Berlusconi, c’est parce qu’elle attribue au chef le pouvoir érotique nécessaire pour que celui-ci inspire du désir pour sa domination.

      https://journals.openedition.org/acrh/7103
      #thèse_de_doctorat

  • Images en lutte - Cinquante après, un nouveau pavé.
    http://strabic.fr/Images-en-lutte-mai-68-Philippe-Artieres-Eric-de-Chassey

    Le catalogue Images en lutte est donc le produit du nouveau tournant de l’historiographie soixante-huitarde, celle qui institutionnalise l’événement, qui le réintègre dans l’histoire de l’État et de ses institutions prestigieuses. Ainsi, dans la préface de l’ouvrage, le directeur actuel de l’école, Jean-Marc Bustamante, se permet donc de dire « [l’exposition] révèle ainsi la place unique et le rôle essentiel que les Beaux-Arts de Paris tiennent dans notre pays depuis des siècles […] », quand ce qui s’est fait en ses murs en 1968 s’est fait essentiellement contre l’institution ringarde qu’était l’école des Beaux-Arts de Paris à l’époque. Avant d‘ajouter, concernant la période actuelle : « L’art s’y transmet plus qu’il ne s’y enseigne, et un bon artiste-enseignant est comme un guide accompagnateur qui livre au passage sa propre lecture du monde. »

    Or, on conviendra aisément à la lecture de ce même livre que les pratiques collectives vigoureuses des ateliers populaires, du Salon de la Jeune Peinture, de Supports/Surfaces sont aux antipodes de cette vision individualisée de la « transmission » de la pratique artistique.

    Lassant, ce désir de recentrer le propos sur le prestige du nom amène les exposants et auteurs de ce catalogue à faire perdurer un phénomène d’éclipse qui aurait pu être corrigé à l’occasion de ce cinquantenaire. Par exemple, quand près de trois cent pages sont consacrées à l’atelier populaire de l’ex-école des Beaux-arts de Paris, à peine treize lignes évoqueront les autres ateliers, la moitié d’entre elles étant dédiées à l’atelier populaire de l’école des Arts décoratifs de Paris. Ce sont pourtant au moins une trentaine d’ateliers qui ont été actifs dans le seul printemps 1968, présentant un certain nombre de principes et modes d’organisation similaires pour une production d’au moins une centaine de modèles supplémentaires… Sans compter sur les dizaines d’ateliers de sérigraphie militants dans la période dont traite l’exposition. L’immensité de ce corpus, partie prenante de la « culture visuelle de l’extrême-gauche (1968-1974) », dont certaines affiches sont heureusement présentes dans le catalogue, aurait mérité qu’on lui consacre un peu plus que quelques légendes.

    #Mai_68 #atelier_populaire #culture_visuelle #mémoire #Beaux_arts_(école) #récupération

  • #images et pouvoirs : #Berlusconi et les « #veline »

    Quels sont les effets de la #culture_visuelle sur la construction du pouvoir politique ? Loin d’une vision instrumentale qui ne verrait dans les images que des moyens neutres utilisés par les chefs et leur entourage pour asseoir leur pouvoir, Francesca Martinez Tagliavia pense leur signification politique à partir de la manière dont elles sont produites, tant par les acteur-ices que par les spectateurs·ices. En étudiant le rôle et l’histoire des veline, ces #femmes qui accompagnaient Silvio Berlusconi sur les plateaux de #télévision, l’autrice propose de déconstruire le pouvoir d’un chef à partir du #discours de celles qui ont contribué, par leur image, à produire son #charisme. C’est par une critique venue des marges du pouvoir qu’on peut, selon elle, élaborer un discours à la hauteur de nos exigences politiques.


    http://www.vacarme.org/article3078.html
    #pouvoir #femmes
    cc @wizo @albertocampiphoto

  • Quand tout le monde perpétue et légitime une accusation diffamatoire et raciste qui a fait subir la prison et l’humiliation à un innocent, c’est dégueulasse. quand en plus certains à gauche y participe, c’est gerbant :

    Pour rappel, Omar Raddad était innocent et il est plus que probable que Ghislaine Marchal n’ai jamais écrit ça avant de mourir.

