• Une sécheresse critique s’installe durablement dans le bassin méditerranéen

    Du Maghreb à l’Italie, en passant par l’Algarve, dans le sud du Portugal, toute la côte est de l’Espagne, les Baléares, l’extrême sud de la France, la Sicile, la Sardaigne, Malte et jusqu’en Crète, le constat s’impose : la situation actuelle ne relève pas d’un épisode exceptionnel lié aux températures record – même si les trois derniers mois se distinguent comme l’hiver le plus chaud jamais enregistré à l’échelle mondiale –, mais d’un phénomène durable.

    [...]

    Après les températures extrêmement élevées qui ont marqué l’année 2023, 2024 débute dans des « conditions critiques » de #sécheresse dans le bassin méditerranéen, observent les scientifiques du Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC, selon son acronyme anglais) dans un rapport sur ce phénomène publié le 20 février. En s’appuyant sur les indicateurs de leur Observatoire européen de la sécheresse, fondé sur l’exploitation des images satellites du programme européen Copernicus, ils évoquent même un état d’alerte pour le sud et l’est de l’Espagne, le sud de la France, la majorité de l’Italie, Malte, Chypre, une partie de la Roumanie, de la Grèce et de la Turquie. Globalement, tout l’ouest du bassin méditerranéen est frappé de plein fouet. Le JRC insiste sur l’extrême gravité de la situation au Maghreb.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/18/une-secheresse-critique-s-installe-dans-le-bassin-mediterraneen_6222655_3244

    https://justpaste.it/e1up1

    #eau #Méditerranée

    • Face à un déficit en eau historique, « on risque de voir l’agriculture sicilienne mourir »
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/18/face-a-un-deficit-en-eau-historique-on-risque-de-voir-l-agriculture-sicilien

      L’île italienne souffre d’un déficit pluviométrique depuis plus de six mois. Le manque d’eau est tel qu’il menace la survie économique de nombreuses exploitations agricoles. Des orangeraies aux élevages bovins, la Sicile fait face à un « désastre annoncé ».
      Par Allan Kaval (Lentini et Raguse (Italie), envoyé spécial)

      Au bord du chemin poudreux, les orangers ont soif. Leurs feuilles sont flétries et leurs fruits, minuscules. Alessandro Scire, producteur d’agrumes dans la plaine de Catane comme son père et son grand-père avant lui, sort son couteau suisse et coupe une petite orange gorgée de sucre, de la taille d’une mandarine. Elle a beau être délicieuse, elle serait invendable. Le manque d’eau, sévère en cette fin d’hiver sicilien, a engendré des fruits nains, de taille non conforme aux calibres de commercialisation et aux habitudes des consommateurs, mettant en péril toute la filière des agrumes.

      Legs de la période islamique de l’île, entre les IXe et XIe siècles, exploités massivement au XIXe siècle à destination des marins pour éloigner le scorbut, bientôt exportés à travers le monde et faisant la fortune de premiers mafieux, les orangers, citronniers et mandariniers siciliens plongent leurs racines dans les profondeurs de l’histoire insulaire. Leur avenir est désormais menacé alors que la région affronte la pire #sécheresse_hivernale depuis que les mesures météorologiques ont commencé à être prises, en 1921.

      « Nous sommes en colère et émotionnellement éprouvés mais il n’y a rien à faire contre les forces de la nature », déplore, amer, M. Scire, 42 ans, propriétaire de 80 hectares d’orangers, soit environ 40 000 arbres dans une exploitation voisine. « C’est un désastre qui avance et avance et avance… » Les oranges seront probablement abandonnées sur l’arbre. Trop petites pour le commerce, elles pourraient intéresser les industries de transformation, mais selon l’agriculteur, les prix d’achat qu’ils imposent seraient inférieurs aux coûts de production. Les fruits continueront alors à peser sur les branches et à affaiblir l’oranger. De fait, la question n’est plus tant de savoir comment limiter les dégâts pour la récolte de cette année, mais bien de savoir comment les arbres vont survivre à l’été.

      https://justpaste.it/ea6ep

      #agriculture #Sicile

    • Le nord-est de l’Italie subit une sécheresse précoce
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/02/27/le-nord-est-de-l-italie-frappe-par-une-secheresse-precoce_6163533_3244.html

      Par Olivier Bonnel (Rome, correspondance), le 27 février 2023
      Canaux asséchés à Venise, pénurie d’eau potable… la région connaît une sécheresse persistante, de Venise au Piémont. Le ministre de l’environnement a même mis en garde contre de possibles rationnements.

      Des gondoles échouées dans des canaux asséchés à Venise… L’image, spectaculaire, a beaucoup circulé. Causé par les marées basses qui touchent la ville en cette saison et accentué par les hautes pressions anticycloniques auxquelles les Vénitiens sont habitués, le phénomène n’est pourtant pas lié à la sécheresse persistante qui touche le nord-est de l’Italie.

      [...]

      Selon les relevés pluviométriques de l’agence régionale de prévention et de protection de l’environnement, il est tombé seulement 0,5 millimètre de pluie en Vénétie au cours des quinze premiers jours de février, alors que la moyenne saisonnière est d’ordinaire de 60 millimètres.


      Marée basse à Venise (Italie), le 18 février 2023. LUIGI COSTANTINI/AP


      Le pont de la Becca, sur le fleuve Pô, non loin de Linarolo (Italie), le 21 février 2023. PIERO CRUCIATTI/AFP

      https://justpaste.it/e743c

    • En 2023, une sécheresse sans fin dans les Pyrénées-Orientales
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/12/29/en-2023-une-secheresse-sans-fin-dans-les-pyrenees-orientales_6208256_3244.ht

      Fin décembre, l’aquifère de la plaine du Roussillon reste « extrêmement dégradée, avec des niveaux très bas ». Une situation préoccupante, qui fragilise notamment les secteurs du tourisme et de l’agriculture.
      Par Stéphane Foucart, le 29 décembre 2023


      La retenue de Vinça, dans les Pyrénées-Orientales, le 9 décembre 2023. ED JONES/AFP

      Dans les Pyrénées-Orientales, l’année s’achève comme elle a commencé : sans pluie. Selon les données provisoires de Météo-France, le département a connu une sécheresse record, plus sévère encore que celle de 2022 – année qui avait été déjà la moins arrosée de l’histoire des relevés. Ce déficit de précipitations est une caractéristique forte de la Catalogne française, où il n’y a pas eu de températures plus inhabituellement élevées que dans le reste du territoire français.

      « Sur l’ensemble du département, le bilan des précipitations est catastrophique, avec des stations qui ont souvent cumulé la moitié, voire moins, des niveaux normaux », précise Tristan Amm, prévisionniste à Météo-France. A Perpignan, par exemple, le cumul de pluies atteint 250 millimètres (mm), soit près de 20 % de moins que le record de 2022, à 305 mm de cumul. « Pour donner une idée de ce que cela représente, il faut savoir que la moyenne 1991-2020 se situe à 571 mm de cumul par an sur Perpignan, détaille M. Amm. Le record de précipitations sur la ville a vu un cumul de 222 mm en une seule journée, le 12 novembre 1999. » Soit presque autant en vingt-quatre heures que sur l’ensemble de l’année écoulée…

      Un « rail des dépressions »

      Même les pluies exceptionnelles de l’automne n’ont pas profité à la plaine du Roussillon et au massif des Aspres. « Entre mi-octobre et mi-novembre, la France a été balayée par une succession quasi ininterrompue de passages pluvieux, favorisée par un “rail des dépressions” sur le proche Atlantique (…), explique Météo-France, dans son bilan provisoire. Jamais de telles quantités de pluies n’avaient été mesurées en trente jours consécutifs, à l’échelle du pays. Localement, les cumuls ont approché 900 mm dans le Massif central, 800 mm dans les Vosges, 500 mm dans le Pas-de-Calais, 400 mm en Poitou-Charentes, alors qu’ils n’ont pas dépassé 25 mm à Perpignan. »

      Au 1er décembre, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), constatait dans son bulletin que l’aquifère de la plaine du Roussillon était toujours « extrêmement dégradée, avec des niveaux très bas » et que « la recharge ne sembl[ait] pas avoir débuté ». En tout état de cause, l’année à venir sera elle aussi marquée par les difficultés, en particulier pour le secteur agricole, dominé dans le département par l’arboriculture et la viticulture. « Il semble difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves des nappes du Roussillon d’ici au printemps 2024 », note le BRGM.

      L’une des questions posées par ces deux années de sécheresse est celle du lien avec le changement climatique – et donc la possibilité de voir l’aridité devenir structurelle dans la région. « Les modèles climatiques ont du mal à simuler ce qui pourrait se produire dans l’avenir à d’aussi petites échelles que celle d’un département, explique M. Amm. Mais on a de bonnes raisons de penser que le réchauffement va rendre plus probables des sécheresses plus intenses et plus longues, mais aussi des épisodes de précipitations extrêmes. » Une oscillation entre extrêmes qui est, déjà, l’une des caractéristiques climatiques des contreforts méditerranéens des Pyrénées.

      Fort Impact sur la viticulture et l’élevage

      Le tourisme et l’agriculture font partie des secteurs les plus touchés. « Nous sommes depuis deux ans dans une situation extrêmement compliquée, avec des rendements faibles dans la plupart des secteurs, mais surtout dans les cultures non irriguées, résume Bruno Vila, arboriculteur et responsable local de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles. En particulier, la viticulture est très touchée ; la situation étant aggravée par l’état du marché. L’élevage est aussi énormément affecté : sur le département, nous avons beaucoup de fermes extensives autonomes en fourrage. La sécheresse a fortement réduit les réserves et, dès janvier, les exploitants devront acheter du fourrage pour nourrir leur cheptel. »

      Durant le printemps, les milieux agricoles ont affronté des associations écologistes désireuses de voir restreint le pompage dans les rivières, menacées d’assèchement. Le débit réservé de la Têt, par exemple, a été au centre de nombreuses polémiques arbitrées par la préfecture.

      « Tout au long de l’année, nous avons dû discuter avec tous les acteurs du territoire, pour fixer des niveaux de restrictions que nous pouvions imposer à tel ou tel, sans mettre en péril la survie économique des activités, explique-t-on à la préfecture. Nous avons aussi accéléré la mise en place des mesures d’adaptation, telle la récupération des eaux usées pour certains usages comme l’arrosage ou le nettoyage de la voirie… Il y a aujourd’hui sept stations d’épuration habilitées, dans le département. »

      Les restrictions d’usage ont aussi été l’occasion d’inciter les secteurs économiques à investir dans des infrastructures et des systèmes moins gourmands en eau. « Pour l’agriculture, nous avons par exemple modulé les restrictions en fonction des systèmes d’irrigation, en favorisant les plus économes comme le goutte-à-goutte, précise-t-on à la préfecture. Nous avons aussi incité les campings et les hôtels à mettre en place des systèmes de récupération des eaux de lavage de filtre de piscine, de manière que chaque litre d’eau serve deux fois. »

    • Stress hydrique : comment la vallée du Rhône fait face
      https://www.lemonde.fr/le-monde-et-vous/article/2023/12/11/stress-hydrique-comment-l-auvergne-rhone-alpes-fait-face_6205214_6065879.htm

      Le déficit en eau, la hausse des températures et la multiplication des épisodes extrêmes placent le bassin rhodanien dans une situation climatique préoccupante.
      Par Richard Schittly (Lyon, correspondant), le 11 décembre 2023.

      C’est arrivé sans prévenir. Le 27 juillet 2022, dans le petit village de Clansayes, dans le sud du département de la Drôme. D’un coup, plus rien n’est sorti des robinets. Une coupure soudaine, généralisée. « Vous vous levez le matin et il n’y a plus d’eau du tout. Vous ne comprenez pas tout de suite ce qui arrive », raconte Maryannick Garin, maire du village de 600 habitants. Rupture de canalisation ? Beaucoup plus grave. En cherchant l’origine de la coupure, la municipalité se rend compte que le niveau de la nappe phréatique a trop baissé à cause de la sécheresse qui dure depuis des mois. Les pompes ne parviennent plus à puiser dans la source qui alimente depuis toujours la commune.
      « C’est un choc énorme. On se sent vulnérable, tout le monde comprend à quel point l’eau est précieuse », témoigne l’élu, (...)

      La hausse des températures va nécessiter de modifier le fonctionnement des quatre centrales nucléaires situées sur les rives du fleuve et de leurs dix-huit réacteurs. Objectif : limiter les rejets d’eau des circuits de refroidissement en périodes trop chaudes. Le ralentissement de la production l’été doit notamment concerner les trois centrales qui fonctionnent en circuit ouvert. Cette seule question des centrales nucléaires donne la mesure des efforts à accomplir : passer en circuit fermé deux centrales nucléaires suppose des travaux d’un coût d’un milliard d’euros.

      https://justpaste.it/edhxo

      #nucléaire

      Au Maroc...
      https://seenthis.net/messages/1038678

      edit 37,2° à Agadir le 7 mars 2023
      https://seenthis.net/messages/1046464
      c’était déjà le cas en février
      https://seenthis.net/messages/1041773

      #canicule #climat #désertification

  • Des juives orthodoxes américaines prônent une grève du sexe pour protester contre un refus de guet Jackie Hajdenberg Time of israel

    Ce mouvement de protestation utilise les rites juifs de pureté conjugale comme un moyen de pression en soutien à Malky Berkowitz à qui le mari refuse le divorce depuis 4 ans

    Les partisanes de Malky Berkowitz disent qu’elles lancent une "grève du mikvé" - une forme de protestation qui s’appuie sur les rituels juifs de pureté sexuelle comme moyen de pression pour que le mari de Malky lui accorde le divorce.

    JTA – Pour aider l’une d’entre des leurs à obtenir un divorce religieux de son mari après quatre ans d’efforts, des militantes orthodoxes juives se sont engagées à ne plus avoir de relations sexuelles avec leurs maris et ont intensifié leur campagne publique.


    Les partisanes de Malky Berkowitz, 29 ans, ont entamé ce qu’elles appellent une « grève du mikvé « , une forme de protestation qui utilise les rituels juifs de pureté conjugale comme moyen de pression. La grève commence vendredi soir et pourrait se prolonger.

    Selon la loi juive traditionnelle, les femmes mariées doivent s’immerger dans un mikvé , ou bain rituel, après leurs menstruations, avant de pouvoir avoir des relations sexuelles avec leur mari – ce que beaucoup font le soir même. Certaines autorités affirment que la loi juive, ou halakha , attache une importance particulière au rapport conjugal qui suit l’immersion.

    Pour Adina Sash, qui défend les intérêts des femmes juives dont les maris séparés refusent de divorcer selon la loi rituelle, cela fait des rapports sexuels après le mikvé un moyen de protestation tout à fait indiqué.

    Depuis sept semaines, Sash – une militante féministe orthodoxe de Brooklyn connue sous le nom de Flatbush Girl sur Instagram – dirige une équipe d’activistes, d’avocats et de leaders communautaires qui travaillent tous pour aider Berkowitz à obtenir un « guet »  , ou acte de divorce juif. Le mari de Berkowitz, Volvy, refuse de lui donner le guet nécessaire pour finaliser leur divorce, ce qui en fait ce que l’on appelle une «  agouna »  , ou « femme enchaînée », et selon la loi juive, une femme qui ne peut pas se remarier.

    Sash estime que les femmes orthodoxes devraient normaliser les dispositions légales juives relatives au divorce avant de se marier, afin d’éviter de se voir un jour refuser le divorce, ce qui est généralement considéré comme une forme de maltraitance.

    « Je vous invite à nous rejoindre dans cette grève du mikvé et à ne pas avoir de relations sexuelles les nuits de mikvé ou de mitzvah , les vendredis soirs, jusqu’à ce que Malky soit libre, afin de témoigner de votre compassion pour Malky », a-t-elle déclaré en s’adressant à ses consœurs orthodoxes (la tradition juive encourage les couples mariés à avoir des relations sexuelles le shabbat, connu pour cette raison sous le nom de « nuit de mitzvah  » dans le monde orthodoxe).

    Elle a expliqué que l’objectif était d’encourager les hommes de la communauté à défendre la cause de Berkowitz.

    « Lorsque votre mari vous demandera ‘Pourquoi ?’, répondez ‘Jusqu’à ce que Malky soit libéré, la prochaine aguna  pourrait être moi’. Appelez votre rabbin et trouvez un moyen de contribuer à la libération de Malky », a-t-elle ajouté.

    Cet événement fait écho à la grève du sexe de « Lysistrata », la comédie grecque d’Aristophane dans laquelle les femmes d’Athènes s’abstiennent de coucher avec leurs maris afin de mettre fin à la guerre du Péloponnèse.

    Dans les communautés contemporaines, les grèves du sexe ont également été utilisées avec succès pour provoquer des changements, comme la fin de la guerre civile au Libéria en 2003 grâce à la participation des femmes du pays. Leymah Gdowbee, organisatrice de la grève du sexe au Liberia, a reçu le prix Nobel de la paix pour ses efforts.

    Des femmes orthodoxes auraient organisé des manifestations similaires à petite échelle dans le passé, comme au Canada il y a plusieurs décennies. Mais plus récemment, les protestations au nom des agunot ont pris la forme de manifestations publiques, de pressions sur les rabbins et, de plus en plus, de campagnes sur les réseaux sociaux telles que celles menées par Sash.

    À la question de savoir si Malky Berkowitz avait une opinion sur la grève, Sash a répondu : « Malky n’a rien dit ».

    L’ORA, l’Organisation pour la Résolution des agunot , basée à New York, a été créée en 2002 dans le but précis de faciliter les divorces juifs, et l’organisation propose également des accords prénuptiaux halakhiques qui imposent une pénalité en cas de refus tout en respectant la loi juive. Un représentant de l’ORA n’a pas répondu aux demandes de commentaires de la JTA sur la grève du sexe.

    De nombreux followers de Sash ont exprimé leur approbation de son appel à la grève, qu’elle a officiellement annoncé sur les réseaux sociaux jeudi après-midi.

    « Malky en vaut la peine », a commenté l’une d’entre elles. « Chaque aguna  avant elle en vaut la peine. Chaque femme que nous pouvons aider à éviter de devenir une aguna  en vaut la peine. »

    En réponse à un message contraire, une autre femme a indiqué : « Ce n’est pas une question de punir les femmes ». Et d’ajouter : « Une grève du sexe bien menée ferait réfléchir certains hommes de pouvoir ».

