• Acédie

    L’acédie fut pour l’Église ce que le burn-out est au monde de l’entreprise : un affect redouté qui touche l’individu, mais qui sape aussi la foi dans le système, ce qui explique qu’il soit pris au sérieux. Car l’acédie n’est pas une paresse comme les autres. (...)
    Elle surprend, parmi les moines, les perfectionnistes de la foi aux tâches réglées et aux prières quotidiennes, qui ne reculent ordinairement pas devant un jeûne supplémentaire ni devant un office plus matinal encore, mais qui, parfois, s’effondrent.(...)
    Les Pères du désert, Cassien, saint Jean Climaque, Isidore de Séville, saint Thomas et beaucoup d’autres l’ont étudiée en raison de sa fréquence chez les solitaires ou dans
    les monastères. Il faut dire que l’acédie s’emparait des meilleurs éléments et des religieux les plus fervents. Des moines qui n’ont jamais douté, qui semblaient en chemin vers la sainteté, se trouvent un jour fatigués de Dieu. (...)
    Bernard Forthomme, dans un impressionnant volume consacré au sujet, parle de « l’acédie comme surtravail ». Il analyse des exemples de ce que les anciens appelaient « le démon du travail » pour montrer que les Pères de l’Église ont apparenté l’acédie à une maladie du « trop », et non pas de l’oisiveté. C’est l’excès de prière qui a raison de la foi.

    Global burn-out, Pascal Chabot, Puf, Collection “Perspectives critiques”

    #histoire #religion #philosophie #psychologie #danger_travail