    Pour le premier dessin il vaudrait mieux mettre Valls, debout au dessus du cadavre du code du travail, en train d’écrire, le couteaux ensanglanté à la main, « la gauche m’a tuer ».

    Pour la couverture de Fakir, je ne vois pas comment la rendre décente.

    #racisme #culture_visuelle

  • Pourquoi j’ai arrêté le porno - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2014/11/27/pourquoi-j-ai-arrete-le-porno_1152043

    Et comment, ce faisant, j’ai cessé de contribuer à l’affreuse industrie du sexe.

    J’ai cessé de consommer de la pornographie essentiellement pour deux raisons. La première, c’est qu’elle avait apporté énormément de colère et de violence dans mes fantasmes privés. Cette colère et cette violence n’étaient pas présentes en moi au départ, et je n’en voulais plus. Ce n’était pas moi, et j’ai décidé d’y mettre fin. Plus facile à dire qu’à faire. Deuxièmement, je me suis rendu compte que, en consommant de la pornographie, je contribuais à créer une demande pour la prostitution filmée. Car il s’agit bien de cela, de prostitution filmée : pornê c’est la prostituée, graphein rapporte à une notion d’écriture ou d’image. Or la prostitution n’est le rêve d’enfance de personne, elle est toujours l’effet de problèmes et de détresse. C’est une chose que j’ai comprise peu à peu en travaillant comme bénévole auprès d’hommes et de femmes prostitués, dont certains étaient victimes de la traite, en tant qu’« aide de service » dans des bordels, sous les ponts, au coin des rues… Mais on n’a pas besoin de faire tout cela pour comprendre le mécanisme de la pornographie et de la prostitution. Car, dans la pornographie, il ne s’agit ni d’érotisme ni de communication sexuelle saine, il s’agit de la domination et de la subordination des femmes par les hommes. Ce n’est pas seulement une pratique sexuelle, c’est une façon d’être, une hiérarchie de genres dans le monde.

    Ainsi, si l’on demandait à la pornographie comment elle définirait le sexuel, qu’est-ce qui fait qu’une chose est sexuelle, la pornographie nous rirait au nez. Qu’est-ce qui définit le sexuel ? Voyons ! Ce que les hommes trouvent excitant. Les hommes trouvent excitant d’étrangler une femme ? De la pénétrer brutalement sans le moindre contact, tendre caresse, baiser ou étreinte ? Alors c’est sexuel. Les hommes trouvent excitant de voir une femme ou un enfant pleurer ? Alors c’est sexuel. Les hommes trouvent excitant de violer une femme ? Alors c’est sexuel. Dans n’importe quel site porno mainstream sur le Net, on peut trouver la catégorie « Viol » à côté de la catégorie « Humiliation », la catégorie « Abus », la catégorie « Larmes », et ainsi de suite. Et ce n’est pas comme si la pornographie banale ne débordait pas déjà de ces motifs. Même dans ses versions les plus douces, ce que nous montre la pornographie dans 80 à 90% des cas, c’est en fait la sexualité sans les mains. Et ce n’est pas ainsi que fonctionne notre désir authentique. Pardon, je vais répéter : la sexualité sans les mains.

    Si vous ne renoncez pas à la pornographie, observez cela la prochaine fois que vous regardez : la caméra porno ne cherche nullement à capter des activités sensuelles normales du genre caresses, préliminaires, frôlements, étreintes, baisers… Non, ce qui intéresse la caméra porno, c’est la pénétration. Donc normalement la composition sera un homme et une femme - à supposer qu’il n’y en ait qu’un de chaque - son pénis est en elle - bon, ne soyons pas trop exigeants, peu importe où, quelque part en elle il y a un pénis, son pénis est en elle quelque part, d’accord ? - et, pour ne pas bloquer la caméra pendant ce gros plan extrême sur la pénétration, l’homme se tient le plus souvent les mains derrière le dos. Et la femme, dans cette position inconfortable, doit s’occuper du pénis en elle, sans porter atteinte ni à sa coiffure ni à son maquillage (car c’est de l’argent et du temps qu’on a investis en elle), sans perturber ses mouvements agressifs et surtout sans bloquer la caméra. Donc, en fin de compte, sous différentes formes et avec des acrobaties diverses, on a deux personnes en train de faire l’amour de telle sorte que les seules parties du corps qui se touchent sont le pénis et la partie pénétrée. Sans les mains.

