• Réponse du Cabinet du Maire de la Ville de Paris à notre interpellation par lettre ouverte dont la signature reste ouverte ici http://goo.gl/CJa11
    Je vous la livre telle quelle, pas le temps de la commenter mais c’est toujours le même discours depuis le début.

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    Monsieur,

    Vous avez laissé un message sur le site de la Ville de Paris le 22 mai, et je me fais un devoir de vous renseigner plus complètement. Et d’abord sur les conditions d’évacuation de l’immeuble situé 51 Avenue Simon Bolivar.

    Cet immeuble de bureaux n’est absolument pas conçu pour accueillir des personnes en hébergement, puisqu’il ne comporte ni chambres, ni sanitaires (douches), ni cuisine.

    Il est surtout dangereux en termes de risque incendie. Selon un rapport de la Direction de l’Urbanisme de janvier 2009, ce bâtiment présente plusieurs problèmes graves au regard de la sécurité incendie : structure métallique offrant une résistance au feu insuffisante, issue de secours non-conforme, isolement de parois non-conforme, présence très importante de bois non traité, etc. Tous ces éléments ont conduit la Ville à mettre un terme à son occupation par les services techniques municipaux.

    C’est sur la base de ces éléments que « Jeudi noir », qui avait également investi les lieux, a accepté de quitter ce site dangereux pour les personnes car présentant une insuffisante résistance au feu.

    Dès le lundi, la Ville de Paris a cherché à prendre des contacts. Pendant deux jours, Pascale Boistard, Adjointe au Maire de Paris, des élus du 19ème arrondissement, des adjoints de la majorité (Denis Baupin), le cabinet du Maire, et le Secrétariat Général de la Ville ont été présents sur le site quasiment en permanence. Il a été très compliqué de trouver des interlocuteurs : aucun représentant ni porte parole reconnu n’a été désigné, les décisions étant prises au sein d’une assemblée générale composée de militants « extrémistes » se réunissant dans l’immeuble, dont l’accès était interdit à la Ville de Paris.

    Malgré nos demandes, nous n’avons jamais pu disposer d’une liste complète des Tunisiens occupant l’immeuble, ni connaître précisément leur nombre. Plusieurs réunions ont eu lieu, notamment dans les locaux de la CFDT, pour leur indiquer l’extrême dangerosité du site, que la Ville ne prendrait pas le risque de laisser à l’intérieur des personnes exposées à un tel risque et qu’elle leur proposait des hébergements.

    Dès le mardi après midi, la Ville de Paris a proposé un nombre les places d’hébergement en nombre suffisant pour éviter l’arrestation des Tunisiens en situation irrégulière. 100 places étaient en effet disponibles dans un centre d’hébergement spécialement ouvert pour les Tunisiens occupant l’immeuble, géré par l’association Aurore et financé par la Ville. Ces places venaient s’ajouter aux 120 places en hôtel gérées par « France Terre d’Asile ». Et une quarantaine de places supplémentaires pouvaient être mobilisées dès le mercredi soir.

    Mardi soir, alors qu’un bus des TAM était sur place pour accompagner les Tunisiens vers ce centre d’hébergement, plusieurs militants présents sur place les ont dissuadés d’accepter ces propositions malgré les risques imminents (connus de tous) d’intervention de la police et d’arrestation. Le collectif a manifesté dans la soirée son hostilité aux pompiers présents sur place (qui ont dû quitter les lieux) lorsqu’un des occupants a escaladé le toit de l’immeuble dans des conditions de danger extrême.

    La Ville a constamment répété aux occupants que nous ne pourrions pas les laisser dans les lieux au-delà du mardi soir et qu’une évacuation interviendrait in fine s’ils restaient, avec les risques d’interpellation induits.

    La Ville a dû déposer une plainte lundi, procédure administrative nécessaire dans tous les cas d’occupation illicite, afin de dégager la responsabilité du propriétaire en cas d’accident dans le bâtiment. L’intervention s’est faite mercredi à la demande de la Ville pour raisons de sécurité.

    La plainte a été retirée avec le départ des occupants et n’est en rien une circonstance aggravante pour les Tunisiens arrêtés et placés en garde à vue du fait de leur situation irrégulière. Nous n’avons eu de cesse de répéter depuis 10 jours l’indignité et l’inefficacité des arrestations policières.

    Si le collectif avait accepté les propositions d’hébergement de la Ville disponibles la veille de l’évacuation, les 84 Tunisiens arrêtés en situation irrégulière auraient été protégés des interpellations. Nous ne pouvons que regretter que les « organisateurs » de ce collectif n’aient pas eu comme priorité la protection immédiate de ces personnes.

