• La protection des données au travail, un enjeu syndical et de négociation collective | Calimaq
    https://scinfolex.com/2018/07/06/la-protection-des-donnees-au-travail-un-enjeu-syndical-et-de-negociation-

    C’est une chose que l’on oublie souvent, mais les employés au travail disposent encore de leur droit à la vie privée et au contrôle de l’usage de leurs données. Cette dimension de la protection des données personnelles fait moins parler d’elle que celle des internautes face aux GAFAM, mais pourtant entre 5 et 20% des plaintes adressées à la CNIL chaque année concernent les relations entre employés et employeurs, notamment à propos du droit d’accès aux informations personnelles. Source : : : S.I.Lex : :

    • Cette référence à l’impératif de respect des droits et libertés est cruciale et un exemple concret permettra d’en mieux saisir l’importance. On a appris récemment qu’en Chine, un certain nombre d’entreprises commençaient à déployer des techniques « d’affectice computing » sous la forme de casques dotés de capteurs cérébraux permettant de surveiller les émotions des salariés : le stress, la colère, la fatigue, etc. Les firmes qui ont recours à ces technologies disent le faire au nom de la productivité ou pour améliorer la sécurité au travail, ce qui pourrait correspondre à ce que le RGPD appelle des « intérêts légitimes ». En Chine, les employés n’ont visiblement pas pu s’opposer au déploiement de ces méthodes de contrôle terriblement intrusives et un article de Slate rapporte même ce témoignage glaçant d’un manager chinois à propos des réactions des travailleurs :

      "Ils pensaient que l’on voulait lire leurs pensées. Certains étaient mal à l’aise et il y a eu de la résistance au début."

      En Europe, la résistance à ces procédés pourraient s’appuyer sur le RGPD et faire obstacle à l’invocation de l’intérêt légitime de l’entreprise pour atteinte disproportionnée à des libertés et droits fondamentaux. Sachant que si l’arrivée des casques détectant les émotions paraît encore assez improbable, d’autres signes inquiétants commencent à poindre, comme ce dépôt de brevet d’Amazon sur un bracelet connecté destiné à enregistrer en permanence les mouvements des mains des employés de ses entrepôts…

      Il est aussi question de la question de la pertinence du consentement du salarié ou de la salariée (à livrer ses données) dans le cadre d’une relation de subordination (le travail) :

      si le respect du consentement est appelé à jouer un rôle central dans la protection des internautes, ce ne sera pas le cas pour les employés en situation de travail. La raison en est assez logique : l’employé est lié à l’employeur par une relation de subordination qui fait que par construction, le consentement ne peut pas être considéré comme « libre » en raison du déséquilibre des forces en présence. Le RGPD contient notamment un considérant 43 assez explicite quant à l’incompatibilité entre liberté du consentement et subordination :

      "Pour garantir que le consentement est donné librement, il convient que celui-ci ne constitue pas un fondement juridique valable pour le traitement de données à caractère personnel dans un cas particulier lorsqu’il existe un déséquilibre manifeste entre la personne concernée et le responsable du traitement […]

      (...)

      Et c’est là que le renvoi de la Charte éthique et numérique RH à l’article 88 du RGPD pourrait prendre tout son sens, en ouvrant la voie à ce que certaines notions du Règlement fassent l’objet d’une déclinaison sectorielle par le biais de conventions collectives. Cela signifie que la détermination de ce que sont les intérêts légitimes des entreprises en matière de traitement de données ne devrait pas relever d’une définition unilatérale par les employeurs. Cela peut au contraire devenir un enjeu de négociation collective et de démocratie sociale, ce qui serait parfaitement logique étant donné qu’il est question de protection des droits et de la dignité des personnes.

      (...)

      (...) on peut dire que l’employé paraît aujourd’hui parfois mieux protégé que ne l’est le simple internaute face aux grandes plateformes comme les GAFAM, alors même que, contrairement au salarié, il dispose en théorie du consentement individuel pour contrôler ses données. Les employés peuvent s’appuyer sur ce qui fait actuellement cruellement défaut aux internautes, à savoir des moyens collectifs de défense de leurs droits sur les données. Une fois mises en œuvre dans le champ des relations de travail, ces méthodes d’organisation et de négociation collectives pourraient être appropriées plus largement par la société civile pour défendre les données en général, y compris face aux grandes plateformes vis-à-vis desquelles nous sommes tous des « travailleurs de la donnée ».

      #data_monkey #informatisation

  • “The Snowden saga heralds a radical shift in capitalism”

    http://evgenymorozov.tumblr.com/post/71228557738/my-ft-oped

    Technical infrastructure and geopolitical power; rampant consumerism and ubiquitous surveillance; the lofty rhetoric of “internet freedom” and the sober reality of the ever-increasing internet control – all these are interconnected in ways most of us would rather not acknowledge or think about. Instead, we have focused on just one element in this long chain – state spying – but have mostly ignored all others.

    But the spying debate has quickly turned narrow and unbearably technical; issues such as the soundness of US foreign policy, the ambivalent future of digital capitalism, the relocation of power from Washington and Brussels to Silicon Valley have not received due attention. But it is not just the NSA that is broken: the way we do – and pay for – our communicating today is broken as well. And it is broken for political and economic reasons, not just legal and technological ones: too many governments, strapped for cash and low on infrastructural imagination, have surrendered their communications networks to technology companies a tad too soon.

    • What eludes Mr #Snowden – along with most of his detractors and supporters – is that we might be living through a transformation in how capitalism works, with personal data emerging as an alternative payment regime. The benefits to consumers are already obvious; the potential costs to citizens are not. As markets in personal information proliferate, so do the externalities – with democracy the main victim.

      This ongoing transition from money to data is unlikely to weaken the clout of the #NSA; on the contrary, it might create more and stronger intermediaries that can indulge its data obsession. So to remain relevant and have some political teeth, the surveillance debate must be linked to debates about capitalism – or risk obscurity in the highly legalistic ghetto of the privacy debate.

      Other overlooked dimensions are as crucial. Should we not be more critical of the rationale, advanced by the NSA and other agencies, that they need this data to engage in pre-emptive problem-solving? We should not allow the falling costs of pre-emption to crowd out more systemic attempts to pinpoint the origins of the problems that we are trying to solve. Just because US intelligence agencies hope to one day rank all Yemeni kids based on their propensity to blow up aircraft does not obviate the need to address the sources of their discontent – one of which might be the excessive use of drones to target their fathers.

      Unfortunately, these issues are not on today’s agenda, in part because many of us have bought into the simplistic #narrative – convenient to both Washington and #Silicon_Valley – that we just need more laws, more tools, more transparency. What Mr Snowden has revealed is the new tension at the very foundations of modern-day capitalism and democratic life. A bit more imagination is needed to resolve it.