    Tout ce que nous regardons nous envahit

    Je fais chaque année entre 250 et 300 conférences devant des soldats, des étudiants, des élèves… Personne n’est jamais venu me dire, après : « Ran, vous savez, cette histoire du "sexe sans mains"… En fait c’était ça mon désir authentique. Quand j’avais 11 ou 12 ans, je n’avais pas du tout envie d’embrasser ou de toucher la personne, ça ne suscitait pas ma curiosité. Moi, dès le début, c’était les pénétrations. » Personne ne m’a jamais dit ça. Avant la pornographie. Après la pornographie…

    #porno #culture_visuelle

  • Tempête dans le microcosme.
    Le post est un peu pour moi tant le sujet sur la représentation de la violence et le mépris du public est récurrent.

    "Le photographe Ammar Abd Rabbo et le choix du public de Bayeux
    Pourquoi je n’ai pas apprécié le prix du public !" http://blogs.mediapart.fr/blog/michel-puech/131014/le-photographe-ammar-abd-rabbo-et-le-choix-du-public-de-bayeux

    Michel Puech : Prix Bayeux-Calvados : les journalistes interpellés par le public, ou les experts contre le vulgaire. http://blogs.mediapart.fr/blog/michel-puech/131014/prix-bayeux-calvados-les-journalistes-interpelles-par-le-public

    Dans les deux tribunes manque la voix de ce public, de ces motivations et du rôle de médiateur et de pédagogue de la profession.

    Mais la polémique est intéressante par ce qu’elle révèle des relations de la profession avec son public, de sa relation à l’information et de la transformation de l’image de presse dans un marché qui glisse vers un marché de l"art".
    Avec l’interrogation centrale et fluctuante qui est celle de la représentation de la violence et sa destination.

    http://www.crlc.paris-sorbonne.fr/pdf_revue/revue2/Spectacle1.pdf
    "les sujets tragiques sont élevés et cruels (atroces) : édits royaux (jussa Regum), carnages, actes de désespoir (desperationes), pendaisons, exils, pertes de parentsproches (orbitates), parricides, incestes, incendies, batailles, aveuglements,
    larmes, gémissements, cris plaintifs (conquestiones
    ), enterrements, éloges funèbres (epitaphia) et chants de deuil (epicedia).
    La représentation tragique doit éviter de mettre sous les yeux des spectateurs la violence extrême. Ce refus n’est pas lié à des motivations morales, mais à la méfiance envers la réalisation scénique, qui présente des risques de trahison et de dérapage."

    Voire l’argumentation de la manipulation par DAESH (mais envers quel public on ne nous dira rien) qui passe sous silence celle des acteurs occidentaux. Là aussi l’indignation est sélective.

    "La violence scénique n’a pas seulement préoccupé la théorie du théâtre, elle a nourri un questionnement esthétique récurrent.
    Le plaisir qui naît de la médiation mimétique n’est rien à côté du saisissement que provoque l’horreur dans sa vérité la plus immédiate. Le paradoxe de Phrynichos : sujet impossible et matière idéale
    Pourquoi ce succès de la violence ? Essentiellement parce que, vraie ou feinte, elle est susceptible de provoquer les réactions les plus fortes, si fortes même qu’elles en deviennent ambivalentes, susceptibles de se renverser en leur contraire, ce qui les rend d’autant plus intéressantes"

    Ce succès de la violence interroge sur une représentation brute de celle-ci et l’absence de toute explication et de toute contextualisation qui est directement la responsabilité du photographe et de ses diffuseurs.