    Mais les détracteurs de la grève – y compris ceux qui conviennent que le problème du refus du guet doit être abordé – disent qu’elle pourrait interférer avec le shalom bayit , ou la paix au foyer, une valeur juive souvent citée, et pourrait perturber des relations par ailleurs saines.

    Le rabbin David Bashevkin, créateur du podcast orthodoxe populaire 18Forty, a déclaré lundi sur X : « On ne guérit pas une relation bancale en créant d’autres relations bancales. L’utilisation de l’intimité comme levier de protestation sociale est peu judicieuse et même carrément dangereuse. Ce qu’il faut, c’est d’avantage de familles saines. D’avantage de relations saines. »

    « Il s’agit d’une question communautaire qui nécessite une coordination et une implication communautaires », a-t-il ajouté.

    Certaines féministes orthodoxes qui ont fait pression au nom des agunot se disent pourtant gênées par l’idée de cette grève. Daphne Lazar Price, directrice exécutive de l’Alliance féministe juive orthodoxe, a déclaré à la JTA qu’elle s’élevait souvent contre la « militarisation de la halakha » et qu’elle considérait la grève du mikvé comme un autre exemple de cette militarisation.

    « Le contrôle coercitif fondé sur la religion est moralement répréhensible et ne devrait jamais être toléré », a-t-elle écrit dans un courriel adressé à la JTA. « Les femmes ne devraient pas avoir besoin de menacer leur mari de ne pas avoir de relations sexuelles pour attirer l’attention des hommes – ni pour convaincre les hommes de se conduire comme des alliés des femmes et du système halakhique qu’ils prétendent tant chérir. L’utilisation du sexe comme forme de coercition est également très problématique ».

    Elle suggère par ailleurs que la grève pourrait créer une opportunité pour les autorités juridiques juives de se souvenir des autres tactiques dont elles disposent pour faire pression sur les hommes qui refusent de divorcer de leur femme – et notamment celle « d’interdire aux maris récalcitrants l’accès à toutes les institutions et entreprises religieuses et communautaires juives, ainsi qu’aux domiciles privés, jusqu’à ce qu’il donne un guet« .

    Sash a attribué les réactions négatives à la grève à un double standard « misogyne » entre le refus d’une demande de divorce et le refus d’une relation sexuelle.

    « S’ils refusent de donner le guet, alors nous refuserons d’avoir des relations sexuelles », a déclaré Sash.

    « Ils nous disent : ‘Comment pouvez-vous refuser le sexe ? Vous transformez votre corps en instrument de guerre ! Comment pouvez-vous refuser le sexe ? Vous transformez l’intimité en instrument de guerre’. Mais la véritable question est ‘comment pouvez-vous refuser le divorce ?’ Vous transformez la procédure de divorce en instrument de guerre. Vous maintenez une femme dans l’incertitude ».

    Malky et Volvy Berkowitz se sont mariés en 2016. Lors de leur mariage, Malky portait un dek tichel , ou voile de mariée opaque, qu’elle a décrit dans un texte partagé avec la JTA comme un « bandeau ».

    « A part les moments où Volvy m’a donné une bague kdishen [sic] et m’a mise enceinte deux fois, nous n’avons jamais eu aucune connexion », a-t-elle écrit. « Au revoir Volvy, je ne t’ai jamais connu et je ne te connaîtrai jamais. »

    #israel #divorce #femmes #religions #rituels #maltraitance #Lysistrata #mikvé #pureté_sexuelle #menstruations #rapport_conjugal #femmes_enchaînées #eau #contrôle_coercitif

    Source : https://fr.timesofisrael.com/des-orthodoxes-americaines-pronent-une-greve-du-sexe-pour-proteste

  • SAINTE SOLINE, AUTOPSIE D’UN CARNAGE

    Le 25 mars 2023, une #manifestation organisée par des mouvements de défense de l’environnement à #Sainte-Soline (#Deux-Sèvres) contre les #megabassines pompant l’#eau des #nappes_phréatiques pour l’#agriculture_intensive débouche sur de véritables scènes de guerre. Avec près de 240 manifestants blessés, c’est l’une des plus sanglantes répressions de civils organisée en France depuis le 17 octobre 1961 (Voir en fin d’article le documentaire de Clarisse Feletin et Maïlys Khider).

    https://www.off-investigation.fr/sainte-solineautopsie-dun-carnage
    Vidéo :
    https://video.off-investigation.fr/w/9610c6e9-b18f-46b3-930c-ad0d839b0b17

    #scène_de_guerre #vidéo #répression

    #Sainte_Soline #carnage #méga-bassines #documentaire #film_documentaire #violences_policières #violence #Gérald_Darmanin #résistance #militarisation #confédération_paysanne #nasse
    #off_investigation #cortège #maintien_de_l'ordre #gaz_lacrymogènes #impuissance #chaos #blessés #blessures #soins #élus #grenades #LBD #quads #chaîne_d'élus #confusion #médic #SAMU #LDH #Serge_Duteuil-Graziani #secours #enquête #zone_rouge #zone_d'exclusion #urgence_vitale #ambulances #évacuation #plainte #justice #responsabilité #terrain_de_guerre #désinformation #démonstration_de_force #récit #contre-récit #mensonge #vérité #lutte #Etat #traumatisme #bassines_non_merci #condamnations #Soulèvements_de_la_Terre #plainte

    à partir de 1h 02’26 :

    Hélène Assekour, manifestante :

    « Moi ce que je voudrais par rapport à Sainte-Soline c’est qu’il y ait un peu de justice. Je ne crois pas du tout que ça va se faire dans les tribunaux, mais au moins de pouvoir un peu établir la vérité et que notre récit à nous puisse être entendu, qu’il puisse exister. Et qu’il puisse même, au fil des années, devenir le récit qui est celui de la vérité de ce qui s’est passé à Sainte-Soline ».

    • question « un peu de vérité », il y avait aussi des parlementaires en écharpe, sur place, gazé.es et menacé.es par les quads-à-LBD comme le reste du troupeau alors qu’ils protégeaient les blessés étendus au sol ; personne n’a fait de rapport ?

      Il y a eu une commission d’enquête parlementaire aussi, je crois, qui a mollement auditionné Gérald ; pas de rapport ?

  • En Allemagne, un groupe d’extrême gauche revendique le « sabotage » d’une usine Tesla
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/05/en-allemagne-l-usine-tesla-interrompt-sa-production-apres-un-incendie-volont

    Implantée près de #Berlin, l’usine européenne du fabricant américain de voitures électriques #Tesla a été mise à l’arrêt, mardi 5 mars, en raison d’un incendie volontaire. Elle a été la cible d’un « sabotage », revendiqué par un groupuscule allemand d’extrême gauche, Vulkan Gruppe, selon un message posté sur le site Indymedia.
    « Nous nous sommes fixé pour objectif de réaliser le plus grand black-out possible de la gigafactory » de Tesla, a fait savoir le mouvement. Ce mouvement, connu des renseignements généraux allemands, avait déjà revendiqué un incendie criminel sur un chantier de Tesla en 2021.
    « Aux premières heures de la matinée, il y a eu une panne de courant sur le réseau public, probablement en raison d’un incendie criminel, qui a entraîné l’arrêt de la production », avait annoncé à l’Agence France-Presse une porte-parole de Tesla, avant la revendication diffusée par Vulkan Gruppe. Elle a précisé que les employés étaient retournés chez eux et que l’entreprise ne savait pas quand la production pourra reprendre.

    #sabotage #eau

    • « Cela représente pour nous des dommages économiques d’un montant à neuf chiffres et nous n’avons actuellement aucune visibilité claire quant au moment où nous pourrons reprendre la production », a déclaré à la presse André Thierig, le directeur de l’usine. Inaugurée en 2022, cette dernière, qui est la seule de Tesla en Europe, emploie 11 500 salariés et produit le Model Y, le SUV en tête des ventes de véhicules électriques sur le continent.

      Contestation de la population sur un projet d’agrandissement

      Mais Tesla est au centre des critiques après avoir déposé une demande afin d’agrandir sa « gigafactory » de 170 hectares, qui est située sur la commune de Grünheide, une zone boisée au sud de Berlin.

      Alors que l’entreprise dirigée par Elon Musk entend doubler sa production, les habitants ont exprimé leur opposition au projet et leurs inquiétudes, vis-à-vis notamment de l’importante consommation en eau de l’usine, lors d’un vote consultatif. Jeudi 29 février, des militants écologistes ont commencé à occuper une #forêt près de la gigafactory pour s’opposer aux projets d’agrandissement. Ils ont construit des cabanes dans les #arbres afin d’empêcher d’éventuels travaux.
      Tesla « mange de la terre, des ressources, des hommes, de la main-d’œuvre et crache pour cela 6 000 SUV, machines à tuer et monster trucks par semaine », a dénoncé Vulkan Gruppe dans son message. Les activistes accusent l’usine de « polluer la nappe phréatique et [de] consommer pour ses produits d’énormes quantités d’une ressource en eau potable déjà rare ».
      L’ONG environnementale allemande Robin Wood, qui participe au mouvement de protestation, a toutefois « rejeté tout lien » avec le sabotage et affirmé mener une action « pacifique ».

    • https://de.indymedia.org/node/344525

      Wir haben heute Tesla sabotiert. Denn Tesla in Grünau frisst Erde, Ressourcen, Menschen, Arbeitskraft und spuckt dafür 6000 SUVś, Killermaschinen und Monstertrucks pro Woche aus. Unser Geschenk zum 8. März heißt, Tesla abzuschalten.
      Denn die komplette Zerstörung der Gigafactory und mit ihr das Absägen von „Technofaschisten“ wie Elend Musk sind ein Schritt auf dem Weg der Befreiung vom Patriarchat.

      Voir aussi :

      https://seenthis.net/messages/1044451

      https://seenthis.net/messages/1045159

  • Tesla und die Abwasser-Grenzwerte : Fast so unverschämt wie Elon Musk
    https://taz.de/Tesla-und-die-Abwasser-Grenzwerte/!5995378
    Quand les élus préfèrent quelques postes d’emploi et versements d’impôts à la survie des espèces dont l’humaine de leur région. L’usine Tesla aux portes de Berlin met en danger l’approvisionnement en eau de toute la région.

    1.3.2024 von Jonas Wahmkow - Tesla leitet seit Jahren zu viel Phosphor und Stickstoff ins Abwasser ein. Der Fall zeigt: Das Unternehmen ist kein guter Partner für die Region.


    Monster in der Mark: Die Tesla-Fabrik in Grünheide bei Berlin Foto: Jochen Eckel/Imago

    Vor allem Brandenburger Po­li­ti­ke­r:in­nen sehen in Tesla einen Segen für die Region. Doch was sieht der Autobauer eigentlich in Grünheide, der idyllischen 9.000-Seelen-Gemeinde, in der es sich angesiedelt hat? Natur, die sich ausbeuten lässt, Infrastruktur, die die Allgemeinheit bereitstellt und Behörden, die alle Wünsche zu erfüllen haben – dieser Eindruck verfestigt sich zumindest angesichts der Nachricht, dass Tesla mit seinem Grünheider Werk seit Jahren die zulässigen Grenzwerte für Stickstoff und refraktäres Phosphor regelmäßig und teilweise bis zu einem Fünffachen überschreitet.

    Nach wiederholt ergebnislosen Abmahnungen und Du-Du-Briefen kündigte der zuständige Wasserverband Strausberg-Erkner (WSE) drastische Maßnahmen an: Auf einer außerordentlichen Sitzung am Freitag will der WSE die Abwasserversorgung einstellen, bis das Unternehmen die Grenzwerte wieder einhält. Das geht zumindest aus einer 27-Seitigen Beschlussvorlage hervor, über die zuerst der Stern berichtete.

    Ein Umweltskandal, wie das bereits dokumentierte Auslaufen von tausenden Litern Lacks oder flüssigen Aluminiums, ist der Fall nicht. Schließlich handelt es sich bei Stickstoff und Phosphor um Pflanzennährstoffe, die zu großen Teilen in Klärwerken herausgefiltert werden.

    Ein Großteil der Belastung stammt wahrscheinlich aus den Sanitärabwässern der Fabrik – längst arbeiten hier mehr Menschen, als in Grünheide wohnen. Die zusätzliche Nährstoffbelastung ist mittelfristig problematisch, weil sie das Algenwachstum begünstigt und die Gewässerqualität der Spree verschlechtert, aber sie stellt kein Gesundheitsrisiko dar.

    Tesla erwartet Loyalität

    Der Grund, warum der WSE derart Druck macht, ist ein anderer. Der Wasserverband verfügt über kein eigenes Klärwerk und leitet die gesamten Abwasser zum Klärwerk der benachbarten Berliner Wasserbetriebe (BWB) weiter. Nun fürchtet der WSE, es könnte selbst die Grenzwerte gegenüber den BWB überschreiten, was wiederum zu Vertragsstrafen in Millionenhöhe führen könnte.

    Die WSE äußert sich nicht zu dem Dokument, wird aber guten Grund gehabt haben, warum sie 2020 Höchstmengen für Stickstoff und Phosphor mit Tesla vertraglich festlegte. Doch das US-Unternehmen tut so, als hätte es den Vertrag nie gegeben und verwies als Reaktion auf die Enthüllung darauf, dass ja im Klärwerk flussabwärts alles in Ordnung sei.

    Noch dreister scheint sich der Konzern von Elon Musk gegenüber der WSE verhalten zu haben. Entweder ignorierte Tesla die Briefe komplett oder es gelobte Besserung, um nur wenige Wochen später die Grenzwerte wieder zu überschreiten, oder zweifelte die Glaubwürdigkeit des Labors an, bei dem der WSE die Proben analysieren ließ.

    Abschließend habe Tesla in seinem Schreiben „auf den Grundsatz der Loyalität“ verwiesen und „die Erwartung“ geäußert, „der WSE möge weiter zuwarten und Grenzwertüberschreitungen dulden“, heißt es in dem Dokument.

    Dem Autobauer seine Grenzen aufzeigen

    Die Selbstverständlichkeit, mit der Tesla Verträge bricht und sich wiederholt über geltendes Recht hinwegsetzt, und die Arroganz, mit der der Autobauer mit lokalen Behörden umgeht, wecken Zweifel daran, ob das Unternehmen tatsächlich jemals so etwas wie ein verantwortungsvoller Partner sein kann.

    Dabei ist die Region eine der niederschlagärmsten in Deutschland. Die wasserreichen Ökosysteme um die Fabrik sind hochempfindlich und Quelle für die Wasserversorgung von Berlin. Anstatt die notwendige Sensibilität für ihre natürliche Umgebung aufzubringen, legt Tesla feudale Gutsherren-Allüren an den Tag. Und rechnet damit, mit allen Regelverstößen durchkommen zu können.

    Umso wichtiger ist es, Tesla seine Grenzen aufzuzeigen. Ob die Einstellung der Abwasserversorgung seitens der WSE, die Entscheidung der Bür­ge­r:in­nen gegen die Erweiterung des Werksgeländes oder die Baumbesetzung am Donnerstagmorgen unweit der Fabrik: Auf den Konzern und seine Fabrik muss Druck ausgeübt werden.

    #Allemagne #Brandebourg #Tesla #pollutiin #eau #corruption

  • « La vraie #souveraineté_alimentaire, c’est faire évoluer notre #modèle_agricole pour préparer l’avenir »

    Professeur à l’université Paris-Saclay AgroParisTech, l’économiste de l’environnement #Harold_Levrel estime que le concept de « souveraineté alimentaire » a été détourné de sa définition originelle pour justifier un modèle exportateur et productiviste.

    Hormis les denrées exotiques, dans la plupart des secteurs, la #production_agricole nationale pourrait suffire à répondre aux besoins des consommateurs français, sauf dans quelques domaines comme les fruits ou la volaille. Or, les #importations restent importantes, en raison d’un #modèle_intensif tourné vers l’#exportation, au risque d’appauvrir les #sols et de menacer l’avenir même de la production. D’où la nécessité de changer de modèle, plaide l’économiste.

    Comment définir la souveraineté alimentaire ?

    Selon la définition du mouvement altermondialiste Via Campesina lors du sommet mondial sur l’alimentation à Rome en 1996, c’est le droit des Etats et des populations à définir leur #politique_agricole pour garantir leur #sécurité_alimentaire, sans provoquer d’impact négatif sur les autres pays. Mais les concepts échappent souvent à ceux qui les ont construits. Mais aujourd’hui, cette idée de solidarité entre les différents pays est instrumentalisée pour justifier une stratégie exportatrice, supposée profiter aux pays du Sud en leur fournissant des denrées alimentaires. Le meilleur moyen de les aider serait en réalité de laisser prospérer une #agriculture_vivrière et de ne pas les obliger à avoir eux aussi des #cultures_d’exportation. Au lieu de ça, on maintient les rentes de pays exportateurs comme la France. Quand le gouvernement et d’autres parlent d’une perte de souveraineté alimentaire, ça renvoie en réalité à une baisse des exportations dans certains secteurs, avec un état d’esprit qu’on pourrait résumer ainsi : « Make French agriculture great again. » Depuis le Covid et la guerre en Ukraine, la souveraineté alimentaire est devenue l’argument d’autorité pour poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures.

    Nous n’avons donc pas en soi de problème d’#autonomie_alimentaire ?

    Ça dépend dans quel domaine. Les défenseurs d’un modèle d’exploitation intensif aiment à rappeler que notre « #dépendance aux importations » est de 70 % pour le #blé dur, 40 % pour le #sucre, et 29 % pour le #porc. Mais omettent de préciser que nos taux d’auto-approvisionnement, c’est-à-dire le rapport entre la production et la consommation françaises, sont de 123 % pour le blé dur, 165 % pour le sucre, et 99 % pour le porc. Ça signifie que dans ces secteurs, la production nationale suffit en théorie à notre consommation, mais que l’on doit importer pour compenser l’exportation. Il y a en réalité très peu de produits en France sur lesquels notre production n’est pas autosuffisante. Ce sont les fruits exotiques, l’huile de palme, le chocolat, et le café. On a aussi des vrais progrès à faire sur les fruits tempérés et la viande de #volaille, où l’on est respectivement à 82 et 74 % d’auto-approvisionnement. Là, on peut parler de déficit réel. Mais il ne serait pas très difficile d’infléchir la tendance, il suffirait de donner plus d’aides aux maraîchers et aux éleveurs, qu’on délaisse complètement, et dont les productions ne sont pas favorisées par les aides de la #Politique_agricole_commune (#PAC), qui privilégient les grands céréaliers. En plus, l’augmentation de la production de #fruits et #légumes ne nécessite pas d’utiliser plus de #pesticides.