    Dans cette affaire, personne de bonne foi ne peut contester qu’il aurait été irresponsable de laisser près de 200 personnes dans cet immeuble dangereux plusieurs semaines (ce qui aurait été le cas si nous ne l’avions pas évacué dans le délai de 48 heures), a fortiori dans les conditions de grande confusion, voire de violence, qui régnait parmi les occupants.

    Personne ne peut contester non plus que la Ville a tout fait pour offrir aux occupants une solution alternative d’hébergement et n’a cessé de prévenir les occupants des conséquences inévitables de leur refus. Elle ne pouvait faire perdurer une telle situation, dangereuse pour les occupants.

    En l’absence de réponse de l’Etat qui a la responsabilité de la prise en charge des sans-abri, la Ville a mis en œuvre des mesures exceptionnelles afin que cette population soit accueillie dans des conditions dignes en mobilisant près de 300 places d’hébergement. La situation de ces personnes en errance nécessite un suivi social et sanitaire appuyé ainsi qu’un accompagnement juridique dans le respect de la dignité des personnes et du droit qu’il s’agisse des accords de Schengen ou de la convention européenne des droits de l’homme.

    Le Maire de Paris a demandé à l’Etat que les situations individuelles soient étudiées avec pragmatisme. En avril 2008, un accord de coopération a été signé entre la France et la Tunisie pour accueillir 9000 Tunisiens qui souhaiteraient travailler en France. Aujourd’hui, seules un peu plus de 2000 personnes ont bénéficié de cet accord. Au regard de la situation de chacun, le Maire de Paris demande que l’Etat respecte le cadre de cet accord et propose, chaque fois que cela est possible, une régularisation par le travail. Pour les Tunisiens qui souhaiteraient retourner en Tunisie, la Ville invite l’Etat à mettre en place un dispositif adapté à ces circonstances exceptionnelles, notamment en proposant une aide au retour revalorisée.

    J’ajoute que lors du Conseil de Paris des 16 et 17 mai, la collectivité parisienne a souhaité mobiliser ses services et soutenir l’action des associations autour de plusieurs priorités définies de façon coordonnée. Ainsi, la Ville facilite l’hébergement d’urgence des personnes les plus fragiles réalisé par les associations « France Terre d’Asile » et « Aurore » qui mobilisent au total 230 places d’accueil en hôtel ou en centre d’hébergement sur un mois, avec un accompagnement individuel et la recherche de solutions dans le respect du droit et de la dignité humaine : une convention liant l’association « France Terre d’Asile » au Département de Paris financera cette action d’orientation individuelle et de prise en charge hôtelière (130 places) à hauteur de 92 000 €. Une autre convention liant l’association « Aurore » au Département de Paris financera l’ouverture d’un centre d’hébergement de 100 places d’accueil, avec un service de restauration et de suivi social, à hauteur de 90 000 €.

    Il s’agit d’autre part de soutenir la mise en place de maraudes humanitaires de nuit réalisées par l’association « Emmaüs » afin d’aller au contact des personnes à la rue pour leur proposer une aide sociale immédiate et procéder à des signalements en cas de problème de santé avéré. Ces équipes ont également pour mission de réaliser une veille sociale sur les sites les plus sensibles dans les 10ème, 19ème et 20ème arrondissements afin de mieux évaluer la composition et l’évolution de ces groupes communautaires. Cette action sera financée par le biais d’une subvention exceptionnelle de 12 000 €.

    Enfin, pour aider au renforcement de l’aide alimentaire délivrée par les associations « La chorba » et « Une chorba pour tous », qui distribuent quotidiennement plus de 500 repas à ces personnes, une subvention exceptionnelle de 8.000 € sera versée à chacune des deux associations.

    En outre, des kits d’hygiène sont distribués et une prise en charge médicale est proposée quand cela est nécessaire. C’est une enveloppe de près de 335 000 euros qui est consacrée aux Tunisiens.

    Je termine en soulignant que la Ville ne peut accepter les dégradations des équipements publics ni les violences (notamment à l’endroit de ses personnels) qui ont marqué l’occupation du gymnase de la rue de la Fontaine-au-Roi, et je ne doute pas que votre sentiment rejoigne le nôtre.

    Veuillez recevoir, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.
    Le Chef du Cabinet du Maire de Paris

    Emmanuel Grégoire

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