    "Surenchère : la violence appelle la violence,dans une inflation sans fin car le public en redemande. La tragédie risque donc de céder à une surenchère de spectacles toujours plus frappants.
    La caractéristique essentielle de la violence contemporaine est sans
    doute la modification du rapport que les sociétés « avancées » d’aujourd’hui entretiennent avec elle : un
    rapport essentiellement médiatisé.
    Nous n’avons plus de contact avec le corps souffrant et saignant,
    mais un rapport qui passe avant tout par l’image."

    Ammar Abd Rabbo : "Nous l’avons vu malheureusement avec nos confrères enlevés et ceux exécutés récemment. Après l’horrible mise en scène et l’exécution de James Foley". Et quelques lignes plus loin un rappel aux victimes syriennes.

    Quelle représentation de cette violence est permise et quelle est interdite ?
    Position que l’on peut rapprocher de la tolérance sociale à la violence mais je n’ai pas trouvé de texte pertinent.

    Système de représentation de la violence : « Comme le souligne Michel Deutsch : "Aujourd’hui, la représentation (dans le triple sens de déléguer, de placer devant, de rendre présent à nouveau…) est en crise. Donc, que je le veuille ou non, je suis condamné à travailler cette crise de la représentation." Si l’on considère que la problématique esthétique de la représentation consiste à penser "la représentation comme régime de pensée de l’art, de ce qu’il peut montrer, de la façon dont il peut le montrer et du pouvoir d’intelligibilité qu’il peut donner à cette monstration." Ce qui est en jeu, c’est l’effondrement de l’image du monde. Tant dans ses pouvoirs d’imitation et dans sa dimension réflexive, que dans ses pouvoirs d’exposition. » http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2007.hamidi-kim_b&part=136571

    Ammar Abd Rabbo : Le jour même, les professionnels du jury international avaient choisi de distinguer le travail sobre et esthétique d’un photographe... Ou l’esthétique contre l’authenticité.
    Les nouveaux chemins de l’authenticité photographique http://culturevisuelle.org/icones/2965

    "Il paraît difficile de nier un tel constat. La poésie n’est pas le journalisme, et l’art n’est pas la photographie." http://culturevisuelle.org/icones/2648
    Esthétisation du photojournalisme http://culturevisuelle.org/icones/2648

    La rectitude photojournalistique. http://etudesphotographiques.revues.org/3123

    "J’ai retenu une chose de la pensée scientifique dans mon éducation tardive. Celle-ci se forge et se renforce si elle va voir ce qui se passe dans les marges, s’y confronte, ouvre et accepte le débat, la contestation et la remise en question." http://blogs.mediapart.fr/blog/vpadja/010212/lettre-ouverte-partie-iv-partie-iv-les-experts-de-la-republique-et-l

    Parallèle avec les musiques savantes "La séparation populaire/savant, à haute teneur élitiste, est surtout héritée d’une séparation de deux mondes, celui « d’en bas » et celui « d’en haut »" Guillaume Kosmicki. (Conférence donnée pour la Cité de la Musique dans le cadre des « Leçons magistrales » http://guillaume-kosmicki.org/pdf/musiquespopulaires&musiquessavantes.pdf

    #photojournalisme #violence #représentation #élitisme public

  • cvuh: Le vrai visage de Robespierre par Guillaume Mazeau
    http://cvuh.blogspot.fr/2013/12/le-vrai-visage-de-robespierre-par.html

    Il n’en finit pas de faire le buzz. Un peu plus de deux ans après la mise en vente de manuscrits inédits de Robespierre, des spécialistes de la reconstruction faciale en 3D viennent d’annoncer avoir reconstitué le « vrai visage » de celui qui, dans la mémoire nationale, incarne toujours le sanglant dictateur de la « Terreur ». Massivement diffusé depuis quelques jours à l’occasion d’une grande opération médiatique, le visage numérique s’offre au regard des Français, invités à enfin juger par eux-mêmes, d’un coup d’œil, de la « vraie nature » de l’Incorruptible. En théorie parée de toutes les garanties scientifiques, l’équipe de Philippe Froesch, déjà responsable de la reconstruction du visage d’Henri IV, inspire spontanément confiance et laisse croire qu’il est possible, grâce à la technique numérique la plus pointue, d’accéder à une réalité du passé jusqu’ici cachée.