    Que faire pour être davantage autonomes ?

    A court terme, on pourrait juste rebasculer l’argent que l’on donne aux #céréaliers pour soutenir financièrement les #éleveurs et les #maraîchers. A moyen terme, la question de la souveraineté, c’est : que va-t-on être capable de produire dans dix ans ? Le traitement de l’#eau polluée aux pesticides nous coûte déjà entre 500 millions et 1 milliard d’euros chaque année. Les pollinisateurs disparaissent. Le passage en #bio, c’est donc une nécessité. On doit remettre en état la #fertilité_des_sols, ce qui suppose d’arrêter la #monoculture_intensive de #céréales. Mais pour cela, il faut évidemment réduire certaines exportations et investir dans une vraie souveraineté alimentaire, qui nécessite de faire évoluer notre modèle agricole pour préparer l’avenir.

    https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/la-vraie-souverainete-alimentaire-cest-faire-evoluer-notre-modele-agricol
    #agriculture_intensive #industrie_agroalimentaire

  • En Espagne, les fonds d’investissement achètent en masse des terres agricoles
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/29/en-espagne-les-fonds-d-investissement-achetent-en-masse-des-terres-agricoles

    « Les #terres agricoles constituent un actif alternatif à ceux du secteur #immobilier traditionnel, explique M. Valadas de Albuquerque. Il y a de moins en moins de sols productifs disponibles, alors que la population mondiale augmente, tout comme les besoins alimentaires. Si on y ajoute les effets du changement climatique, un bon sol, avec un bon accès à de l’#eau, vaut de l’or. C’est un actif défensif, qui n’est pas sensible aux grands cycles économiques, et en Espagne les exploitations d’amandiers, par exemple, valent moitié moins cher qu’en Californie. »

    Cette irruption des fonds s’accompagne d’une technicisation de l’agriculture espagnole. Au milieu de ses quelque 220 hectares de pistachiers, plantés en plein champ ou en pépinière au cœur de la province de Cuenca, et en partie destinés à la recherche agronomique, Angel Minaya confirme cette évolution. A 33 ans, ce petit-fils d’agriculteurs très modestes de Castille-La Manche a trop longtemps vu son grand-père s’user dans ses champs de céréales contre quelques pesetas pour regretter le temps des petites exploitations familiales traditionnelles. « C’est bien beau l’amour de la terre, mais l’agriculture doit être rentable, capable de créer de la richesse, de se professionnaliser et de fonctionner comme n’importe quelle entreprise, appliquer des économies d’échelle, se techniciser et améliorer sa productivité », déclare-t-il au Monde.

    Dès qu’il en a eu l’occasion, l’homme a racheté les terres de son aïeul, troqué les céréales pour des vignes, ajouté des amandiers et des oliviers et introduit des moyens techniques modernes dans les champs, avant de dénicher un filon − celui de la pistache − et de créer en 2016 la société Agroptimum. Devenu le principal fournisseur de plants de pistachiers d’Espagne, à partir de semences californiennes, sa société offre aussi des services de conseil et de sous-traitance, allant de la transformation et du suivi de la plantation à l’entretien de l’exploitation.
    Agroptimum emploie cent cinquante personnes et a affiché près de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. La moitié de ses clients sont des #agriculteurs indépendants, séduits par les promesses de hauts revenus de cette culture en vogue souvent qualifiée de nouvel or vert, tant les pistachiers s’adaptent particulièrement bien au climat sec de Castille, très chaud en été et très froid en hiver, et souvent sujet à des gelées tardives au printemps. L’autre moitié, ce sont des acteurs institutionnels, grandes entreprises ou fonds d’investissement nationaux et internationaux qui, ces dernières années, ont jeté leur dévolu sur les terres agricoles d’Espagne.

    https://justpaste.it/9ghjd

    #agriculture #accaparement #sous-traitance

  • Sécheresse à Barcelone : après le déni, un réveil brutal
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/14/secheresse-a-barcelone-apres-le-deni-un-reveil-brutal_6216431_3244.html

    Le gouvernement catalan a jusqu’alors tout fait pour éviter un rationnement strict de l’eau, au risque de minimiser le problème. L’agglomération doit désormais prendre des mesures plus drastiques.

    #sécheresse #eau #pénurie #tourisme

    Un tout petit peu plus au sud, aussi :
    https://seenthis.net/messages/1041358

  • La sequía pone en jaque al turismo de la Costa del Sol | España | EL PAÍS
    https://elpais.com/espana/2024-02-12/la-sequia-pone-en-jaque-al-turismo-de-la-costa-del-sol.html

    Comment « accueillir » plus de 14 millions de touristes quand plus de 250 000 habitants n’ont déjà plus assez d’eau, sachant que plus un touriste dépense d’argent en hôtel, plus il dépense d’eau ? Une question à 19 milliards d’euros pour Malaga...

    La Costa del Sol afronta este 2024 un año paradójico. Por un lado, busca superar los 14 millones de turistas que llegaron en 2023, su récord histórico. Por otro, no dispone de agua ni para su población. Los datos indican que unas 250.000 personas del litoral de Málaga ya tienen restricciones, de las que 100.000 sufren cortes nocturnos en 15 municipios. Y, claro, surgen las preguntas. ¿Se podrá atender al turismo? ¿Seguirán llegando viajeros? ¿Aceptarán no poder ducharse a ciertas horas o que la piscina de la casa de alquiler esté vacía? Las dudas sobrevuelan a un sector que afronta un verano espinoso y que es indispensable para la economía malagueña: durante el año pasado creó más de 128.000 empleos y dejó más de 19.000 millones de ingresos, según los datos de la Diputación provincial. La incertidumbre rodea a una zona sedienta de turistas, pero que se atraganta ante la persistente falta de lluvia.

    Enrique Navarro, director del Instituto Andaluz de Turismo en su sede malagueña, explica que el consumo de agua turístico varía mucho según el tipo de alojamiento. Las cifras más bajas corresponden a hoteles de una o dos estrellas y las más altas a los de lujo, que cuentan con piscinas, spas o grandes jardines. Hay pocos estudios con datos concretos, pero en la Universidad de Baleares aprovecharon la pandemia para analizar la demanda de los residentes en las islas. Lo compararon con años de turismo y calcularon así el gasto de los visitantes: hay municipios donde apenas el 40% es consumido por residentes. Los cálculos de la investigación indican que en un hotel de cinco estrellas cada persona gasta unos 500 litros al día, “pero pueden ser incluso 700″, explica el profesor Cels García, catedrático de Geografía Física de dicha universidad, quien señala que en un tres o cuatro estrellas baja hasta rondar los 300 litros por día. Sea como sea, el consumo medio de un turista siempre es mayor que el de la población local. Según el Instituto Nacional de Estadística, cada habitante de España gasta 133 litros diarios de media, a los que sumar un 25% más por las pérdidas en la red de abastecimiento.

    • Let It Rain


      https://www.youtube.com/watch?v=JVl49s8Fn-Q&t=62s

      Born under siege, a place where you can’t leave
      Smoke’s in the air, so it makes it hard to breathe
      I need my family, protect them from the disease
      I went to chase my dreams, hoping that they rescue me

      Made it out the maze, God’s been blessing me
      First time in LA [1], got Gaza next to me
      It’s in my heart, it’s in my veins
      I’ve been smiling at the pain
      The bombs lit up the night sky and turn them into day

      It’s hard to come up with the right rhymes, I don’t know what to say
      I start to cry when I write mine, it happens every day
      A lot of death in my lifetime, all I do is pray
      This is my story from the sideline, this life is not a game

      I want to call my momma, I hope she charged her phone
      Hope my brother’s not alone
      Hope that one day they’ll be grown
      This is genocide, but this time it is televised
      Don’t believe all that you see, cause they’re be telling lies

      I count my blessings, not the problems
      From the bottom, where the robbers acting violent
      Killing toddlers, bombing us with helicopters
      They seeing me on a TV and they calling me the monster?
      That only makes me stronger This is me against the world
      So I’m doing it for the world
      This is me against the world
      So I’m doing it for the world

      I was in the studio, chopping up samples
      Electricity’s off, we sleep with the candles
      Sleeping in our sandals and leave the doors open
      Cause the bombs fall there’s no time to grab the handles

      Writing names on our hands just to identify
      With somebody’s faces off, it makes them hard to recognize
      Been through so many wars, I forgot to mention
      I can calculate the distance of the airplane engine

      You think you’re from the trenches? Nah, these the trenches
      Kids close their eyes and block their ears, they block their senses
      This war is senseless, they treat us like animals
      I’ll never understand why they built the fences I just wanna see my dream of peace to come true
      Refugee in my land, nowhere to run to
      I keep the hope when there was no sunshine
      They cut the water off, so God let it rain sometime

      Chorus

      This is me against the world
      So I’m doing it for the world
      This is me against the world
      So I’m doing it for the world

      #rap #Gaza #musique #chanson #musique_et_politique #génocide #Palestine #Israël #siège #bombardement #pluie #eau #mur

  • Pesticides : « Nous, chercheurs et chercheuses, dénonçons une mise au placard des connaissances scientifiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/07/pesticides-nous-chercheurs-et-chercheuses-denoncons-une-mise-au-placard-des-

    En 2021 et en 2022, nous avons présenté les conclusions de trois synthèses des connaissances scientifiques sur les impacts des produits phytopharmaceutiques (« pesticides ») et les solutions alternatives. Conduits dans le cadre du plan Ecophyto à la demande du gouvernement pour éclairer sa prise de décision, ces travaux, coordonnés par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) sont inédits par la centaine d’experts mobilisés et les plus de 11 000 publications analysées.

    Nos expertises scientifiques collectives ont démontré l’ampleur des impacts des #pesticides sur la #santé humaine et l’#environnement, et mis en évidence des alternatives agroécologiques capables de répondre aux enjeux environnementaux tout en préservant la production agricole. Nos travaux ont aussi identifié les verrous socio-économiques et institutionnels qui limitent le déploiement des alternatives, et les leviers pour les dépasser. Nos conclusions ont alimenté des travaux parlementaires soulignant le besoin de renforcer le plan #Ecophyto, car il n’a pas permis de réduire l’usage des pesticides. Pourtant, le gouvernement a choisi de suspendre ce plan pour apaiser le conflit avec une partie du monde agricole.
    Nous, chercheurs et chercheuses, manifestons ici notre inquiétude face à cette décision, symptomatique du traitement disjoint des enjeux agricoles et environnementaux. Nous dénonçons une mise au placard des connaissances scientifiques et réaffirmons la nécessité d’une politique multisectorielle d’envergure et de long terme, en faveur d’une #agriculture économiquement viable et respectueuse de la santé et de l’environnement.

    Enjeux de santé publique et animale

    Tous les milieux (sols, #eau, #air), même éloignés des zones d’application, sont contaminés par des pesticides. Des liens existent entre pesticides et santé humaine chez les #agriculteurs, les autres professionnels manipulant ces produits, et les #enfants exposés pendant la grossesse : maladies respiratoires, troubles cognitifs, maladie de Parkinson, troubles du développement neuropsychologique et moteur, cancers. L’usage généralisé de pesticides favorise les résistances chez les organismes qu’ils sont censés éliminer – compromettant l’efficacité des produits à plus long terme – et chez des organismes responsables de maladies – soulevant de nouveaux enjeux de santé publique et animale.
    Les pesticides contribuent à l’effondrement de la #biodiversité : déclin des invertébrés terrestres (vers de terre, insectes…) et aquatiques, des oiseaux, etc. Ils altèrent certains processus naturels, tels que la #pollinisation, la régulation des ravageurs et des maladies des cultures. Or, ces services que la biodiversité rend gratuitement aux agriculteurs leur sont essentiels pour gagner en durabilité et en autonomie.

    Des solutions existent pour protéger les cultures autrement : semer des mélanges variétaux, cultiver plusieurs espèces dans un même champ, allonger les #rotations ou encore pratiquer l’#agroforesterie. Toutes ces pratiques concourent à contrôler les ravageurs et les maladies des cultures.

    Par exemple, les associations de cultures aident à contrôler les adventices, tandis que les #haies, bandes fleuries et #prairies abritent des oiseaux, des chauves-souris, des araignées et des insectes auxiliaires de culture qui se nourrissent des ravageurs et pollinisent les plantes cultivées. La littérature scientifique signale la baisse de l’usage des pesticides dans les systèmes qui mettent en œuvre ces pratiques.
    De plus, un paysage avec une diversité de cultures et au moins 20 % de végétation non cultivée (haies, prairies, bosquets…) offre des refuges à la biodiversité tout en limitant la dispersion des pesticides. Un autre levier d’action est l’amélioration de l’évaluation des risques liés aux pesticides, notamment en s’appuyant sur les connaissances scientifiques robustes les plus récentes, en renforçant la surveillance postautorisation et en continuant à se fonder sur l’expertise des agences de sécurité sanitaire.

    Les agriculteurs supportent une très grande part du poids des réglementations, alors que leurs choix de pratiques sont contraints par les filières en amont et en aval : #semenciers, conseil agricole, #industries_agroalimentaires, #grande_distribution… En dehors de la certification « Agriculture biologique », les initiatives pour produire de façon rentable sans pesticides de synthèse sont marginales.
    Pour opérer un changement à large échelle, l’ensemble des maillons des filières doit évoluer. Cette évolution doit s’accompagner d’une meilleure évaluation et d’une meilleure répartition des coûts et des bénéfices des pratiques agricoles. Alors que les coûts de l’usage des pesticides sont essentiellement supportés à bas bruit par les contribuables (dépenses de santé, coûts de dépollution…), les cobénéfices de pratiques respectueuses de l’environnement et de la santé restent insuffisamment rémunérés aux agriculteurs.

    Rôle-clé des politiques publiques

    Le succès de la politique agricole commune [PAC] pour moderniser l’agriculture au sortir de la seconde guerre mondiale témoigne du rôle-clé des politiques publiques dans une transition d’envergure. Garantir durablement la sécurité alimentaire en préservant les écosystèmes est possible à condition de se doter de politiques cohérentes qui gèrent simultanément les enjeux sanitaires, agricoles, environnementaux et alimentaires.
    Ces politiques doivent tenir compte des effets du #changement_climatique. Les rendements des systèmes intensifs sont d’ailleurs plus affectés par les épisodes de sécheresse ou d’inondations que ceux des systèmes diversifiés.

    Ces politiques doivent concerner l’ensemble des filières agricoles et alimentaires, de la réorientation de la sélection variétale à la création de débouchés rémunérateurs pour les systèmes vertueux. Elles doivent accompagner les agriculteurs dans la transition en favorisant les relations entre recherche, conseil et pratique. Enfin, elles doivent inciter à l’évolution des comportements alimentaires vers des régimes favorables à la santé et à l’environnement.
    L’objectif de réduction de l’usage de pesticides est atteignable sans opposer agriculture et environnement. Sans nier les imperfections du plan Ecophyto, nous estimons que sa mise en pause est un signal à l’encontre de cet objectif. Le moment n’est-il pas opportun pour construire des politiques publiques audacieuses appuyées sur les connaissances scientifiques ?

    Premiers signataires : Cécile Chevrier, épidémiologiste, Inserm ; Xavier Coumoul, toxicologue, université Paris Cité ; Clémentine Fritsch, écotoxicologue, CNRS ; Vincent Martinet, économiste, Inrae ; Wilfried Sanchez, écotoxicologue, Ifremer ; Aude Vialatte, agroécologue, Inrae.

    #alimentation #économie #science #maladies_respiratoires #troubles_cognitifs #maladie_de_Parkinson #troubles_du_développement_neuropsychologique_et_moteur #TDN #cancers #écologie #agroécologie

  • « La ruée minière au XXIe siècle » : le #mensonge de la #transition_énergétique

    La transition énergétique telle qu’elle est promue par les entreprises, les institutions et les gouvernements partout dans le monde repose sur l’extraction d’une quantité abyssale de #métaux. C’est ce paradoxe que décortique la journaliste et philosophe #Celia_Izoard dans son essai intitulé La ruée minière au XXIe siècle, qui paraît cette semaine au Québec aux Éditions de la rue Dorion.

    « Pour régler le plus important problème écologique de tous les temps, on a recours à l’industrie la plus polluante que l’on connaisse », résume l’autrice en visioconférence avec Le Devoir depuis son domicile, situé en pleine campagne dans le sud-ouest de la France.

    Cette dernière examine depuis plusieurs années les impacts sociaux et écologiques des nouvelles technologies. Elle a notamment publié un livre sur la vie des ouvriers de l’entreprise chinoise Foxconn, le plus grand fabricant de produits électroniques au monde. Ironiquement, nos outils numériques font défaut au cours de l’entrevue, si bien que nous devons poursuivre la discussion par le biais d’une bonne vieille ligne téléphonique résidentielle.

    Les métaux ont beau être de plus en plus présents dans les objets qui nous entourent, dont les multiples écrans, l’industrie minière fait très peu partie de l’imaginaire collectif actuel, explique Mme Izoard d’un ton posé et réfléchi. « Je croise tous les jours des gens qui me disent : “Ah bon, je ne savais pas que notre système reposait encore sur la #mine.” Ça me conforte dans l’idée que c’était utile de faire cette enquête. Notre système n’a jamais autant reposé sur l’#extraction_minière qu’aujourd’hui. »

    L’extraction de métaux a déjà doublé en vingt ans et elle n’est pas en voie de s’amenuiser, puisque les #énergies dites renouvelables, des #batteries pour #voitures_électriques aux panneaux solaires en passant par les éoliennes, en dépendent. Elle est susceptible d’augmenter de cinq à dix fois d’ici à 2050, selon une évaluation de l’Agence internationale de l’énergie.

    « Électrifier le parc automobile français nécessiterait toute la production annuelle de #cobalt dans le monde et deux fois plus que la production annuelle de #lithium dans le monde. Donc soit cette transition prendra beaucoup trop longtemps et ne freinera pas le réchauffement climatique, soit elle se fera dans la plus grande violence et une destruction incroyable », rapporte l’autrice.

    On bascule d’une forme d’extraction, du pétrole, à une autre, des métaux. « Cela n’a pas plus de sens que d’essayer de venir à bout de la toxicomanie remplaçant une addiction par une autre », juge-t-elle.

    Une justification officielle

    Les pouvoirs publics ne semblent pas y voir de problème. Ils font largement la promotion de cette #ruée_minière, promettant le développement de « #mines_responsables ». La #transition est la nouvelle excuse pour justifier pratiquement tous les #projets_miniers. « Une mine de cuivre est devenue miraculeusement une mine pour la transition », souligne Mme Izoard. Pourtant, le #cuivre sert à de multiples usages au-delà de l’#électrification, comme l’électronique, l’aérospatiale et l’armement.