    #historiographie #technologie #histoire #manipulation

  • • Le festival de jazz de Montreux utilise l’image du petit Grégory dans une publicité
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/07/16/gaffe-le-festival-de-jazz-de-montreux-utilise-limage-du-peti

    Le graphiste, « qui n’est pas un professionnel et manque d’expérience » selon le festival, a « cherché une image d’enfant sur Google images » – une première erreur, la probabilité étant forte de tomber sur une image qui n’est pas libre de droits. Il voit cette photographie qui circule dans tous les médias français depuis trente ans, montrant le petit garçon souriant, la choisit."Il est jeune, étranger, ne connaît pas l’affaire", déplore le festival.

    Si on faisait pareil avec les chirurgiens ? Il est pas chirurgien mais boulanger : « Il a retiré un organe qu’il trouvait d’une couleur douteuse mais c’était pas le bon… »

    • Leurs efforts sont amusants. Ils disent « le journal emploie durant le festival des jeunes en formation pour la mise en page ». Ils parlent tous d’un « jeune graphiste ignorant », un garçon de 20 ans, qui n’est « pas un professionnel » et « manque d’expérience »... En terme courant, on dit « stagiaire », mais (à 23h59) il n’y a pas un journaliste pour écrire le mot.

    • J’aimerais bien savoir par quels mots-clés il est tombé sur cette image ; « enfant » et « enfant souriant » ne la montrent pas. Mais il s’agit peut-être d’une blague (de mauvais goût) qu’ils ne peuvent pas assumer, et qu’il est plus facile de mettre sur le dos de google images ? Simple interrogation.
      Cela dit n’en tirons pas non plus des généralités sur les stagiaires ; les « pros » font aussi parfois des big mistakes, voire, se spécialisent dans la connerie.

    • Mauvais goût, mauvais goût…
      http://www.youtube.com/watch?v=W1uvQeuqvsE

      Sinon, la défense des professionnels de la profession qui ne se plantent jamais me fait globalement chier. Comme beaucoup de gens, je n’ai jamais exercé le métier que j’ai appris à l’école, et aucune des activités que j’exerce pour gagner ma vie n’a été apprise à l’école.

      Quant à comparer les graphistes et les iconographes aux chirurgiens, c’est idiot : avant qu’un graphiste tue quelqu’un parce qu’il s’est raté sous Photoshop, il y a tout de même un monde.

    • C’est pas la peine de passer d’un extrême à l’autre « la défense des professionnels de la profession qui ne se plantent jamais ». On sait bien que ces professions (graphistes, photographes, maquettistes… sont attaquées de partout pour réduire les coûts. Les conséquences sont multiples : perte de savoir faire (mais pas de toute puissance), disparition d’un secteur économique, perte de confiance accrue envers les médias, appauvrissement informationnel…
      La petite guéguerre entre professionnels et amateurs ne m’intéresse pas, cette bataille d’égos mal placé occupe un peu partout les commentaires des blogs mais ça ne fait rien avancer.
      Enfin un chirurgien amateur tue le patient, la gestion en amateur de l’information tue la démocratie. Le choix d’une comparaison extrême est là pour faire réfléchir sur un champ large permettant en principe à chacun de revenir sur le sujet en apportant des nuances, peut-être que l’exemple était mal choisi parce que là, ça ne semble pas avoir été compris…

    • L’exemple est mauvais parce que l’importance du graphisme dans la société est totalement dérisoire par rapport à celle de la médecine, et que les conséquences d’un graphisme laid sont… la laideur. Pas terrible, mais supportable.

    • Je ne vois pas comment on peut lire ton poste autrement que sous l’angle corporatiste :
      – tu cites une histoire qui dit qu’ils ont fait bosser un « non professionnel », qui « manque d’expérience » (et qui s’est bien planté),
      – ensuite tu demandes si on ferait la même chose avec un chirurgien (or, justement, le métier de chirurgien est strictement régulé par l’obtention d’un diplôme).

      La réponse à la seconde partie étant évidemment « non », la seule lecture possible est qu’il ne faudrait pas autoriser un « non professionnel » ou qui « manque d’expérience » à réaliser le petit coupon signalant qu’il y a une garderie gratuite dans ce concert.

      On peut tout aussi bien interdire l’utilisation dans un cadre professionnel de logiciels réalisés par des non-diplômés de l’informatique (parce que les conditions de travail des informaticiens diplômés ne sont pas roses, parce que la diffusion de mauvais code informatique est dangereux pour la société…).

      Au passage, désormais le journalisme est très largement exercé par des gens diplômés qui ont appris le métier dans des écoles de journalisme – alors que c’était totalement faux il y a quelques décennies –, je ne vois pas qu’on ait ni gagné en qualité de la vie démocratique, ni, surtout, en protection des droits sociaux des journalistes.

    • Pour que ça advienne, il a dut manquer des cases dans la fabrication ! ils n’ont trouvé personne pour relire avant publication ? La liaison avec un chirurgien ne me choque pas, cela arrive quand on réduit les effectifs drastiquement, que l’on ne donne plus le temps, ou que le seuil de connaissance s’effondre. La médecine, comme les transports, comme le spectacle, n’échappe pas à la logique marchande. Je défends l’idée de métier, même si il est le fait d’amateurs. Que le graphiste soit inexpérimenté, soit, mais laisser passer une bourde pareille c’est géant, en fait le festival n’a pas de garderie et à trouver ça pour que les parents renoncent à laisser leurs enfants …
      #éducation_à_l'image

    • Je crois que @touti met le doigt là où ça fait mal : le fait que leur chaîne graphique avait l’air bien courte et manquait cruellement de postes de validation (ou alors, effectivement, de gens avec un bagage minimum de #culture_visuelle).
      Perso, quand je rend un taff, y en a toujours pour une éternité de va et vient parce qu’il faut bouger le sous-titre de 3 pixels, que le second annonceur en partant du verso, il est 4 pixels trop petit ou que le rendu du jaune tire plus sur la pisse que le canari et surtout, parce que tout le monde trouve très important d’ajouter son grain de sel et d’étaler sa propre inculture graphique.

      Aussi un exemple où l’expression aliénante de la #dead_line prend toute sa saveur.

    • (a) Oui, enfin, « éducation à l’image », parce que vous vous l’auriez forcément reconnue, cette photo ? Moi pas. Ça date de 1984, et depuis, disons, 1990, je prends un soin extrême à ignorer avec autant de soin que possible les faits divers. Marc Dutroux, par exemple, je connais son nom mais je n’ai aucune idée de sa tête – alors je serais assez capable de faire une belle boulette si je devais faire une affiche pour recruter des animateurs de centre aéré.

      Il se trouve que j’ai des étudiants graphistes, je suis donc assez pour leur transmettre l’amour du métier bien fait, mais désormais ces jeunes gens sont nés l’année de la mort du petit Grégory. Ils acquièrent une belle culture de l’image, ils ont des cours de sémiologie, des conférences hebdomadaires, ils connaissent le petit nom de tous les typographes vivants ou morts, savent reconnaître n’importe quelle police de caractère rien qu’en regardant le g minuscule… mais je ne crois pas que reconnaître la tête du petit Grégory fasse partie des choses qu’ils apprennent pour obtenir leur diplôme.