    C’est dans ce contexte que la journaliste est partie à la recherche de mines responsables. Elle s’est documentée, elle a visité des sites d’exploitation, elle a consulté des experts de ce secteur d’activité et elle a rencontré des travailleurs, tout cela en #France, au #Maroc, au #Suriname et en #Espagne.

    Malgré les engagements publics et les certifications de plusieurs #entreprises_minières envers des pratiques durables et les droits de la personne, Celia Izoard n’a pas trouvé ce qu’elle cherchait. Au cours de cette quête, elle a publié une enquête pour le média Reporterre au sujet d’une mine marocaine mise en avant par les constructeurs automobiles #BMW et #Renault comme étant du « #cobalt_responsable ». Or, il s’est avéré que cette mine empoisonne les sols à l’#arsenic, dessèche la #nappe_phréatique et cause des maladies aux travailleurs.

    « La #mine_industrielle est un modèle qui est voué à avoir des impacts catastrophiques à moyen et long terme. Ce n’est pas parce que ces entreprises sont méchantes et malhonnêtes, mais parce qu’il y a des contraintes physiques dans cette activité. Elle nécessite énormément d’#eau et d’énergie, elle occupe beaucoup d’espace et elle déforeste. »

    #Boues_toxiques et pluies d’oies sauvages

    Dans son livre, Mme Izoard décrit de nombreux ravages et risques environnementaux qui sont matière à donner froid dans le dos. Les premières pages sont notamment consacrées au phénomène du #Berkeley_Pit, une ancienne mine de cuivre devenue un lac acide causant la mort de milliers d’oies sauvages.

    « Rappelons-nous la rupture de digue de résidus de la mine de cuivre et d’or de #Mount_Polley en 2014, lors de laquelle 17 millions de mètres cubes d’eau chargée en #métaux_toxiques ont irréversiblement contaminé de très grandes superficies et des ressources en eau d’une valeur inestimable, a-t-elle souligné au sujet de cette catastrophe canadienne. Or, des bassins de résidus de même type, il y en a 172 rien qu’en #Colombie-Britannique, et les boues toxiques qui y sont stockées représentent l’équivalent d’un million de piscines olympiques. Malheureusement, avec le chaos climatique, les risques de rupture accidentelle de ces barrages sont décuplés. » Elle considère d’ailleurs que le Canada est « au coeur de la tourmente extractiviste ».

    Les gouvernements du #Québec et du #Canada soutiennent généralement que le développement minier sur leur territoire respectera des #normes_environnementales plus strictes, en plus d’utiliser de l’énergie plus propre. Cet argument justifierait-il l’implantation de nouvelles mines ? Non, estime Mme Izoard.

    « Aucun État puissant industriellement ne relocalise sa #production_minière ni ne s’engage à cesser d’importer des métaux. Ce qui est en train de se passer, c’est que les besoins en métaux explosent dans tous les domaines et que les entreprises minières et les États se sont mis d’accord pour créer des mines partout où il est possible d’en créer. Ce n’est pas parce qu’on accepte une mine dans sa région qu’il n’y aura pas de mine pour la même substance à l’autre bout du monde. » Il est peu probable, par exemple, que des batteries produites au Québec s’affranchissent totalement des métaux importés.

    Pour une #décroissance_minérale

    Celia Izoard estime plutôt qu’une grande partie des mines du monde devraient fermer, puisqu’elles sont situées dans des zones menacées par la sécheresse. Nous n’aurions alors pas d’autre choix que de nous engager dans une désescalade de la consommation de métaux, « une remise en cause radicale de la manière dont on vit ». Selon cette vision, il faudrait contraindre l’ensemble du secteur industriel à se limiter, tout comme on lui demande de réduire ses émissions de GES. Les métaux devraient être réservés aux usages alors déterminés comme étant essentiels. Les immenses centres de données, les avions, les VUS électriques et les canettes d’aluminium sont-ils nécessaires à la vie humaine ?

    « Il faut arrêter de se laisser intimider par le #déterminisme_technologique, soit l’idée que le #progrès suit cette direction et qu’on ne peut rien changer. Ce sont des choix idéologiques et politiques très précis avec du financement public très important. Il faut cesser de penser que les technologies sont inéluctablement déployées et qu’on ne peut pas revenir en arrière. »

    https://www.ledevoir.com/lire/806617/coup-essai-mensonge-transition-energetique
    #mines #extractivisme #terres_rares #pollution

  • Comment les déchets ont envahi tous les milieux : la folle histoire du « poubellocène »

    Alors qu’ils n’existaient pas jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, les déchets ont colonisé le vivant. Au-delà des défis techniques qu’ils soulèvent, ils sont devenus un terrain d’enquête pour les sciences humaines, qui s’attachent à éclairer les systèmes et les mythes à la source de leur production.

    Ils sont devenus les compagnons familiers de nos destinées modernes. Abandonnés sur les plages, prisonniers des glaciers ou concentrés en gigantesques vortex dans les océans, les déchets ont envahi tous les milieux, colonisé jusqu’au vivant. Microscopiques ou encombrants, à l’état solide, liquide ou gazeux, ils tracent sur les mers de nouveaux chemins mondialisés, saturent les airs et les sols, investissent désormais l’espace. Parfois qualifiés d’« ultimes » ou de « polluants éternels », ils s’imposent dans nos assiettes, notre #eau_potable, et jusqu’à la pointe de nos cheveux.

    Les chiffres donnent le vertige. La production annuelle de déchets solides a dépassé les 2 milliards de tonnes dans le monde et devrait atteindre 3,4 milliards en 2050, alerte la Banque mondiale. Celle des #plastiques a doublé en vingt ans, estime l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont les deux tiers sont « mis en décharge, incinérés ou rejetés dans l’environnement ».

    Si cette omniprésence affecte directement la #santé humaine et celle des #écosystèmes, elle marque aussi l’empreinte indélébile des activités humaines sur la Terre. Depuis les premiers amas laissés à l’entrée des grottes, témoins de sa sédentarisation, les détritus racontent l’histoire d’Homo sapiens.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/02/le-poubellocene-ou-la-folle-histoire-de-l-ere-des-dechets_6214466_3232.html

    https://justpaste.it/fwezu

    #capitalocène #poubellocène #déchets #polluants_éternels #écologie_capitaliste

  • #Productivisme et destruction de l’#environnement : #FNSEA et #gouvernement marchent sur la tête

    Répondre à la #détresse des #agriculteurs et agricultrices est compatible avec le respect de l’environnement et de la #santé_publique, expliquent, dans cette tribune à « l’Obs », les Scientifiques en rébellion, à condition de rejeter les mesures productivistes et rétrogrades du duo FNSEA-gouvernement.

    La #crise de l’agriculture brasse croyances, savoirs, opinions, émotions. Elle ne peut laisser quiconque insensible tant elle renvoie à l’un de nos #besoins_fondamentaux – se nourrir – et témoigne du #désarroi profond d’une partie de nos concitoyen·nes qui travaillent pour satisfaire ce besoin. Reconnaître la #souffrance et le désarroi du #monde_agricole n’empêche pas d’examiner les faits et de tenter de démêler les #responsabilités dans la situation actuelle. Une partie de son #traitement_médiatique tend à faire croire que les agriculteurs et agricultrices parleraient d’une seule voix, celle du président agro-businessman de la FNSEA #Arnaud_Rousseau. Ce directeur de multinationale, administrateur de holding, partage-t-il vraiment la vie de celles et ceux qui ne parviennent plus à gagner la leur par le travail de la terre ? Est-ce que les agriculteur·ices formeraient un corps uniforme, qui valoriserait le productivisme au mépris des #enjeux_environnementaux qu’ils et elles ne comprendraient soi-disant pas ? Tout cela est difficile à croire.

    Ce que la science documente et analyse invariablement, en complément des savoirs et des observations de nombre d’agriculteur·ices, c’est que le #modèle_agricole industriel et productiviste conduit à une #catastrophe sociale et environnementale. Que ce modèle concurrence dangereusement les #alternatives écologiquement et socialement viables. Que cette agriculture ne s’adaptera pas indéfiniment à un environnement profondément dégradé. Qu’elle ne s’adaptera pas à un #réchauffement_climatique de +4 °C pour la France et une ressource en #eau fortement diminuée, pas plus qu’à une disparition des #insectes_pollinisateurs.

    Actuellement, comme le rappelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’agriculture représente le deuxième secteur d’émissions de #gaz_à_effet_de_serre, avec 18 % du total français, derrière les transports. La moitié de ces émissions agricoles (en équivalent CO2) provient de l’#élevage_bovin à cause du #méthane produit par leur digestion, 14 % des #engrais_minéraux qui libèrent du #protoxyde_d’azote et 13 % de l’ensemble des #moteurs, #engins et #chaudières_agricoles. Le HCC rappelle aussi que la France s’est engagée lors de la COP26 à baisser de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique. L’agriculture, bien que répondant à un besoin fondamental, doit aussi revoir son modèle dominant pour répondre aux enjeux climatiques. De ce point de vue, ce qu’indique la science, c’est que, si l’on souhaite faire notre part dans le respect de l’accord de Paris, la consommation de #viande et de #produits_laitiers doit diminuer en France. Mais la solidarité avec nos agriculteur.ices ainsi que l’objectif légitime de souveraineté et #résilience_alimentaire nous indiquent que ce sont les importations et les élevages intensifs de ruminants qui devraient diminuer en premier.

    Côté #biodiversité, la littérature scientifique montre que l’usage des #pesticides est la deuxième cause de l’effondrement des populations d’#insectes, qui atteint 80 % dans certaines régions françaises. Les #oiseaux sont en déclin global de 25 % en quarante ans, mais ce chiffre bondit à 60 % en milieux agricoles intensifs : le printemps est devenu particulièrement silencieux dans certains champs…

    D’autres voies sont possibles

    Le paradoxe est que ces bouleversements environnementaux menacent particulièrement les agriculteur·ices, pour au moins trois raisons bien identifiées. Tout d’abord environnementale, à cause du manque d’eau, de la dégradation des sols, des événements météorologiques extrêmes (incendies ou grêles), ou du déclin des insectes pollinisateurs, qui se traduisent par une baisse de production. Sanitaires, ensuite : par leur exposition aux #produits_phytosanitaires, ils et elles ont plus de risque de développer des #cancers (myélome multiple, lymphome) et des #maladies_dégénératives. Financière enfin, avec l’interminable fuite en avant du #surendettement, provoqué par la nécessité d’actualiser un équipement toujours plus performant et d’acheter des #intrants pour pallier les baisses de production engendrées par la dégradation environnementale.

    Depuis des décennies, les #traités_de_libre-échange et la compétition intra-européenne ont privé la grande majorité des agriculteur·ices de leur #autonomie, dans un cercle vicieux aux répercussions sociales tragiques pouvant mener au #suicide. Si la FNSEA, les #JA, ou la #Coordination_rurale réclament une forme de #protectionnisme_agricole, d’autres de leurs revendications portent en revanche sur une baisse des #contraintes_environnementales et sanitaires qui font porter le risque de la poursuite d’un modèle délétère sur le long terme. Ce sont justement ces revendications que le gouvernement a satisfaites avec, en particulier, la « suspension » du #plan_Ecophyto, accueilli par un satisfecit de ces trois organisations syndicales rappelant immédiatement « leurs » agriculteurs à la ferme. Seule la #Confédération_paysanne refuse ce compromis construit au détriment de l’#écologie.

    Pourtant, des pratiques et des modèles alternatifs existent, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et préservant la biodiversité ; ils sont déjà mis en œuvre par des agriculteur·ices qui prouvent chaque jour que d’autres voies sont possibles. Mais ces alternatives ont besoin d’une réorientation des #politiques_publiques (qui contribuent aujourd’hui pour 80 % au #revenu_agricole). Des propositions cohérentes de politiques publiques répondant à des enjeux clés (#rémunération digne des agriculteur·ices non soumis aux trusts’de la grande distribution, souveraineté alimentaire, considérations climatiques et protection de la biodiversité) existent, comme les propositions relevant de l’#agroécologie, qu’elles émanent du Haut Conseil pour le Climat, de la fédération associative Pour une autre PAC, de l’IDDRI, ou encore de la prospective INRAE de 2023 : baisse de l’#élevage_industriel et du cheptel notamment bovin avec soutien à l’#élevage_extensif à l’herbe, généralisation des pratiques agro-écologiques et biologiques basées sur la valorisation de la biodiversité (cultures associées, #agro-foresterie, restauration des #haies favorisant la maîtrise des bio-agresseurs) et arrêt des #pesticides_chimiques_de_synthèse. Ces changements de pratiques doivent être accompagnés de mesures économiques et politiques permettant d’assurer le #revenu des agriculteur·ices, leur #accès_à_la_terre et leur #formation, en cohérence avec ce que proposent des syndicats, des associations ou des réseaux (Confédération paysanne, Atelier paysan, Terre de liens, Fédérations nationale et régionales d’Agriculture biologique, Réseau salariat, …).

    Nous savons donc que les politiques qui maintiennent le #modèle_agro-industriel sous perfusion ne font qu’empirer les choses et qu’une réorientation complète est nécessaire et possible pour la #survie, la #dignité, la #santé et l’#emploi des agriculteur·ices. Nombre d’enquêtes sociologiques indiquent qu’une bonne partie d’entre elles et eux le savent très bien, et que leur détresse témoigne aussi de ce #conflit_interne entre le modèle productiviste qui les emprisonne et la nécessité de préserver l’environnement.

    Une #convention_citoyenne

    Si le gouvernement convient que « les premières victimes du dérèglement climatique sont les agriculteurs », les mesures prises démontrent que la priorité gouvernementale est de sanctuariser le modèle agro-industriel. La remise en cause du plan Ecophyto, et la reprise en main de l’#Anses notamment, sont en totale contradiction avec l’urgence de s’attaquer à la dégradation environnementale couplée à celle des #conditions_de_vie et de travail des agriculteur·ices. Nous appelons les citoyen·nes et les agriculteur·rices à soutenir les changements de politique qui iraient réellement dans l’intérêt général, du climat, de la biodiversité. Nous rappelons que le sujet de l’agriculture et de l’#alimentation est d’une redoutable complexité, et qu’identifier les mesures les plus pertinentes devrait être réalisé collectivement et démocratiquement. Ces mesures devraient privilégier l’intérêt général et à long-terme, par exemple dans le cadre de conventions citoyennes dont les conclusions seraient réellement traduites dans la législation, a contrario a contrario de la précédente convention citoyenne pour le climat.

    https://www.nouvelobs.com/opinions/20240203.OBS84041/tribune-productivisme-et-destruction-de-l-environnement-fnsea-et-gouverne
    #tribune #scientifiques_en_rébellion #agriculture #souveraineté_alimentaire #industrie_agro-alimentaire

  • #Pénuries : des grains de sable dans la machine

    Depuis le 17 janvier, on trouve dans toutes les bonnes librairies le dernier #livre de notre contributeur #Renaud_Duterme. #Mondialisation, réseaux d’#approvisionnement, goulots d’étranglement… Voici, en quelques paragraphes, un aperçu du contenu de « Pénuries. Quand tout vient à manquer » (éd. Payot).

    Pénurie. Un mot que l’on croyait appartenir au passé. Mais que plusieurs événements (pandémie de Covid-19, blocage du canal de Suez, guerre en Ukraine) ont fait revenir sur le devant de l’actualité. Énergie, matières premières, denrées alimentaires, médicaments, matériaux de construction, pièces automobiles, puces électroniques, main d’œuvre, aucun secteur ne semble épargné par cette tendance préoccupante.

    Un approvisionnement sous tension

    La quasi-totalité des biens que nous achetons et utilisons nous parviennent via des #chaînes_d’approvisionnement aussi longues que complexes. Elles sont composées de multiples maillons, allant de l’extraction de matières premières (minerais, produits agricoles, énergie) et leur transformation, jusqu’à l’acheminement vers les rayons des supermarchés, en passant par la fabrication, l’entreposage et, bien sûr, le transport. Le tout fonctionnant en #flux_tendu (la logique de stock ayant laissé la place à un acheminement quotidien), principalement grâce au développement de la #conteneurisation et du #transport routier. Le maître mot de cette #logistique est la #fluidité. Le moindre grain de sable peut gripper toute la machine, a fortiori s’il n’est pas résorbé rapidement.

    Car mondialisation capitaliste oblige, les différentes étapes de ces chaînes d’approvisionnement ont été de plus en plus éloignées les unes des autres, augmentant les risques de #perturbations par #effet_domino. Conflits, catastrophes naturelles, aléas climatiques, grèves, attentats, cyber-attaques, épidémies, autant d’événements pouvant « gripper » un maillon de la chaîne (voire plusieurs) et par là provoquer des goulots d’étranglement remettant en question le fonctionnement même de l’#économie. Ces #goulots semblent se multiplier depuis quelques années et il est fort probable que cela ne soit qu’un début, tant de nombreuses ruptures se dessinent, causées par des limites géophysiques (épuisement des ressources), des dérèglements climatiques (sécheresses et inondations), la chute des rendements agricoles, des tensions socio-économiques (mouvements sociaux, grèves, manque de main d’œuvre, vieillissement de la population, montée des replis identitaires) ou encore géopolitiques (guerres et conflits divers).

    Rien que ces derniers mois, on peut évoquer l’assèchement du canal de Panama engendrant une réduction du nombre de navires pouvant l’emprunter quotidiennement ; les attaques des Houthis en mer Rouge contre des navires commerciaux, ce qui a contraint de nombreux armateurs à faire contourner l’Afrique à leurs navires ; ou encore les grèves et les blocages émanant du monde agricole qui, s’ils accentuaient, pourraient priver certains territoires d’approvisionnement divers. Rappelons que les cent premières villes de France ont seulement trois jours d’autonomie alimentaire, avec 98% de leur nourriture importée[1].

    Jusqu’ici, les tensions ont été en partie surmontées et n’ont pas débouché sur des ruptures majeures, matérialisées par des pénuries durables. Mais leur multiplication est un phénomène inquiétant et l’analyse objective des risques laisse supposer une aggravation et surtout une interconnexion entre des phénomènes a priori distincts les uns des autres. C’est d’autant plus vrai qu’un couac peut engendrer des perturbations bien plus longues que le problème en tant que tel, les retards s’accumulant à chaque étape, le redémarrage de la machine pouvant mettre plusieurs mois, voire années, pour retrouver la fluidité qui fait sa raison d’être.