      (b) Sinon, que Montreux ait une chaîne de production de ses communications graphiques raccourcie, je trouverais ça plutôt sympa. Bosser avec en face une chaîne de décision qui remonte jusqu’au ministre, j’ai donné : ça ne produit pas plus de qualité et ça n’améliore en rien les conditions sociales des travailleurs-travailleuses de l’industrie graphique.

    • Non mais @arno, justement, qu’ils connaissent ou pas, ils savent a priori au minimum que pour utiliser une image, il faut l’identifier assez précisément (origine, auteurs, licences, etc). La technique google image au hasard et c’est réglé me parait effectivement relever du niveau 0 des compétences en icono.

    • Niveau 0, certainement pas. Je n’ai jamais constaté que les graphistes professionnels (ni même les journalistes) étaient particulièrement compétents en matière de droit d’auteurs. (Nous on en bouffe depuis des années à cause des problématiques Web, c’est vraiment très différent.) Si en plus tu jettes une poignée de « creative commons » là-dedans (c’est tout de même ce qui justifie l’idée de « photos récupérées sur le Web »), tu n’as plus beaucoup de professionnels qui comprennent quoi que ce soit (tu sais à quel point je suis obligé d’expliquer à plein de gens parfaitement professionnels les problématiques de droits avec les webfonts ?). Accessoirement (en fait, pas accessoirement du tout), je ne suis pas d’accord pour qu’on mette les problématiques de droit d’auteur dans la catégorie « niveau 0 » et « éducation à l’image » (même si c’est moi qui fait le cours sur les droits d’auteur à nos étudiants, pour pas qu’ils se fadent justement le discours qui oublie que ce sont eux qui produisent du droit d’auteur, alors qu’on ne leur parle que de leur obligation de respecter celui d’Adobe, et parce que j’en ai besoin pour leur présenter les notions du libre).

    • La technique google image au hasard et c’est réglé me parait effectivement relever du niveau 0 des compétences en icono.

      disais-je. Que chercher une licence ne soit pas si évident, OK, ce sera plus haut que le niveau 1, pour continuer cette merveilleuse métaphore, mais ça n’empêche pas que se contenter de copier une image sur google image sans l’identifier davantage (avant la question de la licence, OK) correspond à un niveau 0 de l’icono.

      Par ailleurs, il n’est pas impossible que certains graphistes soient excellents en… graphisme, mais nuls en icono.

    • @arno* tu as mal interprété mon message et je reprends la phrase de @touti « Je défends l’idée de métier, même si il est le fait d’amateurs. »
      Puisque tout le monde y va de sa bio perso pour argumenter, moi aussi j’ai appris mon métier (photographe) sur le tas. Comme tout métier il faut avoir quelques compétences techniques (mais de moins en moins avec les avancées positives des nouveaux appareils), une pratique esthétique (cadrage, notion de perspective, histoire de la photo, de la peinture, culture générale, etc), les codes de bases (quitte à en transgresser certains) (respect des gens photographiés, droits divers, hiérarchie implicite, etc)… tout cela ne fait pas que l’on est forcément un photographe génial et n’empêche pas des amateurs de faire de meilleures images ou d’être plus respectueux des gens mais c’est un cadre qui permet de constituer une chaine de confiance de la personne photographiée à celle qui lit le journal (en passant par tous les intermédiaire).
      Pour l’exemple présent, le problème n’est pas l’amateur qui a fait l’affiche mais l’organisation qui a pris une personne non qualifiée pour ne pas la payer, non encadrée pour ne pas perdre de temps à la former, non protégée par un système de validation minimal des conséquences de ses erreurs…
      Dans le journalisme, quand on te vole une image, on envoie toujours un stagiaire pleurer au téléphone qui te dit qu’il savait pas, qu’il va être viré si tu continues à réclamer d’être payer, etc.
      Pour finir par l’exemple du chirurgien, il y a pleins de médecins étrangers qui n’obtiennent à qui on ne donne pas l’équivalence du diplôme en France et que l’on utilise, malgré tout à des postes de responsabilités en les payant moins. Ok, ils ont les compétences mais à la moindre erreur, ils ne sont protégé de rien. Ce phénomène gagne le milieu des infirmières à qui on fait faire des actes de médecin (et là, elles n’ont pas forcément le niveau quand elles sont jeunes, après, elles apprennent malgré tout sur le terrain).
      Cette affaire est simplement symptomatique du système libéral tout azimut.

    • Juste pour préciser mon propos sur l’amateur, pour moi il n’y a là rien de dévalorisant, héritage d’une lecture de Godard, l’amateur est celui qui aime. En l’occurence, là, ce n’est pas un amateur, c’est un inculte ;)

    • @peweck Je suis déjà plus d’accord dit comme ça.

      Mais sans perdre de vue, tout de même, que l’on parle de métiers qui n’existent que depuis récemment, de techniques récentes, voire de métiers qui ont déjà pris la place d’autres métiers.

      L’« information commerciale » et la réclame annonçant qu’un lieu de récréation infanticide sera gracieusement mis à disposition des enfants des invités de madame la Sous-Préfète, ce n’était pas fait par un « graphiste », il n’y avait pas de photo prise par un photographe en dessous du texte. C’était au plomb, monté directement par un ouvrier typographe, et fallait pas trop le faire chier parce qu’on va pas y passer la journée.

      Dans ce genre de discussions sur l’amour du métier, il y a toujours la notion de perte de compétences et de savoir-faire, et de destruction de métiers par le libéralisme économique. Je veux bien, mais en l’occurrence c’est une petite information commerciale bien pérave dans un journal. Ça ne bénéficie d’un traitement graphique que depuis une cinquantaine d’années, sinon c’était monté par l’ouvrier typographe directos, et depuis cinquante ans, c’est de toute façon un truc toujours moche. Il y avait d’assez bonnes parodies dans le Livre des Nuls, façon pubs dans Spiderman en 1982. Dans les compilations de conneries imprimées, ce genre de petits encarts occupe toujours la meilleure place.

      Ce dont on parle, là, ça n’a jamais été bien glorieux, jamais cher et jamais confié à des graphistes de haut niveau. Personne ne s’est jamais payé Alexey Brodovitch pour faire ce genre de chose. Si on veut pousser le bouchon, on pourrait même dire c’est des trucs qui permettent de faire travailler des gens qui ne sont pas des pointures, et ça permet aux débutants de se former. Mais avant-avant, ça n’existait pas sous cette forme, il n’y a pas grand chose qui s’est perdu.

  • Libération vampirise les primaires | André Gunthert
    http://owni.fr/2011/10/04/liberation-vampirise-les-primaires

    En choisissant des portraits spectaculaires pour illustrer ses Unes sur la primaire socialiste, Libé a moins valorisé les candidats que le produit éditorial : le grand entretien. Une zombification graphique qui en annonce d’autres.

    #Cultures_numériques #Images #cinema #culture_visuelle #iconographie #liberation #parti_socialiste #portrait #ps

  • Du bon usage des photos de stock | Patrick Peccatte
    http://owni.fr/2011/06/28/du-bon-usage-des-photos-de-stock

    L’arrivée de Google Search by Image dans le domaine de la recherche visuelle inversée, en complément de #TinEye, pourrait modifier l’utilisation des photos de stocks par les entreprises et permettre aux photographes de dénicher les usages illicites de leur travail.

    #Culture #communication #culture_visuelle #Getty #Google_SbI #iconographie #illustration #marketing #photographie #presse

  • #Apple n’aime pas la culture populaire | Pier-Alexis Vial
    http://owni.fr/2011/06/11/apple-n%e2%80%99aime-pas-la-culture-populaire

    Les industries culturelles considéreraient-elles la culture populaire comme illégitime et productrice de spectateurs pirates ? Notre culture n’aurait-elle pas de valeur face à leur économie ? Pier-Alexis Vial nous livre son point de vue.

    #Cultures_numériques #Freeculture #cinema #copyright #culture_populaire #culture_visuelle #iPhone #jeux_vidéos #orsay_commons #piratage #youtube