    Ironie du sort, ces tensions impactent de nombreux éléments sans lesquels la logistique elle-même serait impossible. Les palettes, conserves, conteneurs, véhicules, emballages et cartons sont aussi fabriqués de façon industrielle et nécessitent des composants ou des matières souvent issus de pays lointains et dont le transport et les procédés de fabrication impliquent de grandes quantités d’énergie et de ressources (métaux, bois, eau, etc.).

    Idem pour la main d’œuvre nécessaire au bon fonctionnement des infrastructures qui nous entourent. La colère des agriculteurs est là pour nous rappeler que ces dernières dépendent in fine de travailleurs agricoles, de chauffeurs (deux professions qui ont bien du mal à trouver une relève auprès des jeunes générations), mais aussi d’employés de supermarché, d’exploitants forestiers, d’ouvriers du bâtiment, de magasiniers d’entrepôts logistiques, etc.

    Le ver était dans le fruit

    Ces #vulnérabilités sont loin d’être une fatalité et découlent d’une vision de la mondialisation au sein de laquelle les forces du marché jouissent d’une liberté quasi-totale, ce qui a engendré une multinationalisation des entreprises, la création de zones de libre-échange de plus en plus grandes et la mainmise de la finance sur les grands processus productifs. Des principes se sont peu à peu imposés tels que la spécialisation des territoires dans une ou quelques productions (particulièrement visible en ce qui concerne l’agriculture) ; la standardisation à outrance permettant des économies d’échelles ; la liberté des mouvements de capitaux, engendrant des phénomènes spéculatifs à l’origine de la volatilité des prix de nombreuses matières premières ; la mise en concurrence de l’ensemble des territoires et des travailleurs ; et bien sûr l’interdépendance mutuelle.

    Ces principes entrainent des conséquences dramatiques chez un nombre croissant de personnes, entraînant une perte de légitimité du système en place, ce qui risque également d’alimenter des tensions sociales et géopolitiques déjà existantes, perturbant un peu plus ces chaînes logistiques. À titre d’exemple, les politiques de fermeture des frontières prônées par de plus en plus de gouvernements national-populistes priveraient les pays qui les appliquent de milliers de travailleurs, conduisant à des pénuries de main d’œuvre dans de nombreux secteurs.

    Démondialiser les risques

    En outre, avoir un regard global sur nos systèmes d’approvisionnement permet de (re)mettre certaines réalités au cœur des analyses. Il en est ainsi de cycles de production concernant les différents objets qui nous entourent. De l’origine des composants nécessaires à leur fabrication. Des impacts écologiques et sociaux présents à toutes les étapes de ces cycles. Des limites du recyclage. De la fable que constitue le découplage[2], cette idée selon laquelle il serait possible de croître économiquement tout en baissant les impacts environnementaux. Des limites physiques et sociales auxquelles va se heurter la poursuite de notre consommation.

    Pour ce faire, il importe de populariser de nombreux concepts tels que l’#empreinte_matière (qui tente de calculer l’ensemble des ressources nécessaires à la fabrication d’un bien), l’#énergie_grise et l’#eau_virtuelle (respectivement l’énergie et l’eau entrant dans les cycles d’extraction et de fabrication d’un produit), le #métabolisme (qui envisage toute activité humaine à travers le prisme d’un organisme nécessitant des ressources et rejetant des déchets), la #dette_écologique (qui inclut le pillage des autres pays dans notre développement économique) ou encore l’#extractivisme (qui conçoit l’exploitation de la nature d’une façon comptable).

    Et par là aller vers plus d’#autonomie_territoriale, en particulier dans les domaines les plus élémentaires tels que l’#agriculture, l’#énergie ou la #santé (rappelons qu’environ 80% des principes actifs indispensables à la plupart des médicaments sont produits en Chine et en Inde)[3].

    Dans le cas contraire, l’#anthropocène, avec ses promesses d’abondance, porte en lui les futures pénuries. Le monde ne vaut-il pas mieux qu’un horizon à la Mad Max ?

    https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/300124/penuries-des-grains-de-sable-dans-la-machine

    #pénurie #mondialisation #globalisation

    • Pénuries. Quand tout vient à manquer

      Comment s’adapter aux ruptures qui nous attendent dans un monde en contraction

      Saviez-vous que la plupart des villes ne survivraient que deux à trois jours sans apport extérieur de nourriture ? Qu’un smartphone nécessite des métaux rares issus des quatre coins du monde ? Et que 80% des principes actifs nécessaires à la fabrication de nos médicaments sont produits en Chine et en Inde ? La quasi-totalité des biens que nous achetons parviennent jusqu’à nous via des chaînes d’approvisionnement aussi complexes que lointaines, de l’extraction et la transformation de matières premières (minerais, produits agricoles, énergie) à l’acheminement de produits finis vers nos supermarchés. Ce qui, mondialisation capitaliste oblige, augmente les risques de vulnérabilité de ces chaînes par effet domino.
      Nous expérimentons déjà ces pénuries que nous vivons mal, habitués à une société de flux ininterrompu. Or elles vont s’aggraver du fait de l’épuisement des ressources, des dérèglements climatiques, des tensions socio-économiques et géopolitiques. Demain, nous allons manquer de riz, de cuivre, de pétrole... Il est donc urgent de nous y préparer et d’envisager un autre système économique afin de rendre nos villes et nos vies plus autonomes et résilientes.

      https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/p%C3%A9nuries-9782228934930

  • PFAS. Gli inquinanti eterni e invisibili nell’acqua. Storie di diritti negati e cittadinanza attiva.

    Quattro lettere che messe insieme descrivono i contorni di un disastro ambientale globale. I PFAS (composti Poli e perfluoroalchilici), nati dall’attività umana, si sono diffusi in ogni angolo del Pianeta, contaminando l’ecosistema e il nostro organismo.

    In questo sconvolgente reportage, il primo su questo tema nel nostro Paese, #Giuseppe_Ungherese ci racconta la storia e gli effetti nefasti dei PFAS, derivati del fluoro utilizzati per moltissimi prodotti di uso quotidiano e definiti “inquinanti eterni”.

    Attraverso un approccio unico, che alterna conoscenza scientifica, testimonianze e impegno civile, l’autore ci guida in un viaggio nelle zone di sacrificio, le regioni del mondo più colpite dalla contaminazione, dove gli interessi economici dell’industria e delle multinazionali della chimica hanno sacrificato la salute dell’ambiente e delle comunità, spesso con la complicità delle istituzioni, che per anni hanno ignorato o sottovalutato il problema.

    Dalla causa per crimini ambientali dell’azienda DuPont negli Stati Uniti, l’inquinamento da PFAS interessa molte zone dell’Occidente e arriva fino in Italia, allo stabilimento della Solvay in Piemonte e a quello della Fluorsid in Sardegna, passando per il Veneto, dove i PFAS hanno contaminato l’acqua potabile di oltre 350 mila persone. Cittadini che dal basso sono stati costretti ad attivarsi per vedere riconosciuti i propri diritti e, in un rinnovato civismo, hanno trovato nelle azioni collettive e di protesta la via d’uscita da questa crisi. Questo libro è anche la loro storia.

    https://altreconomia.it/prodotto/pfas
    #pollution #eau #pollution_de_l'eau #PFAS #livre #fluorure #industrie_chimique #Solvay #Fluorsid #santé #environnement #contamination #résistance

  • Il nuovo volto del #water_grabbing e la complicità della finanza

    Fondi pensione e società di private equity investono sulla produzione di colture di pregio, dai piccoli frutti alle mandorle, che necessitano abbondanti risorse idriche. Il ruolo del fondo emiratino #Adq che ha acquisito l’italiana #Unifrutti.

    Per osservare più da vicino il nuovo volto del water grabbing bisogna andare nella regione di Olmos, nel Nord del Perù, dove il Public sector pension investment board (Psp), uno dei maggiori gestori di fondi pensionistici canadesi (con un asset di circa 152 miliardi di dollari) ha acquistato nel 2022 un’azienda agricola di 500 ettari specializzata nella coltivazione di mirtilli. Un investimento finalizzato a sfruttare il boom della produzione di questi piccoli frutti, passata secondo le stime della Banca Mondiale dalle 30 tonnellate del 2010 alle oltre 180mila del 2020: quantità che hanno fatto del Paese latino-americano il secondo produttore mondiale dopo gli Stati Uniti.

    Nella regione di Olmos l’avvio di questa coltivazione intensiva è stato reso possibile grazie a un progetto idrico, costato al governo di Lima oltre 180 milioni di dollari, per deviare l’acqua dal fiume Huancabamba verso la costa e migliorare la produzione agricola locale. “Ma il progetto non ha ottenuto i risultati annunciati”, denuncia il report “Squeezing communities dry” pubblicato a metà settembre 2023 da Grain, una Ong che lavora per sostenere i piccoli agricoltori nella loro lotta per la difesa dei sistemi alimentari controllati dalle comunità e basati sulla biodiversità. Chi ha realmente beneficiato del progetto, infatti, sono state le grandi realtà agroindustriali. “Quasi tutta l’acqua convogliata dalle Ande va alle aziende di recente costituzione che producono avocado, mirtilli e altre colture che vengono vendute a prezzi elevati all’estero -continua Grain-. Il progetto, finanziato con fondi pubblici, ha avuto pochi benefici per la popolazione ma ha creato una fonte di profitti per le aziende che hanno accesso libero e gratuito all’acqua e i loro investitori”.

    I protagonisti di questa nuova forma di water grabbing sono fondi pensione, società di private equity e altri operatori finanziari che si stanno muovendo in modo sempre più aggressivo per garantirsi le abbondanti risorse idriche necessarie alla produzione di colture di pregio. A differenza del passato, però, non cercano più di acquisire enormi superfici di terre coltivabili.

    “L’accesso all’acqua è sempre stato un fattore cruciale -spiega ad Altreconomia Delvin Kuyek, ricercatore di Grain e autore dello studio-. Ma negli ultimi anni abbiamo osservato un nuovo modello: investimenti in colture come mirtilli, avocado o mandorle che richiedono meno terra rispetto al grano o alla soia, ma quantità molto maggiori di acqua. A guidare l’investimento, in questo caso, è proprio la possibilità di accedere ad abbondanti risorse idriche per mettere sul mercato prodotti che permettano di generare un ritorno economico importante”. Una forma di sfruttamento che Grain paragona all’estrazione di petrolio: si pompa acqua da fiumi o falde fino all’esaurimento, senza preoccuparsi degli impatti sull’ambiente o dei bisogni della popolazione locale. Gli operatori finanziari, infatti, non prevedono di sviluppare attività produttive sul lungo periodo ma puntano a ritorno sui loro investimenti entro 10-15 anni. Un’altra caratteristica di questi accordi, è che tendono a realizzarsi in località in cui l’acqua è già scarsa o in via di esaurimento.

    Negli ultimi anni il fondo pensionistico canadese ha acquistato direttamente o investito in società che gestiscono piantagioni di mandorle in California, di noci in Australia e California. Mentre in Spagna, attraverso la controllata Hortifruit, è diventato uno dei principali produttori di mirtilli nella regione di Huelva (nel Sud-Ovest del Paese) dove si concentra anche la quasi totalità della coltivazione di fragole spagnole, destinata per l’80% all’export.

    In Perù nel 2020 sono stati prodotte 180mila tonnellate di mirtilli. Numeri che fanno del Paese latinoamericano il secondo produttore mondiale dopo gli Stati Uniti. Nel 2010 erano solo 30

    Tutto questo sta avendo effetti devastanti sulle falde che alimentavano le zone umide della vicina riserva di Doñana, ricchissimo di biodiversità e patrimonio Unesco: un riconoscimento oggi messo a rischio proprio dall’eccessivo sfruttamento idrico. Lo studio “Thirty-four years of Landsat monitoring reveal long-term effects of groundwater abstractions on a World heritage site wetland” pubblicato ad aprile 2023 sulla rivista Science of the total environment, evidenzia come tra il 1985 e il 2018 il 59,2% della rete di stagni sia andata perduta a causa delle attività umane. “Il problema è collegato anche alla produzione di frutti rossi che ha iniziato a diffondersi a partire dagli anni Ottanta, grazie alla presenza di condizioni climatiche ottimali e a un suolo sabbioso”, spiega ad Altreconomia Felipe Fuentelsaz del Wwf Spagna. Ma la crescita del comparto ha portato a uno sfruttamento eccessivo delle falde, da cui viene prelevata troppa acqua rispetto al tempo che necessitano per rigenerarsi. L’organizzazione stima che nel corso degli anni siano stati scavati più di mille pozzi illegali: “L’80% dei produttori rispetta le norme per l’utilizzo delle risorse idriche, ma il restante 20%, che equivale a circa duemila ettari di terreno, pompa acqua senza averne diritto”, puntualizza Fuentelsaz.

    Questa nuova forma di water grabbing interessa diversi Paesi: dal Marocco (dove il settore agro-industriale pesa per l’85% sul consumo idrico nazionale) al Messico dove è attiva la società di gestione Renewable resources group. Secondo quanto ricostruito da Grain, nel 2018 ha acquisito centomila ettari di terreni agricoli in Messico, Stati Uniti, Cile e Argentina, nonché diritti idrici privati negli Stati Uniti, in Cile e in Australia, generando rendimenti annuali superiori al 20% per i suoi investitori, che comprendono fondi pensione, di private equity e compagnie di assicurazione.

    Tra le società indicate nel report di Grain figura anche Adq, il fondo sovrano degli Emirati Arabi Uniti, che negli ultimi anni ha effettuato importanti investimenti nel comparto agro-alimentare: attraverso la sua controllata Al Dahra ha acquistato terreni in Egitto, Sudan e Romania. Nel 2020 ha acquisito il 45% di Louis Dreyfus Company, una delle quattro principali aziende che controllano il mercato globale del commercio agricolo. E nel 2022 ha comprato la quota di maggioranza di Unifrutti group, società italiana specializzata nella produzione e nella commercializzazione di frutta fresca con oltre 14mila ettari di terreni tra Cile, Turchia, Filippine, Ecuador, Argentina, Sudafrica e Italia.

    Unifrutti group ha sede fiscale a Cipro, uno dei Paesi dell’Unione europea a fiscalità agevolata che garantiscono vantaggi alle società che vi hanno sede. Ma a sfruttare i benefici sono anche oligarchi russi colpiti dalle sanzioni dopo l’annessione russa della Crimea nel 2014 e inasprite a seguito dell’invasione dell’Ucraina nel febbraio 2022. A rivelarlo l’inchiesta “Cyprus confidential” pubblicata a novembre dal Consorzio internazionale di giornalisti investigativi (Icij)

    “Questi investimenti hanno un doppio obiettivo -spiega ad Altreconomia Christian Henderson, esperto di investimenti agricoli nel Golfo e docente presso l’Università di Leiden nei Paesi Bassi- da un lato, sono orientate a trarre profitto dal commercio internazionale e dalle materie prime. In secondo luogo, si preoccupano di garantire la sicurezza alimentare. Queste due logiche in qualche modo sono intrecciate tra loro, in modo da rendere la sicurezza alimentare redditizia per gli Emirati Arabi Uniti. C’è poi un altro elemento: penso che i Paesi del Golfo siano piuttosto preoccupati dal fatto di essere visti come ‘accaparratori’ di terra. In questo modo, invece, possono affermare di aver effettuato un semplice investimento sul mercato”.

    Fondata dall’imprenditore Guido De Nadai nel 1948 ad Asmara come compagnia di import/export di frutta e verdura, oggi Unifrutti group è una realtà globale “che produce in quattro diversi continenti e distribuisce in oltre 50 Paesi” si legge sul sito. Trecento tipologie di prodotti commercializzati, 14mila ettari di terreni (di proprietà o in gestione) e 12mila dipendenti sono solo alcuni numeri di una realtà che ha ancora la propria sede principale a Montecorsaro, in provincia di Macerata, dove si trova il domicilio fiscale di Unifrutti distribution spa. La società è controllata da Unifrutti international holdings limited, con sede fiscale a Cipro, Paese a fiscalità agevolata. Con l’ingresso di Adq come socio di maggioranza sono cambiati anche i vertici societari: il 13 novembre 2023, ha assunto l’incarico di amministratore delegato del gruppo Mohamed Elsarky che ha alle spalle una carriera ventennale come Ceo per società del calibro di Kellog’s Australia e Nuova Zelanda e Godiva chocolatier e come presidente di United biscuits del gruppo Danone. Mentre Gil Adotevi, chief executive officer per il settore “Food and agriculture” del fondo emiratino Adq, ricopre il ruolo di presidente del consiglio di amministrazione: “Mentre il Gruppo si avvia verso un nuovo entusiasmante capitolo di crescita -ha dichiarato- siamo certi che la guida e la leadership di Mohamed porteranno l’azienda a realizzare i suoi ambiziosi piani”.

    Nel 2021 il gruppo ha commercializzato circa 620mila tonnellate di prodotti (in primo luogo banane, uva, mele, pere, limoni e arance) registrando un fatturato complessivo di 720 milioni di dollari (in crescita del 2% rispetto al 2020) e un margine operativo lordo di 78 milioni. Una performance estremamente positiva che “si è verificata nonostante le numerose sfide che hanno caratterizzato il perimetro operativo del gruppo a partire dalle condizioni climatiche avverse senza precedenti in Cile e in Italia”. Il Paese latino-americano -principale sito produttivo del gruppo, con oltre seimila ettari di terreno dove si producono mele, uva, pere e ciliegie- è stato infatti colpito per il quarto anno di fila da una gravissima siccità che alla fine del 2021 ha visto 19 milioni di persone vivere in aree caratterizzate da “grave scarsità d’acqua”. Come ricorda Grain nel report “Squeezing communities dry” tutte le regioni cilene specializzate nella produzione di frutta “stanno affrontando una crisi idrica aggravata dalla siccità causata dal cambiamento climatico”.

    https://altreconomia.it/il-nuovo-volto-del-water-grabbing-e-la-complicita-della-finanza
    #eau #agriculture #finance #financiarisation #fonds_de_pension #private_equity #Public_sector_pension_investment_board (#Psp) #petits_fruits #myrtilles #Olmos #Pérou #Huancabamba #industrie_agro-alimentaire #avocats #exportation #amandes #ressources_hydriques #extractivisme #Hortifruit #Huelva #Espagne #fraises #Doñana #fruits_rouges #Maroc #Renewable_resources_group #Mexique #Emirats_arabes_unis (#EAU) #Al_Dahra #Egypte #Soudan #Roumanie #Louis_Dreyfus_Company #Guido_De_Nadai #Chypre #Mohamed_Elsarky #Kellog’s #Godiva_chocolatier #United_biscuits #Danone #Gil_Adotevi #Chili

  • L’autre menace pour Gaza : sols et air pollués, eau contaminée
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/01/sols-pollues-armes-au-phosphore-eau-contaminee-a-gaza-la-crise-sanitaire-pou

    L’autre menace pour Gaza : sols et air pollués, eau contaminée
    Si les attaques israéliennes ont déjà provoqué plus de 25 000 morts dans la bande de Gaza, leurs conséquences sur l’environnement des habitants les exposent à des risques tout aussi fatals.
    [...]

    Les bombardements israéliens sur Gaza, menés en représailles de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, tuent des centaines de Palestiniens chaque jour. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 25 000 personnes ont été tuées par les offensives successives d’Israël depuis quatre mois, et 85 % des 2,1 millions d’habitants de l’enclave palestinienne ont été déplacés. Mais ces attaques pourraient avoir d’autres conséquences fatales pour les Gazaouis.

    « Les opérations militaires israéliennes à Gaza ont des conséquences désastreuses, notamment à cause d’une pollution carbone énorme, que ce soit dans l’air, l’eau, les sols, exposant les Palestiniens à un large panel de substances toxiques », explique au Monde le Canadien David R. Boyd, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains et l’environnement. En octobre 2023, l’organisation Human Rights Watch avait révélé que du phosphore blanc, une substance toxique inflammable à l’apparence jaunâtre, pouvant brûler jusqu’à une température de 800 °C, avait été utilisé par Israël à Gaza et dans le sud du Liban.

    L’ONG a analysé des séries d’images, concluant à l’emploi de « projectiles d’artillerie au phosphore blanc de 155 mm ». Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne rentrant directement en contact avec du phosphore blanc risque des nausées, des vomissements et des diarrhées, des douleurs abdominales sévères, des sensations de brûlure. « La mort peut advenir sous vingt-quatre à quarante-huit heures à cause d’un collapsus cardiovasculaire », complète l’agence fédérale américaine de santé publique. L’utilisation de cette substance par Israël sur Gaza est « une grave violation du droit international », ajoute M. Boyd.

    En 2009, Israël avait admis avoir « utilisé des munitions contenant du phosphore blanc » pendant son offensive militaire contre Gaza, entre décembre 2008 et janvier 2009, précisant qu’elles « ne visaient pas directement les zones civiles ».

    Destruction de terrains agricoles
    Plus de 25 000 tonnes de bombes auraient été larguées sur la bande de Gaza entre le 7 octobre et le début du mois de novembre 2023, estime l’ONG Euromed Droits, qui accuse l’armée israélienne d’avoir utilisé des « armes à sous-munitions ». Selon le service de lutte contre les mines des Nations unies, ce sont des « munitions classiques conçues pour disperser ou libérer des sous-munitions explosives dont chacune pèse moins de 20 kilos ». L’usage de ce type d’artillerie a été déclaré illégal, car particulièrement meurtrier, par 119 Etats signataires de la convention d’Oslo de 2008, dont l’Etat hébreu n’est pas partie prenante. De plus, selon la Croix-Rouge internationale, « un grand nombre de ces sous-munitions n’éclatent pas comme prévu, leur présence rend l’agriculture dangereuse et entrave les reconstructions ». Israël a déjà utilisé ce type d’armes, notamment au Liban en 2006.

    La dégradation, voire la destruction, des terres représente un autre enjeu. « Des images satellites montrent que des terres agricoles sont détruites de manière délibérée », affirme Omar Shakir, directeur Israël-Palestine de Human Rights Watch. Il fait notamment référence à la zone de Beit Hanoun, dans le Nord, tapissée par les bombes pour, selon l’armée israélienne, atteindre des tunnels et des cibles du Hamas et où des bulldozers frayent de nouvelles routes aux véhicules militaires. « Nous avons pu constater qu’approximativement 30 % des terres agricoles ont été endommagées », explique He Yin, chercheur en géographie à l’université d’Etat de Kent (Ohio), qui a contribué à concevoir des cartes satellites permettant d’observer les destructions de terres à Gaza.

    Créé par deux universitaires américains, Jamon Van Den Hoek (université de l’Oregon) et Corey Scher (université de New York), pour visualiser, grâce à des images satellites, les dégâts provoqués par le conflit, l’outil Conflict Damage révèle que, au 17 janvier, « 49,7 % à 61,5 % des bâtiments de Gaza ont probablement été endommagés ou détruits ». Or, lorsque les édifices, infrastructures ou résidences explosent, d’énormes quantités de poussières et de débris sont rejetées dans l’environnement. En 2021, un rapport de la Banque mondiale portant sur la campagne militaire israélienne cette année-là à Gaza estimait que « 30 000 tonnes de déchets dangereux, y compris amiante, pesticides, engrais, (…) tuyaux en amiante-ciment » avaient contaminé le territoire.

    Un scénario aujourd’hui décuplé par l’ampleur de l’offensive israélienne. « Nous souffrons d’un air pollué à cause des bombes. De plus en plus de gens tombent malades », témoigne par message Adam, un jeune homme originaire de Jabaliya, dans le nord de la bande, et actuellement réfugié à Rafah, dans le Sud.

    Accès à l’eau potable préoccupant
    Auteur d’un rapport pour l’ONG néerlandaise Pax for Peace portant sur les risques environnementaux et sanitaires de la guerre à Gaza, l’expert en désarmement Wim Zwijnenburg explique que les substances contenues dans ce type de débris ont été analysées dans des conflits précédents, comme en Syrie, ou lors de catastrophes naturelles, comme le séisme de février 2023 dans le sud de la Turquie, et « peuvent provoquer de graves maladies ».

    A cet air difficilement respirable vient s’ajouter un accès à l’eau potable devenu extrêmement rare. Cette difficulté n’est pas nouvelle. Dès 2012, un rapport des Nations unies estimait que 90 % du volume disponible était impropre à la consommation. Dix jours après le début de l’offensive israélienne d’octobre 2023, les capacités de pompage des nappes phréatiques étaient tombées à 5 % par rapport à leur niveau habituel, selon l’Unicef.

    D’après le Wall Street Journal, Israël aurait commencé début décembre à inonder des tunnels de Gaza d’eau de mer afin d’en déloger le Hamas. L’armée israélienne a confirmé mardi 30 janvier avoir procédé à l’inondation de certains tunnels. « Des rapports, non corroborés, affirment que des hydrocarbures et autres substances sont présentes dans ces tunnels. Si c’est le cas, elles pourront donc affecter le sol et s’infiltrer dans l’aquifère », souligne Wim Zwijnenburg.

    L’OCHA ajoute qu’une vingtaine d’infrastructures liées à l’eau, à l’assainissement ou à l’hygiène auraient été détruites par des attaques. « Les gens passent la plus grande partie de leur journée à essayer de trouver de l’eau pour boire », affirme Omar Shakir, de Human Rights Watch.

    Zones inhabitables
    Les eaux usées se déversent dans les lieux de vie. Le 4 janvier, une vidéo diffusée sur WhatsApp et consultée par Le Monde montrait un journaliste palestinien se filmant en train d’avancer au milieu d’une inondation d’eaux usées dans l’école servant de camp de réfugiés à Jabaliya. Ces déchets liquides peuvent également être déversés dans la mer, constituant un danger pour la santé humaine et la biodiversité. Un rapport du Programme pour l’environnement de l’ONU en 2020 affirmait avoir « trouvé des preuves substantielles de changements environnementaux et d’une dégradation du territoire palestinien ». Sur les soixante-cinq stations d’épuration d’eau que compte Gaza, la plupart seraient actuellement hors service, selon l’ONG Oxfam.

    La présence de certaines bactéries dans l’eau accroît de plus la résistance aux antibiotiques. Une étude publiée dans The Lancet, le 25 novembre 2023, rappelle l’urgence de la situation. « Sans une action rapide, cette guerre menace de redéfinir l’épidémiologie de la résistance aux antimicrobiens à Gaza et au-delà », peut-on lire. Selon un rapport de l’ONU du 2 janvier 2024, on comptait à Gaza 179 000 cas d’infections respiratoires aiguës, 136 400 cas de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans, 55 400 cas de gale et de poux et 4 600 cas de jaunisse.

    « Nous verrons plus de gens mourir de maladies que nous n’en voyons tués par les bombardements si nous ne pouvons pas remettre en place un système de santé », alertait Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, à Genève, le 28 novembre 2023. Pour Wim Zwijnenburg, certaines parties de la bande de Gaza peuvent déjà être considérées comme inhabitables. « Les gens ne pourront pas retourner dans ces endroits. Il n’y a rien pour espérer rebâtir une société humaine », conclut-il.

    #gaza #sols #eau #pollution #risques #maladies

  • Une vraie #souveraineté_alimentaire pour la #France

    Le mercredi 6 décembre 2023, la FNSEA sortait du bureau d’Elisabeth Borne en déclarant fièrement que l’État abandonnait son projet de taxer l’usage des pesticides et des retenues d’eau. Cela vient conclure une séquence historique. Le 16 novembre déjà, l’Europe reconduisait l’autorisation du glyphosate pour 10 ans. Et, six jours plus tard, abandonnait aussi l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides à l’horizon 2030.

    Comment en est-on arrivé là ? La question a été récemment posée dans un rapport de l’Assemblée nationale. En plus du #lobbying habituel de la #FNSEA et de l’état de crise permanent dans laquelle vivent les agriculteurs et qui rend toute #réforme explosive, la question de la souveraineté alimentaire – qui correspond au droit d’un pays à développer ses capacités productives pour assurer la sécurité alimentaire des populations – a joué un rôle clé dans cette dynamique.

    La souveraineté alimentaire est ainsi devenue, depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, l’argument d’autorité permettant de poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures. Il existe pourtant d’autres voies.

    Le mythe de la dépendance aux #importations

    De quelle souveraineté alimentaire parle-t-on ? Les derniers chiffres de FranceAgrimer montrent que notre « #dépendance aux importations » – comme aiment à le répéter les défenseurs d’un modèle intensif – est de 75 % pour le blé dur, 26 % pour les pommes de terre, 37 % pour les fruits tempérés ou 26 % pour les porcs.

    Mais ce que l’on passe sous silence, c’est que le taux d’#autoapprovisionnement – soit le rapport entre la production et la consommation françaises – est de 148 % pour le blé dur, 113 % pour les pommes de terre, 82 % pour les fruits tempérés et 103 % pour le porc. Le problème de souveraineté alimentaire n’en est pas un. Le vrai problème, c’est qu’on exporte ce que l’on produit, y compris ce dont on a besoin. Cherchez l’erreur.

    D’autres arguments viennent encore se greffer à celui de la souveraineté, dans un monde d’#interdépendances : la #France serait le « grenier à blé de l’Europe », il faudrait « nourrir les pays du Sud », la France serait « une puissance exportatrice », etc.

    Au-delà de l’hypocrisie de certaines de ces affirmations – en effet, les #exportations des surplus européens subventionnés ont détruit tout un tissu productif, en Afrique de l’Ouest notamment – il ne s’agit pas là d’enjeux liés à la souveraineté alimentaire, mais d’enjeux stratégiques et politiques liés à la #compétitivité de certains produits agricoles français sur les marchés internationaux.

    Comprendre : la France est la 6e puissance exportatrice de #produits_agricoles et agroalimentaires au monde et elle entend bien le rester.

    Voir la #productivité de façon multifonctionnelle

    S’il ne faut évidemment pas renoncer aux objectifs de #productivité_alimentaire nationaux, ces derniers gagneraient à être redéfinis. Car comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des besoins en #eau pour produire les aliments, de la dépendance aux #énergies_fossiles générée par les #intrants de synthèse, de l’épuisement de la #fertilité des #sols lié à la #monoculture_intensive ou encore des effets du #réchauffement_climatique ?

    Comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des enjeux fonciers, de l’évolution du #travail_agricole (25 % des #agriculteurs sont en passe de partir à la retraite), du #gaspillage_alimentaire – qui avoisine les 30 % tout de même – des #besoins_nutritionnels et des #habitudes_alimentaires de la population ?

    La #productivité_alimentaire doit dorénavant se conjuguer avec d’autres formes de productivité tout aussi essentielles à notre pays :

    – la capacité de #rétention_d’eau dans les sols,

    – le renouvellement des #pollinisateurs,

    – le maintien des capacités épuratoires des milieux pour conserver une #eau_potable,

    – le renouvellement de la #fertilité_des_sols,

    – la régulation des espèces nuisibles aux cultures,

    – ou encore la séquestration du carbone dans les sols.

    Or, il est scientifiquement reconnu que les indicateurs de productivité relatifs à ces services baissent depuis plusieurs décennies. Pourtant, ce sont bien ces services qui permettront de garantir une véritable souveraineté alimentaire future.

    La #diversification pour maintenir des rendements élevés

    Une revue de littérature scientifique parue en 2020, compilant plus de 5000 études menées partout dans le monde, montrait que seules des stratégies de diversification des #pratiques_agricoles permettent de répondre à ces objectifs de #performance_plurielle pour l’agriculture, tout en maintenant des #rendements élevés.

    Les ingrédients de cette diversification sont connus :

    – augmentation de la #rotation_des_cultures et des #amendements_organiques,

    – renoncement aux #pesticides_de_synthèse et promotion de l’#agriculture_biologique à grande échelle,

    - réduction du #labour,

    - diversification des #semences et recours aux #variétés_rustiques,

    - ou encore restauration des #haies et des #talus pour limiter le ruissellement de l’#eau_de_pluie.

    Dans 63 % des cas étudiés par ces chercheurs, ces stratégies de diversification ont permis non seulement d’augmenter les #services_écosystémiques qui garantissent la souveraineté alimentaire à long terme, mais aussi les #rendements_agricoles qui permettent de garantir la souveraineté alimentaire à court terme.

    Les sérieux atouts de l’agriculture biologique

    Parmi les pratiques de diversification qui ont fait leurs preuves à grande échelle en France, on retrouve l’agriculture biologique. Se convertir au bio, ce n’est pas simplement abandonner les intrants de synthèse.

    C’est aussi recourir à des rotations de cultures impliquant des #légumineuses fixatrices d’azote dans le sol, utiliser des semences rustiques plus résilientes face aux #parasites, des amendements organiques qui nécessitent des couplages culture-élevage, et enfin parier sur la restauration d’un #paysage qui devient un allié dans la lutte contre les #aléas_naturels. La diversification fait ainsi partie de l’ADN des agriculteurs #bio.

    C’est une question de #réalisme_économique. Les exploitations bio consomment en France deux fois moins de #fertilisant et de #carburant par hectare que les exploitants conventionnels, ce qui les rend moins vulnérables à l’évolution du #prix du #pétrole. En clair, l’agriculture biologique pourrait être la garante de la future souveraineté alimentaire française, alors qu’elle est justement souvent présentée comme une menace pour cette dernière du fait de rendements plus faibles à court terme.

    Au regard des éléments mentionnés plus haut, il s’agit évidemment d’un #faux_procès. Nous sommes autosuffisants et nous avons les réserves foncières qui permettraient de déployer le bio à grande échelle en France, puisque nous sommes passé de 72 % du territoire dédié aux activités agricoles en 1950 à 50 % en 2020. Une petite partie de ces surfaces a été artificialisée tandis que la majorité a tout simplement évolué en friche, à hauteur de 1000 km2 par an en moyenne.

    Par ailleurs, le différentiel de rendement entre le bio et le #conventionnel se réduit après quelques années seulement : de 25 % en moyenne (toutes cultures confondues) au moment de la conversion, il descend à 15 % ensuite. La raison en est l’apprentissage et l’innovation dont font preuve ces agriculteurs qui doivent en permanence s’adapter aux variabilités naturelles. Et des progrès sont encore à attendre, si l’on songe que l’agriculture bio n’a pas bénéficié des 50 dernières années de recherche en #agronomie dédiées aux pratiques conventionnelles.

    Relever le niveau de vie des agriculteurs sans éroder le #pouvoir_d’achat des consommateurs

    Mais a-t-on les moyens d’opérer une telle transition sans réduire le pouvoir d’achat des Français ? Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord évoquer le #revenu des #agriculteurs. Il est notoirement faible. Les agriculteurs travaillent beaucoup et vivent mal de leur métier.

    Or, on oublie souvent de le mentionner, mais le surcoût des produits bio est aussi lié au fait que les consommateurs souhaitent mieux rémunérer les agriculteurs : hors subventions, les revenus des agriculteurs bio sont entre 22 % et 35 % plus élevés que pour les agriculteurs conventionnels.

    Ainsi, le consommateur bio consent à payer plus parce que le bio est meilleur pour l’environnement dans son ensemble (eau, air, sol, biodiversité), mais aussi pour que les paysans puissent mieux vivre de leur métier en France sans mettre en danger leur santé.

    Par ailleurs, si le consommateur paie plus cher les produits bio c’est aussi parce qu’il valorise le #travail_agricole en France. Ainsi la production d’aliments bio nécessite plus de #main-d’oeuvre (16 % du total du travail agricole pour 10 % des surfaces) et est très majoritairement localisée en France (71 % de ce qui est consommé en bio est produit en France).

    Cette question du #travail est centrale. Moins de chimie, c’est plus de travail des communautés humaines, animales et végétales. C’est aussi plus d’incertitudes, ce qui n’est évidemment pas simple à appréhender pour un exploitant.

    Mais il faut rappeler que le discours sur le pouvoir d’achat des français, soi-disant garanti par le modèle hyper-productiviste de l’agriculture française, vise surtout à conforter les rentes de situations des acteurs dominants du secteur agricole. Car les coûts sanitaires et environnementaux de ce modèle sont payés par le contribuable.

    Rien que le #traitement_de_l’eau, lié aux pollutions agricoles, pour la rendre potable, coûte entre 500 millions d’euros et 1 milliard d’euros par an à l’État. Or, ce que le consommateur ne paie pas au supermarché, le citoyen le paie avec ses #impôts. Le rapport parlementaire évoqué plus haut ne dit pas autre chose : la socialisation des coûts et la privatisation des bénéfices liés aux #pesticides ne sont plus tolérables.

    Le bio, impensé de la politique agricole française

    Une évidence s’impose alors : il semblerait logique que l’État appuie massivement cette filière en vue de réduire les coûts pour les exploitants bio et ainsi le prix pour les consommateurs de produits bio. En effet, cette filière offre des garanties en matière de souveraineté alimentaire à court et long terme, permet de protéger l’eau et la #santé des Français, est créatrice d’emplois en France. Il n’en est pourtant rien, bien au contraire.

    L’État a promu le label #Haute_valeur_environnementale (#HVE), dont l’intérêt est très limité, comme révélé par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’enjeu semble surtout être de permettre aux agriculteurs conventionnels de toucher les aides associés au plan de relance et à la nouvelle #PAC, au risque de créer une #concurrence_déloyale vis-à-vis des agriculteurs bio, d’autant plus que les #aides_publiques au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées en 2023.

    La décision récente de l’État de retirer son projet de #taxe sur l’usage des pesticides créé aussi, de facto, un avantage comparatif pour le conventionnel vis-à-vis du bio. Enfin, rappelons que la Commission européenne a pointé à plusieurs reprises que la France était le seul pays européen à donner moins de subventions par unité de travail agricole aux céréaliers bio qu’aux conventionnels.

    Ainsi, un céréalier bio français reçoit un tiers de subventions en moins par unité de travail agricole qu’un céréalier conventionnel, alors qu’en Allemagne ou en Autriche, il recevrait 50 % de #subventions supplémentaires. En France, l’État renonce aux taxes sur les pesticides tout en maintenant des #charges_sociales élevées sur le travail agricole, alors que c’est évidemment l’inverse dont aurait besoin la #transition_agroécologique.

    Que peuvent faire les citoyens au regard de ce constat déprimant ? Consommer des produits bio malgré tout, et trouver des moyens de les payer moins cher, grâce par exemple à la #vente_directe et à des dispositifs tels que les #AMAP qui permettent de réduire le coût du transport, de la transformation et de la distribution tout autant que le gâchis alimentaire, les variabilités de la production étant amorties par la variabilité du contenu du panier.

    Les agriculteurs engagés pour la #transition_écologique, de leur côté, peuvent réduire les risques associés aux variabilités naturelles et économiques en créant de nouvelles formes d’exploitations coopératives combinant plusieurs activités complémentaires : élevage, culture, transformation, conditionnement et distribution peuvent être organisés collectivement pour mutualiser les coûts et les bénéfices, mais aussi se réapproprier une part significative de la #chaîne_de_valeur laissée aujourd’hui au monde de l’agro-industrie et de la grande distribution.

    Il ne s’agit pas d’une #utopie. De nombreux acteurs essaient de faire émerger, malgré les résistances institutionnelles, ces nouvelles pratiques permettant de garantir la souveraineté alimentaire de la France à long terme.

    https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560
    #foncier #industrie_agro-alimentaire #alimentation #collectivisation
    #à_lire #ressources_pédagogiques

  • Data centers : leur consommation d’eau va exploser
    https://reporterre.net/Data-centers-leur-consommation-d-eau-va-exploser

    L’équation est pourtant assez simple. Les data centers, toujours plus nombreux et plus grands, concentrent des machines qui produisent de la chaleur et qu’il faut refroidir. Différentes techniques existent et se font concurrence. La climatisation classique, mais aussi l’utilisation de circuits d’eau — ouverts, avec rejet d’eaux usées, ou fermés — pour refroidir l’air à l’intérieur des installations, ou bien des systèmes dits « adiabatiques » par pulvérisation d’eau.

    « Ce qui est assez paradoxal, c’est qu’au moment où l’on met en place des indicateurs pour mesurer l’efficacité énergétique des data centers, comme le PUE [Power Usage Effectivness, rapport entre l’énergie totale consommée par un centre de données et l’énergie consommée par ses seuls équipements informatiques] une solution pour avoir un bon PUE et se présenter comme plus “vert”, c’est d’utiliser plus d’eau et moins d’électricité », explique Clément Marquet, coordinateur du groupe de travail Politiques environnementales du numérique au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

    « On est conscients que la consommation d’eau est un sujet énorme, dit l’urbaniste Cécile Diguet, coautrice d’une étude sur le développement des data centers en Île-de-France et de l’ouvrage Sous le feu numérique (avec Fanny Lopez). On sait que les opérateurs de data centers font des forages dans les nappes, plus ou moins déclarés. On voit que, en Île-de-France, il y a des nappes de plus en plus fragilisées, notamment dans l’Essonne. Mais personne n’a encore creusé la question à ma connaissance. »

    Si cette problématique vient s’ajouter à celle de l’artificialisation des sols et de la consommation vertigineuse d’énergie des data centers, elle pourrait devenir une préoccupation majeure avec le déploiement de l’intelligence artificielle. « C’est le gros sujet derrière tout ça, affirme le sociologue Clément Marquet. Avec l’IA, on utilise des ordinateurs qui consomment 5 à 10 fois plus d’électricité et cette électricité est dissipée en chaleur par les ordinateurs. Pour l’heure, on ne connaît pas de solution aussi bon marché que l’eau. » Déjà aujourd’hui, les conflits d’usage autour des data centers se multiplient aux États-Unis, en Uruguay, aux Pays-Bas, en Irlande ou bien encore Espagne, avec le mouvement « Tu nube seca mi rio » (« Ton nuage assèche ma rivière »).

    Si les industriels s’en remettent à leur credo technosolutionniste, à savoir améliorer l’efficacité de leurs systèmes de refroidissement, le seul horizon soutenable reste celui de la frugalité, selon le chercheur en sciences de l’information Olivier Ertzscheid.

    Il établit un parallèle entre fermes de l’agriculture intensive et fermes de serveurs, deux modèles qui partagent selon lui un même ADN extractiviste : « L’affrontement central dans les conflits d’usage à venir [autour de l’accès à l’eau] se fera autour de deux lignes de front : d’un côté le lobby technologique, ses data centers et ses fermes de serveurs, et de l’autre le lobby de l’agriculture industrielle [...]. Le point de convergence des deux modèles est qu’ils concourent à un appauvrissement et à un épuisement des sols autant qu’au stress hydrique des populations avoisinantes. Et que, pour l’essentiel, ils s’en moquent. »

    #Data_centers #Ecologie #Numérique #Eau

  • Sécheresse au Maroc : « Plus rien ne pousse ici »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/01/26/secheresse-au-maroc-plus-rien-ne-pousse-ici_6213130_3212.html


    Le barrage Al Massira, deuxième plus grand réservoir du Maroc, est à sec. AURÉLIE COLLAS

    Le barrage Al Massira, deuxième plus grand réservoir d’eau du pays, est à sec. Une sixième année de sécheresse consécutive est à craindre.

    [...]
    L’enjeu est pourtant crucial dans un pays où l’#agriculture, pilier de l’économie, représente 31 % de l’emploi et 12 % du PIB. Après cinq années de #sécheresse, le secteur est « genou à terre », alerte Mohamed Taher Sraïri, enseignant chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire de Rabat : « L’agriculture traditionnelle pluviale, qui représente au moins 80 % des surfaces cultivées, est touchée, tout comme l’agriculture irriguée, car la pression s’accentue sur les eaux souterraines dans lesquelles l’#eau est puisée. Certains en arrivent à sacrifier leur cheptel et même à arracher leurs arbres. »
    Face à l’urgence, les autorités misent sur le dessalement de l’eau de mer. Sept usines sont en projet, qui viendront s’ajouter aux douze existantes, pour atteindre une capacité de production de 1,4 milliard de m3 par an en 2030 (contre 186,5 millions actuellement). De nouveaux barrages doivent également être construits, ainsi que des stations de recyclage des eaux usées.


    Le fleuve Oum Errabiâ, deuxième plus important du Maroc, est réduit à un filet d’eau. AURÉLIE COLLAS

    En parallèle, le pays a mis un coup d’accélérateur à ses projets d’« autoroutes de l’eau » – des interconnexions de bassins visant à acheminer de l’eau du nord vers les zones plus arides du sud. Le premier tronçon, mis en service en août, qui relie le barrage du fleuve Sebou à celui du Bouregreg, près de Rabat, aurait d’ores et déjà permis d’éviter le scénario catastrophe : sans ce raccordement, l’#eau_potable aurait été coupée le 18 décembre à Casablanca et Rabat, les capitales économique et politique du royaume, a affirmé M. Baraka.

    La sécurité hydrique ne pourra toutefois être assurée qu’au prix d’une rationalisation drastique de l’usage de l’eau, en particulier dans l’agriculture, qui accapare 89 % de la ressource. Présenté comme un large succès économique mais décrié, le plan Maroc vert (2008-2018) a fortement influencé la stratégie agricole du pays. « Il a amplifié le développement d’une #agriculture_irriguée, productiviste, tournée vers des cultures de fruits et légumes destinées à l’export, très consommatrices en eau, explique M. Sraïri. Cela a abouti à une surexploitation des ressources hydriques à des niveaux insoutenables. »

    Changer de paradigme

    De fait, de nombreux agriculteurs, encouragés par d’importantes subventions, se sont convertis à des systèmes d’irrigation localisée, au goutte-à-goutte. « Cette technique a été promue avec l’illusion qu’elle allait permettre des économies d’eau. Or, c’est tout l’inverse qui s’est produit, observe Ali Hatimy, agronome et cofondateur du site d’information Nechfate sur le changement climatique au #Maroc. Des cultures toujours plus gourmandes en eau, comme l’avocat ou les agrumes, se sont étendues. Les cycles de culture se sont accélérés et les surfaces irriguées ont largement augmenté. »

    Dans le même temps, les nappes souterraines se sont taries. Sans compter que cette stratégie, en misant tout sur les cultures d’exportation et l’agrobusiness, a « marginalisé la petite agriculture familiale, principale productrice de produits de base destinés à nourrir la population comme les céréales, le sucre…, ajoute M. Hatimy, au détriment du développement rural et de la souveraineté alimentaire du pays ».

    #sécheresse #climat #réchauffement_climatique #villes

    • Le Maroc inaugure la première autoroute de l’eau – Atalayar
      (29/08/2023)
      https://www.atalayar.com/fr/articulo/societe/maroc-inaugure-premiere-autoroute-leau/20230829132038190092.html


      PHOTO/SOMAGECGROUPE - Plan du projet de liaison, à travers des canaux appelés « les autoroutes de l’eau » , des rivières Sebou et Bourgreg pour l’approvisionnement des villes entre Rabat et Casablanca

      Les infrastructures relieront les eaux du fleuve Sebou au Bouregreg afin d’alimenter la capitale du pays, Rabat et la ville de Casablanca

      Le Royaume du Maroc, confronté aux besoins engendrés par le changement climatique, a réussi à relier deux des fleuves les plus importants du pays afin de garantir l’approvisionnement en eau à Rabat et Casablanca. Pour ce faire, les autoroutes alimenteront en eau les barrages de Sidi Mohamed Ben Abdellah et El Massira.

      Bien que le bassin du Bouregreg alimentait déjà en eau potable l’agglomération de Casablanca, les “autoroutes de l’eau” contribueront à garantir l’approvisionnement sur l’ensemble du littoral entre les villes de Rabat et Casablanca.

      Le projet, qui aurait dû être achevé en 2021, a été repris par l’équipe gouvernementale actuelle. Le coût qui a dépassé les 6 000 millions de dirhams. Depuis que le Ministère de l’Agriculture, en collaboration avec l’Office Régional de Développement du Gharb, a repris le plan, les “autoroutes de l’eau" de plus de 66,5 kilomètres de long ont été construites en un temps record. À l’heure actuelle, la sécurité en eau de plus de 12 millions de personnes est garantie.

      Il dispose actuellement de deux stations de pompage et en plus d’al Sebou et Bouregreg, la construction des autoroutes a également une influence sur les rivières Oum Er Rbia et Al Tensift. Ce n’est que le début du projet pharaonique porté par l’Exécutif marocain. D’une capacité de transport de 3 mètres cubes par seconde (15 mètres cubes par seconde d’ici fin septembre), les nouveaux canaux devraient transporter plus de 400 millions de mètres cubes d’eau vers Rabat et Casablanca.

      Parmi les principales fonctions des autoroutes de l’eau, les institutions en charge du projet ont mis en évidence : garantir la flexibilité et une meilleure gestion des ouvrages hydrauliques, garantir l’approvisionnement en eau potable des régions côtières et soutenir leur développement socio-économique, optimiser la gestion des ressources grâce à l’utilisation efficace des usines de dessalement, contribuer à la protection d’éventuelles inondations qui entraînent des inondations et, à l’avenir, étendre les réseaux pour pouvoir intercommuniquer tous les bassins et rivières du pays.

      L’eau est l’une des rares ressources dont le continent souffre d’une pénurie. Le projet des" autoroutes de l’eau " a été un fait qui a résonné dans tous les pays du monde, mais surtout dans les pays du continent africain. Le Maroc, avec la construction d’autoroutes, a été en avance sur tous ses pays voisins.

  • La #mine de #lithium à la loupe : violations des droits et saccages à #Fiambalá

    En prévision d’un événement de solidarité avec les #luttes contre l’#extractivisme en #Argentine, nous publions deux textes qui présentent la situation politique dans les régions minières en Argentine.

    À Fiambalá (dans la région de #Catamarca), le processus vertigineux d’#exploitation de lithium qui s’est implanté annonce un changement d’époque. Usines de transformation à côté d’hôpitaux, camions et camionnettes qui circulent à pleine vitesse dans la petite ville, flambée des prix des denrées de base et des loyers, précarisation de l’emploi, problème de santé, pollution et manque d’eau sont quelques-uns des impacts dans la vie quotidienne des habitants de la ville de l’ouest catamarqueño.

    Alors que les premiers projets d’exploitation du lithium – approuvés dans le département de la ville d’Antofagasta de la Sierra – font leur possible pour passer inaperçus, cacher leur impact et disparaître de la carte, à Fiambalá, le mégaprojet « #Tres_Quebradas » (les trois Gorges), impulsé aujourd’hui par l’entreprise chinoise #Liex_Zijin montre une stratégie différente et met ostensiblement en avant ses irrégularités, la participation de l’entreprise dans le pouvoir local et la #violence explicite contre celleux qui résistent.

    Cette #impunité permet aussi de nouvelles formes de relations avec la communauté locale. Au cours de l’année dernière, plusieurs #plaintes ont été déposées contre la #précarisation des travailleur.ses qui se trouvent dans les #salars, soulignant le fait qu’ils n’ont souvent pas d’#eau pour se désinfecter et qu’ils ne disposent pas de l’équipement nécessaire pour manipuler les #produits_chimiques.

    Une des principales plaintes des travailleur.ses de la #mine porte sur les #conditions_de_travail : bas salaires, plus de douze heures de travail journalier et absence d’équipement de base. En même temps, les #mauvais_traitements quotidiens infligés à la population par les entrepreneurs et les travailleur.ses d’origine chinoise créent une distance inhabituelle par rapport aux stratégies ordinaires de marketing d’entreprise.

    Deux millions de litres d’eau sont requis par tonne de #chlorure_de_lithium. Ce projet requiert 40 millions de litres d’eau par an. L’installation du mégaprojet Tres Quebradas fut initiée par l’entreprise #Liex S.A. (filiale de #Neo_Lithium, d’origine canadienne) en 2017. Depuis novembre 2021, elle est gérée par l’entreprise chinoise Liex Zijin et la population alerte sur des changements radicaux.

    Le mégaprojet comprend onze propriétés minières, réparties sur plus de 30 000 hectares et qui a pour objectif, dans un premier temps, l’extraction de 20 000 tonnes de carbonate de lithium par an.

    L’entreprise #Zijin est la principale productrice de minéraux en #Chine et cherche à devenir une des trois principales compagnies minières dans le monde d’ici 2030. Comme l’expliquent Ruido et Fundeps dans leur rapport « Lithium et transparence » (Litio y transparencia), le géant asiatique est l’un des pays qui investit le plus dans le lithium en Argentine. Au total, en 2022, les provinces de Catamaraca, #Jujuy et #Salta y ont exporté 292 millions de dollars. Par ces chiffres, nous pouvons observer une tendance des entreprises chinoises à acquérir et gérer des projets de lithium dans le pays.

    En plus de la Chine, le Japon et la Corée du Sud constituent les seconds investisseurs les plus importants au cours de l’année passée (2022). Dans ce contexte, le cas Fiambalá, au travers de l’arrivée de Zijin, pourrait servir d’exemple pour connaître les intentions de la Chine et sa façon d’agir. Un pays en passe de se constituer un monopole de la production de lithium et de devenir le principal exportateur pour ses partenaires du Pacifique.

    Le plan est parfait pour les investisseurs : extraire le lithium de la zone de Tres Quebradas, un salar adossé aux #montagnes à 100 kilomètres de la ville de Fiambalá, y effectuer son premier traitement et l’acheminer, sous forme préconcentrée, à l’usine (aujourd’hui en construction), située à la sortie de la ville. Une fois traité, le carbonate de lithium sera expédié à travers le Pacifique par le col de San Francisco au Chili. Tout cela dans une province qui accorde les libertés suffisantes pour que les entreprises puissent développer leurs projets et ne souffrent pas trop économiquement, puisqu’elles ne paient que 3,5% d’impôts sur la valeur déclarée.

    Le réveil de Fiambalà

    En raison de la rapidité de mouvement et de son implication pour toutes les couches sociales de la population, il s’agit d’un moment très complexe pour celleux qui défendent les territoires et résistent à l’avancée des projets d’extraction. Parmi eux, l’Assemblée Socio-environnementale Fiambalá Réveille-toi (Fiambalá Despierta), un groupe de voisins et de voisines qui s’organise depuis 2016, depuis que la rumeur de l’installation de la mine a commencé à circuler. Ses membres expliquent qu’ils gagnent des forces depuis qu’ils ont essayé d’empêcher l’entreprise d’entrer dans leur ville en 2018. « Nous savions que s’ils entraient, ce serait pire, c’est pourquoi nous avons organisé un blocus avec quelques femmes », se rappelle Nicolasa Casas de Salazar, une des membres historique de l’assemblée.

    Aujourd’hui, l’usine pilote située dans le centre-ville – à quelque mètres de l’hôpital – produit déjà du carbonate de lithium. Les membres de l’assemblée ont écrit plusieurs notes pour demander les informations qui leurs sont dues en tant que personnes respirant le même air, mais ils n’ont cependant reçu aucune réponse. En novembre 2022, toute la population a été malade pendant plus d’un mois, avec des vomissements, des éruptions cutanées, des nausées et d’autres problèmes similaires. Pour cette raison, l’usine pilote a été fermée pendant un certain temps, mais les causes de cette maladie n’ont pas été révélées jusqu’à présent.


    Dans le cas de la nouvelle usine située à la sortie de la ville, où le carbonate de lithium sera finalement produit, la situation n’est pas meilleure. « Nous pouvons voir qu’ils font plus de piscines qu’annoncé, nous le savons parce qu’elles sont visibles depuis toute la ville ; nous pouvons aussi voir comment ils retirent la terre pour avancer rapidement dans les travaux et quand le vent se lève à midi, nous ne pouvons rien voir à cause de la poussière. Ils font beaucoup de mouvements, et tout est flou », déclare Willie Carrizo, artiste et membre de l’assemblée.

    Chaque tonne de chlorure de lithium nécessite 2 millions de litres d’eau. Pour ce projet, il y aurait besoin de 40 millions de litres d’eau par an. Pour donner une idée, cette consommation équivaut à l’eau qu’utiliserait une personne pour faire la vaisselle deux fois par jour pendant plus de 10 000 ans. D’après l’Assemblée, l’entreprise Zijin a jusqu’à présent installé au moins trois puis souterrains.

    « Ils extraient beaucoup d’eau ; il n’y a pas de données historiques sur l’impact d’un tel usage des nappes phréatiques, en particulier dans une zone désertique comme l’est Fiambalá », ajoute l’ingénieure environnementale et membre de l’assemblée Lis Sablé.

    Zone de promesse

    Ils sont arrivés, et ils ont promis des emplois, du progrès (ou de la croissance), et des bons salaires. Mais la réalité est toute autre et les gens commencent à se sentir mal à l’aise », explique Sablé. Moins d’un an après son annonce, l’usine de carbonate de lithium est déjà en place et les travaux progressent rapidement. « C’est le moment de la bonté minière (Bondad minera) », explique Lis en référence au contexte actuel : « lorsqu’ils auront terminé les travaux, tous les gens qui sont actuellement employés se retrouveront au chômage ».

    L’Assemblée Fiambalá Despierta est un pacte générationnel où se rencontrent militant.e.s historiques et jeunes curieuxses. Alors que les uns se préoccupent de l’avenir des enfants et de la vie dans cette ville, les jeunes – en ce moment – choisissent de s’organiser pour être celleux qui prennent elleux-mêmes les décisions à propos de leurs propres vies. « Je me suis rapprochée de l’assemblée pour être informée, pour décider si je veux vivre ici, si je veux avoir des enfants » explique Karen Perea, une jeune membre de l’assemblée.

    Choisir, dans un territoire où le scénario est déjà écrit par les intérêts des entreprises minières ne semble pas facile. S’organiser et se rendre visible comme faisant partie d’un espace collectif peut impliquer la perte d’offre d’emploi dans le domaine privé comme dans le domaine public, puisque la complicité entre ces deux pouvoirs est un fait. « C’est très difficile, parce que la mine est entrée dans les écoles de niveau secondaire via les bourses qu’elle verse en collaboration avec la municipalité, de sorte que les jeunes considèrent que c’est la seule façon de s’en sortir », nous signalent des membres de l’Assemblée. « Certains jeunes sont très inquiets et conscients de ce qu’il se passe, mais ils manquent de soutien, déplore Nicolasa Casas de Salazar. L’agricultrice de Fiambalá explique que de plus en plus d’écoles tertiaires ferment et que les jeunes n’aspirent plus qu’à des études de « santé et sécurité » ou d’ingénierie qui pourrait intéresser la compagnie minière. « Nous, nous pensons aux générations futures. Ils nous prennent tout, ce qu’ils font est très agressif », décrit Nicolasa. Elle rappelle aussi que « nous dépendons de l’eau, nous devons boire pour vivre, nous devons arroser les plantes et prendre soin de nos animaux ».
    Sans zone humide, il n’y a pas de vie

    Tres Quebradas fait partie du système des lacs des hautes Andes de la Puna altoandines et de la Puna, une zone qui soutient l’équilibre de toute une biodiversité bien spécifique. C’est pourquoi il s’agit d’une zone protégée en vertu de la loi 5070 de Catamarca, qui fait partie d’un réseau de zone humides reconnue internationalement comme étant un sous-site de Ramsar Sud. La zone compte six lacs (des genres de lac en altitude qui bougent, NDLR) qui, grâce à leur écosystème si particulier, permettent la subsistance d’espèces rares et en voie de disparition, comme le flamant andin. Pour Patricia Marconi, biologiste et membre de la Fondation Yuchán et du groupe de conservation des flamants altoandins, les salars altoandins « sont très précieux pour les communautés d’oiseaux en raison de la diversité des habitats qu’ils génèrent, du nombre de lacs, leur taux de salinité différents les caractéristiques physiques variées des cours d’eaux existants ». Mme Marconi explique que toute modification du territoire « peut avoir des conséquences irréversibles ».

    La biologiste souligne qu’en raison de leur capacité à conserver l’eau sous terre, les salars fonctionnent comme des zones humides de haute altitude. « Les impacts cumulatifs des processus mis en place par les compagnies minières, tels que l’extraction de la saumure à partir de sa concentration et de sa séparation pour obtenir du lithium, ainsi que l’extraction de l’eau douce pour traiter le minerai ne sont pas clairement établis ni proportionnés à la capacité de chaque bassin », explique-t-elle. De ce fait, puisque la capacité d’eau douce et de saumure de chaque bassin est inconnue, l’impact réel que chaque projet pourrait avoir est également inconnu
    Résister et produire

    La ville de Fiambalá est située dans une vallée et est longée par les rivière Chaschuil et Abaucán qui descendent de la cordillère des Andes. Grâce au fleuve et à plus de 300 ans d’intervention humaine, le bolsón (vallée désertique) de Fiambalá s’est transformé en une vaste zone verte entourée de désert. Un écosystème fragile qui pourrait être bouleversé par le moindre changement. Depuis l’arrivée de la mine, de nombreuses dynamiques ont changé, mais d’autres ont été réévaluées. Des continuités dans les pratiques collectives qui résistent au mal nommé « développement » imposé. Au cours de l’histoire, les familles paysannes ont expérimenté la production d’aliments et les savoirs propres à ce type de géographie. Leur travail est visible : des dahlias fuschias qui contrastent avec la dune jaune à l’arrière des maisons, des forêts natives de chañars et de caroubiers qui résisent à la tentative de la municipalité de cimenter toute la ville ; des variétés de maïs qui se multiplient grâce aux échanges communautaires, une architecture et des systèmes d’irrigation qui préservent l’eau en période de sécheresse ; des hectares et des hectares de vignobles avec lesquels une ville entière a subsisté.
    Le chañar et le caroubier.

    Diego Amartino et Helena Córdoba Vélez vivent à Fiambalá depuis 2016, dates à laquelle ils ont créé une entreprise ; Alors qu’un projet de mort s’installait dans le même territoire, ils ont décidé de déménager et de lancer un projet productif, centré sur l’utilisation et la revalorisation des fruits d’arbres indigènes et sylvestres. « Avec Helena, nous profitons des aliments que nous connaissons et que nous avons appris à connaître, que nous avons testé. Notre histoire est liée à la façon dont nous tirons parti de ces fruits et aliments qui ont été un peu oubliés et dont nous leur donnons de la valeur », explique Diego. Sur cette base, ils ont également l’intention d’innover et de créer de nouveaux produits en s’inspirant de l’agroécologie. Aujourd’hui, ils fabriquent tous deux de la farine de caroube, des arropes et du patay. Dans chaque saveur, ils restituent à Fiambalá une petite partie de leur histoire.

    Le contrôle de l’eau doit être entre nos mains.

    Laura Del Pino est l’héritière d’un vignoble de plus de 50 ans. En 2022, elle a choisi de retourner sur les terres de sa grand-mère pour continuer son travail. La situation est bien différente de celle des souvenirs des étés de son enfance.

    Auparavant, une grande partie de la population travaillait à la production de raisins qui étaient vendus sur les marchés. Aujourd’hui, dit-elle, très peu de camions vont au marché. Il explique qu’il est très difficile d’embaucher des personnes qui veulent continuer à travailler comme viticulteurs.

    « L’autre problème est l’eau, il n’y a pas eu beaucoup de pluie et les gelées de novembre ont ruiné une partie de la production", souligne Mme Del Pino. "Il faut maintenant lutter contre cela, car l’eau utilisée dans l’usine ne peut pas retourner à l’irrigation, ni à la nappe phréatique ni à quoi que ce soit d’autre, car elle est contaminée et nous ne savons pas ce qu’ils font là-haut ». Pour l’agricultrice, il n’y a qu’une solution : "Le contrôle de l’eau doit être entre nos mains".
    Les raisins de la colère

    En plus de participer à l’assemblée de Fiambalá Despierta, Nicolasa et don Cacho sont producteur.ices de raisin. Ils vendent du raisin à la communauté et aux touristes depuis leur porte d’entrée. Cette décision s’explique : d’une part, ils s’opposent au fait que la maire, Roxana Paulón, soit propriétaire d’une cave et dirige la seule mostera de la ville. « Elle a fixé un prix général pour tous les producteurs, elle paie 16 pesos par kilo de raisin. Elle ne nous a même pas demandé quels étaient nos coûts de production », dénonce Nicolasa. En même temps, en vendant le raisin depuis leur maison, Nicolasa et don Cacho remplissent un autre objectif : ils ont un moyen de parler de la situation de Fiambalá à chaque personne qui passe.

    Leur maison, située dans la rue principale, porte une pancarte sur laquelle on peut lire : « L’eau vaut plus que le lithium ». Nicolasa ne se repose jamais : en même temps qu’elle joue avec sa petite fille, elle réfléchit à la prochaine affiche qu’elle placera sur sa porte et s’imagine en train d’organiser un grand festival pour propager cette idée qu’elle trouve aussi simple que passée sous silence : « c’est simple, il nous faut prendre soin de l’eau et prendre soin de l’eau, c’est prendre soin de la vie. Les ressources qu’ils nous prennent, comme l’eau, sont celles qui ne se renouvellent pas ».

    https://www.strike.party/articles/la-mine-de-lithium-%C3%A0-la-loupe-violations-des-droits-et-saccages-%C3%A
    #terres_rares

    • Litio y transparencia en Argentina: aportes a 2 proyectos que explotan este mineral

      - Cuatro de los mayores fondos de inversión del mundo son los principales dueños de las empresas que producen litio en Argentina.
      - Un complejo entramado de accionistas que dificulta la transparencia de sus beneficiarios finales.
      - Cuánto pagan de regalías en las provincias con proyectos activos de litio.
      - Cuán transparentes son las provincias de Catamarca y de Jujuy en relación a la extracción de litio.

      Desde Fundeps y Ruido, publicamos el informe Litio y Transparencia en Argentina, una investigación que aborda la situación actual de Argentina en relación con la producción de litio, el sistema de gobernanza minera vigente y los dos proyectos que actualmente producen litio: Proyecto Fénix en el salar del Hombre Muerto y Sales de Jujuy en el salar de Olaroz-Cauchari, a la luz de algunos indicadores ofrecidos por la Iniciativa para la Transparencia de las Industrias Extractivas (EITI).

      El litio se ha convertido en los últimos años en uno de los minerales que más interés despierta en el mundo, debido a su utilización en baterías para celulares, tablets, computadoras portátiles y, más recientemente, en vehículos eléctricos e híbridos. Lo que ha posicionado a este mineral en el centro de los debates sobre la transición energética y los objetivos de reemplazar, en parte, el uso de combustibles fósiles. Si bien se trata de un recurso relativamente abundante en nuestro planeta, son muy pocos los depósitos en los que se encuentran niveles de concentración suficientes para su explotación.

      En un contexto de auge de la industria del litio, Argentina adquiere cierta centralidad, a raíz de poseer este mineral en grandes cantidades en su territorio, y ubicarse en los últimos años como uno de sus principales productores y exportadores. Junto a Chile y Bolivia, Argentina integra el “Triángulo del litio”, con un 65% de los recursos mundiales y sola posee el 20,5% de las reservas mundiales. En la actualidad existen 38 proyectos en distintos grados de avance en el país, y dos de ellos en etapa de producción.

      El sistema de gobernanza minero se forjó, principalmente, en la década de 1990, con las reformas a la Constitución Nacional, al Código de Minería y con la Ley de Inversiones Mineras que estableció una amplia gama de beneficios y exoneraciones fiscales, con el fin de atraer, fundamentalmente, la inversión extranjera directa en el sector. La actividad minera está alcanzada además por todo el andamiaje de legislación ambiental y de protección a las comunidades originarias que habitan las zonas de los proyectos, destacan: el Acuerdo de Escazú y el Convenio 169 de la OIT.

      En el año 2019 Argentina adhiere a la Iniciativa para la Transparencia de las Industrias Extractivas (EITI), a través de la cual los países se comprometen a, a través del estándar que este mismo establece, a divulgar información a lo largo de la cadena de valor de las industrias extractivas, desde la forma en que se otorgan los derechos sobre actividades extractivas, hasta el modo en que los ingresos llegan a manos de los gobiernos, cómo benefician a la población y qué impactos socio-ambientales tienen. Dado la forma federal de nuestro gobierno, sumado al dominio originario sobre los recursos naturales que tienen las provincias, Argentina solicitó una implementación adaptada al EITI comprometiéndose a cumplir con el mismo en lo que refiere a información a nivel nacional, y paulatinamente ir sumando información provincial, a través de la adhesión que vaya consiguiendo de las distintas provincias al Estándar.

      En marzo de este año se sumaron Catamarca, Santa Cruz, Salta y San Juan.
      ¿Cuán transparente es la extracción de litio en Jujuy y en Catamarca?

      Si bien en estas provincias la legislación relativa a minería se encuentra disponible en las páginas oficiales de los gobiernos provinciales, la misma es de muy difícil acceso y comprensión, en tanto se trata de decenas de leyes nacionales y provinciales, decretos y resoluciones que no están sistematizadas ni organizadas. Esto conlleva que los procesos, organismos, métodos, directivas y demás regulaciones provinciales sean de muy difícil entendimiento para la sociedad en general y para las comunidades afectadas por los proyectos mineros en particular.

      En relación a los dos proyectos específicos que extraen el litio, la información a la que se accede es de muy difícil comprensión debido al lenguaje técnico que es utilizado por las mineras y al volumen de los estudios e informes. Esta información es, además, provista la mayor de las veces por las empresas mineras, sin la intervención y control por parte de las autoridades provinciales y/o locales.
      Las empresas y sus personas beneficiarias finales

      Desde hace años se advierte la necesidad de transparentar la actuación de las empresas en general, y extractivas en particular, en parte por los grandes volúmenes de dinero que mueven y a los demostrados riesgos de corrupción que existen alrededor de esta actividad. En atención a uno de los mayores obstáculos presentados a la hora de investigar ilícitos que se puedan dar en el ejercicio de la actividad empresarial extractiva, tanto el EITI como Open Ownership y otras iniciativas, han focalizado sus esfuerzos en impulsar el desarrollo de estrategias y acciones que permitan conocer quiénes poseen en última instancia la titularidad o el control de las empresas. Es decir quiénes son las personas que se benefician en última instancia de éstas.

      En el proyecto Fénix (Salar del Hombre Muerto) en Catamarca opera la empresa estadounidense Livent.

      En el proyecto Sales de Jujuy (en el salar de Olaroz – Cauchari), la sociedad integrada por la australiana Allkem (con 66,5% de las acciones), la japonesa Toyota Tsusho (25%) y la empresa estatal de la provincia de Jujuy, Jemse (8,5%).

      Los dos principales propietarios de acciones de Livent son Blackrock y Vanguard, dos de los fondos de inversión más grandes del mundo, radicados ambos en EE.UU. En el caso de Allkem, sus principales accionistas son las empresas bancarias y financieras JP Morgan (EE.UU.) y HSBC (Reino Unido). A su vez, estos cuatro fondos (Blacrock, Vanguard, JP Morgan y HSBC) son accionistas cruzados entre ellos, de manera que componen un complejo entramado societario que, directa o indirectamente, los coloca como principales beneficiarios de los dos proyectos que hoy extraen y exportan litio desde Argentina.

      ¿Es posible acceder a los nombres particulares de las personas beneficiarias finales de estas empresas?

      En Argentina no existe una política uniforme ni una legislación única relativa a la solicitud, identificación y difusión de personas beneficiarias finales. Si bien existen algunos canales públicos de los cuales extraer información relativa a estas personas, como el Registro Nacional de Sociedades, la Inspección General de Justicia o la Comisión Nacional de Valores, en el caso de las empresas relevadas no se encontró ninguna información allí, ya sea porque se trata de compañías que no están radicadas en la Ciudad de Buenos Aires o bien porque los registros no están completos. Es por ello que fue necesario consultar los balances y reportes anuales de las empresas. En ese sentido, si bien existen reportes anuales con resultados económicos y financieros de Allkem, Livent y Toyota, no es posible acceder a ninguna información de ese tipo en el caso de Jemse, la empresa propiedad de la provincia de Jujuy, en Sales de Jujuy. Del análisis pormenorizado de los reportes anuales de las empresas Allkem, Livent y de sus principales accionistas (Blackrock, The Vanguard Group, HSBC Group y JP Morgan), sí surgen nombres propios de autoridades y directivos que recibieron dividendos como propietarios de acciones de ambas empresas.

      En materia ambiental, los principales cuestionamientos tienen que ver con el uso del agua y el destino de los residuos de la producción. Al respecto, resultan preocupantes los alcances de los controles ambientales en ambas provincias, así como la dificultad para acceder a informes sobre el impacto de estas actividades, tanto para la ciudadanía en general, como, y especialmente, para las comunidades afectadas por este tipo de actividades, en particular.

      https://fundeps.org/litio-en-argentina-aportes-a-2-proyectos

  • Israeli occupation threatens Jordan not to extend water agreement | Jordan News | Ammon News
    https://en.ammonnews.net/article/70175

    The Hebrew channel kann said on Thursday that Israel is considering not extending the current water agreement with Jordan following anti-Israeli statements regarding the war on Gaza by senior Jordanian officials and Minister of Foreign Affairs and Expatriate Affairs, Ayman Safadi.

    According to the current agreement, Israel transfers to Jordan 100 million cubic meters of water each year - instead of 50 million, as stipulated in the original peace agreement, in exchange for the production of electricity in Jordan for Israel.

    Kann also reported that the Ministry of Energy in the occupation has not taken the final decision in this regard yet, and the matter depends on the development of relations with Jordan and how the Jordanians will express their position toward the war in the near future. If the agreement is not extended, it will expire this year.

    #eau #chantage #blocus #Israel #paix #guerre #Gaza